Si vous voulez être parfait...
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. CHRYS. — Non-seulement il ajoute : toutes choses, mais encore : donc, comme s'il disait : Si vous voulez être exaucés, exaucez ceux dont je viens de parler. Ce qu'il veut dire, ce n'est donc pas : « Tout ce que vous voulez que Dieu fasse pour vous, faites-le aussi pour votre prochain; » car vous pourriez dire alors : Comment cela est-il possible, mais : « Tout ce que vous voudriez que vous fît celui qui est avec vous serviteur de Dieu, faites-le vous-même pour votre prochain. »
S. AUG. — Quelques exemplaires latins portent le mot biens; je pense qu'il a été ajouté comme explication (1). L'on pouvait en effet se demander s'il aurait été dans la vérité de cette sentence celui qui aurait désiré qu'on lui fît ce qui lui aurait été préjudiciable, et qui l'aurait fait lui-même auparavant contre son prochain, ce qui serait ridicule. Sans cette addition l'on peut aussi admettre la vérité de ce principe, et ces mots : « Tout ce que vous voulez, » ne doivent pas être pris à la légère et dans un sens vulgaire, mais dans le sens propre. Or, la volonté n'agit que pour le bien, et c'est la passion qui désire le mal. L'on doit avouer cependant que les Écritures ne s'expriment pas toujours avec cette rigueur de langage, mais ici l'on ne doit pas se permettre d'autre explication.
S. CHRYS.—Le Seigneur Jésus, étant venu pour tous les hommes, a fait un admirable abrégé de tous ses commandements en disant : « Tout ce que vous voudrez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux. » C'est pour cela qu'il ajoute : « C'est là la loi et les prophètes. »
— S. CHRYS. — Tout ce que la loi et les prophètes ont répandu dans toute l'étendue de l'Écriture, ce commandement le contient dans un admirable abrégé, ainsi que la multitude des rameaux d'un arbre est contenue dans la seule racine.
— S. GRÉG. — Celui qui pense à faire aux autres ce qu'il voudrait qu'on lui fît à lui-même, est conduit par là à rendre le bien pour le mal, et un plus grand bienfait pour un moindre.
— S. CHRYS. — D'où il faut conclure que c'est en nous-mêmes que nous trouvons la connaissance de tout ce qu'il nous importe de savoir, et que nous ne pouvons pas prétexter d'ignorance.
— S. AUG. — Ce précepte paraît se rapporter à l'amour du prochain et non à l'amour de Dieu, car il est dit ailleurs qu'il y a deux préceptes d'où dépendent toute la loi et les prophètes. Or, il est dit dans cet autre passage : « Toute la loi, » ce qui n'est pas dit ici, laissant ainsi une place à l'autre commandement, qui est celui de l'amour de Dieu.
— S. AUG. — Ou bien : l'Écriture ne rappelle que le seul commandement de l'amour du prochain en disant : « Tout ce que vous voudrez, » car qui aime le prochain nécessairement aime l'amour lui-même. C'est Dieu qui est l'amour (1), et c'est ainsi qu'il faut qu'il aime l'amour par-dessus tout.
Entrez par la porte étroite, parce que la porte de la perdition est large, et le chemin qui y mène est…
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(1] Cela manque dans les exemplaires actuels, et paraît parfaitement inutile, quoiqu'on puisse cependant désirer souvent ce qui est moralement mauvais.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Sermon sur la montagne.SUITEEntrez par la porte étroite, parce que la porte de la perdition est large, et le chemin qui y
mène est spacieux, et il y en a beaucoup qui y entrent. Que la porte de la vie est petite,
que la voie qui y mène est étroite, et qu'il y en a peu qui la trouvent !S. Matth., VII, 13-14.
S. AUG — Plus haut, le Seigneur nous avait commandé d'avoir cette simplicité et cette pureté de cœur qui nous font trouver Dieu. Mais cela est donné à un petit nombre. Aussi va-t-il nous parler de la recherche de cette sagesse, et c'est à l'investigation et à la contemplation de cette sagesse qu'est nécessaire cette vue qu'ont préparée les préceptes qui précèdent, et dont il est dit : « Entrez par la porte étroite. »
LA GLOSE. — Ou bien : quoiqu'il soit difficile de faire aux autres ce que nous voudrions que l'on nous fit à nous-mêmes, cependant il le faut pour entrer par la porte étroite.
S. CHRYS. — Cette troisième conséquence appartient au précepte du jeûne, et tel est l'enchaînement des idées : « Pour vous, lorsque vous jeûnez, parfumez votre tête, » et puis : « Entrez par la porte étroite. » Il est enfin trois passions qui nous sont naturelles et qui sont intimement unies à notre chair. La première est celle du boire et du manger; la seconde, celle de l'homme pour la femme; la troisième, le sommeil, et il est plus difficile d'en séparer notre corps que de toutes les autres. C'est pour cela qu'il n'y a rien qui sanctifie autant le corps que la chasteté, le jeûne et de persévérer dans les veilles.
C'est à cause de ces trois manières d'atteindre à la justice, et surtout à cause du jeûne rigoureux, qu'il nous est dit : « Entrez par la porte étroite. » La porte de l'enfer est le diable, porte de perdition ; celle du royaume des cieux le Christ, porte de la vie. Le diable est dit une porte large, non à cause de l'étendue de son pouvoir, mais à cause de cette dilatation effrénée de l'orgueil.
Le Christ est appelé une porte étroite, non parce que son pouvoir est resserré, mais parce que l'humilité l'a fait se faire petit, s'étant enfermé dans le sein étroit d'une vierge, lui que le monde ne peut contenir. La voie de la perdition, c'est l'iniquité quelle qu'elle soit ! Elle est dite spacieuse, parce qu'elle franchit les bornes que la règle lui donne, et que ceux qui la suivent vont partout où leur plaisir les porte. Toute justice est la voie de la vie, et elle est dite étroite à cause de tout ce qui la contrarie.
Or, remarquez que celui qui ne passe pas par ce chemin ne peut arriver à la porte, et que, par conséquent, celui qui ne passe pas par le chemin de la justice ne peut pas connaître le Christ. De même, il n'y a à ne pas tomber aux mains du diable que celui qui ne marche pas dans la voie des pécheurs.
— S. GRÉG. — Quoique la charité soit large, cependant elle n'arrache les hommes à la terre qu'en les…
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— S. GRÉG. — Quoique la charité soitt large, cependant elle n'arrache les hommes à la terre qu'en les faisant passer par des chemins étroits et raides; certes, c'est assez étroit que de passer toutes choses pour n'ai¬mer qu'un seul être, que de ne pas désirer la prospérité et ne pas craindre les revers.
— S. CHRYS. — Comment le Sauveur, qui doit appeler plus tard son joug suaveet son fardeau léger, peut-il maintenant appeler étroite et resserrée la voie qui conduit jusqu'à lui. Mais pour en voir la douceur, il faut se rappeler qu'il s'agit ici d'une porte et d'une voie, qu'on ne fait que les traverser, et qu'on ne doit pas y séjourner.
C'est dans le même sens que l'autre porte et l'autre voie ont été appelées spacieuses et larges. Or, il suffit à ceux qui combattent de penser que leurs travaux ne font que passer ainsi que leurs sueurs, et qu'ils sont ainsi portés jusqu'à la vie éternelle. S'il est vrai que la tempête est douce pour le matelot et la blessure pour le combattant, parce qu'il sait qu'une récompense transitoire l'attend, combien sera-t-il plus vrai que celui qui se donne pour but le ciel et les prix immortels ne s'apercevra d'aucun des dangers qu'il traverse. Mais cela même, d'appeler étroite cette voie, sert beaucoup à en adoucir la fatigue, car c'est ainsi qu'il nous prépare aux veilles, et qu'il fixe notre désir. D'ailleurs quel est le combattant qui ne déploie pas plus de courage dans l'arène, en se rappelant que son prince admire ses efforts.
Ne nous laissons pas abattre par la multitude des choses tristes qui fondront sur nous; la voie est étroite, mais non la cité. Ce n'est pas ici qu'il faut chercher le repos, ni là qu'il faut attendre la tristesse. Par ces mots : « Car il en est peu qui la trouvent, » il exprime la nonchalance du grand nombre, et il avertit ses auditeurs de fixer leurs regards non sur les prospérités du grand nombre, mais sur les fatigues du petit nombre.
S. JÉR. — C'est dans ce sens qu'il nous a parlé de chacune des deux voies en nous disant que le grand nombre passe par celle qui est large, et le petit nombre par celle qui est étroite, à savoir que nous n'avons pas besoin de chercher celle qui est large, ni d'aller à sa découverte ; elle se présente d'elle-même, et c'est le chemin de ceux qui s'égarent. Celle qui est étroite, tous ne la trouvent pas, ni ne la suivent immédiatement après l'avoir trouvée. Il en est plusieurs qui, après avoir trouvé la voie de la vérité, déçus par la volupté de la terre, rebroussent chemin au milieu de leur course.
Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous couverts de peaux de brebis…
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Sermon sur la montagne.SUITEGardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous couverts de peaux de brebis,
et qui au-dedans sont des loups ravissants. Fous les connaîtrez par leurs fruits.
Peut-on cueillir des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces? Ainsi tout
arbre qui est bon produit de bons fruits, et tout arbre qui est mauvais produit
de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, et un mauvais
arbre n'en peut produire de bons. Tout arbre gui ne produit point de bons fruits
sera coupé et jeté au feu. Vous les reconnaîtrez donc par leurs fruits.S. Matth., VII, 15-20.
S. CHRYS. — Plus haut le Seigneur avait ordonné à ses disciples de ne pas faire paraître leurs jeûnes, leurs prières, leurs aumônes devant les hommes, ainsi que des hypocrites, et afin de leur prouver que toutes ces choses peuvent être le fait de l'hypocrisie, il leur dit : « Prenez garde aux faux prophètes. »
S. AUG. — Ou bien, après avoir dit que peu entrent par la porte difficile et la voie étroite, le Seigneur, pour nous prémunir contre les hérétiques qui prennent titre de leur petit nombre pour se recommander et pour se mettre à la place des véritables croyants, ajoute aussitôt : « Prenez garde aux faux prophètes. »
S. CHRYS. — Ou bien, ayant déjà dit que la porte est étroite, et que plusieurs détruisent la voie qui conduit à la vie, il ajoute : « Prenez garde aux faux prophètes, » les appelant faux prophètes pour éveiller davantage leur attention en leur rappelant par ce nom la manière dont l’erreur s'était glissée parmi leurs pères, et ce qui était même arrivé au milieu d'eux.
— S. CHRYS. — Ce qui est ajouté plus bas : « La loi et les prophètes jusqu'à Jean-Baptiste…
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Re: Si vous voulez être parfait...
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— S. CHRYS. — Ce qui est ajouté plus bas : « La loi et les prophètes jusqu'à Jean-Baptiste, » l'est pour marquer qu'après lui la prophétie n'aurait plus lieu. Il est encore des prophètes, et il en a été depuis le Christ, mais ils ne font qu'interpréter les anciennes prophéties du Christ et n'en font pas de nouvelles; ce sont les docteurs des Églises. Ils sont prophètes, car personne ne peut interpréter les prophéties que par participation à l'esprit prophétique.
Or, le Sauveur, sachant qu'il devait exister des docteurs qui feraient naître les diverses hérésies, nous prémunit contre eux en nous disant : « Prenez garde aux faux prophètes. » Il ne dit pas : regardez, mais prenez garde, car les esprits, quoique revêtus d'un nom chrétien, ne devaient pas être saillants à la vue. L'on regarde et l'on voit sans difficulté là où la chose que l'on doit voir est clairement visible ; mais là où elle est d'un aspect incertain, l'on doit y prendre garde, c'est-à-dire y regarder avec soin.
En nous disant: Prenez garde, il nous donne la meilleure garantie de salut, qui est de savoir ce que l'on doit fuir. Cette manière de s'exprimer n'annonce pas que l'hérésie s'introduit malgré Dieu, mais avec sa permission ; il n'a pas voulu avoir des serviteurs sans discernement, et c'est pour cela qu'il a envoyé la tentation; ne voulant pas que l'ignorance cause leur perte, il les avertit à l'avance.
Mais afin que le docteur d'hérésie ne puisse pas se défendre en disant qu'il ne s'agit pas ici de lui, mais du docteur des Gentils ou des Juifs, il ajoute aussitôt: « Qui viennent avec vous avec les vêtements des brebis. » Ce sont les chrétiens qui sont les brebis, et les vêtements des brebis sont l'apparence du christianisme et la religion simulée. Or, il n'est rien qui détruise le bien comme cette hypocrisie, car l'on ne peut connaître, et par conséquent éviter, le mal qui se cache.
De plus, afin que l'hérétique ne puisse pas dire qu'il est ici question des véritables docteurs, mais en état de péché, il ajoute : « Au-dedans ce sont des loups ravissants. » Or, les docteurs catholiques, alors même qu'ils sont esclaves de la chair, ne peuvent pas être appelés loups ravissants, car ils n'ont pas la pensée de perdre les chrétiens. Il est donc évident qu'il s'agit des hérétiques qui prennent avec intention l'extérieur chrétien, afin de mordre les chrétiens avec les dents de la criminelle séduction. C'est d'eux que l'Apôtre a dit: « Je sais qu'après mon départ, des loups ravissants se jetteront au milieu de vous et n'épargneront pas le troupeau. »
S. CHRYS. — Cependant il paraît que ces faux prophètes sont…
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S. CHRYS. — Cependant il paraît que ces faux prophètes sont non pas les hérétiques, mais ceux qui, avec une âme corrompue, présentent cependant les dehors de la vertu; c'est pour cela qu'il est dit : « A leurs fruits vous les connaîtrez. », Or, l'on peut souvent trouver la vie en les hérétiques, mais jamais en ceux dont j'ai parlé.
— S. AUG. — II nous faut considérer ici avec soin quels sont les fruits dont il s'agit. Plusieurs se laissent prendre à la vue de ces fruits que produisent ceux dont les vêtements sont ceux des brebis, et c'est ainsi qu'ils deviennent la proie des loups. Ces fruits qui les trompent sont les jeûnes, les prières, les aumônes, qui n'ont d'autre but que les hommes et de plaire à ceux qui sont frappés de la difficulté de ces œuvres.
Or, tels ne sont pas les fruits qui peuvent nous servir à les reconnaître, car s'ils sont faits dans la vérité avec une intention droite, ils sont les vêtements des brebis, tandis qu'ils sont les vêtements des loups lorsqu'ils partent d'un cœur où règne l'erreur.
Ce n'est pas une raison pour les brebis de prendre en haine ces vêtements qui servent quelquefois à couvrir les loups. Les fruits qui distinguent le mauvais arbre nous sont ainsi désignés par l'Apôtre : « Les œuvres de la chair sont évidentes; ce sont la fornication, l'impureté.» Le même Apôtre nous apprend à discerner les fruits de l'arbre bon en ajoutant dans le même passage : « Les fruits de l'esprit sont au contraire la charité, la joie, la paix, etc. »
S. CHRYS. — Les fruits de l'homme juste sont la confession de la foi. Celui qui fait entendre en suivant l'Esprit-Saint la voix de l'humilité et de la véritable confession de foi, celui-là est une brebis, tandis que celui qui parle contre la vérité fait entendre contre Dieu les hurlements du blasphème, et est un loup.
— S. JÉR. — Ce qui est dit ici des loups qui montrent à l'extérieur tout le contraire de ce qu'ils ont dans l'âme, doit s'entendre des hérétiques qui sont enveloppés de continence et de jeûnes comme d'un vêtement de piété, et qui recèlent au-dedans un cœur corrompu, trompant les cœurs simples des frères.
— S. AUG. — Mais l'on peut conclure de leurs œuvres si c'est par quelque désir humain qu'ils agissent; car si une tentation vient à détruire ou à faire nier ce qu'ils ont voulu acquérir ou qu'ils ont acquis en se couvrant de ce voile, l'on verra nécessairement si c'était un loup qui se cachait sous la peau d'une brebis, ou si c'était une brebis dans sa propre peau.
— S. GRÉG. — L'hypocrite est couvert par la paix de l'Église; elle lui laisse à nos yeux le voile de la…
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— S. GRÉG. — L'hypocrite est couvert par la paix de l'Église ; elle lui laisse à nos yeux le voile de la religion (1). Mais que quelque épreuve de la foi se déclare, aussitôt les féroces appétits du loup le dépouillent de ce vêtement de brebis, et en poursuivant en lui ces dehors de la vertu, il montre de quelle fureur il est animé contre elle.
S. CHRYS. — Il est facile de prendre les hypocrites. La voie qu'ils ont suivie est difficile. Or, l'hypocrite ne choisira certainement pas le travail. D'ailleurs, afin que vous ne prétextiez pas l'impossibilité de les reconnaître, il vous donne un exemple pris dans les choses humaines et vous dit: « Est-ce que l'on peut cueillir des raisins sur les buissons et des figues sur les broussailles? »
—S. CHRYS. — Le raisin est une figure mystérieuse du Christ ; car, ainsi que la vigne montre suspendues des grappes nombreuses qui lui tiennent par les ceps, ainsi le Christ se tient unis beaucoup de fidèles par l'intermédiaire du bois de la croix. La figue, c'est l'Église, car l'Église tient beaucoup de fidèles dans le doux embrasement de la charité, ainsi que la figue tient cachées une multitude de graines sous une seule enveloppe.
Or, la figue est le double signe de la charité par sa douceur, et de l'unité par l'union de ses graines. Le raisin que l'on jette dans le pressoir est une figure de la patience; il rappelle aussi la joie, car le vin réjouit le cœur de l'homme; il est un symbole de sincérité, n'étant pas mélangé avec l'eau; de suavité par le plaisir qu'il donne. L'épine au contraire ainsi que la ronce ont des pointes de toutes parts; c'est ainsi que les serviteurs du diable sont pleins d'iniquités, de quelque côté qu'on les considère. Ces ronces et ces épines ne peuvent produire aucun fruit chrétien.
Or, tout ce qui avait été dit en détail sous les différentes figures du figuier et de la vigne, des épines et des ronces, est résumé en cette parole générale: « C'est ainsi que tout arbre bon porte de bons fruits, et tout arbre mauvais en porte de mauvais. »
S. AUG. — Il faut ici se garder de l'erreur des manichéens qui, sous cette double figure des deux arbres, voient la réalité de deux natures, dont l'une est faite par Dieu et l'autre non. Il nous faut leur répondre que cette figure des deux arbres ne fait rien à leur cause, et que quiconque voudra voir les antécédents et les conséquents verra facilement qu'il s'agit des hommes.
— S. AUG. — Pour ces hommes les natures sont mauvaises, car ils ne les considèrent pas en elles-mêmes…
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(1) Ce passage se trouve plutôt dans le chap. 11, sur le chap. 39. de Job, dans les anciennes éditions de Saint Grégoire. C'est le commentaire de cette parole : Dieu l'a privé de sagesse et ne lui a pas donné l'intelligence.(v. 17).
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Louis- Admin
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Re: Si vous voulez être parfait...
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— S. AUG. — Pour ces hommes les natures sont mauvaises, car ils ne les considèrent pas en elles-mêmes; or, ce n'est pas par l'avantage ou le désavantage qui peut en résulter pour nous, qu'il faut considérer un être, mais en lui-même, et toute nature considérée en elle-même rend gloire à Dieu. Elles ont toutes par le seul fait de leur existence leur manière d'être, leur beauté, une certaine grâce en elles-mêmes, et sont par conséquent bonnes.
S. CHRYS.— Il ajoute: « Tout arbre bon ne peut pas porter des fruits mauvais, et tout arbre mauvais ne peut pas en porter de bons », afin que personne ne puisse prétexter la difficulté de se rendre compte de cette double comparaison, attendu qu'un arbre bon peut porter aussi de mauvais fruits.
— S. AUG. — De cela, les manichéens concluent que l'âme qui est bonne ne peut pas changer et devenir mauvaise, ni celle qui est mauvaise en devenant bonne, comme s'il avait été dit : « L'arbre bon ne peut pas devenir mauvais, ni le mauvais devenir bon, » tandis qu'il a été dit : « L'arbre bon ne peut pas faire de mauvais fruits, » mais non le contraire.
Or, l'arbre, c'est l'âme, par conséquent l'homme (1); les fruits sont ses œuvres.
Or, l'homme bon ne peut pas faire de mauvaises actions, ni un homme mauvais de bonnes ; que s'il veut en faire de bonnes, qu'il commence à devenir bon.
Tant qu'un homme sera mauvais, il ne portera pas de bons fruits. Il peut se faire que la neige ne soit plus de la neige, mais il ne peut se faire qu'elle soit chaude; ainsi il peut se faire que celui qui a été méchant ne le soit plus, mais il ne peut pas arriver qu'il fasse le bien en restant mauvais. Il peut devenir utile en restant mauvais, mais alors ce n'est pas son fait, mais celui de la divine Providence.
RAB. — C'est l'homme qui est cet arbre bon ou mauvais, et c'est sa volonté qui le rend bon ou mauvais ; or, il est impossible que les actions, qui sont les fruits, sortent mauvaise d'une bonne volonté, ou bonnes d'une mauvaise volonté.
S. AUG. — Mais comme il est certain que les actions mauvaises sortent d'une volonté mauvaise, comme les…
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(1) Ceci n'est pas rigoureusement vrai, l'âme n'étant pas tout l'homme; mais on peut le dire, car elle en est le principal.
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Louis- Admin
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S. AUG. — Mais comme il est certain que les actions mauvaises sortent d'une volonté mauvaise, comme les fruits mauvais d'un arbre mauvais, d'où direz-vous que naît la mauvaise volonté elle-même, si ce n'est de l'ange en l'ange, et de l'homme en l'homme (1)? Qu'était-ce que les deux natures avant que le mal naquît en elles, si ce n'est un ouvrage digne de Dieu et une bonne et louable création?
C'est donc du bien que naît le mal, et il ne pourrait pas venir d'autre part. En parlant ainsi, je ne veux parler que de la volonté mauvaise, qui n'a été précédée d'aucun mal, et nullement des œuvres mauvaises qui naissent de la volonté mauvaise, comme les fruits d'un mauvais arbre.
Or, ce n'est pas du bien en tant que bien qu'est née la volonté mauvaise, car le bien en tant que bien vient de Dieu, mais en tant qu'il vient du néant et non pas de Dieu.
S. JÉR. — Demandons aux hérétiques qui admettent deux natures contraires entre elles, s'il est vrai que, d'après leur explication, un arbre bon ne puisse pas porter de mauvais fruits, comment il se fait que Moïse, cet arbre bon, ait péché auprès des eaux de la contradiction; que Pierre ait nié le Sauveur dans sa passion en disant: « Je ne connais pas cet homme; » et que le beau-père de Moïse, arbre mauvais, puisqu'il ne croyait pas au Dieu d'Israël, lui ait donné un bon conseil.
S. CHRYS. — N'ayant pas ordonné de châtiment contre les faux prophètes, il cherche à les effrayer en leur annonçant une punition de la part de Dieu en leur disant : « Tout arbre qui n'est pas bon sera coupé et jeté au feu.» Ces paroles rappellent celles de saint Jean-Baptiste parlant aux Juifs, et leur peignant (1) le même châtiment en leur parlant de hache, d'arbre coupé, de feu inextinguible.
En bien approfondissant, l'on voit qu'il y a deux peines : être coupé et brûler, être jeté dans les flammes et être tout-à-fait retranché du royaume, ce que je considère comme la peine la plus cruelle. Il en est qui ne craignent que la géhenne; pour moi, je prétends qu'il est bien plus amer de tomber du haut de cette gloire. Quelle serait la douleur, petite ou grande, dont ne serait pas capable un père, pour voir son très doux fils et en jouir?
Voyons chose semblable dans cette gloire; car il n'est pas en effet de fils aussi suave à son père que l'est pour nous le repos dans les biens, et d'être dissous et d'être avec le Christ (2). C'est une peine intolérable que la géhenne; mais que l'on ajoute dix mille géhennes à la suite les unes des autres, il ne m'en dira pas autant que m'en dit la pensée de choir de cette gloire et d'être haï par le Christ.
LA GLOSE. — II ajoute la conclusion de ce principe, qui était déjà évidente en disant : « Donc vous les connaîtrez à leurs fruits. »
Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume des cieux…
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(1) C'est-à-dire de lui-même, pour montrer qu'elle ne vient pas d'ailleurs que du cœur humain.
(1) Tel est le sens du mot grec : et non pas subscribens comme auparavant : Voyez en ce qui regarde saint Jean, Matth., 3, v. 10 ; Luc, 3, v. 9. — (2) Je suis pressé entre deux sentiments, le désir d'être dissous et d'être avec le Christ (c'est là le meilleur de beaucoup), et la pensée qu'il est nécessaire que je reste dans la chair à cause de vous (Phil., 1, v. 23).
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Sermon sur la montagne.SUITECeux qui me disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume des cieux; mais celui-là seulement
y entrera qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur !
n'avons-nous pas prophétisé en votre nom ? n'avons-nous pas chassé les démons en votre nom? et n'avons-nous
pas fait plusieurs miracles en votre nom ? Et alors je leur dirai hautement: Je ne vous ai jamais connus:
retirez-vous de moi, vous qui faites des œuvres d'iniquité.S. Matth., VII, 21-23.
Plus haut il nous avait appris que nous ne devrions pas recevoir ceux qui revêtent les dehors de la vertu à cause de la fausseté de leurs doctrines. Ici il nous apprend à ne pas nous confier à ceux qui, prêchant une bonne doctrine, la détruisent par leurs œuvres mauvaises. Il est nécessaire aux serviteurs de Dieu que les œuvres appuient les paroles et que les paroles appuient les œuvres. C'est pour cela qu'il dit : « Car ce ne sera pas quiconque me dit: Seigneur. »
—S. CHRYS, — Or, il semble surtout toucher aux Juifs qui placent tout dans les dogmes (1), et que saint Paul réprimande ainsi : « Si vous qui vous appelez Juifs et qui vous reposez sur la loi. »
S. CHRYS. — Ou bien, après avoir dit que les vrais et les faux prophètes devaient se reconnaître à leurs fruits, il nous indique plus clairement ici le moyen de reconnaître les bons et les mauvais docteurs.
— S. AUG. — Il faut prendre garde de ne pas nous laisser tromper par le nom du Christ qui peut se trouver sur les lèvres des hérétiques, ou d'autres n'entendant pas mieux qu'eux la vérité, ou enfin de ceux qui aiment le monde. C'est pour cela qu'il ajoute : « Non pas quiconque me dit : Seigneur, Seigneur. » Mais ici se présente cette difficulté : comment l'Apôtre a-t-il pu dire sans sortir de ce principe : « Personne ne peut dire Seigneur Jésus, si ce n'est dans l'Esprit-Saint, » car l'on ne peut pas dire que quiconque n'entre pas dans le royaume de Dieu peut avoir l'Esprit-Saint. C'est que l'Apôtre a voulu exprimer par le mot dire la volonté et l'intelligence, et en effet, dans le sens réel, il parle seul réellement celui dont la parole exprime la pensée et l'intention. Le Seigneur a pris le mot dire dans son sens le plus général. Celui en effet qui ne veut ni n'entend ce qu'il dit paraît, lui aussi, parler.
— S. JÉR. — C'est l'ordinaire des Écritures de mettre la parole pour le fait, et c'est dans ce sens que l'Apôtre dit : « Ils confessent Dieu et le nient par leurs œuvres.
S. AMB. (1). —Tout ce qui est vraiment de l'Esprit-Saint, n'importe par qui il soit dit.
— S. AUG. — Il ne faut pas croire que celui qui dira : « Seigneur, Seigneur, » et qui à cause de cela nous paraîtra bon, appartienne pour cela à la classe de ceux dont les fruits sont bons. Ces fruits sont de faire la volonté de Dieu, et c'est pour cela qu'il est ajouté : « Mais celui qui fait la volonté de mon Père. »
— S. HIL. —Le chemin du ciel, c'est l'obéissance…
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(1) C'est-à-dire n'ayant aucun soin de leur vie, et plaçant tonte la religion dans la doctrine. — (1) La Glose l'appelle saint Ambroise; saint Thomas le cite encore dans la Somme, 1, 2, quest, 109, art. 1, arg. 1. C'est à tort qu'on le prend pour saint Ambroise; on l'appelle ordinairement Ambrosiaster. Ce passage est le commentaire de cette parole : « Personne ne peut dire le Seigneur Jésus qu'en le Saint-Esprit » (I Corinth., 12, 3).
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Louis- Admin
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— S. HIL. — Le chemin du ciel, c'est l'obéissance à la volonté de Dieu et non pas de répéter son nom.
— S. CHRYS. — Ce qui est la volonté de Dieu, le Seigneur nous l'enseigne lui-même en nous disant : « C'est la volonté de celui qui m'a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. » Le mot croire se rapporte et à la confession du nom et à l'acte correspondant. Celui-là donc qui ne confesse pas la parole du Christ, ou qui, en d'autres termes, ne se dirige pas d'après elle, celui-là n'entrera pas dans le royaume de Dieu.
— S. CHRYS. — Il ne dit pas : « Celui qui fait ma volonté », mais « Celui qui fait la volonté de mon Père,» car cette première manière de s'exprimer eût dépassé leur portée. Mais il l'insinue, car autre n'est pas sa volonté, et autre celle de son Père.
S. AUG.— Ceci se rattache à cette question, non-seulement que nous ne nous laissions pas tromper par ceux qui ont le nom du Christ, mais qui ne font pas ses œuvres, mais encore par ceux qui font certains prodiges et certains miracles que Dieu opère par eux à cause des infidèles, tout en nous avertissant de ne pas nous y laisser tromper; œuvres qu'il opère pour montrer l'action de son invisible sagesse là où le prodige éclate. C'est pour cela qu'il ajoute ces paroles : « Plusieurs diront en ce jour-là. »
— S. CHRYS. — Voyez comme il se glisse en se voilant. En montrant qu'il a accompli toute parole, il s'est montré le juge suprême. Déjà il a déclaré que le châtiment attendait ceux qui pèchent. Maintenant il révèle celui qui punit par ces mots : « Beaucoup diront en ce jour-là. »
— S. CHRYS.— Alors donc qu'il viendra dans la majesté de son Père (1); lorsque personne n'osera défendre le mensonge ou contredire à la vérité par l'éclat tumultueux d'un plaidoyer; lorsque les œuvres de tous parleront et que leurs bouches seront muettes; alors tous trembleront, et personne n'osera intervenir pour un autre. Dans ce jugement, les témoins ne seront pas les hommes adulateurs, mais les anges pleins de vérité; le juge, le Seigneur plein de justice. Cette parole: « Seigneur! Seigneur! » marque parfaitement les accents de la crainte et les angoisses de la souffrance. Dire une seule fois : « Seigneur ! » ne suffirait pas à celui qu'étreint une crainte pressante.
— S. HIL. — Ils présument qu'ils recevront la gloire à cause de leur esprit prophétique, de leur pouvoir sur les démons, et d'autres pouvoirs opérant des œuvres semblables. Et c'est pour cela qu'ils se promettent le royaume de Dieu par ces mots : « Est-ce que nous n'avons pas prophétisé en ton nom ? »
S. CHRYS. — Il y en a qui disent qu'en cela ils ont menti, et que c'est pour cela…
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Luc, 9, v. 26, où il est dit que le Christ « rougira de celai qui aura rougi de lui, alors qu'il viendra dans la majesté de son Père. »
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S. CHRYS.— Il y en a qui disent qu'en cela ils ont menti, et que c'est pour cela qu'ils seront rejetés du salut. Mais ils n'oseraient pas mentir devant leur juge; d'ailleurs question et réponse montrent qu'ils ont réellement fait ces choses. C'est avec étonnement que, se voyant parmi ceux qui avaient été admirés par les hommes, ils s'écrient : « Seigneur ! Seigneur ! est-ce que nous n'avons pas fait beaucoup de miracles en votre nom » (2)? Plusieurs prétendent que ce n'était pas au moment où ils faisaient des miracles, mais plus tard, qu'ils se conduisaient mal. Mais si cela était, comment subsisterait cette démonstration que le Sauveur veut nous donner, à savoir que sans une vie bonne, rien ne vaut, ni la science, ni le pouvoir des miracles. C'est ce que dit saint Paul : « Si j'avais la foi qui transporte les montagnes et que je n'eusse pas la charité, je ne serais rien. »
— S. CHRYS. — Mais remarquez qu'il n'est pas dit : « dans l'esprit, » mais : « au nom. » C'est au nom du Christ qu'ils prophétisent, mais dans l'esprit du diable, et tels sont les devins. Mais ce qui les classe, c'est que le diable dit souvent faux, et jamais l'Esprit-Saint : il a été permis au diable, pour appuyer son erreur par un peu de vérité, de dire quelquefois vrai. C'est aussi au nom du Christ et avec l'esprit de son ennemi qu'ils chassent les démons, ou plutôt ils ne les chassent pas, mais paraissent les chasser, combat simulé que se livrent ainsi entre eux les démons. Leurs miracles d'ailleurs ne sont pas utiles ou nécessaires, mais vains et vides.
— S. AUG. — Qu'on lise ce qu'ont fait les mages d'Égypte dans un esprit d'opposition à Moïse (1).
S. JÉR. — Ou bien, prophétiser, faire des miracles, chasser les démons et même par une puissance divine, n'est pas toujours l'expression des mérites de celui qui agit, mais n'est que le résultat du nom du Christ invoqué. C'est ou pour la condamnation de ceux qui invoquent ce saint nom, ou pour l'utilité de ceux qui voient et entendent, car tout en méprisant celui qui fait le prodige, ils honorent Dieu par l'invocation duquel s'opèrent d'aussi grands prodiges. Saül, Balaam et Caïphe n'ont-ils pas prophétisé? Dans les actes des Apôtres ne voyons-nous pas les enfants de Scévée paraître chasser les démons, et n'est-il pas raconté que le traître Judas avait fait plusieurs miracles au milieu des autres apôtres?
— S. CHRYS.—Mais comme tous n'avaient pas les mêmes aptitudes…
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(1) Exod., 7, v. 11 et 22 ; 8, v. 7. On les voit, ainsi que Moïse changer les baguettes en serpents, l'eau en sang, et foire bouillonner l'eau sous la multitude des grenouilles.
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— S. CHRYS.—Mais comme tous n'avaient pas les mêmes aptitudes
— S. CHRYS. — Mais comme tous n'avaient pas les mêmes aptitudes, et que pendant que quelques-uns avaient une vie pure, et n'avaient pas une foi aussi grande (1), c'était tout le contraire pour les autres, le Seigneur convertissait les premiers par les derniers pour faire éclater davantage sa vertu; il cherchait à évoquer et à rendre meilleurs ces derniers par cet ineffable don, et il le leur donnait avec une grande abondance puisqu'ils pouvaient dire : « Nous avons fait beaucoup de miracles. » Mais c'est parce qu'ils se montrèrent ingrats envers celui qui les honore tant, que suivent ces mots: « Alors je leur déclarerai que je ne les connais pas.
—S. JÉR.—C'est avec intention qu'il ajoute : « Je leur déclarerai » (2) ayant dissimulé depuis longtemps.
— S. CHRYS .— Une grande patience doit précéder cette grande colère de Dieu; ainsi plus juste est le jugement de Dieu et plus mérité le châtiment des pécheurs. Il faut savoir que Dieu ne connaît pas les pécheurs, non pas qu'il ne les connaisse pas du tout, mais parce qu'il ne les reconnaît pas pour siens. Dieu connaît toutes choses naturellement, mais il a l'air de ne pas les connaître parce qu'il ne les aime pas, ainsi qu'ils paraissaient eux-mêmes ne pas connaître Dieu en ne l'honorant pas ainsi qu'ils le doivent.
— S, CHRYS. — Il leur dit : « Est-ce que je vous ai connus? » Car pour plusieurs, non-seulement au jour du jugement, mais encore au moment où ils faisaient leurs miracles, Dieu se détournait d'eux avant de les punir, et déjà il les avait en horreur.
—S. JÉR.—Remarquez que ces mots : « Est-ce que je vous ai connus ? » sont une réfutation de ceux qui disent que tous les hommes se sont toujours conduits en créatures raisonnables.
— S. GRÉG. — Cette sentence doit nous apprendre que ce qu'il faut respecter dans les hommes, c'est…
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— S. GRÉG. (1). — Cette sentence doit nous apprendre que ce qu'il faut respecter dans les hommes, c'est l'humilité de la charité, mais non pas l'éclat des miracles. C'est pour cela que la sainte Église méprise (2) les miracles des hérétiques, s'il en est, car ils ne sont nullement une marque de sainteté. L'on donne la preuve de sa sainteté non pas en faisant des miracles, mais en aimant le prochain comme soi-même, en ayant sur Dieu des idées vraies et sur soi-même un jugement plus sévère que sur les autres.
—S. AUG. —Bien loin de nous d'admettre avec les manichéens que ces paroles se rapportent aux saints prophètes de la loi ancienne. Ce n'est pas à eux, mais à ceux qui, après la prédication de l'Évangile, se sont produits comme parlant en son nom et sans savoir ce qu'ils disaient.
— S. HIL. — C'est ainsi que les hypocrites se sont glorifiés eux-mêmes, comme si c'était d'eux que venait ce qu'ils faisaient ou disaient, et non de l'invocation du nom de Dieu. Cette leçon de notre Évangile jette du jour sur cette doctrine, et le nom du Christ y poursuit les démons. C'est de nous-mêmes que doivent partir nos mérites pour la bienheureuse éternité, et nous devons coopérer au salut en voulant le bien, évitant le mal, et faisant plutôt ce que demande la volonté de Dieu que ce que réclame notre gloire. Il les repousse donc en leur rappelant leurs œuvres d'iniquité et en disant : « Retirez-vous, vous qui commettez l'iniquité. »
—S. JÉR.—Il ne dit pas: « Vous qui avez commis l'iniquité, » mais : « Qui commettez l'iniquité,» afin de ne pas détruire le mérite du repentir, et pour nous les montrer péchant jusqu'à ce moment du jugement, si ce n'est par l'acte, du moins par l'affection au péché.
S. CHRYS. — Car si la mort sépare l'âme du corps, elle ne change pas les dispositions de l'âme.
Quiconque entend donc ces paroles que je dis, et les pratique, sera comparé…
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Sermon sur la montagne.SUITEQuiconque entend donc ces paroles que je dis, et les pratique, sera comparé à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre;
et lorsque la pluie est tombée, que les fleuves se sont débordés, que les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison,
elle n'est point tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre. Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les pratique
point, il est semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable; et lorsque la pluie est tombée, que les fleuves se
sont débordés, que les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison, elle a été renversée, et la ruine en a été grande.S. Matth., VII, 24-27.
S. CHRYS. — Comme il devait s'en trouver qui admireraient le Sauveur, mais lui refuseraient l'admiration des œuvres elles-mêmes, il les prévient et les effraie par ces paroles : « Celui, au contraire, qui entend mes paroles et les suit sera comparé à l'homme sage. »
— S. CHRYS. — Il ne dit pas : « Celui qui entendra et fera, je le tiendrai pour un homme sage; » mais : « Il sera comparé à un homme sage. » Quel est donc celui qui est comparé? L'homme. A qui? Au Christ.
Le Christ est donc cet homme sage qui a bâti sa maison, qui est son Église, sur la pierre, c'est-à-dire sur la force de la foi.
L'insensé, c'est le diable, qui a bâti sa maison, c'est-à-dire la réunion des impies, sur le sable, c'est-à-dire sur l'inconsistance de l'infidélité ou sur les hommes charnels appelés sable à cause de leur stérilité, de leur manque d'adhésion, étant divisés en une multitude d'opinions différentes, et enfin de leur nombre innombrable.
La pluie, c'est la doctrine dont l'homme est arrosé, et les nuages sont ceux qui répandent la pluie. Ces nuages sont quelquefois poussés par l'Esprit-Saint, et tels furent les apôtres et les prophètes; d'autres suivent l'inspiration du diable, et ce sont les hérétiques.
Les bons vents sont les esprits inspirateurs des diverses vertus, ou bien les anges, qui agissent d'une manière invisible sur les sens de l'homme, pour les amener à faire le bien. Les mauvais vents sont les esprits impurs.
Les fleuves bons sont les évangélistes et les docteurs du peuple, et les fleuves mauvais sont ceux qui sont remplis de l'esprit impur, et qui ont une science de mots, à savoir les philosophes et les autres professeurs de la science profane: de leur ventre, il sort des flots d'eau morte. Or, l'Église que le Christ a fondée n'est nullement atteinte par la pluie de la doctrine du mensonge…
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S. CHRYS. SUITE…Or, l'Église que le Christ a fondée n'est nullement atteinte par la pluie de la doctrine du mensonge, ni ébranlée par le souffle du diable, ni émue par l'assaut des eaux violentes. L'on ne peut pas objecter contre cela que plusieurs de ceux qui sont dans l'Église s'en détachent et tombent; car tous ceux qui portent le nom de chrétiens n'appartiennent pas au Christ, mais le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent (1).
Mais contre la maison qu'a bâtie le diable descend la pluie de la véritable doctrine, soufflent les vents, c'est-à-dire les anges; ou les grâces de l'Esprit, et se soulèvent les fleuves, ou les quatre évangélistes et les autres sages. C'est ainsi qu'est tombée sa maison, qui était l'idolâtrie, pour faire place au Christ. Sa ruine a été grande, les erreurs ayant disparu de partout, le mensonge confondu, et les idoles détruites sur toute la face de la terre. Celui qui écoute les paroles du Christ, et qui les réalise, lui devient semblable; il bâtit sur le rocher, c'est-à-dire sur le Christ; car tous ceux qui édifient le bien, de quelque nature qu'il soit, le fondent sur le Christ.
Or, ainsi que l'Église de Jésus-Christ, bâtie sur la pierre, ne peut être renversée, ainsi celui qui a jeté ses fondements sur le Christ ne saurait être déraciné par n'importe quelle adversité, d'après cette parole : « Qui nous séparera de la charité du Christ ? »
Au contraire, celui qui entend les paroles du Christ et ne les suit pas est semblable au diable. Les paroles que l'on écoute et que l'on ne réalise pas sont bientôt séparées et dispersées, et c'est pour cela qu'on peut les comparer au sable. Le sable, c'est toute espèce de malice, et aussi tous les biens de la terre.
Or, ainsi que la maison du diable est bientôt détruite, ainsi sont rapidement détruits ceux qui ont jeté leurs fondements sur le sable. La ruine est grande si elle a atteint les fondements de la foi. Elle l'est moins s'il y a eu fornication ou homicide; car on peut se relever, ainsi que cela arriva réellement à David.
RAB. — Ou bien cette ruine grande, c'est celle exprimée par cette parole :…
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(1) 2 Timoth.,2, v. 19. La fondement de Dieu reste inébranlable, ayant cette marque : le Seigneur sait ceux qui lui appartiennent.
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RAB. — Ou bien cette ruine grande, c'est celle exprimée par cette parole : « Allez dans le feu éternel, » que le Seigneur dira à ceux qui auront écouté sa parole et ne l'auront pas suivie (1).
— S. JÉR. — Ou bien tout ce que disent les hérétiques est bâti sur le sable, qui est flottant et ne peut nullement être réuni en un seul tout; ce qu'ils disent tombe rapidement.
— S. HIL. — Ou bien par les pluies il nous figure les séductions flatteuses et sans cesse renaissantes de la volupté, lesquelles se glissent par toutes les fentes pour submerger la foi. Alors arrive le flot des fleuves et des torrents, c'est-à-dire des plaisirs plus criminels, et de toutes parts sévit le souffle des vents dans toute sa fureur, c'est-à-dire que tout le mouvement de la puissance diabolique est déjà entré dans la place.
— S. AUG. — La pluie, lorsqu'on la prend comme figure d'un mal, signifie la ténébreuse superstition; les agitations tumultueuses nous sont figurées par les vents ; les fleuves sont les passions qui s'écoulent vers la terre.
Or, celui qui est devenu l'esclave de la prospérité est brisé par le malheur, ce que ne craint pas celui dont la maison est bâtie sur la pierre, c'est-à-dire celui qui non-seulement a entendu la parole de Dieu, mais qui l'a réalisée.
Celui, au contraire, qui l'a entendue et non réalisée courbe la tête sous les adversités. Mais il faut ajouter que celui qui ne fixe pas en lui, en la pratiquant, la parole divine ne l'a même pas entendue.
Remarquez qu'il dit : « Celui qui entend toutes ces paroles, » pour signifier que quiconque accomplit ce discours est rendu parfait par ces préceptes dont l'ensemble forme toute la vie chrétienne, de telle manière que ceux qui veulent vivre d'après ces préceptes peuvent être comparés à celui qui bâtit sur la pierre.
Or, Jésus ayant achevé tous ces discours, les peuples étaient…
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(1) Dans saint Matthieu il n'est question que de ceux qui auront négligé les œuvres de charité (Matth,, 25). Mais il faut y ajouter, ainsi que le veut saint Augustin (lib. De fide et op., cap. 5], ceux qui n'auraient pas fait suivre leur foi de bonnes œuvres.
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Sermon sur la montagne.SUITEOr, Jésus ayant achevé tous ces discours, les peuples étaient dans l'admiration de sa doctrine.
Car il les instruisait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes ni comme les pharisiens.S. Matth., VII, 28-29.
LA GLOSE (1). — Le discours fini, l'évangéliste nous en montre l'effet sur le peuple par ces mots : « Et il arriva lorsqu'il eut fini. »
— RAB.— Cette fin appartient à l'intégrité du discours et se rattache au dogme. Ces mots : ils admiraient, se rapportent aux incrédules qui n'ajoutaient pas foi à ses paroles, ou généralement à tous ceux qui admiraient en lui la supériorité d'une telle sagesse.
— S. CHRYS. — L'intelligence humaine, apaisée par la parole, donne la louange; vaincue, l'admiration; car nous admirons tout ce que nous ne pouvons dignement louer. Leur admiration annonce davantage la gloire du Christ que leur foi; car s'ils avaient cru ils n'auraient pas admiré. Tout ce qui dépasse celui qui fait ou qui agit excite notre admiration, et c'est pour cela que nous n'admirons jamais les paroles ou les œuvres de Dieu; car toutes sont au-dessous de la puissance divine.
C'était le peuple qui admirait, c'est-à-dire le vulgaire de la foule, et non pas les princes du peuple, qui n'avaient pas l'habitude d'écouter pour apprendre. Le peuple simple écoutait avec simplicité, et le silence de cette simplicité eût été troublé par les contradictions des princes des peuples, s'ils avaient été là; car plus il y a de science, plus la malice est profonde, celui qui désire ardemment être le premier ne pouvant consentir à être le second.
S. AUG. — De ce qui vient d'être dit, l'on peut conclure que cette foule dont il s'agit est celle des disciples, parmi lesquels il choisit entre un grand nombre les douze apôtres sur la montagne, circonstance dont parle saint Luc (1), et qu'omet saint Matthieu. Il paraît que le Seigneur n'a tenu ce discours qu'aux seuls disciples sur la montagne, discours que saint Matthieu déplace et que tait saint Luc, et qu'ensuite, après être descendu, il a tenu au milieu des champs un autre discours sur lequel se tait saint Matthieu et que rapporte saint Luc. L'on pourrait donner aussi sur ce fait l'explication qui a été donnée plus haut, à savoir que saint Matthieu et saint Luc rapportent absolument le même discours quant au fond, mais divers quant à la forme; discours qui aurait eu lieu en présence de la foule et des disciples. Alors s'expliquerait naturellement ce qui est dit ici de l'admiration de la foule.
S. CHRYS.—Il donne le motif de cette admiration en disant :…
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(1) On ne le trouve ni dans la Glose actuelle, ni dans saint Anselme, Bède, ou ailleurs. — (1) Luc , 6, v. 12, il est dit : Qu'après avoir été dans la montagne pour y prier et y avoir passé la nuit en prières, il appelle, le jour étant venu, les disciples, et choisit les douze apôtres.
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S. CHRYS.—Il donne le motif de cette admiration en disant : « Car il était enseignant. » — Si les scribes, voyant sa puissance se manifestant par des œuvres, se retiraient de lui, combien plus ils eussent été scandalisés en entendant ces paroles qui par elles-mêmes manifestaient cette puissance? Mais les foules n'eurent pas cette impression; car l'âme bienveillante se laisse facilement entraîner aux discours de la vérité. Il déployait cette puissance en enseignant par l'admiration dans laquelle il en plongeait plusieurs, et l'entraînement qu'il faisait éprouver à d'autres.
Le bonheur de l'entendre fut tel qu'ils ne le quittèrent pas alors qu'il se taisait, et qu'ils le suivirent à sa descente de la montagne. Ce qui les étonnait davantage, c'est que dans ce qu'il disait il ne s'appuyât sur l'autorité de personne, ainsi que l'avaient fait Moïse (1) et les prophètes; mais qu'il se montrât toujours comme ayant la puissance, appuyant de ces mots les lois qu'il portait : « Pour moi, je vous dis. » C'est comme le Seigneur et le maître de Moïse lui-même qu'il ajoutait aux lois qui ne lui paraissaient pas complètes, et qu'il y ajoutait en les prêchant au peuple, ainsi que nous l'avons vu plus haut, en disant : « L'on a dit aux anciens, pour moi je vous dis. » Les scribes ne faisaient que commenter les écrits de Moïse et des prophètes.
S. GRÉG. (1). — Ou bien, seul le Christ a pu parler avec un véritable pouvoir; car seul il n'avait pas commis de péché. Pour nous, qui sommes faibles, consultons notre faiblesse, pour savoir ce qu'elle nous dira d'enseigner à nos frères.
— S. HIL. — Ou bien ils mesuraient l'effet de son pouvoir sur la vertu de ses paroles.
— S. AUG. — C'est ce qui a été annoncé ainsi dans les Psaumes : « J'agirai en lui avec confiance…
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(1) C'est très fréquemment dans les Prophètes et dans Moïse lui-même (Exod., 5, 7, 8, 9, 10, 35) de faire précéder ce qu'ils vont dire de ces mots : C'est le Seigneur qui l'a dit. — (1) Dans les anciens exemplaires, c'est le chap. 13 sur le 33e de Job , ou bien aux ch. 8 et 14 comme au commencement.
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— S. AUG. — C'est ce qui a été annoncé ainsi dans les Psaumes : « J'agirai en lui avec confiance; les paroles du Seigneur sont des paroles chastes; de l'argent éprouvé par le feu, passé par le creuset, purifié sept fois. » C'est le nombre sept qui m'a donné l'éveil de rapporter tous ces préceptes à ces sept sentences que j'ai trouvées au commencement de ce discours, à savoir les béatitudes (2).
Or, que quelqu'un se mette en colère contre son frère, l'appelle raca ou fou, cela vient de l'orgueil, et il y a un remède, c'est celui de le prier avec humilité et de faire tomber ainsi l'enflure de sa jactance : « Bienheureux les pauvres d'esprit, parce qu'ils posséderont la terre. »
Il se montre d'accord avec son adversaire, c'est-à-dire qu'il va au devant de la parole de Dieu avec respect, celui qui s'approche du testament du Père, non pas bouillant et amer de l'esprit de chicane, mais doux de piété : « Bienheureux donc les doux, parce qu'ils posséderont la terre. »
Celui qui sentira l'insurrection du plaisir de la chair contre la rectitude de la volonté, qu'il s'écrie : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de la mort de ce corps » (1) ? et qu'en gémissant, il implore le secours divin : « Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. »
Que peut-on imaginer de plus triste, que pour arrêter une détestable habitude, l'on soit obligé de se retrancher tous les membres qui peuvent empêcher le royaume de Dieu, et peut-on ne pas en être brisé de douleur? — Supportez dans le mariage tout ce qui n'est pas la fornication, quelque pénible que cela puisse être (2). Que chacun dise la vérité et l'appuie, non par l'abondance des serments, mais par la probité de sa vie. Mais qui pourra braver tant de difficultés sans être brûlé de l'amour de la justice, comme par une soif et par une faim brûlante : « Bienheureux donc ceux qui ont faim et soif, parce qu'ils seront rassasiés. »
Qui, excepté celui qui est parfaitement miséricordieux, sera toujours prêt à supporter les injures des malades, à donner à celui qui lui demande, aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui le haïssent, prier pour ceux qui le poursuivent : « Bienheureux donc ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront eux-mêmes miséricorde. »
Il a l’'œil du cœur pur celui qui place la fin de ses bonnes œuvres non pas dans la louange humaine ou dans ses propres intérêts; celui qui ne condamne pas (3) témérairement l'intention de son prochain; celui enfin qui, dans tout ce qu'il fait pour le prochain, est dirigé par cette intention qu'il donne ce qu'il voudrait qu'on lui donnât à lui-même: « Bienheureux donc ceux qui ont le cœur pur. »
Il faut aussi par le cœur pur trouver la voie étroite de la sagesse qu'ont renversée les manœuvres trompeuses des esprits pervers. Les éviter, c'est tenir à la paix de sagesse (1). Mais quoi qu'il en soit de l'ordre dans lequel je viens de présenter ces idées, il est certain qu'il faut accomplir ces paroles du Seigneur si nous voulons édifier sur la pierre.
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(2) La huitième n'est que la récapitulation des sept précédentes. — (1) Rom.; 7, v. 24, l'Apôtre y déplore la faiblesse humaine. — (2) Saint Augustin ajoute beaucoup d'autres choses se rapportant à l'intégrité des mœurs. — (3] Le texte de saint Augustin porte plutôt : Qui ne méprise pas. — (1) Il y a dans le texte : Tenir à la paix très sûre et à la stabilité immuable de la sagesse.
FIN.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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