Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Informé, par le député même du concile,
du petit nombre de prélats,
et pour faciliter la réunion des Grecs,
Eugène IV déclare le concile de Bâle dissous
et en convoque un autre à Bologne.
Ces considérations firent bientôt la matière d'une bulle que le Pape adressa au cardinal Julien, où il disait :
« Nous avons appris par Jean de Beaupère, que vous nous avez envoyé, que le clergé d'Allemagne est extrêmement déréglé et que l'hérésie bohémienne fait de grands progrès dans le pays. Il nous a dit aussi qu'il s'est élevé bien du scandale à Bâle, et que plusieurs des habitants, suivant les maximes des Bohémiens, persécutent le clergé jusqu'à commettre des meurtres. Il a ajouté que la guerre entre Philippe de Bourgogne et Frédéric, duc d'Autriche, produit de tristes effets, en ce que, ces princes ayant des terres proches de Bâle, on ne peut y entrer sans crainte et même sans péril. Il soutenait toutefois que la célébration du concile et la réformation de l'Église seraient très-utiles.
« Nous avons pensé que tant de difficultés et de périls sont peut-être la cause pourquoi les prélats, que l'on attend depuis si longtemps, ne sont pas venus à Bâle. Nous avons aussi considéré que les sept ans dans lesquels le concile devait s'assembler sont passés, et que, si nous faisions une nouvelle convocation, les prélats pourraient alléguer les mêmes difficultés, sans compter que l'hiver approche et qu'il faudrait donner aux prélats un temps convenable pour venir après la convocation.
« D'autre part, Jean Paléologue, qui se dit empereur de Constantinople, nous a depuis peu envoyé un ambassadeur qui nous a requis, suivant l'ordonnance de notre prédécesseur, de célébrer un concile pour l'union de l'Église orientale avec l'Église romaine et occidentale, et, suivant la convention de notre prédécesseur nous avons promis aux Grecs, de les défrayer pour venir au concile, et pour leur retour quand il sera fini. Or, si l'on convoquait un autre concile, il faudrait donc en tenir deux en même temps, et ils se nuiraient l'un à l'autre.
« Par ces raisons, et de l'avis de nos frères les cardinaux, nous vous donnons plein pouvoir de dissoudre le concile, s'il subsiste encore, après en avoir indiqué un nouveau dans notre cité de Bologne, auquel nous entendons présider en personne dans un an et demi du jour de la dissolution de celui-ci. » Cette bulle est du 12 novembre 1431 (1).
Quelques jours après, le Pape ayant appris que le cardinal-légat et les prélats de Bâle avaient invité les Hussites de Bohême à venir conférer sur les points controversés entre eux et les catholiques, ce fut dans la cour romaine un nouveau motif d'opposition contre le concile; car il semblait dangereux qu'une cause décidée par le concile de Constance et par les bulles apostoliques fût remise en délibération, et l'on craignait qu'il n'y eût une sorte d'inconséquence à ouvrir des conférences de religion avec des gens qu'on avait poursuivis jusqu'alors par les armes spirituelles et temporelles. Eugène IV crut donc devoir porter le dernier coup au concile de Bâle en le déclarant dissous et transféré à Bologne. Cela fit l'objet d'une autre bulle en date du 18 décembre et adressée à tous les fidèles (2).
Le Pape fit porter les deux bulles à Bâle par l'évêque de Parenzo…
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(1) Labbe, t. 12. Sponde, ann. 1431. — (2) Id. , col 941.
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Louis- Admin
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Informé, par le député même du concile,
du petit nombre de prélats,
et pour faciliter la réunion des Grecs,
Eugène IV déclare le concile de Bâle dissous
et en convoque un autre à Bologne.(suite)
Le Pape fit porter les deux bulles à Bâle par l'évêque de Parenzo, trésorier de la chambre apostolique. C'était vers le commencement de 1432. Le cardinal Julien, frappé de ce coup, ne laissa pas de témoigner d'abord son obéissance ; il déclara qu'il ne pouvait plus faire les fonctions de président, puisque le Pape transférait le concile ; mais, persuadé en même temps qu'il était du bien de l'Église que l'assemblée de Bâle continuât, il écrivit à Eugène une lettre extrêmement forte, quoique respectueuse, pour l'engager à se désister de la résolution énoncée dans ses bulles. On ne peut rien ajouter à la multitude et à l'énergie des motifs qu'il proposait. La bonne réputation du Pontife, l'intérêt de la religion en Bohême, l'attente de l'empereur et des autres souverains, les égards dus aux décrets de Constance et de Sienne, aux bulles de Martin V et à celles d'Eugène lui-même, tout cela formait une exhortation pressante en faveur du concile déjà commencé. Le motif principal est l'état déplorable de l'Allemagne, qu'il lui semblait plus important de prémunir contre l'hérésie de Bohême que de travailler à la réunion des Grecs, qui avaient si souvent trompé l'attente de l'Église romaine.
Comme le cardinal Julien était un homme modeste et réservé dans ses démarches, le savant Henri de Sponde et d'autres ont de la peine à se persuader qu'une lettre aussi véhémente soit son ouvrage (1).
Une observation du Jésuite Berthier est surtout remarquable. Dans ses deux bulles, l'une au cardinal Julien, l'autre à tous les fidèles, le Pape Eugène IV déclare solennellement que, s'il se décide pour la translation du concile de Bâle, c'est principalement sur les informations données en plein consistoire par Jean Beaupère, envoyé du cardinal et du concile. Or, dans sa réponse au Pape, le cardinal, parlant au nom du concile, s'inscrit en faux contre ces informations, sans désavouer pourtant ni même nommer le député qui les avait données. Il y a plus ; dans sa troisième session le concile dit, d'une part, que « le vénérable docteur Jean Beaupère avait été envoyé au Pape et aux cardinaux pour les prier d'assister au concile ; » puis il ajoute, quelques lignes après, que le Pape s'est laissé surprendre par une information fausse et désavantageuse (2).
Que veut dire tout cela ?...
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(1). Sponde, ann. 1432, n. 3. — (2) Hist. de l'Église gall., l. 47.
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Informé, par le député même du concile,
du petit nombre de prélats,
et pour faciliter la réunion des Grecs,
Eugène IV déclare le concile de Bâle dissous
et en convoque un autre à Bologne.
(suite)
Que veut dire tout cela ? Le président du concile envoie un député informer le Pape ; le Pape agit d'après les informations du député ; le président et le concile blâment le Pape de s'être laissé surprendre par des informations fausses, et ils ne désavouent pas, ils ne blâment pas, ils louent, au contraire, leur député qui les lui a données !
Jean Beaupère avait trempé dans la condamnation de Jeanne d'Arc, où l'on s'est permis de supprimer les informations et les témoignages favorables, d'en altérer d'autres, d'ajouter, de retrancher au gré des juges, de présenter de toute l'affaire un résumé infidèle, afin de livrer au bûcher des Anglais la libératrice de la France. Jean Beaupère et les autres docteurs de Paris qui en avaient usé de la sorte envers Jeanne d'Arc se trouvèrent des premiers à l'assemblée de Bâle ; ils en étaient l'âme. Pierre Cauchon lui-même y viendra, si même il n'y était déjà. Des hommes capables de ces manœuvres d'iniquité envers l'innocence héroïque d'une jeune fille n'ont-ils pas pu s'en permettre de semblables envers un Pape, pour avoir le plaisir de le fouler aux pieds, comme des enfants dénaturés et mal appris qui mettraient leur gloire à déshonorer leur père ? D'autres indices pourraient justifier ces soupçons.
Au mois de janvier 1432 les prélats de Bâle envoyèrent une solennelle ambassade à Rome pour supplier le Pape avec instance de révoquer son décret de dissolution (1) . Le bon sens et les convenances les plus vulgaires demandaient que, jusqu'à la réponse du Pape, les prélats s'abstinssent de tout ce qui pouvait envenimer l'affaire ; c'est le contraire qu'ils firent. Dans le temps même qu'ils envoyaient une ambassade au Pape ils adressaient à tous les fidèles des lettres synodales pour notifier à tout l'univers qu'ils étaient déterminés à continuer leurs séances, envers et contre qui que ce soit. Le cardinal Julien ne scella point ces lettres, parce qu'il s'était démis de la charge de président ; ce fut Philbert, évêque de Coutances, en Normandie, qui apposa le sceau, et ce prélat normand fut aussi le chef du concile, dans la seconde session célébrée le 15 février, avant qu'on eût reçu aucune réponse du Pape.
Il était spécifié dans la bulle de convocation que le concile n'aurait lieu que…
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(1) Labbe, t. 12, col. 480.
A suivre : Les quatorze prélats de Bâle, parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques, blâment hautement la résolution d'Eugène...
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Les quatorze prélats de Bâle,
parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques,
blâment hautement la résolution d'Eugène,
se déclarent eux-mêmes concile œcuménique et supérieur au Pape,
écrivent contre celui-ci de toutes parts, le somment de venir au concile,
et s'emparent même du gouvernement de l'Église.
Il était spécifié dans la bulle de convocation que le concile n'aurait lieu que quand il se trouverait un nombre et un concours de prélats convenable et suffisant . Or le 15 février 1432 il s'y trouvait en tout quatorze prélats tant évêques qu'abbés. Eh bien! le même jour, ces quatorze prélats entrèrent avec solennité dans l'église cathédrale de Bâle et y publièrent leurs décrets en ces termes :
« Le très-saint concile général de Bâle, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, pour la gloire de Dieu, l'extirpation des hérésies et des erreurs, la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres, la pacification des princes chrétiens, déclare, définit et ordonne ce qui suit :
« Premièrement que ce saint concile de Bâle, suivant les décrets faits à Constance et à Sienne, et conformément aux bulles de la Chaire apostolique, est légitimement et dûment commencé et assemblé dans cette même ville de Bâle, et, afin qu'on ne doute point de son autorité, on insère ici deux déclarations de celui de Constance : la première où il est dit que le concile général, assemblé légitimement dans le Saint-Esprit et représentant l'Église militante, tient immédiatement de Jésus-Christ une puissance à laquelle toute personne, de quelque état et dignité qu'elle soit, même papale, doit obéir en ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme et la réformation de l'Eglise, tant dans le chef que dans les membres. La seconde porte que toute personne, même de dignité papale, qui refuserait d'obéir aux décrets de ce saint concile (de Constance) et de tout autre concile général légitimement assemblé, sera punie comme il convient, en implorant même contre elle les moyens de droit, s'il est nécessaire.
« En conséquence, poursuivent les quatorze prélats, ce saint concile de Bâle, actuellement assemblé légitimement dans le Saint Esprit, par les causes ci-dessus exprimées décerne et déclare qu'il ne peut être dissous ni transféré, ni différé par qui que ce soit, non pas même par le Pape, sans la délibération et le consentement du concile même ; qu'aucun de ceux qui sont au concile ou y seront dans la suite ne peut en être appelé ni empêché d'y venir par qui que ce soit, pas même par le Pape, sous aucun prétexte, et quand ce serait pour aller en cour de Rome, à moins que le saint concile n'y donne son approbation ; que toutes les censures, privations ou autres voies de contrainte qu'on pourrait employer pour séparer du concile ceux qui y sont déjà présents, ou pour empêcher les autres de s'y rendre, seront nulles; que le concile les déclare telles et les met à néant, faisant défenses très-expresses à quiconque de s'éloigner de la ville de Bâle avant la fin du concile, si ce n'est pour une cause raisonnable qui sera soumise à l'examen des députés de rassemblée, avec obligation, en outre, à ceux dont les raisons auront été trouvées légitimes, de nommer à leur place quelqu'un qui les représente. »
Voilà donc quatorze prélats, parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques, qui…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Les quatorze prélats de Bâle,
parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques,
blâment hautement la résolution d'Eugène,
se déclarent eux-mêmes concile œcuménique et supérieur au Pape,
écrivent contre celui-ci de toutes parts, le somment de venir au concile,
et s'emparent même du gouvernement de l'Église.
(suite)
Voilà donc quatorze prélats, parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques, qui, malgré le chef de l'Église universelle, se prétendent concile œcuménique, représentant l'Eglise universelle, ayant autorité, non plus seulement sur un Pape douteux, mais sur un Pape certain et légitime, universellement reconnu de tout le monde. Autant vaudrait dire qu'un troupeau de cent brebis est légitimement représenté par cinq brebis folles et que c'est à elles de conduire le pasteur.
Un homme était venu souffler le feu de la rébellion, qui, du reste, s'allumait déjà de lui-même. Dominique Capranica, évêque de Fermo, avait été secrètement désigné cardinal par Martin V; mais, ce Pape étant mort avant de l'avoir déclaré publiquement, les autres cardinaux ne voulurent point l'admettre au conclave, ni Eugène IV confirmer sa nomination secrète. Outré de dépit il vint à Bâle, où il fut reçu à bras ouverts et déclaré cardinal par les douze ou treize prélats (1).
Pour se fortifier de plus en plus contre le Pape les quatorze prélats de Bâle écrivirent au roi de France, Charles VII, à l'empereur Sigismond et à d'autres princes. A Bourges, qui était encore la capitale de Charles VII, eut lieu, le 26 février, une assemblée d'évêques qui se déclara pour les quatorze prélats de Bâle, mais en leur recommandant, par l'archevêque de Lyon, de traiter avec le Pape d'une manière douce et modeste : « Car enfin, ajoutait l'archevêque, c'est un homme recommandable par l'intégrité de sa vie, c'est le chef de l'Église, et, si le chef est dégradé, il faudra que les membres deviennent arides et infructueux (1). » Ainsi parlaient les évêques de France.
L'université de Paris, composée de simples prêtres et de laïques…
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(1) Martène, p. 4 de la préface, t. 8. — (1) Martène, p. 5 de la préface, t. 8. et Hist de l'Égl. gall., l. 47.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Le Pape Eugène IV envoie des nonces pour prévenir la rupture.Les quatorze prélats de Bâle,
parmi lesquels une demi-douzaine d'évêques,
blâment hautement la résolution d'Eugène,
se déclarent eux-mêmes concile œcuménique et supérieur au Pape,
écrivent contre celui-ci de toutes parts, le somment de venir au concile,
et s'emparent même du gouvernement de l'Église.
(suite)
L'université de Paris, composée de simples prêtres et de laïques, n'était pas si modérée. Elle mandait aux quatorze prélats de Bâle :
« Qu'il n'y avait que des enfants d'iniquité qui eussent pu songer à la translation du concile ; que c'était l'ennemi du genre humain qui avait inspiré cette pensée pleine de malice ; qu'il fallait se roidir contre des artifices si dangereux; que, si le Pape voulait dissiper ou dissoudre l'assemblée avant sa conclusion, on ne devait pas lui obéir, mais plutôt lui résister, de la même façon que saint Paul, qui était le modèle des docteurs, avait résisté à saint Pierre, qui représentait les Pontifes (2). »
Voilà ce que disaient aux prélats de Baie les prêtres et les laïques de l'université de Paris.
Il est bon de se rappeler que cette université était encore plus anglaise que française, et qu'elle avait poussé à la condamnation de Jeanne d'Arc avec le même zèle qu'elle poussait maintenant à la rébellion contre le Pape Eugène IV.
L'empereur Sigismond prit également parti pour le concile de Bâle et envoya au Pape plusieurs lettres et ambassades pour l'engager à revenir de sa résolution (3).
Les quatorze prélats de Bâle, que Sigismond avait soin d'informer de ses démarches, se voyant ainsi soutenus, allaient toujours en avant dans leur entreprise.
Dans la troisième session, tenue le 29 avril 1432, ils renouvelèrent le décret de la supériorité du concile sur le Pape, et ajoutèrent une monition juridique par laquelle ils sommaient le Pape de venir au concile ou d'y envoyer quelqu'un de sa part, dans l'espace de trois mois. Ils intimaient à tous les cardinaux l'ordre de s'y rendre en personne, avec menace de procéder contre le Pape et contre eux s'ils ne se conformaient aux intentions du concile.
Le même décret s'adressait à tous les prélats du monde chrétien, à tous les généraux d'ordres et à tous les inquisiteurs; il ordonnait outre cela, en vertu de la sainte obéissance et sous peine d'excommunication, à toutes personnes, soit ecclésiastiques, soit séculières, même à l'empereur et aux rois, de faire signifier la présente monition au Pape et aux cardinaux, supposé toutefois que l'accès en cour de Rome ne parût pas dangereux ni incommode.
La quatrième session, en date du 20 juin, prévint de plus d'un mois le terme qu'on avait donné au Pape et aux cardinaux ; aussi les prélats de Bâle, qui pouvaient alors être une vingtaine, ne les déclarèrent-ils pas encore contumaces ; mais ils ne perdirent pas leur temps pour cela, car ils firent plusieurs décrets sur le gouvernement de la cour pontificale. Ils déclarèrent donc que, si le Pape venait à mourir, l'élection du successeur se ferait à Bâle; que le Pape ne pourrait faire aucune promotion de cardinaux durant le concile ; que les prélats et les officiers de la cour romaine ne pourraient être empêchés de venir au concile, quelque emploi, devoir ou office qui les attachât au Pape.
Enfin, ce qui passe toute créance, les quinze ou vingt prélats de Bâle, non contents de faire des règlements factieux, allèrent jusqu'à usurper le gouvernement des domaines temporels du Saint-Siège. Eugène IV avait nommé son frère pour gouverner Avignon et le comtat Venaissin ; les habitants n'en furent pas contents et en portèrent des plaintes au Pape. Là-dessus les prélats de Bâle s'avisèrent de donner cette légation à un cardinal espagnol.
Pour réprimer cette usurpation manifeste le Pape nomma légat…
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(2). Du Boulai, t. 5, p. 412. — (3). Martène, p. 6 et seqq. de la préface.
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Le Pape Eugène IV envoie
des nonces pour prévenir la rupture.
Pour réprimer cette usurpation manifeste le Pape nomma légat de ce patrimoine le cardinal Pierre de Foix, qui mit les rebelles en déroute et gouverna les peuples avec tant de satisfaction de leur part qu'on l'appelait communément le bon légat.
Ces entreprises des prélats de Bâle en annonçaient de plus violentes encore. Dans leur cinquième session, qui se tint le 9 août, ils ne firent que des règlements sur la manière de traiter les causes de la foi; mais peu de jours après vint à Bâle un camérier du Pape, nommé Jean Dupré, avec la qualité de nonce apostolique, pour proposer des moyens de conciliation concertés avec l'empereur. Non-seulement il ne fut pas écouté, mais mis en prison et chargé de chaînes (1). Cette première députation fut suivie d'une autre plus considérable, composée de quatre nonces, qui étaient les archevêques de Colocza et de Tarente, l'évêque de Maguelone et un auditeur du sacré palais ; ils protestèrent contre l'incarcération et la détention dans les fers du nonce précédent, mais eurent bien de la peine à obtenir des passeports assez rassurants pour eux-mêmes. Admis enfin à l'audience des prélats de Bâle, après bien des plaintes et des protestations, ils entamèrent, le 22 août, une apologie dans les formes en faveur du Pape, leur maître ; ce furent les deux archevêques qui parlèrent.
Celui de Colocza le fit d'une manière plus générale que son collègue. Prenant pour texte ce? paroles de saint Paul : Qu'il n’y ait point de schisme dans le corps (2), il disait aux prélats de Bâle :
« Mes Pères, qu'il n'y ait point de schisme dans le corps si vous désirez extirper l'ivraie de l'hérésie. Qu'il n'y ait point de schisme dans le corps si vous cherchez à réformer la vie ecclésiastique. Qu'il n'y ait point de schisme dans le corps si vous avez à cœur d'apaiser les esprits hostiles des princes. »
Après avoir posé des principes si justes et si clairs il montre que les conciles généraux avaient toujours été assemblés du consentement des Pontifes romains ; que les Hussites seraient beaucoup moins portés à se soumettre au concile quand ils le verraient séparé du chef de l'Église ; que la réunion des Grecs méritait bien qu'on songeât à leur donner un lieu commode où ils pussent s'aboucher avec les Latins; qu'au reste la vie irréprochable et exemplaire du Pape Eugène, son zèle ardent pour l'extirpation des hérésies et pour la réformation, persuadaient assez, sans aucune preuve, qu'il n'avait point cherché à éluder la célébration d'un concile. Des réflexions aussi sages étaient sagement exprimées (3).
L'archevêque de Tarente insiste d'abord sur l'unité….
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(1). Martène, t. 8, p. 149, et p. 9 de la préface. — (2).I Cor., 12. — (3). Labbe, t. 12, col. 872 et seqq.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le Pape Eugène IV envoie
des nonces pour prévenir la rupture.
(suite)
L'archevêque de Tarente insiste d'abord sur l'unité. Il est un seul Dieu suprême, que les païens mêmes reconnaissaient sous un nom ou sous un autre. Sa providence embrasse tous les temps, tous les lieux, toutes les créatures, et ramène tout à l'unité d'un même dessein. Cette unité se manifeste dans la création de l'Univers, dans la législation de Moïse, dans l'incarnation du Verbe, dans l'institution de l'Église et de son chef. Il n'y aura qu'un troupeau et qu'un pasteur.
C'est à un seul, à Pierre, que le Seigneur dit, avant son ascension : « Pais mes brebis, »
C'est à un seul qu'il dit avant sa passion : « Et, quand tu seras converti, affermis tes frères. »
C'est à un seul qu'il a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les deux. »
De là, d'après les Pères et le droit canon, Pierre ou son successeur a seul la plénitude de la puissance, les autres n'étant appelés qu'à une partie de la sollicitude.
Dans ces derniers temps, comme la liberté humaine se ruait dans toute sorte de précipices, le Dieu de miséricorde a donné à son Église un pasteur doué de toutes les vertus, notre très-Saint-Père et seigneur, très-digne souverain Pontife, vrai, indubitable et unique vicaire de noire Seigneur et Dieu Jésus-Christ.
Pour le rétablissement de la paix et de la discipline il a marché sur les traces de son prédécesseur Martin V, en ordonnant la tenue du concile et en confirmant les pouvoirs du cardinal Julien.
Mais, voyant que le concile n'avait pas le succès qu'il eût désiré ou qui répondît à la grandeur des affaires ; apprenant, au contraire, avec certitude la débilité et la petitesse du concile, et cela par le député même du peu de prélats qu'il y avait à Bâle; requis enfin avec instance de faire une nouvelle convocation, il a dissous le concile et l'a convoqué par le même acte à Bologne.
Cette dissolution n'était ainsi qu'une translation de Bâle à une autre ville plus propre à …
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le Pape Eugène IV envoie
des nonces pour prévenir la rupture.
(suite)
Cette dissolution n'était ainsi qu'une translation de Bâle à une autre ville plus propre à la réunion des Grecs et même à la réduction des Hussites, qui seraient d'autant plus portés à se soumettre qu'ils se trouveraient plus près de la personne du souverain Pontife.
D'ailleurs le Pape n'avait pu voir d'un œil indifférent le danger auquel on exposait la foi en offrant aux hérétiques de Bohême de conférer avec eux, « afin de porter après cela un jugement définitif sur ce qui devait être cru et tenu dans l'Église. »
Il était évident que ces promesses appelaient à un nouvel examen ce qui avait été décidé dans le concile de Constance et rendait problématique la croyance des fidèles.
Le nonce représentait ensuite aux prélats de l'assemblée l'esprit d'opposition qu'ils avaient témoigné pour les droites intentions du Saint-Père ; comment quelques-uns d'entre eux s'étaient hâtés de se rendre à Bâle précisément parce que le Pape avait fait une autre convocation ; comment ils s'abusaient eux-mêmes en prenant ce système de contradiction et de querelle, puisqu'il est du ressort de la puissance apostolique de convoquer les conciles et de les confirmer. Il les conjure, par ce qu'il y a de plus saint, de ne pas continuer des procédés semblables.
Le Pape souhaite le concile avec plus d'ardeur qu'eux-mêmes; non-seulement il se propose d'y présider, mais il veut que la réformation commence par sa personne, qu'on examine sa conduite, non-seulement depuis son pontificat, mais depuis sa première jeunesse, pour de là passer à la réformation de la cour romaine et du reste de la chrétienté.
Quant aux deux points qui faisaient l'objet de la controverse, le changement de lieu et le délai de l'assemblée, le nonce offrait de la part du Pape quelque ville que ce fût des terres de l'Église, avec une pleine et entière cession de la souveraineté de la ville durant la tenue du concile, et pour le temps, il laissait les prélats maîtres absolus de le réduire à telle borne qu'il leur plairait.
Enfin, si les prélats de Bâle croyaient leur présence nécessaire en cette ville pour l'affaire de Bohême, le Pape les laissait libres d'y rester pour la terminer avec le cardinal Julien (1).
Avec cette condescendance du Pape on eût pu croire que le différend s'arrangerait à l'amiable…
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(1). Labbe, t. 12, p, 884.
A suivre : Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente, repoussent grossièrement les offres de conciliation du Pape, et par les arguments les plus pitoyables.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente,
repoussent grossièrement les offres de conciliation du Pape,
et par les arguments les plus pitoyables.
Avec cette condescendance du Pape on eût pu croire que le différend s'arrangerait à l'amiable ; il n'en fut rien. Les prélats de Bâle, qui alors étaient environ trente, tant évêques qu'abbés, répondirent aux nonces du Pape, le 3 septembre, par un très-long Mémoire. En voici la substance.
Les trente prélats commencent par se déclarer eux-mêmes le très-saint concile général de Bâle, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, représentant l'Église universelle. Ils disent au Pape et à ses nonces :« Ne veuillez pas contrister le Saint-Esprit. Nous sommes le concile universel; c'est par nous que le Saint-Esprit prononce ses oracles. Donc, nous contrarier c'est contrister le Saint-Esprit; nous résister opiniâtrement c'est pécher contre le Saint-Esprit. Or voilà ce que fait le Pape et vous autres. Prenez garde d'abuser davantage de notre mansuétude. Vous nous avez rappelé ces paroles : « Qu'il n'y ait point de schisme dans le corps. » Mais nous représentons l'Église universelle ; ce n'est donc pas nous qui faisons schisme, mais le Pape, en se séparant de nous. »
Telle est, en somme, la réponse des prélats de Bâle au discours de l'archevêque de Colocza. Ils posent en principe ce qui est en question, savoir que trente prélats en opposition, comme ils étaient, avec le chef certain et légitime de l'Église universelle, représentaient dans leur opposition l'Église universelle, et formaient un concile général légitimement assemblé dans le Saint-Esprit.
Répondant à l'archevêque de Tarente, les trente prélats commencent par cette observation :« Il explique d'abord longuement la juridiction et la puissance du souverain Pontife, qu'il est le chef de l'Église, le vicaire du Christ, qu'il a été établi pasteur des chrétiens, non par les hommes ni les conciles, mais par le Christ lui-même ; qu'il a reçu les clefs du royaume ; qu'à lui seul a été dit : Tu es Pierre; que lui seul a été appelé à la plénitude de la puissance et les autres au partage de la sollicitude ; ainsi que beaucoup d'autres choses de cette nature, qui, étant connues de tout le monde, n'avaient pas besoin d'être énumérées. Nous avouons et croyons parfaitement ces choses, et nous avons intentions, dans ce saint concile, de faire en sorte que tout le monde croie de même. Et néanmoins nous disons que le Pontife romain est tenu d'obéir aux mandements, statuts, ordonnances et préceptes de ce saint concile de Bâle, et de tout autre concile général légitimement assemblé, dans les choses qui regardent la foi, l'extirpation du schisme et la réformation générale de l'Église dans son chef et ses membres, comme il a été déclaré par le concile général de Constance. »
Là-dessus les trente prélats s'étendent longuement sur l'autorité de l'Église universelle et des conciles généraux…
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente,
repoussent grossièrement les offres de conciliation du Pape,
et par les arguments les plus pitoyables.
(suite)
Là-dessus les trente prélats s'étendent longuement sur l'autorité de l'Église universelle et des conciles généraux. Mais, puisque, de leur aveu, le Pape est la tête de l'Église, on pouvait leur demander :
Est-ce donc la tête qui doit obéir au reste du corps ou le reste du corps qui doit obéir à la tête ?
Peut-il y avoir un concile général sans le Pape?
Un concile sans le Pape, sans le chef certain et légitime de l'Église universelle, peut-il représenter l'Église universelle?
Ce que le concile de Constance a décrété contre des Papes douteux peut-il s'appliquer à un Pape indubitable ? D'ailleurs ces décrets de Constance ont-ils été confirmés par l'Église et son chef dans le sens que vous leur donnez? Et puis, un concile, même universel, est-il vraiment au-dessus du Pape?
Vous citez le concile d'Éphèse; mais il est contre vous ; car, dans son acte le plus solennel, la condamnation de Nestorius, il déclare qu'il a été contraint par les lettres du Pape Célestin et par les saints canons d'en venir à cette lugubre sentence.
Vous citez le concile de Chalcédoine ; mais il est contre vous ; car il demanda la confirmation de ses décrets au Pape saint Léon, qui, approuvant les autres, en cassa un sans retour.
Le Pape Eugène IV avait signalé, et avec beaucoup de raison, l'imprudence qu'avaient faite les prélats de Bâle de dire dans leur invitation aux Bohémiens : « Venez avec confiance, on écoutera vos raisons, et le Saint-Esprit lui-même décidera ce qu'il faut croire et tenir dans l'Église. » Ce qui supposait évidemment que l'Esprit-Saint ne l'avait pas encore décidé dans les conciles de Constance et de Sienne. Comment les prélats de Bâle vont-ils se tirer de ce mauvais pas ? Ils s'étendent longuement sur ce qui n'était pas en question, sur l'utilité des conférences ; ils en citent des exemples, même apocryphes. Ils finissent par insinuer que, quand ils avaient dit : « Le Saint-Esprit décidera, » ils avaient entendu dire : « Nous-mêmes déciderons, comme étant le concile général et l'organe de l'Esprit-Saint. « Mais, nonobstant un pareil sophisme, on pouvait toujours leur dire : Donc, d'après vous-mêmes, le Saint-Esprit n'a pas encore décidé ce qu'il faut croire et tenir dans l'Église. Et voilà précisément ce que le Pape vous reproche.
Voici qui n'est pas moins curieux. Les trente prélats disent aux nonces du Pape : …
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Les prélats de Bâle commencent des procédures contre le Pape.Les prélats de Bâle, alors au nombre de trente,
repoussent grossièrement les offres de conciliation du Pape,
et par les arguments les plus pitoyables.
(suite)
Voici qui n'est pas moins curieux. Les trente prélats disent aux nonces du Pape :« Vous pensez avoir dit quelque chose de grand en disant que celui qui viole le privilège de l'Église romaine, privilège conféré par le Chef suprême de toutes les Églises, tombe dans l'hérésie. Nous croyons de même, et beaucoup plus fermement; car nous disons que le souverain Pontife est le chef de l'Église et que la chaire de Rome est la chaire principale entre les autres. Mais en louant une partie avez-vous oublié le tout? En exaltant une Église omettez-vous l'Église universelle ? S'il est hérétique celui qui détruit la primauté de l'Église romaine, combien plus hérétique ne sera pas celui qui nie que cette Église-là, dans laquelle est contenue et préside l'Église romaine, ait puissance sur toutes les Églises et sur tous les hommes ?»
Le lecteur ne devinerait guère où les trente prélats de Bâle en veulent venir. Le voici en deux mots :
« Or le concile général représente l'Église universelle, et nous sommes le concile général. Donc quiconque nie notre infaillibilité et notre omnipotence sur toutes les Églises et sur tous les hommes, principalement sur le Pape, celui-là est plus hérétique que celui qui nierait la primauté de l'Église romaine. »
Quant à l'offre qu'avait faite le Pape de tenir le concile en telle ville d'Italie qu'on voudrait, les trente prélats de Bâle, avec une impolitesse qui n'a pas de nom, lui répondent assez crûment que cette offre n'était qu'un jeu, qu'une dérision pour dissiper le concile de Bâle et n'en tenir aucun. Toutefois, s'il veut se réunir et se soumettre à eux, ils lui offrent généreusement l'amnistie du passé (1).
Telle est en substance la réponse des trente prélats. Ils ne furent pas prophètes ; car nous verrons Eugène IV tenir avec calme, succès et gloire le concile œcuménique de Florence, où se réuniront à l'Église romaine les Grecs, les Arméniens et autres peuples de l'Orient, tandis que l'assemblée de Bâle tournera de plus en plus en cohue ridicule et scandaleuse.
Trois jours après…
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(1) Labbe, t. 12, col. 673-699.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Les prélats de Bâle commencent
des procédures contre le Pape.
Trois jours après, dans la sixième session, le 6 septembre, deux promoteurs de l’assemblée de Bâle, tous deux Français et de l'université de Paris, requirent qu'on déclarât la contumace du Pape et des cardinaux.
L'assemblée députa les évêques de Périgueux et de Ratisbonne pour faire les trois citations canoniques ; mais l'évêque de Maguelone et l'archevêque de Tarente, deux des nonces du Pape, demandèrent si instamment un délai pour leur maître que l'assemblée ne passa pas outre ce jour-là, et, à l'égard des cardinaux, quelques docteurs présents à la session s'offrirent de présenter des excuses légitimes de leur part, ce qui fut accepté au nom de l'assemblée par les évêques de Frisingue et de Belley, qui en avaient la commission.
A cette session on compta trente-deux prélats, tant évêques qu'abbés, avec deux cardinaux, savoir, Dominique Capranica, cardinal par la grâce de l'assemblée de Bâle ; le cardinal Branda de Castiglione, brouillé avec le Pape pour des querelles particulières.
Voici comment Ænéas Sylvius, plus tard le Pape Pie II, parle de ces deux personnages, ainsi que de quelques autres qui prirent exemple sur eux les années suivantes. Il expose l'état où il trouva les choses quand il arriva lui-même à l'assemblée :
« Il y avait à Bâle quelques cardinaux qui s'étaient échappés de la cour romaine, et qui, n'étant pas bien avec le Pape, critiquaient ouvertement sa conduite et ses mœurs.
D'autres officiers du Pape s'y rendaient tous les jours, et, comme la multitude est portée à la médisance, comme elle se plaît à blâmer ceux qui gouvernent, tout ce peuple de courtisans déchirait en mille manières différentes la réputation de son ancien maître.
Pour nous, qui étions jeunes, qui sortions tout récemment de notre patrie; qui n'avions rien vu, nous prenions pour des vérités tout ce qui se disait, et nous ne pouvions aimer le Pape Eugène en voyant que tant de personnes illustres le jugeaient indigne du pontificat. Il y avait aussi là des députés de la célèbre école de Paris ; il y avait des docteurs de Cologne et des autres universités d'Allemagne, et tous, d'un commun accord, exaltaient jusqu'aux nues l'autorité du concile général. Il se trouvait peu de personnes qui osassent parler de la puissance du Pontife romain ; tous ceux qui parlaient en public flattaient les opinions de la multitude. »
Il dit plus bas que, quand il se fut trouvé longtemps après avec des gens pacifiques et qui gardaient la neutralité entre le concile et le Pape, il apprit des anecdotes qu'il ne savait pas auparavant ; par exemple que le pape Eugène avait été accusé de bien des choses dont il n'était pas coupable, et que les cardinaux qui étaient venus à Bâle avaient noirci ce bon Pape et ce saint homme à cause de leurs animosités particulières. « Mais dans la suite, ajoute-t-il, ils retournèrent tous vers lui, et ils lui demandèrent pardon de leur faute (1). »
De tous les cardinaux présents au concile quand Pie II, alors Ænéas Sylvius, y arriva…
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(1) Pius II in Bulla Retract.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Les prélats de Bâle commencent
des procédures contre le Pape.
(suite)
De tous les cardinaux présents au concile quand Pie II, alors Ænéas Sylvius, y arriva, celui dont il dit le plus de bien est Julien Césarini, cardinal de Saint-Ange. Il avait cessé de présider après les premières bulles données par Eugène pour transférer le concile à Bologne ; mais son ardeur n'en était pas plus ralentie, et il la témoigna encore par une lettre au Pape, datée du 5 juin de cette année (1432), après une ambassade envoyée aux Hussites, qui avaient promis de se rendre au concile, et depuis les résolutions prises par les évêques français dans l'assemblée de Bourges.
Le cardinal fait valoir ces raisons ; il avertit le Pape que le nombre des prélats s'augmente tous les jours à Bâle ; il lui répète que le concile s'appuie entièrement sur les définitions de celui de Constance, dont on ne pouvait soupçonner l'autorité sans donner atteinte au pontificat de Martin V et d'Eugène lui-même. Il rappelle les jugements de rigueur que les Pères de Constance ont portés contre Jean XXIII et Benoît XIII, l'un et l'autre privés du pontificat, le premier à cause de sa mauvaise conduite, le second à cause de son obstination dans le schisme.
Comme ces remontrances et ces exemples se présentaient sous des dehors sinistres, le cardinal finit ainsi sa lettre : « Je dis cela, très-saint Père, avec tout le déplaisir possible, et, si Votre Sainteté voyait le fond de mon cœur, elle me saurait gré de mon excès de charité, elle me regarderait comme son fils bien-aimé. » Le même cardinal Julien condamna depuis tout ce qu'il avait pensé ou écrit contre la conduite du Pape Eugène. On a le détail de sa rétractation dans la bulle du Pape Pie II (1).
Eugène IV étant souvent malade, les prélats de Bâle s'occupaient beaucoup de l'idée d'un conclave futur; ainsi ils réglèrent le 6 novembre, dans la septième session, que, si le Pape venait à mourir durant le concile, les cardinaux ne s'assembleraient qu'au bout de soixante jours, et l'on ajouta que les bénéfices des cardinaux qui agiraient contre les règles de ce conclave futur seraient dévolus à la collation des ordinaires, non au Saint-Siège.
Dans la huitième session, du 18 décembre, les prélats de Bâle portèrent des coups plus directs au Pape ; ils lui donnèrent soixante jours pour révoquer les bulles par lesquelles il transférait le concile, et il était dit qu'après ce terme on procéderait contre lui selon l'inspiration du Saint-Esprit, et en usant de tous les moyens que le droit divin et humain pouvait suggérer.
On lui défendait, durant ces soixante jours, de conférer aucun bénéfice, en vue de dissoudre ou de traverser le concile, et cela sous peine de nullité.
On ordonnait aux cardinaux et aux autres officiers de la cour romaine de s'en retirer vingt jours après le terme donné au Pape.
On renouvelait la citation déjà faite aux autres prélats de la chrétienté de se rendre à Bâle.
On mettait tous les bénéfices de ceux du concile sous la protection de cette assemblée, avec défense au Pape de les déclarer impétrables ou de les donner à d'autres.
On lui ôtait même la liberté d'établir aucuns nouveaux impôts sur les terres de l'Église ou d'aliéner la moindre partie de ces biens,
et enfin défenses étaient faites à toutes personnes, même au Pape, à l'empereur et aux rois, de reconnaître aucun autre concile, soit à Bologne, soit ailleurs, parce qu'il ne peut y avoir, disent les prélats de Bâle, deux conciles œcuméniques en même temps.
Ainsi finit l'année 1432, avec toutes les apparences d'une rupture prochaine entre les prélats de Bâle et le chef de l'Église universelle.
Eugène IV fit de nouvelles tentatives pour prévenir cette rupture…
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Hist. de l'Égl. gall. , 1. 47.
A suivre : Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture. Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture.
Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.
Eugène IV fit de nouvelles tentatives pour prévenir cette rupture; il nomma quatre nonces, dont l'évêque de Servia, en Romaine, était le plus considérable, et il minuta tout le progrès de leurs démarches dans des instructions dont voici l'abrégé :
« Si l'on peut persuader aux prélats du concile de le transporter à Bologne, c'est le mieux et le plus convenable aux intérêts de l'Église. Si les Hussites ne veulent point passer en Italie on pourra traiter avec eux à Bâle, et se rendre ensuite à Bologne pour les autres affaires qu'on doit agiter dans le concile.
Si cette dernière ville n'est pas agréée des prélats de Bâle on les laissera maîtres d'en choisir une autre en Italie, toutefois hors des terres du duc de Milan, actuellement ennemi du Saint-Siège,
Si la translation du concile en Italie est tout à fait rejetée on pourra choisir douze prélats qui, de concert avec les électeurs de l'empire et les ambassadeurs des princes, jugeront s'il faut célébrer le concile à Bâle ou dans quelque autre ville d'Allemagne.
Si ce compromis est refusé les nonces de Sa Sainteté, avec les évêques de l'assemblée, décideront la question.
Si l'on est d'avis de rester à Bâle on ne s'y occupera que de la réduction des Hussites et de la pacification des États de la chrétienté ; on n'y parlera point de ce qui concerne la réformation.
Si l'on s'accorde à prendre une autre ville que Bâle pour y célébrer le concile il sera permis d'y traiter de la réformation, pourvu qu'on n'y entame les articles considérables que quand il y aura soixante-quinze prélats du rang des patriarches, archevêques et évêques.
Mais, préalablement à toutes ces dispositions, et quel que soit le résultat des conseils de l'assemblée, on révoquera les procédures faites de part et d'autre, c'est-à-dire celles du concile contre le Pape et celles du Pape contre le concile. »
Telles furent les combinaisons qu'avait imaginées Eugène IV, et qui se trouvent expliquées dans plusieurs bulles qu'il donna sur la fin de décembre 1432 et au commencement de l'année suivante (1).
De leur côté les prélats poussaient de plus en plus leur entreprise contre le chef de l'Église…
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(1). Martène, t. 8, p. 551 et seqq.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture.
Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.
(suite)
De leur côté les prélats poussaient de plus en plus leur entreprise contre le chef de l'Église.
Ainsi, dans la neuvième session, du 22 janvier 1433, on déclara nul tout ce qu'il aurait fait ou qu'il pourrait faire au désavantage de l'empereur, et ce prince, qui était alors à Sienne, fut reconnu protecteur du concile; le duc de Bavière était comme vice-protecteur en l'absence de Sigismond.
Le 19 février, dans la dixième session, où l'on compta quarante-six prélats, les promoteurs requirent que la contumace d'Eugène fût déclarée, et le concile nomma des commissaires pour voir s'il convenait de faire cette déclaration.
Dans la session onzième, 27 avril, la célébration des conciles généraux fut recommandée au point même de menacer de suspense et de déposition le Pape s'il s'y opposait. Défenses étaient faites à toutes personnes, principalement au Pape, de dissoudre, proroger ou transférer un concile général, quel qu'il fût, à moins que le concile n'y consentît, et, ces règles universelles s'appliquant ensuite au Pape Eugène, on cassait tous les actes faits ou à faire dans la vue d'empêcher les prélats de la cour romaine de se rendre à Bâle.
Les décrets de la douzième session, 13 juillet, ordonnaient au Pape, sous peine de suspense, de révoquer ses premières bulles dans l'espace de soixante jours et de reconnaître que le concile avait été légitime depuis son commencement. Cet acte, dans l'idée des prélats de Bâle, tenait lieu de troisième monition adressée à Eugène, qui y est peint comme un Pontife « scandaleux et qui paraît vouloir détruire l'Église. » Ce sont les termes dont se servit le secrétaire de l'assemblée.
On trouve, à la suite de cette procédure, l'abolition de toutes les réserves et le rétablissement des élections, avec la manière de les pratiquer dans les chapitres et dans les abbayes.
La treizième session, 11 septembre, fut employée à entendre le réquisitoire des promoteurs sur la contumace du Pape. Il était question de le déclarer suspens, et l'évêque de Lectoure avait déjà commencé à lire le décret lorsque deux des envoyés d'Eugène incidentèrent sur la forme, alléguant pour raison que les soixante jours donnés au Pape pour révoquer ses bulles n'étaient point expirés. Le duc de Bavière elles magistrats de Baie avaient déjà intercédé pour la même cause, et le résultat de la délibération fut qu'on accorderait au Pape un délai de trente jours.
Enfin, dans la quatorzième session…
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Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture.
Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.
(suite)
Enfin, dans la quatorzième session, qui eut lieu le 14 novembre et où se trouva l'empereur, on étendit encore le terme à trois mois; ce fut Sigismond qui obtint cette prorogation, sous la clause toutefois qu'Eugène adhérerait, après ce temps-là, au concile, et qu'il révoquerait tous les décrets publiés en son nom contre cette assemblée, révocation qui se ferait selon les formules dont on récita le modèle en présence de l'empereur et de tous les prélats.
Tel est en peu de mots tout l'ordre des sessions et des procédures qui y furent faites durant cette année 1433, toujours à dessein d'obtenir du Pape la révocation de ses bulles et la confirmation du concile (1).
Voici maintenant de quelle manière, dans l'intervalle de ces sessions, les mêmes prélats reçurent les offres du chef de l'Église. Ses quatre nonces, avec les instructions conciliantes que nous avons vues, parurent dans une congrégation générale, le 7 mars, et ils haranguèrent vivement en faveur du Pape, dont ils expliquaient les droites intentions dans tout ce qu'il avait fait jusqu'alors par rapport au concile. Ils détaillèrent ensuite les divers tempéraments qu'ils étaient chargés de proposer pour concilier tous les intérêts, et ils ajoutèrent qu'au reste tous les ordres qu'ils avaient du Pape n'empêchaient pas que ce pontife « ne leur eût recommandé très-instamment d'obéir au concile. »
À ces paroles de conciliation les prélats de Bâle ne répondirent que par des paroles de hauteur et d'autorité…
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(1). Labbe, t. 12.
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Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture.
Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.
(suite)
À ces paroles de conciliation les prélats de Bâle ne répondirent que par des paroles de hauteur et d'autorité. Les promoteurs dirent aux nonces que le Pape n'avait point eu le droit de dissoudre ni de transférer le concile ; que, cette assemblée tenant immédiatement sa puissance de Dieu même, le Pape devait obéir à ses décrets ; qu'on ne pouvait accepter aucun des tempéraments proposés par le Pape sans blesser l'autorité supérieure qui est dans le concile général, et qu'il n'était pas non plus de la dignité du concile de révoquer ce qu'il avait fait pour maintenir ses droits.
Cependant le chef de l'Église avait fait plus encore pour ramener la paix. Le 14 février 1433 il donna une bulle qui portait en substance que la plupart des raisons qui empêchaient la célébration du concile de Bâle ayant cessé, le Pape rétractait et annulait les bulles publiées pour dissoudre et transférer ce concile; que son intention était présentement qu'il fût célébré dans la ville de Bâle, et qu'on y travaillât à l'extirpation de l'hérésie des Bohémiens et au rétablissement de la paix parmi les fidèles.
Eugène IV envoya cette bulle à l'empereur Sigismond, qui en fut si content qu'il l'adressa lui-même au concile, en l'avertissant de se conduire de manière à ne pas exposer l'Eglise aux malheurs d'un schisme. Cet avis plut d'autant moins aux prélats de Bâle qu'il leur était plus nécessaire ; ils en témoignèrent leur mécontentement à Sigismond, et ils lui marquèrent que le Saint-Esprit, au nom duquel ils étaient assemblés, n'était pas un esprit de discorde et de schisme (1). Et pour preuve ils feront bientôt un schisme et un antipape, ce qui dénote du moins quel esprit les faisait agir.
Quant à la bulle du Pape, dont l'empereur était si content, ils dirent qu'elle ne répondait point aux intentions du concile, et, en la parcourant depuis le titre de l'adresse jusqu’à la conclusion, ils prétendirent y remarquer un très-grand nombre d'articles qu'on ne pouvait passer.
1° La bulle, faisant l'histoire de la convocation du concile de Bâle, disait que le cardinal Julien de Saint-Ange avait reçu l'ordre de le célébrer s'il trouvait dans cette ville un nombre convenable de prélats. Les prélats de Bâle se récrièrent sur cet article, prétendant, aussi bien que le cardinal de Saint-Ange, que l'ordre de présider au concile lui avait été donné sans condition. Cependant on trouve cette condition manifestement énoncée dans le bref d'Eugène IV au cardinal de Saint-Ange (1).
2° La même bulle indiquait les principales raisons qui avaient porté le Pape à dissoudre le concile ; c'étaient les inconvénients exprimés dans le rapport de Jean Beaupère, envoyé du légat et des prélats eux-mêmes. Les prélats trouvaient fort mauvais que le Pape osât leur citer encore le rapport de leur propre envoyé, que jamais cependant ils ne voulurent désavouer.
3° Le Pape marquait dans son décret que…
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(1) Martène, t. 8 ( ?) , p. 537. — (1). Labbe, t. 12.
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Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture.
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3° Le Pape marquait dans son décret que, les empêchements du concile ayant cessé, il allait envoyer quatre légats pour le célébrer . Ces mots révoltèrent extrêmement les prélats de Bâle ; car, disaient-ils, le Pape ne reconnaîtra donc le concile que du moment de l'arrivée de ses légats, et il tiendra pour nul tout ce qui s'est fait jusqu'ici dans les sessions; ce qui détruit manifestement l'autorité de cette assemblée et de tous les autres conciles généraux, surtout de celui de Constance, qui a décidé que le concile général tient son autorité immédiatement de Dieu.
4° Eugène ne parlait dans sa bulle que de l'extirpation de l'hérésie des Bohémiens et de la pacification des princes chrétiens; d'où les prélats concluaient encore qu'il avait voulu exclure des délibérations de l'assemblée l'article essentiel de la réformation de l'Eglise. A la vérité, dans une autre bulle du 1er mai, le Pape avait chargé ses quatre légats de travailler avec le concile à la réformation de l'Église dans tous ses membres; mais cela ne contentait point les prélats de Bâle ; car ils craignaient que, par cette disposition, les légats ne fussent seuls arbitres de la réformation ; que le concile ne fût réduit à donner simplement ses conseils sur cet article ; que, si les légats ne voulaient point approuver certains décrets relatifs à cette matière, le concile ne pût pas l'emporter sur eux, et qu'ainsi son autorité suprême ne parût dégradée ou avilie. On se plaignait aussi que le Pape eût parlé de réformation par rapport aux membres sans faire mention du chef même de l'Église, expression consacrée par le concile de Constance et dont l'omission ne pouvait être tolérée. Voilà, en abrégé, quelle fut la révision sévère de la bulle du 14 février 1433.
Avec des esprits aussi intraitables Eugène IV voulut au moins mettre à couvert l'autorité du Siège apostolique. Le 29 juillet il donna une bulle par laquelle il cassait tout ce qui avait été fait à Bâle au delà des trois articles qu'il permettait de traiter dans le concile, savoir : l'extirpation des hérésies, la pacification des princes chrétiens et la réformation de l'Église. Mais cet éclat n'eut point de suite, et, trois jours après, pressé de plus en plus par l'empereur Sigismond, le chef de l'Eglise donna une autre bulle où il disait :
« Nous voulons bien et nous sommes content que le concile de Bâle ait été continué et qu'il continue encore, comme depuis son ouverture. Nous révoquons tout ce qui a été fait par nous pour le dissoudre et le transférer. Nous adhérons à ce concile purement et simplement, et nous avons intention de le favoriser de tout notre pouvoir, à condition toutefois que nos légats seront admis à y présider, et qu'on y révoquera tout ce qui a été fait contre nous, notre autorité, notre liberté, et contre nos cardinaux ou quiconque s'est attaché à nos intérêts. »
La date est du 1er août, et, le 13 du même mois, le Pape chargea l'archevêque de Spalatro, l'évêque de Cervia et l'abbé d'un monastère d'Italie, de recevoir à Bâle la révocation des décrets contraires à l'autorité apostolique, en révoquant aussi, de leur côté et au nom du Saint-Siège, tout ce que le Pape avait fait contre le concile.
Cette bulle du 1er août fut rédigée sous les yeux de l'empereur ; il en parut très-content et dit même au Pape qu'il en faisait plus qu'il ne devait. « Et si les Pères de Bâle, ajoutait-il, n'acceptent pas cette bulle, je ferai des merveilles contre eux. » C'étaient les termes dont s'était servi Sigismond. Cependant…
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(1). Labbe, t. 13, col. 1488.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Le Pape Eugène IV fait de nouvelles tentatives pour prévenir la rupture.
Les prélats de Bâle y répondent par des procédés toujours plus violents.
(suite)
Cependant, durant son voyage de Rome à Bâle, il renvoya au Pape pour le prier de faire un changement dans son décret; ce changement consistait à y mettre : Nous décernons et nous déclarons, au lieu de nous voulons bien et nous sommes content. Eugène IV eut encore la condescendance d'y acquiescer, mais toujours à condition que le concile révoquerait tous les actes publiés contre le Pape et ses adhérents.
Une des pièces qui, avec raison, indignait le plus ce Pontife, était la sommation qu'on lui faisait dans la douzième session d'adhérer au concile dans soixante jours, sous peine d'être déclaré suspens de ses fonctions. A cette menace schismatique il opposa une bulle du 13 septembre, où il cassait tout ce qui avait été réglé dans cette session.
Eugène IV essuyait alors des embarras, des inquiétudes et des chagrins de toute espèce. Poussé par les entreprises militaires du duc de Milan, en butte aux révoltes des Bolonais, ajourné par les prélats de Bâle, abandonné par plusieurs de ses cardinaux, exhorté avec une sorte d'empire par l'empereur, avec cela presque toujours malade, on ne peut guère imaginer de situation plus triste pour la première personne de l'Église et du monde, et le comble des honneurs était pour lui une croix bien pesante.
Cependant…
A suivre : Réconciliation telle quelle entre le Pape et les prélats de Bâle, qui font d'étranges raisonnements pour prouver la supériorité du concile sur le Pape.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Réconciliation telle quelle entre le Pape et les prélats de Bâle,
qui font d'étranges raisonnements
pour prouver la supériorité du concile sur le Pape.
Cependant, à force de négociations, la réconciliation eut lieu sur la fin de cette année 1433 ; les préliminaires de la paix étaient comme arrêtés quand on tint la quatorzième session, où le terme de trois mois fut accordé au Pape pour adhérer au concile.
L'empereur était à Bâle depuis le 11 octobre ; dès le lendemain de son arrivée il avait présenté au concile la bulle du 1er août. On l'expliqua, on la modifia, on la réduisit à des formules qu'on imagina plus favorables au concile que l'énoncé du Pape ; mais la bulle même fit toujours le fond de ces modèles proposés par le concile.
Enfin, suivant les actes publiés par Augustin Patrice, chanoine de Sienne, et qui avait travaillé d'après les manuscrits conservés précieusement à Bâle, l'accord se fit entre les prélats du concile et le Pape Eugène, de manière que les légats du Saint-Siège furent admis à présider, et que tout ce qui s'était fait par le concile contre le Pape et par le Pape contre le concile fut révoqué. Dans les actes de la seizième session cette bulle d'Eugène IV n'est pas complète ; on n'en a inséré que la première partie : la révocation de ce qu'il avait fait contre l'assemblée de Bâle.
Quoique les princes fussent portés généralement pour cette assemblée, ils étaient loin d'approuver ses entreprises contre le Pape, surtout quand elle osa le menacer de suspense s'il n'adhérait dans l'espace de soixante jours. Dans le fait, si vingt ou trente prélats en opposition avec le chef de l'Église peuvent se dire le concile général, les états généraux de la chrétienté, l'Église universelle, et, par suite, régenter le Pape, lui prescrire d'un jour à l'autre des lois nouvelles, le menacer, le suspendre, le déposer comme un ministre révocable à leur gré, à plus forte raison vingt ou trente députés pourront-ils se dire les états généraux d'une nation, le parlement, la représentation nationale, et, par suite, régenter, suspendre, déposer, bannir ou tuer les empereurs et les rois.
Aussi, le 20 août 1433, le roi de France Charles VII écrivit-il aux prélats de Bâle pour leur témoigner l'effroi que lui causaient leurs attentats contre le souverain Pontife de l'Eglise universelle et pour les prier avec instance de ne pas pousser les choses si loin. Les autres princes de l'Europe pensèrent de même : les monuments du temps, qu'on peut voir dans la grande collection du Bénédictin Martène, signalent à cet égard le mécontentement de l'empereur, du roi d'Angleterre, des électeurs de l'empire, du doge de Venise, du duc de Bourgogne et du duc de Savoie (1).
Les dix sessions suivantes…
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(1). Martène, Vet. Script, ampliss. collect.,t. 8, p. 627-641.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Réconciliation telle quelle entre le Pape et les prélats de Bâle,
qui font d'étranges raisonnements
pour prouver la supériorité du concile sur le Pape.
(suite)
Les dix sessions suivantes, de la quinzième à la vingt-cinquième, sont ce qu'on appelle quelquefois le beau temps du concile de Bâle ; beau en comparaison de ce qui précède et de ce qui suivra, car, en soi, jamais cette assemblée n'a eu rien de vraiment beau ni de complètement honorable ; jamais elle n'a su se défaire de son mauvais levain d'insubordination, de discorde et de schisme, entretenu par une érudition indigeste et sophistique pire que l'ignorance. Dans les dix sessions dont il est parlé, le principal devait être de cimenter, par de bons procédés, la réconciliation qu'on avait eu tant de peine à conclure. Nous allons voir si l'assemblée ne fît pas précisément l'opposé.
La seizième session, célébrée le 5 février 1434, fut l'époque de la réconciliation du Pape et des prélats de l'assemblée qui devint ainsi un concile vraiment canonique. Eugène IV avait nommé, pour y présider, cinq cardinaux : Julien Césarini, cardinal de Saint-Ange ; Jourdain des Ursins, cardinal de Sainte-Sabine ; Pierre de Foix, cardinal d'Albane; le bienheureux Nicolas Albergati, cardinal de Sainte-Croix ; Angélotto Fosco, cardinal de Saint-Marc, avec l'archevêque de Tarente, l'évêque de Padoue et l'abbé de Sainte-Justine de cette dernière ville, pour remplacer les cardinaux qui pourraient ne pas s'y trouver.
Ces présidents ne furent admis par le concile que le 24 avril 1434, dans une congrégation générale, et l'on y détermina qu'ils feraient serment de donner leur avis selon les règles de la conscience, de tenir secrets les suffrages, de ne point s'éloigner de Bâle sans le consentement des députés des nations, de travailler pour l'honneur et la conservation du concile, surtout de maintenir ses décrets, et en particulier ceux du concile de Constance, touchant l'autorité des conciles généraux, au-dessus même de celle du Pape, en ce qui concerne la foi, l'extirpation du schisme et la réformation de l'Église, tant dans le chef que dans les membres. On indiquait par là les décrets fameux de la quatrième et de la cinquième session.
Le serment qu'on exigea des légats du Pape Eugène n'était qu'en leur privé nom, comme les actes le disent expressément. Le docteur Turrécrémata, qui était au concile, et qui fut depuis cardinal, dit qu'ils le firent comme particuliers, et non comme nonces apostoliques, qu'ils protestèrent même en cette qualité contre l'engagement auquel on voulait les astreindre (1).
La dix-septième session, qui fut tenue le 26 avril, manifesta encore davantage les…
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(1) Labbe, t. 13.
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Réconciliation telle quelle entre le Pape et les prélats de Bâle,
qui font d'étranges raisonnements
pour prouver la supériorité du concile sur le Pape.
(suite)
La dix-septième session, qui fut tenue le 26 avril, manifesta encore davantage les intentions du concile par rapport aux légats ; car ils ne furent reçus à présider qu'à condition qu'ils n'auraient aucune juridiction coactive, qu'ils garderaient la manière de procéder observée jusque-là dans le concile pour les congrégations générales, les députations, la façon de prendre les suffrages et de publier les décrets. Il fut réglé que le premier des présidents qui se trouverait aux assemblées ferait cette publication, et que, si aucun des présidents ne voulait la faire, ce soin regarderait le prélat qui aurait la première place après eux. On arrêta aussi que tous les actes seraient expédiés au nom et sous le sceau du concile.
Après avoir ainsi réglementé l'autorité des légats du Pape le concile de Bâle se remit à réglementer l'autorité du Pape même. Dans la dix-huitième session, tenue le 26 juin, il répéta et confirma pour la quatrième ou cinquième fois les décrets de Constance touchant la supériorité du concile général sur le souverain Pontife en ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme et la réformation de l'Église. Les légats du Pape n'y assistèrent point. En revanche, un docteur de l'école de Paris, nommé Jean, et patriarche d'Antioche, présenta dans cette session un ouvrage qu'il avait composé et répandu quelques mois auparavant pour appuyer la doctrine du concile.
« Il est clair, dit-il au commencement, que le concile général a plus d'autorité que le Pape ; car l'apôtre saint Pierre, qui fut le premier Pape, après Jésus-Christ, voyant approcher le temps de sa mort, choisit Clément pour lui succéder dans le Siège apostolique ; mais le concile général des apôtres, représentant l'Église universelle, crut que cette élection de Clément, faite par saint Pierre, ne convenait point au bon gouvernement de l'Église; il la réprouva par manière de réforme, et il ordonna pour le souverain pontificat d'abord saint Lin et ensuite saint Clet, ce qui fut approuvé de toute l'Église. »
Le patriarche d'Antioche cite en preuve les Chroniques de saint Clément , ouvrage totalement apocryphe, aussi bien que l'histoire que nous venons d'indiquer. Telle était l'érudition des docteurs parisiens qui voulaient en remontrer au Pape.
Leurs raisonnements ne sont pas moins curieux...
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
A suivre : Négociations avec les Grecs pour la réunion.Réconciliation telle quelle entre le Pape et les prélats de Bâle,
qui font d'étranges raisonnements
pour prouver la supériorité du concile sur le Pape.
(suite)
Leurs raisonnements ne sont pas moins curieux. On leur disait, comme on a toujours dit et comme on dira toujours : « Le Seigneur a dit à Pierre : Pais mes agneaux, pais mes brebis. Or qui ne distingue point n'excepte rien. Donc le Seigneur a confié à Pierre toutes ses brebis, tout son troupeau. — Je distingue, moi, répond le même défenseur de la déclaration de Constance et de Bâle, je distingue. Par ces paroles : Pais mes brebis , le Seigneur a confié à Pierre chacune de ses brebis en particulier, mais non pas toutes les brebis ensemble (1). » C'est-à-dire, quand un propriétaire donne à son berger un troupeau de cent brebis à paître, il lui donne pouvoir de conduire chacune de ces brebis en particulier, mais non pas les cent brebis ensemble ; au contraire, son intention est que les cent brebis ensemble, ou le troupeau, conduisent le berger.
Les adversaires de ce merveilleux système rappelaient encore que, d'après toute la tradition, saint Pierre, ou le Pape, son successeur, est le chef et le pasteur de toute l'Église, le chef et le pasteur de l'Église universelle. « Je distingue, répond le même orateur de Bâle : saint Pierre est le chef et le pasteur de toutes les Églises particulières qui composent l'Église universelle, mais non pas de l'Église universelle, qui est composée de toutes ces Églises particulières (2). »
Ce qui suppose, en métaphysique, que le tout est plus grand que toutes ses parties ; en subordination militaire, que le chef d'un régiment ou le colonel peut bien commander chaque soldat, chaque escouade, chaque compagnie, chaque bataillon, et même tous les bataillons à la fois, mais non pas tout le régiment ; en science naturelle, que la tête est le chef de toutes les parties du corps, mais non pas du corps entier ; que la tête peut commander à toutes les parties du corps, mais non pas au corps entier, attendu que le corps entier doit commandera la tête, comme le concile de Bâle au Pape Eugène IV.
Le lecteur ne devinerait guère un dernier raisonnement que fait le champion de Bâle ; le voici : « Vainement on dirait pour nos adversaires que, d'après le droit canon, le Pape préside à l'Eglise romaine et aux autres Églises qui font l'Église universelle; car je réponds : Pour que le Pape présidât à l'Église universelle il faudrait qu'il présidât aux chefs et aux membres de toutes les Églises établies par l'univers. Or le Pape ne préside pas au chef de l'Église romaine, parce qu'il ne peut pas présider à lui-même. Donc il ne préside pas « toutes les Églises qui font l'Église universelle (1). » C'est-à-dire la tête ne préside pas à tout le corps parce qu'elle ne peut présider à elle-même ; le colonel ne préside point à tout le régiment, ni le père à toute la famille, parce qu'ils ne peuvent présider à eux-mêmes.
Ceci est déjà prodigieusement inepte ; la conséquence l'est encore un peu plus, car voici comment concluaient les défenseurs de la déclaration de Constance et de Bâle: « Le Pape est le chef de tous les chrétiens, excepté d'un seul, qui est lui-même ; donc les autres sont le chef du Pape! » La tête commande à tous les membres du corps, excepté à un seul, qui est elle-même ; donc les autres membres commandent à la tête !
En vérité, dira plus d'un lecteur, voilà des inepties sans nom ! Ces lecteurs se trompent ; ces inepties ont un nom français ; nous le verrons en temps et lieu. Pour le moment constatons seulement une chose : c'est que ce système de Constance et de Bâle est né d'une mauvaise érudition et de la plus mauvaise scolastique fécondées par l'esprit de discorde. Tel est le péché où il a été conçu. Un Bossuet même n'effacerait pas cette tache originelle.
La dix-neuvième session du concile de……
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Re: Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.
Négociations avec les Grecs pour la réunion.
La dix-neuvième session du concile de Bâle, 7 septembre 1434, roula en grande partie sur la réunion des Grecs. Ceux-ci avaient d'abord agréé l'Italie pour y consommer l'union et le Pape souhaitait qu'on s'assemblât à Bologne ; mais ce projet ne réussit point parce que l'empereur Jean Paléologue aimait mieux se rendre à Ancône. Alors le Pape, pour terminer quelque chose à cet égard, fit passer à Constantinople un de ses secrétaires, nommé Christophe Garatoni, homme entendu et fidèle. C'était au mois de juillet 1433.
L'envoyé, ayant été souvent admis à l'audience de l'empereur, trouva que ce prince, toujours très-zélé pour l'union, n'était cependant plus aussi porté pour le voyage d'Italie, mais qu'il avait imaginé d'assembler à Constantinople un concile général de l'Église grecque, auquel présideraient les légats du Pape et où l'on entamerait des conférences sur les points contestés entre les deux parties. Sur ces entrefaites les prélats de Bâle, qui n'ignoraient pas les négociations du Pape auprès de Paléologue, voulurent gagner ce prince, et ils lui envoyèrent l'évêque de Sude, avec Albert de Crispis, religieux augustin, pour conférer des moyens d'éteindre le schisme. Cette députation fit plaisir aux Grecs, qui ne cherchaient qu'à être assurés d'un plus grand concert de l'Église latine afin d'en tirer des avantages plus grands, soit pour l'union, soit pour la défense de l'empire attaqué par les Turcs.
Paléologue à son tour députa, au printemps de cette année 1434, trois ambassadeurs titrés pour traiter avec les prélats de Bâle. Albert de Crispis les accompagnait; ils prirent leur chemin par la Hongrie ; ils souffrirent beaucoup durant le voyage ; enfin ils arrivèrent au concile sur la fin de juillet. On les reçut avec honneur, et, dans les congrégations où ils furent admis, on discuta toutes les propositions qu'ils avaient à faire de la part de leur maître.
Cependant le secrétaire pontifical…
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