Catéchisme catholique (Cardinal Gasparri)

Q. 542. Quel est l'effet des vertus cardinales?

R. La prudence fait qu’en toutes choses, nous jugeons correctement de ce qu’il faut rechercher et de ce qu’il faut éviter, en vue de la vie éternelle;

La justice fait que nous rendons à chacun son dû;

La force fait qu’aucune difficulté, ni persécution, ni la mort même ne nous détourne de poursuivre le bien;

La tempérance fait que nous réprimons les mauvais désirs et que nous n’usons des biens sensibles que selon la droite raison.

Q. 543. Dans la justification, en même temps que la rémission des péchés et les vertus théologales, que reçoit l'homme?

R. Dans la justification, en même temps que la rémission des péchés et les vertus théologales, l’homme reçoit les dons du Saint-Esprit.

Q. 544. Combien y a-t-il de dons du Saint-Esprit?

R. On compte sept dons du Saint-Esprit : la sagesse, l'intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu (1).
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(1) Isaïe, XI, 2, 3; saint Ambroise, Sur les mystères, 42; Sur les Sacrements, III, 8.

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Saint Ambroise, De mysteriis, 42 :

a)  « Tu as reçu le sceau spirituel, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et de piété, l’esprit de sainte crainte : conserve ce que tu as reçu. Dieu le Père t’a marqué de son sceau, le Christ Seigneur t’a confirmé et l’Esprit a déposé son gage dans ton cœur ». (P. L., 16, 402. — R. J., I332).

Du même, De Sacramentis, III, 8 :

b)  « Après [le Baptême], le sceau spirituel...; puisqu’il reste, après [avoir reçu ce qui est] la source, à obtenir la perfection, [c’est ce qui se produit] lorsque, à l’invocation du prêtre, le Saint-Esprit descend dans l’âme, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de piété, esprit de sainte crainte : ce sont là comme les sept vertus de l’Esprit ». (P. L., 16, 434.— R- J., 1337).

Q. 545. Pourquoi ces dons sont-ils infusés?

R. Ces dons sont infusés au juste pour qu'il reçoive et suive avec plus de facilité et de promptitude la motion du Saint-Esprit, qui le pousse, de nombreuses et diverses façons, à faire le bien et à éviter le mal (2).
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(2) Léon XIII, Encycl. Divinum illud munus, 9 mai 1897; saint Thomas, I^a 2^æ, q. 68, a. 3; saint Pierre Canisius, Sur les dons et les fruits du Saint-Esprit, III, B.

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Léon XIII, Encyclique Divinum illud munus, du 9 mai 1897 :

« De plus, le juste, — vivant déjà de la vie de la divine grâce et agissant au moyen des vertus correspondantes comme si elles étaient des facultés, — a absolument besoin de ces sept dons qui sont proprement dits les dons du Saint-Esprit. Par le bienfait de ces dons, l’esprit est fortifié et préparé à suivre plus facilement et plus promptement les paroles et l’impulsion de l’Esprit-Saint : assez efficaces pour conduire le juste au plus haut degré de la sainteté, ils sont si excellents qu’ils demeureront les mêmes dans le royaume des cieux, quoique sous un mode plus parfait ». (Acta Leonis XIII, XVII, 141).

546. Quel secours nous procurent les dons du Saint-Esprit?

R. La sagesse nous aide à trouver notre joie dans la contemplation des choses divines et à juger, selon des raisons divines, les choses divines et humaines;

l'intelligence nous aide à mieux percevoir la crédibilité des mystères de la foi, autant que cela est permis aux hommes;

le conseil nous aide à éviter les embûches du démon et du monde et à reconnaître en cas de doute ce qui convient le mieux pour la gloire de Dieu et le salut de nous-même et du prochain;

la force nous donne une puissance particulière pour surmonter les tentations et les autres obstacles spirituels;

la science nous aide à distinguer correctement ce qu’il faut croire de ce qu’il ne faut pas croire et à nous diriger dans ce qui touche à la vie spirituelle;

la piété nous aide à rendre le culte et les devoirs qui leur sont dus à Dieu, aux Saints et aux hommes qui tiennent auprès de nous la place de Dieu, et à secourir les malheureux pour l’amour de Dieu;

la crainte de Dieu nous fait éviter le péché par la peur d’offenser Dieu qui dérive d’une révérence filiale envers sa divine majesté (1).
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(1) Saint Thomas, 2^a 2^æ, q. 7, a. 1.

Q. 547. Quels sont les effets des vertus théologales et des dons du Saint-Esprit?

R. Les effets des vertus théologales et des dons du Saint-Esprit sont les béatitudes évangéliques et les fruits du Saint-Esprit.

Q. 548. Qu'est-ce que les béatitudes évangéliques?

R. Les béatitudes évangéliques sont celles que le Christ lui-même a proposées dans son sermon sur la montagne; c’est-à-dire :

1° heureux les pauvres en esprit, car le royaume des Cieux est à eux;
2° heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre;
3º heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés;
4º heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés;
5º heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde;
6° heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu;
7º heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu;
8° heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des deux est à eux (1).
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(1) Saint Matthieu, V, 3-10, saint Luc, VI, 20-22.

Q. 549. Pourquoi Jésus-Christ appelle-t-il heureux ceux qui ont ces dispositions d'esprit?

R. Jésus-Christ appelle heureux ceux qui ont ces dispositions d’esprit parce qu’elles leur font obtenir et savourer dans cette vie comme un avant-goût du bonheur éternel (2).
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(2)  Léon XIII, l. c; saint Thomas, I^a II^æ, q. 69, a. I.

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Léon XIII, Encyclique Divinum illud munus, du 9 mai 1897 :

« Par l'œuvre de ces charismes, l’esprit est provoqué, entraîné à désirer et à acquérir les béatitudes évangéliques qui, semblables à des fleurs printanières, sont les signes et les messagères de la béatitude qui ne doit jamais finir ». (Acta Leonis XIII, XVII, 141).

Q. 550. Qui sont les pauvres en esprit qui sont dits heureux?

R. Les pauvres en esprit qui sont dits heureux sont ceux qui ont le cœur détaché des biens extérieurs, surtout des richesses et des honneurs; qui même, le cas échéant, les méprisent librement; qui, s’ils les possèdent, en usent bien et avec mesure;  s’ils   en sont dépourvus, ne les recherchent pas avec sollicitude; s’ils les perdent, en supportent la perte avec soumission à la volonté de Dieu.

Q. 551. Qui sont les doux?

R. Les doux ou les bons sont ceux qui traitent avec bienveillance leur prochain, supportant patiemment les peines qu’il leur cause, sans jamais se plaindre ni se venger.

Q. 552. Qui sont ceux qui pleurent et sont cependant heureux?

R. Ceux qui pleurent et sont cependant heureux sont ceux qui ne recherchent nullement les plaisirs du monde, qui, soumis à la volonté de Dieu, supportent avec joie les épreuves de cette vie, qui font pénitence pour les péchés commis et déplorent sincèrement la méchanceté de ce monde, ses scandales et les risques que court le salut.

Q. 553. Qui sont ceux qui ont faim et soif de justice ?

R. Ceux qui ont faim et soif de justice sont ceux qui chaque jour s’appliquent à progresser dans les œuvres de justice et de charité.

Q. 554. Qui sont les miséricordieux ?

R. Les miséricordieux sont ceux qui pour l’amour de Dieu font part de leurs biens au prochain et s’appliquent à soulager sa misère corporelle ou spirituelle.

Q. 555. Qui sont ceux qui ont le cœur pur?

R. Ceux qui ont le cœur pur sont ceux qui ne fuient pas seulement le péché mortel, surtout le péché d’impureté, mais qui s’abstiennent aussi, autant qu’ils peuvent, du péché véniel.

Q. 556. Qui sont les pacifiques?

R. Les pacifiques sont ceux qui non seulement gardent la paix avec le prochain, mais s’appliquent à la faire régner parmi les autres.

Q. 557. Qui sont ceux qui souffrent persécution pour la justice ?

R. Ceux qui souffrent persécution pour la justice sont ceux qui supportent avec patience les railleries, les calomnies et les persécutions pour l’amour de Jésus-Christ.

Q. 558. Combien y a-t-il de fruits du Saint-Esprit et quels sont-ils?

R. Saint Paul énumère douze fruits du Saint-Esprit : la charité, la joie, la paix, la patience, la bénignité, la bonté, la longanimité, la mansuétude, la foi, la modestie, la continence, la chasteté (1).
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(1) Saint Paul, Épître aux Galates, V, V,22, 23; saint Thomas, I ^a II ^æ, q. 70, a. I, 3.

L'ordre des dons. - On peut regretter que nos catéchismes, la liturgie de la Confirmation et la plupart des théologiens aient conservé la liste des dons du Saint-Esprit dans l'ordre où la Bible la présente au chapitre XI d'Isaïe ; car cette classification, parfaitement justifiée sous la plume du prophète, rend extrêmement laborieuse les interprétations qu'on en fait et les commentaires qu'on en donne.

Il les contemplait, lui, à l'avance, dans la personne du Messie : '' L'Esprit du Seigneur se reposera sur lui, Esprit de Sagesse et d'Intelligence, Esprit de Conseil et de Force, Esprit de Science et de Piété, il sera rempli de l'Esprit de Crainte du Seigneur '' (Is., XI, 2).

Mais, précisément parce qu'il parlait du Verbe incarné qui vient d'En Haut pour descendre jusqu'à nous, qui s'abaisse à notre niveau pour nous apprendre à remonter avec lui jusqu'à Dieu, l'ordre indiqué par l'écrivain sacré et qui convenait au Christ, doit être pris dans le sens inverse pour s'appliquer à nous ; car le dernier échelon que quitte celui qui descend est le premier qui s'impose à celui qui veut monter.

Le Psalmiste nous avait prévenus ; il nous avait donné d'avance la clef du problème : '' Initium sapientiae, timor Domini '' (Ps., cx, 10) : vous voulez vous élever au sommet de la perfection, atteindre la Sagesse, le don de la Sagesse, commencez par vous établir solidement dans la Crainte de Dieu.

Cette façon d'envisager les dons du Saint-Esprit est assurément la plus simple, la plus rationnelle, la plus claire et la plus pratique.

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(LE DIVIN MÉCONNU - Par Mgr Landrieux - 1921 - p. 94.)