HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER

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HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER - Page 13 Empty Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER

Message  Monique Ven 25 Nov 2022, 8:39 am

Don Joam Soarez ne fut pas plus heureux cette fois qu'il ne l'avait été la première :

Votre Père de Xavier, vociféra le gouverneur, est un ambitieux hypocrite ! c'est l'ami des pécheurs et des publicains !... Dites-lui que je me moque de lui et de ses censures, et laissez-moi tranquille ! retirez-vous ! Le grand vicaire n'avait jamais vu tant d'impiété. Il dut, d'après la volonté du légat, en venir à l'extrémité : il excommunia celui qui venait de se moquer ainsi du vicaire de Jésus-Christ, de mépriser ses ordres et de braver ses plus redoutables menaces.

François de Xavier était venu dans les Indes altéré de souffrances, brûlé du désir de mériter la couronne du martyre dans ce pénible apostolat, et il gémissait chaque jour devant Dieu, depuis dix ans qu'il travaillait à sa gloire, au milieu des païens et des infidèles, d'être jugé indigne de mourir pour la foi qu'il prêchait. Ses lettres témoignent souvent de ce vif et profond regret. Dieu lui réservait un genre de martyre mille fois plus douloureux et plus amer pour la nature qu'il n'eut osé l'espérer dans sa profonde humilité.

Don Alvare s'empare du vaisseau la Santa-Cruz; il en donne le commandement à Luiz d'Almeida, à qui il impose vingt-cinq matelots qui ont reçu ses instructions, ses promesses, et ses menaces, et il annonce que la Santa-Cruz va partir pour l'île de Sancian et qu'il l'envoie trafiquer pour son propre compte.

Le zèle de l'ardent apôtre se prend aussitôt à cette amorce. Sancian est si près de la Chine !

Je partirai sur la Santa-Cruz, dit-il à don Joam Soarez; Dieu me donnera, j'espère, le moyen de pénétrer dans un port chinois, et si je suis arrêté, eh bien je prêcherai la vérité aux prisonniers avec lesquels je serai enfermé ! Je leur enseignerai la loi de Jésus-Christ et ils pourront la faire connaître à d'autres. Je partirai !


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Message  Monique Sam 26 Nov 2022, 7:05 am

Diogo de Pereira était forcé de se tenir caché à Malacca pour éviter les effets de la violente haine du gouverneur, qui déjà l'avait ruiné en s'appropriant la Santa-Cruz et les richesses dont elle était chargée. Le cur de Xavier saignait de douleur à la pensée de la ruine entière de la famille de son ami.

 
« Dieu m'est témoin, lui écrivait-il, de l'intention qui me dirigeait à votre égard; si elle n’eut été pure et droite, je mourrais de chagrin ! Je vais m'embarquer, j'attendrai à bord l'heure du départ, afin de ne pas voir votre famille dont la ruine me déchire ... Que Dieu pardonne à l'auteur de tant de malheurs! ... Je ne vous demande qu'une chose, c'est de ne pas venir me voir; votre présence m'écraserait. Et pourtant j'espère que ce désastre tournera à votre avantage, car je ne doute pas que le roi ne fasse tout ce que je lui demande pour vous, et ne vous dédommage généreusement de tous les sacrifices que vous avez faits à la cause de Jésus-Christ. J'ai fait faire mes derniers adieux au gouverneur. Que Dieu pardonne à cet homme ! mais son sort est à plaindre. Hélas ! il sera puni plus sévèrement qu'il ne pense.... »

 
Avec cette cuisante douleur au cœur, avec celle que lui causait l'état spirituel de don Alvare, avec le chagrin qu'il éprouvait de voir tous ses projets traversés par l 'enfer, le grand Xavier traite les affaires de la Compagnie Pomme s'il unissait du plus grand calme, de la plus parfaite liberté d'esprit. Il écrit plusieurs lettres à Goa, il s'occupe des différentes missions, il donne des avis spirituels à ses frères, et, qu'on nous permette ce détail pour donner une idée des soins qu'il apportait à toutes choses, après avoir donné des conseils au Père Barzée, sur la manière de convertir les monnaies des Indes pour les faire passer au Japon, il lui recommande d'envoyer du drap de Portugal aux Pères qui habitent ce pays où le froid est très-rigoureux.


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Message  Monique Dim 27 Nov 2022, 7:46 am

La Santa-Cruz allait mettre à la voile. François de Xavier se retira dès le matin dans l'église de Notre-Dame du Mont et s'y oublia; il était encore en oraison lorsqu'on alla l'avertir, vers le soir, que le moment de lever l'ancre était arrivé. Don Joam Soarez, l'accompagnant jusqu'au navire, lui demanda s'il ne ferait pas ses adieux au gouverneur :

            Les faibles pourraient se scandaliser, mon Père, lui dit-il, et y voir du ressentiment de votre part.

            Don Alvare ne me verra plus en cette vie senhor ! Je l'attendrai au jugement de Dieu !
lui répondit Xavier.

Puis, s'arrêtant devant l'église voisine du port, il lève les yeux vers le ciel, il prie à haute voix pour le salut de don Alvare d'Ataide, avec un accent qui tient de l'inspiration. Mais bientôt il cesse de parler, il se prosterne le front dans la poussière et demeure ainsi quelques instants dans le silence; quand il se relève, son visage est animé, ses yeux lancent des éclairs, il semble dominé par l'esprit de la justice divine... Il ôte ses sandales, les frappe l'une contre l'autre, les secoue contre une pierre, et s'écrie, toujours avec la même animation :

Je n'emporterai point la poussière de cette ville coupable ! La colère de Dieu plane sur elle ! Celui qui la gouverne, don Alvare d'Ataïde, sera saisi, emprisonné, dépouillé, tous ses biens seront confisqués... Il portera dès ce monde la peine méritée par ses crimes ! »

La foule qui s'était portée autour du Saint Père, pour assister à son départ, resta muette d'étonnement et d'affliction, en entendant les paroles prophétiques de l'illustre Xavier. Des larmes silencieuses furent le seul adieu de ce peuple désolé à son apôtre chéri, si indignement traité par le gouverneur d'une ville où il avait fait tant de bien !... et qu'il quittait pour toujours (1) ! ....

 

1 Les historiens de saint François de Xavier n'indiquent pas la date de son départ; mais la dernière lettre écrite à Malacca par le saint apôtre étant datée du 16 juillet, et la première qu'il écrivit de la baie de Singapour étant sous la date du 28, on doit placer son départ de Malacca à bord de la Santa-Cruz du 16 au 20 juillet 1552.


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Message  Monique Lun 28 Nov 2022, 6:57 am

IV

 
SAINT FRANÇOIS DE XAVIER AU PÈRE GASPARD BARZÉE, VICE-PROVINCIAL DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS À GOA.
 

De la baie de Singapour, 20 juillet 1552.

 

« MON TRÈS-CHER FRÈRE,

 

« Que la grâce et l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous ! Ainsi soit-il.

« Vous ne vous ferez jamais une idée des inquiétudes que je viens d'éprouver à Malacca ! Je n'ai pu vous les mander moi-même, j'ai laissé ce soin à Francisco Perez; quelque incroyable que soit son récit, il est cependant vrai. Je pars pour les îles de la Chine, voisines de la ville de Canton ; je pars dénué de tout secours humain, mais plein de confiance dans la protection divine. J'espère que les idolâtres me fraieront eux-mêmes le chemin, puisque les chrétiens me l'ont fermé en bravant audacieusement les censures de l'Eglise et la colère du ciel.

«Tenez la main à ce que le senhor évêque envoie à son vicaire général un décret d'excommunication; il doit être lancé nommément contre le gouverneur de Malacca et ses fauteurs, qui ont traversé un projet si utile à la religion. Je désire que ce décret fasse mention de ma qualité de légat apostolique dans les Indes et dans tous les états de l'Orient, qualité qui me fut conférée par Paul III, de glorieuse mémoire, par des brefs dont le senhor évêque a eu connaissance. Je n'agis ainsi que dans l'intérêt de la propagation de l'Evangile, afin que les efforts de ses prédicateurs ne trouvent plus d'obstacle dans la perversité des fonctionnaires publics. Je suis bien loin de solliciter un tel acte de l'autorité ecclésiastique, contre qui que ce soit, dans mon intérêt personnel; mais j'emploierai tous les moyens pour faire considérer partout, comme membres retranchés de l'Eglise, ceux qu'auront frappés les décrets des Saints Pères. Quel que soit leur malheur, je ne souffrirai jamais qu'on use avec eux de tempérament, afin que, rentrant en eux-mêmes, ils cherchent un remède à leurs maux et qu'à l'avenir ils n'aient plus la témérité d'arrêter dans leur course ceux de nos Frères qui, dans l'intérêt de la religion, se rendront aux Moluques, en Chine, ou au Japon. Ne négligez donc rien pour que ce décret arrive le plus tôt possible.

« Des quatre compagnons qui m'ont suivi, j'en ai fait partir trois pour le Japon: Baltazar Gago, Edouard Sylva, Joam d'Alcaceva. La saison était encore favorable, ils se sont embarqués sur un bon navire, Dieu veuille qu'ils arrivent en bonne santé à Amanguchi,où ils trouveront Côme de Torrez et Juan Fernandez. Je n'ai gardé avec moi que Christophe et Antonio le Chinois; tous deux sont très-malades, soit de leurs propres ennuis, soit des miens... Dieu soit loué de tout ! ... »


A suivre..
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Message  Monique Mar 29 Nov 2022, 7:27 am

La Santa-Cruz s'était arrêtée à Singapour (1) et y passa quelques jours, dont notre saint profita pour écrire plusieurs lettres, parmi lesquelles nous en trou vous une adressée à un néophyte Japonais, pauvre, ignorant et sans éducation; elle est terminée par cette affectueuse parole : Tu es l'ami de mon cœur. La suscription porte : A mon fils Juan; sur le revers : Juan, mon fils, Joam Bravo te lira cette lettre. Pendant cette relâche, il écrivit aussi à son ami de Pereira pour le consoler et l'encourager; il lui envoya ses lettres pour le vice-roi et pour Jean III, cette dernière sous cachet volant, afin que Pereira pût en prendre connaissance et juger par lui-même de l'intérêt avec lequel sa cause était plaidée. Le saint recommande à son ami d'envoyer sa lettre au roi par une personne sûre, puis il ajoute :

« Mais ce que je vous recommande par-dessus tout, c'est de vous jeter dans les bras de Dieu et d'avoir en lui une confiance d'autant plus intime que vos maux sont plus grands. Là seulement vous trouverez les consolations à vos malheurs et la force de les supporter. Je vous en conjure par tout votre amour pour Dieu,par toute l'affection que vous avez pour moi, allez au tribunal de la pénitence, approchez-vous de la Table sainte, déposez aux pieds de la Croix tous vos ressentiments, faites-en le sacrifice à la volonté divine, et arrivez à retarder comme un bien pour vous, tous les évènements que Dieu a permis. Espérez avec moi que cette tempête n'est que momentanée et que, loin de vous nuire, elle tournera à votre avantage et à votre honneur.

 « Je retiens Francisco de Villa,et je le mène en Chine avec moi, non-seulement parée que ses services me sont grandement utiles, mais encore parce que personne n'est plus capable de soigner vos intérêts durant le voyage et de seconder votre mandataire, Thomas Scandelho.

« ...... Il me semble que vous feriez bien d'adresser vous-même au roi un mémoire détaillé sur les avantages probables d'un commerce établi entre la Chine et le Portugal, au moyen d'un comptoir que les ministres du roi tâcheraient d'obtenir à Canton. Je voudrais que vous fissiez remettre un mémoire semblable au vice-roi des Indes, car j'écris de mon côté à Son Altesse sur le même sujet. Joignez votre mémoire à ma lettre, sous le même couvert, avec cette suscription . Au roi notre senhor, de la part du Père maître Francisco. Mais ne confiez ce paquet, qui doit être remis au roi en personne, qu'à un homme d'une fidélité éprouvée, et d'une autorité et d'un mérite reconnus. . . . . . . . . . .


« Le vicaire général de Malacca m'a prié d'écrire pour lui à Son Altesse; je me rends à ses désirs, bien quil n'ait rien fait de ce qu'il pouvait faire dans l'intérêt de notre ambassade en Chine, ou plutôt dans l'intérêt de la religion qu'il a sacrifié à la faveur de don Alvare... Celui-là se trompe grossièrement qui met de côté Dieu, Vauteur, la source de tout bien, pour placer ses espérances dans les hommes !... Quant à moi, je me venge de ceux dont j'ai à me plaindre, en leur rendant tous les services dont je suis capable. Dieu saura bien leur infliger la punition qu'ils méritent et vous-même, mon cher ami, vous serez témoin des châtiments que la justice divine leur réserve. J'ai pitié d'eux, je vous l'avoue; je crains que les malheurs qui les menacent ne leur paraissent un jour trop rigoureux.



1 Le R. P. Boubours ne mentionne pas cette relâche mais elle est prouvée par les lettres du saint apôtre.



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Message  Monique Mer 30 Nov 2022, 6:44 am

Le capitaine de la Santa-Cruz remit à la voile le 23 juillet. Le personnel du bâtiment se composait de cinq cents hommes, en y comprenant les passagers. La navigation fut heureuse pendant plusieurs jours; on espérait arriver ainsi, toujours poussé par un bon vent, lorsque, bien près du terme de ce long voyage, il se fait subitement un calme plat qui semble avoir ancré le vaisseau. Ce calme se prolongeant plusieurs jours, on était menacé de manquer de vivres, d'eau surtout, qu'on commençait à refuser au-delà d'une certaine mesure fixée pour chacun; mais quelle que fût l'économie de cette distribution, le calme durant toujours, l'eau manqua totalement, les malades étaient nombreux, et le vent ne revenait pas. Les hommes mouraient, on les jetait à la mer, et puis on attendait son tour, car chacun se sentait mourir dévoré par la soif plus cruelle encore que la faim. La chaloupe avait été envoyée à la découverte d'une île où on pût faire de l'eau... Le sixième jour elle n'était pas de retour ! Elle arrive enfin le septième. Chacun se traîne au bord, espérant apercevoir un signe de succès avant l'abordage.... Elle n'apportait rien ! Elle avait été en vue de Formose, mais on n'avait pu y arriver; tout espoir était donc perdu !... On était en panne depuis quatorze jours. Un des passagers propose à ses compagnons d'infortune de supplier le Père Francisco d'obtenir de Dieu un peu d'eau pour les empêcher de mourir...

Oui ! oui ! répondent-ils tous à la fois, le cœur plein d'espérance ; oui ! le saint Père nous sauvera ! Nous aurions dû le lui demander plus tôt ! Allons-y tous !

Et ces pauvres malades recourent à François de Xavier :

Saint Père Francisco ! ayez pitié de nous ! Vous pouvez nous donner de l'eau ! Demandez-en à Dieu, il ne vous refusera pas !

Eh bien ! répondit-il, récitons ensemble les litanies des saints, afin qu'ils nous obtiennent ce que nous désirons.


Quand cette prière fut achevée .

Allez, leur dit-il; ayez confiance dans les mérites de Jésus-Christ, par lesquels on peut tout obtenir. De son côté, il se retire pendant quelques instants; puis, venant sur le pont, il prend un enfant, descend avec lui dans la chaloupe, et lui ordonne de goûter l'eau de la mer. L'enfant la goûte et la rejette :

Quel goût a cette eau, mon enfant? demande notre saint; est-elle douce ou salée ?

Mon Père, elle est si salée que je ne puis la boire.

Goûtez-la de nouveau, mon cher enfant.

Oh ! comme elle est bonne ! Elle n'est plus salée, mon Père !


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Message  Monique Jeu 01 Déc 2022, 7:32 am

Xavier fit aussitôt approvisionner le bâtiment, et chacun, pressé par l'ardeur de la soif, s'empressait de faire remplir les vases. Le premier qui porte l'eau à ses lèvres lui trouve un goût salé; le saint fait le signe de la croix sur le vase, l'eau devient excellente au même instant. Jamais, disaient les marins, ils n'avaient trouvé nulle part une eau si agréable au goût. Les Arabes mahométans, passagers de la Santa-Cruz, éclairés par ce prodige, demandent le baptême; un seul fait exception, bien qu'il soit également convaincu: il ne pourrait se résoudre à s'avouer chrétien dans sa patrie, et demeure infidèle. Peu de jours après, son fils, son unique enfant, âgé de cinq ans, jouant trop près du bord, tombe à la mer, et nul effort humain ne peut le sauver. Le père s'enferme durant trois jours avec son désespoir, et reparaît ensuite, mais toujours inconsolable. Les maladies occasionnées par le manque d'eau avaient enlevé tant de monde, que, marins et passagers, occupés de leurs regrets personnels, s'étaient peu arrêtés à cet accident.

Les Arabes, d'ailleurs, ne communiquaient pas avec les Portugais et les Indiens, dont la plupart ignoraient la perte de l'enfant. Le saint apôtre, retiré dans une chambre au moment de ce malheur, l'ignorait aussi, et voyant le pauvre infidèle tout en larmes, il lui demande, avec sa bonté ordinaire, le sujet d'une si grande douleur. Le malheureux père éclate en sanglots:

C'est, répond un matelot, qu'il a perdu son enfant l'autre jour; il est tombé à la mer.

Le désespoir de l'Arabe semble redoubler alors, ses cris pénètrent le cœur de François de Xavier, qui prend affectueusement la main du pauvre père et lui demande de sa plus douce voix:

Me promettez-vous de croire en Jésus-Christ et de vous soumettre à sa loi, s'il vous rend votre fils?

Oh ! oui, je le promets ! Oui ! je serai chrétien... Mais il y a trois jours !... C'est impossible !.... Nous avons fait tant de chemin depuis !... Il est bien loin ! mon pauvre enfant...

Ayez confiance en Dieu et en Jésus-Christ son Fils, reprit notre saint; demandez-lui de vous rendre votre enfant, et promettez-lui de reconnaître sa loi et de l'embrasser de tout votre cœur.


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Message  Monique Ven 02 Déc 2022, 8:41 am

Trois jours après, le soleil n'était pas encore levé, les marins de service étaient seuls sur le tillac... ils jettent un cri de surprise ... L'enfant de l'Arabe, cet enfant qu'ils ont vu disparaître dans les flots six jours auparavant, il est là, à quelques pas !... C'est bien lui !... ils l'interrogent, l'enfant ne sait rien: il se souvient qu'il est tombé à la mer, il se retrouve sur le bâtiment, il ignore comment il y est venu, c'est tout ce qu'il peut dire. Le père, ivre de joie et fidèle à sa promesse, demande le baptême pour lui, pour sa femme, son fils et son esclave; l'enfant reçut le nom de Francisco, en souvenir de celui à qui il devait la vie.

Bientôt on mouille à l'île Cinchea, l'équipage parle aux insulaires et aux marchands étrangers qui y étaient en grand nombre, des deux grands miracles opérés en quelques jours par l'apôtre des Indes; il montre l'enfant ressuscité et l'eau de la mer devenue si douce et si agréable qu'on n'en connaissait pas de comparable; on ajoute que plusieurs marins et passagers en conservent en mémoire du prodige dont ils ont été les heureux témoins, et aussi, par l'espoir qu'elle guérira les malades, puisque, dans les Indes, on a vu des guérisons merveilleuses opérées par des objets que le saint Père avait touchés. Tous les habitants de Cinchea se portent en foule au rivage pour apercevoir au moins le saint dont on leur disait de si étonnantes choses; plus de soixante mahométans, Indiens et Ethiopiens, afin de le voir de plus près, montent sur la Santa-Cruz que notre saint n'avait pas quittée; ils le trouvent sur le pont.

François de Xavier, saisi de l'esprit divin, les accueille avec le regard inspiré qui subjuguait les masses, et leur annonce les vérités chrétiennes avec une puissance de parole qui les fait tomber à ses pieds en sollicitant la grâce du baptême. Le grand apôtre, touché de leurs instances et de la vivacité de leur foi, la leur accorde sans délai.... Alors un prodige nouveau, un prodige inouï, fixe l'admiration des innombrables témoins rassemblés sur le rivage. Pendant que l'illustre Xavier donne à Jésus-Christ la conquête qu'il vient de faire en son nom; pendant qu'il imprime le sceau du christianisme sur les fronts qui s'abaissent devant lui, sa taille s'élève à des proportions surhumaines ! Les hommes qui l'entourent ne paraissent plus que des enfants près de lui ! On crie au miracle sur le rivage; on s'agenouille sur le pont du bâtiment; on croit à peine ce qu'on voit. Etienne Ventura, resté au milieu de la foule, s'en détache et monte sur la Santa-Cruz... Le saint apôtre touchait des pieds le pont du navire, sa prodigieuse élévation avait une cause surnaturelle, il n'en pouvait douter. Après la cérémonie du baptême, François de Xavier reparut à tous les yeux dans ses proportions naturelles, sans que nul, parmi les nombreux témoins qui se trouvaient sur le pont, put saisir le moment du changement, de manière à dire comment il s'était fait. On l'avait vu plus grand qu'aucun géant pendant qu'il baptisait et on l'avait vu n'ayant que sa taille après le baptême, c'était tout ce qu'on pouvait affirmer. Dieu venait de témoigner ainsi combien était grand, devant lui, l'apôtre qu'il s'était choisi pour porter son nom jusqu'aux extrémités de l'Orient.


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Message  Monique Sam 03 Déc 2022, 6:25 am

On avait quitté Cinchea, on voguait vers Sancian dont on savait n'être pas éloigné, mais on crut un instant s'être trompé de direction; le capitaine envoya la chaloupe reconnaître la côte qu'on avait en vue : trois jours se passèrent sans voir revenir l'embarcation, on la croyait enlevée par le typhon et brisée contre un écueil :

Soyez tranquille, disait le saint Père de Xavier, la chaloupe est en bon état, elle va revenir vous apportant des provisions de l'île de Sancian, de la part des Portugais; et plusieurs des bâtiments qui y sont en rade vont même venir au-devant de nous.

La chaloupe revint le quatrième jour, chargée par les Portugais de provisions de bouche, et plusieurs bâtiments vinrent à la rencontre de la Santa-Cruz qui portait le Père chéri de tous les Portugais de l'Orient.


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Message  Monique Dim 04 Déc 2022, 7:43 am

V

 
SAINT FRANÇOIS DE XAVIER AU PÈRE FRANÇOIS PEREZ5



 

Du port de Sancian, 22 octobre 1532.

 

« MON TRÈS-CHER FRÈRE

 

« Que la grâce et l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous ! Ainsi soit-il.

« Avec l'aide de Dieu, nous voici arrivés à Sancian (1), éloignés de Canton de cent vingt mille pas environ. Je me suis fait construire à terre un cabane où, tous les jours, j'ai célébré les saints mystères jusqu'au moment où j'ai été assailli par une maladie qui a duré quinze jours entiers. Grâce à Dieu je reprends mes forces, et ma convalescence est en bon train. Je travaille, je confesse, je termine des différends, j'apaise des querelles qui surviennent entre les gens des équipages, je m'occupe de tout ce qui peut tourner à la gloire de Dieu.

«Le commerce attire dans ce port beaucoup de marchands chinois de Canton. Nos Portugais se sont empressés de chercher parmi eux quelqu'un qui voulût se charger de m'introduire dans cette ville, mais personne n'a voulu d'abord entendre à aucune proposition :

 
Il y va, disent-ils, de la vie et de la fortune de celui qui ferait une telle tentative, si le mandarin, gouverneur de la ville, venait à le découvrir. Cependant nos Portugais ont fini par trouver un marchand de Canton, qui paraît très-honnête, et avec lequel je suis convenu de deux cents pièces d'or, dont je lui donnerai la valeur en poivre. A ce prix il s'est engagé à me transporter dans une petite barque où il n'y aura que ses enfants et ceux de quelques esclaves, afin que si le mandarin venait à me savoir dans la ville, il ne pût découvrir par qui et comment nous y avons été introduits. Il s'est de plus engagé à nous garder chez lui, moi et mes compagnons, pendant trois ou quatre jours, avec mes livres et notre. petit bagage; il me conduira ensuite, de grand matin, à la porte de la ville, sur le chemin qui va droit à la demeure du mandarin. Alors j'irai trouver ce gouverneur, je lui dirai que je suis venu dans le but de faire connaître la loi divine à l'empereur de la Chine, et je lui présenterai les lettres du senhor évêque de Goa. Tous les marchands chinois nous voient avec plaisir, et seraient charmés, disent-ils, du succès de notre plan.

« Je n'ignore pas les dangers que je cours; les Chinois me les ont fait connaître. Le premier, c'est que le marchand qui traitera avec nous, après avoir reçu le prix convenu, ne nous jette dans une île déserte, ou même dans la mer, pour se soustraire à toute recherche; le second, c'est que le mandarin ne sévisse contre nous et ne nous envoie dans les cachots ou au supplice ; car il y a peine de mort contre tout étranger qui met le pied sur le sol de l'empire, sans y être autorisé. Il y a bien encore d'autres dangers personnels beaucoup plus graves et qu'il serait trop long d'énumérer; je veux pourtant vous en dire quelques mots.

« Entre ces derniers, le principal est celui de perdre la confiance en Dieu. Or, comme c'est Dieu même qui nous a inspiré le désir de ce voyage; comme nous ne l'avons entrepris que- pour faire sa volonté, pour porter le nom de Jésus-Christ au milieu de cette nation païenne; comme nous n'avons d'autre but que d'étendre l'empire de sa Croix : le plus grand, le plus imminent de tous les dangers serait de douter de sa protection et de son secours. Tout l'enfer conjuré ne peut rien contre nous sans la permission de Dieu, seul tout-puissant; s'il est pour nous, les obstacles s'aplaniront. Voilà pourquoi nous voulons être fidèles à cette parole de Jésus-Christ: Celui qui aime son âme en ce monde la perdra; celui qui la perdra pour moi, la trouvera ...

« J'attends de jour en jour le marchand dont je vous ai parlé, Dieu veuille que je ne sois pas trompé dans mes espérances !...

« ..... Que le Seigneur notre Dieu nous prête son secours et sa lumière, afin que nous puissions entrer un jour dans sa gloire !

 

« Votre frère le moindre en Jésus-Christ,


 

« FRANÇOIS. »


1 Il y était arrivé dans les premiers jours de septembre.



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Message  Monique Lun 05 Déc 2022, 8:46 am

Il n'était pas permis aux Portugais que leur négoce appelait à l'île de Sancian, d'y bâtir des abris durables; il leur était défendu d'y habiter ailleurs que dans des cabanes qu'ils construisaient avec des planches, des nattes et des branches d'arbres, sur le rivage de la mer. Ce fut un abri de ce genre qu'on éleva pour l'héroïque .apôtre de l'Orient, afin qu'il pût y célébrer les saints mystères; quant à lui, personnellement, il se contenta de partager la cabane d'un marchand, et ce fut ainsi qu'il vécut pendant près de trois mois.

Parmi les Portugais qui étaient alors à Sancian, nous retrouvons Pedro Veilho qui, revenant du Japon à Malacca sur le San-Miguel, avait été témoin des grands miracles opérés par Xavier durant cette traversée. Pedro Veilho avait une fortune considérable; notre saint ne l'ignorait pas et recourait souvent à sa bourse pour les pauvres que lui-même ne pouvait secourir.

Un jour, le Père de Xavier qui, il vient de nous le dire, s'occupait de tout ce qui pouvait tourner à la gloire de Dieu, cherchait Pedro de cabane en cabane; il finit par le trouver jouant avec un de ses amis et perdant plus qu'il n'aurait voulu :

Senhor Pedro, lui dit-il, je vous cherchais pour vous demander de l'argent...

Vous prenez bien votre temps, Père Francisco ! voyez ce que j'ai perdu!

J'ai une pauvre orpheline à marier, il me faut une petite dot; j'ai compté sur vous pour la sauver du danger qu'elle court. Voyons, donnez-moi une bonne somme ! Vous avez de l'argent à la main....

Pas du tout, saint Père, vous n'aurez rien de ce qui est là.

Bien vrai, cher Pedro?

Si vrai, mon Père, que voilà la clef de ma caisse, et que je vous prie d'y aller prendre tout, si vous voulez, à condition que vous ne toucherez pas à ce qui est là.


Le saint Père, emportant la clef, se retire après cette plaisanterie de Pedro, et va puiser dans sa caisse contenant quarante-cinq mille écus d'or.


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HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER - Page 13 Empty Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER

Message  Monique Mar 06 Déc 2022, 7:17 am

Quelques jours après, Pedro Veilho, faisant ses comptes, trouve intacte la somme de quarante-cinq mille écus. Peiné de cette discrétion de Xavier :

Comment ! mon saint Père, lui dit-il, vous n'avez donc pas pris au sérieux l'offre que je vous ai faite dernièrement pour marier l'orpheline que vous me recommandiez ?

Si, senhor, j'ai pris suffisamment

Vous n'avez rien pris du tout, mon Père, et j'en suis affligé...

Je vous assure, senhor Pedro, que j'ai pris dans votre caisse trois cents écus d'or, qui vous seront bien comptés un jour, car ils sont bien employés.

Mon Père, je viens de faire mes comptes : ma caisse renfermait quarante -cinq mille écus lorsque je vous en donnai la clef; ils y sont encore. Dieu vous le pardonne ! Père Francisco, mais j'avais bien espéré que vous en prendriez la moitié.

François de Xavier, subitement éclairé, vit le miracle qu'il avait ignoré, et prononça ces paroles prophétiques :

Pedro, l'intention que vous aviez a été agréable à Celui qui scrute les cœurs et en pèse les mouvements. Il vous en tiendra compte et vous rendra un jour au centuple ce que vous n'avez pas donné. Je vous promets de sa part que les biens temporels ne vous manqueront jamais, et que s'il vous arrive de fâcheux accidents de commerce, vos amis s'efforceront de vous aider à les réparer. Je vous annonce, de plus, que vous serez averti du jour de votre mort.

Mon, Père, toutes vos paroles sont pour moi celles de Dieu; mais permettez-moi de vous demander comment je serai prévenu du moment de ma mort, quel sera le signe certain.

Quand vous trouverez le vin amer, préparez-vous, car vous n'aurez plus qu'un jour à vivre.


Nous verrons plus loin si cette prédiction reçut son accomplissement.

Quelques jours après, Manoël Oliveira accourait auprès du Père de Xavier, avec quelques autres Portugais :

Mon Père, quel malheur ! Le San-Vincente est enlevé par le typhon. Nous venons de l'apercevoir; il allait de Macao au Japon, nous sommes toits intéressés dans son chargement, c'est une perte immense pour nous tous. Priez Dieu de nous le conserver, mon bon Père !

L'apôtre pria quelques instants et dit ensuite aux intéressés du San-Vincente

Il n'y a rien à craindre pour vos richesses : le San-Vincente a été enlevé, il est vrai, mais la force qui l'a enlevé l'a porté au port où il devait aborder, il n'a reçu aucune avarie.


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Message  Monique Mer 07 Déc 2022, 7:45 am

Les Portugais savaient la valeur des paroles, de leur saint Père; ils furent rassurés et attendirent le retour de leur vaisseau qui, du Japon où ils ne devaient s'arrêter que très peu de jours, devait venir à Sancian une date à peu près, fixe. Cependant, le San-Vincente n'arriva pas au temps voulu :
 
 
      Mon Père, notre vaisseau devait être de retour, d'après votre parole, dit Manoël un saint apôtre; peut-être est-il perdu? Quel malheur ce serait !
 
 
      Vous manquez de foi, Manoël, lui répondit Xavier. Je vous ai promis le retour dit San-Vincente sans avarie, soyez sûr que vous le reverrez avant la fin de la semaine. Il est en mer, et en très-bon état.
 
 
     Dieu vous entende, mon Père !
 
 
Deux jours après, le navire arrivait au port de Sancian, dans le meilleur état, et n'ayant éprouvé aucun accident fâcheux, malgré la violence du typhon qu'il avait essuyé.



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Message  Monique Jeu 08 Déc 2022, 7:38 am

L'île de Sancian était souvent inquiétée par des animaux féroces qui dévoraient ses produits, dévastaient la campagne et attaquaient les habitants; plusieurs fois même des enfants avaient été enlevés et dévorés par ces terribles hôtes des forêts. On s'en plaignit à celui qui semblait disposer de la puissance divine; on le supplia d'écarter ce fléau de chaque jour. Une nuit, le saint Père entend le rugissement des tigres affamés près de sa cabane; il sort, va droit à ces redoutables animaux, fait sur eux une aspersion d'eau bénite et leur ordonne,  au nom de Jésus, de se retirer et de ne plus reparaître. Dociles à cette puissante voix, ou plutôt forcés de lui obéir, ils se retirent et ne reparaissent plus.
 

Cependant tout était prêt pour l'exécution de la périlleuse entreprise que son zèle lui avait inspirée. Le marchand chinois qui s'était chargé de le poser sur le territoire de Canton n'attendait que ses ordres; celui qui devait lui servir d'interprète venait de retirer sa parole; mais, bien qu'Antonio de Sainte-Foi, élevé au collège de Goa, eût oublié sa langue maternelle, François de Xavier comptait sur le faible souvenir qui lui en restait; d'ailleurs, Dieu ne lui avait-il pas fait comprendre les Chinois qui étaient venus l'écouter sur la place publique à Amanguchi, et n'avait-il pas permis qu'il en fût compris également? Si, maintenant, il a plu à la divine Providence de le priver de l'interprète qu'il avait cru devoir retenir, elle saura bien y suppléer par d'autres ressources, qu'elle seule connaît et don elle peut disposer à son gré. Dans cette confiance, le grand Xavier va prendre congé du capitaine général:
 

 

        Mon très-cher Père, lui dit le capitaine, je vous supplie d'attendre que tous les navires portugais soient partis. Si vous êtes arrêté à Canton, par le seul motif de votre entrée sur un sol interdit aux étrangers, nous serons soupçonnés d'avoir facilité vos projets, et les mandarins se saisiront de nous, de nos vaisseaux et des marchandises aussi bien que de l'argent qu'ils renferment. Ce serait la raine et le deuil de toutes nos familles.
 

            J'attendrai bien volontiers, senhor capitaine, répondit doucement le bon Père; Dieu veuille me préserver d'occasionner jamais de si grands malheurs ! Je ne tenterai de passer en Chine qu'après le départ de tous vos navires, vous pouvez y compter.
 
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Message  Monique Ven 09 Déc 2022, 7:23 am

Notre saint, pour satisfaire autant qu'il le pouvait, tous les Portugais campés à Sancian, avait accepté de partager la cabane de plusieurs d'entre eux, à tour de rôle, car chacun aurait voulu l'avoir près de lui. Un jour, il va dire la messe sans avoir aperçu Diego Vaëz, Espagnol, chez lequel il demeurait en ce moment. Après sa messe il porte ses regards sur l'assistance et demande à haute voix :

 
Où est mon hôte?

 

Saint Père, lui répond un de ses amis, il est parti sans prévenir personne.

 

Hélas ! reprit le saint Père d'un air inspiré qui impressionna vivement les auditeurs, hélas ! qu'est-ce donc qui le presse? où l'emporte son triste sort? Il eût mieux fait d'attendre la jonque chinoise qu'il a achetée.

 

On apprit bientôt après que Diego Vaëz, arrivé devant Malacca avait pris terre; qu'il était entré dans une forêt pour y chercher du bois propre à radouber son navire, et qu'il avait été tué d'un coup de bâche par des voleurs indiens. Le saint avait compté sur son vaisseau pour se rendre à Siam, dans le cas où il n'aurait pu pénétrer sur le sol chinois.

 

1 Le P. Bouhours le nomme Capoceca; ce nom doit avoir une autre orthographe.



 
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Message  Monique Sam 10 Déc 2022, 7:25 am

Le moment du départ général approchait : François de Xavier écrivit par ces divers bâtiments au Père Barzée,, au Père Perez et à Diogo de Pereira, à qui il renouvelait l'expression de ses regrets et de sa douleur; il lui donnait en même temps les encouragements et les avis spirituels les plus solides et les plus affectueux. Il avait déjà expédié au Père Perez l'ordre de quitter Malacca; il le lui réitère :
 
Le marchand chinois ! profita de ce retard pour retourner à Canton où ses affaires l'appelaient, et promit de revenir aussitôt que les navires portugais auraient levé l'ancre.
 
« ..... Je vous ordonne expressément, lui mande-t-il, de ne point revenir sur le parti que vous aurez dû prendre de sortir de Malacca d'après les ordres que je vous en ai donnés. Je vous défends de vous laisser fléchir par les prières et les instances de qui que ce soit. Dans l'état où en sont les choses, ne restez pas plus longtemps au milieu de cette ville indigne de vos soins; n'y perdez pas un temps et des peines que vous emploierez plus utilement ailleurs. Vous pourrez y laisser notre Bernard auprès de Vincent Viega.. Il continuera d'enseigner aux enfants les éléments de la religion, de la grammaire et des lettres; mais je laisse cela à votre disposition; vous jugerez s'il vaut mieux l'emmener que le laisser, et vous ferez ce qu'il vous paraîtra mieux. Je pense qu'il convient que vous remettiez à Vincent Viega, en partant, les clefs de notre maison de la ville et celles du petit manoir qu'on appelle Notre-Dame du Mont, à cause de la chapelle, et qui est située au faubourg. Vous le prierez de vouloir bien se charger de la garde de ces maisons; vous lui laisserez un double de l'acte de donation que le senhor évêque en a faite à perpétuité à notre société; vous demanderez à Vincent un acte par lequel il reconnaîtra avoir la garde de ces deux propriétés appartenant à notre Société; en partant pour Cochin, emportez les originaux de ces actes, et, arrivé à votre destination, vous les enverrez, par une voie sûre, à Goa, pour y être déposés dans les archives du collège.
 
 
« J'ai renvoyé Vincente Alvare Fereira de notre Société; je ne voudrais pas qu'il retournât aux Indes dans le même vaisseau que vous. Si vous n'en aviez pas d'autre, ou qu'il ne voulût absolument pas se séparer de vous, je permets qu'il vous suive, mais sous la condition expresse qu'il vous promettra d'entrer dans un autre Ordre religieux; dans ce cas, dirigez-le avec une charité qui puisse l'affermir dans sa bonne résolution.

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Message  Monique Dim 11 Déc 2022, 9:16 am

« L'interprète dont je vous avais parlé a cédé à la peur, il nous a abandonnés; nous ne sommes plus que trois: le Chinois Antonio de Sainte-Foi, Christophe (1), et moi.
 
Nous n'en persistons pas moins dans notre résolution, nous reposant sur le secours de Dieu. Priez pour nous, je vous en conjure ! car nous courons le danger d'un cruel esclavage; mais nous sommes consolés et fortifiés par la pensée qu'il vaut mieux être esclaves pour le seul amour de Dieu, que d'acheter les douceurs de la liberté au prix d'une lâche et ignoble fuite de la croix de Jésus-Christ, et des travaux douloureux qui y sont attachés.
 
« Si le marchand chinois qui a promis de nous faire entrer en Chine venait à nous manquer de parole, je suis décidé à m'embarquer pour le royaume de Siam, afin de profiter de l'ambassade que le roi envoie à l'empereur de la Chine. D'un autre côté, j'ai appris qu'on y équipe un vaisseau qui doit entrer dans le port de Canton, en m'y introduisant, j'arriverai avant la fin de l'année au comble de mes veux. Je toucherai enfin le rivage après lequel je soupire si ardemment ! ... » Cette grande préoccupation amenait souvent notre saint sur le rivage en face de la ville de Canton; il dirigeait ses regards vers cette terre promise, et disait aux amis qui l'accompagnaient:
 
Oh ! quand poserai-je le pied sur cette terre si proche et que je ne puis fouler encore? Quand Dieu m'accordera-t-il le bonheur d'y aller porter son nom? Je ne m'inquiète ni de la captivité ni des supplices: aborder en Chine ! Je ne demande, je ne désire que cette faveur, dont pourtant je me reconnais bien indigne !... Dieu voudrait-il employer un instrument aussi vil pour une mission aussi glorieuse?...

 
 
  1 Indien au service du Père de Xavier.



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Message  Monique Lun 12 Déc 2022, 7:25 am

Et de grosse larmes s'échappaient des yeux de l'humble apôtre, à la pensée que son indignité serait peut-être un obstacle à la réalisation de son vu le plus cher, et il ajoutait:

 

             Je serais si heureux, de mourir pour Jésus-Christ !... Mais cette faveur est trop magnifique pour un pécheur comme moi !...

 

Au milieu de ses craintes et de ses espérances pour cette Chine si désirée, il n'oubliait pas les intérêts spirituels des Pères répandus dans les Indes, aux Moluques, au Japon, dans tout l'Orient. Chaque vaisseau qui partait de Sancian emportait des pages dignes de la grande âme de Xavier. Nous trouvons, dans une lettre adressée au Père Barzée, vice-provincial, ces conseils remarquables, qui disent le haut prix qu'il attachait à l'obéissance et à l'humilité du religieux :

 

« ... Pour le moment je viens vous recommander de veiller attentivement sur vous-même; sans cela, je ne saurais avoir de confiance en vous. N'oubliez pas de relire souvent les instructions que je vous laissai à mon départ, et de les mettre exactement en pratique, surtout celle qui concerne la soumission d'esprit, dont je 'vous ai prescrit l'usage journalier. Prenez garde qu'en tenant les yeux fixés sur ce que Dieu opère par votre ministère ou par celui de nos Frères, vous ne les détourniez de votre misère et de votre néant. Mon amitié pour vous tous me ferait désirer de vous voir, tous ensemble, méditer et passer en revue tout ce que Dieu n'a point fait, et qu'il aurait fait si vous n'eussiez apporté aucun obstacle à ses desseins. J'aime mieux que vous réfléchissiez là-dessus que de vous voir vous extasier sur les merveilles dont vous avez été les instruments dans ses mains. La première réflexion vous fera rougir de vous-mêmes et vous inspirera des sentiments de profonde humilité, en vous découvrant vos faiblesses et vos misères; taudis que l'autre Vous entraînerait facilement dans des pensées d'orgueil, et ferait un ravage affreux dans notre Compagnie, si elle venait à s'y introduire. Vous n'êtes que les porteurs du bien d'autrui ; vous -n'êtes que les instruments dont Dieu a daigné se servir pour opérer,ses merveilles; ne l'oubliez pas. . . .

 

« Garde-vous, mes Frères, de pécher contre le saint vu d'obéissance, en apportant le moindre délai dans l'exécution de mes ordonnances . . . 

 

« . . . . . Je m'adresse à vous en particulier, maître Gaspard; je vous en prie, n'oubliez pas d'exécuter de point en point tout ce que je vous ai prescrit. N'allez pas, en présumant de ma mort, vous croire affranchi de mon autorité, et rendu à votre libre arbitre. Je me rappelle qu'une de mes longues absences en fit tomber quelques-uns, chez vous, dans cette erreur. Comme je ne mourrai que lorsque Dieu le voudra, quels que soient mon dégoût de la vie et mon désir de la mort, c'est en vain que la curiosité de l'homme s'efforcera de présager ma dernière heure. Je vous dis ceci afin que vous n'abondiez pas trop dans votre propre sens, et que vous ne préfériez pas votre jugement à mes volontés, comme cela vous est arrivé ailleurs, s'il vous en souvient. Dieu sait si vous avez été prudent ou insensé.

 

« Faites bien attention à ce que je vais vous dire encore. Soyez d'une rigueur excessive dans l'admission des sujets qui se présentent pour entrer dans notre Société. Lorsque ceux que vous admettrez auront subi un examen rigoureux et une enquête sévère, faites-les passer par toutes les épreuves du service et de l'apprentissage domestique. En examinant quelques-uns de ceux qu'on a admis, je ne puis que me défier du jugement de ceux qui les ont appréciés. Leurs progrès vont si peu au-delà des premiers éléments de la perfection, que je vois en eux des hommes dont l'intérêt, l'honneur et le repos de la Compagnie exigent impérieusement l'exclusion. Du reste, les évènements l'ont prouvé. Je n'ai pu éviter d'en donner un exemple dans la personne d'Alvare Fereira, que j'ai rayé du contrôle de notre Société, et que je vous défends d'accueillir dans votre Collège, s'il s'y présente. S'il, veut entrer dans un autre Ordre religieux, vous pouvez l'appuyer de tous vos moyens; mais tenez-vous pour défendu de lui ouvrir de nouveau la porte de notre Société, quelques instances qu'il vous fasse; car, d'après ma conviction, intime, j'en fais une loi expresse, dans toute l'étendue de mes pouvoirs; je sais qu'il ne convient nullement à notre Institut. Si cette lettre tombait entre les mains d'un autre que le recteur Gaspard Barzée, quel qu'il soit, il doit se tenir pour prescrit à lui-même ce que j'ordonne ici à Gaspard Barzée.

 

 
FRANÇOIS.
 

Cette lettre est datée de Sancian, 13 novembre 1559. Deux jours après, tous les navires portugais avaient levé l'ancre; il ne restait plus en rade que la Santa-Cruz.



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Message  Monique Mar 13 Déc 2022, 6:53 am

VI
 
 
 
L'île de Sancian, inculte, stérile, inhabitée vers le port, n'offrait aucune ressource par elle-même. Les Portugais, nous l'avons dit, n'y pouvaient élever que de chétives cabanes où ils demeuraient le temps nécessaire à leur trafic avec les marchands chinois qui venaient les y joindre, et, après leur départ, cette partie de l'île était un désert inhabitable, surtout pendant les plus grands froids; don Alvare d'Ataïde ne l'ignorait pas. Bien certain que le Père de Xavier trouverait des obstacles presqu'insurmontables à son projet de pénétrer dans l'empire chinois, il avait donné l'ordre au capitaine de la Santa-Cruz de ne quitter le port de Sancian qu'après le départ de tous les navires portugais, de ne reprendre, sous aucun prétexte, le Père Francisco à son bord (1), et de ne lui être utile en quoi
 
que ce fût, quelque service qu'il demandât; surtout, on devait ménager les vivres de l'équipage et ne pas souffrir qu'on en disposât en faveur du Père Francisco. Don Alvare espérait sans doute que le saint apôtre de l'Orient mourrait de froid, de faim et de douleur sur le sol inhospitalier où ses gens l'auraient abandonné.
 
Notre saint avait renvoyé à Malacca, par le dernier vaisseau portugais qui avait mis à la voile pour cette destination, Thomas Seandelho et Francisco de Villa que Diogo de Pereira avait chargés de l'accompagner, le premier jusqu'à Sancian, le second jusqu'à Singapour seulement; mais François de Xavier avait pris sur lui, nous l'avons vu, de garder Francisco de Villa qui désirait fort ne le point quitter, et il mandait à son ami :
 
« Francisco nous rend tous les services qu'il est en son pouvoir de nous rendre; je vous le renverrai avec Manoël de Chaves, et vous lui pardonnerez d'être venu jusqu'ici, car s'il y a faute, elle est tout entière à ma charge. »
 
 
1 On a dit que la Santa-Cruz n'avait pas complété son chargement. Il est difficile d'admettre cette supposition. Le capitaine Luiz d'Alméida faisait depuis longtemps un grand commerce avec les Indes, la Chine et le Japon; il savait que les mers de la Chine sont impraticables durant les grands froids, que les Chinois cessaient de venir à Sancian pendant cette saison, et qu'un retard de quelques jours la forcerait d'hiverner dans ce port dépourvu de toute ressource. Dans ces conditions, est-il supposable qu'il ait négligé d'effectuer à temps sa campagne commerciale ? D'ailleurs on sait que le gouverneur de Malacca, en le chargeant d'aller trafiquer pour son compte sur la SantaCruz, lui donna vingt-cinq matelots qu'il s'était choisis, et auxquels il avait fait des promesses et des menaces qui devaient être exécutées au retour, suivant leur soumission à ses ordres secrets. On sait également que le capitaine devait en arrivant mettre à terre le Père de Xavier, et ne le recevoir ensuite à bord sous aucun prétexte. Le P. Bouhours et M. A. Faivre, traducteur des lettres de notre saint, l'affirment également; et Luiz d'Alinéida qui, bientôt après, entra dans la Compagnie de Jésus, oit avoir laissé des documents certains à ce sujet.


 
 
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Message  Monique Mer 14 Déc 2022, 6:31 am

Le marchand chinois n'avait pas reparu, les jours s'écoulaient, le froid se faisait sentir, il n'était déjà plus possible de reprendre la mer, et le capitaine qui n'avait pu se déterminer à abandonner notre saint dans l'île de Sancian, calculait soucieusement tous les embarras de la situation, lorsque, le 20 novembre, le Père de Xavier, soutenu par Antonio et conduit par Francisco d'Aghiar qui dirige ait l'embarcation, vint demander un asile dans l'infirmerie de la Santa-Cruz. Le capitaine regarde le grand apôtre,... son coeur ne peut résister à cette vue. S'il est perdu à son retour à Malacca, si le gouverneur lui fait subir l'effet de ses menaces, il le subira; mais il n'abandonnera pas celui qui n'a jamais fait que du bien à tous et qui a sauvé l'équipage d'une mort certaine dans le calme de la traversée; il ne repoussera pas celui qui est un objet d'amour et de vénération pour tout l'Orient (1). Il reçoit notre saint qui tient à prendre sa place au milieu des soldats et des matelots de l'infirmerie , et que François d'Aghiar veut soigner avec une tendresse filiale :

 
            Francisco, lui dit le saint malade, ce ne sera pas long; j'aurai le bonheur de quitter cette vie le 2 décembre.

 
 
1 Le P. Bouhours dit que saint François de Xavier eut beaucoup à souffrir de la part de tout l'équipage. Nous ne pouvons concilier cette assertion avec la correspondance de notre saint et avec le témoignage du Père Arias Blandoni. Dans toutes les lettres que le Père de Xavier écrit à son ami Pereira, il se loue des soins dont il est l'objet :
 
« C'est à vous, mon ami, lui écrivait-il de Singapour le 1er août 1552, que je suis redevable des attentions délicates dont je suis l'objet sur ce châtiment qui est le vôtre ; on nous donne abondamment tout ce qui peut nous être nécessaire à moi et à mes compagnons qui sont malades, et on va même fort au-delà... » Le 21 octobre, il lui mandait de Sancian : « Je reconnais votre amitié pour moi dans les ordres que vous avez donnés à ceux de vos gens qui montent ce navire, et dans la manière dont ils les exécutent. Que Dieu récompense Thomas Scandelho ! il me comble de soins et d'égards et me donne tout ce que je lui demande avec un empressement que je ne pourrai jamais reconnaître. » Enfin, le 12 novembre, il lui témoigne encore sa reconnaissance pour les bons procédés dont il est comblé:
 
« Vous avez trouvé le secret, mon ami, de m'entourer des soins de votre amitié, malgré la distance qui nous sépare. Tous vos gens de la Santa-Cruz me comblent d'attentions et de prévenances, et Thomas Scandelho fait tout ce que je lui demande, et bien au-delà, avec un empressement, une générosité dignes de vos sentiments d'affection pour moi. »
 
Le Père Arias Blandoni, écrivant à la Compagnie de Jésus à Rome, en date de Goa, n décembre 1654, affirme que les matelots n'abandonnèrent pas le saint à Sancian, et que tous les Portugais de la Santa-Cruz lui étaient tendrement attachés.
 


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Message  Monique Jeu 15 Déc 2022, 8:31 am

Et prenant son crucifix, il le baise avec effusion, il le presse sur son coeur et paraît, absorbé dans son amour. Il souffrait d'un point de côté accompagné d'une forte oppression et d'une violente douleur dans la tête, il éprouvait tous les symptômes d'une fluxion de poitrine. Luiz Alméida était résolu à hiverner en rade de Sancian; quant aux matelots, ils ne s'inquiétaient nullement de la colère du gouverneur de Malacca. Jorge Alvarez, resté de passage sur la Santa Cruz, prodiguait ses soins à notre saint dont il était l'ami, et se promit de ne le plus quitter; Francisco d'Aghiar, Christophe et Antonio de Sainte-Foi partageaient son dévouement.
 
Le tangage redoublant toutes les souffrances de Xavier, il demande à être remis à terre; on le porte sur le rivage, et le vent du nord soufflant avec violence, Alvarez le fait transporter dans sa cabane. Là, on l'étend sur une natte et il est abrité contre un froid glacial par quelques planches mal jointes et une toiture de branches sèches ! ..... Son amour pour la sainte pauvreté ne peut lui faire désirer un plus complet dénuement. Son altération de privations, de souffrances, de sacrifices de tout genre, doit être enfin satisfaite ! Il sait qu'il va mourir là, en face de cet empire Chinois après lequel il a si ardemment soupiré ! et au moment même où il avait espéré franchir le bras de mer qui le sépare de cette terre promise !... Il sait qu'il va mourir à six mille lieues de ses affections les plus chères... qu'il va mourir sur un sol païen, dans la privation absolue de toutes les consolations dont l'Eglise est si riche pour ceux de ses enfants qui vont quitter la terre !...
 
L'apôtre incomparable qui a donné des millions d'âmes à l'Eglise de Jésus-Christ, l'illustre conquérant qui a reculé de trois mille lieues les limites de son empire, François de Xavier n'a rien à espérer de ses trésors !... Il sait qu'elle ne viendra pas, à cette heure suprême, lui apporter la parole sainte qui absout, l'onction sacrée qui purifie, l'aliment divin qui console et fortifie !... Il sait qu'elle ne fera pas entendre la prière autour de son cercueil, et que sa bénédiction ne tombera pas même sur le coin de terre qui va recevoir sa dépouille ! Tout devait être douleur, sacrifice, amertume de cœur à la dernière heure de cette magnifique vie ! ou plutôt la mort du grand Xavier devait être admirable, héroïque, sublime comme sa vie...
 
Dieu achevait l'immolation de la victime !
 
Jorge Alvarez voulut faire saigner le saint malade :  Je le veux bien, lui dit Xavier, mais c'est inutile: je dois mourir vendredi prochain.


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Message  Monique Ven 16 Déc 2022, 8:14 am

Le chirurgien le saigna et blessa un nerf; le malade s'évanouit, et, revenu à lui, il éprouva des convulsions violentes qui ne purent altérer la sérénité de son angélique visage. Il ne laissait échapper aucune plainte et n'était occupé que du Dieu qui daignait l'aimer assez pour vouloir être sa seule force, son unique consolation, au moment où il allait être sa suprême récompense, son éternelle félicité.
 
Le mal s'aggravait rapidement, la saignée fut renouvelée, les accidents le furent aussi. Le 28 novembre, notre saint malade tomba dans le délire; alors fut révélée, à tous ceux qui l'entouraient, toute l'étendue du sacrifice que Dieu exigeait de son zèle: il ne cessait de parler de la Chine, de son désir d'y porter la foi, du bonheur de donner à Dieu tous ces millions d'âmes, ou de mourir pour l'Evangile qu'il allait leur annoncer. Vers la fin de la journée, il perdit la parole, qu'il recouvra le 30; mais sa faiblesse était extrême; il ne parlait que pour prier. On l'entendait répéter souvent:
 
O sanctissima Trinitas ! Jesu, fili David, miserere mei ! Monstra te esse matrem !
 
Le 1er décembre, il fit porter sur le vaisseau sa chapelle et ses livres, disant à Jorge Alvarez:
 
Je mourrai demain à deux heures.
 
Et portant son regard sur Christophe, il lui dit avec l'accent d'une profonde pitié: «Ah ! malheureux ! » Il venait d'être éclairé sur la rechute spirituelle de cet Indien qui, de retour à Malacca, retomba dans ses habitudes criminelles et périt misérablement.
 
Le lendemain, vendredi, 2 décembre 1552, vers deux heures après-midi, François de Xavier pressa sur son coeur le crucifix qui ne le quittait jamais ; il le baisa avec une vive expression d'amour et de bonheur, il le regarda en répandant des larmes de consolation et d'espérance; il prononça distinctement et à haute voix :
 
In te Domine speravi, non confundar in aeternum !...
 
On se pencha vers lui... Le corps seul de l'illustre apôtre de l'Orient était sur la terre... sa grande âme était dans le ciel.... pour toujours !
 
Dans la chapelle du château de Xavier, le crucifix miraculeux cessa de répandre du sang le vendredi 2 décembre 1552, vers deux heures après midi.
 
 
A suivre...
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Message  Monique Ven 16 Déc 2022, 8:15 am

  Le chirurgien le saigna et blessa un nerf; le malade s'évanouit, et, revenu à lui, il éprouva des convulsions violentes qui ne purent altérer la sérénité de son angélique visage. Il ne laissait échapper aucune plainte et n'était occupé que du Dieu qui daignait l'aimer assez pour vouloir être sa seule force, son unique consolation, au moment où il allait être sa suprême récompense, son éternelle félicité.
 
Le mal s'aggravait rapidement, la saignée fut renouvelée, les accidents le furent aussi. Le 28 novembre, notre saint malade tomba dans le délire; alors fut révélée, à tous ceux qui l'entouraient, toute l'étendue du sacrifice que Dieu exigeait de son zèle: il ne cessait de parler de la Chine, de son désir d'y porter la foi, du bonheur de donner à Dieu tous ces millions d'âmes, ou de mourir pour l'Evangile qu'il allait leur annoncer. Vers la fin de la journée, il perdit la parole, qu'il recouvra le 30; mais sa faiblesse était extrême; il ne parlait que pour prier. On l'entendait répéter souvent:
 
O sanctissima Trinitas !  Jesu, fili David, miserere mei !  Monstra te esse matrem !
 
Le 1er décembre, il fit porter sur le vaisseau sa chapelle et ses livres, disant à Jorge Alvarez:
 
Je mourrai demain à deux heures.
 
Et portant son regard sur Christophe, il lui dit avec l'accent d'une profonde pitié: «Ah ! malheureux ! » Il venait d'être éclairé sur la rechute spirituelle de cet Indien qui, de retour à Malacca, retomba dans ses habitudes criminelles et périt misérablement.
 
Le lendemain, vendredi, 2 décembre 1552, vers deux heures après-midi, François de Xavier pressa sur son coeur le crucifix qui ne le quittait jamais ; il le baisa avec une vive expression d'amour et de bonheur, il le regarda en répandant des larmes de consolation et d'espérance; il prononça distinctement et à haute voix :
 
In te Domine speravi, non confundar in aeternum !...
 
On se pencha vers lui... Le corps seul de l'illustre apôtre de l'Orient était sur la terre... sa grande âme était dans le ciel.... pour toujours !
 
Dans la chapelle du château de Xavier, le crucifix miraculeux cessa de répandre du sang le vendredi 2 décembre 1552, vers deux heures après midi.


 
 
A suivre...
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Message  Monique Sam 17 Déc 2022, 7:34 am

HUITIÈME PARTIE : AU CIEL. (Décembre 1552 - 1855.)
 
 
 
I
 
 
 
A la nouvelle de la mort du saint Père tant aimé, tous les Portugais de la Santa-Cruz éclatèrent en sanglots. Les matelots descendirent avec tout le personnel du bâtiment; tout le monde voulait voir et vénérer le corps du grand apôtre, tout le monde voulait lui baiser les pieds et les mains, se recommander à ses prières, et lui témoigner l'amour et la reconnaissance dont il avait rempli tous les cœurs !
 
Le saint corps resta, jusqu'au surlendemain dimanche, étendu sur la natte qui couvrait le sol de la cabane. Jorge Alvarez, Francisco d'Aghiar, Christophe et Antonio de Sainte-Foi, lui ôtèrent sa pauvre soutane dont ils se partagèrent les précieux lambeaux, et ils trouvèrent sur sa poitrine une petite. boite contenant la signature de saint Ignace, les noms des Pères avec lesquels notre saint avait vécu à Rome, la formule de ses vœux, et une parcelle des os de lapôtre saint Thomas, sous la protection duquel il avait mis son apostolat des Indes.
 
On revêtit le corps de ses habits sacerdotaux, et on le mit dans un cercueil en l'entourant de chaux vive, afin que la chair fût promptement consumée, et que les ossements pussent être emportés par le retour de la Santa-Cruz. Les Portugais avaient planté une croix dans une prairie, au bas de la colline qui domine le port; ce fut au pied de cette croix que Jorge Alvarez fit déposer le cercueil. On éleva un monceau de pierres à la tête et un autre aux pieds, et ce fut tout !...
 
François de Yavier avait prévu ces tristes funérailles.... Pour lui, le sacrifice devait aller au-delà même de la mort ! Dieu. ne lui avait rien épargné !... Mais bientôt il n'épargna rien non plus pour manifester la gloire de l'immortel apôtre.

 


 
 A suivre...
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Message  Monique Dim 18 Déc 2022, 6:13 am

François de Yavier avait prévu ces tristes funérailles.... Pour lui, le sacrifice devait aller au-delà même de la mort ! Dieu. ne lui avait rien épargné !... Mais bientôt il n'épargna rien non plus pour manifester la gloire de l'immortel apôtre.
 
Après les grands froids, Luiz Alméida se disposant à mettre à la voile pour les Indes, Jorge Alvarez le conjura de ne pas laisser le corps de Xavier à Sancian, l'assurant qu'il pouvait s'en charger d'autant plus facilement, que, d'après les précautions prises, il n'y avait sûrement que les ossements dépouillés par la chaux. Le capitaine envoya deux de ses hommes, avec ordre d'ouvrir le cercueil et d'en vérifier le contenu. Cette ouverture se fit le 17 février 1553, deux mois et demi après la mort de François de Xavier. On trouva son visage frais, coloré, calme... le saint semblait dormir. Les ornements n'étaient point altérés. On examine le corps, il paraît plein de vie. Un des hommes coupe un fragment de chair au-dessus du genou... le sang coule ! On court au vaisseau, on porte la précieuse relique au capitaine; il vent juger par lui-même... il tombe à genoux devant cette grande merveille, ses larmes coulent, il ne peut croire ce qu'il voit !
 
En quelques instants tout l'équipage de la Santa-Cruz était descendu dans la prairie et rendait hommage au corps vénéré du saint Père. Tous s'approchèrent, lui baisèrent les pieds et les mains, et certifièrent qu'il s'exhalait de ce saint corps un parfum qui n'avait rien de comparable sur la terre. On remit dans le cercueil la chaux qu'on en avait retirée, on porta religieusement ces restes merveilleux sur la Santa-Cruz, et, peu après, on mit à la voile pour Malacca, où on arriva le 22 mars, après la plus douce traversée.


 
A suivre....
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