SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
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SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
SAINT JOSEPH
Époux de la
Très Sainte Vierge
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TRAITÉ THÉOLOGIQUE
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par
Son Éminence
Le Cardinal Lépicier**
*Titre
SAINT JOSEPH
ÉPOUX DE LA TRÈS SAINTE VIERGE
TRAITÉ THÉOLOGIQUE
par Son Éminence ALEXIS HENRI M. LÉPICIER, O. S. M.
Cardinal-Prêtre du titre de Sainte Suzanne
« Saint Joseph ayant été uni à la Bienheureuse Vierge
par le lien conjugal, il n'est pas douteux qu'il n'ait
approché, plus que personne, de cette dignité suréminente,
par laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les natures créées. »
(Léon XIII, Lettre-Encyclique du 15 août 1889.)
Paris ( VIe)
P. LETHELLEUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR
10 rue CASSETTE, 10
1932
IMPRIMATUR
Joseph PALICA
(Archiep. Philipen., Vic. Gen.)------------
Préface
Au cours de notre enseignement au Collège Romain de la Propagande, nous avons inclus, dans la publication de nos traités théologiques en langue latine, un ouvrage sur le glorieux saint Joseph à côté de celui que nous avions écrit sur la très sainte Vierge. Il nous semblait que l'un et l'autre, les deux plus grandes gloires de l'humanité après Jésus, étaient trop peu connus, même du clergé; et cependant, par la place qu'ils occupent dans l'œuvre de la Rédemption, et par le rôle si important qu'ils jouent, aujourd'hui surtout, dans les destinées de l'Eglise, ils méritent une place d'honneur dans les études ecclésiastiques.
D'un autre côté, il nous paraissait d'autant plus opportun d'inculquer, chez les prêtres, la nécessité d'une étude sérieuse et approfondie des grandeurs, des privilèges et de la puissance des saints Epoux, Marie et Joseph, que orateurs et catéchistes sont très souvent appelés, en raison de leur ministère, à parler aux fidèles soit de la Mère de Dieu, soit du saint Patriarche. A moins donc de s'en tenir à de vagues assertions, relevant plutôt de l'imagination que de la réalité théologique et où l'à peu près coudoie l'erreur manifeste, il importe au suprême degré d'étudier à fond la théologie mariale et joséphite.
C'est donc pour faciliter ce travail à nos confrères dans le sacerdoce, que nous avons cru bon de publier ces deux ouvrages, fruit de longues études et de laborieuses recherches.
Pour ce qui est, en particulier, du traité sur saint Joseph, l'utilité d'une telle étude a été tellement reconnue, que l'on nous a demandé de présenter, en langue française, pour l'avantage des personnes peu accoutumées au latin, les doctrines contenues dans ce même traité.
Les occupations inhérentes à la nouvelle dignité qu'il a plu à notre saint Père le Pape Pie XI de nous conférer nous laissent assurément peu de loisirs; toutefois nous avons cru ne pouvoir mieux employer les moments laissés libres par les vacances des Congrégations Romaines, qu'en rédigeant, en notre langue, un nouvel ouvrage, plus court et plus à la portée des fidèles, et dans lequel nous avons cherché à condenser le fruit de nos études sur le glorieux Patriarche. C'est cet ouvrage que nous présentons ici à nos chers compatriotes. Ce n'est pas une traduction du traité latin : c'en est plutôt une adaptation à l'usage du public français d'une certaine culture. Il contient toute la doctrine et toute la substance du premier ouvrage ; mais nous avons omis, par souci de brièveté, les nombreuses citations, comme aussi la copieuse bibliographie et la table analytique dont l'ouvrage latin est enrichi et auxquelles pourront recourir ceux qui désirent plus ample information.
Nous déposons cet ouvrage aux pieds du glorieux Patriarche, en exprimant le vœu que ces pages, fruit d'un travail inspiré et conduit par l'amour, contribuent à faire connaître davantage le saint Epoux de Marie et à le faire invoquer avec confiance. « Nous jugeons très utile, écrivait Léon XIII [1], que le peuple chrétien s'habitue à invoquer avec une grande piété et une grande confiance, en même temps que la Vierge Mère de Dieu, son très chaste Epoux, le bienheureux Joseph, et nous avons des raisons de croire que cela est, pour la Vierge elle-même, chose aussi désirée qu'elle lui est agréable. »
Rome, le 10 février 1932.------------
1. Ep. Encycl. Quanquam planes, 15 août 1889.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
PREMIÈRE PARTIE
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SAINT JOSEPH CONSIDÉRÉ PAR RAPPORT A DIEU
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INTRODUCTION
«Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils ».
Gen., XXVII, 3.------------
Place de saint Joseph dans l'ordre de l'incarnation
Pour arriver à se faire une idée des grandeurs de saint Joseph, il faut commencer par connaître la place qui lui appartient dans l'ordre de l'Incarnation. Car l'Incarnation est la première et la plus parfaite des œuvres divines, dans laquelle se reflètent, comme dans un océan de beauté, les attributs de Dieu : sa sagesse, sa justice, sa puissance et sa bonté. Aussi l'Incarnation est-elle la mesure de toute vraie gloire et de toute noblesse. Plus une créature se rapproche du Verbe incarné, plus est élevée la place qu'elle occupe dans l'ordre du monde spirituel.
Or, une personne peut appartenir à l'ordre de l'Incarnation de deux manières : intrinsèquement et extrinsèquement. Intrinsèquement, soit en réalisant en soi la substance même de l'Incarnation, soit en coopérant à la réalisation de cet auguste mystère. Le Christ, Notre-Seigneur, par le fait même de l'union hypostatique, réalise en lui ce chef-d'œuvre ineffable, étant, dans l'unité de personne, Dieu et homme tout ensemble. Il appartient donc intrinsèquement et substantiellement à l'ordre de l'Incarnation. Il en est lui-même la raison d'être. La très sainte Vierge, sa Mère, appartient, elle aussi, intrinsèquement à cet ordre, non pas d'une manière substantielle, comme son Fils, mais par sa coopération réelle et vitale, ayant fourni, sous l'action du Saint-Esprit, son sang virginal pour former le corps du Verbe incarné.
A cet ordre de l'Incarnation appartiennent extrinsèquement tous ceux qui ont contribué à mettre en relief ce mystère incomparable. Ce sont d'abord les Prophètes, les Apôtres et les Evangélistes, qui ont annoncé la venue du Christ ou qui l'ont prêché aux Gentils; les martyrs qui ont versé leur sang en témoignage de sa divinité; les ministres du Nouveau-Testament, qui, par les sacrements de l'Eglise, continuent sa mission rédemptrice; enfin les fidèles, qui s'efforcent de reproduire en eux-mêmes l'image admirable de l'Homme-Dieu.
Cependant, au-dessus de tous ces personnages, il en est un qui, par la mission toute spéciale qui lui fut confiée, se rattache plus intimement encore, bien que toujours d'une manière extrinsèque, au grand mystère de l'Incarnation. C'est saint Joseph, cet homme choisi par Dieu pour être l'Epoux de la Vierge Mère, de Celle qui, dans les desseins du ciel, ne devait concevoir le Verbe, qu'en tant qu'elle serait unie, par les liens d'un véritable mariage, à cet auguste Patriarche.
Voilà donc la place qu'occupe saint Joseph dans l'œuvre de l'Incarnation, place unique après celle de la très sainte Vierge, son Epouse. Or, comme l'union légitime de l'homme avec la femme, telle que Dieu l'a voulue dès le principe quand il donna au mariage sa sanction divine, établit entre les deux une relation de parenté la plus étroite qui puisse exister, il s'ensuit que saint Joseph est en quelque sorte admis à participer aux privilèges attachés à la dignité de la Mère de Dieu. C'est pourquoi, bien que cette coopération de saint Joseph à l'œuvre de l'Incarnation ne soit pas intrinsèque, comme celle de la Vierge Mère, elle ne cesse pas néanmoins d'être le fondement et la raison d'être de toutes ses prérogatives.
Ceci étant, notre premier soin, dans notre étude sur le glorieux Patriarche, sera d'examiner ses relations avec Marie, son épouse, et conséquemment avec Jésus-Christ, le vrai fils de Marie.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Ordre à suivre dans cette première partie
Mais comme tout ce qui arrive dans le temps a été établi dans les conseils de la divine sagesse qui dispose toutes choses avec force et suavité, il nous faudra tout d'abord commencer par parler du mystère de la prédestination du glorieux Patriarche à la dignité d'époux de Marie et de père nourricier de Jésus. Nous examinerons ensuite les figures et les prophéties de l'Ancien Testament qui le regardent, et la manière dont s'est réalisée, dans le temps, son élection à cette haute dignité. Ceci nous ouvrira la voie pour traiter du mariage de saint Joseph avec la très sainte Vierge et des relations que ce mariage établit, d'une part, entre lui et la très sainte Vierge, de l'autre, entre Jésus-Christ, notre Sauveur et le glorieux Patriarche.
Avertissement
Auparavant, cependant, il est utile d'avertir le lecteur du devoir qui nous incombe de nous tenir à égale distance d'une exagération inconsidérée, et d'une sévérité outrée. Malheureusement, ces deux excès se rencontrent assez souvent quand il s'agit de disserter sur les privilèges de saint Joseph. Les uns, poussés par un zèle aveugle, ne se font aucun scrupule d'attribuer, à l'Epoux de Marie, tout ce qui leur vient à l'esprit, pourvu que cela serve à le glorifier. Cette méthode est facile, car elle se soucie très peu d'étudier la théologie ou d'interroger la tradition. Les autres ont peur de froisser les prudes oreilles de certains savants à l'esprit par trop sceptique, en proclamant tout haut les privilèges singuliers dont il a plu à Dieu d'enrichir, en vue de la haute mission qui lui était confiée, l'âme du glorieux Patriarche.
Notre devoir sera, d'un côté, de ne rien avancer qui ne soit appuyé sur de solides bases d'autorité ou de raison; d'un autre, de ne rien soustraire à ce trésor de prérogatives, que la main du Très-Haut a versées avec tant d'abondance sur la personne si aimable et si attirante de celui qui fut en même temps le chaste Epoux de la Reine des vierges et le fidèle gardien de notre Sauveur.
Fruit de cette étude
Il est souverainement utile d'approfondir la théologie de saint Joseph, car c'est là le moyen le plus efficace pour augmenter dans l'âme cette belle et si utile dévotion. En effet, saint Joseph semble avoir été élu, dans les desseins de la Providence, pour soutenir les fidèles dans les angoisses de la vie et les initier, au milieu des épreuves de l'exil, et par ces mêmes épreuves, aux secrets de la vie spirituelle.
Les considérations que soulève cette étude, et par conséquent la dévotion qui en découle, s'adressent à tous les chrétiens : aux contemplatifs, qu'elle stimule dans la voie de la perfection; aux apôtres, à qui elle donne un moyen très efficace de sauver les pécheurs; aux jeunes gens, qu'elle préserve des dangers d'un monde corrompu; aux époux, qu'elle unit dans la pratique d'une plus haute vertu; aux pauvres, qu'elle console et qu'elle encourage; aux mourants, qu'elle fortifie dans l'heure suprême du passage de cette vie à l'éternité. Ces heureux résultats sont un puissant motif pour nous faire désirer une plus grande diffusion de la théologie joséphite.
A suivre... CHAPITRE PREMIER - PRÉDESTINATION DE SAINT JOSEPH
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
CHAPITRE PREMIER - PRÉDESTINATION DE SAINT JOSEPH
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Raison de la prédestination de saint Joseph
Dieu, qui est l'Etre parfait par excellence, est aussi, pour ses créatures, la source de tout bien. Mais, comme il est infiniment sage, il distribue ses biens selon la règle que lui-même a, de toute éternité, arrêtée dans ses conseils suprêmes. Cette claire vision des événements du monde, unie à la volonté de les faire aboutir dans le temps, est ce que nous appelons la Providence; mais quand il s'agit d'une créature raisonnable, douée du libre arbitre et destinée par Dieu à jouir de lui dans le ciel, elle s'appelle prédestination.
Dans le langage théologique, la prédestination, expression de la charité infinie de Dieu pour l'ange et pour l'homme, se définit, ratio transmissionis creaturae rationalis in fine in vitae aeternae, ce que nous pouvons exprimer en français de cette manière, « la préexistence en Dieu de l'ordre ou du plan qui règle la transmission des créatures raisonnables à cette fin spéciale qui s'appelle la vie éternelle[2] ». La prédestination comprend, dans son concept formel, non seulement la gloire céleste, qui en est le terme, mais aussi tout ce qui, dans la vie d'un individu, peut y conduire.
Ainsi donc, comme l'élection de saint Joseph à la dignité d'Epoux de Marie et de Père nourricier de Jésus devait être la raison formelle de sa gloire future, il s'ensuit qu'il fut, de toute éternité, prédestiné à cette dignité, ainsi que Jésus-Christ lui-même avait été prédestiné à être le Fils de Dieu, et Marie à être la Mère du Verbe incarné. Saint Joseph aura donc parmi les élus une place de choix à côté de la Vierge Mère, et cette place ne lui sera ravie par personne, car ce qui est établi dans les conseils divins ne peut être frustré. L'ordre de la prédestination ne souffre pas de changement.
Ceci étant établi, il nous faut maintenant rechercher quelles relations cette prédestination de saint Joseph a créées entre lui et l'économie de la Rédemption.------------
2. Th. Pègues, O. P., Comm. Français litt. de la S. T., I, p. 348.
A suivre... Relations de saint Joseph avec l'économie de la Rédemption
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Relations de saint Joseph avec l'économie de la Rédemption
Observons d'abord que la prédestination de saint Joseph à la dignité d'Epoux de la Mère de Dieu fut entièrement subordonnée au décret de l'Incarnation du Verbe, non pas d'une manière quelconque, mais précisément en tant que l'Incarnation était ordonnée au salut de l'humanité.
De fait, selon l'enseignement de saint Thomas, qui s'accorde admirablement avec l'Ecriture sainte et la liturgie, si l'homme n'avait pas péché, le Verbe ne se serait pas incarné. C'est pourquoi la prédestination de saint Joseph, comme celle du Christ et de sa Mère, eut pour but formel le rachat du genre humain.
Or, c'est ici que nous apparaît, dans toute sa beauté, l'auréole qui, de toute éternité, était destinée à, ceindre la tête du glorieux Patriarche.
La Rédemption ne devant s'accomplir que par le sacrifice de Jésus-Christ sur la Croix, saint Joseph fut prédestiné, d'abord pour être le témoin authentique de l'enfantement surnaturel du Sauveur, et ensuite pour devenir le gardien de la Vierge Mère et de son Fils, veillant sur eux avec une fidélité à toute épreuve et pourvoyant à leur nourriture et à leurs besoins par le travail de ses mains.
C'est pourquoi on peut dire que saint Joseph fut prédestiné par Dieu pour être, d'une manière spéciale, le coopérateur du Sauveur et de sa Mère dans l'œuvre de la Rédemption; et c'est là précisément l'office si sublime qui rehausse à nos yeux la dignité de notre saint Patriarche.
Cette pensée profonde a été si bien comprise et développée par le doux saint François de Sales, que nous ne pouvons nous empêcher de rapporter ici ses paroles. « Dieu, dit-il[3], ayant destiné de toute éternité, en sa divine providence, qu'une Vierge concevrait un Fils, qui serait Dieu et homme tout ensemble, voulut néanmoins que cette Vierge fut mariée...; non que Saint Joseph eut contribué aucune chose pour cette sainte et glorieuse production, sinon la seule ombre du mariage... Et si bien il n'y contribua rien du sien, il eut néanmoins une grande part en ce fruit très saint de son Epouse sacrée; car elle lui appartenait et était plantée tout auprès de lui, comme une glorieuse palme auprès de son bien-aimé palmier, laquelle, selon l'ordre de la divine Providence, ne pouvait et ne devait produire, sinon sous son ombre et à son aspect : je veux dire sous l'ombre du saint mariage qu'ils avaient contracté ensemble; mariage qui n'était point selon l'ordinaire, tant pour la communication des biens extérieurs, comme pour l'union et conjonction des biens intérieurs. 0 quelle divine union entre notre Dame et le glorieux saint Joseph! Union qui faisait que ce bien des biens éternels, qui est notre Seigneur, fut et appartint à saint Joseph, ainsi qu'il appartenait à notre Dame (non selon la nature qu'il avait prise dans les entrailles de notre glorieuse Maîtresse, nature qui avait été formée par le Saint-Esprit du très pur sang de notre Dame), ainsi selon la grâce, laquelle le rendit participant de tous les biens de sa chère Epouse. »------------
3. « Entretien XIX, sur les vertus de saint Joseph ».
A suivre... Figure admirable et providentielle de saint Joseph par rapport à l'œuvre de l'Incarnation.
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Figure admirable et providentielle de saint Joseph par rapport à l'œuvre de l'Incarnation.
Considérée dans sa double relation avec la très sainte Vierge et avec le Christ, la figure de saint Joseph, dessinée de toute éternité dans les conseils de l'éternelle sagesse, nous apparaît comme revêtue d'une lumière incomparable.
Epoux de la Vierge Mère, il dissipera, par sa présence, les soupçons qu'aurait pu faire naître, dans l'âme des Juifs, la naissance d'un enfant en dehors des lois ordinaires du mariage. De plus, il entourera cette Vierge Immaculée de toute son affection virginale, il l'aidera dans les nécessités de la vie, il la consolera dans les peines, il sera toujours son compagnon inséparable.
Père nourricier du Verbe incarné, il aimera ce doux Sauveur de l'amour le plus tendre et le plus noble; il aura soin de son existence, le nourrissant du labeur de ses mains, le protégeant contre la fureur de ceux qui, à l'instigation du démon, juraient sa perte, et le conservant ainsi pour le jour de la grande immolation.
Il y a plus. La présence de saint Joseph dans la sainte Famille aura pour effet de soustraire aux yeux du démon le fait de l'enfantement miraculeux, en couvrant comme d'un voile ce mystère ineffable. Les esprits rebelles, nous le savons, connaissent par intuition les événements de ce monde; toutefois cette connaissance peut être limitée par, Dieu, quand l'ordre de sa Providence le requiert. Dans le cas du Christ, il fallait que ces esprits superbes ignorassent le grand mystère de la conception virginale de Jésus, n'étant pas dignes de connaître le fait miraculeux de l'Incarnation; d'ailleurs, s'ils l'avaient connu, ils auraient mis tout en œuvre pour abréger la vie mortelle du Sauveur, et l'empêcher ainsi de racheter le monde par cette plénitude de mérites et de souffrances décrétée dans les conseils divins.
Ainsi donc la présence de saint Joseph, dans le décret de l'Incarnation, complète admirablement le cadre des opérations divines en vue de la rédemption du genre humain.
Il nous faut voir maintenant comment la prédestination du saint Patriarche a servi à mettre en relief les attributs divins, ceux que Dieu met le plus en jeu pour se gagner les cœurs des hommes, c'est-à-dire, sa Sagesse, sa Justice, sa Bonté et sa Force.
A suivre... Les attributs divins manifestés dans la prédestination de saint Joseph.
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Les attributs divins manifestés dans la prédestination de saint Joseph.
a) C'est d'abord la Sagesse divine qui reluit d'un éclat tout particulier dans la prédestination de saint Joseph.
En effet, l'auteur du mystère qui surpasse davantage toutes les forces de la nature, tel qu'est le mystère de l'Incarnation, en y introduisant la personne de saint Joseph, a su soustraire ce même mystère aux yeux curieux d'un monde incrédule qui, ne sachant pas s'élever au-dessus des sens, ne voyait, dans la famille de Nazareth et dans le fils de la Vierge, rien qui surpassât la condition ordinaire des enfants des hommes. Et c'est ainsi que la, parfaite connaissance de cet insigne mystère fut cachée à une génération incrédule, et réservée aux nations fidèles qui devaient surgir plus tard. C'est ainsi encore que la divine Sagesse ménage, à ceux qui en sont dignes, la connaissance des secrets de la vie surnaturelle, connaissance dont sont privés les esprits superbes et rebelles à la grâce.
b) La Justice de Dieu ne resplendit pas moins que sa Sagesse dans la prédestination de saint Joseph. Il ne s'agit pas ici de la justice commutative, qui consiste dans les achats et les ventes et autres contrats de ce genre, cette sorte de justice n'existant pas en Dieu qui n'a pas d'égal, comme il n'a pas de créancier. Il s'agit, au contraire, de la justice distributive, dite aussi légale, qui regarde la distribution des offices et des emplois selon la dignité de chacun et en harmonie avec ses mérites et ses qualités; justice que les saintes Ecritures appellent aussi vérité, parce qu'elle correspond exactement aux postulats de la divine Sagesse.
Or, comment ne pas admirer l'ordre observé par la Justice divine dans le choix de saint Joseph à l'insigne dignité de gardien de la virginité de Marie et de protecteur de la vie de Jésus ? Les deux qualités principales du saint Patriarche, une pureté incomparable et une fidélité à toute épreuve, ne le rendaient-elles pas digne de ce noble office, qui lui donnait une place de choix dans l'œuvre de la Rédemption ?
c) Le troisième attribut qui marque d'un sceau tout particulier les œuvres divines, la Bonté, ne devait pas manquer de reluire dans la prédestination du saint Patriarche, cet attribut qui répand à pleines mains les bienfaits célestes sur les créatures qui s'en rendent dignes.
C'est par la bonté que Dieu communique, d'une main libérale, ses perfections à ses créatures et qu'il pourvoit à leur indigence, en puisant dans les trésors de sa richesse infinie. Il le fait en les attirant vers Lui, comme l'aimant attire le fer, pour les faire participer aux biens dont il est la source inépuisable. Or, que de grâces la prédestination de saint Joseph n'a-t-elle pas suscitées en son âme, d'abord à cause de son étroite alliance avec la très sainte Vierge, Mère de Dieu, puis en raison de son intime amitié avec le Verbe incarné; privilèges que lui procurait son double titre d'époux de Marie et de père nourricier de Jésus ? De cette manière, le saint Patriarche se trouvait admis, par la Bonté divine, à prendre une part active à l'œuvre par, excellence, l'œuvre du rachat du genre humain..
d) La Puissance du Très-Haut n'est pas moins mise en lumière par la prédestination de saint Joseph, que ne l'est par la Sagesse, la Justice et Bonté divine. Cette puissance se manifeste d'autant plus que l'instrument dont elle se sert est plus faible et imparfait. Or, ici nous sommes en présence d'un pauvre artisan, être insignifiant aux yeux du monde, et sans aucune de ces prérogatives qui assurent le succès dans les entreprises humaines. Il ne peut vanter ni noblesse immédiate de naissance, ni faits éclatants, ni richesses fastueuses. Et cependant c'est lui qui, au sein de la famille de Nazareth, représentera la personne du Père; c'est lui qui protégera le divin Enfant et sa sainte Mère; c'est lui qui veillera à ce que l'ordre de la Rédemption ne soit pas entravé par l'esprit malin ou le monde incrédule. Vraiment, nous voyons reluire d'un éclat extraordinaire en saint Joseph, l'attribut de la Puissance divine, à laquelle rien ne saurait résister.
Après avoir décrit la place assignée par la divine Providence au glorieux saint Joseph dans l'œuvre de l'Incarnation et son rôle dans la manifestation des attributs divins, il nous faut maintenant rechercher, autant que les données de la théologie nous permettent de le faire, la place que sa prédestination lui a assurée dans le ciel.
A suivre...Saint Joseph, le premier des prédestinés dans la gloire, après la très sainte Vierge.
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Saint Joseph, le premier des prédestinés dans la gloire, après la très sainte Vierge
Voulant examiner la place que la prédestination de saint Joseph lui a assurée dans le ciel, nous devons bien nous garder de procéder a priori, les conseils du Très-Haut étant infiniment supérieurs à tout ce que nous connaissons. C'est donc a posteriori que nous procéderons, c'est-à-dire en partant de la considération des effets visibles pour arriver à connaître leurs causes, car, une proportion doit exister entre causes et effets.
Considérant donc l'office insigne confié à saint Joseph dans l'œuvre de l'Incarnation, l'incomparable dignité dont il a été revêtu, les grâces abondantes qu'il a reçues de la libéralité divine, la manière dont il a rempli son rôle par rapport à Marie et à Jésus, nous estimons que, dans l'ordre de la prédestination, le saint Patriarche précède toute autre créature raisonnable, homme ou ange, et n'est surpassé que par sa sainte Epouse, à laquelle la dignité de Mère de Dieu assure le premier rang après le Sauveur.
Cette opinion est chère à notre cœur. Elle est partagée, croyons-nous, par la plupart des théologiens de marque non moins que par les dévots clients du saint Patriarche. Toutefois, nous rappelant le mot de l'Apôtre s[4] : « Personne ne connaît les secrets de Dieu, excepté l'Esprit de Dieu », nous hésitons à donner cette opinion comme absolument certaine, l'Ecriture sainte étant muette sur ce sujet et l'Eglise ne s'étant pas formellement prononcée. Si cependant nous comparons saint Joseph, soit avec les saints les plus vénérés dans l'Eglise, tels que saint Jean-Baptiste et les Apôtres, soit avec les anges eux-mêmes, nous trouverons qu'il y a bien des motifs de donner au saint Patriarche la préférence sur tous les Saints, aussi bien que sur tous les Esprits célestes.------------
4. 1 Cor., 11, 11.
A suivre... Supériorité de saint Joseph sur saint Jean-Baptiste.
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Supériorité de saint Joseph sur saint Jean-Baptiste
D'abord, il n'est pas difficile de démontrer la supériorité de saint Joseph sur saint Jean-Baptiste dans l'ordre du mérite et de la gloire. L'Eglise exalte le Précurseur de Notre-Seigneur, et avec raison; car, sanctifié dans le sein de sa mère, il était destiné à annoncer au monde et, pour ainsi dire, à montrer du doigt le Christ Rédempteur. Toutefois, saint Jean-Baptiste n'eut pas, comme saint Joseph, le privilège de vivre dans un commerce des plus familiers avec Jésus, et d'apprendre de sa bouche et à son école les secrets de la vie spirituelle. Il vit le Sauveur, mais de loin, l'appelant l'Agneau de Dieu; saint Joseph, au contraire, le porta dans ses bras, l'appelant son fils et s'entendant appeler par lui du doux nom de père. Or, Jésus remplit, nous le savons, tous les devoirs de la loi naturelle, entre autres celui d'aimer ses parents plus que toute autre personne humaine. Il aima donc saint Joseph d'un amour le plus intense après celui qu'il portait à Marie, sa Mère; d'autre part, l'amour de Jésus est précisément la source de toute grâce et de toute gloire.
Contre ce que nous venons de dire, de la prééminence de saint Joseph sur saint Jean-Baptiste, on pourrait objecter ces paroles de Notre-Seigneur [5]: « En vérité, je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n'en a pas surgi de plus grand que saint Jean-Baptiste. » Mais, si l'on examine attentivement ces paroles, à la lumière du contexte, on verra que l'intention du Sauveur n'était pas de comparer le Précurseur avec tous les hommes en général, autrement il faudrait en conclure que lui-même et sa sainte Mère fussent inférieurs à saint Jean-Baptiste. La comparaison doit donc être faite expressément avec les Prophètes de l'Ancien Testament dont Notre-Seigneur parlait, en tant que ceux-ci annoncèrent le Christ futur, tandis que saint Jean-Baptiste l'annonça comme étant déjà présent, le montrant, pour ainsi dire, du doigt.
On peut dire encore que la comparaison établie par Notre-Seigneur ne regardait que les vivants, et que, par conséquent, son intention n'était pas de comprendre, dans cette comparaison, les personnes déjà mortes. Il voulait nous enseigner cette grande vérité que, quelle que soit la sainteté d'un homme dans cette vie, celle du dernier des élus dans la gloire l'emporte sur celle-ci, car la sainteté de cette vie peut se perdre, celle de la patrie, au contraire, est inamissible. Notre-Seigneur voulait donc dire que le dernier des élus dans la gloire, ou dans la hiérarchie céleste, passe avant les justes qui occupent la première place dans la hiérarchie terrestre. Cette interprétation se recommande des paroles qui suivent [6]: « Mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. »
Est-il besoin de recourir à une autre interprétation qui semble s'autoriser du mot surrexit, dont se sert le texte sacré? Ce mot semblerait, en effet, se rapporter à l'apparence extérieure de la mission du Précurseur, à sa sanctification dans le sein de sa mère, et aux circonstances merveilleuses qui accompagnèrent sa naissance et sa circoncision, telles que la restitution du langage à Zacharie et l'admiration des peuples[7], choses qui ne s'étaient vérifiées dans le cas d'aucun autre prophète.
Concluons donc, avec les meilleurs auteurs, que l'on ne peut tirer, des paroles de Notre-Seigneur que nous venons de citer, aucun argument contre la supériorité, dans la gloire, de saint Joseph sur saint Jean-Baptiste.------------
5. Matth, XI, II.
6. Ibid.
7 . Luc., 1, 63, 65, 66.
A suivre... Supériorité de saint Joseph sur les Apôtres.
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Supériorité de saint Joseph sur les Apôtres
Voyons maintenant si l'on peut soutenir la thèse de la supériorité de saint Joseph sur les Apôtres, dans l'ordre de la grâce, aussi bien que dans celui de la gloire.
Mais, d'abord, est-il permis d'établir une telle comparaison ? Saint Paul ne nous dit-il pas lui-même [8]: « Mais nous avons nous-mêmes les prémices de l'Esprit »; et de nouveau[9]: « C'est en lui que nous avons la rédemption..., selon les richesses de sa grâce, qui a surabondé en nous, en toute sagesse et prudence »; ce qui fait dire à saint Thomas[10] qu'il y a témérité à comparer un Saint quelconque aux Apôtres.
Mais, disons-le tout de suite, les paroles de saint Paul ne se rapportent pas nécessairement aux Apôtres, mais plutôt aux chrétiens auxquels il écrivait. Son but était d'exalter la condition de ces élus du Seigneur au-dessus de celle des Gentils, laissés par Dieu au milieu des ténèbres de l'idolâtrie; il voulait également faire remarquer combien était préférable la condition des premiers fidèles à celle des Juifs qui n'avaient pas reçu des grâces aussi abondantes qu'eux.
Que si, avec saint Thomas, on veut voir, dans ces paroles une allusion directe aux Apôtres, on pourra encore soutenir qu'elles n'attaquent en rien la primauté de grâce et de gloire de saint Joseph, celui-ci étant déjà mort quand écrivait saint Paul. Aussi la comparaison établie par lui ne pouvait, dans son intention, regarder le saint Patriarche, comme elle ne pouvait non plus regarder le cas de saint Jean-Baptiste, que cependant les auteurs sacrés s'accordent à placer au-dessus des Apôtres dans la hiérarchie céleste.
Après ces déclarations nous pouvons, croyons-nous, aborder notre thèse, qui veut que, dans l'ordre de la prédestination, saint Joseph surpasse les Apôtres eux-mêmes.
En effet, bien que dans la hiérarchie de l'Eglise militante, les Apôtres, en vue de leur mission d'établir et de gouverner l'Eglise de Jésus-Christ, aient reçu des dons gratuits supérieurs à ceux de saint Joseph, dont la mission avait un caractère plus humble et plus caché, toutefois la mission du saint Patriarche de veiller sur la vie du Fondateur de l'Eglise, de le nourrir et de le défendre, revêt une importance plus grande que celle de gouverner les fidèles, de prêcher et de répandre l'Evangile annoncé par le Christ. Comme, d'ailleurs, la grâce est donnée aux Saints selon la qualité de l'office auquel ils sont destinés, il faut conclure que le degré de grâce et de gloire de saint Joseph surpasse celui accordé aux Apôtres.
Il semble bien que ce soit là la pensée du grand et si aimable saint Bernard, quand il appelle le saint Patriarche, « le seul coadjuteur très fidèle du grand conseil sur la terre [11]». C'est aussi ce que pense l'Eglise quand elle l'invoque comme « le ministre de notre salut [12]» Or, il est clair que la dignité de coadjuteur de la Rédemption et de ministre du salut l'emporte sur celle de fondements et princes de l'Eglise.------------
8. Rom., VIII, 23.
9. Eph.; 1, 7, 8
10. Comment. in Ep. ad Eph., e. 1, lect. 3.
11. Homil , II, super Missus est.
12. Hymne des Laudes dans la solennité de saint Joseph.
A suivre... Relations de saint Joseph avec Jésus-Christ.
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Relations de saint Joseph avec Jésus-Christ
Il n'est pas inutile d'insister sur ce point de la primauté de saint Joseph dans l'ordre de la prédestination à la grâce et à la gloire. Car, plus grande sera l'estime que nous aurons du saint Patriarche, plus grande aussi sera notre confiance en sa protection.
Or, la grandeur de saint Joseph découle de trois sources : premièrement, de ses relations avec le Verbe incarné; secondement, de ses relations avec la très sainte Vierge; troisièmement, de ses relations avec l'Eglise. Arrêtons-nous à considérer cette triple couronne qui ceint le front du glorieux Patriarche.
D'abord, saint Joseph a été prédestiné à remplir, par rapport au Verbe incarné, et à exercer, à son égard, un office tout à fait particulier. Il devait être le gardien autorisé de Celui qui, comme prêtre et victime tout ensemble, offrirait à Dieu le sacrifice de notre rachat, et par conséquent il devait coopérer en qualité de ministre choisi, à l'œuvre de notre rachat. C'est à lui également que Dieu avait confié la charge de disposer à l'égard de Jésus les choses et les événements temporels. Aussi, de ce double chef, personne, excepté la Vierge sainte, ne s'est approché autant que lui de la personne sacrée du Sauveur. Il était donc juste que l'œuvre rédemptrice de Jésus-Christ se déployât envers saint Joseph d'une manière d'autant plus efficace, qu'il lui était uni par des liens plus resserrés. Ainsi donc, c'est, après Marie, sur le saint Patriarche, que les fleuves de la grâce divine se sont reversés avec plus d'abondance.
« Si les princes de la terre, écrit à ce sujet l'aimable saint François de Sales[13], ont tant de soin (comme étant une chose très importante) de donner un gouverneur qui soit des plus capables à leurs enfants, puisque Dieu pouvait faire que le gouverneur de son Fils fut le plus accompli homme du monde en toutes sortes de perfections, selon la dignité et excellence de la chose gouvernée, qui était son Fils très glorieux, prince universel du ciel et de la terre, comment se pourrait-il faire que l'ayant peu, il ne l'ait voulu et ne l'ait fait ? Il n'y a donc nul doute que saint Joseph n'ait été doué de toutes les grâces et de tous les dons que méritait la charge que le Père éternel lui voulait donner. »------------
13. Entretien XIX.
A suivre... Relations de saint Joseph avec la très sainte Vierge
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Relations de saint Joseph avec la très sainte Vierge
Venons maintenant aux relations de saint Joseph avec la très sainte Vierge.
C'est une loi naturelle que des personnes voulant, comme époux et épouse, s'unir par les liens du mariage, se ressemblent autant qu'il est possible, par les qualités de l'âme et du corps. C'est pourquoi celui-là seul devait, par disposition céleste, être choisi comme époux de la très sainte Vierge, qui, dans l'ordre temporel, jouissait d'une pareille noblesse et, dans l'ordre spirituel, d'une semblable sainteté. Mais, comme les œuvres de Dieu sont parfaites, il convenait que cette ressemblance continuât d'exister au-delà des limites de cette vie, et qu'elle durât au ciel pendant toute l'éternité; de sorte que, de même que l'Epouse ne le cède à personne dans la gloire, de même aussi l'Epoux possédât, sur tous les Saints, une primauté réelle. Ajoutons à cela que saint Joseph était destiné à coopérer avec la très sainte Vierge dans son office de Co-rédemptrice du genre humain : or, c'est précisément à cause de cet office, que Marie a été prédestinée avant toutes les autres créatures. Il convenait donc que saint Joseph, lui aussi, précédât, dans l'esprit de Dieu, tous les rachetés.
Saint François de Sales exprime encore admirablement cette pensée[14]. « Tout ainsi comme l'on vois un miroir opposé aux rayons du soleil recevoir ses rayons très parfaitement et un autre miroir étant vis-à-vis de celui qui les reçoit, bien que le dernier miroir ne prenne ou reçoive les rayons du soleil que par réverbération, les représente pourtant si naïvement, que l'on ne pourrait presque pas juger lequel c'est qui les reçoit immédiatement du Soleil...: de même en était-il de Notre Dame, laquelle, comme un très pur miroir opposé aux rayons du Soleil de justice, rayons qui apportaient en son âme toutes les vertus en leur perfection, perfections et vertus qui faisaient une réverbération si parfaite en S. Joseph, qu'il semblait presque qu'il fut aussi parfait ou qu'il eut les vertus en un si haut degré, comme les avait la glorieuse Vierge notre Maitresse. »------------
14. Loc. cit.
A suivre... Relations de saint Joseph avec l'Eglise.
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Relations de saint Joseph avec l'Eglise
Enfin, nous avons dit que saint Joseph était prédestiné par Dieu à être le Patron de l'Eglise universelle. Or, un patron revendique pour lui-même une certaine préséance sur les sujets qu'il est censé protéger. Nous devons donc conclure que le saint Patriarche fut prédestiné de telle manière, que la prédestination des autres Saints dépendît en quelque manière de la sienne; c'est-à-dire que sa prédestination, sous celle de Jésus-Christ et de Marie, fût en même temps le type et la cause de la prédestination de tous les autres Saints.
« Si vous comparez saint Joseph à toute l'Eglise de Jésus-Christ, observe saint Bernardin de Sienne[15], n'est-il pas cet homme élu et spécial, par lequel et sur lequel le Christ a été introduit dans le monde d'une manière régulière et honnête ? Si donc toute la sainte Eglise est redevable à la Vierge Marie pour avoir été digne de recevoir par elle Jésus-Christ, sans aucun doute elle doit aussi à ce glorieux Patriarche une reconnaissance et une révérence toute singulière. »
Concluons donc avec le pieux et docte Gerson [16] : « Combien ne devons-nous pas estimer ce juste Joseph dans la gloire et dans les cieux, lui qui a été trouvé si grand sur cette terre misérable! Sans doute, si Jésus ne mentait pas quand il a dit : Là où je suis, mon ministre aussi sera, celui-là, croyons-nous, doit être placé le plus près de lui dans les cieux, qui lui a été plus uni, plus attaché, et plus fidèle après Marie, dans son ministère sur la terre. »-------------
15. Serm. I de S. Joseph, c, III.
16. Serm. in Nativ. V. M. IV consid.
A suivre... La prédestination de saint Joseph comparée à celle des anges.
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
La prédestination de saint Joseph comparée à celle des anges
Nous avons cherché à expliquer comment saint Joseph surpasse, en grâce et en gloire, tous les Saints de l'Ancien et du Nouveau Testament, sans exclure les Apôtres eux-mêmes. Il nous reste à voir si l'on peut soutenir, à la lumière de la théologie, qu'il surpasse aussi, dans la gloire, les chœurs des anges; même les plus haut placés dans la suprême hiérarchie céleste.
Pour résoudre cette question, il nous faut d'abord nous rappeler que la prédestination des hommes a été établie par Dieu, pour suppléer à la chute des anges; aussi les écrivains ecclésiastiques nous disent-ils que la fin du monde n'arrivera qu'après l'apparition sur la terre du dernier des élus. Bien plus, saint Grégoire [17] et saint Thomas [18] nous enseignent que le premier parmi les anges rebelles fut le premier de tous les esprits célestes, le plus haut parmi les Séraphins, celui que, plusieurs anges inférieurs, appartenant à différentes hiérarchies et à différents ordres, suivirent dans sa révolte. D'où il suit que, au dernier jour, non seulement les hommes se trouveront mélangés à la milice angélique, mais à la tête de tous les ordres angéliques se trouvera un être appartenant à la famille humaine.
D'autre part, nous savons que le degré de prédestination dans la gloire doit se mesurer au degré de charité possédé durant la vie présente. Or, tant que l'homme se trouve dans l'état de voie, in staiu viae, la charité peut toujours augmenter, et le moyen qui la fait croître en nous consiste dans les actes de charité d'une plus grande ferveur, que l'âme produit sous l'influence de la grâce qu'elle possède.
Saint Joseph, nous l'avons dit, fut prédestiné par Dieu à un état de vie qui lui donna l'occasion de faire des progrès continuels dans la grâce divine; de telle sorte que, non seulement il devint digne d'être choisi comme l'Epoux de la Vierge qui devait enfanter le Sauveur, mais aussi qu'il jouit, plus que n'importe quel saint, d'un commerce familier avec le Verbe incarné, et qu'ainsi il produisit sans cesse, avec une constance inlassable, de nouveaux actes de charité.
Nous pouvons donc conclure que le saint Patriarche fut prédestiné à un degré de gloire tel, qu'il lui assura la place laissée vide par le premier parmi les anges rebelles, c'est-à-dire, par Lucifer, lui donnant ainsi d'occuper, dans la gloire, le poste le plus élevé dans l'ordre des Séraphins. Comme d'autre part, le premier parmi les anges prévaricateurs, entraîna, par son exemple et ses exhortations, les autres à la révolte, de même saint Joseph a été prédestiné à cette gloire incomparable, afin d'aider efficacement, par son exemple et son haut patronage, les hommes appelés à la béatitude éternelle. Et c'est là le motif pour lequel le saint Patriarche a été solennellement déclaré le patron de l'Eglise universelle[19].------------
17. Homil. XXIV de Centum ovibus.
18. I, Quaest. LXIII, art. 7.
19. Nous reviendrons sur ce sujet au chapitre premier de la troisième partie.
A suivre... Conclusion.
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Conclusion
Voici donc quelle a été, de toute éternité, la raison d'être de la prédestination du glorieux saint Joseph, dont le point de départ fut sa relation intime avec le Verbe incarné, dont découlent. tout honneur et toute dignité, au ciel comme sur la terre. Car, de même que le consentement de la très sainte Vierge, requis par disposition divine pour l'Incarnation du Verbe, fut le commencement de l'œuvre rédemptrice de Jésus-Christ, de même aussi le consentement de saint Joseph à son mariage avec Marie, a préparé les voies à ce grand mystère, puisqu'il était écrit dans les conseils divins que le Verbe ne devait naître que d'une Vierge unie à un homme par les liens d'un véritable mariage.
Il est donc vrai de dire que le motif et le degré de prédestination du glorieux saint Joseph a, comme point de départ et comme cause formelle, son intime relation avec le Verbe incarné. Durant sa vie mortelle, il fut l'émule des esprits célestes, avec cette différence que, tout en jouissant de la présence immédiate de son Dieu, il put néanmoins, à l'encontre des anges, continuer à augmenter le trésor de ses mérites, jusqu'à ce qu'il atteignît le degré de gloire qui lui permît de passer avant tous les Saints et tous les Esprits bienheureux. Aussi peut-on dire de lui [20] : «Il recevra des louanges parmi la multitude des élus », paroles que l'Eglise fait siennes, quand, s'adressant au saint Patriarche, elle lui dit [21] : « Egal aux esprits célestes dès cette vie, et même plus heureux qu'eux, vous jouissez de la présence de votre Dieu.»
Arrêtons-nous à considérer cette créature privilégiée qu'est saint Joseph, prédestiné, nous pouvons le croire, de toute éternité, à partager, à côté de son Epouse, la Mère immaculée du Sauveur, la gloire du Paradis. Car, si Marie est, après son Fils, la première parmi les prédestinés, saint Joseph est le second-né de tous les élus, enveloppé, avec Marie, des ineffables splendeurs qui rayonnent de la personne divine du Verbe incarné.
Nous nous réjouissons, ô glorieux Patriarche, du choix qu'a fait de vous le Très-Haut pour une si sublime dignité. Car, tout pécheurs que nous sommes, nous osons recourir à vous avec confiance, à la pensée que nos fautes elles-mêmes ont été, en quelque sorte, le motif de votre prédestination, puisque vous avez été choisi pour être le « ministre de notre salut [22] ». Soyez notre guide vers Jésus, le prince des prédestinés, et intercédez pour nous auprès de Celle qui détient la clef de toutes les grâces et que vous appelez en toute vérité votre Epouse bien-aimée.------------
20. Eccli., XXIV, 4.
21. Hymne aux Vêpres à la fête de saint Joseph.
22. Hymne aux Laudes, à la solennité de saint Joseph.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
CHAPITRE II
FIGURES ET NOM DE SAINT JOSEPH------------
L'Ancien Testament, figure du Nouveau
C'est un principe général, reconnu unanimement, sur l'autorité de saint Paul, par les écrivains ecclésiastiques, que les choses de l'Ancien Testament ont été ordonnées et disposées par Dieu pour être comme l'ombre et la figure des mystères qui devaient s'accomplir sous la nouvelle Loi[23]. Ainsi voyons-nous le Messie et sa sainte Mère représentés par certaines personnes et certains symboles, se rapportant à eux, comme l'image se rapporte au prototype. Or, saint Joseph, avons-nous dit, fut prédestiné par Dieu pour être l'Epoux de Marie et le Père nourricier du Verbe incarné : par conséquent son rôle, dans la nouvelle dispensation, est des plus marquants. Il a donc dû, lui aussi, être annoncé et, pour ainsi dire, préfiguré [24] sous la loi de Moïse, par des personnes et des choses destinées à le montrer au monde comme le futur coopérateur de la Rédemption.
Avant de développer cet important aspect de la théologie joséphite, il nous faut faire quelques observations. D'abord, trouvons-nous, dans l'Ancien Testament, des personnes et des choses destinées par Dieu pour présenter, annoncer, symboliser ou préfigurer le Patriarche saint Joseph?
Sans doute, il serait téméraire, pour un simple fidèle, de vouloir déterminer, à son gré, quelles furent ces personnes et ces choses; c'est à l'autorité compétente à le faire. Cette autorité ne peut être que la sainte Ecriture ou l'Eglise catholique; à défaut de la première, c'est à la seconde qu'il nous faut faire appel. Ne trouvant pas, pour le sujet qui nous occupe, de traces évidentes dans l'Ecriture sainte, nous nous tournerons vers les Pères de l'Eglise et nous interrogerons la Liturgie, prenant ce mot dans son plus large sens, en tant qu'il peut embrasser non seulement la célébration des saints mystères, mais aussi l'office divin, tel qu'on le récite dans l'Eglise Romaine.
En second lieu, en disant qu'une personne déterminée, a préfiguré saint Joseph, nous ne prétendons pas assurer que tout ce qui appartient à cette personne doive se rapporter au chaste Epoux de Marie. Nous savons en effet que plusieurs, parmi les personnages de l'Ancien Testament, bien que suscités par Dieu pour représenter le futur Messie, se sont eux-mêmes rendus coupables de fautes graves. II est bien évident que, sous cet aspect, ils ne représentaient pas le Sauveur. Observons d'ailleurs, que si la figure correspondait en tout à la réalité, elle cesserait d'être figure, et deviendrait la réalité même. C'est pourquoi, Dieu a voulu multiplier, dans différents personnages, les figures ou images archétypes du Christ, de la Vierge Mère et de saint Joseph, afin que, se complétant les unes les autres, ils nous donnent tous ensemble, par leurs perfections réunies, une plus haute idée de la personne représentée.
Notons, en troisième lieu, que l'image se rapporte à l'individu qu'elle représente, et qu'elle trouve en lui sa fin propre, sa raison d'être. Nous devons dire, en conséquence, que les personnes de l'Ancienne Loi, suscitées par Dieu pour annoncer saint Joseph, lui étaient inférieures en sainteté, la fin étant toujours plus noble que les choses qui lui sont subordonnées.-------------
23. Col., II, 17.
24. Le mot praefigurare, de latinité ecclésiastique et consacré par la liturgie, n'a pas d'équivalent en français : aussi peut-on se permettre de le franciser dans une étude essentiellement théologique.
A suivre... Types et figures de saint Joseph dans l'Ancien Testament
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Types et figures de saint Joseph dans l'Ancien Testament
Voyons maintenant quels sont les personnages qu'une tradition respectable, ou l'autorité de la liturgie nous montrent comme ayant été les hérauts, les images et les précurseurs du glorieux Epoux de Marie. Ces personnages, pour ne parler que des plus importants, sont au nombre de quatre : le Patriarche Jacob; son fils Joseph, le sauveur de l'Egypte; Moïse, le libérateur du peuple de Dieu, et David, roi d'Israël.
Pour le premier, nous avons ces paroles des saints livres [25]: « La sagesse a conduit le juste (Jacob) par des chemins droits, lorsqu'il fuyait la colère de son frère »; paroles que la Liturgie applique à saint Joseph[26]; pour le second, l'épître de la messe pour la solennité de saint Joseph[27] et plusieurs autres passages qu'on trouve aux offices du saint Patriarche; pour le troisième, ces paroles du livre de l'Ecclésiastiques[28], citées dans l'office de saint Joseph, au chapitre à sexte : « Moïse a été aimé de Dieu et des hommes, et sa mémoire est en bénédiction »; pour le quatrième, ces paroles de saint Matthieu [29]: « Joseph, fils de David », paroles qui certainement n'ont pas été mises là sans réflexion, car il semble bien que l'Evangéliste, passant sous silence les autres ancêtres de Joseph, ait voulu appeler l'attention du lecteur sur celui que ses vertus ont désigné plus que tout autre, à notre vénération, car il est dans l'ordre des choses que les enfants reproduisent les qualités de leurs parents, ce que la langue latine exprime si bien par ces mots : « filii patrizant ».
Remarquons toutefois que, parmi ces quatre personnages, le second, c'est-à-dire l'ancien Joseph, est celui qui a le mieux fait prévoir notre saint Patriarche. Car non seulement celui-ci porte le nom du célèbre fils de Jacob, nais encore il lui ressemble davantage dans les diverses circonstances de la vie tourmentée qu'il a dû traverser : aussi devrons-nous insister tout particulièrement sur ce rapprochement.
Observons en outre que, du fait que les personnages que nous venons de nommer, sont généralement regardés dans l'Eglise comme étant des types et des figures de Jésus-Christ, on ne peut tirer aucun argument contre notre thèse; une même personne, une même chose de l'Ancien Testament pouvant à la fois, sous différents aspects, représenter plusieurs personnages ou plusieurs choses du Nouveau. Ceci ne peut faire difficulté à quiconque reconnaît, comme on doit le faire, dans l'Ecriture sainte, la pluralité du sens, non seulement mystique, mais littéral, et sait distinguer le sens littéral premier ou principal, qui est un, du sens littéral secondaire, que nous appelons encore accommodatrice, et qui peut être multiple 7'[30]. Dans notre cas, le fait que les personnages indiqués sont les types de Jésus-Christ, se réclame du sens littéral principal; le fait qu'ils sont en même temps les types de saint Joseph, se rapporte au sens littéral secondaire.------------
25. Sap.,, x, 10.
26. Chapitre à none, à la fête de saint Joseph, 19 mars.
27. Mercredi de la deuxième semaine après l'Octave de Pâques.
28. XLV, I.
29. I, 20.
30. Voyez notre traité De Sacra doctrines, 2, II, art. 2, n. 2.
A suivre... Qualité principale des personnages qui ont été les types de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Qualité principale des personnages qui ont été les types de saint Joseph
Si l'on veut maintenant savoir quelle est la qualité principale des quatre saints personnages de l'Ancien Testament que nous avons nommés et en raison de laquelle ils sont principalement les figures de saint Joseph, nous dirons que cette qualité est la foi, une foi vive et à toute épreuve, que saint Paul exalte en ces termes mémorables [31]: « C'est par la foi que Jacob mourant... s'inclina profondément devant le sommet de son bâton; c'est par la foi que Joseph mourant rappela la sortie des enfants d'Israel...; c'est par la foi que Moïse... aima mieux être affligé avec le peuple de Dieu, que de retirer du péché une jouissance passagère, regardant l'opprobre du Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Egypte; car il envisageait la récompense... Et que dirai-je encore ? Car le temps me manquerait, si je parlais.._ de David..., qui par la foi a conquis les royaumes. »
Or, c'est précisément la foi qui reluit d'un éclat tout spécial dans la vie de saint Joseph. Le saint Patriarche, en effet, crut si fermement à la parole de Dieu, qu'aucun doute ne vint jamais traverser son esprit, même au milieu des plus, grandes épreuves. Cette foi héroïque se manifesta particulièrement lorsque, ne connaissant pas encore le mystère de l'enfantement virginal, il s'aperçut que son Epouse était en état de devoir mettre au monde un fils. Ce fait, inexplicable aux yeux de la nature, ne diminua nullement en lui l'amour, le respect, la vénération qu'il avait pour Marie. Plus tard, quand il vit le Messie promis par les Prophètes, Dieu et homme tout ensemble, venir au monde avec le seul apanage de la pauvreté et, de plus, en butte aux persécutions les plus violentes, sa foi ne vacilla point. Il continua à adorer Celui que, malgré tout, il reconnaissait, dans sa profonde humilité, comme son Créateur et son Dieu, tout en étant son fils bien-aimé.
Saint Joseph se montra donc envers Marie son Epouse, et Jésus son fils, d'une fidélité à toute épreuve, fidélité dont la raison d'être était l'esprit de foi qui l'animait. Aussi cette foi mérita-t-elle d'être célébrée à l'avance, dans la foi des patriarches que nous venons de nommer, Jacob, Joseph, Moïse et David.
Mais, outre la vertu de foi, commune à ces quatre personnages, chacun d'eux s'est distingué, dans cette vie, par une vertu toute spéciale, qui est comme le sceau de sa propre personnalité. La vénération que nous portons à saint Joseph nous invite à nous attarder quelque peu, pour contempler en lui chacune de ces vertus et comprendre mieux encore comment ces anciens patriarches, dans les différents épisodes de leur vie, furent les types et figures du chaste époux de Marie.------------
31. Hebr., XI, 21, seq.
A suivre... Jacob, figure archétype de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Jacob, figure archétype de saint Joseph
Pour commencer par le Patriarche Jacob, nous lisons de lui, qu'ayant obtenu, pour sa postérité, la promesse de l'héritage paternel, il s'enfuit, sur le conseil de sa mère, en Mésopotamie, afin de se soustraire à la haine mortelle de son frère. Ainsi saint Joseph ayant reçu, pour le divin Enfant, la promesse du royaume de Dieu, s'enfuit en Egypte, sur l'avis de l'ange, pour sauver Jésus de la persécution d'Hérode.
En outre, Jacob, au milieu de son voyage, mérita de recevoir de Dieu, en songe, la promesse d'amples bénédictions et d'un prompt retour dans la terre de ses pères [32]: « Toutes les nations de la terre seront bénies en toi et dans celui qui sortira de toi. Je serai ton protecteur partout où tu iras; je te ramènerai dans ce pays.» De même, saint Joseph, après avoir éprouvé le bienfait de la protection céleste durant son exil en Egypte, rentra, sur l'avertissement de l'ange, dans sa patrie bien-aimée.
Enfin, Jacob, dans son voyage de retour pour aller trouver son frère, fut aux prises avec l'ange qui lui adressa ces paroles[33] ; « Si tu as été fort contre Dieu, combien le seras-tu davantage contre les hommes! » Dans ce même ordre d'idées, la constance de saint Joseph ne nous apparaît pas moins grande quand, au lieu de se décourager à la perspective des travaux et des dangers qu'il aurait à supporter pour le Christ, il continua courageusement à remplir sa haute et difficile mission, et cela tant qu'il plut à la volonté divine de le laisser sur la terre.
C'est donc à cette vertu de force et de constance, si bien manifestée par Jacob, qu'il faut attribuer principalement la ressemblance de saint Joseph avec cet ancien Patriarche, au point qu'on peut lui appliquer ces paroles dictées par l'Esprit Saint à la louange de celui-là [34] : « (La sagesse) a conduit le juste par des voies droites, lorsqu'il fuyait la colère de son frère; elle lui a montré le royaume de Dieu, lui a donné la science des saints, l'a enrichi dans ses travaux, et a fait fructifier ses labeurs. Elle l'a aidé contre ceux qui voulaient le tromper par leurs ruses, et elle l'a enrichi. Elle l'a protégé contre ses ennemis, l'a défendu contre les séducteurs et l'a engagé dans un rude combat, afin qu'il fût victorieux. »
Saluons donc en saint Joseph la prudence de Jacob à se garantir des embûches de ses ennemis; les effets d'une providence toute paternelle qui le conduisit dans les sentiers ardus d'une vie de continuels sacrifices; la force d'âme qui l'empêcha de fléchir au milieu des plus grandes difficultés.------------
32. Gen., XXVIII, 14, 15.
33. Gen., XXXII, 28.
34. Sap., X, 10-12.
A suivre... Joseph, fils de Jacob, figure archétype de saint Joseph, époux de Marie
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Joseph, fils de Jacob, figure archétype de saint Joseph, époux de Marie
C'est une vérité, reconnue par l'Eglise, unanimement enseignée par les écrivains sacrés et profondément enracinée dans le coeur des fidèles, que l'ancien Joseph, fils du Patriarche Jacob qui sauva l'Egypte de la famine, fut une figure archétype du chaste époux de Marie. Aussi peut-on affirmer que cette vérité appartient au trésor de la révélation. « Plusieurs Pères de l'Eglise, dit Léon XIII[35], ont été d'avis, et la sainte liturgie elle-même le confirme, que le Joseph des temps anciens, fils du Patriarche Jacob, était une ébauche de la personne et des offices de notre Joseph, annonçant ainsi, par la splendeur de sa sainteté, la grandeur du futur gardien de la divine Famille. » Voyons maintenant les nombreux points de ressemblance qui existent entre les deux Joseph.
D'abord, on ne peut manquer d'observer la prédilection dont l'ancien Joseph fut entouré de la part de Jacob et celle qu'eut Dieu pour le nouveau Joseph, l'Ecriture nous les montrant tous deux comme étant les objets d'un amour spécial et de bénédictions nombreuses. Citons à l'appui, deux passages de la Genèse. Dans le premier, il est dit [36] : « Israël aimait Joseph plus que tous ses fils, parce qu'il l'avait engendré dans sa vieillesse, et il lui avait fait faire une tunique de plusieurs couleurs. » Dans le second, nous lisons [37] : « Le Tout-Puissant te comblera des bénédictions du haut du ciel... Les bénédictions que te donne ton père surpassent celles qu'il a reçues de ses pères », ce qui veut dire, je te bénis, moi, plus que je n'ai été béni par mon propre père. Que ces paroles s'appliquent au glorieux Epoux de Marie, nous ne pouvons en douter; car sa prédestination à un office si sublime et à une dignité si grande nous force à conclure à une prédilection spéciale de la part de Dieu à son égard.
Un autre motif de rapprochement entre l'ancien Joseph et l'Epoux de Marie consiste en ce que l'un et l'autre furent obligés, par les sourdes menées de l'envie, à fuir en Egypte, double événement qui met en relief un grand mystère à la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le premier est la trahison de Judas, préfigurée par la conspiration des frères de l'ancien Joseph; le second est la libération du Rédempteur du monde, effectuée par la sollicitude de saint Joseph. En même temps, quel exemple de charité envers le prochain et d'amour des ennemis, ne nous donnent les deux Joseph! Le premier, pardonnant spontanément et de tout cœur à ses frères qui l'avaient vendu, leur dit ouvertement [38]: « Ne craignez point: je vous nourrirai, vous et vos enfants »; le second, portant en exil le Sauveur du monde, le conserva, pour le salut de ses persécuteurs, lui qui devait être pour eux, comme pour tous, « le froment des élus [39] ».
Mais c'est surtout la pratique d'une chasteté inviolable qui fait ressortir tout particulièrement la ressemblance qu'il y a entre Joseph fils de Jacob et le père putatif de Jésus-Christ. Les paroles de saint Ambroise, par rapport à l'ancien Joseph, sont vraiment remarquables. « Plusieurs genres de vertus ornèrent son âme, dit-il[40]; mais celle qui resplendit plus particulièrement en lui est la chasteté... Que l'on nous propose donc saint Joseph comme un miroir de chasteté; car, dans ses mœurs et dans toutes ses actions, on voit reluire la pudeur, qui est comme une compagne de la chasteté et un reflet de la grâce. »
Dans l'ancien patriarche Joseph, la chasteté se manifesta en ceci, qu'il ne craignit pas de dénoncer le crime de ses frères, et de soutenir courageusement un combat mortel contre les suggestions de l'impudique femme de Putiphar. Le nouveau Joseph, lui, fut choisi, entre tous, à la dignité d'Epoux de la Reine des Vierges; de plus, ignorant les opérations de l'Esprit Saint en Marie, il voulut la licencier, montrant par là combien la sainte virginité lui était à cœur : aussi, osons-nous affirmer dès maintenant, chose que nous démontrerons plus tard[41], que saint Joseph a toujours conservé une chasteté parfaite.
Un autre point de ressemblance entre les deux Joseph, se trouve dans ce fait que l'un et l'autre, choisis par Dieu pour occuper des places les plus élevées, nous apparaissent comme jouissant chacun dans un ordre différent, d'une puissance immense. L'ancien Joseph, mû par l'esprit de prophétie, avait proféré ces paroles [42] : « Je voyais (en songe), ma gerbe se lever et se tenir debout, tandis que les vôtres, entourant la mienne, l'adoraient... J'ai vu en songe le soleil, la lune et onze étoiles qui m'adoraient. » Plus tard, délivré de la prison et investi d'un grand pouvoir sur tout le peuple, il se vit proclamer par Pharaon le second de son royaume, invité à monter sur son chariot, tandis qu'un héraut ordonnait à tous de plier le genou devant lui et de le reconnaître comme chef de toute la terre d'Egypte. Or, qu'était donc une si grande autorité, sinon un symbole de la faveur illimitée dont dispose saint Joseph, à qui Jésus et Marie furent soumis sur la terre[43], et auquel la divine Providence a accordé, dans le ciel, une si grande puissance d'intercession ?
Mais, c'est surtout dans l'exercice de la sagesse et de la prudence, que nous trouvons des points de ressemblance remarquables entre l'ancien et le nouveau Joseph. De celui-là il est dit qu'il interpréta les songes de Pharaon par rapport aux sept vaches grasses et aux sept épis pleins, et que le roi, pour ce motif, le déclara plus sage que tous ses autres devins[44]. Secondement, afin de subvenir à la misère du peuple qui manquait de pain, l'ancien Joseph ordonna que le blé fût réuni dans les greniers de l'Egypte, en suite de quoi Pharaon changea son nom et l'appela, en langue égyptienne, le Sauveur du monde[45]. Troisièmement, ayant fait venir en Egypte son père et ses frères, Joseph introduisit dans ce pays le culte du vrai Dieu[46].
Pareillement le nouveau Joseph reçut plusieurs fois des communications divines, en vue du gouvernement de la sainte Famille. De plus, pour le bien de l'humanité, fatiguée et tourmentée par une famine spirituelle causée par le péché, il conserva sain et sauf Jésus-Christ, le Sauveur du monde et le pain de nos âmes, ce qui fait dire à saint Bernardin de Sienne [47]: « C'est avec raison que saint Joseph a été annoncé dans l'ancien Patriarche du même nom, celui qui conserva le froment pour le salut des peuples. Il a cependant, sur celui-ci, cet avantage, qu'il ne fournit pas seulement le pain de la vie corporelle aux Egyptiens; mais, à tous les élus, il a assuré le pain du ciel qui donne la vie céleste, nourrissant avec le plus grand soin Jésus-Christ, le pain de nos âmes. » Enfin, ce ne fut pas dans la seule Egypte que saint Joseph introduisit la vraie foi, quand il se rendit dans ce pays avec le Christ, mais ce fut dans le monde entier, et cela par le fait même qu'il a nourri et préservé de la mort Jésus-Christ, le Pontife de la foi que nous professons[48].
C'est donc en toute vérité que nous pouvons appliquer à l'Epoux de Marie ces paroles du livre de la Sagesse dites de l'ancien Joseph dans le sens littéral premier ou fondamental [49]: « (La sagesse) n'a pas abandonné le juste lorsqu'il fut vendu, mais elle l'a délivré des pécheurs; elle est descendue avec lui dans la fosse, et ne l'a pas quitté dans les chaînes. »
Citons, pour terminer, le beau passage de saint Bernard, où il fait ressortir le parallèle entre les deux Joseph. « L'ancien Joseph, dit-il[50], vendu par la jalousie de ses frères et conduit en Egypte, a préfiguré la vente de Jésus-Christ; le second, fuyant la jalousie d'Hérode, porta Jésus-Christ en Egypte. Celui-là resté fidèle à son seigneur, ne voulut pas commettre la faute à laquelle la femme de son maître l'invitait; celui-ci, reconnaissant son épouse comme la Mère de son Seigneur, et lui-même observant la continence, la garda fidèlement. A celui-là fut donnée en songe l'intelligence des mystères; celui-ci reçut le don de connaître les sacrements, célestes et d'y participer. Celui-là conserva le froment, non pour soi, mais pour tout le peuple : celui-ci reçut du ciel la garde du pain divin, pour soi-même et pour tout le monde. »------------
35. Ep. Encycl. Quanquam pluries, 15 août 1889.-
36. Gen., XXXVII, 3.
37. Ibid., XLIX, 25, 26.
38. Ibid., L, 21
39. Zach., IX, 17.
40. « L. de Joseph ».
41. Partie II, chap VI.
42. Gen., XXXVII, 7, 9.
43. Luc., 11, 5.
44. Gen., XLI, 25, 39.
45. Ibid., 45.
46. Ibid., XLV, 9; XLVI, 34.
47. Serm. I De sancto Joseph, c. III.
48. Hebr., III, I.
49. X, 13, 14.
50. Homil. super Missus est.
A suivre... Moïse, figure archétype de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Moïse, figure archétype de saint Joseph
Moïse, avons-nous dit, nous est présenté, par la sainte liturgie, comme étant, à côté de Jacob et de l'ancien Joseph, une figure archétype de notre glorieux Patriarche. Voyons en quoi consiste cette ressemblance.
Parmi les prérogatives dont l'Ecriture sainte prend motif pour louer et exalter Moïse, trois surtout s'imposent à notre attention. La première est la douceur avec laquelle il supporta patiemment les murmures du peuple à la tête dure et les fatigues d'une longue pérégrination; la seconde, sa fidélité à observer les commandements de Dieu; la troisième, la connaissance surnaturelle qu'il eut des choses divines. C'est précisément ce que nous lisons dans le livre des Nombres [51] : « Moïse était le plus doux de tous les hommes qui demeuraient sur la terre... Mon serviteur Moïse... (s'est montré) très fidèle dans toute ma maison; car je lui parle bouche à bouche et il voit le Seigneur ouvertement, et non point sous des énigmes ou des figures »[52].
Ces trois prérogatives, nous les retrouvons, et cela d'une manière excellente, en saint Joseph. D'abord, une douceur à toute épreuve. Il en donna des signes éclatants dans l'angoisse que lui causa la vue de son Epouse enceinte et dans les persécutions qu'il eut à subir, notamment quand il dut fuir en Egypte pour soustraire au glaive d'Hérode, l'Enfant Jésus, Sauveur du monde.
En second lieu, nous admirons en lui sa fidélité à garder le dépôt qui lui avait été confié, chose dont l'Eglise le loue d'une manière singulière, en lui appliquant ces paroles : « L'homme fidèle sera beaucoup loué, et celui qui est le gardien de son Seigneur sera glorifié [53] » « S'il y eut jamais un dépôt qui méritât d'être appelé saint, écrit Bossuet[54], et d'être ensuite gardé saintement, - c'est celui... que la providence du Père éternel commet à la foi du juste Joseph; si bien que sa maison me paraît un temple, puisqu'un Dieu y daigne habiter et s'y est mis lui-même en dépôt : et Joseph a dû être consacré pour garder ce sacré trésor. En effet, il l'a été, Chrétiens : son corps l'a été par la continence, et son âme par tous les dons de la grâce. »
Enfin, la troisième prérogative de Moïse, la science des choses surnaturelles, nous la retrouvons dans la connaissance profonde des vérités divines accordée par Dieu à saint Joseph, qui eut le bonheur d'apprendre de la bouche même du Verbe incarné les secrets de la vie spirituelle et les mystères de l'ordre de la grâce.
Aussi, est-ce avec raison qu'on applique à l'Epoux de Marie ces paroles dites, au premier sens, de Moïse [55]: « Il fut aimé de Dieu et des hommes...; sa mémoire est en bénédiction... (Le Seigneur) lui a montré sa gloire; il l'a sanctifié dans sa foi et dans sa douceur et il l'a choisi entre tous les hommes. »------------
51. XII, 3, seq.
52. Cf. Hebr., III, 2.
53. Capitule des Vêpres dans la fête de saint Joseph (Prov., XXVIII, 2o et XXVII, 18).
54. Premier Panégyrique de saint Joseph, Depositum custodi.
55. Eccli., XLV, I, seq.
A suivre... David, figure archétype de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
David, figure archétype de saint Joseph
Voyons maintenant quels sont les points de contact entre saint Joseph et le pieux roi David. Ils sont au nombre de trois : d'abord, une profonde humilité, commune à tous les deux; deuxièmement, la justice, pratiquée par l'un et par l'autre; troisièmement, l'honneur, qui rejaillit sur tous les deux à cause de leur fils respectif.
En premier lieu, nous admirons, dans le saint roi David, une humilité très profonde, qui se manifesta dans presque toutes les circonstances de sa vie, et qui alla, une fois, jusqu'à le faire sauter devant l'arche, au grand scandale de Michol, son épouse, qui n'eut pas honte de se moquer de lui, mais s'entendit dire par David [56]: « Devant le Seigneur qui m'a choisi,... je danserai et je me ferai plus vil encore que je ne suis : et je serai petit à mes propres yeux. » Or, n'est-ce pas aussi cette vertu qui resplendit dans saint Joseph qui, malgré son union intime avec le Verbe incarné, ne laissa pas de mener une vie très humble, entièrement cachée dans le Christ, ce qui fait que les Evangélistes ont eu à peine l'occasion de parler de lui. Ah! c'est bien avec raison qu'on invoque saint Joseph comme le patron d'une vie humble et cachée.
Secondement, les attributs de la justice reluisent tout particulièrement dans le pieux roi David, au point que l'Esprit Saint a prononcé devant lui cet éloge [57]: « J'ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon coeur, qui fera toutes mes volontés [58]»; aussi forma-t-il le dessein de bâtir une maison au Seigneur, ce qui lui attira les louanges du prophète Nathan[59]. Quant à notre Joseph, voici comment saint Bernard explique la manière dont David peut être considéré comme son archétype [60]: a Joseph est vraiment le fils de David, un fils qui n'est pas indigne de son père. Il est, dis-je, le fils de David dans toute la force du mot, non pas tant par la chair, que par la foi, par la sainteté, par la dévotion, le Seigneur l'ayant trouvé selon son cœur comme un autre David, auquel il pût confier en toute sûreté le secret très saint et inviolable de son cœur; auquel il manifesta, comme à un autre David, les choses incertaines et occultes de sa sagesse, lui donnant de n'être pas étranger à la vérité du mystère qu'aucun des princes de ce siècle n'a connu. » En vérité, saint Joseph n'a omis aucune des choses qui lui avaient été confiées, servant Dieu dans la souffrance et jusque dans l'exil, et accomplissant ainsi toute justice : motif vraiment suffisant pour affirmer qu'il eut encore, en ceci, comme archétype, le saint roi David.
Troisièmement, ce fut une gloire, pour David, d'avoir, comme fils, le très sage Salomon, dont il est écrit par manière de prophétie [61]: « Il bâtira une maison à mon nom, et moi j'établirai le trône de son royaume pour toujours : je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. » Comment ne pas voir ici une figure de saint Joseph, pour peu que l'on réfléchisse aux paroles de l'Ange [62]: « Joseph, fils de David, ne crains point de retenir Marie comme ton Epouse; elle enfantera un fils et toi tu l'appelleras du nom de Jésus; car il sauvera son peuple de ses péchés. »
Voilà comment les quatre patriarches, Jacob, Joseph, Moïse et David, ont été les précurseurs, les figures, les archétypes du saint époux de Marie. Les rapprochements que nous avons établis ne peuvent que porter l'âme fidèle à une plus grande dévotion envers le glorieux Patriarche, saint Joseph.------------
56. II Reg., VI, 21, 22.
57. Act., XIII, 22.
58. Cf. I Rois, XIII, 14.
59. II Rois, VII, 2, 3.
60. Homil. II super Missus est.
61. II Rois, VII, 13, 14.
62. Math., I, 2o-21
A suivre... Saint Joseph préfiguré, avec Marie et Jésus, dans certains symboles de l'Ancien Testament
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Saint Joseph préfiguré, avec Marie et Jésus, dans certains symboles de l'Ancien Testament
Ce ne sont pas seulement des personnages insignes de l'Ancien Testament qui furent destinés par Dieu à préfigurer en eux-mêmes, les excellentes vertus de saint Joseph. On peut voir également, dans un grand nombre de choses inanimées, des images du glorieux Patriarche à côté de celles de la Bienheureuse Vierge Marie, son Epouse, et de Jésus, son divin Fils. De fait, si Marie est un paradis de délices, arrosé par les fleuves de la grâce divine, et embelli par la présence de l'Arbre de la vie, c'est-à-dire de Jésus-Christ[63], Joseph est lui-même le gardien officiel de cet admirable jardin[64]. Si Marie est la colombe retournant dans l'arche et portant un rameau d'olivier aux feuilles verdoyantes, Joseph est le Patriarche Noë, qui introduisit dans sa maison cette colombe céleste et la garda soigneusement. Si Dieu commanda à Moïse de faire le propitiatoire d'un or très pur qui devait être placé sur l'arche du Testament[65], figure du Sauveur du monde, il lui ordonna également de faire des chérubins de gloire, ombrageant le propitiatoire[66], dans lesquels nous pouvons certainement voir préfigurés Marie et Joseph qui ne cessèrent d'entourer de leurs louanges et d'une incroyable ardeur de charité leur divin fils Jésus-Christ, l'hostie de propitiation, soit dans la crèche de Bethléem, soit en Egypte, soit encore dans la maison de Nazareth. Enfin, si Marie est appelée l'arche du Testament[67], destinée à contenir le Saint des Saints, Joseph est le voile très pur couvrant cette arche et ombrageant ainsi, par sa présence, le grand mystère qui venait de s'y accomplir[68].
Or donc, d'après le principe établi plus haut, nous pouvons voir, dans ces choses de l'Ancien Testament autant d'images, ou de figures se rapportant au saint Patriarche, et nous dévoilant, chacune à sa manière, quelque particularité de sa vie. Et ceci ne doit pas nous étonner. N'aimons-nous pas à parler des personnes qui nous sont chères ou à faire allusion à quelqu'une de leurs qualités ? Si chacun des membres de la sainte Famille a été l'objet des complaisances de l'Esprit Saint, quoi de plus naturel que ce Dieu d'amour condescendît à parler d'eux aux hommes longtemps avant leur venue sur la terre, qu'il appelât leur attention sur Jésus et Marie, d'abord, puis sur saint Joseph, uni par des liens si étroits au Fils de Dieu et à sa divine Mère?
Aimable attention de la Providence qui voulait, dès avant l'apparition de saint Joseph sur la terre, montrer aux prophètes et, par eux, au peuple hébreu, à travers les nuages de l'avenir, celui qui devait être comme le complément de l'Incarnation. N'est-ce pas là pour nous un motif d'unir nos voix et nos cœurs à ceux des justes de l'Ancien Testament pour louer le saint Patriarche et remercier Dieu de l'avoir donné à son Eglise, comme un miracle de sainteté et de bonté.------------
63. Gen., II, 8, seq.
64. Ibid., III, 24
65. Exod., XXV, 17
66. Hebr., IX, 5
67. Apoc., IX, 19
68. Exod., xxx, 6
A suivre... Le titre de patriarche donné à saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Le titre de patriarche donné à saint Joseph
II ne sera pas inutile d'examiner ici les motifs qui ont porté le peuple chrétien à donner à saint Joseph le titre de Patriarche, titre qui convient aussi, bien que dans un degré inférieur, à certains personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament.
On donne le nom de Patriarche (άρχή,, commencement et πατήρ, père), à un homme que l'on sait être le père d'un grand nombre de fils. Or, par le fait même que saint Joseph fut uni en mariage avec la très sainte Vierge, il s'ensuit qu'il est le père du Christ, dont saint Paul nous dit qu'il a « conduit à la gloire un grand nombre de fils [69]». Il est donc le père de Celui dont la postérité comprend tous les élus, c'est-à-dire, de Jésus-Christ, le Sauveur du monde. « Aussi, conclut le docte et grand pape Benoît XIV, saint Joseph doit être appelé Patriarche, par le fait qu'il est le Père putatif de Jésus-Christ, le chef de tous les élus[70]. »
Quant aux Pères de l'Ancien Testament, on ne peut les appeler patriarches que dans un sens restreint, c'est-à-dire, par rapport au Messie qui devait naître de leur postérité. C'est pourquoi ceux-ci furent patriarches en préparation seulement, en tant que leur postérité, c'est-à-dire le peuple juif, avait reçu la promesse que le Messie naîtrait dans leurs familles. Saint Joseph, au contraire, devint patriarche en réalité par le fait que Jésus-Christ est né d'une Vierge qui était sa véritable épouse. C'est pourquoi le titre et la gloire des anciens patriarches trouvent, d'une certaine manière, leur complément dans saint Joseph, que, pour cette raison, le peuple chrétien n'appelle pas simplement Patriarche, mais le glorieux Patriarche. « Saint Joseph, écrit saint Bernardin de Sienne[71], est la clef de l'Ancien Testament, dans laquelle la dignité patriarcale et prophétale obtient son fruit promis. »
Disons la même chose des Saints du Nouveau Testament, auxquels on a coutume d'attribuer le titre de Patriarche, comme sont, par exemple, saint Benoît, saint Dominique, saint François. Ce beau titre convient à ces personnages à cause des nombreux fils qu'ils ne cessent d'engendrer à Jésus-Christ. Toutefois, leur action est limitée à une classe de personnes, dans le cas présent, à un Ordre religieux déterminé. Saint Joseph, au contraire, revendique pour soi un droit de vraie paternité par rapport à tous les élus rachetés par son vrai fils Jésus-Christ, notre adorable Sauveur.------------
69. Hebr,, II, 10
70. De Serv. Dei beatif.
71. Serm. de S. Joseph, c. III.
A suivre... Le Nom de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Le Nom de saint Joseph
Notre étude sur les symboles et figures de saint Joseph dans l'Ancien Testament nous amène spontanément à parler du nom béni et glorieux par lequel nous le désignons.
Le grand Docteur de l'Eglise, saint Ambroise, fait, sur l'imposition des noms des Saints, la remarque suivante [72] : « C'est la prérogative des Saints, de recevoir de Dieu même leur nom propre. » C'est ainsi que le nom de Jésus fut révélé par l'Esprit Saint, et nous pouvons dire la même chose du nom de Marie. Aussi, n'est-ce pas sans un dessein spécial de la Providence, qu'à l'Epoux de Marie fut imposé le nom de Joseph, ce nom nous aidant, par sa signification, à mieux connaître les prérogatives du glorieux Patriarche.
En effet, le nom de Joseph signifie accroissement; et c'est à cette signification que faisaient allusion Rachel et le Patriarche Jacob; la première, quand, donnant à son fils le nom de Joseph, elle dit [73] : « Que le Seigneur me donne encore un autre fils » ; le second, lorsque, bénissant ce même Joseph, il dit [74]: « Joseph est un fils qui grandit, un fils qui grandit et qui est agréable à contempler; les filles ont couru sur la muraille.[75] »
Les paroles du bienheureux Albert le Grand, sont ici tout à fait à propos [76]: « La propriété et la signification du nom de Joseph, qui veut dire accroissement, convient parfaitement à l'Epoux de Marie, qui par sa mission a été placé dans un degré sublime, par rapport à lui-même, à son prochain et à Dieu; et ceci en vertu de l'accroissement de ses vertus, de la célébrité de sa renommée, du respect et de l'amour des hommes, de sa familiarité avec la Mère de Dieu, de sa paternité divine, bien que putative. »
Mais c'est surtout dans le singulier développement qu'a pris le culte de saint Joseph, que se vérifie, de tous points, la signification de son nom. Quel essor, en effet, la dévotion envers le glorieux Patriarche n'a-t-elle pas pris, dans ces temps derniers ? Ne voyons-nous pas des temples érigés partout en son honneur, des associations d'hommes et de femmes surgir sous son nom sur tous les points de la terre, des écrits se multiplier pour célébrer ses louanges? On peut même envisager, pour l'avenir, de nouveaux développements de ce culte, depuis surtout que l'Eglise a proclamé saint Joseph son Patron et que nombre d'Instituts religieux se sont mis sous sa protection[77]. Et la piété des fidèles envers le saint Patriarche ne reste pas, nous le savons, sans récompense.
Les choses étant ainsi, faut-il s'étonner si le nom de saint Joseph, invoqué avec dévotion, possède une vertu singulière, pour exciter dans l'âme des sentiments de foi et pour chasser les tentations, vertu qui a son secret dans ce que nous pouvons appeler la consécration de cet auguste nom par l'usage qu'en ont fait, durant leur vie mortelle, le Sauveur et sa Mère, lorsqu'ils recouraient eux-mêmes à lui dans leurs nécessités. Aussi les pieux fidèles ont-ils l'habitude d'unir le nom de Joseph à ceux de Jésus et de Marie, principalement en vue d'obtenir la grâce d'une bonne mort, ou d'éviter les embûches que l'astuce du démon ne cesse de leur tendre.------------
72. Lib. II, Expos. in Luc., n. 3.
73. Gen., xxx, 24. - 51.
74. Ibid., XLIX, 22.
75. Dans l'original hébreu on lit : « les jeunes filles ont couru sur la muraille »; expression poétique pour désigner des branches dont les rameaux couvrent les murailles.
76. Super Missus, Quaest. XXII, par 2.
77. Nous parlerons du culte dû à saint Joseph à la troisième partie de cet ouvrage, chapitre II.
A suivre... Bénédictions données par Jacob à l'ancien Joseph, vérifiées dans le saint Epoux de Marie
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
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