SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Belles paroles de Léon XIII
Terminons par les belles paroles, par lesquelles Léon XIII rappelait au monde catholique comment toutes les conditions peuvent trouver, dans la vie du saint Patriarche, des exemples à imiter. « Les pères de famille, dit-il[467] trouvent en Joseph la plus belle personnification de la vigilance et de la sollicitude paternelle ; les époux un parfait exemple d'amour, d'accord et de fidélité conjugale; les vierges ont en lui, en même temps que le modèle, le protecteur de l'intégrité virginale. Que les nobles de naissance apprennent de Joseph à garder, même dans l'infortune, leur dignité; que les riches comprennent, par ses leçons, quels sont les biens qu'il faut désirer et acquérir au prix de tous les efforts !
« Quant aux prolétaires, aux ouvriers, aux personnes de condition médiocre, ils ont comme un droit spécial à recourir à Joseph et à se proposer de l'imiter. Joseph, en effet, de race royale, uni par le mariage à la plus grande et à la plus sainte des femmes, regardé comme le Père du Fils de Dieu, passe néanmoins sa vie à travailler et demande à son labeur d'artisan tout ce qui est nécessaire à l'entretien de sa famille.
« Il est donc vrai que la condition des humbles n'a rien d'abject, et non seulement le travail de l'ouvrier n'est pas déshonorant, mais il peut, si la vertu vient s'y joindre, être grandement ennobli. Joseph, content du peu qu'il possédait, supporta les difficultés inhérentes à cette médiocrité de fortune, avec grandeur d'âme, à l'imitation de son Fils qui, après avoir accepté la forme d'esclave, lui, le Seigneur de toutes choses, s'assujettit volontairement à l'indigence et au manque de tout.
« Au moyen de ces considérations, les pauvres et tous ceux qui vivent du travail de leurs mains, doivent relever leur courage et penser juste. S'ils ont le droit de sortir de la pauvreté et d'acquérir une meilleure situation par des moyens légitimes, la raison et la justice leur défendent de renverser l'ordre établi par la Providence de Dieu. Bien plus, le recours à la force et les tentatives par voie de sédition et de violence sont des moyens insensés, qui aggravent la plupart du temps ces mêmes maux, pour la suppression desquels on les entreprend. Que les pauvres, donc, s'ils veulent être sages, ne se fient pas aux promesses des hommes de désordre, mais plutôt à l'exemple et au patronage du bienheureux Joseph, et aussi à la maternelle charité de l'Eglise, qui prend chaque jour de plus en plus souci de leur sort ! »------------
467. Ep. Encycl Quanquam pluries, 15 août 1889.
A suivre... CHAPITRE II - CULTE DÛ A SAINT JOSEPH
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
CHAPITRE II - CULTE DÛ A SAINT JOSEPH
Idée du culte catholique
Après avoir exposé les bienfaits que l'Eglise catholique reçoit du patronage de saint Joseph, il nous faut parler du culte qu'elle-même doit à ce saint Patriarche, culte qui, dans les derniers temps, a pris un développement extrêmement considérable. Car, c'est pour nous un devoir de justice et d'équité d'honorer tout particulièrement les personnes constituées en dignité surtout si ces personnes se sont rendues illustres par de glorieux exploits ou par une vie pleine de vertus et de mérites. Dans le cas de saint Joseph, ce n'est pas un personnage ordinaire qui est l'objet des hommages des fidèles; c'est le gardien de la sainte Famille, l'Epoux de Marie, le Père putatif du Verbe incarné; c'est un homme qui, sans avoir étonné le monde par d'éclatantes actions, a mérité, par son insigne sainteté, d'être « aimé de Dieu et des hommes[468] ».
Il est donc juste de mettre en relief les titres du glorieux Patriarche à un culte particulier de la part des fidèles, d'autant plus que le déploiement de ce culte apporte avec lui des bienfaits considérables aux individus ainsi qu'à la société. Mais, d'abord, qu'entend-on par culte ?
Le culte est un acte appartenant à la vertu d'observance, vertu qui a pour objet de reconnaître, dans les personnes constituées en autorité, une certaine excellence, avant son origine première dans le gouvernement divin. C'est ainsi que nous entourons de notre respect et de notre vénération nos parents selon la chair; c'est ainsi que les soldats vénèrent et honorent leurs chefs, les disciples leurs maîtres.
Le culte, cependant, n'est pas tout à fait la même chose que l'honneur. Car l'honneur est simplement une reconnaissance de l'excellence d'une personne, reconnaissance qui se manifeste par un signe, un témoignage ou une protestation de la bonté de cette même personne. Le culte, au contraire, consiste dans l'hommage que nous rendons à cette personne, en lui obéissant et en payant de retour les bienfaits que nous en avons reçus.
Il faut encore distinguer l'honneur de la louange, distinction que saint Thomas met très bien en relief. « La louange, dit-il[469], se distingue de l'honneur de deux manières. D'abord, parce que la louange s'exprime seulement par des paroles, tandis que l'honneur consiste en n'importe quels signes extérieurs. Ensuite, la manifestation de l'honneur nous fait rendre témoignage à l'excellence d'une personne d'une façon absolue; mais par la louange, nous rendons témoignage à la bonté d'une personne, selon qu'elle est ordre à la fin, comme nous louons celui qui agit bien en vue de la fin; tandis que l'honneur porte aussi sur ce qu'il y a d'excellent, sans être ordonné à la fin, mais qui est déjà établi en sa fin. »
Quant à la gloire, elle est un effet de l'honneur et de la louange. En effet, par le fait que nous rendons témoignage ou que nous donnons des signes extérieurs de la bonté de quelqu'un, cette bonté vient à la connaissance de plusieurs. Et c'est ce qu'implique le mot gloire car on dit gloire, comme on dirait une chose claire (en latin gloria ou claria). Aussi définit-on la gloire, « une connaissance claire accompagnée de louange », clara notitia cum lande, définition qui est demeurée classique.------------
468. Eccli., XLV, I.
469. IIa-IIæ, Quaest. CIII, art. I.
A suivre... Le culte de latrie et le culte de dulie
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Le culte de latrie et le culte de dulie
Pour mieux connaître de quelle forme de culte il convient d'honorer saint Joseph, il nous faut encore distinguer le culte de latrie, qui est un culte suprême dû au Créateur seulement, et le culte de dulie, qui est d'une nature inférieure et par lequel nous honorons les créatures constituées en dignité. À ne considérer que les noms eux-mêmes, il n'y aurait pas de différence entre latrie et dulie; car, en grec, ces deux noms signifient la même chose; mais l'usage, observé généralement dans la sainte Écriture, veut que le premier terme serve à désigner le culte dû à Dieu seul, et le second, le culte dû aux créatures. Observons encore que le culte de latrie est un seulement, une seule étant l'excellence divine; le culte de dulie, au contraire, peut être multiple, selon les diverses formes d'excellence que l'on rencontre en ce monde. - Pour le moment, nous ne considérons que l'excellence surnaturelle, pour laquelle nous vénérons les Saints, soit qu'ils vivent encore sur cette terre, soit qu'ils soient déjà glorifiés dans les cieux.
Il était nécessaire de bien préciser ces notions pour montrer comment et de quel culte nous devons honorer saint Joseph.
A suivre... Saint Joseph doit être honoré d'un culte spécial de dulie
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Saint Joseph doit être honoré d'un culte spécial de dulie
Le culte de dulie, avons-nous dit, est un hommage de servitude que nous devons à une créature raisonnable, en tant qu'elle participe à une certaine ressemblance avec le domaine divin. Or, on ne peut douter que saint Joseph ne jouisse en quelque manière d'une certaine ressemblance avec le domaine divin, étant lui-même le véritable Epoux de Celle qui, en sa qualité de Mère de Dieu, est la Reine de toutes choses, soit sur la terre, soit dans le ciel. L'Epoux d'une reine n'est soumis à personne; au contraire, il participe nécessairement aux privilèges de son épouse.
On peut donc appliquer au glorieux Patriarche, en renversant les termes, cet adage d'Ulpien, célèbre jurisconsulte romain : « Le prince n'est pas tenu aux lois; la reine, bien qu'elle y soit soumise, reçoit cependant du prince les mêmes privilèges qu'il possède lui-même. » En d'autres termes, de même que Marie a reçu de Jésus-Christ, son Fils et son Epoux, tous les privilèges que celui-ci possède, et en particulier le droit de domaine sur l'univers tout entier; de même aussi saint Joseph reçoit de Marie, dont il est le très fidèle Epoux, un certain droit de suprématie sur toutes les créatures, et c'est pourquoi un culte spécial de dulie doit lui être rendu.
Mais, comment pouvons-nous douter qu'un culte spécial soit dû à saint Joseph, quand nous voyons que Jésus et Marie eux-mêmes ont eu à cœur d'honorer, sur la terre, le saint Patriarche, le reconnaissant, dans l'intimité de la sainte Famille, comme l'interprète de la volonté divine et payant de retour les bienfaits qu'ils en recevaient? En honorant ainsi saint Joseph, nous ne faisons qu'imiter la très sainte Vierge et son Fils, sur lesquels rejaillit l'honneur que nous rendons au saint Patriarche.
Un autre motif d'honorer saint Joseph est l'insigne sainteté qui le distingue parmi tous les Saints, car c'est précisément dans la grâce et la gloire, que se trouve la raison d'être du domaine divin, dont le culte de dulie est la reconnaissance explicite. Il est donc juste, pour ce motif encore, que nous honorions tout spécialement le saint Patriarche.
Un dernier motif qui doit nous convaincre de l'opportunité, nous dirons plus, de la nécessité, d'honorer d'un culte spécial le glorieux saint Joseph, est la manière dont les divines Ecritures parlent de lui. Son nom est exprimé quatorze fois dans les saints Evangiles : sept fois dans saint Matthieu, cinq fois dans saint Luc, deux fois dans saint Jean, presque aussi fréquemment il est mentionné avec des expressions comme celles-ci : son père, ses parents, l'Epoux de Marie, bien que dans plusieurs endroits, surtout dans saint Jean, il soit fait allusion à son humble profession de charpentier : signe que les plus humbles emplois ne sont pas incompatibles avec les plus hautes dignités. D'ailleurs, puisque ce nom béni est presque toujours associé aux saints noms de Jésus et de Marie, c'est bien là pour nous un motif pour ne pas le séparer, dans nos hommages, de son Fils putatif et de sa très chaste épouse.
A suivre... Excès à éviter en parlant du culte dû à saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Excès à éviter en parlant du culte dû à saint Joseph
Quelques écrivains, considérant l'insigne dignité de saint Joseph et son affinité avec la Mère de Dieu, ont cru devoir lui attribuer le genre de culte dont l'Église a coutume d'honorer Marie, et que l'on appelle culte d'hyperdulie. Mais il y a là une exagération à éviter.
La très sainte Vierge, en concevant de son sang très pur et en donnant au monde le Christ, notre Sauveur, est parvenue en quelque manière, par son opération, aux confins de la divinité; aussi le culte qui lui est dû revêt-il une forme particulière : on l'appelle culte d'hyperdulie. C'est de ce même culte qu'on honore l'humanité de Notre-Seigneur, quand on la considère abstraction faite de la divinité; car si on la considère comme hypostatiquement unie à la personne du Verbe, c'est le culte de latrie qui lui est dû.
Mais saint Joseph, bien que prédestiné pour être le gardien du Christ et de sa Mère et conséquemment le ministre choisi de l'Incarnation, n'a pas une part intrinsèque dans ce mystère et n'appartient pas, même indirectement (reductive) à l'ordre hypostatique. Aussi, bien qu'il soit, parmi les prédestinés, le premier, après sa chaste épouse, il ne forme pas par lui-même un ordre à part et ne doit pas être honoré d'un culte spécialement distinct du culte dû aux autres Saints.
Que dire maintenant du culte de suprême ou protodulie, que plusieurs ont cru devoir lui attribuer ?
Nous répondons que si, par ces mots, on entend attribuer au saint Patriarche un culte qui soit formellement de dulie, distinct simplement en degré du culte attribué aux autres Saints, rien ne s'oppose à ce qu'on appelle ainsi le culte dû à saint Joseph. Mais, comme l'intention de ceux qui proposaient cette innovation était d'introduire une forme de culte qui fût quelque chose de spécifiquement distinct du culte de dulie et de celui d'hyperdulie attribué à la très sainte Vierge, la Sacrée Congrégation des Rites, à laquelle la question avait été déférée, refusa d'admettre cette proposition. D'ailleurs, la différence formelle qu'il y a entre l'hyperdulie due à la très sainte Vierge et la dulie due à saint Joseph, trouve son écho dans la liturgie ecclésiastique, dans laquelle aucune action sacrée ne s'accomplit, aucune prière publique ne se fait, sans qu'on y introduise le nom béni de la très sainte Vierge, chose que l'on ne pourrait pas affirmer également du nom de saint Joseph.
A suivre... Raisons du retard apporté à la manifestation du culte de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Raisons du retard apporté à la manifestation du culte de saint Joseph
On se demande parfois pourquoi le culte de saint Joseph s'est développé si tard dans l'Eglise, tandis que celui de la Mère de Dieu remonte aux premières années du Christianisme.
La réponse à cette question ne peut être pleinement catégorique, puisque le développement de ce culte est dû originairement à la Volonté divine, dont nous ne pouvons pénétrer les secrets desseins et qui, pour chaque chose, a fixé des temps précis[470]. Il nous est cependant permis de rechercher, en toute humilité, et pour donner louange à Dieu, les raisons de convenance de ce retard.
On peut dire d'abord que, dans les premiers temps, l'Eglise avait à cœur de détourner, de l'esprit des fidèles, l'idée que Jésus-Christ fût né de saint Joseph selon la chair, ainsi que plusieurs hérétiques avaient osé l'affirmer. En effet, si dès les origines de la religion chrétienne, les fidèles avaient, avec le consentement de l'Eglise, attribué à saint Joseph un culte spécial, on aurait pu croire que ce culte lui était dû comme au père de Jésus selon la chair, d'autant plus que l'Ecriture lui donne plusieurs fois ce nom de père par rapport à Jésus; et ainsi le dogme de l'enfantement virginal de Marie aurait rencontré de plus grandes et de plus nombreuses oppositions.
Isodore de Isolanis apporte une autre raison. Saint Joseph, dit-il[471], est comme un moyen terme entre les Pères du Nouveau et ceux de l'Ancien Testament; or, on célèbre rarement la fête de ces derniers. - Ce motif, il faut l'avouer, ne semble pas entièrement convaincant. Car, d'abord, saint Joseph appartient plutôt au Nouveau qu'à l'Ancien Testament; d'autre part, le Martyrologe Romain fait mention de plusieurs Saints qui ont précédé la venue de Notre-Seigneur, comme Moïse, Samuel, Jérémie, Daniel, etc.
Un autre motif invoqué par le même Isidore semble mieux fondé. Dans les commencements, on avait l'habitude de ne célébrer que les fêtes des martyrs. Quant à celles de la sainte Vierge et de saint Joseph, on les considérait comme incluses dans certaines fêtes du Sauveur, comme la Circoncision, l'adoration des Mages, la présentation de Jésus au Temple; fêtes, en réalité, communes à Jésus et à ses parents.
Au cours des siècles, lorsque, avec la divinité du Christ, la perpétuelle virginité de Marie et celle de saint Joseph eurent triomphé de toutes les contradictions, Dieu voulut que saint Joseph fût honoré d'une manière particulière dans l'Eglise militante. Car il est très convenable que celui que le Christ lui-même a vénéré comme son Père sur la terre, soit également vénéré par notre Mère la sainte Eglise. Ceci n'était guère possible quand l'Eglise naissante se trouvait encore aux prises avec les persécutions des tyrans et les sophismes de l'hérésie; mais ce qui ne fut pas fait alors, pouvait s'accomplir plus tard. C'est pourquoi, conclut le pieux auteur, nous ne craignons pas de dire que c'est faire chose très agréable à Dieu, que d'implorer saint Joseph par des vœux et des prières.------------
470. Act., XVII, 26.
471. Summa de donis S Joseph, P. IV, c. 8.
A suivre... Le culte de saint Joseph, promu par les Souverains Pontifes
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Le culte de saint Joseph, promu par les Souverains Pontifes
Mais si ce culte a été, pour ainsi dire, tenu dans l'oubli dans les premiers siècles de l'Eglise, on peut affirmer que, à partir du moyen âge, il a pris un développement qui, sous l'inspiration de l'Esprit Saint, a toujours été en augmentant, de sorte qu'on peut très bien appeler saint Joseph, même sous ce rapport, « un fils qui grandit ». Et, chose remarquable, ce sont surtout les Souverain Pontifes, préposés à la garde du trésor de la foi, qui ont encouragé ce mouvement.
C'est encore ce que déclare Pie IX dans sa lettre Apostolique Inclytum Patriarcham, du 7 juillet 1871.
« Les Pontifes Romains, nos prédécesseurs, dit-il, afin d'augmenter et d'exciter toujours davantage, dans les cœurs des fidèles, la dévotion et la révérence envers le saint Patriarche, et pour les porter à recourir, avec la plus grande confiance, à son intercession auprès de Dieu, n'oublièrent pas, toutes les fois que l'occasion s'y prêtait, de lui décréter, sous de nouvelles formes, des signes de culte public. Parmi ces Pontifes, il suffit de mentionner nos prédécesseurs d'heureuse mémoire, Sixte IV, qui voulut qu'on insérât la fête de saint Joseph dans le Bréviaire et le Missel romains; Grégoire XV, qui décréta, le 8 mai 1621, que la même fête se célébrerait, sous double précepte, dans tout l'univers; Clément X, qui, le 6 décembre 1670, accorda à la même fête le rite double de seconde classe; Clément XI, qui, par son décret du 4 février 1714, enrichit la dite fête d'une messe et d'un office entièrement propres; et enfin Benoît XIII, qui, le 19 décembre 1726, ordonna que le nom de saint Joseph fût inséré dans les litanies des Saints. »
À une série si vénérable de pontifes romains, il convient d'ajouter Pie IX lui-même. Dès la deuxième année de son pontificat, le 10 décembre 1847, poussé par la dévotion personnelle qu'il avait eue dès son enfance envers le saint Patriarche, il commença par étendre à l'Eglise universelle, sous le rite double de seconde classe, la fête de son patronage qui déjà, se célébrait en plusieurs endroits par un indult spécial du Saint-Siège; puis, répondant aux suppliques postulatoires des fidèles de toutes conditions, il déclara expressément, le 8 décembre 1870, saint Joseph patron de l'Eglise Catholique.
Mais nous ne devons pas omettre de mentionner, dans cet harmonieux concert de souverains pontifes, la grande voix de Léon XIII, qui, dans l'Encyclique déjà plusieurs fois citée, Quanquam pluries, parle du culte et du patronage de saint Joseph en ces termes : « Au sujet (de cette dévotion et de ce culte dus à saint Joseph), dont Nous parlons publiquement pour la première fois aujourd'hui, Nous savons sans doute que non seulement le peuple y est incliné, mais aussi que ce culte et cette dévotion sont déjà établis et en progrès. Nous avons vu, en effet, que, dans les siècles passés, les Pontifes Romains s'étaient appliqués à développer peu à peu et à propager ce culte; nous l'avons vu croître et se répandre à notre époque, surtout après que Pie IX, d'heureuse mémoire, Notre prédécesseur, eût proclamé, sur la demande d'un grand nombre d'évêques, le très saint Patriarche Patron de l'Eglise catholique. »
A suivre... Développement du culte de saint Joseph dans l'Eglise orientale
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Développement du culte de saint Joseph dans l'Eglise orientale
Nous avons dit comment le culte de saint Joseph, ignoré dans les premiers siècles de 1'Eglise, s'est développé, avec le temps, d'une manière tout à fait extraordinaire. Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici les principales phases de ce développement merveilleux, chose que nous ferons d'une manière plutôt succincte, les limites de cet ouvrage ne nous permettant pas d'entrer dans de plus grands détails[472].
Bien qu'il ne soit guère possible de déterminer l'époque exacte où l'on a commencé à décerner à saint Joseph un culte public et solennel, on peut dire cependant, avec toute certitude, que les églises d'Orient ont, sur ce point, comme pour ce qui regarde le culte de la très sainte Vierge, non seulement précédé les églises d'Occident, mais aussi montré un plus grand empressement à faire connaître et honorer le glorieux Patriarche.
Pour ne parler que de l'Eglise grecque, Nicéphore Callistus raconte que, parmi les églises et oratoires élevés à Bethléem par sainte Hélène, mère de Constantin, à côté de l'église consacrée à la Mère du Verbe, il y avait un oratoire dédié à son chaste Epoux[473]. En outre, de graves auteurs attribuent à saint Joseph l'hymnographe, qui vivait au IXe siècle, un office composé pour la fête du Père putatif de Jésus, office que les églises d'Orient adoptèrent dès lors généralement, ce qui, cependant, n'empêche pas que déjà auparavant l'on ne célébrât la fête du saint Patriarche. Quoi qu'il en soit, on sait que dans les Ménologes et les Ménées des Grecs, il est fait une triple mémoire de saint Joseph : la première, le dimanche avant Noël; la seconde, le 26 décembre; la troisième, le dimanche après la fête de Noël.------------
472. Ces détails le lecteur les trouvera dans notre ouvrage Tractatus de Sancto_Joseph, P. III, art. 2, 3e éd.
473. L. VIII, c. 30.
A suivre... Développement du culte de saint Joseph en Occident
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Développement du culte de saint Joseph en Occident
Pour ce qui regarde l'Occident, c'est surtout dans les Ordres religieux que se développa le culte du glorieux saint Joseph. Pour commencer par un Ordre qui nous est cher, c'est, semble-t-il, aux Servites de Marie, que l'on doit la principale impulsion donnée dans ce sens, chose bien naturelle, puisqu'on ne peut pas séparer le culte de saint Joseph de celui de la Mère de Dieu, dont les Servites sont les principaux gardiens et propagateurs.
Déjà, au commencement du XIVe siècle, nous trouvons ces religieux, officiant à Bologne, dans une église, ancienne déjà de deux siècles, qu'ils avaient héritée des moines bénédictins, et où ils promouvaient de tout leur pouvoir le culte du saint Epoux de Marie. Cette dévotion à saint Joseph, les Servites la conservaient avec un soin jaloux, au point que, quand, sur l'ordre de saint Pie V, ils durent échanger leur monastère avec celui des Sœurs dominicaines, ils demandèrent et obtinrent de transférer, dans leur nouvelle église, avec la dévotion qui leur était si chère, le titre même de leur ancienne église, de sorte qu'elle s'appelât désormais église de saint Joseph. Vers la même époque, nous trouvons qu'à Todi, dans l'Ombrie, ces mêmes religieux avaient, dans leur église, érigé un autel au saint Patriarche; et c'est sous ce même autel que fut placé le corps de saint Philippe Bénizé, cinquième Général de l'Ordre.
Mais, non contents d'ériger, en l'honneur du saint Patriarche, des monuments de pierre, les Servites de Marie eurent à cœur d'inculquer, dans les cœurs de tous les membres de l'Ordre, un esprit de tendre dévotion envers lui, en établissant solennellement, au chapitre général, tenu à Orvieto en 1324, une fête, pour célébrer les louanges du « très bienheureux Joseph, époux de Notre-Dame, la Vierge glorieuse, et pour implorer son patronage », fête qui devait se célébrer dans tous les couvents de l'Ordre, le 19 mars, sous le rite double.
Parmi les autres Ordres mendiants, il nous faut citer, en premier lieu, l'Ordre illustre de saint Dominique, dont plusieurs docteurs ont admirablement illustré, par leurs écrits, la vie de saint Joseph. Qu'il nous suffise de nommer Barthélemy de Trente, auquel on doit une vie du saint Patriarche, saint Vincent Ferrier, qui a prêché ses vertus avec tant d'éloquence, et Isidore de Isolanis supérieur du couvent de Sainte-Marie-des-grâces de Milan, qui, le premier, dans sa Summa de donis sancti Joseph, a exposé avec la rigueur des formules théologiques les prérogatives du saint Epoux de Marie.
Les Franciscains ne sont pas non plus restés indifférents aux gloires du saint Patriarche. Dans un chapitre célébré dans la ville d'Assise, en 1389, il fut décrété qu'on célébrerait la fête de saint Joseph, l'Epoux sans tache de la très pure Vierge Marie, par un office de Confesseur de neuf leçons.
Mais c'est surtout à l'ordre du Mont Carmel que revient, plus qu'à tout autre Ordre mendiant, la gloire d'avoir propagé, en Occident, le culte du glorieux saint Joseph. Sans vouloir entrer dans la question des anciennes origines de cet Ordre et du rôle qu'il a joué dans le développement, en Orient, du culte de la Mère de Dieu et de saint Joseph, rappelons seulement la grande figure de sainte Thérèse de Jésus qui, si elle n'a pas été la première à faire ériger, ainsi qu'on l'a faussement affirmé, un temple en l'honneur du saint Patriarche, eut cependant, comme elle le dit elle-même, la grande consolation d'avoir élevé, sur l'ordre de Notre-Seigneur, dans la ville d'Avila, une église à son Père et protecteur, saint Joseph, contribuant ainsi, plus que n'importe qui, à populariser sa dévotion.
Nous n'avons mentionné ici que quelques-uns des anciens Ordres religieux, dits mendiants, notre intention n'étant pas de parler du grand développement qu'a pris le culte de saint Joseph depuis sainte Thérèse, par l'action de Congrégations religieuses plus récentes, en tête desquelles nous devons mettre la Compagnie de Jésus. Nous n'en finirions pas, si nous voulions énumérer tout ce que ces Congrégations ont fait dans ce sens. Plusieurs d'entre elles ne se sont pas contentées d'adopter et de promouvoir cette dévotion, mais elles ont en outre voulu se placer tout particulièrement sous la protection du saint Patriarche, se glorifiant de s'intituler de son nom.
A suivre... Fêtes instituées en l'honneur de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Fêtes instituées en l'honneur de saint Joseph
Comme on devait s'y attendre, au fur et à mesure que la dévotion envers saint Joseph prenait une plus grande extension au sein du peuple chrétien, l'Eglise permettait l'institution de quelques fêtes en son honneur. C'était sa manière à elle de reconnaître officiellement la légitimité de ce culte. Car,_ il faut nous rappeler que c'est la liturgie qui donne sa vraie note à la foi catholique.
D'ailleurs, comme s'exprime très bien Isidore de Isolanis[474], « si la sainte Eglise commande de vénérer tout particulièrement les Apôtres, les Evangélistes, les quatre Docteurs de l'Eglise, Ambroise, Augustin, Jérôme et Grégoire, pour avoir été la lumière du monde, en prêchant la doctrine du Christ, pourquoi ne vénérerait-elle pas, avec une égale solennité, Joseph, qui a nourri, pour le monde entier, le Verbe même de Dieu ? Le Christ a appelé les Apôtres ses amis; Joseph était appelé Père par celui qui était Dieu et Homme tout ensemble; pourquoi donc ne vénérerons-nous pas d'un semblable honneur celui qui fut le Patron de notre Reine, la Vierge Marie ? Honorons donc par un office de suprême solennité le bienheureux Joseph, que le Christ et la sainte Vierge ont honoré sur la terre plus que tous les autres hommes. »
Il serait trop long d'exposer ici en détail l'origine et le développement des fêtes instituées en l'honneur de saint Joseph, ainsi que les modifications survenues au cours des temps dans leurs formes rituelles. Qu'il nous suffise de nommer trois de ces fêtes, à cause de la signification particulière qu'elles ont chacune par rapport à nous.
La première est la fête du 19 mars, dite simplement fête de saint Joseph et destinée à commémorer, en général, les mystères de la vie du saint Patriarche et, en particulier, sa bienheureuse mort, survenue, comme nous l'avons dit, très probablement, ce jour-là. La seconde fête qui, jusque dans ces derniers temps, se célébrait le troisième dimanche après Pâques, et maintenant se célèbre le mercredi dans la troisième semaine après Pâques, a pour objet de rappeler l'efficacité et l'universalité du patronage de saint Joseph; aussi s'intitulait-elle, autrefois, la fête du Patronage de saint Joseph, et maintenant, elle s'appelle la Solennité de saint Joseph, Confesseur, Epoux de la Bienheureuse Vierge Marie, et Patron de l'Eglise universelle. Ces deux fêtes sont étendues à toute l'Eglise. La troisième fête particulière à divers diocèses et Ordres religieux, a pour titre la fête des Epousailles de Marie et se célèbre le 23 janvier. Le promoteur principal de cette fête fut le pieux Gerson qui, dans une lettre adressée à toutes les Eglises, et surtout à celles dédiées à la sainte Vierge, proposa de célébrer un office entier, y compris la Messe, en l'honneur des Epousailles de la très sainte Vierge avec saint Joseph. Il serait grandement à désirer que cette belle fête fût étendue à l'Eglise universelle. Elle contribuerait à mettre en relief la dignité du saint Patriarche et ses relations avec la très sainte Vierge et le Verbe incarné, et serait pour les fidèles un motif de plus de recourir à lui avec une nouvelle confiance et d'imiter ses insignes vertus.------------
474. Summa de donis S. Joseph, P. IV, c. VII.
A suivre... Nom, images et reliques de saint Joseph
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Nom, images et reliques de saint Joseph
Le culte que nous rendons aux Saints ne regarde pas seulement leurs personnes, il embrasse également leurs noms, leurs images et leurs reliques. Ce culte, cependant, n'est pas absolu, mais relatif ; c'est-à-dire qu'il ne s'arrête pas à ces objets, allant droit à la personne à laquelle ils appartiennent.
D'abord, pour ce qui regarde le nom d'une personne, il faut remarquer que ce nom, en tant qu'il est le signe de cette personne que nous avons dans notre esprit, s'identifie avec la personne elle-même qu'il désigne. Par conséquent, de même que nous honorons d'un culte de latrie le nom de Notre-Seigneur et d'un culte d'hyperdulie celui de la très sainte Vierge, ainsi devons-nous attribuer au nom béni du Patriarche saint Joseph un culte de dulie spécial.
La même chose doit se dire de ses images ou statues, le mouvement de notre esprit vers l'image en tant qu'elle sert à représenter une personne, s'identifiant avec le mouvement qui nous porte vers cette personne elle-même. C'est pourquoi on doit honorer d'un même acte de respect l'image et le prototype. Aussi bien, de même que nous adorons, d'un culte de latrie, les images du Christ, et que nous vénérons celles de Marie d'un culte d'hyperdulie, ainsi devons-nous aux images de saint Joseph un culte de dulie spécial.
Quant aux reliques, à celles du moins qui ont appartenu au corps même d'une personne, elles sont également dignes du culte que l'on doit à cette personne, pour avoir été, pendant la vie, les instruments de ses vertus, et pour être destinées, à la résurrection, à participer à la gloire de l'âme bienheureuse. Mais, c'est en vain qu'on rechercherait des reliques corporelles de saint Joseph, puisque, comme nous l'avons dit, il est monté au ciel en corps et en âme. Les autres genres de reliques, c'est-à-dire, les objets qui ont appartenu au saint Patriarche, tels que son anneau nuptial, son manteau, sa ceinture, ou partie de ses habits, objets conservés soigneusement en différents endroits, on les vénère également d'un culte de dulie, à cause, soit du contact personnel qu'ils ont eu avec le saint Patriarche, soit de l'usage que celui-ci en a fait. Il faut cependant observer qu'on ne peut pas attribuer à toutes ces reliques un même degré d'authenticité.
A suivre... Grand développement que le culte de saint Joseph doit prendre à la fin des temps
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: SAINT JOSEPH Époux de la Très Sainte Vierge - par Son Éminence Le Cardinal Lépicier
Grand développement que le culte de saint Joseph doit prendre à la fin des temps
Nous avons vu, à la lumière de l'histoire, quel a été, à partir du XIVe siècle, le merveilleux développement du culte du saint Patriarche Joseph. Ce culte a toujours été en augmentant et si nous en croyons les signes des temps présents, on peut dire qu'il est loin de baisser. Au contraire, nous pouvons, en toute sûreté, souscrire aux paroles d'Isidore de Isolanis, quand, après avoir annoncé ce qui pour nous est maintenant une réalité, que l'Eglise militante honorerait saint Joseph par une nouvelle vénération, il ajoute, comme inspiré par l'Esprit de Dieu, ces autres paroles prophétiques : « Avant le jour du jugement, il arrivera que tous les peuples connaîtront, vénéreront et adoreront le nom du Seigneur, proclamant les grands bienfaits que Dieu nous a assurés en saint Joseph, et qu'il a voulu tenir cachés pendant longtemps. C'est pourquoi, le nom de saint Joseph sera un gage d'innombrables bienfaits. On bâtira des temples et on célébrera des fêtes en son honneur ; les peuples lui offriront des vœux qu'ils accompliront. Car le Seigneur ouvrira aux fidèles les oreilles de l'intelligence et des hommes fameux scruteront les dons intérieurs de Dieu cachés en saint Joseph et trouveront là un trésor excellent, tel que les saints Pères de l'Ancien Testament n'en ont pas trouvé. Tout ceci arrivera surtout par un effet de l'illumination des saints Anges.
« Aux peuples qui l'invoquent, saint Joseph donnera un gage du ciel ; lui, au contraire, restant dans la majesté de sa gloire, ne recevra de gage d'aucun mortel. Dans les Calendriers des Saints, le nom de saint Joseph sera célébré; il ne sera plus à la queue, mais à la tête. Car on fera en son honneur une fête remarquable. Le Vicaire de Jésus-Christ sur la terre, sur l'inspiration de l'EspritSaint, ordonnera qu'on célèbre la fête du très saint Père putatif de Jésus-Christ et de l'Epoux de la Reine du monde, dans toutes les parties de l'empire de l'Eglise militante. »
Epilogue
En voyant comment ces paroles, écrites il y a déjà plus de quatre siècles, se sont déjà en grande partie vérifiées, nous ne pouvons que souhaiter de tout notre cœur, que ce qui manque encore à un plus complet développement de la connaissance, du culte et de l'amour envers le très chaste Epoux de la Vierge Marie, Père nourricier de Jésus-Christ, soit comblé au plus tôt, afin que ce même puissant Patriarche, par la médiation de Marie, Corédemptrice du genre humain, conduise les hommes, dont le patronage lui a été confié, à Jésus-Christ, source inépuisable de vertu, de grâce et de bonheur.
Deo gratias !
- FIN -
Monique- Nombre de messages : 13764
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