Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

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Message  Louis Dim 23 Déc - 7:59

V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.


(suite)

Sa confiance ne fut pas vaine, et l'événement montra bientôt que DIEU n'avait permis cet incendie que pour faire paraître d'une manière plus sensible la continuité de ses soins sur leur communauté. Car il toucha si puissamment les cœurs en faveur de la
Congrégation, que des personnes dévouées à cette œuvre fournirent à la sœur Bourgeoys le moyen de bâtir en pierre une maison plus grande, plus solide et plus régulière que ne l'était l'autre, et qui répondit mieux aux besoins des sœurs, à ceux des écoles externes et du pensionnat: ce que chacun admira comme une marque visible de la bénédiction de DIEU sur ces saintes filles.

La mère Juchereau, dans son Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, leur rendait ce beau témoignage après l'événement dont nous parlons: « Elles étaient si remplies de confiance en DIEU, qu'elles commencèrent à bâtir n'ayant que 40 sols. Leur espérance ne fut pas trompée; car, avec si peu de fonds, la Providence les aida si bien, qu'elles ont élevé une des plus florissantes communautés du Canada, dont la bonne odeur se répand dans tout le pays (1). »

La sœur Morin ajoute de son côté : « Après que la seconde maison toute de pierre que les sœurs de la Congrégation avaient bâtie, a été consumée par leur incendie, elles en ont édifié une troisième, dans une autre place, où elles sont aujourd'hui, qui touche d'un côté à notre enclos et nous fait voisines; elle est grande et spacieuse, et des mieux bâties de la ville (1) (*). »

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(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 129.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie.

A suivre : Explication du (*)…

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Message  Louis Dim 23 Déc - 13:55

V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.


(suite: explication du *)

(*) La sœur Bourgeoys fit construire successivement trois maisons pour sa communauté. Dans un endroit de ses mémoires, parlant de la deuxième, celle qui fut consumée par l'incendie, elle s'exprime en ces termes: « Nos sœurs demandaient d'être mieux logées. Il y avait longtemps que nous espérions de faire bâtir sur le haut (1); et moi, sans consulter DIEU , ni, comme je crois, le supérieur, je dis que nous bâtirions. »

Si par ces paroles sur le haut , il fallait entendre l'emplacement de la haute ville où les sœurs sont aujourd'hui établies, comme l'a conclu M. Montgolfier (2) il faudrait reconnaître que la sœur Bourgeoys aurait mêlé ici au récit de la bâtisse de sa deuxième maison une circonstance relative à la troisième; ce qui n'aurait rien d'étonnant, puisqu'elle n'écrivit ses mémoires qu'en 1698, sans y garder aucun ordre, et que d'ailleurs nous avons vu qu'elle a fait une confusion semblable au sujet d'une particularité de son troisième voyage en France, qu'elle a reportée au second.

Car il est hors de doute que la deuxième maison était à la basse ville, sur la rue Saint-Paul, entre cette rue et le fleuve Saint-Laurent, et sur le terrain même que M. de Maisonneuve avait donné à la sœur Bourgeoys en 1658 pour servir aux écoles. C'est ce que suppose le contrat de cession de 1690, par lequel les sœurs de la Congrégation abandonnèrent ce même terrain à l'Hôtel-Dieu, conformément à la condition que M. de Maisonneuve leur avait imposée dans le cas où elles se transporteraient ailleurs (3).

C'est aussi ce que déclare expressément la sœur Morin , comme on vient de le voir, et ce qui paraît d'ailleurs par un ancien plan de Villemarie conservé au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, où la maison qui fut incendiée est figurée dans l'endroit de la rue Saint-Paul que nous désignons. Ces observations pourront servir de correctif à ce qu'on lit dans la Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Montgolfier, que cette maison était située dans le lieu où est aujourd'hui la maison des sœurs (1).

__________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 85.
(3) Acte de Basset, notaire du 26 septembre 1690
(1) Vie , p. 85.


M. de Saint-Vallier, après son…


A suivre…

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Message  Louis Lun 24 Déc - 7:13

V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.


(suite)

M. de Saint-Vallier, après son arrivée en Canada, avant visité les sœurs de la Congrégation à Villemarie, fut si frappé de la facilité et de la promptitude avec laquelle elles s'étaient rétablies après leur incendie, qu'il ne put s'empêcher d'en témoigner son étonnement dans la relation de son voyage qu'il publia peu après :

« C'est une merveille, dit-il, qu'elles aient pu subsister après l'accident qui leur arriva il y a trois ou quatre ans: toute leur maison fut brûlée en une nuit; elles ne sauvèrent ni leurs meubles, ni leurs habits, trop heureuses de se sauver elles-mêmes: encore y en eut-il deux d'entre elles qui furent enveloppées dans les flammes. Le courage de celles qui échappèrent les soutint dans leur extrême pauvreté ; et quoiqu'elles fussent plus de trente, la divine Providence pourvut à leurs pressantes nécessités. Il semble même que cette calamité n'ait servi qu'à les rendre plus vertueuses et plus utiles au prochain; car il n'y a point de bien qu'elles n'aient entrepris depuis ce temps-là (1). »

Les sœurs de la Congrégation ayant donc quitté l'emplacement que M. de Maisonneuve, au nom des seigneurs, avait donné à la sœur Bourgeoys avec l'étable, en 1658, et sur lequel elles avaient demeuré jusque alors, se transportèrent dans leur nouvelle maison, sur le terrain qu'elles occupent encore aujourd'hui. Comme il avait été stipulé que si un jour la sœur Bourgeoys se fixait ailleurs, les religieuses de Saint-Joseph pourraient prendre ce premier terrain en toute propriété, en payant le prix des bâtiments, la sœur le leur céda le 26 septembre 1690; et elles lui comptèrent 1,800 livres, somme à laquelle ces bâtiments furent estimés (1). Ils servirent depuis de ménagerie à l'Hôtel-Dieu (2).

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(1) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in-8º, p. 64-65.
(1) Archives de la Congrégation, acte du [/i] 26 septembre 1690.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.

A suivre : VI. La sœur Bourgeoys forme le dessin de construire une église…


Dernière édition par Louis le Lun 24 Déc - 17:08, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 24 Déc - 14:14

VI. La sœur Bourgeoys forme le dessin de construire
une église pour posséder le très-saint Sacrement dans sa maison.

Après que les sœurs de la Congrégation furent établies dans leur nouvelle demeure, la sœur Bourgeoys forma le dessein d'y construire une église, pour jouir enfin de la faveur qu'elle demandait à DIEU depuis longtemps, de posséder le très-saint Sacrement dans sa maison. Les sœurs n'ayant eu jusque alors qu'un petit oratoire, contigu aux autres pièces qui étaient à l'usage de la communauté, elle n'avait pas jugé que ce lieu fût assez décent pour y conserver la sainte Eucharistie.

Enfin, pressée par le désir ardent qu'elle éprouvait de procurer à ses filles un trésor si inestimable, elle résolut, de concert avec elles, en l'année 1692, de faire construire une église dans l'enclos de la Congrégation (1). M. Dollier approuva volontiers ce dessein, ne doutant pas que DIEU ne l'eût inspiré à sa fidèle servante, et ne lui fournît les moyens de l'exécuter, quoiqu'elle n'eût rien alors pour l'entreprendre.

La nouvelle de ce projet se répandit aussitôt dans la ville. Il y avait à Montréal une très-sainte fille qui vivait en grande odeur de vertu. C'était Jeanne Le Ber, fille de M. Jacques Le Ber, le plus riche négociant du Canada, dont nous avons parlé déjà dans cette Vie. Elle n'eut pas plutôt appris le dessein de la sœur Bourgeoys, qu'elle offrit de lui avancer la plus grande partie de la somme nécessaire à cette construction; et son frère, M. Pierre Le Ber, promit de son côté de donner toute la pierre de taille qui serait employée aux croisées de l'église.

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(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Vie de Mlle Le Ber, par M. de Montgolfier.

A suivre : VII. Vertus de Mlle Le Ber…


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Message  Louis Mer 26 Déc - 8:24

VII. Vertus de Mlle Le Ber, recluse dans la maison de ses parents.

Mlle Le Ber, qu'il est à propos de faire connaître ici, fut une de ces âmes d'élite que DIEU se plut à donner à Villemarie, pour retracer dans cette colonie naissante les mœurs et la perfection des premiers chrétiens. Après avoir reçu son éducation chez les Ursulines de Québec, à peine revenue dans la maison de ses parents, elle fréquenta les sœurs de la Congrégation, dont la ferveur était comme un parfum qui fortifiait et embaumait son âme ; car l'air de sainteté qu'on semblait respirer dans cette maison, les vertus éminentes de la fondatrice, le nom même de Congrégation de Notre-Dame, attiraient suavement et fortement le cœur de Mlle le Ber aux pratiques les plus sublimes de la vie parfaite. Dès sa dix-septième année, elle fit vœu de chasteté pour l'espace de cinq ans; et du consentement de M. Le Ber son père, elle exécuta le dessein qu'elle avait formé de vivre retirée dans sa maison, à l'imitation des anciennes recluses. Là elle était toujours renfermée dans sa cellule, sans avoir de rapport qu'avec la personne chargée de lui apporter à manger, partageant son temps entre la prière, la lecture et le travail, et se livrant à toutes les rigueurs de la pénitence (1).

Le 5 août 1691, son frère Jean Le Ber Duchesne, âgé d'environ 23 ans, qui commandait un détachement, fut blessé par les Anglais au combat de la prairie de la Madeleine (2), et mourut fort chrétiennement quelques jours après dans la maison de son père (3). La sœur Bourgeoys, accompagnée de la sœur Barbier, s'empressa de se rendre dans cette maison éplorée, pour compatir à la douleur des parents, et pour ensevelir le corps du défunt, selon la pratique qu'elle avait toujours observée dans ces sortes de rencontres.

Mlle Le Ber parut alors un moment devant les deux sœurs, leur mit entre les mains ce qui était nécessaire pour ensevelir le corps de son frère, et, sans leur dire un mot, elle se retira incontinent dans sa cellule pour prier, laissant ainsi remplies d'étonnement et d'édification la sœur Bourgeoys et sa compagne, qui ne pouvaient se lasser d'admirer tant de fidélité à DIEU et tant de constance dans une pareille occasion (1).

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(1) Ibid. – Eloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté, par M. de Belmont.
(2) Registres de la paroisse de Villemarie.
(3) Archives de la marine : Canada 2 septembre 1691, relation de la campagne, etc.
(1) Vie de Mlle Le Ber.

A suivre : VIII. Mlle Le Ber fait construire l’église de la Congrégation…

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Message  Louis Mer 26 Déc - 13:36

VIII. Mlle Le Ber fait construire l’église de la Congrégation,
pour s’y ménager un appartement et y vivre recluse.

En offrant de contribuer à la bâtisse de l'église de la Congrégation, Mlle Le Ber ne se proposait pas seulement de procurer par là à la sœur Bourgeoys et à ses filles le bonheur qu'elles désiraient si ardemment ; elle avait encore en vue de se donner à elle-même la facilité de pouvoir répandre son cœur devant JESUS-CHRIST au saint Tabernacle, en ménageant dans la construction de ce bâtiment une cellule, où elle désirait de demeurer recluse le reste de ses jours. Lorsqu'elle se fut renfermée dans la maison de son père, elle n'en sortait au commencement que pour les offices de la paroisse ; mais comme son amour pour la solitude souffrait encore beaucoup de ces sorties, elle obtint ensuite de ne quitter sa retraite que pour la sainte messe, même les jours des plus grandes solennités, et de passer le reste de la journée dans sa cellule, occupée aux exercices qui lui étaient prescrits. Par là, elle se privait de la jouissance si douce pour son cœur de visiter NOTRE-SEIGNEUR au très-saint Sacrement; et comme elle sentait vivement cette privation, elle fut ravie de contribuer à la construction de l'église des sœurs, où elle pourrait goûter sans cesse cette jouissance.

Elle désira donc que dans le fond de l'église, et derrière l'autel, on réservât pour son propre usage un petit espace divisé dans sa hauteur en trois étages, avec un petit guichet au rez-de-chaussée, destiné à lui servir de grille pour la confession, et où elle pût recevoir la sainte Eucharistie. Le plan de l'église ayant été ainsi arrêté, on en commença la construction vers la fin de l'année 1693, et en moins de deux ans elle fut entièrement achevée (1).

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(1) Vie de Mlle Le Ber.

A suivre : IX. Avant que l’église soit achevée, les sœurs…

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Message  Louis Jeu 27 Déc - 6:57

IX. Avant que l’église soit achevée,
les sœurs possèdent le très-saint Sacrement,
à l’occasion de l’incendie de l’Hôtel-Dieu.

Quelque diligence que fissent les ouvriers pour avancer ce bâtiment, les sœurs de la Congrégation, toujours plus désireuses de posséder NOTRE-SEIGNEUR au milieu d'elles, eurent la pensée, vers la fin du mois de février 1695, de commencer une neuvaine pour obtenir de sa bonté qu'il lui plût de hâter le moment d'une si précieuse faveur: et la neuvaine n'était pas encore achevée, qu'elles furent autant surprises qu'affligées de se voir comme exaucées à l'occasion que nous allons dire.

Dans la nuit du 24 au 25 février le feu prit inopinément au clocher et de là à l'église de l'Hôtel-Dieu, et en peu de temps l'incendie se communiqua avec une rapidité si effrayante, qu'on craignait, avec raison, que la ville entière ne fut consumée. M. Dollier, informé de ce danger, se transporte au lieu même de l'incendie avec le très-saint Sacrement, suivi de tous les prêtres du séminaire et de presque tous les citoyens, pour conjurer DIEU d'avoir pitié de son peuple. Au même instant le vent changea tout à coup, et porta la flamme du côté opposée, ce qui fit éclater la multitude en transports d'actions de grâces envers NOTRE-SEIGNEUR , pour une marque si visible de sa protection. Mais le feu, en épargnant la ville, se dirigea soudain sur les bâtiments de l'hôpital. Alors un religieux récollet, le père Denys, entra hardiment dans l'église de cette maison, dont le comble était déjà tout en feu, en retira le très-saint Sacrement, le déposa d'abord chez un négociant, M. Arnaud, et de là, lorsque le jour fut venu, le transporta dans l'oratoire des sœurs de la Congrégation (1).

« Je vous laisse à méditer, dit la sœur Morin en rapportant ces détails, quelle fut leur consolation à l'arrivée de ce divin hôte, se voyant sitôt exaucées. II est vrai qu'elles ne pensaient pas qu'il nous en dû tant coûter à nous, pour leur procurer cette faveur. Mais DIEU le fit ainsi pour notre bien à toutes (1). »

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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(1) Ibid.

A suivre : X. Les sœurs de l’Hôtel-Dieu et leurs malades sont logés à la Congrégation.

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Message  Louis Jeu 27 Déc - 12:51

X. Les sœurs de l’Hôtel-Dieu et leurs malades sont logés à la Congrégation.

Dès que le jour commença à paraître, M. Dollier envoya l'un des ecclésiastiques du séminaire pour conduire les sœurs de Saint-Joseph, au nombre de trente, dans la maison de la Congrégation, où l'on s'empressa de leur donner toutes les marques de la charité la plus sincère et la plus généreuse. Les malades, qui s'étaient d'abord enfuis par les fenêtres, et étaient dispersés çà et là, furent logés et soignés au séminaire au nombre de vingt-six, en attendant qu'on eût disposé dans la maison de 1a Congrégation (2) un lieu convenable pour les recevoir.

Enfin, dans l'accablement où se trouvaient les sœurs de Saint-Joseph, sans maison et dépouillées de tout, elles eurent la dévotion d'aller implorer l'assistance de la très-sainte Vierge dans son église de Bon-Secours, où elles se rendirent le dimanche suivant, 28 février, chacune ayant à côté d'elle une sœur de la Congrégation, et toutes marchant en silence. Les sœurs de Saint-Joseph demeurèrent dans la maison de la Congrégation l'espace de neuf mois (3). Mais avant qu'elles en sortissent l'église nouvelle que Mlle Le Ber faisait construire ayant été achevée, cette sainte fille quitta la maison de son père et alla se renfermer dans la cellule qui devait être son tombeau.


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(2) Archives de la marine.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.


A suivre : XI. Mlle Le Ber entre à la Congrégation pour y vivre recluse.


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Message  Louis Ven 28 Déc - 7:39

XI. Mlle Le Ber entre à la Congrégation pour y vivre recluse.

La veille du jour où eut lieu cette cérémonie, elle abandonna aux sœurs toutes les sommes qu'elle leur avait avancées pour la construction de leur église, et leur assura encore une rente de 500 livres pour sa pension et pour celle d'une de ses parentes, qui devait lui rendre les services les plus indispensables.

La cérémonie de la reclusion eut lieu un vendredi 5 août 1695, fête de Notre-Dame-des-Neiges, vers cinq heures du soir (1), et fut accompagnée de l'appareil le plus propre à faire dans les cœurs de profondes impressions. Après les vêpres. M. Dollier, en qualité de grand-vicaire, l'évêque étant alors absent, se rendit avec tout le clergé à la maison de M. Le Ber, d'où l'on partit processionnellement, en chantant des psaumes et d'autres prières convenables à la circonstance. Mlle Le Ber, vêtue d'une robe de couleur grise avec une ceinture noire, suivie de son vertueux père et d'un grand nombre de parents et d'amis invités à cette cérémonie, marchait à la suite du clergé, et à la vue de toute la ville, accourue en foule.

Un spectacle si rare et si nouveau tira des larmes des yeux des assistants. M. Le Ber, qui avait offert cinquante mille écus de dot à sa fille, si elle eût voulu s'établir dans le monde, fit paraître dans cette occasion toute la générosité de sa foi, en se privant ainsi de celle qui semblait devoir être le soutien et la consolation de sa vieillesse (2). Mais lorsqu'on fut arrivé à l'église des sœurs, les émotions que lui faisait éprouver la tendresse paternelle devinrent si vives et si pressantes, qu'il fut contraint de se retirer, sans assister à la cérémonie de la reclusion (1).

M. Dollier bénit la petite chambre de la recluse, et assisté de tout le clergé et des sœurs la Congrégation, il fit à Mlle Le Ber une courte exhortation qu'elle écouta à deux genoux. Après quoi, pendant qu'on chantait les litanies de la sainte Vierge, il la conduisit à ce petit appartement, où elle s'enferma elle-même.

« J'ai été bien réjouie, dit la sœur Bourgeoys dans ses Mémoires, le jour que Mlle Le Ber est entrée dans cette maison en qualité de solitaire. M. Dollier, grand-vicaire, l'exhorta à persévérer dans sa reclusion, comme sainte Madeleine était demeurée dans sa grotte. Elle n'en sort point en effet, et ne parle à personne; on lui porte son vivre par une porte qui est au dehors de la chapelle, et on le lui donne par une petite ouverture. Elle a aussi une petite grille dans sa chambre qui lui donne vue sur le Saint-Sacrement, et y reçoit la sainte Communion (2). »

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(1) Eloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté, par M. de Belmont. Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys. Acte de la cérémonie de la réclusion de Mlle Le Ber, par M. Dollier.
(2) Vie de Mlle Le Ber, par M. Montgolfier.
(1) Eloges de quelques personnes etc., par M. de Belmont.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XII. Le très-saint Sacrement repose enfin dans l’église de la Congrégation.


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Message  Louis Ven 28 Déc - 13:38

XII. Le très-saint Sacrement repose enfin dans l’église de la Congrégation.

« Le lendemain, fête de la Transfiguration, ajoute la sœur Bourgeoys, on célébra la grand' messe, on exposa le Saint-Sacrement, et M. le grand-vicaire donna les quarante heures. »

Ce jour-là on offrît donc le saint sacrifice pour la première fois dans la chapelle de la Congrégation, et ce fut avec une pompe égale à la joie que les sœurs éprouvaient de posséder enfin NOTRE-SEIGNEUR dans leur maison, où il ne cessa de résider depuis ce moment. M. Dollier en parle ainsi dans l'acte de la reclusion de Mlle Le Ber:

« Le 6 août, je bénis la chapelle de la Congrégation; et incontinent après on célébra la grand'messe, ce qu'on accompagna de toute la symphonie dont le Canada pouvait être capable. Il y eut grand monde, entre autres personnes M. Le Ber. Le jour précédent il avait bien amené sa très-chère et unique fille à la Congrégation; mais par excès de tendresse, n'ayant pu assister à la cérémonie de l'entrée, il vint à celle du lendemain, pour témoigner que, malgré les excès de son amour paternel, c'était de bon cœur qu'il consacrait à DIEU pour sa gloire, et pour le bien de ce pays, cette très-chère consolation du reste de ses jours, s'immolant avec sa très-chère fille au Tout-Puissant pour le même sujet. En sorte que DIEU a deux victimes recluses dans ce lieu ; car s'il a le corps et l'esprit de la fille, on ne peut pas douter qu'il n'y ait aussi le cœur de ce très-bon père, qui reste sans secours dans le monde, âgé 64 ans (1). »

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(1) Eloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté.

A suivre : XIII. Reconnaissance de la sœur Bourgeoys pour cette faveur.

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Message  Louis Sam 29 Déc - 7:44

XIII. Reconnaissance de la sœur Bourgeoys pour cette faveur.

La sœur Bourgeoys, se voyant au comble de ses vœux par la possession assurée du très-saint Sacrement au milieu de ses sœurs, ne mit point de bornes à sa reconnaissance envers la bonté divine. Trois ans après qu'elle eut obtenu cette faveur, elle rédigea une formule d'actions de grâces que nous rapporterons ici comme un monument, tant de sa propre religion envers l'adorable mystère de la très-sainte Eucharistie, que de celle qu'elle s'efforçait d'inspirer à ses sœurs.

« Comme voilà, dit-elle, la troisième année que notre DIEU , le souverain de tous les êtres, le créateur du ciel et de la terre et de toutes choses, a bien voulu prendre une place dans cette maison, dans laquelle on célèbre la sainte messe, on fait la sainte communion, les confessions et toutes autres dévotions permises, je ne trouve point de terme pour lui rendre des actions de grâces pour tous les bienfaits que nous avons reçus de sa majesté divine, spécialement de cette mémorable faveur de le posséder au très-saint Sacrement de l'autel. Tout ce que nous pouvons faire est que, sa bonté ayant agréé que la sainte Vierge soit notre institutrice, nous nous servions de ce moyen pour nous acquitter envers lui, afin que, nous mettant toutes en la compagnie de cette divine mère et en celle des neuf chœurs des anges, nous ramassant toutes comme autant de petits filets mis ensemble et bien unis, nous tâchions, en reconnaissance des bienfaits de DIEU, et avec le secours de sa grâce, l'intercession de la sainte Vierge et des saints anges, de remplir les obligations de notre état dans l'éducation des enfants (1). »

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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie…


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Message  Louis Sam 29 Déc - 13:48

XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie.
Efforts inutiles des religieuses de Troyes
et d’autres communautés pour s’y établir.

Le rétablissement si prompt de la Congrégation après l'incendie que nous avons raconté, la construction si providentielle du nouveau bâtiment, l'œuvre des missions développées alors avec tant de succès ; tous ces événements faisaient assez connaître que DIEU avait spécialement choisi la sœur Bourgeoys et ses filles pour procurer, par l'éducation chrétienne des enfants, la sanctification de la colonie. Mais comme s'il eût voulu montrer qu'il avait donné à la Congrégation, de préférence à toute autre communauté, sa grâce et son esprit pour Villemarie, il se plut à rendre constamment inefficaces les tentatives que firent pour s'y établir d'autres instituts animés des vues les plus pures. Il est même à remarquer que, jusqu'à ce jour, la Congrégation, sans avoir jamais rien fait de sa part pour écarter aucune autre communauté, y a été seule en possession de l'instruction des jeunes filles.

DIEU fit paraître sa volonté à cet égard avant même l'arrivée de la sœur Bourgeoys à Villemarie, lorsqu'il refusa, comme nous l'avons raconté, les services que les religieuses de la Congrégation de Troyes désiraient avec tant d'ardeur d'aller lui rendre dans ce lieu. Vers le même temps, Mme de La Peltrie, fondatrice des Ursulines de Québec, si zélée pour le salut des âmes, fit de son côté tous les efforts imaginables pour attirer ces religieuses à Villemarie; et DIEU, qui sans doute lui avait inspiré ce dessein pour manifester plus tard le choix qu'il avait fait de la Congrégation, rendit encore ce projet inefficace. Il voulut que les directeurs de cette pieuse veuve l'obligeassent d'y renoncer (*).

Plus tard, et après la formation de la Congrégation à Villemarie, quelques religieuses de Paris, touchées d'un désir très-ardent de travailler au salut des âmes, conçurent aussi le dessein d'aller d'y établir, et en concertèrent les moyens pendant plusieurs années (1). Mais, au rapport de M. Tronson, qui ne paraît pas s'y être montré favorable, ce projet échoua encore cette fois par manque de secours temporels (2).

__________________________________

(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. Le Fèvre, du 5 avril 1677.
(2) Ibid. , Lettre au même, du 1er juin 1677.

A suivre : explication du (*)

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Message  Louis Dim 30 Déc - 7:39

XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie.
Efforts inutiles des religieuses de Troyes
et d’autres communautés pour s’y établir.


Explication du (*).

(*) Mme de la Peltrie, uniquement désireuse de procurer la gloire de DIEU, avait été si touchée de la piété et de la ferveur des colons arrivés en 1641 avec M. de Maisonneuve, pour commencer l'établissement de Villemarie (1), qu'elle avait quitté les religieuses Ursulines de Québec pour se joindre à eux.

« Les personnes qui vinrent l'an passé pour établir l'habitation de Montréal, écrivait en 1642 la mère de l'Incarnation, ne furent pas plutôt arrivées qu'elle se retira avec eux. Mais ce qui m'afflige sensiblement, c'est son établissement à Montréal, où elle est dans un danger évident de la vie, à cause des Iroquois; et, ce qui est le plus touchant, elle y reste contre le conseil des RR. PP. Jésuites et de M. le gouverneur (M. de Montmagny), qui ont fait tout leur possible pour la faire revenir. Ils font encore une tentative pour lui persuader son retour; nous en attendons la réponse, qu'on n'espère pas nous devoir contenter. Ses intentions sont bonnes et saintes ; car elle me mande que le sujet qui la retient à Montréal, est qu'elle cherche le moyen d'y faire un second établissement de notre ordre, au cas qu'elle rentre dans la jouissance de son bien (1). »

Mais Mme de La Peltrie s'étant déjà engagée verbalement à être la fondatrice des Ursulines à Québec, où elle ne pouvait les aider qu'assez faiblement, son directeur lui ordonna avec raison de renoncer au dessein d'entreprendre une nouvelle fondation à Villemarie, au détriment de la première. Elle retourna donc à Québec (2), et eut besoin de toute sa vertu pour obéir.

« Nos Pères lui ont entendu assurer, sur la fin de ses jours, » rapporte le père Le Clercq, récollet, « que rien ne lui avait été plus sensible. Mais enfin il fallut se restreindre au monastère de Québec (3). »

_________________________________

(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(1) Lettres de Marie de l’incarnation, 1681, II e partie, lettre xxvie, p. 369-370.
(2) Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(3) premier établissement de la foi dans la Nouvelle-France, 1691, t. II, p. 39-40.

A suivre : XV. Projet pour établir les religieuses de la Visitation à Villemarie pour y instruire la jeunesse.

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Message  Louis Dim 30 Déc - 12:57

XV. Projet pour établir les religieuses de la Visitation
à Villemarie pour y instruire la jeunesse.

Enfin, indépendamment des autres tentatives semblables, faites en 1653, en 1659, en 1670, pour établir les Ursulines de Québec à Villemarie, comme on l'a raconté déjà, la sœur Bourgeoys et ses filles étaient à peine logées dans leur nouvelle maison, après l'incendie, qu'on forma le dessein d'attirer dans cette ville des religieuses Visitandines pour y ouvrir un pensionnat. Il paraît que M. de Saint-Vallier, qui venait de repasser en France, après son premier voyage en Canada, n'y était pas opposé.

M. Tronson n'en porta pas le même jugement.

Convaincu que DIEU seul peut créer de nouveaux établissements dans son Église, et les y conserver tous les jours de leur existence, il avait pour maxime particulière de n'en former aucun qu'après des signes évidents de sa volonté, et il ne crut pas en voir d'assez manifestes dans cette circonstance. Il jugea plutôt, et avec raison, qu'après l'établissement de ce nouveau pensionnat à Villemarie, les sœurs de la Congrégation auraient peine à y subsister, celles-ci, par un rare désintéressement, donnant gratuitement l'instruction à toutes les petites filles de la ville et des côtes, sans avoir d'autre ressource pour vivre que le travail de leurs mains, et la très-modique rétribution qu'elles recevaient de leurs pensionnaires.

Comme donc il était assuré que la sœur Bourgeoys et ses filles avaient reçu une mission spéciale pour Villemarie, il jugea qu'il devait s'opposer au projet des Visitandines, pour seconder la volonté de DIEU, qui ne pouvait en effet être contraire à ses propres desseins; et il s'empressa d'écrire aux Messieurs du séminaire pour leur marquer la ligne de conduite qu'ils devaient suivre dans cette affaire importante.



A suivre : XVI. Sentiment de M. Tronson sur ce projet, qu’il juge contraire au dessein de DIEU sur la Congrégation.

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Message  Louis Lun 31 Déc - 7:31

XVI. Sentiment de M. Tronson sur ce projet,
qu’il juge contraire au dessein de DIEU sur la Congrégation.

« Je crains fort, disait-il dans sa lettre à M. Dollier, que, pour vouloir faire trop de bien avec trop d'empressement, on ne gâte bien des choses. Je dis ceci au sujet de l'établissement des religieuses de la Visitation de Sainte-Marie, qu'on propose d'établir dans l'île de Montréal ; car je ne sais si cette nouvelle communauté ne ferait point tort à celle des filles de la Congrégation, qui y sont déjà établies, et qui font bien. Ce nouvel établissement affaiblirait assurément celui de la sœur Bourgeoys. Aussi, bien loin que je puisse entrer dans ce dessein, je suis très-convaincu qu'on ne doit point y penser. Il ne faut rien faire sur cela sans consulter Mgr l'évêque de Québec l'ancien, et je m'assure que vous le trouverez dans ces mêmes sentiments. Il repasse cette année en Canada; et ses vues feront connaître ce que DIEU demande de nous en cette occasion. Vous connaissez sa piété, son désintéressement, sa prudence et ses lumières; il sait ce que c'est que le pays; il connaît mieux que personne l'état de son Église. Nous ne cherchons tous que la volonté de DIEU, et c'est là le moyen de la connaître. J'estime extrêmement le zèle ; mais je le crains extraordinairement, quand il est trop ardent.

« Je vous ai écrit cet article de ma lettre sans penser à ce que je vous avais marqué déjà. Mais je suis bien aise de cette inadvertance, parce que vous trouverez ici mes pensées et mes sentiments plus amplement et plus nettement exprimés sur cette affaire, qui me paraît de très-grande importance (1). »

M. Tronson ajoutait à sa lettre : « Depuis que j'ai écrit l'article ci-dessus, j'ai parlé à Mgr l'évêque de Québec et à M. de Saint-Vallier de l'établissement des religieuses de la Visitation dans Montréal, et ils conviennent tous deux qu'il ne faut point y penser. Les inconvénients m'y paraissent si grands, que je m'étonne que l'on ait pu écouter cette pensée. »

___________________________________

(1) Lettre à M. Dollier de Casson, du 20 mai 1687.— Lettre du 8 mai 1687

A suivre : XVII. Nouveau projet des Ursulines de Québec; elles s’adressent à M. Dollier.


Dernière édition par Louis le Mar 1 Jan - 15:26, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 31 Déc - 13:24

XVII. Nouveau projet des Ursulines de Québec; elles s’adressent à M. Dollier.

Six ans après, et à l'occasion de l'établissement des RR. PP. Jésuites et des Récollets à Villemarie, qui eut lieu à cette époque, on pressa beaucoup les religieuses Ursulines de Québec d'exécuter enfin le projet qu'elles avaient formé autrefois d'aller s'y fixer elles-mêmes. Comme elles désiraient avec ardeur cette fondation, la sœur Marie de Saint-Joseph, leur supérieure, en écrivit en ces termes à M. Dollier :

« NOTRE-SEIGNEUR donne vocation à quelques religieuses de cette maison pour aller en vos quartiers en commencer une. Elles me prient, comme je le fais ici avec plaisir, de vous demander votre protection et votre permission, sans lesquelles nous ne voulons pas penser à la chose. Je vous les demande donc très-instamment, Monsieur. Vous pouvez tout à Villemarie, et même à Québec, sur l'esprit de Mgr votre illustre prélat. Je pense, Monsieur, que vous n'ignorez pas que dans les commencements de Villemarie nous y fûmes demandées, qu'on nous marqua même la place de l'établissement, et que Mme de La Peltrie, notre fondatrice, y monta et demeura deux ans dans ce dessein, avec une jeune fille qui depuis a été religieuse, et est une de nos anciennes. Vous feriez, Monsieur, bien de la grâce à toute notre communauté, et à moi, de nous dire vos sentiments sur cette affaire ; et si vous en seriez content, au cas que DIEU nous fit trouver les moyens de nous établir à Villemarie ; car autrement nous n'y voulons pas penser. Nous connaîtrons la volonté de DIEU par votre réponse (1). »

M. Dollier, d'après ce que M. Tronson lui avait marqué touchant la Visitation, ne put faire une réponse telle que la souhaitaient les Ursulines. Il avait même déjà écrit à M. de Saint-Vallier, pour lui exposer les inconvénients qu'il voyait à l'exécution de ce projet ; et le prélat avait paru être touché de la solidité de ses raisons. « Si les Ursulines vous écrivent, avait-il répondu à M. Dollier, je vous conseille de leur faire réponse, et de leur marquer à peu près les mêmes choses que vous m'exposez dans votre lettre. Toutes les raisons que vous me donnez me paraissent bonnes, et me font suspendre mon sentiment (1). »

________________________________

(1) Archives du séminaire de Villemarie, lettre de la sœur Marie de Saint-Joseph à M. Dollier.
(1) Ibid. Lettre de M. de Saint-Vallier à M. Dollier.

A suivre : XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson…


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Message  Louis Mer 2 Jan - 7:53

XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson. Réponse qu’il leur fait.

Cependant ces religieuses, qui persévéraient toujours dans leur projet, prirent le parti de s'adresser directement à M. Tronson, persuadées que tous les obstacles cesseraient s'il approuvait lui-même leur dessein. Leur supérieure lui en écrivit donc et lui détailla tous les motifs qu'elle jugeait plus propres à faire impression sur son esprit, l'assurant surtout que ce nouvel établissement ne nuirait point à celui de la sœur Bourgeoys.

M. Tronson, qui n'avait pas ouï parler de ce nouveau projet, lui répondit en ces termes : « J'ai vu, par votre lettre du mois d'octobre dernier, la crainte où vous êtes que la pensée de vous établir présentement à Villemarie, ne m'ait fait de la peine. Mais comment m'en aurait-elle fait, puisque je ne sais rien de cet établissement, que ce que vous m'en écrivez ? Je n'ai point encore ouï dire qu'à vous qu'on vous y souhaitait, qu'on vous y donnait une maison avec un jardin, que votre établissement ne nuirait point aux filles de la Congrégation, et qu'il y aurait de quoi travailler pour les unes et pour les autres.

« Pour vous parler avec sincérité, je vous dirai que des personnes qui connaissent le pays, ont peine à croire que deux communautés de filles, qui ont les mêmes emplois, ne soient point trop pour Villemarie. Tout ce que je puis faire, c'est d'écrire cette année à nos Messieurs pour être éclairci là-dessus; et la suivante, après que par leur réponse ils nous auront mandé tout le détail de cette affaire, nous vous ferons savoir tout simplement ce que nous en pensons. Il ne s'agit que de bien connaître la volonté de DIEU, de peur que, comme il arrive quelquefois, en voulant trop multiplier le bien et le trop étendre, on ne l'affaiblisse et on ne le diminue. J'espère que vos prières contribueront à nous la faire connaître (1). »

La réserve de M. Tronson, en répondant de la sorte…

___________________________________________________

(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à la supérieure des Ursulines de Québec, 1699.

A suivre…


Dernière édition par Louis le Mer 2 Jan - 16:07, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 2 Jan - 13:46

XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson. Réponse qu’il leur fait.

(suite)

La réserve de M. Tronson, en répondant de la sorte, dut faire comprendre aux Ursulines qu'au jugement de cet homme sage et prudent leur dessein n'était pas dans l'ordre de la divine Providence. Aussi nous ne voyons pas que depuis elles aient jamais renouvelé leur demande, ne désirant de leur coté que de connaître à cet égard la volonté de DIEU.

Il est à remarquer que dans tous ces projets d'établissements qui auraient pu porter un notable préjudice à la Congrégation, 1a sœur Bourgeoys ne fit aucune démarche qui pût y mettre obstacle. Pour établir son institut, elle n'avait fait que se conformer aux ordres de ses directeurs, et entrer simplement dans les ouvertures que DIEU lui offrait; elle crut que, pour le conserver, elle devait pareillement se reposer sur les soins de sa divine Providence, qui, en effet suscita toujours, hors de la Congrégation, les instruments qui procurèrent l'accomplissement de ses desseins. Cette assistance divine parut surtout d'une manière bien sensible, à l'occasion d'un orage des plus violents que la Congrégation ait jamais eu à essuyer, et qui pensa la ruiner de fond en comble, ou plutôt qui semblait devoir anéantir tout le dessein de DIEU dans la fondation de Villemarie, comme nous le raconterons dans le chapitre suivant.



A suivre : Chapitre II. — TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN, POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.


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Message  Louis Jeu 3 Jan - 7:49

CHAPITRE II.

TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN,
POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION
L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.

I. Efforts du démon pour ruiner
le dessein de DIEU sur la colonie,
en éteignant l’esprit donné aux trois communautés.

Nous avons vu qu'en ordonnant la formation de la colonie de Villemarie, DIEU proposait d'offrir, dans la sainteté des mœurs des premiers colons, une image de l'Église primitive. Pour ce dessein, il voulait y susciter trois communautés consacrées l'une à JESUS , l'autre à Marie, et la troisième à saint Joseph, afin qu'étant remplies de l'esprit de leurs augustes patrons, elles le répandissent dans cette Église naissante.

Ces communautés étant donc établies comme nous l'avons vu, et y remplissant chacune, à la grande édification des fidèles, l'objet spécial de sa vocation, Satan, qui, à la naissance de l'Église, avait demandé à DIEU qu'il lui fût permis de la troubler, et, comme dit NOTRE-SEIGNEUR, de la cribler (1), sembla avoir résolu de ruiner aussi l'ouvrage de la divine Sagesse dans cette colonie. Pour y réussir, il proposa à ces communautés le prétexte spécieux d'une perfection plus sublime que celle à laquelle elles étaient appelées ; afin que, les faisant sortir de l'ordre de DIEU sur elles, il éteignit par ce moyen en chacune l'esprit propre de sa vocation.

_____________________________________________

(1) Évangile selon saint Luc ch. XXII, V. 31.

A suivre : II. Vues chimériques de la sœur Tardy de réunir les trois communautés en une seule.

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Message  Louis Jeu 3 Jan - 13:21

II. Vues chimériques de la sœur Tardy de
réunir les trois communautés en une seule.

Une bonne fille de la Congrégation, la sœur Tardy, esprit vif et ardent, s'imagina être appelée de DIEU à faire honorer la vie intérieure de la très-sainte Vierge par l'établissement d'une nouvelle communauté à Villemarie (1). Cette communauté devait, disait-elle, se composer des sœurs de la Congrégation, des religieuses de Saint-Joseph, des ecclésiastiques du séminaire et aussi d'une certaine communauté de religieux ermites, destinés à être maîtres d'école pour les garçons (2). Tous les biens entre ces sortes de personnes auraient été communs, et toutes auraient suivi la même règle. La sœur Tardy prétendait autoriser un si étrange dessein, en assurant qu'elle connaissait l'état intérieur des personnes, et spécialement de celles qui allaient à la sainte table. Elle ajoutait que des âmes revenues de l'autre monde lui apparaissaient pour l'instruire de ce qu'il y avait à faire dans l'établissement de ce nouvel institut (3), et qu'enfin elle-même devait être mise à la tête de l'œuvre (4).

Avant de réaliser ce projet, et de ne faire des trois anciennes communautés qu'une seule, il fallait ôter de leurs places les personnes qui en avaient la conduite, et commencer d'abord par affaiblir dans ces maisons les liens de dépendance naturelle qui lient les inférieurs aux supérieurs. Ce fut par là aussi que l'ennemi de tout bien commença; et M. de Saint-Vallier, dans sa première visite à Villemarie, favorisa, sans s'en douter, l'esprit d'insubordination par l'effet d'un zèle qui n'était pas assez conforme aux règles de la prudence.

___________________________________

(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. Séguenot, 1692.
(2) lettre du même à M. de Casson, du 28 février 1692.
(3) lettre du même à M. de Belmont, du2 mars 1691.
(4) lettre du même à M. de Lacolombière, du mois de mars 1693.

A suivre : III. M. de Saint-Vallier affaiblit, sans le vouloir, la dépendance qui régnait au séminaire.

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Message  Louis Ven 4 Jan - 7:30

III. M. de Saint-Vallier affaiblit, sans le vouloir,
la dépendance qui régnait au séminaire.

Ce prélat avait toujours vécu dans une grande intimité avec les ecclésiastiques du séminaire de Saint-Sulpice qui l'avaient élevé, et sous la discipline desquels il était venu se remettre après son ordination au sacerdoce (1). Au séminaire de Villemarie, voyant que les cœurs de tous les membres de cette maison lui étaient ouverts, M. de Saint-Vallier, jeune alors et sans expérience, sembla oublier qu'en sa qualité de grand vicaire et d'évêque nommé de Québec, il venait dans le pays pour y tenir la place de l'évêque, et s'ingéra peut-être trop dans les fonctions du supérieur particulier de leur communauté, et même dans celles de directeur de conscience (2). C'est ce qui lui fait dire dans la relation de son voyage :

« A Montréal, j'ai connu les talents et les vertus de MM. de Saint-Sulpice, non-seulement par la réputation publique, mais par les entretiens particuliers que j'ai eus avec eux, et par la confiance avec laquelle ils ont bien voulu me découvrir leurs plus secrètes dispositions (1). »

Trop confiant lui-même, il communiqua indiscrètement à plusieurs de ces ecclésiastiques l'opinion défavorable qu'il conçut d'abord de M. Dollier de Casson, leur supérieur, qui lui parut peu propre à diriger l'intérieur de ses confrères et à conserver en eux l'esprit dont leur communauté devait être animée (*). Ce jugement précipité, effet naturel des premières pressions contre lesquelles ce prélat ne se tint pas assez en garde dans cette première visite, faisait dire à M. Tronson, dans une lettre qu'il écrivit l'année suivante : « Si M. de Saint-Vallier avait demeuré plus longtemps à Villemarie, il aurait peut-être porté de M. Dollier un autre jugement que celui qu'il vous a fait paraître (1). En faisant donc part de cette appréciation à M. de Lacolombière, confesseur des religieuses de Saint-Joseph, à M. Bailly, chargé de la direction des sœurs de la Congrégation, et à d'autres encore, il eut le tort d'affaiblir notablement le respect qu'ils avaient porté jusque alors à M. Dollier, et de donner, sans le vouloir, une funeste atteinte à la subordination parfaite qui régnait auparavant dans le séminaire. C'est ce qui doit arriver infailliblement, dès que les inférieurs cessent de respecter dans leurs supérieurs légitimes la personne et l'autorité de DIEU.

__________________

(*) Cela ne l'empêcha pas d'en faire un éloge assez avantageux dans sa relation :

« Leur supérieur, qui a été fait grand vicaire par mon prédécesseur, dit-il, est un sujet de mérite et de grâce, qui a reçu de DIEU un merveilleux discernement pour placer ceux qui sont sous sa conduite selon la diversité de leurs talents. Il sait l'art de ménager tous les esprits, et sa prudence, jointe à sa douceur et à ses autres vertus, lui a gagné l'estime et l'affection de toutes sortes de personnes (1). »

M. Dollier était doué, en effet, d'une grande sagesse. Affligé des excès occasionnés par le commerce des boissons enivrantes qui ruinaient le pays, il se contentait de gémir en secret, sans éclater en chaire, contre les puissances qui fomentaient sous main ces désordres. Cette modération, que M. de Saint-Vallier ne garda pas toujours, et que quelques-uns confondaient avec le respect humain et la prudence de la chair (2), put entrer pour beaucoup dans le jugement peu favorable que ce prélat porta précipitamment sur les sentiments intérieurs dont M. Dollier était animé dans le gouvernement du séminaire, et duquel il ne tarda pas à revenir, comme M. Tronson l'avait prévu (3).

__________________________

(1) État présent de l’église, etc.
(2) Lettres de M. Tronson à MM. Dollier et de Belmont, 1691— Lettre à M. de Belmont, du 2 mars 1691.— Lettre à M. de Casson, du 16 juillet 1691.
(3) Lettre à M. Certain, du 12 avril 1686.

__________________

(1) Catalogue d’entrée du séminaire de Saint-Sulpice..— Lettre de M. Tronson à M. de Casson, 19 avril 1685.
(2) Lettre de M. Tronson à M. de Casson, 16 février 1686.— Lettre à M. Guyotte du 12 mars 1691.
(1) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in 8º, p. 59.
(1) Lettre de M. Tronson à M. Certain, ibid. — Lettre du même à M. de Casson du 16 février 1686.

A suivre : IV. M. de Lacolombière et M. Bailly entrent dans les vues de la sœur Tardy…

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Message  Louis Ven 4 Jan - 12:42

IV. M. de Lacolombière et M. Bailly
entrent dans les vues de la sœur Tardy.
Déclaration extravagante de celle-ci à la sœur Bourgeoys.

Dans les dispositions défavorables où M. de Lacolombière et M. Bailly entrèrent ainsi à l'égard de M. Dollier de Casson, DIEU permit qu'ils donnassent l'un et l'autre dans les illusions de la sœur Tardy, quelque extravagantes qu'elles fussent. Comme ces deux ecclésiastiques dirigeaient les consciences à l'Hôtel-Dieu et à la Congrégation, plusieurs filles de ces communautés entrèrent à leur tour dans ces vues chimériques de réforme ; et enfin l'esprit de dépendance et de soumission aux supérieures fut bien diminué dans ces deux maisons.

Par une conduite entièrement contraire aux maximes de la foi et à la pratique de tous les saints, on se mit à juger les supérieures, et à blâmer en elles tout ce qui ne semblait pas être conforme aux prétendues visions. Les choses en vinrent au point que la sœur Tardy, dans la nuit du 3 au 4 novembre 1689, prétendit qu'une de ses sœurs, morte depuis près de seize mois, lui avait apparu pour lui ordonner, de la part de DIEU, de déclarer à la sœur Bourgeoys qu'elle n'était pas en sûreté de conscience. Il paraît que la sœur Bourgeoys ne fit pas d'abord grand état de ce rapport, qu'elle devait regarder avec raison comme le fruit d'une imagination déréglée, pour ne pas dire d'un esprit aveuglé par l'orgueil le plus étrange. Mais le 3 ou le 4 janvier suivant 1690, la sœur Tardy s'étant figuré que cette même défunte lui avait apparu derechef, et l'avait chargée de dire à la supérieure qu'elle était en état de damnation, elle alla donner ce nouvel avertissement à la sœur Bourgeoys, qui en fut cette fois extrêmement troublée (1).

_____________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 143.

A suivre : V. Peines intérieures où DIEU permet que tombe la sœur Bourgeoys.


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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Message  Louis Sam 5 Jan - 7:05

V. Peines intérieures où DIEU permet que tombe la sœur Bourgeoys.

DIEU le permit ainsi pour purifier de plus en plus sa fidèle servante, par le genre d'épreuves très-dures qu'elle eut alors à endurer. Il lui retira même toutes ses grâces sensibles, comme il en use quelquefois à l'égard des âmes les plus élevées, et par cette soustraction totale il la réduisit à un état si affligeant d'obscurité intérieure et d'insensibilité, qu'elle croyait n'avoir plus aucun amour pour DIEU , quoiqu'elle l'aimât alors plus purement et plus fermement que jamais.

Il n'est pas possible de se représenter quel fut le triste état de son âme, dès que la sœur Tardy lui eut fait la déclaration dont nous parlons. La sœur Bourgeoys eut d'autant moins de peine à se persuader qu'elle fût dans l'inimitié de son DIEU, que, connaissant mieux combien il est aimable, elle sentait, par un effet de sa grande humilité, qu'elle ne l'aimait pas assez, se reprochant depuis très-longtemps, à l'exemple de tous les saints, ses ingratitudes et ses infidélités prétendues à son service. Le trouble et la crainte, qui s'emparent de son âme, lui inspirent, dans cet état, une répugnance extrême pour les sacrements, dont elle craint par-dessus tout la profanation; et, ne se regardant plus que comme une réprouvée au milieu de ses sœurs, elle n'ose presque pas leur parler, ni même lever les yeux devant elles (1).

« Le 3 ou 4 janvier 1690, écrit-elle, cette sœur vint me dire cela l'après-dînée, et m'avertit de mon état de damnation éternelle, ce qui me mit en peine plus que je ne puis le dire. J'ai demeuré cinquante mois dans cet état de souffrance, qu'il est difficile d'exprimer; cela me rendit plus triste et moins sociable (1). »

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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 144.— Vie de la même, par M. Ransonet, p. 77.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VI. La sœur Bourgeoys veut se démettre de la place de supérieure...


Dernière édition par Louis le Sam 5 Jan - 16:50, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 5 Jan - 13:19

VI. La sœur Bourgeoys veut se démettre
de la place de supérieure.
DIEU met alors obstacle à ce dessein.

Le but que se proposait l'ennemi de tout bien, en excitant ces troubles dans la Congrégation, était d'obliger la sœur Bourgeoys à se démettre de sa charge de supérieure. Dans cet état de peines, se regardant comme incapable et indigne de conduire plus longtemps sa communauté, elle ne balança pas, en effet, à réitérer les instances qu'elle avait déjà faites plusieurs fois pour se démettre. Il est même à remarquer qui si jusque alors elle avait continué de remplir la place de supérieure, c'était par pure nécessité, et pour se soumettre à la volonté de DIEU, dont on avait eu des témoignages incontestables.

Nous avons vu qu'avant son dernier voyage de France, la sœur Bourgeoys ayant fait à ses sœurs la proposition d'élire une nouvelle supérieure, toutes s'étaient écriées, de concert, qu'elles déféraient cette charge à la très-sainte Vierge, et qu'elles conjuraient la sœur Bourgeoys de les conduire toujours de sa part. A son retour en Canada, elle n'avait pas laissé de renouveler ses instances, et avec tant de persévérance qu'à la fin la communauté s'était assemblée, sans conclure pourtant l'élection, les suffrages s'étant trouvés partagés entre deux sujets: les sœurs Geneviève Durosoy et Marguerite Soumillard, très-capables l'une et l'autre de remplir cette place. Mais lorsqu'on avait été sur le point de se réunir de nouveau, pour choisir dans les formes l'une des deux sœurs proposées, DIEU avait montré manifestement que la sœur Bourgeoys devait l'occuper encore pour le bien de la Congrégation; car ce fut précisément alors qu'arriva l'incendie dont nous avons parlé ailleurs, dans lequel l'une et l'autre de ces deux sœurs furent consumée par les flammes, et après ce triste événement ne pensa plus à l'élection (1).

Enfin, à l'occasion des visions imaginaires de la sœur Tardy…

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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 149.


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Message  Louis Dim 6 Jan - 7:43

VI. La sœur Bourgeoys veut se
démettre de la place de supérieure.
DIEU met alors obstacle à ce dessein.


(suite)

Enfin, à l'occasion des visions imaginaires de la sœur Tardy, la sœur Bourgeoys étant tombée dans l'état de peines dont nous parlons, elle réitéra ses instances, et on songea décidément l'élection d'une supérieure pour la remplacer. Dans ce dessein, on appela à Villemarie la sœur Anne, la même qui avait établi la mission de la Sainte-Famille dans l'île d'Orléans, et qui possédait toutes les qualités désirables dans une parfaite supérieure. Elle était alors malade à Québec; on espérait que sa santé se rétablirait bientôt à Villemarie ; mais elle mourut dans cette dernière ville le 2 septembre 1690, peu de jours après son arrivée; et cette mort, beaucoup toutes les sœurs, fit renoncer de nouveau à toute élection (1).

Cependant M. de Saint-Vallier, évêque de Québec, ayant visité la Congrégation dans le courant du même mois, la sœur Bourgeoys profita encore de cette occasion pour le prier de trouver bon qu'elle se démît enfin de la charge de supérieure.

« Je dis mon malheur à Monseigneur de Saint-Vallier, rapporte-t-elle, et depuis combien de temps nos sœurs avaient perdu la confiance en moi, et moi la liberté de leur parler; que je ne savais pas ce qui se faisait à la maison, et que ma négligence avait même été telle, que je ne pouvais trouver mauvais cet état de choses, qui pourtant me faisait bien souffrir. Enfin, après lui avoir dit mes raisons, je le priai de faire l'élection pour mettre une autre supérieure à ma place, dans l'espérance que tout se ferait plus parfaitement (2). »

M. de Saint-Vallier ne jugea cependant pas à propos d'accepter la démission de la sœur Bourgeoys ; et elle se vit contrainte d'exercer encore sa charge, quoique sans adoucissement et sans consolation dans ses peines.

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(1) Ibid. p. 150.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII. Sentiments de M. Tronson sur les visions prétendues de la sœur Tardy.

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