LES MÈRES DES SAINTS
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LES MÈRES DES SAINTS
LES
MÈRES DES SAINTS
PAR
CH. D ’H E R I C A U L T
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DEUXIÈME ÉDITION
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PARIS
GAUME ET Cie , ÉDITEURS
3, rue de l'Abbaye , 3
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1895
Droits de traduction et de reproduction réservés.-----AVERTISSEMENT
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Nous soumettons cet ouvrage au jugement de Notre Mère la Sainte Église Romaine, déclarant
vouloir obéir à tous ses décrets, notamment à ceux d’Urbain VIII.DÉDICACE
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Aux chères chrétiennes , je dédie cet ouvrage.
J'ai rêvé décrire un livre qui, comme elles, fût fort et doux, élevant et purifiant les âmes; un
livre apportant dans les intelligences la vraie lumière qui fait les esprits stables, les cœurs
vaillants; par là, la patrie grande et heureuse. Pour cela, j'ai cherché, auprès de ces êtres
héroïques et angéliques qui sont les saints, les premiers bégaiements de leur héroïsme;
j'ai essayé d'entrevoir l'aurore de cette splendeur céleste qui entourait déjà leurs jeunes fronts.
Dans ce livre, j'ai peu mis de mon propre esprit, en pensant que plus je m'oublierais, plus Dieu
consentirait à être mon collaborateur. Mais dans cette dédicace aux mères chrétiennes, je mets
tout mon cœur. Je pense à la mère bénie à qui surtout je dois de voir venir, sans trop d'angoisse,
cette claire lumière qui succédera aux cruelles obscurités de cette vie. Je pense à la chère épouse
qui, remplissant la mission où excelle la maternité chrétienne, travaille à donner à nos enfants la
paix dans la vertu.
Après ces saintes tendresses, l'affection ne doit pas se taire. Je revois bien des physionomies
pures et attrayantes, les unes vénérables, les autres inquiètes ; les unes souriantes en leur
jeunesse, les autres sereines en leur âge mûr; et les unes comme les autres portant la double
expression de l'amour maternel et de l'amour divin.
Puis mon admiration va à toutes celles que je n'ai pas connues assez pour les aimer, mais que
j'ai entrevues assez pour les connaître; dont j'ai entendu une parole, une consolation, un conseil,
dont j'ai saisi un regard, dont j'ai aperçu un élan, dont j'ai retrouvé l'âme et l'esprit, dans l'âme
et l'esprit de leurs fils, de leurs filles, de leurs maris.
Toutes ces physionomies, chères à chacun de nous, se fondent pour former dans notre imagination
un fantôme gracieux et pourtant majestueux, caressant comme les chants qui endorment
les enfants malades et fort comme l'ange luttant contre Jacob. Ce fantôme de la maternité
chrétienne regardons-le, en nous agenouillant ; que nos regards soient pleins d'amour et nos
lèvres remplies de bénédictions, car c'est Cette maternité qui, depuis un siècle et demi, défend la
civilisation française.
L'histoire nous raconte bien des sièges héroïques. Les murs sont démantelés, la brèche est faite,
les assiégeants attendent l'aube pour entrer dans la ville, dont les fortifications sont à terre. Ils
s'avancent; puis ils reculent. Pendant la nuit les assiégés ont élevé une nouvelle muraille à la place
de celle qui avait été abattue. Eh bien! c'est l'histoire de la maternité chrétienne. Toutes les impiétés, tous les libertinages, toutes les débauches, toutes les railleries, toutes les sottises; les encyclopédistes, les déistes, les athées, les francs-maçons et les révolutionnaires de toutes nuances, arrivent l'un après l'autre en bandes fortes et fougueuses. Ils battent en brèche, en même temps que la France, la civilisation chrétienne. Ils croient avoir enseveli le catholicisme, hier sous la raillerie, aujourd'hui sous ce qu'ils nomment la science. Ils crient victoire; il n'y a plus qu'un assaut à donner. Mais pendant cette nuit qu'ils ont faite, au milieu des projectiles diaboliques dont ils couvrent la cité de Dieu, la maternité chrétienne a bâti un nouveau mur. Et quand ils s'avancent, ils la peuvent voir debout sur le bastion restauré, agitant, au souffle du Seigneur, l'immortel Labarum.
Où la maternité puise-t-elle cette force de vertu de patriotisme et de civilisation? Les ennemis du Christ le savent bien. Ils savent que, de même que le Seigneur est né d'une Vierge, la maternité, le plus souvent, pour être forte et sage, a besoin d'avoir été élevée par les Vierges du Christ. C'est un des mystères de la vie chrétienne. Le livre que nous publions en dévoile un autre. C'est que la maternité rend à la virginité ce que celle-ci lui a donné : Cette maternité chrétienne naît des mains virginales, mais quand elle arrive au sommet de sa grandeur, qui est la maternité sainte, elle emploie les plus exquis de ses soins à former des âmes virginales. J'ai essayé de retrouver quelques-unes des lois de l'élan mystérieux qui empêche l'humanité de ramper. J'ai trouvé que les plus générales d'entre elles sont renfermées dans l'âme de la mère chrétienne.
C'est pourquoi je lui dédie cet ouvrage.
C h a r l e s d e R i c a u l t d ’H é r i c a u l t .
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
CAUSERIE PRÉLIMINAIRE****
§ I. — Chaque fois qu’on a pu arriver à l’origine des familles illustres, on a trouvé une femme
exceptionnelle. C’est de la Femme forte que naît le grand homme. C’est elle qui fonde les races
destinées à vivre longuement, glorieusement, utilement. Pour qui veut analyser ce grand homme,
roi, guerrier, poète, diplomate, administrateur, pour qui veut étudier les destinées de cette race,
c ’est la mère plus que le père qu’il faut observer. L ’homme marche, la femme dirige.
Ce qui est vrai pour les héros de la terre, l’est souvent aussi pour les héros du ciel. Quand nous
pouvons arriver auprès du berceau d’un saint nous rencontrons fréquemment une femme magnanime. C’est donc en cherchant l’influence de la mère dans la famille pieuse qu’on peut arriver à trouver les secrets de l’éducation des âmes saintes. La mère est l’instrument de la faveur surnaturelle. On voudrait pouvoir dire qu' elle aide Dieu et qu’elle complète ses grâces.
Elle en est le canal. Elle développe dans le cœur de l'enfant un nouvel instinct, l'instinct catholique,
si je puis dire, qui lutte victorieusement contre l’instinct naturel. Il emprunte la plus grande
partie de sa douceur à la voix maternelle et même, quand la flamme surhumaine de l'amour
divin a tout embrasé dans le cœur, quand la maternité de Marie a recouvert les souvenirs des
premières caresses, même alors encore, plu sieurs de nos saints nous rappellent que leur
docilité filiale n'a pas disparu, prouvant ainsi combien elle a été grande pendant l'enfance. Ils
disent volontiers ce que saint Grégoire a écrit et que nous pouvons lire encore sur les murs du
couvent du Mont Cœlius : « C'est Sylvie, ma sainte mère, qui m'a donné à l'Église. »
Cette observation m’a amené à étudier la Pédagogie de la Sainteté. Saisir sur le fait, sur cent faits, ces rayonnements de la lumière céleste qui sortent ou naïvement ou énergiquement, simplement ou miraculeusement de l'âme maternelle pour venir échauffer et féconder les germes de l'héroïsme chrétien ; recueillir les traits de la sagesse humaine illuminée par les conseils de la Sagesse céleste; arriver ainsi à donner les éléments du code de la maternité catholique, c’est une œuvre qui m’a paru utile et grande et qui met les cœurs en haut.
C’est ainsi que je suis devenu un pêcheur des perles divines et que j'ai recueilli, je mieux que j'ai pu, les fleurs de cette maternité catholique. J ’ai écouté soigneusement les conseils à demi étouffés par l’humilité, j'ai regardé respectueusement les actions à demi effacées par le temps. J'ai rassemblé avec une tendre patience et une caressante vénération, en les cherchant aussi bien dans les familles royales qu’au foyer de la paysanne et de l’ouvrière, les parcelles de l’or divin.
A suivre... § II.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ II. — Je n’ai pas désiré seulement faire un ouvrage de dévotion, j ’ai voulu aussi composer
un livre d’histoire. Il est bon de rappeler tranquillement que le premier devoir de l’histoire
est d’être la servante de la piété et qu’étant le garde du corps de la vérité, elle doit avant tout
défendre la partie supérieure de cette vérité qui est la Vérité divine.
L ’histoire d’en haut est logiquement plus importante que celle d’en bas. Ce sont les âmes
qui mènent les corps ; ceux-ci vont d’autant plus haut et plus droit que celles-là sont meilleures et
plus héroïques. Les annales de l’âme sont plus précieuses que les chroniques de l’intelligence,
à leur tour plus utiles que les éphémérides du corps. Je veux dire que le saint l’emporte, en
importance historique, sur l’homme d’Élu comme celui-ci sur l’ouvrier. Si nous avions, pour dé
cerner le premier prix d’intérêt public, à choisir entre l’historien des Apôtres, celui de Jules
César ou celui de Gros-Jean, même après que celui-ci en a remontré à son curé, nous estime
rions que le premier, comme utilité pratique, est autant élevé au-dessus du second que celui-ci
l ’est au-dessus du troisième.
Ce sont des vérités qu’il faut répéter sans cesse, en un temps où l’intelligence, après avoir voulu
prendre la place de l’âme, est en train de s’incliner devant la main-d’œuvre; et l'on comprendra que nous ayons travaillé à mettre l'histoire à sa place, c’est-à-dire au service de la piété.
A suivre... § III.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ III. — Nous ne réclamons d’autre mérite que d’avoir été un patient lecteur et un consciencieux
compilateur. Le foyer domestique des saints présente, le plus souvent, un intérêt plus original
que tout ce que notre imagination eût pu inventer et les paroles qu’on y murmure ont une puissance de suggestion que le plus habile rhétoricien ne saurait remplacer. J ’ai redit simplement ce que j ’ai pu voir ou entrevoir à ce foyer.
Pour les hommes sincères, les échos des de meures sanctifiées sont pleins de hauts conseils,
de consolations pénétrantes et d’angéliques encouragements.
Les hommes qui sont seulement curieux, trouveront à s’instruire dans ces galeries de la pédagogie sainte. Ceux qui aiment la philosophie trouveront ici de brillants et nombreux matériaux de l’étude de l’âme.
Enfin, ceux que l’histoire séduit, s’ils sont gravement intelligents, nous suivront avec joie ; nous allons les mener au milieu de la lumière divine et leur montrer, à la lueur de celte électricité paradisiaque, tous les siècles et les contrées diverses.
A suivre... § IV.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ IV. — J ’ai essayé de répandre de la variété en un ouvrage qui pouvait aisément devenir monotone. Les esquisses ont été tantôt courtes, tantôt longues. Dans les unes, l’histoire l’emporte avec son style plus bref; dans les autres la piété, avec sa phrase plus onctueuse. Malheureusement les documents sur les Mères des Saints ne sont ni nombreux ni caractérisés.
Un nom, quelques phrases banales, souvent c’est tout. Parfois les plus persévérantes recherches ne donnent rien. C’est ainsi qu’on ne trouvera pas même nommés ici de grands saints, qui me sont bien chers; et je citerai entre cent : saint Bruno, saint Ignace, sainte Angèle, saint Vincent de Paul, saint Benoît-Labre.
Il y a sans doute une source de documents. J ’eusse pu en trouver de nombreux en prenant les biographies déjà faites, en choisissant les Mères des Saints qui ont été elles-mêmes canonisées. Mais justement parce que ces vies ont été écrites longuement et soigneusement, il était oiseux et malséant de faire un livre pour les abréger. En les laissant de côté j ’ai cru aussi gagner en utilité morale : Je me suis dit que telle lectrice qui recevra volontiers les leçons d’une femme simplement pieuse, comme elle, s’effrayera peut-être si cette femme est une héroïne de sainteté.
J ’ai cru devoir admettre Blanche de Castille, Charlotte de Savoie, Marie Leczinska, bien qu’elles soient fort connues. Elles n’avaient pas encore été observées uniquement dans leur action maternelle.
Après la première partie, qui renferme les notions générales, on ne rencontrera pas de Mères canonisées.
Dans cette première partie, nous verrons la maternité sainte établie, avec une divine tendresse, par le bon Jésus ; puis trempée héroïquement dans le martyre ; enfin, en quelque sorte, codifiée par saint Jérôme qui, résumant les leçons de l’expérience des premiers siècles, les conseils des saints et des docteurs, montra, au-dessus du foyer domestique sanctifié, la virginité sanctifiante.
A suivre... § V.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ V. — En résumé, j ’ai utilisé de mon mieux les renseignements que l’histoire nous donne sur les Mères des Saints. A l’aide de ces renseignements, très souvent rares et vagues, j ’ai essayé d ’esquisser le caractère, parfois la vie de la mère et de montrer comment cette mère avait presque toujours développé la vocation sainte de l’enfant. j ’ai donc travaillé à faire un livre d’histoire utilement pratique et de lecture pieuse.
J ’ajouterai, avec candeur, que j ’ai voulu faire la cour aux saints et obtenir leur protection pour moi et pour les miens, en donnant à leurs Mères, avec un respect vraiment filial, tout le lustre dont je suis capable. Toutefois je n’ai pas dû manquer à mon devoir d’historien et l’on trouvera quelques mères qui ont essayé de lutter contre la
vocation de leurs enfants.
J ’ai besoin de déclarer qu’en me servant des mots Saint Bienheureux, Vénérable, je les ai pris dans leur sens usuel ; et il n’y a pas, dans cet ouvrage, une pensée qui ne soit pleine de la plus tendre docilité envers l’Eglise Romaine.
A suivre... LIVRE PREMIER
Histoire générale de la Maternité Sainte du Ier a u IVe siècle
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
LIVRE PREMIER
Histoire générale de la Maternité Sainte
du Ier au IVe siècle
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CHAPITRE PREMIER
L ’origine de la famille SAINTE. — Ier SIÈCLE.
§ I. — Aucune des merveilles, aucun des héroïsmes dont cet ouvrage est rempli n’étonnera les chrétiens. Mais peut-être quelques cœurs délicats, qui ne connaissent pas le don de Dieu, trouveront-ils que beaucoup de nos Mères sont étranges en encourageant leurs enfants à une vie d’austérité, de solitude, de pénitence écrasante. Peut-être surtout trouveront-ils extravagants ces jeunes filles, ces jeunes gens qui, non seulement se privent de tout ce que le Créateur a mis de beau et de bon ici-bas, mais qui torturent et maudissent un corps que Dieu n ’a pas méprisé puisqu’il y a mis une âme faite à son image.
J ’admets que la philosophie ne suffise pas à leur répondre. Pourtant elle constate les mystères et les joies de la souffrance, joies d’autant plus grandes que le sacrifice est plus douloureux. Mais qu’ils viennent un instant en Galilée, rejoindre Jésus de Nazareth. Ils ne comprendront pas ses prédications, je le veux bien ; ils ne réfléchiront pas à ses leçons, soit ; ils ne goûteront pas sa morale, je le veux encore. Il suffit qu’ils l’écoutent parler à ceux qui sont humbles, à ceux qui sont petits, non pas seulement à ceux qui ont la bonne volonté et le cœur pur, mais aux êtres corrompus, à ceux que le monde méprise le plus dans l’ordre social. Il suffit qu’ils entendent sa voix caressante, qu’ils considèrent ses regards attendris ; qu'ils n’empêchent pas le frisson de courir dans leurs veines, les larmes de venir à leurs yeux. Car le frisson viendra et les larmes couleront, si leur instinct est honnête et émancipé de tout esclavage. Le frisson viendra et les larmes couleront quand ils verront Jésus à côté de la Madeleine ou de la Chananéenne, à côté de son ami Lazare, de Marthe et de Marie, à côté des publicains comme des lépreux, à côté des enfants qui accourent près de lui, au milieu de la foule qui souffre pour l’entendre.
Comme, on sent Sa pitié pour le pauvre roseau à demi brisé, pour tout ce qui est roseau, pour tout ce qui est à demi brisé, pour tous ces patients de la vie humaine, pour toutes ces créatures que la sagesse divine a dû marquer du sceau de la souffrance, de la pauvreté, de l’infirmité, pour tous ces faibles qui se sont marqués eux-mêmes des signes du vice! Et quand les disciples d’Emmaüs se disaient : « Ne nous semblait-il pas que notre cœur était tout brûlant quand il nous parlait! » Ce sont nos sentiments que ces disciples expriment, et ne sentons-nous pas notre cœur tout brûlant quand Jésus s’occupe des misérables? Si notre cœur brûle ainsi, c’est qu’il ressenties les feux dont le doux Maître brûlait Lui-même, quand son cœur toujours aimant redoublait de
tendresse en parlant de l’Enfant prodigue et de la joie exaltée du père de famille ; de la brebis perdue et retrouvée. Misercor super Turbam, il avait pitié de cette foule de déshérités et il était si heureux d’être venu leur rendre leur héritage !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Quand, après nous avoir menés à sa suite dans les champs de la Judée tout retentissants des paroles de sa tendresse. Il arrive aux derniers jours, ce n’est plus qu’un flot d’amour débordant. Ce cœur, enflammé de bonté, s’ouvre tout entier et c’est alors que chacun des mots qui en sort, se cramponne au fond de notre âme jusqu’à ce qu’elle ne fasse plus qu’un avec cette mélancolie divine.
Le voici donc à la veille de quitter ce méchant monde pour entrer dans la toute-puissance, dans la toute beauté, dans la toute-pureté ; et c’est Lui qui est triste! Il est triste parce qu’il ne va plus pouvoir être uniquement bon et doux, parce qu’il ne pourra plus être uniquement le consolateur, le bienfaiteur, et parce qu'il lui faut laisser ses disciples orphelins. Il leur prodigue alors les plus tendres mots que jamais l’humanité ait entendus, les plus admirables conseils que l’imagination puisse rêver. « J ’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir. » Cette Pâque c’est le don de tout son être, de son être humain comme de sa divinité. On le voit chercher, dans son entendement surhumain, toutes les raisons qui peuvent fortifier ces humbles qu’il va abandonner, et, dans son cœur inlassable, toutes les caresses qui pourront les consoler quand, après sa mort, ils penseront à Lui. Le mot aimer, le mot ami revient sans cesse. Lui, il est bien triste de les quitter; son cœur délicat, qui a tant besoin d’être chéri, sait bien qu’il n’est guère aimé de ces grossiers pêcheurs. « Pourtant, leur dit-il, en résumant en ce cri tout son dévouement, est-ce possible d'avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis? » Chacune des phrases de ce discours suprême dévoile mille retours ingénieux d’une âme qui ne peut se séparer d’une autre âme.
Est-ce tout? Aimer ceux qu’on aime et les aimer jusqu’à ne pas pouvoir les quitter sans angoisse, les aimer jusqu’à donner sa vie pour eux. Est-ce tout? Non, Jésus aime plus puissamment encore. Il aime même les méchants, même ceux qui vont le torturer, même ces persécuteurs féroces et hypocrites, qui vont martyriser, après Lui, ces amis qu’il a tant de peine à quitter. Il sait bien que ces criminels doivent être punis. Mais il montre un regret touchant d’être obligé de les punir. Il leur pardonne, il leur pardonnera encore à l’heure dernière.
Est-ce tout encore? Non. On dirait qu’il veut faire plus que pardonner, qu’il veut, comme dans une divine rêverie, chercher s’il ne peut les excuser. Alors lui échappe cette parole d’une lumière surhumaine, cette parole qui, peut-être plus que toutes les autres, démontre l’intensité de l’amour divin : Si je n'étais pas venu ils n auraient pas de péché ! parce qu’ils n ’auraient pas connu la Vérité.
Mais il fallait qu’il vînt. Il fallait que la Vérité éblouît l’humanité. Il réfléchit donc encore et son cœur se serre en un soupir attristé : « Ils m ’ont haï sans sujet! » Il n’a pas pu trouver d’excuse, il faudra qu’ils soient punis. Il ne pense pas à Lui qui va souffrir par eux; c’est sur eux, qui vont le torturer, qu’il pleure.
A suivre... § II.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ II. — Bien des incrédules ont vu dans ce prodigieux et infatigable amour de Jésus pour l’humanité une des preuves de sa divinité. Beaucoup d ’autres qui n ’en sont pas arrivés jusqu’à l’adoration, n’ont pas pu s’empêcher de considérer avec attendrissement ce cœur si doux.
Si la tendresse de Jésus de Nazareth a pu produire cette impression sur les incrédules, que ne doit-elle pas faire éprouver aux âmes pieuses! Ajoutons à cette tendresse l’amour divin ; essayons d’imaginer la puissance de dévouement que peut créer, en nous, ce cœur de Jésus dans sa divinité, quand, dans son humanité, il émeut de telles affections. Joignons à cela la grâce d ’en haut, les sacrements, celui surtout qui donne à nous cet homme et ce Dieu tout entier, cet homme admirablement aimable et ce Dieu ineffablement caressant ! Nous comprendrons alors la Maternité sainte : La mère élève son enfant pour ce Dieu de tout amour et en offrant à Jésus cet être qu’elle a voulu très pur pour qu’il fût moins indigne de Dieu, elle donne plus que si elle se donnait elle-même.
Cet enfant devient saint; à son tour, il ne sait que rêver pour plaire à cet ami, qui, dans sa vie, dans sa mort, lui a offert tout ce que la puissance divine peut donner. Il veut être toujours plus pur il veut toujours plus souffrir pour Celui qu’il aime; il veut s’idéaliser de plus en plus pour se rapprocher plus de Lui. Il veut expier toutes les ingratitudes que lui et les autres ont montrées à ce Dieu de la toute bienveillance. Il veut sur tout augmenter, au prix de n’importe quelle torture, au prix de la mort même, le nombre des amis de son Ami. Et la mère comprend cet héroïsme qui est né du sien, elle y encourage, elle en jouit.
Voilà donc l’origine de la Maternité sainte : l’ineffable bonté du Christ a fait germer ce mystérieux sacrifice de l’égoïsme maternel.
A suivre... § III.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ III. — Comme c’est là un des plus- grands efforts de l’héroïsme humain, Jésus a voulu établir Lui-même le code de cette sainte maternité. Comme aussi c’est un des plus grands éléments de la vie chrétienne, Il y a pensé avant Sa naissance et à l’heure de Sa mort. Enfin, comme il y a là un état surnaturel qui différencie ce sentiment de tous les autres, Il nous a fait révéler les deux traits de Son enfance qui devront servir d’exemple.
» En ces jours-là, Marie se levant vint dans le pays des montagnes, dans la ville de Judée où demeurait Zacharie, et entrant dans la maison, elle salua Elisabeth. Dès que Elisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein. »
Voilà la vocation de la sainteté. C’est le premier signe de la Maternité sainte : Dieu montre qu’il appelle à Lui particulièrement, très près de Lui, pour un but d’apostolat ou de pénitence, d’illumination ou d ’expiation, l’enfant qui va naître. Bien des Mères de nos saints, nous le verrons, ont offert et consacré à Jésus l’enfant qu’elles attendaient.
Après la vocation, quelle est l’éducation ? « La Mère de Jésus conservait toutes ces choses dans son cœur. » Toutes ces choses, c’est-à-dire les faits extraordinaires qui illuminent la vie de l’enfant. Nous en pouvons conclure que Dieu demande aux mères, en môme temps qu’un redoublement de soins pour l’éducation, une sorte de préoccupation respectueuse des actes de l’enfant prédestiné. Mais pour celui-ci ses devoirs filiaux n ’en sont que plus: Jésus, bien qu’il songeât déjà aux choses de son Père et qu’il vînt de discuter avec les docteurs, était soumis à Joseph et à Marie.
Voilà la vocation et l’éducation de la vie sainte. En voici la règle. Quand Jésus fut sur la croix, Il vit sa mère et, debout auprès d’elle, le disciple qu’il aimait, Il dit à sa mère : « Femme, voilà votre fils ; » puis II dit au disciple : « Voilà votre mère. »
Il laisse voir d’abord que c’est le culte et l’amour de Marie qui doivent servir d ’entrée dans le chemin de la sainteté. Il ajoute encore une leçon plus austère, que le monde trouve insupportable et qui blesse, en effet, les exigences comme les égoïsmes et les règles générales de l’humanité, c’est que, pour les saints, la famille n’est plus la chose la plus chère, celle à qui on préfère tout le reste. Jésus envoie ceux qu’il aime particulièrement, dans les chemins qu’il Lui plaît. Il leur donne de nouvelles familles, de nouveaux devoirs, Il montre la sainteté à l’homme comme il a montré Marie à Jean et Il lui dit : « Voilà ta mère. »
A suivre... CHAPITRE II
L'ÂGE HÉROIQUE DE LA MATERNITÉ CHRÉTIENNE
LE MARTYRE. — IIe ET IIIe SIÈCLES.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
CHAPITRE II
L'ÂGE HÉROIQUE DE LA MATERNITÉ CHRÉTIENNE. —
LE MARTYRE. — IIe ET IIIe SIÈCLES
§ I. — Les premiers éléments de L'Éducation sainte :
« Que sont tes parents ? » demande le préfet Hierax à Rusticus, un des compagnons de martyre de saint Justin. « Mon vrai père est le Christ. Ma vraie Mère est la foi au Christ. » C’est là la première Mère des saints, la Foi au Christ. La pensée qui se résume en cette parole du Bienheureux Rusticus domine tout l’âge héroïque de la famille chrétienne.
La société catholique n’est pas fondée. Elle est pour ainsi dire, encore campée, allant des Catacombes au supplice. Ce n’est pas un ordre social, c’est un noviciat du martyre. Ce n’est pas l’éducation de la vie qui importe à la mère chrétienne ; c’est l’éducation de la mort.
Tel est l’aspect général des trois siècles qui suivent la mort du Seigneur. Je sais bien que les mille soins habituels de la vie humaine n’ont pas cessé. Les corps sont nourris, l’intelligence est instruite, l’éducation est donnée. Le catholicisme ne vit pas dans les cavernes, ni dans l’état nomade. Seulement, le foyer domestique chrétien est en état de siège. Il est assiégé par la persécution ; les chevalets, le plomb fondu, le feu, la décollation, les massacres en masse sont, pendant les trois premiers siècles, les perspectives que le cœur maternel entrevoit dans beaucoup des avenues de la vie.
Crainte et silence angoissant chez les mères tendres ; exaltation, défi à la puissance diabolique et païenne chez les mères énergiques, c’est là ce qui domine l’éducation et la vie des enfants de Dieu jusqu’à Constantin. Il y a hésitation entre les habitudes anciennes du paganisme et les conseils de la loi nouvelle; lutte entre les anciens instincts et ceux qui vont se développant à l’ombre de la Croix. Mais, chez les chrétiens, au milieu de cette hésitation, domine la volonté d’obéir au Christ. Cette volonté est entretenue par la claire vue de sa bonté, de son amour, de son droit divin d’exiger de nous tout nous-même.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
On n ’est pas, comme en toute autre période de l’histoire, d’abord chrétien puis riche ou pauvre, avocat ou médecin, ou soldat, ou agriculteur, ou prêtre, enfin rangé dans une des classes habituelles de la société humaine : on est chrétien, et encore chrétien, et rangé devant les bourreaux de César pour être supprimé. Si l'on sort de ce rang, c’est pour un instant. Si l’on est autre chose qu’apprenti martyr, c’est par hasard ; et il ne faut pas que les prévisions d’une vie réglée, paisiblement laborieuse, dirigent, comme il est convenable en temps ordinaire, les soucis de l’éducation maternelle. Les leçons des choses et les leçons des idées ne ressemblent à rien de ce que la pédagogie a entrevu jusque-là.
Les leçons des choses, ce sont ces hommes enduits de poix et qui brûlent vivants ; ce sont ces enfants que les bêtes déchirent dans le cirque ; ce sont ces jeunes filles dont les chevalets blessent les membres, dont les râteaux de fer arrachent les entrailles ; ce sont ces femmes dont on met le corps à vif et qu’on enduit de miel pour le faire dévorer lentement aux mouches.
Les leçons de l’idée, ce sont ces mille tortures souffertes en souriant, en protestant avec sérénité, en défiant paisiblement la tyrannie. Ce sont surtout les miracles ; c’est le feu qui ne consume pas les corps ; c’est le corps tourmenté qui se retrouve, le lendemain, dans toute sa vigueur, c’est le lion qui s’agenouille devant le chrétien, c’est la colombe qui s’élève du bûcher de la chrétienne; c’est le corps du martyr qu’on va chercher, la nuit, sur l’ordre d’une vision céleste ; c’est le sang des martyrs qu’on va recueillir et qui guérit ; c'est la veille dans les catacombes qui console et encourage. C’est surtout le corps et le sang du Christ qui enivre l’âme d’énergie, qui la cuirasse de la patience humaine et de la certitude divine.
Ce sont là les leçons qui mettent l’héroïsme dans le cœur de la mère chrétienne. Elles montent du cœur aux lèvres, fournissent le sujet des conversations et constituent le fond de l’éducation.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Mais Jésus-Christ, qui prodigua les miracles, nécessaires pour appuyer les premiers pas de son Église, ne défendait pas à ses enfants le secours, des moyens humains. Sans doute, l'encouragement suprême c'était l'obéissance au devoir, à la volonté du Seigneur, à la foi; c'était l’espérance delà récompense céleste.
Mais, si les catholiques avaient quelque chose de l’ange, ils étaient hommes aussi et ils se sentaient plus forts parce qu' ils étaient encouragés par la victoire. In hoc signo vinces. Avant d'être inscrite sur le Labarum , cette devise était écrite dans le cerveau du chrétien. Elle sortait des catacombes avec lui et le précédait au bûcher.
Ainsi, avec le noble orgueil de la victoire et l’humiliation du martyre, se formait le courage chrétien, composé de fierté et d'humilité et constituant la plus grande force de ce monde. Puissant élément aussi pour l’éducation sainte, puisque que la fierté donnait la vigueur morale en même temps que l'humilité donnait la docilité.
A suivre.... § II.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ II — Les premières familles. — Nous sommes peu renseignés sur l’intimité des premières familles catholiques. Elles n'avaient pas tardé à devenir nombreuses. Les calculs les plus modestes nous apprennent que, au IIe siècle, les chrétiens forment en Orient le dixième de la population indigène, en Occident, le quinzième, et que, au IIIe siècle, ils représentent presque la moitié de la population soumise à l’empire romain. Toutefois, comme c’était une religion surtout spirituelle qui recommandait l’humilité, elle commençait par réformer l’esprit plus que les habitudes extérieures. Tertullien nous révèle que la moitié d’une ville pouvait être devenue chrétienne sans que l’autre s’en doutât.
C’était la douceur, la bonté, cette amitié réciproque qui stupéfiait tant les païens et qui était si contraire à l’orgueil individualiste, conséquence nécessaire du paganisme; c’était la pureté des mœurs et la sérénité de la conduite qui excitaient les premiers soupçons. C’était le martyre qui apportait la certitude. Les auteurs païens ne peuvent donc pas nous renseigner sur le foyer domestique des chrétiens et ceux-ci ne le veulent pas. Il faut avoir recours à l’observation intense pour voir se détacher la maternité chrétienne du formalisme pieux de la maternité juive ; de la rigueur juridique de la maternité romaine; et de la mollesse de là maternité grecque.
La première famille chrétienne sur laquelle notre attention est attirée par les Actes mêmes des Apôtres est celle d’Aquilas et de Priscilla, que saint Paul rencontra à Corinthe en l’an 52. C’étaient des Israélites que le décret de Claude, chassant tous les Juifs de Rome, avait exilés. Ils exerçaient le même métier que Paul : ils fabriquaient des tentes. Celui-ci logea chez eux. Quelques historiens disent qu’ils assistèrent au concile de Jérusalem en l'an 57. Cette introduction de la femme chrétienne dans les discussions où allait s’affirmer le caractère universel de l’Église, serait pleine de suggestions historiques et philosophiques. Mais le texte des Actes ne me paraît pas se prêter à ce sens.
L ’émancipation de la femme n’en est pas moins commencée et dès lors la mère devient assez respectable pour élever des chrétiens et des saints.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Sainte Eugénie l’indiquera avec une couleur originale et vigoureuse, en une phrase que nulle femme ne devrait ignorer: « Telle est la vertu du nom du Christ, dit-elle à son juge, que la femme assez heureuse pour le connaître et pour l’aimer ’élève jusqu’à la dignité de l’homme. La différence des sexes s’évanouit devant la foi. »
Dès les temps apostoliques et pendant l’ère qui les suivit de près, cette grandeur nouvelle que le Christ apportait à la femme fut connue. Chose saisissante, elle fut appréciée par les femmes même à qui leur rang social semblait donner toutes satisfactions d’orgueil. Mais de ces premières chrétiennes, de ces clarisses, de ces nobles matrones de sang sénatorial dont on a retrouvé dernièrement les tombeaux dans la partie la plus ancienne des catacombes, nous savons peu de chose; non plus que de ces autres femmes illustres que Septime-Sévère, au début de son règne, protège contre la rigueur de la loi romaine.
Toutefois la Providence voulait, dès le commencement, dessiner d’un trait lumineux tout le cercle des destinées du christianisme. Le Christ frappait l’humanité en haut comme en bas et II traçait sa Croix sur le front comme sur les pieds de la société humaine. A côté de cette famille de petits artisans, à côté d’Aquilas et de Priscilla, que voyons-nous ? Le plus puissant nom de cette Rome qui avait vaincu le monde ; la gens Flavia, la famille Flavienne, Titus Flavinius Sabinus, le frère aîné de Yespasien, qui fut, selon toute apparence, converti par saint Pierre et saint Paul. Le pêcheur galiléen et le cordier de Tarse prenaient l’empire à la tête. Le fils de Titus Flavinius, Flavius Clemens et la femme de celui-ci, Flavia Domitilla, voilà les premiers modèles de la famille héroïque chrétienne. Cette Domitilla était la nièce de l’empereur Domitien. Malgré cette parenté, elle fut condamnée à la déportation dans l’île de Pandataria, tandis que son époux Clemens, malgré son rang de consul, était condamné à mort.
Près d’eux nous voyons la sœur de ce Clemens, Plautilla, puis la fille de celle-ci, une autre Flavia Domitilla que Domitien, en l’an 57, quinzième année de son règne, déporta dans l’île Pontia. Sainte Paula, lorsqu’elle quitta Rome pour la Palestine et qu’elle fit ce voyage dont saint Jérôme nous raconte si curieusement les étapes, visita pieusement cette île et les cellules où Flavia Domitilla passa les années de son long martyre.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Nous eussions dû citer avant elle Petronilla, illustre matrone de la gens Petronia. Mais nous savons d’elle seulement qu’elle était fille spirituelle de l’apôtre Pierre ; c’est le titre que lui donnent les Actes des saints Nérée et Achillée. Nous n’oublierons pas cette grande famille des Bassi, que Prudence cite comme l’une des premières qui embrasse la religion du Christ.
Nommons encore Flavius Ptolemæus et Ulpia Concordia, sa femme, dont on voit la tombe dans les catacombes de Domitilla.
Rappelons la gens Pudentia qui descendait du sénateur Pudens, contemporain et disciple des apôtres. Elle fournit au Martyrologe sainte Pudentienne, sainte Praxède et plusieurs autres.
Nous nous inclinerons devant sainte Cécile, qui a une place à part dans la famille chrétienne, plutôt à côté des Vierges qu’à côté des matrones. Nous ne devons pas oublier cette Pomponia Grsecina dont parle Tacite, et qui fut accusée, en l’an 58, d'avoir embrassé « une superstition étrangère ». Ses petits-enfants, confesseurs de la foi, nous portent à croire que cette superstition était le christianisme.
La mère chrétienne va sortir de l'obscurité de ces premiers temps. Nous allons la trouver non pas plus sainte, non pas plus fidèle que les autres témoins du Christ, les Vierges et les Confesseurs, mais plus héroïque sans doute, car comme eux elle se donne tout entière au martyre mais plus qu’eux elle y donne ses enfants.
A suivre... § III.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ III. — Sainte Spmpkorose et ses fils. — On nous pardonnera d’aimer à recueillir les paroles qui illuminent les événements. La Providence les confie à l’histoire afin qu’elles nous révèlent l'âme de nos pères. Ici elles ont un plus grand rôle encore. Non seulement elles nous dévoilent dans sa beauté l’âme des martyrs, mais elles sont comme cette étoile miraculeuse qui menait les hommes sages aux pieds de Jésus. Elles brillent dans le ciel de l’histoire. Lumen in cœlo, comme un fragment de la lumière divine; et aux intelligences graves, aux esprits sincères, aux cœurs purs, elles font découvrir l’entrée du sentier qui mène à la vérité.
La phrase qui illumine cette période héroïque de la maternité chrétienne c’est celle-ci : Le magistrat dit à la mère chrétienne: « Si tu ne sacrifies aux dieux, non seulement toi mais tes sept enfants, vous allez être torturés! » Que va-t-elle répondre ? Va-t-elle implorer le juge, lui démontrer la dureté de son arrêt, la faiblesse de ses enfants, sa douleur maternelle? Décourager ses enfants, leur conseiller une lâcheté, un crime? Au moins, sent-elle le besoin de les fortifier contre la douleur?
Non. Les cœurs sont trop haut; la magnanimité est devenue le conseil habituel de la vie vulgaire. La foi est entrée dans les âmes, elle soulève l’humanité au-dessus de terre. La mère n ’a donc pas besoin d’encourager ceux qu’elle a élevés dans l’héroïsme.
Non. Il n’y a en elle qu’une idée : le bonheur de souffrir pour le Christ. Elle répond — et cette réponse, nous prions notre lecteur de la garder dans sa mémoire et de la secouer en son esprit pour lui faire rendre tout son parfum surhumain, — elle répond donc : « Est-il possible que je sois assez heureuse pour souffrir huit fois le martyre ! » Jésus a voulu que cette parole fût dite pour défendre ses premiers-nés contre le reproche qu’on leur fait d’être hallucinés jusqu’à l’impassibilité et d’avoir perdu, dans cette ivresse de la foi, tout sentiment humain.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
La mère souffre ; elle souffre le martyre de ses enfants. Elle va souffrir huit fois et souffrir huit horribles tortures. Mais elle est heureuse parce qu’elle fait à son devoir, à son amour, à celui qui est « mort pour tous ceux qu’il aime », le sacrifice de ce qu’elle a de plus précieux et surtout parce qu’elle gagne ainsi pour elle et pour ses fils le bonheur sans limites. C’est là, en effet, ce qui distingue cet héroïsme de tous ceux dont le Créateur a mis l’instinct en nous. Sacrifier magnanimement sa vie à son devoir, comme Régulus, cela est dans l’humanité à l'état exceptionnel, puisque les païens l’ont tant admiré.
Le Christ est venu ordonner la continuité de ce sacrifice : ce qui était autrefois l’exception est devenu l’usage commun, et a formé le sentiment délicat de l’honneur pour la vie mondaine, l’amour du martyre pour la vie spirituelle. Il y a plus. Le Créateur avait donné à l’homme héroïque une récompense mystérieuse, la haute satisfaction du devoir accompli. Jésus en sa bonté y ajouta infiniment plus, Il donna le bonheur de l’éternité.
La mère à qui nous devons la réponse typique que nous mentionnons plus haut, c’est Symphorose.
Elle était la femme d’un homme très docte, qui demeurait dans la cité de Gabium au pays des Sabins. Il se nommait Gctulius. Il était de race tribunitienne, riche et charitable. Chaque jour il réunissait dans sa maison les chrétiens, leur donnait la nourriture, leur exposait la loi de Dieu. Cela se passait au commencement du II siècle, au début du règne d’Elius Adrianus qui fut empereur de l’an 118 à l’année 138.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Les Actes de saint Getulius nous apprennent qu’Adrien envoya son vicaire Cerealis pour saisir Getulius ainsi que son frère le tribun Amantius. Céréalis, avec ce généreux et candide amour de la vérité qui est le caractère vaillant et étonnant de la race militaire romaine, non seulement n’arrêta pas Getulius mais il se laissa convertir par lui. Son premier cri est saisissant. Dès qu’il entrevoit la vérité, il dit, tant l'héroïsme emporte tout alors: « Et qui est-ce qui m ’empêcherait de répandre mon sang pour le Christ, Fils de Dieu? »
Il le répandit, en effet en compagnie de Getulius, d ’Amantius et d’un autre martyr. Symphorose recueillit le corps de son époux. Elle l’ensevelit dans l’Arenarium de sa maison de campagne « au pays des Sabins, au delà du fleuve ».
Quelque temps après, en l’an 120, Adrien fit élever à Tibur un palais magnifique. Il le dédia aux dieux avec les cérémonies habituelles et interrogea les augures sur la durée de l’édifice. Les augures répondirent : « Nous ne pouvons satisfaire ta curiosité, à cause d’une veuve chrétienne qui invoque son Dieu dans le voisinage du palais. C’est l’épouse de Getulius, elle se nomme Symphorose. Elle a sept-fils. Force-la à offrir de l’encens aux dieux ; nous répondrons à tes questions. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Adrien fit amener Symphorose. Il connaissait déjà l’obstination des chrétiens; il lui parla avec douceur en lui demandant de sacrifier aux idoles.
« Seigneur, répondit tranquillement Symphorose, j ’ai eu pour mari et pour beau-frère deux officiers de tes armées. Ils commandaient tes soldats, ils étaient tribuns. Ils ont mieux aimé endurer les tourments que brûler de l’encens aux démons que vous adorez. Ils sont morts après avoir vaincu ces démons, ils sont maintenant couronné s de gloire. Ils vivent dans le ciel et suivent partout le grand Roi qui y règne.
— C’est bien, sacrifie à l’instant même! cria Adrien, ou moi-même je te sacrifierai avec tes sept enfants aux dieux que tu méprises ! » C’est alors qu’elle fît cette réponse qui montrait que l’axe du monde était changé : « D’où me vient ce bonheur de pouvoir être immolée huit fois à mon Dieu? » Adrien ne pouvait comprendre. Il l’interrompit:
« Je le dis que je te sacrifierai à mes dieux! — Tes dieux ne peuvent me recevoir en sacrifice, je ne suis pas une victime pour eux. — Choisis! s’écria l’empereur irrité, sacrifie ou meurs !— Tu crois m’épouvanter! Je ne serai jamais assez tôt réunie à mon époux; tu l’as fait mourir pour avoir confessé Jésus-Christ. Qu’attends-tu? J ’adore le même Dieu. »
L’empereur la fit traîner dans le temple d’Hercule. Là on lui déchira tout le visage, on la suspendit par les cheveux; puis, voyant que son courage augmentait avec les souffrances, Adrien la fit jeter dans le Tibre. Le lendemain il fit venir en sa présence les sept fils de la martyre. Rien ne put ébranler leur foi, ni les menaces, ni les caresses, ni l’appareil des plus douloureux supplices. Il fit alors planter sept poteaux autour du temple d’Hercule et y fit attacher les sept fils. Il choisit pour chacun un supplice différent, en réservant le plus diabolique pour Eugène, le plus jeune, dont la fermeté lui parut plus particulièrement irritante en un âge si tendre. Il le fît fendre du haut en bas.
A suivre... § IV.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ IV. — Zoé et ses fils. — La mère esclave est aussi vaillante que la noble matrone. Sous le même Adrien nous voyons l’exemple d’un héroïsme plus énergique encore. Symphorose, même en son ardeur, conserve quelque chose de la gravité du peuple-roi. Sainte Zoé, esclave, de nationalité phrygienne, a l’élan des races méridionales. Elle ne se contente pas de dédaigner la puissance de l’enfer, elle la raille, elle la défie, avec une allégresse de foi qui est remarquable même en cet âge d ’or du christianisme.
Nous notons cette nuance parce qu’aux yeux de l’histoire cette variété dans les récits, cette couleur locale, si l’on peut dire, et ce rapport exact entre les temps, les lieux et les tempéraments, confirment l’authenticité. On ne saurait garantir, en effet, que les siècles n’aient pas ajouté quelques fleurs de rhétorique à ces Actes des premiers martyrs, mais le fond est vrai ainsi que les traits principaux, les pensées fondamentales et les phrases caractéristiques.
Le maître de Zoé veut la faire sacrifier à la grande déesse, la Fortune. Elle résiste. « Eh bien, je vais faire torturer tes fils afin de voir si le Christ que tu appelles ton Dieu pourra leur venir en aide.»
On prend les enfants, on leur déchire le corps avec des ongles de fer. « Combattez vaillamment, mes fils, ne craignez pas les tourments !
— Que sont ces tourments ! disent les enfants. Dis à cet impie de nous faire souffrir davantage, mère, afin que notre patience obtienne une plus belle couronne ! »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
Zoé, transportée par l’amour maternel, par un amour maternel éclairé des lumières de la foi et voulant, en effet, augmenter le bonheur dont ses enfants n’étaient plus séparés que par quelques minutes de souffrance, Zoé dit au tyran :« Pourquoi as-tu fait suspendre mes enfants ? Ce n’est pas les torturer, ils ne sentent même pas les coups de tes bourreaux ! »
Le païen se sentit vaincu par l’esprit nouveau qui de telles paroles à une mère. Toutefois il fit allumer un grand feu et y fit jeter Zoé, son époux et ses deux enfants.
Du milieu des flammes sortaient des chants qui bénissaient le Christ. Le tyran, enragé, cherchait comment il pourrait donner à la flamme un redoublement de férocité et de pouvoir torturant. On entendit encore une voix qui venait des cieux et qui disait : « Prenez courage. Votre prince cherche de nouveaux tourments pour vous ôter la vie. » Une dernière prière sortit du foyer : « Seigneur Jésus, prenez nos âmes! » Et ils s’endormirent en paix. C’était le second jour du mois de mai.
Quand on enleva les cendres de la fournaise on trouva les corps des martyrs intacts et tournés vers l'Orient. La voix qui avait encouragé les martyrs se fit entendre une dernière fois: « Tu trouveras à ton tour, tyran, une place au milieu des flammes, mais celles-ci ne s’éteindront jamais.»
A suivre... § V.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ V. — Sainte Félicité et ses fils. — Quelques années plus tard, sous le règne d’Antonin, en l’an 150, Félicité rappelait le courage de Symphorose. Elle était accusée d’irriter les dieux contre l’empereur et contre l’empire. Antonin ordonna à Publius, le préfet de Rome, de la forcer à sacrifier aux dieux, elle et ses enfants. Publius les fit venir et engagea doucement l’illustre veuve à mériter la clémence de l’empereur par son repentir. Elle répondit avec fermeté : « N’espère pas, Publius, qu’une lâche crainte ou une complaisance mondaine puisse me faire oublier ce que je dois à Dieu. Je porte en moi l’Esprit-Saint. Il ne permettra pas que sa servante soit vaincue, lorsqu’elle combat pour sa gloire.
Tu peux me laisser vivre, Publius, ou me faire mourir. Mais si tu crois triompher de moi parce que je suis une femme, tu te trompes, tu seras vaincu par une femme. — Misérable! s’écria le préfet, puisque la mort a tant de charmes pour toi, meurs ! je ne m’y oppose pas. Mais quelle fureur te pousse à vouloir ôter la vie à tes enfants. — Mais c’est pour les faire vivre, répondit gravement la matrone, que je ne veux pas qu’ils sacrifient aux idoles. Tu ne saurais me comprendre, mais la mort éternelle serait le prix de leur lâcheté. »
Le lendemain Publius monta solennellement sur son siège, au Champ de Mars. Cette fois il n’agissait plus en conciliateur mais en juge. Il fit amener devant lui la veuve et ses sept fils « Veux-tu prendre pitié de tes enfants ? Je t ’y engage. Ne sois pas cause que ces jeunes gens d’une si belle espérance soient enlevés à la fleur de l'âge. — Ta compassion est feinte, répondit tranquillement Félicité. Garde-la pour d’autres. Elle ne saurait nous tromper; nous n’en voulons pas. Ta clémence n’a d’autre but que de nous pousser au crime. » Puis, se tournant vers ses fils : « Levez les yeux, mes enfants, et regardez le ciel. C’est là que Jésus vous attend. Combattez généreusement pour sa gloire, pour la vôtre aussi et montrez-vous de fidèles serviteurs d’un Roi si grand et si digne de tout dévouement. »
Le préfet, furieux, injuria Félicité; il fit approcher chacun des enfants. Il leur parla l’un après l’autre, essaya de les gagner par les promesses, de les attendrir par les caresses, de les intimider en leur affirmant que leur mère était dénaturée, qu’elle voulait leur inspirer la révolte et l'impiété et qu’elle allait causer leur perte. Nous ne redirons pas les réponses de chacun des enfants. L ’empereur, à qui on transmit le procès-verbal de cette interrogation, se défiant de l’attendrissement que ces supplices répétés pourraient inspirer à un seul bourreau, en nomma huit chargés de torturer le plus cruellement chacun des martyrs, « qui arrivèrent, par des routes différentes, au lieu où le juste Juge les attendait pour récompenser la mère héroïque et ses fils dignes d’elle ».
A suivre... § VI.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ VI. — Les mères de Symphorien et de Méliton.— Un tableau célèbre nous a dépeint le supplice de saint Symphorien. Il vivait à Autun, du temps de Marc-Aurèle (178). Il est pour nous le type charmant de ces jeunes chrétiens qui joignent les grâces de la civilisation gréco-romaine à la pureté chrétienne. Son père est à la tête d’une des premières familles de la ville. Il est lui-même un savant, un lettré, et Dom Ruinart, à qui nous devons les Actes de son martyre, nous fait de lui un portrait touchant. Il n’a pas voulu adorer Cybèle, la « déesse Mère ». Un édit du sage Marc-Aurèle oblige le juge à le condamner à mort. Il va au supplice sa mère est montée sur les remparts de la ville. Elle le voit passer et elle lui crie : « Mon fils Symphorien, mon fils! Aie dans la pensée le Dieu vivant; garde la constance, mon fils! La mort n’est pas à craindre quand elle conduit à la vie. Tiens ton cœur en haut. Regarde celui qui règne au Ciel. On ne t’enlève pas la vie, on la change pour une meilleure. C'est aujourd’hui que tu fais cet heureux échange ; tu vas gagner la vie éternelle. »
Une antre mère se montre plus héroïque encore. C'est la mère de Méliton, le plus jeune et le seul survivant de quarante officiers de la légion Fulminante, martyrisés, à Sébaste au commencement du IV° siècle. Elle l’exhortait à souffrir le martyre et, de ses propres mains, elle le soutenait dans le chariot qui le conduisait, déjà à demi-mort, au bûcher : « Tu m’as été donné par la grâce de Dieu, je te rends à Lui pour son amour. »
Origène, dans son Exhortation au martyre, résume bien cette situation morale et historique : « La rosée de la piété et le souffle de la sainteté ne permettaient pas à la flamme de l’amour maternel d’étouffer l'amour de Dieu »
A suivre... § VII.
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: LES MÈRES DES SAINTS
§ VII. — Vivia Perpétua et son enfant. — La préoccupation de la vie éternelle, avec l’amour de Jésus et la passion de la pureté, c’est là ce qui aide la société chrétienne à émerger du milieu de la société païenne. Il y a dans ces trois impulsions un tel élan vers les hauteurs, un tel conseil de dignité morale qu’il s’en forme un instinct nouveau. On voit poindre ce sentiment de l’honneur qui est le lien de toute société destinée à vivre et qui constituera plus tard la partie noble de la chevalerie. C’est l’honneur chrétien C’est ce puissant et noble mouvement qui, en présence d ’un acte contraire à la foi, fait hésiter même les plus faibles et les plus corrompus et dirige les vaillants et les généreux.
Les martyrs disaient : « Je suis chrétien, » comme on dira plus tard : « Je suis gentilhomme, » et non pas avec cette fierté arrogante qui criait : « Je suis citoyen romain! » mais avec une humble dignité et une modeste intrépidité.
Ce nouvel instinct semble guider une des plus suaves martyres du commencement du IIIe siècle, Vivia Perpétua. C’est une toute jeune mère, elle allaite encore son enfant. Elle nous a laissé le récit des premières journées de son supplice.
Ces Mémoires d ’une martyre du IIIe siècle, écrits par elle-même, dépassent en douceur pour l’esprit, en curiosité pour l’intelligence, en ennoblissement pour l’âme, tout ce qui a été publié dans le genre autobiographique. Le ton en est candide, si sincère, si chaste, l’héroïsme y est si simple, on voit si bien cette virginité d’âme que la jeune femme a conservée, cette fermeté est si sereine qu’on voudrait appeler ce document le babil d’un ange. Pour sa valeur historique, comme pour sa hauteur morale, nous le voudrions mettre en toutes les mains. Mais nous n’en devons tirer que les passages maternels.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13724
Date d'inscription : 26/01/2009
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