L’art chrétien et les Catacombes.
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Re: L’art chrétien et les Catacombes.
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LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE VII.
Vases dorés trouvés dans les catacombes.
(SUITE)
CHAPITRE VII.
Vases dorés trouvés dans les catacombes.
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Rome Souterraine, p. 414.Les représentations des apôtres, si fréquentes dans les coupes chrétiennes, sont-elles des portraits, ou simplement des types conventionnels inventés par les peintres et perpétués par une tradition artistique? Eusèbe affirme avoir vu « des portraits des apôtres Pierre et Paul et du Christ lui-même exécutés en peinture, » et il ajoute que « c'était la coutume des anciens d'accorder cet honneur à ceux qui les avaient sauvés ou délivrés d'un péril (1). » On ne peut nier que le visage des apôtres ne présente, sur un grand nombre de verres, une certaine fixité de type qui permettrait souvent de les reconnaître, même en l'absence de toute inscription (2).
La plus ancienne image connue des deux apôtres est probablement celle qui se voit sur une médaille de bronze conservée à la bibliothèque Vaticane (planche X, n° 1). Cette médaille a près de sept centimètres et demi de diamètre : elle est d'un style ferme et vraiment classique ; les têtes sont terminées au burin avec le plus grand soin. Elle fut découverte par Boldetti dans le cimetière de Domitille et remonte probablement à l'époque des Flaviens, quand l'art grec florissait encore à Rome. Les portraits sont vivants et naturels : ils ont un accent individuel très-marqué. Une des têtes est couverte d'une chevelure courte et bouclée ; la barbe, également bouclée, est courte, les traits du visage sont rudes, un peu vulgaires. L'autre figure a plus de caractère, un aspect plus noble et plus fin : le front est chauve, la barbe épaisse et longue. Cette précieuse médaille est conforme à la tradition conservée par Nicéphore Calliste (3) relativement à l'apparence personnelle des deux apôtres; la tête plus rude est celle de saint Pierre, l'autre celle de saint Paul. Ces différences…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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CHAPITRE VII.
Vases dorés trouvés dans les catacombes.
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CHAPITRE VII.
Vases dorés trouvés dans les catacombes.
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…Ces différences individuelles se retrouvent dans la plupart des verres, à l'exception de quelques-uns d'une exécution très-inférieure. Les deux apôtres sont souvent représentés l'un à côté de l'autre, debout ou assis. Quelquefois le Christ tient dans les airs une couronne suspendue sur la tête de chacun d'eux; d'autres fois une seule couronne pend entre Pierre et Paul, comme pour montrer que « dans la mort ils ne furent pas séparés. » La couronne est quelquefois une sorte de cercle dans lequel est inscrit le labarum ou le monogramme ; souvent elle est supportée par un pilier, comme pour symboliser « le pilier et le fondement de la vérité, » qui est « l'Église connue dans tout l'univers, la très-grande et très-ancienne Église fondée et organisée par les glorieux apôtres Pierre et Paul (1). » M. Palmer (2) conjecture que, sur beaucoup de ces verres, l'Église romaine est personnifiée dans ses deux fondateurs et patrons plutôt que les apôtres eux-mêmes n'y sont personnellement représentés. C'est ainsi que nous les voyons placés debout aux côtés de la sainte Vierge, de sainte Agnès et d'autres saints, qui ont les mains étendues dans l'attitude de la prière (3), tandis que les apôtres se tiennent droits, les bras pendants ou ramenés sur la poitrine, et quelquefois même sont représentés de plus petite stature. On ne peut avoir voulu mettre sainte Agnès au-dessus du chef des apôtres, ni la montrer priant pour des saints qui avaient « achevé leur course » près d'un siècle et demi avant elle. Il nous semble plutôt voir, dans ces compositions, sainte Agnès, sainte Peregrina, la sainte Vierge elle-même priant pour l'Église de Rome fondée par les deux apôtres, et, en même temps, pour l'Église entière.
L'Église romaine honorait sainte Agnès d'un culte de prédilection. L'Église romaine honorait sainte Agnès d'un culte de prédilection. Le culte de la jeune martyre était répandu par toute la terre, dit saint Jérôme : on en trouve des traces en Gaule dès le IVe siècle (4). Le pape saint Damase avait une grande confiance dans ses prières; cette inscription se lit encore à l'entrée de la célèbre basilique de la voie Nomentane :
Sainte Agnès est quelquefois représentée seule…
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(1). Iren., adv. Hæres., III, 3. — (2). Early Christian Symbolism., p. 21. — (3). Planche IX, n° 1. — (4.) Ed. Le Blant, Inscript, chrét. de la Gaule, t. II, n° 610.
Rome Souterraine, p. 415-16.
Dernière édition par Louis le Sam 11 Juil 2015, 12:02 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation et correction d'un lien.)
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Louis- Admin
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Rome Souterraine, p. 416-17Sainte Agnès est quelquefois représentée seule (1) sur les fonds de coupe ; après saint Pierre et saint Paul, aucun saint ne s'y voit aussi souvent.
La position respective des deux apôtres dans les anciennes œuvres d'art a été l'objet de nombreuses discussions, qui n'ont point cessé depuis le temps de saint Pierre Damien. Il semble impossible d'établir sur ce point aucune règle fixe. Saint Pierre occupe le plus souvent la droite de saint Paul, ou la droite du Christ quand il est représenté entre les deux apôtres; mais, dans un certain nombre de monuments, cet ordre est interverti. Cela ne prouve ni l'égalité des deux apôtres, ni, comme on essayait récemment de rétablir avec un grand sérieux, la supériorité hiérarchique de saint Paul sur saint Pierre (2). Cette distinction de la droite et de la gauche était assez indifférente aux anciens. On trouve une fois Jésus-Christ représenté à la gauche de saint Paul. Sainte Agnès est quelquefois à la droite, et Marie à la gauche. Souvent, dans les fonds de coupe, le mari est dessiné à la gauche de sa femme. Les artistes païens représentant Jupiter entre Junon et Minerve observent la même indifférence quant à la position respective des deux déesses. La primauté de saint Pierre est clairement attestée sur quelques-uns de nos verres par un symbole dont le sens ne peut être mis en doute. Il apparaît quelquefois sous le type de Moïse frappant le rocher. Le sens du rocher est bien clair : « ils burent du rocher spirituel qui les suivait, dit saint Paul, parlant des Juifs, et ce rocher était le Christ (1). » Mais, quelque beau et naturel que soit ce symbolisme, nous n'aurions osé…
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(1). Cor., x, 4.planche IX, n° 2
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Mais, quelque beau et naturel que soit ce symbolisme, nous n'aurions osé
affirmer que le personnage qui frappe le rocher est saint Pierre, si, deux fois au moins, le nom PETRVS ne se lisait auprès de lui. Un des verres où il est représenté et désigné ainsi est connu de toutes les personnes qui ont visité la bibliothèque Vaticane (voir planche X, n° 2); le second, conservé dans la même collection (fig. 39), mais dont la
surface, corrodée par le temps, avait perdu toute transparence, a été, en 1867, nettoyé par M. Tessieri, directeur du cabinet des médailles au Vatican (1). Devenu clair et diaphane, ce verre a laissé voir, découpée dans la feuille d'or qu'il recouvre, la figure de saint Pierre frappant le rocher symbolique. Il diffère peu sensiblement du premier ; en l'examinant de près, cependant, on y reconnaît la main d'un autre artiste.
Ces précieux verres nous donnent la clef de plusieurs peintures des catacombes, et de nombreux bas-reliefs des sarcophages chrétiens…
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(2). Représentant le Christ entre saint Pierre et saint Paul; au-dessous, le Christ sous la figure de l'agneau ; les Juifs et les gentils venant de Jérusalem (Ierusale) et de Bethléem (Becle) vers le mont Sion, d'où coulent les quatre fontaines évangéliques unies dans le mystique Jourdain (Jordane). — La partie inférieure de ce verre rappelle la mosaïque du VIesiècle qui orne l'abside de l'église des Saints Come et Damien, celles du IXe de l'abside des églises de Sainte- Praxède et de Sainte-Cécile, celle du XIIe de la voûte de Sainte-Marie in Transtevere, celle du XIIIe de l'abside de l'église supérieure de Saint-Clément : seulement, dans la plupart de ces mosaïques, les brebis qui entourent l'agneau divin sont au nombre de douze, représentant sans doute les douze apôtres. — A la partie supérieure du verre que nous publions, on peut voir, sur le palmier symbolique, le phénix, la tête entourée du nimbe (cf. page 302) : il est peut-être placé près de saint Paul pour montrer que celui-ci a été l'apôtre par excellence du dogme de la résurrection. Le palmier, mais sans le phénix, est également représenté près de saint Pierre : le palmier, à une certaine époque, paraît avoir symbolisé les apôtres : peut-être aussi n'est-il représenté ici que comme symbole d'immortalité. — (1). Bullett. di arch. crist. 1868, p. 1-6.
Rome Souterraine, p. 417-19.
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Vases dorés trouvés dans les catacombes.
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Ces précieux verres nous donnent la clef de plusieurs peintures des catacombes, et de nombreux bas-reliefs des sarcophages chrétiens. Ils nous montrent que saint Pierre était considéré par les premiers chrétiens comme le Moïse « du nouvel Israël de Dieu, » selon le mot de Prudence; et cela explique pourquoi la verge, signe du commandement et de la puissance, ne se rencontre jamais que dans trois mains : celle de Moïse, celle de Jésus, celle de Pierre. Elle appartient premièrement, et par un droit inhérent à sa personne, au Christ, Fils éternel de Dieu. Par lui elle fut déléguée à Moïse, de qui Dieu a rendu ce témoignage : « Il est le plus fidèle dans toute ma maison (2). » Pendant un petit nombre d'années la verge du commandement fut visible dans la main du Verbe incarné, et, quand il eut quitté la terre, « alors, dit saint Macaire d'Égypte, à Moïse succéda Pierre, à qui sont confiés la nouvelle Église de Dieu et le sacerdoce véritable (3). »
Nous comprenons maintenant pour quelle raison, dans les bas-reliefs des sarcophages, la figure qui frappe le rocher est presque toujours rapprochée du prince des apôtres conduit en prison par les satellites de Hérode, et pourquoi le parallélisme est souvent poussé jusqu'à une similitude de disposition, d'attitudes et de mouvement dans les deux scènes. Le plus frappant exemple de ce rapprochement se voit dans le grand sarcophage qui est placé à l'extrémité de la principale salle du musée de Latran (planche XIX). Il est divisé en quatre compartiments : dans l'un est un abrégé de la vie de saint Pierre. D'abord…
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(2). Num., XII, 7; Cf. Hébr., III, 5, 6. — (3). Hom. XXVI, 23. — Tertull., de Monogamia, 6, appelle les Juifs Imago noistra. Saint Bernard, de Consider. ad Eugen., parle de Pierre comme « primatu Abel, gubernatu Noe,... auctoritate Moyses. »
Rome Souterraine, p. 419.
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Il est divisé en quatre compartiments : dans l'un est un abrégé de la vie de saint Pierre. D'abord nous le voyons debout, le bâton du commandement à la main, près de Notre-Seigneur qui lui prédit sa chute, symbolisée par un coq placé à ses pieds. Puis nous le voyons fait prisonnier par les soldats d'Agrippa, mais portant encore la verge dans sa main, car « le Verbe de Dieu n'est pas enchaîné, » et aucune violence humaine ne peut arracher au vicaire de Jésus-Christ le signe de la juridiction qu'il a reçue d'en haut (1). Enfin il apparaît sous la figure de Moïse qui, de cette même verge, frappe « le rocher spirituel » et en fait jaillir l'eau de la grâce. Nous avons déjà vu la même idée exprimée dans les peintures des plus anciens cubicula des catacombes. La grâce de tous les sacrements y est représentée découlant de cette première fontaine dont saint Pierre a ouvert la source.
Au commencement du Ve siècle, saint Augustin, écrivant au pape Innocent Ier, exprime la même idée en ces termes : « Nous ne versons pas notre petit ruisseau pour accroître votre grande fontaine, mais nous vous demandons de décider si notre ruisseau, si petit qu'il soit, tire son origine de cette source commune des rivières d'où vient votre abondance (2). »
Dans sa réponse, le pape parle de saint Pierre comme de celui « de qui découle l'épiscopat et toute l'autorité de ce siège apostolique,... afin que de là les autres Églises puissent apprendre ce qu'elles doivent ordonner, qui elles doivent absoudre, quels êtres corrompus doit éviter le fleuve qui ne peut toucher que des corps purs; de même que de leur source natale viennent toutes les eaux, qui, de là, se répandent dans tout le monde, en conservant la pureté qu'elles tiennent de leur origine (1). »
Parmi les verres publiés par le P. Garrucci…
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(1). Cette scène si souvent répétée ne peut l'être sans motif. L'explication la plus raisonnable de sa fréquente reproduction est que l'emprisonnement de saint Pierre et sa miraculeuse délivrance, après laquelle « il s'en alla dans un autre lieu » (Act.} XII, 17), furent l'occasion de sa venue à Rome, où la même scène eut lieu si souvent lors de l'emprisonnement et du martyre de ses successeurs. L'événement analogue de la vie de saint Paul (son emprisonnement et sa délivrance à Philippes) n'est jamais représenté dans les monuments primitifs. — V. Palmer, loc. cit., p. 18. — (2). S. Aug., Epist. 177.
Voir à l'Appendice la note C, sur la Chaire de Saint Pierre.
Rome Souterraine, p. 420.
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Rome Souterraine, p. 421-3.Parmi les verres publiés par le P. Garrucci, on en remarque un grand nombre de très-petites dimensions. On a supposé qu'ils avaient appartenu à des coupes plus petites ; mais, en les examinant de près, et en les comparant aux fragments d'un plat de verre découvert à Cologne, on reconnaît qu'ils faisaient autrefois, plusieurs ensemble, partie d'une même patène, dans laquelle ils étaient insérés en guise de médaillons. Rarement ces petits disques de verre contiennent un sujet entier. L'un, par exemple, renferme la figure d'Adam ; un autre celle d'Ève, un troisième l'image du serpent. Les trois enfants dans la fournaise sont représentés chacun sur un verre séparé, de même que les trois Mages. Jésus-Christ ou saint Pierre est dessiné une douzaine de fois, le bâton à la main, tandis que dans un autre médaillon on voit le paralytique emportant son lit, Lazare enveloppé de bandelettes debout devant la porte du tombeau, ou le rocher d'où l'eau s'échappe.
Quelquefois ces médaillons, enlevés du plat ou de la large coupe qu'ils ornaient, et qui sans doute s'était trouvée brisée, étaient portés au cou en guise de pieuse médaille (2) : le P. Garrucci a publié une petite rondelle de verre, représentant un des Mages, et par conséquent détachée d'une série complète, qui a été trouvée dans le mortier fermant le tombeau d'un enfant : l'original, conservé au Vatican, est entouré d'un petit cercle de cuivre, auquel est attaché un anneau. Le véritable usage de ces médaillons de verre ornés de figures est démontré, comme nous l'avons dit, par les fragments
découverts à Cologne d'un plat d'environ vingt-deux centimètres et demi de diamètre, dans lequel avaient été insérés, pendant que le verre blanc était en fusion, un certain nombre de petits médaillons en verre coloré semblables à ceux que l'on a quelquefois trouvés à Rome, et formant ensemble une série de sujets bibliques. Ces médaillons, composés d'un double disque, ont résisté à l'action du temps et aux accidents qui ont brisé le verre plus fragile de la patène. M. de Rossi a vu sur le plâtre de plusieurs loculi l'empreinte de plats de dimensions analogues, que l'on avait sans doute brisés en essayant de les détacher du ciment auquel ils adhéraient (1).
Nous avons fait allusion à la destination probable de ces verres…
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(2). Sur les médailles de dévotion des six premiers siècles, voir Bull. di arch. crist. , 1869, p. 33-45, 49-59. — (1) Bullett. di arch. crist., 1864, pp. 89-91.
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Rome Souterraine, p. 423-4.Nous avons fait allusion à la destination probable de ces verres : on s'en servait dans les agapes, particulièrement dans celles qui se célébraient en l'honneur des saints. Les dessins et les inscriptions de beaucoup d'entre eux montrent qu'ils figuraient aussi dans les fêtes nuptiales ou le jour anniversaire d'une naissance, d'un mariage, d'un décès. Quelques-unes de ces coupes ont-elles servi de calices ou de patènes dans la célébration du sacrifice de la messe ?
Le passage si connu dans lequel Tertullien raille le pape Calliste d'avoir fait peindre sur les calices l'image du Bon Pasteur (2) nous permet de supposer que les calices du IIe et du IIIe siècle furent souvent faits de même matière et ornés dans le même style que les coupes de verre qui viennent d'être décrites et au fond desquelles transparaît souvent (perlucebit) cette figure si chère à l'art chrétien.
Le célèbre graal ou sacro catino conservé à Gênes, qui fut, dit-on, le calice même dont Notre-Seigneur se servit dans l'institution de l'Eucharistie, et dont la conquête fit faire de si beaux exploits et courir de si romantiques aventures aux paladins des vieux poèmes, est en verre, de forme hexagonale ; mais nous ne tirerons point de conclusions d'une relique aussi légendaire (3).
D'après le Liber pontificalis, le pape Zéphyrin ordonna que, pendant la messe célébrée par l'évêque, les ministres tiendraient devant lui des patènes de verre, dans lesquelles les prêtres viendraient prendre la couronne consacrée (c'est-à-dire le pain eucharistique en forme de couronne) pour la distribuer au peuple.
Vingt ans plus tard, saint Urbain « ordonna que les vases sacrés seraient tous d'argent, et fit faire vingt-cinq patènes de ce métal. »
Des auteurs ecclésiastiques du moyen âge, tels qu'Honorius d'Autun, ont conclu de ces passages que « les apôtres et leurs successeurs célébraient la messe dans des calices de bois, le pape Zéphyrin dans des vases de verre, et qu'à partir du pape Urbain il ne fut plus permis au célébrant de se servir de vases qui ne seraient pas d'or ou d'argent (1). »
Les textes du Liber pontificalis ne comportent pas une aussi étroite limitation de la période dans laquelle des vases de verre furent employés pour l'oblation eucharistique…
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(3). Didron, Iconographie chrétienne , t. I. — (1). De gemma anima, I, 89.
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Rome Souterraine, p. 424-5.
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CHAPITRE VII.
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CHAPITRE VII.
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Les textes du Liber pontificalis ne comportent pas une aussi étroite limitation de la période dans laquelle des vases de verre furent employés pour l'oblation eucharistique. Ils ne disent pas qu'Urbain défendit l'usage de calices qui ne seraient pas faits de métaux précieux ; ils rapportent seulement qu'il fit faire des vases d'argent, et en particulier un certain nombre de patènes correspondant à celui des tituli ou paroisses de Rome. L'histoire de saint Sixte II et de saint Laurent montre que les trésors de l'Église étaient sans cesse exposés à la confiscation : avoir toujours à sa disposition des calices d'or et d'argent aurait été aussi difficile à l'Église persécutée qu'il le serait de nos jours aux communautés chrétiennes qui vivent sous le joug musulman (2).
Quand vinrent des temps plus prospères, quand les libéralités des empereurs et des riches Romains convertis eurent rempli de vases précieux le trésor de l'Église, l'usage des calices de verre disparut sans doute peu à peu (3), et peut-être quelques-uns de ces verres, désormais hors d'usage, mais qui avaient, aux jours de la persécution, contenu le sang de Jésus-Christ, furent-ils déposés comme signe de respect et d'affection, comme de pieuses reliques, près de la tombe des défunts ; plusieurs des fonds de coupe que nous possédons peuvent être, dans cette hypothèse, des fragments de calices.
Les patenæ vitreæ dont parle le Livre pontifical n'étaient pas des calices...
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(2). L'un des auteurs de ce livre, voyageant sur le Nil, reçut un jour la visite d'un prêtre copte qui avait vu un verre à bière dans le salon du paquebot, et le demandait avec instance pour en faire un calice. En Égypte, toutes les communautés coptes se servent de calices de verre. — (3). Au IVe siècle, et même plus tard, on se servait librement, sinon à Rome, au moins hors de Rome, de vases de verre pour la célébration du sacrifice de la messe. — Bianchini, Anastas. vitæ pontif. , t. II, pp. 171, 179.
Rome Souterraine, p. 424-5.
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A suivre : Chapitre VIII. Sarcophages chrétiens.
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CHAPITRE VII.
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CHAPITRE VII.
Vases dorés trouvés dans les catacombes.
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Rome Souterraine, p. 425-6.Les patenæ vitreæ dont parle le Livre pontifical n'étaient pas des calices. Elles ne servaient pas à l'évêque ou au prêtre célébrant ; mais, selon l'antique discipline, d'après laquelle, les dimanches et les jours de fête, tous les prêtres des villes épiscopales devaient assister à la messe de l'évêque, saint Zéphyrin ordonna que les prêtres des divers tituli fussent accompagnés en ces occasions par un ministre portant une patène de verre, sur laquelle un certain nombre d'hosties consacrées seraient déposées pendant la messe de l'évêque, et emportées par les prêtres pour être distribuées par eux aux fidèles de leurs paroisses respectives, « tous participant au même pain, » en signe d'union avec l'évêque qui l'avait consacré. « Pensez, dit saint Ignace d'Antioche, que vous n'avez qu'une seule Eucharistie; car la chair de Notre-Seigneur Jésus-Christ est une, et il n'y a qu'un calice dans l'unité de son sang. Un seul autel, un seul évêque, avec les prêtres et les diacres, mes compagnons dans le service de Dieu (1). »
Les fragments des deux grandes patènes découvertes à Cologne correspondent exactement aux patènes eucharistiques prescrites par Zéphyrin. Les sujets bibliques qui les décorent, l'absence, sur l'une et l'autre, de toute inscription faisant allusion à la joie des festins et à des réjouissances profanes, s'accordent parfaitement avec cet usage liturgique ; et l'on peut supposer que les petits médaillons de verre dont nous avons parlé sont aussi des débris des patènes sur lesquelles on transportait le saint sacrement de l'autel dans les diverses églises de Rome.
Le P. Garrucci admet cette hypothèse, quoique, d'après lui, aucun des fonds de coupe trouvés dans les catacombes n'ait fait partie d'un calice. La patena découverte près de l'église de Sainte-Ursule en 1866 diffère de celle que nous publions plus haut en ce que les sujets, au lieu d'être des médaillons formés d'un double verre, sont peints en or et en couleurs sur la surface du plat (1); ils sont d'un dessin plus correct et paraissent appartenir à une meilleure époque.
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(1). S. Ignat., ad Philadelph., 4. Cf. ad Smyrn., 8 : « Que l'on considère comme une vraie Eucharistie celle qui est administrée par l'évêque ou par celui qu'il en a chargé. » — (1). M. de Rossi a découvert, en 1873, dans l'arénaire voisin du cimetière de Thrason, un grand disque de verre fixé, en guise d'ornement, au mortier fermant un loculus : sur ce disque étaient peints des fruits et des oiseaux. Rien n'autorise à le croire de fabrication chrétienne. Bull, di arch. crist., 1873, p. 21 et tav. III, n° 1.
A suivre : Chapitre VIII. Sarcophages chrétiens.
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Rome Souterraine, p. 427-8.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
SOMMAIRE. — Les chrétiens se servirent de sarcophages des le temps des apôtres. — Leur usage ne devint jamais général, cependant. — Absence de sculptures chrétiennes sur les sarcophages pendant l'époque des persécutions. — Sujets choisis par les chrétiens dans les ateliers de sculpteurs païens. — Scènes pastorales. — Ulysse et les Sirènes. — Description des sarcophages chrétiens du musée de Latran, postérieurs à Constantin. — Le sarcophage situé au fond du vestibule. Sujets : la sainte Trinité, la chute originelle, l'Épiphanie, figures eucharistiques, saint Pierre, Daniel dans la fosse aux lions. — Statuettes du Bon Pasteur : rareté des statues chrétiennes primitives.— Sarcophage avec un bas-relief représentant Jonas. — Sarcophage sur lequel sont sculptés Caïn et Abel offrant le sacrifice. — Sarcophage trouvé à Saint-Paul-hors-des-Murs. Sujets : Pilate se lavant les mains, saint Pierre, Daniel. — Sarcophage avec l'image du labarum et des scènes de la Passion. — Sarcophage sous un dais sculpte : Notre-Seigneur et ses apôtres, saint Pierre et saint Paul, reniement de saint Pierre.— Bas-relief représentant Élie enlevé au ciel. — La Nativité. — Sarcophage de Junius Bassus : figure de l'agneau substituée à celle du Christ dans la représentation des miracles évangéliques. — Statue de saint Hippolyte, IIIe siècle. — Canon pascal. — Sarcophages de Spolète et de Tusculum.
Dans le cours du précédent chapitre, nous avons plusieurs fois parlé des sarcophages ou cercueils de pierre dans lesquels furent déposés quelques-uns des plus illustres chrétiens enterrés dans les catacombes. L'usage des sarcophages vient de l'Egypte, et des temps les plus reculés. Il devint fréquent à Rome à une époque où celui de brûler les cadavres n'était pas encore général. Il le redevint sous les Antonins. Des sarcophages païens se rencontrent dans tous les musées. La plus nombreuse collection de sarcophages chrétiens se voit dans la grande salle ou le grand vestibule du palais de Latran. Elle a été mise en ordre par le P. Marchi ; des additions y ont été faites à diverses reprises par M. de Rossi. Avant d'étudier cette intéressante collection de sculptures chrétiennes, nous devons rechercher à quelle époque et dans quelle proportion les chrétiens se servirent de sarcophages pour enterrer leurs morts. Cette étude fera connaître d'une manière générale la date des monuments que nous passerons ensuite en revue.
On a vu que la plus ancienne partie de la catacombe de Sainte-Domitille, construite sous les Flaviens, fut d'abord destinée seulement à contenir des sarcophages. Plus tard, quand cet antique hypogée eut été mis en communication avec la catacombe voisine, on creusa des loculi dans le stuc qui garnissait les murailles ; mais les niches larges et régulières, disposées pour recevoir des sarcophages, que l'on voit encore de chaque côté de l'ambulacre, font seules partie du plan primitif (1). Dans ce cimetière fut enterrée sainte Pétronille. Elle reposait dans un sarcophage que le pape Paul Ier fit transporter avec son corps au Vatican. En 1474, Louis XI fit restaurer l'autel de la sainte ; les travaux qui y furent faits mirent à nu son tombeau. Le pape Sixte IV, écrivant au roi, lui en donne ainsi la description : « Il porte aux quatre coins l'image d'un dauphin, qui semble garder et vénérer ce glorieux sépulcre. » Plusieurs des plus anciens sarcophages trouvés dans les catacombes sont ainsi ornés de dauphins (voir planche XX, n° 1 ). Sur celui de sainte Pétronille est gravée l'inscription suivante :
écrite, dit-on, de la main même de saint Pierre, dont cette sainte « de la maison de César » était la fille spirituelle (2). Le sarcophage de saint Lin, successeur immédiat de l'apôtre…
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(1). Voir page 107. — (2) Le gentilitium Aurélia montre bien que sainte Pétronille ne peut être que la fille spirituelle de l'apôtre, et non sa fille selon la chair. Voir pages 54, 55; cf. Bull, di arch. crist., 1865, p. 46.
Rome Souterraine, p. 427-8.
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Rome Souterraine, p. 429.
LIVRE IV
L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
Le sarcophage de saint Lin, successeur immédiat de l'apôtre, fut trouvé, comme nous l'avons raconté plus haut (1), dans la confession de saint Pierre, pendant les travaux exécutés sous le pontificat d'Urbain VIII. Ces deux exemples, comparés à l'architecture de la plus ancienne partie de la crypte de Domitille, montrent que, dès les premiers temps du christianisme, les fidèles usèrent de sarcophages. Plusieurs raisons, cependant, empêchèrent que cet usage devînt général parmi eux.
La principale est celle-ci : un sarcophage était un meuble coûteux, un objet de luxe, et la plupart des membres de la communauté chrétienne étaient pauvres. Aussi voyons-nous, dès l'origine des catacombes, le sarcophage de pierre remplacé par le sepolcro a mensa, sorte de sarcophage taillé dans le roc même; l'arcosolium, qui devint en usage plus tard, n'est pas autre chose qu'un sarcophage également taillé dans le roc, et surmonté d'une niche cintrée (2).
Même dans les occasions où les fidèles enterrèrent quelques-uns de leurs morts dans des sarcophages, ils ne paraissent pas, avant la fin des persécutions, avoir orné ceux-ci de sculptures d'un caractère clairement chrétien. Sur les quatre cent quatre-vingt-treize inscriptions datées des quatre premiers siècles recueillies par M. de Rossi, dix-huit seulement ont été lues sur des sarcophages, et de celles-là quatre seulement portent des dates antérieures à Constantin. Les sarcophages sur lesquels ces dernières ont été lues sont ornés de génies, de griffons, de scènes pastorales, de scènes de chasse. Le plus ancien sarcophage à date certaine sur lequel se voient des sculptures indubitablement chrétiennes a été trouvé dans le cimetière des saints Pierre et Marcellin : il représente la Nativité, avec le bœuf et l'âne; on y lit une date consulaire correspondant à l'année 343.
On ne peut expliquer ce tardif essor de la sculpture chrétienne en disant que l'Église…
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(1). Pages 97, 98. — (2). Voir figures 4, 5, page 41.
Rome Souterraine, p. 429.
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L’ART CHRÉTIEN.
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
Rome Souterraine, p. 430-1.On ne peut expliquer ce tardif essor de la sculpture chrétienne en disant que l'Église vit avec défaveur la représentation des sujets et des symboles religieux. S'il en avait été ainsi, la même règle eût été appliquée à la peinture, et nous avons vu, au contraire, celle-ci se développer librement dès les temps apostoliques. Le contraste offert pendant les persécutions par ces deux branches de l'art chrétien s'explique tout naturellement par les conditions différentes dans lesquelles étaient placés les peintres et les sculpteurs.
Caché dans les entrailles de la terre, avec ses couleurs et son pinceau, le peintre poursuivait son œuvre dans une liberté et une sécurité relatives. Le sculpteur, au contraire, dont l'atelier était situé dans Rome même, n'eût pu tailler dans la pierre des sujets chrétiens sans faire, souvent au péril de sa vie, profession ouverte de christianisme. Aussi, sur les quelques sarcophages des catacombes antérieurs à Constantin, l'idée chrétienne n'apparaît jamais que sous un voile, cachée dans quelque figure symbolique plus ou moins connue et employée par les païens.
Au contraire, sur les sarcophages si nombreux postérieurs à la paix de l'Église, on retrouve ces mêmes séries de sujets sacrés, ce même symbolisme réduit en un système régulier, que nous avons étudiés dans les fresques souterraines du IIe et du IIIe siècle.
La paix n'eut pas été plus tôt donnée à l'Église que l'art chrétien, comme une source longtemps retenue dans les entrailles de la terre, jaillit de toutes parts, apparut à ciel ouvert sur tous les points à la fois du monde romain. Des sarcophages du IVe siècle ornés de sculptures chrétiennes ont été trouvés à Arles (1) et dans tout le midi de la France, à Saragosse, en Afrique, aussi bien qu'à Rome, à Ravenne, à Milan et dans toute l'Italie.
La formation d'une école chrétienne de sculpture n'était pas possible avant la fin des persécutions. Aussi, pendant les trois premiers siècles, était-il presque toujours nécessaire, pour se procurer des sarcophages, d'avoir recours aux ateliers ou aux boutiques des marbriers païens. Quand on examine les fragments des sarcophages de cette époque trouvés dans les catacombes, on reconnaît le soin avec lequel les chrétiens, en les commandant ou en les achetant, ont évité tout ce qui eût senti l'idolâtrie, toute sculpture représentant des rites païens, des faux dieux, des scènes mythologiques. Sur quelques sarcophages des catacombes, cependant, on rencontre des sujets de cette nature; mais toujours ils ont été effacés, mutilés à coups de marteau ou de ciseau, ou bien le côté sur lequel ils sont sculptés a été posé contre la muraille, de façon à n'être pas vu. Quand un fragment de sarcophage orné de figures mythologiques était employé, à défaut d'une autre pierre, pour boucher un loculus, on avait soin, de même, de tourner la face sculptée vers l'intérieur de la tombe. On a trouvé dans la crypte de Lucine…
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(1). Un grand nombre de sarcophages chrétiens découverts à Arles sont maintenant au musée de cette ville, qui paraît avoir possédé une importante école de sculpture chrétienne. Sur les couvercles de ces sarcophages, à la place où les païens sculptaient des masques et des têtes décoratives, et les chrétiens de Rome les portraits de saint Pierre et de saint Paul, apparaît souvent une tête jeune et imberbe, d'un type à peu près immuable, et offrant les caractères d'un portrait : M. de Rossi y voit le portrait du patron d'Arles, le jeune martyr Genest. — Bull. di arch. crist. , 1864, p. 46-48.
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(SUITE)
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Rome Souterraine, p. 431-2.On a trouvé dans la crypte de Lucine
un sarcophage dont une des faces représente une bacchanale : elle avait été tournée vers la muraille, et la face nue, destinée, dans l'intention de l'artiste, à être appuyée contre les parois de la chambre sépulcrale, était au contraire exposée à la vue, et portait inscrit le nom de la défunte, IRENE. Les sarcophages découverts dans les catacombes sont quelquefois simplement ornés de festons ou de lignes ondulées (fig. 41 ) ; ou de scènes empruntées à la vie pastorale, à l'agriculture, à la chasse; ou même, mais plus rarement, de masques ou figures comiques.
On trouve, parmi les bas-reliefs des tombeaux païens, des scènes pastorales, l'image d'un ou plusieurs bergers, qui parfois (cela est rare) portent une brebis sur les épaules. De tels sujets, qui se rencontrent fortuitement avec les plus chères figures du symbolisme chrétien, bien que séparés d'elles par des différences qui empêchent de les confondre, étaient faciles à tourner à un sens spirituel, et il n'est pas surprenant qu'ils aient été choisis de préférence par les fidèles qui achetaient des sarcophages.
Nous en dirons autant des nombreux sarcophages sur lesquels sont sculptés des dauphins (planche XX, n° 1). M. de Rossi publie un curieux bas-relief de la crypte de Lucine, représentant un trident dressé entre un hippogriffe et un hippocampe (1) : des chrétiens achetèrent sans doute le tombeau qu'il décorait en considération de l'image de la croix qu'ils voyaient dans ce trident. D'autres sujets paraissent, à première vue, moins susceptibles d'une interprétation chrétienne. Ainsi, dans une chambre du cimetière
de Calliste, on a découvert un sarcophage sur lequel sont représentés, à côté du pasteur, entre les jambes duquel est une corbeille renversée, signe de mort, l'Amour et Psyché se tenant embrassés (fig. 42). Ce bas-relief semble avoir été recouvert de chaux, peut-être pour en cacher les figures : on l'a trouvé enterré plus bas que le niveau du sol. Un autre sarcophage…
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(1). Roma soterranea , t. I, tav. xxx, 7
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CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
Un autre sarcophage, découvert dans la crypte de Lucine, représente l'histoire d'Ulysse et des Sirènes (il est probable que le monogramme TYRANNIO, qui se voit à gauche du bas-relief, présente une forme déguisée de la croix). Ce n'est pas le seul exemple de la fable d'Ulysse représentée sur des fragments de sculpture trouvés parmi les tombeaux chrétiens : M. de Rossi a reconnu le même sujet sur un sarcophage trouvé près de la crypte de Saint-Eusèbe. Ni l'un ni l'autre de ces bas-reliefs n'avait été recouvert de chaux ou volontairement mutilé : ils paraissent avoir de tout temps été librement exposés à la vue. Au Ve siècle, saint Maxime, évêque de Turin, prêchant « sur la Passion et la croix du Seigneur, » expliquait que le vaisseau d'Ulysse est le type
de l'Eglise, et que le mât auquel fut attaché le héros est une figure de la croix. « Depuis que le Christ, notre Seigneur, a été attaché à la croix, dit-il, nous pouvons franchir, les oreilles closes, les séduisantes tempêtes du monde : les dangereuses chansons du siècle ne nous retiennent plus, et nous ne détournons plus vers l'écueil de la volupté la course qui nous emporte à une vie meilleure (1). » Cette belle allégorie était certainement connue des premiers fidèles, et saint Maxime de Turin n'a fait que répéter un enseignement qui avait cours avant lui. « Passe, dit Clément d'Alexandrie, passe sans écouter le chant : il donne la mort. Si tu le veux, tu es vainqueur, et, attaché au bois, tu seras détaché de toute corruption. Le Verbe de Dieu tiendra le gouvernail, et l'Esprit-Saint te conduira au port du ciel (1). » En adoptant de pareilles images pour orner leurs tombeaux, les chrétiens, outre le sens mystique et la haute portée morale qu'ils savaient y voir, se plaisaient sans doute à y reconnaître un symbole de la croix.
On voit encore, dans le cimetière de Calliste…
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(1). Saint Maxime, Hom. I de Cruce Domini. Cf. Philosophumena, VII, I. — (1). Clem. Alex., Exhort. ad gent., l2.
Rome Souterraine, p. 433-4.
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CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
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Rome Souterraine, p. 434-5.On voit encore, dans le cimetière de Calliste, un sarcophage qui contient un squelette d'homme bien conservé. Il est orné, aux deux extrémités, de l'image du Pasteur. Cette image est peut-être l'œuvre d'une main païenne, car elle renferme un trait tout à fait étranger à la parabole évangélique et qui est rare dans les représentations chrétiennes du Bon Pasteur. A côté du berger, un chien, assis, lève la tête.
Cependant la chambre où a été trouvé ce sarcophage date du IVe siècle; si ce bas-relief est chrétien, l'artiste l'a traité avec une liberté toute classique, et sans avoir beaucoup d'égard à son sens spirituel. On voit, au musée de Latran, un exemple très-probable de l'image du Pasteur sculptée par un artiste païen sur la commande d'une famille chrétienne.
C'est un sarcophage placé dans la grande salle, vers le milieu de la rangée de droite. Il représente trois bergers portant des brebis sur leurs épaules. Ces figures posent comme des statues sur leurs bases. Les deux bases latérales sont ornées de masques comiques ou tragiques : sur celle du milieu est sculpté le trépied d'Apollon entre deux griffons. Le choix de tels accessoires semble prouver que l'artiste ne comprenait rien au sens évangélique de l'image dont la reproduction lui avait été commandée. Le fond de la scène est occupé par une vendange (emblème cher aux chrétiens) dont les acteurs sont des génies ailés, et une Psyché vêtue d'une tunique, et reconnaissable à ses ailes de papillon. Le sarcophage orné de l'image d'Orphée et de celle d'un pêcheur, dont nous donnons une lithographie, planche XX, n° 2, appartient de même à la catégorie des sujets païens choisis par les fidèles comme pouvant se prêter à un sens symboliquement chrétien.
Puisque la sculpture, en règle générale, ne devint pas un art chrétien avant le IVesiècle…
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CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
Puisque la sculpture, en règle générale, ne devint pas un art chrétien avant le IVesiècle, on peut avec sécurité attribuer aux IVe et Ve siècles la plupart des sarcophages sur lesquels on trouve sculptés des sujets distinctement chrétiens. Cette date approximative étant donnée, étudions maintenant les plus remarquables spécimens de cette catégorie de sculptures. Nous commencerons par le grand sarcophage qui occupe l'extrémité de la principale salle du musée de Latran, et attire ordinairement le premier l'attention des visiteurs. On en trouvera une lithographie à la fin du volume, planche XIX.
Ce sarcophage a été découvert il y a quelques années au-dessus de la tombe de saint Paul, lors des excavations faites pour la construction du magnifique baldaquin qui surmonte le maître-autel de la basilique de la voie d'Ostie. Cette basilique fut rebâtie par Théodose vers la fin du IVe siècle, et le sarcophage qui nous occupe doit y avoir été placé à cette époque. Les deux bustes qui divisent la rangée supérieure des bas-reliefs, et étaient destinés à représenter l'homme et la femme enterrés dans ce superbe tombeau, ne sont pas terminés : c'était l'usage de préparer ainsi, dans l'atelier, ces têtes qui devaient devenir des portraits, et d'attendre, pour leur donner le dernier coup de ciseau, les ordres et les indications de l'acquéreur.
Commençant par la droite, dans la rangée supérieure des sujets, nous apercevons d'abord trois figures barbues, représentant, dans l'unité de leur opération, les trois personnes de la sainte Trinité. Le Père éternel, source et fontaine de la Divinité, est symbolisé par la figure assise dans une chaire voilée, comme l'étaient les chaires épiscopales.
Devant lui est un personnage qui représente le Verbe incarné, « par qui toutes choses ont été faites, » dans l'acte de créer Ève et de la tirer d'une côte d'Adam endormi. Derrière la figure assise se tient un troisième personnage, représentant le Saint-Esprit, qui assiste et coopère à l'acte créateur.
Dans le groupe voisin on reconnaît le serpent, offrant à la mère du genre humain la pomme fatale; entre les deux coupables époux est debout Notre-Seigneur, jeune et imberbe, en souvenir de l'Incarnation qui fut promise au genre humain au moment même de la chute originelle. Il donne à Adam une gerbe d'épis, car « tu mangeras ton pain à la sueur de son front; » à Eve il donne un agneau, emblème du travail domestique, du soin des animaux ou de la fabrication des vêtements, qui incomberont à la femme, image aussi, sans doute, de l'agneau divin qu'enfantera la seconde Ève.
Immédiatement au-dessous de ces deux sujets…
Rome Souterraine, p. 435-6.
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Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
Rome Souterraine, p. 436-7.Planche XIX
Immédiatement au-dessous de ces deux sujets, nous voyons deux autres groupes, disposés évidemment de manière à former contraste avec les groupes supérieurs. Le Verbe éternel y est encore représenté, non plus selon la nature divine qui le fait égal à son Père, mais, Verbe fait chair, en la personne d'un petit enfant assis sur les genoux d'une mère terrestre. Le Saint-Esprit apparaît comme tout à l'heure, debout derrière le siège élevé sur lequel est assise Marie, car c'est par l'opération du Saint-Esprit que Jésus a été conçu. Mais, ici, la chaise n'est pas voilée comme les chaires épiscopales, afin de marquer que celle qui est assise, quoique la plus haute des créatures, est à une distance infinie du Créateur. L'universalité du royaume du Christ est symbolisée par les trois Mages, représentant l'Église entière des Gentils.
Enfin, comme application aux individus de cette rédemption universelle, le Christ est représenté, dans le groupe voisin, rendant la vue à un aveugle; il tient dans sa main un volume roulé, soit comme symbole de sa divine mission, soit pour montrer que sa doctrine seule a le pouvoir d'ouvrir les yeux aveuglés du genre humain. Retournant maintenant vers la gauche du sarcophage, à la rangée supérieure, nous y voyons Notre-Seigneur, le bâton du commandement à la main, changeant l'eau en vin et multipliant les pains : réunion de deux miracles qui, dans l'art chrétien, unis ou séparés, représentent toujours l'Eucharistie.
Et enfin, comme emblème des effets de cette divine nourriture, pour montrer que « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour, » un troisième groupe, très-mutilé, mais reconnaissable, représente la résurrection de Lazare.
Au-dessous de ces deux sujets eucharistiques, nous voyons saint Pierre, auquel a déjà été confié le bâton du commandement, recevant de son maître cet avertissement solennel : « Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. » Le geste de Notre-Seigneur, et le coq posé devant l'apôtre, indiquent clairement le sens de cette scène, tandis que la verge que tient saint Pierre montre que sa chute même ne le privera pas de ses grandes prérogatives, et que, une fois converti, il « confirmera ses frères. » Le groupe qui suit représente saint Pierre conduit en prison.
L'apôtre est reconnaissable à sa barbe et aux traits de son visage, conformes au type traditionnel. Les satellites d'Hérode Agrippa portent la coiffure juive. Chose remarquable, et que nous avons déjà fait ressortir, même captif, même traîné en prison, Pierre tient à la main son bâton, car « la parole de Dieu n'est pas enchaînée, » et ni les soldats juifs ni les soldats romains ne pourront enlever au prince des apôtres et à ses successeurs le sceptre spirituel par lequel ils gouvernent l'Église de Jésus-Christ. L'emprisonnement de saint Pierre, suivi de sa miraculeuse délivrance, fut la cause de son voyage à Rome : aussi les chrétiens de Rome se plaisaient-ils à multiplier sur les tombeaux la représentation de cette scène : ils y voyaient un symbole de « ce saint siège du bienheureux Pierre par lequel, » selon la parole de saint Léon, Rome « fut faite une ville royale et sacerdotale, la tête du monde, étendant son empire plus loin par la religion qu'elle l'avait fait jadis par les armes (1). »
Le groupe qui suit, très-mutilé, …
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(1) Serm. I in Nat. Apost. Voyez Corn, a Lap., sur les Act. apost. U (?) 17.
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Rome Souterraine, p. 438.
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Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
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Planche XIX
Le groupe qui suit, très-mutilé, représente Moïse frappant le rocher, et le peuple d'Israël se désaltérant dans l'eau qui en jaillit. Nous avons vu, à propos des verres trouvés dans les catacombes, quelle est la signification symbolique de ce sujet, dans lequel Moïse représente saint Pierre, et en lui le sacerdoce chrétien, touchant avec la verge de la parole le roc divin d'où coule la grâce qui désaltère l'Israël véritable.
Au milieu de la rangée inférieure, un autre groupe appelle notre attention. Il représente Daniel dans la fosse aux lions. Dieu, sous la figure d'un vieillard, le protège : un jeune homme, vêtu d'une simple tunique, apporte au prophète une corbeille de pains : un personnage barbu, qui rappelle la figure du Verbe dans le groupe de la Trinité, semble tenir ce dernier par les cheveux. Il est difficile de ne pas reconnaître dans le jeune homme qui présente les pains à Daniel le prophète Habacuc, que « l'ange du Seigneur prit par le sommet de sa tête... et mena à Babylone au-dessus de la fosse, dans la force de son esprit. Alors Habacuc cria, disant : Daniel, serviteur de Dieu, prends le repas que Dieu t'a envoyé (1). »
Ce groupe se rencontre fréquemment dans les fresques et les bas-reliefs. On le voit dans la plus ancienne catacombe romaine; on le retrouve dans les peintures du XIe siècle qui ornent l'église souterraine de Saint-Clément. Le continuateur du Liber pontificalis dit que Grégoire IV orna des panneaux d'autel d'images dorées représentant Daniel dans la fosse aux lions. Les écrits des anciens Pères nous apprennent que les fidèles voyaient dans Daniel un symbole du martyr chrétien, quelquefois comme lui respecté par les bêtes de l'amphithéâtre, toujours victorieux de ceux qui peuvent seulement tuer le corps, et consolé dans la prison où il attend le supplice par la présence du prêtre qui lui apporte le pain eucharistique (2), et le prépare ainsi au dernier combat. Saint Cyprien fait allusion à cette histoire : « Toutes choses sont à Dieu, dit-il, et rien ne peut manquer à celui qui possède Dieu, si Dieu ne lui manque pas. Ainsi un repas fut divinement préparé pour Daniel quand par l'ordre du roi il fut enfermé dans la caverne des lions ; et, au milieu des bêtes sauvages qui étaient affamées, et cependant l'épargnèrent, l'homme de Dieu fut nourri (1). »
De chaque côté de ce sarcophage on a placé une petite statue du Bon Pasteur…
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(1). Dan., XIV, 33-38. Dans l'Ancien Testament 1' « Ange du Seigneur » représente souvent le Verbe. Petav., Dogm. Theol., de Trin., VIII, 2. — (2). Sur un sarcophage de Brescia, Habacuc est représenté apportant à Daniel, avec le pain, le poisson eucharistique. M. de Rossi a reconnu le même détail sur d'autres sculptures. — Bullett. di arch. crist. , 1865, p. 71, note 3. — (1). Cypr., de Orat., 21.
Rome Souterraine, p. 438.
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Rome Souterraine, p. 439-40.
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Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
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Planche XIX
De chaque côté de ce sarcophage on a placé une petite statue du Bon Pasteur. Les statues appartenant aux premiers siècles chrétiens sont très-rares. De ce type du Bon Pasteur, si souvent peint dans les catacombes, si souvent sculpté dans les bas-reliefs des sarcophages, tant de fois découpé dans l'or qui garnit le fond des coupes, tant de fois moulé sur l'argile des lampes, on ne possède à Rome que les deux statues notées ici, une troisième qui vient d'être découverte dans les souterrains de Saint-Clément (2), et une quatrième conservée au musée Kircher : on y peut joindre un buste en forme d'hermès, encastré dans les ruines du mausolée de sainte Hélène sur la voie Labicane.
Aucun débris n'est venu jusqu'à nous de ces statues en bronze doré, représentant le Bon Pasteur et Daniel dans la fosse aux lions, dont Constantin orna les fontaines de Byzance (3). On conserve seulement, dans une collection d'antiquités byzantines formée au Vieux Sérail par le gouvernement ottoman, une petite statuette du Bon Pasteur, en marbre blanc, haute de 52 centimètres, que M. de Rossi croit du IIIe siècle (4). Le musée du duc de Medina-Celi, à Séville, possède aussi une statue du Bon Pasteur.
Telle est, en y joignant la célèbre statue de saint Hippolyte, que nous étudierons plus loin, la brève énumération des monuments appartenant à la statuaire chrétienne des trois premiers siècles.
Reprenons l'étude des sarcophages.
En entrant dans la salle, le premier qui se présente à gauche est fermé par un couvercle sur lequel sont sculptés des monstres marins. Il porte cette inscription : — MARIUS. VITELLIANUS. PRIMITIVE. CONJUGI. FIDELISSMÆ. AAIKCBBIN : « Marius Vitellianus à Primitiva, son épouse très-fidèle. Salut, âme innocente: chère femme, puisses-tu vivre dans le Christ (1) ! »
Le couvercle appartient certainement à un autre sarcophage, car, du temps de Bosio, celui-ci servait de réservoir à une fontaine dans les jardins de la Villa Médicis, où il avait été transporté des cryptes vaticanes. Le groupe central, le bas-relief placé immédiatement au-dessous de l'inscription, représente ces deux scènes si souvent unies, le rocher frappé par Moïse et l'emprisonnement de saint Pierre. A la suite est sculptée la résurrection de Lazare : il sort de sa tombe enveloppé de bandelettes comme une momie : près de lui est Marthe : Marie est agenouillée devant Jésus, autour de qui se tiennent les disciples.
De l'autre côté du groupe central est représenté le Bon Pasteur veillant sur deux brebis dans une sorte de temple qui probablement symbolise l'Église. Le sujet le plus important de ce sarcophage est l'histoire de Jonas. Le prophète est d'abord représenté jeté hors du vaisseau, dont les larges voiles sont remplies d'un vent impétueux, que souffle à travers une conque une figure ailée. Le monstre marin ouvre son énorme mâchoire pour y engloutir Jonas, et un buste de femme, qui paraît dans le ciel, semble indiquer qu'après ce sacrifice le calme est revenu. Plus loin le monstre rejette Jonas sur un coin de plage où rampent des crabes, des lézards et des serpents.
Près de cette scène est la figure de Jonas couché sous l'abri protecteur de l'arbrisseau miraculeux…
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(2). Bullett. di arch. crist., 1870, p. 150. — (3). Eusèbe, de Vita Constant., III, 49. — (4). Bullett. di arch. crist., 1869, p. 47. — (1). Telle est au moins l'interprétation donnée par M. de Rossi aux lettres AAIKCBBIN, suivies du monogramme : il y voit les initiales des mots : Ave anima innocens cara conjux vivas in Christo. Maffei avait le premier proposé cette interprétation. — Bullett. ai arch. crist., 1868, p. 10.
Rome Souterraine, p. 439-40.
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CHAPITRE VIII.
Sarcophages chrétiens.
(SUITE)
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Rome Souterraine, p. 441.Près de cette scène est la figure de Jonas couché sous l'abri protecteur de l'arbrisseau miraculeux. Le sculpteur n'a laissé libre aucun espace ; partout où il a pu placer une figure, il l’a fait. L'eau dans laquelle nagent les monstres marins porte aussi une petite boîte carrée, l'arche, dans laquelle Noé est assis, recevant le rameau d'olivier que lui apporte la colombe, envolée de l'endroit même où le prophètes est couché. Au bord de l'eau, des deux côtés de cet ensemble de sujets, sont représentés des pêcheurs, l'un qui retire un poisson qu'un enfant l'aide à amener à terre, l'autre qui donne à un enfant une corbeille pleine de poissons. Plus loin, un oiseau de mer guette sa proie : peut-être est-il là pour avertir que les « pêcheurs d'hommes » institués par le Christ ne sont pas les seuls qui surveillent les eaux profondes et travaillent à la capture des âmes.
Le style et l'exécution de ces curieux bas-reliefs semblent ranger le sarcophage auquel ils appartiennent parmi les très-rares monuments de ce genre antérieurs au IVe siècle et à la paix de l'Église. Du même côté de la salle est un autre tombeau orné de sujets sacrés. Le premier est le sacrifice de Caïn et d'Abel. Le Dieu invisible est représenté par un homme barbu assis sur une pierre, peut-être l'autel grossier de l'époque patriarcale. Caïn, en qualité d'ainé, se tient devant son frère, et offre ses fruits ; Abel vient ensuite, amenant son agneau.
Dans le groupe voisin la chute originelle est figurée. Ève tient la pomme dans sa main, et le Sauveur, sous la figure d'un jeune homme imberbe, comme dans toutes les représentations de l'Incarnation, porte à la main un faisceau d'épis ; il semble le tendre vers le personnage assis de la composition précédente, comme pour montrer que le pain fécondé par les sueurs d'Adam doit être offert à Dieu, si l'on veut que sa bénédiction descende sur le travail de l'homme.
Le centre du sarcophage est occupé par une figure de femme tenant une boîte ouverte dans sa main, « la boîte d'albâtre pleine d'un parfum précieux » que Madeleine répandit sur la tète du Sauveur, et dont il dit : « Partout où cet évangile sera prêché, ce qu'elle a fait sera raconté en mémoire d'elle (1). » Les autres sujets sont le paralytique emportant son lit, Notre-Seigneur ouvrant les yeux de l'aveugle, changeant l'eau en vin, et ressuscitant Lazare.
Parmi les morceaux les plus dignes de faire partie de la grande collection de sculptures chrétiennes du Latran…
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(1). Matth. XXVI, 13.
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Rome Souterraine, p. 442-3.Parmi les morceaux les plus dignes de faire partie de la grande collection de sculptures chrétiennes du Latran, il en est un qui attend encore ou a longtemps attendu sa place dans la cour du palais : c'est un sarcophage très-finement sculpté, qui fut apporté de Sainte-Marie-Majeure.
Au centre des bas-reliefs de la bande supérieure sont deux bustes d'hommes, dont l'expression sérieuse et pleine de pensée contraste avec la rudesse naïve et presque comique de la plupart des sculptures que nous avons étudiées. On ignore quels étaient ces personnages; le sarcophage, qui probablement renferma d'abord leurs restes, a été trouvé sous l'autel de la tribune de Saint-Paul-hors-des-Murs : il contenait les reliques des saints Innocents.
Sixte-Quint le fit transporter avec ces reliques dans une chapelle construite par lui à Sainte-Marie-Majeure.
La rangée supérieure des bas-reliefs représente Marie, après la résurrection de Lazare, baisant la main du Sauveur dans l'élan de sa reconnaissance; Jésus prédisant à saint Pierre son reniement ; et Moïse recevant la loi que la main divine lui tend du haut du ciel. Une autre main sortant d'un nuage arrête le bras tendu d'Abraham au moment ou il va sacrifier Isaac à genoux devant lui, les mains liées derrière le dos. Le sacrifice de l'Isaac véritable, le crucifiement et la mort de Jésus, ne sont jamais représentés dans l'art chrétien primitif : mais le sarcophage que nous étudions contient une allusion claire à cet article du symbole : « crucifié sous Ponce-Pilate. » Un serviteur, debout, tient l'aiguière et le bassin, prêt à laver les mains du faible gouverneur, qui, assis sur un siège recouvert d'un voile, détourne la tête, en signe de sa répugnance à répandre le sang innocent.
L'interprétation que nous avons si souvent donnée de la figure de Moïse et de celle de Pierre, et de la compénétration de ces deux types, est confirmée avec une force singulière par un de ces bas-reliefs : on voit, dans la rangée inférieure, l'apôtre emmené par les satellites d'Hérode, et montrant encore du doigt l'eau qui coule d'un rocher au-dessus de lui : Jésus-Christ ( ou peut-être saint Jean) semble attirer aussi l'attention des soldats, soit pour mêler à l'image de l'arrestation de Pierre une allusion à celle du Christ au jardin des Oliviers, soit pour indiquer que Jésus souffre encore dans toutes les persécutions qui atteignent son Église. Plus loin on reconnaît Daniel dans la fosse aux lions, à qui le prophète Habacuc apporte le repas miraculeux; du côté opposé, Notre-Seigneur rend la vue à un aveugle, et multiplie les pains et les poissons. Au centre de la bande inférieure est sculpté un groupe qui a beaucoup embarrassé les interprètes. Bosio reconnaît dans le vieillard debout sous un arbre Moïse donnant la loi au peuple, et dans la figure qui paraît entre les branches celle de Zachée, monté sur un sycomore pour voir le Sauveur.
Reprenons l'étude rapide de la grande salle du Latran…
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Rome Souterraine, p. 443-4.Reprenons l'étude rapide de la grande salle du Latran. Deux scènes empruntées à l’histoire de la Passion sont
représentées sur un sarcophage placé du côté gauche. Des pilastres corinthiens le divisent en cinq compartiments : les frontons qui les surmontent sont décorés de scènes de vendanges. Le compartiment central renferme l'image du labarum, qu'entoure une couronne, et dont la lance est formée par une croix : sur les bras de cette croix sont posées deux colombes, qui semblent becqueter la couronne : ainsi l'espoir de la couronne d'immortalité nourrit les âmes chrétiennes qui, en ce monde, ne trouvent à se poser sûrement que sur les bras de la croix. Les gardes donnés par Constantin à l'étendard sacré sont représentés ici par deux soldats assis au-dessous. Deux des compartiments de gauche encadrent, en la divisant, la scène de la comparution de Jésus devant Pilate. Au-dessus de la tête du gouverneur romain pend une couronne, sans doute celle qui l'eut récompensé s'il avait osé confesser le Christ devant les hommes. De l'autre côté du labarum un soldat pose une couronne sur la tête de Jésus : elle a la forme d'une couronne triomphale plutôt que d'une couronne d'épines. Le visage et l'attitude du Christ n'expriment ni l'accablement ni la souffrance : l'art chrétien n'ose pas encore reproduire à la lettre le récit évangélique. Le compartiment suivant représente le Cyrénéen portant la croix du Sauveur : un soldat le suit. Au-dessus du groupe une couronne est suspendue, récompense de ceux qui portent la croix à l'imitation de Jésus.
Peut-être le plus beau sarcophage du musée de Latran est-il celui qui est surmonté d'un dais sculpté supporté par deux colonnes de marbre de Pavonazetto. Il est placé de manière à montrer comment étaient disposés les sarcophages dans les anciennes basiliques. Il a été découvert dans les souterrains de Saint-Pierre. La face principale de ce sarcophage est ornée de figures sculptées en haut-relief; elles sont divisées en groupes ou compartiments par huit pilastres richement ornés. Aux deux extrémités on reconnaît le sacrifice d'Abraham et Jésus comparaissant devant Pilate. Les figures intermédiaires sont celles des apôtres rangés autour de Jésus-Christ : le Seigneur est assis dans-une gloire, ses pieds reposent sur la voûte du ciel, symbolisée, comme dans les monuments païens, par un voile qu'une figure de femme tient déployé en arc au-dessus de sa tête.
La beauté et le fini des visages, le style élevé de tout ce monument, nous porteraient, dit M. de Rossi…
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Rome Souterraine, p. 446-7.La beauté et le fini des visages, le style élevé de tout ce monument, nous porteraient, dit M. de Rossi, à le croire contemporain de Septime Sévère (1) , si le sculpté sur une des faces latérales ne trahissait l'époque de Constantin. Les deux personnages placés aux côtés de Notre-Seigneur sont évidemment saint Pierre et saint Paul ; le type traditionnel, dont nous avons vu tant d'exemples, se reconnaît clairement dans leurs visages. Saint Paul est à droite; saint Pierre, à gauche, reçoit dans ses mains, par respect entourées d'un voile, la loi nouvelle, sous la forme d'un volume roulé que lui présente le Sauveur : les magistrats romains recevaient dans cette posture le recueil des constitutions impériales avant de partir pour leur province. Notre-Seigneur, soit dans les fresques, soit dans les fonds de coupe, soit dans les bas-reliefs, est souvent représenté donnant ainsi à Pierre, nouveau Moïse, le livre de la nouvelle loi. Quelquefois le volume porte cette inscription : DOMINUS DAT LEGEM ou PACEM; sans doute en souvenir de ces inscriptions, l'évêque Éribert fit graver, sur un évangéliaire de la cathédrale de Milan, les deux mots : LEX et PAX. Les deux côtés du sarcophage sont couverts de sculptures. L'un représente le reniement de saint Pierre : une basilique, et un baptistère surmonté, par un anachronisme volontaire, du , se voient en perspective au second plan. Sur l'autre est sculptée une perspective semblable, en avant de laquelle on distingue le rocher symbolique et l'hémorroïsse prosternée aux pieds du Sauveur.
Quand le visiteur monte l'escalier qui conduit de la grande salle à la loggia, il remarque à droite un bas-relief représentant, en traits pleins de mouvement et d'expression, Élie enlevé dans le ciel sur un char de feu. Les fils des prophètes regardent avec étonnement Elisée qui, avec respect, les deux mains entourées d'un voile, reçoit de son maître le manteau ou pallium, symbole de l'Esprit qui doit désormais se reposer sur lui (2).
Dans Élie, saint Ambroise et d'autres Pères ont vu…
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(1).Sickler, Almanach aus Rom. pp. 173,174, lui attribue cette date. — (2). IV Reg., II.
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Rome Souterraine, p. 447.Dans Élie, saint Ambroise et d'autres Pères ont vu une figure de Jésus-Christ; Rupert l'explique clairement : « Quand Élie fut sur le point d'être enlevé au ciel, il laissa son pallium à Elisée, parce que le Christ, notre Dieu et Seigneur, quand il serait sur le point de passer de ce monde à son Père, devait donner à ses
apôtres et son office et son esprit (1). » « Elisée, dit le vénérable Bède, prit le manteau d'Élie et en frappa les eaux du Jourdain; quand il eut invoqué le Dieu d'Élie, elles se divisèrent, et il traversa le fleuve. Les apôtres, et l'Église fondée par eux, ont reçu les sacrements de Notre-Seigneur, et par ces sacrements l'Église est spirituellement éclairée, lavée et consacrée; elle aussi a invoqué le nom de Dieu le Père et appris comment dompter le torrent de la mort, et, méprisant ses terreurs, le traverser pour aller à l'éternelle vie (2). » Cette histoire d'Élie et d'Élisée forme le sujet d'une fresque encore visible dans la catacombe des saints Nérée et Achillée. Elle est sculptée également sur une des faces latérales d'un sarcophage placé près de la porte de la sacristie de Saint-Pierre et contenant les corps des papes Léon II, III et IV; on la retrouve sur plusieurs autres sarcophages publiés par Bosio et Bottari. Le pallium donné par Élie à Élisée rappelait sans doute aux chrétiens de Rome ce pallium porté, en signe de juridiction, par les évêques de la Ville éternelle, et donné par eux aux métropolitains, comme pris sur le corps même de saint Pierre, de corpore sancti Petri.
On peut rapprocher du sens évidemment symbolique de ce manteau donné par Élie à Élisée, comme de celui du bâton de commandement remis par Notre-Seigneur à saint Pierre avant son ascension, ces solennelles paroles par lesquelles commence la plus ancienne partie du catalogue de Filocalus : Passus est Dominus noster Jesus Christus duobus Geminis consulibus, VIII kal. apriles, et post Ascensum ejus beatissimus Petrus episcopatum suscepit, ex quo tempore, etc. : « Notre-Seigneur Jésus-Christ souffrit le 25 mars, les deux Gemini étant consuls, et après son ascension le bienheureux Pierre reçut l'épiscopat, » etc.
Quand de la grande salle et de l'escalier on passe dans le corridor du premier étage ou loggia, autour duquel M. de Rossi a disposé méthodiquement les inscriptions trouvées dans les catacombes, on remarque de nombreux moulages des diverses parties d'un sarcophage qui, par les sujets et le style général, ressemble à la plupart de ceux précédemment décrits. Il présente cependant quelques traits particuliers et tout à fait originaux. Beaucoup de nos lecteurs ont pu voir ce sarcophage dans la crypte de Saint-Pierre, à droite du corridor qui mène à la chapelle souterraine; il porte l'inscription suivante :
La noble famille des Bassi est citée par Prudence parmi les familles patriciennes…
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(1). Rupert, de Trin. V, 15. — (2). Hom. in Ascens. Dom.
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