VIE DE SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE DE L'ORDRE DE LA VISITATION SAINTE-MARIE

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Message  Monique Mer 08 Sep 2021, 12:24 pm

VIE DE SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE DE L'ORDRE DE LA VISITATION SAINTE-MARIE Margue10

VIE DE SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE
DE L'ORDRE DE LA VISITATION SAINTE-MARIE



****


PUBLIÉE PAR Le Monastère de Paray-le-Monial 12e Mille

PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE POUSSIELGUE J. DE GIGORD, éditeur
RUE CASSETTE, 15 - 1923

Droits de traduction et de reproduction réservés.

Nihil obstat. Paraedi, die 29a Julii 1923.

Librorum censor J. DARGAUD.
IMPRIMATUR : Augustoduni, die 24a Julii 1923.

+ HYACINTHUS Episc. Augustodun., Cabillon., et Matiscon.


********




Lettre d'approbation de S. G. Mgr Chassagnon,
Evêque d'Autun, pour la présente édition.


ÉVÊCHÉ D'AUTUN



Autun, le 24 juillet 1923.




Ma Révérende Mère,



Les éditions de la Vie de sainte Marguerite-Marie, écrite par l'une des religieuses du monastère de Paray-le-Monial, se succèdent avec une rapidité qui marque l'attrait exercé par l'humble Visitandine et le prestige que lui donne son rôle de confidente du Sacré Coeur.

La dévotion au Coeur de Jésus, qui aujourd'hui éclaire l'Église, la pénètre de piété et de grâce, lui communique un nouvel et plus généreux élan vers la perfection, éveille aussi en nous le désir de connaître la Sainte à qui le Sauveur révéla les infinis secrets de sa bonté et d'entr'ouvrir cette âme élue pour en admirer la beauté, en respirer les parfums, en mesurer l'amour divin.

Et l'on veut entendre l'histoire de la Voyante, écouter le récit des radieuses apparitions, apprendre les origines de la dévotion qu'elle a enseignée, savoir par quels travaux, par quelles vertus, par quelles souffrances, par quel apostolat a jailli, du monastère de Paray-le-Monial, la lumière qui a manifesté le Coeur sacré de Jésus.

C'est cette pieuse avidité des âmes qui multiplie les éditions de la Vie de Marguerite-Marie, en assure le succès qui vous réjouit et que 'nous constatons avec bonheur.

A mesure donc que la dévotion au Sacré Coeur se développe et qu'elle irradie le monde, s'étend aussi la gloire de notre Sainte. Son nom honoré est dans toutes les mémoires et sur toutes les lèvres. Elle a été l'apôtre du Sacré Coeur avec joie, avec persévérance, avec une intensité de zèle qui ravit. Mais, à son tour, le Sacré Coeur prend soin d'exalter sa fidèle servante et de lui procurer, dans le ciel de l'Église, la plus triomphante ascension.

Et ainsi montrée au monde, maintenant que l'auréole des Saintes la couronne et l'impose à l'attention de tous, Marguerite-Marie nous apprend, avec plus de force et d'autorité, comment nous devons pratiquer la dévotion au Sacré Coeur, faire de l'amour divin le centre de notre âme, la loi de notre vie, la cause de notre sainteté.

Avec quel art et quelle persuasion elle peut remplir ce rôle, nul ne saurait en douter. Mais la Vie que vous faites paraître et qui se répand partout mettra en plein relief la méthode par laquelle on devient le disciple du Sacré Coeur. A lire toutes ces pages où sont racontées les vertus de notre Sainte, les âmes seront dirigées, fortifiées, excitées à l'effort, et de plus en plus nombreuses seront celles qui, par amour pour Notre-Seigneur, avec l'aide de sa grâce, accompliront la loi divine dans toute sa plénitude.

Que votre livre continue donc d'avoir la plus grande et la plus salutaire diffusion! Je prie le Sacré Coeur de vous bénir, ma Révérende Mère, et de bénir votre chère Communauté.





+ HYACINTHE,

Évêque d'Autun, Chalon et Mâcon.


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Message  Monique Jeu 09 Sep 2021, 6:43 am

Lettre de Mgr Gauthey, Archevêque de Besançon, à l'auteur de la « Vie de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, de l'Ordre de la Visitation Sainte-Marie, publiée par la Visitation de Paray-le-Monial. »


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Nevers, le 28 juin 1909.(1)



Ma chère Soeur,



Deux fois j'ai lu attentivement votre manuscrit. Après la seconde lecture, mon impression, plus vive encore qu'à la première fois, c'est que vous avez composé la vraie Vie de Marguerite-Marie. Oui, sa vraie Vie, écrite dans le milieu où elle a vécu, par une main qui a feuilleté pendant trente ans tous les documents originaux ou contemporains, avec un esprit profondément imprégné de toutes les traditions salésiennes, des observances, coutumes, manières de penser, de parler et d'agir de la Visitation.

Quels que soient le talent, la compétence et la piété des autres historiens, ils n'auront jamais ce que l'on peut appeler, en usant d'un mot très à la mode : « la mentalité visitandine; » et c'est ce qui fait que clans toutes les biographies. ou histoires de votre sainte Soeur, il y a des lacunes et quelque chose qui n'est pas au point. Il faut avoir passé sa vie à la Visitation, et à la Visitation de Paray, pour se rendre compte de beaucoup de détails inintelligibles aux personnes du dehors. Il faut avoir subi la formation du noviciat, passé par toutes les initiations et les épreuves. du monastère, pour apprécier et la conduite des. supérieures de Marguerite-Marie et les relations de la Servante de Dieu avec elles et avec ses compagnes. Il y a là des indications, des nuances, qui donnent du relief aux petites choses et mettent en valeur les paroles et les gestes C'est tout cela que l'on trouve dans vos pages, avec une précision, une justesse, une vérité qui charme. C'est, comme on dit encore de nos jours, du « vécu » avec un réalisme simple et très attachant.

Outre le scrupule de l'exactitude, vous avez montré une probité historique complète, en n'atténuant rien de ce qui appartient à l'histoire de la disciple du Sacré Coeur dans son monastère. L'autorité du récit y gagne singulièrement.

Vous avez, en abeille diligente de la ruche salésienne, butiné avec un soin jaloux sur toutes les. fleurs du jardin fermé de Paray et vous avez fait un miel savoureux.

Laissant parler votre Bienheureuse le plus souvent, là où vous parlez vous-même, c'est encore avec son langage, avec ses pensées, avec les manières de dire des Contemporaines : travail très délicat et merveilleusement exécuté, que seuls pourront estimer à son prix ceux qui ont compulsé les écrits, les mémoires, les documents de la Cause.

Je suis assuré que l'Institut de la Visitation accueillera cette Vie avec une grande joie et une pleine dilatation de coeur. Les âmes religieuses, comme aussi les âmes vraiment chrétiennes du monde, feront leurs délices de sa lecture. Vous leur donnez, par les leçons de votre Bienheureuse Soeur, la vraie doctrine de la vie religieuse et de la sainteté chrétienne, qui consistent avant tout, l'une et l'autre, dans l'humilité, l'abnégation et le sacrifice.

Assurément le Sacré Coeur a des suavités ineffables, mais elles sont pour les âmes d'énergie et de sacrifice. Vous avez fait ressortir toutes les divines exigences d'un amour de prédilection, les délicatesses de fidélité qu'il réclame, l'horreur qu'une âme, éprise de conformité avec le divin modèle, a de toute souillure, fût-elle un grain de poussière, en face de la sainteté divine.

Cela, c'est du bon pain de froment qui fait les tempéraments forts. Heureuses, dans notre temps de mollesse et de sensualité, les âmes qui auront le goût de s'en alimenter !

Votre Marguerite-Marie a été « chargée d'office d'attirer toutes les âmes » au divin Coeur. La Visitation a reçu la mission de le faire connaître, aimer, et de « distribuer aux autres » la « précieuse monnaie » de « ce trésor inépuisable »« plus l'on prend, plus il y a à prendre. » Vous remplirez ce rôle par votre livre et vous contribuerez à convaincre les chrétiens et les chrétiennes de notre temps que le sacré Coeur de Jésus « est la source de tous biens, qui ne cherche qu'à se « répandre et à se communiquer. »

La Bienheureuse aspirait par-dessus tout à rester inconnue: Son Maître divin l'a exaucée pendant assez longtemps. Mais tout annonce que lē moment approche où il veut la glorifier, selon le mot de nos Saints Livres

[i]« S'il est bon de renfermer dans le silence le secret du roi, il est glorieux de révéler et de manifester les oeuvres de Dieu. »


Quel beau jour à Paray-le-Monial et dans votre monastère que celui où vous pourrez donner publiquement à celle que vous êtes accoutumées à appeler « notre Bienheureuse Soeur » le nom de « notre Sainte Soeur ! »

J'unis mes prières aux vôtres pour hâter le jour de la Canonisation.

J'appelle, en attendant, sur votre monastère, sur vous et sur votre travail les plus abondantes bénédictions du sacré Coeur de Jésus.



+ FRANÇOIS-LÉON, Évêque de Nevers.



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1.  Mgr Gauthey était alors évêque de Nevers.




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Message  Monique Ven 10 Sep 2021, 8:14 am

Lettre de S. G. Mgr Villard, Évêque d'Autun.


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ÉVÊCHÉ

D'AUTUN

Autun, le 6 juillet 1909.



Ma chère Soeur,

Évêque du diocèse du Sacré Coeur, je suis heureux d'être appelé à approuver la nouvelle Vie de la Bienheureuse Marguerite-Marie que vous offrez aux fidèles.

Monseigneur Gauthey, évêque de Nevers, était plus à même que personne d'en apprécier le mérite, lui qui depuis tant d'années s'est familiarisé avec les écrits de la Servante de Dieu. Sa lettre caractérise si bien votre oeuvre, qu'il ne me reste qu'à vous remercier de l'avoir entreprise et à lui souhaiter une large diffusion.

Tout ce qui glorifie Marguerite-Marie profite à la gloire du Coeur de Jésus, et accroît le rayonnement de la dévotion envers lui. L'existence entière de notre Bienheureuse s'est consumée à le faire connaître et surtout aimer. Sa vie du ciel continue celle écoulée dans votre tant aimé monastère de Paray, tout parfumé de son esprit et de ses vertus.

Que votre livre paraisse donc et ranime la charité des âmes; qu'il leur porte aussi une part de la bénédiction que je vous envoie du fond de mon coeur !

Agréez, ma chère Soeur, l'assurance de mon paternel dévouement en Notre-Seigneur.





+ HENRY RAYMOND,

Évêque d'Autun, Chalon et Mâcon.


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Lettre de Son Éminence le Cardinal Amette, Archevêque de Paris.


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ARCHEVÊCHÉ

DE PARIS



Paris, le 9 juin 1914.



Ma Révérende Mère,



Vous allez publier une seconde édition de la Vie de la Bienheureuse Marguerite-Marie, composée par une des religieuses de votre monastère de Paray.

J'ai lu avec autant d'édification que d'intérêt cet ouvrage, et je suis heureux du succès qu'il a obtenu. Nul autre ne fait mieux connaître l'âme de la Bienheureuse, ses relations intimes avec Notre-Seigneur, et l'esprit de la dévotion au Sacré Coeur, dont elle a été l'évangéliste et l'apôtre.

Je fais des voeux pour que ce livre se répande de plus en plus, pour apprendre aux âmes à aimer davantage et à mieux honorer le Coeur sacré de Jésus.

Je prie Notre-Seigneur de vous bénir, vous et votre chère Communauté.

Agréez, ma Révérende Mère, l'expression de mes sentiments religieusement dévoués.



+ LÉON-ADOLPHE Card. AMETTE,

Arch. de Paris.


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Lettre de S. G. Mgr Berthoin, Évêque d'Autun

A la Très Honorée Mère Supérieure de la Visitation de Paray-le-Monial.


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ÉVÊCHÉ D'AUTUN



Autun, le 7 janvier 1919.

Ma chère Fille,



A l'occasion des fêtes prochaines de la Canonisation de Marguerite-Marie, vous faites paraître une nouvelle édition de sa Vie écrite par une de vos Soeurs de Paray-le-Monial, et vous me demandez une lettre d'approbation pour cet écrit. Je suis très heureux de vous dire le bien que cette Vie a fait à mon âme : je l'ai lue et relue à plusieurs reprises et .toujours avec beaucoup d'édification.

Je résumerai mes impressions en trois points qui me semblent être le fond de l'existence de Marguerite-Marie et qui sont mis en lumière d'une façon remarquable.

1°. Une ressemblance extraordinaire entre les paroles et les principes de vie de notre Sainte et les enseignements du saint Évangile. C'est vraiment la traduction pratique et populaire des enseignements du divin Maître. Cette ressemblance se trouve évidemment chez (XV) tous les saints, puisque la sainteté n'est que la reproduction du modèle de toute perfection qu'est Notre-Seigneur Jésus-Christ. Je ne sais si c'est une illusion chez moi, mais nulle part je n'ai éprouvé cette impression au même degré. D'un bout à l'autre de la vie de Marguerite-Marie, l'amour de Dieu est inséparable de l'amour de la souffrance sous toutes les formes possibles. Elle s'y sent attirée d'une manière irrésistible et s'y porte avec un courage vraiment admirable. Et cela ne vient pas en elle de l'étude, d'un enseignement quelconque de la terre. C'est le fruit immédiat de l'Esprit-Saint qui imprime dans cette âme le sens et la pratique de la maxime du Maître : « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il se renonce lui-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive. » Marguerite-Marie entre dans cette voie dès sa plus tendre jeunesse et y sera de plus en plus fidèle jusqu'à la fin de sa carrière en ce monde. Il semble qu'elle prélude par là à la dévotion du Sacré-Coeur telle qu'elle lui sera manifestée, qu'elle la pratiquera elle-même, qu'elle l'enseignera à toutes lés personnes avec qui elle sera en relation. Admirable sagesse de Notre-Seigneur, qui veut ainsi former l'instrument dont il se servira bientôt et donner, dans la vie de sa confidente et messagère, le modèle vivant de la dévotion qu'il se propose d'établir

2° Une autre constatation, c'est que les communications extraordinaires de Marguerite-Marie avec Dieu, non seulement né la détournent pas de sa vie et de sa règle de visitandine, mais l'y enfoncent davantage et l'y rendent de plus en plus fidèle. Notre-Seigneur veut que tout ce qu'il enseigne et ordonne à sa disciple privilégiée soit connu et jugé par ses supérieures. Elle (XVI) doit leur obéir en tout et toujours, sans s'écarter jamais de ce qu'elles lui auront marqué. Cette vie de dépendance absolue, à l'égard de l'autorité extérieure qui a été établie de Dieu par sa Providence ordinaire, sanctifie son âme, constitue sa sauvegarde et est en même temps le contrôle le plus assuré de l'origine divine des faveurs qu'elle reçoit. Elle ne fait pas de miracles pour établir la réalité de la mission qui lui a été confiée : sa vie est un miracle permanent par l'héroïsme constant avec lequel elle pratique toutes les vertus de son saint état. Et cela encore est une grande leçon. La dévotion au Sacré Coeur devait être un renouvellement de la vie chrétienne dans le monde. Or la vie chrétienne consiste essentiellement à aimer Dieu et à se sanctifier dans la situation où l'on a été placé par la divine Providence, en accomplissant d'une manière parfaite et par amour pour Dieu tous nos devoirs et spécialement nos devoirs d'état. En cela encore, Marguerite-Marie est le modèle parfait de la, dévotion dont elle a été faite l'apôtre.

3° L'exposé des différentes apparitions relatives à la manifestation de la nouvelle dévotion est fait d'une manière complète et saisissante. Mais immédiatement après, on nous raconte en détail tout ce que Marguerite-Marie eut à souffrir avant de pouvoir réaliser la mission dont elle avait été chargée. Elle dut d'abord accepter d'être victime d'expiation pour les imperfections de ses Soeurs. Le Monastère de Paray-le-Monial était le berceau d'où allait partir, pour se répandre dans le monde, la dévotion an Sacré Coeur. Il fallait le purifier des taches qui ternissaient l'éclat de sa vie religieuse. Le récit, aussi complet que possible, de ce (XVII) qu'exigea d'elle le Dieu de toute pureté nous montre que l'amour divin ne peut s'épanouir et se développer dans les coeurs que lorsque ceux-ci ont été dégagés de tout alliage. Cette purification était une condition nécessaire, mais elle ne suffisait pas. Marguerite-Marie dut gagner, par des années de souffrances, de mortifications, d'épreuves de tout genre, le radieux éclat que la dévotion au Sacré-Coeur jetterait :enfin dans les dernières années de sa vie ici-bas. Et c'est là un troisième enseignement, également très important, qui découle de sa vie. Lorsque nous entreprenons de travailler à l'extension du règne du Sacré Coeur, il nous semble que tout doit marcher rapidement au gré de nos désirs. A peine avons-nous mis la main à l'oeuvre, que nous voudrions déjà atteindre le but. Telle n'est pas la marche de la Providence, et les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées. Il veut que nous travaillions avec ardeur et persévérance, mais en laissant à sa sagesse et à sa puissance le soin de féconder nos efforts à l'heure qu'il aura lui-même marquée. Le succès ne vient pas de nous, mais uniquement de sa grâce. En attendant, il faut se sanctifier, souffrir et prier pour que la cause de Dieu avance.

Voilà les grandes leçons qui, pour moi, ressortent admirablement de la hie de Marguerite-Marie, telle que la présente l'ouvrage fait dans votre monastère. C'est pourquoi je lui souhaite la plus grande diffusion, en bénissant l'auteur, toute la Communauté, et vous, en particulier, ma chère Fille.

Votre bien dévoué dans le Sacré Coeur.





+ DÉSIRÉ-HYACINTHE,

Évêque d'Autun, Chalon et Mâcon.



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Message  Monique Sam 11 Sep 2021, 7:52 am

AVANT-PROPOS




VIVE + JÉSUS !


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Depuis le 13 mai 1920, jour de sa Canonisation, il s'est fait une grande diffusion de la Vie de Sainte Marguerite-Marie.

Ce mouvement ne semble pas devoir se ralentir, puisque la dévotion envers la disciple du Coeur de Jésus progresse parallèlement avec la dévotion envers Lui. Partout, en effet, où germe et se développe le culte du Sacré Coeur, les âmes se montrent avides de mieux connaître l'humble confidente du Dieu d'amour et de miséricorde, celle qu'il a Lui-même choisie, non seulement pour lui révéler personnellement son divin Coeur, mais encore pour en être l'apôtre et l'évangéliste au sein de l'Église catholique. Et c'est ainsi que la chère Sainte de Parayle-Monial, qui n'ambitionnait qu'une chose : « être ensevelie dans un éternel oubli et mépris des créatures », voit maintenant, de par la volonté divine, son nom invoqué dans tous les pays et son intercession réclamée comme une grâce par les grands et les petits.

Sainte Marguerite-Marie reste bien le trésor particulier de son monastère, de son Ordre et de la France; mais, du fait même de sa mission, sanctionnée par la suprême autorité de l'Église, elle appartient à tout le monde. N'est-elle point chargée d'office de distribuer à tous les hommes les richesses infinies du Coeur de son Dieu ? Quelle incomparable investiture ! Notre-Seigneur lui disait un jour : « Je te constitue héritière de mon Coeur et de tous ses trésors pour le temps et l'éternité, te permettant d'en user selon ton désir. » Ce n'est pas en vain qu'un Dieu prononce une telle parole. Or, ce qu'il dit, c'est ce qu'il veut et il le maintient. Et, chaque jour davantage surtout depuis que Marguerite-Marie est devenue une sainte canonisée le Maître se plaît à répandre ses faveurs par elle. Nombreuses sont les grâces obtenues par sa médiation ; et on, en compte de toutes sortes des temporelles comme des spirituelles. Il nous est doux de le publier, faisant ainsi écho à la reconnaissance de tous ceux qui ont éprouvé le bienfaisant secours de la Vierge de Paray.

C'est afin de mettre encore à la portée de tous les fidèles une Vie complète bien qu'abrégée de la Servante de Dieu que nous donnons cette nouvelle édition du présent petit volume, les précédentes ayant déjà reçu un si bienveillant accueil dans le cloître et dans le monde.

Daigne le Coeur de Jésus bénir une fois de plus ces modestes pages ! Elles n'ont d'autre but que de mettre en lumière l'oeuvre divine dans l'âme d'une Sainte dont la devise était :



« Tout de Dieu et rien de moi !

« Tout à Dieu et rien à moi

« Tout pour Dieu et rien pour moi! »




De notre Monastère de Paray-le-Monial, 26 juin 1923.



DIEU SOIT BÉNI



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Message  Monique Dim 12 Sep 2021, 7:51 am

CHAPITRE PREMIER


NAISSANCE DE MARGUERITE.
SA JEUNESSE. SES ÉPREUVES. SA VOCATION. 1647-1671.


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Claude Alacoque, juge et notaire royal des seigneuries du Terreau, de Corcheval et autres lieux, épousait, en 1639, Philiberte Lamyn. Dieu les avait choisis l'un et l'autre pour être le père et la mère d'une fille qui devait à jamais illustrer leur nom : Marguerite-Marie Alacoque.

Elle naquit au village de Lhautecour, territoire de Verosvres en Charolais, le lundi 22 juillet 1647 et fut baptisée le jeudi 25 du même mois, ayant pour parrain son oncle à la mode de Bretagne, Antoine Alacoque, curé de la paroisse de Verosvres, et, pour marraine, Marguerite de Saint-Amour, mariée à messire de Fautrières, seigneur de Corcheval.

L'Esprit-Saint, au regard duquel tout est présent, prit sans doute possession de cette âme avec (2) une complaisance ineffable. Il savait qu'il ne serait jamais chasse de la demeure dans laquelle il entrait, et qu'au contraire il pourrait librement y accomplir des merveilles de grâce.

Cette frêle créature, qui ne comptait que trois jours d'existence et que rien ne distinguait au dehors, devait être, dans le plan de la Providence, l'instrument par lequel de grands desseins de miséricorde sur le monde seraient réalisés.

Avant tout, le Seigneur éprouverait la docilité de cet instrument ; il protégerait lui-même son élue, l'entourant d'un rempart d'humilité... Puis un jour, il se pencherait vers elle; il lui découvrirait son Coeur ; il le lui ouvrirait et il la chargerait de le manifester à son Église, dans toute la profondeur et la magnificence de son amour.

Lumière discrète, annonçant tout d'abord l'éclat d'un jour incomparable, Marguerite-Marie en demeurerait, à travers les siècles, le céleste rayonnement. Après avoir montré à tous le Sacré Coeur et s'être abîmée en lui, elle resterait comme chargée d'office d'attirer toutes les âmes à ce Coeur divin.


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Message  Monique Lun 13 Sep 2021, 7:08 am

Telle devait être sa mission spéciale. Comment le ciel l'y prépara-t-il ?

Pour avoir la réponse, pénétrons dans son âme. Dieu a voulu que la clef de ce sanctuaire fût conservée. C'est le manuscrit original de l'Autobiographie de la Sainte, écrit par ordre du Père Rolin, jésuite, son directeur, pendant les années ; 1685-1686. D'une écriture très serrée, mais aussi belle que caractéristique, cet autographe de soixante-quatre pages forme un des plus précieux trésors du monastère de la Visitation de Paray-le-Monial.

Là, nous puiserons le plus souvent, afin de laisser la disciple et l'apôtre du Coeur de Jésus se révéler elle-même.

Mais, une réflexion préalable.

Quand on lit de suite, ou même quand on ouvre au hasard le Mémoire de la Servante de Dieu, une chose frappe : évidemment ces pages sont tracées sans aucune prétention littéraire ; l'humain en est absent. Par contre, le divin s'y fait sentir. De la première à la dernière ligne, il règne un souffle de vérité et de transparente humilité qui saisit. Et cette conclusion s'impose . derrière Marguerite, à côté d'elle, ou plutôt en elle, il y a quelqu'un qu'elle contemple sans cesse, qui l'inspire sans cesse et c'est de Celui-là seul qu'elle s'inquiète. Dès lors, pourquoi s'occuperait-elle de semer son récit de dates, que le lecteur aimerait tant à rencontrer, mais qui, pour elle, n'ajouteraient rien à la, grandeur des choses qu'elle raconte ? (1) Obligée d'écrire par obéissance, elle écrit selon que ses souvenirs lui reviennent  c'est tout. Aussi, se tournant tout d'abord vers son souverain Maître, lui proteste-t-elle que c'est pour l'amour de lui seul qu'elle se soumet, et lui demande-t-elle de n'écrire rien que pour sa plus grande gloire, à lui, et sa plus grande confusion, à elle. Puis elle  continue : « O mon unique Amour, combien vous  suis-[je] redevable de m'avoir prévenue dès ma  plus tendre jeunesse, en vous rendant le maître  et le possesseur de mon coeur !... Aussitôt que je  me sus connaître, vous fîtes voir à mon âme la  laideur du péché, qui en imprima tant d'horreur  dans mon coeur, que la moindre tache m'était  un tourment insupportable; et pour m'arrêter  dans la vivacité de mon enfance, l'on n'avait  qu'à me dire que c'était offenser Dieu : cela  m'arrêtait tout court et me retirait de ce que  j'avais envie de faire (1). »


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1. Les documents contemporains et la tradition du monastère permettent cependant d'établir bien des dates. Nous les indiquerons en leur lieu.

1. Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie Alacoque. Edition 1920. Tome II, Autobiographie, pp. 29-30. Ouvrage publié par la Visitation de Paray-le-Monial, après avoir été totalement refondu et notablement augmenté par Mgr Gauthey, archevêque de Besançon. Trois forts volumes in-8°, Librairie J. de Gigord, 15, rue Cassette, Paris, Vie. Dans nos références, nous n'indiquerons plus le titre de Vie et Oeuvres. Pour alléger d'autant les notes, nous nous bornerons à mettre 1e numéro du tome ou simplement Autobiographie et la page.


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Message  Monique Mar 14 Sep 2021, 6:52 am

Lorsque Marguerite eut atteint l'âge de quatre ans, sa noble marraine désira la garder quelque temps auprès d'elle en son château de Corcheval, confiant à deux de ses femmes le soin particulier de s'occuper de sa chère filleule. Bien différente était l'humeur de ces deux personnes. L'une se montrait aimable et engageante : Marguerite s'en éloignait. L'autre, sévère et dure, semblait l'attirer. Pourquoi ? Parce que Celui qui illumine les yeux du coeur faisait comprendre à cette jeune enfant que sa grâce habitait dans l'âme de la seconde, tandis qu'elle ne résidait point dans celle de la première. Fidèle à suivre l'instinct secret qui la poussait à fuir la compagnie de l'une de ces deux servantes et à rechercher celle de l'autre, Marguerite sut toujours passer à côté des pièges tendus devant son innocence, se gardant toute pure sous l'il de son Dieu. Au reste, lui-même veillait à ce que rien ne vînt ternir la candeur de cette Fleur des champs, dont il voulait se réserver exclusivement le parfum et la beauté. Il donnait à cette petite enfant de tels élans vers la pureté que, de son aveu, « sans savoir ce que c'était, » elle se sentait continuellement pressée de dire ces paroles : « O mon Dieu, je vous consacre ma pureté et je vous fais voeu de perpétuelle chasteté (1). » Une fois même elle les prononça entre les deux élévations de la messe. Ainsi donc, sans qu'elle en eût encore positivement l'intelligence, Marguerite était déjà marquée d'un sceau divin.

Son unique plaisir, à et âge où le bruit et les jeux font le bonheur des autres enfants; était de s'aller cacher en quelque bois, pour y rester solitaire et y prier plus à loisir. D'autres fois, elle mettait ses délices à invoquer la sainte Vierge, récitant le rosaire, les genoux nus en terre, ou faisant autant de génuflexions en baisant la terre qu'elle prononçait d'Ave Maria.

Le premier pas que Dieu fit faire à notre Sainte dans le chemin du sacrifice devait avoir plus d'une conséquence douloureuse. Marguerite n'avait guère que huit ans lors qu'elle perdit son père, Claude Alacoque.

Il était fort estimé dans le pays ; c'était un homme d'honneur, parce que, avant tout, c'était un vrai chrétien.

Madame Alacoque, chargée de la tutelle de ses cinq enfants, et accablée d'embarras domestiques, se voyant forcément réduite à négliger l'éducation de sa fille, résolut de la mettre en pension chez les Urbanistes de Charolles (1).



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1. Autobiographie, p. 30.

1. On appelait ainsi les Clarisses qui suivaient la règle mitigée établie parle Pape Urbain IV.


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Message  Monique Mer 15 Sep 2021, 8:37 am

Aimable et enjouée, la jeune pensionnaire se faisait aimer sans peine. Son humeur naturelle l'eût inclinée à trop goûter les plaisirs. Mais, dès cette époque, Dieu répandit tant d'amertumes sur ceux qui se présentaient à elle, que petit à petit, son coeur se' détachant de la créature, chercha son unique repos dans le Créateur.

Regardant toutes ses maîtresses comme des saintes et la sainteté comme l'apanage obligatoire des religieuses, elle voulait elle-même être religieuse pour être sainte ; et, ne connaissant point d'autre Communauté que cette maison, elle pensait « qu'il fallait demeurer là, » selon sa naïve expression (2).

Cependant, pour attacher plus indissolublement cette âme au joug de son amour, Notre-Seigneur permit qu'une étrange maladie vînt encore faire faire de plus sérieuses réflexions à Marguerite. Elle tomba dans un tel état de faiblesse et de maigreur, qu'au bout de deux années, sa mère la retira du couvent. Revenue dans sa famille, elle y fut encore longtemps la proie de cet inexplicable mal, « Je fus environ quatre ans sans pouvoir marcher, » dit-elle, « les os me perçaient la peau de tous côtés (1). » Aucun remède ne se montrait efficace; mais dès que la jeune infirme eut fait voeu à la sainte Vierge d'être un jour une de ses filles, si elle la guérissait, toute trace de ses précédentes souffrances disparut. Dès lors, Notre-Dame se fit la céleste directrice de celle qu'elle venait de rendre à la vie. Elle la reprenait des moindres fautes. Un jour, Marguerite avait pris la liberté de s'asseoir en disant son rosaire. Jamais elle n'oublia la réprimande maternelle que lui en adressa cette Reine de miséricorde : « Je m'étonne, ma fille, que tu me serves si négligemment (2). »

Ne serait-ce point pour faire oublier cette sorte de nonchalance à sa Mère du Ciel et prendre sa filiale revanche, que Marguerite fit plus tard le voeu de jeûner tous les samedis en l'honneur de la sainte Vierge, de lui dire l'Office de son Immaculée Conception et de faire sept génuflexions tous les jours de sa vie, « avec sept Ave Maria, pour honorer ses sept douleurs? (3) »

En attendant, à peine eut-elle miraculeusement recouvré la santé que le monde chercha, lui aussi, à ressaisir son empire sur cette jeune fille qui, sans offenser Dieu, pouvait légitimement se laisser aller aux divertissements de son âge. Il n'est pas sans intérêt d'entendre notre Sainte avouer elle-même ses tentations et ses faiblesses à ce sujet : « Je ne pensais plus qu'à chercher du plaisir dans la jouissance de ma liberté ». Et plus loin : « [Je] commençai donc à voir le monde et à me parer pour lui plaire, cherchant à me divertir autant que je pouvais (1). »

En un autre endroit de sa Vie écrite par elle-même, Marguerite confesse, dans l'amertume de on repentir, qu'une fois au temps du carnaval, elle alla même jusqu'à se déguiser avec d'autres jeunes filles, par une vaine complaisance pour le monde. Mais ici encore, le Seigneur, jaloux de la sanctification de sa servante, sut bien placer la croix à côté de l'entraînement et de la légèreté du siècle. « O mon Dieu, je ne pensais pas alors ce que vous m'avez bien fait connaître et expérimenter du depuis (sic), qui est que votre sacré Coeur, m'ayant enfantée sur le Calvaire avec tant de douleur, que la vie que vous m'y aviez donnée ne pouvait s'entretenir que par l'aliment de la croix, laquelle serait mon mets délicieux (2).


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2. Autobiographie; p. 31.

1. Autobiographie, p. 31.

2. Ibid., p. 31

3. Ibid., p. 46.

1. Autobiographie, pp. 32-40.

2. Ibid., p. 32.


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Message  Monique Jeu 16 Sep 2021, 7:48 am

Madame Alacoque, dépouillée de son autorité dans sa propre maison depuis la mort de son mari, e voyait soumise avec sa fille à une véritable servitude. La persécution était continuelle, et pendant plusieurs années, Marguerite eut à subir un genre de martyre, dont Dieu seul connut la blessante mais purifiante pression.

Trois personnes dont la Sainte a soin de taire les noms, se contentant de les appeler « ces chères bienfaitrices de mon âme », « ces véritables amis de mon âme (1) » trois personnes ne cessaient de contrôler ses actions; mais chacune l'opprimait à sa manière, en sorte que la sujétion était triple et l'humiliation toujours renaissante (2).Ce qui augmentait encore l'angoisse de cette position, c'étaient les fréquentes maladies de Madame Alacoque, dans lesquelles Marguerite se voyait privée même des moyens les plus élémentaires de la soulager. Une fois surtout, sa peine alla jusqu'à l'extrémité, cette bonne mère souffrant cruellement d'un érésipèle si malin, que personne ne voulait approcher, ni panser sa plaie. Sa fille, étant allée à la messe un jour de la Circoncision, supplia Notre-Seigneur d'être lui-même le médecin et le remède de sa pauvre mère. De retour auprès d'elle, Marguerite trouva le mal ouvert et formant une plaie large et envenimée. Sans « autre onguent que ceux de la divine Providence, » elle se mit à la panser, avec tant de confiance en la bonté de son Seigneur, qu'en peu de jours, ce mal invétéré fut guéri, contre toute apparence humaine. Où cette jeune fille, qui, jusque-là, ne pouvait ni voir ni toucher des plaies, avait-elle pris un tel courage ? En Celui qui la fortifiait. « Mon divin [Maître], » dit-elle, « me consolait et  substantait d'une parfaite conformité à sa très  sainte volonté. » Et, ne se prenant qu'à lui de tout ce qu'il lui envoyait, elle s'écriait : « O mon souverain Maître, si vous ne le vouliez, cela n'arriverait pas; mais je rends grâces de quoi vous  le permettez pour me rendre conforme à vous (1). »

Elle ne rêvait plus que d'apprendre à faire l'oraison, mais, écrit-elle, « je n'en savais autre  chose que ce mot d'oraison, qui ravissait mon  coeur. Et m'étant adressée à mon souverain  Maître, il m'apprit comme il voulait que je la  fisse, ce qui m'a servi toute ma vie. Il me faisait prosterner humblement devant lui, pour lui  demander pardon de tout en quoi je l'avais  offensé, et puis, après l'avoir adoré, je lui offrais  mon oraison, sans savoir comme il m'y fallait  prendre. Ensuite il se présentait lui-même à  moi dans le mystère où il voulait que je le considérasse, et il appliquait si fort mon esprit en tenant mon âme et toutes mes puissances  englouties dans lui-même, que je ne sentais  point de distractions, mais mon coeur se sentait consommé du désir de l'aimer, et cela me donnait un désir insatiable de la sainte communion et de souffrir (1). »


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1. Autobiographies, p. 34

2. Tout permet maintenant d'assurer que ces trois personnes étaient : 1° la grand'mère paternelle de Marguerite, savoir : Jeanne Delaroche, veuve de Claude Alacoque ; 2° sa tante paternelle, savoir : Benoîte Alacoque, femme de Toussaint Delaroche ; 3° sa grand'tante paternelle, savoir : Benoîte de Meulin, originaire de Chappendye, veuve de Simon Delaroche et mère de Toussaint. Cf. Persécutions domestiques, III, P. 538.

1. Autobiographie, p. 37.

1. Autobiographie, pp. 37, 38.


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Message  Monique Ven 17 Sep 2021, 7:59 am

Dans ses désolations intérieures et les combats que le monde et l'amour de sa mère livraient à son coeur, elle n'avait pas d'autre refuge ni d'autre force que d'aller se prosterner aux pieds de Notre-Seigneur au saint Sacrement, où elle serait restée les jours et les nuits sans se lasser jamais. Quelque confusion qu'elle en éprouvât, lorsqu'elle allait à l'église, l'Esprit de Dieu la poussait à s'approcher le plus près possible de l'autel et du tabernacle. C'est là que son bon Maître lui enseignait à faire oraison et lui découvrait ses mystérieux desseins sur elle. Il imprima aussi dans son coeur, vers ce même temps, un si grand amour pour les pauvres, que Marguerite se fit un délassement du labeur de les servir et de les instruire. Elle les soignait dans leurs maladies, pansait et baisait leurs plaies avec une ardeur toute surnaturelle. Tout ce qu'elle pouvait obtenir, elle le donnait à ses chers protégés, invitant les petits enfants à la venir trouver, et les réunissant pour leur apprendre le catéchisme. Ils accouraient en si grand nombre qu'ils remplissaient parfois toute une vaste chambre ; mais souvent, hélas ! une des trois personnes indiquées plus haut arrivait pour les chasser, avec leur bienheureuse catéchiste, trop saintement habituée à ces rebuts et mépris pour ne pas les accepter le sourire sur les lèvres. Une fois, la scène fut moins tragique. Ce fut son frère Chrysostome qui, entrant, surprit Marguerite environnée de tout ce petit peuple. « Ma soeur, » lui dit-il en riant, « vous voulez donc devenir maîtresse d'école ? Pardonnez-moi, mon frère, mais ces pauvres enfants sont peut-être sans instruction (1). »

Continuant à l'instruire elle-même, Notre-Seigneur lui faisait voir la beauté des vertus, surtout des trois voeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, lui disant « qu'en les pratiquant l'on devient saint, et il me disait cela, » remarque-t-elle, « parce qu'en le priant, je lui demandais de me faire sainte. Et comme je ne lisais guère d'autre livre que la Vie des Saints, je disais en l'ouvrant : il m'en faut chercher une bien aisée à imiter, afin que je puisse faire comme elle a fait, pour devenir sainte comme elle; mais ce qui me désolait, c'était de voir que j'offensais tant mon Dieu (2). »

De plus en plus partagée entre le désir de répondre à la voix de Dieu, et celui de céder aux instances de sa mère, qui la conjurait de rester dans le Monde, Marguerite pensait pouvoir satisfaire sa conscience en lui donnant le change. Notre-Seigneur lui demandait son coeur ; au lieu de le lui livrer, elle se contentait de lui offrir le sang de ses veines, s'accablant d'austérités, dont le seul récit fait frémir. Par là, elle se trompait elle-même, ruinant sa santé, sans réussir à pacifier les troubles de son esprit, car le corps n'était pas la victime que convoitait le divin Sacrificateur c'était l'âme de Marguerite qu'il voulait posséder en holocauste. Le combat se poursuivait donc, chaque jour plus terrible et plus intime. D'un côté. Jésus-Christ multipliant ses appels et ses reproches intérieurs à cette âme, jusqu'à lui apparaître sous la figure d'un Ecce Homo ou dans l'état qui fut le sien après la flagellation, lui remontrant combien il souffrait de voir son amour méconnu par une créature autant aimée qu'elle l'était, et pour laquelle il avait enduré de si atroces tourments. De l'autre côté, la voix de la nature et de la famille se faisant entendre toujours plus forte et réclamant leurs droits avec tant de véhémence dans ce coeur de vingt ans, qu'il semblait n'y avoir plus moyen de résister. Sur cela, plusieurs partis flatteurs se présentaient ; tout se réunissait pour persuader à Marguerite que, n'ayant pas eu conscience de ce qu'elle faisait en prononçant le voeu de chasteté dans son enfance, elle était libre, et que c'était même un devoir de piété filiale de se créer un foyer dans le monde. Ne semblait-il pas que ce fût l'unique planche de salut pour retirer sa mère de l'humiliante servitude qui pesait sur elle ?


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1. I, p. 493. Déposition de Chrysostome Alacoque. Procès de 1715.

2. Autobiographie, p. 43.


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Message  Monique Sam 18 Sep 2021, 9:03 am

L'histoire de toute vocation suppose une lutte. De même que la mort cette séparation de l'âme et du corps est précédée d'une agonie, de même la mort mystique cette séparation de l'âme et du monde est précédée d'une angoisse morale qui, pour certaines âmes, atteint parfois l'intensité d'une agonie. Marguerite l'expérimentait alors inénarrablement.

Pour des motifs qu'il serait hors de propos de consigner ici, Mgr Doni d'Attichi et Mgr de Roquette, évêques d'Autun, restèrent longtemps sans visiter leur diocèse. Ce fut donc par suite de circonstances absolument indépendantes de sa volonté que Marguerite ne reçut le sacrement de Confirmation qu'en 1669, à l'âge de vingt-deux ans, des mains de Mgr Jean de Maupeou, évêque de Chalon-sur-Saône. La Providence ne fait rien au hasard. Elle avait sans doute ses vues dans ce délai. Du moins, est-il touchant de remarquer que ce fut précisément dans la période où l'âme de notre Sainte traversait la tempête et la persécution, qu'elle fut revêtue de la force d'en haut, par une nouvelle effusion des grâces de l'Esprit-Saint. Plus que jamais, elle allait en avoir besoin.

Cependant Notre-Seigneur ne la laissait pas sans encouragement. « Une fois, » dit-elle, « j'étais comme dans une abîme (1) d'étonnement de ce que tant de défauts, d'infidélités que je voyais en moi n'étaient pas capables de le rebuter, il me fit cette réponse : C'est que j'ai envie de te faire comme un composé de mon amour et de mes miséricordes. Et une autre fois il me dit : Je t'ai choisie pour mon, épouse et nous nous sommes promis la fidélité, lorsque tu m'as fait voeu de chasteté ! C'est moi qui te pressais de le faire, avant que le monde y eût aucune part, dans ton coeur ; car je le voulais tout pur et sans être souillé des affections terrestres, et pour me le conserver comme cela, j'ôtai toute la malice de ta volonté, afin qu'elle ne le pût corrompre. Et puis je te mis en dépôt au soin de ma sainte Mère, afin qu'elle te façonnât selon mes desseins (1) ».


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1. Anciennement, abîme s'est employé parfois au féminin.
1. Autobiographie, p. 46


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Message  Monique Dim 19 Sep 2021, 9:02 am

Le démon, soupçonnant que cette âme allait lui échapper, faisait jouer de nouvelles batteries contre elle. Marguerite les indique en toute humilité « Satan me disait continuellement : Pauvre misérable! que penses-tu faire en voulant être religieuse ? Tu te vas rendre la risée de tout le « monde, car jamais tu n'y persévéreras; et quelle « confusion de quitter un habit de religieuse et « sortir d'un couvent! Où pourras-tu te cacher « après cela ? » Et elle ne dissimule pas ses anxiétés, car elle ne savait à quoi se résoudre. « Je me fondais en larmes parmi tout cela, (2) » ajoute-t-elle.

Notre-Seigneur en eut pitié. Il la consola en l'éclairant lui-même.

« Après la communion, si je ne me trompe, il me fit voir qu'il était le plus beau, le plus riche, le plus puissant, le plus parfait et accompli de tous les amants; et que, lui étant promise depuis tant d'années, d'où venait donc que je voulais tout rompre avec [lui] pour en prendre un autre. Oh! apprends que si tu me fais ce mépris, je t'abandonne pour jamais; mais si tu m'es fidèle, je ne te quitterai point, et me rendrai ta victoire contre tous tes ennemis. J'excuse ton ignorance, parce que tu ne me connais  pas encore, mais si tu m'es fidèle et me suis,  je t'apprendrai à me connaître et me manifesterai à toi !(1) »

Tel fut le trait vainqueur qui décida la vocation de Marguerite. Subjuguée par l'amour de son Dieu, elle était désormais son esclave : elle ne serait qu'à lui!

Restait à savoir dans quel Ordre elle entrerait. Ici encore, nouvelles traverses et nouvelles épreuves. On consentait à ce que Marguerite se fît religieuse, mais chez les Ursulines de Mâcon, parce qu'elle y avait une parente. Or, elle avait beau faire pour s'accorder elle-même à ce sentiment, toujours une secrète voix lui disait : « Je ne te veux point là, mais à Sainte-Marie (2). » Elle en était d'autant plus assurée qu'un jour, voyant un tableau de saint François de Sales, le grand évêque lui parut jeter sur elle un regard si paternel, l'appelant sa fille, qu'elle ne douta plus que ce saint ne dût bientôt devenir son père. Mais auparavant, il y avait encore un calvaire à gravir pour Marguerite.

Madame Alacoque tombe malade à l'extrémité. On recommence l'assaut et l'on met tout en oeuvre pour, convaincre sa fille qu'elle doit ne plus songer actuellement au cloître, sans quoi elle sera responsable de la mort de sa mère.


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2. Ibid., pp. 46-47.
1. Autobiographie, p. 47.
2. Ibid., p. 49.


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Message  Monique Lun 20 Sep 2021, 6:14 am

C'est alors que le Crucifix devint le Maître incomparable, à l'école duquel Marguerite apprit si bien à goûter les leçons de la douleur, que parfois, éprise des charmes surhumains de la souffrance, elle allait se jeter aux pieds de son Sauveur crucifié et lui disait : « O mon cher Sauveur, que je serais heureuse si vous imprimiez en moi votre image souffrante! (1) »

Le Cardinal Perraud dira un jour, parlant de cette prière : « Elle est bien courte, mais assurément une des plus belles et des plus généreuses qu'une âme chrétienne puisse adresser au Dieu de la Croix (2). »

Lorsque Marguerite exposait ainsi à son cher Sauveur la sublime ambition de son âme de lui ressembler dans la souffrance, il daignait lui répondre : « C'est ce que je prétends, pourvu que tu ne me résistes pas et que tu y contribues de ton côté (3). »

Et cette âme s'ouvrait toujours plus grande à l'action. divine. Communier souvent eût été son grand bonheur, mais « on ne me le voulait permettre que rarement, » confesse-t-elle en son Mémoire, « et j'aurais cru être la plus heureuse du monde si je l'avais pu faire souvent, et passer des nuits, seule, devant le saint Sacrement. Car je me sentais là une telle assurance, qu'encore que je fusse extrêmement peureuse, je n'y pensais plus, dès que j'étais en ce lieu de mes plus chères délices. Et les veilles de communion, je me sentais abîmée dans un si profond silence, que je ne pouvais parler qu'avec violence, pour la grandeur de l'action que je devais faire; et lorsque je l'avais faite, je n'aurais voulu ni boire, ni manger, ni voir, ni parler, tant la consolation et paix que je sentais était grande. Et je me cachais autant que je pouvais, pour apprendre à aimer mon souverain Bien, qui me pressait si fort de lui rendre amour pour amour. Mais je ne croyais pas de jamais pouvoir l'aimer, quoi que je pusse faire, si je n'apprenais à faire l'oraison; car je n'en savais que ce qu'il m'en avait appris, qui était de m'abandonner à tous ses saints mouvements, lorsque je pouvais me « renfermer en quelque petit coin avec lui; mais on ne me laissait pas assez de loisir. (1) »



1. Autobiographie, p.50.
2. Lettre inédite. Archives de la Visitation de Paray.
3. Autobiographie, p. 50.
1. Autobiographie, p. 51.


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Message  Monique Mar 21 Sep 2021, 8:04 am

L'attente se prolongea encore quelque temps pour Marguerite, jusqu'à ce qu'enfin; un religieux de Saint-François ayant donné du scrupule à Chrysostome Alacoque, son frère, de ce qu'il la retenait au monde, malgré la certitude de sa vocation à la vie religieuse, celui-ci se mit en peine de conduire sa soeur en quelque monastère. On persistait à vouloir que ce fût à Sainte-Ursule. Mais; à force de prières et de larmes, versées aux pieds de la sainte Vierge, qui lui dit : « Ne crains rien, tu seras ma vraie fille et je serai toujours ta bonne mère (2), » Marguerite obtint d'entrer en un couvent de Sainte-Marie. On lui en proposa plusieurs; aucun ne lui semblait être celui où son divin Maître avait marqué sa place. Mais, dira-t-elle plus tard, « aussitôt qu'on me nomma Paray, mon coeur se dilata de joie et j'y consentis d'abord (1). »

Cependant d'autres obstacles lui barraient encore le passage. Elle les surmonta tous, se répétant sans cesse à elle-même : « Il faut mourir ou vaincre ! (2) » C'est grâce à cet héroïque courage qu'elle vint se présenter, heureuse et confiante, au lieu de son bonheur, « le cher Paray (3) ».

Marguerite ne fut pas plus tôt au parloir de la Visitation qu'une voix intérieure se fit entendre à son âme et lui dit : « C'est ici que je te veux (4). » Cela lui causa tant de joie, qu'elle pria son frère, qui l'accompagnait, de tout conclure promptement pour sa prochaine entrée en ce monastère, d'autant qu'elle ne serait jamais religieuse ailleurs qu'en cette maison de Sainte-Marie. « Après quoi, » écrit-elle, « il semblait que j'avais pris une nouvelle vie, tant je me sentais de contentement et de paix. Ce qui me rendait si gaie que ceux qui ne savaient pas ce qui se passait disaient : « Voyez-la, qu'elle a bien la façon d'une religieuse ! Et, en effet, je portais plus d'ajustements de vanité que jamais je n'avais fait, et me divertissais de même, pour la grande joie que je sentais, de me voir bien toute à mon souverain Bien (1). »

Ce récit est-il assez vivant ? Et ceux qui, sans la connaître, accusent Marguerite-Marie d'être une personne triste et repliée sur elle-même, ont-ils jamais lu ce passage ? Y trouve-t-on un témoignage assez spontané du caractère de notre Sainte ? Certes, il n'y a pas à la traîner au lieu de l'immolation ! D'elle-même, elle s'y élance comme à une fête, et son jeune front porte déjà une auréole, sur laquelle on peut lire : Joie dans le sacrifice!


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2. Ibid., p. 53
1. Autobiographie, p. 54.

2. Ibid., p. 54

3. Cette première visite de Mlle Alacoque au monastère de Paray date vraisemblablement du 25 mai 1671.

4. Autobiographie, p. 54.

1. Autobiographie, p. 54.


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Message  Monique Mer 22 Sep 2021, 7:15 am

Toutefois, Marguerite dut revenir encore quelque temps dans sa famille pour y régler ses dernières affaires. On a la minute de son testament, « faict, leu et passé en la maison de ladicte damoizelle testatrice, et en une chambre du costé du matin... le dix-neuvième jour du mois de juin mil six cent soixante et onze (2). »

Bientôt sonna l'heure de la dernière séparation. « Enfin ce jour tant désiré étant venu pour dire adieu au monde, jamais je ne sentis tant de joie ni de fermeté dans mon coeur, qui était comme insensible, tant à l'amitié comme à la douleur que l'on me témoignait, surtout ma mère; et je ne versai pas une larme en les quittant. Car il me semblait être comme une esclave qui se voit délivrée de sa prison et de ses chaînes, pour entrer dans la maison de son Époux, pour en prendre possession et jouir en toute liberté de sa présence, de ses biens et de son amour. C'était ce qu'il disait à mon coeur, qui en était tout hors de lui-même et je ne savais rendre autre raison de ma vocation pour Sainte Marie, sinon que je voulais être fille de la sainte Vierge. Mais j'avoue que, dans le moment qu'il fallut entrer, qui était un samedi, toutes les peines que j'avais eues, et plusieurs autres, me vinrent assaillir si violemment, qu'il me semblait que mon esprit allait se séparer de mon corps en entrant. Mais aussitôt, il me [fut] montré que le Seigneur avait rompu mon sac , de captivité et qu'il [me] revêtait de son manteau de liesse (2) ; et la joie me transportait tellement que je criais : c'est ici où Dieu me veut ! Je sentis d'abord gravé dans mon esprit que cette maison de Dieu était un lieu saint, et que toutes celles qui l'habitaient devaient être saintes, et que ce nom de Sainte-Marie me signifiait qu'il la fallait être à quel prix que ce fût, et que c'était pourquoi il fallait s'abandonner et sacrifier à tout, sans aucune réserve ni ménagement (3). »

L'âme qui comprend ainsi la vie religieuse est-elle assez apte à l'embrasser ? Affirmer que oui, c'est reconnaître l'oeuvre de préparation de l'Esprit-Saint. Étudions maintenant son oeuvre de transformation.


------------


2. Cet original est conservé en l'étude de Me Thévenin, notaire à Charolles. La Visitation de Paray en possède une expédition notariée, délivrée le 18 juillet 1692.
2. Conscidisti saccum meum et circumdedist me laetitia. Ps.XXIX,12
3. Autobiographie, pp. 55-56.
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Message  Monique Mer 22 Sep 2021, 7:16 am

Toutefois, Marguerite dut revenir encore quelque temps dans sa famille pour y régler ses dernières affaires. On a la minute de son testament, « faict, leu et passé en la maison de ladicte damoizelle testatrice, et en une chambre du costé du matin... le dix-neuvième jour du mois de juin mil six cent soixante et onze (2). »

Bientôt sonna l'heure de la dernière séparation. « Enfin ce jour tant désiré étant venu pour dire   adieu au monde, jamais je ne sentis tant de joie ni de fermeté dans mon coeur, qui était   comme insensible, tant à l'amitié comme à la douleur que l'on me témoignait, surtout ma mère; et je ne versai pas une larme en les quittant. Car il me semblait être comme une esclave qui se voit délivrée de sa prison et de ses chaînes, pour entrer dans la maison de son  Époux, pour en prendre possession et jouir en toute liberté de sa présence, de ses biens et de  son amour. C'était ce qu'il disait à mon coeur,  qui en était tout hors de lui-même et je ne savais  rendre autre raison de ma vocation pour Sainte Marie, sinon que je voulais être fille de la sainte  Vierge. Mais j'avoue que, dans le moment  qu'il fallut entrer, qui était un samedi, toutes  les peines que j'avais eues, et plusieurs autres, me vinrent assaillir si violemment, qu'il me  semblait que mon esprit allait se séparer de  mon corps en entrant. Mais aussitôt, il me [fut] montré que le Seigneur avait rompu mon sac , de captivité et qu'il [me] revêtait de son manteau de liesse (2) ; et la joie me transportait tellement que je criais : c'est ici où Dieu me veut !  Je sentis d'abord gravé dans mon esprit que  cette maison de Dieu était un lieu saint, et que  toutes celles qui l'habitaient devaient être  saintes, et que ce nom de Sainte-Marie me  signifiait qu'il la fallait être à quel prix que ce  fût, et que c'était pourquoi il fallait s'abandonner  et sacrifier à tout, sans aucune réserve ni ménagement (3). »

L'âme qui comprend ainsi la vie religieuse est-elle assez apte à l'embrasser ? Affirmer que oui, c'est reconnaître l'oeuvre de préparation de l'Esprit-Saint. Étudions maintenant son oeuvre de transformation.


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2. Cet original est conservé en l'étude de Me Thévenin, notaire à Charolles. La Visitation de Paray en possède une expédition notariée, délivrée le 18 juillet 1692.
2. Conscidisti saccum meum et circumdedist me laetitia. Ps.XXIX,12
3. Autobiographie, pp. 55-56.


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Message  Monique Jeu 23 Sep 2021, 8:00 am

CHAPITRE II


LA POSTULANTE. LA NOVICE. LA JEUNE PROFESSE. l671-1673


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Le monastère de Paray avait été fondé par celui de Lyon-en-Bellecour, le 4 septembre 1626. Or, c'était un premier vendredi du mois, harmonieux. dessein de providence sur cette maison! En 1671, elle était gouvernée par la Mère Marguerite Hiéronyme Hersant, professe du premier monastère de Paris. Comme cette sage supérieure était une âme toute séraphique en l'amour de Dieu et très éclairée pour la conduite des âmes, elle connut, dès les commencements, que Marguerite Alacoque était « une fille de choix (1). »

Le même jugement en fut porté par la maîtresse des novices, Soeur Anne-Françoise Thouvant, qui avait été la première admise au monastère de Paray, lors de sa fondation. Ces deux grandes religieuses comprirent aisément que la nouvelle postulante avait déjà reçu du Seigneur lui-même des leçons plus hautes que toutes celles qui se pouvaient donner à des novices ordinaires. Aussi, lorsque dans son ardeur d'apprendre à faire l'oraison science qu'elle croyait ignorer Soeur Marguerite vint supplier sa maîtresse de la lui enseigner, la Soeur Thouvant se contenta-t-elle de lui répondre : « Allez vous mettre devant Notre-Seigneur comme une toile d'attente devant un peintre (1). » Soeur Marguerite obéit et le Sauveur lui donna en même temps la double intelligence de cette parole et du mystère qu'elle signifiait, lui révélant que son âme était cette toile sur laquelle il voulait peindre tous les traits de sa vie souffrante.

L'artiste divin se hâta de se mettre à l'oeuvre. Il tarda cependant trop encore au gré des brûlants désirs de cette toile vivante et aimante, qui cherchait en vain la croix et se plaignait de ne trouver que saintes et pures jouissances au service de son Dieu. Ce n'était là qu'un stratagème du divin amour; car ce délai ne devait pas frustrer notre Sainte d'une seule goutte de la sève amère, mais sanctifiante, qui découle de l'arbre de la Croix.

Si nous voulons avoir une idée des opérations secrètes de la grâce dans l'âme de cette prédestinée, dès ses premiers jours de vie religieuse, elle-même va nous le dire, sans se douter de la surhumaine beauté de son langage : « Il me dépouilla de tout en ce moment, et après avoir vidé mon coeur et mis mon âme toute nue, il y alluma un si ardent désir de l'aimer et de souffrir, qu'il ne me donnait point de repos, me poursuivant de si près, que je n'avais de loisir que pour penser.

L'humble postulante eut le bonheur de revêtir le saint habit deux mois environ après son entrée au monastère, c'est-à-dire le mardi 25 août 1671, en la fête de saint Louis, roi de France. Le nom de Marie, qu'elle avait déjà pris à sa confirmation, fut simplement ajouté à son nom de Marguerite. Désormais, nous l'appellerons : Soeur Marguerite-Marie. Ce jour-là, Notre Seigneur lui fit comprendre que c'était le temps de leurs divines fiançailles et qu'il la comblerait de faveurs durant tout le temps de son noviciat. Cette parole se vérifia si bien, et la novice fut parfois tellement inondée de consolations et de grâces extraordinaires, qu'elle habitait réellement d'autres régions que celles de la terre, ce qui la jetait dans une singulière confusion. Comme on la remarquait toujours perdue en Dieu, les supérieures voulurent s'assurer de l'esprit qui la conduisait. Pour cela, on la retirait à tout propos des exercices spirituels, l'envoyant balayer au lieu de faire oraison et semant sous ses pas mille et mille occasions de sacrifice et de renoncement. Soeur Marguerite-Marie, qui trouvait son ciel dans la volonté de Dieu, était contente de tout et jouissait tout aussi bien de son Jésus, en agissant pour lui, qu'en s'abîmant en lui, par la contemplation. Aussi s'en allait-elle, paisible et sereine, à ses petites occupations, chantant ce naïf couplet, qu'elle avait composé :


Plus l'on contredit mon amour,

Plus cet unique bien m'enflamme ;

Que l'on m'afflige nuit et jour

On ne peut l'ôter à mon âme.

Plus je souffrirai de douleur,

Plus il m'unira à son Coeur
(1).


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1. I, P. 78,
1. Autobiographie, p. 56.
1. Autobiographie, pp. 58-59. Évidemment, l'oreille est choquée
par l'hiatus de ce dernier vers ; mais, y toucher serait défigurer la pensée de la Sainte.


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Message  Monique Ven 24 Sep 2021, 6:50 am

Elle faisait ordinairement son oraison sur ces paroles : « Il me suffit, que je sois comme vous le voulez, ô mon Bien-Aimé, en votre présence! » D'autres fois, elle disait : « Oh ! qu'il est beau le Bien-Aimé de mon âme! Pourquoi ne le peux-je pas aimer parfaitement ? (2) » Question qui aurait pu faire sourire les anges, puisque cette âme luttait d'amour avec eux.

Déjà nous savons un peu comment se passaient les journées de la sainte novice. Nous allons apprendre comment se passaient ses nuits. « Il n'y avait point de temps qui me fût plus agréable que celui de la nuit, comme étant plus propre à m'entretenir avec mon Bien-Aimé; je priais quelquefois mon bon ange qu'il m'éveillât. je sentais mon coeur tout rempli de Dieu, dont l'entretien m'était si doux, que souvent j'y passais des trois heures, sans autres mouvements ni sentiments que d'amour, sans qu'il fût à mon pouvoir de me rendormir... je ne me pouvais plus tenir sur le côté gauche, n'y pouvant respirer... Une fois, me voulant tourner pour me soulager une épaulé qui me faisait mal, il me dit ces paroles : que lorsqu'il portait sa Croix, il ne la changeait pas de côté pour se soulager (1). » Marguerite-Marie s'en souvint toujours.

Une seule chose la tourmentait. « Je me sentais une faim insatiable des humiliations et mortifications, » dit-elle, « bien que mon naturel sensible les ressentît vivement. Mon divin Maître me pressait sans cesse d'en demander, ce qui m'en procurait de bonnes ; car, quoiqu'on me , refusât celles que je demandais, comme indigne de les faire, on m'en donnait d'autres que je n'attendais pas, et si opposées à mes inclinations, que j'étais obligée de dire à mon bon Maître, dans l'effort de la violence qu'il me fallait [faire] Hélas ! venez à mon secours, puisque vous en êtes la cause ! Ce qu'il faisait en me disant : Reconnais donc que tu ne peux rien sans moi, qui ne te laisserai point manquer de secours, pourvu que tu tiennes toujours ton néant et ta faiblesse abîmés dans ma force (2). » Un acte de générosité, accompli par Soeur Marguerite-Marie dans une rencontre très coûteuse à la nature, lui valut un redoublement de libéralité dans les faveurs de son doux Seigneur. Le fait est bien simple, si simple même, qu'il surprend dans une telle vie; mais il montre du moins quel prix Dieu attache aux petites choses faites avec un grand amour.


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2. II, p. 129.

1. II, pp. 131, 132.

2. Autobiographie, p. 19.


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Message  Monique Sam 25 Sep 2021, 7:44 am

Marguerite avait eu, de tout temps, une aversion mortelle pour toutes sortes de fromages. Elle tenait cela de famille. Aussi son frère Chrysostome s'était-il cru obligé, en présentant sa soeur au monastère, de prier qu'on ne la contraignît point sur cet article, ce qui avait été facilement accordé; l'affaire n'ayant de soi-même aucune importance. Mais un jour que, par mégarde, la serveuse au réfectoire présenta du fromage à Soeur Marguerite-Marie, la directrice crut l'occasion bonne de mesurer le courage de sa disciple. Elle l'obligea donc à faire ce sacrifice pour Notre-Seigneur et à prendre du fromage. Au premier abord, la répulsion naturelle l'emporta sur tout autre sentiment; ce que voyant, la maîtresse ne permit pas à la pauvre Soeur d'aller plus loin et d'accomplir l'obéissance, lui disant :, « Allez ! Vous n'êtes pas digne de la pratiquer et je vous défends maintenant de faire ce que je vous commandais. » La grâce parla plus haut. Mais la novice fut trois jours à lutter entre le vouloir et le non-vouloir de se vaincre. Ne sachant que devenir, elle alla exposer son angoisse à Notre-Seigneur au saint Sacrement, s'écriant : « Hélas! mon. Dieu, m'avez-vous abandonnée ! Eh quoi ! faut-il qu'il y ait encore quelque réserve dans mon sacrifice, et qu'il ne soit pas tout consommé en parfait holocauste? (1) » Le Dieu de toute bonté écouta la plainte de son enfant affligée. Lui donnant pour armes ces seules paroles : « Il ne faut point de réserve à l'amour, (1) » il lui donna, du même coup, la force de se surmonter. Bien qu'avec des efforts indicibles, elle continua à prendre du fromage, chaque fois qu'on en servait à la Communauté, et cela durant huit années, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'on se vit obligé de le lui défendre, »ajoutent les Contemporaines (2).

Notre-Seigneur fut si content de la victoire remportée par sa docile servante qu'il le lui fit sentir, au point de l'obliger à répéter souvent : « Suspendez, ô mon Dieu, ce torrent qui m'abîme, ou étendez ma capacité pour le recevoir ! (3)»

Il fait bon admirer la générosité des saints; on aime aussi à les voir aux prises avec nos faiblesses humaines. Soeur Marguerite-Marie eut ses heures de défaillance pendant son noviciat. Afin de la déprendre d'une affection trop naturelle pour une de ses compagnes, il fallut que l'Ami divin se montrât sévère, lui disant qu'il ne voulait point de coeur partagé, que si elle ne se retirait des créatures, il se retirerait d'elle. Ce reproche fut décisif. Mais en cette circonstance, Celui qui se nomme un « Dieu jaloux (4) » avait dû attendre quelques mois, avant de triompher des résistances de cette nature aimante.


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1. Autobiographie, p. 60.
1. Autobiographie, p. 60.
2. I, p. 83
3. Autobiographie, p. 60.
4. Deus aemulator, Deut. IV, 24; V, 9 ; VI, 15. Jos. XXXIV, 19.


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Message  Monique Dim 26 Sep 2021, 7:19 am

Dans une autre occasion, elle sentit la révolte de la partie inférieure : se vaincre lui semblait au dessus de ses forces. Le Sauveur lui fit alors voir son corps sacré, couvert des plaies qu'il avait souffertes pour son amour, lui reprochant son ingratitude et sa lâcheté à se dominer pour l'amour de lui. « Que voulez-vous donc, mon Dieu, que je fasse, puisque ma volonté est plus forte que moi ? » Il lui dit que si elle la mettait dans la plaie de son sacré Côté, elle n'aurait plus de peine à se surmonter. « O mon Sauveur, » s'écria-t-elle, « mettez-l'y si avant et l'y fermez si bien, que jamais elle n'en sorte!... » Dès ce moment, tout lui parut si facile qu'elle n'eut plus de peine à se vaincre (1). »

Néanmoins, dans un autre ordre d'idées, Notre-Seigneur devait encore rencontrer des résistances en cette âme d'élite.

Serait-ce pendant son noviciat qu'il lui dit : « Je cherche une victime pour mon Coeur, laquelle se veuille sacrifier comme une hostie d'immolation à l'accomplissement de mes desseins ? (2) » C'est très probable ; mais ce qui est incontestable, c'est que, le jour où le divin Maître lui fit cette confidence, Soeur Marguerite-Marie se récusa de toutes ses forces, ne pouvant comprendre comment la sainteté infinie de Dieu jetait les yeux sur elle pour un tel office de propitiation. D'autres âmes étaient bien plus propres à le remplir que' la sienne, pensait-elle sincèrement. Mais Notre-Seigneur insiste et sa voix prend le ton du commandement : « Je n'en veux point d'autre que toi, et-je veux que tu consentes à mon désir. (1) » Elle allègue qu'elle dépend de l'obéissance. Vain prétexte devant Celui qui tient les coeurs des hommes en sa main... Il inspire à la supérieure d'approuver ce qu'il demande de sa servante. Désormais celle-ci ne pourra plus se soustraire aux divines exigences.

Le temps de son noviciat touchant à son terme, elle se vit en butte à de nouvelles attaques. On ne pouvait nier sa vertu, qui éclipsait sans contredit celle de toutes ses compagnes. Mais les voies extraordinaires par lesquelles cette jeune Soeur marchait ne laissaient pas de donner des inquiétudes et de tenir les esprits en suspens à son sujet. A la Visitation, où les saints fondateurs ne voulaient rien d'éclatant, ne serait-ce pas imprudent d'y admettre une personne telle que celle-ci, ne ressemblant à aucune autre ?... N'y avait-il pas de l'illusion dans ses communications intimes et constantes avec Notre-Seigneur? La Communauté se le demandait et jugea qu'au moins un retard était nécessaire dans la réception définitive de la Soeur Alacoque. Sa profession fut donc ajournée. La novice en souffrit plus qu'il ne se peut dire. Comme ce n'était pas en son pouvoir d'arrêter le cours des choses surnaturelles qui se passaient en son âme, toute désolée, elle disait à Notre-Seigneur : « Hélas mon Seigneur, vous serez donc la cause que l'on me renverra ? » Sur quoi, il lui donna cette réponse : « Dis à ta supérieure qu'il n'y a rien à craindre pour te recevoir, que je réponds pour toi, et que, si elle me trouve solvable, je serai ta caution (1). »


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1. I, pp. 83, 84. Cf II, p. 127, 128.
2. II, p. 565. Lettre au P. Croiset, 3 novembre 1689.
1. II, p. 565. Lettre au P. Croiset, 3 novembre 1689.
1. Autobiographie, p. 61.


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Message  Monique Lun 27 Sep 2021, 7:08 am

Cette divine parole demeure à jamais le plus irrécusable témoignage de l'appel certain de Marguerite-Marie à la Visitation. Quand un artiste a devant lui une perle, précieuse entre toutes, il médite longtemps comment il l'enchâssera ; et c'est un des secrets de son génie de combiner un enchâssement d'autant plus sobre d'ornements que la perle est plus belle en elle-même. De toute éternité, le Coeur de Jésus avait choisi l'Institut fondé par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal pour y enchâsser sa Marguerite; parce que là, tout devant être simple, humble, caché, l'incomparable éclat de cette perle du ciel ne ferait que resplendir davantage aux yeux de toute l'Église. Non seulement Marguerite-Marie est appelée à la Visitation et rien ne changera cette élection divine ; mais le souverain Seigneur va prendre soin d'avertir notre Sainte qu'il veut qu'elle préfère sa règle à tout le reste, et que lui-même y ajustera ses grâces. Elle devra vivre de l'esprit de sa règle avant tout. Les faveurs de son divin, Époux l'y enfonceront toujours plus, au lieu de l'en retirer jamais.

En cette année 1672, c'était la Mère Marie-Françoise de Saumaise, professe du monastère de Dijon, qui venait de prendre le gouvernement de la Communauté de Paray. C'est donc à cette nouvelle supérieure que Soeur Marguerite-Marie alla rapporter les paroles du Sauveur. La Mère de Saumaise, personne de grand jugement et de haute sainteté, exigea une preuve; et pour marque de sûreté, elle lui ordonna de demander à Notre-Seigneur de la rendre utile à la sainte religion, par la pratique exacte de toutes les observances monastiques. Toujours plein d'une divine condescendance, le Maître répondit à la novice : « Eh bien! ma fille, je t'accorde tout cela, car je te rendrai plus utile à la religion qu'elle ne pense, mais d'une manière qui n'est encore connue que de moi ; et désormais j'ajusterai mes grâces à l'es prit de ta règle, à la volonté de tes supérieures et à ta faiblesse ; en sorte que tu tiennes suspect tout ce qui te retirera de l'exacte pratique de ta règle, laquelle je veux que tu préfères à tout le reste. De plus, je suis content que tu préfères la volonté de tes supérieures à la mienne, lors qu'elles te défendront de faire ce que je t'aurai ordonné. Laisse-les faire tout ce qu'elles voudront de toi : je saurai bien trouver le moyen de faire réussir mes desseins, même par des moyens qui y semblent opposés et contraires. Et je ne me réserve que la conduite de ton intérieur et particulièrement de ton coeur, dans lequel, ayant établi l'empire de mon pur amour, je ne le céderai jamais à d'autres (1). »

La Mère de Saumaise ne s'était sans doute pas attendue à une réponse si précise ni si explicite. Quoi qu'il en soit, elle en demeura contente. D'ailleurs, pendant les six années qu'elle continua

à être la supérieure de Soeur Marguerite-Marie, elle put toucher du doigt, pour ainsi dire, la vérité des prédictions que Notre-Seigneur avait faites à sa chère fille et que celle-ci lui avait transmises, avec une si entière simplicité, aux jours de son noviciat.

La supérieure et la maîtresse ne doutant plus de la vocation de leur novice, la Communauté ne tarda pas à partager le même sentiment. Cette courte phrase des Contemporaines est éloquente : « Elle fut reçue par toutes les voix de la Communauté pour la sainte profession (1). »

La cérémonie fut fixée au dimanche 6 novembre 1672.


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1. Autobiographie, p. 61.
1. I, p. 93


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Message  Monique Mar 28 Sep 2021, 7:34 am

Selon la coutume de l'Ordre, ce grand acte doit être précédé d'une retraite ou solitude de dix jours. Soeur Marguerite-Marie fit la sienne sous la conduite directe de l'Esprit-Saint. Les preuves en sont là. Possédant en elle-même Celui qu'elle aimait plus qu'elle-même, peu lui importait d'être occupée à telle ou telle chose, puisque rien ne la détournait de lui. Un détail est demeuré célèbre.

Il y avait dans l'enclos du monastère une ânesse et un ânon. La maîtresse avait recommandé aux novices de prendre garde à ce qu'ils ne fissent point de dégâts dans le jardin potager. Soeur Alacoque prit l'obéissance pour elle personnellement, et ne s'en crut pas dispensée, quand vint sa retraite de profession. Le long de la journée, en dehors des exercices du choeur, on retrouvait la douce enfant à son poste d'humilité, rendit très pénible par l'ordre reçu de ne pas attacher les animaux, « et ils ne faisaient que courir, » écrit-elle innocemment. « Je n'avais point de repos jusqu'aux Angelus du soir, que je venais souper. » Pendant une partie des matines, elle devait retourner à l'étable, faire manger l'ânesse et son petit ânon. « « Je me trouvais si contente dans cette occupation, que je ne me serais point souciée quand elle aurait duré toute ma vie (1). » On ne l'y laissa pas toute sa vie, mais quelque temps seulement, charmé que l'on était de voir jusqu'où irait sa vertu. Or, un jour, tandis que, pour empêcher les animaux de s'enfuir, Soeur Marguerite-Marie allait interrompre l'entretien qu'elle avait avec Notre-Seigneur, il lui, dit : « Laisse-les faire, ils ne feront point de mal (2). » Cette vraie obéissante crut à la parole de son Dieu; si bien que, malgré les recherches les plus minutieuses, les Soeurs qui avaient aperçu les deux bêtes courant dans le potager, n'y purent trouver aucune trace de leur passage.

La tradition constante de la Visitation de Paray est que c'est sous un petit bosquet de noisetiers, qui se voit encore florissant dans le jardin du monastère, que le divin Maître daignait apparaître à l'heureuse novice et lui tenir fidèle compagnie, pour la dédommager surabondamment des fatigues qu'elle prenait à veiller sur l'ânesse et l'ânon.


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1. Autobiographie, p. 67.

2. p. 88, note.


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Message  Monique Mer 29 Sep 2021, 6:32 am

Montrant un jour ce bosquet à une Soeur, elle lui dit : « Voilà un endroit de grâce pour moi, car  Dieu m'a fait connaître ici l'avantage qu'il y a à  souffrir, par les connaissances et lumières qu'il m'a données de sa Passion (1). » Ces lumières et ces connaissances, que ne nous les a-t-elle révélées ! Mais elle se contente de dire : « C'est un  abîme à écrire, et la longueur m'y fait tout supprimer (2). »

L'examen attentif de certaines circonstances autorise à placer pendant cette retraite de profession une grâce que Soeur Marguerite-Marie reçut  « un jour de Toussaint. » Il lui fut dit intelligiblement



Rien de souillé dans l'innocence;

Rien ne se perd dans la puissance;

Rien ne passe en ce beau séjour;

Tout s'y consomme dans l'amour (3).



C'est-à-dire : son âme devait être pure de toute tache; elle devait tout abandonner à Celui qui est la puissance même ; au ciel, rien ne passe, tout y est éternel et s'y consomme dans l'amour. Et, sur l'heure « un petit échantillon de cette gloire » lui fut montré. « Comme j'étais en retraite, » écrit-elle, « je passai tout le jour dans ces plaisirs inexplicables, desquels il me semblait qu'il n'y avait  plus rien à faire que d'aller promptement jouir.  Mais ces paroles, qui me furent dites, me firent  bien connaître que j'étais bien loin de mon  compte; les voici :



C'est en vain que ton coeur soupire,

Pour y entrer comme tu crois,

Il ne faut pas qu'on y aspire

Que par le chemin de la croix (1).



Notre-Seigneur lui mit alors devant les, yeux tout ce qu'elle aurait à souffrir pendant tout le cours de sa vie. Pour exprimer ce qu'elle en éprouva, la Sainte n'a qu'un mot, mais il est énergique : «Tout mon corps en frémit ! (2) »



1. I, p. 521. Déposition de soeur Claude-Marguerite Billet. Procès de 1715

2. Autobiographie, p. 67.

3. Ibid., p. 77.
1. Autobiographie, p. 77

2.Ibid. p 78


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Message  Monique Jeu 30 Sep 2021, 8:06 am

Devant se préparer à sa confession, elle était dans une grande anxiété pour trouver ses péchés. Son divin Maître la rassura : « Pourquoi te tourmentes-tu ? Fais ce qui est en ton pouvoir, je suppléerai à ce qui manquera au reste. Car je ne demande rien tant dans ce sacrement qu'un coeur contrit et humilié (3). » Pleine de contrition et d'humilité, elle fit donc sa confession. Ici, Soeur Marguerite-Marie a une comparaison vivante, pour rendre ce qui, alors, se passa en son âme, sous l'application du sang rédempteur. « Il me semblait me voir et sentir dépouillée et revêtue en même temps d'une robe blanche, avec ces paroles : « Voici la robe d'innocence dont je revêts ton âme, afin que tu ne vives plus que de la vie d'un Homme-Dieu, c'est-à-dire que tu vives comme ne vivant plus, mais me laisser vivre dans toi. Car je suis ta vie, et tu ne vivras plus qu'en moi et par moi (1). »

Cette robe d'innocence, que le Seigneur en était jaloux pour sa bien-aimée ! Dans un autre écrit, elle rapporte plus au long les paroles de son Souverain : « Moi, ton Époux, ton Dieu et ton Amour, ma bien-aimée, je suis venu pour revêtir ton âme de la robe d'innocence, afin que tu ne vives que de la vie d'un Homme-Dieu, et pour cela je simplifierai et purifierai toutes tes puissances, afin qu'elles ne reçoivent plus aucune impression étrangère. Et c'est en présence de la Sainte Trinité et de ma sainte Mère que je te fais cette grâce, laquelle si tu viens une fois à perdre, tu ne la recouvreras jamais, et tu te précipiteras dans un abîme si profond, à cause de la hauteur du lieu où je t'ai logée, qui est la plaie de mon Coeur, que tu ne pourras jamais te relever de cette chute (2). ».

Le jour des Trépassés 2 novembre 1672 étant devant le saint Sacrement pour lui faire amende honorable de l'abus qu'elle avait fait de ses grâces, elle s'immola, de nouveau à la divine volonté, et pria Notre-Seigneur de recevoir le sacrifice de l'holocauste qu'elle désirait lui faire et de l'unir au sien. Son divin Maître lui répondit : « Souviens-toi que c'est un Dieu crucifié que tu veux épouser; c'est pourquoi il te faut rendre 'conforme à lui, disant adieu à tous les plaisirs de la vie, puisqu'il n'y en aura plus pour toi qu'il ne soit traversé de la croix (1). »


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3. Ibid., p. 78.
1. Autobiographie., pp. 78, 79.
2. II, P. 178.
1. Autobiographie., pp. 78, 79.


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Message  Monique Ven 01 Oct 2021, 7:42 am

Pendant cette mémorable retraite, Soeur Marguerite-Marie se traça un plan de perfection ou plutôt l'Esprit-Saint le lui traça de main de maître. « Voici mes résolutions qui doivent durer jusqu'à la fin de ma vie, puisque mon Bien-Aimé les a dictées lui-même. Après l'avoir reçu dans mon coeur, il me dit : Voici la plaie de mon Côté, pour y faire ta demeure actuelle et perpétuelle. C'est où tu pourras conserver la robe d'innocence dont j'ai revêtu ton âme, afin que tu vives désormais de la vie d'un Homme-Dieu ! vivre comme ne vivant plus, afin que je vive parfaite ment en toi, ne pensant à ton corps et à tout ce qui t'arrivera comme s'il n'était plus; agissant comme n'agissant plus, mais moi seul en toi. Il faut pour cela que tes puissances et tes sens demeurent ensevelis dans moi et que tu sois sourde, muette, aveugle et insensible à tontes les choses terrestres : vouloir comme ne voulant plus, sans jugement, sans désir, sans affection et sans volonté que celle de mon bon plaisir, qui doit faire toutes tes délices; ne cherchant rien hors de moi, si tu ne veux faire injure à ma puissance et m'offenser grièvement, puisque je te veux être toutes choses.

« Sois toujours disposée à me recevoir, je serai toujours prêt à me donner à toi, parce que tu seras souvent livrée à la fureur de tes ennemis. Mais ne crains rien, je t'environnerai de ma puissance et serai le prix de tes victoires. Prends garde de ne jamais ouvrir les yeux pour te regarder hors de moi ; et qu'aimer et souffrir à l'aveugle soit ta devise. Un seul coeur, un seul amour, un seul Dieu! »

Ce qui suit était écrit de son sang : « Moi, chétive, et misérable néant, proteste à mon Dieu me soumettre et sacrifier à tout ce qu'il désire de moi, immolant mon coeur à l'accomplissement de son bon plaisir, sans réserve d'autre intérêt que sa plus grande gloire et son pur amour, auquel je consacre et abandonne tout mon être et tous mes moments.

« Je suis pour jamais à mon Bien-Aimé, son esclave, sa servante et sa créature, puisqu'il est tout à moi, et suis son indigne épouse : Soeur Marguerite-Marie, morte au monde, Tout de Dieu et rien de moi ! Tout à Dieu et rien à moi !Tout pour Dieu et rien pour moi! (1) »

Le 6 novembre 1672, elle s'étendit sous le drap mortuaire selon le cérémonial de l'Ordre après avoir prononcé les trois voeux de pauvreté de chasteté et d'obéissance, triple et bienheureuse chaîne qui l'unissait pour jamais au Dieu de son coeur et au Coeur de son Dieu.

Le célébrant venait de lui dire : « Ma Soeur, vous êtes morte au monde et à vous-même, pour ne vivre plus qu'à Dieu (1). » Quel écho ces paroles trouvèrent-elles en son âme ? Nous allons l'entendre : « Étant donc enfin parvenue au bien tant désiré de la sainte profession, c'est en ce jour que mon divin Maître voulut bien me recevoir pour son épouse, mais d'une manière que je me sens impuissante d'exprimer. Mais seulement je dirai qu'il me parait et traitait comme une épouse du Thabor ; ce qui m'était plus dur que la mort, ne me voyant point de conformité avec mon Époux, que j'envisageais tout défiguré et déchiré sur le Calvaire. Mais il me fut dit : Laisse-moi faire chaque chose en son temps, car je veux que tu sois maintenant le jouet de mon amour, qui se veut jouer de toi selon son bon à plaisir comme les enfants font de leurs poupées ; et faut que tu sois ainsi abandonnée, sans vue ni résistance, me laissant contenter à tes dépens ; mais tu n'y perdras rien. Il me promit de ne me plus quitter, en me disant : Sais toujours prête et disposée à me recevoir, car je veux désormais faire ma demeure en toi, pour converser et m'entretenir avec toi (2). »

Là ne se bornèrent pas les faveurs divines, Notre-Seigneur mit alors le sceau à toutes celles qu'il avait déjà faites à sa servante et voici comment. Immédiatement après le texte que nous venons de citer, elle ajoute : « Et dès lors, il me gratifia de sa divine présence, mais d'une manière que je n'avais encore point expérimentée, car jamais [je] n'avais reçu une si grande grâce, pour les effets qu'elle a opérés toujours en moi depuis. Je le voyais, le sentais proche de moi, et l'entendais beaucoup mieux que si ce fût été des sens corporels, par lesquels j'aurais pu me distraire pour m'en détourner; mais je ne pouvais mettre d'empêchement à cela, n'y ayant rien de ma participation. Cela imprima en moi un si profond anéantissement, que je me sentis d'abord comme tombée et anéantie dans l'abîme de mon néant, d'où je n'ai pu sortir depuis, par respect et hommage à cette grandeur infinie, devant laquelle j'aurais toujours voulu être la face prosternée contre terre ou à genoux : ce que j'ai fait depuis, autant que les ouvrages et ma faiblesse l'ont pu permettre (1). »


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1. II, pp. 190, 191. Cf. 1, pp. 92. 93.
1. COVSTVMIER ET DIRECTOIRE POVR LES SOEVRS RELIGIEVSES DE LA VISITATION DE SAINCTE MARIE. Formulaire pour la profession des Soeurs de la Visitation de Saincte Marie. ARTICLE XI, p. 52. Edition princeps M.DC. XVIII.
2. Autobiographie, p. 62.
1. Autobiographie, pp. 62, 63


A suivre...
Monique
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