Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
III. Premières missions. Esprit de pauvreté
et de mortification des sœurs missionnaires.
(suite)
Il eût été difficile que DIEU ne versât pas abondamment ses bénédictions sur les travaux de ces saintes filles uniquement animées du désir de sa gloire et du salut du prochain, et toujours prêtes à se dévouer aux humiliations, aux privations et aux souffrances. On peut se former une idée de la pureté de leurs dispositions et de la ferveur de leur zèle par les paroles que leur adressait leur admirable fondatrice en les envoyant en mission:
« Pensez, mes chères sœurs, leur disait-elle, pensez que dans votre mission vous allez ramasser les gouttes du sang de JESUS-CHRIST qui se perdent. Oh ! qu'une sœur qu'on envoie en mission sera contente, si elle pense qu'elle y va par l'ordre de DIEU et en sa compagnie; si elle pense que dans cet emploi elle peut et elle doit témoigner sa reconnaissance à celui de qui elle a tout reçu ! Oh ! qu'elle ne trouvera rien de difficile et de fâcheux ! Elle voudra au contraire manquer de toutes choses, être méprisée de tout le monde, souffrir toutes sortes de tourments et mourir même l'infamie (1). »
Telles étaient à la lettre les dispositions avec lesquelles ces ferventes missionnaires s'acquittaient de leurs fonctions. On en jugera par les détails que nous allons donner sur les commencements de la mission de l'île d'Orléans.
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 126.— Vie de la même, par M. Ransonet, p. 97.
A suivre : IV. Mission de l’île d’Orléans…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : Explication des notes (*) et (**).IV. Mission de l’île d’Orléans.
Ferveur apostolique
des sœurs Anne et Marie Barbier.
En 1685, M. Lamy, curé de la paroisse de la Sainte-Famille dans l'île d'Orléans (*), frappé des grands fruits que les sœurs de la Congrégation produisaient partout où elles exerçaient leur zèle, désira d'attirer quelques-unes de ce filles dans sa paroisse, et pria M. de Saint-Vallier d'en faire lui-même la demande à la sœur Bourgeoys. Ce prélat lui en écrivit, et elle se mit en devoir de répondre sans délai à son invitation. En conséquence, la sœur Anne fut aussitôt désignée pour être à la tête de l'œuvre; on lui adjoignit la sœur Barbier, la même qu'on avait d’abord envoyée à la Montagne (1) (**).
« Avant de partir pour l'île d'Orléans, dit cette dernière, je voulus faire une confession comme pour me préparer à la mort, sans penser du tout à ce qui nous manquait pour le temporel. C'était à la Saint-Martin, il faisait froid comme en hiver, et nous n'avions pour nous deux qu'une couverture qui ne valait presque rien, très-peu de linge, point d'autres hardes que ce qui pouvait nous couvrir fort légèrement. Pour moi je n'avais qu'une demi-robe et du reste à proportion. Nous pensâmes geler de froid dans ce voyage, et j'étais parfaitement contente de ce que je commençais à souffrir. »
En arrivant, ces deux ferventes missionnaires eurent occasion de mettre en pratique cette recommandation que la sœur Bourgeoys leur faisait en les envoyant en mission:
« De ne se désister point pour toutes les peines et tout le blâme qu'elles pourraient recevoir, mais de se préparer à rendre quelque gloire à DIEU et quelque service au prochain par la prières, par les mortifications et par les autres vertus propres de leur état.»
« A notre arrivée à Québec, continue la sœur Barbier, nous ne manquâmes pas d'humiliations : tout notre avoir était un petit paquet que nous portions fort à l'aise; on se moqua de nous, et nous fûmes fort humiliées de toute manière. On nous demanda où étaient nos lits et notre équipage ; quelques-uns disaient même que nous mourions de faim chez nous, et qu'on nous envoyait chercher fortune ailleurs. Nous arrivâmes ainsi à l'île d'Orléans. Je pensai mourir ce jour-là, le froid nous ayant si vivement saisies que nous croyions être gelées. Pour mon particulier j'aurais eu de la joie de mourir de froid, et je m'appliquai à consoler ma compagne qui était demi-morte. Nous souffrîmes beaucoup pendant ce premier hiver. Nous aurions dû mourir de froid sans une protection de DIEU (1). »
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 127.— Vie de la sœur Marie Barbier.
(1) Vie de la sœur Marie Barbier.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IV. Mission de l’île d’Orléans. Ferveur apostolique des sœurs Anne et Marie Barbier.
[Explication des notes (*) et (**)]
(*) M. Lamy, venu de France en 1673, à l'âge d'environ 30 ans, fut chargé de desservir la Sainte-Famille et Saint-François. Ces deux paroisses, de trois lieues d'étendue, contenaient, en 1683, quatre-vingt-une familles, formant une population de 548 âmes (1). L'année suivante, M. Lamy fut rendu inamovible dans ce poste, par lettres de M. de Laval en date du 3 novembre (2), et ce fut immédiatement après qu'il prit les moyens de former dans l'île d'Orléans un établissement de sœurs de la Congrégation.
(**) On envoya à la mission de la Montagne la sœur Marie Barbier, comme nous l'avons rapporté déjà.
« Mais j'avais un pressentiment, dit cette dernière, que je serais envoyée à l'Ile d'Orléans, et une espèce de certitude intérieure que mon bien spirituel dépendait de là; que j'aurais occasion d'y mourir à toutes mes méchantes inclinations. Avant mon départ pour la Montagne, M. Guyotte, prêtre de Saint-Sulpice et curé de Villemarie, m'ayant dit par manière de conversation qu'on n'avait pas encore nommé de compagne pour ma sœur Anne, je lui dis que ce serait moi. Il en parut surpris, et me dit que cela ne pouvait se faire pour toutes sortes de raisons qu'il m'allégua. Je le priai de n'en rien dire, et qu'il venait à la fin que c'était la volonté de DIEU de m'envoyer à l'île d'Orléans. »
« Quelques jours après, M. le curé m'ayant dit qu'une autre, qu'il me nomma, était déjà destinée pour être compagne de la sœur Anne dans cette mission, que cela avait été arrêté par la communauté, je lui dis en riant que quand elle serait dans la barque je n'en croirais rien, et que ce serait moi-même. On me fit donc partir pour la mission de la Montagne, et où on ne pensait à rien moins qu'à moi pour l'île d'Orléans.
« Cependant la communauté changea de sentiment à l'égard de la sœur désignée pour y aller, voulant envoyer tantôt une sœur et tantôt une autre. Le prêtre qui nous conduisait, M. Bailly, et qui m'avait exclue lui-même du nombre de celles qui pourraient être envoyées à l'île d'Orléans, fut contraint, afin de laisser plus de liberté aux sœurs, d'en venir aux suffrages secrets. Toutes, sans le vouloir, me donnèrent leur voix; et chacune en particulier croyant qu'il n'y aurait qu'elle qui me donnerait la sienne, il se trouva que je les eus toutes ; et tout le monde fut content. On m'envoya donc quérir à la Montagne. Je retournai ainsi à la communauté pour m'embarquer deux jours après (1). »
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(1) Archives de la marine , 1683. État présent des cures.
(2) Ibid. Curés titulaires par lettres de M. de Laval.
(1) Vie de la sœur Marie Barbier.
A suivre : V. Privations et souffrances qu’endurent les sœurs missionnaires à l’île d’Orléans.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Privations et souffrances qu’endurent les sœurs missionnaires à l’île d’Orléans.
Comme il n'y avait point de maison préparée pour les nouvelles missionnaires, elles furent obligées de loger d'abord chez une veuve et d'y exercer leurs fonctions. Il y avait dans cette maison plusieurs domestiques, des hommes, des enfants, ce qui en rendait le séjour assez incommode aux sœurs, qui ne purent pendant tout cet hiver y faire leurs exercices qu'avec beaucoup de contrariété.
« N'étant point encore sortie dans le monde, continue la sœur Barbier, je me trouvai là comme dans un enfer, me voyant obligée d'être continuellement parmi des hommes et des femmes et de manger pêle-mêle avec eux. L'église était à plus d'un demi-quart de lieue de la maison où nous demeurions; et nous en revenions le plus souvent toutes mouillées et couvertes de glaçons, sans oser nous approcher du feu à cause du monde (1). »
Un jour que ces deux ferventes missionnaires revenaient de la sainte messe par un violent et cruel vent de nord, accompagné d'une grande poudrerie , qui les empêchait de voir où elles allaient, la sœur Barbier tomba dans un fossé plein de neige :
« Ma compagne, dit-elle, était bien loin devant moi qui n'en pouvais plus. Je ne pouvais me retirer de ce fossé, n'ayant plus de force, et la neige me couvrant de plus en plus. Alors je priai le saint Enfant JESUS de m'aider, s'il voulait prolonger ma vie pour sa gloire et pour me donner le temps de faire pénitence. J'étais tout enfoncée dans la neige, et il ne paraissait plus que l'extrémité de ma coiffe. Sa couleur noire fit croire à quelques personnes du voisinage pensaient que c'était une de leurs bêtes qui était tombée dans le fossé. Ils y accoururent promptement, et m'ayant retirée de là avec peine, ils me laissèrent au bord du fossé, d'où j'eus bien de la difficulté de me rendre à la maison. Cela joint au grand froid et à toutes les incommodités que je ressentis durant l'hiver dans cette demeure, me fit contracter des infirmités assez considérables. Pourvu que DIEU en tire sa gloire et que mon orgueil en soit écrasé, j'en suis contente. Les miséricordes de DIEU à mon égard sont trop grandes; depuis ce temps-là, ce n'est que grâce sur grâce ; qu'il en soit béni éternellement (1). »
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(1) Ibid.
A suivre : VI. Fruits de sanctification par les sœurs de l’île d’Orléans.
Dernière édition par Louis le Mer 12 Déc 2012, 2:35 pm, édité 2 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. Fruits de sanctification par les sœurs de l’île d’Orléans.
Un dévouement si généreux et une conduite si apostolique attirèrent sur les travaux des deux sœurs missionnaires les plus abondantes bénédictions. La paroisse de l'île d'Orléans avait peut-être plus besoin qu'aucune autre du secours de ces ferventes missionnaires, à cause de la vie libre et dissipée que les jeunes filles y menaient alors. Il y régnait même un certain esprit d'indévotion, d'immodestie et de libertinage, qui, sans ce remède, aurait eu les suites les plus funestes. Les jeunes filles ne s'assemblaient pas seulement dans les maisons particulières pour discourir sur des sujets frivoles et légers avec des personnes de l'autre sexe, elles tenaient encore ces sortes de discours à la porte des églises et quelquefois jusque dans l'église même, sans que la sainteté du lieu leur inspirât plus de retenue.
Aussi les sœurs eurent-elles à essuyer bien des moqueries et des contradictions de la part de ces jeunes filles. Mais par la constance de leur charité, de leur patience, de leur douceur, et surtout par leurs ardentes prières auprès de DIEU, elles triomphèrent en peu de temps de tous les obstacles. Elles retirèrent un grand nombre de filles de cette vie libre et dissipée, et les portèrent heureusement à l'amour et à la pratique d'une vie chrétienne par leurs manières douces et insinuantes.
Enfin, à l'île d'Orléans, comme partout où elles exerçaient leur ministère, elles établirent, outre les écoles pour les filles, la Congrégation externe pour toutes les jeunes personnes de la paroisse. Les jours de fête et de dimanche, elles les assemblaient avant le service divin, leur faisaient des instructions et des conférences pour leur apprendre leurs devoirs et la manière de se conduire saintement dans le monde, et les conduisaient ensuite à l'église toutes ensemble, rangées par ordre et marchant deux à deux. Les travaux des deux missionnaires eurent un succès si complet, qu'ils renouvelèrent en peu de temps l'esprit de la paroisse. La piété, la religion, la modestie succédèrent à la légèreté et à l'indévotion.
Enfin plusieurs de ces jeunes personnes, touchées des instructions et des exemples de leurs saintes maîtresses, et dégoûtées tout à fait du monde, se consacrèrent à DIEU dans la Congrégation pour se livrer elles-mêmes à la sanctification des enfants et aux œuvres du zèle apostolique.
Pour procurer aux sœurs…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. Fruits de sanctification par les sœurs de l’île d’Orléans.
(suite)
Pour procurer aux sœurs un moyen de subsistance, et pour assurer par là à sa paroisse le bien qu'elles y produisaient, M. Lamy avait acheté une terre de trois arpents de front sur la profondeur de la moitié de l'île d’Orléans, où étaient construites une maison, une grange et ses dépendances. En 1687 il y ajouta un arpent de plus sur la même profondeur, et fit donation du tout aux sœurs de la Congrégation, le 5 septembre 1692 (1). L'île d'Orléans appartenait alors à M. François Berthelot, secrétaire général de l'artillerie, qui l'avait acquise de M. de Laval, évêque de Québec, et l'avait fait ériger en comté sous le nom de Saint-Laurent (2).
M. Berthelot, voulant favoriser l'établissement de cette mission si utile à ses censitaires, donna un arpent de terre, où fut construite en 1688 une maison en bois pour l'usage des sœurs (1), en attendant que M. Lamy leur en eût fait bâtir une en pierre, comme nous le dirons dans la suite. Ce fut là qu'elles exercèrent depuis leurs fonctions, au grand bien et à la satisfaction de toute la paroisse de la Sainte-Famille (2), soit par leurs écoles et leur pensionnat, soit par la Congrégation des filles externes.
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(1) Archives de l’archevêché de Québec. — Remarques sur les missions.
(2) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix , t. III, p. 67.
(1) Remarques sur les missions, ib.
(2) Vie de la sœur Marie Barbier.
A suivre : VII. Établissement de la maison de la Providence à Québec.
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VII. Établissement de la maison de la Providence à Québec.
C'était surtout dans la ville même de Québec que DIEU voulait faire éclater la grâce de la Congrégation, en fournissant à la sœur Bourgeoys l'occasion d'y travailler à la sanctification d'une multitude d'âmes. Dans la visite qu'il fit à Montréal, M. de Saint-Vallier fut frappé de l'esprit de piété et de ferveur qu'il remarqua dans la maison de la Providence, où la sœur Bourgeoys avait réuni, comme on l'a raconté, de grandes filles pauvres pour leur apprendre à travailler et à vivre chrétiennement.
Ce prélat désira donc de procurer un semblable établissement à sa ville épiscopale ; et jugeant que les sœurs de la Congrégation, dont DIEU se plaisait à bénir si visiblement toutes les entreprises, étaient seules capables de le former et de lui communiquer le même esprit, il écrivit à la sœur Bourgeoys pour lui offrir d'en prendre la conduite. Il acheta pour cela, le 13 novembre 1686, avec cour et jardin, dans la haute ville, proche de la grande place Notre-Dame (1), et enfin on choisit pour être à la tête de l'œuvre la sœur Marie Barbier, à laquelle on adjoignit la sœur Saint-Ange, envoyée de Villemarie à ce dessein (2).
Le prélat ne fut point trompé dans son attente; car jamais, peut-être, on ne vit d'une manière plus sensible la bénédiction de DIEU sur une œuvre, qu'on eut lieu de l'admirer dès le commencement de celle dont nous parlons.
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(1) Archives de l’archevêché de Québec.
(2) Vie de la sœur Marie Barbier.
A suivre : VIII. Fruits que produit l’établissement de la Providence à Québec.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VIII. Fruits que produit l’établissement de la Providence à Québec.
Par le zèle des deux sœurs missionnaires, il s'établit et il régnait dans cette maison, connue sous le nom de Providence de la sainte Famille , un esprit d'innocence, de ferveur et de simplicité dignes des communautés les plus parfaites (*). La dévotion envers la sainte Famille y fut introduite dès le commencement ; chaque jour donnait lieu à quelque nouvelle pratique pour honorer l'Enfant JESUS, la très-sainte Vierge et le glorieux saint Joseph ; en sorte que cette dévotion, qui à Québec avait été jusque alors comme réservée aux mères de famille, devint bientôt commune à toutes les jeunes personnes sans distinction. Depuis plusieurs années l'amour de la parure ayant pénétré dans toutes les classes de la société, un grand nombre de femmes et de filles affectaient dans leurs habits un luxe beaucoup au-dessus de leur condition et ne respectaient pas toujours les règles de la décence, spécialement dans la coiffure. M. de Laval, pour arrêter cet abus, avait défendu en 1682, aux prêtres de son diocèse, de recevoir à la participation des sacrements toutes celles qui seraient vêtues d'une manière indécentes (1).
Toutefois le luxe n'avait fait que s'accroître de plus en plus; et en 1680 il régnait partout avec plus de licence et de scandale que jamais (2). Ce que les efforts de M. de Laval n'avaient pu opérer, les sœurs de la Congrégation, par les sentiments de piété qu'elles avaient su inspirer aux jeunes filles de la Providence, l'obtinrent d'elles sans leur en avoir même témoigné le désir. Car le 12 juin 1680, veille de la fête du Saint-Sacrement, ces filles, voulant renoncer à tout ce qui pouvait ressentir les vanités du monde, formèrent de concert la résolution de s'interdire l'usage certains ornements superflus qu'elles avaient portés jusque alors, et allèrent le suspendre devant l'image de la très-sainte Vierge dans leur oratoire pour les offrir comme en sacrifice; en sorte que le lendemain on les vit, avec autant de surprise que d'édification, assister à l'office divin et à la procession générale, toutes vêtues de la manière la plus simple et la plus modeste (3) (**).
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(1) Archives du séminaire de Villemarie, Mandement de M. de Laval.
(2) Ibid., Mandement de M. de Saint-Vallier, du 22 octobre 1686.
(3) Vie de la sœur Marie Barbier.
A suivre : Explication des notes (*) et (**) …
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VIII. Fruits que produit l’établissement de la Providence à Québec.
Explication des notes (*) et (**)
(*) C'était principalement la sœur Barbier qui servait d'instrument aux opérations de la grâce sur ces filles. Par ses manières simples et engageantes, non moins que par ses instructions et ses discours, elle les portait toutes à la pratique de la plus haute perfection, et leur donnait dans sa propre personne l'exemple des vertus les plus sublimes. Une sorte d'instinct lui découvrait souvent leurs besoins spirituels; et toujours elle leur en procurait le remède, soit en leur donnant des avis pleins de sagesse et tout à fait convenables à leur état, soit en les adressant au confesseur de la maison ; car elle ne pouvait souffrir ni péché ni imperfection dans aucune de ses filles. Elle avait un don si efficace de s'insinuer dans leurs cœurs et de gagner leur confiance, que plusieurs de ces filles avaient plus de facilité à lui découvrir leurs dispositions intérieures, qu'elles n'en éprouvaient à l'égard de leur propre confesseur. Elle se servait de ces ouvertures pour les porter à faire des confessions humbles, entières et sincères, et à ne point rougir des aveux les plus humiliants. Aussi avait-on lien d'admirer les fruits merveilleux que les sacrements produisaient dans toutes ces filles (1). Quoique cette maison fût établie en faveur des filles canadiennes, il paraît qu'on y reçut aussi des sauvagesses; du moins M. de Saint-Vallier, dès le commencement, y mit une sauvagesse, pour la faire élever (2).
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(1) Vie de la sœur Marie Barbier.
(2) État présent de l’Église de la Nouvelle-France , p. 111-112.
A suivre : Explication de la note (**).
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VIII. Fruits que produit l’établissement de la Providence à Québec.
Explication de la note (**)
(**) L'esprit de piété qui animait les filles de la Providence, et surtout la ferveur de leurs saintes maîtresses, rendent très-croyables divers traits qu'on raconte de la bonté divine à leur égard dans leurs pressantes nécessités temporelles. On vit souvent dans cette maison le pain, la viande, et les autres provisions, se multiplier lorsqu'on n'avait pas le moyen de s'en procurer d'ailleurs.
Un jour qu'il ne restait que peu de farine, et qu'on n'avait aucune ressource pour en acheter, la sœur Barbier monte au grenier, et là, s'étant prosternée devant l'image de l'Enfant JESUS, qu'elle avait portée avec elle, elle adressa au SAUVEUR la prière suivante :
« Vous qui avez autrefois multiplié les pains dans le désert, vous pouvez avec autant de facilité multiplier ceux qui restent en très-petite quantité dans cette maison. »
La confiance de cette sainte fille fut en effet si agréable à DIEU, que le pain qu'on avait alors, et qui devait ne suffire que pour quelques jours aux personnes de la communauté, les nourrit néanmoins pendant près de trois semaines.
On remarqua encore qu'un tas de farine qu'on avait dans la maison, se maintint toujours dans la même quantité, quoiqu'on en eût pris plusieurs fois, jusqu'à ce qu'on fût en état de s'en procurer de nouvelle.
On raconte d'autres traits semblables qui étaient comme l'accomplissement littéral de cette promesse du sauveur dans l'Évangile: « Cherchez d'abord le royaume de DIEU et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît; car votre Père céleste connaît tous vos besoins. »
Mais ce qui dans la sœur Barbier est plus admirable encore que ces attentions de la divine Providence, c'est son amour insatiable pour les croix. En vue d'attirer les bénédictions de DIEU sur l'œuvre qui lui était confiée, elle avait demandé à NOTRE-SEIGNEUR avec amour de la rendre participante de ses souffrances, et il daigna l'exaucer pleinement. Elle ne fut pas plutôt entrée dans la maison de la Providence qu'elle se vit accablée de peines, tant intérieurement qu'extérieurement, des plus vives et des plus aiguës; et il ne lui fallait rien de moins que sa vertu forte et généreuse pour l'empêcher jeter les hauts cris. Dans cet état elle faisait compassion à la sœur Saint-Ange, sa compagne. Mais ces douleurs, quelque vives qu'elles fussent, ne l'empêchaient pas, pour l'ordinaire, de vaquer à ses emplois, ni même d'observer fidèlement les jeûnes de l'Église, et de continuer toujours les affreuses pénitences auxquelles elle s'était condamnée.
Son principal attrait était l'amour de la croix, de la vie cachée et des humiliations de JESUS-CHRIST. Cet amour semblait s'accroître en elle à l'approche des solennités, surtout de celle de l'Assomption, où elle ressentait toujours quelque redoublement dans ses souffrances; elle mettait ces occasions au rang des plus insignes faveurs qu'elle recevait de la très-sainte Vierge, ce qu'elle appelait le bonheur de souffrir .
L'année 1688, peu de jours avant l’Assomption, la sœur Bourgeoys étant descendue à Québec, accompagnée d'une de ses sœurs, pour y faire la visite de la mission de cette ville et de celle de l'île d'Orléans, trouva la sœur Barbier si grièvement malade qu'on fut obligé de lui administrer les derniers sacrements. Elle releva cependant de cette maladie, et la regarda depuis comme un de ces bouquets de myrrhe que la très-sainte Vierge avait coutume de lui donner chaque année à l'occasion de la fête de son Assomption (1).
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(1) Vie de la sœur Marie Barbier.
A suivre : IX. Fruits de la mission de la Sainte-Famille…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : X. La sœur Bourgeoys visite les missions de la Congrégation…IX. Fruits de la mission de la Sainte-Famille.
Mandement relatif aux petites filles.
L'exemple de ces filles fut imité l'année suivante par celles de l'île d'Orléans. La sœur Anne, missionnaire de cette île, en écrivit en ces termes à la sœur Barbier, à Québec, le 12 juin 1687 : « Nos filles sont présentement conformes pour leur toilette à celles de votre communauté; et voici comment la chose s'est passée. Pendant l'espace de quatre à cinq jours nous leur avons recommandé d'examiner dans leurs petites réflexions, et dans leurs visites au très-saint Sacrement, si elles n'avaient rien qui fût opposé à l'esprit du saint Enfant JÉSUS. Après y avoir pensé, elles nous ont dit qu'elles ne connaissaient rien qui pût y être contraire, sinon quelques ornements de tête, dont elles souhaiteraient de tout leur cœur se priver. Jugez combien volontiers nous avons adhéré à cette bonne inspiration (1). »
Enfin, M. de Saint-Vallier, encouragé par ces heureux résultats, désira de les voir s'étendre à toutes les écoles de filles de son diocèse. Dans la visite de celles de Villemarie qu'il fit en 1690, il vit avec satisfaction que la plupart des petites filles étaient vêtues selon les règles de la plus édifiante modestie. Mais en ayant remarqué quelques-unes qui mettaient dans leur toilette une certaine affectation, et craignant que leur exemple ne fût pernicieux aux autres, en affaiblissant l'effet des bonnes instructions que les sœurs leur faisaient touchant la simplicité dans les habits, il jugea la chose assez importante pour publier un Mandement sur cet objet. Ce n'est pas qu'il voulût empêcher par là les filles de qualité de porter des vêtements conformes à leur état ; seulement il recommanda à toutes en général de se vêtir modestement selon leur condition, et d'éviter, dans la coiffure, toute affectation de rubans et de dentelles (2). Ainsi, cette utile réforme fut un nouveau fruit que produisit le zèle des sœurs missionnaires de Québec.
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(1) Ibid.
(2) Archives de la Congrégation, Mandement de M. de Saint-Vallier, du 4 octobre 1690.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : XI. La sœur Bourgeoys donne naissance à l’hôpital général de Québec.X. La sœur Bourgeoys visite les missions
de la Congrégation. Son esprit d’humilité.
Les visites que la sœur Bourgeoys leur faisait de temps en temps ne contribuaient pas peu à exciter cette ferveur, en ranimant en elles l'esprit de leur sainte vocation, surtout l'amour de la pauvreté, de l'humilité et de la mortification. Ayant remarqué que dans trois églises, probablement celles de Champlain, de l'île d'Orléans et de Québec, on usait de quelque distinction à l'égard des sœurs en leur distribuant le pain bénit, son humilité en fut alarmée; et elle voulut qu'on cessât cette pratique.
« Je dis au prêtre qui célébrait la sainte messe, écrit-elle, que n'étant que de pauvres filles, nous ne devions point recevoir d'honneurs particuliers dans l'église. Que s'il voulait nous faire la charité d'un morceau de pain bénit, le bedeau pourrait le mettre à la sacristie, et que la sœur sacristine le prendrait là. Cet ecclésiastique me répondit que je lui faisais plaisir, et que ce n'était pas son avis qu'on nous le donnât autrement. Un autre à qui je fis la même observation, me dit qu'il avait permis qu'on nous le donnât en cérémonie à cause que c'était la coutume ; et le troisième, sans y faire réflexion. Lorsque j'étais à Québec, une personne nous envoya un coussin de pain bénit en cérémonie; je le reçus, crainte de lui faire de la peine ; et après je priai que cela ne se fit plus, ce que la personne trouva bon.
Nous ne devons recevoir aucun honneur, comme une place distinguée, un cierge, un rameau et toute autre chose singulière. Le caractère de cette communauté doit être la petitesse et l'humilité ; et comme on en distingue tous les ustensiles et les hardes à la marque de la Congrégation, il faut aussi que dans tous les emplois et les offices il paraisse des marques de la pauvreté, n'y recherchant jamais ce qui a de l'éclat ou quelque marque de hauteur. La très-sainte Vierge, notre très-chère institutrice et fondatrice, ne s'attribuait aucun des honneurs rendus à son fils par les rois, les bergers et les autres (1). »
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
[328]
A suivre…
XI. La sœur Bourgeoys donne naissance à l’hôpital général de Québec.
M. de Saint-Vallier, charmé du succès de l'établissement de la Providence, désira que les sœurs de la Congrégation étendissent à toutes les petites filles en général le bienfait de l'éducation, en ouvrant des écoles gratuites pour elles, comme elles le faisaient à Villemarie et ailleurs. Elles commencèrent donc, en l'année 1688, ce nouvel établissement dans la maison de la haute ville (2), qui même fut bientôt destinée à ce seul usage.
Car l'année suivante, M. de Saint-Vallier, voyant les grands avantages de la maison de la Providence, conçut le dessein d'un autre établissement qui put être d'une utilité plus générale à la classe indigente. Ce fut de fonder à Québec un hôpital, sur le modèle des maisons établies dans la plupart des villes de France, connues sous le nom d'hôpitaux généraux (1), où l'on renfermerait alors les pauvres mendiants pour les y employer à divers ouvrages, afin d'empêcher l'oisiveté de ceux qui négligeaient de travailler, quoiqu'ils fussent encore en état de se rendre utiles (2). Ayant donc vu par expérience les bénédictions que DIEU se plaisait à verser sur les travaux des sœurs de la Congrégation, il jugea qu'elles étaient très-propres à procurer le succès de ce nouvel établissement ; et en conséquence, au printemps de l'année 1689, il écrivit à la sœur Bourgeoys pour l'engager à faire le voyage de Québec, afin d'en conférer avec elle.
Elle n'eut pas plutôt appris les désirs du prélat,…
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(2) Archives de l’archevêché de Québec, — Remarques sur les missions.
(1) Vie de la sœur Marie Barbier. — Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 128.
(2) Édits concernant le Canada , t. I, p. 281-282.
A suivre…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XI. La sœur Bourgeoys donne naissance à l’hôpital général de Québec. (suite)
Elle n'eut pas plutôt appris les désirs du prélat, qu'incontinent elle se mit en chemin à pied, car la navigation n'était pas encore libre à cause des glaces. Dans ce voyage, elle eut à endurer des fatigues incroyables, étant obligée souvent de se traîner sur les genoux, tantôt dans les neiges, tantôt sur la glace, et quelquefois dans l'eau. C'est ainsi qu'elle avait coutume de voyager l'hiver; et si dans les autres saisons de l'année elle faisait ses voyages en barque, c'était pour elle un exercice de zèle, et autant de véritables missions en faveur des matelots et des passagers, auxquels elle donnait surtout des exemples touchants de pauvreté, d'humilité et de mortification.
A Québec, elle apprit donc de M. de Saint-Vallier le dessein qu'il avait de la charger de la direction de l'hôpital général, qu'il voulait substituer à la maison de la Providence. Quoiqu'elle vit bien qu'une œuvre de cette nature était peu compatible avec la fin de son institut, la sœur Bourgeoys entra néanmoins aveuglément dans les vues du prélat, et se livra à des travaux durs et humiliants, portant elle-même sur ses épaules, de la basse ville à la haute, les meubles et les ustensiles nécessaires au nouvel établissement (1).
Bien plus, après avoir employé à ce pénible travail les quatre premiers jours de la semaine sainte, elle passa la nuit entière du jeudi au vendredi à genoux et immobile devant le très-saint Sacrement (2).
Enfin, pour seconder les desseins de son évêque, elle appela à Québec la sœur Anne Hioux, qui depuis près de quatre ans dirigeait la mission de la Sainte-Famille dans l'île d'Orléans, et envoya la sœur Marie Barbier pour tenir sa place (3).
Ainsi les sœurs de la Congrégation furent l'instrument dont la divine Providence se servit pour donner commencement à l'hôpital général de Québec, où tant de personnes délaissées devaient trouver des ressources assurées contre la misère, et des moyens abondants de sanctification et de salut. Elles en eurent la conduite jusqu'en l'année 1692, où le prélat, après avoir obtenu des lettres patentes du roi en faveur de cette maison (1), se décida à la confier à des filles qui gardassent la clôture, et y mit des Hospitalières (2) (*)._______________________(*) La sœur Juchereau rend ce témoignage aux sœurs de la Congrégation dans son histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec: « M. de Saint-Vallier donna le soin de l'hôpital général de Québec aux sœurs de la Congrégation, qui s'en acquittèrent fort bien tant qu'elles en furent chargées ; mais dès l'année 1692 il en ôta les sœurs et y mit des hospitalières. »_______________________(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 128.
(2) Vie de la même, par M. Ransonet, p. 99-100.
(3) Vie de la sœur Marie Barbier.
(1) Édits concernant le Canada, t. I, p. 281.
(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, p. 356.
A suivre : XII. La sœur Bourgeoys établit des écoles à Québec…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XII. La sœur Bourgeoys établit des écoles à Québec.
Les sœurs y sont d’abord logées dans une étable.
DIEU voulut sans doute que M. de Saint-Vallier changeât ainsi de vues à l'égard des sœurs de la Congrégation pour les faire rentrer dans les fonctions propres de leur institut, l'instruction et la sanctification des jeunes filles. Car ce prélat, en leur ôtant la direction de l'hôpital général, ne priva pas sa ville épiscopale de leurs services.
Au contraire, pour les fixer à Québec, il leur avait fait donation, par acte du 19 janvier 1689, de la maison qu'elles occupaient à la haute ville, en mettant pour condition expresse que si elles venaient à se transporter dans quelque autre quartier, cette maison serait vendue à leur profit, et le prix employé à l'achat du nouvel emplacement où elles s'établiraient. Il ajoutait cependant que, dans le cas où la mission de Québec viendrait à s'éteindre, la propriété des choses données retournerait à l'évêque, qui en disposerait pour le plus grand bien de ses diocésains. La sœur Bourgeoys accepta cette donation le 12 mars de cette même année (1).
La liberté que M. de Saint-Vallier laissait aux sœurs de vendre cette maison, eut pour motif le peu d'avantage qu'elle offrait pour l'œuvre dont elles étaient chargées. Aussi ne tardèrent-elles pas à en acquérir une autre où elles se transportèrent. Mais elles y étaient à peine établies, qu'elles se virent menacées d'en être expulsées par une personne qui prétendit mettre opposition à la vente qu'on venait de leur en faire (2); et au sortant de là elles ne trouvaient qu'une pauvre étable pour tout logement.
« Je me suis réjouie d'apprendre que vous alliez loger dans une étable, leur écrivait la sœur Bourgeoys ; mais en même temps j'ai de la peine de savoir le mécontentement que les personnes que vous connaissez ont témoigné ; car j'ai un grand désir de demeurer unie avec tout le monde, à cause que DIEU nous commande d'aimer notre prochain. C'est ce qui m'a fait différer de faire ensaisiner le contrat en question (1). »
Les sœurs quittèrent enfin la maison et allèrent se loger dans ce triste réduit, comme si la Providence eût permis les oppositions dont nous parlons, pour donner à l'établissement de Québec un nouveau trait de ressemblance avec la formation de la Congrégation à Villemarie, où elle n'avait eu qu'une pauvre étable pour berceau. Il faut que les sœurs aient eu bien à souffrir dans ce lieu, pour que la sœur Bourgeoys, si avide de privations et si mortifiée, en ait pu parler en ces termes : «Nos sœurs, après avoir quitté le logement où elles n'avaient pu demeurer, s'étaient logées dans un autre avec quelques pensionnaires. Elles y étaient si mal ! quelles sortes de misères quand elles en sont sorties (2) ! »
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(1) Archives de l’archevêché de Québec.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 129.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XIII. Par délicatesse pour les Ursulines,…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. Par délicatesse pour les Ursulines, et par zèle,
la sœur achète une nouvelle maison à Québec.
Comme cependant elles ne pouvaient demeurer dans un lieu si incommode, les prêtres du séminaire de Québec, qui dirigeaient les sœurs de cette ville, vendirent la maison que l'évêque, alors absent du Canada, leur avait donnée, et en achetèrent une autre située à la haute ville, près de la cathédrale ; acquisition qui fut pour elles une source de mérite par les peines très-sensibles qu'elles en éprouvèrent. « Nos sœurs avaient eu toutes les peines du monde à consentir à cet achat, dit la sœur Bourgeoys, la maison destinée aux écoles étant située dans la haute ville, où les Ursulines sont déjà établies pour l'instruction des enfants (1). » La sœur Bourgeoys en fut plus affligée que personne.
Sa charité, si attentive à garder toutes sortes de ménagements envers tous, l'obligeait à les observer surtout à l'égard des religieuses ursulines, auxquelles elle craignait que son voisinage ne fût à charge. Elle jugeait d'ailleurs que le bien public demandait que la Congrégation allât se fixer dans la basse ville, pour donner aux enfants de ce quartier la facilité de recevoir le bienfait de l'instruction gratuite, qu'un trop grand éloignement leur aurait fait négliger, principalement dans la mauvaise saison. Elle partit donc pour Québec, où elle arriva le 8 mai 1692.
« Je parle, dit-elle, à M. Glandelet, vicaire général, et à M. Hazeur, négociant de Québec, pour trouver une place en la basse ville. M. Hazeur m'offre deux logements à choisir : l'un à la plate-forme, qui servait de magasin, et un autre. « Nous avions vendu la maison de Monseigneur pour 2,510 livres, qu'il fallait remployer à notre nouvel emplacement; et nous achetons pour 7,500 celui de la
plate-forme. Car, outre qu'il fallait procurer un logement à nos sœurs, mon intention principale, en achetant cet emplacement, était d'avoir un lieu de retraite à Québec, tant pour nos sœurs qui y sont en mission, ou qui pourront y être dans les environs par la suite, que pour celles de Montréal, qui y vont et viennent. Je crois que la Providence de DIEU et le secours de la sainte Vierge nous assistèrent dans cette occasion car M. Hazeur me promit de ne jamais nous faire de peine pour le paiement, et nous fit un acte pour avoir part à ce qui pourrait se faire de bien dans notre maison (1). »
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(1) Ibid.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XIV. Embarras de la sœur Bourgeoys...
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. Embarras de la sœur Bourgeoys
pour satisfaire un créancier inexorable.
Mais pendant que M. Hazeur, homme plein de vertu et de religion, se montrait si bien disposé pour la Congrégation (*), le propriétaire qui avait vendu aux sœurs la maison de la haute ville, qu'elles ne devaient point occuper, mit la vertu de la sœur Bourgeoys à de rudes épreuves, par la rigueur avec laquelle il exigea le paiement qui lui en était dû, quoique la sœur fût alors dans l'impossibilité de le satisfaire.
Lorsque MM. du séminaire de Québec avaient vendu la maison donnée par M. de Saint-Vallier, et qu'ils avaient acheté celle de la haute ville, ils avaient eu l'intention de payer cette dernière par le prix de l'autre; mais, par un arrangement assez mal concerté, ils avaient engagé les sœurs à faire leur dernier paiement avant le temps où leur acquéreur devait leur faire le sien ; de sorte qu'à l'échéance elles se virent dans l'impuissance de le payer (1).
« Arrivée à Québec, dit la sœur Bourgeoys, je trouve nos sœurs bien embarrassées: notre vendeur les avait citées en justice devant M. l'intendant, et elles faisaient ce qu'elles pouvaient pour lui faire attendre le temps où elles devaient recevoir elles-mêmes leur paiement; mais en vain. Ceux qui s'entremettaient dans cette affaire s'avisent que la maison nous avait été vendue franche et quitte, et prétendent que, s'agissant de la payer, il fallait auparavant afficher un billet à la porte de l'église, pour savoir si personne ne s'opposerait à cette vente ; mais l'affiche ayant été mise, il ne se trouva point d'obstacle.
« On dit alors qu'on pouvait encore différer le paiement sous quelque autre prétexte. Tout cela était pour gagner du temps ; ce qui anima fort notre vendeur contre nous, jusqu'à dire qu'il ne pardonnerait pas le tort qu'on lui faisait. Je ne pus agréer tout cela, croyant d'ailleurs que ce délai était injuste. Il est vrai qu'on me dit que je ne m'en mêlerai pas ; mais devant DIEU je me trouve coupable, puisqu'il faut que je consente pour mes sœurs.
Là-dessus je parle à M. des Maizerets et à d'autres pour emprunter de l'argent; je ne trouve que 300 livres qu'on veut me prêter pour un mois, ce qui ne peut rien avancer…. »________________________________________(*) Les égards que M. Hazeur eut dans cette circonstance pour la sœur Bourgeoys, et l'estime qu'il témoigna pour la Congrégation, lui donnent droit de trouver place dans cette Vie; et nous croyons acquitter une dette de reconnaissance en rappelant ici le souvenir de cet homme de bien.
Une place de conseiller au conseil supérieur de Québec étant venue à vaquer, M. de Laval, ancien évêque de cette ville, qui connaissait la vertu et le mérite de M. Hazeur, jugea qu'il la remplirait très-dignement, et lui ordonna de la solliciter. De son côté, M. de Champigny, intendant du Canada, la demanda lui-même, en 1701, au ministre, pour M. Hazeur (1). Celui-ci en fut en effet pourvu, malgré les oppositions de M. Dauteuil, procureur général, qui alléguait que le candidat n'avait aucune connaissance du droit, et qu'ayant plus de cinquante ans, il était trop âgé pour l'apprendre (2).
M. Hazeur exerça donc la charge de conseiller, sans cesser pourtant de se livrer comme auparavant à des entreprises commerciales. L'une des plus considérables fut un établissement pour la pêche des marsouins dans le fleuve Saint-Laurent, pour lequel le roi lui faisait une gratification chaque année. Il eut aussi la sous-ferme de Tadoussac (3).
Dans l'exercice de sa charge de conseiller, il justifia pleinement les espérances que M. de Laval, M. de Callière et M. de Champigny avaient conçues de lui; car une preuve bien remarquable de l'intégrité et de la droiture de sa conduite, c'est qu'après le retour en France de M. de Champigny, et après la mort de M. de Callière, ses protecteurs, il mérita au même degré l'estime et la confiance de M. de Vaudreuil et de M. Raudot, qui leur succédèrent dans le gouvernement du pays. Au décès de M. Hazeur, ils écrivirent de lui en ces termes au ministre de la marine, le 14 novembre 1708 : « Le sieur Hazeur, conseiller au conseil supérieur de cette ville, est mort regretté de tout le monde à cause de son mérite, de sa vertu et de sa droiture. Il a laissé un fils avocat au parlement de Paris, qui remplira sa place si vous voulez bien avoir la bonté de lui accorder cette grâce.
Permettez, Monseigneur, aux sieurs de Vaudreuil et Raudot de vous représenter qu'en cette occasion les services du père doivent vous engager à procurer au fils cette place de la bonté de Sa Majesté (4).»
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(1) Archives de la marine, 11 novem. 1702.
(2) Ibid., 3 et 31 octob. 1701.
(3) Ibid., 21 mai 1708, État des gratifications.
(4) Lettres de MM. de Vaudreuil et Raudot, du 14 novembre 1708.________________________________________(1) Ibid.
A suivre : XV. La sœur Bourgeoys a recours à la très-sainte Vierge qui l’exauce à l’instant.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XV. La sœur Bourgeoys a recours à
la très-sainte Vierge qui l’exauce à l’instant.
« Enfin je ne sais plus que faire : je vais à la chapelle de la Sainte-Vierge des Jésuites, et je me jette à ses pieds, sans pouvoir lui faire d'autre prière que ces paroles : Sainte Vierge, je n'en puis plus.
« En sortant, je le trouve à la porte une personne à qui je n'avais nullement pensé, qui me demande comment allait notre affaire. Je puis, ajoute-t-il, vous prêter 1000 livres, argent de France, dont vous ne me paierez point d'intérêt, et qui peut-être vous demeureront, selon que mes affaires réussiront; n'en parlez à personne, vous pouvez vous en servir. Sans retourner à la maison, je mande mes sœurs Ursule et Saint-Ange chez cette personne, où je me rends. Là nous faisons une promesse payable à sa volonté, et nous recevons les 1,000 livres en louis d'or.
« En sortant de cette maison, je trouve notre vendeur et sa femme dans la rue, doux comme des agneaux. Je leur offre leur paiement, et je les mène de ce pas chez le notaire, pour tout acquitter et satisfaire à la somme qui leur était encore due ; et ainsi toute cette affaire fut terminée par le secours de la sainte Vierge. »
« Quant au paiement dû à M. Hazeur, ma sœur Raisin avait signé, l'année d'auparavant, une quittance de la gratification de 1,000 livres que le roi nous fait, sans avoir pourtant reçu d'argent ; et ma sœur étant morte sur ces entrefaites, nous disputions cette somme. Mais ne pouvant pas plaider contre la signature de ma sœur Raisin, je tenais cette somme pour perdue, lorsque M. de Turmenie entreprit cette affaire, et fit connaître à M. le trésorier que ces 1,000 livres nous étaient dues. Les voilà donc retrouvées, et je les offre à M. Hazeur, ne doutant pas que NOTRE-SEIGNEUR n'eût fait retrouver cette somme pour servir à ce paiement. Car je crois que toutes les gratifications du roi et de Québec, comme aussi les dons qu'on a faits à la communauté, ont été pour nous donner moyen de remplir nos emplois ; et que, par conséquent, nos filles qui vont en mission doivent en être assistées, aussi bien que celles qui sont à la communauté de Villemarie, et que c'est une justice de les étendre à toutes. En effet, Monseigneur voulut qu'on donnât à M. Hazeur les gratifications du roi pour achever son paiement (*). Je crois donc que la Providence de DIEU et le secours de la sainte Vierge remédièrent à nos besoins pour l'établissement de Québec (1). »____________________(*) M. de Saint-Vallier approuva tant la vente de la maison donnée par lui aux sœurs, que l'acquisition qu'elles avaient faite à la basse ville. Comme cependant la vente de la maison n'avait produit que 2,510 livres, et que les sœurs en avaient employé 7,500 pour leur nouvelle acquisition, il écrivit sur le contrat la clause suivante, pour servir à ses successeurs et aux sœurs elles-mêmes : « Nous avons agréé ladite vente, en nous réservant les droits qui nous peuvent appartenir, et à nos successeurs, sur la maison acquise à la basse ville (1). » Depuis l'année 1692, les sœurs de la Congrégation occupèrent cet emplacement, et y exercèrent leurs fonctions jusqu'en l'année 1844, qu'elles furent transférées à Saint-Roch.
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(1) Archives de l’archevêché de Québec.____________________(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XVI. Missions du Château-Richer, de la Chine et de la Pointe-aux-Trembles.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVI. Missions du Château-Richer, de la Chine
et de la Pointe-aux-Trembles.
Outre la mission de l'île d'Orléans et celle de Québec, la sœur Bourgeoys en forma bientôt une troisième au Château-Richer, qui ne fut pas moins utile que les précédentes. Dans les commencements, il y avait deux sœurs de la Congrégation dans chacune de ces missions, en sorte que six d'entre elles étaient employées à l'instruction et à la sanctification des jeunes filles de ces quartiers (1). La sœur Bourgeoys forma de plus deux autres missions: l'une à la Chine, l'autre à la Pointe-aux-Trembles, dans l'île de Montréal, les plus anciennes paroisses de cette île après celle de Villemarie. Dès qu'elles commencèrent à se peupler, les prêtres du séminaire y allèrent d'abord les jours de dimanche et de fête pour célébrer la sainte messe dans quelque maison des habitants (2), comme on faisait alors dans les paroisses où il n'y avait point encore d'église. Mais à mesure que le défrichement des terres y attirait plus de monde, ils y firent leur résidence habituelle, et la sœur Bourgeoys, sur leur demande, y établit alors des sœurs de la Congrégation pour l'instruction des enfants. A la Pointe-aux-Trembles, elles furent d'abord logées dans une maison d'emprunt près de l'église. En 1686 M. Tronson engageait M. Séguenot, qui desservait cette paroisse depuis vingt ans (3), à ne rien négliger pour y former d'une manière solide l'établissement des sœurs. « Deux filles de la Congrégation pour maîtresses d'école, lui écrivait- il, une maison propre pour les loger, et un fonds suffisant pour assister vos pauvres, vous seraient à la vérité d'un grand secours; et il faut faire ce que l'on pourra pour vous le procurer (1). »
Nous n'avons pas de documents assez circonstanciés pour pouvoir faire ici un dénombrement exact de toutes les missions établies par la sœur Bourgeoys. Nous parlerons dans la suite avec plus de précision de celles que les sœurs de la Congrégation formèrent à mesure que le pays se peupla. Mais ce que nous venons de dire suffit pour montrer la sagesse des vues de la sœur Bourgeoys dans la formation de son institut, destiné à concourir, par la sanctification de la jeunesse, à la formation de cette nouvelle Église. Car si elle eût consenti, comme elle en fut longtemps sollicitée, à imposer la clôture à ses filles, toutes les paroisses nouvelles qui se formaient, auraient été privées des avantages inappréciables de l'instruction qu'elles reçurent par ses soins; et les enfants, condamnés à la plus grossière ignorance, dont personne alors que des sœurs missionnaires n'était capable de les tirer, auraient passé leur vie dans l'oubli des devoirs les plus indispensables.
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 162-163.
(2) Archives du séminaire de Villemarie, 1675 ; publications faites à la Chine et à la Pointe-aux-Trembles.
(3) Lettres de M. Tronson, Canada, lettre à M. Séguenot du 28 mars 1695.
(1) Ibid., lettre du 15 avril 1686.
A suivre : Troisième Partie. Conduite de la Providence dans la conservation de l’Institut de la Congrégation.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
TROISIÈME PARTIE
CONDUITE
DE LA PROVIDENCE DANS LA CONSERVATION
DE L’INSTITUT DE LA CONGRÉGATION.
CHAPITRE PREMIER
PROVIDENCE PARTICULIÈRE DE DIEU
SUR LE TEMPOREL DE LA CONGRÉGATION.
I. Attention de la divine Providence
sur des sœurs durant les temps de disette.
L'établissement des missions qu'on vient de raconter, et les fruits qu'il produisit pour la sanctification des âmes, montraient assez que la Congrégation ne pouvait qu'être l'ouvrage de DIEU. Nous allons voir dans les soins de sa Providence à procurer aux sœurs les choses nécessaires à leur subsistance, une marque non moins assurée de l'approbation qu'il donnait à tous leurs desseins.
Pendant une année de disette, la sœur chargée de la boulangerie se voyant réduite un jour à n'avoir plus qu'un minot de farine, et jugeant qu'avec une si petite quantité il était inutile de faire du pain, la sœur Bourgeoys lui dit d'aller à son office, et lui promit que DIEU y pourvoirait. Sur cette assurance la sœur va se mettre à l'ouvrage; et, à son grand étonnement, elle voit la farine augmenter à vue d'œil dans le pétrin, en sorte que cet unique minot donna autant de pain que cinq minots avaient coutume d'en produire (1).
Dans une autre circonstance, où la communauté se voyait sans pain, et n'avait de ressource que dans l'arrivée des bateaux chargés de vivres qu'on attendait à Villemarie, il s'était élevé un vent contraire, qui, selon toutes les apparences, ne devait pas cesser ce jour-là. Cependant il était déjà quatre heures du soir, et on manquait de pain pour le souper. La sœur Bourgeoys, sachant l'embarras de la boulangère, lui envoya dire de se mettre en prière, et de demander à la très-sainte Vierge un changement de temps. Elle obéit; et incontinent, le temps venant à changer, il s'éleva un vent qui amena si promptement les barques, que les sœurs eurent tout ce qui leur était nécessaire pour le souper.
Un prodige longtemps subsistant et qui se passait sous les yeux de toute la communauté…
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 108.
A suivre…
Dernière édition par Louis le Ven 21 Déc 2012, 12:36 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
I. Attention de la divine Providence
sur des sœurs durant les temps de disette. (suite)
Un prodige longtemps subsistant et qui se passait sous les yeux de toute la communauté, c'était de voir qu'on retirât du grenier de la maison beaucoup plus de blé qu'on n'y en mettait. Les sœurs s'étant aperçues que leur supérieure allait quelquefois y prier secrètement, ne doutaient pas que cette multiplication ne fût l'effet de ses prières. Un jour elles furent tentées de mesurer la quantité de blé qu'il y avait alors, afin de savoir précisément en quoi consistait l'augmentation merveilleuse dont elles avaient des preuves incontestables. Mais la sœur Bourgeoys, ayant eu connaissance de leur dessein, vint les arrêter, en leur disant qu'il n'en faudrait pas davantage pour faire cesser les bienfaits de DIEU sur elles. Une année où le blé était à un prix excessif, la sœur dépositaire n'ayant pu en acheter que pour un mois, cette quantité suffit néanmoins pour nourrir la communauté pendant quatre mois entiers, prodige qu'elle attribua aux mérites de la sœur Bourgeoys, qui allait chaque jour prier auprès de ce monceau de blé (1).
M. Ransonet, dans la Vie qu'il a composée de la sœur Bourgeoys, d'où nous tirons ces détails, ajoute, en parlant de ce dernier trait: « La sœur de qui nous tenons ce fait racontait encore qu'une barrique de vin, après avoir été levée sur le fond, avait fourni pendant trois mois à l'usage ordinaire de la communauté et de l'hôpital, et que, quoique ce vin fût fleuri lorsqu'on leva le tonneau, il cessa de l'être ensuite ; merveilles qu'on attribua avec raison à la bénédiction que la sœur Bourgeoys avait donnée à ce vin. »
Enfin, comme sur DIEU eût voulu montrer qu'il n'assistait ainsi ses servantes qu'à cause de l'impossibilité absolue où elles étaient de se pourvoir d'ailleurs, dès que les bâtiments chargés de vin arrivèrent à Villemarie, la barrique cessa aussitôt de couler. Une personne digne de foi, ajoute le même écrivain, et qui a demeuré chez les sœurs de la Congrégation dès leur établissement, disait avoir vu un semblable prodige, une année que le vin manquant partout dans le pays, la Congrégation en fournissait au séminaire pour les messes et aux malades de la ville.
« La même personne nous a appris, dit-il encore, qu'un autre jour, le pain manquant pour le dîner, la sœur Bourgeoys, par fidélité au règlement, fit sonner l'examen particulier à l'heure ordinaire; et que pendant cet exercice. qui a lieu immédiatement avant le dîner, quelqu'un se présenta à la maison, et apporta aux sœurs le pain qui leur était nécessaire (1). »
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(1) Ibid. , p. 109-110.
(1) Ibid. , p. 111-112.
A suivre : II. Incendie de la maison de la Congrégation.
Dernière édition par Louis le Ven 21 Déc 2012, 12:37 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Incendie de la maison de la Congrégation.
Nous avons rapporté déjà que les sœurs de la Congrégation, désirant d'être un peu moins à l'étroit, et plus commodément logées qu'elles ne l'étaient dans la première maison qu'elles avaient fait bâtir, la sœur Bourgeoys consentit, quoique avec peine, à la construction d'une maison plus spacieuse. On a vu que cette grande maison, qu'elle regarda depuis comme contraire à l'esprit de simplicité et de pauvreté, fut pour elle un sujet de vives inquiétudes; jusque-là que pour expier en quelque sorte la prétendue faute qu'elle se reprochait d'avoir commise, en donnant son consentement pour la bâtir, elle promit alors de reprendre la bâtisse de Notre-Dame de Bon-Secours.
Il s'en fallait bien cependant qu'il y eût rien d'excessif dans les dimensions de cette maison qui, au contraire, devait bientôt se trouver insuffisante; ou plutôt, comme il entrait dans les vues de la Providence de fixer l'établissement des sœurs dans un emplacement plus vaste, et plus à la proximité de la population, qui se portait à la haute ville, on eût dit que DIEU voulut disposer la sœur Bourgeoys à l'accomplissement de ses desseins, en permettant que cette maison fût entièrement consumée par les flammes.
L'incendie éclata tout à coup dans la nuit du 6 au 7 décembre 1683, et anéantit en peu de temps, non-seulement la maison entière, mais tous les meubles et les effets qui y étaient. L'embrasement fut même si soudain et si violent, que deux d'entre les sœurs, l'une et l'autre très-utiles à la communauté, savoir : la sœur Geneviève Durosoy, assistante, et la sœur Marguerite Soumillard, nièce de la sœur Bourgeoys, périrent au milieu des flammes, et que même peu s'en fallut que toutes les autres n'y fussent enveloppées (1).
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 121.— Vie de la même, par M. Ransonet, p. 75-76.
A suivre : III. Sentiments de la sœur Bourgeoys sur l’incendie de sa maison…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
III. Sentiments de la sœur Bourgeoys
sur l’incendie de sa maison.
Sentiments des amis de la Congrégation.
La sœur Bourgeoys sentit plus vivement que personne tout ce qu'il y avait d'affligeant dans cet événement si lamentable, et un esprit moins fort et un cœur moins résigné que le sien y auraient infailliblement succombé. Elle regrettait surtout la perte de ses sœurs, non tant pour l'affection qu'elle leur portait, qu'à cause de sa communauté à laquelle elles étaient si utiles, et du bien qu'elles auraient pu opérer dans l'exercice de leurs fonctions. Elle les pleurait même avec des larmes d'autant plus amères, qu'elle se regardait comme la cause de ce triste accident (2).
« C'est, disait-elle, une juste punition du Ciel pour la faiblesse que j'ai eue, lorsque j'ai consenti, par un esprit peu conforme à la pauvreté, à l'humilité et à la mortification, dans lesquelles nous devions toujours vivre, qu'on ait bâti cette grande maison, pour nous mettre à l'abri de quelques légères incommodités que nous avions à supporter dans notre premier logis, et duquel nous aurions dû nous contenter. » Aussi ne regretta-t-elle nullement la perte de cette maison; tout au contraire, elle en rendit à DIEU de très-humbles actions de grâces : « Pour moi, écrit-elle, j'étais plus joyeuse que triste de cet incendie, à cause du sujet pour lequel cette grande maison avait été bâtie (1). »
Il n'y eut personne à Villemarie qui ne fût vivement touché d'un si triste événement; et tous les amis de la sœur Bourgeoys, en France et ailleurs, devaient y être aussi très-sensibles.
« L'incendie de la maison des sœurs de la Congrégation, écrivait M. Tronson, et surtout la perte de deux de leurs filles, nous ont fait compassion (2). »
M. de Laval, évêque de Québec, écrivait sur le même sujet à M. Dollier de Casson :
« J'ai été sensiblement touché de cet accident, et particulièrement de la perte des deux sœurs Geneviève et Marguerite, enveloppées dans l'incendie. C'était des fruits mûrs pour le ciel, mais qui étaient bien nécessaires à cette communauté. Les jugements de DIEU sont bien différents de ceux des hommes; c'est pourquoi il faut adorer les secrets de sa Providence et s'y soumettre. J'écris un mot bien à la hâte à la bonne sœur Marguerite Bourgeoys (3). »
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(2) Ibid.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. de Casson, du 7 août 1684.
(3) Archives du séminaire de Villemarie, lettre de M. de Laval, du 12 janvier 1684.
A suivre : IV. La sœur Bourgeoys se détermine à bâtir une maison plus spacieuse et à la haute ville.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IV. La sœur Bourgeoys se détermine
à bâtir une maison plus spacieuse et à la haute ville.
La sœur Bourgeoys, malgré sa profonde humilité, et nonobstant le déplaisir que lui avait causé la construction de la maison qui venait d'être réduite en cendres, comprit cependant que pour se conformer aux desseins de la divine Providence sur son institut, elle devait lui procurer une maison assez spacieuse pour qu'il pût y remplir ses fonctions (1) et procurer par là le bien des âmes.
Depuis qu'on avait construit l'église paroissiale sur la hauteur et que les ecclésiastiques du séminaire y avaient fait tracer des rues, la population commençait à se porter de ce côté, qu'on a appelé ensuite la haute ville. Le dessein de ces ecclésiastiques était d'y construire pour eux-mêmes un nouveau séminaire et la sœur Bourgeoys, se voyant dans la nécessité de reconstruire sa maison, résolut de la bâtir sur la hauteur, d'après le désir que toutes ses sœurs en avaient d'ailleurs témoigné depuis longtemps (2). Car elles y possédaient un terrain assez spacieux dont une partie leur servait de jardin ; et pour le rendre plus propre à leur établissement, le séminaire leur avait déjà cédé deux tiers d'arpent (3) qui en augmentant l'étendue de ce terrain, le rendirent contigu à celui des religieuses de l'Hôtel-Dieu Saint-Joseph (*).
Enfin, l'année qui précéda l'incendie de la Congrégation, M. Souart avait fait tracer une ligne entre les deux propriétés et poser, selon l'usage, deux grandes bornes, avec une estampille de plomb aux armes du séminaire (1), c'est-à-dire portant le monogramme de la sainte Famille JESUS, Marie, Joseph. Les choses en étaient là lorsque arriva l'incendie qui consuma la maison des sœurs, située à la basse ville. Il semblait donc que cet événement n'avait été ordonné par la divine Providence, que pour déterminer la sœur Bourgeoys à fixer sa communauté sur ce terrain, comme tout préparé d'avance, et qui devait se trouver un jour dans un point plus central pour la population.________________________(*) Lorsque les Iroquois harcelaient les colons de Villemarie, et qu'il n'y avait plus aucune sécurité pour ceux-ci d'aller travailler au loin dans les champs, où les ennemis, cachés en embuscade, les attaquaient par surprise, on céda aux colons l'usage de divers morceaux de terre, alors en bois debout sur le domaine de Saint-Gabriel, avec promesse de leur en donner d'autres défrichés et de même valeur dans l'étendue de l'île, lorsque les temps seraient devenus meilleurs (1). M. Zacharie Dupuy, major de Montréal, avait reçu alors l'usage de trois arpents de terre sur ce domaine, qui furent ensuite acquis par la sœur Bourgeoys, et qu'elle céda au séminaire pour ces deux tiers d'arpent en ville, joignant le jardin de la Congrégation.
(1) Archives du séminaire de Villemarie.________________________(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 122.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) lettres de M. Tronson, 1677.
(1) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
A suivre : V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU pour rebâtir la maison de la Congrégation.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.
Toutefois, après l'incendie, la sœur n'avait aucune espèce de ressource pour entreprendre cette nouvelle bâtisse. C'était ce que M. le marquis de Denonville écrivait au ministre en 1684 : « Les sœurs de la Congrégation, qui font de grands biens à toute la colonie sous la conduite de la sœur Bourgeoys, disait-il, furent incendiées l'an passé, où elles perdirent tout; il serait nécessaire qu'elles se rétablissent; mais elles n'ont pas le premier sol (1). »
M. Tronson avait cru que cet accident procurerait aux sœurs quelque gratification extraordinaire de la cour (2); elles n'en reçurent que 500 livres (3).
DIEU le voulut sans doute ainsi pour être reconnu le seul soutien de cette communauté; car jamais la cour n'accorda un si faible secours à aucun établissement public, pour l'aider à se relever après un accident de cette nature.
Se voyant donc privée de toute ressource temporelle, la sœur Bourgeoys mit sa confiance au secours de DIEU ; et pour attirer plus sûrement sa bénédiction sur cette nouvelle entreprise, dont elle n'espérait le succès que de lui seul, elle fit signer à toutes ses filles un acte bien digne de sa religion et de sa ferveur: « Nous avons fait un écrit, rapporte-t-elle, par lequel nous avons promis à DIEU que si nous demandions ce rétablissement, c'était pour être plus fidèle que nous ne l'avions été par le passé à pratiquer la perfection évangélique (4). »
Sa confiance ne fut pas vaine…
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(1) Archives de la marine, Canada, lettre de M. Denonville, du 13 novembre 1684.
(2) Lettres de M. Tronson; Canada, lettre à M. de Casson, du 7 août 1684.
(3) Archives de la marine ; Canada; registre des expéditions, 1685, fol. 40, état de la dépense.
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre…
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