Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. Reconnaissance de la sœur Bourgeoys pour cette faveur.
La sœur Bourgeoys, se voyant au comble de ses vœux par la possession assurée du très-saint Sacrement au milieu de ses sœurs, ne mit point de bornes à sa reconnaissance envers la bonté divine. Trois ans après qu'elle eut obtenu cette faveur, elle rédigea une formule d'actions de grâces que nous rapporterons ici comme un monument, tant de sa propre religion envers l'adorable mystère de la très-sainte Eucharistie, que de celle qu'elle s'efforçait d'inspirer à ses sœurs.
« Comme voilà, dit-elle, la troisième année que notre DIEU , le souverain de tous les êtres, le créateur du ciel et de la terre et de toutes choses, a bien voulu prendre une place dans cette maison, dans laquelle on célèbre la sainte messe, on fait la sainte communion, les confessions et toutes autres dévotions permises, je ne trouve point de terme pour lui rendre des actions de grâces pour tous les bienfaits que nous avons reçus de sa majesté divine, spécialement de cette mémorable faveur de le posséder au très-saint Sacrement de l'autel. Tout ce que nous pouvons faire est que, sa bonté ayant agréé que la sainte Vierge soit notre institutrice, nous nous servions de ce moyen pour nous acquitter envers lui, afin que, nous mettant toutes en la compagnie de cette divine mère et en celle des neuf chœurs des anges, nous ramassant toutes comme autant de petits filets mis ensemble et bien unis, nous tâchions, en reconnaissance des bienfaits de DIEU, et avec le secours de sa grâce, l'intercession de la sainte Vierge et des saints anges, de remplir les obligations de notre état dans l'éducation des enfants (1). »
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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie.
Efforts inutiles des religieuses de Troyes
et d’autres communautés pour s’y établir.
Le rétablissement si prompt de la Congrégation après l'incendie que nous avons raconté, la construction si providentielle du nouveau bâtiment, l'œuvre des missions développées alors avec tant de succès ; tous ces événements faisaient assez connaître que DIEU avait spécialement choisi la sœur Bourgeoys et ses filles pour procurer, par l'éducation chrétienne des enfants, la sanctification de la colonie. Mais comme s'il eût voulu montrer qu'il avait donné à la Congrégation, de préférence à toute autre communauté, sa grâce et son esprit pour Villemarie, il se plut à rendre constamment inefficaces les tentatives que firent pour s'y établir d'autres instituts animés des vues les plus pures. Il est même à remarquer que, jusqu'à ce jour, la Congrégation, sans avoir jamais rien fait de sa part pour écarter aucune autre communauté, y a été seule en possession de l'instruction des jeunes filles.
DIEU fit paraître sa volonté à cet égard avant même l'arrivée de la sœur Bourgeoys à Villemarie, lorsqu'il refusa, comme nous l'avons raconté, les services que les religieuses de la Congrégation de Troyes désiraient avec tant d'ardeur d'aller lui rendre dans ce lieu. Vers le même temps, Mme de La Peltrie, fondatrice des Ursulines de Québec, si zélée pour le salut des âmes, fit de son côté tous les efforts imaginables pour attirer ces religieuses à Villemarie; et DIEU, qui sans doute lui avait inspiré ce dessein pour manifester plus tard le choix qu'il avait fait de la Congrégation, rendit encore ce projet inefficace. Il voulut que les directeurs de cette pieuse veuve l'obligeassent d'y renoncer (*).
Plus tard, et après la formation de la Congrégation à Villemarie, quelques religieuses de Paris, touchées d'un désir très-ardent de travailler au salut des âmes, conçurent aussi le dessein d'aller d'y établir, et en concertèrent les moyens pendant plusieurs années (1). Mais, au rapport de M. Tronson, qui ne paraît pas s'y être montré favorable, ce projet échoua encore cette fois par manque de secours temporels (2).
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(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. Le Fèvre, du 5 avril 1677.
(2) Ibid. , Lettre au même, du 1er juin 1677.
A suivre : explication du (*)
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie.
Efforts inutiles des religieuses de Troyes
et d’autres communautés pour s’y établir.
Explication du (*).
(*) Mme de la Peltrie, uniquement désireuse de procurer la gloire de DIEU, avait été si touchée de la piété et de la ferveur des colons arrivés en 1641 avec M. de Maisonneuve, pour commencer l'établissement de Villemarie (1), qu'elle avait quitté les religieuses Ursulines de Québec pour se joindre à eux.
« Les personnes qui vinrent l'an passé pour établir l'habitation de Montréal, écrivait en 1642 la mère de l'Incarnation, ne furent pas plutôt arrivées qu'elle se retira avec eux. Mais ce qui m'afflige sensiblement, c'est son établissement à Montréal, où elle est dans un danger évident de la vie, à cause des Iroquois; et, ce qui est le plus touchant, elle y reste contre le conseil des RR. PP. Jésuites et de M. le gouverneur (M. de Montmagny), qui ont fait tout leur possible pour la faire revenir. Ils font encore une tentative pour lui persuader son retour; nous en attendons la réponse, qu'on n'espère pas nous devoir contenter. Ses intentions sont bonnes et saintes ; car elle me mande que le sujet qui la retient à Montréal, est qu'elle cherche le moyen d'y faire un second établissement de notre ordre, au cas qu'elle rentre dans la jouissance de son bien (1). »
Mais Mme de La Peltrie s'étant déjà engagée verbalement à être la fondatrice des Ursulines à Québec, où elle ne pouvait les aider qu'assez faiblement, son directeur lui ordonna avec raison de renoncer au dessein d'entreprendre une nouvelle fondation à Villemarie, au détriment de la première. Elle retourna donc à Québec (2), et eut besoin de toute sa vertu pour obéir.
« Nos Pères lui ont entendu assurer, sur la fin de ses jours, » rapporte le père Le Clercq, récollet, « que rien ne lui avait été plus sensible. Mais enfin il fallut se restreindre au monastère de Québec (3). »
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(1) Lettres de Marie de l’incarnation, 1681, II e partie, lettre xxvie, p. 369-370.
(2) Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(3) premier établissement de la foi dans la Nouvelle-France, 1691, t. II, p. 39-40.
A suivre : XV. Projet pour établir les religieuses de la Visitation à Villemarie pour y instruire la jeunesse.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XV. Projet pour établir les religieuses de la Visitation
à Villemarie pour y instruire la jeunesse.
Enfin, indépendamment des autres tentatives semblables, faites en 1653, en 1659, en 1670, pour établir les Ursulines de Québec à Villemarie, comme on l'a raconté déjà, la sœur Bourgeoys et ses filles étaient à peine logées dans leur nouvelle maison, après l'incendie, qu'on forma le dessein d'attirer dans cette ville des religieuses Visitandines pour y ouvrir un pensionnat. Il paraît que M. de Saint-Vallier, qui venait de repasser en France, après son premier voyage en Canada, n'y était pas opposé.
M. Tronson n'en porta pas le même jugement.
Convaincu que DIEU seul peut créer de nouveaux établissements dans son Église, et les y conserver tous les jours de leur existence, il avait pour maxime particulière de n'en former aucun qu'après des signes évidents de sa volonté, et il ne crut pas en voir d'assez manifestes dans cette circonstance. Il jugea plutôt, et avec raison, qu'après l'établissement de ce nouveau pensionnat à Villemarie, les sœurs de la Congrégation auraient peine à y subsister, celles-ci, par un rare désintéressement, donnant gratuitement l'instruction à toutes les petites filles de la ville et des côtes, sans avoir d'autre ressource pour vivre que le travail de leurs mains, et la très-modique rétribution qu'elles recevaient de leurs pensionnaires.
Comme donc il était assuré que la sœur Bourgeoys et ses filles avaient reçu une mission spéciale pour Villemarie, il jugea qu'il devait s'opposer au projet des Visitandines, pour seconder la volonté de DIEU, qui ne pouvait en effet être contraire à ses propres desseins; et il s'empressa d'écrire aux Messieurs du séminaire pour leur marquer la ligne de conduite qu'ils devaient suivre dans cette affaire importante.
A suivre : XVI. Sentiment de M. Tronson sur ce projet, qu’il juge contraire au dessein de DIEU sur la Congrégation.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVI. Sentiment de M. Tronson sur ce projet,
qu’il juge contraire au dessein de DIEU sur la Congrégation.
« Je crains fort, disait-il dans sa lettre à M. Dollier, que, pour vouloir faire trop de bien avec trop d'empressement, on ne gâte bien des choses. Je dis ceci au sujet de l'établissement des religieuses de la Visitation de Sainte-Marie, qu'on propose d'établir dans l'île de Montréal ; car je ne sais si cette nouvelle communauté ne ferait point tort à celle des filles de la Congrégation, qui y sont déjà établies, et qui font bien. Ce nouvel établissement affaiblirait assurément celui de la sœur Bourgeoys. Aussi, bien loin que je puisse entrer dans ce dessein, je suis très-convaincu qu'on ne doit point y penser. Il ne faut rien faire sur cela sans consulter Mgr l'évêque de Québec l'ancien, et je m'assure que vous le trouverez dans ces mêmes sentiments. Il repasse cette année en Canada; et ses vues feront connaître ce que DIEU demande de nous en cette occasion. Vous connaissez sa piété, son désintéressement, sa prudence et ses lumières; il sait ce que c'est que le pays; il connaît mieux que personne l'état de son Église. Nous ne cherchons tous que la volonté de DIEU, et c'est là le moyen de la connaître. J'estime extrêmement le zèle ; mais je le crains extraordinairement, quand il est trop ardent.
« Je vous ai écrit cet article de ma lettre sans penser à ce que je vous avais marqué déjà. Mais je suis bien aise de cette inadvertance, parce que vous trouverez ici mes pensées et mes sentiments plus amplement et plus nettement exprimés sur cette affaire, qui me paraît de très-grande importance (1). »
M. Tronson ajoutait à sa lettre : « Depuis que j'ai écrit l'article ci-dessus, j'ai parlé à Mgr l'évêque de Québec et à M. de Saint-Vallier de l'établissement des religieuses de la Visitation dans Montréal, et ils conviennent tous deux qu'il ne faut point y penser. Les inconvénients m'y paraissent si grands, que je m'étonne que l'on ait pu écouter cette pensée. »
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(1) Lettre à M. Dollier de Casson, du 20 mai 1687.— Lettre du 8 mai 1687
A suivre : XVII. Nouveau projet des Ursulines de Québec; elles s’adressent à M. Dollier.
Dernière édition par Louis le Mar 01 Jan 2013, 2:26 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVII. Nouveau projet des Ursulines de Québec; elles s’adressent à M. Dollier.
Six ans après, et à l'occasion de l'établissement des RR. PP. Jésuites et des Récollets à Villemarie, qui eut lieu à cette époque, on pressa beaucoup les religieuses Ursulines de Québec d'exécuter enfin le projet qu'elles avaient formé autrefois d'aller s'y fixer elles-mêmes. Comme elles désiraient avec ardeur cette fondation, la sœur Marie de Saint-Joseph, leur supérieure, en écrivit en ces termes à M. Dollier :
« NOTRE-SEIGNEUR donne vocation à quelques religieuses de cette maison pour aller en vos quartiers en commencer une. Elles me prient, comme je le fais ici avec plaisir, de vous demander votre protection et votre permission, sans lesquelles nous ne voulons pas penser à la chose. Je vous les demande donc très-instamment, Monsieur. Vous pouvez tout à Villemarie, et même à Québec, sur l'esprit de Mgr votre illustre prélat. Je pense, Monsieur, que vous n'ignorez pas que dans les commencements de Villemarie nous y fûmes demandées, qu'on nous marqua même la place de l'établissement, et que Mme de La Peltrie, notre fondatrice, y monta et demeura deux ans dans ce dessein, avec une jeune fille qui depuis a été religieuse, et est une de nos anciennes. Vous feriez, Monsieur, bien de la grâce à toute notre communauté, et à moi, de nous dire vos sentiments sur cette affaire ; et si vous en seriez content, au cas que DIEU nous fit trouver les moyens de nous établir à Villemarie ; car autrement nous n'y voulons pas penser. Nous connaîtrons la volonté de DIEU par votre réponse (1). »
M. Dollier, d'après ce que M. Tronson lui avait marqué touchant la Visitation, ne put faire une réponse telle que la souhaitaient les Ursulines. Il avait même déjà écrit à M. de Saint-Vallier, pour lui exposer les inconvénients qu'il voyait à l'exécution de ce projet ; et le prélat avait paru être touché de la solidité de ses raisons. « Si les Ursulines vous écrivent, avait-il répondu à M. Dollier, je vous conseille de leur faire réponse, et de leur marquer à peu près les mêmes choses que vous m'exposez dans votre lettre. Toutes les raisons que vous me donnez me paraissent bonnes, et me font suspendre mon sentiment (1). »
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(1) Archives du séminaire de Villemarie, lettre de la sœur Marie de Saint-Joseph à M. Dollier.
(1) Ibid. Lettre de M. de Saint-Vallier à M. Dollier.
A suivre : XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson. Réponse qu’il leur fait.
Cependant ces religieuses, qui persévéraient toujours dans leur projet, prirent le parti de s'adresser directement à M. Tronson, persuadées que tous les obstacles cesseraient s'il approuvait lui-même leur dessein. Leur supérieure lui en écrivit donc et lui détailla tous les motifs qu'elle jugeait plus propres à faire impression sur son esprit, l'assurant surtout que ce nouvel établissement ne nuirait point à celui de la sœur Bourgeoys.
M. Tronson, qui n'avait pas ouï parler de ce nouveau projet, lui répondit en ces termes : « J'ai vu, par votre lettre du mois d'octobre dernier, la crainte où vous êtes que la pensée de vous établir présentement à Villemarie, ne m'ait fait de la peine. Mais comment m'en aurait-elle fait, puisque je ne sais rien de cet établissement, que ce que vous m'en écrivez ? Je n'ai point encore ouï dire qu'à vous qu'on vous y souhaitait, qu'on vous y donnait une maison avec un jardin, que votre établissement ne nuirait point aux filles de la Congrégation, et qu'il y aurait de quoi travailler pour les unes et pour les autres.
« Pour vous parler avec sincérité, je vous dirai que des personnes qui connaissent le pays, ont peine à croire que deux communautés de filles, qui ont les mêmes emplois, ne soient point trop pour Villemarie. Tout ce que je puis faire, c'est d'écrire cette année à nos Messieurs pour être éclairci là-dessus; et la suivante, après que par leur réponse ils nous auront mandé tout le détail de cette affaire, nous vous ferons savoir tout simplement ce que nous en pensons. Il ne s'agit que de bien connaître la volonté de DIEU, de peur que, comme il arrive quelquefois, en voulant trop multiplier le bien et le trop étendre, on ne l'affaiblisse et on ne le diminue. J'espère que vos prières contribueront à nous la faire connaître (1). »
La réserve de M. Tronson, en répondant de la sorte…
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(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à la supérieure des Ursulines de Québec, 1699.
A suivre…
Dernière édition par Louis le Mer 02 Jan 2013, 3:07 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson. Réponse qu’il leur fait.
(suite)
La réserve de M. Tronson, en répondant de la sorte, dut faire comprendre aux Ursulines qu'au jugement de cet homme sage et prudent leur dessein n'était pas dans l'ordre de la divine Providence. Aussi nous ne voyons pas que depuis elles aient jamais renouvelé leur demande, ne désirant de leur coté que de connaître à cet égard la volonté de DIEU.
Il est à remarquer que dans tous ces projets d'établissements qui auraient pu porter un notable préjudice à la Congrégation, 1a sœur Bourgeoys ne fit aucune démarche qui pût y mettre obstacle. Pour établir son institut, elle n'avait fait que se conformer aux ordres de ses directeurs, et entrer simplement dans les ouvertures que DIEU lui offrait; elle crut que, pour le conserver, elle devait pareillement se reposer sur les soins de sa divine Providence, qui, en effet suscita toujours, hors de la Congrégation, les instruments qui procurèrent l'accomplissement de ses desseins. Cette assistance divine parut surtout d'une manière bien sensible, à l'occasion d'un orage des plus violents que la Congrégation ait jamais eu à essuyer, et qui pensa la ruiner de fond en comble, ou plutôt qui semblait devoir anéantir tout le dessein de DIEU dans la fondation de Villemarie, comme nous le raconterons dans le chapitre suivant.
A suivre : Chapitre II. — TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN, POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
CHAPITRE II.
TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN,
POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION
L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.
TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN,
POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION
L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.
I. Efforts du démon pour ruiner
le dessein de DIEU sur la colonie,
en éteignant l’esprit donné aux trois communautés.
Nous avons vu qu'en ordonnant la formation de la colonie de Villemarie, DIEU proposait d'offrir, dans la sainteté des mœurs des premiers colons, une image de l'Église primitive. Pour ce dessein, il voulait y susciter trois communautés consacrées l'une à JESUS , l'autre à Marie, et la troisième à saint Joseph, afin qu'étant remplies de l'esprit de leurs augustes patrons, elles le répandissent dans cette Église naissante.
Ces communautés étant donc établies comme nous l'avons vu, et y remplissant chacune, à la grande édification des fidèles, l'objet spécial de sa vocation, Satan, qui, à la naissance de l'Église, avait demandé à DIEU qu'il lui fût permis de la troubler, et, comme dit NOTRE-SEIGNEUR, de la cribler (1), sembla avoir résolu de ruiner aussi l'ouvrage de la divine Sagesse dans cette colonie. Pour y réussir, il proposa à ces communautés le prétexte spécieux d'une perfection plus sublime que celle à laquelle elles étaient appelées ; afin que, les faisant sortir de l'ordre de DIEU sur elles, il éteignit par ce moyen en chacune l'esprit propre de sa vocation.
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(1) Évangile selon saint Luc ch. XXII, V. 31.
A suivre : II. Vues chimériques de la sœur Tardy de réunir les trois communautés en une seule.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Vues chimériques de la sœur Tardy de
réunir les trois communautés en une seule.
Une bonne fille de la Congrégation, la sœur Tardy, esprit vif et ardent, s'imagina être appelée de DIEU à faire honorer la vie intérieure de la très-sainte Vierge par l'établissement d'une nouvelle communauté à Villemarie (1). Cette communauté devait, disait-elle, se composer des sœurs de la Congrégation, des religieuses de Saint-Joseph, des ecclésiastiques du séminaire et aussi d'une certaine communauté de religieux ermites, destinés à être maîtres d'école pour les garçons (2). Tous les biens entre ces sortes de personnes auraient été communs, et toutes auraient suivi la même règle. La sœur Tardy prétendait autoriser un si étrange dessein, en assurant qu'elle connaissait l'état intérieur des personnes, et spécialement de celles qui allaient à la sainte table. Elle ajoutait que des âmes revenues de l'autre monde lui apparaissaient pour l'instruire de ce qu'il y avait à faire dans l'établissement de ce nouvel institut (3), et qu'enfin elle-même devait être mise à la tête de l'œuvre (4).
Avant de réaliser ce projet, et de ne faire des trois anciennes communautés qu'une seule, il fallait ôter de leurs places les personnes qui en avaient la conduite, et commencer d'abord par affaiblir dans ces maisons les liens de dépendance naturelle qui lient les inférieurs aux supérieurs. Ce fut par là aussi que l'ennemi de tout bien commença; et M. de Saint-Vallier, dans sa première visite à Villemarie, favorisa, sans s'en douter, l'esprit d'insubordination par l'effet d'un zèle qui n'était pas assez conforme aux règles de la prudence.
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(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. Séguenot, 1692.
(2) lettre du même à M. de Casson, du 28 février 1692.
(3) lettre du même à M. de Belmont, du2 mars 1691.
(4) lettre du même à M. de Lacolombière, du mois de mars 1693.
A suivre : III. M. de Saint-Vallier affaiblit, sans le vouloir, la dépendance qui régnait au séminaire.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
III. M. de Saint-Vallier affaiblit, sans le vouloir,
la dépendance qui régnait au séminaire.
Ce prélat avait toujours vécu dans une grande intimité avec les ecclésiastiques du séminaire de Saint-Sulpice qui l'avaient élevé, et sous la discipline desquels il était venu se remettre après son ordination au sacerdoce (1). Au séminaire de Villemarie, voyant que les cœurs de tous les membres de cette maison lui étaient ouverts, M. de Saint-Vallier, jeune alors et sans expérience, sembla oublier qu'en sa qualité de grand vicaire et d'évêque nommé de Québec, il venait dans le pays pour y tenir la place de l'évêque, et s'ingéra peut-être trop dans les fonctions du supérieur particulier de leur communauté, et même dans celles de directeur de conscience (2). C'est ce qui lui fait dire dans la relation de son voyage :
« A Montréal, j'ai connu les talents et les vertus de MM. de Saint-Sulpice, non-seulement par la réputation publique, mais par les entretiens particuliers que j'ai eus avec eux, et par la confiance avec laquelle ils ont bien voulu me découvrir leurs plus secrètes dispositions (1). »
Trop confiant lui-même, il communiqua indiscrètement à plusieurs de ces ecclésiastiques l'opinion défavorable qu'il conçut d'abord de M. Dollier de Casson, leur supérieur, qui lui parut peu propre à diriger l'intérieur de ses confrères et à conserver en eux l'esprit dont leur communauté devait être animée (*). Ce jugement précipité, effet naturel des premières pressions contre lesquelles ce prélat ne se tint pas assez en garde dans cette première visite, faisait dire à M. Tronson, dans une lettre qu'il écrivit l'année suivante : « Si M. de Saint-Vallier avait demeuré plus longtemps à Villemarie, il aurait peut-être porté de M. Dollier un autre jugement que celui qu'il vous a fait paraître (1). En faisant donc part de cette appréciation à M. de Lacolombière, confesseur des religieuses de Saint-Joseph, à M. Bailly, chargé de la direction des sœurs de la Congrégation, et à d'autres encore, il eut le tort d'affaiblir notablement le respect qu'ils avaient porté jusque alors à M. Dollier, et de donner, sans le vouloir, une funeste atteinte à la subordination parfaite qui régnait auparavant dans le séminaire. C'est ce qui doit arriver infailliblement, dès que les inférieurs cessent de respecter dans leurs supérieurs légitimes la personne et l'autorité de DIEU.__________________
(*) Cela ne l'empêcha pas d'en faire un éloge assez avantageux dans sa relation :
« Leur supérieur, qui a été fait grand vicaire par mon prédécesseur, dit-il, est un sujet de mérite et de grâce, qui a reçu de DIEU un merveilleux discernement pour placer ceux qui sont sous sa conduite selon la diversité de leurs talents. Il sait l'art de ménager tous les esprits, et sa prudence, jointe à sa douceur et à ses autres vertus, lui a gagné l'estime et l'affection de toutes sortes de personnes (1). »
M. Dollier était doué, en effet, d'une grande sagesse. Affligé des excès occasionnés par le commerce des boissons enivrantes qui ruinaient le pays, il se contentait de gémir en secret, sans éclater en chaire, contre les puissances qui fomentaient sous main ces désordres. Cette modération, que M. de Saint-Vallier ne garda pas toujours, et que quelques-uns confondaient avec le respect humain et la prudence de la chair (2), put entrer pour beaucoup dans le jugement peu favorable que ce prélat porta précipitamment sur les sentiments intérieurs dont M. Dollier était animé dans le gouvernement du séminaire, et duquel il ne tarda pas à revenir, comme M. Tronson l'avait prévu (3).
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(1) État présent de l’église, etc.
(2) Lettres de M. Tronson à MM. Dollier et de Belmont, 1691— Lettre à M. de Belmont, du 2 mars 1691.— Lettre à M. de Casson, du 16 juillet 1691.
(3) Lettre à M. Certain, du 12 avril 1686.__________________
(1) Catalogue d’entrée du séminaire de Saint-Sulpice..— Lettre de M. Tronson à M. de Casson, 19 avril 1685.
(2) Lettre de M. Tronson à M. de Casson, 16 février 1686.— Lettre à M. Guyotte du 12 mars 1691.
(1) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in 8º, p. 59.
(1) Lettre de M. Tronson à M. Certain, ibid. — Lettre du même à M. de Casson du 16 février 1686.
A suivre : IV. M. de Lacolombière et M. Bailly entrent dans les vues de la sœur Tardy…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IV. M. de Lacolombière et M. Bailly
entrent dans les vues de la sœur Tardy.
Déclaration extravagante de celle-ci à la sœur Bourgeoys.
Dans les dispositions défavorables où M. de Lacolombière et M. Bailly entrèrent ainsi à l'égard de M. Dollier de Casson, DIEU permit qu'ils donnassent l'un et l'autre dans les illusions de la sœur Tardy, quelque extravagantes qu'elles fussent. Comme ces deux ecclésiastiques dirigeaient les consciences à l'Hôtel-Dieu et à la Congrégation, plusieurs filles de ces communautés entrèrent à leur tour dans ces vues chimériques de réforme ; et enfin l'esprit de dépendance et de soumission aux supérieures fut bien diminué dans ces deux maisons.
Par une conduite entièrement contraire aux maximes de la foi et à la pratique de tous les saints, on se mit à juger les supérieures, et à blâmer en elles tout ce qui ne semblait pas être conforme aux prétendues visions. Les choses en vinrent au point que la sœur Tardy, dans la nuit du 3 au 4 novembre 1689, prétendit qu'une de ses sœurs, morte depuis près de seize mois, lui avait apparu pour lui ordonner, de la part de DIEU, de déclarer à la sœur Bourgeoys qu'elle n'était pas en sûreté de conscience. Il paraît que la sœur Bourgeoys ne fit pas d'abord grand état de ce rapport, qu'elle devait regarder avec raison comme le fruit d'une imagination déréglée, pour ne pas dire d'un esprit aveuglé par l'orgueil le plus étrange. Mais le 3 ou le 4 janvier suivant 1690, la sœur Tardy s'étant figuré que cette même défunte lui avait apparu derechef, et l'avait chargée de dire à la supérieure qu'elle était en état de damnation, elle alla donner ce nouvel avertissement à la sœur Bourgeoys, qui en fut cette fois extrêmement troublée (1).
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 143.
A suivre : V. Peines intérieures où DIEU permet que tombe la sœur Bourgeoys.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Peines intérieures où DIEU permet que tombe la sœur Bourgeoys.
DIEU le permit ainsi pour purifier de plus en plus sa fidèle servante, par le genre d'épreuves très-dures qu'elle eut alors à endurer. Il lui retira même toutes ses grâces sensibles, comme il en use quelquefois à l'égard des âmes les plus élevées, et par cette soustraction totale il la réduisit à un état si affligeant d'obscurité intérieure et d'insensibilité, qu'elle croyait n'avoir plus aucun amour pour DIEU , quoiqu'elle l'aimât alors plus purement et plus fermement que jamais.
Il n'est pas possible de se représenter quel fut le triste état de son âme, dès que la sœur Tardy lui eut fait la déclaration dont nous parlons. La sœur Bourgeoys eut d'autant moins de peine à se persuader qu'elle fût dans l'inimitié de son DIEU, que, connaissant mieux combien il est aimable, elle sentait, par un effet de sa grande humilité, qu'elle ne l'aimait pas assez, se reprochant depuis très-longtemps, à l'exemple de tous les saints, ses ingratitudes et ses infidélités prétendues à son service. Le trouble et la crainte, qui s'emparent de son âme, lui inspirent, dans cet état, une répugnance extrême pour les sacrements, dont elle craint par-dessus tout la profanation; et, ne se regardant plus que comme une réprouvée au milieu de ses sœurs, elle n'ose presque pas leur parler, ni même lever les yeux devant elles (1).
« Le 3 ou 4 janvier 1690, écrit-elle, cette sœur vint me dire cela l'après-dînée, et m'avertit de mon état de damnation éternelle, ce qui me mit en peine plus que je ne puis le dire. J'ai demeuré cinquante mois dans cet état de souffrance, qu'il est difficile d'exprimer; cela me rendit plus triste et moins sociable (1). »
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 144.— Vie de la même, par M. Ransonet, p. 77.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VI. La sœur Bourgeoys veut se démettre de la place de supérieure...
Dernière édition par Louis le Sam 05 Jan 2013, 3:50 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. La sœur Bourgeoys veut se démettre
de la place de supérieure.
DIEU met alors obstacle à ce dessein.
Le but que se proposait l'ennemi de tout bien, en excitant ces troubles dans la Congrégation, était d'obliger la sœur Bourgeoys à se démettre de sa charge de supérieure. Dans cet état de peines, se regardant comme incapable et indigne de conduire plus longtemps sa communauté, elle ne balança pas, en effet, à réitérer les instances qu'elle avait déjà faites plusieurs fois pour se démettre. Il est même à remarquer qui si jusque alors elle avait continué de remplir la place de supérieure, c'était par pure nécessité, et pour se soumettre à la volonté de DIEU, dont on avait eu des témoignages incontestables.
Nous avons vu qu'avant son dernier voyage de France, la sœur Bourgeoys ayant fait à ses sœurs la proposition d'élire une nouvelle supérieure, toutes s'étaient écriées, de concert, qu'elles déféraient cette charge à la très-sainte Vierge, et qu'elles conjuraient la sœur Bourgeoys de les conduire toujours de sa part. A son retour en Canada, elle n'avait pas laissé de renouveler ses instances, et avec tant de persévérance qu'à la fin la communauté s'était assemblée, sans conclure pourtant l'élection, les suffrages s'étant trouvés partagés entre deux sujets: les sœurs Geneviève Durosoy et Marguerite Soumillard, très-capables l'une et l'autre de remplir cette place. Mais lorsqu'on avait été sur le point de se réunir de nouveau, pour choisir dans les formes l'une des deux sœurs proposées, DIEU avait montré manifestement que la sœur Bourgeoys devait l'occuper encore pour le bien de la Congrégation; car ce fut précisément alors qu'arriva l'incendie dont nous avons parlé ailleurs, dans lequel l'une et l'autre de ces deux sœurs furent consumée par les flammes, et après ce triste événement ne pensa plus à l'élection (1).
Enfin, à l'occasion des visions imaginaires de la sœur Tardy…
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 149.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. La sœur Bourgeoys veut se
démettre de la place de supérieure.
DIEU met alors obstacle à ce dessein.
(suite)
Enfin, à l'occasion des visions imaginaires de la sœur Tardy, la sœur Bourgeoys étant tombée dans l'état de peines dont nous parlons, elle réitéra ses instances, et on songea décidément l'élection d'une supérieure pour la remplacer. Dans ce dessein, on appela à Villemarie la sœur Anne, la même qui avait établi la mission de la Sainte-Famille dans l'île d'Orléans, et qui possédait toutes les qualités désirables dans une parfaite supérieure. Elle était alors malade à Québec; on espérait que sa santé se rétablirait bientôt à Villemarie ; mais elle mourut dans cette dernière ville le 2 septembre 1690, peu de jours après son arrivée; et cette mort, beaucoup toutes les sœurs, fit renoncer de nouveau à toute élection (1).
Cependant M. de Saint-Vallier, évêque de Québec, ayant visité la Congrégation dans le courant du même mois, la sœur Bourgeoys profita encore de cette occasion pour le prier de trouver bon qu'elle se démît enfin de la charge de supérieure.
« Je dis mon malheur à Monseigneur de Saint-Vallier, rapporte-t-elle, et depuis combien de temps nos sœurs avaient perdu la confiance en moi, et moi la liberté de leur parler; que je ne savais pas ce qui se faisait à la maison, et que ma négligence avait même été telle, que je ne pouvais trouver mauvais cet état de choses, qui pourtant me faisait bien souffrir. Enfin, après lui avoir dit mes raisons, je le priai de faire l'élection pour mettre une autre supérieure à ma place, dans l'espérance que tout se ferait plus parfaitement (2). »
M. de Saint-Vallier ne jugea cependant pas à propos d'accepter la démission de la sœur Bourgeoys ; et elle se vit contrainte d'exercer encore sa charge, quoique sans adoucissement et sans consolation dans ses peines.
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(1) Ibid. p. 150.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VII. Sentiments de M. Tronson sur les visions prétendues de la sœur Tardy.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. Sentiments de M. Tronson sur
les visions prétendues de la sœur Tardy.
Dès que M. Tronson eut connaissance des visions de la sœur Tardy, et de l'illusion qui avait gagné M. de Lacolombière et de M. Bailly, il écrivit en ces termes, en 1691:
« Les lettres que j'ai reçues cette année m'apprennent les visions imaginaires, les prophéties ridicules et les desseins extravagants de la sœur Tardy. Je plains MM. Bailly et de Lacolombière de s'être ainsi laissé surprendre; je ne les avais jamais crus susceptibles de pareilles illusions, ni capables d'entrer dans de si visibles égarements (l). Les vues que l'on avait eues sur les trois communautés sont chimériques, et leur union union est impraticable. Que chacun, dit saint Paul, demeure dans la vocation où il est appelé (2). Hors de là toute la perfection qu'on se proposerait ne serait qu'imaginaire. Il vaut mieux que l'hôpital des filles de Saint-Joseph demeure seul, la Congrégation seule, le séminaire seul, les Ermites, maîtres d'école seuls, que de faire de toutes ces communautés un agrégat qui ne causerait que de la confusion (3).
« Quant à la sœur Tardy, lorsqu'elle assure qu'elle connaît l'état de ceux qui vont à la communion, je dis que l'on fait très-mal de la croire, et qu'à mon avis on ferait bien de la regarder comme une visionnaire. Tant de retours d'âmes du purgatoire ne serviront pas à lui donner plus de créance. La vue de l'ordre nouveau est la production d'une tête creuse et d'une imagination échauffée. Le mélange des biens et des personnes de divers instituts vient de la même source (1).
II faut que vous soyez sûrs que lorsque DIEU… »
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(1) Lettre à MM. Dollier et de Belmont. 1691.
(2) Ire Épître aux Corinthiens, ch. VII, v. 20.
(3) Lettre à M. de Casson, du 28 février 1692.
(1) Ibid., réponses aux questions de M. de Belmont, du 2 mars 1691.
A suivre…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. Sentiments de M. Tronson sur
les visions prétendues de la sœur Tardy.
(suite)
« II faut que vous soyez sûrs que lorsque DIEU demandera quelque chose de vous, il vous le fera connaître, non par visions ou par révélations, mais par les voies ordinaires, c'est-à-dire par le séminaire de Saint-Sulpice, sans avoir recours aux gens de l'autre monde. Les règles communes que l'Église nous donne, nous suffisent (2) ; toutes les voies extraordinaires, qui nous font quitter les emplois où nous sommes par vocation, et qui nous tirent des conduites communes, n'ont jamais une bonne fin. M. Olier, notre très-honoré fondateur, a reçu durant sa vie des grâces bien extraordinaires, mais jamais il ne les a prises pour règle de conduite ; et il nous a laissé pour maxime, qu'il ne fallait jamais s'y arrêter qu'elles n'eussent été vérifiées par les voies ordinaires.
« Ainsi, que M. Dollier de Casson confesse à son ordinaire, qu'il continue à faire ce que doit faire un supérieur, qu'il agisse comme étant assuré que c'est DIEU qui l'a appelé à cet emploi, et qu'il ne songe plus à le quitter (1). Il faut aussi que la supérieure de la Congrégation se rassure ; que vous travailliez en paix comme autrefois, et que vous mainteniez l'ordre et la subordination (2). Je crois qu'on devrait ôter de l'esprit des filles de la Congrégation et de celles de l'Hôtel-Dieu, à qui on a donné de si grandes idées de cet établissement, la pensée qu'il puisse réussir; de peur que dans l'attente du succès, et dans l'espérance d'une vie plus sainte, elles ne fassent pas assez d'état de celle où elles ont été appelées (3). »
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(2) Lettre à MM. Dollier et de Belmont, du 2 février 1692.
(1) Lettre à M. de Casson, du 28 février 1692.
(2) Lettre à MM. Dollier et de Belmont, du 2 février 1692.
(3) Lettre à M. de Casson, du 28 février 1692.
A suivre : VIII. M. de Lacolombière et M. Bailly rappelés en France. ..
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VIII.M. de Lacolombière et M. Bailly rappelés en France.
La sœur Tardy va à Paris.
M. Tronson écrit à la sœur Bourgeoys.
Mais pour contribuer plus efficacement à rétablir l’ordre, M. Tronson écrivit à M. Bailly et à M. de Lacolombière de repasser incontinent en France (4), M. Bailly s'embarqua en effet, ainsi que M. de Lacolombière, qui accompagna M. de Saint-Vallier dans un voyage que ce prélat fit cette année à Paris. Mais comme l'un et l'autre étaient toujours persuadés de la vérité des visions de la sœur Tardy, ils engagèrent celle-ci à entreprendre elle-même ce voyage, dans l'espérance qu'elle en convaincrait aussi M. Tronson, sans le consentement duquel leurs projets de perfection ne pouvaient s'effectuer.
Elle traversa donc la mer dans cette folle attente. M. Tronson ne jugea pas à propos d'entrer lui-même en discussion avec elle sur ses prétendues visions. Il se contenta d'envoyer de sa part au parloir M. Letellier, l'un des prêtres de Saint-Sulpice, et celui-ci fit avouer sans peine à la sœur Tardy que ce qu'elle prenait pour des lumières divines n'était que l'effet de son imagination (1).
Cependant, quoique la sœur Bourgeoys eût tant d'intérêt à l'éloignement de M. de Lacolombière, de M. Bailly et de la sœur visionnaire, elle fit paraître la pureté de sa charité en écrivant à M. Tronson pour lui demander leur retour à Villemarie. Il lui répondit le 4 mars 1692:
« Je souhaite que les esprits de vos bonnes filles soient calmes ; que les sujets de peine que l'on vous a donnés soient dissipés, et que, toutes rentrant dans la voie commune de l'obéissance, vous puissiez voir la sainte paix, que JESUS-CHRIST vous a méritée par sa mort, bien établie dans votre maison. Je ne crois pas que la sœur Tardy y retourne, ni que M. Bailly et M. de Lacolombière remontent à Montréal. Quelque saintes que soient ces trois personnes, et quelque service qu'en eût pu retirer votre maison, vous ne devez point regretter leur absence ; et vous en saurez mieux les raisons sur les lieux, que je ne pourrais vous les mander (1). »
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(4) Lettre à MM. Dollier et de Belmont, 1691.
(1) Lettre à M. de Casson, du 28 février 1692.
(1) Lettre à M. Tronson à la sœur Bourgeoys, du 4 mars 1692.
A suivre : IX. M. Tronson rappelle en France, M. Guyotte, qui s’entremettait pour le retour de la sœur Tardy en Canada.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. M. Tronson rappelle en France, M. Guyotte,
qui s’entremettait pour le retour de la sœur Tardy en Canada.
Mais comme, à Villemarie, les esprits, prévenus en faveur de la sœur Tardy, jugeaient que son retour était absolument nécessaire pour l'érection de la nouvelle communauté, dont ils s'imaginaient qu'elle serait la fondatrice, on écrivit à M. de Saint-Vallier, alors en France, pour qu'il la renvoyât en Canada (2).
De son côté, M. Guyotte, prêtre du séminaire, chargé des fonctions curiales, et supérieur des sœurs de la Congrégation, écrivit à M. de Turmenie de fournir tout ce qui serait nécessaire à la sœur pour son retour à Villemarie; car M. Guyotte était aussi entré dans ses illusions (3).
Dès que M. Tronson eut appris les mouvements qu'on se donnait à ce sujet, il écrivit à M. de Turmenie d'empêcher le voyage de la sœur (4), et à M. Guyotte de repasser lui-même en France. Le départ de M. Guyotte affligea un grand nombre de paroissiens de Villemarie, qui lui étaient sincèrement attachés à cause du zèle avec lequel il administrait la paroisse. Ils adressèrent même une pétition à M. Tronson, outre une requête qu'ils avaient envoyée à M. de Saint-Vallier (5), et une autre à M. Dollier pour demander son retour (6).
« Quelque grand désir que tous les paroissiens me témoignent de le ravoir, écrivait M. Tronson, je n'ai garde d'y consentir. J'ai répondu à M. Le Ber, dont la lettre est signée d'une quarantaine de citoyens, que je ne vois nulle apparence que M. Guyotte puisse retourner en Canada.»
En effet, M. Tronson l'envoya au séminaire de Bourges pour aider M. de Lachétardie dans l'administration de la cure du séminaire. M. Guyotte demeura ferme dans sa vocation à Saint-Sulpice (1) ; il résista aux instantes sollicitations que lui fit faire M. Charon, fondateur de l'hôpital général de Villemarie, de repasser la mer pour prendre la conduite de ce nouvel établissement (2), et mourut au bout de quelques années dans les exercices d'une mission qu'il prêchait avec beaucoup de zèle (3).
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(2) Lettre à M. de Belmont,1692.
(3) Lettre à M. Dollier, du 20 février 1693.
(4) Lettre à M. de Turménie,1693.
(5) Lettre à M. de Saint-Vallier,1694.
(6) Lettre à M. Dollier, du 7 avril 1694.
(1) Journal de M. Tronson, par M. Bourbon 26 décembre 1695, 15 janvier 1696.
(2) Archives du séminaire de Villemarie, lettre de M. de Baluze du 23 avril 1697.
(3) Lettres de M. Leschassier ; lettre à M. Charon, du 10 mars 1701.
A suivre : X. M. Tronson refuse à M. de Saint-Vallier de consentir au retour de M. Bailly et de M. de Lacolombière à Villemarie.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
X.M. Tronson refuse à M. de Saint-Vallier
de consentir au retour
de M. Bailly et de M. de Lacolombière à Villemarie.
Il n’en fut pas de même de M. de Lacolombière ni de M. Bailly. Sachant que M. Tronson était résolu de ne pas les renvoyer à Villemarie, ils quittèrent la compagnie de Saint-Sulpice, et se retirèrent au séminaire des Missions étrangères (4), dans l'espérance de retourner par ce moyen en Canada.
M. de Saint-Vallier, qui manquait de sujets pour son diocèse, désirait en effet de les y ramener l'un et l'autre, et voulait même que M. Bailly reprît la conduite des sœurs de la Congrégation (5).
« Je dois vous dire, écrivait M. Tronson à M. Dollier que Mgr de Québec, sans craindre les mauvais effets et les suites fâcheuses que pourra causer le retour en Canada de M. de Lacolombière et de M. Bailly, est résolu de les y ramener avec lui. Il y a bien plus, car il me presse extrêmement pour consentir que M. Bailly remonte à Montréal, quoiqu'il ne soit plus des nôtres. C'est à quoi je ne puis donner les mains.
L’idée d'une communauté nouvelle et imaginaire pourrait se renouveler dans l'esprit des sœurs, et leur ferait beaucoup de tort. Enfin, après avoir exposé mes raisons au prélat, il m'a dit qu'il ne le ferait point monter à Montréal qu'après en avoir reçu trois lettres de vous autant de M. de Belmont. Je pense que vous verrez de quelle conséquence il est de n'avoir point parmi vous un tel homme, qui, tout saint qu'il est, ne laisserait pas, avec les meilleures intentions du monde, de vous embarrasser (1). »
« On doit avoir lieu de craindre que ces Messieurs n'empêchent que l'humilité et la simplicité ne se rétablissent dans les deux communautés de l'Hôtel-Dieu et de la Congrégation. Et il me semble que le prélat a eu assez de preuves de leur génie pour s'en défier (2). »
M. de Saint-Vallier se désista en effet à l'égard de M. Bailly, qui se retira dans le diocèse de…
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(4) Lettre de M. Tronson à M. de Casson, du 28 février 1692.
(5) Lettre du même à M. de Belmont, 1692.
(1) Lettre à M. de Casson, du 28 février 1692.
(2) Lettre du même, du 20 février 1693.
A suivre…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
X. M. Tronson refuse à M. de Saint-Vallier
de consentir au retour
de M. Bailly et de M. de Lacolombière à Villemarie.
(suite)
M. de Saint-Vallier se désista en effet à l'égard de M. Bailly, qui se retira dans le diocèse de Chartres; mais, quoi que M. Tronson pût lui dire pour le dissuader de ramener M. de Lacolombière, il persista dans son dessein, et l'emmena avec lui à Québec (1). Toutefois il ne fut pas longtemps à s'en repentir. « Quoique M. de Lacolombière ait du talent et de la piété, lui répondait M. Tronson, je ne suis pas surpris que vous n'en soyez pas content. Je crois qu'il ne saurait mieux faire et pour vous, et pour lui, et pour le Canada, que de repasser en France (2). »
M. de Lacolombière demeura cependant à Québec, et ne fut détrompé enfin de ses illusions que lorsqu'il apprit que la sœur Tardy était morte en France (3). II fit alors des instances pour rentrer au séminaire de Villemarie, ce à quoi M. Tronson refusa de consentir, ainsi que M. Leschassier, son successeur. Il conserva néanmoins beaucoup d'attachement pour le séminaire, et lui légua divers objets par son testament (4).
Ce fut ainsi que, par sa sagesse et sa fermeté, M. Tronson dissipa ce furieux orage qui semblait devoir ruiner les trois communautés de Villemarie. Après le rétablissement de la paix, et l'éloignement de ceux qui avaient été l'occasion de tous ces troubles, M. Tronson écrivait : « Quelque saintes que soient les personnes, et quelque bien qu'elles puissent faire d'ailleurs par leurs talents, quand elles écoutent trop les visions et qu'elles autorisent trop les voies extraordinaires, elles ne sont pas propres pour des communautés, où l'on a pour règle de suivre les routes communes qui nous ont été tracées par nos pères. Ce n'est point par ces conduites singulières que NOTRE-SEIGNEUR veut faire honorer l'intérieur de sa divine mère, mais par la pratique des vertus qui ne se trouvent jamais sans l'obéissance (1). »
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(1) i] Lettre du même, [/i] 11 avril 1692
(2) Lettre à M. de Saint-Vallier, du 27 mars 1694.
(3) Lettre à M. Dollier, du 29 mars 1696. — Lettre à M. de Belmont, 1697.
(4) Testament de M. de Lacolombière, archives de l’hôpital général.
(1) lettre à M. Séguenot, de 1692.
A suivre : XI. Les sœurs de Saint-Joseph s’étant logées à la Congrégation après leur incendie…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XI. Les sœurs de Saint-Joseph s’étant logées
à la Congrégation après leur incendie,
DIEU montre quelle est la vraie union
qui doit être entre ces deux communautés.
A la suite des troubles dont on vient de parler, arriva, en 1695, l'incendie de l'Hôtel-Dieu, qui obligea les sœurs de Saint-Joseph à chercher, comme on l'a vu, un asile chez les sœurs de la Congrégation. Ce fut encore cette même année qu'eut lieu l'entrée de Mlle Le Ber dans cette communauté, en qualité de recluse. On vit alors dans la maison de la Congrégation trois sortes de personnes, unies entre elles par les liens de la plus étroite charité, vivre cependant sous la conduite des prêtres du séminaire, chacune selon leur vocation particulière et les règles propres de leur état.
Les religieuses hospitalières de Saint-Joseph suivaient les observances de leur ordre, et assistaient leurs malades dans cette maison ; les sœurs de la Congrégation pratiquaient de leur côté leurs exercices propres ; et enfin Mlle Le Ber vivait dans sa cellule, conformément à la règle qui lui avait été tracée; car, quoique associée de cœur et d'esprit à la Congrégation, elle n'en embrassa point l'institut. Les troubles précédents avaient eu pour motif le dessein chimérique de confondre les anciennes communautés en une seule, ainsi qu'une troisième qui devait être composée d'ermites ou de solitaires.
En réunissant donc de la sorte les hospitalières de Saint-Joseph et Mlle Le Ber aux sœurs de la Congrégation, DIEU sembla montrer la vraie nature de l'unité qu'il voulait voir régner entre elles, qui était d'unir ensemble les cœurs sans confondre la distinction des instituts.
« Je vois, écrivait la sœur Bourgeoys, que du jour que Mlle Le Ber est entrée dans cette communauté en qualité de solitaire, le 5 août 1695, les trois états de filles que NOTRE-SEIGNEUR a laissés après sa résurrection pour en être servi et pour servir à l'Église, comme sainte Madeleine par la vie solitaire, sainte Marthe par la vie active dans la clôture, et la très-sainte Vierge par la vie de zèle sans clôture extérieure; je vois, dis-je, que ces trois états sont réunis dans cette maison.
La recluse MlleLe Ber est dans l'état de sainte Madeleine, retenue dans sa grotte et appelée à la vie contemplative, comme saint Jean-Baptiste dans le désert.
Les hospitalières, depuis le jour de leur incendie, sont dans cette maison: c'est l'état de sainte Marthe.
Enfin les sœurs de la Congrégation, sans clôture extérieure, sont dans l'état de la sainte Vierge, notre sainte mère, notre souveraine et supérieure, qui embrasse tous les états de l'Église. Cette divine mère reçoit pourtant ces trois états de filles dans sa maison, pour nous faire connaître la grande union que nous devons avoir avec toutes les personnes qui s'emploient au service de DIEU, sous sa sainte protection (1). »
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XII. Acte d’union des deux communautés composé par la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XII. Acte d’union des deux communautés composé par la sœur Bourgeoys.
Aussi, pour rendre permanente cette union par un lien spécial, la sœur Bourgeoys voulut que la Congrégation et les sœurs de Saint-Joseph, avant leur séparation, contractassent ensemble une alliance spirituelle, qui les tînt étroitement liées d'esprit et de cœur, et les mît mutuellement en part des mérites qu'elles acquerraient en vaquant chacune aux fonctions propres de leur institut. Elle rédigea elle-même l'acte de cette association de charité ; nous le rapporterons ici, comme un monument des engagements sacrés qui ont uni jusqu'à ce jour ces deux communautés entre elles.___________________________________________« Union spirituelle avec les religieuses de l'Hôtel-Dieu avant leur départ de la Congrégation pour retourner à l'hôpital. Dans l'intention où nous sommes de garder les commandements que DIEU par sa miséricorde nous a donnés dès la création du monde, dont le premier est celui-ci: Tu aimeras DIEU de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes les forces (1), nous supplions la divine et infinie Majesté d'augmenter notre amour, et nous lui protestons que nous n'avons et n'aurons jamais d'âme, de corps, de mémoire, de volonté, que pour les employer à faire sa volonté sainte pour le temps et pour l'éternité.
« Le second commandement est celui-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (2) ; et ensuite DIEU nous a dit par son Apôtre : qu'il faut nous aimer les uns les autres, comme étant les membres d'un même corps (3). Pour accomplir donc ce second commandement, nous, sœurs de l'hôpital et de la Congrégation, étant par une providence spéciale, toutes ensemble dans la même maison, nous voulons bien faire alliance spirituelle, afin d'attirer par là la bénédiction de DIEU sur les emplois de nos instituts, que DIEU par sa miséricorde nous a confiés pour le soulagement des malades et l'instruction des filles.
« Nous confiant donc en la divine bonté, nous voulons toutes n'être qu'un cœur et qu'une âme (1), nous faisant participantes du peu de bien que DIEU voudra bien faire par nous; et nous espérons, par cette même grâce, éloigner de nous tout ce qui pourrait tant soit peu refroidir cette union : nous supportant dans les peines que nous pourrions ressentir, et dans les sujets que nous pourrions avoir de ne point persévérer dans cette union. Nous implorons le secours de la très-sainte Vierge, afin qu'elle soit notre protectrice, et qu'elle nous obtienne la grâce d'y être fidèles jusqu'à la mort. Ainsi soit-il (2). »
(1) Deutéronome, ch. VI, v. 5.
(2) Évangile selon saint Matthieu, ch. XXII, v. 39.
(3) Épître aux Romains, ch. XII, v. 5 et 10.
(1) Actes des Apôtres, ch. IV, v. 32
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XIII. Instances de la Congrégation et de l’Hôtel-Dieu pour être dirigées à l’avenir par le séminaire.
Dernière édition par Louis le Jeu 10 Jan 2013, 3:00 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. Instances de la Congrégation et de l’Hôtel-Dieu
pour être dirigées à l’avenir par le séminaire.
Après les troubles que nous avons racontés, comme les religieux Récollets et les PP. Jésuites formaient les uns et les autres une résidence de leur ordre à Villemarie, les prêtres de Saint-Sulpice, de l'avis de M. Tronson (3), jugèrent à propos de proposer aux sœurs de la Congrégation et à celles de Saint-Joseph de prendre désormais leur directeur parmi ces religieux. La sœur Bourgeoys et la supérieure de l'Hôtel-Dieu, surprises de cette proposition, s'empressèrent d'écrire à M. Tronson, pour le conjurer de ne pas les abandonner, l'assurant que toutes avaient une entière confiance aux ecclésiastiques du séminaire, et que ce changement serait une source de troubles et de chagrin dans les deux communautés. Touché des motifs que la sœur Bourgeoys lui avait alléguées dans sa lettre, M. Tronson lui répondit en ces termes :
« Comme je crois que DIEU demande que nos Messieurs continuent encore de prendre soin de votre communauté, je condescends volontiers à votre désir, pourvu que vos filles se rendent bien dociles et profitent de leurs avis. Ce sera un bon moyen pour faire que nos Messieurs ne les quittent pas: car leur docilité sera une marque assez grande de la volonté de DIEU , qui seul les arrête dans cet emploi. Je crois que toutes vos bonnes sœurs seront obéissantes, que c'est là leurs dispositions présentes, et j'espère que DIEU en bénira les suites. Je souhaite que tout réussisse à la gloire de notre divin Maître, à la sanctification de vos filles, et à votre satisfaction (1). »
Il écrivait à la sœur Barbier : « Pourvu que vos sœurs soient fidèles à l'obéissance, nos Messieurs vous continueront volontiers les services qu'ils vous rendent. Je serais même ravi qu'ils pussent contribuer à votre avancement, et le comble de ma joie serait que NOTRE-SEIGNEUR bénît assez leur travail pour vous rendre toutes saintes et selon le cœur de DIEU. J'espère que le passé n'y mettra point d'obstacle, les intentions ayant été bonnes, et les voies extraordinaires étant maintenant écartées. Ainsi laissons le passé dans l'oubli, abandonnons l'avenir à la Providence et donnons le présent à la fidélité, pour ne nous point écarter des règles de perfection que les saints et l'Évangile nous donnent (1). »
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(3) lettre du 25 février 1693.
(1) Lettres de M. Tronson; lettres du mois de mars 1693 et du 23 mars 1694.
(1) Ibid., lettre à la sœur Barbier, du 23 mars 1694.
A suivre : XIV. M. de Valens est nommé directeur de la Congrégation.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV.M. de Valens est nommé directeur de la Congrégation.
Les vœux de M. Tronson pour la sanctification des sœurs furent heureusement accomplis par la bénédiction que DIEU se plut à répandre sur le zèle de M. de Valens, l'un des ecclésiastiques du séminaire, chargé alors de leur direction (2). Il succédait à M. du Chaigneau, qui les dirigea après le départ de M. Bailly, et qui ne pouvait plus, à cause de ses autres fonctions, leur donner toute l'application que demandait la conduite de leurs consciences (3). M. de Valens se faisait remarquer par une grande obéissance et une profonde humilité. D'autant plus en état de procurer la sanctification des sœurs qu'il s'en estimait plus incapable, il fut effrayé de ce fardeau, et écrivit quelque temps après à M. Tronson pour le prier de l'en faire décharger.
« Votre disposition et votre fidélité à obéir, lui répondit M. Tronson, attireront sur vous bien des grâces et suppléeront au peu de capacité que vous croyez avoir. Ces bonnes filles souhaitent fort que vous continuiez à leur rendre service, connaissant le bien que vous faites parmi elles. C'est ce qui fait que j'en écris à M. Dollier, afin que, s'il peut, il ne vous change point d'emploi et qu'il leur laisse celle satisfaction (1).»
Il écrivait aux sœurs de la Congrégation elles-mêmes: « Je souhaite qu'on puisse vous laisser M. de Valens. Comme M. Dollier est persuadé, aussi bien que nous, des avantages que le pays retire de votre institut, il fera volontiers tout ce qui pourra dépendre de lui pour y entretenir la ferveur, et faire en sorte que toutes les sœurs se perfectionnent de plus en plus (2). »
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(2) Lettre de M. Tronson à M. de Valens., 1693.
(3) Lettre de la sœur Bourgeoys, du mois de mars, 1693.— à M. Dollier, du 20 février 1693.
(1) Lettre de M. De Valens, 28 mars, 1695.
(2) lettre à la sœur Barbier, du 27 mars 1695.
A suivre : XV. La sœur Bourgeoys se démet enfin de sa charge de supérieure….
Dernière édition par Louis le Sam 12 Jan 2013, 6:07 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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