Si vous voulez être parfait...
Page 1 sur 6
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
Si vous voulez être parfait...
Bonjour,
Voici l’admirable Sermon sur la montagne de Notre-Seigneur, suivi des Commentaires colligés par saint Thomas d’Aquin dans son œuvre merveilleuse intitulée La Chaîne D’Or. Saint Augustin résume remarquablement ce discours : « Si quelqu'un étudie avec piété et prudence ce discours, il y trouvera toute la vie chrétienne en ce qui concerne les mœurs. »
Dès la publication de cette Chaîne d’Or, nous insérerons dans ce fil les versets avec des liens en vue d’en faciliter la consultation .Chapitre V :
* 1-3; * 4; * 5; * 6.; * 7; * 8; * 9; * 10; * 11-12; * 13; * 14-16; * 17-19; * 20-22; * 23-24; * 25-26; * 27-28; * 29-30; * 31-32; * 33-37; * 38-42; * 43-46; * 47-48.Chapitre VI :
* 1-4; * 5-6; * 7-8; * 9; * 10; * 11; * 12; * 13; * 14-15; * 16; * 17-18; * 19-21; * 22-23; * 24; * 25; * 26-27; * 28-30; * 31-33; * 34.Chapitre VII :
* 1-2; * 3-4; * 5-6; * 7-8; * 9-11; * 12; * 13-14; * 15-20; * 21-23; * 24-27; * 28-29.
Bien à vous.
Bonne et sainte lecture à tous.
Dernière édition par Louis le Jeu 18 Aoû 2022, 6:23 am, édité 58 fois
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.(S. Matth. CHAP. V, VI, VII, et la Chaîne d’Or.)Jésus, voyant tout ce peuple, monta sur une montagne, où s'étant assis,
ses disciples s'approchèrent de lui; et ouvrant sa bouche, il les enseignait, en disant:
Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux.S. Matth.,V, 1-3
S. CHRYS. — Tout ouvrier, quelle que soit sa profession, se réjouit à la vue de ce qui peut favoriser son art. Ainsi un charpentier, à la vue d'un bois excellent, désire faire couper cet arbre pour l’employer (1) ; ainsi le prêtre, en voyant une église pleine, se félicite dans son cœur, et son enseignement lui devient agréable. Voilà pourquoi le Seigneur fat porté à parler par le spectacle de cette grande foule, et qu'il est dit de lui : « Jésus, voyant les foules, monta sur la montagne. »
— S. AUG. — L'on peut croire aussi qu'il voulut éviter cette multitude et qu'il se retira sur le sommet de la montagne pour entretenir ses seuls disciples.
— S. CHRYS. —En s'asseyant non pas dans la cité et dans le forum, mais sur la montagne et dans la solitude, il nous enseigna à ne rien faire par ostentation, à nous éloigner des tumultes, et surtout lorsqu'il s'agit de débattre des intérêts urgents.
— RÉMIG. — Il faut remarquer que le Sauveur eut trois lieux pour s'y réfugier, la montagne, le désert et la barque, et qu'il se retirait dans l'un ou l'autre de ces refuges lorsque la foule le fatiguait.
S. JÉR. — Quelques-uns de nos frères croient dans leur simplicité qu'il s'agit ici de la montagne des Oliviers, ce qui n'est pas ; car ce qui précède et ce qui suit montre clairement que cette montagne est de la Galilée, le Thabor ou un autre mont élevé.
S. CHRYS. — Il monte sur cette montagne d'abord pour accomplir cette prophétie d'Isaïe : « Vous, montez sur la montagne. » Ensuite, pour nous apprendre que celui qui enseigne la justice divine et celui qui en écoute les oracles doivent habiter les sommets des vertus de l'Esprit; personne ne peut parler du haut de la montagne en restant dans la vallée. Si vous restez sur la terre, parlez de la terre ; si vous voulez parler du ciel, demeurez au ciel. Ou bien il monte sur la montagne pour nous apprendre que quiconque veut apprendre les mystères de la vérité, doit monter sur cette montagne de l'Église dont le prophète a dit : « C'est une montagne féconde que la montagne de Dieu. »
— S. HIL. — Il monte sur la montagne, peut-être pour nous apprendre que c'est du haut de la majesté qu'il partage avec son Père qu'il nous a envoyé ses préceptes.
— S. AUG. — En montant sur la montagne, il a voulu peut-être nous dire que les lois qu'il allait donner au peuple délivré par l'amour étaient plus élevées que celles que les prophètes avaient données à la nation liée par la crainte.
SUITE. — « Lorsqu'il fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui.»
— S. JÉR. — Il parle assis et non debout, parce qu'ils étaient incapables de le saisir dans l'éclat de sa majesté.
— S. AUG. — Ou peut-être il parle assis, parce que cela convenait à sa dignité de maître. Ses disciples s'approchèrent de lui pour l'entendre de plus près, eux qui étaient plus préparés à remplir ses paroles.
— RAB. — Au sens mystique, le Seigneur assis, c'est le Seigneur incarné; car si le Seigneur ne s'était pas incarné, le genre humain n'aurait pas pu se rapprocher de lui.
S. AUG. — Cela étonne que saint Matthieu…
________________________________________________________________________________
(1) Saint Chrysostôme ajoute en cet endroit l'exemple d'un laboureur qui, à la vue d'une terre grasse, désire la labourer, et celui d'un cheval qui, au sortir de l'étable, s'emporte et mord le frein s'il voit les champs s'ouvrir devant lui.
Dernière édition par Louis le Mer 30 Mar 2022, 5:46 am, édité 1 fois (Raison : Formatage.)
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. AUG. — Cela étonne que saint Matthieu fasse tenir ce discours au Sauveur assis sur la montagne, tandis que saint Luc (1) en place la scène dans un lieu champêtre. Mais cette diversité annonce qu'il ne s'agit pas du même discours dans les deux évangélistes; car qui peut empêcher le Christ de répéter ce qu'il avait déjà dit une fois, ou de faire de nouveau ce qu'il avait déjà fait? Il peut se faire aussi qu'il ait choisi parmi les disciples qui l'accompagnaient ses douze apôtres sur un point plus élevé de la montagne, et qu'ensuite descendu non de la montagne, mais de cette hauteur vers un endroit champêtre, sur un plateau au flanc de la montagne, il ait attendu dans ce lieu qui pouvait contenir un grand nombre d'auditeurs que les foules se réunissent autour de lui; ses disciples se seraient rapprochés de lui après qu'il se fut assis, et là en leur présence et en la présence du peuple il aurait fait ce discours que saint Matthieu et saint Luc racontent d'une manière en apparence différente, mais qui est au fond la même.
S. CHRYS. — Au moment où le Sauveur sur la montagne va formuler d'admirables préceptes, il est dit: « Ouvrant sa bouche il les enseignait » (1), lui qui autrefois avait ouvert la bouche des prophètes.
— S. RÉMIG. — Il faut remarquer que toutes les fois qu'il est dit que le Seigneur ouvrit sa bouche, il faut être attentif, car ce sont de grandes choses qui vont suivre.
— S. AUG. — Ou peut-être ces mots doivent-ils nous annoncer que le discours qui va suivre sera plus long que d'habitude.
— S. CHRYS. — Ou peut être cela est-il dit parce que tantôt il enseignait en ouvrant sa bouche pour parler, tantôt en émettant la voix de ses œuvres.
S. AUG. — Si quelqu'un étudie avec piété et prudence ce discours, il y trouvera toute la vie chrétienne en ce qui concerne les mœurs. D'où ce discours se clôt par ces mots: « Quiconque écoute ces paroles qui viennent de moi et les pratique sera comparé à l'homme sage. »
S. AUG. — La philosophie ne peut avoir d'autre but que le but du bien lui-même; or…
_______________________________________________________________
(1) Au chap. 6, v. 17, en ces termes : Jésus descendant de la montagne s'arrêta dans un lieu champêtre. — (1) Ainsi il est dit de Job dans d'anciens exemplaires : Après cela Job ouvrit la bouche c. 3, v. 1).
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. AUG. — La philosophie ne peut avoir d'autre but que le but du bien lui-même; or, le but du bien est de nous rendre heureux, et c'est pour cela que Jésus-Christ commence en ces termes : « Bienheureux les pauvres d'esprit.»
— S. AUG. — La présomption d'esprit annonce l'audace et l'orgueil. Or, souvent les orgueilleux sont dits hommes d'un grand esprit, et cela avec raison ; car le vent a nom esprit, et qui ignore que ceux qui sont enflés d'orgueil se trouvent comme élargis par un souffle? C'est pour cela que ceux qui craignent Dieu, et qui ne sont pas sous l'impression de cet esprit qui enfle, sont appelés pauvres d'esprit.
— S. CHRYS. — Ou bien le mot esprit signifie ici âme et enflure. Or, qu'un homme soit humilié malgré lui et par la force des circonstances, il n'y a là aucune gloire pour lui. Le Christ ne béatifie ici que ceux qui s'humilient par détermination de leur volonté. Ses coups vont jusqu'aux dernières profondeurs en portant contre l'orgueil, parce qu'il est lui-même la racine et la source de tous les maux. Il lui oppose l'humilité, la choisit comme un solide fondement, parce que au-dessus d'elle l'on peut bâtir avec solidité, tandis que si elle tombe, tous les biens que vous aurez amassés tomberont avec elle.
— S. CHRYS. — Cette manière de s'exprimer: bienheureux les pauvres d'esprit, indique peut-être ici qu'il s'agit de l'humilité qui s'adresse toujours à Dieu comme une mendiante. C'est pour cela que le grec dit (1) : « Bienheureux les mendiants ou les nécessiteux. » Il en est plusieurs qui sont naturellement humbles, mais qui ne le sont pas par un principe de foi, parce qu'ils n'implorent pas le secours de Dieu. Il ne s'agit ici que de ceux que la foi a rendus humbles.
— S. CHRYS. — Peut-être le mot pauvres d'esprit signifie ceux qui sont saisis de crainte et tout tremblants en présence des commandements de Dieu ; ce que Dieu recommande par Isaïe : Mais qu'ont ceux-ci de plus que ceux qui sont tout simplement humbles? C'est qu'ils ont l'humilité en plus grande abondance.
— S. AUG. — Que les orgueilleux désirent les royaumes de la terre ; celui des cieux est aux humbles.
— S. CHRYS. — Ainsi que tous les vices nous portent aux enfers, mais surtout l'orgueil; ainsi toutes les vertus nous conduisent aux cieux, mais surtout l'humilité, car le propre de celui qui s'humilie est d'être élevé.
— S. JÉR. — Ou bien les pauvres d'esprit, parce que c'est par l'inspiration de l'Esprit-Saint qu'ils se font pauvres volontaires.
— S. AMB. — Là où au jugement des hommes se trouve la misère, commence le bonheur au jugement de Dieu.
— LA GLOSE. — C'est avec raison que les richesses, du ciel sont annoncées aux pauvres du siècle.
Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre…
____________________________________
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEBienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre.S. Matth., V, 4.
S. AMB. — Lorsque je serai parvenu à me contenter de la médiocrité, à me purger de toute espèce de maux, il me restera à tempérer mes mœurs. A quoi peut me servir de me passer des choses de la terre, si je ne suis pas doux ? C'est pour cela que suivent les paroles : « Bienheureux les doux. »
— S. AUG. — Les doux sont ceux qui cèdent au mal, ne lui résistent pas, mais le font disparaître dans le bien.
— S. AMB. — Modérez votre mouvement pour ne pas vous mettre en colère ou pour ne pas pécher dans la colère. Il est beau de soumettre le mouvement à la raison, et il n'est pas d'une moindre vertu d'enchaîner sa colère que de ne pas en avoir du tout, d'autant plus que souvent ceci est considéré comme le signe d'un caractère mou (1), tandis que le reste est regardé comme le signe d'une grande énergie.
S. AUG. — Que ceux qui ne sont pas doux se disputent et se combattent pour choses terrestres et temporelles : « Bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre, d'où ils ne pourront être arrachés; » cette terre, dont il est dit au ps. 141, v. 6 : « Ma part est dans la terre des vivants. » Ainsi nous est désigné cet héritage éternel et stable où l'âme se repose comme à sa place par le bon amour; elle s'y repose comme le corps dans la terre, s'y nourrit de son aliment comme le corps le fait sur la terre, en vivant de la terre; cet héritage est le repos et la vie des saints.
— S. CHRYS. — Cette terre, d'après quelques-uns, tant qu'elle est dans l'état actuel, est la terre des morts, puisqu'elle est soumise à ce qui est vain; mais lorsqu'elle sera délivrée de la corruption, elle deviendra la terre des vivants, car les mortels y recevront la vie immortelle. J'ai lu un autre auteur qui exposait comment le ciel qu'habiteront les saints est appelé la terre des vivants, en disant que la partie inférieure de ce séjour est le ciel, et la partie supérieure la terre. D'autres prétendent que notre corps est terre, et que tant qu'il est soumis à la mort il est la terre des morts, mais qu'il deviendra la terre des vivants en devenant conforme au corps du Christ dans sa gloire.
S. HIL. — Le Seigneur promet à ceux qui sont doux l'héritage de la terre, c'est-à-dire l'héritage de ce corps qu'il a choisi lui-même pour y habiter, puisque le Christ habite en nous par la mansuétude de notre esprit, et qu'il nous revêtira plus tard de la gloire que ce corps aura acquise (1).
S. CHRYS. — Le Christ mêle aux promesses spirituelles des promesses temporelles, et parce que celui qui est doux parait tout perdre, il lui promet le contraire, en lui disant que celui qui n'est pas arrogant possède ce qu'il a avec assurance, tandis que celui qui l'est se trouve mille fois en danger de perdre et son âme et l'héritage de ses aïeux. Or, comme le prophète avait dit : « Les doux posséderont la terre » (ps. 36), il se sert ici de paroles connues.
LA GLOSE.— Les doux qui se sont possédés eux-mêmes posséderont plus tard l'héritage du père. C'est mieux de posséder la terre que d'avoir le royaume des cieux, puisque l'on perd souvent ce que l'on a.
Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés.…
_____________________________________________________________
(1) Auparavant pour lentius, que nous avions rétabli, il y avait levius. Tout ceci est un commentaire de cette parole du ps. 4: Irascimini et nolite peccare. — (1) Dans cette édition, pour éviter l'ambiguïté du mot clariflcati, que l'on aurait pu croire au pluriel, on a changé plusieurs mots de place. D'ailleurs, ce passage est le commentaire de saint Paul : Reformabit corpus humilitatis nostræ configuratum corpori claritaiis suæ (Phil. 3, v. 21].
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEBienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés.S. Matth., V, 5.
S. AMB. — Lorsque vous en serez venu là d'être doux et pauvre, rappelez-vous vos péchés et pleurez-les. Voilà pourquoi ces mots : « Bienheureux ceux qui pleurent. » Et c'est bien que la troisième bénédiction soit accordée à celui qui pleure ses péchés, puisque c'est la Trinité qui pardonne.
— S. HIL. — Ceux qui pleurent ne sont pas ceux qui pleurent leurs pertes, leurs injures ou les torts qu'ils ont soufferts, mais ceux qui pleurent leurs péchés passés.
— S. CHRYS. — Ceux qui pleurent leurs péchés sont heureux, mais médiocrement; plus heureux sont ceux qui pleurent les péchés d'autrui, et tels devraient être tous ceux qui enseignent.
— S. JÉR. — Le deuil dont il s'agit ici n'est pas le deuil de ceux qui sont morts par la commune loi, mais de ceux qui se sont ensevelis dans leurs péchés et dans leurs vices (1). Ainsi Samuel pleura Saül, et saint Paul ceux qui ne se sont pas lavés de l'impureté par la pénitence.
S. CHRYS. — Comme la consolation n'est que la fin du deuil, ceux qui pleurent leurs péchés seront consolés par le pardon.
— S. CHRYS. — Et quoique le pardon dût leur suffire, Dieu ne termine pas là ses bienfaits, mais il les fait participants de plusieurs consolations dans ce siècle et dans l'avenir; Dieu récompense toujours au- delà du travail.
— S. CHRYS. — Ceux qui pleurent les péchés d'autrui seront consolés; car voyant le plan de Dieu à la lumière de cet autre monde, ils comprendront que ceux qui ont péri n'étaient pas de Dieu dont la main ne se laisse pas arracher ce qu'elle tient. Cessant de les pleurer, ils se réjouiront dans le bonheur.
— S. AUG. — Le deuil est la tristesse que nous fait éprouver la perte de ceux qui nous sont chers. Ceux qui se convertissent à Dieu perdent ce qu'ils aimaient dans le monde. Leurs joies ne sont pas puisées aux mêmes sources qu'auparavant, et épris de l'amour des choses éternelles, ils ne sont pas exempts de la tristesse à cause de cet amour. Leur consolation est l'Esprit-Saint lui-même qui, à cause de cela, a pour nom principal Paraclet (1) ou consolateur; il les enrichit de la joie éternelle au moment où ils perdent celle de ce monde, et c'est pour cela qu'il est dit qu'ils seront consolés.
Par deuil l'on peut entendre deux brisements de cœur différents, résultant l’un des misères de ce monde, l'autre du désir du ciel. C'est pour cela que la fille de Caleb demanda des champs arrosés en bas et en haut (2). Ce deuil est particulier à celui qui est doux et pauvre, et qui n'aimant pas le monde, reconnaît sa misère, et par elle s'élève au désir du ciel. C'est avec raison que la consolation convient à ceux qui sont dans la peine, et que la joie est donnée dans l'autre monde à celui qui a eu la souffrance dans celui-ci. Or, la récompense de celui qui pleure est plus grande que celle de celui qui est pauvre et de celui qui est doux; car se réjouir dans le royaume vaut mieux que l'avoir et le posséder; que de choses que l’on a et que l'on possède dans la douleur !
S. CHRYS. — Remarquez que c'est avec intention (1) que dans l'énoncé de cette béatitude il dit, non pas : ceux qui sont dans la tristesse, mais ceux qui sont dans le deuil, et en cela il nous donne une leçon de haute sagesse ; car si ceux qui sur cette terre portent le deuil de leurs enfants ou d'autres défunts ne se laissent pas attirer par le tumulte, ni ne se livrent aux désirs de l'argent, de la gloire, et aux sollicitations des passions, à combien plus forte raison devrait-on remarquer ces signes de deuil en ceux qui pleurent leurs péchés.
Bienheureux ceux qui sont affamés et altérés de la justice, parce qu'ils seront rassasiés.…
___________________________________________________________________________
(1) On trouve ici l'ablatif, et le sens que nous avons donné est fixé par l'Apôtre (Ephés. 2, v. 15); mais mourir gouvernant le datif, mourir aux vices, c'est y renoncer, d'après toujours l'Apôtre (Rom., 6, v.. 2), et saint Pierre (I Ep., chap. 2, v. 24).
(2) Josué, 15, v. 19, Jug. 1, 15. Voyez sur le sens mystique de ce passage saint Grég., 3. Dial., chap. 34, et le registre, liv. 6. Indict. 15. Ep. 23, qui a pour titre : Theotitsæ pariter et Andreæ.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEBienheureux ceux qui sont affamés et altérés de la justice, parce qu'ils seront rassasiés.S. Matth., V, 6.
S. AMB. — Après que j'ai pleuré les péchés, je commence à ressentir la faim et la soif de la justice. Le malade ne ressent pas ces besoins au fort de la maladie, et c'est pour cela qu'il ajoute : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice. »
— S. JÉR. —Il ne nous suffit pas de vouloir la justice, il faut en ressentir la faim, et sous cette figure nous est enseigné que nous ne devons jamais nous considérer comme assez justes, mais désirer toujours ardemment les œuvres de justice.
— S. CHRYS. — Tout bien que les hommes ne font pas par l'amour du bien lui-même est déplaisant aux yeux de Dieu. Or, avoir faim de la justice, c'est désirer vivre selon la justice divine; avoir soif de la justice, c'est en désirer la science.
S. CHRYS. — La justice dans son sens le plus étendu ou le plus restreint est le contraire de l'avarice. Ayant à parler de la charité, il nous montre comment nous devons la faire, et que nous ne devons pas la puiser aux sources de l'avarice ou du vol. C'est pour cela aussi qu'il donne à la justice les attributs de l'avarice, la faim et la soif.
S. HIL. — Il attribue le bonheur à la faim et à la soif de la justice, et nous montre ainsi que l'avidité des saints vers la doctrine divine aboutira dans le ciel à une complète satiété. C'est le sens de ces mots : « Parce qu'ils seront rassasiés. »
— S. CHRYS. — Par l'abondance des récompenses de Dieu, parce qu'elles dépasseront les désirs des saints.
— S. AUG. — C'est peut-être qu'ils seront rassasiés en ce monde de cette nourriture dont le Seigneur a dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père » (1) (ce qui est la justice), et de cette eau dont il est dit qu'elle deviendra une source d'eau rejaillissant jusqu'à la vie éternelle.
S. CHRYS. — Peut-être s'agit-il ici de récompense terrestre, et comme l'on pense communément que c'est l'avarice qui nous fait abonder, il affirme le contraire, le dit de la justice; car celui qui la désire possède tout d'une manière stable.
Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront eux-mêmes miséricorde…
____________________________________________________________
(1) An chap. 4, v. 34 de saint Jean où le Sauveur ajoute : Ut perficiam opus ejus.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEBienheureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront eux-mêmes miséricorde.S. Matth., V, 7.
LA GLOSE (1). — La justice et la miséricorde doivent s'unir ensemble, et se tempèrent l’une par l'autre. La justice sans miséricorde n'est que cruauté, et la miséricorde sans justice rien qu'un dissolvant. C'est pour cela qu'ici la miséricorde vient après la justice en ces termes : « Bienheureux les miséricordieux. »
— RÉMIG. — Le mot miséricorde exprime que l’on porte en soi le cœur des malheureux ; car l'homme miséricordieux regarde comme sienne la misère d'autrui, et en souffre comme de la sienne propre.
— S. JÉR. — La miséricorde ne se manifeste pas seulement par aumônes; elle peut se déclarer aussi dans le support du mal que le prochain commet; elle consiste à porter les fardeaux les uns des autres.
— S. AUG. — Il dit heureux ceux qui viennent au secours de leurs frères ; leur récompense est d'être délivrés de leurs propres maux; d'où suivent ces mots : « Puisqu'ils recevront une même miséricorde. »
— S. HIL. — Dieu se réjouit tellement dans le sentiment qui nous rend bienveillants pour les autres, qu'il ne promet sa miséricorde qu'aux seuls miséricordieux,
S. CHRYS. — La récompense paraît égale au mérite, mais elle l’emporte, puisque la miséricorde divine est supérieure à celle qui est humaine.
— LA GLOSE. — C'est avec raison que la miséricorde est promise aux miséricordieux, et de telle manière qu'ils reçoivent plus qu'ils n'ont mérité; ainsi que celui qui n'a que ce qu'il lui faut a moins que celui qui a au-delà; ainsi la gloire de la miséricorde remporte sur celle des béatitudes précédentes.
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. …
_______________________________________________________________________
(1) Ou plutôt saint Anselme, car l’on ne trouve rien de semblable dans la Glose actuelle.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEBienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu.S. Matth., V, 8.
S. AMB. — Celui qui fait miséricorde perd la miséricorde du Seigneur, à moins qu'il n'ait agi par une intention pure; car s'il a agi par vanité, il ne lui en revient aucun fruit, et c'est pour cela qu'il est dit : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur. »
— LA GLOSE (1). — C'est avec raison que la pureté de cœur est placée en sixième lieu, car c'est le sixième jour que l'homme a été créé à l'image de Dieu, image qui avait été obscurcie en lui par le péché, et qui a été restaurée en lui par la grâce. C'est avec raison que cette béatitude vient après les autres; la pureté de cœur résulte de toutes les autres vertus qui précèdent.
— S. CHRYS. — Il appelle purs ou ceux qui ont toutes les vertus, et n'ont conscience d'aucun mal en eux; ou bien ceux qui savent arrêter les désirs de leur chair, ce qui est surtout nécessaire pour voir Dieu, ainsi que nous l'apprend l'Apôtre en ces termes : « Cherchez à être en paix avec tous, cherchez la sainteté sans laquelle personne ne peut voir Dieu. » Il en est, en effet, beaucoup qui se montrent miséricordieux, mais qui ne savent pas vaincre l'impureté, et le Sauveur ajoute ces mots pour leur montrer que cela ne suffit pas.
S. JÉR. — Dieu pur ne peut être vu que par un cœur pur, et le temple de Dieu ne doit pas être souillé; c'est pour cela qu'il ajoute : « Parce qu'ils verront Dieu. »
— S. CHRYS. — Celui qui a dans sa pensée la justice, et qui la traduit dans ses œuvres, celui-là voit Dieu des yeux de son âme; car la justice est l'image de Dieu, Dieu étant justice. Il nous faut donc savoir que quiconque s'arrache au mal et fait le bien, voit Dieu en cela plus ou moins, toujours ou par intervalles, suivant la puissance humaine. Dans cette autre vie, ceux qui ont le cœur pur verront Dieu face à face, et non pas dans un miroir et dans une énigme comme dans celui-ci (1).
— S. AUG. — Ce sont des insensés ceux qui cherchent à voir Dieu des yeux du corps, alors que l'on voit Dieu par le cœur, ainsi qu'il est écrit ailleurs : « Cherchez-le dans la simplicité du cœur. » La simplicité du cœur n'est autre que la pureté de cœur.
— S. AUG. — Il est évident que si les yeux spiritualisés du corps spiritualisé n'avaient pas plus de force que ceux que nous avons maintenant, on ne pourrait pas voir Dieu par leur intermédiaire.
S. AUG. — Cette récompense est le fruit de la foi…
__________________________________________________________________________
(1) Dans saint Anselme, car la Glose ne présente rien de semblable au moins quant à l'expression. Dans saint Anselme, c'est à peu près dans les mêmes termes. — (1) Allusion à ces paroles de l'Apôtre: Nous le voyons maintenant par un miroir et dans une énigme; mais alors face à face (I Corinth., 13, v. 12).
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. AUG. — Cette récompense est le fruit de la foi, en ce sens que la foi nous prépare à cette récompense, ainsi qu'il est dit: « Purifiant leur cœur par la foi » (2). Ces paroles sont surtout une preuve de notre maxime : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. »
S. AUG. —Personne ne voit Dieu dans cette vie et tant qu'il est prisonnier des sens corporels qui enchaînent notre vie mortelle; personne ne s'élève à cette vision, sans mourir radicalement à cette vie, soit en quittant tout-à-fait son corps, soit en devenant tellement étranger à ses membres qu'il puisse, ainsi que l'Apôtre, douter, avec raison, s'il est ou n'est pas sur la terre.
LA GLOSE (1). — Cette béatitude est plus élevée que toutes les autres, et c'est celle de l'homme qui non-seulement est nourri dans la maison du roi, mais peut venir en sa présence.
Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu…
_______________________________________
(1) C’est de saint Anselme.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEBienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu.S. Matth., V, 9.
S. AMB. — Lorsque vous aurez purifié votre intérieur de toute souillure de péché, en telle sorte qu'il ne s'en élèvera plus ni trouble ni dissension, la paix sortant de vous ira jusqu'aux autres, et c'est ce que veulent dire ces paroles: « Bienheureux les pacifiques. »
— S. AUG. — La paix est la tranquillité de l'ordre; l’ordre est cet arrangement qui donne aux choses semblables et dissemblables leurs places respectives. Comme tout le monde désire le bonheur, ainsi tout le monde désire la paix, et souvent ceux qui veulent la guerre ne tendent par elle qu'à une paix pleine de gloire.
— S. JÉR. — Ces pacifiques, qui sont dits heureux, sont ceux qui établissent la paix entre leurs frères, après l'avoir établie dans leur cœur; car que vous sert de pacifier les autres si vous portez en vous-même les combats des vices ?
S. AUG. — Ceux qui sont pacifiques, ce sont ceux qui en régularisant les mouvements de leurs âmes, les soumettant à la raison, et en tenant domptées les passions de leur chair, deviennent royaume de Dieu. En ceci, toutes choses sont à leur place quand ce qu'il y a dans l'homme de plus élevé et de plus excellent commande à l'insubordination d'une autre partie de nous-mêmes qui nous est commune avec les bêtes, et cette première partie, qui est l’âme et la raison, est soumise à ce qui est au sommet de tout, la vérité Fils de Dieu. Il ne commandera jamais à ce qui lui est inférieur, celui qui n'obéit pas lui-même à ce qui lui est supérieur. Or, telle est la paix promise sur cette terre aux hommes de bonne volonté (1).
— S. AUG. — Personne ne peut en venir en ce monde à ce point que cette loi de résistance ne se trouve plus dans ses membres; mais, en domptant leurs passions, les pacifiques se préparent à recevoir plus tard la plénitude de la paix.
— S. CHRYS. — Ils se montrent pacifiques envers les autres, non-seulement ceux qui réconcilient dans la paix ceux qui sont ennemis, mais encore ceux qui par amour de la paix oublient le mal qu'on leur a fait. La paix qui donne le bonheur n'est pas celle qui s'exprime par les paroles, mais celle qui repose dans le cœur, et ceux qui l'aiment sont vraiment les fils de la paix.
S. HIL. — La béatitude de l'adoption est la récompense de ceux qui sont pacifiques, et elle est exprimée par ces mots : « Parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu. » Dieu est le père de tous, et nous ne nous montrerons dignes d'entrer dans sa famille qu'en nous montrant animés de sentiments de paix à l'égard de nos frères.
— S. CHRYS, — Les pacifiques étant ceux qui fuient la dispute et ne conservent pas de haine dans leur cœur, mais s'emploient à réunir ceux que le ressentiment a séparés, c'est avec raison qu'ils sont appelés les enfants de Dieu ; car c'est le propre des fils de famille de ramener ceux qui se séparent, et de pacifier ceux qui se combattent.
— S. AUG. — La perfection est dans la paix et là où rien ne résiste; les pacifiques sont appelés enfants de Dieu, car rien ne résiste à Dieu, et, les enfants doivent porter la ressemblance de leur père.
— LA GLOSE (1). — Les pacifiques ont donc la dignité qui surpasse toutes les autres ; car le fils du roi est au-dessus de tous. Cette béatitude est la septième, parce que c'est au jour du sabbat que nous sera donné le repos véritable, après les six âges du monde.
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des cieux est à eux.…
________________________________________________________________________
(1) Ou plutôt de saint Anselme, en sens inverse pour l'ordre des idées. La Glose actuelle n'a rien de semblable.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEBienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice,
parce que le royaume des cieux est à eux.S. Matth.,V, 10.
S. CHRYS. — Après avoir énoncé le bonheur de la paix, afin de nous montrer que le bien n'était pas pour nous toujours dans la recherche du repos, il ajoute : « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, » c'est-à-dire pour la vertu, pour la défense d'autrui, pour la piété, le mot justice étant ordinairement pour toute vertu de l'âme.
— S. AUG. — La paix une fois établie est affermie au-dedans, quelles que soient les persécutions que soulève au dehors celui qui a été chassé du dedans (2); il ne fait qu'augmenter cette gloire qui est selon Dieu.
— S. JÉR. — C'est d'une façon significative qu'il est ajouté : « Pour la justice, » car il en est plusieurs qui souffrent pour leurs péchés et qui ne sont pas justes. Remarquez aussi que cette huitième béatitude, qui clôt toutes les autres, exprime le martyre.
— S. CHRYS. — Il ne dit pas : « Bienheureux celui qui souffre persécution de la part des Gentils, » afin que vous ne pensiez pas qu'il s'agit uniquement de ceux qui sont persécutés pour leur refus d'adorer les idoles. Celui donc qui souffre de la part des hérétiques, et pour soutenir contre eux la vérité, est heureux, souffrant pour la justice. Et si un de ces puissants du monde, qui conservent encore les dehors chrétiens, vous persécute, peut-être parce que vous lui aurez reproché ses péchés, vous avez le bonheur de Jean-Baptiste (1). Les prophètes ont été martyrs en étant persécutés par les enfants de Dieu; ainsi, l'on peut recevoir la même palme en étant persécuté par le peuple de Dieu. L'Écriture, en ne désignant pas les persécuteurs et en énonçant seulement la cause de la persécution, nous avertit de regarder non quels sont ceux qui nous persécutent, mais ce pour quoi l'on nous persécute.
S. HIL. — S'il réserve, pour les nommer les derniers, ceux qui sont déterminés à tout souffrir pour le Christ (ce qui n'est que justice), il leur marque pour récompense le royaume de Dieu, le mépris des choses de la terre les ayant rendus pauvres d'esprit. C'est pour cela qu'il est dit : « Le royaume des cieux leur appartient. »
— S. AUG. — La huitième béatitude revient vers la première, elle la montre et la démontre consommée et parfaite. Dans la première et dans la huitième est donc nommé le royaume de Dieu; les sept autres sont les différents degrés de cette perfection. La huitième éclaire et prouve toutes les autres, et, en se ramenant à la première, elle montre la perfection des divers autres degrés.
— S. AMB. — Le premier royaume du ciel est offert aux saints dans leur affranchissement des liens du corps (1); le second sera, après la résurrection, dans leur participation à la gloire du Christ. Après la résurrection, vous vous mettrez à posséder votre terre sans plus rien craindre de la mort, et vous trouverez votre consolation dans ce repos. Le plaisir suit la consolation, et ce bonheur est le fruit de la miséricorde divine; car Dieu appelle celui sur qui tombe sa miséricorde, et cet élu appelé voit celui qui l’a appelé. Or, celui qui a vu Dieu monte aux droits de la filiation divine, et c'est alors, enfin, que, comme fils de Dieu, il jouit des délices du royaume céleste. L'homme de la première béatitude commence à en jouir, lui en est rassasié.
— S. CHRYS. — Si, après chaque béatitude, vous n'avez pas entendu parler du royaume de Dieu, ne vous en étonnez pas; car des mots comme ceux-ci : ils seront consolés, ils recevrons miséricorde, et autres semblables, sont des insinuations mystérieuses de cette vérité, afin que vous ne vous imaginiez rien de sensible, et que vous ne placiez pas votre bonheur dans ces choses du temps qui, passant avec lui, ne peuvent rendre heureux celui qu'elles servent comme leur roi.
S. AUG. — C'est avec soin qu'il faut étudier le nombre de ces sentences…
_______________________________________________________________________________________
(2) Le diable dont il a été dit : Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors (Jean, 12 , V. 31) . — (1) Il fut persécuté pour son opposition à l'union d'Hérode et d'Hérodiade (Matth., 14, v, 3 . Marc,6, v, 17. Luc, 3, v, 19). — (1) Pour absolutions il y a dissolutions dans quelques exemplaires de saint Ambroise. C'est une allusion aux paroles de l'Apôtre (Philipp. 1, v. 23).
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. AUG. — C'est avec soin qu'il faut étudier le nombre de ces sentences. L'on voit dans Isaïe les opérations de l'Esprit-Saint correspondre à ces divers degrés, mais en sens inverse; car le Fils de Dieu nous y est montré descendant jusqu'aux profondeurs de notre misère, et ici nous voyons l'Homme montant de cet abîme jusqu'à la ressemblance avec Dieu.
Parmi les degrés de l'Esprit-Saint, le premier est la crainte,et la crainte est le propre des humbles, des pauvres d'esprit, qui n'ont pas les prétentions hardies de l’audace, mais la crainte de l'humilité (1).
Le second est la piété, qui convient à ceux qui sont doux; car la piété qui cherche la vérité l'honore, ne lui reproche pas ses manques de clarté, ne lui résiste pas, ce qui constitue la douceur.
Le troisième est la science, apanage de ceux qui pleurent, car ils savent et les maux présents et les biens à venir.
Le quatrième est la force, qui convient à ceux qui ont faim et soif, parce que, cherchant leur joie dans les véritables biens, ils font tous leurs efforts pour se détacher des choses de la terre.
Le cinquième est le conseil, qui convient aux miséricordieux, eux seuls ayant le vrai moyen d'échapper à tant de maux en donnant et en remettant aux autres.
Le sixième estl'intelligence, que possèdent ceux-là seuls qui ont le cœur pur; car, ayant purifié leur œil, ils peuvent voir ce que leur œil ne voyait pas auparavant.
Le septième est la sagesse, et elle appartient aux pacifiques chez lesquels tout étant harmonisé se trouve soumis à la loi de l'esprit.
Une seule récompense est nommée, mais de différentes manières : c'est le royaume des cieux. Dans la première sentence, il est nommé de son nom propre, ainsi qu'il convenait au commencement, et à cette béatitude, qui est le commencement de la sagesse, d'après ces paroles : « Le commencement de la sagesse est la crainte du Seigneur. »
A la mansuétude l'héritage, car c'est elle qui cherche avec piété le testament du père ; au deuil la consolation, car il sait ce qu'il a perdu et dans quels maux il est maintenant plongé; à la faim la satiété, comme satisfaction due aux efforts pour le salut; à la miséricorde la miséricorde, car elle s'est réservé sagement le bénéfice de cette indulgence, qu'elle a octroyé à d'autres ; à la pureté la faculté de voir Dieu, car elle seule se sert, dans l'étude des choses éternelles, de l'œil qui peut le voir; à l'amour de la paix la ressemblance avec Dieu,
Or, toutes ces choses peuvent s'accomplir en ce monde, ainsi que nous les croyons réalisées dans les apôtres; car pour ce qui est de ce qui nous attend dans l'autre vie, personne ne peut le dire.
Vous êtes heureux lorsque les hommes vous chargeront de malédictions…
__________________________________________________________
(1) Paroles que rappellent celles de l'Apôtre : Ne visez pas à la haute sagesse, mais craignez [Rom., 11, v. 20). N'ayant pas les prétentions orgueilleuses de la science qui s'élève, mais se plaisant [ès] choses humbles (Rom., 12, v, 16).
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEVous êtes heureux lorsque les hommes vous chargeront de malédictions,
et qu'ils vous persécuteront, et qu'ils diront faussement toute sorte de mal contre moi.
Réjouissez-vous alors et tressaillez de joie, parce qu'une grande récompense vous
est réservée dans les cieux. Car c'est ainsi qu'ils ont persécuté les prophètes qui oui été avant vous.S. Matth., V, 11-12.
Les versets supérieurs avaient une direction générale (1); ici Jésus-Christ s'adresse personnellement à ceux qui l'écoutent, leur annonçant les persécutions qu'ils auraient à supporter pour son nom, et il leur dit: «Vous serez heureux, lorsque les hommes vous maudiront et vous persécuteront, et diront toute espèce de mal contre vous. »
— S. AUG. — L'on peut demander quelle est la différence qui existe entre maudire et dire toute espèce de mal, alors que maudire n'exprime que l'action de dire du mal. C'est que c'est autre chose maudire quelqu'un en face avec des paroles de mépris, et autre chose déchirer sa réputation en son absence. Quant au mot persécuter, il signifie tendre des embûches contre quelqu'un ou agir avec violence contre lui.
S. CHRYS. — S'il est vrai que celui qui présente à son frère un verre d'eau ne perd pas sa récompense, il ne l'est pas moins que celui qui sait supporter les paroles d'injures ne restera pas sans en être récompensé, quelque légère qu'ait été l'invective. Mais il faut deux choses pour que l'injurié soit celui de cette béatitude, à savoir qu'il le soit à faux et pour Dieu ; et si l'une des deux manque, il n'est pas dans le cas de cette béatitude dans l'expression de laquelle se trouvent ces mots : « Mentant à cause de moi. »
— S. AUG. — Je présume que ces mots ont été ajoutés pour ceux qui se glorifient de ces persécutions qui sont à leur déshonneur, et qui revendiquent pour eux le Christ, parce qu'ils sont exposés à mille injures. Ce qui est dit contre eux appartient à la vérité et n'est que la constatation de leur propre erreur, et si parfois on les accuse à faux, ce n'est nullement à cause du Christ.
S. GRÉG…
___________________________________________________
(1) Nous avons pensé que c’est par erreur typographique que le texte de Rabanus, suivi ici par l’édition de Paris, portait : dirigebat. Nous avons rétabli digerebat avec l’édition d’Anvers.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. GRÉG. (1). — Qui pourra nous nuire si, les hommes venant à nous manquer, il ne nous reste plus que le témoignage de notre conscience? C'est pourquoi nous ne devons pas exciter contre nous la langue de la détraction, pour ne pas la pousser elle-même à sa perte; mais une fois tournée d'elle-même à la méchanceté, nous devons en supporter patiemment les injures, pour faire augmenter nos mérites, et c'est pour cela qu'il est dit: « Réjouissez-vous et tressaillez, parce que votre récompense est abondante dans les cieux. »
— LA GLOSE. — Réjouissez-vous en votre âme, tressaillez en vos membres, parce que non-seulement votre récompense est grande comme celle de quelques autres, mais encore abondante dans les cieux.
— S. AUG. —Je ne pense pas que les cieux désignent ici ces parties supérieures de l'univers, car je ne pense pas que notre récompense soit placée dans le firmament visible, mais dans ce firmament spirituel qu'habite l'éternelle justice. Déjà ceux qui sont accoutumés à jouir des biens spirituels présentent cette jouissance qui ne sera parfaite que lorsque ce corps mortel aura revêtu l'immortalité (1).
— S. JÉR. — Pour que notre récompense se prépare dans les cieux, nous devons nous réjouir et tressaillir, ce que ne peut pas faire celui qui poursuit la vaine gloire.
— S. CHRYS. — Celui qui met sa joie dans la louange des hommes s'attriste de leur mépris; celui, au contraire, qui convoite la gloire des cieux ne craint pas l'opprobre sur la terre.
— S. GRÉG. (2). — Cependant, l'on doit quelquefois brider la détraction, lorsqu'elle tend à corrompre le cœur des âmes innocentes que nous aurions pu porter au bien.
LA GLOSE. — Ce n'est pas seulement par la perspective de la récompense, mais bien encore par le prestige de l'exemple qui les provoque à la patience par ces mots : « Ainsi ils ont persécuté les prophètes qui étaient avant vous. »
— RÉMIG. — C'est une grande consolation pour celui qui souffre de repasser dans sa mémoire le souvenir des souffrances de ceux qui lui sont un exemple de patience; les paroles du Sauveur reviennent à ceci : « Rappelez-vous que vous êtes les apôtres de celui dont ils furent les prophètes. »
— S. CHRYS. — Ces paroles peuvent exprimer aussi qu'il est l'égal du Père, et reviennent à ceci: Ainsi qu'ils ont souffert pour le Père, ainsi vous souffrirez pour moi. Cette manière de s'exprimer : « Les prophètes qui furent avant vous, » nous les montre eux-mêmes devenus prophètes.
— S. AUG. — Ce mot persécution est pris ici dans un sens général, et exprime et l'injure et la calomnie.
Vous êtes le sel de la terre...
___________________________________________________________
(1) Hom. 9, avant le milieu sur le chap. 2, verset 6, dont les paroles : Ne craignez pas, ne redoutez pas leurs discours, rappellent celles de Job : Mon témoin est dans les cieux (Job, 16, v. 20). — (1) Allusion au v. 54 du chap. 15 de la lre aux Corinth. . — (2) Dans l'homélie 9 immédiatement après ce qui a déjà été cité.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEVous êtes le sel de la terre. Que si le sel perd sa force, arec quoi le salera-t-on?
Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors, et à être foulé aux pieds parles hommes.S. Matth., V, 13.
S. CHRYS. — Celui qui vient de donner de hauts préceptes aux disciples, pour arrêter sur leurs lèvres cette parole : Comment pourrons-nous jamais les observer ? , les adoucit par ses louanges et leur dit : « Vous êtes le sel de la terre, » leur montrant ainsi combien ces préceptes sont nécessaires, car ce n'est ni pour eux ni pour une seule nation, mais pour le monde entier qu'il les envoie. Si en blessant le cœur humain il se retourne contre vous en injures, réjouissez-vous, car c'est l'effet du sel de mordre ce qui est d'une nature molle, et cette malédiction vous prouvera que vous avez en vous la vertu du sel, et ne vous nuira en rien.
S. HIL. — Il nous faut ici chercher le sens des mots, et nous y serons aidés en nous demandant quelle est la nature du sel et quelle fut la mission des apôtres. Or, le sel est fait à l'usage de toutes les choses humaines, donnant à tous les corps qui le reçoivent son incorruptibilité, et il est très propre à réveiller le goût endormi. Pour les apôtres, ils sont les prédicateurs des choses célestes, et ils jettent le sel de l'éternité sur toutes choses. C'est avec raison qu'ils sont appelés le sel de la terre, conservant pour l'éternité les corps qu'ils touchent de la puissance de leur doctrine (1).
— RÉMIG. — Le sel, par le contact de l'eau, par le feu du soleil, par le souffle du vent, se trouve changé en une autre nature; ainsi les hommes apostoliques ont été changés en nature régénérée et spirituelle par l'eau du baptême, le souffle de l'Esprit-Saint et le feu de la charité. L'on peut dire aussi que la sagesse céleste, prêchée par les apôtres, dessèche les humeurs des œuvres charnelles, fait disparaître l'odeur puante et la corruption d'une mauvaise vie, et tue le ver de la pensée libertine, dont le prophète a ainsi parlé : « Leur ver ne meurt pas. »
— RÉMIG. — Les apôtres sont le sel de la terre, c'est-à-dire de ces hommes appelés terre, parce qu'ils aiment la terre.
— S. JÉR. — Ou ils sont ainsi appelés parce que c'est par eux que le genre humain entier est conservé.
— S. CHRYS. — Le docteur orné de toutes les vertus est comme un sel excellent; tout le peuple est conservé par lui, par sa parole et par son exemple.
RÉMIG. — Il faut que l'on sache que personne sous l'ancienne loi ..
_________________________________________________________________________________
(1) Le texte de saint Hilaire présente ce sens plus complet : Semeurs de la vertu éternelle, ils donnent l'immortalité à tous les corps que leur parole a atteints, et c'est pour cela qu'ils sont appelés avec raison le sel de la terre.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
RÉMIG. — Il faut que l'on sache que personne sous l'ancienne loi ne devait offrir un sacrifice sans l'avoir assaisonné de sel, parce que personne ne peut sacrifier avec mérite sans avoir en lui la saveur de la sagesse divine.
— S. HIL.— Comme l'homme est sujet au changement (2), il [S. Matthieu] nous apprend la persistance des apôtres dans la vertu qui leur avait été confiée, en ajoutant: Si le sel se fond, dans quoi pourra-t-on saler ?
— S. JÉR. Ce qui revient à ceci : si le docteur erre, par quel autre docteur pourra-t-il être ramené?
— S. AUG. — Et si vous par qui doivent être garantis les peuples, si vous perdez le royaume des cieux par crainte de maux temporels, quels seront les hommes qui pourront vous guérir de cette erreur? Un autre texte porte : Si le sel est devenu insensé (1), et il exprime ainsi combien sont insensés ceux qui par crainte de la misère, ou par désir de la richesse, perdent les biens éternels que les hommes ne peuvent ni enlever ni donner.
S. HIL. — Si les docteurs devenus insensés ne sont plus du sel, et si ayant perdu eux-mêmes le sens du goût qu'ils avaient reçu, ils ne peuvent plus vivifier la corruption, ils deviennent inutiles, et c'est pour cela qu'il leur est dit : « Il ne vaut plus rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. »
— S. JÉR. Cet exemple est emprunté à l'agriculture. — Le sel n'a pas d'autre emploi que de dessécher les viandes et d'assaisonner les aliments. Nous voyons dans l'Écriture le sel semé par la haine des vainqueurs sur des villes détruites, pour qu'aucun germe ne puisse plus y pousser.
— LA GLOSE (2).— Lorsque ceux qui sont à la tête des autres ont failli, ils ne sont bons qu'à être jetés bas de la chaire d'enseignement.
—S. HIL.— Chassés des offices de l'Église, qu'ils soient foulés aux pieds des passants.
— S. AUG. — Il n'est pas foulé aux pieds celui qui souffre persécution, mais celui à qui la crainte de la persécution fait perdre la sagesse. Pour être foulé aux pieds il faut être placé dessous, et il ne l'est pas celui qui, soumis par son corps à de mauvais traitements sur la terre, habite le ciel par son cœur.
Vous êtes la lumière du monde…
_____________________________________________________________
(2) Il y a dans le latin conversio mais en français le mot conversion ne se prend pas en mauvaise part.
(2) Dans saint Anselme, car la Glose interlinéaire n'en contient qu'une partie et indirectement.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEVous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne
ne peut être cachée; et on n'allume point une lampe pour la mettre sous
le boisseau; mais on la met sur un chandelier, afin qu'elle éclaire tous ceux
qui sont dans la maison. Qu’ainsi donc luise votre lumière devant les hommes,
afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.S. Matth., V, 14-16.
S. CHRYS. — Ainsi que les prédicateurs sont par l'exemple de leur bonne conduite le sel qui préserve les peuples, ainsi par la parole de leur science ils sont la lumière qui éclaire les ignorants. Or, la première chose est de bien vivre (1), enseigner vient après. C'est pour cela qu'il appelle ses apôtres le sel avant de les appeler la lumière par ces mots: « Vous êtes la lumière du monde. » C'est peut-être aussi parce que le sel ne fait que maintenir une chose dans son état actuel, tandis que la lumière la change en l'embellissant. Les apôtres furent donc appelés sels à cause du peuple juif et de l'Église chrétienne qui connaissent Dieu et à qui ils conservent cette connaissance, tandis qu'ils ont été appelés lumière à cause des Gentils qu'ils ont emmenés à cette lumière de la science.
— S. AUG. — Par ce mot monde il faut entendre non pas le ciel et la terre, mais les hommes qui habitent le monde, ou ceux qui l'aiment, car c'est vers eux que les apôtres ont été envoyés pour les éclairer.
— S. HIL. — La nature de la lumière c'est d'émettre sa clarté et de la projeter de toute part, de faire disparaître en faisant dominer le jour les ténèbres qui couvraient la face des choses. Or, le monde placé en dehors de la connaissance de Dieu était enveloppé de la nuit de l'ignorance, et c'est par les apôtres qu'il se trouve inondé de la lumière de la doctrine. Et la notion de Dieu brille, et quelque part qu'ils promènent leur chétive humanité, elle distribue largement le jour à l'obscurité.
— RÉMIG. — Ainsi que le soleil dirige ses rayons, ainsi le Seigneur, soleil de justice, dirige ses apôtres contre cette nuit épaisse qui couvrait le genre humain entier.
S. CHRYS. — Comprenez bien la grandeur de ce qu'il leur promet, en leur promettant de voir leur réputation s'étendre jusqu'aux extrémités de l'univers, à eux qui étaient inconnus dans leur pays. Ces persécutions qu'il leur a annoncées ne pourront les cacher et ne feront que les rendre plus illustres.
S. JÉR. — Il donne à ses apôtres la confiance de l'apostolat, afin que la crainte ne les fasse pas se cacher, mais qu'ils aient le courage de se produire en toute liberté; et il leur dit : « Une ville placée sur une montagne ne peut pas être cachée. »
—S. CHRYS. —Il leur enseigne à surveiller leur propre vie, eux qui sont en vue de tous, ainsi que l'est une cité bâtie sur une montagne, ou une lumière brillant du haut d'un chandelier.
— S. CHRYS. — Cette cité est l'Église des saints dont il a été dit : « Des choses glorieuses ont été dites de vous, ô cité de Dieu ! » Les citoyens en sont les fidèles dont l'apôtre a dit : « Vous êtes les concitoyens des saints. » Cette cité a été bâtie sur cette montagne [qui est le] Christ, dont Daniel a dit : « Une pierre détachée sans l'effort des mains est devenue une grande montagne. »
— S. AUG. — Ou bien elle est située sur une montagne, parce qu'elle est assise sur le sommet de la justice figuré ici par ce mont du haut duquel se fait entendre la parole du Seigneur.
— S. CHRYS.— Une ville placée sur le sommet d'une montagne ne peut pas être cachée, car le mont qui la porte la déclare à tous. Ainsi les apôtres dont les assises sont en le Christ ne pourraient se cacher quand bien même ils le voudraient, parce que le Christ les fait paraître.
— S. HIL. — Cette cité nous exprime peut-être cette chair qu'il a prise, car par cette union à notre mortalité il s'est uni une partie du genre humain (1) qui est contenue en lui. C'est nous qui par notre communion (2) avec lui sommes devenus les habitants de cette cité. Or, cette cité ne peut pas se cacher, placée qu'elle est sur les hauteurs de Dieu et offerte à l'admiration du genre humain qui la contemple.
S. CHRYS. — Que le Christ manifeste…
_____________________________________________________________________________
(1) Allusion à cette parole : Puissant en œuvres et en paroles (Luc, 24, v. 19) ; et à cette autre: Il commença à faire et il enseigna (Act., 1, v. 1). — (1) Cette pensée est rendue plus claire dans le texte de saint Hilaire par ces mots interlinéaires : « Ainsi il est la cité de notre Eglise. » — (2) Il s'agit ici de la communion sacramentelle, et de notre nature humaine, la même que la sienne.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. CHRYS. — Que le Christ manifeste ses saints et ne les laisse pas dans l'obscurité, cela est encore exprimé par cette autre comparaison: « L'on n'allume pas une lampe pour la placer sous le boisseau, mais sur le chandelier. »
— S. CHRYS. — Par ces mots : une cité ne peut être cachée, il leur montre quelle sera sa vertu; par ceux qui suivent : l’on n'allume pas une lampe , il les engage à la liberté de l'apostolat; c'est comme s'il leur disait: « C'est moi qui ai allumé le flambeau; vous aurez soin de le conserver allumé, non-seulement pour vous et pour ceux que vous éclairerez, mais encore pour la gloire de Dieu. »
— S. CHRYS. — Cette lampe est le Verbe de Dieu dont il a été dit : « Votre Verbe est une lampe pour mes pieds. » Ceux qui allument cette lampe sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
S. AUG. — Que pensons-nous que veuillent dire ces mots: et l’on ne la place pas sous le boisseau ? Est-ce seulement ceci : que l’on n'allume pas la lampe pour la cacher? ou le mot boisseau a-t-il une signification à lui? N'est-ce pas que placer la lampe sous le boisseau ce serait préférer les avantages corporels à la prédication de la vérité? Il place donc sous le boisseau la lumière, celui qui obscurcit et couvre la parole d'une doctrine bonne des nuages des biens temporels.
Le boisseau est ici une figure convenable des biens temporels, soit parce qu'il est une mesure et que chacun recevra la mesure (1) que lui auront méritée ses biens temporels, soit parce que les choses visibles ont toutes le temps pour mesure de leur existence, mesure représentée ici par le boisseau. Les choses spirituelles et éternelles ne sont pas dépendantes d'une telle fin.
Or, il place la lumière sur le chandelier, celui qui soumet son corps au ministère de la parole, en telle sorte que la prédication de la vérité soit en haut et l'obéissance des sens au-dessous. La vérité reluit davantage lorsque non-seulement elle est insinuée par la voix aux disciples, mais qu'elle l'est encore par les autres parties du corps agissant en bonnes œuvres.
— S. CHRYS. — Peut-être le boisseau nous représente-t-il les hommes mondains, car ainsi que le boisseau est creux par en haut et solide par en bas, ainsi les hommes du monde sont vides de biens spirituels et sages en choses temporelles, et ils tiennent la lumière comme sous le boisseau, lorsque pour un motif terrestre ils n'osent pas proclamer le Verbe de Dieu, ni la vérité de la foi. Le candélabre est l'Église, elle qui porte la parole de vie ainsi que la porte tout homme de l'Église.
— S. HIL. — Ou bien c'est la synagogue que le Seigneur compare au boisseau, parce que ne faisant que contenir les fruits qui lui avaient été confiés, elle n'avait d'ailleurs reçu qu'une certaine mesure de la loi divine.
— S. AMB. —Ainsi, que personne ne laisse sa foi se circonscrire entre les bornes de la loi mosaïque, mais qu'il vienne à l'Église, où brille la grâce de l'Esprit aux sept formes.
— BÈDE. — Ou bien c'est le Christ lui-même qui a allumé le flambeau…
________________________________________________________________________________________
(1) C'est une allusion à ces paroles de l'Apôtre : Afin que chacun en rapporte les choses propres à son corps, telles qu'il les aura faites, expression qui s'entend de toutes les choses de la vie et dont l'âme est le principe (2e Corinth., 5, v. 10).
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
— BÈDE. — Ou bien c'est le Christ lui-même qui a allumé le flambeau, lui qui a rempli de la flamme de sa divinité la lampe de terre de notre nature humaine, flamme qui ne se refuse à aucun croyant, que l'on ne peut pas mettre sous le boisseau, sous le boisseau de la loi, et que ne peuvent contenir les frontières d'aucun peuple. L'Eglise est le chandelier sur lequel il a superposé la lumière, en marquant nos fronts du sceau de la foi en son incarnation.
— S. HIL. — Cette lampe du Christ, placée sur le chandelier, c'est cette lampe suspendue au bois de sa croix et qui jette dans l'Église sa clarté éternelle. C'est pour cela qu'il dit : « Afin qu'elle brille aux yeux de tous ceux qui sont dans la maison. »
— S. AUG. — Que si quelqu'un par cette maison veut entendre l'Église, il n'y a à cela rien d'absurde. Peut-être cette maison est-elle le monde à cause de ce qui a été dit plus haut : « Vous êtes la lumière du monde. »
— S. HIL. — Il avertit ses apôtres de briller d'une manière semblable, afin que la gloire de leurs œuvres remonte jusqu'à Dieu ; et il leur dit : « Qu'ainsi votre lumière luise aux yeux des hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres. »
— S. CHRYS. — « C'est-à-dire enseignez de manière à ce que non-seulement l'on entende vos paroles, mais encore que l'on voie vos œuvres, afin que ceux que vous aurez éclairés de votre parole comme d'une lumière soient préservés par votre exemple comme par le sel. » Dieu est glorifié par ces docteurs qui disent et font, car la sagesse du père de famille est constatée par les mœurs de ceux qui la composent ; et c'est ce qui suit : « Afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. »
— S. AUG. — S'il avait dit : Afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, il aurait paru placer leur but dans la gloire humaine que cherchent seulement ceux qui ne sont pas sincèrement vertueux; mais en ajoutant : afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux, il rapporte cette fin à la gloire de Dieu, et il veut que l'on ne plaise aux hommes que pour que Dieu en soit glorifié.
— S. HIL. — Non pas qu'il nous faille chercher la gloire que donnent les hommes, car tout doit être fait pour le nom de Dieu ; mais nous devons agir de manière que ce qui dans notre œuvre nous est personnel venant à disparaître, elle reste tout entière à la gloire de Dieu.
Ne pensez pas que je sois venu détruire la loi ou les prophètes : je ne suis pas…
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITENe pensez pas que je sois venu détruire la loi ou les prophètes : je ne suis pas venu les détruire, mais les accomplir. Car
je vous dis en vérité que le ciel et la terre ne passeront point que tout ce qui est dans la loi ne soit accompli parfaitement
jusqu'à un seul iota et à un seul point. Celui donc qui violera l'un de ces moindres commandements, et qui apprendra aux hommes
à les violer, sera regardé dans le royaume des cieux comme le dernier; mais celui qui fera et enseignera, sera grand dans le royaume des cieux.S. Matth., V, 17-19.
LA GLOSE. — Après avoir exhorté ceux qui l'écoutaient à se préparer à tout souffrir pour la justice, et à ne pas tenir cachés les dons qu'ils venaient de recevoir, mais à imiter la bonté qui les leur avait distribués en les distribuant aux autres par l'enseignement, il se met à leur montrer ce sur quoi doit porter cet enseignement, comme s'ils lui avaient demandé : « Qu'est-ce que c'est que cette doctrine que vous ne voulez pas qui reste cachée et pour laquelle nous devons tout supporter ? Est-ce que vous allez dire autre chose que ce qui est écrit dans la loi?» C'est à cela qu'il répond : « Ne pensez pas que je sois venu détruire la loi ou les prophètes. »
— S. CHRYS. — Ce qu'il dit pour deux raisons: d'abord pour rappeler son propre exemple à ses disciples, afin qu'ils accomplissent toute la loi, ainsi qu'il l'avait accomplie tout entière lui-même; ensuite parce que, devant être accusé plus tard (1) par les pharisiens de violer la loi, il veut détruire cette calomnie avant qu'elle se produise.
RÉMIG. —Il affirme de lui deux choses pour faire voir qu'il n'est pas venu uniquement, ainsi que les prophètes, prêcher la loi, et ces deux choses sont d'abord qu'il n'est pas venu la détruire, ensuite qu'il est venu l'accomplir, et c'est pour cela qu'il ajoute : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir. »
— S. AUG. — Cette parole présente deux sens, car l'on peut accomplir une loi soit en faisant ce qu'elle prescrit, soit en lui ajoutant.
— S. CHRYS. — Le Christ accomplit les prophéties en réalisant tout ce qu'elles avaient prédit de lui, et la loi, soit en n'omettant aucune des ordonnances légales, soit en donnant la foi justifiante que la lettre de la loi ne pouvait donner.
— S. AUG. — Enfin, comme il était difficile aux élus de la grâce dans cette vie mortelle d'accomplir le commandement (1) vous ne désirerez pas, lui devenu notre pontife par le sacrifice de son sang, nous obtient miséricorde et réalise la loi en ce que nous ayant fait ses propres membres, il nous donne la force de faire ce que n'aurait jamais pu notre infirmité. Je pense que cette parole : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir,» doit s'entendre de ces additions qui expliquent les anciens préceptes ou qui aident à les rendre vivants dans notre conduite. C'est ainsi que dans le chap. 5 de saint Matthieu le Sauveur nous apprend que le seul mouvement de haine contre son frère blesse la charité fraternelle. C'est ainsi qu'il nous a appris, en nous disant qu'il le préférait ainsi, qu'il vaut mieux ne pas jurer, même pour la vérité, que de s'exposer en jurant trop facilement pour elle à tomber dans le parjure. Et pourquoi ô manichéens, rejetez-vous la loi et les prophètes alors que le Christ nous apprend qu'il est venu non pour les détruire mais pour les accomplir.
A cela l'hérétique Faustus me répond : Qui atteste que Jésus l'a dit? Matthieu? Et comment donc Matthieu raconte-t-il ce que Jésus a dit sur la montagne lui qui ne l'a suivi qu'à sa descente de la montagne tandis que Jean qui était sur la montagne ne le confirme pas de son témoignage (2) ? — Ce à quoi saint Augustin répond : S'il n'y a pour dire la vérité sur le Christ que celui qui l'a vu ou qui l'a entendu aujourd'hui personne n'est en état d'être écouté sous ce rapport. Pourquoi Matthieu n'aurait-il pas pu apprendre de la bouche de Jean la vérité, tandis que tous les jours, nous, distants de Jean par un si long intervalle de temps, nous enseignons la vérité puisée dans ses écrits? D'ailleurs, non-seulement l'Évangile de Matthieu, mais encore celui de Luc et de Marc ont une égale autorité. Ajoutez à cela que le Seigneur a pu raconter à Matthieu ce qui avait précédé le moment de sa vocation. Dites donc clairement que vous ne croyez pas à l'Évangile, car en ne croyant qu'à ce qui vous convient de l'Évangile, c'est plutôt à vous-même qu'à l'Évangile que vous croyez.
FAUSTUS dit encore : …
____________________________________________________________________________________________
(1) Ainsi de ne pas observer le sabbat, de permettre à ses disciples de vanner des épis pour lui et autres choses semblables (Matth., 12. Marc, 2. Luc, 6 et 13. Jean, 5, 7, 9). — (1) Exod., 20, v. 17. Deut., 5, v. 21. Rom., 7, v. 8. Rom., 13, v. 9. — (2) Cet appendice était confondu dans ses éditions précédentes avec les deux qui sont placés auparavant Mais, ainsi que cela est évident, ils appartiennent à différents textes. A part cette apostrophe : ô manichéens, etc., l'on voit que cela appartient à la doctrine de Faustus et que saint Augustin le produit pour le combattre. D'après l[e] contexte, l'on voit parfaitement ce qui est la doctrine catholique et ce que repoussent les manichéens.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
FAUSTUS dit encore : Prouvons qu'un autre que saint Matthieu, et dont je ne sais pas le nom, a écrit cela en lui donnant le nom de cet apôtre. Car, que dit-il ? « Lorsque Jésus passait, il vit un homme assis au comptoir ; Matthieu était son nom. » Et quel est donc l'écrivain qui, pour parler de lui, dit un homme, et non pas moi? — A quoi S. AUG. : Saint Matthieu parle de lui comme d'une personne étrangère, ainsi que saint Jean l'a fait dans ce passage : « Pierre se retournant vit cet autre disciple que Jésus aimait. » Ce qui prouve que telle fut la coutume de ces écrivains dans leur narration.
FAUSTUS. — Cette parole, qu'il n'est pas venu détruire la loi, n'est-elle pas plutôt de nature à nous faire soupçonner qu'il la détruisait réellement; car, sans cela, pourquoi les Juifs l'en auraient-ils soupçonné ? — A quoi S. AUG. : Très mauvaise réponse, car nous ne nions nullement que, pour les Juifs inintelligents, le Christ ne fut un destructeur de la loi et des prophètes.
FAUSTUS. — Pourquoi d'ailleurs, puisque la loi et les prophètes n'ont nul besoin de cet accomplissement (1), le Deutéronome portant ces mots : « Vous observerez les commandements que je vous donne ; vous n'y ajouterez ni n'en retrancherez? » — A quoi S. AUG. : Faustus ne comprend pas ce que c'est que l'accomplissement de la loi, et il croit qu'il s'agit ici de l'expression de nouveaux préceptes. La plénitude de la loi n'est que la charité que le Sauveur donne aux fidèles en leur envoyant l'Esprit-Saint. Accomplir la loi n'est donc que réaliser ce qui a été prédit, et pratiquer ce qui a été commandé.
FAUSTUS. — En disant que Jésus a donné un Nouveau-Testament, ne proclamons-nous pas nécessairement qu'il a détruit l'Ancien? — A quoi S. AUG. : L'Ancien-Testament renfermait les figures qui devaient disparaître en présence des réalités apportées par le Christ. C'est ainsi qu'il a accompli la loi et les prophètes qui portaient que Dieu devait donner un Nouveau-Testament.
FAUSTUS. — Si le Christ a dit cela, il l'a dit pour signifier autre chose; ou, ce qui ne peut pas être, il a menti; ou plutôt, il ne l'a pas dit. Mais personne ne dira que le Christ a menti; ainsi, ou en disant cela, il a voulu dire autre chose ; ou il ne l'a pas dit du tout. Or, la foi des manichéens me prémunit contre la nécessité d'admettre ce chapitre, car elle pose en principe qu'il ne faut pas admettre tout ce qui est écrit sous le nom du Christ, et qu'il y a beaucoup d'ivraie que le semeur qui rôde clans la nuit a semée au milieu du bon grain pour le gâter. — A quoi S. AUG. : Le manichéen t'a enseigné une manière perverse de raisonner, qui ne t'empêche pas de trouver dans l'Évangile ce qui favorise ton hérésie et qui t'empêche d'y trouver ce qui la condamne. Pour nous, l'Apôtre nous a enseigné une bonne méthode en nous apprenant à considérer comme anathème quiconque nous enseignerait au-delà de ce que nous avons appris. Or, le Seigneur nous a expliqué quelle était cette ivraie, et nous a dit que ce n'étaient pas des passages faux mêlés à la vérité des Écritures, ainsi que vous l'expliquez, mais que c'étaient les hommes, enfants du démon (1).
FAUSTUS. — Lorsque le Juif vous interpellera…
___________________________________________________________
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
FAUSTUS. — Lorsque le Juif vous interpellera en vous demandant pourquoi vous ne suivez pas la loi et les prophètes, pourquoi le Christ a dit qu'il était venu non pas les détruire, mais les remplir, vous serez forcé ou à vous courber sous une vaine superstition, ou à professer la fausseté de ce chapitre, ou à nier que vous êtes le disciple de Jésus.
— A quoi S. AUG. : Les catholiques n'ont rien à redouter de ce texte, comme ne remplissant pas ce qu'ordonnent les prophètes et la loi, car ils ont la charité divine et la charité fraternelle, double précepte d'où dépendent la loi et les prophètes; et tout ce qui, dans l'Ancien-Testament, a été figuré par les événements, par les cérémonies, par les figures de mots, ils le reconnaissent accompli en le Christ et en son Église.
C'est ainsi que nous ne retranchons pas ce chapitre, ni ne devenons tributaires d'une vaine superstition, ni ne nions que nous sommes les serviteurs du Christ.
Celui qui dit: « Si le Christ n'avait pas détruit la loi et les prophètes, les rites de la loi et des prophètes persisteraient dans les cérémonies chrétiennes, » celui-là pourrait dire : « Si le Christ n'avait pas détruit la loi et les prophètes, il serait encore annoncé comme devant naître, souffrir et ressusciter. » Or, comme tout cela, bien loin de le détruire, il l'a accompli; comme il n'est plus annoncé comme devant naître, souffrir et ressusciter, ce qui était la vérité que toutes ces figures proclamaient, mais qu'il est annoncé comme étant né, ayant souffert, étant ressuscité, vérité que tous les rites chrétiens proclament, l'on voit donc quel est le délire (1) de ceux qui pensent que le changement des signes change la nature des choses signifiées, et qui voudraient que le rit prophétique qui les annonçait dans l'avenir, et le rit évangélique, dans le passé fussent le même.
FAUSTUS. — Si le Christ a dit ces paroles, il nous faut rechercher pourquoi il les a dites: si c'est pour ne pas éveiller la fureur des Juifs qui, le voyant fouler aux pieds leurs choses sacrées, n'auraient pas voulu l'écouter davantage, ou bien si c'est pour nous dire d'accepter le joug de la loi, à nous qui devions croire de parmi les nations? Si telle ne fut pas la cause de ces paroles, elle doit être celle que j'ai dite, et il n'y avait pas d'erreur en cela. Or, il y a trois sortes de loi, l'une des Hébreux, que saint Paul appelle loi de péché et de mort; celle des nations qu'il appelle naturelle, en disant : « Les nations font naturellement ce qui est de la loi; » celle de la vérité, de laquelle il a été dit : « La loi, esprit de vie. » Ainsi des prophètes : il y a ceux des Juifs qui sont connus ; ceux des nations (2) dont il est question ici : « Un de leurs prophètes a dit. » Ceux de la vérité dont le Christ parle ainsi : « Je leur enverrai des sages et des prophètes. » Et en effet, si la grâce chrétienne avait produit sur la terre l'accomplissement des observances hébraïques, il ne serait pas douteux qu'il ne fût question de la loi et des prophètes de la Judée, mais comme Jésus-Christ rappelle d'anciens préceptes : « Vous ne tuerez pas, vous ne commettrez pas d'adultère, etc., etc., » qui furent autrefois promulgués par Enoch et Seth et les autres justes, il n'est pas douteux qu'il ne s'agisse ici de la loi et des prophéties de la vérité. Quant à ce qui est particulièrement juif, il ne l'a nommé que pour le déraciner, comme ceci : « Dent pour dent, œil pour œil. »
— A quoi S. AUG. : L'on voit parfaitement quelles sont cette loi et ces prophéties, qu'il est venu accomplir et non pas détruire ; c'est la loi qui fut donnée par Moïse. Ce ne sont pas seulement, ainsi que Faustus le prétend, les préceptes transmis par les anciens justes avant la loi de Moïse que le Christ a accomplis ; et il n'a pas détruit ceux qui étaient propres aux Juifs, comme ceux-ci : « Œil pour œil ; » car nous prétendons qu'ils étaient très conformes au temps dans lequel ils furent établis, et que le Christ ne les a pas détruits, mais accomplis, ainsi qu'on le verra nécessairement. C'est ce que ne comprirent pas ces hérétiques, les Nazaréens, qui voulaient forcer les Gentils à judaïser.
S. CHRYS. — Comme tout ce qui a dû se passer…
___________________________________________________________________________
(1) On retrouve ce passage, mais non pas dans les mêmes termes; bien plus, ceci se trouve avant ce qui précède à la tête du chapitre.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. CHRYS. — Comme tout ce qui a dû se passer depuis le commencement du monde jusqu'à la fin avait été prédit par figures dans la loi, et afin que rien de ce qui arrive ne puisse paraître imprévu pour Dieu, il ajoute : « Le ciel et la terre ne peuvent pas passer, jusqu'à ce que tout ce qui avait été prédit dans la loi ait été réalisé; et c'est ce qu'il dit : « Je vous le dis en vérité, jusqu'à ce que le ciel et la terre soient passés, un seul iota ou un seul point de la loi ne passera pas, jusqu'à l'entier accomplissement de toutes choses. »
RÉMIG. — Le mot amen est un mot hébreu qui peut se traduire par vraiment, exactement, ou ainsi soit-il. Le Seigneur s'en sert pour deux raisons, d'abord à cause des dispositions de ceux qui étaient lents à croire, ensuite pour les croyants, afin qu'ils fussent plus profondément attentifs à ce qui allait suivre.
— S. HIL. — Par ces mots : « Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, » il professe que le ciel et la terre, c'est-à-dire les éléments principaux, seront, ainsi que c'est notre croyance, dissous (1). Ils resteront, quant à lui-même, mais ils passeront en se renouvelant.
— S. AUG. — Ces paroles : « Un seul iota ou un seul point ne passeront pas de la loi, » sont une expression énergique de la perfection de cette loi exprimée par l'Écriture. Parmi les lettres qui la composent, la plus petite est l'iota qui se parfait d'un seul trait. Le point est un petit signe qui surmonte l'iota à son sommet. Et par ces paroles il nous exprime que dans la loi les plus petites choses doivent aboutir à des effets certains.
— RAB. — C'est avec intention qu'il dit l'iota grec, et non pas l'ioth des Hébreux; parce que l'iota en grec est la dixième lettre, et que le nombre dix exprime le Décalogue. Il fait allusion ici au Décalogue de la loi dont l'Évangile est le point extrême et la perfection.
S. CHRYS. — Si un homme vrai rougit lorsqu'on le surprend à mentir, et…
___________________________________________________________________________
(l) Dans l'édition précédente il y avait tout le contraire : Que les éléments principaux ne seraient pas dissous. Dans l'édition de Paris, il y avait par erreur absous.
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. CHRYS. — Si un homme vrai rougit lorsqu'on le surprend à mentir, et si l'homme sage ne laisse jamais tomber en vain un mot de ses lèvres, comment donc les paroles divines pourront-elles exister sans aboutir (1) ? Et c'est pour cela qu'il conclut en disant : « Quiconque violera un de ces commandements les plus petits de tous, et enseignera aux hommes à le violer, sera regardé comme le dernier dans le royaume de Dieu. » Je pense que le Seigneur, en disant : « Un de ces commandements, les plus petits de tous, » nous avertit assez que ces derniers commandements sont ceux dont il va parler.
— S. CHRYS. — Je ne pense pas qu'il se soit ainsi exprimé en ce qui concerne les anciennes lois (2), mais quant à celles qu'il allait donner lui-même, et qu'il appelle petites, quoiqu'elles soient grandes; par cette humilité qui lui fait parler de ses commandements, ainsi que mille fois il s'est exprimé pour lui-même.
—S. CHRYS. Les commandements de Moïse portant sur des crimes dont l'énormité effraie la pensée, comme ceux-ci : « Vous ne tuerez pas, vous ne commettrez pas d'adultère, » sont d'une exécution facile, et plus est grand ce qu'ils défendent, plus est minime la récompense qu'ils donnent (3). Les préceptes du Christ : « Ne désirez pas, ne vous mettez pas en colère, » sont grands par la récompense qui les sanctionne, car ce qu'ils défendent est léger, ce qui en rend l'accomplissement très difficile. Donc ceux qui violent ces commandements de moindre importance seront les derniers dans le royaume des cieux; car celui qui se sera mis en colère et qui n'aura pas fait de grand péché, ne sera pas soumis à la damnation éternelle, mais il ne partagera pas la gloire de ceux qui auront évité même ces violations de peu d'importance.
— S. AUG. — Ou tout au contraire, c'est ce qu'ordonne la loi qui est dit de peu d'importance, et ce sont les commandements que le Christ va dire qui en ont une plus grande. Ces préceptes moindres que les autres sont ici désignés par l'iota ou le point; celui-là donc qui les viole et qui enseigne aux autres à les violer est appelé petit dans le royaume de Dieu. Et peut-être n'y sera-t-il pas dans ce royaume des cieux, où ne peuvent être que ceux qui sont vraiment grands.
LA GLOSE. — Violer, c'est ne pas agir, d'après ce qu'ordonne la conscience, ou ne pas voir là où la loi a été changée, ou enlever quelque chose à ce que le Christ a ajouté.
S. CHRYS. — En entendant ces paroles…
_________________________________________________
_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17494
Date d'inscription : 26/01/2009
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
Page 1 sur 6
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum