LES MÈRES DES SAINTS
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Parmi les grandes joies qu’elle eut encore en ses dernières années, nous devons mettre la connaissance qu’elle fit de madame de Chantai et l’amitié qui régna entre elles deux. « Depuis quelque temps déjà, la baronne de Sales avait voué le pèlerinage de Saint-Claude pour obtenir la guérison de son cher fils malade; mais elle n’avait pas encore eu la commodité de le faire, à cause des infirmités qui l’en avaient empêchée. Se trouvant en bonne disposition, elle résolut d’accomplir son vœu; et son Bienheureux fils et père tout ensemble lui avait promis de l’accompagner. Ce fut donc à Saint-Claude que fut fixé le rendez-vous, pour le 24 du mois d’août, et cela par un concours de circonstances fort imprévues. »
Toutes choses étant ainsi réglées, on se rendit de part et d’autre à la ville de Saint-Claude : le serviteur de Dieu avec sa mère, de la Savoie, et la baronne de Chantai, de la Bourgogne. Or, il se trouva, entre ces deux dévotes dames, une si grande conformité d’humeur, qu’il semblait que la vertu même les eût rassemblées à dessein; elles contractèrent une grande amitié.
» C’est le jour de la Saint-Barthélemy 1604, que la noble compagnie arriva à Saint-Claude. Le 29 mai 1605, madame de Chantai vint voir madame de Boissy au château de Sales. Elle y revint trois autres fois, amenant l’une de ses filles, qui devait épouser le baron de Thorens, l’un des fils de madame de Boissy et emmenant avec elle la plus jeune des sœurs de saint François.
Je ne saurais résister à donner une des scènes naïves qui nous font pénétrer dans l'intimité du château de Sales, où la baronne recevait ses enfants et ses amis, a François étant à Sales un jour maigre, nous dit-on, avec sa mère et ses frères, et ayant devant soi un plat où l’on avait mis avec de l’eau simple des œufs pochés; attentif à de bons propos qu’il tenait toujours en mangeant, presque tout le long du repas, il mangea son pain seul, le détrempant avec cette eau, comme si c’eût été une sauce la plus excellente du monde ; tant il avait l’esprit éloigné et aliéné des choses qui appartiennent au seul corps. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
La fin de la vie approchait pour madame de Boissy. Elle n’était pas sans doute complète ment purifiée des quelques faiblesses qu’avait pu lui imposer l’excès de l’amour maternel. Elle devait souffrir encore dans un point sensible de son cœur. Elle perdit cette dernière et très aimable fille que madame de Chantai avait emmenée avec elle en Bourgogne. « Il faut que je me hâte de vous dire que ma bonne mère a bu ce calice avec une constance toute chrétienne; et sa vertu, de laquelle j’avais toujours eu bonne opinion, a de beaucoup devancé mon estime. Dimanche matin, elle envoya prendre mon frère le chanoine, et parce qu’elle l’avait vu fort triste et tous les autres frères aussi, le soir précédent, elle lui commença à dire : « J’ai rêvé toute la nuit que ma fille Jeanne » vrai? » Mon frère, qui attendait que je fusse arrivé pour le lui dire, voyant cette belle ouverture de lui présenter le hanap, et qu’elle était couchée en son lit : « Il est vrai, dit-il, ma mère, » et cela sans plus, car il n’eut pas assez de force pour rien ajouter. « La volonté de Dieu soit » faite », dit ma bonne mère, et pleura un espace de temps abondamment, et puis appelant sa Nicole: «Je veux me lever pour aller prier Dieu en la chapelle pour ma pauvre fille, » dit-elle. Et tout soudain fit ce qu’elle avait dit ; pas un seul mot d’impatience, pas un seul clin d’œil d’inquiétude ; mille bénédictions à Dieu et mille résignations à son vouloir. Jamais je ne vis une douleur plus tranquille, tant de larmes que merveille, mais tout cela par de simples attendrissements de cœur, sans aucune sorte de fierté ; c’était pourtant son cher enfant. Eh bien, cette mère, ne dois-je pas l’aimer? Hier, jour de Toussaint, je fus le grand confesseur de la famille, et avec le Très-Saint-Sacrement, je cachetai le cœur de cette mère contre toute tristesse. »
Après ce coup très douloureux et si chrétiennement supporté, elle était prête pour le Ciel que le bon Jésus ne voulait plus faire attendre à celle à qui il devait deux amis héroïques comme François et Louis de Sales. « Le jour des Cendres elle alla à la paroisse de Thorens, où elle se confessa et communia avec grande dévotion, entendit trois messes et les vêpres ; le soir, étant au lit et ne pouvant dormir, elle se fit lire par sa femme de chambre trois chapitres de l'Introduction, pour s’entretenir en de bonnes pensées ; au matin elle se leva comme de coutume, mais, en se peignant, elle tomba tout soudain comme morte. Le baron de Thorens averti accourut aussitôt, la fit relever, et lui rendit le sentiment à l’aide d’essence : elle commença à parler, mais presque inintelligiblement. A la même heure, on envoya à Annecy, au saint évêque, qui arriva bientôt avec un médecin et un a apothicaire. Il la trouva paralysée de la moitié du corps et plongée dans une sorte de sommeil léthargique, dont toutefois on pouvait la tirer facilement; et quand elle était ainsi éveillée, elle montrait qu’elle avait bien sa connaissance, soit par les paroles qu’elle s’efforçait de dire, soit par les mouvements de la main qui était demeurée libre : car elle parlait fort à propos de Dieu et de son âme, et, quoique devenue aveugle, elle prenait elle-même à tâtons un crucifix placé sur son lit et le baisait amoureusement.
Elle reconnut François à la voix, et lui fil le plus tendre accueil : « Celui-ci, dit-elle, » est mon fils et mon père ! » Lui prenant la main-, elle la porta à ses lèvres avec respect; puis, étendant le bras pour l’attirer sur son cœur, elle lui donna le baiser maternel. Elle demeura deux jours et demi dans cet état; on lui donna l’extrême-onction ; et enfin, le 1er mars, elle rendit à Dieu sa belle âme suavement et tranquillement, et sa figure prit une singulière expression de sérénité douce et souriante qui faisait plaisir à voir. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ VI. — La Mère de saint Louis de Gonzague (1568-1591). — Donna Marta a joui de la plu» grande gloire qu’une chrétienne puisse rêver en ce monde. Non seulement elle a pu supposer que son fils était saint, cela arrive à bien des mères ; non seulement elle a entendu ce fils’ proclamé saint par l’opinion publique, cela est déjà assez rare ; mais cc qui est presque unique, elle a eu la certitude qu’il était saint, l’infaillible autorité lui a permis de l’invoquer. Dès l’an 1604, treize ans après la mort du Bienheureux, il reçut officiellement ce titre. Les évêques de Lombardie et particulièrement celui de Castiglione, autorisèrent le culte public.
Gloire suprême et certitude enivrante pour le cœur maternel qui met légitimement l’infini au-dessus de la brièveté, le bonheur éternel au-dessus des plus brillantes félicités de la terre. Mais Dieu rappelle sans cesse que l’humilité est une des grandes lois du christianisme. Il a voulu que l’âme de cette princesse du ciel, que le caractère de cette princesse de la terre restassent tellement cachés qu’il soit difficile aujourd’hui de les décrire d’un trait net. La biographie de saint Louis de Gonzague a été commencée pendant la vie du saint, achevée peu après sa mort par un religieux intelligent qui a vécu dans l’intimité de son héros, qui a connu sa famille, été en relation avec sa mère. Il parle fréquemment de celle-ci et jamais il ne donne un détail saisissant. Quand il cite un fait d’elle, la charité ou le respect l’empêchent d’en chercher les mobiles; il néglige d’en suivre les conséquences. Il ne nous offrira donc presque rien qui puisse servir de point de départ à une étude psychologique.
Nous n’avons guère pour nous guider que la ressemblance physique qu’on peut remarquer entre eux dans le tableau de F. de Cayes. Nous savons que les personnages ont été peints d’après des portraits de famille confiés au peintre. Cette ressemblance est réelle. C’est le même profil ingénu et fin, la même bouche ferme, le même front haut et surtout ce regard de Louis, regard difficile à oublier parce qu’il regarde sans voir. Non pas qu’il soit rêveur, il est au contraire très actif et considère quelque chose avec une attention intense, mais ce quelque chose est au dedans, non au dehors. Que conclure de ce portrait? La douceur dans la persévérance, la grande pureté et la délicatesse de l’âme. Le bon Père Cepari, cet historien de saint Louis, dont nous parlions plus haut, nous dira seulement d’elle, qu’en se mariant, elle résolut de se livrer à la dévotion. Il semble qu’il se détache de toute sa vie quelque chose de paisible, de sereinement abandonné à la Providence qui contraste avec les mouvements passionnés de son mari.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Non que celui-ci ne fût un homme religieux. Les rapports qui sont insérés au procès de canonisation nous le montrent souvent repentant, se confessant et communiant fréquemment ; mais il était irritable, violent et joueur, passion dont il parvint à se corriger seulement à la fin de sa vie, après la mort de son fils et grâce aux prières de celui-ci. Il était cousin au troisième degré du duc souverain de Mantoue, lui-même prince du Saint-Empire et marquis, presque souverain, de Castiglione. Donna Marta était la fille d’un assez grand seigneur piémontais, Ballhazar Tani, qui comptait dans ses alliances des personnages illustres.
Elle était demoiselle d’honneur de la reine Isabelle de Valois, fille de notre Henri II et femme de Philippe II, roi d’Espagne. Ferdinand de Gonzague avait été envoyé, pour je ne sais quelle mission, à la cour d’Espagne. Frappé des qualités de donna Marta, il l'a demanda en mariage au roi et à la reine qui consentirent. Les fiançailles, puis le mariage se firent, après qu’ayant communié ensemble, ils eurent gagné une double indulgence plénière. Ils ne tardèrent pas à revenir en Italie, où leur vie allait se passer désormais. La marquise désirait avoir un fils qui se consacrât à la vie religieuse. Elle n’avait pu prévoir que ce dût être l’aîné. Celui-ci était, d’après les constitutions impériales, prince du Saint-Empire, l’héritier présomptif, presque obligatoire, du marquisat, auquel l’extinction de deux autres branches de Gonzague devait ajouter des biens considérables. Louis, cet aîné, entra douloureusement dans ce monde : on dut le baptiser en hâte et pendant plusieurs heures on pleura sa mort. Il n’en devint pas moins vigoureux. La prédiction que la duchesse de Mantoue avait faite à donna Marta, dès la naissance de l’enfant : « Celui-ci sera un grand saint, » cette prédiction ne paraissait pas devoir se réaliser : Louis semblait plutôt vouloir être un grand capitaine.
Les démons se joignirent à la duchesse, .pour confirmer la prophétie. Des possédés qu’on exorcisait dans l’église Sainte-Marie de Castiglione, crièrent en montrant l’enfant : « Voyez- vous celui-là, il ira au ciel et sera comblé de gloire! » Le marquis de Castiglione, homme vaillant et bon capitaine, voyant dans Louis l’homme chargé de défendre son domaine et ses sujets, chercha à développer en lui l’amour des armes. Donna Marta l’avait voué à la sainte Vierge dès sa naissance. La lutte s’établit entre ces deux directions.
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Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Pendant les quatre premières années de Louis, son âme fut complètement abandonnée aux soins de sa mère. Elle donna à cette âme une culture forte et féconde. Le Seigneur Jésus avait fourni le terrain et semé les graines de la sainteté, donna Marta dirigea sur elles les rayons de l’amour divin. Elle lui fit aimer la prière et les pauvres. Un nuage presque diaphane, mais que l’esprit délicat du saint n’oublia jamais, couvrit, un instant, l’éclat de cette aurore angélique. Son père, qui voulait en faire un grand capitaine, l'emmena dès l’âge de quatre ans au milieu de ses soldats. Là, l’enfant prit grand goût pour les exercices guerriers, l’influence du sang paternel l’emporta. Il commit alors cette faute, la seule qu’il ait à se reprocher pendant tout le cours de sa vie, faute si légère, d’ailleurs, qu’il fut seul à la considérer comme criminelle, et qui, en effet, fut tout au plus un manque de politesse. Il apprit des soldats avec lesquels il vivait et qui l’aimaient, quelques mots grossiers dont il ne comprenaient pas le sens — il avait à peine six ans. Dès que son gouverneur lui en eut signalé l’inconvenance, il ne les redit plus. Cette légèreté, il la pleura comme un crime. Félix culpa, disent les plus austères de ses biographes, puisque, n’ayant rien de criminel en un enfant si jeune, elle servit de point de départ à cette pénitence héroïque, de cause à cette vigilance inouïe, d’aide à cette pureté idéale dont il est resté le modèle.
Quand il revint de ses exercices militaires, vers l’âge de six ans, la marquise sentit qu’une minime partie de l’âme de son enfant avait échappé, non à Dieu, mais à elle-même. Elle la reconquit tout entière et le Seigneur commença à l’élever dans les hauteurs du Ciel. Nous n’avons pas à raconter ici les merveilles de cette volonté enfantine qui ensevelit son être tout entier, dans toutes les vertus, dans la prière, dans l’amour divin, dans la pénitence. Pénitence ! c’est un mot qui semble illogique en un enfant si pur, qui n’avait commis nulle faute, qui n’en commit jamais et qui pourtant, jusqu’à la fin de sa vie, redoubla ses macérations comme s il eût eu à expier tous les crimes de la terre. C’est, qu’en effet, il savait qu’il devait essayer d’expier les crimes commis par tous les hommes. Cette conséquence logique de l’amour envers Dieu, ce résultat exquis de l’amour fraternel envers l’homme, nous avons essayé de les expliquer au début de cet ouvrage ; il nous faut rappeler, en outre, ce que saint Jérôme a dit : « Dieu vous demande de châtier votre corps, non parce qu’il le hait, mais parce que c’est le seul moyen de faire votre salut. » Nous donnons ainsi à l’âme sa puissance sur le corps et non seulement sur notre corps, mais sur les autres êtres, sur la nature, et si on peut le dire, jusque sur Dieu même : sur Dieu, dont on nous enseigne qu’il souffre violence par la prière ; sur la nature par les miracles ; sur les hommes par l’apostolat.
Don Ferdinand revint à Castiglione. Il avait été deux ans sans voir Louis. L’enfant avait un peu plus de sept ans. Son père le trouva grave et sage. Il fut ravi, pronostiquant qu’il pousserait au plus, haut point la fortune de sa maison et que ses sujets trouveraient en lui le maître bien veillant et ferme, l’idéal des princes chrétiens. Louis avait entrevu une vie toute différente de cette existence glorieuse. Mais tout en augmentant son trésor des vertus naturelles et chrétiennes, il mûrissait lentement un projet, encore vague dans son jeune esprit. Il commença par vouer sa virginité à la sainte Vierge. Plus tard, il ouvrit un coin de sa pensée : « Madame ma mère, dit-il un jour, vous avez manifesté le désir d’avoir un fils religieux, je crois bien que Dieu vous en fera la grâce. » Bientôt, il ajouta : « Je crois que ce sera moi. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Louis était si jeune que donna Marta n’attacha pas une grande importance à ces paroles. Elle était heureuse de le voir pieux, fervent même. Nous devons supposer qu’elle ignorait jusqu’à quel point il poussait ses austérités. Les devoirs du rang, les habitudes des familles princières empêchaient, entre la mère et les enfants, cette intimité de tous les instants qui est la loi du foyer domestique en notre société bourgeoise. La marquise de Gonzague ne sut pas que ces austérités portaient une atteinte irrémédiable à la santé de l’enfant., Elle le vit partir pour Florence avec chagrin. Il allait, sous le patronage du grand-duc de Toscane, apprendre le beau langage toscan et perfectionner ses études classiques. Son chagrin fut adouci par la certitude que son fils pouvait, sans danger pour sa piété, jouir d’une liberté plus grande et d’une fréquentation presque nécessaire avec la cour et les courtisans.
Nous la voyons en correspondance avec lui. Voici comme, à l’âge de dix ans, il écrivait à don Ferdinand : « Monseigneur et père, la lettre de Votre Seigneurie Illustrissime du 6 de ce mois nous a attristés, parce que vous disiez avoir souffert les douleurs de la goutte accompagnées d’un peu de fièvre. Une autre de ma dame notre mère nous a consolés en nous faisant savoir que vous êtes complètement guéri. Grâces en soient rendues à la Majesté divine!... Nous continuons nos exercices de piété et nos études. Nous nous portons bien. Rien autre chose, si ce n’est que nous vous baisons les mains ainsi qu’à madame notre mère. » Quand il eut douze ans, la maladie le força de revenir à Castiglione. Les soins de sa mère le guérirent. Nous le voyons avec elle visiter quelques cours d’Italie, rencontrer saint Charles Borromée, courir quelques dangers qui mettent en émoi le cœur de sa mère.
Louis lui ouvrit alors son âme. Elle eut ces confidences graves et naïves du cœur d’un saint de quatorze ans, qui semble être la plus exquise merveille que l’imagination puisse rêver. Elle était heureuse de le voir causer des choses de Dieu avec les plus austères religieux, qui admiraient les lumières célestes dont ce jeune esprit était illuminé. Nous ne croyons pas qu’il lui confiât encore le secret de ses pénitences corporelles. Elle les découvrit et un jour on lui apporta une discipline tachée de sang qu’on avait trouvée dans le lit de Louis. « Cet enfant veut donc se tuer! » s’écria don Ferdinand qui était présent. Qu’en fut-il de cette découverte ? le bon Père Cepari ne nous le dit pas et rien ne nous fait supposer que le père et la mère interposèrent leur autorité pour faire cesser ces macérations. C’était chose grave alors que de chercher à refroidir la piété des enfants, et Louis avait de si bonnes raisons à donner pour expliquer ses austérités que, plus tard, il fit céder, sur ce chapitre, même la sévère prudence de là Compagnie de Jésus.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Les confidences que Louis faisait à sa mère déchirèrent peu à peu le voile qui couvrait sa vocation. Il lui dit d’abord qu’il était décidé à céder son droit d’aînesse à son frère Rodolphe. Puis il lui parlait du bonheur de la vie religieuse. « Il ne comprenait pas que tout le monde ne se fît pas religieux. » Mais quel Ordre choisir? Son amour des pénitences corporelles le portait à choisir l’Ordre de Saint-François. Donna Marta lui fit observer qu’avec sa complexion délicate, il ne devait pas penser à un Ordre aussi sévère, qui mettrait sa vie en péril. Il comprit la sagesse de cette observation et son hésitation redoubla. Enfin, le jour de l’Assomption 1553 — il avait alors quinze ans et demi — il vint trouver sa mère et lui annonça que le matin, après sa communion, il avait entendu une voix claire et distincte lui ordonnant d’entrer dans la Compagnie de Jésus.
La pieuse mère ne fit aucune objection. Elle aimait cet ordre. L’amour maternel, préoccupé de la santé de l’enfant, lui fit entrevoir l’évolution que saint Ignace avait inaugurée. Le Barbare était dompté, le rhéteur allait dominer le monde. C’était l’orgueil, non plus la brutalité qui devenait le danger pour la société. La Renaissance, avec son instinct de révolte, allait remplacer le Moyen Age et ses instincts farouches. Le monde moderne demandait moins de macérations physiques, plus de macérations morales ; et saint Ignace avait vu qu’il fallait dompter l’âme directement, non par l’anéantissement du corps, mais par l’abandon le plus absolu de la volonté.
Donna Marta aimait donc cet Ordre qui ne s’enivre pas des pénitences corporelles. Elle paraît avoir été heureuse de la vocation de son fils, mais l’angoisse ne tarda pas à venir. La lutte va s’établir entre l’impérieuse volonté du père et la douce persévérance du fils. Celui-ci savait bien que le prince mettrait une opposition absolue à cette vocation. Son fils aîné, investi légalement de son héritage, celui sur lequel il avait compté, avons-nous dit, pour la fortune de sa maison comme pour le bonheur de ses sujets, abandonner le poste où Dieu l’avait mis ! Cela paraissait impossible. La parfaite confiance en Dieu diminuait, pour Louis, l'appréhension de cette lutte contre les volontés d’un père respecté, aimé et aimant; mais il y réfléchissait sans cesse. Un jour il trouva une pierre, sur laquelle il vit gravés les signes de la Passion : « Voyez, madame, dit-il à sa mère, ce que Dieu m’a fait trouver; et dire que monsieur mon père ne veut pas que je me fasse religieux ! » Il fallut pourtant se décider à parler. Donna Marta pensa qu’elle devait avertir son mari et plaider la cause de Louis. Celui-ci vint à son tour. Le Père Cepari nous raconte la fureur du prince. Il menaça Louis de le faire fouetter et le renvoya hors de sa présence.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Pendant un an la situation ne changea guère. L’âme de donna Marta était balancée entre l’amour pour l’enfant et le respect pour le mari, entre sa piété qui donnait raison à Louis et le devoir conjugal qui ne lui permettait pas de, l’encourager directement. Elle voyait le pauvre enfant redoubler de prières et d’austérités, et d’autre part son mari, tantôt furieux, tantôt désolé, appuyer son refus sur mille raisons des plus fortes. Comme il arrive toujours, l’obstination douce, pieuse et respectueuse l’emporta. Donna Marta fit céder don Ferdinand sur le principe même. Il accepta que Louis transmît ses droits à son frère Rodolphe. Comme il fallait l’autorisation de l’Empereur, c’était du temps gagné. Don Ferdinand accepta ensuite l’idée que son fils quittât le monde, mais au bout de deux ans seulement, pour entrer dans le clergé séculier, qui lui permettrait d’arriver au cardinalat, peut-être à la Papauté. Il accepta ensuite l’entrée dans un Ordre religieux qui ne barrerait pas la route des honneurs ! Mais quant il entendit parler de la Compagnie de Jésus, un Ordre qui refuse toute dignité ecclésiastique, il redevint plus furieux que jamais et reprit toutes ses concessions. Il s’adoucit de nouveau et fit succéder les paroles attendrissantes aux élans de colère.
La conscience chrétienne lui reprochait cette rigueur que l’orgueil lui dictait. Louis tenait bon. Laissons la parole au Père Cepari. « Le marquis craignait d’offenser Dieu, et tout ensemble il ne pouvait se résoudre à perdre son enfant bien-aimé. Craignant d’avoir trop contristé Louis, il fait entrer le gouverneur du château qui atten dait dans l’antichambre, et le prie d’aller voir ce que faisait son fils. Le gouverneur trouve, à la porte du Bienheureux, un serviteur qui l’avertit que celui-ci s’est enfermé et a défendu qu’on le troublât. Mais l’envoyé du marquis, fort de l’ordre qu’il avait reçu, vient à la porte, y pratique une ouverture avec sa dague et voit Louis, dépouillé jusqu’à la ceinture, agenouillé devant le crucifix, pleurant, se frappant avec violence. » Ému de pitié à un tel spectacle, il revient, les larmes aux yeux, auprès du marquis et lui dit : « Monseigneur, si Votre Excellence voyait ce que » fait le seigneur Louis, certainement il n’essayerait plus de l’empêcher d’entrer en religion.» Don Ferdinand lui demandant ce qu’il avait vu et pourquoi il pleurait : « Monseigneur, » ajouta le gouverneur, «j’ai vu votre fils en tel état qu’il » n’est personne qui, à un pareil spectacle, puisse » retenir ses larmes ». » C’en était trop ; il dut céder aux instances de son enfant. »
Donna Marta perdit son mari quelques mois après l’entrée de son fils dans la Compagnie. Nous avons la lettre qu’il écrivit alors et où il s’efforçait de cacher l’amour qu’il avait eu pour ce père si aimant malgré sa sévérité. « Je rends grâces à Dieu de ce que je puis dire plus libre ment aujourd’hui: Pater noster qui es in cœlis. » Elle devait revoir son fils près d’elle à Castiglione. Une querelle s’était élevée entre son fils Rodolphe actuellement marquis de Castiglione, et le duc de Mantoue. L’Empereur avait donné raison à Rodolphe, la colère du duc s’en était accrue. On pensa que Louis seul pourrait rétablir la paix entre les deux parents, l’un et l’autre exaspérés. Il fut donc envoyé par ses supérieurs à Mantoue, puis à Castiglione. Je voudrais pouvoir m’étendre sur ce voyage, sur le bonheur de la mère, les belles prières qu’elle fit en compagnie de son fils, la vénération de tous pour le pauvre qui arrivait. Il y a mille traits touchants de l’amour des anciens sujets de Louis, des efforts maternels pour remonter sa garde-robe presque déguenillée, l'intervention à la fois respectueuse et roide du frère lai sous la direction duquel on avait placé l’ex-prince du Saint-Empire. Il réussit dans son voyage, réconcilia les deux seigneurs.
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Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Je voudrais surtout, si ce n’était hors de notre sujet, raconter cette mort de Louis, qui embaume l’âme. Au moins, donna Marta reçut-elle toutes les consolations que Dieu peut donner aux mères qui perdent leur enfant : « Madame, lui écrivait le général de la Compagnie, Votre Excellence a désormais un cher et fidèle intercesseur dans le Ciel où cette âme bénie, on peut le croire, est déjà entrée ». Plusieurs cardinaux lui envoyèrent également des consolations qui ressemblent à des félicitations plus qu’à des condoléances. Elles peuvent se résumer en cette phrasé du cardinal de la Rovère : « Consolez-vous, madame, persuadée qu’il intercède pour vous auprès de Dieu, pour maintenir la paix entre ses frères, et la félicité de sa maison. »
La famille du saint, donna Marta particulière ment, avait grand besoin de ses prières. Deux ans après la mort de Louis, en 1563, cette branche de la maison de Gonzague était en grand péril. Une partie de ses sujets s’étaient révoltés et la fortune de François, qui venait de succéder à Rodolphe, était tellement éclipsée que la bonne dame, déjà frappée par la mort de son mari et de deux de ses fils, tomba malade : « En peu de jours elle fut réduite à l’extrémité ». Elle reçut le viatique et l’extrême-onction. On la croyait morte. Dieu voulut la récompenser, dès cette terre, de la foi qu’elle avait montrée en favorisant la vocation de son fils. Au moment où elle allait rendre l’âme, elle le vit auprès de son lit. Il était vêtu de lumière. Que lui dit-il ? Elle comprit que non seulement elle allait recouvrer la santé, mais quelle vivrait de longues années, assez longtemps pour voir la gloire de sa maison plus haut qu’elle n’avait jamais été.
Elle survécut en effet de vingt-deux ans à son fils Louis. Elle vit son culte glorifié par les hommes qui lui demandaient des miracles, approuvé par le Seigneur qui les accorda magnifiquement. Elle put voir aussi son fils François devenir un des grands personnages du Saint-Empire. « C’est votre frère, lui dit le pape Clément VIII, qui vous a sauvé de tant de périls! » Enfin, quand vint la mort, la pieuse dame pressa sur son sein les reliques teintes du sang de l’enfant béni et elle murmura, dans ses dernières paroles, la promesse divine : Generatio rectorum benedicetur.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ VII. — La Mère de saint François de Girolamo S. J. (1642-1718). — Nous n’avons qu’un trait d’elle. Elle se nommait Gentilesca Gravina. Elle avait épousé un honnête bourgeois des environs d’Otrante, Léonard de Girolamo. Ils avaient onze enfants ; ils étaient obligés à une économie sévère et il ne fallait pas prodiguer le pain. Aussi la voyons-nous gronder fortement le petit François qui, passionné pour l’aumône, ramassait dans la maison tout le pain qu’il pouvait trouver et le donnait aux pauvres.
Un jour qu’elle le rencontra avec sa petite provision, elle lui reprocha de dépouiller ses frères et ses sœurs forcés de ne pas toujours manger à leur faim, pour nourrir des étrangers. « Eh ! ma mère, répondit l’enfant, que me dites- vous ? Ce n’est pas l’aumône qui ruinera votre maison; voyez plutôt s’il manque du pain? » La mère courut à l’armoire. Elle vit qu’il ne manquait pas un seul morceau de pain. Elle fondit en larmes, vint embrasser tendrement son fils et lui dit de faire désormais l’aumône autant qu’il voudrait. Les biographes de saint François nous indiquent qu’en effet sa mère était une femme sage, prudente, mais surtout pieuse, et craignant Dieu.
Quant à saint François, si célèbre par le nombre considérable de conversions qu’il opéra en Italie, dans le royaume de Naples particulièrement, il entra dans la Compagnie de Jésus et nous le rencontrerons auprès de la mère du grand saint Alphonse de Liguori.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ VIII. — La Mère du Bienheureux François de Posadas, de V Ordre de Saint-Dominique (1644-1702). — Les saints sont non seulement les héros, mais les grands éducateurs de l’humanité, aussi Dieu les choisit-il selon les besoins sociaux de chacune des époques où ils naissent. Il leur donne les vertus qui manquent le plus au siècle où ils paraissent et qui sont le plus nécessaires à l’organisation sociale qui se prépare.
Pendant les premiers âges du catholicisme, quand l’ignorance est le plus grand ennemi de la vérité, les saints sont de puissants génies, des intelligences supérieures, des hommes d’un talent exceptionnel. Quand arrive le Moyen Age, pendant le règne de l’aristocratie, quand le grand ennemi est l’orgueil, la cruauté, la chaleur du sang; à la Renaissance, quand la sensualité domine ; les saints sortent des hautes classes sociales, parce que l’exemple de l’humilité, les modèles de pénitence n’auraient pas le même effet frappant et contagieux s’ils venaient des serfs, des nécessiteux, des méprisés.
Au siècle, XVIIIe au contraire, nous sommes frappés de la quantité de saints sortant des basses classes. C’est que le Seigneur voulait instruire, encourager à la vertu, relever aux yeux de tous, pousser au respect de soi la démocratie qui va devenir triomphante et classe gouvernante.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
La mère du Bienheureux François, Maria Fernandez y Posadas, était sans doute d’une vieille famille castillane, mais tombée en un tel état de pauvreté qu’elle avait été forcée d’être revendeuse, marchande, comme on dit en France, des quatre-saisons, promenant sur une brouette des fruits et des légumes.
Nous voyons en elle un de ces types de la vieille énergie espagnole, dont la marque la plus touchante fut le profond et instinctif respect qu’elle sut inspirer à son fils. Elle avait perdu tous ses enfants, lorsqu’elle sentit qu’elle allait devenir encore une fois mère. Outre l’amour très tendre qu’elle avait pour la sainte Vierge, elle avait un culte ardent pour saint Dominique. Elle alla donc dans une des églises de Gordoue, à l’abbaye royale de Saint-Paul, et là, s’agenouillant dans une chapelle de Notre-Dame du Rosaire, elle dit : « Ma mère et ma souveraine, ayez pour agréable que l’enfant qui viendra soit à vous, et à vous également, saint Dominique, car je veux employer tous mes soins pour qu’il entre dans votre Ordre et qu’il célèbre sa première messe à votre autel de la Fontaine-Sainte. » C’était le nom d’une chapelle élevée par les Frères Prêcheurs près de Cordoue.
Nous ne dirons pas les merveilles qui signalèrent sa naissance. Maria Fernandez se rappela son vœu. Dès qu’elle le put, elle retourna à la chapelle du Rosaire, et, posant l’enfant aux pieds de la sainte Vierge : « Voilà votre fils, dit-elle, il n’est plus à moi. » Mais elle ne négligea pour tant pas ses devoirs de mère chrétienne. Si elle peut admirer les marques miraculeusement précoces que l’enfant donnait de sa charité, de sa ferveur, de son intelligence des choses divines, elle l’encourage, récite avec lui le rosaire, dès l’âge le plus tendre; l’écoute prêchant, avant d’être arrivé à l’âge de sept ans, avec une ingénieuse profondeur, à ses compagnons de jeux dont il a fait des compagnons de piété. Que d’actions de grâces n’eut-elle pas à rendre à la sainte Vierge, à saint Dominique qui le sauvèrent par des miracles évidents au milieu de divers dangers que l’enfant courut!
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Son mari mourut. Nous ignorons quelles rai sons l’engagèrent à se remarier. L’Eglise ne blâme pas absolument les secondes noces, elle les conseille parfois. Nous devons supposer que Maria Fernandez eut de sages raisons pour se déterminer. Le respect du fils, en effet, ne subit pas la moindre atteinte. Il comprit peut-être que la Providence lui ménageait ainsi l’occasion de; fortifier son âme, d’affermir sa vocation et de s’instruire en patience et en docilité. Son beau-père, obéissant à des considérations que le biographe du Bienheureux qualifie d’étranges, voulut réprimer en lui les élans de la haute intelligence qu’il montrait. Il refusa de lui laisser donner de l’instruction et l’envoya chez un maître ouvrier. Celui-ci, au désespoir de Maria Fernandez, battait l’enfant, qui se consolait dans la patience, dans la prière, dans l’amour de ses deux mères.
En vain les plus vénérables personnes de la ville, en vain Maria Fernandez intercédèrent- elles auprès de « cet homme étrange ». Pour éviter désormais toute sollicitation, il chassa l’enfant ou plutôt le jeune homme, car François atteignait ses dix-sept ans. Il fut recueilli par un religieux du couvent de. Saint-Paul, qui lui offrit asile dans sa cellule. Il se mit à l’étude. Il ignorait tout ce qui n’était pas l’amour de Dieu, de la Vierge et de sa mère. Mais le Seigneur, qui le destinait à mériter cette louange que toute l’Espagne lui décerna : « C’est un autre Vincent Ferrier, c’est un autre Chrysostome, » le Seigneur lui avait donné le goût et la facilité de l’étude. En peu de temps, il apprit la grammaire, le latin, et dépassa ceux de ses condisciples qui avaient commencé leur instruction dès l’enfance.
Il put bientôt revenir auprès de sa mère, devenue une seconde fois veuve. Nous avons les témoignages les plus touchants et les plus naïfs de son amour filial. « Mon fils est un saint, disait Maria Fernandez, il me lave les pieds et il les baise, il fait mon lit et m’obéit en tout. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Plus tard le Bienheureux convertit des villes et des provinces ; il a semé ses miracles par toute l’Espagne, donné les preuves les plus continuelles et les plus incontestables du don de prophétie.- Alors encore, quand on ne parlait partout que de cette « éloquence divine » créant ces merveilleux entraînements qui remuent des nations entières et qui jetait en effet des milliers d’hommes dans la pénitence, il dira : « Si Dieu use de miséricorde envers moi, c’est à cause de la bonne volonté avec laquelle j’ai toujours obéi à ma mère ».
Cette obéissance faillit pourtant lui désoler le cœur. Maria Fernandez voulait qu’il entrât dans le couvent de Saint-Paul : le Bienheureux ne résista pas. Il alla encore une fois s’agenouiller dans cette chapelle du Rosaire où il avait été consacré à Marie. Il resta là longtemps et quand il revint, sa mère vit qu’il avait pleuré. Elle lui demanda la cause de son chagrin. « Oui, ma chère mère, j’ai pleuré et je crains bien de pleurer toute ma vie, parce que je désire être le fils de Saint-Dominique et que vous m’obligez à entrer dans une autre religion. » Maria Fernandez, touchée, lui permit de suivre sa vocation. Il entra donc dans l’ordre des Frères Prêcheurs et put dire sa première messe à Notre-Dame de la Fontaine-Sainte, ainsi que sa mère l’avait promis.
Comme celle-ci avait été punie de son second mariage par les douleurs de son fils, elle fut ici encore punie et toujours par les épreuves de son fils, des empêchements qu’elle avait mis à sa vocation. Le prieur de Saint-Paul, irrité contre François qui avait ainsi manqué à l’engagement pris envers son couvent, lui fit dé fendre d’entrer dans Cordoue, même pour voir sa mère.
Le religieux ne persista pas dans cette indignation. Il devint un des grands admirateurs de notre saint et, un jour, après l’avoir entendu prêcher, il s’avança vers lui, lui baisa humble ment la main et l’embrassa avec une grande affection. Le Bienheureux François conserva jusqu’à la fin de sa vie cette belle efflorescence de l’amour filial. Il refusa tout honneur, aussi bien les charges de son Ordre que les plus hautes dignités de l’Église. Et quand il se fut excusé également d’obéir aux ordres du roi qui le voulait pour confesseur, il dévoila le fond de son cœur : « Je n’attribue ces honneurs qu’à Dieu qui a ainsi voulu, sans doute, récompenser l’ardent désir que j’ai toujours eu d’honorer ma mère. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ IX. — La Mère de sainte Véronique Giuliani, (1660-1727). — C’était une honnête bourgeoise d’une petite ville de l’État Pontifical, Mercatello. Elle se nommait Benedetta Mancini. Elle représente, dans cette légende dorée, l’état contemplatif, si l’on peut dire, de la maternité chrétienne. Non qu’elle n’aidât de son mieux, nous le verrons, le développement des dons divins. Mais ces dons furent si merveilleux, la piété, la sainteté même de Véronique furent si miraculeusement précoces que sa mère dut surtout ad mirer la précocité de ces effets d’une grâce si rare.
Pour nous-même, — bien que ces effets aient été constatés de façon à satisfaire la critique historique, — ces pieuses intuitions d’un enfant au berceau restent stupéfiantes. Benedetta put s’étonner de voir que la petite Véronique refusait le vendredi de prendre le sein maternel. Mais elle dut y attacher une importance particulière quand elle vit le refus se renouveler régulièrement chaque vendredi et sur tout quand elle constata que l’enfant, dans l’élan d’une charité instinctive, souriait avec une joie évidente et sans cesse renouvelée, en voyant sa mère donner aux orphelins le lait qu’elle refusait de prendre.
Elle n’eut plus de doute sur les dons précieux dont le Seigneur enrichissait cette âme pieuse ment active à l’âge où elle sommeille encore dans les autres enfants : elle l’entendit, à l’âge de treize mois, dire énergiquement à un marchand qui volait : « Soyez juste, Dieu vous voit! » Ses biographes nous racontent les merveilles de sa dévotion à la sainte Vierge et au Seigneur Jésus, à l’âge de trois ans. Sa mère et ses sœurs la guettaient, sans qu’elle pût s’en douter. On l’entendait parler à une statue de Marie portant l’enfant Dieu, et parler avec une tendresse et une familiarité ravissantes.
Le miracle, qui était en elle, parlait en un langage d’enfant mais il disait et faisait des choses suprahumaines; la fillette faisait comprendre que la musique qui chantait en elle était céleste, mais elle murmurait ces paroles et cette musique avec l'instrument naïf et restreint de sa troisième année. Elle mettait les fruits de son jardin sur son petit autel et demandait à l’enfant Jésus de partager avec elle. Puis, son âme se développant à la flamme de l’adoration intérieure, la fillette disait : « Seigneur, vous voyez que je vous aime, enseignez-moi ce que je dois faire pour vous plaire. » Et la mère et les sœurs entendaient la voix de l’enfant Dieu répondant : « Garde-moi ton amour, qu’il soit tout à moi. » D’autres fois, la Sainte Vierge prenait la parole : « Ma fille, mon fils t’aime, tu seras son épouse ». D’autres fois encore, le Seigneur Jésus, voyant son gentil amour pour les fleurs, lui murmurait : « Aime-moi ; c’est moi qui suis la fleur des champs divins ».
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Par ces conversations entre l’enfant et les puissances divines, Dieu prouvait aux hommes de bonne foi le caractère céleste de l’âme qui mettait de si étonnantes choses sur des lèvres qui balbutiaient encore. La pieuse mère ne jouit pas longtemps du spectacle de cette âme bénie entre toutes.
Elle mourut quand sa fille n’avait encore que quatre ans. Mais Dieu voulut que nous pussions deviner la part que ses vertus et sa piété avaient eue à la formation de cette âme caressée par les plus rares prévenances de la bonté du Christ. Benedetta illumina toute sa vie par l’acte pieux qui la termine. Elle fît venir ses cinq filles à son lit de mort, et elle leur dit : « Je vais faire cadeau à chacune de vous de l’une des cinq plaies de Notre-Seigneur. Toi Véronique, tu auras à honorer la plaie du côté, celle qui est la plus proche de ce cœur qui a aimé l’humanité comme un Dieu seul la pouvait aimer. » On apporta ensuite à la mourante le viatique ; l’enfant voulait partager avec sa mère la divine nourriture.
Une idée supérieure passa à travers les brumes de ce jeune cerveau et lui laissait espérer qu’elle garderait sa mère auprès d’elle, en partageant avec elle ce festin de l’immortalité. Puis elle se pencha sur les lèvres de la mourante, et quand on lui demanda pourquoi elle ne pouvait s’en détacher, elle murmura : « C’est que j’y sens l’odeur du ciel! »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
L’enfant promit qu’il n’oublierait jamais ces paroles et désormais, il n’appela plus la sainte Vierge que Mère et Dame, Dès l’âge de sept ans, il voulut célébrer les vigiles des fêtes de cette mère en jeûnant au pain et à l’eau. Il pensait sans cesse à elle. Sa mère lui avait dit encore : « Ne crains jamais rien. Quand tu verras venir les orages murmure avec tendresse : « Vierge Marie, venez » me secourir; » et elle te sauvera. » Elle le protégeait toujours, en effet.
Un jour on vint annoncer à Marzia que son fils était sans doute mort. Il était monté avec ses petits compagnons en haut d’un grand arbre. La branche sur laquelle ils s’étaient assis s’était rompue. Tous les enfants étaient tombés sur des tas de grosses pierres et le bruit courait qu’ils étaient tous tués. On devine l’angoisse de la pauvre mère. Elle accourut. Les pauvres enfants étaient, en effet, étendus sanglants sur les pierres. Seul Crispino était debout sans aucune blessure, sans même de contusions. Sa mère le saisit et lui, en la couvrant de caresses, lui dit tout bas : « C’est que, selon votre conseil, tandis que je tombais, j’ai invoqué ma Dame ».
Une autre fois, un cheval furieux traversait les rues de la ville. Le petit garçon rencontra sur son chemin l’animal qui le jeta à terre et le piétina. Les passants épouvantés accoururent, s’attendant à le trouver sans vie. Il était déjà relevé et n’avait aucun mal. Il se précipita vers sa maison, et sauta au cou de sa mère en lui disant : « C’est que j’ai encore invoqué la sainte Vierge ».
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
Marzia obtenait toute sagesse en lui parlant de cette Mère, et le plus grand bonheur qu’elle pût rêver pour lui, c’était de lui promettre de le mener au couvent de Sainte-Rose, en laquelle il aimait une fille chérie de sa Dame. Pendant que Marzia entrait au couvent, où les religieuses lui donnaient leur linge à raccommoder et à blanchir, Crispino entrait dans l’église. Bien souvent sa mère, en revenant le prendre, le trouvait comme en extase devant le corps de la sainte.
Après avoir fait quelques études au collège des Jésuites, il entra comme apprenti chez un de ses oncles qui était cordonnier. Mais il se sentait appelé vers une humilité plus grande et, bien que le menu argent qu’on lui donnait il le dépensât à acheter des fleurs pour sa Dame, il voulait une existence qui le distrayait moins de l’objet de son culte.
Il annonça donc à sa mère qu’il voulait entrer dans un couvent de l’Ordre de Saint-François. Pour pieuse qu’elle fût, la pensée de perdre ce fils si tendre pour elle, si excellent, si honoré de tous, la troubla. Elle se mit à pleurer. « Pourquoi pleurez-vous, ma chère mère ? Ne m’avez-vous pas donné à la très sainte Vierge dès l’âge de cinq ans ? Pourquoi reprendre ce que vous lui avez offert? Vous n’avez fait aucune réserve, je ne m’appartiens donc plus. »
Marzia le comprit ; ce n’était pas pour le monde qu' elle avait poussé cette âme à ce haut degré de perfection quelle constatait dans son fils. Elle donna son consentement avec un abandon complet à la volonté divine, et, dès ce monde, elle fut récompensée, en voyant de quels privilèges cette volonté divine récompensait l’humilité de son fils.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ XI. —La Mère de saint Paul de la Croix, fondateur de la Congrégation des Passionnistes (1694-1775). — La chronique historique de la miséricorde divine est admirable. Elle est encore à écrire, et nous espérons qu’elle tentera un jour un grand historien. La bonté comme la puissance, et, si je puis dire, la finesse de la Providence y paraîtront avec une clarté saisissante. Elle paraît se résumer en ceci : Dieu ne veut pas empêcher la liberté humaine de choisir le mal, ni le mal de produire ses effets logiques ; l’arche où II a renfermé la société chrétienne, et qui navigue péniblement au milieu du déluge des vices et des plaisirs, reçoit parfois quelques atteintes; voici une fissure, une voie d’eau, une brèche au flanc du navire. Dieu bouche la fissure avec un miracle, aveugle cette voie d’eau avec un amas de merveilles, et place un saint à cette brèche.
En l’an 1694 Voltaire vint au monde. C’est lui, le plus puissant propagateur de scepticisme qui ait existé, le père nourricier de l’esprit révolutionnaire, et, ainsi, la plus active cause de tous les maux que la vérité comme la morale ont eu à souffrir durant un siècle et demi, c’est lui, disons- nous, qui se présente comme l’adversaire déter miné du Dieu crucifié.
En cette même année 1694 naissait un pauvre, destiné à défendre, à aimer, à faire aimer la Croix avec une passion qui nous passionne à notre tour. Cent cinquante ans se passent. Voyons où en est le combat entre Voltaire et le pauvre? La puissance de l’ennemi du Crucifié décline, elle ne sera bientôt plus qu’un souvenir historique, et le mal qu’il aura fait sera réparé. La puissance apostolique de l’amant de la Croix dure, elle se développe, et elle sera un des plus actifs éléments de la conversion de la race anglo-saxonne à la vérité.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Notre saint eut pour père un homme peu fortuné, Luc Darei, dont la famille avait connu de meilleurs jours. Sa mère, Anne-Marie Massari, avait reçu la bénédiction prédite par les les Spaumes : Filii lui sicut novellæ ol'wavum in circaita mensæ tuæ. Elle avait seize enfants. Ils habitaient alors la république de Gênes. Ils ne tardèrent pas à regagner le lieu d’origine de la famille Darei, le Montferrat.
L'amour du saint pour Jésus crucifié lui vint par héritage, et par héritage maternel. Quand tout enfant il pleurait, Anne-Marie lui mettait un crucifix entre ses petites mains : « Regarde, mon fils, comme Jésus a souffert ! » L’enfant cessait immédiatement de pleurer et regardait fixement ce que nous voudrions pouvoir appeler ce céleste hochet. Dès qu’il sut parler, elle lui apprit à réciter le rosaire.
Elle mit Paul et son frère Jean-Baptiste, qui devait devenir le fidèle Compagnon de son apostolat, sous la protection spéciale de la sainte Vierge. Notre-Dame, voulant récompenser cette pieuse et laborieuse mère, lui montra quelle acceptait le patronage. Paul et Jean Baptiste tombent un jour dans le Tanaro; on les croyait noyés, lorsqu’on les vit sortir, sans effort, des eaux du fleuve. Quand leur mère leur demanda comment cela s’était fait ils lui répondirent qu’une très belle dame (que personne autre qu’eux n’avait vue) leur avait tendu la main, et les avait tirés de l’eau.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Bientôt le cœur de la mère fut mis à une cruelle épreuve. L’enfant avait profité des leçons d’amour pour le divin Crucifié. Devenu adolescent, après une vie d’étude et de pieux exercices, il sentit croître en lui le désir qui allait se développer encore, le désir de partager les souffrances de Jésus. C’était la Passion du Seigneur qu’il méditait sans cesse ; après quoi, avec une longue lanière de cuir, il se donnait une discipline si rude que Anne-Marie ne pouvait retenir ses larmes.
Ici, comme nous l’avons vu en donna Marta de Gonzague, le cœur de la mère et le cœur de la chrétienne étaient en une lutte douloureuse. Si elle admirait d’une part les vertus que son fils entretenait dans la pénitence, dans la prière et la sainte sévérité envers lui- même, si elle s’émerveillait de son amour pour la Croix, elle tremblait de voir ainsi souffrir le corps de son enfant. Elle eut encore une grande épreuve à supporter.
Le père de Paul et son oncle, très digne prêtre, avaient envie de le marier. Ils lui avaient trouvé pour femme une jeune fille très pieuse, modeste et riche dont la fortune aiderait — elle y consentait volontiers — Luc Darei à élever, à doter, à placer ses quinze autres enfants.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Paul résista doucement, en priant Dieu de l’aider en cette angoisse, car il avait un éloignement égal pour le mariage et pour la désobéissance. Dieu l’exauça. L’oncle mourut en lui laissant son héritage. Paul l’abandonna à sa famille, à condition qu’il pourrait suivre sa vocation.
Nous ne l’accompagnerons pas dans sa vie sainte et merveilleuse, dans son apostolat miraculeux, dans les épreuves par où il passa avant de fonder définitivement l'Ordre des Passionistes. Enfin son divin ami le fit triompher de tous les obstacles.
Nous le revoyons le 21 novembre 1720 aux genoux de sa mère. Il s’est fait raser les cheveux; le lendemain seulement il prendra l’habit du nouvel Ordre, cette longue tunique noire avec la croix blanche que Dieu lui avait fait voir à plusieurs reprises dans ses extases. Il est revenu s’agenouiller devant son père et sa mère pour leur demander leur bénédiction. Le brave homme et la sainte femme pleurent, pleurent aussi tous ses frères et ses sœurs qui sont ras semblés et à qui Paul demande pardon de les avoir brusqués, de ne pas leur avoir donné d’assez bons exemples ou d’assez bons conseils.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Encore une fois, nous le revoyons auprès de sa mère. C’est le premier dimanche de carême de l’an 1722. Il vient lui dire un adieu qu’il croit définitif, avant de se rendre dans la solitude d’Argentorato. Ilia laisse, elle et ses frères, sous la protection de Jésus crucifié et de Notre-Dame des Sept-Douleurs. En 1728 il revint encore au foyer paternel pour quelque temps. La pauvre mère venait de perdre son mari et les consolations saintes de son fils aîné pouvaient adoucir sa douleur.
On ne nous dit pas si elle put voir le développement de cette vie humble et martyrisée. Revit-elle son fils exténué par les souffrances volontaires que Dieu récompensait par mille preuves de son amour, ce fils que les Papes prenaient pour conseiller, pour consolateur et qui mourut en prophétisant à Pie VI les événements glorieux et douloureux de son long pontificat ?
« Ah ! Père Paul de la Croix, lui dit le Pape qui vint le voir à son lit de mort. — Ce n’est pas moi qui suis le Paul de la Croix, mais Votre Sainteté. Qu’Elle s’étende bien sur la Croix parce qu’Elle doit y rester longtemps! »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ XII. — Donna Anna, Mère de saint Alphonse de Liguori (1698-1787) . — Dans les dernières années du XVIIIe siècle vivaient à Naples deux jeunes époux aussi distingués par leurs vertus que par leur naissance. Ils avaient nom don Joseph de Liguori et donna Anna Cavalieri. Don Joseph descendait d’une ancienne et illustre famille. Il y avait des Liguori à Naples avant qu’il n’y eût des rois. Un Marc Liguori gouvernait la cité vers la fin du XIIe siècle. Mêlés aux guerres féodales, alliés aux vieilles races patriciennes, les ancêtres de don Joseph comptaient parmi les plus nobles d’entre les gentils hommes napolitains. Valeureux soldat, capitaine des galères royales, il n’entendait pas déroger, mais il espérait bien, par sa fidélité, au besoin par son courage, mériter toujours les bonnes grâces de son souverain Charles VI, et figurer avec honneur au siège de la Porta-Nuova, où, de temps immémorial, ses aïeux avaient pris place.
Du reste, il n’était pas de ces fils de famille dé générés qui prétendent suppléer par des quartiers de noblesse à l’absence ou à l’insuffisance démérité personnel. Ami du travail et du devoir, il avait développé les moyens naturels dont Dieu l’avait doué. Bien plus : contrairement aux pré jugés et aux habitudes du soldat, il alliait la vie de piété à la vie militaire, fréquentait les sacrements et donnait l’exemple des plus austères vertus. Lorsqu’il était en mer, la cabine du noble capitaine, décorée de saintes images, ressemblait à la cellule d’un Camaldule. Il ne manquait jamais d’emporter avec lui quatre statuettes du Sauveur, destinées à lui représenter les souffrances de la Passion au jardin des Oliviers, à la colonne de la flagellation, au tribunal de Pilate, et enfin à la Croix.
Cette constante dévotion aux douloureux mystères lui avait valu, disait-il, des grâces nombreuses et signalées. Ainsi vivait don Joseph, fidèle à Dieu, fidèle au roi, ami de la religion et des bonnes mœurs : Impérieux, violent même dans la contradiction, il exigeait de ses subordonnés une soumission parfaite à la discipline, et ce n’est pas devant lui qu’on eût osé se permettre des critiques inconvenantes ou des propos dangereux.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
D’un caractère opposé à celui de son mari, donna Anna personnifiait pour ainsi dire la patience et la douceur. Son père, don Frédéric Cavalieri, d’une famille patricienne de Brindes, conseiller à la cour royale sous le règne de Charles VI, pratiquait les vertus chrétiennes d’une manière si parfaite que son directeur spi rituel ne craignait pas de l’appeler, comme le saint homme Job, « un homme simple, juste et craignant Dieu ». Ses enfants ne pouvaient manquer de marcher à grands pas dans les voies de la vraie piété. L’aîné de ses fils, Jacques Cavalieri devint évêque de Troïa et mourut en odeur de sainteté. La dernière de ses filles, donna Anna, édifia toutes les dames de Naples par ses éminentes vertus.
C’était à la lettre une femme d’oraison, tout entière à ses devoirs d’épouse et de mère, ennemie du faste, des théâtres et de ces réunions mondaines où on perd, avec un temps précieux, le goût de Dieu et de la famille Chrétienne de la vieille roche, elle récitait les heures canoniales, pratiquait le jeûne et l’abstinence et ne craignait pas d’employer, pour se mortifier, la discipline et le cilice. Pour la trouver, tout le monde le savait, il fallait la chercher à l’église, dans sa maison, ou sous le toit des pauvres, auxquels elle réservait le superflu que tant d’autres consacrent à leurs plaisirs.
Et Dieu avait uni ces deux âmes privilégiées pour donner au monde un des plus grands saints qui ait illustré son Église. En l’année 1696, don Joseph et donna Anna habitaient leur maison de campagne de Marianella, dans le voisinage de Naples, quand le 27 septembre, fête des saints martyrs Cosme et Damien, vint au monde leur premier-né. Deux jours après, un samedi, fête de saint Michel, l’enfant reçut le baptême dans l’église paroissiale de Notre-Dame des Vierges. On lui donna le nom d’Alphonse-Marie pour le consacrer d’une manière spéciale à la mère de Dieu. On y ajouta ceux de Cosme-Damien-Michel, et d’autres encore, en mémoire des saints martyrs Cosme et Damien, vint au monde leur premier-né. Deux jours après, un samedi, fête de saint Michel, l’enfant reçut le baptême dans l’église paroissiale de Notre-Dame des Vierges. On lui donna le nom d’Alphonse-Marie pour le consacrer d’une manière spéciale à la mère de Dieu. On y ajouta ceux de Cosme-Damien- Michel, et d’autres encore, en mémoire des saints qui avaient présidé à sa double naissance ou pour honorer plusieurs de ses glorieux ancêtres. Le père et la mère remerciaient Dieu d’avoir ainsi béni leur union, quand il plut au Seigneur de leur manifester d’une manière prophétique les destinées de l’enfant qu’il venait de leur accorder.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13722
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