Si vous voulez être parfait...
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
S. CHRYS. — En entendant ces paroles : « Il sera appelé petit dans le royaume des cieux, » ne pensez à autre chose qu'à la damnation éternelle; le Christ appelle royaume de Dieu, non-seulement la jouissance du bonheur éternel, mais encore le moment de la résurrection, et l'avènement terrible du juge suprême.
— S. GRÉG. — Ou bien par royaume de Dieu, il faut entendre l'Église où tout prédicateur qui viole les commandements de Dieu est peu de chose ; car lorsque l'on méprise sa vie, l'on n'est pas bien loin de mépriser sa parole.
— S. HIL. — Peut-être cette chose humble dont il est ici question n'est que la passion du Sauveur que personne ne peut, par fausse honte, manquer de reconnaître sans s'amoindrir ou s'annuler presque dans le royaume de Dieu. Au contraire, la récompense due à une grande vocation est promise à celui qui la confesse, et c'est pour cela qu'il est dit après : « Celui qui le fera et qui l'enseignera sera appelé grand dans le royaume de Dieu. »
— S. JÉR. — Cette parole porte contre les pharisiens, qui s'efforçaient d'établir leurs propres traditions à la place des commandements de Dieu. En enlevant la moindre des choses de la loi, leur enseignement au peuple perd tout son prix. Nous pouvons l'entendre aussi dans ce sens, que le péché du maître, quel que soit son peu de gravité, le fait tomber d'un point très élevé, et qu'il ne sert à rien d'enseigner la justice que détruit la moindre faute. Le bonheur est parfait lorsque l'on réalise par l'action ce que l'on a enseigné par la parole.
— S. AUG. — Celui qui violera les plus petits de ces commandements de la loi, et qui l'enseignera, celui-là sera appelé très petit; celui qui accomplira ces petits commandements et qui l'enseignera, celui-là ne devra pas être regardé comme grand, mais il devra être placé au-dessus de celui qui les viole. Il n'y aura de réellement grand que celui qui fera et enseignera ce que le Christ enseigne (1).
Car je vous dis que si votre justice n'est pas plus abondante que celle des…
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(1) Le texte de saint Augustin porte : Ainsi que l’enseigne le Christ , faisant allusion aux versets qui suivent.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Sermon sur la montagne.SUITECar je vous dis que si votre justice n'est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux.
Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens: Vous ne tuerez point, et quiconque tuera, méritera d'être condamné par le jugement. Mais moi je vous dis
que quiconque se mettra en colère contre son frère méritera d'être condamné par le jugement. Que celui qui dira à son frère: Raca, méritera d'être condamné
par le conseil. Et que celui qui lui dira: Vous êtes un fou, méritera d'être condamné au feu de l'enfer.S. Matth., V, 20-22.
S. HIL. — Dans ce magnifique début, il dépasse tout d'un coup la loi ancienne, déclarant aux apôtres qu'ils ne pourraient pas entrer dans le royaume du ciel s'ils n'allaient pas au-delà de la justice des pharisiens, en leur disant : « Je vous le dis en vérité: à moins que votre justice ne soit plus abondante. »
— S. CHRYS. —La justice dont il parle ici est cette justice universelle (1), à laquelle vient s'ajouter la grâce qui rendra ses disciples, tout grossiers qu'ils sont, supérieurs aux maîtres de la loi ancienne (2) [?]. En parlant de la justice des scribes et des pharisiens, il prouve qu'il ne les considère pas comme des hommes d'iniquité. Remarquez aussi que ce qu'il dit ici est un témoignage en faveur de l'Ancien-Testament, puisqu'il l'y compare au Nouveau, et ce n'est que du plus au moins, sans sortir du genre. Les justices des scribes et des pharisiens ne sont que les commandements de Moïse, et les commandements du Christ sont le parfait accomplissement de ces premiers.
Ce qu'il dit revient donc à ceci : « Celui qui en outre de ces commandements de la loi n'accomplira pas ceux que je donne moi-même, quelque peu importants qu'ils lui paraissent, celui-là n'entrera pas dans le royaume des cieux; » car ceux de Moïse délivrent de la peine qui est due aux transgresseurs de la loi, mais n'introduisent pas dans le royaume des cieux; tandis que ceux-ci y introduisent tout en délivrant de la peine.
Mais pourquoi, puisqu'il est certain que violer une loi ou ne pas la garder est une seule et même chose, est-il dit ici que celui qui ne gardera pas ces derniers commandements n'entrera pas dans le royaume des cieux; tandis qu'il est dit plus haut de celui qui les viole qu'il sera appelé petit dans le royaume de Dieu?
C'est que être peu de chose dans le royaume des cieux ou ne pas y entrer reviennent au même. Être dans le royaume de Dieu, ce n'est pas régner avec le Christ, mais être du peuple chrétien, et ce qu'il dit de ce violateur revient à ceci, qu'il sera du nombre des chrétiens, mais des derniers. Celui qui entre dans le royaume devient participant de la royauté du Christ, et, par conséquent, celui qui n'y entre pas n'aura pas de part à la gloire royale du Christ; il sera cependant de son royaume, c'est-à-dire du nombre de ceux sur lesquels règne le Christ, roi des cieux.
S. AUG. — « A moins que votre justice ne soit plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, »…
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S. AUG. — « A moins que votre justice ne soit plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, » qui violent ce qu'ils enseignent, eux dont il a été dit ailleurs : « Ils disent et ne font pas. » Ces paroles reviennent donc à celles-ci : « A moins que votre justice ne soit assez abondante pour faire et ne pas violer ce que vous enseignez, vous n'entrerez jamais dans le royaume de Dieu. » Il est une autre manière d'entendre le royaume de Dieu, dans le sens de l'Église actuelle dans laquelle il y a, comme le plus grand, celui qui fait ce qu'il enseigne, et, comme le plus petit, celui qui ne le fait pas. Dans un autre sens, le royaume de Dieu est ce royaume dans lequel entrera seulement celui qui suit les commandements du Seigneur, et ce royaume est l'Église future.
— S. AUG. (1). — Je ne sais si personne pourrait trouver, nommé une seule fois, dans l'Ancien-Testament, ce royaume de Dieu dont il est si souvent question dans les discours du Seigneur. Ce mot est une des révélations du Nouveau-Testament; et l'Ancien-Testament le réservait (2) aux lèvres de ce roi dont il figurait l'empire sur ses serviteurs. L'ancienne loi tenait voilé ce but des commandements de Dieu, quoique ce fût celui des saints qui le prévoyaient révélé dans l'avenir.
— LA GLOSE. — Ou bien peut-être ces mots : « Si votre justice n'est pas plus abondante, » ne se rapportent pas à l'ancienne loi directement, mais à la manière dont les scribes et les pharisiens l'interprétaient.
— S. AUG. — Presque tout ce que le Seigneur a ajouté, en le faisant précéder de ces mots : « Pour moi, je vous dis, » se retrouve dans les livres anciens; mais parce qu'ils ne comprenaient sous la défense de l'homicide que le seul fait de la mort donnée au prochain, le Seigneur leur découvre le moindre mouvement de haine rangé dans la classe des homicides. Et c'est ce qui suit : « Vous avez entendu dire qu'il a été dit aux anciens : Vous ne tuerez pas. »
—S. CHRYS. — Le Christ, voulant montrer que c'est le même Dieu qui avait promulgué les préceptes de la loi ancienne qui donne la loi nouvelle, pose en première ligne de ses préceptes celui qui dans l'ancienne loi était avant tous les autres, avant les préceptes prohibitifs contre le prochain.
S. AUG. — Ce précepte : « Vous ne tuerez pas, » nous ne croyons pas…
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(1) Les mots sont placés différemment dons le texte. — (2) Le sens qui est amphibologique dans notre texte présente évidemment le sens que nous lui donnons ici dans le texte de saint Augustin.
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S. AUG. — Ce précepte : « Vous ne tuerez pas, » nous ne croyons pas avec les manichéens qu'il exprime la défense d'arracher un roseau, ou de tuer un animal sans raison; car, par l'effet de l'ordre établi par le Créateur, leur vie et leur mort sont soumises à nos besoins. Ce n'est donc que de l'homme que vous devez l'entendre, de vous comme du prochain, parce que en vous tuant vous tuez un homme.
Mais on ne peut rien conclure contre ce précepte de ce que plusieurs (1), par l'ordre de Dieu, entreprirent des guerres, et, chargés du pouvoir public, punirent avec raison les crimes contre la société. Abraham, qui offrit volontairement son fils à la mort, non-seulement n'en est-il pas excusé, mais encore loué dans l'Écriture au nom de la piété. Il faut donc excepter de ce précepte ceux que Dieu en excepte au nom de la loi ou par un ordre exceptionnel et transitoire.
Il ne faut pas non plus regarder comme homicide celui qui prête son bras à l'ordre d'un autre et qui donne ainsi assistance à celui qui porte le glaive. Et ce n'est pas autrement que Samson, qui s'ensevelit avec ses ennemis sous les ruines de la maison qui les couvrait, est excusé; il est considéré comme n'ayant fait que subir l'impulsion intérieure de l'esprit qui avait opéré par lui tant de prodiges.
S. CHRYS. — Par ces mots : « Ainsi que cela a été dit aux anciens, » il nous apprend que c'est depuis longtemps que cet ordre avait été donné aux Juifs. Il rappelle ce point pour porter plus haut les esprits lourds qui l'écoutaient, comme si un maître provoquait en ces termes à avancer dans la science un enfant paresseux : « Vous avez perdu beaucoup de temps à épeler. » C'est pour cela qu'il ajoute : « Pour moi, je vous dis que quiconque se mettra en colère contre son frère sera passible du jugement. »
Remarquez aussi dans ces paroles l'expression de son pouvoir; aucun des anciens n'avait parlé ainsi, mais en cette manière : « Le Seigneur a dit. » Ils parlaient comme des serviteurs qui portent les ordres de leurs maîtres; lui, comme le fils qui parle au nom de son père ou en son propre nom. Ils prêchaient à leurs pairs, à ceux qui étaient serviteurs comme eux; lui, donnait sa loi à ses serviteurs.
— S. AUG. — Il est deux manières, dans la philosophie, d'envisager les passions. Les stoïciens ne veulent pas les reconnaître dans le sage; les péripatéticiens (1) les y admettent, mais modérées, soumises à la raison, comme lorsque la justice est mise sous la garantie de la miséricorde. Dans la doctrine chrétienne, il n'est pas question de savoir si une âme pieuse peut se mettre en colère ou s'attrister, mais de se rendre compte d'où naissent ces impressions.
— S. CHRYS.— Celui qui s'excite sans cause sera coupable; celui dont la colère est motivée ne le sera pas; car sans colère la science ne fait pas un pas, la justice n'est pas stable, le mal n'est pas réprimé. Ainsi, celui qui ayant une raison de se mettre en colère ne le fait pas pèche, car la patience opposée à la sagesse sème les vices, nourrit la négligence, et non-seulement porte les mauvais à mal faire, mais encore y invite les bons.
S. JÉR.— Dans quelques exemplaires, on lit ces mots…
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(1) Josué, Gédéon, Barach, Samson, Jephté, David, et tous ceux dont il est question dons le chap. 11 de l'Ep. aux Hébreux. — (1) Saint Augustin, dans ce passage qui a dans son texte une contexture différente, range aussi les platoniciens sous cette classification.
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S. JÉR. — Dans quelques exemplaires, on lit ces mots: sans cause (2), cependant en ce qui n'est pas contraire à la vérité il n'y a pas de doute, et la colère est réellement tout-à-fait défendue ; car s'il nous est ordonné de prier pour nos persécuteurs, quelle occasion nous reste-t-il de nous mettre en colère? Il ne nous faut donc pas laisser emporter à une colère non motivée, car la colère de l'homme n'opère pas la justice de Dieu.
— S. CHRYS. — Cependant, la colère qui a une cause légitime n'est pas colère, mais jugement; car la colère proprement dite est une émotion des passions, et celui qui s'emporte avec raison, son emportement ne vient nullement de sa passion; on doit reconnaître qu'il juge et ne s'emporte pas.
— S. AUG. — Nous disons qu'il faut se rendre compte aussi de ce que c'est que se mettre en colère contre son frère ; car il ne se met pas en colère contre son frère celui qui s'irrite contre le mal qu'a commis celui-ci. Il n'y a donc à s'irriter sans raison que celui qui s'irrite contre son frère, et non pas contre le péché de son frère.
— S. AUG. — Aucun homme raisonnable ne blâmera que l'on se mette en colère contre son frère pour le corriger. Ces mouvements qui viennent de l'amour du bien et de la sainte charité ne doivent être considérés comme des vices, étant conformes à la saine raison.
— S. AUG. —Je présume que le Christ ne parle pas ici de la colère du sang, mais de celle de l'âme; l'on ne pourrait obtenir du sang qu'il ne se trouble pas. Or, lorsque l'homme irrité ne cède pas à sa colère, c'est son sang, mais non pas son esprit, qui est irrité.
— S. AUG. —Si dans ce premier commandement il n'est question que d'une chose, de la colère, dans le second, il est question de deux : la colère et la voix qui l'exprime ; et c'est ce qui est dit en ces termes : « Celui qui dira à son frère : raca, méritera d'être condamné par le conseil. » Quelques-uns cherchent l'étymologie de ce mot raca dans le grec, et comme racos signifie haillons, ils en conjecturent que ce mot veut dire couvert de haillons. Mais il est plus probable que ce mot ne veut dire, exprimer autre chose que le mouvement d'une âme émue (1). Ce sont les mots que les grammairiens appellent interjections, comme l'hélas de la douleur.
— S. CHRYS. — Ou bien raca est un mot de mépris et de dédain, et ce mot, dans la langue syriaque, signifiant toi, il est à croire que cette locution correspondait à celle dont nous usons quelquefois envers des serviteurs ou des personnes plus jeunes que nous : va-t'en, toi, va le lui dire, toi.C'est ainsi que la défense du Seigneur s'attache aux choses les plus légères, pour nous apprendre de quel respect nous devons user les uns envers les autres.
— S. JÉR. — Ou bien raca est un mot hébreu qui signifie : sans valeur, sans portée, et qui correspond à notre expression vulgaire : sans cervelle. C'est avec intention qu'il nous dit : « Celui qui dira à son frère. » Nul ne peut être notre frère sans avoir le même père que nous.
— S. CHRYS. — C'est indigne de dire qu'un homme n'a rien en lui lorsqu'il a en lui l'Esprit-Saint.
— S. AUG. — Dans le troisième précepte, il est trois choses : la colère, l'expression de la colère et l'expression du blâme : « Celui qui dira à son frère : fou, sera passible du feu de l'enfer. »
— S. AUG. — Il y a des degrés dans ces péchés : le premier, celui de se mettre en colère et de ne pas retenir le mouvement de son cœur. Que si déjà l'émotion a produit un cri sans signification précise, mais qui est par son éclat le signe de l'émotion, il y a un degré de plus que dans la colère qui se tait. Mais c'est plus coupable encore (1) de proférer une parole qui exprime un blâme.
— S. CHRYS. — Ainsi qu'un homme n'est jamais vide entièrement lorsqu'il a l'Esprit-Saint, ainsi il n'est jamais fou celui qui connaît le Christ. Mais si quant au sens raca signifiait vide, c'est la même chose de désigner ainsi quelqu'un ou de l'appeler fou; il y a une différence quant à l'intention qui profère ce mot, car raca était chez les Juifs une expression ordinaire qu'ils prononçaient sans presque y faire attention, sans colère, sans haine, et plutôt par cette liberté que donne la confiance. Mais si ce n'est pas là une expression de colère, comment y voir un péché? Parce qu'elle est plus propre à la dispute qu'à l'édification. Or, si nous ne devons pas même prononcer une bonne parole, si elle ne doit pas être utile, à combien plus forte raison ne devons-nous pas dire ce qui est mal en soi?
S. AUG. — Voici donc trois degrés de culpabilité : le jugement, le conseil, l'enfer…
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(1) Il prétend que c'est là l'explication que lui donna un Grec qu’il interrogeait sur ce point, et il en conclut même que ce mot n'est qu'une interjection hébraïque. — (1) Dans cette édition ont été remis certains mots qui «ont dans saint Augustin et qui sont nécessaires au sens.
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Louis- Admin
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S. AUG. — Voici donc trois degrés de culpabilité : le jugement, le conseil, l’enfer, degrés par lesquels nous montons de ce qui est léger à ce qui est plus grave. Dans le jugement il y a encore bien lieu à défense ; le conseil n'est pas non plus la sentence définitive, car c'est la consultation entre les juges qui vont la porter. L'enfer est la damnation certaine, et c'est la peine de celui qui est condamné. L'on voit par là la distance qu'il y a entre la justice des pharisiens et celle du Christ. Dans la justice des premiers, il n'y a que le fait de l'homicide qui rende passible du jugement, tandis que dans la morale chrétienne la colère suffit pour cela, la colère qui est le premier des trois degrés cités.
— RAB.— Le mot géhenne signifie ici le feu de l'enfer, et ce nom est celui d'une vallée près de Jérusalem (1) [?], consacrée aux idoles, et pleine autrefois d'ossements que Josias profana.
— S. CHRYS. — C'est pour la première fois qu'il prononce le mot d'enfer, et il ne le fait qu'après avoir parlé de son royaume pour nous apprendre qu'il donne celui-ci, tandis que l'autre ne peut être que la punition de notre lâcheté. Cela paraît dur à plusieurs, que cette peine infligée pour une seule parole, et aussi ils n'hésitent pas à voir en ceci une hyperbole. Mais je crains bien que, comprenant mal les mots, cela ne nous amène à nous damner par nos œuvres. Ne croyez donc pas que c'est trop dur, car la plupart des maux et des péchés viennent des paroles; que de fois des mots rapides ont conduit à l'homicide ou à la destruction de villes entières; et d'ailleurs, ne pensez pas que ce soit peu de chose que d'appeler son frère fou, puisque par ce mot on nie cette raison et cette intelligence qui nous distinguent des bêtes.
—S. CHRYS. —Ou bien il sera coupable du conseil, c'est-à-dire qu'il sera membre de ce conseil qui se déclare contre le Christ, interprétation qui est celle des apôtres dans leurs canons.
— S. HIL. — Ou bien celui qui traite comme n'ayant aucune valeur celui qui est plein de l'Esprit-Saint, mérite de passer par le conseil des saints et d'expier, par le mépris des saints devenus ses juges, cet outrage fait à l'Esprit-Saint.
— S. AUG.— Quelqu’un me demandera peut-être de quel supplice plus grave sera puni l'homicide si l'outrage l'est par l'enfer? On est forcé d'admettre plusieurs enfers.
— S. CHRYS. — Ou bien le jugement et le conseil sont des peines actuelles, et l'enfer les peines de l'avenir. Il donne le jugement comme châtiment de la colère, pour montrer qu'il n'est pas possible que l'homme soit tout-à-fait sans passion, mais qu'il lui est possible de leur mettre un frein; il ne lui détermine pas un châtiment spécial, afin de ne pas paraître la prohiber tout-à-fait. Il met le conseil pour le jugement des Juifs, afin de ne pas paraître innover en tout.
S. AUG. — Dans ces trois sentences, il faut remarquer qu'il est des mots sous-entendus, non dans la première : « Celui qui se met en colère (sans cause, selon quelques textes, contre son frère, » laquelle a tous ses mots ; mais dans la seconde : « Celui qui dira à son frère raca, » dans laquelle il faut sous-entendre sans cause; et dans la troisième : « Celui qui dira fou, » dans laquelle sont sous-entendus les mots à son frère et sans cause. L'Apôtre a donc pu appeler insensés les Galates qu'il appelle aussi ses frères, parce qu'il ne l'a pas fait sans raison.
Si donc, lorsque vous présentez votre offrande à l'autel…
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] (1) Dans ce passage cette vallée est appelée la vallée du fils d'Ennon. Cette profanation doit être prise dans le bon sens, et elle eut pour but d'empêcher en ce lieu de culte de Moloch et les sacrifices humains que les pères offraient en immolant leurs enfants.
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Sermon sur la montagne.SUITESi donc, lorsque vous présentez votre offrande à l'autel, vous vous souvenez
que votre frère a quelque chose contre vous, laissez, là votre don devant l'autel, et allez
vous réconcilier auparavant avec votre frère, et puis vous reviendrez offrir votre don.S. Matth., V, 23-24.
S. AUG. — S'il n'est pas permis de dire à son frère ni raca ni fou, à plus forte raison il est défendu de garder quelque chose contre lui dans son cœur, et de laisser changer en haine la première émotion. C'est pour cela qu'il ajoute : « Si vous offrez quelque chose à l'autel et que vous vous rappeliez que votre frère a quelque chose contre vous. »
— S. JÉR. — Il ne dit pas : « Si vous avez quelque chose contre votre frère, » mais « si votre frère a quelque chose contre vous, » afin de vous montrer la nécessité de la réconciliation sous son aspect le plus dur.
— S. AUG. — Il a quelque chose contre nous, si nous, nous l'avons lésé en quelque chose, car, s'il nous avait fait du tort lui-même, c'est nous qui aurions quelque chose contre lui, et ce ne serait pas à nous à aller au-devant d'une réconciliation. Il ne peut pas nous être ordonné de demander pardon à celui qui nous a offensés, mais de lui pardonner ainsi que nous désirons que le Seigneur nous pardonne nos fautes.
— S. CHRYS. — Si c'est lui qui vous ait fait tort et que ce soit vous qui lui demandiez pardon, votre récompense sera grande.
— S. CHRYS. — Mais si quelqu'un ne fait pas à la charité fraternelle le sacrifice de son ressentiment, son sacrifice reste imparfait, et surtout dans le saint lieu. C'est pour cela qu'il ajoute : « Laissez votre présent devant l'autel et allez vous réconcilier à votre frère. »
— S. CHRYS. — Voilà donc qu'il ne veut pas recevoir de sacrifice de la part de ceux qui ne sont pas unis. Voyez quel grand mal est la désunion qui rend impuissant ce par quoi sont effacés nos péchés.
S. CHRYS. — Voyez la miséricorde de Dieu qui regarde plutôt à notre utilité qu'à son culte ; il préfère la charité fraternelle aux oblations. Tant que des fidèles restent désunis, leurs sacrifices ne sont pas acceptés, leurs prières exaucées. Entre deux ennemis nul ne peut rester également l'ami des deux, et c'est pour cela que le Seigneur ne veut pas demeurer l'ami des fidèles qui sont ennemis. Et nous aussi nous ne pouvons pas garder notre foi en Dieu, si nous aimons ses ennemis et détestons ses amis. Or, la réconciliation doit être de même nature que l'offense; vous avez offensé par votre pensée, que ce soit votre pensée qui se réconcilie; si c'est votre parole, que ce soit votre parole; si vos œuvres, vos œuvres; car tout péché doit être réparé de la même manière qu'il a été commis.
— S. HIL. — La paix étant faite avec le prochain, l'on doit passer à la paix avec Dieu (2), montant de l'amour du prochain à l'amour de Dieu, et c'est ce qui suit : « Alors vous viendrez offrir votre don. »
S, AUG, — Si l'on prend ceci au sens littéral, il faut l'entendre du cas où le frère est présent ; car l'on ne peut pas laisser attendre longtemps le sacrifice qui est sur l'autel. S'il est absent, et, ce qui peut arriver, au-delà des mers, il serait absurde de penser qu'il faille laisser le sacrifice pour le reprendre après avoir traversé mer et terre. Il faut donc alors se réfugier dans le sens spirituel pour échapper à cette absurdité.
Nous pouvons prendre la foi pour l'autel, car quelque sacrifice que l'on puisse offrir à Dieu, science, prière ou autre chose (1), il ne lui sera pas agréable s'il ne repose pas sur la foi. Il faut donc s'avancer au-devant de cette réconciliation, non en marchant, mais par l’élan du cœur, en se prosternant au-devant de son frère par l'humiliation de ses sentiments et en la présence de celui devant lequel vous allez sacrifier. C'est ainsi que vous pouvez lui demander aussi sincèrement pardon que s'il était là devant vous. Alors revenant, c'est-à-dire ramenant votre intention à votre sacrifice, vous pouvez l'offrir.
Accordez-vous au plus tôt avec votre adversaire, pendant que vous êtes en. chemin avec lui, de peur que votre adversaire ne vous livre au juge, et que…
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(2) C'est par erreur qu'au lieu de : in divinam, sous-entendu pacem, il y avait autrefois : in divina, vers les choses divines. — (1) Dans le texte de saint Augustin, il y a de plus: l'hymne, la prophétie et le psaume.
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Sermon sur la montagne.SUITEAccordez-vous au plus tôt avec votre adversaire, pendant que vous êtes en chemin
avec lui, de peur que votre adversaire ne vous livre au juge, et que le juge ne vous livre
au ministre de la justice, et que vous ne soyez mis en prison. Je vous dis, en vérité,
que vous ne sortirez point de là, que vous n'ayez payé jusqu'à la dernière obole.S. Matth., V, 25-26.
S. HIL.—Le Seigneur, qui ne veut pas voir un seul moment de notre vie privé des sentiments pacifiques de la charité fraternelle, nous ordonne de ne pas tarder à nous réconcilier dans le chemin de la vie, afin que nous n'arrivions pas au moment de la mort sans avoir fait la paix; c'est pour cela qu'il nous dit : « Montrez-vous d'accord tout de suite avec votre adversaire pendant que vous êtes dans le chemin, de peur que votre adversaire ne vous livre au juge. »
— S. JÉR. — Dans le grec au lieu du mot consenties on lit [MOT GREC], bienveillant, bon (1).
S. AUG. — Voyons quel est cet adversaire que l'on nous demande de traiter en ami ; c'est ou le diable ou l'homme, ou la chair, ou Dieu, ou son commandement. Mais pour le diable, je ne vois pas pourquoi l'on nous demanderait d'être affectueux et unis avec lui, car cela suppose l'amitié, et personne n'oserait dire que nous devons la nôtre au diable; nous ne devons pas offrir la paix à celui auquel nous avons déjà déclaré la guerre, ni marcher d'ensemble avec cet ennemi qui a été la cause de tous nos malheurs dans le temps où nous ne nous en étions pas encore séparés.
— S. JÉR. — Il en est cependant qui prétendent que nous devons nous montrer bons envers le diable d'après le commandement du Seigneur, et cela en n'aggravant pas ses maux ; ce qui arrive toutes les fois que nous succombons à ses tentations. Quelques autres disent avec plus de raison que chacun de nous dans le baptême contracte avec le démon un contrat en vertu duquel il doit renoncer à lui (2). C'est en nous montrant fidèles à ce pacte que nous méritons de ne pas être jetés dans la prison et que nous offrons notre paix et notre union à ce démon.
— S. AUG. — Je ne vois pas comment expliquer que c'est par un homme que nous devons être livrés au juge, puisque c'est le Christ qui est juge et que nous devons tous paraître devant son tribunal. Comment pourra-t-il nous livrer au juge celui qui doit lui-même paraître devant le juge? Et d'ailleurs si quelqu'un se déclare l'adversaire de son frère en le tuant, comment pourra-t-il se réconcilier avec lui dans cette vie et ne sera-t-il pas ainsi placé dans l'impossibilité de pénitence et de salut ? Quant à la chair, je ne vois pas comment il nous serait ordonné d'être unis avec elle? Qui l'est plus que les pécheurs? Ceux qui la tiennent en servitude ne lui demandent pas sa paix, mais la forcent à accepter la leur.
— S. JÉR. — Comment d'ailleurs la chair pourra-t-elle être condamnée à la prison pour n'avoir pas été unie avec l'âme, car la chair ne peut rien faire que par le commandement de l'âme, et toutes les deux devraient être punies ensemble.
S. AUG. — C'est peut-être avec Dieu qu'il nous est commandé de nous montrer unis, Dieu, dont nous nous séparons par le péché, et qui devient alors notre adversaire en nous résistant, selon cette parole : « Dieu résiste aux superbes » (1). Celui-là donc qui ne se sera pas réconcilié à Dieu pendant cette vie par la mort de son fils unique, sera livré par lui au juge, c'est-à-dire par le père au fils auquel il a donné tout jugement. Et comment l'homme peut-il être dit avec quelque raison se trouver dans son chemin avec Dieu, si ce n'est parce que Dieu est partout.
Et si l'on ne veut pas convenir que Dieu qui est présent partout est avec les impies, ce que nous disons de la même manière que nous disons que l'aveugle est avec la lumière qui l'inonde, il faudra se rejeter sur ceci que cet adversaire est le précepte de Dieu, adversaire parce qu'il se montre contraire à celui qui veut pécher, et qui nous a été donné dans cette vie pour nous diriger dans notre chemin. Il faut nous montrer unis avec lui, en le lisant, le prêchant, lui déférant la haute autorité. Celui qui est vraiment intelligent de ce qu'est le précepte ne le détestera pas puisqu'il est l'adversaire de ses péchés, mais, au contraire, l'en aimera davantage à cause de la correction qui vient de lui. Si quelqu'un ne le comprend pas ainsi, qu'il prie pour le comprendre.
S. JÉR. — Mais les antécédents démontrent…
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(2) II est certain que par le rit du baptême tout chrétien renonce an démon. Mais l'opinion qu'exprime ici saint Jérôme, c'est celle, douteuse d'ailleurs, que l'on puisse appeler ce renoncement au démon un pacte avec lui. — (1) I Petr.,5, v. 5. Jacob, 4, v. 6, et d'abord cap. 3. Prov., v. 34, où le texte grec des Septante est traduit ainsi par la Vulgate : Il se jouera de ceux qui trompent. Qui trompe davantage que l'orgueilleux ?
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Sermon sur la montagne.SUITE
S. JÉR. — Mais les antécédents démontrent avec évidence qu'il s'agit ici de la charité fraternelle, puisqu'il y a plus haut: « Allez vous réconcilier avec votre frère. »
— S. CHRYS. — Le Seigneur a hâte que nous nous réconciliions en toute hâte avec nos frères pendant cette vie, sachant quel péril il y a pour nous à la mort d'un de nos ennemis qui mourrait avant notre réconciliation avec lui. Si vous vous présentiez comme ennemis devant votre juge, cela serait votre accusation devant le tribunal du Christ. C'est bien lui qui vous livrerait au juge, alors même qu'il vous aurait prié de réconciliation auparavant, car ce seul fait qu'il vous a demandé la paix établit votre culpabilité devant Dieu.
— S. HIL. — Ou bien votre adversaire vous livrera au juge, car votre colère qui reste sur lui est la preuve de votre inimitié.
— S. AUG. —J'entends par ce juge le Christ, car Dieu a donné tout jugement au Fils. Par ce ministre j'entends les anges ; et les anges, est-il dit, le servaient. Nous croyons, en effet, qu'il viendra au jugement avec ses anges. D'où il ajoute : « Et le juge te livrera au ministre. »
— S. CHRYS. — Ce ministre est l'ange redoutable du châtiment, et c'est lui qui vous enverra dans le cachot de la géhenne; et c'est ce qui suit : « Et il vous jettera dans la prison. »
— S . AUG. — Par la prison, j'entends les peines des ténèbres, et afin que vous ne méprisiez pas ce supplice, il ajoute : « Je vous le dis en vérité : vous n'en sortirez pas que vous n'ayez rendu jusqu'à la dernière obole.»
— S. JÉR. — L'obole est une pièce de monnaie qui vaut environ deux liards, les deux plus petites espèces de monnaie ; et ce qui est dit ici revient à dire : « Vous n'en sortirez pas que vous n'ayez acquitté vos plus petits péchés » (1).
— S, AUG. — Cette expression est ici pour marquer que rien ne reste impuni ; ainsi que nous disons d'une…
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(1) Le mot latin : quadrant vient de ce que l'obole était la quatrième partie de l'as. Elle est appelée aussi dans Pline triunx, parce qu'elle était du poids de trois onces. Saint Jérôme fait remarquer que dans l'once étaient contenus deux minuta ou liards, parce que dans saint Marc (c. 12, v. 42) l'on voit une veuve donner deux liards ou une obole, et dans saint Luc (c. 12, v. 59) l'on voit appeler minutum ce que saint Matthieu appelle quadrant.
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Sermon sur la montagne.SUITE
— S, AUG. — Cette expression est ici pour marquer que rien ne reste impuni ; ainsi que nous disons d'une chose exigée à la rigueur, qu'on l'a pressurée jusqu'à la lie. Peut-être par ce quadrans est signifié le péché terrestre, puisque la terre est le quatrième des éléments de ce monde. Le mot acquitter signifie la peine éternelle, et cette manière de s'exprimer, jusqu'à ce que, doit être prise dans le même sens que dans cette autre phrase: « Asseyez-vous à ma droite jusqu'à ce que j'aie mis vos ennemis comme votre marche-pied; » car il est bien certain que son règne ne se terminera pas au moment qui lui soumettra ses ennemis. Ces mots : « Vous n'en sortirez pas que vous n'ayez rendu jusqu'à la dernière obole, » expriment donc qu'on n'en sortira jamais, car il paiera la dernière obole tant que dureront les peines éternelles dues aux péchés de sa vie.
S. CHRYS. — Si vous faites votre paix en ce monde, vous pourrez recevoir l'acquittement même des plus fortes dettes ; mais une fois condamné et jeté en prison, non-seulement vous serez obligé d'acquitter vos fautes graves, mais vous rendrez compte encore d'une seule parole oiseuse, ce que l’on peut prendre pour cette obole dont il est ici parlé.
— S. HIL. — Comme la charité couvre la multitude des péchés (1), nous paierons jusqu'à la dernière obole si nous n'acquittons pas par elle les dettes de nos péchés.
— S. CHRYS. —L'on peut entendre par cette prison les angoisses de ce monde dans les péchés où Dieu laisse tomber quelquefois les pécheurs.
— S. CHRYS. — Peut-être est-il question ici des juges qui sont sur cette terre, du chemin et des prisons véritables, et cela pour amener aux choses de l'éternité par celles du temps qui sont devant mes yeux et de nature à nous impressionner davantage. C'est dans ce sens que saint Paul a dit : « Si vous avez mal fait, craignez le pouvoir; ce n'est pas pour rien qu'il est armé du glaive. »
Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Vous ne commettrez point…
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEVous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Vous ne commettrez point d'adultère.
Mais moi je vous dis que quiconque aura regardé une femme avec un mauvais désir
pour elle, a déjà commis l'adultère dans son cœur.S. Matth., V, 27-28.
S. CHRYS. — Le Seigneur va par ordre, et ce n'est qu'après avoir développé tout le premier précepte : « Vous ne tuerez pas, » qu'il passe à cet autre : « Vous savez qu'il a été dit aux anciens : Vous ne commettrez point d'adultère. »
—S. AUG. (1). — C'est-à-dire vous ne vous approcherez pas d'une autre que votre épouse; vous l'exigez de votre épouse, et vous ne voudriez pas le lui rendre, vous qui devez la précéder en vertu.
— Il est honteux à un homme de dire qu'il ne le peut pas. Ce que la femme peut, l'homme ne le pourrait pas? Ne dites donc pas non plus : « Je n'ai pas d'épouse ; en m'adressant à une courtisane, je ne viole pas le précepte qui dit : Vous ne commettrez pas d'adultère. » Vous savez ce que vous valez, vous savez ce que vous mangez, ce que vous buvez; ou plutôt vous savez quel est celui que vous mangez, quel est celui que vous buvez. Abstenez-vous de toute fornication. La fornication et les excès appauvrissants du libertinage violent l'image de Dieu qui est en vous; et c'est le Seigneur, qui sait ce qu'il vous faut, qui vous le défend, pour préserver de la main dont la volupté le menace son temple, que vous avez commencé à être.
S. AUG. — Mais comme les pharisiens pensaient que c'est la seule union charnelle avec la femme d'autrui qui était désignée par le nom d'adultère, le Seigneur leur montre que le seul désir était aussi grave, en leur disant : « Pour moi, je vous dis que quiconque aura vu une femme avec désir, l'a déjà profanée dans son cœur. » Ce que la loi défend (1): vous ne désirerez pas la femme d'autrui, était compris des Juifs comme la défense du rapt de la femme d'autrui, non de l'adultère.
S. JÉR. —Il y a cette différence entre la passion consommée et le premier mouvement qu'elle produit, que cette première est un vice réel, et que cette dernière, quoique n'étant pas tout-à-fait pure de toute faute, n'a pas le caractère criminel. Celui-là donc dont l'âme aura été émue par la vue d'une femme sera dans le premier cas, et il ne passera dans le second que s'il consent à cette émotion; car alors ce n'est pas la volonté de pécher qui lui manque, mais la seule occasion. Quiconque donc aura vu une femme avec désir, c'est-à-dire de manière à faire naître et nourrir son désir et disposé à commettre l'adultère, l'a déjà commis dans son cœur.
— S. AUG. — Trois choses concourent au développement du péché, la suggestion, la délectation, le consentement. La suggestion vient de la mémoire ou des sens. Si la délectation illicite plaît, il faut la contenir. Si l'on y consent, le péché est complet. Cependant la délectation avant le consentement est légère ou nulle, et l'on ne peut y consentir sans pécher, puisqu'elle est illicite; si elle passe en acte, c'est alors la passion rassasiée et menée à son terme. La délectation se développe par la répétition de la suggestion, mais elle est encore moindre que celle que donne l'habitude, qu'il est difficile de vaincre.
S. GRÉG. (1). — Celui qui ne prend pas garde à ses regards tombe souvent dans la délectation, et, fatigué de désirs, il finit par vouloir ce qu'il ne voulait pas auparavant. C'est avec force que la chair nous entraîne en bas, et une fois le cœur lié à l'image de la beauté que lui ont passée les yeux, c'est avec la plus grande peine qu'il s'en détache. Il nous faut donc faire en sorte de ne pas regarder ce que nous ne pouvons désirer. Afin que la pensée de notre cœur conserve sa pureté, il nous faut détourner les yeux de tous les regards lascifs et les considérer comme nous entraînant au mal.
S. CHRYS. — Si vous voulez toujours tenir vos yeux fixés sur de beaux visages, vous serez pris tout-à-fait, quoique vous puissiez échapper au mal deux ou trois fois, ce qui n'est pas impossible à notre nature. Celui qui a allumé le feu par la vue d'une femme conserve, en son absence, l'image d'actions honteuses, et très souvent il passe de là à l'acte. Que si quelqu'une s'est ornée avec l'intention d'attirer les regards des hommes, elle est devenue passible d'une peine extrême alors même qu'elle n'aurait blessé personne; elle a composé du poison, et n'a trouvé personne à qui le faire prendre. La parole de Jésus-Christ passe de l'homme à la femme, car elle entraîne le membre en entraînant le chef.
Que si votre œil droit vous scandalise, arrachez-le et jetez-le loin de vous; car il vaut mieux pour vous…
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(1) Partie au chap. 3, ainsi que cela était marqué auparavant, partie au chap. 9, et 10 non indiqué, mais où cela se trouve plus complètement, quoique dans un autre ordre. — (1) Exod., 20, v. 17, et Deut., 5, v. 21. Cette défense y est portée avec d'autres concernant le vol, et c'est ce qui produisait l'erreur dont il est ici question, que la seule défense exprimée ici portait sur le rapt de la femme d'autrui non suivi d'adultère. — (1) Au chap. 2, sur cette parole de Job [31, 1]: J'ai fait un pacte avec mes yeux. Nous avons rétabli plusieurs passages changés de ce texte.
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEQue si votre œil droit vous scandalise, arrachez-le et jetez-le loin de vous;
car il vaut mieux pour vous qu'un des membres de votre corps périsse, que si
tout votre corps était jeté dans l'enfer. Et si votre main droite vous scandalise,
coupez-la et la jetez loin de vous, car il vaut mieux pour vous qu'un des
membres de votre corps périsse, que si tout votre corps était jeté dans l'enfer.S. Matth., V, 29-30.
LA GLOSE (1).—Comme il ne faut pas seulement éviter les péchés, mais encore faire disparaître les occasions du péché, après avoir dit qu'il faut éviter l'adultère de cœur et d'action, il ajoute avec raison : « Si votre œil droit vous scandalise. »
— S. CHRYS. — Mais comme, d'après le prophète, il n'y a rien dans notre corps qui soit sain, nous devons nous retrancher autant de membres que nous en avons pour égaler leur châtiment à leur malice. Mais voyons s'il est possible d'entendre ce passage en cette manière, de l'œil ou de la main du corps. Or, ainsi que tout homme, lorsqu'il s'est converti à Dieu, est entièrement mort au péché; ainsi l'œil, lorsqu'il renonce aux mauvais regards, se trouve retranché du péché. Mais ici se trouve une difficulté, car que fait l'œil gauche pendant que le droit vous scandalise ? Tient-il une conduite différente qui lui fait mériter d'être conservé ?
— S. JÉR. — Par cet œil droit et cette main droite, il faut entendre l'amour des frères, celui pour une épouse, pour des parents, pour des proches, car si ces attachements sont un obstacle entre nous et la contemplation de la véritable lumière, nous devons nous retrancher ces portions de nous-mêmes.
—S. AUG. — L'œil exprime la contemplation, la main exprime l'action. L'œil est aussi une figure d'une tendre amitié, et c'est ainsi que parle celui qui veut exprimer un sentiment ardent : « Je l'aime comme mon œil » (1); il faut entendre par l'œil un ami qui conseille; car comme l'œil montre le chemin, ainsi le conseil d'un ami. Le mot droit est probablement ici pour exprimer une amitié plus grande, car l'on craint davantage de perdre l'œil droit.
Peut-être aussi cet œil droit est l'ami conseiller en choses divines, et l'œil gauche celui qui l'est en les choses humaines, dans ce sens : « Quel qu'il soit celui que vous aimez assez pour le considérer comme votre œil droit, repoussez-le loin de vous s'il vous est un empêchement au véritable bonheur en vous scandalisant. » Qu'était-il besoin de parler de l'œil gauche après avoir dit qu'il faut arracher l'œil droit ? La main droite exprime celui qui est notre aide dans l'opération des choses divines, et la main gauche celui qui l'est dans celles de cette vie.
S. CHRYS. — Non-seulement le Christ veut que nous prenions garde à notre propre péril de pécher, mais encore à celui de ceux dont la conduite nous regarde, en telle sorte que si vous avez quelqu'un qui est tellement votre ami qu'il regarde vos affaires comme les regarde votre œil, et qui les traite comme votre propre main, nous devons le chasser loin de nous si nous le considérons comme coupable d'une action honteuse, parce qu'il nous scandalise, et que d'ailleurs nous rendrons compte non-seulement de nos propres fautes, mais encore de celles du prochain que nous aurions pu empêcher.
— S. HIL. — Ceci est un degré d'innocence de plus; nous sommes avertis que nous devons non-seulement nous abstenir de tout péché personnel, mais encore nous éloigner du spectacle des vices du dehors.
S. JÉR. — Ayant parlé plus haut…
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(1) On ne le retrouve ni dans la Glose, ni dans saint Anselme, qui est quelquefois pris pour la Glose, ni dans saint Jérôme, ni dans Bède, ni dans Rabanus ni ailleurs. — (1) Dans le texte il y a : Plus que mes yeux, et dans un autre ordre.
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Sermon sur la montagne.SUITE
S. JÉR. — Ayant parlé plus haut du désir ayant pour but la femme, c'est une raison pour qu'il appelle ici l'œil la pensée et le volage sentiment de la volupté. La main droite est, aussi bien que les autres parties du corps, une figure exprimant les premiers mouvements de la volonté et de la passion.
— S. CHRYS. — Cet œil du corps est une image de l'œil intérieur. Le corps a pour lui l'œil gauche, image de ses sens, et la main gauche, image de ses appétits. Les parties droites figurent l'âme, car l'âme a été créée libre et sous la loi de justice, pour voir et agir avec certitude. Le corps, qui ne jouit pas de la liberté et qui est sous la loi du péché, nous est représenté par la partie gauche. Or, il ne nous est pas ordonné de nous débarrasser des appétits du corps et de ses sens, car nous pouvons les contenir et les empêcher de faire ce qu'ils veulent; mais nous ne pouvons pas les empêcher de nous tenter par leur volonté perverse en les retranchant tout-à-fait.
Lorsque délibérément nous voulons le mal et le pensons, c'est alors que notre sens droit et notre volonté droite nous scandalisent, et nous pouvons les retrancher par le mouvement de notre libre arbitre. Ou, dans un autre sens (1), nous devons éloigner de nous tout bien qui est devenu un scandale pour nous ou pour les autres. Ainsi, si je visite une femme par un motif de religion, mon intention est bonne, c'est là l'œil droit. Mais si l'assiduité de mes visites me fait tomber dans le piège du désir, où est un scandale pour ceux qui en sont les témoins, c'est l'œil droit qui scandalise, c'est le bien qui scandalise, car l'intention bonne, le bon regard, c'est l'œil droit, comme la bonne volonté est la main droite.
— LA GLOSE. — Ou l'œil droit est la vie contemplative qui peut scandaliser en jetant dans la paresse ou dans l'arrogance (2), ou nous scandaliser à cause de notre infirmité qui ne nous permet pas de nous élever jusqu'à la pure vérité. La main droite est la bonne œuvre ou la vie active qui nous scandalise en nous tendant le piège de la multiplicité et de la fatigue des œuvres. Que celui donc qui ne peut pas goûter le bienfait de la vie contemplative, qu'il s'arrache par la vie active aux dangers du repos, de crainte qu'au moment où il est enseveli dans l'oisiveté il soit tout-à-fait privé de toute douceur intérieure.
— RÉMIG. —Il nous donne le motif pour lequel l'œil droit doit être arraché et la main droite coupée, en nous disant : « Il vaut mieux pour vous qu'un de vos membres périsse.»
— S. CHRYS. — Nous sommes les membres les uns des autres, et il vaut mieux que nous soyons sauvés sans tel ou tel membre que de périr pour avoir voulu les conserver. Et il est mieux que nous soyons sauvés sans nous être permis tel regard ou sans avoir fait telle bonne œuvre, que de périr avec toutes nos bonnes œuvres pour avoir voulu les consommer toutes.
Il a été écrit encore : Quiconque veut quitter sa femme, qu'il lui…
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(1) Cette nouvelle explication est donnée par l'auteur comme moins rigoureuse. — (2) Ceci ne se trouve tout-à-fait semblable ni dans saint Anselme ni dans la Glose; l'un et l'autre ne parlent que du danger de paresse.
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Sermon sur la montagne.SUITEIl a été écrit encore : Quiconque veut quitter sa femme, qu'il lui donne un écrit,
par lequel il déclare qu’il la répudie. Et moi je vous dis que quiconque aura quitté
sa femme, si ce n'est en cas d'adultère, la fait devenir adultère; et que quiconque
épouse celle que son mari aura quittée, commet un adultère (1).S. Matth., V, 31-32.
Le Seigneur, plus haut, avait enseigné que l'on ne devait pas désirer la femme d'autrui; il enseigne ici que l'on ne doit pas renvoyer la sienne, par ces mots : « Quiconque renvoie son épouse doit lui donner un certificat de renvoi. »
— S. JÉR. — Plus bas, le Sauveur explique fort bien que c'est à cause de la dureté de leur cœur que Moïse a ordonné aux maris de donner ce certificat de renvoi, non pour accorder le divorce, mais pour empêcher l'homicide.
—S. CHRYS. — Lorsque Moïse emmena les Israélites d'Égypte, ils étaient enfants d'Israël par le sang et égyptiens par les mœurs. Or, à cause de ces mœurs païennes, il arrivait souvent qu'un homme se laissait aller à la haine de sa femme, et comme il ne lui était pas permis de la renvoyer, il était porté ou à la tuer ou à la tourmenter habituellement. Il ordonna donc de donner le certificat de renvoi, non parce que cela était bon en soi, mais comme remède à un mal plus grand.
—S. HIL. — Mais le Seigneur, conciliant les intérêts de tous, ordonne que la femme persiste pour la paix des époux, on disant : « Pour moi, je vous dis que quiconque renverra son épouse, etc., etc. »
— S. AUG. — Ce que le Seigneur ordonne ici n'est nullement contraire aux prescriptions de la loi, ainsi que le disait le manichéen, car la loi ne disait pas : « Que celui qui le voudra renvoie sa femme » (à laquelle ce non-renvoi eût été contraire). Mais, ne voulant pas le divorce, il lui opposait cet embarras qui pouvait arrêter un esprit trop prompt, alors surtout que cet écrit exigé ne pouvait partir que des seuls scribes qui, seuls, possédaient le privilège d'écrire.
Comme ces hommes faisaient profession d'une sagesse plus élevée (1), c'est à eux que la loi renvoyait celui qui voulait se séparer de sa femme, en exigeant de lui cette attestation qu'ils pouvaient seuls écrire, car ce n'était qu'à eux qu'il était permis d'écrire l'hébreu; et elle le leur renvoyait afin qu'ils pussent ramener la concorde par leur entremise pacifique, et qu'ils n'écrivissent l'acte de divorce que lorsqu'un esprit trop perverti aurait rendu impossible tout moyen de réconciliation.
C'est ainsi qu'il ne remplit pas la loi primordiale en y ajoutant; il ne détruisit pas non plus celle de Moïse en lui en opposant une contraire, ainsi que le prétendait le manichéen; mais qu'il consacra tout ce qui est dans la loi hébraïque, de manière que tout ce qu'il pouvait avoir dit de lui-même concourût à en expliquer les obscurités ou à rendre plus certaines ses prescriptions.
— S. AUG. — Celui-là donc…
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(1) Auparavant il y avait science, contrairement à ce texte du saint docteur. Le premier emploi des scribes était d'exposer et de développer la loi au peuple (Ep., 15). Ils devaient aussi récrire afin qu'elle ne pût pas être changée. Il est dit d'Esdras qu'il était un rapide écrivain de la loi (Esd., I, cap. 7, v. 6). Il est appelé scribe de la loi de nouveau au verset 21. Dans l'Evangile, les scribes sont souvent confondus avec les habiles de la loi.
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITE
— S. AUG. — Celui-là donc qui chercha à entraver le divorce signifia ainsi, autant qu'il le put, à la dureté du cœur humain, qu'il ne voulait pas le divorce. Le Seigneur, pour confirmer le principe que le divorce ne doit être que pour des causes graves, ne lui reconnaît qu'un seul motif, la cause de fornication, en disant : « Excepté le cas de fornication. » Il ordonne de soutenir avec courage toutes les autres peines, s'il en est, à cause de la foi conjugale.
— S. CHRYS.— Si les paroles de l'apôtre : « Portez vos fardeaux réciproquement, » nous commandent le support des défauts des étrangers, à combien plus forte raison le support des défauts des épouses ? Le chrétien doit non-seulement éviter ce qui le souillerait, mais ce qui serait pour les autres une occasion de se souiller, car le péché d'autrui rejaillit sur celui qui en est la cause. Celui-là donc qui en renvoyant son épouse l'a exposée à commettre l'adultère avec un étranger, et a exposé ainsi cet étranger lui-même, sera condamné lui-même pour ces fautes, et c'est pour cela qu'il dit : « Celui qui aura renvoyé son épouse l'aura faite adultère. »
— S. AUG. — Celui qui prend la femme répudiée par un autre est appelé lui aussi adultère, alors même qu'elle l'a été avec un écrit de répudiation; et c'est ce qui suit: « Celui qui prendra celle qui aura été renvoyée devient adultère. »
— S. CHRYS. — Ne dites donc pas que son mari l'a renvoyée, car elle est toujours la femme de celui qui l'a renvoyée.
S. AUG. — L'Apôtre a marqué les limites de ce précepte, en disant…
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S. AUG. — L'Apôtre a marqué les limites de ce précepte, en disant qu'il est en vigueur pendant toute la vie du mari (1); mais à sa mort, revient le droit de se marier.
Si donc il n'est pas permis à une femme, durant la vie de son mari, de se remarier, à plus forte raison, il lui est défendu de commettre avec personne des actions honteuses.
Celui qui, sans renvoyer sa femme, vit avec elle non d'un commerce charnel, mais dans des relations toutes spirituelles, ne va pas contre le précepte du Seigneur; car les mariages de ceux qui vivent dans la continence, par un chrétien consentement, sont les plus heureux.
Ici arrive une question à propos de ce que le Sauveur permet la répudiation pour cause d'adultère, et c'est celle de savoir ce qu'est la fornication, si c'est celle qui se commet par acte déshonnête, ou celle plus générale dont parle l'Écriture en appelant fornication toute corruption de l'âme par un péché, l'idolâtrie, l'avarice ou toute autre transgression de la loi, fruit d'une concupiscence.
Mais, puisque l'Apôtre permet de renvoyer sa femme pour cause d'incrédulité, quoiqu'il soit mieux de ne pas la renvoyer, et que le Sauveur n'admet d'autre motif de répudiation que la fornication, l'infidélité est une fornication.
Mais, puisque l'incrédulité est une fornication, et que l'idolâtrie est une espèce d'incrédulité, l'avarice une idolâtrie, l'on ne peut douter que l'avarice ne soit une fornication. Qui pourra donc séparer une concupiscence illicite quelconque de la fornication, puisque l'avarice est une fornication?
— S. AUG. —Je ne veux pas que le lecteur puisse penser qu'en matière si difficile…
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(1) Une femme est liée tant que vit son mari; que s'il repose dans la mort, elle s'unisse à qui elle voudra (1 Corinth., 7, v. 39). Il n'est donc pas permis à une femme d'en épouser un autre tant que vit son mari, et tel est le sens de saint Augustin changé auparavant par ces mots : Vivente viro, non conceditur alieri nubere.
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— S. AUG. — Je ne veux pas que le lecteur puisse penser qu'en matière si difficile notre dissertation doive lui suffire. Et, en effet, toute faute n'est pas une fornication spirituelle, et Dieu ne perd pas tout homme qui pèche, lui qui exauce tous les jours ces paroles: « Pardonnez-nous nos péchés. » Cependant il perd quiconque se rend coupable de fornication à son égard (1). La répudiation est-elle permise à cause d'une fornication de cette nature? C'est là une question fort obscure. Mais le doute ne porte nullement sur la fornication qui profane le corps.
— S. AUG. — Si quelqu'un soutient que le Seigneur n'a voulu parler que de cette dernière fornication, l'on doit dire que les paroles du Seigneur regardent l'un et l'autre époux, de manière qu'il ne soit permis à aucun des deux de se séparer de l'autre, pour une autre cause que pour celle de fornication.
S. AUG. — Il n'y a pas ici seulement une permission de renvoyer l'épouse coupable. Celui qui la renvoie la renvoie non-seulement parce qu'elle commettait la fornication, mais parce que, du moment où elle avait commencé à la commettre, elle lui était devenue à lui-même une cause de fornication ; il la renvoie parce qu'elle y tombait, et parce qu'il allait y tomber.
— S. AUG. — Elle est répudiée aussi avec raison celle qui dit à son mari : « Je ne veux plus être ton épouse, si tu ne m'amasses pas des richesses par le vol, » ou celle qui cherche des jouissances dans ce qui serait la honte ou le crime de son mari. L'homme à qui sa femme tiendra un pareil langage n'hésitera pas, s'il est un véritable chrétien, à amputer ce membre qui le scandalise.
— S. AUG. — Il n'y a rien de plus injuste que de renvoyer sa femme pour cause de fornication, si l'on peut être soi-même convaincu d'être fornicateur. Alors cette parole se dresse devant vous : « Vous vous condamnez vous-même par les jugements que vous portez sur les autres. » Quant à ce qui suit : « Et celui qui épouse celle qui a été renvoyée devient adultère, » l'on peut demander si celle qui est ainsi épousée une seconde fois est coupable au même degré d'adultère que celui qui l'épouse. L'Apôtre lui recommande de rester libre, ou de se réconcilier avec son mari; que si elle ne se réconcilie pas avec lui, elle reste libre, dit-il, de nouveaux liens.
Or, il est une grande différence entre répudier et être répudiée. Si c'est elle-même qui s'est séparée de son mari, et qu'elle en ait épousé un autre, elle paraît avoir rompu ce premier mariage pour convoler à un second, ce qui est une pensée d'adultère. Mais si elle a été repoussée par son mari, l'on ne voit pas que l'un soit plus adultère que l'autre, s'étant unis d'un commun consentement. L'on peut ajouter ici que si quelqu'un pèche en épousant la femme qui s'est séparée d'un autre, c'est celle-ci qui l'a fait adultère, ce qui [es] contre les paroles formelles du Sauveur dans ce passage.
Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens: Vous ne vous parjurerez point...
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(1) D'après cette parole : Perdidisti omnes qui fornicantur abs te.
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Louis- Admin
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Re: Si vous voulez être parfait...
Sermon sur la montagne.SUITEVous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens: Vous ne vous parjurerez point; mais vous
vous acquitterez envers le Seigneur des serments que vous aurez faits. Et moi, je vous dis que vous
ne juriez en aucune sorte, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu; ni par la terre, parce qu'elle
sert comme d'escabeau à ses pieds; ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand Roi; vous ne
jurerez pas aussi par votre tête, parce que vous n'en pouvez rendre un seul cheveu blanc ou noir.
Mais contentez-vous de dire: Cela est, cela est, ou: Cela n'est pas, cela n'est pas; car ce qui est dit de plus vient du mal.S. Matth., V, 33-37.
LA GLOSE (1). — Le Seigneur avait défendu plus haut tout ce qui pouvait faire tort au prochain, défendant la colère en même temps que l'homicide, le désir en même temps que l'adultère, et le renvoi de l'épouse par un écrit de répudiation.
Maintenant, il défend tout ce qui est contre le nom de Dieu, non-seulement en prohibant le parjure comme mal, mais encore le serment comme occasion du mal, et c'est pour cela qu'il dit : « Vous ayez entendu dire aux anciens : Vous ne ferez pas de parjure. » C'est ce qui est dit aux hérétiques : « Vous ne ferez pas de parjure en mon nom. »
Dieu avait aussi ordonné de faire tous les serments en se servant de son nom, et avait défendu d'en faire par les créatures, pour empêcher qu'on ne les prît pour des dieux. C'est le sens de ce qui suit : « Vous rendrez au Seigneur vos serments, » c'est-à-dire : « S'il vous arrive de jurer, faites-le par le Créateur, et non par les créatures. » C'est ce qui est dit au Deutéronome : « Vous honorerez le Seigneur (1) et vous jurerez en son nom.»
— S. JÉR. — La loi leur permit cela comme à des enfants, et il leur était permis de jurer au nom de Dieu, ainsi qu'ils devaient lui offrir des victimes pour ne pas être tentés de les porter aux idoles. Cela leur était permis, non pas comme étant bien, mais comme étant mieux de se servir du nom de Dieu que de celui des idoles.
— S. CHRYS. — On ne jure pas fréquemment sans faire de parjure, comme l'on ne parle pas à tout propos sans dire ce qui ne convient pas.
S. AUG. —Comme le parjure est un péché grave, et que celui qui a l'habitude de ne jamais jurer est encore plus loué que celui qui est porté à jurer pour toute vérité, le Seigneur a mieux aimé ne pas nous permettre d'appuyer la vérité par le serment que de nous exposer au parjure en la jurant, et c'est ce qu'il ajoute : « Pour moi, je vous dis : Ne jurez pas du tout. »
— S. AUG. — En quoi il confirme la doctrine des pharisiens, qui est de ne pas faire de parjure; car celui qui ne jure pas ne peut pas faire de parjure. Mais comme jurer, c'est prendre Dieu à témoin, il nous reste à expliquer comment l'Apôtre n'a pas failli à ce commandement du maître, lui qui a souvent juré en cette manière : « Ce que je vous écris, c'est devant Dieu, témoin que je ne mens pas.» Et : « Dieu est mon témoin, lui que je sers en mon esprit. »
Peut-être quelqu'un dira qu'il n'y a de défendu que le serment par lequel l'on met en avant un être par lequel on jure, et que ceci : « Dieu en est témoin, » n'est pas un serment, mais qu'il aurait fallu dire : « Par Dieu. » Mais le penser serait ridicule. D'ailleurs, il faut savoir que l'Apôtre a ainsi juré dans ce passage : « Par votre gloire! je meurs tous les jours, mes frères, » passage dans lequel les exemplaires grecs l'établissent assez (1); il faut prendre ces mots : Per gloriam vestram, non dans ce sens : Votre gloire me fait mourir tous les jours, mais dans le sens d'un serment.
— S. AUG. — Mais souvent la vie des saints nous dirige dans la manière dont nous devons entendre…
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(1) Nous n'avons trouvé ce passage ni là ni ailleurs.
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— S. AUG. — Mais souvent la vie des saints nous dirige dans la manière dont nous devons entendre ce qui est pour nous d'une intelligence obscure, et dont l'on pourrait facilement détourner le sens, si on n'était rappelé au véritable par leurs exemples. L'Apôtre, en jurant dans ses épîtres, nous a montré comment il fallait expliquer ces mots : « Pour moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, » c'est-à-dire qu'il ne fallait pas jurer pour ne pas en prendre l'habitude, et tomber de là dans le parjure. L'on ne le trouve jurant que dans ses lettres; récriture, plus lente, n'étant pas emportée par l'impétuosité de la langue.
Cependant, le Seigneur a dit de ne pas jurer du tout, et il n'a pas fait d'exception en faveur de ceux qui écrivent; mais, comme ce serait un crime d'accuser saint Paul de la violation d'un précepte, surtout dans ces lettres écrites pour sauver les peuples, il faut comprendre ce mot pas du tout, autant que cela vous sera possible, sans affectation, et en prenant garde de ne pas se laisser aller au plaisir de jurer, au lieu de suivre le mouvement du bien.
— S. AUG. — Dans leurs écrits, là où l'attention est le plus sévère, l'on trouve souvent l'Apôtre faisant des serments, afin que personne ne soit porté à entendre ces paroles du Sauveur d'une défense absolue de jurer, même pour la vérité, au lieu de la comprendre dans le sens d'une défense portée à cause de notre fragilité, et pour nous préserver plus sûrement du parjure.
S. JÉR. — Enfin, remarquez que dans ce passage le Sauveur n'a pas défendu de jurer par le nom de Dieu, mais par le ciel et la terre et par votre tête. Les Juifs ont été, dans tous les temps, connus pour cette détestable habitude de jurer par les éléments. Celui qui jure, vénère ou aime ce par quoi il jure, et les Juifs, qui juraient par les anges, par la ville de Jérusalem, et le temple, et les éléments, rendaient à ces créatures l'honneur dû à Dieu; tandis que dans la loi il est ordonné de ne jurer que par le nom du Seigneur notre Dieu.
—S. AUG. — Ou peut-être ces mots: ni par le ciel,ont été ajoutés, parce que les Juifs ne se croyaient pas obligés aux serments lorsqu'ils juraient par les choses. Alors, cela reviendrait à ceci : « Lorsque vous jurez par le ciel et la terre, ne pensez pas que vous pouvez ne pas rapporter à Dieu votre serment, car vous êtes convaincu par là d'avoir juré au nom de celui dont le ciel est le trône et la terre le marche-pied. »
Ces paroles n'expriment pas que Dieu, en s'asseyant, a une partie de son être dans le ciel et l'autre sur la terre, à l'instar de notre manière de nous asseoir; le mot siège de Dieu explique le jugement de Dieu.
Nous trouvons ici cette expression par cette autre raison que le ciel étant la plus belle partie de cet univers, Dieu nous y est montré plus présent par cette beauté supérieure, et il nous est dit fouler la terre aux pieds à cause de cette beauté moindre, qui est celle des choses inférieures. Au sens spirituel, le ciel signifie les âmes saintes et la terre les pécheurs, parce que l'homme spirituel (1) juge toutes choses, et qu'au pécheur il a été dit : « Vous êtes terre, et vous retournerez en terre.» D'ailleurs, celui qui veut rester sous la loi se trouve soumis à la loi, et c'est avec raison qu'il est appelé : l'escabeau de ses pieds.
— SUITE. — « Ni par Jérusalem, parce qu'elle est la ville du grand Roi, »…
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(l) 1 Corinth., 2, v. 15. Il y est ajouté que l'homme spirituel n'est jugé par personne. Il y est dit qu'au contraire l'homme charnel ne perçoit pas ce qui est de l'esprit de Dieu.
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Sermon sur la montagne.SUITE
— SUITE. — « Ni par Jérusalem, parce qu'elle est la ville du grand Roi, » ce qui est mieux que s'il avait dit ma ville, quoique cela revienne au même. Or, comme c'est le Seigneur dont il s'agit, le serment fait au nom de Jérusalem remonte jusqu'au Seigneur.
— SUITE. — « Ne jurez pas non plus par votre tête. » Qu'est-ce que l'on pourrait imaginer qui appartienne davantage à l'homme que sa tête? Mais cependant elle n'est pas à nous, puisque nous ne pouvons ni donner un cheveu noir ni un blanc, ainsi qu'il est dit : « Puisque vous ne pouvez faire ni un cheveu noir ni un cheveu blanc. » — Ainsi remonte aussi à Dieu celui qui jure par sa tête, d'où l'on peut conclure à tout le reste.
S. CHRYS. — Remarquez qu'il élève les choses de la nature, non à cause de leur essence, mais à cause de leurs relations avec Dieu, afin de ne pas donner prise à l'idolâtrie.
— RAB. — Après avoir défendu le serment, il donne la formule qui doit le remplacer ainsi : « Que votre discours soit : Cela est, cela est; non, non; » c'est-à-dire qu'il suffit de dire : cela est, de ce qui est, et: cela n'est pas, de ce qui n'est pas. Peut-être l'affirmation et la négation sont-elles répétées ici deux fois pour nous avertir de confirmer par les œuvres ce que nous aurons affirmé en paroles, et de ne pas attester par nos actions ce que nos paroles auraient nié.
— S. HIL. —Il n'est nul besoin de serment pour ceux qui vivent dans la simplicité de la foi; car avec eux ce qui est est, et ce qui n'est pas n'est pas; et ainsi tout en eux, parole et action, est dans la vérité.
S. JÉR. — La vérité évangélique n'a pas besoin de serment, et toute parole de fidèle (1) en est un.
—S. AUG.— Celui qui comprend que la vérité seule n'est pas une raison de serment, mais qu'il faut qu'il s'y ajoute la nécessité, que celui-là se mette un frein pour n'user de serment que dans le cas de nécessité, c'est-à-dire lorsqu'il verra que les hommes n'admettent quelque chose qu'il leur importe de savoir que si on l'appuie sur un serment.
Que l'on sache donc bien que ce qu'il y a de plus désirable est exprimé par ces mots : « Que votre discours soit tel : cela est, cela est; cela n'est pas, cela n'est pas. Ce qui est au-delà vient du mal, » mots qui veulent dire que la nécessité de jurer vient de la faiblesse de ceux auxquels on s'adresse, faiblesse qui est un mal.
C'est pour cela que le Sauveur ne dit pas : « Ce qui est au-delà est mal, » c'est-à-dire vous faites mal, vous qui vous servez de serment poussé par la nécessité de persuader ainsi à un autre ce qu'il lui importe de savoir, mais cela vient du mal de celui qui par sa faiblesse vous force ainsi à jurer.
— S. CHRYS. — Or, cela vient du mal, c'est-à-dire de l'infirmité de celui à qui la loi a permis de jurer. C'est ainsi que le Christ ne montre pas la loi ancienne venant du diable, mais qu'il nous fait passer de son imperfection (1) à la nouvelle loi plus abondante.
Vous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Et moi je vous dis de ne point résister…
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(1) Il est évident que l'on doit entendre ici le mot fidelis au génitif.
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Sermon sur la montagne.SUITEVous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Et moi je vous dis de ne point résister
au mal que l'on veut vous faire; mais si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore
l'autre. Si quelqu’un veut plaider contre vous pour vous prendre votre robe, quittez-lui encore votre
manteau. Et si quelqu'un vous veut contraindre de faire mille pas avec lui, faites-en encore
deux mille autres. Donnez à celui qui vous demande, et ne rejetez point celui qui veut emprunter de vous.S. Matth., V, 38-42.
LA GLOSE. — Après avoir défendu tout ce qui peut blesser la charité fraternelle, ou le respect dû à Dieu, le Seigneur nous montre quelle doit être notre conduite à l'égard de ceux qui nous ont fait quelque injure. Et c'est ce qu'il dit en ces termes : « Vous savez ce qui a été dit, œil pour œil, dent pour dent » (2).
— S. AUG. — Ceci fut commandé pour réprimer le feu des haines allumées partout et pour arrêter les ardeurs sans mesure. Quel est celui, parmi ceux que nous connaissons, qui s'est contenté d'une réparation semblable à l'injure? Ne voyons-nous pas ceux qui ont été offensés concerter le meurtre, tendre avec soif au sang, et ne pouvoir pas se rassasier dans tous les maux dont ils accablent leurs ennemis? C'est pour donner une juste mesure à la vengeance que la loi créa la peine du talion, qui mesure le châtiment à l'offense.
Ce n'est pas là faire naître la fureur, mais la borner, et cette loi ne fut pas portée pour éveiller la haine endormie, mais pour empêcher de s'étendre trop loin celle qui était en feu. La vengeance qui est marquée ne dépasse pas les droits que l'injure donne à l'offensé. Ce qui est dû peut être redemandé avec justice, quoique ce soit bonté de le remettre; et c'est pourquoi celui qui ne demande qu'une vengeance modérée ne pèche pas, et il n'y a de péché que dans la poursuite d'une réparation inique.
Celui néanmoins qui refuse tout-à-fait la vengeance est celui qui est le moins en danger de péché, et c'est pourquoi il est dit : « Pour moi, je vous dis : Ne résistez pas au mal. » L'on peut traduire ainsi ces paroles : « Il a été dit aux anciens : Ne vous vengez pas injustement; pour moi, je vous dis : Ne vous vengez pas » (ce qui est la loi accomplie), si ces paroles paraissaient être une addition faite à la loi. Mais il est plus naturel de penser que le précepte du Christ n'a d'autre but que de sauvegarder celui de Moïse, c'est-à-dire qu'il recommande de ne pas se venger du tout pour que l'on soit plus certain de ne pas dépasser les bornes de la légitime vengeance.
— S. CHRYS. — Sous le nouveau commandement, celui de la loi ne pourrait pas subsister, puisque ceux qui font du mal aux…
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(2) Ainsi c'est écrit dans l'Ex., 21, v. 24, et insinué dans le Lévitique, 24, v. 20 et au Deut., 19, v.. 21. Cette loi est appelée celle du talion de ce que c'est telle chose rendue pour telle autre. Le Lévitique qui porte cette loi n'en donne pas le nom.
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— S. CHRYS. — Sous le nouveau commandement, celui de la loi ne pourrait pas subsister, puisque ceux qui font du mal aux autres abondant partout, l'on ne pourrait user de cette concession de la loi de les poursuivre sans y perdre sa bonté, tandis que si d'après le précepte du Christ l'on ne résiste pas au mal, chacun reste bon, si avec ce résultat l'on n'a pas atteint celui de les adoucir.
— S. JÉR. — Le Seigneur, en nous enlevant le droit de retour, détruit les principes du péché; dans la loi le péché est amendé, ici la racine est arrachée.
LA GLOSE. — L'on peut dire aussi qu'en ceci le Seigneur a ajouté quelque chose à la justice de l'ancienne loi.
— S. AUG. — La justice des pharisiens, qui consiste à ne pas dépasser la mesure de la vengeance, est une justice inférieure ; c'est là un commencement de paix, mais la perfection est de refuser toute vengeance. Ainsi, entre cet excès qui se trouve au-delà de la loi, et qui consiste à rendre plus de mal que l'on n'en a reçu, et la perfection que le Seigneur commande à ses disciples, et qui consiste à ne pas rendre le moindre mal à ceux qui nous en ont fait, se trouve, au milieu, cette modération de ne rendre que le mal que l'on a reçu, et c'est par ce milieu que le monde est passé d'une discorde suprême à une concorde suprême.
Le premier qui en offense un autre se sépare au loin de la justice; celui qui n'a pas commencé à faire du mal, mais qui en a rendu plus qu'il n'en avait reçu, n'atteint pas tout-à-fait à la même hauteur d'iniquité.
Celui qui ne rend que le mal qu'il a reçu se montre encore généreux envers son ennemi, car celui qui a offensé le premier mériterait un châtiment plus fort que son offense.
Celui qui est venu accomplir la loi a porté à sa perfection cette justice pleine de miséricorde et non de sévérité.
— S. AUG. — Or, il y a ici deux degrés intermédiaires qu'il nous laisse à deviner; car il en est qui rendent mal pour mal, mais un mal moindre, et par ce degré l'on monte jusqu'à celui qui ne rend rien du tout: ce qui paraît peu au Seigneur, à moins que l'on ne soit disposé à en faire davantage. Et c'est pour cela qu'il nous dit, « non pas de ne pas rendre mal pour mal, mais de ne pas résister au mal, » de manière que non-seulement vous ne rendiez pas le mal qui vous aurait été fait, mais qu'encore vous n'empêchiez pas celui qu'un autre voudrait vous faire.
C'est ce qui vient ici sous cette forme: « Si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui aussi la gauche. » Tous ceux qui se sont faits les serviteurs de ceux qu'ils aiment (1) beaucoup, comme des enfants et des frénétiques, savent fort bien que ceci appartient à la véritable affection. Ils en supportent encore davantage lorsque leur bien le demande.
Le Seigneur, le souverain médecin des âmes, commande ici à ceux qui veulent se consacrer au salut des âmes de savoir ainsi supporter leurs infirmités, car toute méchanceté vient de l'infirmité de l'âme, et il n'y a rien de plus innocent que celui qui est d'une vertu parfaite.
S. AUG. —Ce que les saints ont fait sous le Nouveau-Testament nous…
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(1) Auparavant il y avait pravis, mais il est évident qu'il faut parvis, et que ce dont il s'agit ici, c'est de l'amour maternel qui supporte tout des enfants.
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S. AUG. — Ce que les saints ont fait sous le Nouveau-Testament nous sert à comprendre ce que renferment les préceptes des Écritures, comme celui-ci : « Vous avez reçu un soufflet, présentez l'autre joue. » Or, nous ne pouvons pas avoir de meilleur exemple de patience que le Seigneur lui-même, et lorsqu'il eut reçu un soufflet, il ne dit pas: « Voici l'autre joue; » mais : « Si j'ai mal dit, constatez-le; si j'ai bien dit, pourquoi me frappez-vous?» Et par ces paroles il nous montre que c'est dans le cœur que doit se trouver notre disposition à présenter l'autre joue.
— S. AUG. — Le Seigneur se montra disposé non-seulement à présenter l'autre joue pour le salut du monde, mais encore à être crucifié dans tout le corps. L'on peut se demander ce que c'est que cette joue droite. La face est ce qui fait reconnaître un homme, et être frappé sur la face, d'après l'Apôtre, c'est être méprisé et dédaigné.
Mais comme l'on ne peut distinguer la face en droite et en gauche, et que cependant il peut y avoir une double noblesse, l'une selon Dieu et l'autre selon le monde, ce passage veut dire que si c'est son caractère de chrétien qui a été méprisé en quelqu'un, il doit se montrer bien plus disposé à l'être dans les honneurs temporels s'il les possède.
Or, toute offense peut se ranger sous une de ces deux divisions, sous la division de celles qui peuvent être rendues, sous la division de celles qui ne le peuvent pas. Mais pourquoi demanderait-on réparation de ce qui ne peut pas être réparé, ce qui arrive cependant ordinairement? A quoi vous sert-il de rendre un soufflet reçu? La lésion qu'en a soufferte votre corps en est-elle pour cela réparée? Mais c'est l'émotion de l'âme qui exige ces adoucissements.
— S. CHRYS. — Est-ce qu'en le frappant, vous l'avez adouci de manière qu'il ne vous frappe plus? Mais vous l'avez excité à vous frapper encore, car la colère ne calme pas la colère, mais l'irrite de plus en plus.
— S. AUG. — Par là le Seigneur nous apprend à plutôt supporter avec miséricorde l'infirmité d'autrui qu'à…
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— S. AUG. — Par là le Seigneur nous apprend à plutôt supporter avec miséricorde l'infirmité d'autrui qu'à adoucir la sienne propre par la peine de celui qui vous a offensé. Mais sa parole ne défend nullement la vengeance qui a pour but la correction. Elle appartient à la miséricorde et n'empêche nullement dans l'âme la disposition d'en souffrir encore davantage de la part de celui que l'on veut corriger. Elle demande que celui entre les mains duquel l'ordre a remis le pouvoir sévisse, mais avec le cœur d'un père qui ne peut haïr son enfant.
De saints personnages ont plusieurs fois puni de mort certains ennemis pour inspirer aux vivants une crainte salutaire, et de manière que leur mort ne leur fût pas préjudiciable, mais ne le fût qu'à leur péché, qui se fût augmenté s'ils avaient vécu.
C'est ainsi qu'Élie en frappa plusieurs de mort (1); le Seigneur réprouva le même fait dans ses disciples, non pas pour les blâmer d'avoir imité le prophète, mais de l'avoir fait sans intelligence, ayant discerné en eux que cette vengeance venait de la haine et non pas du désir de corriger le mal.
L'on voit de semblables vengeances se reproduire après qu'il a donné son esprit de charité et répandu son esprit dans les âmes; c'est ainsi que par la parole de Pierre furent renversés sans vie Ananie et son épouse (1), et que l'apôtre saint Paul livra un homme à Satan pour la perte de son corps (2).
C'est pourquoi je ne puis comprendre le déchaînement de quelques-uns contre les châtiments corporels que retrace l'Ancien-Testament, et dont ils ignorent entièrement l'esprit et l'intention.
— S. AUG. — Quel est celui dont l'âme est saine et qui oserait dire aux rois : « Cela ne vous regarde nullement qu'un homme veuille être ou sacrilège, ou religieux? » Peut-on leur dire aussi : « Il ne vous appartient nullement de vous occuper aussi si dans votre royaume un tel est un impudique ou un homme de mœurs ? »
Or, il est certain qu'il vaut mieux être poussé vers le culte dû à Dieu par la science que par le châtiment; mais cependant notre expérience nous a prouvé qu'il a été utile à plusieurs d'être forcés par la crainte ou par la peine, et conduits ainsi jusqu'à la science, et emmenés de ce que la science leur avait montré par la parole jusqu'à la perfection des œuvres.
Ceux que l'amour dirige sont les meilleurs, mais c'est le plus grand nombre qui ne va à Dieu que par la correction de la crainte. Que ceux qui ne comprennent pas cela le voient réalisé dans le Christ, soumettant Paul à la force avant de le soumettre à l'enseignement.
S. AUG. — Que le chrétien sache donc que la mesure de vengeance qui lui est indiquée dans ce genre…
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(1) En partie an liv. 3 des Rois, chap. 18, v. 40, où l'on voit le prophète immoler quarante et puis cinquante prêtres de Baal auprès du torrent de Cison; partie au 4e liv., chap. 1, v. 19 , et plus loin où l'on voit faire descendre le feu du ciel sur quarante-deux pour les consumer avec les cinquante gardes qui avaient été envoyés pour le prendre. C'est à quoi Jean et Jacques font allusion sans le nommer (Luc, 9, v. 54} lorsqu'ils demandent que le feu du ciel tombe sur les Samaritains. — (1) Actes, 5. — (2) I, Cor. 5, v.5.
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S. AUG. — Que le chrétien sache donc que la mesure de vengeance qui lui est indiquée dans ce genre d'injure, c'est de ne pas laisser se lever la haine dans son cœur, mais d'y faire naître cette disposition d'en souffrir encore davantage, de manière cependant que s'il a entre les mains l'influence du conseil ou l'autorité du pouvoir, il s'en serve pour la correction.
S. JÉR. — D'après les différentes manières mystiques d'entendre ce passage, l'autre n'indique pas la gauche, car le juste n'a pas de gauche (1), mais l'autre droite. C'est ainsi que si un hérétique veut nous porter un coup dans la discussion et blesser le sens droit d'un dogme, on doit lui en opposer un semblable tiré de l'Écriture.
S. AUG. — Il est un autre genre d'injure que l'on peut réparer en entier par la restitution, et qui se divise en deux classes : l'une regardant l'argent, l'autre les œuvres. C'est de la première des deux dont il est ainsi question : « Et à celui qui voudra vous appeler en justice et vous enlever votre tunique, abandonnez-lui aussi votre manteau. »
Or, ainsi que sous cette forme d'un soufflet reçu sur la joue droite étaient exprimées toutes les injures qui ne peuvent pas être réparées sans vengeance, ainsi sous celle de ce vêtement enlevé sont rangées toutes celles qui peuvent l'être sans vengeance. Ce nouveau précepte doit être compris dans le sens des dispositions du cœur, et non de sa réalisation extérieure (1).
Ce qui est dit ici de la tunique ou du manteau doit l'être de toute propriété temporelle qui est la nôtre à quelque degré que ce soit; et si ce précepte porte sur le nécessaire, à combien plus forte raison sur le superflu ?
Ces mots : « Quiconque veut vous appeler en jugement, » expriment tout ce que la chicane peut nous disputer. Mais doit-on l'entendre des esclaves? C'est là une grande question; car il n'est pas permis à un chrétien de posséder un esclave comme il possède un cheval, quoiqu'il puisse arriver que le cheval soit d'un plus haut prix que l'esclave (2). Or, si l'esclave est mieux entre vos mains qu'entre les mains de celui qui désire vous l'enlever, je ne sais qui pourrait vous conseiller de le lui livrer avec le mépris que vous auriez pour un vêtement.
S. CHRYS. — C'est indigne qu'un fidèle se présente devant le tribunal d'un infidèle. Que si le juge est séculier, et que la foi le place parmi ceux qui vous doivent le respect à cause de votre dignité, il vous jugera par nécessité de position, et vous, vous perdrez la dignité du Christ à cause d'une affaire temporelle. D'ailleurs, toute affaire judiciaire ne fait qu'exciter le cœur et soulever les pensées mauvaises. Si vous vous voyez attaqué par les fraudes et les présents, si vous imitez cet exemple, ce n'est certes pas là ce que vous avez voulu dès le début.
— S. AUG. — Si, le Christ ayant défendu tout débat pour affaires temporelles, l'Apôtre, tout en maintenant sous les peines les plus terribles tout appel au tribunal des infidèles, permet cependant que les causes entre fidèles soient jugées entre eux, c'est qu'il donnait cette permission à leur faiblesse.
S. GRÉG…
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(1) La gauche qui exprime le mal sous tontes ses formes (Prov., 4, v. 27. Eccl., 10, v. 2. Matth., 6, v. 3). C'est pour cela que les réprouvés seront placés à la gauche. — (1] Cette partie de la citation est prise, non du chap. 39, mais du 36, et le texte ne la présente pas dans le même ordre. — (2) Il est évident qu’il s'agit ici du prix de vente, et non du prix réel.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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