SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier

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Message  Monique Mar 18 Mai 2021, 7:18 am

Saint Joseph présent à l'adoration des Mages[202]

On s'est demandé parfois si saint Joseph fut présent à l'adoration des Mages, car l'Ecriture ne fait pas mention de lui en cette circonstance ; d'autre part, il semblerait qu'il y eût eu danger à ce que les Mages, le voyant aux côtés de Marie, ne le prissent pour le père de Jésus selon la nature.

Mais il est très probable, pour ne pas dire absolument certain, que le Seigneur, dans sa grande bonté, a voulu donner au saint Patriarche la consolation de voir, de ses propres yeux, ce mystère de la vocation des Gentils à la foi, de constater les triomphes de la grâce sur les cœurs de ces nobles personnages et d'envisager déjà les futures victoires du Christ sur le paganisme.

En effet, cette récompense semblait bien due à la grande foi du Père putatif de Jésus, qui n'avait pas hésité à croire aux paroles de l'Ange, quand celui-ci lui annonça la mission rédemptrice de l'Enfant qui devait naître[203] ; aussi était-il juste qu'il constatât de ses propres yeux les prémices de cette grâce accordée aux Gentils. Ce n'est donc pas sans raison que, dans les anciennes peintures ou sculptures, représentant l'adoration des Mages, saint Joseph se voit souvent à côté de sa sainte Epouse, tous les deux entourant le divin Enfant de leurs adorations.

D'autre part, le silence des Ecritures n'est pas un argument contre la présence du saint Patriarche en cette circonstance, car nous savons que les écrivains sacrés n'ont eu généralement à cœur que de rapporter ce qui servait à établir ou à illustrer la foi chrétienne. Nous pouvons d'ailleurs tirer des Ecritures elles-mêmes un argument en faveur de notre thèse. Car si saint Luc dit expressément des pasteurs qu'ils « trouvèrent Marie et Joseph et l'Enfant placé dans la crèche[204] », pourquoi douterions-nous de la présence de l'Epoux de Marie à l'arrivée des Mages, puisque ce mystère était destiné à représenter la vocation des gentils à la vraie foi, de même que l'adoration des pasteurs avait eu pour but de symboliser celle du peuple Juif ?

Quant au danger, pour les Mages, de croire à une paternité naturelle de la part de saint Joseph par rapport au divin Enfant, disons d'abord que ce danger n'existait pas moins dans le cas des pasteurs. Nous pouvons d'ailleurs raisonnablement supposer que l'Esprit Saint, qui avait éclairé les uns et les autres touchant la divinité de l'Enfant Jésus, les aura également éclairés touchant sa conception virginale. Enfin, rappelons-nous que ce point de doctrine ne devait que plus tard être mis en relief dans l'Eglise.


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202. L'ordre chronologique des trois événements dont nous allons parler est celui ci : d'abord, la présentation au temple ; en second lieu, l'adoration des Mages; en troisième lieu, la fuite en Egypte. (Voir notre Diatessaron, vol. I, Sect- x, Prol.) Nous mettons cependant ici en premier lieu l'adoration des Mages, pour nous conformer au sentiment populaire le plus répandu.
203. Matth., I, 21.
204. Luc., II, 16.


A suivre... Présentation de Jésus au Temple
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Message  Monique Mer 19 Mai 2021, 8:53 am

Présentation de Jésus au Temple

Il nous faut maintenant parler du sublime office que remplit le glorieux Patriarche lors de la présentation de Jésus au Temple. On ne peut pas douter qu'il ne fût présent alors, car l'Ecriture, dans cette circonstance, parle indifféremment de Marie et de Joseph, et le rôle de ce dernier, à cette occasion, est bien fait pour rehausser son insigne dignité.

Saint Joseph présenta donc, conjointement avec Marie, l'Enfant Jésus au Seigneur dans le temple ; puis il offrit le sacrifice prescrit par la loi de Moïse. Voici comment s'exprime le Texte sacré [205] : « Quand les jours de la purification de Marie furent accomplis, selon la loi de Moïse, ils portèrent l'Enfant à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu'il est prescrit dans la loi du Seigneur : Tout enfant mâle premier-né sera consacré au Seigneur ! Et pour offrir, en sacrifice, selon qu'il est prescrit dans la loi du Seigneur, deux tourterelles, ou deux petits de colombes. »

Ce dernier précepte, comme, l'observe saint Thomas[206], était général et regardait tous, les nouveau-nés, et le sacrifice, dont il s'agit, avait pour objet l'expiation du péché légal dans lequel l'enfant avait été conçu et était né, aussi bien que sa consécration. C'était donc en même temps un sacrifice pour le péché et un holocauste, bien que, dans le cas de Notre-Seigneur, il ne pût être question de péché, puisque Marie n'avait pas conçu par l'opération d'un homme.

Le premier précepte regardait les seuls premiers-nés d'Israël, que le Seigneur s'était réservés quand il avait frappé les premiers-nés des Egyptiens : ceux-ci devaient donc être présentés au temple et consacrés au Seigneur ; puis, immédiatement après, une offrande de cinq sicles était faite pour les racheter, Dieu s'étant réservé toute la tribu de Lévi, au lieu des premiers-nés d'Israël.

Nous pouvons nous imaginer saint Joseph et sa chaste Épouse, accomplissant, avec perfection, quarante jours après la naissance du Sauveur, ces deux commandements, en esprit d'obéissance à la loi de Moïse.

Pour ce qui regarde l'accomplissement du premier commandement, les vertus qui ressortent le plus chez les saints époux, sont, pour ce qui regarde Marie, une humilité des plus profondes, la Vierge Mère n'invoquant aucune exemption à la loi ; dans saint Joseph, aussi bien que dans Marie, un esprit de parfaite générosité et d'entier abandon aux dispositions de la Providence par rapport à ce divin Enfant qui, bien qu'à des titres différents, leur appartenait, et qu'ils offraient, chacun de son côté, au Seigneur, préludant ainsi à la grande offrande de la Croix, à laquelle les saints Epoux assistaient déjà en esprit. Marie devait plus tard, sur le Calvaire, d'une manière très solennelle répéter, au nom de l'humanité tout entière, cette offrande ; pour saint Joseph, qui n'était pas destiné à assister au sanglant dénouement, son rôle devait consister à conserver et à nourrir, pour le jour du grand sacrifice, la divine Victime qu'il venait d'offrir au Seigneur.

Nous verrons plus tard[207] quelle profonde douleur, la révélation de la future passion de Jésus, faite alors par Siméon, causa dans l'âme du saint Patriarche, douleur qui l'accompagna pendant toute sa vie.


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205. Ibid., 22-24.
206. III, Quaest, XXXVII, art. 3.
207. P. II, chap. v.


A suivre... Fuite en Egypte
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Message  Monique Jeu 20 Mai 2021, 7:55 am

Fuite en Egypte

La douleur que saint Joseph éprouva lors de la présentation de Jésus au Temple, fut bientôt suivie par une autre angoisse, celle de devoir quitter la Terre Sainte et fuir en Egypte avec Jésus et Marie. Saint Matthieu prend soin de nous renseigner sur cet événement[208] : « Un Ange du Seigneur apparut pendant la nuit à Joseph, disant : Lève-toi, et prends l'Enfant et sa Mère, et fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te le dise ; car il arrivera qu'Hérode cherchera l'enfant pour le faire mourir. »

Les écrivains sacrés sont d'avis que l'Egypte fut choisie par Dieu comme lieu de refuge du Sauveur, afin que là précisément commençât la destruction du royaume de Satan, où le culte des idoles avait eu son origine. Aussi peut-on admettre que Jésus, entrant dans ce pays, ait, selon le mot d'Isaïe[209], ébranlé les statues des faux dieux, préparant ainsi le terrain pour une plus grande diffusion de la sainteté évangélique, dont les moines de la Thébaïde donnèrent de si lumineux exemples dans les premiers siècles de l'Eglise.

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas peu de chose, pour, la gloire de saint Joseph, d'avoir eu, en sa qualité de gardien-né de la sainte Famille, l'insigne honneur de porter lui-même l'Enfant Jésus en Egypte, prenant ainsi part, comme ministre de la Rédemption, au bien spirituel que la présence du Sauveur devait susciter au milieu des gens de ce pays.

L'intérêt qui entoure toutes les circonstances de la vie de Notre-Seigneur a excité, chez les écrivains sacrés, le pieux désir de connaître la route qu'a suivie la sainte Famille pour se rendre de Bethléem en Egypte, l'endroit de sa demeure dans ce pays et le temps qu'elle y resta : questions qu'il est bien difficile de résoudre avec certitude.

Pour nous contenter du plus probable, disons que la voie de terre semble avoir été préférée par la sainte Famille à la voie de mer, qui ne pouvait guère répondre à la promptitude d'un départ précipité ordonné par l'Ange et exécuté ponctuellement. Aussi donc, rien ne s'oppose à ce qu'on admette, comme vérité historique, la pieuse légende qui nous représente le saint Patriarche guidant, par des chemins détournés, l'âne obéissant, portant Marie chargée de son cher et précieux fardeau, le petit Enfant Jésus.

Quant au lieu du séjour de la sainte Famille, il serait téméraire de s'écarter des données d'une vénérable tradition, qui indique Hermopolis ou Héliopolis, aujourd'hui Matarea ou Matarieh, comme étant cet endroit privilégié. Par contre, nous n'admettrons, qu'avec grande réserve, les prodiges qui, selon Sozomène[210] et d'autres auteurs, auraient été opérés dans le grand arbre que l'on montre encore aujourd'hui, dans les environs de l'ancienne Memphis.

Pour ce qu'est de la durée du séjour de la sainte Famille en Egypte, il est encore plus difficile de rien déterminer.

Cependant, comme nous savons qu'Hérode mourut peu de temps après le massacre des saints Innocents, et que, d'ailleurs, après la mort de ce tyran, saint Joseph reçut l'ordre de retourner dans son pays, nous pouvons conclure que ce séjour ne fut pas aussi long qu'on le pense communément. Aussi, nous est-il difficile de nous rallier à l'opinion de saint Thomas, à savoir que ces saints personnages restèrent sept ans en Egypte : leur séjour dans ce pays fut, semble-t-il, de bien plus courte durée.

Quant à la vie de la sainte Famille en Egypte, l'Ecriture ne nous en dit rien ; mais nous pouvons bien nous imaginer ses souffrances et ses privations, pour peu que nous nous souvenions qu'elle se trouvait dans un pays étranger, loin de tous parents et de toutes connaissances ; qu'elle était au milieu de gens adonnés au culte du paganisme le plus prononcé ; enfin, qu'elle était privée des biens de ce monde : autant de considérations capables de nous faire aimer et estimer davantage le saint Patriarche, sur qui retombait la plus grande responsabilité et qui, par conséquent, ressentait, humainement parlant, tout le poids de ce dur exil.

L'ordre de retourner en Terre Sainte, apporta sans doute à saint Joseph un rayon de consolation. Il ne laissa pas toutefois d'être, pour lui, une nouvelle source d'angoisse, tant à cause des difficultés du long voyage, que de l'incertitude de l'avenir. II obéit néanmoins avec la même promptitude qu'il avait mise à s'éloigner de son pays ; puis, ne dédaignant pas de recourir aux lumières que pouvaient lui donner les informations recueillies sur sa route, et ayant appris qu'Archélaüs, un des fils d'Hérode le Grand, prince dur et cruel à l'égal de son père, régnait en Judée, il laissa de côté Bethléem, où la sainte Famille avait conçu le dessein de s'établir définitivement, et prenant, sur l'ordre du ciel, le chemin de la Galilée, vint s'établir à Nazareth. C'est ainsi que les événements humains, conduits par la main de la Providence, aboutissaient à la pleine vérification de la prophétie qui avait annoncé que le Messie s'appellerait Nazaréen.


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208. II, 13.
209. XIX, I, 21.
210. L. v, c. 21.


A suivre... Perte de Jésus au Temple
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Message  Monique Ven 21 Mai 2021, 8:14 am

Perte de Jésus au Temple

Après son retour de l'exil, la sainte Famille reprit, à Nazareth, son cours normal, fait de prières, de travail, de paix et de concorde. Les jours succédaient aux jours, des jours pleins de bonnes œuvres, de saints désirs, de mutuelle édification, le tout ordonné à la grande œuvre de la Rédemption du monde.

Le premier événement qui vint donner du relief à cette vie, si calme et cependant si riche en mérites, ressemblant si bien « aux eaux de Siloé qui coulent doucement[211] », fut la perte de Jésus au Temple.

De même que l'épisode de la fuite en Egypte servit à mettre en évidence la place occupée par saint Joseph dans la sainte Famille, de même aussi l'événement dont nous allons nous occuper, nous fera voir encore plus clairement la vérité des glorieux titres donnés au saint Patriarche, d'Epoux de Marie et de Père de Jésus-Christ.

Après le douloureux événement de la présentation de Jésus au Temple, où Siméon révéla aux saints Epoux la future passion du Sauveur, et celui de la fuite en Egypte avec toutes ses souffrances, l'Ecriture nous présente, dans le mystère qui nous occupe, un nouvel épisode, source d'une angoisse des plus douloureuses dans la vie de Joseph et de Marie. « Les parents (de Jésus), nous dit saint Luc[212], allaient tous les ans à Jérusalem, au jour solennel de la Pâque. Et lorsque Jésus fut âgé de douze ans, ils montèrent à Jérusalem, selon la coutume de la fête ; puis, les jours de la fête étant passés, lorsqu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus resta à Jérusalem, et, ses parents ne s'en aperçurent pas. Et pensant qu'il était avec ceux de leur compagnie, ils marchèrent durant un jour, et ils le cherchaient parmi leurs parents et leurs connaissances. Mais ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem, en le cherchant. Et il arriva qu'après trois jours ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l'entendaient étaient ravis de sa sagesse et de ses réponses. Et en le voyant, ils furent étonnés. Et sa mère lui dit : Mon fils, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous ? Voici que ton père et moi nous te cherchions, tout affligés. Il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois aux affaires de mon Père ? Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait .»

Deux faits ressortent clairement de ce récit scripturaire : le premier est la coutume des parents de Jésus de se rendre tous les ans à Jérusalem, sans qu'il soit fait mention du divin Enfant ; le second regarde tout spécialement le Sauveur lui-même.

Pour ce qui est du premier fait, on peut à peine soutenir l'opinion de quelques écrivains, qui ont cru que Jésus accompagnait tous les ans ses parents dans la ville sainte, cette hypothèse ne s'accordant guère avec les paroles du texte sacré. Il est d'ailleurs difficile de l'admettre, si l'on songe à la tendre constitution d'un enfant au-dessous de douze ans. Dans le cas de Notre-Seigneur, une raison spéciale s'opposait à un tel voyage, la crainte qu'Archélaüs, qui mourut probablement vers la dixième année du Christ, ne mît à mort l'Enfant divin, dont il est certain qu'il n'avait pas oublié l'existence.

Quoi qu'il en soit, nous voyons resplendir ici, d'une nouvelle lumière, les relations de saint Joseph avec Jésus-Christ : premièrement, dans ce fait que le Sauveur, en accompagnant à Jérusalem, comme faisaient les autres enfants, celui qu'il appelait son Père, se reconnaissait par là comme son propre fils ; secondement, saint Joseph, à son tour, en recherchant avec tant de diligence, en compagnie de Marie, le divin enfant Jésus, montrait bien qu'il avait à cœur de remplir, envers lui, l'office d'un père très aimant ; troisièmement, la douleur que, selon le témoignage de Marie, le saint Patriarche, ressentit de cette perte, et l'intense joie qu'ensuite il éprouva d'avoir retrouvé le Sauveur, sont une nouvelle preuve que c'était à lui précisément qu'appartenait le devoir de veiller sur la vie du jeune Messie.

Saint Bonaventure nous explique comment cette perte de Jésus put avoir lieu, sans que ses parents s'en aperçussent et sans qu'il y eût aucune faute de leur part. « La coutume était, dit-il[213], que, dans les processions et les voyages, les hommes et les femmes marchassent en groupes séparés, tandis que les enfants pouvaient se joindre à l'un ou à l'autre de ces groupes. Marie put donc penser que Jésus était avec son père, et Joseph, vice versa, qu'il était avec sa Mère. » Bien qu'il n'y eut donc aucune négligence de leur part, ils le cherchèrent avec soin, et avec toute la confiance que leur inspirait la rectitude de leurs consciences.

La ferveur des saints Epoux fut récompensée. Le troisième jour, ils retrouvèrent le divin Enfant dans le Temple, au milieu des Docteurs, écoutant et interrogeant ceux-ci, en réalité, les instruisant des secrets de la vie spirituelle.

Mais la douleur cuisante qu'avaient ressentie Joseph et Marie avait besoin de s'épancher. C'est la Vierge sainte qui exprime, en accents émus, la peine cruelle qu'elle et saint Joseph ont éprouvée. La réponse du Sauveur à ses paroles n'est pas un reproche, ni même une expression d'étonnement. C'est une manière persuasive d'instruire, manière familière aux orientaux. Les mots, ne saviez-vous pas, qui chez nous équivaudraient à vous auriez du savoir, dans la bouche du Sauveur veulent dire simplement sachez. Celui qui, par ses judicieuses questions avait instruit les célèbres Docteurs dans le Temple, révèle maintenant à ses parents bien-aimés les secrets du royaume des cieux. Eux ne comprennent pas encore, dans toute leur ampleur, la portée de ces mots : « Il faut que je sois aux affaires de mon Père » ; et cependant cette simple proposition, tombée des lèvres de Jésus, leur ouvre de nouveaux horizons et fournit à leur intelligence une nourriture céleste des plus salutaires. Le maître par excellence ne devait plus cesser d'instruire Marie et Joseph sur les grands et profonds mystères de sa mission rédemptrice.


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211. Is., VIII, 6.
212. II, 41, seq.
213. Serm. I, p. III.


A suivre... De quelle manière Jésus fut-il soumis à saint Joseph
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Message  Monique Sam 22 Mai 2021, 7:43 am

De quelle manière Jésus fut-il soumis à saint Joseph

Pour connaître pleinement les relations de saint Joseph avec le Sauveur du monde, il nous faut encore examiner dans quel sens et jusqu'à quel point il est dit de lui qu'il « leur était soumis[214] ».

D'abord, il faut exclure, ainsi que nous l'avons noté en parlant de la très sainte Vierge, une soumission de bonté dans Jésus par rapport à saint Joseph ; au contraire, c'était de Jésus même, de son fils bien-aimé, que partaient les fleuves de grâce qui inondaient l'âme du saint Patriarche.

On ne peut pas non plus parler ici de soumission d'obéissance. Jésus-Christ, le Roi de l'univers, n'était tenu à obéir à aucune créature : au contraire, Marie et Joseph lui devaient la pleine et entière soumission de leurs volontés. Si donc il est dit que Jésus obéissait à ses parents, ceci doit s'entendre d'une soumission spontanée de sa volonté à la leur, dans le sens où nous disons que Dieu lui-même, fait la volonté de ceux qui le craignent[215].

Mais si l'on ne peut admettre, dans Notre-Seigneur, par rapport à saint Joseph, une soumission de bonté ou de volonté, il faut cependant reconnaître qu'il devait au saint Patriarche, et cela par devoir strict, une soumission de piété, consistant en ce que les enfants sont tenus, selon l'ordre de la nature, à rendre à leurs parents une sorte de culte se traduisant en témoignages de révérence intérieurs et extérieurs. Ce devoir de piété, qui oblige tous les enfants, en amène d'autres encore : celui de secourir leurs parents dans la pauvreté, de les assister dans la maladie, de les consoler à la mort. C'est ainsi qu'on représente, et avec raison, Notre-Seigneur et sa sainte Mère entourant de leurs soins et de leur affection le glorieux Patriarche au moment de sa mort, et lui prodiguant alors les plus douces consolations.

Nous pouvons déduire, de tout ce que nous avons dit, combien est grande l'excellence de saint Joseph, que non seulement la Reine des cieux, mais encore le Créateur de l'univers tout entier, se sont fait un devoir d'entourer de leur vénération et dont ils ont exécuté ponctuellement les dispositions qu'il prenait à leur égard.

Gardons-nous cependant de rien exagérer, en disant, par exemple, avec quelque auteur, que saint Joseph tenait dans la sainte Famille la place du Père éternel, ou qu'il y représentait, d'une manière visible, ses infinies perfections. Quelle que fût l'autorité de saint Joseph sur l'Enfant Jésus, elle n'est jamais à comparer à celle de Dieu ; mais aussi faut-il nous rappeler que quand nous nommons le Père éternel dans les œuvres divines ad extra, comme c'est ici le cas, ce nom Père doit être pris essentiellement, et non pas notionellement ou personnellement. Aucune créature ne peut donc formellement représenter le Père, c'est-à-dire, la première personne de la sainte Trinité ; mais elle peut représenter, dans un sens analogue et non univoque, les perfections des trois divines personnes en tant qu'elles sont une seule et même chose dans l'unité de nature.


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214. Luc, II, 51.
215. Ps, CXLIV, 19.


A suivre... Progrès de saint Joseph dans la vertu
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Message  Monique Dim 23 Mai 2021, 8:23 am

Progrès de saint Joseph dans la vertu

L'Ecriture ne nous dit pas combien de temps vécut saint Joseph à Nazareth, en compagnie de Jésus et Marie. Mais quelle que fût la durée de ce séjour, de quels trésors de grâce cette compagnie ne dut-elle pas enrichir l'âme du saint Patriarche !

Les dispositions intérieures de saint Joseph faisaient qu'il était porté spontanément à croître sans cesse dans l'amour de Dieu et à le servir fidèlement. Il ne pouvait donc faire autrement que de tirer un grand profit de son contact intime et continuel avec le Verbe incarné. Plus on approche d'un prince, mieux on reçoit l'influence de ce principe même. Ceci est d'autant plus vrai, que Jésus aimait Joseph au-dessus de toute créature, à l'exception de Marie : or l'amour de Jésus produit en nous des grâces de sanctification et de salut, en proportion de son intensité.

Marie avait, elle aussi, le plus grand amour pour Joseph. Joseph était pour elle, après Jésus, le premier objet qu'elle proposait à Dieu dans ses prières, et les prières de Marie sont toujours aussi efficaces qu'elles sont ferventes.

S'il est vrai, d'autre part, que les entretiens et les exemples des personnes saintes ont une force spéciale pour nous porter à la vertu et à la piété, quels motifs ne dut pas avoir saint Joseph, pour croître continuellement en grâce et en sainteté, dans les sujets d'édification qui, lui étaient continuellement donnés par Jésus, son fils putatif, et par Marie, son épouse chérie !

Il nous faut maintenant passer à la seconde partie de notre ouvrage, où nous traiterons des perfections personnelles du saint Patriarche. Nous verrons comment Dieu aima tellement son père putatif, qu'il voulut l'élever au-dessus de tous les Anges et de tous les saints, lui donnant la première place après sa chaste Epouse. Nous apprendrons comment Dieu ne se lasse jamais de récompenser ceux qui, appelés à son service, remplissent avec fidélité la tâche qui leur a été confiée : car « il y a gloire et richesses dans sa maison, et sa justice demeure dans tous les siècles des siècles[216] ».


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216. Ps. CXI, 4.


A suivre... DEUXIÈME PARTIE - PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH
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Message  Monique Lun 24 Mai 2021, 9:21 am

DEUXIÈME PARTIE


**
*


 PERFECTIONS DE SAINT JOSEPH


****



INTRODUCTION

« Où pourrons-nous trouver un tel homme qui soit rempli de l'Esprit de Dieu ?
Gen., XLI, 38.



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Perfection des œuvres divines

Nous avons vu, dans la première partie de cet ouvrage, comment le glorieux saint Joseph fut l'objet des complaisances du Très-Haut, qui, en le prédestinant à la dignité d'Epoux de la Mère de Dieu, lui conférait une place de choix dans l'œuvre de l'incarnation, l'appelant à participer aux privilèges de Marie et à ceux de Jésus, et à travailler avec eux au rachat du monde.

Mais les œuvres de Dieu sont parfaites, dans ce sens que, quand il appelle une créature raisonnable à une dignité, spéciale, il lui accorde en abondance ses grâces et ses dons, pour la rendre capable de remplir dignement la mission qu'il lui a confiée. C'est ce que nous voyons excellemment vérifié dans Jésus et Marie : dans Jésus qui, étant prédestiné à être le vrai Fils de Dieu, reçut une grâce infinie, s'étendant à tous les effets que la grâce peut jamais produire ; dans Marie qui, étant choisie pour être la Mère de Dieu, reçut, de son côté, une telle abondance de grâce, qu'elle mérita d'engendrer, de nourrir et d'offrir son Créateur pour le salut du monde.

Il nous faut donc examiner maintenant, à la lumière de la sainte théologie, quelles grâces, quels privilèges le saint Patriarche reçut du ciel en harmonie avec sa haute dignité d'Epoux de Marie et de Père putatif de Jésus-Christ.


A suivre... Danger à éviter en traitant des privilèges de saint Joseph
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Message  Monique Mar 25 Mai 2021, 7:30 am

Danger à éviter en traitant des privilèges de saint Joseph

Mais avant d'entrer dans l'examen de la question, il nous faut prémunir le lecteur, comme nous l'avons fait au commencement de la première partie, contre un danger que certains écrivains, plus pieux que judicieux, n'ont pas suffisamment évité. Partant de ce principe que, plus une créature raisonnable est élevée en dignité, plus on doit lui attribuer de grâces et de privilèges, ils en ont conclu a priori, que si certains saints personnages ont été gratifiés par Dieu de quelques privilèges spéciaux, ceux-ci n'ont pas dû manquer au glorieux Patriarche. Ainsi, le don des miracles ayant été maintes fois accordé par Dieu à quelque illustre prédicateur de la foi, a fortiori, disent-ils, saint Joseph a dû, lui aussi, posséder ce don ; ou bien, de ce que saint Jean-Baptiste a été sanctifié dans le sein de sa mère, on imagine que le saint Patriarche n'a pas dû être privé d'un si glorieux privilège.

Un tel raisonnement n'est nullement en harmonie avec les voies de la Providence, qui, dans la distribution de ses dons, ne procède pas d'une manière absolue, mais a toujours en vue la fin pour laquelle ces mêmes dons sont ordonnés. C'est d'ailleurs ce que nous enseigne saint Paul, quand il nous dit qu'il y a des « divisions, c'est-à-dire des diversités de grâces[217] » ; ce qui veut dire que les grâces et privilèges accordés par Dieu à ses créatures se mesurent selon la fin que lui-même s'est proposée.

Ainsi donc, en parlant des perfections et des privilèges de saint Joseph, nous aurons soin de mettre un frein à notre imagination et de n'attribuer à l'Epoux de Marie que les privilèges qu'une stricte théologie nous autorise à lui reconnaître. Ces privilèges, d'ailleurs, sont déjà si grands en eux-mêmes,, qu'il n'est pas besoin de recourir à de faux ornements qui, au lieu de rehausser la gloire du saint Patriarche, ne feraient que l'abaisser à nos yeux. Dans une belle collection d'objets d'or et de diamant, le clinquant et l'oripeau ne sont pas à leur place.


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217. I Cor., XII, 4


A suivre... Questions à traiter dans cette seconde partie
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Message  Monique Mer 26 Mai 2021, 8:22 am

Questions à traiter dans cette seconde partie

Pour développer, comme il convient, la question des perfections de saint Joseph, nous devrons commencer par examiner quelle fut son incomparable sainteté ; en second lieu, nous traiterons de la grâce et de la science dont il plut à la Providence d'orner son âme très sainte ; troisièmement, nous parlerons en détail de ses vertus et des dons du Saint-Esprit dont il fut gratifié ; quatrièmement, nous rappellerons les grandes douleurs qu'il a dû supporter en compagnie de Marie et de Jésus ; cinquièmement, nous traiterons de ses perfections corporelles ; sixièmement, de sa perpétuelle virginité ; septièmement, de sa mort bienheureuse, et enfin, huitièmement, de sa résurrection et de la gloire dont il jouit dans le ciel.



A suivre... CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH
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Message  Monique Jeu 27 Mai 2021, 7:23 am

CHAPITRE PREMIER - INCOMPARABLE SAINTETÉ DE SAINT JOSEPH


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Sainteté ascendante de saint Joseph

Ce n'est pas sans une certaine appréhension que nous nous apprêtons à parler de l'incomparable sainteté du glorieux Patriarche saint Joseph. Cette sainteté étant un reflet de celle de sa très chaste épouse, et les perfections de la Vierge toute sainte étant bien au-dessus de tout ce que nous pouvons imaginer, il s'ensuit que nous ne pouvons entreprendre qu'avec une certaine crainte l'étude de la sainteté du glorieux Patriarche. Nous tâcherons cependant de le faire, en nous servant des données de la théologie et de la Tradition catholique à ce sujet.

Mais, comme la sainteté de l'Epoux de Marie se présente à nous dans un ordre toujours ascendant, pour procéder avec ordre dans cette grave question, il nous faudra d'abord examiner quel fut le moyen choisi par Dieu pour effectuer le premier stage de la sanctification du saint Patriarche. Nous verrons ensuite comment eut lieu sa progression ininterrompue dans la perfection, et nous examinerons ce qu'il faut dire, à son égard, de ce fruit malheureux du péché originel, qu'en langage théologique on appelle le foyer de la concupiscence, fomes concupiscentiae ; nous passerons ensuite à considérer le privilège de l'impeccabililé dont il plut à Dieu, croyons-nous, de doter son âme bienheureuse ; enfin nous étudierons de quelle manière cette confirmation en grâce s'est effectuée dans l'âme bénie du saint Patriarche.


A suivre... Saint Joseph ne fut pas conçu sans péché originel
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Message  Monique Ven 28 Mai 2021, 8:06 am

Saint Joseph ne fut pas conçu sans péché originel

Pour commencer par la conception de saint Joseph, il nous faut d'abord exclure l'opinion de quelques auteurs qui, pour maintenir, entre les deux saints Epoux, une plus grande ressemblance, ont affirmé que saint Joseph, non moins que Marie, n'a été, dans sa conception, l'esclave du péché originel.

Cette opinion ne peut se soutenir en aucune manière. Les paroles de saint Paul[218] : « Tous les hommes ont péché en Adam », n'admettent aucune exception, sauf dans les cas de Notre-Seigneur et de la très sainte Vierge. Notre-Seigneur, ayant été conçu par l'opération du Saint-Esprit, fut exempt de tout péché de nature ; la très Sainte Vierge, en raison des futurs mérites de Jésus-Christ, en fut également préservée dans sa conception. Mais, en vertu même de la déclaration formelle de l'Eglise, parlant dans son cas, d'un privilège singulier, il faut exclure évidemment de ce même privilège toute autre personne. D'ailleurs, rien, dans l'Ecriture sainte comme dans la tradition, ne nous autorise à reconnaître que le saint Patriarche ait été conçu sans péché originel. D'autre part, la raison invoquée par les fauteurs de cette opinion, à savoir que saint Joseph appartient intrinsèquement à l'ordre de l'Incarnation, manque de fondement. Saint Joseph, nous l'avons dit, n'appartient pas intrinsèquement à l'ordre de l'Incarnation, le Verbe incarné n'ayant pas été formé de lui, comme il le fut de son Epouse la Vierge Marie. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire que les époux se ressemblent entièrement, comme le voudraient nos adversaires. Enfin, le privilège d'une conception immaculée était dû à Marie, non pas tant parce que le Verbe devait se faire chair en elle, qu'à cause de la sublime dignité de Corédemptrice du genre humain[219], dignité que saint Joseph ne devait partager avec elle que dans un sens assez restreint.

Qu'on ne dise pas que la ressemblance que nous excluons ici, est au contraire inculquée dans l'Ecriture, qui fait dire à Dieu[220] : « Faisons à Adam un aide semblable à lui » ; car, comme l'explique très bien saint Thomas[221], la ressemblance dont il est ici question ne regarde pas l'âme, mais le corps, ou plutôt la propagation du genre humain, pour laquelle la présence du sexe féminin était nécessaire.


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218. Rom., V, 12.
219. Voir ce que nous avons écrit à ce sujet dans l'Immacolata, Corredentrice, Mediatrice, p. II, Rome, 1928.
220. Gen., II, 98.
221. I, Quaest. XCII, art. 9.


A suivre... Saint Joseph ne fut pas sanctifié dans le sein de sa mère
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Message  Monique Sam 29 Mai 2021, 7:16 am

Saint Joseph ne fut pas sanctifié dans le sein de sa mère

Si l'opinion qui voudrait que saint Joseph ait été conçu, comme Marie, sans péché originel, ne peut se soutenir, peut-on du moins admettre qu'il ait été, comme saint Jean-Baptiste, sanctifié dans le sein de sa mère ?

Plusieurs auteurs, parmi lesquels Gerson, Isidore de Isolanis, Bernardin de Busto et saint Alphonse de Liguori, ont cru pouvoir admettre cette hypothèse, se fondant sur cette considération, que le futur Epoux de Marie et Père nourricier de Jésus dut être sanctifié d'une manière supérieure à celle des autres Saints, qui ne sont purifiés du péché originel qu'après leur naissance. D'ailleurs, observent-ils, si ce privilège a été accordé à quelques grands Saints, comme à Jérémie et à Jean-Baptiste, il n'a pu être refusé à saint Joseph, dont la prédestination, nous l'avons dit, surpasse de beaucoup pelle de ces illustres personnages.

Mais notre réponse doit être négative : on ne peut pas affirmer que saint Joseph, quelque singulière qu'ait été sa prédestination, ait été sanctifié dans le sein de sa mère.

Saint Thomas, avec sa lucidité habituelle, nous explique pourquoi nous ne devons pas admettre l'opinion de la sanctification de saint Joseph avant sa naissance. « Les privilèges gracieux, dit-il[222], accordés à quelques individus en dehors de la loi commune, ont pour raison d'être et pour objectif l'utilité des hommes, selon ce mot de saint Paul[223] : A chacun est donnée la manifestation de l'Esprit pour l'utilité commune, Or, aucune utilité ne proviendrait aux hommes du fait de la sanctification d'un individu dans le sein de sa mère, à moins qu'elle ne soit manifestée à l'Eglise. » D'autre part, l'hypothèse de la sanctification de saint Joseph avant sa naissance n'a pour elle aucun appui, soit dans l'Ecriture, soit dans les définitions dogmatiques ; aussi manque-t-elle de fondement solide en théologie, comme s'exprime Benoît XIV[224].

C'est en vain qu'on voudrait faire appel au titre de juste donné par saint Matthieu au saint Epoux de Marie. Cette justice regarde, d'une manière générale, la vie ordinaire du saint Patriarche et ne s'étend pas nécessairement à la période qui a précédé sa naissance. Il ne faudrait pas non plus insister sur la future dignité du saint Patriarche, qui demandait chez lui, il est vrai, une sainteté plus qu'ordinaire, mais seulement pour le temps où il devait remplir la mission à laquelle Dieu l'avait destiné. Le cas de la très sainte Vierge, au contraire, est bien différent. Sa sanctification dans le sein de sa mère était une conséquence nécessaire de son Immaculée Conception. Cette créature toute privilégiée jouit d'ailleurs de l'usage de la raison dès le premier moment de sa conception, chose que l'on ne peut affirmer de saint Joseph.

Retenons au surplus que d'aucun Saint, si ce n'est de saint Jean-Baptiste, on ne peut dire en toute sûreté qu'il ait été sanctifié dans le sein de sa mère.

Pour le seul Précurseur nous avons le témoignage irréfragable de l'Ecriture. Si plusieurs auteurs, parmi lesquels saint Augustin, saint Thomas et saint François de Sales, ont cru pouvoir affirmer la même chose de Jérémie, c'est qu'ils ont cru pouvoir interpréter ces mots[225] : « Avant que tu fusses sorti du sein de ta mère, je t'ai sanctifié », dans le sens d'une sanctification par la grâce, tandis que le mot sanctifier, dans le langage scripturaire, signifie plutôt destiner ou députer quelqu'un à un office tout particulier ; et c'est précisément ce que Dieu voulait faire entendre à Jérémie par les paroles que nous venons de citer, de même que Notre-Seigneur disait de lui-même[226] : « Et je me sanctifie moi-même pour eux », c'est-à-dire, comme l'explique saint Thomas[227], je m'offre en sacrifice pour eux.

Il est vrai que quelques auteurs comprennent, dans le même privilège, outre saint Joseph et Jérémie, plusieurs autres Saints, comme Moïse, David, saint Paul, saint Jacques, dit le frère de Notre-Seigneur, et d'autres Saints encore, pour qui ces auteurs avaient une dévotion spéciale. Mais comme ce sont là des assertions gratuites, il n'est nullement nécessaire de nous y arrêter. Que si quelque écrivain de marque a parfois affirmé de quelque personnage illustre qu'il a été, dès le sein de sa mère, l'objet des complaisances du Très-Haut, cette expression et d'autres semblables doivent s'entendre dans le sens d'une dilection spéciale ab æterno de la part de Dieu envers cet individu privilégié : et c'est précisément ainsi que doit s'entendre ce passage du Psaume[228] : « Seigneur, vous l'avez prévenu des plus douces bénédictions. »


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222. IIIa, Quaest. XXVII, art. 6.
223. I Cor.,XII
224. De Serv. Dei beatif., 1. IV, p. 2, c. xx, n. 31.
225. Jer., I, 5.
226. Io., XVII, 19.
227. Comment., in h. I.
228. XX, 4.



A suivre... Moyen par lequel saint Joseph fut purifié du péché originel
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Message  Monique Dim 30 Mai 2021, 8:02 am

Moyen par lequel saint Joseph fut purifié du péché originel

De tout ce que nous venons de dire, il résulte clairement que saint Joseph ne fut pas sanctifié avant sa naissance. Il nous faut donc maintenant rechercher par quel moyen il fut délivré du péché originel et fait enfant de Dieu et héritier du ciel. Ce moyen ne fut autre que le rite institué à cette fin dans l'Ancien Testament, le rite de la circoncision, accompli le huitième jour après la naissance de l'enfant, rite auquel, comme aux autres sacrements de la loi de Moïse, était attaché le don de la grâce sanctifiante, non d'une manière physique et instrumentale, comme c'est le cas pour les sacrements de la loi nouvelle, mais d'une manière morale ; Dieu ayant promis d'accorder la grâce sanctifiante, qui efface le péché originel, à condition que le rite voulu par Lui fût accompli.

Ce rite était donc alors la condition sine qua non de régénération spirituelle pour tous les enfants des Hébreux. Aussi produisait-il un effet égal chez tous ceux qui le recevaient ; de même que, chez nous, le baptême produit, chez tous les enfants qui le reçoivent avant l'âge de raison, des fruits égaux. C'est pourquoi il n'y avait rien qui distinguât, par rapport à la quantité de grâce sanctifiante reçue à ce moment, le petit Joseph de tous les autres enfants également circoncis. Ce ne fut qu'au premier moment où, ayant atteint l'usage de la raison, il se tourna vers Dieu, comme tous les hommes sont alors tenus à faire, qu'il se distingua d'eux, par la ferveur de son amour envers Dieu, ferveur qui lui valut une augmentation considérable de grâce.



A suivre... Premier acte d'amour de saint Joseph envers Dieu
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Message  Monique Lun 31 Mai 2021, 7:51 am

Premier acte d'amour de saint Joseph envers Dieu

La sainte théologie, par son oracle autorisé, saint Thomas d'Aquin[229], nous enseigne qu'il est du devoir de l'enfant, dès qu'il arrive à l'usage de la raison, de se tourner vers Dieu, et de faire un acte au moins implicite d'amour envers Lui, dirigeant vers ce suprême Seigneur toute sa vie et toutes ses actions. A cette fin, il reçoit des lumières spéciales. S'il y correspond, la grâce vient orner son âme, s'il n'est pas encore régénéré par le rite sacramentel ; dans le cas contraire, cette grâce est augmentée chez lui en proportion de la ferveur avec laquelle il se tourne vers Dieu. Si l'âme de l'enfant ne répondait pas à cette grâce, elle contracterait un péché grave, dont la répercussion se ferait sentir par de funestes conséquences.

Or, nous pouvons retenir que l'âme privilégiée du petit enfant Joseph, sous l'influence d'une grâce très efficace, se tourna vers Dieu à ce moment, avec toute l'ardeur dont elle était capable, de manière à dépasser de beaucoup tous les autres enfants qui, comme lui, avaient participé au rite de la circoncision. Cette surabondance de grâce, qui convenait si bien au futur époux de Marie, devait cependant aller toujours en augmentant ; car saint Joseph, depuis ce moment, ne devait perdre aucune occasion de s'unir toujours plus étroitement à la source de tout bien par la pratique surtout des trois vertus, qui resplendirent jadis dans le Joseph de l'Ancien Testament, et qui, nous pouvons le croire, furent plus diligemment aimées et cultivées par Celui qui deviendrait un jour le Père nourricier de Jésus.

La première de ces vertus fut l'esprit de prière, qui entraîne avec soi la certitude du secours divin ; la seconde, le soin de conserver la virginité, par quoi l'homme pourvoit à l'intégrité de l'esprit et de la chair ; la troisième, une certaine constance de travail, pour échapper aux pièges de l'oisiveté, qui est, nous dit l'Ecriture, la mère de bien des vices. On peut donc appliquer au saint Patriarche, d'abord, par rapport à la prière, le passage suivant de l'Ecriture sainte[230] : « J'ai crié vers vous, ô Seigneur, et le matin ma prière ira au-devant de vous » ; pour ce qui concerne la chasteté, ces paroles de Tobie ont ici leur place[231] : « Vous savez, ô Seigneur, que j'ai gardé mon âme pure de toute concupiscence » ; enfin, par rapport à l'application des membres au travail, nous avons la recommandation de l'Ecclésiaste[232] : « Tout ce que peut faire ta main, exécute-le avec diligence ; car il n'y a ni œuvre, ni raison, ni sagesse, ni science dans le monde d'au-delà où tu te hâtes d'arriver », c'est-à-dire, après cette vie, quand toute occasion de mériter viendra à cesser.

C'est donc ainsi que s'exerçait incessamment, dans la pratique des vertus, le jeune enfant Joseph qui, de cette manière, s'approchait toujours davantage de ce degré d'insigne perfection qui convenait au futur Epoux de la très sainte Vierge, et qui devait lui mériter le titre d'homme juste par excellence ; aussi peut-on lui appliquer en toute vérité ces mots que la Genèse rapporte de l'ancien Joseph[233] : « Le Seigneur était avec lui et dirigeait toutes ses œuvres. »


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229. la-IIæ, Quaest. LXXXIX, art. 6
230. Ps. LXXXVII, 14.
231. III, I6.
232. IX, 10
233. XXXIX, 23.


A suivre... Extinction du foyer ou levain (fomes) de la concupiscence en saint Joseph
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Message  Monique Mar 01 Juin 2021, 8:26 am

Extinction du foyer ou levain (fomes) de la concupiscence en saint Joseph

De ce que nous venons d'enseigner sur la conception de saint Joseph, à savoir qu'il n'a pas été exempt du péché originel, mais qu'il en fut délivré par la circoncision, peut-on déduire qu'il fut comme nous, sous l'empire de la concupiscence, c'est-à-dire de ce foyer ou levain du mal que les Pères appellent quelquefois un tyran, un démon inné, la source toujours vive de mauvais désirs, et qui, même chez les baptisés, continue à exister ad agonem, c'est-à-dire, pour l'exercice de la vertu, comme l'enseigne le saint Concile de Trente[234] ?

Quelques écrivains sacrés, parmi lesquels on compte Salmeron, saint Pierre Canisius et Carthagène, ont cru pouvoir affirmer que saint Joseph, comme sa sainte Epouse, fut entièrement délivré, au moment de sa première sanctification, de ce foyer de concupiscence, afin de pouvoir ressembler davantage à Marie, et mieux remplir envers Jésus, l'office de Père nourricier. D'autres auteurs, parmi lesquels il faut nommer, en premier lieu, Théophile Raynaud, ont, au contraire, admis chez saint Joseph, ce même foyer de concupiscence toujours en activité pour l'incliner au mal, comme c'est notre cas. La vérité se trouve entre ces deux opinions. Notre pensée est que le foyer de la concupiscence subsista réellement en saint Joseph, mais qu'il fut lié, c'est-à-dire qu'il n'eut pas chez lui cette liberté d'action qu'il a généralement chez tous les hommes. Ceci, dans le langage scolastique, s'exprime en disant que ce foyer exista dans le saint Patriarche in actu primo, mais non pas in actu secundo, ce qui revient à dire qu'il ne se traduisit pas chez lui en actes condamnables. Il nous faut démontrer ces deux aspects de notre proposition.

D'abord, nous disons que le foyer de concupiscence ne fut pas enlevé (sublatus) en saint Joseph. En effet, ce foyer est une conséquence nécessaire de notre nature déchue ; c'est une disposition, en soi déréglée, qui a sa raison d'être précisément dans le péché originel, et que le baptême lui-même n'enlève pas. Dans ces conditions, ôter de l'âme cette disposition au péché serait une dérogation à l'ordre des choses, c'est-à-dire un vrai miracle : or, une des conditions du miracle est qu'il soit visible, ayant pour but de promouvoir la gloire de Dieu. Donc, comme rien ne nous dit que saint Joseph fut exempt de cette loi de la chair, ainsi que l'appelle saint Paul[235] ; nous ne sommes pas autorisés à reconnaître, dans l'Epoux de Marie, cet insigne privilège.

Mais, dira-t-on, ne reconnaissons-nous pas en Marie elle-même, une parfaite exemption, ou délivrance de ce foyer de concupiscence, sans cependant que nous en ayons des preuves extérieures ?

Nous répondons que tout autre est le cas de la très sainte Vierge. Par un privilège unique, elle fut exempte du péché originel ; elle ne devait donc point contracter ce qui, en soi, est comme l'apanage de ce péché ; aussi l'exemption du foyer en Marie ne fut-elle pas un miracle à part, mais la conséquence naturelle de l'Immaculée Conception.

Ce foyer, cependant, fut lié chez le saint Patriarche, de telle sorte qu'il ne se traduisit jamais en actes. Ce fut là l'effet d'une double cause : d'abord, d'une grâce très abondante, dont le Saint-Esprit avait enrichi son âme bénie ; ensuite, et surtout d'une assistance tourte particulière de la divine Providence, qui ne cessa de veiller sur son fidèle serviteur, pour empêcher tout mouvement désordonné des facultés inférieures contre la raison et la prémunir ainsi contre toute faute vénielle.

Notons bien que la première cause, c'est-à-dire la grâce, n'aurait pas été suffisante en elle-même. Car la grâce donnée à l'homme après le péché n'exclut pas les mouvements désordonnés de la concupiscence, contrairement à ce qu'aurait produit la grâce dans l'état de justice originelle ou de nature intègre, puisque l'homme aurait pu, dans cet état, éviter toute rébellion de la chair contre l'esprit. Pour saint Joseph, il fallait donc une assistance spéciale du Saint-Esprit pour qu'il ne ressentît aucun de ces mouvements déréglés qui affligent si douloureusement les âmes spirituelles. Or cette assistance, qui n'était pas un miracle, lui fut largement assurée, en raison de la haute mission à laquelle il était destiné.

Il fallait aussi que saint Joseph fût prémuni, par la vertu d'En-Haut, contre tout mouvement déréglé, si imperceptible qu'on le conçoive, auquel la cohabitation de Marie aurait pu donner origine dans son âme. Le compagnon de la plus pure de toutes les vierges devant, lui aussi, être le plus pur de tous les hommes. Non qu'il y eût à craindre que la beauté de Marie fût pour lui une occasion de péché, comme l'ont cru certains auteurs, entre autres le célèbre Gerson. Cette beauté, comme le remarque Denys le Chartreux, était si pure, si chaste et si divine, qu'elle ne pouvait que porter à la vertu ceux qui en étaient les heureux témoins. Mais d'autres causes auraient pu susciter, dans l'âme de Joseph, des mouvements déréglés ; or il fallait que l'Epoux fût, surtout en ce qui concerne la chasteté, digne de tous points de son Epouse toute pure et toute sainte.

On peut se demander dans quelle circonstance de la vie de saint Joseph le foyer, dont nous parlons, a été lié, de manière à ne pas se produire en acte.

Nous répondons que ce fut au moment où, ayant atteint l'usage de raison, il se tourna vers Dieu, comme nous l'avons expliqué[236], avec toutes les forces de son âme, pour se consacrer tout entier à lui. Jusqu'à cette époque, ce privilège ne lui était pas nécessaire, puisque, chez l'enfant qui n'a pas encore atteint l'âge de la raison, le foyer de concupiscence ne peut, faute de responsabilité, exercer son action délétère sur son âme ; d'autre part, comme saint Joseph devait, dès ce moment, se préparer, par une sainteté sans tache, à sa haute et si délicate mission d'Epoux de Marie, il convenait qu'il fût dès lors exempt de toute attaque de ce subtil et dangereux ennemi.


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235. Rom., VII, 23.
236. Voyez plus haut, n. 5.


A suivre... Impeccabilité de saint Joseph
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Message  Monique Mer 02 Juin 2021, 8:13 am

Impeccabilité de saint Joseph

Du fait que le foyer de la concupiscence fut, pour ainsi dire, emprisonné dans saint Joseph, nous sommes amenés spontanément à parler de son impeccabilité. Car, n'ayant pas connu, comme nous, les attaques des mauvaises passions, il n'eut pas l'occasion de tomber dans ces innombrables fautes vénielles, qui obscurcissent continuellement le firmament de notre vie spirituelle.

Ce privilège de l'impeccabilité semble bien requis par la double mission que Dieu avait confiée à saint Joseph, celle de compagnon inséparable de Marie et celle de Père putatif de Jésus. Comme compagnon de Marie, il fallait qu'il lui ressemblât par les dons de l'Esprit et surtout par une sainteté sans aloi, sainteté qui fût à la base de toute la vie conjugale des saints Epoux.

En vérité, l'Ange qui vint réconforter saint Joseph dans son angoisse semble bien avoir voulu mettre en relief cette parfaite sainteté, quand il lui dit[237] : « Joseph, fils de David, ne crains point de garder avec toi Marie comme ton épouse » ; paroles qui peuvent aussi bien se rapporter à Joseph qu'à Marie. En d'autres termes, les paroles de l'Ange revenaient à ceci : « Sache bien, ô Joseph, que Marie n'est pas indigne de toi ; et toi, de ton côté, ô Joseph, sois persuadé que tu n'es pas indigne de Marie ; vous vous ressemblez trop pour qu'il soit question de vous séparer. Une même auréole de sainteté, pour ce qui regarde l'absence de fautes volontaires, couronne vos fronts virginaux. »

D'autre part, de même que l'honneur des parents rejaillit sur leurs enfants[238], de même aussi l'ignominie de ceux-là retombe sur ceux-ci. C'est pourquoi il fallait que celui qui devait, avec toute l'affection d'un père, porter dans ses bras, comme dans un très doux berceau, l'auteur de toute sainteté, n'eût l'âme souillée d'aucune tache actuelle, même vénielle, qui aurait pu retarder la pleine expansion d'amour du fils vers son père et du père vers son fils bien-aimé.


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237. Matth., I, 20.
238. Prov., XVII, 6.


A suivre... Cause formelle de l'impeccabilité de saint Joseph
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Message  Monique Ven 04 Juin 2021, 5:37 am

Cause formelle de l'impeccabilité de saint Joseph

Sans doute, cette impeccabilité, en saint Joseph, avait une source bien différente de celle d'où découlait l'impeccabilité de Jésus et de Marie.

Chez le divin Sauveur, elle était le résultat d'une forme spirituelle ou qualité permanente ajoutée à l'âme, forme et qualité que nous appelons la lumière de la gloire, lumière qui rend intrinsèquement impeccables les bienheureux contemplant Dieu face à face dans le ciel. Or, Jésus, même durant sa vie mortelle, possédait déjà cette lumière divine et la possédait pleinement.

Chez Marie, l'impeccabilité provenait d'une cause extérieure, c'est-à-dire, d'une assistance divine de la part du Saint-Esprit, assistance qui la prémunissait contre les attaques du péché mortel. Car, étant conçue sans péché et ayant les facultés inférieures entièrement soumises à la raison, cette Vierge sainte ne pouvait commettre le péché véniel, sans s'être au préalable rendue coupable d'un péché mortel, et c'était contre celui-ci que s'exerçait l'assistance continuelle du Saint-Esprit sur l'âme de cette Vierge Immaculée.

Quant aux saints Apôtres, l'assistance divine devait s'exercer chez eux de deux manières, car il leur fallait être protégés contre les attaques du péché mortel, aussi bien que contre celles du péché véniel, à cause du foyer de concupiscence que le péché originel avait laissé en eux et qui était toujours en activité. C'est pourquoi la théologie enseigne qu'ils furent, après l'Ascension du Seigneur, confirmés en grâce, en ce sens qu'ils furent préservés de tout péché mortel ; mais ils n'en restaient pas moins exposés à tomber de temps à autre dans quelque faute vénielle, fruit de ce levain du mal qu'avait laissé en eux la corruption du péché originel.

Ceci étant, que dirons-nous de la confirmation en grâce de notre glorieux saint Joseph ? Cette confirmation, est-il besoin de le dire, ne fut certainement pas celle des Bienheureux ; elle fut toutefois supérieure à celle accordée aux Apôtres, puisque, nous l'avons dit, le foyer de concupiscence étant lié en lui, il était exempt de ces soudaines rébellions de la chair contre l'esprit, qui sont précisément la raison d'être du péché véniel. La confirmation en grâce fut donc, dans saint Joseph, semblable quant aux effets, à celle de sa sainte Epouse, c'est-à-dire, qu'il n'avait besoin que de l'assistance extérieure du Saint-Esprit contre les attaques du péché mortel.

D'où nous concluons, à la gloire du saint Patriarche, qu'il ne commit jamais, durant sa vie mortelle, le moindre péché véniel.

Donnerons-nous cette conclusion comme de foi ? Non certainement, l'Eglise ne s'étant pas prononcée sur ce sujet. Néanmoins, nous y adhérons fermement, car nous la voyons en parfaite harmonie avec les principes théologiques exprimés ci-dessus, ainsi qu'avec le sentiment général des fidèles. S'il en est ainsi, de quelle auréole lumineuse cette exquise sainteté de notre glorieux Patriarche n'entoure-t-elle pas son front vénérable ! Combien dut-elle plaire à sa chaste Epouse et à son Fils bien-aimé ! Combien aussi nous le rend-elle aimable, faisant de lui un modèle achevé de perfection, dont le seul souvenir est déjà pour nous une prédication des plus éloquentes, une sauvegarde contre le péché, un encouragement à pratiquer constamment la vertu !



A suivre... CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH
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Message  Monique Sam 05 Juin 2021, 9:10 am

CHAPITRE II - GRÂCE ET SCIENCE DANS SAINT JOSEPH

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Croissance continuelle de saint Joseph dans la grâce

L'insigne privilège de saint Joseph de n'avoir, pendant toute sa vie, commis aucun péché, même véniel, privilège qui est comme un reflet de la sainteté de sa chaste Epouse, nous ouvre la voie pour parler de la grâce exceptionnelle dont il a plu au Seigneur d'enrichir son âme, dans une mesure que nous croyons supérieure à celle accordée aux autres Saints. En effet, le seul obstacle à la grâce est le péché ; d'autre part, la grâce elle-même se mesure, du côté de Dieu, à la hauteur de la mission qu'il nous a confiée, et, de notre côté, à la correspondance que nous y donnons nous-mêmes.

Or, saint Joseph, nous l'avons dit, a été, pendant toute sa vie, exempt de tout péché actuel ; d'autre part, il était destiné à la haute mission de gardien de la sainte Famille, et, partant, de l'Eglise tout entière ; enfin, nous ne pouvons douter qu'il ne correspondît entièrement aux grâces dont Dieu ne cessait de le favoriser. Il nous faut donc conclure que très hautes furent ses ascensions vers Dieu, la grâce augmentant continuellement dans son âme, et lui donnant ainsi de justifier son nom qui, comme nous l'avons dit, signifie croissance. Aussi c'est à lui surtout qu'on peut appliquer ces paroles de l'Evangile[239] : « C'est bien, bon et fidèle serviteur ; parce que tu as été fidèle dans les petites choses, je t'établirai sur de grandes choses ; entre dans la joie de ton Seigneur. »


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239. Matth., xxv, 21.


A suivre... Manière habituelle de croissance en grâce dans le saint Patriarche
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Message  Monique Dim 06 Juin 2021, 9:25 am

Manière habituelle de croissance en grâce dans le saint Patriarche

Pour comprendre comment la grâce alla toujours en augmentant dans l'âme du glorieux Patriarche, il nous faut distinguer deux choses : d'abord, la manière ordinaire dont cette croissance se réalisait habituellement dans son âme ; en second lieu, les circonstances extraordinaires dont se servit la Providence pour enrichir son âme de grâces nouvelles.

La croissance habituelle de saint Joseph dans la grâce suivait le cours ordinaire à tous les hommes. La grâce augmente en nous selon le degré de notre correspondance. Or, saint Joseph ne perdait aucune occasion de correspondre aux fortes et douces invitations de la grâce, et il le faisait, croyons-nous, avec toute la vigueur de son âme. N'avait-il pas constamment sous les yeux les exemples de sa sainte Epouse et ceux de son Fils putatif ? Or, c'est un principe constant que, plus nous nous trouvons rapprochés d'une source de chaleur, plus nous participons à son influence bienfaisante.

D'un côté, le glorieux saint Joseph jouissait de la conversation de Marie, Vierge toute pure et toute embrasée de charité, et il ne pouvait que marcher sur ses traces. « Celui qui a trouvé une femme vertueuse, a trouvé un grand bien, dit le livre des Proverbes[240]. » « Si du fait que nous autres misérables, dit saint Bernardin de Sienne[241], habitons avec de saints personnages, qui cependant par rapport à la Vierge bénie ne sont rien, faisons cependant des progrès dans la vertu, combien devons-nous penser que saint Joseph se perfectionna dans la compagnie de la sainte Vierge ? »

D'un autre côté, le saint Patriarche avait toujours à ses côtés le Verbe incarné, source de toute grâce et de toute sainteté. « Combien donc, dirons-nous de nouveau avec saint Bernardin de Sienne[242], cette conversation divine a-t-elle dû lui ajouter de grâces, tandis que le béni Jésus lui prodiguait, comme à son Père bien-aimé, des signes extérieurs de révérence et d'obéissance ?»

Evitons cependant ici, pour être précis, une double exagération. La première consisterait à dire que, même dans le sommeil, saint Joseph ne cessait d'émettre des actes d'amour de Dieu et ainsi de croître en grâce ; la seconde, que la croissance de saint Joseph en sainteté s'opérait selon une progression mathématique, en sorte qu'un premier acte d'amour de Dieu redoublât en lui la somme de grâces qu'il possédait déjà ; un second acte redoublât de nouveau cette somme, etc.

Pour le premier point il faut nous rappeler que, quand nous dormons, nos sens étant liés, nous ne sommes pas responsables de nos actions, ni en bien ni en mal ; ainsi donc saint Joseph, aussi bien que sa sainte Epouse, ne pouvait mériter durant le sommeil ; pour le second point, nous observons que l'augmentation de la grâce se mesure au degré d'intensité avec lequel l'homme se donne à Dieu ; or ce degré peut varier selon les temps et les circonstances.

Quoi qu'il en soit, nous pouvons, en toute vérité, nous représenter saint Joseph, que rien ne retenait dans son amour pour Dieu, croissant de jour en jour en perfection sous l'influence de la grâce, de sorte qu'on peut très bien lui appliquer ce passage des Proverbes[243] : « Le sentier des justes est comme une lumière resplendissante : elle s'avance et croît jusqu'au jour parfait[244]. »


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240. XVIII, 22
241. Serm. de S. Joseph, art. II, c. I.
242. Ibid., c. 2.
243. IV, 18.
244. Nous avons développé cette pensée dans notre opuscule : Les ascensions du Juste.


A suivre... Manière extraordinaire dont la croissance en grâce se réalisa en saint Joseph
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Message  Monique Lun 07 Juin 2021, 8:28 am

Manière extraordinaire dont la croissance en grâce se réalisa en saint Joseph

La seconde manière dont se réalisa, en saint Joseph, la croissance en grâce est due, avons-nous dit, à certaines circonstances exceptionnelles de la vie du glorieux Patriarche, circonstances dans lesquelles son âme si sainte et si délicate se dépensait en actes d'exceptionnelle ferveur.

Quelles furent ces circonstances ? Il est difficile de les préciser toutes ; toutefois, nous pouvons en toute sûreté en distinguer au moins cinq. La première fut au moment où, ayant atteint l'âge de raison, le petit Joseph se tourna actuellement, par un libre mouvement du cœur, vers Dieu, s'offrant tout entier à son service ; la seconde, quand il s'unit avec Marie par les liens indissolubles du mariage ; la troisième, quand, instruit surnaturellement au sujet du mystère de l'Incarnation, il obéit pleinement à la voix de l'Ange et garda Marie comme son épouse ; la quatrième, quand il eut, pour la première fois, l'insigne bonheur de porter dans ses bras le Verbe tout récemment mis au monde par sa très sainte Epouse ; la cinquième, quand, au moment de sa mort, il eut l'immense consolation d'être assisté par Jésus et par la très sainte Vierge.

Dans ces circonstances, et peut-être d'autres semblables, le saint Patriarche reçut du ciel une si grande abondance de grâces, qu'on peut dire qu'elles furent pour lui comme autant de missions invisibles du Saint Esprit. On sait, en effet, que ces sortes de missions ont lieu « quand l'âme s'avance dans quelque nouvel acte ou quelque nouvel état de grâce ; comme, par exemple, quand un homme reçoit inopinément la grâce des miracles ou des prophéties, ou que, dans un mouvement de ferveur, sous l'impulsion de la charité, il s'expose au martyrs, ou renonce à ses possessions, ou encore entreprend un travail difficile[245] ».

Il ne faut pas omettre de faire ici mention d'une autre source extraordinaire de grâces dont saint Joseph a très probablement bénéficié, nous voulons parler de la réception de deux sacrements de la Nouvelle Loi, le baptême et le mariage. S'il est vrai, comme nous l'exposerons plus tard, que saint Joseph a survécu à la seconde Pâque de la vie publique du Sauveur, il a dû, comme l'insinue Isidore de Isolanis[246], recevoir, des mains de Jésus, avec sa sainte Epouse, le sacrement du baptême, que déjà le Sauveur avait institué. Comme, d'autre part, il ne peut y avoir, entre fidèles baptisés, de contrat matrimonial qui ne soit pas en même temps sacrement, si nous supposons, d'un côté, que saint Joseph ait survécu à l'institution du sacrement de mariage, qui eut lieu aux noces de Cana, et, de l'autre, qu'il ait reçu le baptême, nous conclurons qu'il jouit également du bienfait du sacrement de mariage : ces deux sacrements opérant en lui comme deux instruments de grâce ex opere operato.


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245. S. Thomas, I, Quaest. XLIII, art. 6, ad 2m.
246. P. III, c. 10.


A suivre... Mérite de saint Joseph
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Message  Monique Mar 08 Juin 2021, 5:53 am

Mérite de saint Joseph

Les explications que nous venons de donner sur la grâce insigne de saint Joseph et ses sources mystérieuses, nous amènent à parler des mérites dont il s'est enrichi auprès de Dieu ; le mérite étant précisément l'effet de la grâce coopérante. En effet, la quantité du mérite se mesure d'après l'augmentation de la grâce ; or, cette augmentation s'obtient lorsque l'homme est mû par Dieu, selon l'ordre établi par la divine sagesse, en vue d'obtenir, par sa propre opération toujours secondée par la grâce elle-même, que ce trésor croisse dans son âme.

Or, c'est précisément par ses propres efforts et par les élans de sa ferveur, que saint Joseph, redoublant sans cesse ses actes de charité, acquit cette augmentation de grâce dont nous avons parlé tout à l'heure. Que si le saint Patriarche ne ressentit pas, dans ses efforts vers le bien, ces difficultés que suscitent constamment en nous les résistances de la chair, son mérite n'en fut nullement diminué ; la source du mérite se mesurant à la bonne disposition de l'âme, plutôt qu'à la difficulté du travail. De plus, ce mérite, en saint Joseph comme en nous, provenait de la pratique des vertus, dont les actions sont méritoires, par cela même qu'elles procèdent de la racine de la charité ; d'autre part, ce même mérite n'est en rien diminué par l'obligation qu'impose l'obéissance, pourvu que les actes méritoires soient inspirés par une volonté prompte de plaire à Dieu, aux yeux duquel les dispositions intérieures valent plus que les œuvres extérieures. Les actes de saint Joseph, étant donc inspirés par un motif de parfaite charité, faisaient que ses mérites s'accumulaient sans cesse dans son âme qui, par là même, devenait toujours de plus en plus l'objet des complaisances divines.


A suivre... Raison d'être de notre mérite
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Message  Monique Mer 09 Juin 2021, 8:59 am

Raison d'être de notre mérite

Pour mettre davantage en relief le mérite du saint Patriarche, nous croyons utile d'examiner ici la raison d'être de notre mérite.

Cette raison d'être consiste en ceci que, dans nos œuvres de miséricorde faites en esprit de charité, nous avons en vue, au moins d'une manière implicite, Jésus-Christ notre Rédempteur, qui par là même est mystiquement présent dans les personnes pour lesquelles nous accomplissons ces œuvres. C'est pourquoi, au dernier jour, lorsque les justes demanderont à Notre-Seigneur :[247] « Quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim, et que nous vous avons donné à manger ? » il répondra[248] : « En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits d'entre mes frères, c'est à moi-même que vous l'avez fait. »

Ces principes posés, nous pouvons raisonner de cette manière : nos œuvres de miséricorde sont dignes de récompense surnaturelle en tant que nous considérons Jésus-Christ mystiquement présent dans ceux auxquels nous voulons faire du bien. Or, dans le cas de saint Joseph, ce n'était pas des personnes étrangères qui bénéficiaient de son dévouement, c'était Jésus-Christ lui-même, son fils bien-aimé. Aussi son mérite n'en était-il que plus éclatant, du fait que ses bonnes œuvres avaient pour objet direct la personne même du Sauveur.

On peut encore rapporter à ce propos cet autre texte de l'Evangile[249] : « Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste. » Ce qui veut dire que si quelqu'un reçoit un ministre de l'Evangile, précisément en raison de sa qualité de ministre de l'Evangile, il coopère en quelque manière aux bonnes œuvres et prend part aux mérites de ce ministre sacré. Si donc tout ce que fit le glorieux Patriarche pour Notre-Seigneur, en le protégeant, le nourrissant et le gardant, il le fit en tant qu'il voyait en lui le Rédempteur du monde, son mérite a consisté, par le fait même, à coopérer d'une manière directe, à l'œuvre de la Rédemption, à concourir au salut du monde.

Il nous faut donc conclure que bien grand est le mérite de saint Joseph et qu'il surpasse de beaucoup celui des autres Saints. Nous verrons plus tard quel degré de gloire devait couronner un pareil mérite.


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247. Matth., xxv, 37.
248. Ibid.,
249. Matth., x, 41.


A suivre... Science de saint Joseph
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Message  Monique Jeu 10 Juin 2021, 8:38 am

Science de saint Joseph

Après avoir parlé de la grâce et des mérites de saint Joseph, il convient que nous parlions de sa science, et cette étude, nous fera voir quelle fut, pendant sa vie mortelle, la perfection de son intelligence. La science dont nous parlons n'est pas une connaissance quelconque, mais une connaissance certaine et évidente tirée des propres causes des choses qui font l'objet de notre science.

Or, on distingue trois catégories de sciences : la science acquise, la science infuse et la science bienheureuse. La première est le fruit de notre travail ; la seconde et la troisième nous viennent directement de Dieu. Mais la distinction formelle entre ces trois genres de sciences se trouve dans l'objet formel qui donne à chacun de ces trois degrés de connaissance sa forme spécifique.

Pour la science acquise, cet objet formel ou moyen de vision est constitué par les espèces ou images intelligibles abstraites des fantasmes des sens ; pour la science infuse, ce moyen consiste dans les espèces purement intelligibles que Dieu infuse dans l'esprit ; pour la science bienheureuse, c'est l'essence divine même qui, comme un puissant miroir, représente chaque chose avec parfaite exactitude.

Il y a cependant, par rapport à chacune de ces trois sciences, des subdivisions qu'il est bon de connaître. D'abord, la première science, la science acquise peut se procurer par voie d'invention ou par voie de discipline ou d'instruction. Quant à la science infuse il faut distinguer la science infuse per se, de la science infuse per accidens. La première est précisément celle que nous avons décrite plus haut ; la seconde a bien Dieu pour auteur, mais elle est réglée, comme la science acquise, selon la proportion des fantasmes de l'imagination ; aussi est-elle appelée infuse per accidens, et acquise per se. Enfin, la science bienheureuse, appelée encore vision béatifique, peut être permanente ou transitoire. La première s'accomplit par une forme fixe et stable, que l'on nomme la lumière de la gloire ; la seconde est un mouvement de l'Esprit Saint, qui passe rapidement dans l'âme et s'évanouit bientôt.

Voyons maintenant ce qu'il faut dire de chacune de ces sciences par rapport au glorieux saint Joseph.


A suivre... Science acquise en saint Joseph
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Message  Monique Ven 11 Juin 2021, 9:36 am

Science acquise en saint Joseph

D'abord, la science acquise fut, dans le saint Patriarche, ce qu'elle est chez nous : elle fut due, en partie, à l'activité de son intellect agent, perçant, pour ainsi dire, l'écorce des objets qui se présentaient à lui, pour en tirer des conclusions opportunes, et en partie, à l'instruction qu'il reçut de ses parents et de ses maîtres. Dans le premier cas, il s'avançait dans la science par voie d'invention : dans le second, par voie de discipline ou d'instruction. Mais dans les deux cas, ses progrès scientifiques étaient, nous pouvons le croire, supérieurs aux nôtres, à cause de la perfection des facultés destinées au service de l'intelligence, telles que l'imagination, la mémoire, le sens dit commun et aussi à cause de la droiture de ses intentions et de la pureté de sa vie ; aussi peut-on lui appliquer cette parole du livre de la Sagesse[250] : « J'étais un enfant d'une nature ingénieuse, et j'ai reçu en partage une âme bonne. »

Toutefois, quelque parfaite que fût, de ce côté, l'intelligence de saint Joseph, nous n'irons pas jusqu'à dire qu'il connaissait à perfection tous les secrets de la nature : chose qui n'était ni nécessaire à sa condition de gardien de la sainte Famille, ni possible à son état d'artisan, dont la première préoccupation devait être d'assurer, à Jésus et à Marie, par le travail de ses mains, le pain de chaque jour.


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250. VIII, 19.


A suivre... Science infuse en saint Joseph


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Message  Monique Sam 12 Juin 2021, 8:51 am

Science infuse en Joseph


La science infuse, celle que Dieu communique à l'âme par son action directe, Peut être, avons-nous dit, infuse per accidens, et infuse per se. Pour commencer par la première, qui se mesure selon la proportion des fantasmes, on ne peut pas douter que saint Joseph n'en ait été gratifié dans plusieurs occasions de sa vie. Par exemple, il jouit certainement de cet insigne bienfait, quand il reçut de l'Ange l'invitation de garder Marie comme son épouse, malgré les signes évidents de fécondité qu'il voyait en elle ;[251] de même, quand il reçut l'ordre de fuir en Egypte et celui de retourner dans la terre d'Israël ; enfin, quand il fut averti de se retirer en Galilée[252]. Pour ce motif, selon l'observation d'Isidore de Isolanis, adoptée par Benoît XIV[253], on peut en toute raison appeler saint Joseph un prophète.

Quant à la science infuse per se, cette science que Dieu donne à l'âme en l'enrichissant d'espèces ou images purement spirituelles, nous ne pouvons guère mettre en doute que Dieu lui ait fait cette grâce, surtout aux moments les plus importants de sa vie, par exemple, à la naissance du Christ, et ceci pour l'introduire plus entièrement dans la connaissance des mystères célestes ayant trait à l'Incarnation du Verbe, mystères dans lesquels il avait lui-même une si grande part. « Joseph est vraiment le fils de David, s'écrie saint Bernard[254], auquel Dieu confie en toute sécurité le très secret et très sacré mystère de son cœur ; auquel, comme à un autre David, il a manifesté les choses incertaines et cachées de sa sagesse, et à qui il a donné de n'être pas ignorant du mystère qu'aucun des princes de ce siècle n'a connu, »


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251. Matth., 1, 20
252. Ibid., II, 13, suiv.
253. de Serv. Dei beatif
254. Homil. II, super Missus est.


A suivre... Science bienheureuse en Joseph
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