LES MÈRES DES SAINTS

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Message  Monique Sam 24 Juin 2023, 7:10 am

Le gallicanisme ne pouvait lui pardonner son attachement indéracinable au Saint-Siège, sa confiance dans le sage cardinal Romain. On ne comprenait pas que, en dehors même de sa pieté qui rattachait à la Papauté, elle montrait ainsi un grand sens politique : Rome était le re fuge de l’humanité. Toutes les faiblesses comme tous les opprimés y venaient crier à l’aide. De même que la pauvre reine Ingelburge, calomniée par le mépris de Philippe-Auguste, éperdue au milieu d’un pays dont elle ne connaissait même pas la langue, de même qu’elle n’eut qu’un cri d’appel : « Rome! Rome! » de même Blanche, suspecte parce qu’elle était étrangère, s’appuyait sur Rome, impartiale au milieu de tous ses enfants. D’ailleurs la Papauté exerçait une puissance temporelle considérable, qu’il était bon d’avoir de son parti. Enfin laisser écraser le pape par l’empereur, c’eût été attirer sur la France, à bref délai, toutes les forces de l’Europe : le souvenir d’Othon et de la bataille de Bouvines n’était pas si loin !

Les écoliers ne devaient jamais oublier la sévérité avec laquelle la régente les avait traités et comment elle avait pris parti contre eux pour la bourgeoisie parisienne, qui le méritait pour l’attachement enthousiaste des Parisiens à la royauté. L’Angleterre, envahie par son mari, à son instigation et pour faire valoir les droits qu’elle avait sur ce pays, l’Angleterre ne pouvait jamais lui pardonner d’avoir presque toujours été battue par la politique et les armées de la régente. Les calomnies sortirent donc aussi grossières qu’injustes de ces quatre sources. Il faut s’étonner qu’elles ne fussent pas plus abondantes. En tout cas, la vie entière de la reine met à néant les plus viles de ces accusations: Dans cette vie, nous indiquons seulement deux faits, l’éducation qu’elle donne à ses enfants et l’amour ardent, respectueux qu’ils lui gardèrent. Ces deux faits prouvent une élévation morale indiscutable.

Le principe qui caractérise cette éducation, a frappé tous les historiens par sa grandeur morale et il n’est pas de pensée plus Connue que celle qui se dégage de cette phrase : « Le béni Louis répéta à plusieurs reprises : « Madame disait de moi, qu’elle aimait par-dessus toute créature, que si j’étais malade à la mort et ne pusse être guéri qu’en faisant telle chose qui fût un péché mortel, elle me laisserait plutôt mourir que de consentir à courroucer mon Créateur d’une façon damnable. »


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Message  Monique Dim 25 Juin 2023, 6:39 am

L’amour des enfants pour cette mère austère, saint Louis nous l’indique par toute sa vie; nous le verrons surtout à la mort de Blanche. Nous ne voulons pas nier que Blanche n’eût l’envers de ses qualités. Habituée à traiter de grandes affaires, à diriger la politique française en un des moments les plus périlleux de notre histoire, contrainte à se défier de la fourberie, de l'indiscrétion, de la trahison, elle dut laisser croître l’esprit de domination qui était en elle. L’exercice de l’autorité lui donna parfois des allures impérieuses ; et, jalouse de cette autorité, elle paraît quelquefois encore l’être des sentiments de ses amis et de son fils.

Nous constaterons, du reste, que les trois anecdotes qu’on cite principalement pour prouver cette nature impérieuse et jalouse ont été dénaturées. A côté de cela quelle vigilance sur elle-même ; que de preuves, non seulement d’une piété à la fois candide et grande, mais d’humilité, de douceur et de facile soumission ! J’en citerai une, la moins connue de tous.

L évêque Guillaume, de Paris, savait que les Frères Prêcheurs de cette ville étaient endettés et qu’ils ne pouvaient satisfaire à leurs obligations. Il s’en alla trouver la reine Blanche, dont il était le confesseur; et, comme elle devait partir en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle ; qu’elle avait fait des préparatifs considérables et fort coûteux, il lui demanda si tout était bien prêt.

« Oui, seigneur, répondit-elle. — Eh bien, madame, vous avez fait beaucoup de dépenses inutiles pour être glorifiée aux yeux du monde, pour étaler votre magnificence au pays d’où vous êtes sortie. Tout cela ne pouvait-il pas trouver un meilleur emploi ? — Parlez, seigneur, fit la reine, je suis disposée à suivre vos conseils.

— Je ne vous en donnerai qu’un, mais un bon, et je m’engage à répondre pour vous, sur ce point, au tribunal du Juge suprême. Voilà nos Frères Prêcheurs, qui sont appelés les Frères de Saint- Jacques et qui ont pour quinze cents livres de dettes ou environ. Prenez la gourde, et le bâton, et allez à Saint-Jacques, c’est-à-dire à leur couvent: là vous leur remettrez la somme. C’est moi qui modifie ainsi votre vœu et qui prends l’entière responsabilité de la chose. Croyez-moi, vous vous en trouverez mieux que de tout le faste et de l’appareil superflu dont vous vouliez vous entourer. »
Et la reine, en femme très sage, acquiesça au désir du saint homme.


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Message  Monique Lun 26 Juin 2023, 8:43 am

Elle était l’une des filles de cet illustre roi de Castille, Alphonse le Noble, vaillant et pieux, qui remporta une de ces victoires décisives pour la civilisation, et qui honora François d’Assise. La victoire de Tolosa, qui enraya définitivement l’invasion musulmane, et l’accueil fait au séraphique mendiant avaient suivi d’environ douze ans le mariage de sa fille Blanche avec Louis Cœur de Lion, fils de Philippe-Auguste. Le mariage avait eu lieu en 1200.

Louis avait treize ans, Blanche quinze. Sa beauté, la grâce svelte de sa tournure, cette naïve majesté, ce mélange de dignité et de charme qui décelaient la double qualité de son naturel aimant et ferme, excitèrent l’enthousiasme universel. Ses contemporains sont unanimement émus. » C’est, dit l’austère Chronique de Sigebert une jeune fille dont le corps et l'âme méritent d’être également honorés. » Le poète Guillaume le Breton exulte. On nous pardonnera de citer de lui un vers latin :

Gandida candescens candore et cordis et oris.

Blanche resplendissait de la blancheur de son cœur et de son visage. » « La plus belle dame, que l’en puisse voir  regarder, disent les Grandes Chroniques, très bonne et très belle, très noble jeune fille, et sage solidement ». « Elle fut, dit Guillaume de Nangis, véritablement aimée de Dieu et des hommes ». « La plus avisée femme de son temps, dit un autre, et en en voyant Blanche à la France, Dieu lui envoya tous les biens. »

Elle fut surtout chère à son mari sur qui elle prit de l’autorité et dont, avec un amour fidèle, elle guida la nature chevaleresque et pieuse, mais impétueuse et étourdie.

Elle plut également à l’habile Philippe-Auguste qui, prévoyant qu’elle aurait un rôle important à remplir auprès d’un prince plus guerrier que diplomate, aimait, dit-on, à l’instruire des grandes affaires de l’Etat. Ce fut plus tard, quand sortie de l’adolescence, elle eût pu prouver la sagacité et la fermeté de son intelligence, qu’elle reçut ses graves confidences. A son arrivée en France on eût dû la mettre sous la conduite de la reine, Ingelburge. On connaît la lugubre histoire de celle-ci. Répudiée par le roi, défendue par la Papauté qui ne voulait pas laisser porter atteinte au mariage chrétien, elle venait, au temps même du mariage de Blanche, de reprendre son titre de reine. Extérieurement respectée, toujours détestée, elle avait plus besoin d’appui qu’elle n'était en situation d’en donner. Blanche s’attacha à cette reine, étrangère comme elle, dédaignée par les grands seigneurs comme elle pourrait l’être un jour, du reste pieuse et douce, non sans dignité pourtant. Toutefois ce fut à la vieille et sage reine Alix de Champagne, mère de Philippe-Auguste, que la jeune épouse fut confiée.


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Message  Monique Mar 27 Juin 2023, 6:48 am

Quelques années après le mariage, en 1205, naquirent d’abord une fille qui ne vécut pas, un fils, Philippe, qui mourut quatre ans après la naissance de Louis. Celui-ci naquit en 1214.

Les Annales dominicaines assurent que la naissance de celui qui devait être un si grand roi fut due aux prières de saint Dominique, qui avait mis l’enfant à venir sous la protection de Notre-Dame du Rosaire.

A cette heure, comme en toutes les circonstances graves de sa vie, Blanche montre son énergie en même temps que sa piété. Louis venait au monde. C’était le 25 avril, le jour de saint Marc. Blanche écoutait. Elle demanda pourquoi les cloches, qui annonçaient habituellement la procession solennelle, avaient cessé de sonner. On lui répondit que c’était pour ne pas la fatiguer. Elle se souleva, ordonna que les cloches reprissent leurs volées et que, sur l’heure, on la transportât dans un endroit reculé où leur son ne parviendrait pas.

Elle eut encore cinq fils, dont trois ne vécurent pas, et une fille, la Bienheureuse Isabelle, qui naquit en 1225. L’éducation, d’abord commune entre les fils, fut poussée assez loin pour que Louis apprît le latin. L’avenir qui lui était réservé lui imposant des devoirs particuliers, exigea aussi une éducation particulière. Le Confesseur de la reine Marguerite nous en donne les détails. Avant de les exposer nous pouvons faire justice de la première des calomnies qui assaillirent Blanche. On connaît l’anecdote. Blanche, furieuse de voir une dame de la cour donner le sein à l’enfant qui criait famine, aurait saisi violemment le petit Louis et lui eût fait rendre le lait qu’il avait pris, ne voulant qu’aucun lait autre que le sien ne nourrît son enfant.


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Message  Monique Mer 28 Juin 2023, 6:12 am


Ce récit fit, jusqu’en ces derniers temps, partie intégrante de l’histoire. Malheureusement pour lui, on a découvert na guère que. Louis avait une nourrice. Les archives de la Chambre des comptes nous donnent même son nom : elle s’appelait Marie la Picarde. Mais Blanche ne délègue pas à d autres les soins intellectuels de l’éducation. « Elle instruisit le futur roi comme il seyait à celui qui devait gouverner un grand royaume. Il fut élevé bien et saintement par les soins de cette mère qui lui donnait les bons exemples avec les bons enseignements. Elle lui apprenait à faire ce qui doit plaire à Dieu, par quoi les bons princes, comme tous les autres bons chrétiens, doivent témoigner leur respect pour Notre-Seigneur et éviter ce qui est contraire à la volonté de Dieu. Elle choisissait soigneusement ceux qui devaient le surveiller et l’instruire, et mettait à côté de lui des hommes de bon conseil qui devaient lui apprendre à gouverner loyalement, sagement et vigoureusement. Elle même l’aidait, et il l’honora toujours d’un grand respect, parce qu’elle était bonne dame, et sage et noble femme, parce qu’elle aimait et craignait Dieu.

Quand il eut le gouvernement de son royaume, il ne voulut pas s’éloigner d’elle, et lui demandait conseil quand il le croyait profitable. La vie qu’il mena, et où il persévéra jusqu’à la fin, démontre qu’il avait été dès le commencement enseigné à faire tout bien et à éviter tout mal. En effet le béni saint Louis ne perdit pas le temps où l’homme doit apprendre à endurer le travail, à enrichir son esprit, à former son corps aux exercices. Et ce temps de jeunesse, il le passa saintement.

Toutefois la bonne dame, tout en le gardant diligemment, le faisait aller en nobles atours, comme il convenait à un si grand roi. Quand il eût l’âge de quatorze ans, elle lui fit apprendre à chasser au bois et en rivière, à jouer aux jeux honnêtes et convenables, à fuir ceux qui étaient inconvenants ainsi que toute déshonnêteté et laideur. » Même à cet âge, il avait toujours avec lui son maître, qui l’instruisait aux belles-lettres, et le béni saint Louis le dit souvent : encore quand il fut roi, ce maître le battait, pour lui apprendre le respect de la discipline. La bonne dame voulut aussi qu’il entendît chaque jour la messe et les vêpres en musique, tous les offices canoniaux également. Elle lui avait appris toute douceur, à ne jamais faire injure à personne, par fait ou parole, à ne mépriser ou blâmer qui que ce soit. Il reprenait doucement ceux qui faisaient mal ou quelque chose qui eût pu le fâcher; il disait simplement : « Soyez en paix, ne faites plus désormais telle chose qui pourrait vous amener de la peine. » Et à chacun il parlait toujours au pluriel. Il ne chantait pas de chansons mondaines ; il ne souffrait pas qu’on les chantât. Il avait un écuyer qui était, au temps de sa jeunesse, un habile musicien ; il lui commanda de ne plus chanter de telles chansons, mais d’apprendre de belles antiennes à Notre-Dame, notamment l'Ave maris stella, quoique ce fût bien difficile à apprendre; ces antiennes ils les chantaient à eux deux.


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Message  Monique Jeu 29 Juin 2023, 7:25 am

Louis n’était pas seul, parmi les princes contemporains, à pratiquer ainsi la piété. Bérangère, la sœur de Blanche, avait donné la même éducation à son fils saint Ferdinand, roi de Castille. Henri III, roi d’Angleterre, entendait chaque jours plusieurs messes basses et trois messes chantées, et, pour nous arrêter là, le bon cheva lier au cœur de lion, Richard, se levait chaque jour pour entendre les matines et il ne quittait pas l’église que tout l’office ne fût terminé.

Joinville nous donne un curieux petit détail. Le roi est en Egypte. Il assemble ses chevaliers ; il s’agit de prendre une grave détermination. a Le dimanche suivant nous revînmes tous devant le roi et quand nous fûmes tous réunis, il commença par faire le signe de la croix sur sa bouche, selon sa coutume. C’était, disait-il, un enseignement de sa mère qui lui avait appris à invoquer ainsi le secours de Dieu et la lumière du Saint-Esprit, avant de parler. De la bonté de cette éducation, le pape Innocent IV nous est garant. Nous avons une lettre de lui, adressée à Blanche, qui se termine par ce résumé de toute la vie de notre reine : « Cette foi et cette dévotion, vous les avez reçues, très chère fille, de vos chrétiens parents ; elles s’entre tinrent auprès d’un époux digne de vous, et la pieuse éducation que vous avez donnée à vos fils les leur ont léguées comme un héritage. » Dans une autre lettre, il lui dira encore : « Tous les fidèles unissent l’éloge de vos fils au vôtre. Dès leur enfance, vous leur avez enseigné la crainte du Seigneur et son amour. »

Sa surveillance était continuelle. Deux prud’hommes, chevaliers de haute vertu, Pierre de Loisi et Pierre de Laon, couchaient à tour de rôle dans la chambre du jeune prince. Elle-même se levait parfois la nuit, et venait jusqu’à cette chambre pour voir si son corps ou son âme ne couraient aucun danger. Elle le voulait par fait. Le plus innocent serment blessait sa délicatesse. Un jour elle entendit Louis jurer : Par les saints de céans! Elle l’en reprit. Il ne dit plus désormais que : En nom de moi. Plus tard il trouva même cela déplaisant, et le Confesseur nous apprend qu’il n’employait plus que les simples paroles « oui » et « non ».


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Message  Monique Ven 30 Juin 2023, 6:44 am

Les chroniqueurs nous montrent Louis, déjà adolescent, partageant avec sa sœur, la douce Isa belle, les bienfaits de cette éducation pieuse. Il récitait avec elle les heures canoniales; avec elle encore il apprenait de leur mère à aimer saint François d’Assise qui devait les compter tous trois, à des titres différents, parmi ses enfants.

La Providence voulait préparer Blanche aux grandes affaires qu’elle aurait à traiter dans la suite. Elle se trouva fort mêlée, à cause des droits qu’elle avait à la couronne d’Angleterre, à la conquête de ce royaume. Nous ne voulons pas ici nous occuper de la vie politique de notre reine. L’éducation qu’elle donna au saint son fils et quelques traits de son propre caractère suffisent à cette esquisse.

Toutefois nous ne résistons pas à raconter la scène où la Chronique de Reims nous montre Blanche, jeune épouse, et loin encore de cette gravité diplomatique qu’elle saura mélanger à son ardeur naturelle. Son mari, après avoir été envoyé par le Pape et reçu comme un sauveur par les communes anglaises et la plupart des barons, est abandonné de l’un et des autres. Il se trouve mal en point. Il demande à son père Philippe-Auguste des secours. Celui-ci refusa. « Il advint que Monseigneur Louis se trouva sans argent; il demanda à son père qu’il lui en envoyât. Le roi dit que, « par la lance de saint Jacques! » il n’en ferait rien. Madame Blanche le sut, elle vint au roi et lui dit : « Comment, Sire, laisserez-vous votre fils mourir en terre étrangère, votre fils, celui qui doit être votre héritier? Envoyez-lui ce dont il a besoin, ou, du moins, les revenus de son patrimoine. — Certes, Blanche, je n’en ferai rien. — Non, Sire? dit la dame. — Non, vrai, dit le roi. — Alors je sais bien ce que je ferai, dit la Dame. — Et que ferez-vous ? dit le roi. — Par la Bénie Mère de Dieu, j’ai de beaux enfants de mon seigneur, je les mettrai en gage et je trouverai bien quelqu’un qui me prêtera sur eux. » Elle s’éloigna du roi, comme hors d’elle-même. Le roi crut alors que cela était sérieux. Il la fit appeler : « Blanche, je vous donnerai sur mon trésor tout ce que vous voudrez ; faites-en ce que vous voudrez et trouverez bien. — Sire, dit Madame Blanche, vous parlez bien. »


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Message  Monique Sam 01 Juil 2023, 6:41 am

Quand toute la pieuse et ferme vie de la reine, quand le persévérant respect de ses enfants ne détruiraient pas cette accusation, Thibaud lui-même protesterait naïvement, par ses poésies plaintives, par toute sa conduite, qui est celle d’un chevalier fidèle et non récompensé. On donne, pour preuve de l’amour, la jalousie de Blanche et cette jalousie on la démontre uniquement par ce que la reine empêche le mariage de son féal ami avec Yolande de Bretagne. Mais la lettre même qui porte défense, au nom du roi, d’effectuer cette union, en explique la raison; c’est que la politique royale ne pouvait tolérer de voir le père de Yolande, l’habile et puissant Pierre Mauclerc, installé sous le nom de sa fille aux portes de Paris. « Vous savez, dit cette lettre officielle, que le comte de Bretagne a pris fait contre le roi, plus que nul homme qui vive. »

On peut supposer que Blanche n’aurait pas emprunté, pour dévoiler une fureur jalouse, la main, le parchemin et les sceaux du chancelier. D’ailleurs la réponse est précise : Peu de temps après, Blanche poussait Thibaud à épouser la fille, non plus d’un ennemi mais d’un allié, Marguerite de Bourbon. Le soin qu’elle prit de s’entourer et d’entourer son fils des prud’hommes qui avaient été dans les conseils des deux rois précédents, ne lui évita pas d’autres et plus basses calomnies.

Dieu voulut que cette grande et glorieuse vie ne fût pas sans ces épreuves humiliantes, les plus douloureuses pour un cœur pur et fier. Peut-être voulut-il lui faire expier cet esprit dominateur dont elle ne sut pas toujours assez se défier et qu’elle laissa voir, dit-on, à propos de Marguerite, l’épouse de saint Louis. C’était elle pourtant qui l’avait choisie ; elle avait envoyé un de ses conseillers, Gauthier, évêque de Sens, la demander en mariage à Raymond de Provence, son père, et ce mariage avait eu lieu en 1234.


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Message  Monique Dim 02 Juil 2023, 7:15 am

Joinville indique ouvertement que Blanche ne permettait pas à son fils, qui n’avait encore que dix-neuf ans, de passer toutes ses journées avec sa femme et l’on a un écrit de Marguerite elle-même qui s’en plaint. Blanche avait-elle déjà deviné que sa belle-fille, charmante et parfaite d’ailleurs et dont son confesseur nous apprend à aimer les grâces naïves, n’était pas sans désir de jouer un rôle politique? Tenace et aimant le pouvoir, Marguerite appartenait par sa mère à cette race de Savoie, race besogneuse, ambitieuse, dont l’activité remuante mettait le trouble par tout où on lui laissait ombre d’autorité.

En ce moment même, une sœur de Marguerite avait rallumé la guerre civile en Angleterre, en mettant ses oncles à la tête du gouvernement. Blanche ne voulut pas laisser défaire par cette jeune femme, plus active qu’avisée, l’éducation royale quelle avait faite, ni céder l’influence aux Savoyards et aux Provençaux. Voilà l’explication de cette jalousie, dont Louis non seulement ne se plaignait pas, mais qu’il ne paraissait même jamais sentir. Non qu’il ne sût résister, même à sa mère, quand il le croyait de son devoir. Nous le voyons bien, quand elle se précipite vainement à ses pieds en compagnie de Marguerite pour le prier de retarder son départ pour la croisade.

A part cela, sa tendresse et son respect étaient touchants. Quand il alla, en 1247, avec sa mère, ses frères et sa sœur Isabelle, assister à la translation des reliques de saint Edouard à l’abbaye (le Poligny, il refusa tout honneur et il dit : « Faites cet accueil à ma mère, je m’en tiendrai plus honoré. » Mais le voici s’embarquant pour l’Égypte. « Beau très cher fils, s’écria Blanche, comment mon cœur pourra-t-il endurer notre séparation Certes, il sera plus dur que pierre s’il ne se fend, car vous avez été le meilleur fils que jamais mère eût eu. » Elle tomba pâmée, le roi la redressa en pleurant et elle lui dit : « Beau tendre fils, jamais je ne vous verrai plus, le cœur me le dit bien! » Elle disait vrai, car elle mourut avant qu’il ne revînt ! Quand, Louis alors en Asie, apprit cette mort, il fondit en larmes, s’agenouilla et dit : « Sire Dieu, je vous rends grâce de m’avoir prêté si longuement ma chère mère. Il est bien vrai, beau très doux Père de Jésus-Christ, que j’aimais ma mère par-dessus toute créature qui fût en ce siècle mortel, car elle l'avait bien mérité, mais puisque c’est votre volonté qu’elle soit morte, que soit béni votre nom ! »

Nous l’avons dit, la Providence, qui avait donné à Blanche de faire tant de bien, tant de grandes choses patriotiques, ne l’avait pas laissée sans angoisses intellectuelles et sans douleurs morales. Ce n’avait pas été sans l’aide d’une préoccupation intense qu’elle put arriver à triompher d’ennemis dont quelques-uns furent de proches parents. La mort de son mari, de beaucoup de ses enfants, particulièrement des princes Jean et Dagobert, qui moururent l’un à dix ans, l’autre à treize ans, tant d’autre coups parmi lesquels il faut compter ceux de la calomnie, l’avaient assombrie. Les désastres de la croisade, la prise du roi activèrent sa mort.


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Message  Monique Lun 03 Juil 2023, 6:25 am

On nous la représente, en contraste avec cette jeune fille gracieuse, svelte, éblouissante de beauté qui arrivait en 1210 en France, on nous la représente en 1252 le long des cloîtres de l’abbaye de Maubuisson, marchant silencieuse ment, les mains croisées, les lèvres minces et blanches, la figure émaciée.

La mort approchait. Elle voulut éteindre dans l’humilité les derniers reflets d’une des plus grandes gloires qu’une femme ait eues. Elle fit vœu d’obéissance entre les mains de l’abbesse de Maubuisson. Devenue une des plus humbles filles de l’Ordre de Saint- Benoît, et revêtue de la robe de laine blanche, elle se coucha sur son lit mortuaire : une planche avec de la paille et un drap de serge.

Toute la cour était là, toute la famille, sauf le fils bien-aimé, le roi de France qui est esclave des musulmans; là aussi ce qui lui restait des vieilles amies de sa jeunesse; des évêques, quelques-uns de ces fils de Saint-François et de Saint-Dominique, ses frères en Dieu, qu’elle avait tant aimés et protégés. Les conseillers qui l’avaient aidée dans les premiers périls, ceux qui travaillaient à conserver les fruits de la victoire, entouraient son lit. Elle était étendue, muette.

Tout d’un coup elle s’agite, on entend un reste de cette charmante et puissante voix ; elle murmurait un verset de la prière des agonisants: Approchez, saints de Dieu. Les évêques, les prêtres, les dominicains, les franciscains continuèrent : — Allez au-devant d'elle, Anges du Seigneur, prenez son âme et la portez en présence du Très-Haut! La douce Isabelle prit sa mère dans ses bras, et Blanche rendit l’esprit.

Encore une fois, je n’ai pas voulu étudier la vie politique, qui est connue de tous; en voici le glorieux résumé : Blanche avait résisté, à quatre ligues des plus puissants seigneurs de France, à l’Angleterre, à des provinces révoltées, aux Albigeois comme aux Pastoureaux; et elle donna à l’Église un saint et une sainte, à la France, le Méconnais, le Poitou, la Provence et le Languedoc.


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Message  Monique Mar 04 Juil 2023, 6:54 am

§ VI. — Donna Maria Rotelli, mère de saint Bonaventure (1225-1274.) — Lucrèce, dans une image saisissante, nous montre les carsores vitæ, les courriers de la vie humaine, qui se transmettent l’un à l’autre les flambeaux de la civilisation. Les saints sont les carsores cœli, les courriers du Ciel, qui se passent de main en main les preuves éblouissantes de la Divinité du Christ et les promènent à travers l’histoire. Il vaudrait mieux dire qu’ils sont eux-mêmes les flambeaux car ce qu’ils ont en eux c’est Dieu, le Dieu de lumière, le Dieu de force aussi.

Il y a, en effet, une saisissante preuve du souffle divin qui les anime, dans cette clarté qui sort des saints. Car la lumière qui est en eux illumine non pas un coin particulier de l’esprit mais l’esprit tout entier ; et la force intérieure qui les meut porte au-dessus du niveau moyen de l’humanité non pas seulement telle ou telle partie de l’âme, mais toute l’âme. La science élève l’intelligence, la poésie élève le cœur, la philosophie élève la volonté ; la sainteté seule élève à la fois l'intelligence, le cœur, la volonté. La sainteté n’a pas donné à tous du talent, mais à tous elle a donné une élévation de toutes les facultés, in comparablement supérieure à ce qu’ils eussent pu espérer sans elle. Chez ceux qui ont reçu, en don naturel, le génie, elle pousse l’âme au niveau de l’intelligence. Thomas d’Aquin, sans la sainteté, eût laissé atrophier par l’ambition, par la fatigue des passions ou les distractions des plaisirs, une partie de son intellect: la sainteté le lui conserve tout entier, et tout entier dans les hauteurs, en compagnie d’une âme également surélevée.

Louis IX sans la sainteté n’eût pas présenté ce spectacle rare et par où il l’emporte sur tous les princes, le spectacle d’un roi qui remplit avec une égale supériorité tous les devoirs de son office royal. Sans la sainteté Bonaventure eût pu être un docteur, il n’eût pas été le Docteur Séraphique. Séraphique ! Ce mot suave, qui représente bien l’une des âmes les plus suaves qui aient existé, je voudrais pouvoir l’appliquer à la mère de mon saint, à donna Maria Rotelli, car elle mena son fils à l’entrée du chemin où il devait recueillir la pleine moisson des fruits de la Science et des fleurs du Séraphisme. Après lui en avoir ouvert l’accès, elle l’y conduisit et elle disparut. L’enfant n’avait plus besoin d’elle, saint François avait mis sur lui sa main miraculeuse.


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Message  Monique Mer 05 Juil 2023, 6:59 am

Donna Maria était de vieille famille toscane noble et riche, et avait épousé un gentilhomme florentin, Jean de Fidenza. L’enfant reçut au baptême le nom de son père. L’histoire ne nous signale aucun de ces faits merveilleux qui ont annoncé ou accompagné la naissance de tant de saints. Donna Maria ne paraît pas avoir songé tout d’abord à donner son fils à Jésus. Il le lui prit et elle le Lui abandonna avec une générosité touchante. Elle veilla à ce qu’il ne Lui échappât plus et à ce qu’il devînt un don précieux pour le cœur aimant du Maître de toute bonté et de toute pureté.

L’enfant tomba malade. Quand la mère vit que tous ses soins étaient vains, que les efforts des médecins étaient également inutiles, quand ils lui eurent annoncé que l’enfant allait mourir, elle revit cette scène touchante où Marthe et Marie disaient au doux Jésus : « Seigneur, celui qui est mort c’est votre ami, redonnez-lui la vie pour qu’il continue à vous aimer. » Elle prit l’enfant, l’offrit à l’Église et elle dit au Seigneur : « Ne rendrez-vous pas la vie à celui qui sera toujours votre ami? » François d'Assise vivait encore, mais il avait fait tant de miracles, il était si resplendissant d’amour divin qu’il était déjà comme canonisé et revêtu des privilèges des esprits célestes.

Donna Maria promit son enfant moribond à saint François. « Que Notre-Seigneur le sauve par votre intercession et je le revêtirai de votre habit et je vous le donnerai ! » Sur l’heure il fut guéri. Quelque temps après, François vint visiter la ville de Balnea-Regia où demeuraient le père et la mère du petit ressuscité. Il regarda longtemps l’enfant dont la figure angélique le frappa, et, saisi d’un esprit prophétique, il entrevit, dans l’obscurité, pour lui lumineuse, des temps futurs, les grandeurs de cette intelligence, les douceurs de cette âme, la vigueur de cet apôtre, la science de ce Docteur, le bien immense qu’il ferait à son Ordre. Il s’écria comme en un rêve : « 0 Buona Ventura ! » Quelle admirable rencontre, quel don précieux Dieu fait à son Eglise, à ses fils les mendiants du Christ !


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Message  Monique Jeu 06 Juil 2023, 5:56 am

A quelque temps de là, le grand saint mourut. Mais il avait laissé le parfum de sa sainteté dans l’âme déjà sage et vigoureuse de donna Maria. Elle se dit — et c’est là une des gracieuses re cherches de l’amour chrétien — que cet enfant dont le saint avait prophétisé la grandeur angélique n’était plus son enfant mais un dépôt que Dieu lui avait confié pour le rendre à l’Ordre des Franciscains. Désormais elle le voulut digne de cette vocation supérieure, de cette grande des tinée monacale, de cette Bonne Aventure que le patriarche avait promise en lui à ses enfants. Comme il avait l’habit des Frères Mineurs, elle le revêtit de leurs vertus, l’amour de Dieu, le dédain du monde, l’effroi du mal, la douceur, l’humilité.

Mais l’Ordre ne visait pas uniquement à une sanctification individuelle ; il était le sanctificateur de la société. Il fallait que la pauvreté fut non seulement secourue mais honorée, et que la science des descendants cultivât les germes dé posés dans l’humanité par les miracles du Père. Donna Maria fit donc parcourir à son fils le cycle fort étendu des connaissances d’alors. Il le par courut avec une aisance intellectuelle si étonnante que la mère ne pouvait discerner ce qui l’emporterait en lui du génie ou de la piété.

Il lui parut qu’il montait vers le Ciel poussé d’en bas par le souffle puissant delà philosophie, attiré en haut par l’inspiration céleste de l’amour pour Jésus. Quand il fut devenu aussi lumineux que pur, aussi instruit qu’humble, aussi vêtu d’abnégation que de notions, aussi éloquent par l’exemple que parla parole, donna Maria se dit qu’elle pouvait remettre à l’Ordre le trésor qui lui avait été confié.

Bonaventure avait vingt et un ans. Elle l’amena sous cette règle austère où il se courba comme un petit enfant ; et comme elle avait rempli la mission pour laquelle elle était née, qui était d’allumer l’un des deux grands phares destinés à donner l’auréole catholique à la Renaissance féodale du XIIIe siècle, donna Maria disparaît à nos yeux.


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Message  Monique Ven 07 Juil 2023, 7:28 am

§ VII — Théodora, Mère de saint Thomas d'Aquin (1226-1274). — La maternité chrétienne est le plus utile ressort de civilisation que la raison puisse désirer. Elle maintient en équilibre les trois éléments nécessaires pour le développement sage de cette civilisation. Elle défend les leçons du passé contre l’oubli, car elle respecte la tradition ; elle protège la paisible jouissance du présent, parce qu’elle prêche la pureté; et, en forçant la jeunesse à la réflexion, elle prépare l’avenir logique et ferme.

Elle est plus admirable encore dans l’ordre moral que dans l’ordre social, car ce n’est pas seulement le passé, le présent et l’avenir humains qu’elle donne, c’est encore l’éternité. Mais la Maternité chrétienne ne peut montrer son excellence qu’à la condition de respecter avec désintéressement les vocations éprouvées. La vocation de chacun c’est ce qui crée le mouvement de la masse; et ce mouvement doit être protégé contre la tradition, de même que la tradition doit être défendue contre l’individualisme. Entre l’immobilité chinoise et la course révolutionnaire, il y a la marche chrétienne. Parfois la tendresse maternelle l’emporte sur ce respect de la vocation.

La maternité chrétienne, même représentée par des femmes de haute intelligence, par des femmes vertueuses, par des femmes pieuses, n’échappe pas à la faiblesse humaine. Les Mères des Saints ne sont pas nécessairement des saintes. Sans doute, c’est une partie de leur âme que représentent ces saints. C’est à elles presque toujours qu’est dû le développement des dons divins, mais parfois il arrive qu’elles admirent trop ces dons : ces fleurs du jardin céleste, elles ont aidé à les faire fleurir et elles leur paraissent si belles qu’elles ne peuvent consentir à les perdre. Alors se développe soit l’orgueil maternel, soit la passion maternelle, soit même l’égoïsme humain. Cet enfant que la mère a élevé pour Dieu, elle le lui dispute.

Nous l’avons signalé dans la mère de saint Jean Chrysostome. Encore celle-ci ne retenait pas pour elle tout le cœur de son fils, elle réclamait seulement son aide et sa présence.


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Message  Monique Sam 08 Juil 2023, 6:34 am

La mère de saint Thomas d’Aquin est plus exigeante. Elle est bien la descendante de ces grands conquérants normands, au cœur à la fois apostolique et ambitieux et qui, chevaleresques dans l’action et marchands après la victoire, dé fendaient passionnément l’Eglise à la condition qu’à la fin de la bataille, il leur restera quel qu’un à dépouiller.

D’ailleurs hautains, inflexibles, ils aiment dans l’Église plutôt le principe d’autorité que la loi d’amour. Théodora, outre cette fierté autoritaire quelle tenait des princes normands conquérants du royaume de Naples, avait épousé l’orgueil de la famille où elle entrait. Elle voulait être vertueuse, pieuse même, mais l’idée que le descendant des compagnons de Charlemagne, le petit-fils du conseiller de Frédéric Barberousse et d’une princesse de la maison de Souahe, pût être un humble moine lui paraissait insupportable. Elle eût voulu peut-être que Thomas imitât ses frères aînés qui étaient de vaillants capitaines.

Toute fois, voyant la gravité précoce de l’enfant et son intelligence surprenante, elle put consentir à lui voir suivre les cours de l’Université de Naples que l’empereur Frédéric, son cousin, venait de fonder. C’est ainsi qu’on arrivait aux hautes charges du gouvernement, et ceci encore était digne du descendant de tant d’illustres familles. Elle ne pouvait supporter plus. Nous ne la donnons donc pas comme un modèle de l’humilité sainte et de la patience chrétienne. Toutefois, en constatant cette infirmité qu’elle devait à son temps, à sa race, nous demandons qu’on n’oublie pas sa vertu parfaite, la noblesse de son cœur et sa vigueur morale.

C’est cette force morale qui, bien dirigée, fait les saints; c’est elle qui a fait la grandeur du XIIIe siècle, un des plus éblouissants de l’histoire. D’autres siècles montreront plus de patience. Encore une fois, rappelons-nous que si l’excès de la vigueur morale engendre le tyran, l’excès de la patience engendre la lâcheté.


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Message  Monique Dim 09 Juil 2023, 7:35 am

La princesse Théodora eût pu constater dès avant la naissance de son fils, dès ses premières années, qu’il était appelé à quelque chose d’exceptionnel dans l’ordre divin et dans l’ordre intellectuel. On nous cite des traits charmants.

Quand, étant encore au berceau, il pleurait, on avait un moyen sûr de l’apaiser en lui mettant un livre dans les mains. Un jour que Théodora se rendait à la salle des bains, suivie de Thomas porté par sa nourrice, celle-ci assit l’enfant à la place où il avait l’habitude d’attendre que sa mère vînt le reprendre. Elle aperçut qu’il tenait à la main un morceau de parchemin. C’était alors une chose très rare. La nourrice n’en avait vu aucun morceau à la portée de la main de Thomas. Comment et où l’avait-il trouvé ? Cela parut un fait mystérieux, pour la nourrice comme pour la princesse. Celle-ci avait essayé d’ouvrir la main de l’enfant, qui, habituellement docile, s’était défendu en pleurant très fort. On le ramena à sa chambre sans qu’il eût voulu ouvrir ses petits doigts. Cette résistance à laquelle on n’était pas accoutumé, développa encore la curiosité de sa mère qui, usant d’autorité, lui ouvrit la main malgré ses pleurs. Le papier contenait uniquement ces mots : Ave Maria. La princesse, comme les biographes contemporains du saint, resta persuadée que l’enfant avait trouvé ce papier divinitus, par miracle.

Plus tard on nous le montre, interrompant brusquement ses jeux, rassemblant autour de lui ses petits compagnons et posant gravement la suprême question : « Qu’est-ce que Dieu? » Dès l’âge de cinq ans, son développement intellectuel et pieux était tel qu’on l’envoya à l’abbaye du Mont-Cassin située non loin du château de Roche-Sèche, forteresse patrimoniale des Aquin.

A dix ans, les études qu’il y pouvait faire étant achevées, on l’envoya, avons-nous dit, à l’Université de Naples. Avant d'y arriver, il resta quelque temps auprès de sa mère. Celle-ci, qui voulait faire de son fils un mondain rempli de vertus chrétiennes, encouragea la charité, qui était déjà charmante en lui. Aussi le Seigneur renouvela-t-il pour lui le miracle, dont la vie de plusieurs saints nous offre l’exemple.


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Message  Monique Lun 10 Juil 2023, 5:47 am

Vers cette année 1236, la famine ravagea le royaume de Naples. Thomas avait obtenu d’être distributeur des aumônes. Celles-ci, toutes nombreuses qu’elles fussent, ne suffisaient pas à nourrir la masse des mendiants qui venaient chaque jour à la porte du château. Thomas entra en lutte avec le maître d’hôtel, qui défendait ses provisions, quand l’enfant y faisait des brèches formidables.

Il fallut recourir à l’autorité du père et de la mère, à qui l’intendant vint signaler le jeune seigneur comme un effronté larron.

Un jour qu’il cachait dans un pli de son manteau une provision de pain qu’il avait en effet été chercher dans les armoires du maître d’hôtel, il se vit arrêter au passage par ses parents. Ils lui demandèrent ce qu’il portait. L’enfant troublé, laissa retomber le pli de son manteau et il en sortit une cascade de fleurs qui couvrit les vêtements de son père et de sa mère. Ceux-ci, émerveillés, l’embrassèrent tendrement et lui permirent de distribuer autant d’aumônes qu’il voudrait.

L’Université de Naples, où il fut envoyé, n’était pas célèbre par le culte de la vertu. La charité, la prière fervente, la dévotion à la sainte Vierge toutes les vertus dont sa mère lui avait donné l’exemple et la leçon, vinrent, pour le protéger, se joindre à d’autres qualités, l’amour de la vie retirée, l’application au travail, que la princesse Théodora n’eût pas autant approuvés.


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Message  Monique Mar 11 Juil 2023, 5:56 am

Son gouverneur, homme de grande piété, le menait fréquemment au couvent des Frères Prêcheurs. Ce fut un des moyens employés par la Providence pour mener Thomas là où il devait développer son génie et sa sainteté. Le seigneur étudiant ne tarda pas à indiquer le désir d’entrer dans l’Ordre de Saint-Dominique. Les Frères résistèrent longtemps, mais quand il fut arrivé à l’âge de dix-neuf ans, après avoir constaté son angélique piété et son puissant esprit, les Dominicains furent contraints de reconnaître que sa vocation était véritable. Dès lors, quoi qu’il dût arriver, ils n’hésitèrent plus. Le comte d’Aquin, averti, se répandit en mena ces. L’Empereur, assura-t-il, allait joindre sa colère à la sienne et poursuivre l’Ordre tout entier de sa défaveur. Les enfants de saint-Dominique passèrent outre. Ils donnèrent l’habit de l'Ordre au jeune seigneur.

La mort du comte ne tarda pas, croit-on, à suivre cette entrée en religion. Peut-être à l’orgueil blessé se joignit-il en l’esprit de la princesse Théodora le ressentiment causé par la mort du père et qu’elle attribua à l’obstination de Thomas. A partir de cette époque, elle va développer contre la vocation de son fils une énergie saisissante. A peine a-t-elle appris que son fils a pris l’habit de Saint-Dominique, qu’elle accourt à Naples pour l’enlever et le ramener au château paternel. Celui-ci, ne voulant pas lui manquer de respect par une résistance ouverte, quitte brusquement cette ville et va se réfugier à Rome dans le couvent de Sainte-Sabine. Théodora le poursuit jusque-là, cette fois sans l’avoir averti. Thomas surpris ne peut s’enfuir, il se cache tout en versant des larmes, car il ne voudra pas nous dissimuler combien il aimait sa mère.

Les d’Aquin étaient puissants en cour de Rome ; les Dominicains craignirent que la comtesse ne parvînt, à la longue, à forcer la retraite où le novice s’enfermait. Ils décidèrent de l’envoyer à Paris. Le secret ne fut pas si bien gardé que les frères de Thomas n’en fussent avertis. Ils firent donc surveiller toutes les routes qui sortaient des États de l’Église. Le jeune religieux parvint sans encombre jusqu’aux environs d'Acquapendente. Là, ses compagnons et lui furent brusquement entourés par une troupe d’hommes armés, conduits par Raynald, l’un des frères de notre saint. Ce capitaine supportait plus difficilement encore que sa mère, l’humiliation que la résolution du jeune moine imposait à leur famille; il voulut lui arracher son habit de religieux. Cette insulte faite non pas à lui mais à ce qu’il regardait comme le signe de son honneur religieux, indigna Thomas : « C’est une chose abominable, dit-il aux soldats et à son frère, de vouloir reprendre à Dieu ce qu’on lui a donné. » On lui laissa donc son froc et on l’enferma au château d’Aquin.


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Message  Monique Mer 12 Juil 2023, 7:14 am

Sa mère vint le rejoindre. Dans le premier moment la douceur de la tendresse l’emporta; Théodora prodigua les prières, puis les raisonnements. « Ma mère, répondit-il, vous en aimerai-je moins pour en aimer Dieu davantage? » II pleurait avec elle et essayait de lui persuader de lui rendre la liberté.

La colère l’emporta bientôt chez la fière princesse. Elle fit enfermer son fils dans une des tours du château, en se promettant de ne plus le voir. Deux de ses sœurs, religieusement élevées, mais qui partageaient l’éloignement du reste de la famille pour l’habit religieux, étaient chargées de lui porter à manger. Thomas n’avait eu garde de murmurer contre la Providence. Bientôt il la remercia. Il comprit que le Seigneur l’avait mené dans cette prison pour la conversion de ses sœurs. Sa douceur, sa patience, sa sainteté, l’éloquence avec laquelle il parlait du bonheur de tout sacrifier à Jésus, les convainquirent, si bien que l’une d’elle renonça, elle aussi, au monde.

Il eut de plus rudes combats à livrer contre ses deux frères, qui ne lui épargnèrent ni les railleries, ni les injures, ni les mauvais traitements. Pendant près de deux ans il subit ces dures épreuves sans que son courage faiblit un seul instant, Au bout de ce temps la paix se fît entre le Pape et l’Empereur. L’Ordre de Saint-Dominique savait qu’il n’avait aucune justice à attendre de celui-ci tant que durerait son hostilité contre la Papauté. La réconciliation faite, il crut le moment venu de porter ses plaintes devant l’Empereur. Celui-ci voulut montrer au Pape combien il était sincère dans son amour pour l’Église. Il feignit la plus vive irritation. Enchaîner un religieux sur les terres de l’Empire ! C’était un crime qu’il pardonnerait difficilement.

Avant tout, il envoya à Raynald et à Ludolphe l’ordre de rendre leur frère aux Dominicains. Il était impossible de désobéir, mais humiliant de le faire. Théodora avait depuis longtemps dompté son orgueil et elle eût pardonné à son fils sans la crainte qu’elle avait de blesser les deux aînés. Elle trouva aisément un biais pour obéir à sa pitié maternelle et à l’Empereur, sans abaisser l’orgueil des représentants de la famille. Elle autorisa ses deux filles à laisser fuir leur frère et à l’aider dans ses préparatifs de fuite. Elles firent avertir les Dominicains de Naples de venir, la nuit, au pied de la tour où était enfermé le novice. Ils ne tardèrent pas à entrevoir une corbeille qui descendait du haut de cette tour. Les deux princesses dirigeaient de leur mieux la descente. Cette corbeille renfermait Thomas d’Aquin.


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Message  Monique Jeu 13 Juil 2023, 7:22 am

Le Seigneur ne voulait pas punir sévèrement dans l’autre monde la famille de celui à qui il avait dit: Thomas, tu as bien écrit sur moi. Il accorda à ses deux frères l’honneur de défendre l’Église et à sa mère le bonheur d’être tourmentée pour cette cause.

Avant de recevoir ce coup de la miséricorde divine, elle put constater combien, même en vue de l’orgueil humain, elle avait eu tort de dédaigner le froc.

Quand son fils, quelques années après sa sortie de prison, revint à Naples, tout le peuple le suivit avec un respect et un enthousiasme qu’il n’eût pas accordés à Thomas d’Aquin s’il était resté, comme sa mère l’eût voulu, un des grands de ce monde.

Mais, encore une fois, il fallait que cette mère d’un si grand saint expiât ici-bas le seul vice qu’elle eût, sans doute. Frédéric s’irrita contre le dévouement montré à la Papauté par la famille d’Aquin, prit leur ville et rasa leur château. Théodora comprit celte leçon et elle accepta cette épreuve. Elle finit sa vie dans une humilité qui racheta l’orgueil.


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Message  Monique Ven 14 Juil 2023, 7:23 am

La Mère de sainte Roseline, Chartreuse (1263- 1329). — Cette sainte, dont le nom semble par fumé et dont la vie est plus parfumée encore de grâces virginales, appartient à l’une de ces puissantes familles dont il faut étudier l’histoire in time si l’on veut pénétrer dans l’âme du Moyen Age. Elles nous démontrent quelle vigueur morale dominait en ce temps qui paraît ensanglanté, obscur, au moins désordonné.

Ces familles qui possèdent le monde, qui ont tous les éléments du bonheur d’ici-bas, la puissance, la richesse, la renommée, toute la force sociale, et les moyens d’en user presque impunément, semblent n’avoir d’autre préoccupation que de se priver de tout, de refuser les joies et les biens qui font le bon heur terrestre. Ceux de leurs membres qui en ont joui, n’ont à leur tour qu’une préoccupation : rechercher s’ils n’en ont pas abusé. S’ils l’ont fait, ils avouent la faute et la réparent avec la plus humble candeur.

Roseline est fille de Gérard-Armand de Villeneuve et de Sybille-Burgole de Sabran, deux familles qui, dans l’espace d’un siècle, ont compté huit saints ou saintes canonisés. La bonne reine Marguerite, épouse de saint Louis, le général des Chartreux, Dom Hélissaire de Grimoard et maint autre personnage mort en odeur de sainteté, appartiennent également à ces illustres races. Roseline a dix frères ou sœurs Dans ce nombre six entrent en religion. Ils n’en étaient pas, pour cela, perdus pour la civilisation. Chacun gagne le Ciel par une voie rude; mais, l’historien qui les étudie voit bien qu’ils servent Dieu pour mieux servir la patrie et la société. Ainsi Roseline, tout en restant le plus gracieux et le plus vénérable modèle de la vierge chrétienne, exerce une action puissante, directement sur les mœurs et indirectement sur la politique contemporaine.

C’est elle qui, par ses prières, par ses exhortations, par ses conseils, soutient l’âme de cet illustre Hélion, grand maître des chevaliers de Saint-Jean, le créateur de cette gendarmerie de la mer qui arrêta l’invasion maritime des musulmans, protégea tous les rivages de la Méditerranée et contribua ainsi au développement des marines de France, d’Espagne et d’Italie. C’est notre sainte encore qui entretient l’enthousiasme de la Croisade, elle qui inquiète les musulmans maîtres de l’Asie et menaçants pour la civilisation.


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Message  Monique Sam 15 Juil 2023, 7:27 am

Ceux des frères de Roseline qui abandonnèrent le monde se fussent crus suffisamment utiles, sans doute, en priant, et en dirigeant un plus grand afflux de la bonté divine sur la société. Ils ne se bornèrent pas là. A côté de l’illustre grand maître des chevaliers de Rhodes, nous voyons un Franciscain, Hugues, qui est un philosophe et un théologien renommé; un grand évêque, saint Elzéar, et un prêtre, Renaud, chancelier de l’Empereur. Je disais que, quand ces puissants dépositaires de la force sociale en avaient abusé, ils ne voulaient pas mourir sans réparer leurs injustices. Ils ne le faisaient pas sourdement et lâchement. Ils confessaient leur méchanceté par acte authentique et vendaient leurs biens pour indemniser ceux qu’ils avaient opprimés.

Je relis le testament d’un oncle de notre sainte, de ce sénéchal de Provence, qu'on appelle Romée le Grand. « Je déclare, écrit-il, avoir injustement dépouillé Quibonnie et quelques autres personnages, de trois mille sous raymondins. J’ordonne de le leur restituer... J’ai injustement dépouillé de vingt livres tournois des hommes de Rocabie qui se nomment Brochie. Je lègue deux cents livres à l’église de Meyronnes, en restitution de biens ecclésiastiques que je lui ai enlevés... Je dois trente livres de Gênes à Ribaud, car je m’en suis injustement emparé... » Et tout cela se dit par-devant notaire, sous la signature et le sceau de sept personnes notables.

Ces onze enfants vaillants, intelligents et pieux, cette parenté illustre où les saints et les repentants sont également admirables, c’est là le cadre où on doit placer la Mère de notre Bienheureuse. Il est juste que les pierres précieuses qui ornent ce cadre donnent leur éclat aux traits vagues de Sybille de Villeneuve. Roseline était sa première-née.

La pieuse épouse l’offrit à la Vierge Mère avec une ardeur de prières que la « Doulce Dame » récompensa. Fût-ce en une extase, fût-ce une réalité? Sybille ne put le dire, mais elle eut la certitude que Marie lui dit : « Il naîtra de toi une rose sans épines dont le parfum embaumera la contrée tout entière ».


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Message  Monique Dim 16 Juil 2023, 8:38 am

Parfum, fleur, rose, c’est tout ce qui vient à l’imagination quand on parle de notre Bienheureuse. Son visage, tel que les portraits nous le donnent, et tel qu’on peut le deviner encore dans ce qui nous reste de son corps, rappelle la forme mignonne et rondelette qui est le type admis pour représenter la jeunesse virginale. C’est avec des roses qu’elle se présente à nous pour la première fois. Son être tout entier était comme plein de cette odeur delà rose, et, quand elle mourut, ce fut ce parfum qui s’exhala d’elle avec son âme et qui embauma sa cellule.

Sa mère lui avait appris que la charité était le devoir commun, plus particulièrement imposé aux riches et aux puissants. Elle en prit un tel amour pour les pauvres qu’elle ne pouvait voir une souffrance sans la soulager.

Un jour, la gouvernante du château, fort étonnée de voir diminuer si vite les provisions de pain, se mit aux aguets. Elle aperçut Roseline remplissant son tablier de miches et les portant aux pauvres. Elle vint en avertir les parents, qui guettèrent à leur tour et saisirent l’enfant. « Qu’avez-vous là ? lui demandèrent-ils. — Ce sont des roses fleuries » répondit-elle en souriant. Elle ouvrit son tablier. Le pain avait été en effet remplacé par des bouquets de fleurs. On me pardonnera de citer un couplet d’un très beau cantique franco-provençal en l’honneur de notre sainte.

Il raconte comment :
Elle relarge son tablier
Il en sort des roses vermeilles,
Elle relarge son tablier
Et le pain se change en rosier.

Nous voyons ensuite la dame de Villeneuve se séparant douloureusement de cette fille aimée qui va s’enfermer dans la Chartreuse de Saint- André. Mais bientôt la mère désira que le parfum de sainteté vint, selon la prédiction, embaumer la demeure paternelle. Armand de Villeneuve bâtit une Chartreuse à la Celle-Roubaud, près des Arcs où était le château seigneurial, et Roseline vint s’y fixer. Sybille de Villeneuve était souvent séparée de son mari, obligé de demeurer à Naples, où il avait une grande situation politique. Elle sentait le besoin d’avoir non loin d’elle cette fille sage, intelligente et sainte qui l’avait aidée à élever la famille nombreuse, et dont les prières comme les soins veillaient sur les jeunes sœurs.


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Message  Monique Lun 17 Juil 2023, 7:30 am

Elle disparut du monde en 1307 en même temps que son mari. Roseline vécut jusqu’en 1329. Nous sommes tenté de dire qu’elle vécut bien plus longtemps : Dieu voulut récompenser la pureté idéale de notre bienheureuse, en lui conservant, six siècles après la mort, une merveilleuse intégrité.

Le corps de Roseline existe, il est visible. Quoi que sa châsse ait été ouverte mainte fois, officiellement ou sacrilégement ; quoique cette châsse fût mal close, que l’humidité, les insectes, les rongeurs-eussent dû se joindre au temps pour détruire les restes de la Bienheureuse, celle-ci avait triomphé des siècles.

Il n’y a pas longtemps, encore, l’évêque de Fréjus a présidé à la translation de cette relique dans un monument plus facile à protéger. Il a pu constater, et avec lui mainte autre personne notable, que non seule ment ce corps béni était encore entier, mais que la peau même était encore si flexible que, pressée, elle avait repris, aussitôt la pression finie, sa tournure première, comme si elle eût appartenu à un être vivant.

J’avais écrit ces lignes quand j’ai rencontré un éminent pèlerin qui revenait de vénérer les restes de la chère sainte. Il me dit : « Dieu n’a pas voulu que le miracle de cette conservation durât plus longtemps, et les dix dernières années de ce méchant siècle ont avancé la décomposition de ce corps virginal plus que les six siècles précédents. »


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Message  Monique Mar 18 Juil 2023, 8:00 am

§ IX. — La Mère de saint André Corsini, Carme, évêque de Fiesole (1309-1373). — La pieuse dame Pelerina sainte Monique ce qu'une esquisse est à un tableau. Elle aussi adoucit la Justice et violenta la Miséricorde. Ici encore c’est la mère qui, après de longues prières et bien des angoisses, mit son fils sur le chemin où il devait trouver le repentir, les rudes pénitences, l’éloquence, la sainteté et le don des miracles. Elle avait épousé son cousin, comme elle, de l’illustre famille florentine des Corsini. Elle était restée plusieurs années sans enfants et s’en désolait.

Un jour qu’accompagnée de son mari elle entendait un sermon sur ces paroles de l’Exode : « N’hésite pas à offrir à Dieu les prémisses de tes biens, » elle vit là un conseil divin. Elle alla dans l’église des Carmes et là, devant une image de la sainte Vierge, invoquée sous le nom de Notre-Dame du Peuple, elle promit au Seigneur de lui offrir le premier de ses enfants.

Son mari l’avait suivie dans cette chapelle. Elle, remarqua qu’il avait prié, lui aussi, avec ferveur, et quand ils furent de retour dans le palais, elle lui demanda quel avait été le sujet de sa prière. Il lui apprit qu’il avait offert à Dieu le premier des enfants qu’ils pourraient avoir. Frappés de cette rencontre, ils s’agenouillèrent l’un à côté de l’autre et renouvelèrent en commun le vœu qu’ils avaient fait séparément.


A suivre...
Monique
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