HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
A Mutan, sur le même côte, un jeune chrétien était mort depuis l'avant-veille. On le portait dans le tombeau préparé pour le recevoir, au milieu d'un cortège nombreux de parents et d'amis, car c'était une des familles les plus considérables de la ville. Xavier rencontre ce convoi; il est ému de la douleur du père et de la mère qui accompagnent la triste dépouille de leur fils; il les regarde avec une douce compassion, et les parents désolés sentent passer sur leur cœur un rayon d'espérance. Ils se jettent aux pieds du saint, ils embrassent ses genoux
Grand Père! rendez-nous notre enfant ! Si vous dites un mot de prière à Dieu, il le ressuscitera ! Grand Père ! un mot de prière !
Xavier, touché de cette grande douleur, renouvelle le miracle opéré autrefois par le Sauveur du monde, à la vue de la douleur maternelle de la veuve de Naïm. Il prend de l'eau bénite, fait un signe de croix, asperge le mort, le prend par la main, lui ordonne, an nom de Dieu, de se lever, et le jeune homme se lève, et Xavier le rend à son heureuse famille !
Une grande et belle croix fut plantée, par les parents de ce jeune homme, à l'endroit même où il était ressuscité, et on y venait de très-loin prier Dieu qui opérait de tels prodiges.
Tout le royaume de Travancor voulut voir et connaître le grand Père, et tout le monde en le voyant tombait à ses pieds et demandait à être chrétien. Peu de mois avaient suffi à l'illustre apôtre pour conquérir à Jésus-Christ toute cette étendue de pays. Après y avoir appelé des missionnaires pour cultiver ce champ, qui produisait des fruits si consolants, il se sépara de ses chers néophytes, pour aller porter la lumière de l'Evangile dans des contrées plus éloignées.
A suivre...
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
VII
Il était minuit; tout dormait à Jafanapatnam après une journée de vives agitations et de cruelles angoisses; dans la campagne, le calme régnait également; la lune inondait l'espace& sa douce clarté, les étoiles scintillaient au ciel: c'était une des plus belles nuits des régions tropicales.
Dans le vallon du côté occidental de la ville, à mi-côte, sur la lisière d'une forêt ale canneliers, il se fit un léger mouvement, et un homme, qu'à ses vêtements aussi bien qu'à la couleur de son teint il était facile de reconnaître pour un européen, sortit de la forêt, regarda à droite, regarda à gauche, écouta , comme s'il craignait d'être surpris, et, rassuré sans doute par son observation, il descendit le sentier qui séparait la forêt d'une vaste plantation de cannes à sucre, dont les hautes tiges le dérobaient entièrement. Arrivé au bas de la colline, il entra dans un terrain assez découvert, alla droit à un arbre qu'il semblait reconnaître, et il creusa la terre avec activité, suspendant son travail de temps à autre pour essuyer son front, regarder encore, et prêter l'oreille un instant. Ce travail fut long, l'étranger n'avait sûrement pas habitude de ce genre de labeur. Quand il eut creusé à la profondeur et dans l'étendue dont il avait pris les mesures, il s'éloigna de quelques pas, s'agenouilla, s'inclina jusqu'à terre, puis se releva, portant dans ses bras le cadavre d'un Indien. Il y avait du sang sur ce cadavre !... L'étranger baisa ce sang, il porta l'Indien mort dans la fosse qu'il venait de préparer pour lui, il rejeta dessus la terre qu'il avait enlevée, il pria un instant, et, reprenant ensuite le sentier par lequel il était venu, il disparut dans la forêt.
Quelques heures après, chacun reprenait le mouvement accoutumé, et les premiers Indiens qui passèrent devant le terrain où l'étranger venait d'enterrer un cadavre, firent entendre des cris de surprise qui attirèrent d'assez loin tous les insulaires disséminés dans la campagne. Ceux-ci poussent les hauts cris à leur tour; la grande nouvelle se répand dans la ville, le roi en est instruit, tout le monde accourt au vallon occidental, et les cris redoublent avec une son de frénésie satanique.
A suivre...
Dernière édition par Monique le Jeu 26 Mai 2022, 1:16 pm, édité 1 fois (Raison : Ortographe)
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Sur la terre fraîchement remuée on voyait distinctement l'empreinte d'une croix; cette empreinte était si parfaite qu'elle ne pouvait être l’œuvre de l'homme; de là les cris de rage de la multitude païenne, excitée par les brachmanes qui voyaient dans cette apparition de puissants motifs de conversion pour les idolâtres.
Le roi de Jafanapatnam ordonne de jeter sur l'empreinte miraculeuse, une quantité considérable de pierres mêlées avec la terre; mais peu après là croix se reforme sur cet amoncellement avec la même perfection qu'auparavant.
« J'ordonne, dit la majesté indienne, qu'on remue tout cela, qu'on le foule, qu'on le bouleverse ! Je défends que la croix reparaisse !
On obéit avec empressement; la croix ne reparaît pas, la foule se retire, et les brachmanes font entendre leur cri de victoire : ils triomphent du Dieu des chrétiens.
Le lendemain, nouvelle alarme : la croix s'est reformée aussi belle aussi parfaite que la veille ! Le roi en est averti, il accourt et ordonne de tout bouleverser de nouveau en sa présence; il veut à tout prix forcer le Dieu des chrétiens de battre en retraite devant lui. On se met à l'uvre... O prodige ! cette croix, qu'on s'efforce de faire disparaître, elle devient lumineuse ! elle s'élève, elle grandit à mesure qu'elle s'éloigne de la terre ! Arrivée à un très-haut degré d'élévation et à des proportions immenses, elle demeure ainsi, comme suspendue, durant plusieurs heures, et les païens, émerveillés, s'écrient que le Dieu des chrétiens est tout-puissant, que les idoles n'ont jamais opéré rien de comparable, et que la religion du grand Père du Travancor est la meilleure, puisqu'elle est la plus forte dans la lutte.
Ces paroles sont dénoncées au roi parles brachmanes : le roi, dont la colère ne connaît plus de bornes, rend un édit qui menace de mort tout sujet de Jafanapatnam qui témoignera respecter, en quelque manière que ce soit, la religion du grand Père de Xavier, et préférer son Dieu aux idoles reconnues comme seules divinités du roi et de tout le pays soumis à sa domination.
La tombe sur laquelle a paru la croix merveilleuse est là pour attester qu'avec un roi comme celui qui règne en ce moment, l'effet suit de près la menace, et que nul ne doit compter sur sa clémence. Cette tombe renferme la dépouille de son propre fils, et ce fils, l'aîné de sa famille, il a été mis à mort sur l'ordre du roi son père ! Il a été égorgé... parce qu'il avait reconnu la divinité de la religion chrétienne, et qu'il avait refusé, de retourner au culte des idoles ; il avait préféré mourir... et il était mort avec le courage des premiers martyrs. Son père avait ordonné de jeter son corps dans, les champs, afin qu'il servit de pâture aux animaux féroces; mais les animaux féroces l'avaient respecté, et Fernando Cunha, négociant portugais, qui avait instruit le jeune prince des vérités de la foi, était venu, au milieu de la nuit, donner mystérieusement au martyr la sépulture qui lui avait été refusée par son père...
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Or, voici ce qui avait excité l'irritation du roi de Jafanapatnam. Les habitants de l'île de Manaar, sujets de ce prince, entendant parler des prodiges opérés par François de Xavier sur toute la côte de la Pêcherie, et des innombrables conversions qui en étaient la conséquence, lui avaient envoyé des députes pour le supplier de venir lés instruire et les baptiser. Xavier, ne pouvant quitter alors ces néophytes, leur avait envoyé un de ses prêtres qui, en peu de temps, avait recueilli la plus riche moisson.
Les brachmanes perdaient ainsi les moyens de vivre commodément aux dépens des crédules Indiens: furieux de se voir privés de leurs offrandes et n'ayant plus le droit de les exiger au nom de leurs idoles, ils se plaignirent au roi des progrès du christianisme dans ses États, et demandèrent justice d'un peuple qui osait mépriser la religion professée par son souverain, abattre partout les pagodes, briser les idoles, insulter tous les dieux. Le roi, déjà ennemi de la religion qui réprouve les vices auxquels il se livrait, donna aussitôt l'ordre de massacrer tous les chrétiens de Manaar sans distinction de personnes, et cet ordre barbare fut fidèlement exécuté; il avait appris ensuite que son fils se disposait secrètement à recevoir le baptême, et son fils avait été mis à mort comme nous l'avons vu !
La sœur de ce cruel tyran était également chrétienne de coeur et de désir; elle avait instruit le plus jeune fils du roi, ainsi que son fils à elle, et l'un et l'autre soupiraient après le baptême; mais voyant la cruauté de son frère portée à cet excès de rage, la princesse craignit pour la vie de son fils et de son neveu, et résolut de les éloigner, quelque douloureuse que dût être pour elle cette séparation. Elle les confia donc à Fernando Cunha qui les emmena furtivement de Jafanapatnam, et les conduisit à Manapar, où ils devaient trouver le père de tous les chrétiens des Indes, notre, saint François de Xavier, dont le cœur était brisé par cette désolante persécution. Il les reçut avec une bonté toute paternelle; il les consola et les fortifia de sa douce et énergique parole, puis il les fit partir pour Goa où ils trouvèrent, dans le collège de Sainte-Foi, une nouvelle famille et les tendres soins de la charité chrétienne.
En apprenant la fuite de son fils et de son neveu, le roi de Jafanapatnam donna l'ordre de les poursuivre et de les ramener pour les faire mettre à mort. II fit plus encore : son frère aîné, dont il avait usurpé la place et le pouvoir, s'était retiré sur le continent; il dépêcha des émissaires avec ordre de le chercher, de le tuer et de lui apporter sa tête. Le fugitif, à cette nouvelle, se hâte de prendre la route de Goa; là, se voyant en sûreté, sous la protection des Portugais, il se fait instruite de la religion que son frère persécute avec tant d'acharnement, et, ravi de sa doctrine, il demande le baptême; en le recevant, il promet solennellement de faire prêcher le christianisme dans ses États, si jamais il recouvre ses droits au trône de Jafanapatnam.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Notre saint éprouvait une grande et vive douleur de voir ainsi poursuivis et menacés tous ceux qui désiraient renoncer aux idoles et reconnaître Jésus-Christ; il répandait devant Dieu des larmes abondantes, mais il goûtait en même temps de grandes consolations et écrivait à ses frères de Rome :
« Remercions Jésus-Christ Notre-Seigneur qui daigne nous consoler par le spectacle du martyre, et qui, dans son infinie miséricorde et par sa providence, fait tourner à sa gloire la perversité des hommes, et se sert de la cruauté des réprouvés pour remplir les trônes réservés aux élus. »
L'infatigable apôtre ne demeura pas inactif en présence de cette désolation. Levice-roi était alors à Cambaïe, mais le grand cœur de Xavier ne s'arrêtait que devant la volonté divine, jamais devant les difficultés matérielles, ni le mauvais vouloir des hommes. II appelle le Père Mancias, il lui confie le soin des populations de la côte de la Pêcherie et il part. Il arrive à Cochin le 20 janvier 1545, il s'y arrête pour traiter des intérêts de cette chrétienté avec don Miguel Vaz, grand vicaire de Goa, qui y travaille avec ardeur au salut des âmes, sous sa direction, et il voit avec douleur que les obstacles qui s'opposent aux progrès du christianisme sont toujours aussi difficiles à surmonter. La cupidité des Portugais, le désordre de leurs mœurs, leur dureté pour les indigènes étaient les épines qui déchiraient le plus vivement le cœur de notre saint. Les officiers royaux, loin de seconder les vues de Jean III en prêtant à la religion l'appui de leur autorité, se laissaient séduire par l'or des brachmanes et toléraient le culte dis idoles jusque dans la ville de Goa. Les charges publiques étaient vendues aux musulmans, tandis que les chrétiens en étaient exclus. On laissait au roi de Cochin, tributaire de celui de Portugal, la liberté de confisquer les biens de ceux de ses sujets qui embrassaient le christianisme.
Don Miguel déplorait amèrement un état de choses qui entravait tous les efforts de son zèle; il aurait voulu que François de Xavier pût aller porter ses plaintes au pied du trône; mais le grand apôtre ne pouvait s'éloigner sans danger pour ses chrétientés, et il fut convenu que don Miguel Vaz s'embarquerait par le navire prêt à mettre à la voile, et irait présenter au roi, au nom de Xavier, les plaintes de la religion. François de Xavier écrivit à Jean III avec tant de force, de dignité et de sainte liberté, que nous ne saurions résister au désir de reproduire son admirable lettre dans toute son étendue; elle sera goûtée malgré sa longueur.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
VIII
SAINT FRANÇOIS DE XAVIER AU ROI DE PORTUGAL.
Cochin, 20 janvier 1545.
« SENHOR,
« Plût à Dieu que Votre Altesse fût pénétrée de cette grande vérité, que la Providence l'a choisie entre tous les princes chrétiens de la terre, bien moins pour faire la conquête des Indes que pour éprouver sa fidélité et sa reconnaissance dans l'accomplissement de ses desseins ! Elle doit être convaincue que si Dieu a fait choix de sa personne, c'est moins pour enrichir son fisc des précieuses productions et des riches trésors de l'Orient, que pour donner à ses héroïques vertus, à son zèle ardent, à l'intelligence de ses ministres, l'occasion de soumettre ces contrées infidèles à l'empire du Créateur et du Rédempteur du monde.
« C'est donc à juste titre que Votre Altesse fait à ses délégués dans les Indes un devoir sérieux de contribuer de tous leurs efforts à la propagation de la foi et à l'honneur de notre sainte religion. Elle est bien persuadée, sans douté, qu'un jour elle rendra compte du salut de tant de nations prêtes à entrer dans la voie évangélique si on la leur fait connaître, mais qui, en attendant, marchent dans les ténèbres, au milieu d'un cloaque de vices qui outragent le Créateur et précipitent ces infortunés dans un malheur éternel.
« Don Miguel Vaz, qui a été ici vicaire-général, porte au pied de votre trône un compte fidèle de ce que l'expérience lui a appris sur la docilité de ces peuples au joug de la foi, et sur les avantages qui se présentent pour étendre la lumière de l'Évangile. Il laisse, en partant, de tels regrets parmi les chrétiens de ce pays, que je crois son retour absolument nécessaire à leur consolation et à leur affermissement dans la foi, sans parler de l'intérêt personnel de Votre Altesse, qui peut se décharger sur ce ministre aussi zélé qu'intelligent, du soin d'y procurer la gloire de Dieu. Tant que cet économe fidèle et expérimenté présidera à cette œuvre, Votre Altesse pourra compter sur lui avec sécurité, car je suis certain que les éminentes qualités qui lui ont concilié l'affection et le respect des peuples, pendant tant d'années, ne lui laisseront perdre aucune occasion de propager la religion et de la défendre.
« C'est à genoux que je conjure Votre Altesse, si elle prend quelque intérêt au service de Dieu, au bien de son Eglise, à tant d'hommes pieux et respectables qui habitent ces contrées, à tant de chrétiens nouvellement conquis à la foi; si elle daigne enfin m'honorer en ce monde d'une faveur quelconque, c'est à genoux que je la conjure de nous renvoyer Miguel Vaz !...
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
« ..... Le senhor évêque est un prélat d'une vertu consommée; mais vous n'ignorez pas, Senhor, que la vieillesse et les infirmités dont il est accablé l'ont mis hors d'état d'être plus longtemps à la tète d'une administration aussi pénible à diriger. Au reste, si ses forces corporelles sont anéanties, ses forces intellectuelles semblent se fortifier en proportion : telle est la faveur dont Dieu se plaît à récompenser ceux qui ont longtemps supporté le poids du jour à son service, et consacré leur vie à travailler pour sa gloire. Leur âme gagne des forces à mesure que le corps s'affaiblit : c'est la victoire de l'esprit sur la chair.
« Votre Altesse a compris la nécessité de rendre au senhor évêque son vicaire-général.
« ..... Senhor, je supplie Votre Altesse, par son zèle pour le service de Dieu, d'accueillir, avec sa bonté et sa droiture ordinaires, les observations que je lui soumets ici dans les vues les plus désintéressées. La gloire de Dieu et le soulagement de votre conscience sont mes seuls mobiles.
« Je conjure Votre Altesse de ne pas se borner à manifester ses intentions dans des lettres adressées à ses ministres; mais de donner une publicité solennelle à ses ordres, et de les sanctionner par des punitions exemplaires sur les prévaricateurs.
« Senhor, il est à craindre que quand Dieu citera devant lui Votre Altesse, ce qui arrivera infailliblement, et peut-être au moment où elle s'y attendra le moins, et alors il n'y aura ni motif ni espérance de décliner ce tribunal, il est à craindre, grand Prince, que ce juge irrité ne vous adresse ces terribles paroles
«Pourquoi n'avez-vous pas sévi contre vos ministres, contre vos sujets qui, dans les Indes, se sont soulevés contre moi et n'ont pas craint de se déclarer en état de rébellion ? Pourquoi votre sévérité n'a-t-elle pensé à les atteindre que lorsqu'ils étaient négligents dans la levée des impôts, dans la gestion de vos finances?
« Senhor, j'ignore de quel poids sera votre excuse, quand vous répondrez : .
« Seigneur, chaque année j'écrivais dans ces contrées, et chaque année je recommandais le zèle pour votre gloire et pour l'accomplissement de vos préceptes.
« Ne vous répondra-t-il pas alors :
« Fort bien; mais vous laissiez impunis tous ceux. qui affectaient une profonde indifférence pour ces ordres, tandis que de sévères châtiments frappaient ceux qui avaient le plus léger reproche à se faire dans l'administration de votre fisc.
« Je supplie donc Votre Altesse, je la conjure, par le zèle dont elle est animée pour la gloire de Dieu, par l'habitude où elle est de s'examiner devant lui sur la manière dont elle remplit les devoirs attachés à la dignité et à l'autorité royales, je la supplie d'envoyer ici un mandat dire qui joigne aux qualités requises l'autorité nécessaire, et dont l'unique fonction soit de veiller au salut des âmes qui courent ici les plus grands périls; et elles sont innombrables. Il faut que ce ministre ne relève que de Votre Altesse, et soit absolument indépendant de tous les officiers préposés à l'administration. C'est le seul moyen de parer,à de graves inconvénients et d'éviter les scandales effrayants dont la religion a gémi jusqu'à ce moment.
« Que Votre Altesse établisse, par un compte exact, le total des richesses temporelles que Dieu lui prodigue par ces contrées, et qu'elle en déduise ce qu'elle dépense ici pour le culte et le service divin ; et après avoir apprécié chaque chose à sa juste valeur, que Votre Altesse fasse un partage légitime entre Dieu et Elle. Mais, Senhor, prenez-y garde I Faites en sorte que la religion et la reconnaissance président à ce partage; que le Créateur de toute chose, si généreux, si prodigue à votre égard, ne soit pas lésé, ne soit pas offensé par une réserve égoïste et une méticuleuse parcimonie. Ne différez pas, ne remettez pas au lendemain: quel que soit votre empressement, il sera encore tardif.
« C'est une charité vraie, une charité ardente pour Votre Altesse, qui dirige ma plume; car lorsque les chrétiens ici voient partir ces torrents de trésors qui vont combler vos coffres, et dont on laisse à peine couler quelques gouttes pour leurs besoins spirituels, qui sont pourtant d'une urgence accablante, il me semble entendre ce pauvre peuple pousser vers le ciel les plaintes les plus amères contre un tel acte d'avarice, exercé au nom de votre autorité royale...
Je prie Votre Altesse d'envoyer ici le plus grand nombre possible de membres de notre Société; il faudrait en avoir beaucoup pour les disséminer sur les côtes de Malacca et dans les pays environnants, où déjà grand nombre d'âmes invoquent le nom de Jésus.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
« Les Pères maîtres Diogo et don Paul sont au collège de Sainte-Foi. Je ne vous dirai rien de l'état de cette sainte maison; nos Pères satisferont Votre Altesse sur ce sujet. Seulement, je la prierai d'écrire à Cosme Anez (1), pour l'engager à ne pas abandonner ce bâtiment; c'est lui qui l'a commencé, il l'a dirigé jusqu'à présent; il est important qu'il ne se décourage pas et qu'il y mette la dernière main. Que Votre Altesse lui fasse voir la récompense que Dieu lui réserve dans le ciel, et qu'Elle lui promette de lui en donner une en ce monde digne de ce bel ouvrage, et digne de la munificence royale. Francisco Mancias et moi nous habitons le cap Comorin, au milieu des chrétiens que Miguel Vaz a appelés à la foi. J'ai avec moi trois prêtres indigènes. Le collège de Cranganor, œuvre du Père Francisco Vincente (2), avance rapidement et sera bientôt achevé si Votre Altesse continue de protéger cette entreprise. J'ai lieu d'espérer que ce sera une féconde pépinière d'hommes religieux, qui convertiront un jour tout le Malabar. Je supplie Votre Altesse de donner au Père Francisco Vincente un témoignage de satisfaction, en lui accordant l'aumône qu'il sollicite.
« Comme j'espère finir mes jours au milieu des Indiens, et que je n'ai nul espoir de revoir Votre Altesse en ce monde, accordez-moi, grand Princo, le secours de vos prières, afin que nous puissions jouir ensemble, dans l'autre vie, d'un repos que nous ne pouvons trouver en celle-ci. Demandez pour moi au Seigneur ce que je ne cesse de lui demander pour Votre Altesse : je le prie de vous accorder la grâce de sentir et d'agir à chaque instant de votre vie comme vous voudriez l'avoir fait à l'instant de votre mort.
« De Votre Altesse, le serviteur.
« FRANCISCO DE XAVIER »------------
1 Trésorier du roi dans les Indes.
2 Francisco Vincente de Lagos, religieux franciscain.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Par la même occasion, notre saint écrivit à saint Ignace pour le supplier de lui envoyer des prêtres de sa Société, dont la vertu fut éprouvée et la santé capable de résister aux grandes fatigues ; surtout, ajoute-t-il :
« Envoyez-nous des hommes qui sachent mettre nos néophytes à l'abri des insultes et de la fureur des païens; car souvent, par une faveur spéciale de Dieu, on court les plus grands dangers en défendant ces pauvres chrétiens contre l'insolence des infidèles. C'est une des occasions de martyre que là charité nous présente journellement. Mais ceux que Dieu appelle ici doivent se souvenir que nous sommes tous mortels, et que le chrétien ne peut trouver de mort plus glorieuse qu'en donnant son sang pour Celui qui a versé le sien pour nous ! Il vaut mieux faire l'hommage de sa vie à Dieu qu'à la nature, »
Xavier écrivit aussi à son ami Rodriguez, toujours à Lisbonne, le pressant également de lui envoyer des ouvriers évangéliques. On retrouve encore dans cette lettre toute la sensibilité de l'aimable cœur de notre saint :
« Au nom de Dieu, lui dit-il, écrivez-moi, je vous en prie ! Si vous ne le pouvez par vous-même, faites-le faire à un de nos frères ! N'épargnez pas le papier, donnez-moi beaucoup de détails, faites-moi l'énumération de tous nos frères de Rome, du Portugal ou d'ailleurs. Hélas ! il n'y a plus pour nous en ce monde. d'autre jouissance que celle que nous éprouvons à la levure des lettres de nos frères d'Europe ! Communiquez celle-ci à mon ami Pedro. Carvalho. Dites-lui que je le mets, dans mon cœur, au nombre et sur la ligne de nos frères; voilà pourquoi je ne lui écris pas en particulier. Dites la même chose à tous nos frères; dites-leur que mon amour pour chacun d'eux est tel, que je leur écrirais volontiers à tous séparément, si je n'étais persuadé que chacun veut bien prendre pour soi une lettre unique, qui est un compendium utile pour eux et nécessaire pour moi. »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Ce n'était pas assez pour le cœur du saint apôtre ; il remit de plus à don Miguel Vaz une longue lettre pour la Compagnie de Jésus à Rome. Il semble que toute son âme se répande sur ces pages, dont nous citerons seulement deux fragments :
« Dieu sait, mes frères bien-aimés, combien j'aurais plus de plaisir à vous voir qu'à vous écrire des lettres dont l'espace immense qui nous sépare rend le sort si incertain ! Mais si Dieu a jeté nos corps à de si grandes distances les uns des autres, leur séparation n'a point affaibli le lien d'un amour réciproque ; ce lien unit nos âmes de la plus étroite, de la plus intime union. Si nous ne sommes pas corporellement ensemble comme autrefois, du moins nos âmes ne se quittent pas. L'amitié véritable n'est-elle pas un miroir qui reproduit à l'ami son ami? Dans ce miroir, ils se voient et se parlent toujours. Je jouis de nette présence continuelle de tous mes frères, mais je la dois à vos prières; les sacrifices que vous offrez sans cesse pour un misérable pécheur, entretiennent en moi le souvenir constant de vous tous et mon ardent désir d'être avec vous. Oui, mes bien chers frères ! si je pense si souvent à vous, c'est que vous pensez à moi bien plus souvent encore ! Que Dieu vous en récompense ! Car pour moi, lorsque j e considère tout ce que j e dois à tous les membres de notre Société, je ne puis que reconnaître mon insuffisance et avouer la nullité de mes moyens.
« Il y a huit mois, trois familles considérables du royaume de Macassar, éloigné de la côte où j e suis d'environ cinq cents lieues, se convertirent à la foi avec plusieurs autres. Depuis, elles ont envoyé à Malacca, ville soumise aux Portugais, pour demander des personnes capables de les instruire de la loi de Dieu, ayant la volonté de vivre désormais comme des hommes, après avoir si longtemps vécu comme des brutes. Le gouverneur leur envoya quelques prêtres.
« Jugez par là, mes bien chers frères, de la récolte que promettent ces terres incultes ! Quant à moi, je ne désespère pas de faire cette année cent-mille chrétiens. Priez le Père de famille d'envoyer des ouvriers dans son champ...... Si vous entendiez ces infortunées victimes du mensonge vous crier qu'elles sont prêtes à recevoir la semence évangélique, si vous voulez la leur apporter; quelles peines redouteriez-vous? quels obstacles ne surmonteriez-vous pas?... Puisse le ciel faire entendre sa voix au milieu de vous, et donner à ceux qu'il aura choisis la force et le courage d'accomplir sa volonté sainte !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
IX
François de Xavier, après s'être entendu avec Miguel Vaz, comme nous l'avons vu, s'embarqua pour Cambaïe, afin d'obtenir du vice-roi l'expédition qu'il désirait contre le tyran de Jafanapatnam. En entrant dans le bâtiment, il reconnaît un de ces gentilshommes portugais dont les scandales sont la grande plaie de son cœur, et il ne veut pas perdre cette belle occasion de gagner à Dieu une des âmes qui nuisent le plus à sa gloire dans les Indes. Pour ce gentilhomme, notre saint retrouve tout le charme de son esprit, toute la grâce de sa personne, tout ce qui attire et séduit en lui jusqu'à l'entraînement.
Le seigneur portugais subit le charme ; il recherche le Père Francisco, il ne sait plus se passer de lui, il semble n'être heureux que près de lui. Mais chaque fois que l'apôtre lui parle de son âme, il ne recueille que le sarcasme et l'ironie, et s'il insiste, il se heurte contre une impiété qui lui saigne le cœur. Cependant François de Xavier ne se décourage pas ; plus le pauvre pécheur témoigne d'éloignement, plus l'apôtre lui témoigne de bonté et de charité. Le vaisseau s'arrête à Cranganor et les passagers descendent à terre. Pendant ces quelques jours de relâche, le gentilhomme ne peut se défendre de rechercher encore l'aimable Père Francisco, de se promener avec lui, de saisir enfin toutes les occasions de jouir du plaisir que lui apporte sa conversation.
Le troisième jour, ils se promenaient ensemble dans une forêt de palmiers, lorsque tout à coup le Père de Xavier, cédant à une inspiration divine, se découvre jusqu'à la ceinture et se frappe si rudement avec sa discipline, que sa chair en est déchirée et que son sang ruisselle abondamment. Le Portugais qui d'abord l'avait regardé avec étonnement et semblait stupéfait des violents mouvements du saint, jette un cri d'effroi en voyant couler le sang.
Mon Père ! Que faites-vous ! Arrêtez !... C'est un vrai suicide !...
Eh ! cher senhor, vous ne voulez pas comprendre mes paroles ! c'est pour vous, c'est par amour pour votre chère âme! mais ce n'est rien comparativement à ce que je voudrais faire. Vous avez coûté bien plus cher à Jésus-Christ, et sa Passion, sa mort, tout son sang, tout son amour ne peuvent toucher votre cœur !..... Seigneur ! ajouta-t-il, en tombant à genoux et levant vers le ciel ses yeux pleins de larmes, Seigneur ! jetez un regard sur votre sang adorable et non sur celui d'un pécheur comme moi !...
Mon Père ! mon Père ! me voilà ! s'écrie le gentilhomme en se jetant aux pieds de Xavier; je vous conjure de me confesser ici même, n'allons pas plus loin ! ne retardons pas d'un instant !
Et il fit une confession générale, promit de vivre chrétiennement et fut fidèle à sa parole. Cette conversion, si difficile jusque-là, consola d'autant plus le cœur de notre saint, qu'il en espérait de plus importants résultats pour les intérêts de la religion.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Arrivé à Cambaïe, le Père de Xavier obtint ce qu'il désirait : le vice-roi expédia l'ordre de réunir des troupes et de former une armée considérable à Négapatam, afin qu'elle tombât à l'improviste sur le tyran de Jafanapatnam qu'on livrerait à Xavier, sans conditions; car le saint apôtre espérait que le sang de ses victimes plaiderait pour lui; et que ses yeux s'ouvriraient à la lumière de la foi.
Xavier reprit la route de Cochin, et s'étant arrêté de nouveau à Cranganor, il logea chez un chrétien dont le fils vivait dans un déplorable désordre. Le malheureux père témoigna au saint une si vive douleur de l'inutilité de ses observations et de ses conseils sur l'esprit du jeune homme, que Xavier employa ses plus douces paroles pour le consoler, et s'arrêtant un instant, il se recueillit comme saisi par une illumination soudaine, puis, avec l'accent de l'inspiration et de la certitude, il dit au père si affligé
Vous êtes le plus heureux des pères ! Remerciez Dieu, mon ami, car ce fils qui est pour vous aujourd'hui un sujet de si amère douleur, se convertira, sera religieux de l'Ordre de Saint-François et aura la gloire de mourir martyr !
Cette prédiction s'accomplit littéralement. Le jeune pécheur se convertit, entra dans l'Ordre de Saint François, fut envoyé dans le royaume de Candé pour évangéliser les barbares de ces contrées et eut le bonheur d'y mourir martyr.
Notre saint, de retour à Cochin, y trouva Cosme Anez qu'il avait recommandé au roi et qu'il affectionnait particulièrement. Dans une de leurs conversations le Père de Xavier lui demanda si l'année était bonne pour les marchands portugais.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Excellente, mon saint Père, lui répondit-il, elle ne peut être meilleure. En très-peu de mois nous avons expédié pour l'Europe sept cargaisons magnifiques ! J'envoie au roi un diamant des plus rares qui n'a coûté que dix mille ducats à Goa, et qui en vaudra trente mille à Lisbonne !
Quet est le vaisseau qui porte ce diamant?
Mon Père, c'est l'Atoghtia. Je l'ai confié au capitaine Joam de Noronha.
Je regretterais d'avoir mis ce diamant sur ce navire puisqu'il est si précieux...
Pourquoi donc, mon Père? parce que l'Atoghia a fait eau une fois? Mais il est parfaitement radoubé; vous le croiriez neuf maintenant.
Le saint garda le silence. Anez se doutant qu'il était éclairé sur le sort de cet important bâtiment, ajouta - Mon Père, votre silence me fait craindre pour l'Atoghia; recommandez-le à Dieu; car il ne peut périr sans m'occasionner un dommage considérable. Je n'avais pas d'ordre pour acheter ce diamant; s'il est perdu, je perds le prix et les frais qu'il m'a coûtés.
Je ferai ce que vous désirez, mon ami, répondit simplement Xavier.
Quelques jours après, notre saint, dînant avec Cosme Anez, lui dit :
Rendez grâces à Dieu, mon ami; votre beau diamant est entre les mains de la reine de Portugal. Plus tard, Anez recevait une lettre du capitaine de l'Atoghia : il lui mandait que peu de jours avant d'apercevoir les côtes du Portugal, il s'était fait une voie d'eau sous le grand mât; elle était si considérable, le danger était si pressant pour tout l'équipage, qu'on parlait d'abandonner le bâtiment et de se jeter à la mer. On avait coupé le grand mât, on craignait de sombrer avant d'avoir pu sauver la plus grande partie des passagers qui voulaient se jeter tous à la fois dans les embarcations... Mais voilà due l'eau a disparu ! Quel est donc ce prodige? L'ouverture est si large t comment se fait-il ?.... On examine la partie ouverte, elle s'était refermée d'elle-même.... et l'Atoghia, n'ayant plus que deux voiles, voguait admirablement et pouvait défier le meilleur vaisseau royal ! Il était arrivé en très-bon état en rade de Lisbonne et ne paraissait pas avoir souffert ; nulle avarie n'avait atteint sa riche cargaison.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Le Père de Xavier avait quitté Cochin, il allait joindre l'armée portugaise à Négapatam, sur un vaisseau qui relâchait à l'île de la Vache; il veut y descendre, et avance dans l'intérieur de l'île. Il rencontre une famille désolée pleurant sur la mort d'un enfant dont elle va confier la triste dépouille à la terre. Cette douleur émeut notre saint; il console la famille éplorée, il apprend qu'elle est musulmane, et il ordonne à l'enfant mort de ressusciter au nom de Jésus-Christ Fils de Dieu; l'enfant ressuscite à ce nom. L'apôtre n'a pas le temps d'instruire ce peuple; mais en lui laissant ce prodige, comme preuve de la divinité de Jésus-Christ, il espère pour l'avenir, et il se remet en mer en implorant la miséricorde infinie pour ce pays qu'il ne peut évangéliser.
En passant en vue de l'île de Manaar, il demande à s'y arrêter quelques jours. Après avoir baisé cette terre imbibée du sang de tant de martyrs, il entre dans le bourg de Pasim... L'île entière était désolée par la peste. En voyant arriver le grand Père qu'ils aimaient tant sans le connaître, les Manaarais consternés reprennent courage, ils sont certains que le bon Père ne les quittera pas sans les avoir délivrés de l'épouvantable fléau. Ils envoient des messagers dans tous les villages voisins pour annoncer l'arrivée du grand Père des Palawars, et aussitôt tous les valides accourent au nombre de plus de trois mille et se pressent autour de François de Xavier
Grand Père ! s'écrient-ils, délivrez-nous de la peste ! Grand Père, tout le monde meurt ! on compte plus de cent morts par jour ! Grand Père, délivrez-nous !
Mes bien chers Manaarais, leur répond Xavier, votre douleur me déchire le cœur ! Oui, je vais demander à Dieu, qui est le Tout-puissant et dont la bonté et la miséricorde sont infinies, de vous délivrer de ce fléau par les mérites de Jésus-Christ son Fils, et par ceux des martyrs de Manaar qui vont aussi prier pour vous. Espérez ! je vous demande seulement d'attendre trois jours. Priez aussi, priez le Dieu des miséricordes infinies d'avoir pitié de vous, et ayez confiance.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Le troisième jour la peste cessait, tous les malades étaient guéris instantanément et à la même heure. Tout ce qui restait de païens dans l'île de Manaar demanda le baptême avec empressement, malgré la persécution ouverte contre les chrétiens. Le saint apôtre, après les avoir tous baptisés, les quitta pour se rendre à l'armée navale: où il était attendu.
Arrivé à Négapatam, il eut la douleur d'apprendre que l'armée refusait d'attaquer le roi de Jafanapatnam. Un navire portugais, richement chargé et venant de Pégu, avait échoué sur la côte de Jafanapatnam; le roi s'était emparé de la précieuse cargaison, et les marchands portugais, persuadés qu'ils n'en obtiendraient jamais rien si l'armée commençait les hostilités, s'étaient entendus pour séduire les officiers à prix d'argent, et ceux-ci refusaient maintenant l'attaque ordonnée par le vice-roi.
Xavier reconnut en cela l'opposition de la Providence au plan qu'il avait formé; il y renonça et se rembarqua pour retourner dans le Travancor. En passant devant l'île de Ceylan, il porta un triste regard dans sa direction.
« Ah! malheureuse île, dit-il, je te vois couverte de cadavres ! Des ruisseaux de sang t'inondent de toute part ! »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
A quelque temps de là, don Constantin de Bragance, et après lui don Hurtado de Mendoze, faisaient passer au fil de l'épée tous les habitants de l'île, et le tyran qui régnait à Jafanapatnam fut impitoyablement massacré ainsi que son fils.
Le vent, constamment contraire, força notre saint de retourner à Négapatam. Pendant cette pénible navigation, il apprit que les insulaires de Macassar soupiraient après le moment où il leur serait donné d'entendre prêcher l'Evangile, dont ils n'avaient qu'une idée très-imparfaite, apportée au milieu d'eux par un marchand portugais.
Le zèle du grand apôtre s'enflamme à cette nouvelle; il aurait voulu pouvoir faire voile à l'instant même pour Macassar et recueillir cette riche moisson qui, disait-il, n'attendait que la faucille; mais il tenait avant tout à consulter la volonté de Dieu. A son arrivée à Négapatam, il trouva Miguel Fereira venant de fréter son bâtiment et prêt à mettre à la voile pour Méliapour. Xavier profite de cette circonstance et s'embarque avec lui le 29 mars, dimanche des Rameaux, afin d'aller implorer les lumières divines sur le tombeau de saint Thomas.
Le vent, d'abord favorable, sur les côtes de Coromandel, tourna subitement et força de jeter l'ancre au pied d'un promontoire; sept jours se passèrent à attendre le moment de pouvoir sans danger gagner la haute mer. L'admirable saint demeura constamment en contemplation durant ces sept jours, sans prendre la plus légère nourriture. Le samedi saint seulement, à la sollicitation de Diogo Madeira, il consentit à boire un peu d'eau, dans laquelle il demanda qu'on fit cuire un oignon. Le fait fut attesté par tous les passagers.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Ce même jour, 4 avril, le temps, devenu meilleur, permit de lever l'ancre, on se remit en mer
Capitaine, votre vaisseau est-il assez fort pour résister à une violente tempête? demanda le Père de Xavier.
Oh ! non, saint Père; c'est, au contraire, un très-vieux bâtiment; mais je ne l'expose jamais quand le temps n'est pas sûr.
Il faut alors regagner le port, senhor.
Oh ! Père Francisco ! comment, vous avez peur avec un temps pareil ? J'irais à Méliapour dans une coquille de noix par ce veut-là.
Ne vous y fiez pas, capitaine, vous seriez trompé ! Mon Père, regardez donc ce beau ciel, je n'ai jamais vu plus beau temps pour la mer, et je m'y connais; la plus mince barque serait en sûreté par ce bon vent. Ne craignez rien, Père Francisco ! Fiez-vous à moi, qui suis un vieux marin, vous arriverez à bon port.
Xavier n'insista plus; les passagers refusaient d'ailleurs de retourner au mouillage qu'on venait de quitter. Mais bientôt la mer devient houleuse; un point noir se montre à l'horizon; il avance rapidement, et le navire, ballotté en tout sens, menace de sombrer, lorsqu'un vent violent, le repoussant avec une force prodigieuse, le rejette précisément à la ,. rade de Nagapatam d'où il était parti !
On devine les regrets du-capitaine et de l'équipage, à la pensée que nul d'entre eux n'avait tenu compte des avertissements du saint Père.
Xavier tenait à faire son pèlerinage au tombeau du premier apôtre des Indes; pour éviter de nouveaux retards, il prit le parti de s'y rendre par la voie de terre et à pied, malgré la distance et la difficulté des chemins.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
X
Toute la ville de Méliapour connaissait notre saint de réputation; ce fut un mouvement général dès qu'on apprit son arrivée. Gaspardo Coelho, vicaire (1) de la paroisse de-Saint-Thomas, vint le supplier de loger chez lui et n'eut pas de peine à l'obtenir, car le presbytère tenant à l'église où était le tombeau du premier
apôtre des Indes, Xavier eut aussitôt la pensée qu'il pourrait y passer une partie des nuits.
Déjà on réclamait son ministère, et avec le zèle que nous lui connaissons, il prévoyait que ses journées seraient absorbées par les travaux apostoliques, en raison du déplorable relâchement de mœurs qui régnait à Méliapour.
Dès les premiers jours, il fit entendre sa puissante parole toujours bénie, toujours appuyée par la plus éminente sainteté de vie, et dès les premiers jours aussi il fut assailli par la foule de pécheurs que cette parole avait éclairés et convertis. L'exaltation du peuple alla jusqu'à répandre le bruit que tous ceux qui résistaient aux exhortations du, saint Père, ne pouvaient manquer de mourir en réprouvés; on citait même des exemples effrayants, et la foule croissait autour du saint Père pour entendre ses prédications, pour alléger sa conscience, pour trouver la paix de l'âme en rentrant dans la grâce de Dieu.-------------
1 Les Portugais appellent vicaire celui qu'en France nous appelons curé.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Quelques pécheurs cependant, mais en bien petit nombre, évitèrent de voir et d'entendre le saint Père auquel rien né résistait. L'un d'eux, riche seigneur portugais, dont les désordres étaient le plus grand scandale de la ville, fuyait Xavier avec d'autant plus de soin, qu'il en était connu. personnellement. Un jour, au moment où il allait se mettre à table pour dîner, le Père de Xavier se présente
Don Jacinto, lui dit-il gaiement, depuis mon arrivée je désire vous voir et je ne vous rencontre nulle part !
Mon Père...
J'ai bien peu de temps à moi, je ne puis faire de visites, et je viens vous demander à dîner; vous voulez bief me recevoir n'est-ce pas?. Je n'ai que ce moyen de vous voir.
Mon Père,..... certainement..... c'est un grand honneur pour moi, balbutia don Jacinto.
Le Père fut aimable, causant, gai, spirituel, entraînant comme il l'était quand la gloire de Dieu et le salut d'une âme lui en faisaient un devoir, mais ne parla nullement à son hôte des scandales de sa coupable vie.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Jacinto en était confondu. Il se demandait comment il pouvait se faire qu'un saint comme le Père de Xavier, qui ne laissait jamais échapper une occasion de ramener une âme, et qui recherchait les pécheurs avec de si grandes fatigues et un zèle si ardent, ne lui dit pas un mot de sa conscience. Son étonnement redoubla lorsqu'il vit l'aimable saint le quitter et s'éloigner avec la même gaieté qu'à son arrivée.
Alors, il se fit dans cette âme un trouble inexprimable ; Jacinto frappé de la pensée que l'apôtre avait jugé inutile de s'occuper de son salut parce qu'il le savait désespéré, ne goûta plus un seul instant de repos, et finit par aller trouver le saint Père
Mon Père, lui dit-il, votre silence m'a bouleversé ! Est-ce que vous me regardez comme un réprouvé qui n'obtiendra jamais le pardon de ses péchés?
Non, certainement, cher senhor. Pourquoi cela?
Mon Père, vous êtes venu chez moi, et vous ne m'avez rien dit de ma conscience !...
Hélas ! m'auriez-vous écouté? J'ai cru devoir garder le silence là-dessus...
Eh ! mon Père, c'est ce silence qui m'a troublé. Je n'ai pas eu un moment de repos depuis votre visite, je suis le plus malheureux des hommes ! Oh ! s'il en est temps encore, mon cher Père Francisco, ne m'abandonnez pas !
Il est toujours temps de recourir à la miséricorde infinie de Dieu, cher senhor; mais vous avez de grands sacrifices à faire pour mettre ordre à votre conscience..
Je ferai tout ce que vous voudrez, mon bon Père ! Je sacrifierai tout, j e vous obéirai aveuglément, pourvu que vous ne désespériez pas de mon salut.
Le saint lui fit faire une confession générale, et Jacinto ayant entièrement réformé sa vie, devint un fervent chrétien.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Les prodiges accompagnaient partout le grand Xavier. Benedito Cabral, marchand portugais à Méliapour, partant pour Malacca, va lui demander sa bénédiction et le supplie de lui donner en souvenir un objet qu'il puisse conserver
Je n'ai rien, lui répond l'humble saint; je ne puis vous donner que ce chapelet, qui vous sera utile si vous avez confiance en Marie.
Benedito s'embarque, son navire se brise contre un écueil; tous les passagers et la plupart des matelots sont engloutis, les autres sont restés sur un rocher à fleur d'eau; le marchand est avec eux, son chapelet dans la main. Ils réunissent quelques planches, débris du navire échoué, et ils se jettent dessus, à la Providence ! Notre marchand tient toujours son chapelet; il invoque l'Étoile de la mer, il offre les mérites du saint Père de Xavier et il perd le sentiment et la connaissance de sa position. Il ne se croit plus en mer; il se croit à Méliapour près du saint Père, il croit lui parler et l'entendre... Et voilà que tout à coup il revient à lui... Il est à terre, sur une côte qui lui paraît inconnue et dont il demande le nom aux étrangers qui l'entourent, car les matelots, ses compagnons d'infortune, ne sont plus avec lui. On lui répond qu'il est à Négapatam, et il publie, dans toute l'effusion de sa reconnaissance la manière miraculeuse dont il y a été amené.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Le navire de Geronimo Fernandez de Mendoza était toute sa fortune, et ce navire est pris par des corsaires du Malabar en vue du cap Comorin. Geronimo veut au moins sauver sa vie; il se jette à la mer, gagne la côte de Méliapour à la nage et rencontre le saint Père à qui il expose sa cruelle position
Si je pouvais regretter d'être pauvre moi-même, lui répondit le compatissant apôtre, je le regretterais en ce moment ! mais prenez courage, mon bien cher ami ! La divine Providence ne vous abandonnera pas, elle viendra à votre secours.
Et en disant ces paroles, le Père de Xavier fouillait dans sa poche, et comme tout étonné de n'y rien trouver, il porte un regard suppliant vers le ciel et s'éloigne de quelques pas en priant. Il remet la main dans sa poche, et, se retournant vers Geronimo
Cher senhor, lui dit-il, prenez cela, le ciel vous l'envoie, servez-vous-en, mais n'en parlez à personne ! Il venait de lui donner cinquante ducats d'or. Geronimo Fernandez de Mendoza, ivre de bonheur de pouvoir rétablir ses affaires et d'être redevable de cette fortune à un miracle de la Providence, s'empressa de le faire connaître, malgré la défense du saint Père. Dieu voulait que le prodige ne pût être contesté, car ces pièces d'or furent reconnues d'une matière plus pure et de plus grande valeur que celle de toutes les monnaies en circulation dans les Indes. La grande sainteté de Xavier produisait à Méliapour autant de bien que sa parole, et la ville entière se réformait avec un empressement bien consolant pour le cœur de l'apôtre aimé de Dieu. Une des conversions les plus douces pour lui, fut celle de Joam d'Eyro qui, après avoir servi dans l'armée portugaise, s'était enrichi dans le commerce des Indes, bien qu'il n'eût encore que trente-cinq ans. Il vint un jour trouver le saint Père et lui dit:
Mon Père, je viens vous soumettre une pensée qui m'agite depuis plusieurs jours. Je voudrais servir Dieu de la manière la plus parfaite; mais la pauvreté m'effraye; permettez-moi de m'attacher à vous, de vous suivre partout, et de fournir à tous vos besoins; je vous aiderai de mon mieux dans vos missions.
Ce n'est pas là la perfection évangélique, lui répondit le Père de Xavier. Rappelez-vous le conseil donné par Notre-Seigneur Jésus-Christ au jeune homme de l'Évangile qui lui demande ce qu'il doit faire pour être parfait : Si vous voulez être parfait, lui dit le divin Sauveur, vendez ce que vous avez et donnez-en le prix aux pauvres.
Eh bien ! mon Père, je vous donnerai tout ce que j'ai, et vous le donnerez aux pauvres.
Ce n'est pas ainsi que la chose doit se faire. Examinez d'abord la manière dont vous vous êtes enrichi dans votre négoce. Peut-être trouverez-vous quelques restitutions nécessaires; préparez-vous à faire une bonne confession générale, et, votre conscience purifiée par cette confession et par ces restitutions, vous obtiendrez plus facilement la grâce de connaître la volonté de Dieu sur vous.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
Joam d'Eyro se soumit à la direction de Xavier; mais bientôt la pauvreté lui devint intolérable, il acheta mystérieusement un petit bâtiment et se disposait à mettre à la voile à l'insu du saint Père, pour recommencer ses entreprises commerciales, lorsque le catéchiste Antonio vint à lui
Senhor Joam, venez vite parler au Père Francisco, il vous attend.
vous vous trompez Antonio ; c'est un autre Joam que le Père demandé, ce ne peut être moi. - C'est bien vous, car il m'a dit : Joam d'Eyro; c'est très-pressé, venez vite !
D'Eyro, un peu déconcerté, et se doutant que le saint, toujours éclairé de Dieu, connaissait son plan secret, se rendit à l'appel qui lui était fait
Vous avez péché ! lui dit Xavier en le voyant.
C'est vrai, c'est vrai, mon cher Père ! J'ai péché j'ai cédé à une violente tentation de reprendre mon commerce !
Pénitence donc, mon ami, pénitence ! lui répondit l'apôtre, en le relevant et l'embrassant.
Car d'Eyro, n'ayant pu soutenir la douceur et la pénétration de l'angélique regard de Xavier, s'était mis à ses pieds. Il s'y remit tout contrit de sa faute, se confessa, courut ensuite vendre tout ce qu'il avait, en donna tout le prix aux pauvres, s'attacha aux saint Père, et le suivit en qualité de catéchiste.
Avant de quitter Méliappur, où il allait laisser de si douloureux regrets, notre saint écrivait à la Compagnie de Jésus, à Goa, le 8 mai 1545.
« ....... Les vents s'opposant à mon retour, je suis venu à Méliapour. Là, sur le tombeau du saint apôtre je n'ai cessé de demander à Dieu, par son intercession, de me faire connaître sa divine volonté, à laquelle je suis bien résolu d'être fidèle, avec le secours de sa grâce à quelque prix que ce soit. -Celui qui donne le désir, donne le moyen de l'accomplir. Dieu, dans son infinie miséricorde, s'est souvenu de son indigne serviteur; car je me suis senti tout à coup l'âme dilatée par la joie, le cœur inondé de délices, et j'ai reconnu que Dieu m'appelait à Malacca, et de là à Macassar . . . . . . . .
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
« Le père Francisco Mancias est à Comorin avec quelques prêtres du Malabar; leur zèle est tel, que ma présence est inutile là. Les Pères qui ont passé la saison des pluies au Mozambique, et ceux qui viendront cette année du Portugal, pourront aller à Ceylan avec les princes et seigneurs de ce pays, qui y retournent. De mon côté, je m'acheminerai vers Macassar, avec l'espérance que Dieu protégera mon voyage, puisqu'il m'en a inspiré le dessein, et qu'en témoignage de son approbation il a rempli mon âme d'une surabondance de délice ! Je suis si convaincu de la volonté de Dieu, que si je retardais l'exécution de ce projet seulement de quelques instants, je me croirais en guerre ouverte avec le ciel ! Je n'oserais plus rien espérer de sa souveraine bonté, ni en cette vie ni en l'autre. Ainsi, à défaut de vaisseau marchand portugais, je suis décidé à me jeter dans une barque de païens ou de Sarrasins. J'ai tant de confiance en Dieu, dont l'amour seul me porte là, que sans hésiter, avec le seul souffle; du Saint-Esprit, je braverais toutes les tempêtes de l'Océan dans la barque la plus chétive. Mes espérances ne sont attachées ni aux voiles, ni aux ancres, ni aux matelots. Dieu seul ! voilà mon pilote, voilà mon ancre de miséricorde et de salut !
« Ah ! mes très-chers frères, priez, priez sans cesse pour moi, misérable pécheur ! Ne m'oubliez pas dans vos oraisons journalières, dans vos saints sacrifices; recommandez-moi à ce Dieu si plein de bonté ! C'est en son nom que je vous en conjure... »
Que pourrions-nous dire du zèle de notre admirable apôtre qui ne fût au-dessous de cette brûlante et magnifique expansion de son âme !...
Il ne put partir aussitôt qu'il le désirait, et retenu à Méliapour jusqu'au commencement de septembre, il s'embarqua seulement alors pour Malacca, laissant tout en larmes la population qu'il venait de réformer, et dont la vie était devenue si édifiante, qu'en quittant la ville il s'écria :
« Méliapour est une des villes les plus chrétiennes Dieu la bénira: avant peu d'années elle deviendra une des villes les plus riches et les plus florissantes de toutes les Indes ! »
Cette prédiction s'accomplissait peu d'années après.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER
QUATRIÈME PARTIE
MALACCA. LES MOLUQUES. RETOUR A MALACCA.
(Septembre 1545. - Janvier 1548.)
********
I
Notre infatigable saint débarquait à Malacca, le 25 septembre après la plus heureuse traversée, et avec la consolation d'avoir opéré plusieurs conversions en mer, parmi les matelots et les passagers... Il se présenta sans retard chez le gouverneur de la ville, afin d'en obtenir les moyens de s'embarquer pour Macassar ; mais le gouverneur lui ayant appris qu'un saint prêtre était déjà en mission dans cette île, et que nul capitaine ne ferait voile pour cette destination avant plusieurs mois, Xavier reconnut que la volonté de Dieu était qu'il travaillât à Malacca, et le jour même il commença ses prédications.
Il établit son campement à l'hôpital, parmi les pauvres et les malades qui étaient toujours pour lui les membres souffrants de Jésus-Christ; cette pensée les lui faisait aimer d'un si tendre amour, qu'il aurait voulu ne les quitter jamais.
Dès le soir même, il parcourut les principales rues de la ville, agitant de temps à autre une petite clochette, et disant à haute voix : « Priez pour les pauvres âmes qui sont en péché mortel ! »
La voix de l'apôtre était douce, mélodieuse, pénétrante comme une voix du ciel, et les pécheurs qui l'entendaient ainsi aux heures de plaisir et de folles dissipations, la sentaient vibrer comme un remords au fond de leur âme, malgré l'agitation extérieure à laquelle ils s'abandonnaient.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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