LA RELIGION DE COMBAT PAR L’Abbé Joseph LÉMANN

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Message  Monique Dim 14 Juil 2024, 10:57 am

Ce défilé, on dirait qu’il a repris, depuis que la société a voulu se passer du Christ ; on assiste à une sorte de danse macabre des royaumes. Les gouvernements se succèdent. 

Tous les États, n’ayant plus la pierre de l’angle, subissent une inclinaison, inclinata sunt regna; ils déclinent, semblables à des astres fatigués, vers un coucher qui est mystérieux; et les chefs des peuples se remplacent avec vitesse.

Dieu, quel défilé! L’autorité civile — quel que soit du reste son nom,  Monarchie, République, petits Etats, grands Empires — l’autorité est en danger partout. Prise dans le tourbillon du socialisme, elle est secouée avec cette violence que saint Jean a entrevue, lorsqu’il dit dans son Apocalypse : Les étoiles du ciel tomberont sur la terre, comme lorsque le figuier, étant agité par un grand vent, laisse tomber ses figues vertes 1. 

Monarchies,  Républiques, petits Etats, grands Empires, tous sont secoués. Ce sont les étoiles qui tombent; c’est le défilé des empires qui a recommencé !

N ’est-ce pas le cri général que, de tous côtés, on se sent vaciller, chanceler, qu’on se sent disjoindre, mourir? 

Tout passe par ce formidable chancellement ; Tout subit cette mortelle dislocation; Et il ne vient pas à la pensée des législateurs endurcis des malheureuses Nations révolutionnées, de se dire les uns aux autres : Reprenons la pierre de l’angle ! Nous, du moins, catholiques résolus, groupons-nous autour d’elle.



1 Apoc., VI, 13.


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Message  Monique Lun 15 Juil 2024, 8:13 am

III 


Une tentation a troublé dans nos rangs, des frères découragés, cette tentation : Ne serait-il pas préférable, et opportun, d’abandonner cette société en confusion, comme autrefois il abandonna Babel, et d’attendre à l’écart une société nouvelle que nous apporteraient les événements ? — Gardons-nous de cette extrémité : l’abandon ne serait pas chrétien. On abandonne le christianisme, mais le christianisme n’abandonne jamais. Voilà pourquoi les enfants de lumière ont le devoir non seulement de retenir, mais de rapporter la pierre de l'angle : de la rapporter à une société merveilleuse dans ses découvertes et sincère dans ses aspirations, mais désorganisée par les fils de ténèbres et surtout par des principes de ténèbres. Repoussons les ténèbres, respectons les aspirations, applaudissons aux découvertes, et leur apportons la divine base charitable sans laquelle ces merveilles ne subsisteraient pas.

De la sorte, ce sera rajeunir la société, sans la décourager, ni l’aigrir davantage.

En effet, comment le rajeunissement s’obtient-il ? Saint Thomas d’Aquin répond : il s’obtient en se rapprochant de son principe, ce qui veut dire : que toutes les fois qu’un être revient à ce qui fut sa source de vie, de force, d’éclat, de beauté, il rajeunit. 


Exemples :
La pauvre fleur coupée et fanée, si elle pouvait être rattachée à la tige qui fut son principe, refleurirait. Le jour qui tombe, renaît le lendemain à son point de départ, à l’orient qui est son principe.

Un enfant égaré, en revenant au foyer natal, son principe, sent des flots de vie rentrer, avec le repentir, dans son âme. En revoyant les lieux qui furent témoins de notre enfance, tout notre être tressaille et aspire à un mystérieux renouvellement.



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Message  Monique Mar 16 Juil 2024, 11:53 am

Lorsque vint en Judée Celui qui, à cette question : Qui êtes-vous? répondit aux Juifs : Je suis le Principe, moi qui vous parle 1, l'humanité, qui était dans un état voisin de la décrépitude, trouva, dans ce principe adoré, un si merveilleux rajeunissement, que, jusque dans ses usages, elle recommença les siècles.

Enfin, un peuple lui-même rajeunit, toutes les fois qu’il s’inspire de ses glorieux commencements, qu’il médite les gestes héroïques de ses pères et l’épopée de son berceau. Eu pleine décadence d’Israël, il y eut tout à coup les Machabées, parce qu’ils dirent : Nous obéirons à la loi de nos pères 1.

Tous ces exemples ne sont-ils pas mille fois consolants ?

La proposition de l’Ange de l’École est donc admirablement vraie : Lorsqu'on revient à son principe, toujours on rajeunit.

Rajeunissez la société, ô catholiques, en la ramenant à son principe, en lui faisant retrouver, par tous les moyens possibles, par toutes les combinaisons de l’amour, Jésus-Christ si bon, si miséricordieux, si compatissant ;

Ne vous tenez pas à l'écart, mais réparez l’écart d’avec la pierre de l’angle!


1 Saint Jean, VIII , 25.
1 Premier livre des Mach., chap. II.


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Message  Monique Mer 17 Juil 2024, 8:32 am

IV



 Vous avez donc l’espérance, nous répliquera-t-on, de voir l’antique jonction se rétablir entre la société et la céleste pierre angulaire ? 

— Oui vraiment, mais sous les aspects que la divine Sagesse tient en réserve. D’abord, les destinées de la pierre angulaire sont assurées de la continuation de leur magnificence. S’imaginerait-on, par hasard, qu’elle demeurera dans le rebut où les gouvernements l’ont mise et reléguée? Si elle s’y prêtait, elle ne serait plus la pierre vivante. C’est son nom encore, dans les Ecritures 1. N ’importe quelle autre pierre est inerte ; déplacée, elle demeurera dans le coin où on l’aura reléguée ; mais celle-là, elle est vivante, elle ne se résigne point à l’inertie ! Dès l’aurore des siècles, quoique tenue en réserve, elle faisait mouvoir les empires. En tête du livre du monde, c’est de moi qu'il est écrit 2: les empires s’arrangeaient et se dérangeaient en vue de sa réception. Et maintenant qu’elle s’est manifestée et que, visible à la conjonction des siècles anciens et des siècles nouveaux, elle a vaincu le chaos païen et en a tiré, aux regards des hommes et des anges, ces merveilles nommées l’Eglise catholique, la chrétienté, la civilisation, on s’imagine qu’elle se soumettra à un état de rebut et d’inertie ! Détrompez-vous, orgueilleux législateurs qui vous inspirez toujours de 89. La pierre vivante, humble dans ses fondements qui sont la crèche et la croix, est fière dans son édifice qui est l’Eglise catholique ou universelle. Vous ne voulez plus d’elle à la base de la société nouvelle et des nations modernes : le ciel saura prendre en sa faveur d’autres dispositions.

Lesquelles? Le Livre inspiré de Job les fait pressentir : « Le Seigneur parla à Job du milieu d’un tourbillon et lui dit : Ou étiez-vous quand je jetai les fondements de la terre ? Dites-le-moi, si vous avez de l'intelligence. Savez-vous qui en a posé la pierre angulaire, alors que les astres du matin me louaient tous ensemble, et que les anges poussaient des cris de joie 1? 

Ainsi donc, au moment où le Créateur posa la pierre angulaire du monde, qui est le Christ, but suprême de la création, les astres du matin et les anges rivalisaient de louanges et de réjouissance. Et, dans la suite des âges, ce fut une coutume chez les anciens de placer toujours la pierre fondamentale des édifices au milieu des chants et au son des instruments, comme pour rappeler et perpétuer l'honneur rendu à la divine pierre angulaire du monde 2.

Eh bien, il n’est pas nécessaire d’être prophète pour annoncer que ces transports d’allégresse et ces témoignages d’honneur se retrouveront à l’égard du Rebuté de 89. Vous n’avez plus voulu de Lui comme pierre de l’angle dans votre nouvel édifice, imprudents architectes ; le ciel saura prendre, à son tour, des dispositions nouvelles à son égard. Cette pierre vivante va se mouvoir en dehors du gouvernement de la France qui l’a mise au rebut, en dehors de la Chrétienté qui n’existe plus ; elle va se mouvoir, et attirer les peuples d’une autre manière. De nouvelles terres, de nouveaux cieux 3, s’organiseront autour d’elle, entreront en conjonction avec elle : il faudra du temps, elle prendra son temps ! Mais un jour viendra où les cris de joie, les chants et le son des instruments se feront de nouveau entendre ; et la péroraison de l’histoire du monde verra se renouveler la même fête qu'à sa genèse : les astres du matin et les chœurs des anges applaudissaient au placement de la divine pierre angulaire ; les applaudissements recommenceront, car elle est indéracinable !     



1 Vous approchant de lui comme de la pierre vivante... (Première épitre de saint Pierre, II, 4).
2 Psaume XXXIX, 8.
1 Premier livre des Mach., chap.II
1 Job, XXXVIII, 4, 6, 7. 
2 Premier livre d’Esdras, III, 10,11 — Zacharie, IV, 7. 
3 Isaïe , LXVl, 17.


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Message  Monique Jeu 18 Juil 2024, 9:52 am

Mais que doit-on penser des nations de l’Europe? Leurs destinées ne sont-elles pas compromises ? Évidemment, un peuple qui consommerait sa rupture avec la pierre de l’angle s’exposerait à une ruine inévitable. Léon XIII le disait hier : La prospérité des peuples et des nations vient de Dieu et de sa bénédiction. Si un peuple, loin de reconnaître cette vérité, va jusqu’à se soulever contre Dieu, et dans l’orgueil de son esprit lui dit tacitement qu’il n’a pas besoin de lui, la prospérité de ce peuple n’est qu’un fantôme destiné à s’évanouir sitôt qu’il plaira au Seigneur de confondre l’orgueilleuse audace de ses ennemis1. Et encore Dieu n’abandonne jamais ni d’aucune manière son Église. Celle-ci n’a donc rien à redouter des attentats des hommes ; mais les peuples qui ont dégénéré de la vertu chrétienne ne sauraient avoir la même garantie 2.

Mais, grâce à Dieu, les patries chrétiennes, détournées par la Révolution, répugnent et résistent à la rupture. On a tant prié ! et les efforts réparateurs des catholiques sont si consolants dans leur ensemble ! Que l’on considère le chemin qui s’est fait, depuis vingt ans, pour retrouver la jonction avec la pierre angulaire : Au concile du Vatican, une antique promesse de Dieu s’est, de nouveau, affirmée : « Voici la pierre que j'ai mise... Je la taillerai et je la graverai moi-même avec le ciseau, dit le Seigneur des armées 1. » La pierre, taillée et gravée avec le ciseau des douleurs, a donc été de nouveau reconnue et affirmée au concile du Vatican; 
Tous les Evêques du monde, successeurs des Apôtres, se sont rangés autour d’elle, augustes assises de la société;  Après les Evêques, le clergé tout entier s’est adapté et uni à la construction ;
Ensuite sont venues les foules catholiques, les pèlerinages catholiques, les cercles d’ouvriers catholiques, les congrès catholiques, les universités catholiques : tout cela, ce sont des matériaux solides et de première beauté ; qu’on remarque avec quel entrain ces matériaux se posent, avec quelle symétrie ils prennent, chacun, leur place dans la construction ; 

Et puis, ô spectacle inattendu ! voici que, au jour des noces d’or du grand Pape illuminateur et pacificateur, les délégués des Rois et des chefs des Etats, traversant tous les rangs, sont venus se ranger sur les degrés de son trône : la terre était récapitulée à Rome!


1 Lettre encyclique aux évêques d'Italie, 1890. 
2 Lettre encyclique sur les principaux devoirs des chrétiens, 1890.
1 Zacharie , III, 9, 10.

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Message  Monique Lun 22 Juil 2024, 10:00 am

La société nouvelle grandit tous les jours; elle accuse des proportions inaccoutumées ; ce n’est plus, précisément, une société française, ni une société italienne, ni une société anglaise, ni une société allemande : c’est la société catholique, dont la pierre fondamentale est Jésus-Christ avec son Vicaire, le Rejeté de 89 et le prisonnier du Vatican ! Courage donc, ô catholiques de tous les pays ; unissez vos efforts autour de la pierre de l’angle. La pierre, par une transmission de ses qualités, fera à son tour de vous des pierres carrées, des hommes carrés sur toutes faces, comme parle saint Augustin, de ces hommes chez qui les idées et les convictions sont à l’état de pierres bien taillées.

« La pierre carrée a cet avantage qu’elle ne tombe jamais, de quelque côté qu’on la retourne ; et n’ayant rien d’oblique, rien de vacillant, elle se tient et retient tout ce qu’elle porte, dans une unité vivante et majestueuse1 Vous serez donc des pierres carrées, catholiques de tous les pays ; vous ne vacillerez pas à l’endroit de la justice et de l'honneur !

Et lorsque, dans un temps qui ne peut plus être éloigné, le divin et irrécusable Architecte, qu’on ne prend jamais en défaut2, voudra bien nous donner le couronnement de l'édifice, que, par un pressentiment glorieux, nous persistons à attendre malgré nos malheurs ; voudra bien nous donner ce couronnement de l’édifice, cette splendide coupole religieuse et sociale, figurée dans la coupole de Saint-Pierre de Rome : vous, catholiques de tous les pays, solides pierres carrées, vous aurez été prépares à la recevoir et à la soutenir. Ce sera alors la dédicace, sur terre, de Rome universelle, seconde Jérusalem meilleure que la première, la vraie vision de la paix, Jérusalem visio pacis : où, sur la coupole, à côté de l’inscription fameuse : Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise, se gravera, nous l’espérons, cette autre inscription , complément de la première, et magnifique attestation de l’Eglise victorieuse et bâtie : Un seul bercail el un seul pasteur1.


1 Voir plus haut, p. 316.  
2 Voir plus haut, p. 313-14.
1 Saint Jean , x, 16



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Message  Monique Mar 23 Juil 2024, 9:09 am

CHAPITRE II 


D É C L A R A T I O N DE F I D É L I T É A LA C RO IX A P P E L A T O U T E S LES M I S È R E S POUR LA 
D É F E N D R E

 I. Déclaration de guerre faite à la croix, déclaration de fidélité. — II. Le Non possumus des catholiques relativement à son abandon. — III. Conséquences pratiques : partout où les crucifix sont enlevés, en ramener la vision par le signe de la croix vaillamment fait en public et par l'usage de la croix comme joyau. — IV. Misères de toutes espèces, entourez et défendez le Golgotha qui vous a toutes soulagées. — V, Serpents de feu et serpent d'airain : misères et miséricorde.




***


I

 Ou a déclaré la guerre à la Croix. La Croix est inexterminable : c’est prouvé 1. Mais ou peut priver de sa bienfaisante vision et de sa douce possession tel village, tel hameau, telle commune. Il y a donc pour les catholiques, obligation de la défendre. Comment la défendront-ils ? Avant tout, par une déclaration de fidélité. Il y a ou déclaration de guerre à la Croix : qu’il y ait déclaration de fidélité !

Eu face du Sanhédrin juif portant la défense d’enseigner au nom de Jésus, les Apôtres déclaraient avec intrépidité : « Qu’il leur était impossible de n’en point parler ; non possumus, nous ne pouvons pas1. » Il est devenu célèbre, le non possumus de Pierre et des Apôtres. Depuis lors, toutes les fois qu’une tyrannie quelconque a tenté d’exiger, par des menaces ou par des promesses, des actes contraires aux droits de Dieu et de Son Christ, contraires par cela même aux devoirs des catholiques, la conscience, toujours intrépide, lui a répondu : Non possumus, nous ne pouvons pas.

Dieu soit béni ! cette intrépide impossibilité se redit à cette heure. 

Des messagers de ténèbres et de haine parcourent les populations, les communes, les hameaux en proposant de faire disparaître la Croix ;

 Mais les fidèles, s’adossant au rocher de Pierre, ont répondu sur toute la ligne l’antique formule 
: Nous ne pouvons pas ; nous ne pouvons pas abandonner la Croix ; nous ne pouvons pas nous passer d’elle !


 1 Voir plus haut : Livre troisième, chap IV, pages 366-10

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Message  Monique Mer 24 Juil 2024, 8:42 am

II 



Ecoutez nos raisons, ô sectaires : Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle a été le lit de mort du Dieu fait homme. C’est sur elle qu’il a souffert l’agonie, qu’il a obtenu pardon et miséricorde pour les hommes, et qu’il nous a tous bénis. Si nous laissions profaner et outrager ce lit de mort, nous serions des ingrats, et nous, catholiques, nous ne voulons pas être des ingrats !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle a été l'instrument du rachat et de la liberté des peuples. Avant le Calvaire, les populations étaient affreusement esclaves. C’est avec la Croix que Jésus-Christ les a retirées de l’esclavage ; il a créé avec elle la race des hommes libres. Nous séparer de la Croix, ce serait nous exposer à redevenir bien vite esclaves, et nous, catholiques, nous ne voulons pas redevenir esclaves : nous resterons les hommes libres !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle a été l'instrument de la défaite de l'Enfer. Qu’on observe la Croix, elle a la forme d’un glaive : la poignée est dans le ciel, et la pointe en s’enfonçant dans le sol regarde le noir abîme. Faire disparaître la Croix, ce serait autoriser l’Enfer à réparer sa défaite : mais nous, catholiques, nous empêcherons toujours qu’il la réparti !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle est l'arbre de vie. Ah ! lorsque les malheureux souffrent trop, ils viennent s’asseoir à son ombre, et ils sentent aussitôt une influence divine qui les réconforte. L’orphelin comprend, sous ces bras étendus, qu’il ne sera pas seul au monde, et la pauvre veuve se relève plus résignée. Pourquoi ne supportez-vous pas, ô impies, que, dans nos tristesses, nous recourions à notre cher arbre de vie ? Nous ne vous empêchons pas, nous, de cueillir des fruits à vos arbres de mort. Laissez-nous notre arbre de vie. Mais si vous y touchez, nous deviendrons tous, pour le défendre, le chérubin du paradis terrestre !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle est le vrai signe de sécurité et de pacification. Quand elle se trouve sur un chemin, ce chemin est plus sûr. Quand elle est acceptée dans une usine, l’ouvrier et le patron s’entendent mieux. Quand se rencontrent, à son pied, le riche et le pauvre, richesse et pauvreté se transfigurent dans son amour. Depuis tant d’années que l’économie politique est eu travail et en recherches, elle n’a pas encore découvert un moyen plus sûr de pacification. Oh! laissez-nous donc la Croix, dont la présence éteint mieux les haines, et rend moins difficiles les étreintes de mains !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle doit apparaître en souveraine dans les airs, au jour du jugement général. A son aspect, les brebis doivent se ranger à droite, et les boucs seront précipités à gauche. S’il vous convient, ô renverseurs de croix, de choisir le côté des boucs, nous vous plaignons, cependant vous êtes libres. Mais nous qui voulons être du nombre des brebis à l'aspect de la Croix triomphante, nous l’adorons déjà sur terre, et nous la défendrons...

 Telles sont les raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas nous séparer et nous priver de la Croix tutélaire. Prenez-en votre parti, ô vous qui la faites pleurer, et qui nous faites pleurer, le nôtre est pris ; et c’est encore la Croix qui est le. sceau de notre décision, et de notre impossibilité de vous la livrer !




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Message  Monique Sam 27 Juil 2024, 9:58 am

II 



Ecoutez nos raisons, ô sectaires : Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle a été le lit de mort du Dieu fait homme. C’est sur elle qu’il a souffert l’agonie, qu’il a obtenu pardon et miséricorde pour les hommes, et qu’il nous a tous bénis. Si nous laissions profaner et outrager ce lit de mort, nous serions des ingrats, et nous, catholiques, nous ne voulons pas être des ingrats !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle a été l'instrument du rachat et de la liberté des peuples. Avant le Calvaire, les populations étaient affreusement esclaves. C’est avec la Croix que Jésus-Christ les a retirées de l’esclavage ; il a créé avec elle la race des hommes libres. Nous séparer de la Croix, ce serait nous exposer à redevenir bien vite esclaves, et nous, catholiques, nous ne voulons pas redevenir esclaves : nous resterons les hommes libres !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle a été l'instrument de la défaite de l'Enfer. Qu’on observe la Croix, elle a la forme d’un glaive : la poignée est dans le ciel, et la pointe en s’enfonçant dans le sol regarde le noir abîme. Faire disparaître la Croix, ce serait autoriser l’Enfer à réparer sa défaite : mais nous, catholiques, nous empêcherons toujours qu’il la réparti !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle est l'arbre de vie. Ah ! lorsque les malheureux souffrent trop, ils viennent s’asseoir à son ombre, et ils sentent aussitôt une influence divine qui les réconforte. L’orphelin comprend, sous ces bras étendus, qu’il ne sera pas seul au monde, et la pauvre veuve se relève plus résignée. Pourquoi ne supportez-vous pas, ô impies, que, dans nos tristesses, nous recourions à notre cher arbre de vie ? Nous ne vous empêchons pas, nous, de cueillir des fruits à vos arbres de mort. Laissez-nous notre arbre de vie. Mais si vous y touchez, nous deviendrons tous, pour le défendre, le chérubin du paradis terrestre !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle est le vrai signe de sécurité et de pacification. Quand elle se trouve sur un chemin, ce chemin est plus sûr. Quand elle est acceptée dans une usine, l’ouvrier et le patron s’entendent mieux. Quand se rencontrent, à son pied, le riche et le pauvre, richesse et pauvreté se transfigurent dans son amour. Depuis tant d’années que l’économie politique est eu travail et en recherches, elle n’a pas encore découvert un moyen plus sûr de pacification. Oh! laissez-nous donc la Croix, dont la présence éteint mieux les haines, et rend moins difficiles les étreintes de mains !

Nous ne pouvons pas nous passer de la Croix, parce qu’elle doit apparaître en souveraine dans les airs, au jour du jugement général. A son aspect, les brebis doivent se ranger à droite, et les boucs seront précipités à gauche. S’il vous convient, ô renverseurs de croix, de choisir le côté des boucs, nous vous plaignons, cependant vous êtes libres. Mais nous qui voulons être du nombre des brebis à l'aspect de la Croix triomphante, nous l’adorons déjà sur terre, et nous la défendrons...

Telles sont les raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas nous séparer et nous priver de la Croix tutélaire. Prenez-en votre parti, ô vous qui la faites pleurer, et qui nous faites pleurer, le nôtre est pris ; et c’est encore la Croix qui est le. sceau de notre décision, et de notre impossibilité de vous la livrer !

  
 
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Message  Monique Mer 31 Juil 2024, 6:09 am

III


 Après cette déclaration, la Croix conservera sa placo d’honneur à notre foyer, sa place d’honneur à l’école chrétienne de notre paroisse, de notre commune, de notre village, et dans tous les lieux qui dépendent de nous : cela va sans dire ; c’est fait, c’est acquis. Mais cela ne suffit pas. Il y aura, hélas ! autour de nous, des foyers, des écoles dont les murs auront été contraints de se dépouiller du cher signe d’amour, et des places publiques qui auront été profanées par son enlèvement ! Or, comment neutraliser ces sataniques exploits ; comment combler ce vide lugubre ; comment tirer le bien du mal ?

De deux manières :

En faisant courageusement en public le signe de la croix, toutes les fois qu’on doit le faire ;

En prenant rang parmi cette phalange magnanime de femmes, de jeunes filles, d’enfants, d’hommes de cœur qui portent ostensiblement sur eux une croix, un crucifix.

Ah ! certes) si le signe de la croix, qui est d’obligation chrétienne, doit se faire courageusement, amplement, n’est-ce pas à l’heure où un vaste complot a dit : Bientôt la croix aura disparu ? — Vous vous trompez, hommes de mal ; elle ne disparait pas. Voyez la preuve : je fais gaiment et fièrement le signe de la croix... L’histoire rapporte que, sous la persécution de Dioclétien, Tiburce, célèbre martyr, fut amené au préfet Fabien, qui, faisant semer des charbons ardents, lui commanda ou d’offrir de l’encens aux idoles ou de marcher pieds nus sur le brasier. Tiburce fait le signe de, la croix et s’avance ; il souriait ; il lui semblait, disait-il, marcher sur des fleurs !... Et moi, j’aurais honte de faire le signe de la croix devant une table d’hôtes, et même devant une table d’amis ? Et le rouge d’une fausse honte, vif comme celui des charbons, monterait sur mes joues ? Allons ! sous mes pieds le respect humain, c’est là sa place ! Mon signe de la croix, sans affectation, mais aussi sans faiblesse !             


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Message  Monique Ven 02 Aoû 2024, 2:25 pm

Et puis, cet autre courage : porter la croix comme mon joyau préféré, porter un petit crucifix, ostensiblement ;

 Ostensiblement, parce que dès là que la haine s’acharne à faire disparaître la Croix, nous, l’amour fidèle, nous devons prendre notre plaisir, nos délices, à la faire apparaître, à l’étaler : « Mon bon Maître, on vous chasse, moi, je vous reçois ; on pousse du pied votre Croix après l’avoir abattue, moi, je la mets sur ma poitrine; »

Ostensiblement, parce qu’elle est le livre du pauvre peuple. La vue du crucifix en apprend plus au pauvre peuple sur Dieu, sur Jésus-Christ, sur l’éternité, que tous les discours du monde. Ah ! le pauvre peuple, il est mené à l’athéisme comme un troupeau de brebis à la tuerie : eh bien, s’il ne doit plus apprendre à connaître le bon Sauveur ni dans les livres, ni dans les écoles, qu’il apprenne du moins à le connaître sur des poitrines magnanimes qui présenteront à ses regards la vision du crucifix !

Ostensiblement, enfin, parce que les fils des Croisés n’ont pas encore reculé devant les fils de Voltaire. Ils ne reculent pas, puisque, la Croix ayant été enlevée aux murailles, des milliers de poitrines sont devenues à l’envi des murailles vivantes. Mais ils reculeraient, si les poitrines venaient à manquer, si les murailles devenaient rares pour maintenir et perpétuer la vision du crucifix. Oh ! bénédiction et honneur à toutes les poitrines qui continueront ce rôle de murailles vivantes ! 


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Message  Monique Lun 05 Aoû 2024, 1:29 pm

IV 


Nous contenterons-nous, pour la défense du cher signe d’amour, de ces mesures? Elles sont, assurément, héroïques, dignes de l’admiration des anges, mais elles sont personnelles; et lorsqu’il s’agit d’entourer et de protéger l’arbre sacré qui nous a tous sauvés, il faut agir de concert; il faut, comme s’exprime le langage militaire, lever des forces, rassembler des bataillons. 

Quelles seront ces forces, ces bataillons ?

 Est-ce au concours des richesses que nous ferons appel? aux ressources du génie? à l’étincellement et au faisceau des épées ? 

Non! ni la richesse, ni le génie, ni le faisceau des épées pour la conservation de la croix ! 

Mais alors, quoi donc ?

C’est aux misères humaines que nous irons dire : « La Croix est en danger, venez à son secours. »

Elle seule a soulagé toutes les misères. Il n’y a pas de misère humaine si cachée, si délaissée, si repoussante, que l'Eglise catholique ne l’ait découverte avec la croix, visitée avec la croix, soulagée avec la croix. S’il y avait une misère qui eût été laissée dans l’ombre, oubliée par » l’Eglise, qu’elle se montre, afin de pouvoir dire : « La Croix de Jésus-Christ m’a oubliée... » Mais non, toutes les misères ont vu arriver la miséricorde, et l’ont bénie. Aussi, ce n’est point à la richesse, ni au glaive, ni au génie que nous irons confier cette angoisse de nos cœurs : la croix est en danger ! C’est aux misères que nous aurons recours. Misères des maladies, misères de l’indigence, misères de l’ignorance, misères de la vieillesse, misères des contrées malsaines, misères de la folie, misères du vice et de la dégradation, assemblez-vous toutes et rangez-vous autour du Dieu crucifié qui vous a tant de fois soulagées !

Lépreux, passez devant le Golgotha, et, la main levée, dites : Nous avons besoin de Lui ! — Sans la croix, en effet, la lèpre reviendrait bientôt sur vous, plus horrible et plus dévorante. Mendiants, passez devant le Golgotha, et, la main levée, dites : Nous avons besoin de Lui ! — Sans la croix, en effet, on vous apercevrait bientôt mourants de faim le long des routes et des fossés. Et vous, pauvres aliénés, passez aussi devant le Golgotha, et, de vos mains inconscientes et crispées, retenez la folie de la Croix. Ah! sans elle, personne ne prendrait bientôt plus soin de votre terrible état.

Bataillons de toutes les misères, entourez le Golgotha : à vous, la garde de la croix de Jésus-Christ!



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Message  Monique Mar 06 Aoû 2024, 8:49 am

V


 C’était après la sortie d’Égypte. Les enfants d’Israël, guidés par Moïse dans le grand et affreux désert de Pharan, se prirent à murmurer contre le Seigneur et contre la conduite de sa Providence. Irrité de l’ingratitude de ce peuple à la tête dure, le Seigneur fait surgir, dans la contrée sablonneuse qu’il est en train de traverser, une multitude de serpents. Leur morsure, dit l’Écriture, brûlait comme le feu 1. C’était le céraste ou vipère cornue, ainsi nommée à cause de deux petites cornes que ce reptile porte au-dessus de la tète : d’autant plus dangereux que sa couleur est grisâtre et le confond avec le sable 2.

Partout où Israël avance sa marche, partout où il dresse son campement, le terrible visiteur de la colère de Dieu apparaît et s’élance. Voyez-vous d’ici ces serpents de feu se multipliant sous les pieds des marcheurs, pénétrant dans leurs tentes, et semant la mort à l’improviste. Quels cris d’effroi, que de bras qui se tordent dans les convulsions, que de corps qui deviennent noirs par l ’effet rapide du venin !

Epouvanté, le peuple se précipite vers Moïse : Sauve-nous de la colère de Dieu !

Alors se passe, dans le camp, une scène inattendue, étonnante, grandiose. Le saint législateur a consulté le Seigneur, et d’après son commandement et ses indications, il a fait dresser sur un bois élevé un serpent d’airain.
  « Vous ferez, lui a dit le Seigneur, un serpent d ’airain, et vous le suspendrez à un poteau. » Placé sur ce bois élevé, le serpent d’airain domine le camp ; et de toutes les tentes, ceux qui ont été mordus par les vipères et qui le regardent se sentent guéris.

« Mais tous les blessés devaient le regarder ! » pensez-vous? Qu’on se détrompe. La moquerie, l’impiété, le blasphème ont trouvé, dans tous les temps, leurs partisans : il y en eut qui tournèrent en ridicule le conseil de Moïse. Hélas ! la preuve n’en subsiste-t-elle pas dans ce qui se passe sous nos yeux. Journellement, au lit de la mort, à ce moment formidable où l’éternité va se décider, que de moribonds qui détournent la tète du signe de miséricorde et de salut qu’on leur présente! « Oh ! nous vous en supplions, c’est l’éternité qui va commencer ; un seul regard de repentir vers ce signe de la miséricorde! » Et ils ne veulent pas... Au temps de Moïse, le serpent d’airain était le signe de la miséricorde et de la guérison, et tous ne lui donnèrent pas leur regard ! 


1 Livre des Nombres, chap. XXI, 6. 
2 Son nom lui vient de deux petites cornes qu'il porte au-dessus de la tête. Sa longueur est d’environ 0m,60 ; sa couleur est grisâtre, avec des taches irrégulières, noirâtres ou d’un brun pâle. Il se tient en embuscade dans les sables de l’Egypte, de l’Algérie, de l’Arabie Pétrée, et s'élance sur les animaux qui passent à sa portée. Son venin est très dangereux. Fillion , Atlas d'histoire naturelle de la Bible. — Coïncidence singulière ! les enfants d’Israël ayant murmuré contre Moïse, au front duquel deux cornes de lumière s'étaient allumées à sa descente du Sinaï, le Seigneur les punissait par ces serpents cornus.


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Message  Monique Mer 07 Aoû 2024, 9:03 am

Qu’est-ce donc que figurait ce serpent d’airain sur le bois élevé ? Il figurait Celui qui ayant daigné prendre sur soi tous nos crimes jusqu’à en devenir méconnaissable, jusqu’à se tordre, comme un serpent, dans les douleurs de sa terrible Passion, nous a obtenu avec sa croix miséricorde. 

Et qu’est-ce que figuraient, de leur côté, ces serpents dont la morsure brûlait comme le feu ? Ah ! n’exprimaient-ils pas les misères de cette vie? La misère, quel que soit son nom, morale ou physique, n’a-t-elle pas, elle aussi, ses morsures, parfois brûlantes comme le feu? Et rampantes comme le serpent, certaines misères n’ont-elles pas leurs suggestions perfides ?

La croix est donc venue les soulager, et guérir tous ceux qui en seraient blessés. O bois tutélaire, élevé sur la montagne, il y a lutte, cependant, chez les nations chrétiennes, pour te faire disparaître ou pour te conserver. Ceux qui te font disparaître sont des aveugles et des homicides. Ils ne voient pas, les malheureux, qu’ils ramènent les serpents de feu. Les misères qui se multiplient, les passions les plus basses qui brûlent les cœurs, les plans d’incendie qui glissent dans l’ombre, les foules qui meurent de privations, les malades abandonnés à des mercenaires, les infirmes oubliés dans leurs baignoires brûlantes, les enfants environnés de haine dès leur bas âge : serpents de feu, serpents de feu !



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Message  Monique Jeu 08 Aoû 2024, 9:48 am

Mais, à l’opposite, ô croix, il y a ceux qui veulent te conserver et te défendre. A ton ombre sont nés, dans leurs rangs, tous les héroïsmes contre toutes les misères : L’héroïsme de ces anges des Hôtels-Dieu : les Filles de la charité, contre les misères des maladies ;
L’héroïsme de ces patients instructeurs du peuple : les Frères de la doctrine chrétienne, contre la misère de l’ignorance;
L’héroïsme et la tendresse de ces vierges souriantes : les Petites Sœurs des pauvres, contre les misères de la vieillesse ;
L’héroïsme de ces durs travailleurs : les Trappistes, contre les misères des pays malsains ;
L’héroïsme de cette vocation sublime : les Frères de Saint-Jean de Dieu, contre les misères de la folie;
En un mot, contre toutes les misères, tous les héroïsmes de la miséricorde suscités par la croix !

O peuple, c’est l’heure de choisir, peuple qui travailles et qui souffres : Ou les serpents de feu sans la croix, ou la croix contre les serpents de feu ! Ah ! puissent l’amour et ton véritable intérêt guider ton choix! Et puisses-tu, de cette grande voix juste que tu sais avoir, ô peuple, et où Dieu alors mêle la sienne, signifier aux démolisseurs : Vive la croix de Jésus-Christ ! Et gare à qui la touche.



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Message  Monique Ven 09 Aoû 2024, 10:39 am

CHAPITRE III
 
La citadelle autour de l'âme de nos enfants

***



I. Bien essentiel qui surpasse tous les autres biens : la qualité d’enfant de Dieu. — II. Combien cette qualité reluit à l’âge de l’innocence : charme céleste dans nos enfants qui sont en même temps enfants de Dieu. — III. Tous ces trésors menacés à l'heure présente : rage de l'impiété pour dégrader nos anges, un apologue oriental. — IV. Moyens protecteurs et conservateurs en rapport avec les phases du développement de l'enfance. Dans le bas âge, c’est l'attrait de la Crèche ; son radieux et très instructif symbole : le propitiatoire d'or avec ses deux chérubins. — V. Dans l'adolescence, c’est une école chrétienne; le Credo de saint Pierre de Vérone, jeune enfant; sollicitudes entrelacées des patents, sûrs verroux contre les dangers. — VI. Dans la jeunesse, c’est l’ombre tutélaire de la croix ; garde sublime de trois mères associées à cette ombre tutélaire : Respha, la Vierge Marie, ma lectrice.


I

Parents chrétiens, l’avantage le plus précieux qui appartienne à vos enfants, qui prime même celui d’être vos enfants, n’est-ce pas d’avoir été faits enfants de Dieu? Appartenir à Dieu comme son enfant, voilà bien le bonheur des bonheurs! Ce titre enthousiasmait saint Jean. Il disait à ces disciples : Considérez quel amour le Père nous a témoigné de vouloir que nous soyons appelés, et que nous soyons en effet enfants de Dieu... Mes bien-aimés, nous sommes enfants de Dieu 1


On sait comment ce bonheur est arrivé aux hommes : Il existait deux familles, deux maisons : la famille divine qui est au Ciel, la famille humaine qui est sur la terre ; la très sainte Trinité et le genre humain ; la Maison de Dieu et la Maison de l’homme.


Or, Jésus-Christ, en venant ici-bas, a produit l’union des deux Maisons 2 : En lui, les deux familles se sont unies :

D’une part, en demandant à la très pure et immaculée Vierge Marie l’hospitalité de son chaste sein, il a reçu d’Elle tout ce qui appartenait à la famille humaine : il est devenu fils de l'homme.

Mais d’autre part, il nous a accordé, en retour, tout ce qu’il possédait du côté de son Père ; il nous a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, d’être faits enfants de Dieu. En Lui, nous avons été adoptés. Son Père céleste est devenu notre père : notre Père qui êtes aux cieux... Son propre nom, nous le portons : Christ, chrétiens. Son Esprit-Saint, il nous l’a donné, avec les mille grâces de pureté, de charité, de douceur qui l’accompagnent. Sa mère, la Vierge Marie, est devenue la nôtre ; et son ciel, qu’il nous a promis, nous attend, si nous restons fidèles. L’union des deux Maisons est cimentée, accomplie. Voilà comment nous sommes devenus enfants de Dieu !

Eh bien, qu’une annonce étrange nous fasse tous sortir vivement de la torpeur : Nos petits enfants, nos chers petits enfants que nous aimons plus que nous-mêmes, sont menacés dans leur belle qualité d’enfants de Dieu. On veut leur ravir ce bien. On a formé le complot de les dégrader de ce titre, s’ils l’ont, de les empêcher de l’avoir, si leurs parents y prétendent à leur naissance.

 Mères chrétiennes, levez-vous pour le défendre ;
 Pères chrétiens, concertez-vous pour le leur conserver ; 
Formez la citadelle !


1 Iere Ép. de saint Jean, III, 1, 2.
2 Domus supernae et infimx Utrumque junxit angulum. (Hymne de la Dédicace.)



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Message  Monique Sam 10 Aoû 2024, 12:17 pm

II 


Quels sont ceux en qui reluit plus spécialement la qualité d’enfants de Dieu ? Ne sont-ce pas les enfants à l’âge de l’innocence ? Vos anges, parents chrétiens ! Je rappellerai la pensée d’un grand docteur sur les âmes en état de grâce. Il disait que : « si on pouvait, dès ici-bas, voir à découvert une âme en état de grâce, cette vision serait si belle, qu’on ne voudrait plus rien voir ensuite ». C’est une des raisons pour lesquelles Dieu nous a refusé ici-bas la vue des âmes. On serait ébloui, on ne supporterait plus aucun des spectacles de la terre.

Cette pensée ne s’applique-t-elle pas surtout à l’âme des enfants dans leur âge d’innocence ? Déjà, ils sont si gracieux dans la légèreté et la souplesse de leurs petits mouvements, avec la candeur qui les environne comme une auréole ; si, outre ces attraits, on pouvait contempler à découvert une âme d’enfant dans son innocence, alors que Dieu est son père pleinement, que le sang de Jésus-Christ n’a reçu en cette âme aucune offense, et que le Saint-Esprit y coule à pleins bords : On serait tellement captivé et ravi qu’on ne voudrait plus rien voir après ! 

Il est facile de s’expliquer, lorsqu’on se place à ce point de vue où le charme encadre la vérité, pourquoi le Sauveur du monde disait avec délices durant sa vie mortelle : Laissez, laissez venir à moi les petits enfants; Le Sauveur avait quitté le ciel, il le retrouvait dans les enfants. 

Il est facile encore de s’expliquer pourquoi une mère chrétienne des premiers siècles de l’Eglise profitait du sommeil de son enfant pour l’embrasser à genoux à l’endroit du cœur ; Ce cœur ingénu, cette poitrine de cristal, n’était-elle pas comme le palais de l’innocence ?


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Message  Monique Mar 13 Aoû 2024, 8:53 am

Il est facile, enfin, de s’expliquer pourquoi cette autre mère dont le jeune fils avait été martyrisé avec d’autres martyrs, mais dont les bourreaux avaient négligé de consommer la mort, le prit avec énergie entre ses bras, marchant à côté du char qui emportait les corps des chrétiens. Elle eut ce courage ! Durant le trajet, il expira sur le sein maternel. Elle le joignit aux autres martyrs ;

Elle appréhendait avec jalousie, cette mère, que son fils, si pur et ayant souffert, n’entrât pas, avec ses compagnons, en possession de Dieu et de la couronne ! 

De tous les rêves d’avenir qu'une mère puisse former pour son enfant, celui-ci est, assurément, le plus beau : qu’il demeure toute sa vie l’enfant de Dieu !

 Par contre, de tous les soucis qui peuvent dévorer son cœur, celui-ci est le plus cruel : N ’aurait-on pas enlevé mon enfant à Dieu ?...



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Message  Monique Mer 14 Aoû 2024, 1:54 pm

III


 C’est, cependant, cet enlèvement, ce rapt, qui se perpètre aujourd’hui, à la face du soleil. Les humains, sauf les monstres, avaient toujours respecté l’enfance. On avait pitié des enfants, de leur innocence et de leur candeur. La corruption s’arrêtait devant eux, elle se taisait à leur approche. Comme le fleuve du Jourdain avait miraculeusement suspendu ses flots et son cours devant l’Arche d’alliance au moment de son passage, le torrent de la débauche, effrayé en quelque sorte de son cours, le retenait devant les troupes d’anges, devant les innocents, et ils passaient ! 

Aujourd’hui, il n’y a plus cette pitié, ni cette frayeur respectueuse. La corruption, cruelle et savante, va chercher les enfants. On rencontre des fronts de dix ans qui n’ont plus de pudeur; on contemple avec effroi de pauvres victimes qui n’ont jamais connu ce que c’est que l’innocence ! De sorte que ces paroles pleines de sévérité du Christ : Races de vipères, sépulcres blanchis, ces paroles qui s’adressaient autrefois à de vieux pharisiens, à do vieux débauchés, peuvent, hélas ! maintenant, s’adresser aux enfants ; races de vipères, oui, il y a des enfants qui sont élevés en vipères, tant on leur inculque la haine de Dieu et des choses saintes ! sépulcres blanchis, il y a d’infortunées créatures qui sont des sépulcres blanchis à quatorze ans, alors qu’elles devraient être encore des boutons de roses blanches !

Un apologue oriental me servira à faire comprendre tout ce qu’il y a d'attendrissant dans le respect de l’enfance et tout ce qu’il y a de cruel dans la destruction do l’innocence et de son bonheur :

L’apologue met en scène, à l’aurore de la création du monde, un ange auprès d’un bouton de rose qui commence à s’ouvrir. L’ange, qui a reçu du Créateur la fonction de soigner les fleurs, est tellement charmé du pur et pudique aspect de la petite rose qui s’ouvre, qu’il lui dit : « Fleur charmante, qu’est-ce donc que je pourrais faire pour toi! » — La rose répond: « Orne-moi, pour mon Dieu, d’un nouvel éclat. » L'ange cueillit une s-impie mousse, et en entoura la fleur : alors apparut la rose mousseus?, la plus belle de toutes les roses !



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Message  Monique Ven 16 Aoû 2024, 9:53 am

La morale de l’apologue se présente de soi : Les précautions de toutes sortes dont la religion chrétienne entoure la formation d’un enfant ressemblent à la mousse autour de la rose. Précautions assombrissant au premier abord, comme la mousse, qui est terne et sombre : elles s’appellent la modestie, l’humilité, la pudeur, le silence ; mais, chose admirable, elles ont pour résultat vainqueur de rehausser la beauté et le charme des enfants, comme la mousse a rehaussé l’éclat de la rose. — Dédaigneuse, hélas! de ces précautions, une secte cruelle, dominatrice aujourd’hui de la société, les répudie; elle répudie la religion, Dieu lui-même ! L’enfance, entre ses mains, ressemble à une rose forcée de s’entr’ouvrir. Des doigts barbares écartent les frêles enveloppes, écrasent et gaspillent les jeunes trésors : elle n’a pas même le temps de se faner, elle est froissée, c’est le meurtre de la fleur!

Comment vous étonner, pauvres mères, quand vos enfants viennent à mourir à la fleur de l’âge, qu’on soit tenté de moins les regretter et de moins vous plaindre? Ah! lorsque le ciel se penche avec jalousie sur un berceau pour le soustraire, en s’en emparant, aux projets du mal, on se rappelle involontairement la conclusion de cette poésie célèbre qui est allée au cœur de toutes les mères, tant elle est douce ! de cette poésie prophétique, tant elle est de circonstance! la poésie de l'Ange et l'Enfant : cet ange qui à la fin se penche sur le berceau et s’écrie :


... Dans les champs de l'espace
 Avec moi tu vas t’envoler ; 
La Providence te fait grâce
 Des jours que tu devais couler!


Mais non ! ce ne sont pas nos chers petits innocents qui doivent s’envoler : la résignation, à l’heure présente, serait une lâcheté ; c’est le mal qu’il faut faire reculer et disparaître. Par conséquent, ainsi que nous le disions au début, concertez-vous, concertons-nous, pour résister et triompher1 !




1 La famille est le berceau de la société civile, et c'est eu grande partie dans l'enceinte du foyer domestique que se prépare la destinée des Etats. Aussi bien, ceux qui veulent en finir avec leu institutions chrétiennes, s'efforcent-ils de s'attaquer aux racines même de la famille et de la corrompre prématurément dans ses plus tendres rejetons. Ils ne se laissent pas détourner de cet attentat par la pensée qu'une telle entreprise ne saurait s'accomplir sans infliger aux parents le plus cruel outrage, car c’est à eux qu'il appartient, en vertu du droit naturel, d'élever ceux auxquels ils ont donné le jour, avec l'obligation d'adapter l'éducation et la formation de leurs enfants à la lin pour laquelle Dieu leur a donné de leur transmettre le don de la vie. C’est donc une étroite obligation pour les parents d'employer leurs soins et de ne négliger aucun effort pour repousser énergiquement toutes les injustes violences qu'on leur veut faire en cette matière et pour réussir à garder exclusivement l'autorité sur l'éducation de leurs enfants.
(Lettre encyclique de Léon XIII, sur les principaux devoirs des chrétiens, 1820.)



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Message  Monique Sam 17 Aoû 2024, 11:52 am

IV 


Quels sont donc les moyens les plus propices pour conserver dans leur innocence et dans leur belle qualité d’enfants de Dieu, nos chers petits enfants ? 0 mères, je vous aperçois avides de les connaître, plus avides de les employer. Ne semble-t-il pas qu’en rapport avec les trois phases de leur développement : leur bas âge, leur adolescence, leur jeunesse, un triple moyen doive être employé. Il va sans dire que l'influence de chacun est précieuse à tout âge : néanmoins, le bas-âge réclame un moyen qui le fascine et le protège plus particulièrement; l’adolescence, ensuite, veut le sien; et la jeunesse a besoin d’être plus vigoureusement soutenue par un troisième.

Or, une Providence maternelle s’est vraiment pliée à ces nuances, dans la gradation des moyens protecteurs : quels sont-ils ? Pour le bas âge, c’est l'attrait de la Crèche. Il y a en effet, dans ce mystère de la Crèche du Dieu-enfant, un idéal de pureté céleste, un ensemble do choses graves et riantes qui saisit fortement et à jamais l’esprit de l’enfant; tout, jusqu’à la distribution des moindres personnages et de leurs rôles, le frappe d’admiration; et, résultat délicieux! le parfum de piété et de confiance qui s’en dégage pénètre non seulement son cœur, mais encore celui d’un père et d’une mère qui l’ont amené devant la Crèche.

Père qu’on veut déposséder de ton enfant, mère tremblante d'effroi, laissez-moi vous conduire tous deux auprès de l’endroit le plus auguste de l’ancien Temple de Jérusalem : le Saint des Saints. Il y avait là le propitiatoire. C’était la partie supérieure de l’Arche d’alliance, grande plaque d’or très fin et très poli, sur laquelle le Seigneur se plaisait à rendre ses oracles et à se montrer propice (ainsi que le mot l’indique, propitiatoire, propice aux prières qu’on lui présentait). Aux deux extrémités de cette plaque d’or, se trouvaient deux chérubins qui formaient avec elle un tout inséparable. L’un des chérubins avait la figure d’une jeune fille, et l’autre, celle d’un homme ; et tous deux, placés à l’opposite l’un de l’autre, tenaient leur visage un peu penché et leurs yeux arrêtés sur le propitiatoire : de sorte qu’ils se voyaient toujours l’un l’autre dans le miroir formé par l'étincellement de l’or ; et en même temps, de leurs ailes étendues, ils couvraient et protégeaient le propitiatoire.


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Message  Monique Dim 18 Aoû 2024, 6:24 am

Dans ce symbole de l'ancienne Loi étaient figurées par avance les réalités les plus charmantes et les plus consolantes de la religion catholique. Les deux chérubins, n’est-ce pas d’abord la douce Vierge Marie et saint Joseph son époux, s’inclinant ensemble vers l’Enfant de la crèche, divin propitiatoire ! Oh ! comme leurs yeux et leurs cœurs se rencontraient dans l’amour de ce divin Enfant !

Mais à l’heure grave que nous traversons, une autre interprétation est permise : Le propitiatoire d’or, c’est l’innocence de votre enfant, cette petite poitrine où bat un cœur pur ! Les deux chérubins qui sont inclinés et se regardent dans la plaque étincelante, c’est un père, c’est une mère qui se rencontrent et se comprennent dans la garde de leur trésor. 

O père et mère, ah! inclinez-vous comme les deux chérubins ; et que vos soins, semblables à leurs ailes étendues, s’entrelacent au-dessus de votre petite famille, pour la garder, la garantir et la sauver ! Inspirez-vous de la vision de la Crèche, amenez-y vos enfants : les enfants et la Crèche se comprennent si bien !

Et puis, veillez contre le dehors. La Bible ne demandait que deux frères pour former la forteresse : le frère qui est aidé par son frère , c’est comme une forteresse1. 

Mais lorsque la fraternité, c’est-à-dire l'entente, vient d’un père et d’une mère, dont l’amour est tout ce qu’il y a de plus fort au monde, oh ! alors la forteresse est inexpugnable. Arrière, ravisseurs infâmes, vous n’approcherez pas ! Quand on touchait à l’Arche d’alliance des deux chérubins, on tombait frappé de mort. Si vous touchez à nos enfants, c’est vous qui tomberez1



1 Proverbes, XVIII, 19.

1 Le sentiment d'indignation que nous rattachons à l ’Arche d’alliance, un grand orateur catholique, M. de Belcastel, l'a rattaché, au milieu des bravos d'une assemblée, à une scène de la nature: la chasse aux aiglons. « Ah ! les voleurs des âmes d'enfants ont cru la facile facile ; ils se sont bien trompés. Qu'ils demandent au chasseur des montagnes ce que coûte la chasse aux aiglons.

« Des mercenaires confiants dans leur adresse ont promis de livrer à des spéculateurs, pour être enfouis dans l’ombre d’une étroite captivité, les fils de l’oiseau roi ; ils ont vu , sur une pente abrupte , une aire où respire une jeune couvée ; ils marchent à travers les défilés des monts. Cachés dans les plis d'un rocher, ils guettent l’occasion propice. Enfin, la mère est partie pour chercher la pâture, et le père plane sur les hauteurs voisines pour tremper ses regards dans les feux du soleil ; le chasseur alors s’avance à pas lents et sans bruit ; il va porter la main sur l’aire sacrée; encore un instant les aiglons sont captifs. — Prends garde ! ravisseur impie, le père et la mère ont vu le danger de leurs fils; l'angoisse de l'amour paternel, la colère du nid violé, oserais-je le dire? la puissance du droit doublent la force des grands ailles. Du bec, de la serre et des ailes, ils se fout des armes; le chasseur blessé, sanglant, presque aveugle, roule de roche en roche, et le lendemain, pendant que son corps gît au fond de l’abîme, que se passe-t-il sur les cimes resplendissantes? 


Alors, le jeune aiglon, voyant partir sa mère Et la suivant des yeux, s'avance au bord du nid. Qui donc lui dit alors qu’il peut quitter la terre. Et sauter dans le ciel déployé devant lui? Qui donc lui parle bas, l’encourage et l’appelle ? .. Il n’a jamais ouvert sa serre ni son aile... Il sait qu'il est aiglon, le vent passe... il le suit!


 « Messieurs, le fils de l' homme est un enfant de race plus royale que l’aigle, roi des airs. Comme celui-ci est fait pour les hauteurs du globe et les rayons de son soleil, celui-là est né pour respirer l’atmosphère divine, planer dans l’espace infini et voir, sans ombre, la clarté du Christ. Si les mercenaires de la révolution veulent saisir dans son aire l'aiglon chrétien et l’étioler à jamais dans la prison ténébreuse de l’école athée, les parents sauront le défendre de leurs atteintes. Dieu sera là pour châtier leur sacrilège audace, et longtemps après que leurs cendres auront été emportées par le courant des siècles, l'aigle chrétien, fils de l'homme et fils de Dieu, prendra vers son Père qui est dans les cieux un essor plus glorieux et plus fier que jamais, dans la force, dans la lumière et dans la liberté ! »




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Message  Monique Lun 19 Aoû 2024, 9:00 am



A l’âge de l’adolescence, le moyen protecteur et conservateur de nos enfants, est une école chrétienne. Il y a des écoles qui font faire naufrage. O ciel, est-ce possible ! Elle reste, toutefois, encore digne de ce beau nom d’école, l’institution où l’on initie aux lettres et aux sciences, où l’on inculque la sagesse, la vertu, la politesse, et où, si l’on ne peut fortifier la religion, du moins on la respecte et on la laisse libre. Mais là où la religion est dédaigneusement proscrite, où l’on pousse le mépris jusqu’à éviter Dieu, ce n'est plus une école, c’est un antre. Eh quoi ! devons-nous dire au malheureux instituteur, ces enfants sont là devant vous, qui vous regardent, qui vous écoutent, qui boivent vos paroles, où ils cherchent la vérité dont ils ont faim et soif : vous nommez toutes les magnificences de cet univers, vous les révélez à leur admiration, et vous taisez le nom de Celui qui les a faites ! Vous le supprimez ! O traître ! Ce n’est plus élever nos enfants : élever veut dire diriger en haut, et vous les dirigez en bas ! Ils ne sont plus élevés, mais déprimés, abaissés. Vous ne formez pas des élèves, mais des sectaires. 

En conséquence :

Premièrement, Faites choix, père et mère, pour votre enfant, d’une école chrétienne. Toute la science possible! mais, au-dessus de la science, le catéchisme ! Tout savoir et ne pas savoir ce que l’on doit savoir, c’est ne rien savoir. De quoi servira-t-il à votre fils d’avoir parcouru toutes les sciences, s’il échoue sur un écueil, et pour l’éternité ! Oh ! retenez ce trait :

Le monde était infesté de l’erreur du manichéisme : un enfant qui devait être un jour, dans l’Église, saint Pierre de Vérone, avait alors sept ans. Il fréquentait les écoles chrétiennes. Interrogé brusquement par un oncle, qui faisait partie de la détestable secte manichéenne, sur ce qu’il apprenait dans ces écoles : le Credo des chrétiens, répondit l’enfant, et il se mit à le réciter avec candeur et intrépidité. Ni menaces, ni caresses, ne purent ébranler sa foi. Il grandit dans la persécution, il combattit l’hérésie, il propagea la foi, il mourut martyr, et sur le point d'expirer, racontent avec admiration les annales de l’Eglise, il prononça derechef le Credo des chrétiens. « Cette formule sacrée qu’il avait, dans son enfance, proclamée avec le courage d’un homme, se retrouva sur ses lèvres à son dernier soupir1. » Oh ! bienheureuses, à notre époque, les lèvres des enfants qui seront ainsi courageuses : elles retrouveront, à leur dernier soir, le Credo de leur enfance !


1 Bréviaire romain : saint Pierre de Vérone, 29 avril. 



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Message  Monique Mar 20 Aoû 2024, 12:19 pm

Deuxièmement, 

Si votre enfant, pour des motifs exceptionnels, est obligé de faire partie d’une école respectueuse mais silencieuse sur la vraie religion, ou même d’une école dangereuse, c’est à vous, parents chrétiens, qu'incombe le devoir de lui expliquer le catéchisme : pour suppléer, dans le premier cas ; pour neutraliser, dans le second. Mais soyez fiers de cet office : il vous rend coopérateurs de Dieu 1 ! Et puis, ne sera-t-il pas, pour votre fils exposé, comme une citadelle ? Car reprenons, pour la compléter, la saisissante comparaison employée par la Bible sur le concert des efforts fraternels :

Dans son style oriental, la Bible dit : Un frère qui est aidé par son frère, c'est comme une forteresse; et leurs entreprises sont comme les verrous, les barres de fer, des portes des villes ; 

Représentez-vous une forteresse, une ville parfaitement fortifiée, et à l’entrée de cette forteresse, une robuste porte bardée de fer, derrière laquelle les verrous ont été poussés : voilà, au témoignage de l’Esprit-Saint qui a inspiré la Bible, ce à quoi ressemble l’union fraternelle lorsqu’elle est bien établie quelque part. Or, si jamais cette consolante comparaison biblique a mérité de trouver son application, n’est-ce pas, certes, à cette heure où le foyer domestique lui-même est en danger ? Je suppose donc que, dans une famille, un enfant soit menacé par un enseignement impie du dehors : si son père, si sa mère, si le frère ou la sœur aînée s’entendent et se concertent pour le protéger, l'instruire, et neutraliser par leurs efforts et leurs exemples l’enseignement dévastateur, en vérité, on peut l’affirmer, la main sur le texte de la parole de Dieu, ces efforts fraternels combinés formeront autour de cette jeune âme la résistance de verrous, de barres de fer entrecroisées; bien mieux, cet enfant sera lui-même une citadelle vivante, au pied de laquelle l’impiété se brisera humiliée1

Puissent tous les foyers de France se verrouiller de la sorte, et se garder inviolables !


1 C’est à cette dernière heure calme et tranquille du soir, après les travaux de la journée, que le père ou la mère, la sœur ou le frère aînés doivent faire réciter les leçons qui seront demandées le lendemain, au catéchisme de la paroisse. Si cette pratique se répandait, l'impiété pourrait être prise dans ses propres filets : la connaissance de la religion reparaîtrait dans des foyers qui l'ont oubliée.

1 Les catéchistes profiteraient autant que les catéchisés : ils réapprendraient ce qu'ils ne savent plus, ou apprendraient ce qu'ils n’ont jamais su : ils repasseraient ce petit livre qu‘ils devaient savoir par cœur au moment de leur première communion, et qu'ils n'ont peut-être pas retouché depuis ce grand jour : ils seraient peut-être ramenés à l'accomplissement de leurs devoirs ; il semble difficile qu'ils puissent enseigner à leurs enfants, à leurs frères ou à leurs sœurs, les vérités de la foi, les commandements de Dieu et de l’Église sans être obligés de faire un retour sur leur conscience, et de dire : Où en sommes-nous, nous-mêmes, des vérités que nous apprenons à nos enfants, à nos frères, a nos sœurs? Où en sommes-nous de la prière matin et soir, de l'assistance à la messe, de la confession, de la communion pascale?... Ce serait pour plusieurs la plus persuasive prédication : le bien sortirait du mal ; ce ne serait pas la première fois : Iniquitus mentita est sibi. 
Mgr Gouthe-Soulard , archevêque d'Aix.



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Message  Monique Mer 21 Aoû 2024, 9:19 am

L'ombre tutélaire de la Croix !

Cette ombre sacrée et tutélaire les couvrira, si vous obtenez d’eux, autant par l’exemple que par la persuasion :
1° Qu’ils fassent vaillamment leur signe de croix ;
2° Qu’ils aient un crucifix, ou sur eux, ou au mur de
leur chambre.
La corruption va guetter votre enfant : mais ayez
confiance, puisque la croix le couvre !
Oui, la Croix a, contre la corruption, une vertu que
lui a communiquée Celui qui l'a baignée de son sang par
amour. Il était le Saint : il y a ouvert et laissé la source
de l’incorruptibilité et de la vie. La Croix, depuis lors,
préserve et vivifie. Un Dieu pouvait, seul, attacher une
telle efficacité à deux morceaux de bois placés en
travers l’un de l’autre. L’Esprit-Saint, étendant sur ce
bois ses ailes fécondatrices, lui a dit : Parce que tu as
porté le Saint, tu seras, mieux que le cèdre, le bois
incorruptible; rien ne pourra te détruire, et tu
préserveras, toi-même, de la corruption tout ce qui te
touchera, tout ce qui accourra à toi et viendra s’asseoir
sous ton ombre tutélaire...
La douce petite martyre sainte Agnès chantait du
Christ son époux : Lorsque je l'aime, je suis chaste ;
lorsque je le touche, je suis pure; lorsque je le reçois,
je suis vierge 2. — On peut en dire
autant de la Croix :
lorsque je l’aime, je suis pur; lorsque je la touche, je
suis chaste ! Ayez donc l’esprit tranquille, ô parents
chrétiens :
vos enfants cheminent entourés d’une grande ombre;
et puis, dans cette ombre, il y a deux mères qui
veillent : quelles sont ces deux mères ?

Un jour, au pays de Gabaon, là même où Josué avait arrêté le soleil, sept hommes furent crucifiés ensemble : sept innocents, mais qui payaient pour des coupables 1. Ils furent mis en croix sur la montagne de Gabaon, devant la face du Seigneur, dit la sainte Écriture, pour apaiser le courroux du ciel : Crucifixerunt in monte coram Domino.

Et alors, ajoute le Livre sacré, on fut témoin d’un touchant spectacle :

Une femme s’avança, c’était la mère de deux d’entre eux : Respha, fille d’Aïa. Tenant à la main un cilice, elle l’étendit sur une pierre, et elle demeura là depuis le commencement de la moisson jusqu’à ce que l’eau du ciel tomba sur ces corps, c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’été; et elle empêchait les oiseaux voraces de les déchirer pendant le jour, et les bêtes sauvages de les manger pendant la nuit.2


1 Bréviaire romain, 21 janvier.

1 II Reg., xxi, 9.
2 Saül, premier roi (l'Israël, avait trompé la foi jurée avec le peuple de
Gabaon. Beaucoup de Gabaonites avaient été persécutés et massacrés.
David, successeur de Saül, pour apaiser le ciel irrité de ce crime, et pour
apaiser aussi le peuple de Gabaon, demanda aux Gabaonites ce qu'ils
exilaient pour satisfaction et justice. Gomme cela se passait du temps de la
Loi dure, de la loi du talion, qui disait : dent pour dent, œil pour œil,
les Gabaonites répondirent : Qu'on nous donne sept des enfants de Saül,
afin que nous les mettions en croix sur la montagne, en présence du
Seigneur. — David répondit : Je vous les donnerai. Sept fils de Saül
furent donc remis entre les mains des Gabaonites, qui les crucifièrent sur
la montagne de Gabaon.

Alors, dit l’Ecriture, on vit s'avancer Respha, une des épouses de Saül,
et mère de deux de ces sept enfants qui expièrent sur la croix. (IIe Livre
des Rois, chap. xxi.)




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