Le Saint Concile de Trente

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Message  Louis Ven 06 Sep 2013, 2:22 pm


Saint-Louis Bertrand,
de l’ordre de Saint-Dominique,
apôtre du Nouveau-Monde.


(suite)
Il s'embarqua à Séville, en 1562, avec un religieux de son ordre. Durant le voyage il faisait des instructions aux personnes qui étaient dans le vaisseau, pour les exhorter à conformer leur vie aux maximes de l'Évangile. Ayant abordé dans la Castille-d'Or, province de l'Amérique méridionale, il y répara le couvent des Dominicains, qu'il trouva en fort mauvais état, et il se prépara par le jeûne et la prière à l'ouverture de sa mission. Malgré les fatigues du ministère il ne prenait presque aucun repos; il couchait souvent à l'air, et ordinairement sur la terre nue ou sur des pièces de bois. Il ne portait point de provisions comme les autres missionnaires. On lit dans l'histoire authentique de sa vie et dans la bulle de sa canonisation que Dieu lui communiqua le don des langues avec celui des miracles.

Dans l'espace de trois ans il, convertit plus de six mille âmes dans l'isthme de Panama, dans l'île de Tabago et dans la province de Carthagène ; il baptisa les habitants de la ville de Tubara et de plusieurs autres lieux adjacents. Ses prédications produisirent le même fruit à Cipagoa. Les sauvages de Paluato, encore plus attachés à leurs infâmes passions qu'à leurs idoles, refusèrent d'abord d'ouvrir les yeux à la lumière du Christianisme ; mais les prières, les larmes, les mortifications que Louis Bertrand offrit pour leur conversion leur obtinrent miséricorde, et ils reçurent enfin l'Évangile avec une grande docilité. Le saint entreprit ensuite une mission chez les Caraïbes, qui passent pour le peuple le plus grossier et le plus barbare que l'on connaisse ; il alla les chercher dans leurs forêts et sur leurs montagnes. La semence de la parole divine fructifia parmi eux, et il y en eut un grand nombre qui se convertirent. Les habitants des montagnes de Sainte-Marthe le reçurent comme un ange envoyé du Ciel, et il en baptisa environ quinze cents. Un égal nombre d'Indiens de Paluato vinrent le trouver pour lui demander le baptême, qu'il leur administra après les avoir instruits avec ses compagnons. Il eut le même succès dans le pays de Montpaïa et dans l'île de Saint-Thomas. Tous les barbares à la conversion desquels il travailla attentèrent souvent à sa vie ; mais Dieu le délivra de tous les dangers, auxquels il fut exposé.

L'avarice et la cruauté de plusieurs aventuriers espagnols…

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Message  Louis Sam 07 Sep 2013, 7:18 am


Saint-Louis Bertrand,
de l’ordre de Saint-Dominique,
apôtre du Nouveau-Monde.

(suite)
L'avarice et la cruauté de plusieurs aventuriers espagnols, qui ne pouvaient que rendre le Christianisme odieux à des peuples qui le connaissaient à peine, lui inspirèrent de vifs sentiments de douleur. Voyant qu'il ne pouvait remédier aux maux sur lesquels il gémissait, il résolut de retourner en Espagne, où ses supérieurs le rappelèrent vers le même temps. Il arriva à Séville en 1569 et prit la route de Valence. Ayant été élu successivement prieur de deux maisons de son ordre, il y fit revivre l'esprit primitif de la règle.

Aux dons surnaturels dont nous avons parlé Louis Bertrand joignait celui de prophétie ; il prédit que Jean Adorno, noble génois, deviendrait un grand serviteur de Dieu et qu'il instituerait une nouvelle congrégation religieuse ; ce qui fut vérifié dans l'institution de l'ordre des clercs réguliers, appelés Mineurs, qu'Adorno fonda dans la suite.

Sainte Thérèse l'ayant consulté sur plusieurs difficultés, elle reçut de ses avis autant de lumières que de consolation. Il fit la réponse suivante à la lettre qu'elle lui avait écrite au sujet de la réforme qu'elle projetait d'établir parmi les Carmes : « Comme il s'agit de la gloire de Dieu dans votre entreprise, j'ai pris quelque temps pour la lui recommander dans mes faibles prières, et c'est ce qui m'a empêché de vous répondre plus tôt. Vous devez prendre courage au nom du Seigneur, qui favorisera vos desseins. C'est de sa part que je vous assure que votre réformation se fera dans l'espace de cinq ans et qu'elle deviendra un des plus beaux ornements de l'Église. »

Louis Bertrand prêcha pendant douze ans, avec autant de zèle que de fruit, dans plusieurs diocèses d'Espagne…

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Message  Louis Sam 07 Sep 2013, 11:26 am


Saint-Louis Bertrand,
de l’ordre de Saint-Dominique,
apôtre du Nouveau-Monde.


(suite)
Louis Bertrand prêcha pendant douze ans, avec autant de zèle que de fruit, dans plusieurs diocèses d'Espagne ; il forma en même temps d'excellents prédicateurs, qui lui succédèrent dans le ministère de la parole et qui eurent le même succès. Il leur recommandait surtout l'humilité et l'amour de la prière.

« Les paroles, disait-il, sans les œuvres, ne touchent ni ne changent les cœurs ; il faut que l'esprit de prière les anime; c'est de là qu'elles tirent leur force et leur efficacité, autrement elles ne seront qu'un vain son. Quand un prédicateur ne sent rien il ne remue point ses auditeurs, quoiqu'il flatte les oreilles par son éloquence. Ceux qui ne recherchent que les applaudissements révoltent par leur affectation ou par leur vanité ceux qui les écoutent, mais on ne résiste guère au langage du cœur. On ne doit, ajoutait-il, juger du fruit d'un sermon que par les larmes et le changement des auditeurs. On a réussi quand on a détruit les inimitiés, inspiré l'horreur du péché, ôté la cause des scandales, réformé les vices ; encore faut-il dans ces occasions rapporter à Dieu seul le bien dont on a été l'instrument et se regarder comme un serviteur inutile. »

Au reste il ne recommandait rien aux autres qu'il ne le pratiquât le premier. On admirait surtout son humilité au milieu des plus grands honneurs. Il se préservait du venin de la vaine gloire par la pensée des jugements de Dieu. Sans cesse il conjurait le Ciel de bénir les travaux de son zèle, et il exhortait toutes les personnes pieuses à demander avec lui la conversion des pécheurs. Il invitait toutes les créatures à se joindre à lui, à unir leurs cris aux siens, afin de toucher la divine miséricorde en faveur de tant d'âmes qui sont sur le bord du précipice sans penser aux dangers qu'elles courent. Rien ne lui paraissait pénible dès qu'il s'agissait de concourir à leur salut. Il trouvait un sujet de joie dans les croix les plus pesantes et dans les plus rigoureuses austérités. Les deux dernières années de sa vie il fut affligé de diverses maladies, et on l'entendait souvent répéter avec saint Augustin : « Coupez, brûlez, Seigneur ; ne m'épargnez point sur la terre, pourvu que vous me fassiez miséricorde dans l'éternité ! » Il ne diminuait rien pour cela de sa pénitence ni de ses travaux.

En 1580 il prêcha encore l'Avent à Xativa et le Carême dans la cathédrale de Valence; mais il se trouva mal dans la chaire de cette dernière ville, et on fut obligé de l'emporter chez lui. Sa maladie étant devenue dangereuse, tous ses amis, fondant en larmes, s'empressaient de le visiter. Il voyait arriver tranquillement le jour de sa mort, et il l'avait prédit un an auparavant à quelques-uns de ses amis, entre autres à l'archevêque de Valence et au prieur des Chartreux. L'archevêque le servait lui-même, et il ne le quitta point tant qu'il vécut. Enfin Dieu l'appela à lui le 9 octobre 1580, dans la cinquante-cinquième année de son âge. Plusieurs guérisons miraculeuses attestèrent sa sainteté. Paul V le béatifia en 1671 et Clément X le canonisa en 1696 1.

Ainsi, dans le temps même où l'Église de Dieu était attaquée avec le plus de fureur en Europe et où ses ennemis la croyaient près de sa tombe, elle envoyait des apôtres vers l'Occident lui conquérir les peuples innombrables du Nouveau-Monde; elle envoyait des apôtres vers l'Orient lui ramener ou lui conquérir les peuples de l'Ethiopie, de l'Inde, du Japon, de la Chine, de la Corée.

Nous avons vu saint François-Xavier…

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1 Godescard, 9 octobre. Touron, Hommes illustres de l'ordre de Saint-Dominique , t. 4, p. 485. Bulle de canonisation.
 
A suivre : Travaux apostoliques de saint François-Xavier, au Japon.

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Message  Louis Dim 08 Sep 2013, 6:29 am

Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.

Nous avons vu saint François-Xavier, après avoir converti à Goa un seigneur japonais avec ses deux domestiques, former, en 1548 le projet d'aller prêcher l'Évangile au Japon. En attendant que la navigation devînt libre il s'appliqua particulièrement aux exercices de la vie spirituelle, comme pour reprendre de nouvelles forces après ses travaux passés: c'est la coutume des hommes apostoliques qui, dans le commerce qu'ils ont avec Dieu, se délassent des fatigues qu'ils prennent pour le prochain. C'était alors que, dans le jardin du collège de Sainte-Foi, tantôt se promenant, tantôt retiré dans un petit ermitage qu'on y avait bâti, il s'écria : « C'est assez Seigneur, c'est assez ! »

Quelquefois il ouvrait sa soutane devant la poitrine parce qu'il ne pouvait soutenir l'abondance des consolations célestes; il faisait entendre tout à la fois qu'il aimait mieux souffrir beaucoup de tourments pour le service de Dieu que de goûter tant de douceurs ; il priait le Seigneur de lui réserver les plaisirs pour l'autre vie et de ne lui épargner aucune peine en celle-ci. Mais ces occupations intérieures ne l'empêchaient pas de travailler au salut des âmes ou de soulager les malheureux dans les hôpitaux et dans les prisons; au contraire, plus l'amour de Dieu était vif et ardent en lui, plus il désirait de l'allumer dans les autres. La charité le faisait souvent renoncer au repos de la solitude et aux délices de l'oraison.

Dans le même temps le Père Gaspar Barzée et quatre autres Jésuites arrivèrent de l'Europe. Xavier leur désigna leur emploi et leur donna les instructions dont ils avaient besoin pour le remplir fidèlement. Il partit ensuite pour Malacca, dans la vue de passer de là au Japon. Il supporta toutes les difficultés qu'on lui opposa pour empêcher ce voyage. Une chose surtout acheva de l'y déterminer.

On reçut alors même des nouvelles du Japon, et quelques lettres portaient qu'un des rois de l'île demandait des prédicateurs évangéliques au gouverneur portugais des Indes par une ambassade expresse, que ce roi avait appris quelque chose de la loi chrétienne, et qu'un événement merveilleux lui avait fait naître le désir d'en apprendre davantage. Voici comment les mêmes lettres racontaient cet événement.

Des marchands portugais…

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Message  Louis Dim 08 Sep 2013, 12:03 pm


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
Des marchands portugais, ayant abordé au port de la ville capitale d'un des royaumes du Japon, furent logés par l'ordre du roi dans une maison déserte qu'on croyait infestée de malins esprits ; l'opinion populaire n'était pas mal fondée, et les Portugais s'aperçurent bientôt que leur logement était incommode. Ils entendaient la nuit un horrible tintamarre ; ils se sentaient tirer de leurs lits et frapper durant leur sommeil, sans voir néanmoins personne. Une nuit, s'étant éveillés aux cris d'un de leurs valets et ayant couru avec leurs armes vers l'endroit d'où venait le bruit, ils trouvèrent le valet étendu par terre  et tremblant de peur. On lui demanda ce qu'il avait eu à crier et pourquoi il tremblait si fort ; il répondit qu'il avait vu un spectre effroyable tel que les peintres représentent les démons. Cet homme n'étant pas un esprit faible ni un menteur, les Portugais ne doutèrent plus de la cause du vacarme qui se faisait régulièrement toutes les nuits. Pour y remédier ils semèrent de croix toute la maison, et depuis ils n'entendirent plus rien.

Les Japonais furent très-surpris quand ils surent comment la maison était devenue tranquille. Le roi même, à qui les Portugais dirent que la croix des Chrétiens faisait fuir les malins esprits, admira un effet si merveilleux et fit planter des croix partout, jusque dans ses maisons royales et sur les chemins publics. Il voulait ensuite savoir d'où la croix tirait sa vertu et pourquoi les démons la craignaient tant ; ainsi il descendit peu à peu dans les mystères de la foi. Mais, comme les Japonais sont extrêmement curieux, non content d'être instruit par des marchands et par des soldats, il eut la pensée de faire venir des prédicateurs, et il envoya à cet effet un ambassadeur aux Indes 1.

Sur ces heureuses nouvelles saint François-Xavier s'embarqua, le 24 juin 1549, avec le seigneur japonais Paul de Sainte-Foi et ses deux domestiques, qui avaient été baptisés à Goa ; ils arrivèrent le 15 août de la même année à Cangoxima, dans le royaume de Saxuma, au Japon.

Paul de Sainte-Foi, qui était né dans la ville même où l'on venait d'aborder, alla rendre ses devoirs au roi de Saxuma, de qui Cangoxima relevait et dont le palais n'était éloigné que de six lieues. Ce prince, qui lui avait témoigné autrefois beaucoup de bonté, le reçut très-humainement et avec d'autant plus de joie qu'on le croyait mort. Un si favorable accueil fît que Paul de Sainte-Foi commença par demander sa grâce au roi pour l'action qui l'avait obligé de se retirer, et il n'eut pas de peine à l'obtenir.

Le roi, qui était curieux, comme sont tous les Japonais, l'interrogea fort sur les Indes, quelle était la nature du pays et l'humeur des peuples, si les Portugais étaient aussi braves et aussi puissants qu'on le disait. Après que Paul eut satisfait le roi là-dessus le discours tomba sur les différentes religions des Indiens, et particulièrement sur le Christianisme, que les Européens avaient introduit aux Indes.

Paul expliqua assez au long les mystères de la foi, et, voyant qu'on prenait plaisir à l'écouter, il produisit un tableau de la sainte Vierge tenant l'enfant Jésus entre ses bras. Le tableau était très-bien fait, et Xavier l'avait donné au Japonais afin qu'il le montrât dans l'occasion. La vue seule d'une si belle peinture frappa tellement le roi que, touché d'un sentiment de piété et de vénération, il se mit à genoux avec tous ses courtisans, pour honorer celle qui était peinte et qui lui semblait avoir un air plus qu'humain.

Il voulut qu'on portât le tableau à la reine sa mère…

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1 Bouhours, Vie de saint François-Xavier, l. 4.

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Message  Louis Lun 09 Sep 2013, 6:35 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
Il voulut qu'on portât le tableau à la reine sa mère; elle en fut charmée de son côté, et se prosterna par un même instinct avec toutes les dames de sa suite, pour saluer la Mère et le Fils. Mais les Japonaises ont encore plus de curiosité que les Japonais ; elle fît mille questions sur la sainte Vierge et sur Jésus-Christ, ce qui donna lieu à Paul de raconter toute la vie de Notre-Seigneur, et ce récit plut tant à la reine que, peu de jours après, quand il fut de retour à Cangoxima, elle lui envoya un de ses officiers pour avoir une copie du tableau qu'elle avait vu ; mais il ne se trouva point de peintre qui pût faire ce que désirait la princesse. Elle demanda qu'au moins on lui écrivît en abrégé les principaux points de la religion chrétienne, et Paul la contenta là-dessus.

Saint François-Xavier avait appris les premiers éléments de la langue japonaise de Paul durant son voyage; il continua cette étude pendant les quarante jours qu'il passa à Cangoxima. Il logeait dans la maison de Paul, dont il convertit et baptisa toute la famille. Il n'y avait qu'une langue au Japon, mais qu'on modifiait par les accents et la prononciation suivant la qualité des personnes à qui l'on parlait. Le saint y fit de tels progrès qu'il fut en état de traduire en japonais le Symbole des Apôtres, avec l'explication qu'il en avait faite autrefois. Il apprit ensuite cette traduction par cœur et commença à prêcher Jésus-Christ.

Il était déjà connu du roi de Saxuma. Paul avait parlé à la cour de son zèle, de ses vertus et de ses miracles. Il crut que l'utilité de la religion demandait qu'il vît le roi, et il se chargea de lui procurer une audience. Le prince fit à Xavier un accueil aussi gracieux qu'honorable et lui permit d'annoncer la foi à ses sujets. Le saint missionnaire fit un grand nombre de conversions. Sa joie aurait été complète s'il avait pu gagner les bonzes; il employa pour y réussir tous les moyens que sa charité put lui suggérer, mais ses efforts furent inutiles; il éprouva même divers obstacles de la part de ces prêtres idolâtres. La connaissance qu'il avait de la langue japonaise contribua beaucoup à étendre le Christianisme. Il distribua aux nouveaux convertis des copies de sa traduction du Symbole et de l'explication des articles qui le composent. De nouveaux miracles confirmèrent la doctrine qu'il enseignait.

Le saint, se promenant un jour sur le bord de la mer, rencontra des pêcheurs qui étendaient leur filet vide et qui se plaignaient de leur mauvaise fortune; il eut pitié d'eux, et, après avoir fait un peu de prières, il leur conseilla de pêcher de nouveau. Ils le firent sur sa parole, et ils prirent tant de poissons, et de tant de sortes, qu'à peine purent-ils tirer le filet. Ils continuèrent leur pêche les jours suivants avec le même succès, et, ce qui parut plus étrange, la mer de Cangoxima, qui n'était guère poissonneuse, le fut depuis extrêmement.

Une femme qui ouït parler des guérisons que l'apôtre avait faites aux Indes lui apporta son petit enfant, qu'une enflure de tout le corps rendait très-difforme. Xavier prit l'enfant entre ses bras, le regarda avec des yeux de pitié, et prononça sur lui trois fois ces paroles : « Dieu te bénisse! » après quoi il le rendit à sa mère si sain et si beau qu'elle en demeura toute hors d'elle-même.

Ce miracle éclata dans la ville…

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Message  Louis Lun 09 Sep 2013, 12:23 pm


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
Ce miracle éclata dans la ville et fit espérer à un lépreux la guérison qu'il cherchait en vain depuis plusieurs années. N'osant paraître en public à cause de son mal, qui le séparait du commerce des autres hommes et qui le rendait odieux à tout le monde, il fait appeler le Père. Xavier, qui était alors fort occupé, ne pouvant aller chez cet homme, y envoya un de ses compagnons, avec ordre de demander trois fois au malade s'il croirait en Jésus-Christ dans le cas où on le guérirait de sa lèpre, et de faire trois fois le signe de la croix sur lui s'il promettait constamment d'embrasser la foi. Tout se passa comme Xavier l'avait ordonné. Le lépreux donna sa parole qu'il se ferait chrétien s'il recouvrait la santé, et on n'eut pas plus tôt fait sur lui trois signes de croix que tout à coup son corps devint net comme s'il n'avait jamais eu de lèpre. Sa guérison si subite le fit croire sans peine en Jésus-Christ, et sa foi vive hâta son baptême.

Mais le plus éclatant miracle qu'opéra Xavier dans Cangoxima fut la  résurrection d'une fille de qualité. Elle mourut dans la fleur de son âge, et son père, qui l'aimait tendrement, en pensa perdre la raison. Comme il était idolâtre, il n'avait nulle ressource dans son affliction, et ses amis, qui venaient le consoler, ne faisaient qu'aigrir sa douleur. Deux néophytes, qui vinrent le voir avant qu'on fît les funérailles de celle qu'il pleurait jour et nuit, lui conseillèrent de chercher du secours auprès du saint homme qui faisait de si grandes choses et de lui demander avec confiance la vie de sa fille. Le païen va trouver le Père François, se jette à ses pieds, et le conjure, les larmes aux yeux, de ressusciter une fille unique qu'il venait de perdre, en ajoutant que ce serait lui rendre la vie à lui-même. Xavier, touché de la foi et de l'affliction du païen, se retire avec son compagnon Fernandez pour prier Dieu.

Etant revenu peu de temps après:« Allez, dit-il à ce père désole, votre fille est en vie. »

L'idolâtre crut qu'on se moquait de lui et s'en alla mécontent ; mais à peine eut-il fait quelques pas qu'il aperçut un de ses domestiques qui, tout transporté de joie, lui cria de loin que sa fille était vivante.  Il la rencontra bientôt elle-même qui venait au-devant de lui. La fille conta à son père que, dès qu'elle eut rendu l'âme, deux démons horribles s'étaient saisis d'elle et avaient voulu la précipiter dans un abîme de feux, mais que deux hommes inconnus, d'un aspect auguste et modeste, l'avaient arrachée des mains de ces deux bourreaux et lui avaient rendu la vie, sans qu'elle eût pu dire comment cela s'était fait. Le Japonais comprit qui étaient ces deux hommes et il la mena droit à Xavier, pour lui rendre des actions de grâces telles qu'en méritait une si grande faveur. Elle n'eut pas plus tôt aperçu le saint avec son compagnon Fernandez qu'elle s'écria: « Voilà mes deux libérateurs ! » Et au même instant la fille et le père demandèrent le baptême 1.

Xavier, après un an de séjour à Cangoxima…

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1 Bouhours,  l.  5.

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Message  Louis Mar 10 Sep 2013, 6:44 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
Xavier, après un an de séjour à Cangoxima, en partit en septembre 1550, pour aller à Firando, capitale d'un autre petit royaume. Il ne pouvait plus exercer son ministère parmi les Cangoximains ; le roi de Saxuma, poussé par les bonzes et irrité de ce que les Portugais abandonnaient ses États pour transporter leur commerce à Firando, lui avait retiré la permission d'instruire ses sujets ; il commença même à persécuter les chrétiens ; mais ceux-ci restèrent fidèles à la grâce qu'ils avaient reçue et déclarèrent qu'ils souffriraient plutôt l'exil et la mort que de renoncer à la foi. Le saint, non content de les avoir recommandés à Paul de Sainte-Foi, leur laissa une ample explication du Symbole avec une Vie de Jésus-Christ qu'il avait tirée des évangélistes et qu'il avait fait imprimer en langue et en caractères japonais. Il emmena avec lui les deux Jésuites qui l'avaient accompagné, et partit en portant sur son dos, selon sa coutume, tout ce qui était nécessaire pour la célébration du saint sacrifice de la messe.

En allant à Firando il prêcha dans la forteresse d'un prince nommé Ékandono, vassal du roi de Saxuma; plusieurs idolâtres crurent en Jésus-Christ ; de ce nombre fut l'intendant du prince. C'était un homme âgé, qui joignait une grande prudence au zèle pour la religion qu'il avait embrassée.

Xavier, en partant, lai recommanda d'avoir soin des autres chrétiens ; il les assemblait tous les jours dans sa maison pour réciter avec eux différentes prières; il leur lisait, le dimanche, l'explication de la doctrine chrétienne, La conduite de ces fidèles était si édifiante qu'elle convertit plusieurs autres idolâtres. Le roi de Saxuma lui-même redevint favorable au Christianisme et s'en déclara le protecteur.

Un de ces néophytes composa élégamment dans sa langue l'histoire de la rédemption du genre humain, depuis le péché d'Adam jusqu'à la descente du Saint-Esprit, et c'est lui qui, étant un jour interrogé sur ce qu'il répondrait au roi s'il leur commandait de renoncer à la loi de Jésus-Christ : « Je lui répondrais hardiment, dit-il : Seigneur, vous voulez sans doute qu'étant né votre sujet je vous sois fidèle ; vous me voulez dans vos intérêts, prêt à vivre et mourir pour votre service; vous voulez encore que je sois modéré avec mes égaux, doux à mes inférieurs, soumis à mes maîtres, équitable envers tout le monde; commandez-moi donc d'être chrétien, car un chrétien est obligé d'être tout cela. Que si vous me défendez la profession du Christianisme, je deviens en même temps violent, dur, orgueilleux, rebelle, injuste, scélérat, et je ne puis plus répondre de moi. »

Enfin le saint missionnaire arriva à Firando…

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Message  Louis Mar 10 Sep 2013, 11:38 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.

(suite)
Enfin le saint missionnaire arriva à Firando ; il fut bien reçu du prince, qui lui permit d'annoncer la loi de Jésus-Christ dans ses États. Le fruit de ses prédications fut extraordinaire ; il baptisa plus d'idolâtres à Firando en vingt jours qu'il n'avait fait à Cangoxima en une année entière. Il laissa cette chrétienté sous la conduite de l'un des deux Jésuites qui l'accompagnaient, et il partit pour Méaco avec l'autre et deux chrétiens japonais. Ils allèrent par mer à Fataca, où ils s'embarquèrent pour Amanguchi, capitale du royaume de Naugato, renommé pour les plus abondantes mines d'argent du Japon. Il régnait dans cette ville une effroyable corruption de mœurs. Le saint y prêcha en public, devant le roi et sa cour ; mais ses prédications y produisirent peu de fruits, ou plutôt il n'en retira guère que des insultes et des affronts.

Après un mois de séjour à Amanguchi il continua sa route vers Méaco, avec ses trois compagnons. On était alors à La fin de décembre 1550. Les pluies avaient rendu les chemins impraticables ; la terre était couverte de neige et le froid très-piquant; on rencontrait de toutes parts des torrents impétueux, des rochers escarpés ou des forêts immenses. Cependant les serviteurs de Dieu voulurent faire la route nu-pieds. S'ils passaient par des bourgs et des villages Xavier y prêchait et lisait au peuple quelque chose de son catéchisme. Comme la langue japonaise n'avait point de mot propre à exprimer la souveraine divinité, il craignait que les idolâtres ne confondissent le vrai Dieu avec leurs idoles. Il leur dit donc que, n'ayant jamais connu ce Dieu, il n'était pas surprenant qu'ils ne pussent exprimer son nom, mais que les Portugais l'appelaient Déos. Il répétait souvent ce mot, et il le prononçait avec une action et un ton de voix qui inspiraient aux païens mêmes de la vénération pour le saint nom de Dieu. Il parla dans deux bourgs avec tant de force, contre les prétendues divinités du pays, que le peuple s'attroupa pour le lapider, et il eut beaucoup de peine à s'échapper du danger qui le menaçait. Enfin il arriva à Méaco, avec ses compagnons, au mois de février de l'année 1551.

Méaco est l'ancienne capitale du Japon, Yedo la nouvelle.  En 1551…

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Message  Louis Mer 11 Sep 2013, 6:50 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
Méaco est l'ancienne capitale du Japon, Iédo la nouvelle.  En 1551 le daïri, le cubosama et le saço tenaient leur cour à Méaco. Le daïri est l'empereur ecclésiastique du Japon, le cubosama l'empereur séculier, et le saço le grand-prêtre. Les daïris étaient pour les Japonais ce qu'étaient les califes pour les Mahométans; dans l'origine ils réunissaient tous les pouvoirs, spirituel et temporel; les cubos n'étaient que leurs généraux ou lieutenants, comme les sultans l'étaient des califes. Avec le temps, les cubos, comme les sultans, se rendirent maîtres absolus, mais en gardant toujours une apparence de soumission envers l'empereur ecclésiastique, dont ils recevaient une investiture. Les divers rois étaient vassaux de l'un et de l'autre.  L'empire du Japon, situé dans la partie la plus orientale de l'Asie. est composé d'un amas d'îles dont la principale est appelée Niphon dans le pays ; ce mot, en japonais, signifie Orient ou origine du soleil. Du nom chinois Gepuanque, qui veut dire royaume du soleil levant, les Européens ont formé le mot Japon, Il y a deux autres îles considérables, appelées, l’une, Saikokfou Bungo, l'autre, Takoesy ou Sikof. La ville de Méaco est célèbre par ses manufactures de toiles peintes, par ses vernis, ses peintures, ses ouvrages en or, en cuivre, en acier, etc.

On y comptait, en 1691, au rapport du voyageur Kæmpfer, trois mille huit cent quatre-vingt-treize tira ou temples de divinités étrangères, deux mille cent dix-sept mia ou temples d'anciennes divinités du Japon, cent trente-sept palais, quatre-vingt-sept ponts, treize mille huit cent soixante-dix-neuf maisons, cinquante-deux mille cent soixante-neuf bonzes ou religieux, et quatre cent soixante-dix-sept mille cinq cent cinquante sept laïques, sans parler des officiers du daïri et d'un grand nombre d'étrangers qui ne sont jamais compris dans l'artama ou registre annuel. Iédo, située dans la même île, est présentement la plus grande ville de l'empire ; mais elle est bâtie d'une manière fort irrégulière. C'est là que le cubo ou empereur séculier fait sa résidence. La ville d'Oozacca, dans l'île de Niphon, et celle de Nangasaki, dans l'île de Bungo, sont les principales places de commerce.

Il y a au Japon douze sectes d'idolâtres ; les deux principales sont celle des sintoïstes ou camis, et celle des budsdos ou bouddhistes. La secte des camis est la religion dominante ; ceux qui la professent adorent sept dieux appelés camis et cinq demi-dieux. On prétend que les uns et les autres ont régné au Japon plusieurs millions d'années, et c'est ce qui forme la première et la seconde dynastie de l'empire. La troisième commence à Symnu, 600 ans avant Jésus-Christ, commencement des temps historiques pour le Japon. Les temples de ces dieux et demi-dieux sont riches, remplis d'ornements en or, en argent, en cuivre, et décorés de magnifiques piliers de cèdre. Tensio Dai-Dsin est le principal camis, le père et le fondateur de la nation. Son temple d'Izo, dans la province de ce nom, est fameux par des pèlerinages dont personne n'est exempt, excepté le daïri. Les jammabus sont des religieux qui mènent une vie austère, mais qui s'abandonnent à des impuretés contre nature. Ils sont aussi soldats dans la cause de leurs dieux.

La seconde religion des Japonais est celle de Budsdos ou Bouddha…

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Message  Louis Mer 11 Sep 2013, 3:19 pm


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
La seconde religion des Japonais est celle de Budsdo ou Bouddha, dont nous avons déjà vu assez au long l'histoire fabuleuse ou la fable historique, avec ses noms divers et son culte, dans le vingtième livre de cet ouvrage.

Saint François-Xavier, arrivé à Méaco, fit inutilement demander audience au daïri, au cubosama et au saço ou grand-prêtre ; on ne le flatta même de voir le saço qu'autant qu'il payerait cent mille caixes, qui font six cents écus de France, somme qu'il n'était pas en état de donner. Les troubles occasionnés par des guerres civiles empêchèrent qu'on ne l'écoutât, et il vit que les esprits n'étaient pas encore disposés à ouvrir les yeux à la vérité. Il sortit de Méaco au bout de quinze jours pour retourner à Amanguchi. La pauvreté de son extérieur l'empêchant d'être reçu à la cour, il crut devoir s'accommoder aux préjugés du pays ; il se présenta donc avec un appareil et un cortège capables d'imposer, et il fit quelques présents au roi ; il lui donna entre autres choses une horloge sonnante. Par là il obtint la protection du prince avec la permission de prêcher l'Évangile. Il baptisa trois mille païens dans la ville d'Amanguchi. Ce succès le remplit de la plus grande consolation, et il l'écrivit depuis aux Jésuites d'Europe.

« Quoique je sois déjà tout blanc, leur dit-il,  je suis plus vigoureux et plus robuste que je n'ai jamais été ; car les fatigues qu'on prend pour cultiver une nation raisonnable, qui aime la vérité et qui désire son propre salut, donnent bien de la joie. Je n'ai en toute ma vie goûté tant de consolation qu'à Amanguchi, où une grande multitude de gens venaient m'entendre avec la permission du roi. Je voyais l'orgueil des bonzes abattu, et les plus fiers ennemis du nom chrétien soumis à l'humilité de l'Evangile. Je voyais les transports de joie de ces nouveaux chrétiens quand, après avoir surmonté les bonzes dans la dispute, ils retournaient tout triomphants. Je n'étais pas moins ravi de voir la peine qu'ils se donnaient à l'envi l'un de l'autre pour convaincre les Gentils, et le plaisir qu'ils avaient à raconter leurs conquêtes, par quelles manières ils se rendaient maîtres des esprits et comment ils exterminaient les superstitions païennes. Tout cela me causait une telle joie que j'en perdais le sentiment de mes propres maux. Ah ! plût à Dieu que, comme je me ressouviens de ces consolations que j'ai reçues de la miséricorde divine au milieu de mes travaux, je pusse non-seulement en faire le récit, mais en donner l'expérience, et les faire un peu sentir à nos académies de l'Europe ! Je suis assuré que plusieurs des jeunes gens qui y étudient viendraient employer à la conversion d'un peuple idolâtre ce qu'ils ont d'esprit et de forces, s'ils avaient une fois goûté les douceurs célestes qui accompagnent nos fatigues 1. »

Lorsque le saint était à Amanguchi Dieu…

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1 Bouhours,  l.  5.

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 6:27 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.

(suite)

Lorsque le saint était à Amanguchi Dieu le favorisa de nouveau du don des langues ; il se faisait entendre des Chinois que le commerce attirait dans cette ville, quoiqu'ils ne sussent que leur langue et que lui ne l'eût jamais apprise; mais sa sainteté, sa douceur et son humilité touchèrent plus souvent que ses miracles. Les païens les plus opiniâtres ne pouvaient y résister. Un trait arrivé à Fernandez, un de ses compagnons, contribua aussi beaucoup à faire respecter la religion chrétienne. Un jour qu'il prêchait dans la ville, un homme de la lie du peuple s'approcha comme pour lui parler et lui cracha au visage. Le Père, sans dire un seul mot ni sans faire paraître aucune émotion, prit son mouchoir pour s'essuyer et continua tranquillement son discours. Chacun fut surpris d'une modération aussi héroïque; ceux qu'une telle insulte avait d'abord fait rire furent saisis d'admiration. Un des plus savants docteurs de la ville, qui était présent, se dit à lui-même qu'une loi qui inspirait un tel courage, une telle grandeur d'âme, et qui faisait remporter sur soi-même une victoire si complète, ne pouvait venir que du Ciel. Le sermon achevé, il confessa que la vertu du prédicateur l'avait touché ; il demanda le baptême et le reçut solennellement. Cette illustre conversion fut suivie d'un grand nombre d'autres.

Xavier, après avoir recommandé les nouveaux chrétiens aux deux Jésuites qu'il laissait à Amanguchi, partit de cette ville vers la mi-septembre 1551. Suivi de deux chrétiens japonais qui avaient sacrifié leurs biens pour embrasser l'Évangile, il se rendit à pied à Fuchéo ; c'était là que le roi de Bungo faisait sa résidence. Il avait entendu parler du Père François-Xavier et il désirait ardemment le voir ; aussi le reçut-il de la manière la plus honorable. Le saint, dans des conférences publiques, confondit les bonzes, qui, par des motifs d'intérêt, cherchaient partout à le traverser ; il en convertit cependant quelques-uns. Ses prédications et ses entretiens particuliers touchèrent le peuple, et on venait en foule lui demander le baptême. Le roi lui-même fut convaincu de la vérité du Christianisme et renonça à des impuretés contre nature auxquelles il s'abandonnait; mais un attachement criminel à quelques plaisirs sensuels l'empêcha de se convertir. Il se rappela depuis les instructions que le saint lui avait données ; il quitta ses désordres et reçut le baptême. Xavier, ayant pris congé du roi, s'embarqua pour retourner dans l'Inde, le 20 novembre 1551. II. était resté au Japon deux ans et quatre mois. Comme il fallait veiller à la conservation de cette chrétienté naissante, il y envoya trois Jésuites, que d'autres suivirent bientôt après.

On lui avait souvent objecté que les sages et les savants de la Chine…

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Message  Louis Jeu 12 Sep 2013, 12:21 pm


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
On lui avait souvent objecté que les sages et les savants de la Chine n'avaient point embrassé la foi; il conçut le projet de faire connaître Jésus-Christ dans ce vaste empire, et il s'occupait des moyens de l'exécuter en quittant le Japon. Les accidents qui lui arrivèrent pendant son voyage ne ralentirent point son zèle. Le vaisseau qu'il montait fut assailli de la plus violente tempête; mais il le sauva par ses prières. On lui fut aussi redevable de la conservation de la chaloupe, qu'un coup de vent avait séparée du vaisseau, et où étaient quinze personnes. Lorsqu'il fut arrivé à Malacca les habitants de cette ville le reçurent avec les plus grandes démonstrations de joie. Il pensait toujours à la mission de la Chine, mais il ne savait comment passer dans cet empire.

Indépendamment de la difficulté de l'entreprise, les Chinois n'aimaient pas les Portugais, et il était défendu aux étrangers d'entrer dans le pays sous peine de mort ou de prison perpétuelle. Quelques marchands portugais y avaient passé secrètement pour trafiquer ; on les découvrit, et quelques-uns d'entre eux perdirent la tête; ceux qu'on épargna furent chargés de fers et destinés à mourir en prison. Xavier s'entretint de ces objets avec don Pedro de Sylva, l'ancien gouverneur de Malacca, et avec don Alvarez d'Atayda, qui l'avait remplacé. Il fut arrêté qu'on pourrait envoyer en Chine un ambassadeur au nom du roi de Portugal, pour demander la permission de faire le commerce dans cet empire, parce que, si on l'obtenait, les prédicateurs évangéliques n'éprouveraient plus les mêmes difficultés. Les choses en restèrent là pour le moment.

Cependant le saint s'embarqua pour aller à Goa. Il arriva à Cochin le 24 janvier 1552. Il y trouva le roi des Maldives, que ses sujets révoltés avaient obligé de prendre la fuite et de se réfugier auprès des Portugais. Il baptisa ce prince, que le Père Hérédia avait instruit. Le roi des Maldives, désespérant de recouvrer jamais ses États, épousa une Portugaise et mena une vie privée jusqu'à sa mort; heureux toutefois en ce que la perte de sa couronne lui valut le don de la foi et la grâce du baptême.

Xavier arriva à Goa au commencement de février. Après avoir visité les hôpitaux il se rendit au collège de Saint-Paul, où il guérit un malade agonisant. Il y trouva la plupart des missionnaires qu'il avait envoyés dans les Indes avant son départ pour le Japon et qui avaient porté le flambeau de la foi chez différents peuples. Le Père Gaspard Barzée avait converti l'île et la ville d'Ormuz. Le Christianisme était très florissant sur la côte de la Pêcherie, et il avait fait de grands progrès à Cochin, à Coulan, à Bazaïn, à Méliapour, aux Moluques, dans les îles du More, etc. Le roi de Tanor, dont les États étaient sur la côte de Malabar, avait reçu le baptême, ainsi que le roi de Trinquemale, un des souverains de Ceylan.

Mais, si Xavier eut à se réjouir des progrès…

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 6:30 am


Travaux apostoliques de
saint François-Xavier, au Japon.


(suite)
Mais, si Xavier eut à se réjouir des progrès que faisait l'Évangile, il fut affligé de la conduite que tenait le Père Antoine Gomès, recteur du collège de Goa. C'était un homme fort instruit et un habile prédicateur, mais il avait un attachement singulier à ses propres idées. II gouvernait arbitrairement, et il avait introduit de telles innovations que le saint fut obligé de le renvoyer de la Société. Il lui donna pour successeur le Père Gaspar Barzée, qu'il fit aussi vice-provincial. Il envoya en même temps de nouveaux prédicateurs dans toutes les missions de la presqu'île en deçà du Gange, et il obtint du vice-roi don Alphonse de Norogna une commission qui nommait Jacques Pérégra pour l'ambassade de la Chine.

Lorsqu'il eut mis ordre à tout il fit les adieux les plus tendres à ses frères et leur donna les instructions qu'il jugea leur être les plus nécessaires. Il partit de Goa le 15 avril 1552, et, quand il eut abordé à Malacca, il trouva une ample matière à sa charité. Il régnait dans cette ville une maladie contagieuse qui emportait beaucoup de monde et qu'il avait prédite avant son arrivée.

Dès qu'il eut mis pied à terre il alla chercher les malades ; il courait avec ses compagnons de rue en rue pour ramasser les pauvres qui languissaient sur le pavé sans aucun secours ; il les portait aux hôpitaux et au collège de la Compagnie. Il fit construire le long de la mer des cabanes pour servir de logement au reste de ces malheureux ; il leur procura ensuite les remèdes et les aliments dont ils avaient besoin. Ce fut dans le même temps qu'il ressuscita un jeune homme, nommé François Ciavos, qui depuis prit l'habit de la Compagnie. La contagion ayant presque entièrement cessé, il traita de l'ambassade de la Chine avec le gouverneur de Malacca, auquel don Alphonse de Norogna s'en rapportait sur cette affaire.

Don Alvarez d'Atayda Gama avait alors le gouvernement de cette ville…
 
A suivre :  Il entreprend le voyage et la conversion de la Chine, et meurt dans l’île de Sancian.

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Message  Louis Ven 13 Sep 2013, 3:18 pm


Il entreprend le voyage et la conversion de la Chine,
et meurt dans l’île de Sancian.  

Don Alvarez d'Atayda Gama avait alors le gouvernement de cette ville ; il avait succédé à don Pedro de Sylva Gama. Cet officier, mécontent de Pérégra, traversa le projet de l'ambassade. Xavier allégua inutilement l'autorité du roi et l'ordre du vice-roi ; Alvarez entra en fureur et le traita de la manière la plus outrageante. Le saint continua ses sollicitations pendant un mois sans pouvoir rien obtenir.

Enfin il menaça le gouverneur de l'excommunication, s'il persistait à s'opposer à la propagation de l'Évangile. Il produisit les brefs du Pape Paul III qui l'établissaient nonce apostolique, et dont il n'avait rien dit par humilité, depuis son arrivée dans les Indes. Le gouverneur se moqua de ces menaces, en sorte que le grand-vicaire de l'évêque lança contre lui une sentence d'excommunication. Xavier, voyant que le projet de l'ambassade ne pouvait avoir lieu, résolut de s'embarquer sur un vaisseau portugais qui partait pour l'île de Sancian, près de Macao, sur la côte de la Chine. Le gouverneur fut depuis déposé pour ses extorsions et pour d'autres crimes, et conduit chargé de fers à Goa, par ordre du roi de Portugal.

Xavier, durant son voyage, opéra plusieurs miracles et convertit quelques passagers mahométans. Le vaisseau arriva à Sancian le vingt-troisième jour après son départ de Malacca. Les Portugais avaient la permission d'aborder dans cette île pour s'y pourvoir des choses qui leur étaient nécessaires.

Le projet de l'ambassade à la Chine ayant échoué, le saint avait envoyé au Japon les trois Jésuites qu'il avait pris pour l'accompagner. Il n'avait retenu qu'un jeune Indien et un frère de la Société qui était Chinois et qui avait pris l'habit à Goa. II espérait trouver le moyen de passer secrètement avec eux en Chine. Les marchands portugais de Sancian tâchèrent de le détourner de ce dessein; ils lui représentèrent la rigueur des lois de l'empire chinois, la vigilance des officiers qui gardaient les ports et qu'il était impossible de gagner ; ils ajoutèrent qu'il devait s'attendre pour le moins à être battu cruellement et condamné à une prison perpétuelle. Rien ne put ébranler sa résolution ; il répondit à toutes les objections qu'on lui fit, et déclara que les plus grandes difficultés ne l'empêcheraient point d'entreprendre l'oeuvre de Dieu, et que la crainte seule de ces difficultés lui paraissait plus insupportable que tous les maux dont on le menaçait. Il prit donc des mesures pour le voyage de la Chine et commença par se procurer un bon interprète. Le Chinois qu'il avait amené avec lui de Goa n'entendait point la langue de la cour, il avait même oublié en partie celle que parlait le peuple. Un marchand chinois s'offrit de conduire le saint pendant la nuit à un endroit de la côte éloigné des habitations maritimes, et il demanda pour récompense deux cents pardos ; le pardo vaut 1 fr. 35 c. monnaie de France. Il exigea de plus que, dans le cas où Xavier serait arrêté, il lui promit de ne jamais découvrir le nom ni la maison de celui qui l'aurait débarqué.

Cependant les Portugais de Sancian…

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 6:12 am


Il entreprend le voyage et la conversion de la Chine,
et meurt dans l’île de Sancian.  


(suite)
Cependant les Portugais de Sancian, qui craignaient de devenir eux-mêmes les victimes des Chinois, mirent tout en œuvre pour empêcher le voyage que le saint méditait. Pendant ces délais le serviteur de Dieu tomba malade. Tous les vaisseaux portugais étant partis, à l'exception d'un seul, il manquait des choses les plus nécessaires à la vie. D'un autre côté l'interprète chinois rétracta la parole qu'il avait donnée. Xavier ne perdit pas courage et guérit de sa maladie. Ayant appris que le roi de Siam se préparait à envoyer une ambassade magnifique à l'empereur de la Chine, il résolut de faire tous ses efforts pour obtenir la permission d'accompagner l'ambassadeur siamois ; mais Dieu se contenta de sa bonne volonté et voulut l'appeler à lui.

La fièvre le reprit le 20 novembre, et il eut en même temps une claire connaissance du jour et de l'heure de sa mort, comme il le déclara à un ami, qui l'attesta depuis avec un serment solennel. Dès ce moment il sentit un dégoût étrange pour toutes les choses de la terre et ne pensa qu'à la céleste patrie où Dieu l'appelait. Étant fort abattu de la fièvre, il se retira dans le vaisseau, qui était l'hôpital commun des malades, afin de mourir dans la pauvreté; mais, comme l'agitation du vaisseau lui causait de grands maux de tête et l'empêchait d'être aussi appliqué à Dieu qu'il le désirait, il demanda le jour suivant à être remis à terre, ce qui lui fut accordé. On le laissa sur le rivage, exposé aux injures de l'air et surtout d'un vent du nord très-piquant qui soufflait alors. Georges Alvarez, touché de compassion pour son état, le fit porter dans sa cabane, qui ne valait guère mieux que le rivage, parce qu'elle était ouverte de toutes parts. La maladie, accompagnée d'une douleur de côté fort aiguë et d'oppression, faisait de jour en jour de nouveaux progrès. On saigna deux fois Xavier ; mais le chirurgien, peu expérimenté dans son art, lui ayant piqué le tendon, il tomba en faiblesse et en convulsion. Il lui survint un dégoût horrible, en sorte qu'il ne pouvait rien prendre. Son visage était toujours serein et son esprit toujours calme. Tantôt il levait les yeux au ciel, tantôt il les fixait sur son crucifix. Il répétait souvent : Jesu, fili David, miserere mei, et ces paroles, qui lui étaient si familières : 0 sanctissima Trinitas ! Il disait aussi, en invoquant la Reine du ciel : Monstra te esse matrem.

Enfin, le 3 décembre 1552, qui était un vendredi, ayant les yeux baignés de pleurs et tendrement attachés sur son crucifix, il prononça ces paroles : Seigneur, j'ai mis en vous mon espérance, je ne serai jamais confondu, et en même temps, transporté d'une joie céleste qui parut sur son visage, il rendit doucement l'esprit. Il avait quarante-six ans, et il en avait passé dix et demi dans les Indes. Ses travaux continuels l'avaient fait blanchir de bonne heure, et il était presque tout blanc la dernière année de sa vie. On l'enterra le dimanche suivant. Son corps fût mis dans une caisse assez grande, à la manière des Chinois, et cette caisse fut remplie de chaux vive, afin que, les chairs étant plus tôt consumées, on pût emporter les os à Goa.

Cependant Dieu manifesta…
 
A suivre : Miracles qu’il opère avant sa mort. Sa canonisation.


Dernière édition par Louis le Sam 14 Sep 2013, 3:10 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 14 Sep 2013, 11:12 am


Miracles qu’il opère avant sa mort. Sa canonisation.

Cependant Dieu manifesta dans le royaume de Navarre la sainteté de son serviteur par un événement miraculeux ou plutôt par une cessation de miracle. Dans une petite chapelle du château de Xavier il y avait un ancien crucifix fait de plâtre et de la hauteur d'un homme. Pendant la dernière année de la vie du saint on vit ce crucifix suer du sang en abondance tous les vendredis ; mais dès que Xavier fut mort le sang cessa de couler. Le crucifix se voit encore aujourd'hui au même endroit, avec du sang caillé le long des bras et des cuisses, aux mains et au côté 1

Deux mois et demi après la mort du saint homme, le navire qui était au port de Sancian étant sur le point de faire voile vers les Indes, on ouvrit le cercueil, le 17 février 1553, pour voir si les chairs étaient consumées; mais, lorsqu'on eut ôté la chaux de dessus le visage, on le trouva frais et vermeil comme celui d'un homme qui dort doucement. Le corps était aussi très-entier et sans aucune marque de corruption. On coupa, pour s'en assurer davantage, un peu de chair près du genou, et il coula du sang. La chaux n'avait point non plus endommagé les habits sacerdotaux avec lesquels on l'avait enterré. Le saint corps exhalait une odeur plus douce et plus agréable que celle des parfums les plus exquis. Il fut mis sur le vaisseau et porté à Malacca, où il aborda le 22 mars. Les habitants de cette ville le reçurent avec le plus grand respect. La peste, qui y faisait sentir ses ravages depuis quelques semaines, cessa tout d'un coup. Le corps du saint missionnaire fut enterré dans le cimetière commun. Ayant été trouvé frais et entier, au mois d'août suivant, on le transporta à Goa, et on le déposa dans l'église du collège de Saint-Paul, le 15 mars 1554. Il s'opéra dans cette occasion plusieurs guérisons miraculeuses.

On dressa, par ordre de Jean III, roi de Portugal, des procès-verbaux de la vie et des miracles du serviteur de Dieu, non-seulement à Goa, mais dans d'autres contrées des Indes, et ces procès-verbaux furent dressés par des personnes éclairées, habiles et d'une probité reconnue. Le saint fut béatifié par le Pape Paul V en 1619 et canonisé par Grégoire XV en 1621. L'an 1714, l'archevêque de Goa, accompagné du marquis de Castel-Nuovo, vice-roi des Indes, fit par ordre de Jean V, roi de Portugal, la visite des reliques de saint François-Xavier; il trouva son corps parfaitement conservé, n'exhalant aucune mauvaise odeur et paraissant même environné d'une splendeur extraordinaire. Le visage, les mains, la poitrine et les pieds n'offrirent pas la moindre trace de corruption. En 1747 le même prince obtint de Benoît XIV un bref portant que le serviteur de Dieu serait honoré comme patron et protecteur de toutes les contrées des Indes orientales.

Mais, ce qui est plus admirable,…

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1 Bouhours,  l.  6.
 
A suivre : Respect qu’il inspire aux Mahométans et aux païens. Témoignages que lui rendent les protestants. Qu’en conclure ?

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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 6:33 am

Respect qu’il inspire aux Mahométans et aux païens.
Témoignages que lui rendent les protestants.
Qu’en conclure ?

Mais, ce qui est plus admirable, les ennemis mêmes de Jésus-Christ le révéraient après sa mort, comme ils avaient fait pendant sa vie; ils le nommaient l'homme de prodiges, l'ami du Ciel, le maître de la nature, le Dieu de la terre. Quelques-uns faisaient de très-longs voyages et venaient à Goa exprès pour voir son corps exempt de corruption, et qui, au mouvement près, avait toutes les apparences de la vie. Il y eut des gentils qui parlèrent de lui élever des autels, et quelques peuples de la secte de Mahomet lui dédièrent en effet une mosquée sur la côte occidentale de Comorin. Le roi de Travancor, Mahométan, lui bâtit aussi un temple superbe, et les infidèles avaient une telle révérence pour ce lieu, où le grand Père était honoré, qu'ils n'osaient y cracher à terre, si nous en croyons le témoignage des naturels du pays. Les païens avaient coutume, pour confirmer la vérité, de tenir à la main un fer chaud et de pratiquer d'autres superstitions pareilles ; mais, depuis que le Père François fut en si grande vénération dans les Indes, ils juraient par son nom, et c'était entre eux la preuve la plus authentique qu'on disait vrai.

Aux païens et aux Mahométans se joignent les hérétiques pour rendre témoignage à la sainteté et aux miracles de l'apôtre des
Indes.

Le protestant Baldéus parle de lui en ces termes dans son Histoire des Indes : « Si la religion de Xavier convenait avec la nôtre nous le devrions estimer et honorer comme un autre saint Paul. Toutefois, nonobstant cette différence de religion, son zèle, sa vigilance et la sainteté de ses mœurs doivent exciter tous les gens de bien à ne point faire l'œuvre de Dieu négligemment ; car les dons que Xavier avait reçus pour exercer la charge de ministre et d'ambassadeur de Jésus-Christ étaient si éminents que mon esprit n'est pas capable de les exprimer. Si je considère la patience et la douceur avec lesquelles il a présenté aux grands et aux petits les eaux saintes et vives de l'Évangile ; si je regarde le courage avec lequel il a souffert les injures et les affronts, je suis contraint de m'écrier avec l'Apôtre : Qui est capable comme lui de ces choses merveilleuses? »

Baldéus finit l'éloge du saint par une apostrophe au saint même : « Plût à Dieu, dit-il, qu'ayant été ce que vous avez été vous fussiez ou vous eussiez été des nôtres 1 ! »

Richard Haklvit, aussi protestant, …

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1 Baldéus, Hist. des Indes.

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Message  Louis Dim 15 Sep 2013, 12:50 pm

Respect qu’il inspire aux Mahométans et aux païens.
Témoignages que lui rendent les protestants.
Qu’en conclure ?


(suite)
Richard Haklvit, aussi protestant, de plus ministre en Angleterre, loue Xavier sans aucune restriction. « Sancian, dit-il, est une île dans les confins de la Chine, et proche le port de Canton, fameuse par la mort de François-Xavier, ce digne ouvrier évangélique et ce divin maître des Indiens en ce qui concerne la religion ; qui, après de grands travaux, après plusieurs injures et des croix infinies souffertes avec beaucoup de patience et de joie, mourut dans une cabane, sur une montagne déserte, le 2 décembre de l'année 1552, dépourvu de toutes les commodités de ce monde, mais comblé de toutes sortes de bénédictions spirituelles, ayant fait connaître auparavant Jésus-Christ à plusieurs milliers de ces Orientaux. Les histoires modernes des Indes sont remplies des excellentes vertus et des œuvres miraculeuses de ce saint homme 2. »

Le voyageur protestant Tavernier, qui a toute la probité qu'on peut avoir hors de la vraie religion, enchérit sur ces deux historiens, et parle comme un catholique. « Saint François-Xavier, dit-il, finit en ce lieu sa mission avec sa vie, après avoir établi la foi chrétienne avec des progrès admirables dans tous les lieux où il avait passé, non-seulement par son zèle, mais aussi par son exemple et par la sainteté de ses mœurs. Il n'a jamais été dans la Chine ; néanmoins il y a beaucoup d'apparence que le Christianisme qu'il avait établi dans l'île de Niphon s'étendit dans les pays voisins et se multiplia par les soins de ce saint homme, qu'on peut nommer à juste titre le saint Paul et le véritable apôtre des Indes 3. »

« Au reste, conclurons-nous avec le biographe de notre saint, si Xavier a été doué de toutes les vertus apostoliques, ne s'ensuit-il pas que la religion qu'il prêchait était celle des apôtres? Y a-t-il la moindre apparence qu'un homme choisi de Dieu pour détruire l'idolâtrie et l'impiété dans le Nouveau-Monde fût un idolâtre et un impie, lorsqu'il adorait Jésus-Christ sur les autels, qu'il invoquait la sainte Vierge qu'il s'engageait à Dieu par des vœux, qu'il demandait des indulgences au souverain Pontife, qu'il employait le signe de la croix et l'eau bénite à la guérison des malades, qu'il faisait des prières et disait des messes pour les morts ? Peut-on croire enfin que ce saint homme, ce faiseur de miracles, ce nouvel apôtre, ce second saint Paul, ait été toute sa vie dans la voie de perdition, et qu'au lieu de jouir maintenant du bonheur des saints il souffre les supplices des damnés ? Disons donc, pour finir cet ouvrage par où nous l'avons commencé, que la vie de saint François-Xavier est un témoignage authentique de la vérité de l'Évangile, et qu'on ne saurait regarder de près ce que Dieu a fait par le ministère de son serviteur sans tomber d'accord que l'Église catholique, apostolique et romaine, est l'Église de Jésus-Christ 1, »

François-Xavier, dont le cœur était aussi grand que le monde,…

___________________________________________________________________

2 Les principales Navigations, etc., de la nation anglaise, t. 2, part. 2. — 3  Recueil de plusieurs Relations , etc. — 1 Bouhours, Vie de saint François-Xavier, l. 6, fin.
 
A suivre : Projet du saint. La Providence y dispose les peuples.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 7:10 am

Projet du saint. La Providence y dispose les peuples.

François-Xavier, dont le cœur était aussi grand que le monde, eût bien voulu ressusciter d'abord en Chine la foi chrétienne que Jean de Montcorvin, archevêque catholique de Péking, y avait plantée deux siècles auparavant ; puis en faire autant chez les Tartares, et revenir en Europe, en ramenant à l'Église les schismatiques de la Russie et les hérétiques de l'Allemagne. En un mot il eût voulu reprendre dans tout son ensemble l'œuvre interrompue par le grand schisme d'Occident.

La Providence y disposait les peuples.

En 1533 l'empereur d'Éthiopie envoie une ambassade au Pape Clément VII, avec sa profession de foi, et lui demande de saintes images 2.

En 1542 les Arméniens demandent un évoque au Pape Paul III, qui leur donne pour évêque de Nadchivan frère Benoît, de l'ordre de Saint-Dominique 3.

En 1545 le même Pape promet un nonce et des présents à Claude, roi d'Éthiopie, qui demandait l'union avec l'Église romaine 4.

En 1553 Jules III, successeur de Paul, reçoit les Assyriens à l'obéissance de l'Église romaine et confirme leur patriarche Sulalla 1. L'année suivante il institue un patriarche  dans l'empire d'Éthiopie et en loue l'empereur par ses lettres 1.

________________________________________

2 Raynald, ann. Ï533, n. 24 et seqq. — 3 Id., ann. 1542, n. 57. — 4 Id., ann. 1545, n. 61. — 1 Raynald, ann. 1553, n. 42-45. — 1 Id., ann. 1554,n. 26 ; ann; 1555, n. 10.
 
A suivre :   § III.  SECONDE  REPRISE  DU  CONCILE   DE  TRENTE   (1550 A 1551), SESSIONS 11-16, sous JULES III.

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Message  Louis Lun 16 Sep 2013, 12:33 pm

§ III.

SECONDE  REPRISE  DU  CONCILE   DE  TRENTE   (1550 A 1551), SESSIONS 11-16, sous JULES III.
 
Mort et caractère de Paul III.

Paul III était mort en 1549, cardinal et Pape exemplaire si, comme Melchisédech, il n'avait pas eu de famille ou ne l'avait trop aimée. Voici ce qu'en dit sur cet article la Biographie universelle :

« Paul III avait été marié avant d'embrasser l'état ecclésiastique. Il lui restait un fils nommé Louis Farnèse et un petit-fils appelé Octave. Il avait donné à Louis, en apanage, les villes de Parme et de Plaisance, et attaché au Saint-Siège, à titre d'échange, les principautés de Camérino et de Népi, qu'il avait précédemment concédées à Octave. Cet arrangement déplut à Charles-Quint, qui refusa aux Farnèse l'investiture de Parme et de Plaisance, lesquels dépendaient du duché de Milan comme fief de l'empire. Louis Farnèse ayant été assassiné à Parme, à cause de la haine qu'il s'était attirée par ses crimes et ses débauches, les troupes de l'empereur s'emparèrent de la ville et le Pape ne put obtenir qu'elle lui fût rendue ; mais il obtint plus tard, pour son petit-fils Octave, la main de Marguerite d'Autriche, fille naturelle de Charles-Quint et veuve de Julien de Médicis, qui avait été assassiné à Florence.

Paul III fut puni par où il avait péché ; il trouva dans le sein de sa famille des chagrins qui empoisonnèrent la fin de ses jours. Il avait comblé de biens ses parents, qui le payèrent d'ingratitude. Il mourut le 20 novembre 1549, dans la quatre-vingt-quatrième année de son âge et la seizième de son pontificat. Sentant sa fin approcher il fit appeler les cardinaux et régla avec eux les affaires de l'Église. Les mauvais procédés de ses proches lui arrachèrent des regrets, et l'on prétend que, dans un mouvement de repentir, il répéta plusieurs fois avec douleur ces paroles du psaume 18 : « Si les miens ne m'avaient pas dominé, je serais sans tache et exempt d'un très-grand péché 2. »

Il eut pour successeur le cardinal del Monte, qui avait présidé le concile de Trente….

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 2 Biographie universelle, t. 33, art. PAUL III.
 
A suivre : Election de Jules III. Ses soins pour la reprise du concile.

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 6:09 am


Election de Jules III.
Ses soins pour la reprise du concile.

Il eut pour successeur le cardinal del Monte, qui avait présidé le concile de Trente. Son nom de famille était Jean-Marie Giocchi. Il était né à Rome, mais d'une origine obscure. Son élection souffrit des lenteurs qui durèrent plus de deux mois. Trois partis divisaient le conclave, celui des Français, celui des impériaux et celui des créatures du dernier Pape, à la tête duquel se trouvait le cardinal Farnèse, neveu de Paul III. Ce fut à lui que del Monte dut principalement son exaltation. Le cardinal Polus fut une fois sur le point d'avoir toutes les voix.

Enfin elles se réunirent, le 7 février 1550, en faveur du cardinal Jean del Monte, qui prit le nom de Jules III, en mémoire de Jules II, qui avait fait sa fortune en élevant son oncle au cardinalat. II embrassa tous ceux qui avaient le plus traversé son élection ou qui l'avaient offensé personnellement au concile de Trente, et leur fit connaître, en leur accordant des grâces,  qu'il n'en avait conservé aucune ressentiment.

Un des premiers actes du nouveau Pontife furent ses négociations avec l'empereur Charles-Quint et le roi de France. Henri II, pour replacer et reprendre le concile œcuménique de Trente.

Avant de publier la bulle de convocation il consulta les cardinaux, et les évêques qui étaient à Rome ; tous applaudirent à la résolution que le Pape avait prise de convoquer de nouveau le concile dans la ville où il avait commencé. La bulle fut publiée le 14 novembre 1550 et envoyée à Charles-Quint, qui la fit examiner dans son conseil. On en agit ainsi à cause des protestants, qui paraissaient disposés à accepter le concile, et effectivement, quelque temps après, l'empereur offrit au Pape leur soumission. Il faut en excepter Maurice, électeur de Saxe, qui demandait un concile indépendant du Pape et où ceux de la Confession d'Augsbourg eussent voix délibérative. L'événement montra que toutes ces protestations d'accepter le concile n'étaient qu'un artifice de la part des protestants pour amuser l'empereur afin de mieux le tromper.

Le 4 mars 1551 Jules nomma pour présider le concile, en qualité de légat, le cardinal Marcel Crescendo, qui à une profonde érudition joignait beaucoup de prudence et d'habileté. Il ne lui donna point de collègues dans la légation, mais il lui adjoignit, en qualité de président, Sébastien Pighin, archevêque de Manfrédonia ou Siponte, et Louis Lippoman, évêque de Vérone. Il choisit exprès deux évêques afin d'honorer l'épiscopat et de faire cesser les plaintes contre le choix des présidents de la première assemblée, qui tous trois étaient cardinaux. Il leur donna ses instructions de vive voix, avec une commission très-ample par écrit. Il ordonne des prières publiques le 14 avril pour demander à Dieu de bénir une entreprise si importante pour la religion, et envoya à Trente tous les évêques qui étaient alors à Rome, au nombre de quatre-vingt-quatre. Le légat partit avec ses deux adjoints et quelques prélats, et arriva à Trente le 29 avril.

Le même jour François de Tolède, ambassadeur de l'empereur…


Dernière édition par Louis le Mar 17 Sep 2013, 3:50 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mar 17 Sep 2013, 11:48 am


Election de Jules III.
Ses soins pour la reprise du concile.
(suite)
Le même jour François de Tolède, ambassadeur de l'empereur, fit son entrée dans la même ville, et deux jours après, c'est-à-dire le 1er mai, on ouvrit le concile par la session onzième. Il n'y eut de particulier que le rang du cardinal Madruce, évêque de Trente, relativement aux deux évêques revêtus de la qualité de nonces et donnés pour adjoints dans la présidence au légat apostolique. Le Pape fut consulté, et régla que ce cardinal précéderait les nonces dans toutes les fonctions qui ne regarderaient pas le concile, mais que, dans les sessions, congrégations ou autres concours semblables, les trois présidents occuperaient les trois premières places, comme s'ils étaient tous cardinaux. Il assigna cependant à Madruce une place particulière, distinguée de celle des autres évêques. Le secrétaire du concile fit lecture de la bulle de convocation, après laquelle on lut un décret où l'on déclarait que le concile était commencé de nouveau et continuerait l'examen et la discussion des matières, et où l'on indiquait la session suivante au 1er septembre.

L'arrivée des évêques d'Allemagne, notamment des électeurs de Mayence et de Trêves, avait causé à Trente une joie extraordinaire, et on se prépara aussitôt à la douzième session, qui se tint le jour indiqué.

L'évêque de Cagliari célébra la messe, après laquelle on lut un discours au nom des présidents pour exhorter les Pères à ne rien négliger pour défendre l'Église catholique et condamner l'hérésie. Après cette exhortation le secrétaire Massarel lut quelques avis sur la manière dont on devait se comporter dans le concile.

Ensuite l'évêque de Cagliari monta au jubé et fit lecture du décret qui indiquait la session suivante à vingt jours de distance. Le concile annonce dans un décret que l'on traitera dans cette session du sacrement de la très-sainte Eucharistie, et exhorte tous les prélats à travailler à apaiser Dieu par le jeûne et par la prière, afin qu'il daigne ramener les hommes à la vraie foi, à l'unité de l'Eglise et à la véritable règle des mœurs.

Jacques Amyot, abbé de Bellozane, qui était alors à Venise…
 
A suivre : Politique peu française et peu franche du roi Henri II envers le concile et le Pape.

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Message  Louis Mer 18 Sep 2013, 6:23 am


Politique peu française et peu franche
du roi Henri II envers le concile et le Pape.

Jacques Amyot, abbé de Bellozane, qui était alors à Venise avec le cardinal de Tournon, eut ordre de partir pour Trente et d'y porter une lettre du roi de France aux Pères assemblés dans cette ville. Il parut au concile pendant la session, sans être attendu, et présenta au légat une lettre du roi, son maître, adressée aux très-saints Pères en Jésus-Christ de l'assemblée de Trente . Les prélats espagnols ne voulaient pas qu'on la lût parce que dès le titre Henri II ne donnait que le nom d'assemblée au concile. Amyot s'efforça de persuader que le terme conventus, dont son maître se servait, ne devait pas être pris en mauvaise part, que le secrétaire avait peut-être  cru qu'il était plus latin que concilium. Après une longue dispute on convint de lire la lettre sans préjudice . Le roi y déclare en substance que la guerre qu'il a avec le Pape et l'empereur l'empêche d'envoyer aucun évêque à Trente; mais en même temps il proteste de son attachement à la foi catholique et de son zèle contre les hérétiques. Sa lettre est datée de Fontainebleau, le 13 août 1551.

Amyot lut ensuite à haute voix le Mémoire du roi. Ce prince y déclarait que la guerre allumée depuis peu par le Pape ne pouvait que nuire au concile et causer des maux infinis dans toute l'Europe ; qu'on ne pouvait attribuer tous ces malheurs qu'au souverain Pontife s'il persistait à entretenir la guerre ; que, tant qu'elle durerait, il ne pourrait envoyer aucun évêque de son royaume à Trente, et qu'ainsi le concile, dont il se voyait exclu malgré lui, ne pourrait être regardé comme œcuménique, mais comme un concile particulier. Ce Mémoire n'était qu'une répétition de ce qui avait été développé fort au long par l'ambassadeur dans le consistoire. Amyot raconta plutôt ce qui s'était fait à Rome qu'il ne signifia dans les termes la même chose aux Pères de Trente.

Ils répondirent aux écrits présentés par Amyot et justifièrent le concile, qu'ils assuraient être très-éloigné d'épouser les querelles d'aucun prince particulier et très-déterminé à poursuivre l'œuvre de Dieu malgré les contradictions.

Henri II avait menacé de rétablir la pragmatique sanction, et le concile répondit qu'on ne pouvait croire ce prince capable de renouveler une jurisprudence dont ses ancêtres s'étaient départis avec tant de raison. Tout le reste de cette réponse, extrêmement modérée, ne présentait encore que des exhortations et des prières pour engager le roi à laisser partir ses évêques. On faisait sentir que, si la présence des Français devait faire beaucoup de plaisir aux Pères de Trente, leur absence ne pouvait empêcher que le concile ne fût toujours l'assemblée de l'Église universelle, puisque la convocation était générale, que le Saint-Siège l'appuyait de toute son autorité et que le nombre des évêques y devenait plus grand de jour en jour.

Ces remontrances ne firent aucune impression sur l'esprit de Henri II ou plutôt de ceux qui le menaient…

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Message  Louis Mer 18 Sep 2013, 12:06 pm

Politique peu française et peu franche
du roi Henri II envers le concile et le Pape.


(suite)
Ces remontrances ne firent aucune impression sur l'esprit de Henri II ou plutôt de ceux qui le menaient. Avant même la réponse du concile il avait publié un édit où, parmi ses griefs contre la cour romaine, il accusait le Pape d'avoir voulu empêcher, par ses hostilités, que l'Église gallicane, faisant une des plus notables parties de l'Église universelle , n'assistât au concile. Cet acte défendait aussi tout transport d'argent à Rome, et la défense subsista jusqu'à la réconciliation des deux cours. Du reste cette querelle, plus politique au fond qu'ecclésiastique, n'eut d'autre effet que d'empêcher les évêques de France d'assister à la seconde célébration du concile de Trente 1.

Les vrais motifs de cette politique peu française et peu franche étaient de trois sortes. Henri II, à l'exemple de son père, venait de faire alliance avec les Turcs contre les chrétiens et avec les hérétiques d'Allemagne contre les catholiques. Pour seconder les complots de ses alliés hérétiques contre leur souverain légitime, Charles-Quint, il suscita des guerres à celui-ci en Italie. En second lieu Henri II avait marié une de ses filles bâtardes à Horace Farnèse, frère d'Octave. Jules avait fait rendre à ce dernier le duché de Parme, par considération pour leur aïeul, Paul III. Octave eût encore voulu Plaisance ; Charles-Quint refusa d'y consentir. Octave s'en prit au Pape, et, avec son frère Horace, se mit avec le roi de France contre le Pape et l'empereur. Enfin, nous l'avons déjà vu, les prélats de la cour en France goûtaient fort peu les derniers décrets du concile de Trente, qui les obligeaient à résider dans leur diocèse et à n'en avoir qu'un. Tels étaient les vrais motifs de la guerre que le roi de France faisait au Pape et à l'empereur. Cela sent fort les Grecs du Bas-Empire.

Mais revenons à Trente. On y tint, dans le cours du mois de septembre, plusieurs congrégations dans lesquelles on examina la question de l'Eucharistie, qui devait être décidée dans la prochaine session. Le légat demanda que les décisions fussent si bien mesurées, et que tous les termes en fussent si bien choisis, qu'ils ne donnassent aucune atteinte aux différents sentiments de l'école entre lesquels les théologiens catholiques étaient partagés. Il était en effet de la prudence de ne point susciter de nouveaux troubles dans l'Église et de tenir toutes ses forces réunies contre l'erreur, attention qui fit tellement choisir, peser, compasser les termes, que les définitions parurent rédigées avec une sorte de scrupule, et en même temps avec tant de sagacité que partout l'hérésie est confondue, sans imprimer la moindre flétrissure à aucune des opinions adoptées par tant d'écoles orthodoxes qui se trouvaient partagées entre elles. Pendant que l'on discutait le dogme de l'Eucharistie et tout ce qui y a rapport, on examinait dans d'autres congrégations ce qui concernait la réformation, et l'on commença par la matière de la juridiction épiscopale.

Quand tout fut disposé pour la treizième session…

__________________________________________________

1 L'abbé Dassance, Essai historique sur le Concile de Trente, CXLIX et seqq.
 
A suivre : Treizième session. Décrets et canons dogmatiques sur le sacrement de l’Eucharistie.

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