Si vous voulez être parfait...
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEConsidérez les oiseaux du ciel. Ils ne sèment point, ils ne moissonnent point,
et ils n'amassent rien dans des greniers; mais votre Père céleste les nourrit.
N'êtes-vous pas beaucoup plus qu'eux? Et qui est celui d'entre vous qui
puisse avec tous ses soins ajouter à sa taille la hauteur d'une coudée?S. Matth., VI, 26-27.
S. CHRYS. — Après avoir appuyé notre espérance en descendant du plus au moins, il l'appuie maintenant en montant du moins au plus, et c'est en disant : « Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent. »
— S. AUG. — Quelques-uns prétendent n'être pas tenus au travail, parce que les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent. Pourquoi ne pas pousser jusqu'à ce qui suit immédiatement: « Ni ils ne recueillent dans des greniers? »
Pourquoi donc ceux-ci veulent-ils avoir les mains inactives et leurs greniers pleins? pourquoi enfin moudre et cuire son pain ? les oiseaux du ciel ne le font pas non plus. Que s'ils trouvent qui leur apporte tous les jours leur nourriture toute préparée, faut-il du moins qu'ils aillent eux-mêmes à la fontaine puiser de l'eau, ou à une citerne ou à un puits, ce que ne font pas les oiseaux.
S'ils se refusent à ce dernier soin, l'on ne peut pas nier qu'ils ne soient d'une vertu supérieure à ces premiers chrétiens de Jérusalem, que nous voyons s'employer à faire ou à faire faire du pain avec le froment venu de Grèce (1), ce que ne font pas les oiseaux.
L'on ne peut pas nier non plus que ne rien réserver pour le lendemain est tout-à-fait impossible à ceux qui s'enferment pour vivre longtemps séparés des regards des hommes et loin de toute relation ordinaire, dans le but de longues prières. Plus ils aspirent à la sainteté, et plus ils se montrent différents des oiseaux. Donc, ce que le Sauveur a dit des oiseaux du ciel, est pour ne laisser à personne la pensée que Dieu peut abandonner ses serviteurs et les laisser sans le nécessaire, en nous montrant sa providence s'étendant jusqu'aux oiseaux.
Mais il ne faut pas en conclure que Dieu nourrit ceux qui ne travaillent pas; pas plus que l'Apôtre n'aurait dû conclure de cette parole : « Invoquez-moi au jour de la tribulation, et je vous en tirerai, » qu'il ne devait pas fuir; mais attendre que Dieu l'en délivrât lui-même, ainsi qu'il avait délivré les trois jeunes hommes de la fournaise.
Or, ainsi que les saints pourraient répondre à cette difficulté, en disant qu'ils doivent ne pas tenter Dieu, mais lui laisser seulement à les délivrer, ainsi qu'il avait délivré Daniel des lions et Pierre des liens, lorsqu'ils ne pouvaient pas se mettre eux-mêmes à couvert; que d'ailleurs, en échappant eux-mêmes par la fuite, c'est à lui qu'ils font remonter la cause de leur délivrance, étant bien certains que sans son secours la fuite aurait été vaine : ainsi, les serviteurs de Dieu qui peuvent se nourrir du travail de leurs mains répondront facilement à ceux qui les inquiéteraient en tirant de l'Évangile cet exemple des oiseaux du ciel qui ne sèment ni ne moissonnent : « Si nous étions empêchés par quelque maladie ou quelque occupation, ce serait à lui à nous nourrir comme les oiseaux qui ne travaillent pas.
Mais pouvant travailler, il ne faut pas tenter Dieu, car ce que nous pouvons, c'est de sa munificence que nous le tenons, et pendant notre vie; notre vie et notre puissance de travailler viennent de ses largesses, et c'est ainsi que nous sommes aussi réellement nourris par lui que les oiseaux du ciel. » Et c'est ainsi qu'il est dit : « Et votre Père céleste les paît; est-ce qu'il ne vous nourrira pas plutôt? »
— S. AUG. — C'est-à-dire, que vous valez plus cher, car…
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(1) D'Antioche (Aet., 11, v. 27]. Il était envoyé par le principe de charité et de solidarité fraternelles.
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— S. AUG. — C'est-à-dire, que vous valez plus cher, car l'homme, animal raisonnable, est dans l'univers au-dessus des oiseaux, qui n'ont pas de raison.
S. AUG. — Cependant quelquefois un cheval s'achète plus cher qu'un esclave, et une pierre précieuse plus cher qu'une servante. Mais ce qui fait le prix, ce n'est pas une raison sérieuse, mais la nécessité ou le plaisir.
—S. CHRY. — Dieu a fait tous les animaux pour l'homme et l'homme pour soi. Or, plus la création de l'homme est élevée, plus Dieu a soin de lui. Si donc les oiseaux qui ne travaillent pas trouvent leur nourriture, l'homme ne la trouvera pas, lui à qui Dieu a donné la science du travail et les espérances de la récolte ?
S. JÉR.— Il en est qui en voulant dépasser les limites où s'arrêtèrent leurs pères, et voler vers les hauteurs, se noient dans les abîmes. Ils entendent « par les oiseaux du ciel, » les anges et les autres puissances célestes qui sont nourris par la Providence divine sans qu'ils en aient souci. Si cela était ainsi, pourquoi y aurait-il ces paroles suivantes adressées aux hommes : « Est-ce que vous n'êtes pas plus qu'eux? » Il faut donc l'entendre tout simplement en ce sens, que si sans peine et sans préoccupation les oiseaux du ciel sont nourris par les mains de Dieu, les oiseaux qui sont aujourd'hui et demain ne seront plus, il sera pris un plus grand souci encore de l'homme à qui l'éternité est promise.
S. HIL. —L'on peut dire aussi que, sous cette figure des oiseaux, il est ici question de ces esprits impurs, qui reçoivent par l'effet du développement des dessins de Dieu leur nourriture sans avoir contribué à la chercher ou à la ramasser. Si on le rapporte à ces esprits impurs, c'est une raison pour qu'il soit ajouté: a Est-ce que vous n'êtes pas plus qu'eux ? » Ces paroles portent sur la différence qui existe entre la sainteté et la malice.
LA GLOSE. — Ce n'est pas seulement par l'exemple des oiseaux, c'est encore par notre propre expérience qu'il nous enseigne que notre souci personnel ne suffit pas pour nous faire exister ou vivre, mais qu'il faut pour cela l'opération de la divine Providence; et c'est ce qui est exprimé ainsi : « Qui donc d'entre vous peut ajouter par sa pensée une coudée à sa taille? »
—S. CHRYS. —C'est Dieu qui, sans que vous puissiez vous en rendre compte, fait se développer d'un jour à l'autre les accroissements de votre corps. Si donc la Providence de Dieu travaille journellement en vous, comment s'arrêtera-t-elle lorsque adviendront de véritables nécessités ? Comment, si votre pensée ne peut pas vous ajouter la plus petite partie à votre corps, comment pourra-t-elle le sauver tout entier?
— S. AUG. — L'on peut rapporter ces mots à ce qui suit en cette manière : …
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— S. AUG. — L'on peut rapporter ces mots à ce qui suit en cette manière : « Ce qui vous fait comprendre que ce n'est pas par vos soins que votre corps a atteint sa taille, c'est que si vous vouliez lui ajouter une coudée, vous ne le pourriez pas (1); laissez donc le soin de couvrir votre corps à celui par les soins duquel il a atteint sa taille. »
— S. HIL — Ainsi qu'il avait appuyé notre foi en la Providence qui veille à notre subsistance par l'exemple des esprits; ainsi, c'est en invoquant ce que tout le monde sait, qu'il établit notre confiance en ce que nous devons devenir plus tard. Quelle n'est pas notre injure envers lui, de nous préoccuper du vêtement ou de la beauté extérieure, alors qu'il a fait concourir à nous parfaire la diversité de tous les êtres qui ont vie, et auxquels seuls il peut seul ajouter un, ou deux, ou trois doigts pour la hauteur ? il n'ajoutera à la hauteur des hommes que ce qu'il faudra pour les rendre tous égaux.
S. AUG.—Si le Christ doit ressusciter avec cette taille qu'il avait au moment de sa mort, il n'est donc pas permis de dire qu'au jour de la résurrection générale, il paraîtra avec une taille plus grande que celle qu'il avait montrée aux regards des apôtres, et qui l'égalera aux plus grands.
Si, au contraire, nous prétendons que tous les corps plus grands ou plus petits que le sien seront élevés ou raccourcis à sa taille, nous anéantissons ce qui a été promis, que pas un seul cheveu de notre tête ne périrait, car plusieurs corps perdraient de leur volume. Il nous reste donc à admettre que chacun ressuscitera avec le corps qu'il avait dans sa jeunesse, s'il est mort dans sa vieillesse, et avec celui qu'il aurait eu dans sa jeunesse s'il est mort avant. L'Apôtre n'a donc pas dit : « Dans la mesure de la taille, » mais : « Dans la mesure de l'âge plein du Christ » (1). Car les corps des morts ressusciteront dans cet âge de jeunesse et de force auquel nous savons que le Christ est parvenu.
Pourquoi aussi vous inquiétez-vous pour le vêtement?...
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(1) Ceci ne se trouve ni dans la Glose actuelle, ni dans saint Anselme, mais à peu près dans les mêmes termes dans la Glose collatérale. — (1) Aux Eph. (4, v. 13) où il dit que les docteurs ont été donnés : pour la consommation des saints, pour l'édification du corps du Christ, jusqu'à ce que nous arrivions tous à l'homme parfait, dans la mesure de l'âge plein du Christ.
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Sermon sur la montagne.SUITEPourquoi aussi vous inquiétez-vous pour le vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs :
Ils ne travaillent point; ils ne filent point; et cependant je vous déclare que Salomon, même dans toute sa gloire,
n'a jamais été vêtu comme l'un d'eux. Si donc Dieu a soin de vêtir de cette sorte une herbe des champs, qui est
aujourd'hui et qui sera demain jetée dans le four, combien aura-t-il plus de soin de vous vêtir ô hommes de peu de foi!S. Matth., VI, 28-30.
S. CHRYS. — Après nous avoir montré qu'il ne fallait pas avoir de sollicitude pour la nourriture, il passe à une nécessité moindre, qui est le vêtement, car le vêtement est moins nécessaire que la nourriture. C'est pour cela qu'il nous dit : « Et du vêtement pourquoi en êtes-vous inquiets? » Ici il ne se sert plus de la comparaison des oiseaux, quoique quelques-uns, comme le paon ou le cygne, eussent pu lui servir d'exemple en cette matière, mais de celle des lis, en disant : « Considérez les lis des champs. » Or, deux choses lui serviront à montrer cette surabondance des dons de Dieu, la magnificence de leur beauté et la nature infime de ces êtres qui participent à une si grande splendeur.
S. AUG. — Il ne faut pas prendre cette allégorie de manière à approfondir pourquoi il est ici particulièrement question des oiseaux du ciel et des lis des champs. Ils n'ont été mis ici que pour nous faire remonter de ce qui est moindre à ce qui est plus élevé.
—S. CHRYS. — A un temps marqué les lis poussent leurs feuilles, se revêtent de blancheur, se remplissent de parfums; et ce que la terre n'avait pas donné à la racine, Dieu le donne par une opération invisible. Tous sont traités de la même manière, afin que cette plénitude de dons qui en tous est la même ne paraisse pas le résultat du hasard, mais le résultat de l'action de la divine Providence. Ce mot : « Ils ne labourent pas, » est pour encourager les hommes; cet autre : « Ni ils ne filent point, » pour encourager les femmes.
S. CHRYS. — Par ces paroles il ne défend pas le travail, mais la sollicitude, ainsi que cela a été dit plus haut à propos des oiseaux qui ne sèment point.
— S. CHRYS. — C'est pour faire briller davantage cette Providence qui surpasse toute industrie humaine qu'il ajoute : « Je vous dis que Salomon dans toute sa gloire, etc. »
S. JÉR. — En effet, quelle étoffe de soie, quelle pourpre de roi, quel tissu peint peut se comparer aux fleurs? Qu'y a-t-il de rose comme la rose? de blanc comme le lis? pour constater qu'aucune pourpre ne l’emporte sur la violette, il n’est nul besoin de paroles, les yeux suffisant.
— S. CHRYS.— Il y a des…
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— S. CHRYS. — Il y a des vêtements aux fleurs la distance du mensonge à la réalité. Si donc Salomon, le plus splendide des rois, a été vaincu par les fleurs, pouvez-vous vous promettre de l'emporter sur leur éclat? Or, Salomon a éprouvé cette défaite non pas une ou deux fois, mais pendant toute l'étendue de son règne; c'est ce que veulent exprimer ces mots : « Dans toute sa gloire. » Jamais il ne fut embelli comme une fleur.
— S. CHRYS. — Ou bien ces paroles sont ici parce que, quoique Salomon ne travaillât pas, il commandait cependant. Or, où il y a commandement, il y a offense de la part de celui qui les exécute, et colère fréquente de celui qui les fait. Ces fleurs, au contraire, sont embellies sans qu'elles y pensent.
— S. HIL. — Ou bien par les lis il faut entendre les clartés des anges du ciel qui sont revêtus d'éclat par Dieu lui-même. Ils ne labourent ni ne filent ; car les anges, par le bonheur de leur origine, reçoivent incessamment tout ce qui concourt à leur existence, et comme il nous a été dit que dans la résurrection des morts nous serions semblables aux anges, il a voulu, en portant ici cet exemple des anges, fixer nos espérances sur ce vêtement de gloire.
S. CHRYS. — Si Dieu va ainsi au-devant des fleurs de la terre qui ne sont nées que pour paraître et mourir, comment pourra-t-il négliger les hommes qu'il a créés, non pas pour être vus un instant, mais pour exister éternellement? Et c'est ce qui est dit : « Si donc cette herbe qui est aujourd'hui et qui demain est jetée au four, Dieu la revêt ainsi, à combien plus forte raison vous « hommes de peu de foi? »
—S. JÉR.— Le mot demain dans l'Écriture exprime l'avenir : « Votre justice m'exaucera demain, » dit Jacob (1).
— LA. GLOSE.— D'autres exemplaires portent : « Dans le feu ou dans un de ces las d'herbes qui brûlent comme un four. »
— S. CHRYS.— Ils ne les appelle plus déjà lis, mais foin des champs, pour montrer où ils sont…
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— S. CHRYS.— Ils ne les appelle plus déjà lis, mais foin des champs, pour montrer où ils sont réduits. Il nous montre encore un de leurs côtés infimes en disant : « Qui sont aujourd'hui, » et en ajoutant non pas : « Qui ne seront pas demain, » mais, ce qui est bien différent : « Qui seront jetés au four. » Ces mots : « A combien plus forte raison vous, » indiquent l'honneur de la race humaine, et reviennent à ceci : « Vous à qui il a donné une âme, adapté un corps, envoyé des prophètes et donné son Fils unique. » Il dit : « De peu de foi, » car elle est peu de chose la foi qui ne compte même pas sur les choses infimes.
— S. HIL.—Ou bien sous cette figure du foin, il faut voir les Gentils. Or, si l'éternité d'existence ne leur est accordée que pour devenir les prisonniers du feu du jugement, combien il est vulgaire aux saints de douter de l'éternité de leur gloire, devant cette éternité accordée pour la peine?
RÉMIG. — Au sens spirituel il faut entendre par les oiseaux du ciel les saints qui, régénérés par la grâce du baptême, méprisent par piété les choses de la terre et ambitionnent celles du ciel. Les Apôtres, chefs de tous les saints, sont dits ici au-dessus d'eux. Par les lis il faut entendre les saints qui par la seule foi et sans le travail des cérémonies légales ont plu à Dieu, et c'est à cause d'eux qu'il a été dit : « Mon bien-aimé qui est nourri au milieu des lis » (2).
Or, c'est à cause de la blancheur de la foi et du parfum des bonnes mœurs que l'Église est ici comparée à un lis; et c'est d'elle qu'il a été dit : « Ainsi que le lis parmi les épines. » Par le foin sont désignés les infidèles, desquels il a été dit : « Le foin s'est séché et la fleur est tombée ; » par le four la damnation éternelle en ce sens : « Si Dieu a accordé aux infidèles les biens temporels, à combien plus forte raison il vous accordera ceux de l'éternité ? »
Ne vous inquiétez donc point, en disant : Que mangerons-nous? ou que boirons-nous? ou de..
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Sermon sur la montagne.SUITENe vous inquiétez donc point, en disant : Que mangerons-nous? ou que boirons-nous? ou de quoi
nous vêtirons-nous? comme font les païens qui recherchent toutes ces choses ; car votre Père sait que vous en avez besoin.
Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.S. Matth., VI, 31-33.
LA GLOSE. — Après avoir successivement exclu toute sollicitude sur le vêtement et sur la nourriture, en prenant ses arguments dans les choses qui sont inférieures à l'homme, il conclut ici contre l’une et l'autre de ces sollicitudes en disant : « Veuillez bien ne pas vous montrer ingrats en disant : Que mangerons-nous, ou que boirons-nous ou de quoi nous couvrirons-nous ?»
— RÉMIG. — C'est pour montrer combien cela était nécessaire et pour le graver dans les cœurs que le Seigneur le répète.
— RAB. — Remarquez bien qu'il ne dit pas : « Votre nourriture, votre breuvage, votre vêtement, n'en soyez pas inquiets, » mais : « Ce dont vous vous nourrirez, ou vous abreuverez, ou vous vêtirez. » Or, il me semble s'exprimer contre ceux qui, méprisant la manière de se vêtir ou de se nourrir de ceux parmi lesquels ils vivent, cherchent une manière plus délicate ou plus austère.
LA GLOSE (1). — Il est une autre sollicitude superflue et qui a sa racine dans le vice de la nature humaine, c'est celle par laquelle les hommes se réservent au-delà du nécessaire, et n'ont d'autre préoccupation que celle des biens temporels, abandonnant pour eux les intérêts de leur âme; c'est ce qui est défendu et qui est ainsi exprimé : « Les Gentils cherchent toutes ces choses. »
— S. CHRYS.— C'est parce qu'ils croient les choses humaines soumises à la fortune et non pas à la Providence, et gouvernées par le hasard et non par le jugement divin, car celui qui se croit dirigé par la main de Dieu, se confie pour sa nourriture à la direction de cette main; et c'est pour cela que suivent ces mots : « Votre Père sait que vous avez besoin de tout cela. »
— S. CHRYS. — Pour leur donner plus d'espoir il ne dit pas : « Dieu sait, » mais : « Votre Père sait. » Si c'est un père, il ne pourra mépriser ses enfants, ce que les hommes ne supporteraient pas parmi eux. En effet il dit : « Que vous manquez de ces choses, » afin que vous rejetiez encore plus loin cette sollicitude, car ce dont il s'agit, c'est le nécessaire, et quel est le père qui supporterait que ses enfants vinssent à en manquer ? Si c'était le superflu, il ne faudrait pas avoir la même confiance.
— S. AUG. — Ce n'est pas à une certaine époque en particulier que Dieu l'a connu, mais il a connu ensemble, à une époque qui nous a précédés sans avoir de commencement, toutes les choses futures, ce que nous lui demanderions et dans quel temps nous le lui demanderions.
— S. AUG. — Ceux qui disent que Dieu n'a pas pu connaître toutes ces choses parce qu'elles sont infinies, il leur…
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(l) Rien de pareil dans la Glose, et l'a peu près en d'autres termes dans saint Anselme.
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— S. AUG. — Ceux qui disent que Dieu n'a pas pu connaître toutes ces choses parce qu'elles sont infinies, il leur reste à dire qu'il n'a pas pu connaître tous les nombres parce qu'ils sont certainement infinis. Le nombre infini n'est pas incompréhensible à l'intelligence pour laquelle il n'y a pas de nombre. Tout ce qui est compris est limité par la science qui le comprend, et, par conséquent, tout ce que nous appelons infini est borné d'une manière ineffable par la science de Dieu pour laquelle tout est compréhensible.
— S. GRÉG. (1)— C'est par ces signes éclatants que se déclare la Providence divine. Comment, si aucun être n'y pourvoyait, se maintiendrait cette permanence des lois générales, et surtout celles qui président à la génération et à la corruption, l'ordre et la position réciproque de toutes choses, d'après un plan constamment suivi ?
Mais il en est qui disent que sa Providence se borne à maintenir cette permanence des lois générales, et que les effets particuliers sont abandonnés au hasard. Or, l'on ne peut alléguer que trois raisons de cet abandon que la Providence ferait des effets particuliers: ou l'ignorance de Dieu du bon résultat de sa providence portant sur ces causes, ou son non-vouloir, ou son impuissance.
Mais l'ignorance est tout-à-fait étrangère à la bienheureuse substance. Comment d'ailleurs Dieu pourrait-il ignorer ce qui ne pourrait échapper à l'homme sage, que l'abandon des causes particulières détruirait l'ensemble? Si aucune puissance ne s'en mêlait, rien ne pourrait empêcher la destruction des êtres individuels.
Quant à son non-vouloir, il ne pourrait venir que de deux choses : de sa paresse ou du peu de convenance de ces soins. La paresse ne peut sortir que de deux sources: ou de l'attrait d'un plaisir qui captive, ou d'une crainte qui fait se désister; il serait insensé de supposer l'une ou l'autre en Dieu. Si l'on dit qu'il ne peut convenir à Dieu et qu'il est indigne de cette béatitude infinie de descendre aux petites choses, comment se fait-il que l'on ne trouve aucun inconvénient à ce que celui qui a produit quelque chose s'occupe de l'ensemble, et ne laisse aucun détail sans qu'il y pourvoie, sachant que la partie concourt à la marche générale?
Voudrait-on dire Dieu créateur inférieur à l'homme artisan? S'il ne le peut pas, c'est que Dieu est impuissant et ne peut faire des choses parfaites. Que si cette Providence qui s'étend à tout est incompréhensible pour nous, ce n'est pas une raison de la nier. C'est comme si l'on disait qu'il n'y a pas d'hommes, parce que nous ignorons combien il y en a.
S. CHRYS. — Ainsi, que celui qui se croit gouverné par le jugement de Dieu se confie à sa main pour sa nourriture. Que sa pensée s'occupe du bien et du mal; car s'il n'a pas cette préoccupation, ni il ne fuira le mal ni il n'atteindra au bien. Et c'est pour cela qu'il est ajouté : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice » (1). Le royaume de Dieu est la récompense des bonnes œuvres; sa justice, c'est la voie de la piété par laquelle l'on va jusqu'à ce royaume.
Si votre pensée se fixe sur la gloire des saints, il faut nécessairement que la crainte vous éloigne du mal, ou que le désir de la gloire vous fasse vous hâter vers le bien.
Et si elle se fixe sur la pensée de la justice divine, sur ce qui est l'objet de sa haine et ce qui est l'objet de son amour, c'est la justice qui vous montre ses voies que suivent ceux qui l'aiment. Notre jugement ne roulera pas sur nos richesses ou sur notre pauvreté, mais sur nos bonnes ou nos mauvaises actions, qui sont le fruit de notre libre arbitre.
— LA GLOSE. — Ou bien ce mot : sa justice, exprime…
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(1) Rien de semblable dans saint Grégoire. D'autres exemplaires portent à la marge, à côté de son nom : de Providentia, cap. 6. Mais on trouve la première partie de cette citation dans Nemesius pour lequel auparavant était mis le nom de saint Grégoire, au ch. 42 de Providentia, et la deuxième au 44, tom, 2, Bibl. Patr. Græcorum.
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— LA GLOSE. — Ou bien ce mot : sa justice, exprime que c'est par lui et non par vous que vous êtes justes.
S. CHRYS. —La terre, à cause des péchés des hommes, est maudite et empêchée de produire, d'après cette parole : « La terre maudite dans ton travail. » Elle est bénie lorsque vous faites le bien. Cherchez donc la justice, et le pain ne vous manquera pas ; c'est pour cela qu'il est ajouté : « Et toutes ces choses vous seront ajoutées. »
— S. AUG.— A savoir les choses temporelles: il nous enseigne assez par là qu'elles ne sont pas nos biens véritables, ceux pour lesquels nous devons faire le bien; mais cependant elles sont nécessaires. Le royaume de Dieu et sa justice, tel est notre bien, et c'est en lui que nous devons placer notre fin. Mais parce que dans cette vie, où nous combattons pour atteindre à ce royaume, ces choses nous sont nécessaires, elles vous seront ajoutées, nous dit-il. Ce mot d'abord exprime non une précocité de temps, mais une supériorité de valeur: ceci comme notre bien, cela comme notre nécessaire.
Ainsi, par exemple, nous ne devons pas évangéliser pour manger, car ce serait préférer la nourriture à l'Évangile; mais manger pour évangéliser. Or, pour ceux qui cherchent d'abord le royaume de Dieu et sa justice, c'est-à-dire pour ceux qui préfèrent ces biens à tous les autres, et qui ne cherchent tous les autres que pour les rapporter à ces premiers, ne doit pas exister cette crainte de voir manquer le nécessaire. C'est pour cela qu'il est dit ensuite : « Et toutes ces choses vous seront ajoutées, » c'est-à-dire sans vous empêcher, et sans que vous soyez détournés par leur poursuite de votre but, et que vous ayez à poursuivre deux fins à la fois.
— S. CHRYS. — Il n'est pas dit : vous seront données, mais vous seront ajoutées, pour marquer le peu de prix des choses présentes à côté des choses futures.
S. AUG. — De ce que nous lisons que l'Apôtre eut à souffrir de la faim et de la soif, il ne faut pas croire que les promesses du Seigneur en soient ébranlées. Ce médecin, en qui nous nous sommes confiés tout entiers, sait quand ces épreuves doivent nous aider, quand il doit nous les envoyer ou les retenir, et il juge en quelle manière ce nous sera plus profitable. Si ces choses nous manquent quelquefois, ce que Dieu permet assez souvent pour exercer notre âme, cela n'ébranle en rien ce que nous nous sommes proposé, et ne fait qu'en confirmer la certitude que nous avons examinée.
C’est pourquoi ne soyez point en inquiétude pour le lendemain ; car…
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Sermon sur la montagne.SUITEC’est pourquoi ne soyez point en inquiétude pour le lendemain;
car le lendemain aura soin de lui-même; à chaque jour suffit son mal.S. Matth., VI, 34.
LA GLOSE (1). — Il avait défendu la sollicitude pour les choses actuelles : il nous défend maintenant les sollicitudes vaines et qui viennent du vice de notre cœur, en ce qui concerne l'avenir, en disant : « Ne soyez pas inquiets pour le lendemain. »
— S. JÉR. — Demain, dans la sainte Écriture, exprime l'avenir, ainsi que dans ces paroles de Jacob : « Demain, votre justice m'exaucera, » et la pythonisse fait dire à Saül par la bouche de Samuel évoqué : « Demain, tu seras avec moi. » En nous défendant la pensée de l'avenir, il nous permet celle du présent. Cette pensée nous suffit; laissons à Dieu le soin de l'avenir incertain. C'est là ce que contient cette phrase : « Demain sera inquiet pour lui-même, » ou bien apportera sa sollicitude. « A chaque jour suffit sa malice. » Ici, le mot malice ne veut pas exprimer une idée contraire à celle de vertu, mais peine, affliction, angoisse du temps.
— S. CHRYS. — Rien n'apporte autant de douleur à l'âme que la sollicitude et le souci. Ayant à parler à une plèbe ignorante, et voulant rendre plus clair ce qu'il dit, il parle du temps par prosopopée (1), suivant un usage reçu, et il dit que le lendemain sera inquiet pour lui-même. Pour émouvoir davantage, il fait parler les jours eux-mêmes sur leurs soins superflus. Est-ce que chaque jour n'a pas son fardeau suffisant, c'est-à-dire ses préoccupations? pourquoi l'augmenter en lui ajoutant celle du lendemain?
S. CHRYS. — Ou bien par aujourd'hui, il entend le nécessaire, et par demain, le superflu. Il dit donc: « Veuillez bien ne pas être inquiets pour le lendemain, » c'est-à-dire n'ayez aucun souci de ce qui est au-dessus du nécessaire pour votre nourriture de tous les jours; ce qui est superflu, ou le lendemain, aura souci de lui-même. C'est là le sens de ces mots : « Demain sera inquiet pour lui-même; » paroles qui reviennent encore à celles-ci : « Lorsque vous aurez ramassé du superflu, il aura soin de lui-même, » c'est-à-dire : « Que si vous n'en jouissez pas, il ne manquera pas de maîtres qui l'emploieront. Pourquoi donc vous tourmenter de ce que vous devez laisser au pouvoir d'un autre ? À chaque jour suffit son mal; vous avez de vos préoccupations pour le nécessaire, ne vous inquiétez pas du superflu. »
Ou bien : …
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(1) Ou plutôt saint Anselme.
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Louis- Admin
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Sermon sur la montagne.SUITE
Ou bien :
S. Aug. — Le mot demain ne se dit que dans le temps; car là seulement le passé fait place au futur. Ainsi donc, dans ce que nous faisons de bon, pensons non au temps, mais à l'éternité. « Demain sera inquiet pour lui-même; » en d'autres termes : « Lorsqu'il le faudra, que la nécessité s'en fera sentir, » alors seulement prenez la nourriture et autres choses semblables (1).
« A chaque jour suffit sa malice, » c'est-à-dire : « Il suffit que vous preniez ce que demande le besoin. » (C'est ce qu'il appelle malice; car le besoin appartient à la mortalité, laquelle est le fruit du péché.) « N'ajoutez pas à cette pensée du besoin temporel quelque chose de plus lourd, et ne faites pas qu'elle cesse de devenir une peine pour devenir votre mobile au service de Dieu. »
Mais il faut prendre garde de ne pas considérer comme désobéissant à ce commandement de Dieu, et comme ayant sollicitude du lendemain, le serviteur de Dieu que nous verrions se procurer le nécessaire, soit pour lui, soit pour ceux dont il doit prendre souci. Le Seigneur lui-même, qui était servi par les anges, daigna, à cause de la nécessité de cet exemple, avoir une bourse. Nous lisons aux Actes des Apôtres qu'à cause du danger de disette l'on fit des provisions.
Ce que le Seigneur défend, ce n'est donc pas que l'on se procure le nécessaire, suivant l'usage ordinaire, mais que l'on fasse de cela le but de sa vertu.
S. HIL. — Ce qui est contenu sous l'écorce de ces paroles célestes se réduit donc à ne pas nous préoccuper de l'avenir. Le mal de notre vie, les péchés de tous les jours sont suffisants pour que toute notre méditation et tous nos efforts ne portent pas en dehors de notre besoin de nous en purifier. Notre souci tombant, l'avenir reste avec sa sollicitude de lui-même, et c'est Dieu qui prépare notre progrès vers les clartés éternelles.
Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés…
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(1) Il s'agit ici, ainsi que c'est indiqué dans le texte de saint Augustin, du vêtement et du boire.
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Louis- Admin
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Sermon sur la montagne.SUITENe jugez point, afin que vous ne soyez point jugés (1).
Car vous serez jugés selon que vous aurez jugé les autres;
et on se servira envers vous de la même mesure dont
vous vous serez servis envers les autres.S. Matth., VII, 1-2.
S. AUG. — Les biens temporels que l'on se procure pour l'avenir, pouvant venir d'une intention pure ou d'une intention mélangée, et partant toujours d'une source incertaine, c'est avec raison qu'il est ajouté ici : « Ne jugez pas. » Ou bien :
— S. CHRYS. (2). — Jusqu'ici, il a déduit les conséquences du principe de l'aumône; maintenant, il va déduire celles de la prière. Ceci est donc la suite de la doctrine sur la prière, de manière à ce que ces paroles : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés, » se rattachent à celles-ci : « Remettez-nous nos dettes.»
— S. JÉR. — Mais, s'il nous défend de juger, comment saint Paul a-t-il été amené à juger le fornicateur, et saint Pierre à convaincre de mensonge Ananie et Saphire ?
— S. CHRYS. — Quelques-uns entendent ce passage dans ce sens que le Seigneur, par ce commandement, ne défend pas aux chrétiens de se reprendre entre eux par un principe de bienveillance, mais qu'il prohibe seulement le mépris des chrétiens par des chrétiens, cette poursuite et ces jugements sur de simples soupçons, et cette haine personnelle revêtant le masque de la piété.
— S. CHRYS. — Il ne dit pas : « Ne faites pas cesser celui qui pèche, » mais bien : « Ne jugez pas, » c'est-à-dire ne soyez pas un juge amer, et corrigez non comme un ennemi qui se venge, mais comme un médecin qui guérit.
S. CHRYS. — Est-ce que cette parole : « Ne jugez pas, » a été dite pour…
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S. CHRYS. — Est-ce que cette parole : « Ne jugez pas, » a été dite pour que les chrétiens n'exercent pas vis-à-vis les uns des autres le devoir de la correction? Mais, dans ce cas-là, comment se réaliserait cette autre parole : « Vous ne serez pas jugés, » et serait-ce parce que, par ce défaut de correction, l'on obtiendrait indulgence auprès des pécheurs? Mais qui a jamais obtenu le pardon d'un mal antérieur parce qu'il ne l'a pas fait suivre d'un autre ? Ce que nous voulons dire par là, c'est que cette parole n'a pas été dite du jugement sur les personnes qui ont offensé Dieu, mais sur celles qui nous offensent nous-mêmes. Celui qui ne juge pas son prochain à cause d'une offense qui lui est personnelle, Dieu ne le jugera pas non plus; il lui pardonnera ainsi qu'il a pardonné.
— S. CHRYS. —Ou bien cette défense de juger ne porte pas sur tous les péchés; mais elle s'adresse surtout à ceux qui, remplis de péchés, n'ont que du mépris pour les autres. C'est ainsi que Paul ne fait pas une défense générale de ne pas juger, mais qu'il défend aux disciples de juger les maîtres, nous enseignant ainsi à ne pas juger les autres.
S. HIL. — Ou il nous défend de juger des desseins de Dieu, car, comme tout jugement humain a des bases incertaines, le jugement sur Dieu est plein de doute. Il veut éloigner tout-à-fait de nous cette incertitude, pour nous livrer à la certitude de la foi. Mal juger en une autre matière est chose mauvaise; mais en ce qui concerne Dieu, c'est un commencement de crime.
— S. AUG. — Ou bien: Je ne pense pas qu'il nous soit ordonné autre chose en cette matière que de juger en bien ce qui est douteux...
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— S. AUG. — Ou bien: Je ne pense pas qu'il nous soit ordonné autre chose en cette matière que de juger en bien ce qui est douteux. Dieu nous permet de juger ce qui ne peut pas partir d'une âme bonne, comme les blasphèmes, les outrages à la pudeur et autres choses semblables.
Quant aux faits douteux qui peuvent partir à la fois d'une âme bonne ou mauvaise, il est téméraire de les juger, surtout pour les condamner. Il est deux choses sur lesquelles nous devons nous garder de tout jugement téméraire, les actions dont l'intention est douteuse, et ce que deviendra dans l'avenir une personne qui nous paraît maintenant bonne ou mauvaise. Ne réprimons pas ce qui est douteux, ni ce qui est manifestement mauvais de manière à faire désespérer de la guérison.
Mais l'on peut se demander, sur cette parole : « Vous serez jugés par le même jugement que vous aurez porté sur les autres, » est-ce que si nous jugeons témérairement, Dieu nous jugera ainsi? Et si nous avons mesuré avec une mesure inique, se trouvera-t-il en Dieu une mesure semblable pour nous ?
Car je présume que mesure et jugement veulent dire la même chose. Ce qui est dit ici, c'est qu'il est nécessaire que la témérité de votre jugement sur autrui se reporte sur vous, car ce qui est mal peut ne pas nuire à celui à qui il s'adresse, mais nuire nécessairement à celui qui en est l'auteur.
— S. AUG. — « Comment peut-il être, disent quelques-uns, que la mesure dans laquelle nous aurons mesuré les autres serve à nous mesurer, s'il est vrai qu'un péché temporel soit puni d'un supplice éternel. » Ils ne font pas attention que la même mesure est ici pour exprimer la réciprocité du mal, cette loi qui veut que celui qui a fait du mal en souffre à son tour, quoiqu'il y soit question, d'une manière plus particulière, de ce dont le Sauveur parlait en ce moment, les jugements et les condamnations.
Donc, celui qui juge et condamne injustement reçoit de la même mesure, lorsqu'il est juge et condamné en toute justice, quoiqu'il ne reçoive pas ce qu'il a donné, et qu'après avoir porté un jugement inique, il soit soumis à un juste jugement.
Pourquoi voyez-vous une paille dans l'œil de voire frère, vous gui ne voyez pas une poutre dans votre œil ?...
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Sermon sur la montagne.SUITEPourquoi voyez-vous une paille dans l'œil de voire frère, vous qui
ne voyez pas une poutre dans votre œil ? Ou comment dites-vous à votre frère:
Laissez-moi tirer une paille de votre œil, vous qui avez une poutre dans le vôtre?
Hypocrite, ôtez (1} premièrement la poutre de votre œil, et alors vous verrez
comment vous pourrez tirer la paille de l'œil de votre frère.S. Matth., VII, 3-4.
S. AUG. — Après nous avoir prémunis contre le jugement téméraire et impie, comme ce jugement est en ceux qui ont l'habitude de juger sans motif suffisant, sur des motifs douteux ou futiles, et qui aiment mieux blâmer et condamner qu'amender et corriger, comme ce jugement est en eux le fruit de l'orgueil ou de l'envie, il ajoute comme conséquence : « Pourquoi voyez-vous une paille dans l'œil de votre frère et ne voyez pas une poutre dans le vôtre? »
—S. JÉR.— Il parle de ceux qui, esclaves du péché mortel, ne pardonnent pas à leurs frères des fautes moindres?
—S. AUG. (1). — De telle manière que s'il a péché par colère vous le blâmez par haine, et entre la haine et la colère il y a la distance qu'il y a entre une poutre et une paille, car la colère n'est qu'une haine invétérée. D'ailleurs, il peut se faire qu'en vous mettant en colère contre un homme, vous ne vouliez que sa correction, ce qui n'arrivera jamais si vous le détestez.
S. CHRYS. —Il en est plusieurs qui, en voyant un moine avec un habit riche, ou se nourrissant d'une nourriture abondante, deviennent ses accusateurs, eux qui tous les jours volent et supportent sur eux les flétrissures de la crapule.
— S. CHRYS. — Ce qu'il dit ici concerne les docteurs. Qu'ils sachent que tout péché se mesure sur la personne qui le commet, et le péché d'un laïque n'est qu'une paille à côté de celui d'un prêtre.
S. HIL. — Ou bien le péché contre le Saint-Esprit consiste à nier la puissance de la force divine, et refuser au Christ la substance éternelle, et cette union qui, nous ayant déjà donné Dieu dans l'homme, nous donnera plus tard l'homme en Dieu. Or, il y a autant de différence entre le péché contre le Saint-Esprit et les autres crimes, qu'entre la poutre et la paille. Que les infidèles qui reprochent aux autres les péchés extérieurs, reconnaissent en eux le poids du péché qui les empêche d'hériter des promesses de Dieu, cette poutre se trouvant dans leur œil, c'est-à-dire à la cime de l'âme.
— SUITE.— « Ou comment pourrez-vous dire à votre frère : Permettez-moi d'ôter la paille de votre œil, et voilà qu'une poutre est dans le vôtre? »
— S. CHRYS. — De quel front irez-vous blâmer votre frère, vous aussi coupable ou plus coupable que lui?
S. AUG.—Lorsque nous serons forcés de faire une réprimande à…
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(1) C'est à tort que d'autres exemplaires joignent ceci en ce qui précède de saint Jérôme,
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S. AUG.—Lorsque nous serons forcés de faire une réprimande à quelqu'un, demandons-nous d'abord si nous n'avons jamais eu ce péché sur la conscience; pensons du moins que nous sommes hommes et que nous aurions pu le commettre.
Si nous avons été coupables de ce mal et que nous ne le soyons plus, appelons dans notre âme la pensée de notre commune fragilité, afin que notre réprimande vienne, non de la haine, mais de la miséricorde.
Si nous nous sommes surpris dans le même mal, ne faisons pas de reproches, mais gémissons ensemble et excitons-nous à de communs efforts. Rarement et seulement dans des nécessités pressantes, il faut employer la véhémence du reproche, et cela ne doit pas être par une vue personnelle, mais par la pensée du service de Dieu.
S. CHRYS. — Ou bien : « Comment dites-vous à votre frère, » c'est-à-dire avec quelle intention? Est-ce par charité ou pour le sauver? Non, car vous vous sauveriez vous-même. Ce que vous voulez, ce n'est donc pas guérir les autres, mais faire servir la bonne doctrine à précipiter le mal, et ce que vous cherchez, c'est une réputation humaine de science et non pas cette récompense que Dieu accorde à celui qui édifie, et vous n'êtes qu'un hypocrite. C'est pour cela qu'il vous est dit : « Hypocrite, arrachez plutôt la poutre de votre œil. »
— S. AUG. — Accuser le vice appartient à la vertu, et lorsque les méchants se le permettent, ils usurpent un rôle qui doit leur rester étranger. Ainsi sont les comédiens qui cachent sous le masque ce qu'ils sont, et se montrent sous un personnage emprunté.
S. CHRYS. — Et remarquez que toutes les fois qu'il veut désigner un grand péché, il débute par un terme de reproche. Ainsi : « Mauvais serviteur, je vous ai remis toute votre dette. » Ainsi dans ce passage : « Hypocrite, jetez d'abord, etc. »
Or, tout homme connaît mieux ce qui est en lui que ce qui se passe au dehors, et il voit plus facilement ce qui est grand que ce qui est petit. En outre, chacun s'aime mieux que son prochain. C'est pour cela qu'il nous défend, lorsque nous sommes les esclaves de nombreux péchés, de ne pas être des juges amers des péchés d'autrui, alors surtout que ceux-ci sont légers.
Ce qu'il nous défend, ce n'est pas la correction ou le reproche adressé aux fautes de nos frères, mais c'est de négliger notre propre amendement et de ne nous occuper que de celui des autres. Il vous faut d'abord vous rendre compte avec soin de vous-même, et alors seulement discuter le prochain. Et c'est ce qui suit : « Alors vous verrez à arracher la paille de l'œil de votre frère. »
— S. AUG.— En arrachant de votre œil la poutre de la jalousie, ou de la malice, ou de la méchanceté, vous venez à enlever la paille de l'œil du frère.
Gardez-vous bien de donner les choses saintes aux chiens, et ne…
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Sermon sur la montagne.SUITEGardez-vous bien de donner les choses saintes aux chiens,
et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne
les foulent aux pieds; et que, se tournant contre vous, ils ne vous déchirent.S. Matth., VII, 5-6.
S. AUG. — Comme quelques-uns pourraient se tromper sur cette simplicité à laquelle il nous a engagé par ce qui précède, pensant qu'il est mal de cacher une vérité, ainsi qu'il est mal de dire un mensonge, il ajoute avec raison : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens et ne jetez pas de pierres précieuses devant les pourceaux. »
S. CHRYS. — Ou bien parce qu'il avait dit plus haut qu'il fallait pardonner à ses ennemis et faire du bien à ceux qui nous ont offensés, afin que les prêtres du Seigneur ne pussent penser qu'il fallait en outre les faire participer aux choses saintes, il flétrit une telle pensée en disant : « Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, » comme s'il disait : « Je vous ai commandé d'aimer vos ennemis, de leur faire du bien en les faisant participer à vos biens, mais non de leur donner indistinctement mes trésors spirituels, car s'ils sont participants de votre nature, ils ne le sont pas de votre foi, et Dieu donne indistinctement les biens de la chair à ceux qui en sont dignes et à ceux qui ne le sont pas, mais non les grâces spirituelles. »
S. AUG. — Il faut se rendre compte de ce que sont les choses saintes, ce que sont les chiens, ce que sont les pierres précieuses, et enfin les pourceaux. Ce qui est saint, c'est ce qu'il n'est pas permis de gâter, crime dont peut se rendre coupable la volonté, alors même que cette chose sainte reste incorruptible. Les pierres précieuses sont, parmi les choses spirituelles, celles qui ont le plus de prix. Cependant, une seule et même chose peut être à la fois présentée et comme une chose sainte et comme une pierre précieuse, sainte à cause de son incorruptibilité , pierre précieuse à cause de son prix.
S. CHRYS. —Ou bien les choses saintes, c'est ainsi que le baptême, la grâce du corps du Christ (1) et autres semblables. Les mystères de la vérité sont les perles, car, ainsi que les perles sont renfermées dans des coquilles et placées au fond de la mer, ainsi les mystères de la vérité sont cachés sous l'enveloppe de la parole et placés dans les abîmes du sens de la divine Écriture.
— S. CHRYS. —A ceux qui ont de l'intelligence et le cœur bon, ce qui se dévoile paraît dans toute sa dignité, tandis que ce qui est mystérieux paraît plus respectable aux cœurs durs et insensibles.
S. AUG. — Ce n'est pas sans raison que...
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S. AUG. — Ce n'est pas sans raison que nous pourrions entendre par les chiens ceux qui attaquent la vérité, et par les porcs ceux qui la méprisent. Et, ainsi que les chiens s'élancent pour dévorer et déchirent ce qu'ils dévorent, il est dit : « Ne laissez pas ce qui est saint aux chiens, » car, autant que cela est en eux, ils s'efforcent de déchirer la vérité. Quant aux porcs, quoiqu'ils soient moins portés à déchirer de leurs dents, ils ont l'habitude de salir en foulant aux pieds, et c'est pour cela qu'il est ajouté : « Ni vos perles devant les pourceaux. »
— RAB. — Ou bien les chiens sont ceux qui sont revenus à leur vomissement, et les porcs ceux qui, n'étant pas encore convertis, se vautrent dans la fange.
— S. CHRYS. — Le chien et le porc sont des animaux immondes, le chien tout-à-fait, car il n'est pas ruminant et il n'a pas de sabot divisé au milieu, et le porc seulement sous un rapport, ayant le sabot partagé, mais ne ruminant pas. C'est pour cela que je pense que l'on peut entendre par les chiens les Gentils impurs, sous tous rapports, quant à la vie et quant à la foi, et par les porcs les hérétiques qui invoquent le nom du Seigneur. Or, il ne faut pas donner les choses saintes aux chiens, car le baptême et les autres sacrements ne doivent être administrés qu'à ceux qui ont la foi.
De même, les perles ou les mystères de la vérité ne doivent être présentés qu'à ceux qui les désirent et qui vivent d'une manière conforme à la raison. Si vous les présentez aux porcs, c'est-à-dire à ceux qui sont appesantis sous le poids d'une vie obscure, ils n'en comprendront pas le prix, mais les confondront avec les fables profanes et les fouleront aux pieds par l'indignité de leur vie.
— S. AUG. —L'on dit foulé aux pieds de tout ce qui est impur, et c'est pour cela qu'il est ajouté : « De peur qu'ils ne les foulent aux pieds.»
— LA GLOSE. —Il dit : « De peur, » car il se pourrait qu'ils revinssent de leur vie impure.
— S. AUG. — Dans ce qui suit : « Et que s'étant retournés, ils ne fondent sur vous, » remarquez qu'il ne dit pas : « Sur les perles, » car pour elles, elles sont foulées aux pieds, et lorsque les porcs se sont tournés pour entendre encore, ils se précipitent sur celui qui leur a jeté ses pierres précieuses. Vous n'en trouverez pas facilement qui supporte patiemment de voir mépriser ce qu'il a trouvé avec tant de peine. Que l'indignation et la douleur déchirent celui qui enseigne de telles gens, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.
S. CHRYS. — Ou bien…
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S. CHRYS. — Ou bien les porcs non-seulement foulent aux pieds les perles, par leurs actes charnels, mais encore, après un moment de conversion, ils déchirent par leur révolte ceux qui les leur ont jetées. Presque toujours ils calomnient ceux qui leur prêchent en les présentant comme des semeurs de dogmes nouveaux. Les chiens aussi, foulant à leurs pieds les choses saintes, déchirent le prédicateur de la vérité par leurs sentiments, leur manière d'agir et leurs disputes.
— S. CHRYS. — C'est avec intention qu'il est dit : « S'étant retournés, » car ils se revêtent de douceur pour être admis à entendre; mais après avoir écouté, ils déchirent.
— S. CHRYS. — C'est avec raison que c'est sur les porcs que porte la défense de leur donner les perles; car s'il est défendu de les leur donner, à combien plus forte raison le sera-t-il de les donner aux chiens, qui sont plus impure que les porcs? Nous ne pouvons pas avoir la même pensée sur la distribution du saint mystère; car souvent notre bénédiction se répand sur des chrétiens vivant à la manière des bêtes (1), non parce qu'ils la méritent, mais de peur qu'en la leur refusant on ne les jette dans un abîme plus profond.
S. AUG. — Il faut prendre garde de ne développer à personne ce qu'il ne comprend pas; car il vaut mieux le laisser travailler à trouver ce qu'il ne comprend pas que de l'exposer à profaner ce qu'on lui aura développé, ou par la haine comme le chien, ou par l'abandon du mépris comme le porc. Il ne faut pas conclure de ce que l'on peut cacher une vérité qu'il soit permis de dire un mensonge. Le Seigneur, qui n'a jamais menti, a cependant caché des vérités, ainsi que le témoigne cette parole : « J'ai beaucoup d'autres choses à vous dire que vous ne pouvez porter maintenant. »
Mais si ce sont les souillures qui empêchent quelqu'un de comprendre, il faut l'en purifier par la parole et par l'action, autant qu'on le peut. Quant à ce que le Seigneur lui-même a souvent dit des vérités que les assistants, soit par mépris, soit par opposition, n'ont pas reçues, il ne faut pas en conclure qu'il don¬nait les choses saintes aux chiens ou jetait les perles devant les pourceaux. Il parlait pour ceux qui comprenaient, et il ne fallait pas les négliger à cause du tort des autres.
Pendant que ceux qui lui tendaient des pièges dans leurs réponses, se desséchaient et périssaient, d'autres, qui pouvaient le comprendre, profitaient beaucoup à ses paroles. Celui qui est en état de répondre doit le faire en ce qui concerne le salut, afin de ne pas décourager ceux qui, en le voyant ne pas répondre, pourraient s'imaginer qu'il n'est pas de réponse à cette difficulté. En choses vaines et oiseuses, il ne faut pas répondre, mais expliquer cependant pourquoi l'on ne répond pas à de semblables questions.
Demandez, et on vous donnera; cherchez, et…
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(1] C'est une manière de s'exprimer souvent employée dans l'Ecriture et surtout dans le verset 4, ch. 11 de Zach., où les Juifs sont appelés un troupeau destiné à l'abattoir, ainsi que l'explique Rupert, dans la Glose.
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Sermon sur la montagne.SUITEDemandez, et on vous donnera; cherchez, et vous trouverez;
frappez à la porte, et on vous ouvrira. Car quiconque demande
reçoit; et qui cherche trouve; et on ouvrira à celui qui frappe à la porte.S. Matth., VII, 7-8.
Parce que plus haut il avait défendu de demander les biens temporels, il nous montre ici ce que nous devons demander, en nous disant : « Demandez et vous recevrez. »
— S. AUG. — Ou bien, comme après ce qu'il a dit des perles qu'il ne fallait pas jeter devant les pourceaux, et des choses saintes qu'il ne fallait pas donner aux chiens, son auditeur aurait pu dire, sous l'impression du sentiment de son ignorance : « Pourquoi me défendez-vous de donner aux chiens ce que je sais bien ne pas posséder encore? » c'est pour y répondre qu'il ajoute : « Demandez, et vous recevrez. »
S. CHRYS. —Ou bien, leur ayant donné quelques préceptes comme celui-ci : « Ne jugez point, et vous ne serez point jugés, » qui contiennent une figure du commandement de la prière, c'est avec raison qu'il ajoute : « Demandez, et il vous sera donné; » c'est comme s'il disait : « Si vous montrez cette clémence à l'égard de vos ennemis, frappez partout où vous verrez quelque chose de fermé, et il vous sera ouvert »(1).
Demandez par vos prières, en priant nuit et jour ; cherchez par l'effort et par le travail; votre travail sur l'Écriture ne vous ferait pas en acquérir la science sans la grâce de Dieu, et cette grâce, vous ne l'auriez pas sans l'application à l'étude ; car le don de Dieu ne se doit pas à la négligence.
Frappez donc par la prière, et les jeûnes, et les aumônes. Or, ainsi que celui qui frappe à la porte, non-seulement crie de sa voix, mais encore frappe de sa main; ainsi l'on frappe aussi par les bonnes œuvres, lorsqu'on en fait. Mais vous me direz : « Je frappe pour avoir, savoir et faire ; comment le pourrai-je avant de le recevoir? » Mais faites d'abord ce que vous pouvez, pour pouvoir davantage; maintenez ce que vous savez, pour savoir davantage. — Et plus bas : ou bien, parce qu'il avait commandé plus haut à tous les chrétiens, et surtout aux docteurs, d'aimer leurs ennemis, et, après leur avoir fait observer que sous prétexte de charité ils ne devaient pas donner aux chiens les choses saintes, maintenant il leur donne ce bon conseil de demander à Dieu, pour eux, et qu'ils obtiendront; de chercher ceux qui ont prié dans les péchés, et qu'ils les trouveront; de frapper à la porte de ceux qui sont dans l'erreur, et que le Seigneur leur en ouvrira l'entrée.
Ou bien (1) : les préceptes qu'il a donnés plus haut dépassant les forces humaines, il en fait reposer l'exécution sur Dieu, en disant : « Demandez et vous recevrez, » et rapporte à la puissance de la grâce divine leur exécution, qui est impossible à la faiblesse humaine. Dieu a disposé les autres animaux de manière qu'ils trouvent leur force, les uns dans la rapidité de leur course, les autres dans celle de leurs ailes; ceux-ci dans leurs ongles ou dans leurs dents, ceux-là dans leurs cornes; mais il s'est réservé d'être lui-même la force de l'homme (2), afin que celui-ci, poussé continuellement par la nécessité, ait son Seigneur nécessaire.
— LA GLOSE. — Nous demandons par la foi, nous cherchons par l'espérance, nous frappons par la charité…
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(l) Le texte porte encore : Demandez tout ce que vous voudrez, et l'on vous le donnera ; tout ce que vous désires trouver, cherchez-le, et vous le trouverez etc. — (1) Dans l'auteur, cette partie-ci précède et se trouve presque au commencement de l'homélie. — (2) Je vous aime, Seigneur, avec force (Ps. 17, v. 2). Vous êtes ma force et mon refuge (Ps. 30, v. 4). Vous êtes. Seigneur, ma force (Ps. 17, v. 2). Ma force et ma gloire, c'est le Seigneur (Ps. 117, v. 14). Seigneur Dieu, la vertu de mon salut ( Ps. 139, v. 8 ).
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
— LA GLOSE. — Nous demandons par la foi, nous cherchons par l'espérance, nous frappons par la charité. Vous devez d'abord demander pour avoir, puis chercher pour trouver, puis étudier ce que l'on en trouve pour en découvrir l'entrée.
— RÉMIG. —Ou bien, nous demandons en priant, nous cherchons en vivant comme il faut, nous frappons par la persévérance.
S. AUG.— La demande a pour objet la santé rendue à l'âme, afin que par elle nous puissions accomplir ce qui nous est commandé. Chercher concerne particulièrement la découverte de la vérité; une fois que l'on a trouvé ainsi la véritable vie, elle ne s'ouvre pour nous que lorsque nous frappons.
— S. AUG. — J'ai fait beaucoup d'efforts pour montrer en quoi diffèrent ces trois choses. Mais il vaut bien mieux n'y voir que la prière pleine d'instances; car, pour conclusion, il n'est pas dit : « Il donnera les biens à ceux qui chercheront et à ceux qui frapperont, mais à ceux qui lui demanderont. »
— S. CHRYS. — Ces mots : « Cherchez et frappez, » nous enseignent à demander avec force et beaucoup d'instances; car celui qui cherche bannit de sa pensée toute préoccupation étrangère, et il ne s'occupe que de ce qu'il cherche. Celui qui frappe, c'est qu'il est venu avec un désir chaud et véhément.
CHRYS. — Comme peut-être quelques-uns d'entre les auditeurs auraient pu interpréter ces mots : …
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
CHRYS. — Comme peut-être quelques-uns d'entre les auditeurs auraient pu interpréter ces mots : « Demandez et vous recevrez, » en disant : « Le Seigneur n'y exhorte que ceux qui en sont dignes, et non pas les pécheurs; » il répète, pour donner aux uns et aux autres la confiance, que c'est à eux que s'adresse la miséricorde divine : « Quiconque demande reçoit, » c'est-à-dire que le juste et que le pécheur demandent, et qu'il n'y ait à se considérer comme abandonné par Dieu que celui qui hésite à lui demander. Il n'est pas possible, en effet, que ce devoir de piété que Dieu impose aux hommes en leur commandant de faire du bien à ses ennemis, il ne l'accomplisse pas, lui qui est bon.
— S. AUG. — D'où il est certain que Dieu exauce les pécheurs; car, s'il ne les exauçait pas, c'est en vain que le publicain aurait dit : « Seigneur, ayez pitié de moi qui suis un pécheur. » Mais c'est par cet aveu qu'il mérita d'être sauvé.
S. AUG. — Celui qui prie avec foi pour ses besoins temporels peut être miséricordieusement exaucé et miséricordieusement refusé. Le médecin sait mieux que le malade ce qui est nécessaire à celui-ci. Si ce qu'il demande, c'est ce qui a été l'objet ou d'une promesse ou d'un commandement de Dieu, il lui adviendra tout ce qu'il demande, et, en lui, la charité recevra ce que la vérité a préparé.
— S. AUG. —Le Seigneur est bon de nous refuser souvent ce que nous voulons, pour nous donner ce qui nous est meilleur.
S. AUG. — Il est besoin de persévérance pour obtenir ce que nous demandons.
— S. AUG. — En tardant, le Seigneur ne dénie pas ses dons, mais les rehausse; ce que nous avons désiré longtemps nous est plus doux, et l'on tient pour vil ce qui a été rapidement accordé. Demandez donc, cherchez, insistez; en cherchant et en demandant, ce désir qui doit recevoir se développe; Dieu garde son don, et il ne veut pas vous le donner si vite, afin que vous appreniez à désirer grandement les choses. C'est pour cela qu'il faut toujours prier et ne jamais défaillir.
Aussi qui est l'homme d'entre vous qui donne une pierre à son fils, lorsqu'il lui demande du pain ?...
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEAussi qui est l'homme d'entre vous qui donne une pierre à son fils,
lorsqu'il lui demande du pain? Ou s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il
un serpent ? Si donc étant méchants comme vous êtes, vous savez donner
de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père
qui est dans les cieux donnera-t-il les vrais biens à ceux qui les lui demandent ?S. Matth., VII,9-11.
S. AUG. — Ainsi que dans ce qui précède il a parlé des oiseaux du ciel et des lis des champs, ainsi il dit ici : « Ou parmi nous quel est celui, » pour élever notre espérance en la faisant passer des petites choses aux grandes.
—S. CHRYS. — De peur que quelqu'un, en pensant à ses péchés et à la distance qui sépare Dieu des hommes, ne se prit à désespérer et par conséquent n'osât demander, il introduit cette comparaison des pères et des enfants, afin que la bonté paternelle de Dieu relève notre courage abattu par nos fautes.
— S. CHRYS. — Deux choses sont nécessaires dans la prière, demander ce qu'il faut, et demander avec instance. Ce qu'il faut demander, ce sont les choses spirituelles, et c'est parce qu'il demanda ce qu'il faut que Salomon obtint si rapidement (1).
S. CHRYS. — Cette comparaison du pain et du poisson nous montre ce qu'il faut demander. Le pain, c'est le Verbe, qui nous transmet la connaissance du Père; la pierre, c'est tout mensonge dont l'influence est une influence de scandale sur l'âme.
RÉMIG. — Nous pouvons voir dans le poisson toute parole sur le Christ, et par le serpent, le diable; ou bien, par le pain, la doctrine spirituelle; par la pierre, l'ignorance; par le poisson, l'eau du saint baptême; par le serpent, l'astuce du diable ou l'infidélité.
— RAB. — Ou bien par le pain, qui est la nourriture ordinaire, il faut entendre la charité, sans laquelle toutes les autres vertus n'ont pas d'influence. Le poisson, c'est la foi qui, née de l'eau du baptême, vit au milieu des flots qui l'agitent. Luc en ajoute une troisième figure, qui est l'œuf, espérance de quelques animaux, et symbole ici de l'espérance. Il oppose à la charité la pierre, symbole de la dureté de la haine; à la foi le serpent, ou le venin de la perfidie; à l'espérance le scorpion, c'est-à-dire le désespoir, qui blesse par derrière comme le scorpion.
RÉMIG. — Le sens est donc celui-ci, que si nous demandons à Dieu le Père le pain, c'est-à-dire la doctrine ou la charité, il n'est pas à craindre qu'il permette que notre cœur se refroidisse ou par le froid des haines ou par la dureté de l'intelligence, ou que si nous lui demandons la foi, il nous laisse succomber sous le venin de l'infidélité. D'où il suit : « Si vous, qui n'êtes pas bons, savez ce qu'il faut donner de bon à vos enfants. »
— S. CHRYS. — il ne dit pas cela pour faire injure à la nature humaine, ou…
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(1) C'est au liv. 3 des Rois, chap. 3. Salomon demande un cœur ]docile pour discerner le bien et le mal dans ses jugements (v. 9]. Dieu L'exauce en lui répondant que ce qu'il demande, c'est la sagesse (v. 11).
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
— S. CHRYS. — il ne dit pas cela pour faire injure à la nature humaine, ou pour déclarer tout le genre humain mauvais, mais pour nous dire qu'à côté de celle de Dieu la tendresse paternelle n'est que de la malice, tant est surabondant son amour pour les hommes.
— S. CHRYS. — Tous à côté de Dieu, qui est bon d'une manière singulière, paraissent mauvais, ainsi qu'à côté du soleil, tout ce qui est clair paraît obscur.
— S. JÉR. — Ou bien en la personne des apôtres, il condamne tout le genre humain porté au mal dès son enfance (1). Il n'est point étonnant qu'il appelle mauvais les hommes qui habitent le temps, alors que l'Apôtre déclare mauvais les jours qui le composent.
S. AUG. — Ou bien il appelle mauvais les pécheurs et amateurs de ce siècle. Or, les biens qu'ils donnent, et qui sont les biens temporels, sont bons à leurs sens, puisqu'ils les tiennent pour tels, et ils le sont aussi en leur nature, mais ils appartiennent à cette vie infime.
— S. AUG. — Le bien qui vous rend bons, c'est Dieu. L'or et l'argent sont bons, non pas de manière à vous rendre bons vous-mêmes, mais parce que vous pouvez les faire contribuer au bien. Mais nous, qui sommes mauvais, ne restons pas tels, puisque nous avons un Père qui est bon.
— S. AUG. — Si donc nous, qui sommes mauvais, nous savons donner ce que l'on nous demande, à combien plus forte raison devons nous espérer que Dieu nous donnera les biens que nous lui demanderons.
— S. CHRYS. —Mais comme il ne nous donne pas tout ce que nous lui demandons, mais seulement les biens, c'est avec raison qu'il ajoute les biens.
— LA GLOSE. — Nous ne recevons de Dieu que les biens quels qu'ils nous paraissent, car tout concourt à bien aux bien-aimés.
RÉM.. — Il faut savoir que là où Matthieu met : les biens, Luc dit : l'Esprit-Saint; mais cela ne fait pas une différence, car tous les biens viennent de la grâce de l'Esprit-Saint.
Faites donc aux hommes tout ce que vous voulez qu'ils vous fassent…
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(1) C'est un peu différent dans la version grecque et latine (v. 21).
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEFaites donc aux hommes tout ce que vous voulez
qu'ils vous fassent; car c'est là la loi et les prophètes.S. Matth., VII, 12.
S. AUG. —Une certaine fermeté, et la force de marcher dans la voie de la sagesse se trouvent dans les bonnes mœurs qui portent l'homme jusqu'à la simplicité et la pureté de cœur. Et c'est après en avoir longtemps parlé qu'il conclut ainsi : « Tout ce que vous voudrez que les hommes fassent pour vous, et vous, faites-le pour eux. » Il n'est personne qui veuille que l'on agisse avec lui avec duplicité de cœur.
S. CHRYS. — Ou bien : plus haut, afin de rendre plus sainte notre prière, il nous avait commandé de ne pas juger ceux qui nous ont offensés. Or, il s'était écarté un moment de ce sujet pour amener d'autres pensées, et c'est en revenant à ce point de départ et à l'explication de ce précepte qu'il ajoute : « Tout ce que vous voudrez, etc. » c'est-à-dire non-seulement je vous fais le commandement : « Ne jugez pas, » mais encore celui-ci : « Tout ce que vous voudrez que les hommes fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ; » c'est alors que vous prierez de manière à être exaucés.
— LA. GLOSE. — Ou bien, c'est l'Esprit-Saint qui est le distributeur de tous les biens spirituels, et c'est par eux que se parfond les œuvres de charité. C'est pour cela qu'il ajoute : « Faites aux hommes tout ce que vous voudrez qu'ils vous fassent. »
S. CHRYS. — Ou bien : le Seigneur veut montrer qu'il faut que les hommes implorent le secours d'en haut (1), et qu'en même temps ils fassent descendre au-dessous d'eux tous ceux qui sont en leur pouvoir. C'est pour cela qu'après avoir dit : « Demandez et vous recevrez, » il enseigne ouvertement qu'il faut que les hommes soient pleins de soins pour leurs frères, et c'est pour cela qu'il ajoute : « Tout ce que vous voulez, etc. »
S. AUG. — Dieu avait promis de nous accorder les biens que nous lui demanderions. Or, pour qu'il ne rejette pas ses mendiants, ne rejetons pas les nôtres. A la seule exception de la richesse, ceux qui demandent et ceux auxquels ils demandent sont les mêmes. De quel front osez-vous vous approcher de Dieu pour le prier, vous qui outragez son cœur de père?
C'est pour cela qu'il est dit dans les Proverbes : « Celui qui ferme son oreille au cri du pauvre demandera lui-même, et il ne sera pas exaucé » (2). Ce que nous devons accorder au prochain, afin que Dieu nous exauce à son tour, nous le découvrirons en nous demandant à nous-même ce que nous voudrions qu'il nous accordât. Et c'est pour cela qu'il est dit : « Tout ce que vous voudrez, etc. »
S. CHRYS. — Non-seulement il ajoute : toutes choses, mais encore :…
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