Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.suite:(*).
I. M. de Queylus obtient à Rome le pouvoir d'ériger une cure à Villemarie, et d'en être le premier curé.
(*) Après le premier retour de M. de Queylus en France, les associés de Montréal considérèrent que la résolution où était M. de Laval de ne pas le souffrir en Canada, exposait l'œuvre de Montréal à être abandonnée et à se ruiner d'elle-même. Car il n'y avait que cet ecclésiastique et M. de Bretonvilliers, son supérieur, qui pussent en soutenir la dépense. Pour l'y faire rentrer, ils eurent la pensée de s'adresser au pape, comme au supérieur immédiat du Canada, alors administré par un vicaire apostolique. Jusque-là l'état chancelant de la colonie de Villemarie n'avait pas permis d'y faire ériger canoniquement une cure, quoiqu'on y eût toujours administré les sacrements. On songea donc à demander au souverain Pontife l'érection d'une cure qui serait administrée par M. de Queylus, et l'on assura un fonds pour la doter. M. de Fancamp avait donné pour cette fondation 2,000 livres (1), M. de Queylus en offrit 6,000 et M. de Bretonvilliers 18,000 (2).
Mais M. de Queylus, s'étant rendu à Rome pour négocier cette affaire, fut étrangement surpris, en y arrivant , d'apprendre qu'on y eût écrit contre lui des lettres assez peu bienveillantes, où l'on allait même jusqu'à l'accuser d'être janséniste, qualification qu'on donnait aussi à l'archevêque de Rouen, quoique pourtant les sectaires, de leur côté , traitassent alors ce prélat d'inquisiteur et de persécuteur (3).
Une si étrange imputation n'aurait pas été reçue à Rome si M. de Queylus y eût été connu comme il l'était en France, où par ses travaux il s'était acquis les éloges et les applaudissements des évêques et de tout le clergé (4).
Mais, dans cette ville, la calomnie dont nous parlons, quelque mal ourdie qu'elle fut, prévint si fort les esprits contre sa personne, qu'on ne voulut pas d'abord l'écouter. Il serait même reparti de Rome sans avoir pu se justifier, s'il n'eût trouvé dans cette cour un ami puissant, qui prit hautement sa défense. Ce fut le cardinal Bagni, ancien nonce en France, qui était pénétré de vénération pour la mémoire de M. Olier, son ami, et qui professait une estime singulière pour le séminaire de Saint-Sulpice et pour M. de Queylus lui-même. Il se fit le garant de sa foi auprès du pape, et montra que cette inculpation était une injurieuse et grossière calomnie (5).
Non-seulement M. de Queylus fut traité par la cour romaine avec les égards que méritaient ses travaux pour l'Église et le rare détachement dont il donnait l'exemple au clergé, il reçut encore du saint-siège des lettres patentes pour ériger canoniquement une cure à Villemarie, et en être lui-même le premier curé (6).
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(1) Acte de Gauthier, notaire à Paris, du 19 avril 1657.
(2) Acte de Marreau, notaire à Paris, du 18 août 1660.
(3) Histoire ecclésiastique du XVIIe siècle, t. V, année 1660, ch. 18, p. 172, ch. 19, p. 278. année 1661, ch. XVII, p. 403, t. VI, p. 48-117-137.
(4) Assemblée du clergé de France, de 1656, p. 629, p. 1060.
(5) Archives du séminaire de Paris, assemblées du 10 janvier et du 11 février 1661.
(6) Ibid, assemblée du 1erjuillet 1661.
A suivre : II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.
[suite:*]
II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
De retour à Paris au mois de février 1661, il se disposa à repasser en Canada; mais M. de Laval étant toujours persuadé que le bien de la religion exigeait qu'on l'en tînt éloigné, avait obtenu une nouvelle lettre de cachet qui faisait défense à M. de Queylus de sortir de France (1). On sait que l'usage de ces lettres, accordées par les officiers du roi, et souvent à son insu, donnait lieu alors à des abus qui tournaient au mépris de l'autorité royale ; car, par ces lettres signées quelquefois en blanc, on ordonnait ou on défendait au nom du roi tout ce qu'on voulait; et ce qu'il y avait de plus étrange, c'est qu'il n'était pas rare de voir les parties opposées produire chacune de leur côté des lettres contradictoires qu'elles se procuraient par intrigue. Aussi trois ans après, lorsque le roi prit connaissance par lui-même des affaires, défendit-il à ses officiers d'accorder de ces sortes de lettres qu'après un ordre exprès de sa part. Écrivant à M. le duc de Créquy, au sujet de l'érection du siège de Québec, il lui disait : « Comme il ne s'expédie plus, en quelque manière que ce soit, aucune lettre de cachet que par mon ordre et avec une entière connaissance de cause, je désire que vous y ayez le même égard qu'aux lettres que je vous écris; et vous ne courrez pas risque, comme il est arrivé ci-devant à d'autres, de recevoir deux ordres contraires dans une même affaire (2). »
Muni des pouvoirs qu'il venait de recevoir du saint-siège, M. de Queylus allait donc s'embarquer pour Villemarie. Mais les personnes qui prenaient en France le soin des affaires de M. de Laval, ne manquèrent pas de lui signifier avant son embarquement la lettre de cachet obtenue contre lui (3). Toutefois sachant l'abus qu'on faisait alors de ces sortes de lettres, il ne crut pas devoir s'abstenir d'aller à Montréal, dont il était l'un des seigneurs propriétaires, et où d'ailleurs il allait remplir une commission que le saint-siège lui avait donnée.
Il partit donc, arriva incognito (1) à Québec le 3 août 1661 (2); et au lieu d'aller directement à Villemarie, il voulut saluer auparavant M. de Laval, et lui faire part de l'objet de son voyage. Le prélat, croyant apparemment que l'érection d'une cure à Villemarie serait nuisible à son autorité, engagea M. de Queylus à ne pas entreprendre ce voyage avant l'arrivée des premiers vaisseaux, dans l'espérance peut-être d'y trouver quelque nouvelle lettre de cachet, que ses agents auraient obtenue pour faire repasser M. de Queylus en France.
Celui-ci lui représenta que sa demande lui paraissait trop sévère…
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(1) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de cachet à M. Queylus, du 27 février 1660. — Archives du séminaire de Paris, assemblée du 23 mars 1660.
(2) Archives du ministère des affaires étrangères, Rome, 1161, lettre du roi à M. de Créquy, du 17 oct. 1664, pièce 123.
(3) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de M. de Laval à M. d’Argenson, du 5 août 1661.
(1) Histoire du Montréal, etc., de 1660 à 1661.
(2) Journal des Jésuites.
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada. suite: *
II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
Celui-ci lui représenta que sa demande lui paraissait trop sévère; et M. d’Argenson, gouverneur général, fit à l'évêque les mêmes représentations. Néanmoins, le lendemain, le prélat écrivit à M. de Queylus pour lui défendre, sous peine de désobéissance, de sortir de Québec ( 3 ), et à M. d'Argenson pour le prier d'user de contrainte contre lui s'il aillait sortir ( 4 ). Ce gouverneur, qui estimait M. de Queylus et ne s'était porté que malgré lui à l'exécution des ordres donnés en 1659 pour le conduire avec une escorte de Villemarie à Québec ( 5 ), sachant aussi d'ailleurs l'abus trop ordinaire des lettres de cachet, alla à l'instant trouver l'évêque pour lui représenter de nouveau la rigueur d'une telle mesure, et s'excusa d'y donner lui-même les mains. Tout cela n'empêcha pas M. de Laval d'écrire encore le lendemain deux autres lettres, l'une à M. d'Argenson, pour le presser de nouveau de lui donner secours, ajoutant que les intérêts des majestés divine et humaine lui en faisaient une obligation ( 6 ); l'autre à M. de Queylus, pour lui défendre, sous peine de suspense encourue par le seul fait, d'entreprendre ce voyage, déclarant que cette lettre tiendrait lieu de trois monitions ( 7 ). Enfin le lendemain, ayant appris que M. de Queylus était parti dans la nuit, il le déclara suspens ( 8 ).
Si l'on ne connaissait la piété sincère de M. de Laval , on aurait lieu d'être étonné qu'en sa qualité de vicaire apostolique il ait voulu empêcher M. de Queylus d'exécuter une commission que le saint-siège même lui avait donnée, et qu'il se soit servi pour cela de la lettre de cachet obtenue contre lui. Quoi qu'il en soit, M. de Queylus n'en fut pas moins contraint de quitter de nouveau le pays, sans avoir mis à exécution sa commission, et partit de Québec le 22 octobre de la même année ( 1 ).
Nous avons dit plus haut que M. de Queylus…
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( 3 ) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de M. de Laval à M. de Queylus du 4août 1661.
( 4 ) Ibid., lettre à M. d’Argenson, du 4 août 1661.
( 5 ) Mémoire de M. D’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 729.
( 6 ) Archives de l’Archevêché de Québec, lettre de M. de Laval à M. d’Argenson, du 5 août 1661.
( 7 ) Ibid., lettre à M. de Queylus, du 5 août 1661.
( 8 ) Ibid., lettre du 6 août 1661.
( 1 ) Journal des Jésuites.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. M. de Queylus est expulsé de nouveau du Canada.
(suite: *)
II. M. de Queylus, étant revenu à Villemarie pour exécuter la commission que lui avait donnée le saint-siège, est contraint de quitter de nouveau le Canada.
Nous avons dit plus haut que M. de Queylus, à l'occasion de ces démêlés, fut accusé de jansénisme contre toute raison. C'est cependant d'après cette calomnie, rapportée simplement par M. de la Tour dans ses Mémoires sur M. de Laval (2), que l'auteur de l'Esquisse de la Vie du même prélat, publiée en 1845, a affirmé que M. de Queylus s'était compromis en Canada par ses doctrines (3); et que, tout récemment encore, le dernier historien du Canada n'a pas craint d'avancer que le reproche de jansénisme fait à M. de Queylus était peut-être un peu fondé (4). II est à regretter que la disette de monuments historiques relatifs à ces temps anciens, qu'on ressent plus en Canada qu'ailleurs, expose à tomber dans ces sortes de méprises les écrivains, d'ailleurs les mieux intentionnés.
Jamais imputation ne fut plus dénuée de fondement que l'attribution de jansénisme aux prêtres de Saint-Sulpice, qui furent au contraire, de tous les ecclésiastiques séculiers, ceux qui contribuèrent le plus à faire condamner cette hérésie, comme le savent très-bien ceux qui connaissent l'histoire de ce temps, et comme d'ailleurs on en voit la preuve dans la Vie même de M. Olier (5). Il est vrai qu'à la distance où l'on est en Canada, on peut être excusé en faisant de ces sortes de méprises sur les événements qui se sont passés en Europe. C'est sans doute aussi ce qui justifie un prédicateur trop ardent qui, peu après la première expulsion de.M.de Queylus, s'emporta dans la chaire des Trois-Rivières contre ces mêmes ecclésiastiques et contre M. de Bretonvilliers, leur supérieur, jusqu'à les accuser d'être jansénistes, et même à leur donner une qualification si étrange que nous n'osons presque la rapporter; car il les appela : Prêtres de l'Antéchrist (1). S'il les traita de la sorte, ce fut par l'excès d'un zèle mal éclairé; car nous ne pouvons penser, comme l'insinue trop gratuitement le dernier historien du Canada, que, l'inculpation de jansénisme faite aux prêtres de Saint-Sulpice ait eu pour motif « l'espoir d'abaisser l'influence croissante du séminaire de Montréal (2). »
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(2) Mémoires sur la Vie de M. de Laval, liv. I, p. 20.
(3) Esquisse de la Vie de M. de Laval, 1845, p. 17.
(4) Histoire du Canada, de son église et de ses missions, 1852, t. I, p. 90.
(5) Vie de M. Olier, t. II, p.135 et suiv.
(1) Archives du royaume, mémoire k. 1286, p. 49.
(2) Histoire du Canada ib. p. 91.
Fin du (*)
A suivre : XIV. La compagnie de Montréal se dissout. Le séminaire de Saint-Sulpice lui succède.
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Louis- Admin
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A suivre : XV. Le respect pour M. Olier détermine le séminaire à ne point abandonner l'œuvre de Montréal.XIV. La compagnie de Montréal se dissout.
Le séminaire de Saint-Sulpice lui succède.
Cependant, après le second renvoi de M. de Queylus en France, la résolution où était M. de Laval de ne pas souffrir qu'il retournât en Canada, jeta dans le découragement tous les associés de Montréal, réduits alors au nombre de sept ou huit. Se voyant chargés de dettes considérables, et obligés encore à des dépenses énormes pour soutenir cette œuvre, qui ne leur avait attiré que des sujets continuels de peine et de contradiction ; désespérant d'ailleurs de trouver des membres qui voulussent la continuer à l'avenir avec le désintéressement parfait dont ils avaient fait profession jusque alors : ils résolurent de dissoudre enfin leur société, et proposèrent au séminaire de Saint-Sulpice de prendre lui seul la propriété de l'île et toutes les charges et les dettes de l'œuvre de Montréal (1).
Cette proposition de leur part eut pour motif le zèle bien connu et la charité généreuse de plusieurs membres de ce séminaire, qui jouissaient d'une grande fortune, et conservaient le plus grand respect pour les desseins qui avaient été chers à M. Olier. La vénération pour la mémoire de leur fondateur ne permit pas, en effet, à ces ecclésiastiques de laisser périr l'œuvre de Villemarie, et leur fit fermer les yeux sur toutes les charges et les dépenses énormes que l'acceptation qu'ils allaient faire devait attirer sur eux (*).
Ils furent donc substitués à la compagnie de Montréal, par contrat du 9 mars 1663 (1). Mais cette acceptation, qui les rendait seuls seigneurs de l'île, au lieu de donner plus de consistance au séminaire et de faciliter l'établissement des deux autres communautés, sembla exposer au contraire toute la colonie de Montréal à une entière dissolution; car M. de Laval, qui était venu à Paris sur ces entrefaites, ayant refusé absolument de consentir au retour de M. de Queylus à Villemarie, sans donner même aucune espérance pour l'avenir, M. de Bretonvilliers assembla son conseil pour prendre enfin un parti définitif sur le sort de la colonie (2)._____________________________________________
(*) Sans entrer dans le détail des charges qui rendaient alors cette œuvre extrêmement onéreuse, comme il sera dit plus amplement dans l'Histoire de la colonie de Montréal, nous nous contenterons de faire remarquer que d'une part les terres défrichées ne rapportaient que cent écus de rente par an, et que, de l'autre, les seuls gages de trente-deux serviteurs, nécessaires pour procurer aux ecclésiastiques de la maison les choses les plus indispensables à la vie dans un pays nouveau, s'élevaient chaque année à 9,600 livres.
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(1) Premier établissement de la Foi, par le P. LeClercq, t. II, p. 54. — Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 239. — Mémoire de M. Tronson sur le séminaire de Villemarie.— Annales de l’Hôtel-Dieu, par la sœur Morin.
(1) Édits concernant le Canada, t. I, p. 81.
(2) Archives du séminaire de Paris, assemblées du 18 janvier et du 15 mars 1663.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XV. Le respect pour M. Olier détermine le séminaire
à ne point abandonner l'œuvre de Montréal.
Jusque alors le séminaire n'y avait contribué que pour accomplir les ordres que M. Olier croyait avoir reçus de DIEU. M. de Bretonvilliers demanda donc à l'assemblée de décider à la pluralité des voix si les oppositions de M. de Laval ne devaient pas être regardées comme une marque certaine de l'improbation que DIEU donnait aux travaux du séminaire en Canada, et s'il n'était pas à propos d'abandonner entièrement l'œuvre de Villemarie. Dans ces circonstances, le désistement du séminaire eût entrainé la ruine des deux autres communautés et celle de la colonie ; aussi M. de Fancamp écrivait-il aux sœurs de Saint-Joseph de repasser en France si les ecclésiastiques du séminaire venaient à quitter Montréal (1).
L'assemblée, considérant donc les suites de la délibération qu'elle allait prendre, fut unanimement d'avis qu'auparavant chacun de ses membres vaquerait pendant trois jours à la prière, pour qu'il plût à NOTRE-SEIGNEUR de faire connaître sa volonté sur une affaire si importante, et qu'ensuite on se réunirait de nouveau pour la conclure à la pluralité des voix (2).
Enfin, le 31 mars 1663, qui fut le jour de la conclusion, ils convinrent tous que puisque l'œuvre de Villemarie avait été entreprise suivant les desseins de M. Olier, et après beaucoup de prières pour connaître la volonté de DIEU, le séminaire de Saint-Sulpice ne devait la détruire que dans la dernière extrémité, et lorsqu'il serait évident que DIEU en demanderait la suppression. Ils ajoutèrent que, n'ayant pas encore des marques assez manifestes de sa volonté pour la rompre, il fallait la conserver en attendant; et qu'ainsi on écrirait aux ecclésiastiques qui étaient à Villemarie de continuer leurs travaux comme par le passé (3).
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(2) Archives du séminaire de Paris, assemblée du 15 mars.
(3) Ibid., assemblée du 31 mars.
A suivre : XVI. On ôte au séminaire la justice de l’île de Montréal et le droit d’en nommer le gouverneur. Humilité de M. de Maisonneuve.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVI. On ôte au séminaire la justice de l’île de Montréal
et le droit d’en nommer le gouverneur. Humilité de M. de Maisonneuve.
Le séminaire de Saint-Sulpice n'eut pas plutôt succédé aux droits et aux charges de la compagnie de Montréal, qu'il se vit exposé à de nouvelles épreuves. Elles eurent pour cause le zèle de M. de Laval à établir dans le pays l'autorité du roi, dont il était de fait le premier représentant depuis l'érection du conseil souverain de Québec (1). Par des lettres patentes de 1644, le roi avait donné aux associés de la compagnie de Montréal la justice de cette île, alors déserte, et le droit d'y nommer tel gouverneur qu'il leur plairait (2). M. de Laval, de concert avec M. de Mésy, qu'il avait choisi pour gouverneur général du Canada, ignorant peut-être l'existence de ces lettres patentes, ou se persuadant que les clauses de l'érection du conseil souverain les avaient annulées, ôta au séminaire la justice de l'Ile le 28 septembre de cette année 1663, et créa à sa place une sénéchaussée royale, en nommant un nouveau juge, un procureur du roi et un greffier (3). Enfin, on ôta aussi au séminaire le droit d'en nommer le gouverneur, et M. de Maisonneuve reçut de nouveaux pouvoirs pour Montréal, avec cette clause, qu'ils cesseraient quand M. de Mésy le jugerait convenable (4) (*).
M. de Maisonneuve eut même à essuyer de la part de M. de Mésy bien des sujets d'humiliation qu'il reçut toujours avec la patience, la douceur et l'humilité d'un fervent chrétien.
« II était sans pareil en constance dans l'adversité, dit la sœur Morin. Ce qui aurait été de nature à attrister ou à mettre en colère l'homme du monde le plus modéré, ne servait qu'à le réjouir; s'estimant heureux dans ses disgrâces, à cause de son grand esprit de foi. Vraiment, on ne pouvait jamais savoir qu'il eût quelque sujet de chagrin. Il visitait dans ces circonstances la mère de Brésole, supérieure de Saint-Joseph, et la sœur Bourgeoys, pour se réjouir de ses disgrâces; car, de leur côté, ces saintes filles le félicitaient de ses peines et lui en témoignaient leur satisfaction d'une manière toute chrétienne. Il en faisait de même à l'égard de M. Souart, supérieur du séminaire. Pendant cette persécution, qui dura deux ans, M. de Maisonneuve ne perdit jamais rien de sa belle humeur, ni ne se plaignit point des procédés si durs de M. de Mésy à son égard, les souffrant toujours avec le silence et l'humilité d'un fervent novice (1). »______________________________(*)M. Souart présenta au conseil souverain les lettres patentes du roi qui donnaient la justice et le gouvernement aux seigneurs; mais comme il ne put en fournir qu'une copie, l'original se trouvant au séminaire de Saint-Sulpice de Paris, on n'y eut aucun égard.
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(1) Édits concernant le Canada, t. I, table.
(2) Édits,, t. I, table. — Archives de la marine, Canada, t. I.
(3) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie, commission donnée à Basset, du 28 septembre 1663. — Archives du séminaire de Villemarie, arrêt du 18 octobre 1663, etc.
(4) Ibid., commission donnée à M. de Maisonneuve, le 23 octobre 1663.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin..
A suivre : XVII. M. de Maisonneuve est destitué du gouvernement de Villemarie et renvoyé en France.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVII. M. de Maisonneuve est destitué
du gouvernement de Villemarie et renvoyé en France.
Enfin, au mois de juin 1664, M. de Mésy nomma le sieur de Latouche gouverneur de Montréal à la place de M. de Maisonneuve (2), « et fit commandement à celui-ci, dit la sœur Morin, de retourner en France, comme étant incapable de la place et du rang de gouverneur qu'il tenait ici ; ce que j'aurais peine à croire, ajoute-t-elle, si une autre que la sœur Bourgeoys me l'avait assuré.
Il prit le commandement de M. de Mésy comme un ordre de la volonté de DIEU, et repassa en France, non pour s'y plaindre du mauvais traitement qu'il recevait et revenir triomphant, comme il aurait pu le faire s'il l'eut voulu ; mais pour y vivre petit et humble et comme un homme du commun, n'ayant qu'un seul valet qu'il servait plus qu'il n'en était servi (3). » Il se retira à Paris, où le séminaire de Saint-Sulpice lui fit une pension jusqu'à sa mort (4).
Au départ de M. de Maisonneuve, l'affliction fut générale à Villemarie. La sœur Bourgeoys surtout, et les personnes les plus clairvoyantes, ne purent s'empêcher d'éprouver les regrets les plus amers en voyant, dit M. Dollier, « leur père et leur très-cher gouverneur les quitter cette fois pour toujours, et les laisser dans d'autres mains, dont ils ne devaient pas espérer le même concours ni la même vigueur pour l'éloignement des vices , qui y ont pris depuis ce temps leur naissance et leur accroissement, avec beaucoup d'autres misères et disgrâces (1). »
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(2) Archives du séminaire de Villemarie, commission donnée au sr de Latouche, le 21 juin 1664.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin..
(4) Lettre de M. Tronson à M. Souart, du 5 avril 1677.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1664 à 1665.
A suivre : XVIII. Les trois communautés de Villemarie donnent naissance…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVIII. Les trois communautés de Villemarie
donnent naissance à la confrérie de la sainte Famille.
Tous ces événements devaient retarder beaucoup le solide établissement du séminaire, de la Congrégation et de l'Hôtel-Dieu à Villemarie. Toutefois, ces trois communautés, destinées à y répandre l'esprit de la sainte Famille, ne laissèrent pas d'accomplir déjà le dessein de DIEU au milieu même de ces difficultés, en donnant naissance , par leur concours simultané et par le moyen du Père Chaumonot, jésuite, à une dévotion qui s'étendit bientôt dans tout le Canada, et qui est encore aujourd'hui une source abondante de bénédictions. Ce fut l'établissement de la confrérie de la sainte Famille (2), institution qui eut pour but d'offrir aux familles chrétiennes les exemples de JÉSUS , Marie et Joseph , pour former leur conduite sur ce modèle : les hommes se proposant d'imiter saint Joseph, les femmes la très-sainte Vierge, et les enfants l'enfant JÉSUS. « En 1663, dit la sœur Bourgeoys, la sainte Famille a commencé. J'en ai signé l'acte, ce qu'ont fait aussi la mère Macé, la sœur Crolo , Mlle Mance (1). »
Nous donnerons de plus amples détails sur cette dévotion dans l'Histoire de l'Hôtel-Dieu de Villemarie. M. de Laval la prit fort à cœur ; il voulut même que le premier établissement canonique s'en fit à Québec, dans sa cathédrale, et permit alors à M. Souart de recevoir enfin les vœux simples de la sœur Morin, qui était venue de Québec en 1660 se joindre aux trois hospitalières de Saint-Joseph envoyées par M. de la Dauversière, leur fondateur.
« Je ne manquerai pas, » écrivait M. de Laval à M. Souart, en lui envoyant cette permission, « de demander à toute la sainte Famille de recevoir le sacrifice parfait et entier de cette bonne sœur (2). »
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(2) Vie du R. P. Chaumonot, écrite par lui-même. — Lettre circulaire sur le Père Chaumonot, par le père Dablon, du 28 février 1693 ; Bibliothèque royale, Supplément français, 1282 in-folio.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Archives de l’Hôtel-Dieu de Villemarie, lettre du 5 novembre 1664.
A suivre : XIX. Réception de la sœur Morin parmi les hospitalières de Saint-Joseph.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…XIX. Réception de la sœur Morin
parmi les hospitalières de Saint-Joseph.
À la réception de la sœur Morin, les hospitalières étant incapables de chanter l'office dans leur chapelle, qui servait alors d'église paroissiale, la sœur Bourgeoys, avec les sœurs Raisin et Hioux, les remplacèrent avec joie dans cette cérémonie. Car il y avait une union très-étroite entre les unes et les autres ; ce qui fait dire à la sœur Morin :
« Nos premières mères lièrent avec la sœur Bourgeoys et ses filles une amitié toute sainte : elles étant filles de la très-sainte Vierge, qu'elles ont choisie pour protectrice et pour mère ; et nous filles de saint Joseph, son époux, ce qui nous fait enfants adoptifs de la même sainte Famille et unies par une même société (1). »
A l'occasion de cette réception, tons les amis des hospitalières de Saint-Joseph firent paraître une vive allégresse, considérant la permission que venait de donner M. de Laval comme une sorte de reconnaissance authentique de leur établissement, qui leur avait été contesté jusque alors, et qui en effet ne le fut plus depuis. Ce prélat, quoique charmé des fruits que produisaient à Villemarie les travaux de la sœur Bourgeoys et ceux de ses compagnes, ne crut pas cependant devoir approuver encore d'une manière officielle l'institut naissant de la Congrégation , le genre de vie de ces filles , sans vœux de religion et sans clôture, n'étant pas goûté de tout le monde à Québec, et quelques-uns désirant qu'elles se fussent unies à un institut déjà existant, plutôt que d'en former un nouveau à Villemarie (2).
Les sœurs de Saint-Joseph n'étaient pas elles-mêmes entièrement rassurées sur ce dernier point…
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIX. Réception de la sœur Morin
parmi les hospitalières de Saint-Joseph.
(suite)
Les sœurs de Saint- Joseph n'étaient pas elles-mêmes entièrement rassurées sur ce dernier point : M. de Laval leur proposant toujours de s'unir aux hospitalières de Saint-Augustin de Québec, et ne cessant de leur dire que sans cette fusion elles ne pourraient se perpétuer (3) (*) dans le pays.
Cette crainte n'était pas un petit sujet d'affliction pour ces saintes filles, et spécialement pour la sœur Maillet. En vue de la consoler et de la fortifier contre la défiance où elle était quelquefois, que la communauté de Saint-Joseph ne pût subsister, M. Olier lui apparut plusieurs fois, jouissant de la gloire, ainsi que M. de la Dauversière. Ils l'assurèrent l'un et l'autre, de la part de DIEU, que cette œuvre, qui était la sienne, subsisterait malgré les oppositions des hommes, qui agissaient en aveugles, ne connaissant pas ses desseins; qu'enfin, étant sœurs de Saint-Joseph et consacrées à imiter et à honorer la sainte Famille, elles devaient marcher par le chemin des humiliations, des contradictions et des croix (1).
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(3) Annales de l’Hôtel-Dieu.
(1) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de la Flèche.
A suivre : Explication du (*)…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIX. Réception de la sœur Morin
parmi les hospitalières de Saint-Joseph.
(suite)
(*) La sœur Morin, dans ses Annales, suppose, contre la vérité des faits, que M. de Queylus était constamment resté à Villemarie depuis son arrivée en 1657, et qu'il vivait toujours dans une grande (intimité) avec M. de Laval.
Elle a même cru que si ce prélat ne témoignait pas beaucoup d'empressement pour consommer l'établissement des hospitalières, c'était par complaisance pour M. de Queylus, son ami, qui, avant l'arrivée de M. de Laval, avait eu dessein, comme on l'a raconté, d'attirer à Villemarie celles de Québec.
Il n'est pas étonnant que la sœur Morin, alors enfant, et qui n'écrivit dans la suite ses Annales que sur les bruits qu'elle avait recueillis de vive voix, soit tombée dans ces sortes de méprises, puisqu'il est certain qu'elle a été assez mal instruite sur plusieurs particularités arrivées de son temps, comme on le verra dans l'Histoire de la colonie de Villemarie.
A suivre : Chapitre III. ZÈLE DE LA SŒUR BOURGEOYS POUR PROCURER LA SANCTIFICATION DE LA COLONIE DE VILLEMARIE.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
CHAPITRE III
ZÈLE DE LA SŒUR BOURGEOYS
POUR PROCURER LA SANCTIFICATION DE LA COLONIE
DE VILLEMARIE.
ZÈLE DE LA SŒUR BOURGEOYS
POUR PROCURER LA SANCTIFICATION DE LA COLONIE
DE VILLEMARIE.
A suivre : II. M. Talon désire que la Congrégation soit autorisée par des lettres patentes du roi. Retour de M. de Queylus à Villemarie.I. La justice de l’île de Montréal est rendue au séminaire.
M. de Bretonvilliers nomme un nouveau gouverneur.
La grande autorité dont M. de Laval jouissait en Canada ne tarda pas à être pour lui une source de chagrins qui abreuvèrent d'amertume tout le reste de sa vie. Il ne trouva pas toujours dans les gouverneurs chargés de procurer le bien du pays, le concours qu'il s'était promis de leur part ; et ce prélat, si pieux et si zélé, eut malheureusement avec eux des démêlés de plus d'une sorte.
Cependant le roi Louis XIV, qui commençait à prendre en main le gouvernement de l'État, affligé de ces divisions, ayant d'ailleurs à se plaindre des actes du conseil souverain de Québec, résolut enfin, le 23 mars 1665, d'envoyer en Canada M. de Courcelle et M. Talon, après les avoir revêtus l'un et l'autre de pouvoirs extraordinaires. Le premier, en qualité de gouverneur général, devait avoir autorité sur le conseil souverain, terminer tous les différends et commander à tous, sans exception de rang ou d'état, ecclésiastiques, nobles et autres (1); et M. Talon, comme intendant du pays, devait juger souverainement en matière civile, et ordonner de tout d'une manière définitive et absolue (1).
Ce dernier procura si efficacement le bien de la colonie française en Canada, que la mère Marie de l'Incarnation rendait de lui ce témoignage en 1668 : « Depuis qu'il est ici, le pays s'est plus établi et les affaires ont plus avancé qu'ils n'avaient fait auparavant depuis que les Français y habitent (2). »
Un des premiers actes de M. Talon, ce fut de rendre au séminaire la justice de l'île de Montréal (3). On lui rendit aussi le droit de nommer le gouverneur, et sur le choix que fit M. de Bretonvilliers de la personne de M. Perrot (M. de Maisonneuve étant trop avancé en âge pour retourner en Canada), le roi expédia des lettres pour ce gouvernement, en déclarant qu'il vaquait alors par la démission de M. de Maisonneuve (4); ce qui donnait à entendre que la nomination du sieur de Latouche était nulle, comme contraire au droit des seigneurs.
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(1) Archive de la marine, registre des ordres du roi, fol. 68.— Edits concernant le Canada, t. II, p. 35.
(1) Registre des ordres du roi, fol. 71.— Edits concernant le Canada, t. II, p. 38.
(2) Lettre de la mère de l’Incarnation, lettre LXXXI.
(3) Histoire du Montréal, de 1663 à 1664.
(4) Archives de la marine, registre des dépêches,1671, fol. 52.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…II. M. Talon désire que la Congrégation soit autorisée
par des lettres patentes du roi.
Retour de M. de Queylus à Villemarie.
M. de Courcelle et M. Talon se rendirent à Montréal, et ce dernier visita chaque maison, jusqu'à celles des plus pauvres, pour savoir si tous étaient traités selon la justice et l'équité. Ces magistrats eurent bientôt occasion de connaître par eux-mêmes les fruits que produisaient pour le bien du pays les communautés naissantes de Saint-Joseph et de la Congrégation. Désirant de donner à la sœur Bourgeoys, en particulier, toute facilité pour exercer son zèle et pour l'étendre même hors de Villemarie, dans les habitations qui commençaient à se former, ils approuvèrent l'un et l'autre l'établissement de la Congrégation. M. Talon fit plus encore.
Voulant consolider ces deux communautés par l'autorité du souverain, il permit aux citoyens de Villemarie de s'assembler extraordinairement, afin d'en demander au roi l'approbation par des lettres patentes. On s'assembla en effet le 9 du mois d'octobre au séminaire, et il n'y eut qu'une voix en faveur de la requête proposée (1).
Enfin, comme M. de Laval ne pouvait fournir ni entretenir des ecclésiastiques dans toutes les habitations qui avaient besoin de leur secours, le roi désira que M. de Bretonvilliers envoyât un nouveau renfort d'ecclésiastiques de Saint-Sulpice, attendu que ceux-ci pourvoyaient par eux-mêmes à leurs propres besoins. En 1667, ils étaient déjà au nombre de onze. Ce nombre n'étant pas encore suffisant, M. Talon écrivit pour presser M. de Bretonvilliers (2) ; et M. Souart passa lui-même en France pour hâter leur envoi à Villemarie (3).
Ce fut à cette occasion que M. de Queylus repassa en Canada…
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(1) Ibid. — Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph. — Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 87.
(2) Archives de la marine, mémoire de M. Talon, 1667.
(3) Histoire du Montréal, de 1666 à 1667.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : le (*)…II. M. Talon désire que la Congrégation soit autorisée
par des lettres patentes du roi.
Retour de M. de Queylus à Villemarie.
(suite)
Ce fut à cette occasion que M. de Queylus repassa en Canada avec MM. d'Urfé, d'Allet et de Galinée (1). M. de Laval les reçut avec joie et fit même insérer à la Relation de cette année une lettre écrite de sa main, où il s'exprimait en ces termes: « La venue de M. l'abbé de Queylus, avec plusieurs bons ouvriers, tirés du séminaire de Saint - Sulpice, nous a apporté beaucoup de consolation , et nous les avons tous embrassés dans les entrailles de JÉSUS-CHRIST (2). »
Le prélat fit plus encore à l'égard de M. de Queylus, leur supérieur. Voulant effacer toutes les préventions qu'on aurait pu avoir sur ses dispositions à l'égard de cet ecclésiastique, il le nomma son grand vicaire pour Villemarie (3). Enfin, cédant aux désirs du roi, il permit aux prêtres de Saint-Sulpice de porter l'Évangile aux sauvages (4), ministère qu'il avait réservé jusque alors aux RR. PP. Jésuites (5), sans doute pour qu'il y eût plus de concert et d'unité dans les missions. En conséquence, le 15 septembre 1668, il donna des pouvoirs à M.M. Trouvé et de Fénelon (*) pour aller s'établir à Kenté, sur les bords du lac Ontario, en leur recommandant toutefois de se conformer en tout à la pratique des Jésuites, et de les consulter dans l'occasion (1).
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(1) Ibid. de 1667 à 1668. — Relation de ce qui s’est passé aux années 1667 et 1668, par le P. François Le Mercier, p. 13. — Lettre de la mère de l’Incarnation, IIe partie, lettre LXXX, du 17 octobre 1668, p. 632.
(2) Relation de ce qui s’est passé aux années, etc., p. 155.
(3) Registres de la paroisse de Villemarie, Mariages, 2 et 28 décembre 1669 ; 21 janvier ; 19 mars ; 17 et24novembre ; 15 décembre 1670 ; 15 avril et19juin 1671.
(4) Archives de la marine, lettre à M. Talon à M. Colbert, 29 octobre 1667.
(5) Ibid. Canada, t. I, réponse de M. Souart à M. Talon, du 7 octobre 1667.
(1) Archives du séminaire de Villemarie, lettre de mission, du 15 septembre, 1668. — Relation,. etc., 1667, 1668, p. 13.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Talon désire que la Congrégation soit autorisée
par des lettres patentes du roi.
Retour de M. de Queylus à Villemarie.
(suite)
(*) Le dernier historien du Canada parle de manuscrits récemment découverts, d'après lesquels il paraîtrait, dit-il , que cet abbé de Salignac Fénelon était le même que le grand archevêque de Cambray (1). Ces manuscrits ne sont autres, sans doute, qu'une pièce des Archives de la marine à Paris, sur la marge de laquelle on lit en effet une apostille qui suppose cette identité (2). Mais cette note, ajoutée témérairement par une main récente, est une pure aberration ; car il est bien assuré que François de Salignac Fénelon, prêtre du séminaire de Saint-Sulpice, parti pour Montréal au commencement de l'année 1667 (3) (et non avec M. de Queylus, l'année suivante, comme le suppose l'historien du Canada) était frère consanguin de l'archevêque de ce nom (4); d'ailleurs, en 1667, ce dernier n'était encore âgé que de 16 ans.
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(1) Histoire du Canada, de son Église et de ses missions, 1852, t. I, p. 166.
(2) Lettre de M. de Frontenac, du 14 novembre 1674.
(3) Archives du séminaire de Saint-Sulpice de Paris, Catalogue, p. 93.
(4) Histoire de Fénelon, par M. de Bossuet, 1850, t. I, p. 482-485.
A suivre : III. M. de Queylus travaille à l'augmentation de la colonie…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…III. M. de Queylus travaille à l'augmentation de la colonie;
il confie à la sœur Bourgeoys
l'éducation de deux petites sauvagesses.
Durant les difficultés que le séminaire avait rencontrées les années précédentes, la colonie de Villemarie ne s'était pas accrue autant qu'on l'aurait souhaité ; car on voit par le recensement de l'année 1660, qu'il n'y avait à Villemarie que 584 personnes et 555 à Québec (2).
Comme le roi était persuadé que le retour de M. de Queylus serait très-utile au pays, il écrivait à M. Talon : « Témoignez protection et amitié à M. l'abbé de Queylus, afin qu'il travaille avec plus de soin à l'augmentation de la colonie de Montréal (3). »
En outre, il faisait écrire à cet ecclésiastique par M. Colbert, son ministre : « Sa Majesté s'attend bien que la colonie de Montréal augmentera considérablement par vos soins et par votre application; ce dont elle se repose presque entièrement sur vous (1). »
Cette recommandation eut son effet, car M. de Queylus procura si efficacement le bien et l'accroissement de Villemarie, qu'en 1672 on y comptait de 14 à 1500 âmes (2).
Un autre objet du zèle de M. de Queylus, ce fut l'instruction et la sanctification des enfants sauvages, spécialement de ceux qui tombaient entre les mains des Iroquois.
M. de Courcelle s’étant montré irrité envers ces derniers…
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(2) Archives de la marine, recensement de 1666, fait par M. Talon.
(3) Ibid., registres des ordres du roi pour les Indes occidentales, 1669, mémoire du roi, folio 135.
(1) Ibid., lettre de M. Colbert à M. de Queylus, 15 mai 1669, fol. 145 ; — année 1671, fol. 35
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1671 à 1672.
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A suivre : IV. La sœur Bourgeoys forme les enfants de Villemarie à la piété et à la vertu.III. M. de Queylus travaille à l'augmentation de la colonie;
il confie à la sœur Bourgeoys
l'éducation de deux petites sauvagesses.(suite)
M. de Courcelle s’étant montré irrité envers ces derniers, et leur ayant commandé d'amener à Villemarie les prisonniers qu'ils avaient faits sur diverses nations sauvages alliées à la France (3), M. de Queylus eut la pensée de prendre au séminaire les garçons sauvages, et de confier l'éducation des filles à la sœur Bourgeoys.
C'est ce qu'écrivait M. Talon au ministre, le 10 novembre 1670 : « M. l'abbé de Queylus lui disait-il, donne une forte application à former et à augmenter la colonie de Montréal. Il pousse son zèle plus avant : il va retirer les enfants sauvages qui tombent en captivité dans la main des Iroquois, pour les faire élever, les garçons dans son séminaire, et les filles chez des personnes de même sexe qui forment à Montréal une espèce de congrégation pour enseigner à la jeunesse, avec les lettres et l'écriture, les petits ouvrages de main (1). »
Mais le temps marqué par la Providence où la sœur Bourgeoys devait déployer son zèle en faveur des enfants sauvages, n'était point encore arrivé. C'est pourquoi le projet formé par M. de Queylus n'eut pas alors tout le succès qu'on s'en était promis, les Iroquois n'ayant amené à Villemarie que douze à quinze prisonniers. De ce nombre étaient deux petites filles sauvages. Les ecclésiastiques de Saint-Sulpice les obtinrent de M. de Courcelle, et les remirent à la sœur Bourgeoys, qui leur apprit la langue française et les éleva chrétiennement.
Au sujet de ces deux enfants, M. Dollier rapporte un trait bien honorable aux sœurs de la Congrégation: Quelque temps après qu'elles leur eurent été confiées, il arriva que la plus jeune de ces petites sauvagesses fût inopinément enlevée par sa mère, quoique celle-ci l'eût donnée conjointement avec les Iroquois lorsqu'ils l'avaient amenée à Villemarie. L'une des sœurs de la Congrégation, informée de l'enlèvement, court aussitôt après l'enfant pour la faire revenir ; et, ce qui est un bel éloge de ces bonnes maîtresses, l'enfant, quittant incontinent sa mère, qui la tenait dans ses bras, vint se jeter entre les mains de la sœur comme dans celles de sa véritable mère (1).
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(3) Histoire du Montréal, etc., de 1669 à 1670.
(1) Archives de la marine, lettre de M. Talon , 29 novembre 1670.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
Dernière édition par Louis le Mer 31 Oct 2012, 3:01 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : v. La sœur Bourgeoys inspire à ses élèves les habitudes de politesse. Elle les instruit et les forme au travail.IV. La sœur Bourgeoys forme les enfants de Villemarie à la piété et à la vertu.
Mais l'objet capital du zèle de la sœur Bourgeoys, pendant les vingt premières années de son ministère, fut la sanctification des jeunes filles de Villemarie. Sachant que rien n'est plus important dans l'Église que la bonne éducation donnée aux enfants, elle les réunissait dès l'âge le plus tendre, avant qu'ils eussent l'usage de la raison, afin d'imprimer les principes de la foi chrétienne dans leur esprit dès qu'il venait à s'ouvrir, et d'appliquer les premiers mouvements de leur cœur à témoigner à DIEU leur amour. La première fille qu'elle éleva, comme on l'a rapporté, n'avait que quatre ans et demi lorsqu'elle la reçut, et elle la garda près d'elle jusqu'à son mariage (2).
Dans les commencements, où les enfants étaient encore en très-petit nombre, elle élevait tous ceux de Villemarie sans distinction, jusqu'à ce qu'enfin, la population devenant plus considérable, elle se borna à l'éducation des filles, les prêtres du séminaire s'étant alors chargés du soin d'instruire eux-mêmes et de former les garçons (3).
Son zèle embrassait les filles de toutes les classes de la société, de quelque état et de quelque rang qu'elles fussent. «La très-sainte Vierge, disait-elle, a reçu avec la même affection les bergers et les rois ; à son imitation, les sœurs de la Congrégation ne doivent pas avoir plus de considération pour les enfants riches que pour les pauvres, mais les aimer toutes d'une égale charité. Si elles avaient quelque préférence, ce devrait être pour celles qui sont les plus délaissées : la sainte Vierge s'étant trouvée avec son Fils aux noces de Cana parce que c'étaient des pauvres, et qu'il y avait à exercer la charité à leur égard (1). »
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(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Archives du séminaire de Villemarie. — Lettre de M. Tronson.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VI. La sœur Bourgeoys établit un pensionnat à Villemarie.V. La sœur Bourgeoys inspire
à ses élèves les habitudes de politesse.
Elle les instruit et les forme au travail.
En s'efforçant de graver dans le cœur des enfants les premiers traits de la crainte de DIEU et de la vertu, elle leur faisait contracter encore, dès cet âge tendre, des habitudes de douceur, d'affabilité et de politesse, toujours inséparables de la vraie charité ; et si jusqu'à ce jour il règne dans le pays une si grande douceur dans les mœurs de toutes les classes de la société, et tant d'aménité dans les rapports de la vie, c'est au zèle de la sœur Bourgeoys qu'on en est redevable (2) en très-grande partie.
Outre la science de la religion, elle donnait aux petites filles les premiers principes des lettres humaines avec un succès qui répondit parfaitement à ses soins. Il arriva même de là que les mères de famille ne le cédèrent pas sous ce rapport à leurs maris, occupés les uns aux travaux de la campagne, les autres à la guerre ou au commerce ; et nous verrons, dans la suite de cet ouvrage, que les femmes eurent même en cela la prépondérance sur les hommes, à cause du zèle infatigable des sœurs de la Congrégation à les instruire et à les former. Enfin, sachant que rien n'est plus pernicieux à la jeunesse qu'une vie oisive et désœuvrée, elle inspirait à ses jeunes élèves l'amour du travail, et leur en faisait contracter l'heureuse habitude, quelle que fût leur condition.
« Les sœurs de la Congrégation, écrit-elle, doivent se rendre habiles à toutes sortes d'ouvrages, afin d'apprendre aux enfants à éviter l'oisiveté, qui est la source de tous les vices, et les rendrait libertines. Il est donc nécessaire de faire travailler les enfants des écoles et aussi les pensionnaires (1). »
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(2) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix, t. I, liv. VII, p. 312-313 ; liv. VIII, p. 343. — Histoire du Canada, de son Église et de ses missions, 1852, t. I, p. 86.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. La sœur Bourgeoys établit un pensionnat à Villemarie.
Comme le genre d'éducation des enfants doit être proportionné à leur naissance et à leur état de fortune, la sœur Bourgeoys ouvrit un pensionnat, au grand contentement des citoyens plus aisés; et c'est là que furent formées, dès l'âge le plus tendre, la plupart des personnes de condition de Villemarie et des environs. Dans le recensement de l'année 1681, nous trouvons les noms de sept jeunes pensionnaires appartenant aux plus honorables familles du pays, élevées à la Congrégation : c'étaient Louise Migéon de Branssat, âgée de 13 ans; Marie Soumende, âgée de 10 ans ; Jeanne Dufresnoy-Carion (*), âgée de 9 ans ; Marie de Hautmesnil, Marie Lenoir, âgées de 8 ans ; Madeleine de Varennes, âgée de 7 ans, et Christine de Hautmesnil, âgée de 6 ans (1). L'éducation que les jeunes personnes recevaient à la Congrégation réunissait aux avantages de la piété, qui en était l'âme, une manière aisée et une liberté douce et modeste qu'on attribuait à la vie non cloîtrée des sœurs.______________________________________(*) Jeanne Dufresnoy-Carion épousa en premières noces M. Jacques Lemoyne de Saint-Hélène, l'an 1684, et plus tard M. de Monic.
(1) Archives de la marine, recensement de 1681.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys établit la Congrégation externe en faveur de ses anciennes élèves.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VIII. La sœur Bourgeoys établit la Providence en faveur des filles pauvres.VII. La sœur Bourgeoys établit la Congrégation externe
en faveur de ses anciennes élèves.
Enfin, pour entretenir et augmenter dans ses élèves les bons sentiments qu'elle leur avait inspirés, la sœur Bourgeoys réunissait les jours de fêtes et de dimanches toutes celles dont l'éducation était terminée, et qui composaient sa Congrégation externe . Dans ces réunions elle leur adressait de touchantes et ferventes instructions sur les moyens de se sanctifier dans le monde, et surtout de porter dans leurs familles la bonne odeur de JÉSUS-CHRIST. On ne saurait dire les fruits que produisit une institution si utile à la piété et à la vertu de toutes les jeunes personnes. Par ce moyen, non-seulement elle les préserva efficacement des dangers auxquels leur innocence aurait pu être exposée, mais elle alluma encore parmi elles une sainte émulation de ferveur, qui fut l'occasion d'un grand nombre de vocations pour son institut.
L'une de ces zélées congréganistes, la première que la sœur Bourgeoys admit ensuite à la profession, demeura si frappée, tout le reste de sa vie, de ces entretiens spirituels, qu'étant chargée elle-même de les faire dans la suite, elle en écrivait en ces termes : « C'est un emploi sublime et propre des Apôtres ; c'est la continuation de l'ouvrage du SAUVEUR ; je ne m'en suis jamais acquittée qu'avec frayeur et confusion (1). »
Dans toutes les paroisses où la sœur Bourgeoys forma par la suite des écoles, elle établit aussi la Congrégation externe. Celle de Villemarie, commencée en 1658 (2), persévère encore, à la grande édification de la paroisse, où elle est connue sous le nom de Congrégation de Notre-Dame-de-la-Victoire, depuis qu'elle tient ses réunions dans une chapelle de ce nom , construite dans l'enclos des sœurs de la Congrégation, comme nous le raconterons dans la suite (*)._________________________(*) Quelques personnes ayant témoigné le désir de voir supprimer les assemblées des congrégations externes, sous prétexte, disaient-elles, qu'on en retirait peu de fruit, la sœur Bourgeoys refusa de consentir à cette suppression. Elle déclara, au contraire, qu'elle les continuerait toujours, ajoutant que quand ces assemblées ne devraient produire d'autre bien que d'empêcher une âme de commettre un seul péché, elle se croirait abondamment payée de ses peines. C'est pourquoi, avant de mourir, elle pria instamment l'une de ses sœurs de ne pas souffrir qu'on détruisît ces sortes d'assemblées. Son intention fut fidèlement exécutée après sa mort; et M. Ransonet, qui rapporte ces détails, ajoute : « On les continue encore aujourd’hui avec beaucoup de fruit et de bénédiction (1). »
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. de Ransonet, p. 95-96._________________________(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, Vie de la sœur Marie Barbier.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VIII. La sœur Bourgeoys établit la Providence en faveur des filles pauvres.
Outre les exercices spirituels de la Congrégation externe, la sœur Bourgeoys procura de plus aux jeunes filles de la classe indigente un nouveau moyen de persévérer dans la vertu : ce fut de leur apprendre d'honnêtes états, qui les missent à même de subsister du produit de leur travail. Dans ce dessein, elle établit un ouvroir appelé la Providence, où plus de vingt grandes filles étaient instruites et formées par ses soins. Elle fournit pour cet usage une maison (1) située près de celle de la Congrégation (2), et désigna quelques sœurs pour apprendre à ces filles à travailler. Le séminaire se chargeait de l'entretien de plusieurs d'entre elles, et donnait de plus chaque semaine une certaine quantité de pain pour les nourrir (3).
Cet utile établissement attira même l'attention de M. de Denonville, gouverneur général du Canada, qui s'empressa de le recommander à la protection du ministre de la marine. « J'ai trouvé à Villemarie, en l'île de Montréal, lui écrivait-il, un établissement des sœurs de la Congrégation sous la conduite de la sœur Bourgeoys, qui fait de grands biens à toute la colonie ; et en outre un établissement de filles de la Providence qui travaillent toutes ensemble. Elles pourront commencer quelque manufacture de ce côté-là, si vous avez la bonté de leur faire quelque gratification (1). »
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(1) Registres de la paroisse de Villemarie, Sépultures 8 septembre 1681, et 8 septembre 1687. — Etat présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in-8º, p. 66.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(3) lettres de M. Tronson à M. Dollier, du 14 mars 1693.
(1) Archives de la marine, lettre de M. de Denonville du 13 novembre 1684.
A suivre : IX. La sœur Bourgeoys sert de mère…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. La sœur Bourgeoys sert de mère
aux filles qui viennent à Villemarie pour s'y établir.
Comme le zèle de la sœur Bourgeoys à élever les jeunes filles avait pour fin d'en former de bonnes chrétiennes, afin qu'elles fussent un jour de sages et vertueuses mères de famille, sa charité s'étendait aussi à celles qui allaient de France à Villemarie, dans l'intention de s'établir et d'accroître la colonie. Dans tous ses voyages de France en Canada, elle prit toutes sortes de soins des filles qu'elle amena toujours avec elle.
M. Dollier de Casson, parlant de celui de 1659, où elle conduisit trente-deux filles pour Montréal, auxquelles elle servit de mère dans ce voyage, et même jusqu'à ce qu'elles eussent été pourvues, ajoute, en considérant, les services plus que maternels qu'elles recevaient d'elle dans une position si délicate : « C'est ce qui nous fait dire qu'elles ont été bien heureuses d'être tombées dans de si bonnes mains que les siennes (1). »
En effet, la sœur Bourgeoys les recevait dans sa maison, elle les logeait, les nourrissait, leur donnait à toutes les instructions qui leur étaient utiles, et les gardait avec elle jusqu'à leur établissement. Bien plus, quoique les sœurs de la Congrégation se contentassent alors de simples couvertures à leurs lits, elle employait à l'usage de ces filles les draps qu'on avait dans la maison (2). C'était la même sollicitude à l'égard de toutes celles qui arrivaient à Villemarie pour s'y établir.
« Quelques années après le voyage de 1658, écrit la sœur Bourgeoys, il arriva environ dix-huit filles du roi que j'allai quérir au bord de l'eau, croyant qu'il fallait ouvrir la porte de la maison de la sainte Vierge à toutes les filles. Mais notre maison étant trop petite (pour loger tant de monde, nous fîmes accommoder une maison que nous avions achetée de Saint-Ange, et là je demeurai avec elles. J'étais obligée d'y demeurer à cause que c'était pour former des familles (3). »
Elle désigne sous le nom de filles du roi…
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(1) Histoire du Montréal, etc., de 1658 à 1659.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Ibid.
A suivre…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. La sœur Bourgeoys sert de mère
aux filles qui viennent à Villemarie pour s'y établir. (suite)
Elle désigne sous le nom de filles du roi de jeunes personnes que le roi faisait élever à l'hôpital général de Paris, toutes issues de légitimes mariages, les unes orphelines et les autres appartenant à des familles tombées dans la détresse.
Comme l'expérience montra bientôt que ces jeunes filles élevées délicatement n'étaient pas assez robustes pour résister au climat du Canada, ni à la culture des terres, à laquelle chacun était alors obligé de s'appliquer, M. Colbert, en 1670, pria M. de Harlay, archevêque de Rouen, d'en faire choisir par les curés de trente à quarante paroisses situées près de cette ville, une ou deux dans chaque paroisse ( 1 ). On voit ici avec quelle circonspection on procédait dans le choix des jeunes personnes destinées à devenir des mères de famille en Canada, puisque ce soin était confié au curé même de chacune de ces paroisses. La sœur Bourgeoys nous apprend d'ailleurs qu'elle n'acceptait pour les conduire à Villemarie que des personnes de vraie vertu (2) (*).
C'est ce qui explique pourquoi elle leur témoignait tant d'affection et de confiance, et les gardait dans sa maison jusqu'à leur mariage. Il paraît qu'elle avait ordinairement quelques-unes de ces filles auprès d'elle pour les former et les instruire ; du moins nous lisons dans le recensement de 1667, fait par M. Talon, intendant, qu'il y avait alors à la Congrégation quatre filles à marier (1)._________________________________(*) Ces détails peuvent servir à montrer la fausseté des allégations injurieuses de la Hontant (1), et confirmer de plus en plus ce que disent à la louange des premières mères de famille du Canada, le Père Vimont, dans sa Relation de 1641 (2); M. Pierre Boucher, dans l'ouvrage qu'il publia en 1663 (3); et le Beau, dans ses Aventures imprimées en 1738 (4).
(1) Nouveaux voyages. I. p. 11 (2) Relation de 1640 à 1641, p. 203, 204. (3) Histoire véritable de la Nouvelle-France, 1664, p. 1550-156. (4) Aventures de le Beau, 1738, t. I, p. 91._________________________________(1) Archives de la marine, registre des expéditions concernant les Indes occidentales , 1670, fol. 15 et 16.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Archives de la marine, recensement de 1667.
A suivre : x. La sœur Bourgeoys reçoit les filles et les femmes dans sa maison, pour y faire des retraites spirituelles.
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