Réunion des Chrétiens d'Orient avec l'Église romaine sous le Pape Eugène IV.

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Message  Louis Mar 05 Mai 2015, 12:40 pm


Dans les sessions dix, onze et douze, les orateurs latins,
surtout le cardinal Julien Césarini,
traitent la question du Saint-Esprit
et réfutent les objections des Grecs
avec un génie aussi merveilleux qu'il est peu connu.


(suite)

Dans la même session ou dans la suivante car le collecteur grec les distingue tandis que le latin les réunit, le cardinal Julien demanda la permission de faire quelques observations simples et faciles à comprendre, non-seulement pour les théologiens, mais encore pour le commun des laïques, et qui cependant pourraient éclaircir tous les doutes.

L'empereur l'ayant invité à parler, le cardinal dit :

« Pour en venir à la racine même de la difficulté, il est question de la défense portée par le concile d'Ephèse en ces termes : « Qu'il ne soit permis à personne de proférer, ou d'écrire, ou de composer, ou de croire une autre foi que celle de Nicée. » Nous disons que ces paroles doivent s'entendre en ce sens qu'il n'est permis à personne de dire rien de contraire à la foi de Nicée. » Vous dites qu'il faut les entendre non-seulement d'une foi autre et contraire, mais de toute explication, exposition ou addition, et qu'il est interdit par cette défense d'insérer dans le Symbole aucune exposition ni explication quelle qu'elle puisse être. Or les jurisconsultes nous disent qu'on ne peut bien comprendre une loi si on ne la considère pas tout entière. Pour l'intelligence de cette affaire il faut donc examiner ce qui a procédé cette loi. Or on voit par les actes du concile d'Éphèse que le prêtre Carisius y lut deux professions de foi, la sienne et celle de deux Nestoriens ; le concile approuva la sienne, comme conforme à celle de Nicée, quoique conçue en d'autres termes, et il condamna celle des Nestoriens comme y étant contraire. Ce qui montre évidemment que l'intention du concile était de ne défendre que ce qui est contraire à la foi de Nicée.

« En second lieu ce concile a défendu à qui que ce soit non-seulement de proférer, d'écrire, etc., mais encore de croire ou de penser autrement que ne porte la foi de Nicée. Si je vous demandais : Croyez-vous au fond de votre cœur que Dieu soit éternel! vous répondriez sans doute affirmativement. Or quelqu'un pourrait dire que par là vous êtes soumis à l'anathème, parce que cela n'est pas contenu dans le Symbole, et que vous croyez autrement que le Symbole ne porte. On en peut dire autant de vérités sans nombre. »

A coup sûr on ne pouvait réfuter les Grecs d'une manière à la fois plus simple, plus spirituelle et plus péremptoire…

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Message  Louis Mer 06 Mai 2015, 12:03 pm


Dans les sessions dix, onze et douze, les orateurs latins,
surtout le cardinal Julien Césarini,
traitent la question du Saint-Esprit
et réfutent les objections des Grecs
avec un génie aussi merveilleux qu'il est peu connu.


(suite)

A coup sûr on ne pouvait réfuter les Grecs d'une manière à la fois plus simple, plus spirituelle et plus péremptoire. Pour se tirer de là ils allèrent jusqu'à cette subtilité incroyable qu'il était permis à chaque particulier d'exposer sa foi de la manière qu'il jugerait à propos, mais que cela n'était point permis à l'Église catholique. Le cardinal les réfute encore de même.

« Quant à ce que vous dites qu'il est permis aux personnes privées de faire par leur autorité propre des expositions et des déclarations comme il leur plaît, mais que cela n'est pas permis à l'Église catholique, moi je dis que c'est contraire aux paroles du concile ; car on lit au commencement : « Il ne sera permis à personne, etc., » et à la fin : « Si c'est un évêque ou un clerc ils seront déposés ; si c'est un laïque il sera excommunié. » Il est donc incontestable que la défense s'adresse à tous en général et à chacun en particulier, évêques, clercs et laïques. Si donc il faut entendre cette défense comme vous faites, il y aura bien des chrétiens sous l'anathème, peut-être tous.»

« Le cardinal termina par le trait suivant, qui ne décèle pas moins de génie :

« Vous savez qu'Eutychès fut condamné dans un concile de Constantinople par Flavien; qu'ensuite se tint le concile d'Éphèse, qui a été réprouvé, auquel présida tyranniquement Dioscore et assista Eutychès. Celui-ci, pour plaider sa cause et montrer qu'il n'avait point erré, récita sa foi, c'est-à-dire le Symbole de Nicée, mot à mot, et dit ensuite : « Telle est la foi des Pères, dans laquelle je veux vivre et mourir. » Mais comme la foi de Nicée a été confirmée par le concile d'Éphèse, qui défendit de proférer une autre foi que cette première, d'y ajouter ou d'en retrancher quoi que ce soit, Eutychès disait : « Je tiens la foi orthodoxe, mais Flavien ne la tient pas, puisqu'il soutient que le Christ est de deux natures et en deux natures, tandis que, dans le Symbole de Nicée, il n'est pas dit que le Christ ait deux natures ou qu'il soit de deux natures. » Eutychès détruisait ce grand mystère de la piété jusqu'à en proscrire les termes. Ce qu'entendant Eusèbe de Dorylée il s'écria : « Vous avez menti, nul canon ne l'a déterminé. » Dioscore répondit : « Comment ! nul canon ? Voici deux exemplaires ; dans tous deux on lit qu'il n'est pas permis d'ajouter rien au Symbole. »

« Ces choses ont été lues au concile de Chalcédoine, qui ne dit rien contre Eusèbe de Dorylée, mais le reçut et l'embrassa. Plus loin Dioscore prononce la sentence contre Flavien et dit qu'il le prive de l'épiscopat parce qu'il a violé le décret d'Éphèse ordonnant de déposer l'évêque ou le clerc qui ajouterait à la foi de Nicée. Or, quand on lut cette partie des actes à Chalcédoine, tout le concile s'écria : « Anathème à Dioscore parce qu'il a mal jugé ! »

« Le concile cassa donc tout ce qu'on avait fait contre Flavien et décida que Flavien n'avait agi ni contre le concile de Nicée ni contre celui d'Ephèse en disant que Jésus-Christ avait deux natures, parce que, si ces paroles ne sont pas textuellement dans le Symbole de Nicée, elles n'y sont pas contraires, mais renfermées virtuellement. Aucun exemple ne me paraît plus propre à éclaircir la question. Je conclus donc que la défense du concile d'Éphèse s'applique à ceux qui tiennent une foi contraire à celle de Nicée, ou diverse, ou qui font des changements à l'Écriture sainte et au Symbole de Nicée.»

« Voilà ce qui, d'après mon faible jugement, peut éclaircir tous les doutes…

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Message  Louis Jeu 07 Mai 2015, 11:22 am


Dans les sessions dix, onze et douze, les orateurs latins,
surtout le cardinal Julien Césarini,
traitent la question du Saint-Esprit
et réfutent les objections des Grecs
avec un génie aussi merveilleux qu'il est peu connu.


(suite)

« Voilà ce qui, d'après mon faible jugement, peut éclaircir tous les doutes. S'il n'en est pas ainsi je désire être redressé par vous. C'est pourquoi, comme l'Église latine dit qu'elle n'a rien ajouté ni contre la vérité, ni contre la sainte Écriture, ni contre le Symbole de Nicée, ni contre les définitions d'autres conciles, il serait convenable de laisser cette question, s'il est permis ou non, et de passer à cette autre : Est-il vrai que le Saint-Esprit procède du Fils ? Que si vous pouvez démontrer qu'il n'en procède pas, je conviendrai sans détour que c'est une addition, et qu'il n'a point été loisible à la sainte Église romaine d'ajouter ce qui est contraire à la vraie foi ; mais, si vous ne pouvez démontrer que cela est faux, si, au contraire, on démontre que c'est utile et vrai, alors il faudra bien accorder qu'on a pu l'expliquer dans le Symbole, et la paix sera faite de part et d'autre. Voilà ce que j'ai pu dire, le soumettant à la correction de notre bienheureux Père et seigneur, ainsi que du sérénissime empereur et des autres révérendissimes Pères. »

A ces mots Bessarion, archevêque de Nicée, fît compliment au cardinal sur tout ce qu'il venait de dire et annonça la réponse des Grecs pour les séances suivantes. Ces remarquables détails sont tirés textuellement des actes grecs du concile.

La douzième session (15 novembre) se passa tout entière, de la part de Marc d'Éphèse, à incidenter sur l'affaire de Carisius et d'autres accessoires, essayant, par une foule de petites questions captieuses, à dérouter, à surprendre le cardinal Julien, sans pouvoir y réussir. Au contraire le cardinal releva une contradiction flagrante dans la réponse écrite des Grecs. Ceux-ci soutenaient que, d'après le concile d’Éphèse, il était permis à tous les particuliers d'exposer leur foi en tels termes qu'ils voulaient, et en même temps, suivant leur interprétation, ce même concile le défendait aux évêques, aux clercs et aux laïques, c'est-à-dire à tout le monde (1).

Il fit encore cette observation : « Vous avez dit bien des fois que la défense de rien ajouter n'existait pas avant le troisième concile ; pour moi je pense qu'elle est plus ancienne. Le Pape saint Célestin écrivait, avant la tenue de ce concile : « Nous lisons dans nos livres qu'il ne faut rien ajouter ni retrancher.» Et bien longtemps avant Célestin, quelqu'un disait : « Ne transportez pas les bornes anciennes qu'ont posées vos pères. » C'est Salomon ou plutôt l'Esprit de Dieu. Plus haut que Salomon Moïse s'écriait : « Maudit quiconque transporte les bornes éternelles ! maudit qui transporte les bornes de ses pères  (2) ! »

Dans la treizième session…

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(1). Mansi, t. 31, col. 667, E. — (2). Id.  ibid.  col.   680 et 681.
A suivre : Arrivée des ambassadeurs du duc de Bourgogne. Prodigieuse présence d'esprit avec laquelle le cardinal Julien répond à un très-long discours de Marc d'Éphèse.

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Message  Louis Ven 08 Mai 2015, 1:33 pm


Arrivée des ambassadeurs du duc de Bourgogne.
Prodigieuse présence d'esprit avec laquelle le cardinal Julien
répond à un très-long discours de Marc d'Éphèse.

 Dans la treizième session (27 novembre) on reçut les ambassadeurs du duc de Bourgogne ; ils présentèrent leurs respects au Pape, puis allèrent à leur place sans saluer l'empereur grec ; ce qui le piqua tellement qu'il menaça de quitter le concile avec tous les siens si on ne lui faisait réparation de cette insulte. Le Pape et le patriarche eurent bien de la peine à calmer cette affaire. Dans la session suivante (4 décembre) les ambassadeurs saluèrent l'empereur, mais d'une manière qui pouvait paraître une nouvelle offense. L'empereur dissimula pour le bien de la paix.

Après cet incident Marc d'Éphèse, reprenant ses arguties, fit un très-long discours dans l'espérance que personne ne pourrait y répondre ; à l'instant même le cardinal Julien prit la parole et dit entre autres paroles ; « Si vous me proposez dix chapitres je vous en rendrai dix mille. » Et de fait il divisa le long discours de son antagoniste en vingt-huit points, et les réfuta l'un après l'autre avec une telle abondance de preuves et de paroles que Marc d'Ephèse ne trouva point où placer un mot. Ce fut dans ces dernières conférences que le cardinal produisit un ancien exemplaire d'une lettre du Pape Libère à saint Athanase, qu'il venait de recevoir de Vérone, et dans laquelle on lisait que le concile de Nicée lui-même avait défendu de rien ajouter, retrancher ou changer au Symbole, sous peine de déposition contre les évêques et les clercs, d'anathème contre les moines et les laïques; en sorte que la prétention des Grecs, que cette défense n'existait que depuis le troisième concile, se trouvait ruinée une fois de plus (1). Cette lettre fit une grande impression sur Bessarion de Nicée (2).

Les Grecs, voyant que les Latins ne se rendaient point aux longs discours…


A suivre : Les Grecs se découragent, parce que, suivant Bessarion, ils ne s'étaient pas attendus à tant de science et d'esprit de la part des Latins.
________________________________________________________

(1) Labbe, t. 13, col.  1010 et 1011. — (2). Id., ibid., col. 1238.

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Message  Louis Sam 09 Mai 2015, 1:55 pm

Les Grecs se découragent,
parce que, suivant Bessarion,
ils ne s'étaient pas attendus à
tant de science et d'esprit de la part des Latins.

 Les Grecs, voyant que les Latins ne se rendaient point aux longs discours, commencèrent à s'ennuyer et parlaient de retourner à Constantinople ; l'empereur ranima leur courage. Les Grecs auraient voulu une fin à ces longues disputes ; les Latins répondaient que pour cela il fallait examiner le fonds même de la question, si le Saint-Esprit procède du Fils aussi bien que du Père ; car cette parole : du Fils, Filioque , une fois mise dans le Symbole, ne pouvait en être ôtée si l'on ne montrait auparavant que c'est un blasphème.

Marc d'Éphèse disait : « Qu'on l'ôte du Symbole et qu'on la mette dans une définition. »

Mais le cardinal Julien répliquait : « Qu'on l'examine, mon Père, qu'on l'examine ! Si cette parole : du Fils, se trouve un blasphème, elle ne doit être ni dans le Symbole ni ailleurs, car un blasphème n'est jamais à dire; si, au contraire c'est une parole de piété, il faut la recevoir partout, et elle est souverainement nécessaire dans le Symbole (1). » Voilà ce qu'on lit clans le collecteur grec.

Mais Bessarion, archevêque de Nicée, nous révèle le véritable état des esprits et des affaires dans sa lettre déjà citée à Lascaris. Voici ses paroles :

« Les Latins ayant dit ces choses et autres semblables, comme nous n'avions rien à y répondre (car que dire impudemment contre une telle vérité?), nous gardions le silence. Les Latins, au contraire, après avoir prouvé qu'il est permis d'ajouter une vérité au Symbole, promettaient encore de prouver que le dogme ajouté au Symbole était vrai, savoir que l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils; mais les nôtres, vaincus dans un premier combat, craignaient d'en subir un second, et il leur arriva ce que j'avais prévu dès le commencement lorsque je les empêchais de commencer par cette question.

« Ils craignaient donc et ne voulaient absolument point demeurer davantage; mais chacun désirait s'en retourner chez soi. « Retournons, retournons! » s'écriaient-ils sans cesse. Interrogés pourquoi ils ne pouvaient le dire.

« Que dirons-nous donc aux Latins lorsqu'ils nous demanderont pourquoi ce départ au milieu du combat ou plutôt au commencement? Car ce qu'on a dit jusqu'à présent sur ce qu'il n'est pas permis de rien ajouter ne touche pas seulement à la question.  Pourquoi donc s'en retourner sans avoir même commencé ? »

A cela ils ne savaient que dire ; mais ils criaient sans raison aucune : « Retournons, retournons! » Ils disaient aussi entre eux avoir appris que les Latins étaient en état de produire de nombreuses autorités des Pères occidentaux pour prouver clairement que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.

« Qu'y répondrons-nous? Partons, retournons, allons-nous-en! Attendez-vous la sentence des Pères et des docteurs? Puisque, disent-ils, les Latins ont à produire plusieurs autorités de saints auxquelles nous n'avons rien à répondre, allons-nous-en d'eux. »  

A peine le sentiment de ce qu'il y avait d'absurde dans leur projet, ainsi que les discours de l'empereur, purent-ils leur faire prendre la résolution de demeurer (1). »

Cependant, la peste s'étant déclarée à Ferrare…

__________________________________________

(1) Mansi, t. 31, col. 691. (1) Labbe, t.13, col. 1239.
A suivre : Le Concile transféré à Florence à cause de la peste.

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Message  Louis Dim 10 Mai 2015, 2:02 pm

Le Concile transféré à Florence à cause de la peste.

Cependant, la peste s'étant déclarée à Ferrare, le Pape proposa aux Grecs de transférer le concile à Florence. L'empereur et le patriarche y ayant consenti, Eugène IV publia la bulle de translation le 10 janvier 1439. Il partit le 16 pour Florence. Le patriarche et l'empereur s'y rendirent de leur côté et furent reçus l'un et l'autre avec de grands honneurs.

Alors on reprit les sessions du concile, dont la première de Florence eut lieu le 26 février. Elle se tint au palais du Pape, en présence de l'empereur ; mais le patriarche n'y assista pas, ayant les pieds si enflés qu'il ne pouvait se soutenir. Le cardinal Julien y parla de la part du Pape et dit que l'on était convenu de part et d'autre de conclure promptement l'affaire, et, pour cet effet, de s'assembler trois fois la semaine et de conférer trois heures au plus.

« Mais, ajouta-t-il, l'empereur a jugé plus à propos que l’on traitât en particulier des moyens de l'union avant que d'en venir aux conférences publiques, et le Pape en est convenu. »

Le cardinal parla ce jour assez longuement, après avoir fort recommandé la brièveté, et presque tous, tant Grecs que Latins, en usaient de même.

Les Grecs ne purent convenir entre eux des moyens d'union et voulurent continuer la discussion sur le fonds de la doctrine…

A suivre : De la session dix-huit à la vingt-troisième, Jean de Monténégro, provincial des Dominicains, prouve très-doctement par les Pères grecs…

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Message  Louis Lun 11 Mai 2015, 3:04 pm

De la session dix-huit à la vingt-troisième, Jean de Monténégro, provincial des Dominicains,
prouve très-doctement par les Pères grecs, particulièrement saint Épiphane, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Les Grecs, quoique convaincus d'avoir falsifié un passage de saint Basile, finissent néanmoins par se réjouir de voir
que les Latins ne disaient pas deux causes du Fils et du Saint-Esprit, mais une seule, le Père.

Les Grecs ne purent convenir entre eux des moyens d'union et voulurent continuer la discussion sur le fonds de la doctrine; c'est pourquoi le Pape leur dit de choisir des commissaires qui parleraient de leur part, comme firent aussi les Latins. Ainsi recommencèrent les sessions, dont la dix-huitième eut lieu le 10 mars. Celui qui y parla pour les Latins fut Jean de Monténégro, provincial des Frères prêcheurs en Lombardie, qui passait pour un grand philosophe et un savant théologien. Il justifia pleinement cette réputation.

Comme on allait discuter directement la procession du Saint-Esprit, frère Jean demanda aux Grecs ce qu'ils entendaient par procession, quand ils disaient que le Saint-Esprit procède du Père. Marc d'Éphèse répondit : « J'entends une production par laquelle l'Esprit-Saint reçoit de lui l'être et tout ce qu'il est proprement.

— Fort bien ! reprit le Dominicain, nous avons cette conclusion. Le Saint-Esprit reçoit du Père l'être, ou il en procède, c'est la même chose. Voici donc comme je raisonne : De qui l'Esprit-Saint reçoit l'être, de celui-là aussi il procède ; or l'Esprit est dit recevoir l'être du Fils; donc l'Esprit procède du Fils, suivant le sens propre du mot procession , comme vous l'avez accordé. Or, que l'Esprit reçoive l'être du Fils, on peut le démontrer par beaucoup de témoignages.

— Mais, interrompit Marc d'Éphèse, d'où tenez-vous que le Saint-Esprit reçoit l'être du Fils ? Nous n'accordons pas cela.

— Votre demande me plaît, répliqua frère Jean, car je vais y répondre à l'instant même. Donc, que le Saint-Esprit reçoive du Fils l'être, cela se prouve par la parole de saint Épiphane dans son Ancorat , traduit en latin par Ambroise le Camaldule sur un vieux manuscrit grec, et où, parlant de la personne du Père, il s'exprime ainsi : « J'appelle Fils celui qui est de lui, et Esprit-Saint celui qui seul est des deux. » D'après cette parole de saint Épiphane, si l'Esprit est des deux, il reçoit donc aussi des deux l'être. Il dit de plus dans le même livre : « Et comme personne n'a vu le Père, si ce n'est le Fils, ni le Fils, si ce n'est le Père, » de même j'ose dire : Personne non plus ne connaît le Saint-Esprit si ce n'est le Père et le Fils, duquel il reçoit et procède, ni le Père et le Fils, si ce n'est le Saint-Esprit, qui glorifie véritablement, qui enseigne toutes choses, qui est du Père et du Fils. Dans ce passage saint Épiphane prend pour synonyme être du Père et du Fils et recevoir du Père et du Fils. Nous savons donc premièrement par saint Epiphane que le Saint-Esprit reçoit son être du Père et du Fils (1), »

L'argument était sans réplique, d'autant plus que saint Épiphane…

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(1). Mansi, t. 31, col, 723.

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Message  Louis Mar 12 Mai 2015, 1:09 pm

De la session dix-huit à la vingt-troisième, Jean de Monténégro, provincial des Dominicains,
prouve très-doctement par les Pères grecs, particulièrement saint Épiphane, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Les Grecs, quoique convaincus d'avoir falsifié un passage de saint Basile, finissent néanmoins par se réjouir de voir
que les Latins ne disaient pas deux causes du Fils et du Saint-Esprit, mais une seule, le Père.


(suite)

 L'argument était sans réplique, d'autant plus que saint Épiphane est un des plus anciens Pères grecs ; aussi Marc d'Éphèse se réduisit-il à faire observer que saint Épiphane ne disait pas textuellement que le Saint-Esprit reçoit son être du Fils, et que cela ne résultait pas non plus de ses paroles par une conclusion nécessaire. A cette fin il employa tout le reste de la séance en arguties interminables, pour soutenir qu'être de quelqu'un ou en recevoir l'être n'était pas du tout la même chose, mais une chose bien différente, Ce qui prouve du moins que l'argument du Dominicain l'embarrassait beaucoup.

Le provincial des Dominicains comptait exposer de suite les autorités des Pères lorsque Marc d'Éphèse jeta au milieu de la discussion un passage de saint Basile sur le sens duquel on disputa durant toute la séance suivante ; ce qui était d'autant plus facile que, comme nous l'avons vu en son temps, saint Basile ne s'était exprimé que d'une manière couverte sur l'article du Saint-Esprit. Toutefois, malgré toutes les subtilités de Marc d'Éphèse, la discussion fit un grand pas; frère Jean montra clairement que, d'après les Latins, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe, et non pas de deux (1). Ce qui commença à détruire une des plus fortes préventions des Grecs, qui s'imaginaient toujours que les Latins croyaient que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils comme de deux principes.

Ce qui augmentait la difficulté c'est que le texte de saint Basile n'était pas le même dans tous les exemplaires. Dans ceux que produisaient les Latins il était tout à fait en leur faveur. Eunomius avait conclu, de ce que le Saint-Esprit était le troisième en ordre dans la Trinité, qu'il était le troisième en nature. Saint Basile disait dans sa réfutation :


« Quelle nécessité y a-t-il, de ce qu'il est le troisième pour la dignité et pour l'ordre, qu'il soit aussi le troisième pour la nature? Car, pour la dignité, il est le second après le Fils, ayant de lui l'être, et recevant de lui, et nous l'annonçant, et dépendant absolument de cette cause ; voilà ce que nous apprend la doctrine de la piété (2) »



Marc d'Éphèse convint que ce texte se trouvait ainsi dans plusieurs exemplaires, mais il prétendait que ces paroles : « Ayant de lui l'être, et recevant de lui, et nous l'annonçant, et dépendant absolument de cette cause, » étaient une addition qui ne se trouvait pas dans le plus grand nombre d'exemplaires à Constantinople.

Aussitôt le provincial des Dominicains…

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(1). Id,, ibid. col. 755.  — (2). Id,, ibid. col. 767.

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Message  Louis Mer 13 Mai 2015, 11:57 am

De la session dix-huit à la vingt-troisième, Jean de Monténégro, provincial des Dominicains,
prouve très-doctement par les Pères grecs, particulièrement saint Épiphane, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Les Grecs, quoique convaincus d'avoir falsifié un passage de saint Basile, finissent néanmoins par se réjouir de voir
que les Latins ne disaient pas deux causes du Fils et du Saint-Esprit, mais une seule, le Père.


(suite)

Aussitôt le provincial des Dominicains produisit un exemplaire grec, récemment apporté de Constantinople par Nicolas de Cusa, et qui, d'après le parchemin et le caractère des lettres, paraissait avoir plus de six cents ans, sans aucune trace de rature ni d'addition, et dans lequel pourtant le texte se trouvait complet. Il ajouta que, d'après l'histoire et les actes des conciles, ce n'étaient pas les Latins qui avaient coutume d'altérer ces actes. Voilà ce que nous apprend l'auteur grec des actes de Florence (1).  

Saint Antonin, qui assistait à ces séances par ordre du Pape, rapporte une autre particularité. Les Grecs paraissant ainsi convaincus d'avoir retranché ces paroles de Basile, l'empereur dit qu'on ne devait pas s'arrêter à quelques exemplaires qui avaient cette addition, mais au plus grand nombre des exemplaires grecs qui ne l'avaient pas. Le cardinal Julien répondit aussitôt : « Puisque Votre Majesté a voulu venir elle-même à ce combat, ne devait-elle pas avoir apporté ses armes, sans les attendre au fort de la mêlée ? » Les Grecs demeurèrent sans réplique et vaincus (2).

Dans l'intervalle de la vingtième session à la vingt et unième frère Jean eut connaissance d'une homélie de saint Basile, touchant le Saint-Esprit, traduite, sur un manuscrit grec très-ancien, par Léonard Arétin, chancelier de Florence. Il en cita un passage qui donnait à conclure que l'Esprit-Saint recevait du Fils la divinité même. Marc d'Éphèse contesta beaucoup; mais il se vit tellement pressé par les arguments du Dominicain que plusieurs fois il ne sut que répondre et finit par convenir que le passage pouvait avoir le sens que lui donnait son antagoniste. Celui-ci fit aussitôt voir que, si on lui donnait le sens de Marc d'Éphèse, saint Basile aurait avancé une ineptie et se contredirait lui-même. Marc d'Éphèse, encore une fois, ne répondit mot. Voilà ce que nous apprend l'auteur grec des actes du concile (1).

Cette discussion se termina dans la vingt-deuxième session où frère Jean exposa de nouveau de quelle manière le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, comme d'un seul principe, « Écoutez avec patience, mon révérendissime Père, dit-il à l'archevêque d'Éphèse, et comprenez ce que je vais dire. Absolument, dans les personnes divines, nous disons une seule cause et un seul principe, le Père, du Fils par la génération, de l'Esprit par la procession; et parce que le Père, en engendrant intemporellement le Fils, produit aussi l'Esprit, le Fils reçoit du Père et d'être et de produire l'Esprit, non de lui-même, mais de celui dont lui-même reçoit son être. De cette manière le Père est primordialement et absolument cause ou principe de l'Esprit. Il n'y a donc pas deux causes ou deux principes, puisque tout ce qu'a le Fils se ramène au Père (2). »

Dans ces diverses séances ou congrégations le provincial des Dominicains produisit encore une foule d'autres passages des Pères, tant grecs que latins, dont l'auteur grec ne parle pas, mais qui sont rapportés dans les actes du Vatican, entre autres la profession de foi du Pape saint Damase à Paulin d'Antioche.

Dans la vingt-troisième session…

___________________________________________________

(1). Mansi, t. 31, col. 767 et769. — (2).  Antonin, tit.  22, cap. 13. — (1). Mansi, t. 13, col. 803, S26, 830. — (2). Id., t. 13, col, 831.

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Message  Louis Jeu 14 Mai 2015, 12:26 pm

De la session dix-huit à la vingt-troisième, Jean de Monténégro, provincial des Dominicains,
prouve très-doctement par les Pères grecs, particulièrement saint Épiphane, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Les Grecs, quoique convaincus d'avoir falsifié un passage de saint Basile, finissent néanmoins par se réjouir de voir
que les Latins ne disaient pas deux causes du Fils et du Saint-Esprit, mais une seule, le Père.


(suite)


Dans la vingt-troisième session Marc d'Éphèse parla encore très-longuement, mais hors de la question. Frère Jean finit par lui dire : « Vous avez commencé une longue théologie, sans doute pour instruire vos auditeurs, mais sans comprendre ce que nous croyons de la consubstantielle Trinité. Je vous l'apprendrai et vous donnerai cette réponse bien nette. Nous qui suivons la Chaire apostolique, nous reconnaissons une seule cause ou principe du Fils et de l'Esprit, le Père ; car, depuis le commencement de la prédication des apôtres, notre foi resplendit avec plus d'éclat que le soleil; car la parole du Seigneur disant à Pierre : Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle , n'a point passé et ne passera point ; car l'unique base et fondement à toutes les Églises des chrétiens, c'est l'Église romaine, comme ayant la vraie piété et fermant la bouche à tous les hérétiques. C'est pourquoi elle ne croit pas deux principes ou deux causes, mais un seul principe et une seule cause. Quant à ceux qui en disent deux nous les anathématisons. »

L'orateur latin ayant ainsi parlé, et les Grecs en ayant assez touchant la confession de la foi, on leva la séance. « Nous sortîmes de l'assemblée, dit l'auteur grec, et nous ressentîmes une grande joie de ce que les Latins reconnaissaient une seule cause du Fils et du Saint-Esprit, le Père, et ne disaient pas deux causes (1). »

Dans ces dispositions il y eut une nouvelle assemblée le 21 mars, qui était un samedi. Marc d'Éphèse n'y parut point, non plus qu'Antoine d'Héraclée. Le provincial des Dominicains en témoigna du regret, récapitula ce qui avait été discuté et lut les passages d'un grand nombre de Pères, surtout de l'Occident. Il termina dans la session suivante par les Pères grecs, entre autres par ces paroles de saint Épiphane dans son Ancorat : « Si le Christ est cru de Dieu, comme Dieu de Dieu, l'Esprit l'est des deux. Comme nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, de même j'ose dire que nul ne connaît le Fils si ce n'est l'Esprit, qui procède de l'un et de l'autre (2). »

Les Grecs prièrent les Latins de leur passer leurs livres afin d'examiner les passages des Pères plus à loisir ; on convint d'un jour pour le faire ensemble. Après y avoir considéré les livres de part et d'autre, on reconnut qu'il y avait quelque moyen de concilier la paix, mais, à la demande du patriarche, le Pape trouva bon qu'on ne tînt point de séances pendant les fêtes de Pâques, mais en recommandant aux Grecs de chercher dans l'intervalle quelque moyen de réunion, ou le moyen de s'en retourner dans leur patrie.

Les Grecs s'étant donc assemblés chez le patriarche…

_____________________________________

(1) Mansi, t. 31, col. 875, — (2). Id. , t. 31 col. 233.
A suivre : Isidore, métropolitain de Russie, est le premier à conseiller la réunion avec les Latins. Il est appuyé par Bessarion, métropolitain de Nicée.

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Message  Louis Ven 15 Mai 2015, 12:13 pm

Isidore, métropolitain de Russie,
est le premier à conseiller la réunion avec les Latins.
Il est appuyé par Bessarion, métropolitain de Nicée.

Les Grecs s'étant donc assemblés chez le patriarche, Isidore, métropolitain de la Russie, parla en ces termes : « Il vaut mieux nous réunir d'esprit et de corps que de nous en aller sans rien faire ; car de s'en aller est facile, mais comment, mais par où, mais quand? C'est ce que je ne vois pas. » Après qu'il eut développé ces idées Bessarion parla dans le même sens avec beaucoup de prudence et d'éloquence.

Dosithée de Monembasie répondit : « Et que voulez-vous ? que nous retournions dans notre patrie aux frais du Pape en trahissant notre dogme? J'aime mieux mourir que de jamais latiniser. »

Le métropolitain de Russie répliqua : « Ni nous non plus ne voulons latiniser; mais nous disons que la procession du Saint-Esprit est attribuée au Fils non-seulement par des saints d'Occident, mais encore par des saints d'Orient. C'est pourquoi il est juste que, nous conformant à nos saints, nous nous unissions avec l'Eglise romaine. »

A ces mots Antoine d'Héraclée dit : « Et qui sont les plus nombreux parmi les Pères des conciles ? Est-ce tous nos saints ou ceux de l'Occident ? Il faut donc suivre le plus grand nombre, qui disent que le Saint-Esprit procède du Père, non du Fils.»

Marc d'Éphèse, prenant la parole, fît un long discours pour répéter la même chose, ajoutant que les Latins étaient non-seulement schismatiques, mais hérétiques.

« Notre Église, dit-il, l'a dissimulé parce qu'ils étaient trop nombreux et plus forts que nous; mais nous ne nous sommes séparés d'eux pour nulle autre raison que parce qu'ils sont hérétiques. C'est pourquoi il ne convient en aucune façon de nous réunir à eux, à moins qu'ils n'ôtent l'addition du Symbole et qu'ils ne récitent le Symbole comme nous. »

Bessarion de Nicée reprit aussitôt : « Donc ceux qui disent que le Saint-Esprit procède aussi du Fils sont hérétiques?

— Sans aucun doute, répondit Marc d'Éphèse.

— Que Dieu me pardonne ! s'écria le prélat de Nicée ; et les saints qui disent cela sont hérétiques ? Qu'elles deviennent muettes les lèvres frauduleuses qui parlent contre les saints ! Mais, vous autres, écoutez avec intelligence. Les saints de l'Occident et de l'Orient ne diffèrent point entre eux, mais le même Saint-Esprit a parlé dans tous les saints. S'il vous plaît, comparons leurs écrits entre eux, et nous verrons que les saints ne sont pas en désaccord.

— Et qui sait, insista Marc d'Éphèse, si les livres n'ont pas été corrompus par eux ?

— Et qui osera soutenir, répliqua Bessarion, que toutes les homélies, toutes les interprétations de l'Évangile, tous les traités de théologie ont été corrompus? Si nous en venons là il ne restera plus dans les livres que du parchemin-blanc. »

Après ces discours et autres semblables les Grecs se levèrent divisés entre eux et sans rien conclure.

Le mercredi saint ils se réunirent au logis du patriarche…

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Message  Louis Sam 16 Mai 2015, 1:15 pm

Isidore, métropolitain de Russie,
est le premier à conseiller la réunion avec les Latins.
Il est appuyé par Bessarion, métropolitain de Nicée.


(suite)

Le mercredi saint ils se réunirent au logis du patriarche, qui leur demanda s'ils avaient quelque chose à dire.

Celui d'Héraclée répondit : «Nous sommes venus pour la messe des Présanctifiés, et nous n'avons pas autre chose. »

Celui de Mételin ou Mitylène dit, au contraire :

« Comment! nous n'avons rien à dire ? Est-ce que nous ne disputons pas ? Est-ce que nous ne sommes point en combat les uns contre les autres? Oui, seigneur, nous avons beaucoup de choses à dire ; les voici : faisons de deux choses l'une : ou suivons les saints et unissons-nous aux Latins, ou biffons les saints et allons-nous-en. Cependant, si le grand Maxime disait quelque chose, le recevriez-vous?

— Nous le recevons.

— Or le grand Maxime dit que le Saint-Esprit procède substantiellement du Père par le Fils. » Bessarion confirma la chose par plusieurs citations des Pères, en particulier de saint Taraise. Le patriarche ordonna de les mettre par écrit, afin d'en délibérer ensemble avec l'empereur.

Les métropolitains de Nicée et de Russie, avec quatre autres ecclésiastiques…

A suivre : Les Grecs, ne pouvant s'accorder entre eux, prient le Pape de leur indiquer lui-même les moyens d'opérer la réunion. Il leur en propose quatre auxquels ils ne trouvent rien à dire : cependant ils lui en demandent encore un autre.

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Message  Louis Dim 17 Mai 2015, 12:53 pm

Les Grecs, ne pouvant s'accorder entre eux,
prient le Pape de leur indiquer lui-même les moyens d'opérer la réunion.
Il leur en propose quatre auxquels ils ne trouvent rien à dire :
cependant ils lui en demandent encore un autre.

Les métropolitains de Nicée et de Russie, avec quatre autres ecclésiastiques, furent députés au Pape pour lui dire que les Grecs ne voulaient plus disputer et pour le prier d'indiquer lui-même une voie de réunion.

Le Pape répondit : « Vous le voyez vous-mêmes, je n'ai cessé et ne cesse encore de travailler à la réunion des Églises ; mais depuis le commencement vous traitez cette affaire avec négligence et perdez le temps, et, ce qui est pis encore, vous ne vous assemblez point comme il a été convenu pour la discussion. Je déclare donc au sérénissime empereur, au patriarche, mon frère, et à toute l'Église orientale, et je dis : Vous avez à vous décider entre quatre partis.

Premièrement, si vous êtes satisfaits de la démonstration claire et évidente que nous vous avons donnée par les Écritures que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, c'est bien; sinon dites en quoi vous doutez et ce que vous ne recevez pas encore, afin que nous y appliquions le remède et que nous démontrions avec évidence que le Saint-Esprit procède aussi du Fils.

En second lieu, si vous ayez des autorités de l'Ecriture sainte qui disent le contraire de ce que nous disons, produisez-les.

Troisièmement, si vous avez des passages de l'Écriture qui prouvent que votre sentiment est plus pieux que notre doctrine, produisez-les encore.

Quatrièmement, si vous ne voulez rien de tout cela, réunissons-nous ensemble, tenons un concile, qu'un Pontife célèbre le Sacrifice ; jurons ensemble, Grecs et Latins, de suivre la vérité, et embrassons, vous et nous, ce qui sera reconnu par le plus grand nombre; car pour les chrétiens le serment ne trompe pas. »

« Quand nous apprîmes tout cela de la bouche de nos députés, dit l'historien grec du concile, nous nous regardâmes les uns les autres, et, trouvant le tout sans réplique, nous dîmes : A cela nous n'avons rien à répondre ; car, pour le premier point, comme il y a des saints qui disent que le Saint-Esprit procède aussi du Fils, quel doute pouvons-nous apporter contre? Quant au second, quels sont les saints qui contredisent les saints qui l'assurent, nous ne pouvons pas dire que les saints pensent le contraire les uns des autres.

Quant au troisième, comment pourrons-nous prouver que notre dogme est meilleur et plus pieux que le dogme des Latins ? Car le nôtre est pieux, étant transmis par les Pères ; mais leur dogme ne l'est pas moins, puisqu'il y a des saints Pères qui le soutiennent.

Quant au quatrième parti, de jurer sur le corps et le sang du Christ, quel autre concile l'a fait, pour que nous le fassions de même ? A cela encore il n'y a point de réponse. »

L'archevêque de Mitylène dit alors : « Pourquoi disputer avec la vérité et flotter dans l'incertitude? Connaissez et voyez que notre dogme est pieux, mais que celui que les Latins ont ajouté au Symbole comme déclaration et explication est pris des saints et qu'il est également pieux; car le sacré Symbole est tiré des divines Écritures, et c'est des divines Écritures que les Latins ont ajouté ce mot : du Fils. Ainsi donc le nôtre est pieux ; mais le leur n'est impie en rien ; car nous avons une même foi, une même religion, un même Dieu en trois personnes. Ne perdez donc plus le temps, mais accédons à la vraie unité de l'Église de Dieu et n'allons pas plus loin. Que telle soit notre réponse auprès de notre bienheureux Pape. »

Quand il eut ainsi parlé personne ne contredit, personne ne fit opposition; mais l'empereur dit : « Ce n'est pas ce dont il est question; mais nous voulons répondre au Pape lequel des quatre partis proposés nous choisissons. »

Alors Grégoire, protosyncelle et confesseur de l'empereur, et vicaire du siège d'Alexandrie, répondit : « Et que pouvons-nous répondre à cela ? Car de dire que tels de ces écrits sont faux, que tels autres sont altérés, que nous ne connaissons pas ceux-là et que nous ne recevons pas ceux-ci, c'est une chose déraisonnable. Que reste-t-il donc? répondre des mensonges ? C'est indigne de nous.»

Une nouvelle députation fut envoyée au Pape pour prier de trouver un autre moyen de réunion que les quatre déjà proposés. Il promit de mander sa réponse par des cardinaux.

Dans l'intervalle Bessarion…

A suivre : Bessarion fait un discours mémorable en faveur de la réunion. Georges Scholarius en fait plusieurs dans le même sens, où il fait un grand éloge de la science des Latins et un fort petit de celle des Grecs.

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Message  Louis Lun 18 Mai 2015, 11:47 am

Bessarion fait un discours mémorable en faveur de la réunion.
Georges Scholarius en fait plusieurs dans le même sens,
où il fait un grand éloge de la science des Latins
et un fort petit de celle des Grecs.

Dans l'intervalle Bessarion, métropolitain de Nicée, fit dans l'assemblée particulière des Grecs un long discours en faveur de la réunion. « Il montra successivement, comme il le dit lui-même :

1° quelles étaient les causes du schisme, et que, si avant le concile général nous avions quelque excuse dans notre division d'avec les Latins, maintenant qu'un concile œcuménique a été célébré, nous ne pouvons plus nous séparer d'eux sans crime, à moins que nous ne prouvions qu'il s'écarte de la vérité;

2° que nécessairement les saints docteurs, tant de l'Occident que de l'Orient, sont d'accord entre eux;

3° que, quoiqu'il n'y ait aucune contradiction dans leurs paroles, si cependant il y en avait une apparente, nous devrions nous efforcer de les concilier, cela étant nécessaire à notre foi.

4° Pour l'intelligence des docteurs qui ont parlé plus obscurément il faut se servir des Pères qui ont parlé plus clairement.

5º Quand les Pères orientaux disent que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, cette proposition par signifie une cause intermédiaire.

6° Quand les mêmes Pères disent que le Saint-Esprit procède, proflue, émane du Fils ou bien de l'un et de l'autre, ils ne l'entendent pas de la grâce du Saint-Esprit, mais de sa personne même.

7° Les docteurs de l'Occident disent ouvertement la même chose, comme il est évident pour ceux qui considèrent les autorités qui nous ont été fournies par les Latins. »

« Comment donc, s'écria Bessarion en finissant…

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Message  Louis Mar 19 Mai 2015, 11:57 am

Bessarion fait un discours mémorable en faveur de la réunion.
Georges Scholarius en fait plusieurs dans le même sens,
où il fait un grand éloge de la science des Latins
et un fort petit de celle des Grecs.


(suite)

« Comment donc, s'écria Bessarion en finissant, pourrions-nous avec justice nous séparer de tels hommes?

Quelle excuse aurions-nous pour fuir leur communion?

Quelle apologie nous restera-t-il auprès de Dieu au sujet d'un aussi grand mal que la division d'avec des frères pour la réunion desquels lui-même est descendu des cieux, s'est incarné et a été crucifié?

Quelle sera notre défense auprès de la postérité, ou plutôt auprès de la génération présente?

Car j'ignore s'il y aura une postérité de notre race devant les calamités effroyables et sans nombre que volontairement nous lui préparons. Ah! mes Pères et mes frères, ne prenons pas un parti si funeste pour nous-mêmes ! Ne devenons pas des loups au lieu de pasteurs pour ceux qui nous regardent! Ne les livrons pas aux ennemis pour la perte de leurs corps et de leurs âmes ! Quant à moi, et ces paroles seront une protestation éternelle à toutes les générations et à tous les Chrétiens, jamais je ne partagerai un tel sentiment, jamais je ne trahirai ainsi les corps, les âmes, la foi, les cités, les sépulcres des Pères, la liberté et tout ce qu'il y a de précieux au monde; car, à mon avis, la perte de tout cela suivra inévitablement le schisme et notre injustifiable séparation d'avec les Latins.

Pourquoi donc irions-nous choisir de préférence tant et de si horribles calamités ? Je vous en conjure, adoptez le parti que je vous conseille, soit tous, s'il est possible, soit au moins le plus grand nombre ; sinon, je prends à témoin et Dieu, et vous-mêmes, et nos descendants, que, sans passion et sans fraude, depuis le premier moment jusqu'à cette heure, je n'ai jamais cessé de conseiller et de procurer ce que je croyais vrai, juste et profitable à l'utilité commune.

Quant à vous, comme la volonté est libre, vous ferez ce qu'il vous plaira. Puisse, par la grâce de Dieu, le meilleur parti prévaloir auprès de vous ! Que si, ce qu'à Dieu ne plaise ! le plus mauvais doit l'emporter, je proteste de nouveau devant tout le genre humain, je suis innocent du crime de la séparation; jamais je n'ai pensé qu'on puisse se diviser d'avec les Latins contre toute raison; car je ne puis me persuader qu'ils n'ont pas une créance vraie et pieuse, et qu'ils ne pensent pas comme les saints de l'Occident et de l'Orient. Je n'ignore pas les calamités et les ruines qui s'ensuivront pour nous et notre nation; au contraire, je les ai prévues, je les ai prédites, et j'ai fait ce qui est en moi pour les prévenir. Si je n'ai pu réussir, ce n'est pas la faute de celui qui parle, mais de ceux qui écoutent. »

Quand Bessarion eut terminé…

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Message  Louis Mer 20 Mai 2015, 1:44 pm

Bessarion fait un discours mémorable en faveur de la réunion.
Georges Scholarius en fait plusieurs dans le même sens,
où il fait un grand éloge de la science des Latins
et un fort petit de celle des Grecs.


(suite)

Quand Bessarion eut terminé Georges Scholarius présenta aussi trois discours assez prolixes pour exhorter les Grecs à la réunion. Déjà il leur avait adressé une lettre dans le même sens, où il leur faisait des observations assez curieuses.

« Quelques-uns d'entre vous, je le sais, se sont crus capables de l'emporter sur la science des Latins et de les ramener à leur sentiment. Ce que j'admire dans ces hommes d'ailleurs instruits, c'est qu'ils se soient trompés en ceci à tel point, et cela sachant bien en eux-mêmes qu'ils n'avaient pas trop le talent de persuader, non-seulement lorsqu'on les contredirait sur des choses graves, mais même si quelqu'un leur niait que deux est le premier des nombres pairs, ou que l'homme soit composé d'un corps et d'une âme, tandis que les Latins sont exercés dans la dialectique et dans toute espèce de science, particulièrement dans la plus noble de toutes, la théologie, autant qu'il peut être donné au génie de l'homme. Vous voyez tous avec quelle habileté ils ont défendu leur sentiment; c'est à tel point que personne, s'il veut être un juge équitable, ne peut y trouver à redire.

D'après la parole du Seigneur et même d'après la loi civile, le témoignage ou la décision de deux ou trois hommes termine toute affaire quelconque. Or les Latins ont produit pour témoins de leur doctrine six principaux docteurs de l'Église, dont chacun vaut l'univers entier, parlant d'une manière si précise qu'on les aurait crus les juges de la controverse, ne se bornant point à exprimer nettement le dogme, mais l'appuyant des autorités de l'Écriture et de raisons nécessaires ; docteurs si nombreux et si vénérables que nous ne pourrions les regarder d'une manière irrespectueuse quand même nous le voudrions, à ces docteurs principaux ils en ont ajouté d'autres, ceux de l'Orient, qui disent la même chose, quoique avec moins de clarté que ceux-là. »

Georges Scholarius continue sur le même ton l'éloge des Latins, et dit assez nettement que les Grecs ne leur ont répondu que par une stérile loquacité, qui n'allait jamais au but; infériorité qu'il attribue à ce qu'il n'y avait plus d'écoles publiques parmi les Grecs, que l'amour des sciences et des lettres s'y trouvait éteint, et que chacun ne songeait qu'aux besoins de la vie (1).

Après les fêtes de Pâques…

_________________________________

(1) Mansi, t, 31, col. 1065. Labbe, t. 13,col. 546.
A suivre : Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent. Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène, se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre. La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape. On s'embrasse de part et d'autre.

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Message  Louis Jeu 21 Mai 2015, 12:55 pm

Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.

Après les fêtes de Pâques le cardinal Julien vint trouver les Grecs et leur proposa de reprendre les conférences publiques afin d'éclaircir ce qui pouvait encore avoir besoin d'éclaircissement; mais l'empereur ni les siens ne voulurent plus de discussions sur la doctrine, en ayant eu assez. On convint seulement de nommer dix personnes de chaque côté pour chercher ensemble les moyens d'effectuer la réunion. Les commissaires grecs proposèrent d'abord la lettre de saint Maxime, où il est dit que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils ; mais, quand on vint à l'explication de la préposition par , il se trouva que les Grecs l'entendaient dans un sens et les Latins dans un autre. Ils ne purent donc s'accorder.

Pour détruire de plus en plus la principale prévention des Grecs, les Latins leur envoyèrent successivement jusqu'à deux déclarations que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, non comme de deux principes ou de deux causes, mais comme d'un seul principe et d'une seule puissance productive. Les Grecs, de leur côté, envoyèrent une déclaration dans laquelle, sans dire encore textuellement que le Saint-Esprit procède du Fils, ils disaient que le Fils épanche l'Esprit, l'épand, le fait sourdre et jaillir, que le Saint-Esprit émane du Fils, en est émis et épanché, qu'il en proflue. Comme ces paroles pouvaient s'appliquer et à l'émission temporelle du Saint-Esprit dans ses dons et à la procession éternelle du Saint-Esprit dans sa personne, les Latins demandèrent aux Grecs dans quel sens ils les entendaient; les Grecs, divisés entre eux, ne voulurent pas donner d'explication.

Il y eut plusieurs allées et venues, plusieurs entretiens particuliers de l'empereur avec le Pape, plusieurs conférences des Grecs entre eux devant le patriarche, qui était habituellement malade. Le Pape demandait qu'on reprît les conférences réciproques pour éclaircir tous les doutes ou que l'on donnât des explications.

L'empereur finit par dire : .…

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Message  Louis Ven 22 Mai 2015, 1:19 pm

Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.


(suite)

L'empereur finit par dire : « Je ne suis pas le maître du concile, ni ne veux tyranniser les miens pour les obliger de dire quelque chose. Je ne puis y apporter aucun remède. — Eh bien! dit alors le Pape, permettez donc que votre concile nous réponde. »

Là-dessus les Grecs allèrent trouver le Pape en son consistoire. Il leur rappela ce qui avait été fait de part et d'autre ; combien, de son côté, il y avait mis de zèle et de bonne volonté, et eux de lenteur et d'inconstance ; combien toutefois la réunion était importante et nécessaire. Le métropolitain de la Russie, répondant pour les autres, reconnut la justesse de tout ce qu'avait dit le Saint-Père, mais excusa la lenteur des Grecs sur l'importance de l'affaire à décider.

Le même métropolitain de la Russie, avec ceux de Nicée, de Lacédémone et de Mitylène, alla trouver l'empereur pour le presser de conclure l'union. Tous les quatre lui déclarèrent entre autres choses : « Si Votre Majesté ne se réunit pas, nous nous réunissons. »

A ces mots le prince eut peur, les voyant ainsi séparés des autres. Il convoqua une assemblée et les exhorta tous à l'union. Les Grecs répondirent : « Si quelqu'un n'aime pas l'union des Églises qu'il soit anathème, pourvu qu'elle se fasse avec piété. » Pressé par tous les autres de prendre la parole, le métropolitain de Russie leur dit : « Vous savez, mes frères, que la cause de cette négligence et de ces lenteurs a été notre dissension et notre peu de concorde. Maintenant donc, qu'on lise les livres des saints d'Occident et d'Orient ; établissons la concordance entre eux, car ils sont d'accord; car les saints écrivent des choses qui s'accordent, attendu que le Saint-Esprit n'est pas en désaccord avec lui-même. Ils sont saints les uns et les autres, et le même Saint-Esprit a parlé en eux. Il faut donc croire que tous ils disent la même chose et ne sont point en dissentiment. Ne vous semble-t-il point à vous-mêmes que cela soit ainsi? » Ils répondirent : «Nous pensons comme vous. »

Alors le métropolitain de Nicée leur dit: « Si vous pensez que les saints sont d'accord les uns avec les autres, pourquoi ne croyez-vous pas que le Saint-Esprit procède aussi du Fils? » Et, commençant par le livre de saint Épiphane, nommé l'Ancorat, l'exposition de saint Cyrille sur l'Évangile de saint Jean et les Trésors du même Père, il lut un grand nombre de passages entiers, dont les uns disaient que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils; les autres, qu'il procède des deux ; ceux-là, que l'Esprit a son être du Fils ; ceux-ci, qu'il en est épandu, qu'il en proflue.

Après cette lecture…


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Message  Louis Sam 23 Mai 2015, 11:59 am

Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.


(suite)

Après cette lecture le métropolitain de Mitylène produisit les Pères occidentaux, qui disent évidemment que le Père et le Fils sont un seul et même principe du Saint-Esprit; que l'Esprit est primordialement du Père, mais aussi de son Fils consubstantiel; que l'Esprit-Saint procède du Père et du Fils. Tous les assistants lurent ces passages, et ils furent persuadés, et ils s'écrièrent : « Jamais nous n'avions vu les saints d'Occident, jamais nous ne les avions lus; mais maintenant nous les connaissons, nous les avons lus, et nous les recevons. — Si vous les recevez, dit l'empereur, portez-en tous une sentence. » Et tous ils portèrent une décision, avec le patriarche, qu'ils recevaient les saints d'Occident, qu'ils tenaient leurs écrits pour vrais et authentiques, et non altérés; car ils ont été remplis du même Esprit, en sorte que nécessairement leurs écrits sont vrais et tendent au même but. Cela se passait le jeudi de la Pentecôte, 28 mai 1439.

« Le lendemain ils se réunirent de nouveau, et, avant et après dîner, ils lurent et relurent les paroles des saints, particulièrement des Orientaux, saint Basile, saint Athanase, saint Cyrille en ses Trésors et ses Livres à Hermias, saint Épiphane, saint Anastase Sinaïte, saint Grégoire de Nysse et saint Jean Damascène, et tous comprirent les dogmes de la vérité. »

Ce sont les paroles du secrétaire grec, de qui nous tenons tous ces détails et qui paraît avoir été un des métropolitains.

Le jour suivant, samedi, comme on était réuni chez le patriarche avec l'empereur, arriva Georges Scholarius. Il était laïque, mais très-savant. L'empereur voulait avoir son opinion sur l'affaire présente. Georges, après avoir rappelé qu'il l'avait déjà fait connaître par plusieurs discours, conclut en ces termes :


« Voulant donc sanctifier ma langue par la confession de la foi, et attendre la confession de notre Sauveur Jésus-Christ, qu'il promet comme récompense à ceux qui le confessent devant les hommes, je crois d'une pieuse intelligence et confesse, avec les saints d'Orient et d'Occident, qui sont nécessairement d'accord, que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils ; qu'il procède du Père par le Fils ; qu'il est du Fils, qu'il en est envoyé, qu'il est du Père par le Fils, qu'il est épandu du Fils comme du Père, qu'il est épandu substantiellement de tous deux, qu'il sourd ou jaillit, et autres expressions semblables; que de tout cela ressort une seule et même vérité, et que le Saint-Esprit reçoit son être du Père et du Fils comme d'un seul principe et d'un seul producteur, et que le Père et le Fils sont un seul et même principe de l'Esprit-Saint ; qu'il ne s'ensuit pas que le Père et le Fils soient deux principes ni qu'on les confonde en une seule per- sonne, quoique quelques-uns, qui ne peuvent comprendre parfaitement ces choses, y soupçonnent cette conséquence absurde. C'est pourquoi j'accède à ce sentiment et à cette proposition : que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, ou du Père par le Fils, comme d'un seul principe et d'une seule cause ; et je dis que cela est très-vrai, et que les saints d'Occident sont nécessairement d'accord avec ceux d'Orient; autrement il serait impossible de les accorder ; et je soumets à l'anathème ceux qui posent deux principes et ceux qui ne conservent pas intacte la distinction personnelle du Père et du Fils. »


Ayant ainsi parlé Georges Scholarius…

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Message  Louis Dim 24 Mai 2015, 2:54 pm

Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.


(suite)

Ayant ainsi parlé Georges Scholarius se retira.      
                     
Ceux de l'assemblée, prenant en main les livres des docteurs orientaux, y lurent encore beaucoup de passages. Aussi l'affaire se conclut. On demanda les avis, les sentiments se manifestèrent, la vérité fut proclamée librement.

Le patriarche parla le premier et dit : « Ayant entendu les paroles des saints Pères d'Occident et d'Orient, les unes disant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, les autres qu'il procède du Père par le Fils, quoique du Fils soit le même que par le Fils, et par le Fils le même que du Fils, nous disons que le Saint-Esprit procède du Père par le Fils éternellement et substantiellement, comme d'un seul principe ou seule cause, la proposition par signifiant ici cause dans la procession du Saint-Esprit. » Le patriarche termina ainsi son avis et reçut les saints d'Occident qui disent que le Saint-Esprit est du Père et du Fils, avertissant : « Pourvu que nous ne l'ajoutions pas au Symbole ; mais, gardant tous nos rites, nous nous unirons à eux. » L'empereur se prononça dans le même sens.
         
Alors Isidore, métropolitain de la Russie, tenant la place du patriarche d'Antioche, dit : « Et l'on doit recevoir les paroles des saints d'Occident, et l'Esprit a son être du Fils ; le Père et le Fils sont un même principe de l'Esprit-Saint. Ainsi je m'y accorde, ainsi je professe, ainsi je prêche devant Dieu et devant vous. »

Bessarion de Nicée opina de même et fit un discours où il prouva évidemment « qu'il est impossible à un chrétien d'obtenir le salut s'il ne confesse que le Saint-Esprit est du Père et du Fils. » Ce sont les paroles du secrétaire.

Il y eut quatre prélats opposants : Antoine d'Héraclée, Marc d'Éphèse, Dosithée de Monembasie et Sophrone d'Anchiale. Ils déclarèrent qu'ils ne pouvaient absolument se persuader que le Fils est cause du Saint-Esprit ni que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe. Au contraire Dorothée de Mitylène déclara que dès son enfance il avait été opposé aux Latins, comme s'ils enseignaient que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme de deux principes et non d'un seul, mais que dans le concile il avait reconnu son erreur et pensait maintenant comme les Latins.

« Enfin, dit le secrétaire grec, nous fûmes dix métropolitains pour l'union : ceux de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène, de Rhodes, de Nicomédie, de Distre, de Ganne, de Drame, de Mélénice. Il y eut de plus le grand-syncelle Grégoire, confesseur de l'empereur et vicaire du patriarche d'Alexandrie; parmi les chefs de monastères, l'abbé Pacôme. Se joignirent ensuite à nous les métropolitains de Cyzique, de Trébisonde, d'Héraclée, de Monembasie, celui d'Héraclée représentant le patriarche d'Alexandrie, et celui de Monembasie le patriarche de Jérusalem. Les quatre patriarches d'Orient se trouvaient ainsi d'accord pour la réunion, celui d'Antioche étant représenté par Isidore de Russie. »

Celui-ci fut envoyé par l'empereur au Pape pour lui annoncer cette heureuse nouvelle et lui demander ce qu'il ferait pour leur secours. Le Saint-Père répondit qu'il ferait encore plus qu'il n'avait promis. Il y eut encore quelques allées et venues pour la rédaction définitive de ce qui regardait le Saint-Esprit. Voici la rédaction des Grecs, dont un exemplaire fut envoyé au Pape : « Nous sommes d'accord avec vous; l'addition que vous avez faite au Symbole vient des saints ; nous l'approuvons et nous sommes unis à vous, et nous disons que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe et d'une seule cause (1). »

Enfin…

______________________

(1). Mansi, t. 31, col. 1002.

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Message  Louis Lun 25 Mai 2015, 12:09 pm

Les esprits se rapprochent, les doutes s'éclaircissent.
Les métropolitains de Russie, de Nicée, de Lacédémone, de Mitylène,
se déclarent formellement pour la réunion. Les autres s'y joignent, à l'exception de quatre.
La formule proposée par les Grecs est approuvée par le Pape.
On s'embrasse de part et d'autre.


(suite)

Enfin, dit le secrétaire grec, le huitième jour de juin nous allâmes trouver le Pape et le priâmes que l'affaire se terminât en sa présence.

« On lut donc notre rédaction ou tome, et, Dieu aidant, elle fut approuvée ; et, se levant, ils nous embrassèrent, et ce fut une grande joie parmi nous. Comme c'était l'heure du dîner, le Pape nous dit de revenir ensuite pour entendre la lecture de la rédaction latine. Elle fut également approuvée. En conséquence, tous s'embrassèrent de nouveau avec tendresse. Le Pape envoya porter cette nouvelle à l'empereur, et tous nous tressaillîmes d'une grande joie. »

Le lendemain, les métropolitains de Russie, de Nicée, de Trébisonde et de Mitylène ayant été en députation auprès du Pape, il leur dit : « Par la grâce de Dieu nous sommes unis, nous nous accordons sur le dogme principal, et il n'y a plus rien à dire sur cet article. Maintenant éclaircissons encore ce qu'il peut y avoir de doute sur le feu du purgatoire, sur la principauté dit premier siège, sur le pain fermenté et azyme et sur le divin Sacrifice. Ensuite l'union se fera sur-le-champ, car le temps presse. »

Le patriarche aurait voulu qu'on célébrât sur-le-champ la dernière session pour y publier le décret d'union entre les deux Églises, Il désirait de tout son cœur voir l'accomplissement de ce grand ouvrage avant sa mort, qu'il sentait prochaine ; mais on lui remontra que, pour rendre cet ouvrage parfait, il fallait encore éclaircir les autres points; ce qui ne tarderait guère, attendu qu'on y avait déjà beaucoup travaillé à Ferrare.

L'on s'en occupait donc lorsque…

A suivre : Mort du patriarche Joseph, après avoir écrit son acte de réunion avec l'Église romaine.

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Message  Louis Mar 26 Mai 2015, 12:22 pm

Mort du patriarche Joseph, après avoir écrit son acte de réunion avec l'Église romaine.

L'on s'en occupait donc lorsque, le mardi au soir, 9 juin, on vint tout à coup dire aux prélats grecs que le patriarche était mort, Ils y accourent tous et apprennent de ses gens qu'après son souper il était entré, selon sa coutume, dans son cabinet, et qu'ayant pris du papier et un roseau il s'était mis à écrire ; sur quoi, ayant été surpris d'un tremblement et d'une grande agitation, il avait expiré. Les prélats, étonnés, lurent ce qu’il avait écrit et trouvèrent que c'était une dernière confession de foi conçue en ces termes :


« Joseph, par la miséricorde de Dieu archevêque de Constantinople, la nouvelle Rome, et patriarche œcuménique. Puisque me voici arrivé à la fin de ma vie, tout prêt à payer la dette commune à tous les hommes, j'écris par la grâce de Dieu très-clairement et souscris mon dernier sentiment, que je fais savoir à tous mes chers enfants. Je déclare donc que, tout ce que croit et enseigne la sainte Église catholique et apostolique de Notre-Seigneur Jésus-Christ de l'ancienne Rome, je le crois aussi, et que j'embrasse tous les articles de cette créance. Je confesse que le Pape de l'ancienne Rome est le bienheureux Père des Pères, le souverain Pontife et le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour rendre certaine la foi des chrétiens. Je crois aussi le purgatoire des âmes. En foi de quoi j'ai souscrit le 9 juin l’an 1439, indiction deuxième. »


Le Pape lui fit faire de magnifiques funérailles dans l'église du monastère des Dominicains, où il était logé. Les prélats grecs y officièrent selon leur rite, en présence de l'empereur, de tous les cardinaux et des évêques latins qui assistèrent aux obsèques.

Ensuite on s'assembla pour délibérer sur les articles proposés…

A suivre : Conférences sur les autres articles et sur la rédaction de la bulle de réunion.

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Message  Louis Mer 27 Mai 2015, 11:46 am

Conférences sur les autres articles et sur la rédaction de la bulle de réunion.

Ensuite on s'assembla pour délibérer sur les articles proposés. L'on commença par la question du pain azyme ; sur quoi les Grecs se montrèrent de bonne composition, accordant qu'on pouvait se servir indifféremment de pain levé et de pain azyme, pourvu que ce fût du pain de froment, que le ministre eût reçu l'ordination et que le lieu dans lequel on célébrait fût consacré. Ce fut Jean de Turrécrémata, depuis cardinal, qui parla sur cette question ; il prouva qu'on pouvait consacrer le pain sans levain aussi bien que l'autre, et qu'il était même plus convenable d'en user ainsi, selon la coutume des Latins, parce que Jésus-Christ, comme il le fit voir par les textes de l'Évangile, ne s'était servi que d'azymes dans l'institution. Et comme on avait dit au Pape que, selon les Grecs, la forme de ce sacrement n'était pas seulement dans les paroles de Jésus-Christ, mais encore dans les prières que le prêtre fait dans la liturgie en invoquant l'Esprit-Saint, le même théologien employa un second discours à montrer, par l'autorité des Pères et par de bonnes raisons, que ce sont les paroles de Jésus-Christ seules qui opèrent cet admirable changement de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du sang de Notre-Seigneur. Le métropolitain de Russie assura que les Grecs étaient en cela de même créance que les Latins et n'attribuaient qu'aux seules paroles de Jésus-Christ la vertu d'opérer ce changement. L'on convint donc déjà de ces deux articles.

Touchant le purgatoire on s'en tint à ce qui avait été examiné et accordé dans les conférences de Ferrare, et l'on convint que les âmes des saints avaient obtenu dans les cieux une parfaite récompense en qualité d'âmes ; que celles des pécheurs morts dans l'impénitence étaient punies souverainement, et que les âmes de ceux qui étaient entre les uns et les autres étaient dans un lieu où elles souffraient, jusqu'à ce qu'elles fussent purifiées ; d'ailleurs qu'il importait peu d'expliquer le genre de leurs souffrances, si c'est par le feu ou par les ténèbres, par la tempête ou de quelque autre manière ; que tous les hommes cependant paraîtront au jour du jugement dernier devant le tribunal de Jésus-Christ avec leur corps, pour rendre compte de leurs actions.

Il  y eut plus de contestations sur la primauté du Pape…

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Message  Louis Jeu 28 Mai 2015, 1:26 pm

Conférences sur les autres articles et sur la rédaction de la bulle de réunion.

(suite)

Il y eut plus de contestations sur la primauté du Pape, non de la part des évêques, mais de l'empereur. Quant aux évêques grecs, le secrétaire du concile, l'un d'eux, dit en propres termes :

« Nous nous assemblâmes tous dans la maison de l'empereur et examinâmes les propositions des Latins. Tous les cinq nous les trouvâmes justes et exactes : la première, de la procession du Saint-Esprit; la seconde, de l'azyme et du pain fermenté ; la troisième, de la primauté du Pape ; la quatrième, de l'addition ; la cinquième, du purgatoire. Nous pressâmes beaucoup l'empereur en disant : Nous recevons tout, et qu'on termine l'affaire (1). »    
       
L'empereur consentait bien à ce qu'on reconnût la primauté du Pape en général, mais non pas, en particulier, qu'on pût appeler à lui du jugement de tous les patriarches, ni qu'il eût pouvoir, sans l'empereur et les patriarches, de célébrer les conciles généraux. C'est pourquoi le prince assembla, le 17 juin, les prélats grecs, qui, à l'exception de Marc d'Éphèse, votèrent tous pour l'union. Le dimanche suivant ils examinèrent les privilèges du Pape et les approuvèrent tous, hormis deux points : qu'il ne pourrait convoquer de conciles œcuméniques sans l'empereur et les patriarches, et qu'en cas d'appel du jugement de ceux-ci il ne pourrait pas évoquer la cause à Rome, mais enverrait des juges sur les lieux.

Le Pape répondit, par trois cardinaux, qu'il voulait tous les privilèges de son Église, les appellations, régir et gouverner toute l'Église du Christ, comme pasteur des brebis ; que, de plus, il avait l'autorité pour célébrer un concile œcuménique quand cela était nécessaire, et que tous les patriarches étaient tenus d'obéir à sa volonté. Tout cela fut prouvé doctement aux Grecs par le provincial des Dominicains.

L'empereur, qui se voyait enlever l'espèce de suprématie que ses prédécesseurs s'étaient arrogée sur l'Eglise, fut sur le point de rompre toute la négociation; mais les évêques grecs commençaient peut-être à entrevoir la base de leur propre liberté et de leur propre indépendance dans la liberté et l'indépendance du Pontife romain.

Ce qu'il y a de sûr, c'est que peu de jours après ils dressèrent l'article relatif au Pape en ces termes :

« Touchant la primauté du Pape, nous confessons qu'il est le souverain Pontife, l'intendant, le lieutenant et le vicaire du Christ, le pasteur et le docteur de tous les chrétiens, pour régir et gouverner l'Église de Dieu, sauf les privilèges des patriarches d'Orient, savoir, de celui de Constantinople, qui est le second après le Pape, ensuite de celui d'Alexandrie, d'Antioche et enfin de Jérusalem. »

Ce projet fut agréé par le Pape et les cardinaux, et l'on convint de travailler dès le lendemain à composer le décret de l'union.

On tint plusieurs conférences à cet effet. Car il fallait examiner, peser chaque phrase chaque mot, chaque particule ; enfin le projet ayant été lu fut approuvé de part et d'autre. On nomma de chaque côté six commissaires pour la rédaction définitive de la bulle. Ils y travaillèrent pendant huit jours avec tant d'application qu'ils s'assemblaient deux fois le jour. La bulle fut lue dans l'assemblée générale qui se tint le 4 juillet devant le Pape et l'empereur ; tous l'ayant approuvée d'un commun consentement, on arrêta qu'elle serait solennellement publiée deux jours après, dans la dernière session des Latins et des Grecs. On n'y parle point de la forme de la Consécration à la messe, attendu que les Grecs protestèrent et en particulier et en public devant le Pape que sur cet article ils n'avaient  jamais eu d'autre créance que celle de l'Église romaine, ce dont le Pape se déclara satisfait.

En conséquence…

__________________________________________

(1). Mansi, t. 31, col. 1014 et 1015.
A suivre : Session solennelle pour consommer la réunion et en promulguer la bulle, qui est souscrite par les députés des quatre patriarches, et par les métropolitains de-Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.

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Message  Louis Ven 29 Mai 2015, 2:24 pm

Session solennelle pour consommer la réunion
et en promulguer la bulle, qui est souscrite par les députés des quatre patriarches,
et par les métropolitains de Grèce, de Trébisonde, d'Ibérie et de Russie.

En conséquence, le 6 juillet 1439, qui était un lundi, jour de l'octave des apôtres saint Pierre et saint Paul, on célébra la dernière session du concile entre les Grecs et les Latins dans l'église cathédrale de Florence, dans le même ordre qui avait été observé à Ferrare, si ce n'est que le trône du Pape, qui devait officier pontificalement, fut mis, selon la coutume, tout près de l'autel. Les magistrats de la république s'y trouvèrent en corps ; tous les prélats grecs, aussi bien que les Latins, allèrent, selon leur rang, faire une profonde révérence au Pape et lui baiser la main. La musique de l'empereur chanta le Veni Creator d'une manière très-suave. Les Grecs remarquèrent et vénérèrent avec beaucoup de religion et de respect la messe et toutes les cérémonies de l'Église latine.

L'office terminé, le souverain Pontife alla prendre sa place sur son trône auprès de l'autel, à droite ; l'empereur prit la sienne sur un autre trône, à gauche, et plus bas tous les prélats dans leurs sièges, avec leurs ornements pontificaux. Le décret de l'union fut lu, d'abord en latin par le cardinal Julien de Sainte-Sabine, ensuite en grec par Bessarion, métropolitain de Nicée. Il est conçu en ces termes :

« Eugène, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, pour servir de monument à perpétuité ; du consentement de notre très-cher fils en Jésus-Christ, Jean Paléologue, illustre empereur des Roméens, consentant à ce qui suit, ainsi que de ceux qui tiennent la place de nos vénérables frères les patriarches, et des autres qui représentent l'Église orientale.

Le décret de l'union fut lu, d'abord en latin…

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