Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
I. Attention de la divine Providence
sur des sœurs durant les temps de disette. (suite)
Un prodige longtemps subsistant et qui se passait sous les yeux de toute la communauté, c'était de voir qu'on retirât du grenier de la maison beaucoup plus de blé qu'on n'y en mettait. Les sœurs s'étant aperçues que leur supérieure allait quelquefois y prier secrètement, ne doutaient pas que cette multiplication ne fût l'effet de ses prières. Un jour elles furent tentées de mesurer la quantité de blé qu'il y avait alors, afin de savoir précisément en quoi consistait l'augmentation merveilleuse dont elles avaient des preuves incontestables. Mais la sœur Bourgeoys, ayant eu connaissance de leur dessein, vint les arrêter, en leur disant qu'il n'en faudrait pas davantage pour faire cesser les bienfaits de DIEU sur elles. Une année où le blé était à un prix excessif, la sœur dépositaire n'ayant pu en acheter que pour un mois, cette quantité suffit néanmoins pour nourrir la communauté pendant quatre mois entiers, prodige qu'elle attribua aux mérites de la sœur Bourgeoys, qui allait chaque jour prier auprès de ce monceau de blé (1).
M. Ransonet, dans la Vie qu'il a composée de la sœur Bourgeoys, d'où nous tirons ces détails, ajoute, en parlant de ce dernier trait: « La sœur de qui nous tenons ce fait racontait encore qu'une barrique de vin, après avoir été levée sur le fond, avait fourni pendant trois mois à l'usage ordinaire de la communauté et de l'hôpital, et que, quoique ce vin fût fleuri lorsqu'on leva le tonneau, il cessa de l'être ensuite ; merveilles qu'on attribua avec raison à la bénédiction que la sœur Bourgeoys avait donnée à ce vin. »
Enfin, comme sur DIEU eût voulu montrer qu'il n'assistait ainsi ses servantes qu'à cause de l'impossibilité absolue où elles étaient de se pourvoir d'ailleurs, dès que les bâtiments chargés de vin arrivèrent à Villemarie, la barrique cessa aussitôt de couler. Une personne digne de foi, ajoute le même écrivain, et qui a demeuré chez les sœurs de la Congrégation dès leur établissement, disait avoir vu un semblable prodige, une année que le vin manquant partout dans le pays, la Congrégation en fournissait au séminaire pour les messes et aux malades de la ville.
« La même personne nous a appris, dit-il encore, qu'un autre jour, le pain manquant pour le dîner, la sœur Bourgeoys, par fidélité au règlement, fit sonner l'examen particulier à l'heure ordinaire; et que pendant cet exercice. qui a lieu immédiatement avant le dîner, quelqu'un se présenta à la maison, et apporta aux sœurs le pain qui leur était nécessaire (1). »
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(1) Ibid. , p. 109-110.
(1) Ibid. , p. 111-112.
A suivre : II. Incendie de la maison de la Congrégation.
Dernière édition par Louis le Ven 21 Déc 2012, 12:37 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Incendie de la maison de la Congrégation.
Nous avons rapporté déjà que les sœurs de la Congrégation, désirant d'être un peu moins à l'étroit, et plus commodément logées qu'elles ne l'étaient dans la première maison qu'elles avaient fait bâtir, la sœur Bourgeoys consentit, quoique avec peine, à la construction d'une maison plus spacieuse. On a vu que cette grande maison, qu'elle regarda depuis comme contraire à l'esprit de simplicité et de pauvreté, fut pour elle un sujet de vives inquiétudes; jusque-là que pour expier en quelque sorte la prétendue faute qu'elle se reprochait d'avoir commise, en donnant son consentement pour la bâtir, elle promit alors de reprendre la bâtisse de Notre-Dame de Bon-Secours.
Il s'en fallait bien cependant qu'il y eût rien d'excessif dans les dimensions de cette maison qui, au contraire, devait bientôt se trouver insuffisante; ou plutôt, comme il entrait dans les vues de la Providence de fixer l'établissement des sœurs dans un emplacement plus vaste, et plus à la proximité de la population, qui se portait à la haute ville, on eût dit que DIEU voulut disposer la sœur Bourgeoys à l'accomplissement de ses desseins, en permettant que cette maison fût entièrement consumée par les flammes.
L'incendie éclata tout à coup dans la nuit du 6 au 7 décembre 1683, et anéantit en peu de temps, non-seulement la maison entière, mais tous les meubles et les effets qui y étaient. L'embrasement fut même si soudain et si violent, que deux d'entre les sœurs, l'une et l'autre très-utiles à la communauté, savoir : la sœur Geneviève Durosoy, assistante, et la sœur Marguerite Soumillard, nièce de la sœur Bourgeoys, périrent au milieu des flammes, et que même peu s'en fallut que toutes les autres n'y fussent enveloppées (1).
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 121.— Vie de la même, par M. Ransonet, p. 75-76.
A suivre : III. Sentiments de la sœur Bourgeoys sur l’incendie de sa maison…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
III. Sentiments de la sœur Bourgeoys
sur l’incendie de sa maison.
Sentiments des amis de la Congrégation.
La sœur Bourgeoys sentit plus vivement que personne tout ce qu'il y avait d'affligeant dans cet événement si lamentable, et un esprit moins fort et un cœur moins résigné que le sien y auraient infailliblement succombé. Elle regrettait surtout la perte de ses sœurs, non tant pour l'affection qu'elle leur portait, qu'à cause de sa communauté à laquelle elles étaient si utiles, et du bien qu'elles auraient pu opérer dans l'exercice de leurs fonctions. Elle les pleurait même avec des larmes d'autant plus amères, qu'elle se regardait comme la cause de ce triste accident (2).
« C'est, disait-elle, une juste punition du Ciel pour la faiblesse que j'ai eue, lorsque j'ai consenti, par un esprit peu conforme à la pauvreté, à l'humilité et à la mortification, dans lesquelles nous devions toujours vivre, qu'on ait bâti cette grande maison, pour nous mettre à l'abri de quelques légères incommodités que nous avions à supporter dans notre premier logis, et duquel nous aurions dû nous contenter. » Aussi ne regretta-t-elle nullement la perte de cette maison; tout au contraire, elle en rendit à DIEU de très-humbles actions de grâces : « Pour moi, écrit-elle, j'étais plus joyeuse que triste de cet incendie, à cause du sujet pour lequel cette grande maison avait été bâtie (1). »
Il n'y eut personne à Villemarie qui ne fût vivement touché d'un si triste événement; et tous les amis de la sœur Bourgeoys, en France et ailleurs, devaient y être aussi très-sensibles.
« L'incendie de la maison des sœurs de la Congrégation, écrivait M. Tronson, et surtout la perte de deux de leurs filles, nous ont fait compassion (2). »
M. de Laval, évêque de Québec, écrivait sur le même sujet à M. Dollier de Casson :
« J'ai été sensiblement touché de cet accident, et particulièrement de la perte des deux sœurs Geneviève et Marguerite, enveloppées dans l'incendie. C'était des fruits mûrs pour le ciel, mais qui étaient bien nécessaires à cette communauté. Les jugements de DIEU sont bien différents de ceux des hommes; c'est pourquoi il faut adorer les secrets de sa Providence et s'y soumettre. J'écris un mot bien à la hâte à la bonne sœur Marguerite Bourgeoys (3). »
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(2) Ibid.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. de Casson, du 7 août 1684.
(3) Archives du séminaire de Villemarie, lettre de M. de Laval, du 12 janvier 1684.
A suivre : IV. La sœur Bourgeoys se détermine à bâtir une maison plus spacieuse et à la haute ville.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IV. La sœur Bourgeoys se détermine
à bâtir une maison plus spacieuse et à la haute ville.
La sœur Bourgeoys, malgré sa profonde humilité, et nonobstant le déplaisir que lui avait causé la construction de la maison qui venait d'être réduite en cendres, comprit cependant que pour se conformer aux desseins de la divine Providence sur son institut, elle devait lui procurer une maison assez spacieuse pour qu'il pût y remplir ses fonctions (1) et procurer par là le bien des âmes.
Depuis qu'on avait construit l'église paroissiale sur la hauteur et que les ecclésiastiques du séminaire y avaient fait tracer des rues, la population commençait à se porter de ce côté, qu'on a appelé ensuite la haute ville. Le dessein de ces ecclésiastiques était d'y construire pour eux-mêmes un nouveau séminaire et la sœur Bourgeoys, se voyant dans la nécessité de reconstruire sa maison, résolut de la bâtir sur la hauteur, d'après le désir que toutes ses sœurs en avaient d'ailleurs témoigné depuis longtemps (2). Car elles y possédaient un terrain assez spacieux dont une partie leur servait de jardin ; et pour le rendre plus propre à leur établissement, le séminaire leur avait déjà cédé deux tiers d'arpent (3) qui en augmentant l'étendue de ce terrain, le rendirent contigu à celui des religieuses de l'Hôtel-Dieu Saint-Joseph (*).
Enfin, l'année qui précéda l'incendie de la Congrégation, M. Souart avait fait tracer une ligne entre les deux propriétés et poser, selon l'usage, deux grandes bornes, avec une estampille de plomb aux armes du séminaire (1), c'est-à-dire portant le monogramme de la sainte Famille JESUS, Marie, Joseph. Les choses en étaient là lorsque arriva l'incendie qui consuma la maison des sœurs, située à la basse ville. Il semblait donc que cet événement n'avait été ordonné par la divine Providence, que pour déterminer la sœur Bourgeoys à fixer sa communauté sur ce terrain, comme tout préparé d'avance, et qui devait se trouver un jour dans un point plus central pour la population.________________________(*) Lorsque les Iroquois harcelaient les colons de Villemarie, et qu'il n'y avait plus aucune sécurité pour ceux-ci d'aller travailler au loin dans les champs, où les ennemis, cachés en embuscade, les attaquaient par surprise, on céda aux colons l'usage de divers morceaux de terre, alors en bois debout sur le domaine de Saint-Gabriel, avec promesse de leur en donner d'autres défrichés et de même valeur dans l'étendue de l'île, lorsque les temps seraient devenus meilleurs (1). M. Zacharie Dupuy, major de Montréal, avait reçu alors l'usage de trois arpents de terre sur ce domaine, qui furent ensuite acquis par la sœur Bourgeoys, et qu'elle céda au séminaire pour ces deux tiers d'arpent en ville, joignant le jardin de la Congrégation.
(1) Archives du séminaire de Villemarie.________________________(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 122.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) lettres de M. Tronson, 1677.
(1) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
A suivre : V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU pour rebâtir la maison de la Congrégation.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.
Toutefois, après l'incendie, la sœur n'avait aucune espèce de ressource pour entreprendre cette nouvelle bâtisse. C'était ce que M. le marquis de Denonville écrivait au ministre en 1684 : « Les sœurs de la Congrégation, qui font de grands biens à toute la colonie sous la conduite de la sœur Bourgeoys, disait-il, furent incendiées l'an passé, où elles perdirent tout; il serait nécessaire qu'elles se rétablissent; mais elles n'ont pas le premier sol (1). »
M. Tronson avait cru que cet accident procurerait aux sœurs quelque gratification extraordinaire de la cour (2); elles n'en reçurent que 500 livres (3).
DIEU le voulut sans doute ainsi pour être reconnu le seul soutien de cette communauté; car jamais la cour n'accorda un si faible secours à aucun établissement public, pour l'aider à se relever après un accident de cette nature.
Se voyant donc privée de toute ressource temporelle, la sœur Bourgeoys mit sa confiance au secours de DIEU ; et pour attirer plus sûrement sa bénédiction sur cette nouvelle entreprise, dont elle n'espérait le succès que de lui seul, elle fit signer à toutes ses filles un acte bien digne de sa religion et de sa ferveur: « Nous avons fait un écrit, rapporte-t-elle, par lequel nous avons promis à DIEU que si nous demandions ce rétablissement, c'était pour être plus fidèle que nous ne l'avions été par le passé à pratiquer la perfection évangélique (4). »
Sa confiance ne fut pas vaine…
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(1) Archives de la marine, Canada, lettre de M. Denonville, du 13 novembre 1684.
(2) Lettres de M. Tronson; Canada, lettre à M. de Casson, du 7 août 1684.
(3) Archives de la marine ; Canada; registre des expéditions, 1685, fol. 40, état de la dépense.
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.
(suite)
Sa confiance ne fut pas vaine, et l'événement montra bientôt que DIEU n'avait permis cet incendie que pour faire paraître d'une manière plus sensible la continuité de ses soins sur leur communauté. Car il toucha si puissamment les cœurs en faveur de la
Congrégation, que des personnes dévouées à cette œuvre fournirent à la sœur Bourgeoys le moyen de bâtir en pierre une maison plus grande, plus solide et plus régulière que ne l'était l'autre, et qui répondit mieux aux besoins des sœurs, à ceux des écoles externes et du pensionnat: ce que chacun admira comme une marque visible de la bénédiction de DIEU sur ces saintes filles.
La mère Juchereau, dans son Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, leur rendait ce beau témoignage après l'événement dont nous parlons: « Elles étaient si remplies de confiance en DIEU, qu'elles commencèrent à bâtir n'ayant que 40 sols. Leur espérance ne fut pas trompée; car, avec si peu de fonds, la Providence les aida si bien, qu'elles ont élevé une des plus florissantes communautés du Canada, dont la bonne odeur se répand dans tout le pays (1). »
La sœur Morin ajoute de son côté : « Après que la seconde maison toute de pierre que les sœurs de la Congrégation avaient bâtie, a été consumée par leur incendie, elles en ont édifié une troisième, dans une autre place, où elles sont aujourd'hui, qui touche d'un côté à notre enclos et nous fait voisines; elle est grande et spacieuse, et des mieux bâties de la ville (1) (*). »
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(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 129.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie.
A suivre : Explication du (*)…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.
(suite: explication du *)
(*) La sœur Bourgeoys fit construire successivement trois maisons pour sa communauté. Dans un endroit de ses mémoires, parlant de la deuxième, celle qui fut consumée par l'incendie, elle s'exprime en ces termes: « Nos sœurs demandaient d'être mieux logées. Il y avait longtemps que nous espérions de faire bâtir sur le haut (1); et moi, sans consulter DIEU , ni, comme je crois, le supérieur, je dis que nous bâtirions. »
Si par ces paroles sur le haut , il fallait entendre l'emplacement de la haute ville où les sœurs sont aujourd'hui établies, comme l'a conclu M. Montgolfier (2) il faudrait reconnaître que la sœur Bourgeoys aurait mêlé ici au récit de la bâtisse de sa deuxième maison une circonstance relative à la troisième; ce qui n'aurait rien d'étonnant, puisqu'elle n'écrivit ses mémoires qu'en 1698, sans y garder aucun ordre, et que d'ailleurs nous avons vu qu'elle a fait une confusion semblable au sujet d'une particularité de son troisième voyage en France, qu'elle a reportée au second.
Car il est hors de doute que la deuxième maison était à la basse ville, sur la rue Saint-Paul, entre cette rue et le fleuve Saint-Laurent, et sur le terrain même que M. de Maisonneuve avait donné à la sœur Bourgeoys en 1658 pour servir aux écoles. C'est ce que suppose le contrat de cession de 1690, par lequel les sœurs de la Congrégation abandonnèrent ce même terrain à l'Hôtel-Dieu, conformément à la condition que M. de Maisonneuve leur avait imposée dans le cas où elles se transporteraient ailleurs (3).
C'est aussi ce que déclare expressément la sœur Morin , comme on vient de le voir, et ce qui paraît d'ailleurs par un ancien plan de Villemarie conservé au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, où la maison qui fut incendiée est figurée dans l'endroit de la rue Saint-Paul que nous désignons. Ces observations pourront servir de correctif à ce qu'on lit dans la Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Montgolfier, que cette maison était située dans le lieu où est aujourd'hui la maison des sœurs (1).
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 85.
(3) Acte de Basset, notaire du 26 septembre 1690
(1) Vie , p. 85.
M. de Saint-Vallier, après son…
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
V. Confiance de la sœur Bourgeoys au secours de DIEU
pour rebâtir la maison de la Congrégation.
(suite)
M. de Saint-Vallier, après son arrivée en Canada, avant visité les sœurs de la Congrégation à Villemarie, fut si frappé de la facilité et de la promptitude avec laquelle elles s'étaient rétablies après leur incendie, qu'il ne put s'empêcher d'en témoigner son étonnement dans la relation de son voyage qu'il publia peu après :
« C'est une merveille, dit-il, qu'elles aient pu subsister après l'accident qui leur arriva il y a trois ou quatre ans: toute leur maison fut brûlée en une nuit; elles ne sauvèrent ni leurs meubles, ni leurs habits, trop heureuses de se sauver elles-mêmes: encore y en eut-il deux d'entre elles qui furent enveloppées dans les flammes. Le courage de celles qui échappèrent les soutint dans leur extrême pauvreté ; et quoiqu'elles fussent plus de trente, la divine Providence pourvut à leurs pressantes nécessités. Il semble même que cette calamité n'ait servi qu'à les rendre plus vertueuses et plus utiles au prochain; car il n'y a point de bien qu'elles n'aient entrepris depuis ce temps-là (1). »
Les sœurs de la Congrégation ayant donc quitté l'emplacement que M. de Maisonneuve, au nom des seigneurs, avait donné à la sœur Bourgeoys avec l'étable, en 1658, et sur lequel elles avaient demeuré jusque alors, se transportèrent dans leur nouvelle maison, sur le terrain qu'elles occupent encore aujourd'hui. Comme il avait été stipulé que si un jour la sœur Bourgeoys se fixait ailleurs, les religieuses de Saint-Joseph pourraient prendre ce premier terrain en toute propriété, en payant le prix des bâtiments, la sœur le leur céda le 26 septembre 1690; et elles lui comptèrent 1,800 livres, somme à laquelle ces bâtiments furent estimés (1). Ils servirent depuis de ménagerie à l'Hôtel-Dieu (2).
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(1) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in-8º, p. 64-65.
(1) Archives de la Congrégation, acte du [/i] 26 septembre 1690.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
A suivre : VI. La sœur Bourgeoys forme le dessin de construire une église…
Dernière édition par Louis le Lun 24 Déc 2012, 4:08 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. La sœur Bourgeoys forme le dessin de construire
une église pour posséder le très-saint Sacrement dans sa maison.
Après que les sœurs de la Congrégation furent établies dans leur nouvelle demeure, la sœur Bourgeoys forma le dessein d'y construire une église, pour jouir enfin de la faveur qu'elle demandait à DIEU depuis longtemps, de posséder le très-saint Sacrement dans sa maison. Les sœurs n'ayant eu jusque alors qu'un petit oratoire, contigu aux autres pièces qui étaient à l'usage de la communauté, elle n'avait pas jugé que ce lieu fût assez décent pour y conserver la sainte Eucharistie.
Enfin, pressée par le désir ardent qu'elle éprouvait de procurer à ses filles un trésor si inestimable, elle résolut, de concert avec elles, en l'année 1692, de faire construire une église dans l'enclos de la Congrégation (1). M. Dollier approuva volontiers ce dessein, ne doutant pas que DIEU ne l'eût inspiré à sa fidèle servante, et ne lui fournît les moyens de l'exécuter, quoiqu'elle n'eût rien alors pour l'entreprendre.
La nouvelle de ce projet se répandit aussitôt dans la ville. Il y avait à Montréal une très-sainte fille qui vivait en grande odeur de vertu. C'était Jeanne Le Ber, fille de M. Jacques Le Ber, le plus riche négociant du Canada, dont nous avons parlé déjà dans cette Vie. Elle n'eut pas plutôt appris le dessein de la sœur Bourgeoys, qu'elle offrit de lui avancer la plus grande partie de la somme nécessaire à cette construction; et son frère, M. Pierre Le Ber, promit de son côté de donner toute la pierre de taille qui serait employée aux croisées de l'église.
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(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris. Vie de Mlle Le Ber, par M. de Montgolfier.
A suivre : VII. Vertus de Mlle Le Ber…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. Vertus de Mlle Le Ber, recluse dans la maison de ses parents.
Mlle Le Ber, qu'il est à propos de faire connaître ici, fut une de ces âmes d'élite que DIEU se plut à donner à Villemarie, pour retracer dans cette colonie naissante les mœurs et la perfection des premiers chrétiens. Après avoir reçu son éducation chez les Ursulines de Québec, à peine revenue dans la maison de ses parents, elle fréquenta les sœurs de la Congrégation, dont la ferveur était comme un parfum qui fortifiait et embaumait son âme ; car l'air de sainteté qu'on semblait respirer dans cette maison, les vertus éminentes de la fondatrice, le nom même de Congrégation de Notre-Dame, attiraient suavement et fortement le cœur de Mlle le Ber aux pratiques les plus sublimes de la vie parfaite. Dès sa dix-septième année, elle fit vœu de chasteté pour l'espace de cinq ans; et du consentement de M. Le Ber son père, elle exécuta le dessein qu'elle avait formé de vivre retirée dans sa maison, à l'imitation des anciennes recluses. Là elle était toujours renfermée dans sa cellule, sans avoir de rapport qu'avec la personne chargée de lui apporter à manger, partageant son temps entre la prière, la lecture et le travail, et se livrant à toutes les rigueurs de la pénitence (1).
Le 5 août 1691, son frère Jean Le Ber Duchesne, âgé d'environ 23 ans, qui commandait un détachement, fut blessé par les Anglais au combat de la prairie de la Madeleine (2), et mourut fort chrétiennement quelques jours après dans la maison de son père (3). La sœur Bourgeoys, accompagnée de la sœur Barbier, s'empressa de se rendre dans cette maison éplorée, pour compatir à la douleur des parents, et pour ensevelir le corps du défunt, selon la pratique qu'elle avait toujours observée dans ces sortes de rencontres.
Mlle Le Ber parut alors un moment devant les deux sœurs, leur mit entre les mains ce qui était nécessaire pour ensevelir le corps de son frère, et, sans leur dire un mot, elle se retira incontinent dans sa cellule pour prier, laissant ainsi remplies d'étonnement et d'édification la sœur Bourgeoys et sa compagne, qui ne pouvaient se lasser d'admirer tant de fidélité à DIEU et tant de constance dans une pareille occasion (1).
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(1) Ibid. – Eloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté, par M. de Belmont.
(2) Registres de la paroisse de Villemarie.
(3) Archives de la marine : Canada 2 septembre 1691, relation de la campagne, etc.
(1) Vie de Mlle Le Ber.
A suivre : VIII. Mlle Le Ber fait construire l’église de la Congrégation…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VIII. Mlle Le Ber fait construire l’église de la Congrégation,
pour s’y ménager un appartement et y vivre recluse.
En offrant de contribuer à la bâtisse de l'église de la Congrégation, Mlle Le Ber ne se proposait pas seulement de procurer par là à la sœur Bourgeoys et à ses filles le bonheur qu'elles désiraient si ardemment ; elle avait encore en vue de se donner à elle-même la facilité de pouvoir répandre son cœur devant JESUS-CHRIST au saint Tabernacle, en ménageant dans la construction de ce bâtiment une cellule, où elle désirait de demeurer recluse le reste de ses jours. Lorsqu'elle se fut renfermée dans la maison de son père, elle n'en sortait au commencement que pour les offices de la paroisse ; mais comme son amour pour la solitude souffrait encore beaucoup de ces sorties, elle obtint ensuite de ne quitter sa retraite que pour la sainte messe, même les jours des plus grandes solennités, et de passer le reste de la journée dans sa cellule, occupée aux exercices qui lui étaient prescrits. Par là, elle se privait de la jouissance si douce pour son cœur de visiter NOTRE-SEIGNEUR au très-saint Sacrement; et comme elle sentait vivement cette privation, elle fut ravie de contribuer à la construction de l'église des sœurs, où elle pourrait goûter sans cesse cette jouissance.
Elle désira donc que dans le fond de l'église, et derrière l'autel, on réservât pour son propre usage un petit espace divisé dans sa hauteur en trois étages, avec un petit guichet au rez-de-chaussée, destiné à lui servir de grille pour la confession, et où elle pût recevoir la sainte Eucharistie. Le plan de l'église ayant été ainsi arrêté, on en commença la construction vers la fin de l'année 1693, et en moins de deux ans elle fut entièrement achevée (1).
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(1) Vie de Mlle Le Ber.
A suivre : IX. Avant que l’église soit achevée, les sœurs…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. Avant que l’église soit achevée,
les sœurs possèdent le très-saint Sacrement,
à l’occasion de l’incendie de l’Hôtel-Dieu.
Quelque diligence que fissent les ouvriers pour avancer ce bâtiment, les sœurs de la Congrégation, toujours plus désireuses de posséder NOTRE-SEIGNEUR au milieu d'elles, eurent la pensée, vers la fin du mois de février 1695, de commencer une neuvaine pour obtenir de sa bonté qu'il lui plût de hâter le moment d'une si précieuse faveur: et la neuvaine n'était pas encore achevée, qu'elles furent autant surprises qu'affligées de se voir comme exaucées à l'occasion que nous allons dire.
Dans la nuit du 24 au 25 février le feu prit inopinément au clocher et de là à l'église de l'Hôtel-Dieu, et en peu de temps l'incendie se communiqua avec une rapidité si effrayante, qu'on craignait, avec raison, que la ville entière ne fut consumée. M. Dollier, informé de ce danger, se transporte au lieu même de l'incendie avec le très-saint Sacrement, suivi de tous les prêtres du séminaire et de presque tous les citoyens, pour conjurer DIEU d'avoir pitié de son peuple. Au même instant le vent changea tout à coup, et porta la flamme du côté opposée, ce qui fit éclater la multitude en transports d'actions de grâces envers NOTRE-SEIGNEUR , pour une marque si visible de sa protection. Mais le feu, en épargnant la ville, se dirigea soudain sur les bâtiments de l'hôpital. Alors un religieux récollet, le père Denys, entra hardiment dans l'église de cette maison, dont le comble était déjà tout en feu, en retira le très-saint Sacrement, le déposa d'abord chez un négociant, M. Arnaud, et de là, lorsque le jour fut venu, le transporta dans l'oratoire des sœurs de la Congrégation (1).
« Je vous laisse à méditer, dit la sœur Morin en rapportant ces détails, quelle fut leur consolation à l'arrivée de ce divin hôte, se voyant sitôt exaucées. II est vrai qu'elles ne pensaient pas qu'il nous en dû tant coûter à nous, pour leur procurer cette faveur. Mais DIEU le fit ainsi pour notre bien à toutes (1). »
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(1) Ibid.
A suivre : X. Les sœurs de l’Hôtel-Dieu et leurs malades sont logés à la Congrégation.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
X. Les sœurs de l’Hôtel-Dieu et leurs malades sont logés à la Congrégation.
Dès que le jour commença à paraître, M. Dollier envoya l'un des ecclésiastiques du séminaire pour conduire les sœurs de Saint-Joseph, au nombre de trente, dans la maison de la Congrégation, où l'on s'empressa de leur donner toutes les marques de la charité la plus sincère et la plus généreuse. Les malades, qui s'étaient d'abord enfuis par les fenêtres, et étaient dispersés çà et là, furent logés et soignés au séminaire au nombre de vingt-six, en attendant qu'on eût disposé dans la maison de 1a Congrégation (2) un lieu convenable pour les recevoir.
Enfin, dans l'accablement où se trouvaient les sœurs de Saint-Joseph, sans maison et dépouillées de tout, elles eurent la dévotion d'aller implorer l'assistance de la très-sainte Vierge dans son église de Bon-Secours, où elles se rendirent le dimanche suivant, 28 février, chacune ayant à côté d'elle une sœur de la Congrégation, et toutes marchant en silence. Les sœurs de Saint-Joseph demeurèrent dans la maison de la Congrégation l'espace de neuf mois (3). Mais avant qu'elles en sortissent l'église nouvelle que Mlle Le Ber faisait construire ayant été achevée, cette sainte fille quitta la maison de son père et alla se renfermer dans la cellule qui devait être son tombeau.
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(2) Archives de la marine.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
A suivre : XI. Mlle Le Ber entre à la Congrégation pour y vivre recluse.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XI. Mlle Le Ber entre à la Congrégation pour y vivre recluse.
La veille du jour où eut lieu cette cérémonie, elle abandonna aux sœurs toutes les sommes qu'elle leur avait avancées pour la construction de leur église, et leur assura encore une rente de 500 livres pour sa pension et pour celle d'une de ses parentes, qui devait lui rendre les services les plus indispensables.
La cérémonie de la reclusion eut lieu un vendredi 5 août 1695, fête de Notre-Dame-des-Neiges, vers cinq heures du soir (1), et fut accompagnée de l'appareil le plus propre à faire dans les cœurs de profondes impressions. Après les vêpres. M. Dollier, en qualité de grand-vicaire, l'évêque étant alors absent, se rendit avec tout le clergé à la maison de M. Le Ber, d'où l'on partit processionnellement, en chantant des psaumes et d'autres prières convenables à la circonstance. Mlle Le Ber, vêtue d'une robe de couleur grise avec une ceinture noire, suivie de son vertueux père et d'un grand nombre de parents et d'amis invités à cette cérémonie, marchait à la suite du clergé, et à la vue de toute la ville, accourue en foule.
Un spectacle si rare et si nouveau tira des larmes des yeux des assistants. M. Le Ber, qui avait offert cinquante mille écus de dot à sa fille, si elle eût voulu s'établir dans le monde, fit paraître dans cette occasion toute la générosité de sa foi, en se privant ainsi de celle qui semblait devoir être le soutien et la consolation de sa vieillesse (2). Mais lorsqu'on fut arrivé à l'église des sœurs, les émotions que lui faisait éprouver la tendresse paternelle devinrent si vives et si pressantes, qu'il fut contraint de se retirer, sans assister à la cérémonie de la reclusion (1).
M. Dollier bénit la petite chambre de la recluse, et assisté de tout le clergé et des sœurs la Congrégation, il fit à Mlle Le Ber une courte exhortation qu'elle écouta à deux genoux. Après quoi, pendant qu'on chantait les litanies de la sainte Vierge, il la conduisit à ce petit appartement, où elle s'enferma elle-même.
« J'ai été bien réjouie, dit la sœur Bourgeoys dans ses Mémoires, le jour que Mlle Le Ber est entrée dans cette maison en qualité de solitaire. M. Dollier, grand-vicaire, l'exhorta à persévérer dans sa reclusion, comme sainte Madeleine était demeurée dans sa grotte. Elle n'en sort point en effet, et ne parle à personne; on lui porte son vivre par une porte qui est au dehors de la chapelle, et on le lui donne par une petite ouverture. Elle a aussi une petite grille dans sa chambre qui lui donne vue sur le Saint-Sacrement, et y reçoit la sainte Communion (2). »
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(1) Eloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté, par M. de Belmont.— Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.— Acte de la cérémonie de la réclusion de Mlle Le Ber, par M. Dollier.
(2) Vie de Mlle Le Ber, par M. Montgolfier.
(1) Eloges de quelques personnes etc., par M. de Belmont.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XII. Le très-saint Sacrement repose enfin dans l’église de la Congrégation.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XII. Le très-saint Sacrement repose enfin dans l’église de la Congrégation.
« Le lendemain, fête de la Transfiguration, ajoute la sœur Bourgeoys, on célébra la grand' messe, on exposa le Saint-Sacrement, et M. le grand-vicaire donna les quarante heures. »
Ce jour-là on offrît donc le saint sacrifice pour la première fois dans la chapelle de la Congrégation, et ce fut avec une pompe égale à la joie que les sœurs éprouvaient de posséder enfin NOTRE-SEIGNEUR dans leur maison, où il ne cessa de résider depuis ce moment. M. Dollier en parle ainsi dans l'acte de la reclusion de Mlle Le Ber:
« Le 6 août, je bénis la chapelle de la Congrégation; et incontinent après on célébra la grand'messe, ce qu'on accompagna de toute la symphonie dont le Canada pouvait être capable. Il y eut grand monde, entre autres personnes M. Le Ber. Le jour précédent il avait bien amené sa très-chère et unique fille à la Congrégation; mais par excès de tendresse, n'ayant pu assister à la cérémonie de l'entrée, il vint à celle du lendemain, pour témoigner que, malgré les excès de son amour paternel, c'était de bon cœur qu'il consacrait à DIEU pour sa gloire, et pour le bien de ce pays, cette très-chère consolation du reste de ses jours, s'immolant avec sa très-chère fille au Tout-Puissant pour le même sujet. En sorte que DIEU a deux victimes recluses dans ce lieu ; car s'il a le corps et l'esprit de la fille, on ne peut pas douter qu'il n'y ait aussi le cœur de ce très-bon père, qui reste sans secours dans le monde, âgé 64 ans (1). »
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(1) Eloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté.
A suivre : XIII. Reconnaissance de la sœur Bourgeoys pour cette faveur.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. Reconnaissance de la sœur Bourgeoys pour cette faveur.
La sœur Bourgeoys, se voyant au comble de ses vœux par la possession assurée du très-saint Sacrement au milieu de ses sœurs, ne mit point de bornes à sa reconnaissance envers la bonté divine. Trois ans après qu'elle eut obtenu cette faveur, elle rédigea une formule d'actions de grâces que nous rapporterons ici comme un monument, tant de sa propre religion envers l'adorable mystère de la très-sainte Eucharistie, que de celle qu'elle s'efforçait d'inspirer à ses sœurs.
« Comme voilà, dit-elle, la troisième année que notre DIEU , le souverain de tous les êtres, le créateur du ciel et de la terre et de toutes choses, a bien voulu prendre une place dans cette maison, dans laquelle on célèbre la sainte messe, on fait la sainte communion, les confessions et toutes autres dévotions permises, je ne trouve point de terme pour lui rendre des actions de grâces pour tous les bienfaits que nous avons reçus de sa majesté divine, spécialement de cette mémorable faveur de le posséder au très-saint Sacrement de l'autel. Tout ce que nous pouvons faire est que, sa bonté ayant agréé que la sainte Vierge soit notre institutrice, nous nous servions de ce moyen pour nous acquitter envers lui, afin que, nous mettant toutes en la compagnie de cette divine mère et en celle des neuf chœurs des anges, nous ramassant toutes comme autant de petits filets mis ensemble et bien unis, nous tâchions, en reconnaissance des bienfaits de DIEU, et avec le secours de sa grâce, l'intercession de la sainte Vierge et des saints anges, de remplir les obligations de notre état dans l'éducation des enfants (1). »
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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie.
Efforts inutiles des religieuses de Troyes
et d’autres communautés pour s’y établir.
Le rétablissement si prompt de la Congrégation après l'incendie que nous avons raconté, la construction si providentielle du nouveau bâtiment, l'œuvre des missions développées alors avec tant de succès ; tous ces événements faisaient assez connaître que DIEU avait spécialement choisi la sœur Bourgeoys et ses filles pour procurer, par l'éducation chrétienne des enfants, la sanctification de la colonie. Mais comme s'il eût voulu montrer qu'il avait donné à la Congrégation, de préférence à toute autre communauté, sa grâce et son esprit pour Villemarie, il se plut à rendre constamment inefficaces les tentatives que firent pour s'y établir d'autres instituts animés des vues les plus pures. Il est même à remarquer que, jusqu'à ce jour, la Congrégation, sans avoir jamais rien fait de sa part pour écarter aucune autre communauté, y a été seule en possession de l'instruction des jeunes filles.
DIEU fit paraître sa volonté à cet égard avant même l'arrivée de la sœur Bourgeoys à Villemarie, lorsqu'il refusa, comme nous l'avons raconté, les services que les religieuses de la Congrégation de Troyes désiraient avec tant d'ardeur d'aller lui rendre dans ce lieu. Vers le même temps, Mme de La Peltrie, fondatrice des Ursulines de Québec, si zélée pour le salut des âmes, fit de son côté tous les efforts imaginables pour attirer ces religieuses à Villemarie; et DIEU, qui sans doute lui avait inspiré ce dessein pour manifester plus tard le choix qu'il avait fait de la Congrégation, rendit encore ce projet inefficace. Il voulut que les directeurs de cette pieuse veuve l'obligeassent d'y renoncer (*).
Plus tard, et après la formation de la Congrégation à Villemarie, quelques religieuses de Paris, touchées d'un désir très-ardent de travailler au salut des âmes, conçurent aussi le dessein d'aller d'y établir, et en concertèrent les moyens pendant plusieurs années (1). Mais, au rapport de M. Tronson, qui ne paraît pas s'y être montré favorable, ce projet échoua encore cette fois par manque de secours temporels (2).
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(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. Le Fèvre, du 5 avril 1677.
(2) Ibid. , Lettre au même, du 1er juin 1677.
A suivre : explication du (*)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. La Congrégation spécialement suscitée pour Villemarie.
Efforts inutiles des religieuses de Troyes
et d’autres communautés pour s’y établir.
Explication du (*).
(*) Mme de la Peltrie, uniquement désireuse de procurer la gloire de DIEU, avait été si touchée de la piété et de la ferveur des colons arrivés en 1641 avec M. de Maisonneuve, pour commencer l'établissement de Villemarie (1), qu'elle avait quitté les religieuses Ursulines de Québec pour se joindre à eux.
« Les personnes qui vinrent l'an passé pour établir l'habitation de Montréal, écrivait en 1642 la mère de l'Incarnation, ne furent pas plutôt arrivées qu'elle se retira avec eux. Mais ce qui m'afflige sensiblement, c'est son établissement à Montréal, où elle est dans un danger évident de la vie, à cause des Iroquois; et, ce qui est le plus touchant, elle y reste contre le conseil des RR. PP. Jésuites et de M. le gouverneur (M. de Montmagny), qui ont fait tout leur possible pour la faire revenir. Ils font encore une tentative pour lui persuader son retour; nous en attendons la réponse, qu'on n'espère pas nous devoir contenter. Ses intentions sont bonnes et saintes ; car elle me mande que le sujet qui la retient à Montréal, est qu'elle cherche le moyen d'y faire un second établissement de notre ordre, au cas qu'elle rentre dans la jouissance de son bien (1). »
Mais Mme de La Peltrie s'étant déjà engagée verbalement à être la fondatrice des Ursulines à Québec, où elle ne pouvait les aider qu'assez faiblement, son directeur lui ordonna avec raison de renoncer au dessein d'entreprendre une nouvelle fondation à Villemarie, au détriment de la première. Elle retourna donc à Québec (2), et eut besoin de toute sa vertu pour obéir.
« Nos Pères lui ont entendu assurer, sur la fin de ses jours, » rapporte le père Le Clercq, récollet, « que rien ne lui avait été plus sensible. Mais enfin il fallut se restreindre au monastère de Québec (3). »
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(1) Lettres de Marie de l’incarnation, 1681, II e partie, lettre xxvie, p. 369-370.
(2) Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(3) premier établissement de la foi dans la Nouvelle-France, 1691, t. II, p. 39-40.
A suivre : XV. Projet pour établir les religieuses de la Visitation à Villemarie pour y instruire la jeunesse.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XV. Projet pour établir les religieuses de la Visitation
à Villemarie pour y instruire la jeunesse.
Enfin, indépendamment des autres tentatives semblables, faites en 1653, en 1659, en 1670, pour établir les Ursulines de Québec à Villemarie, comme on l'a raconté déjà, la sœur Bourgeoys et ses filles étaient à peine logées dans leur nouvelle maison, après l'incendie, qu'on forma le dessein d'attirer dans cette ville des religieuses Visitandines pour y ouvrir un pensionnat. Il paraît que M. de Saint-Vallier, qui venait de repasser en France, après son premier voyage en Canada, n'y était pas opposé.
M. Tronson n'en porta pas le même jugement.
Convaincu que DIEU seul peut créer de nouveaux établissements dans son Église, et les y conserver tous les jours de leur existence, il avait pour maxime particulière de n'en former aucun qu'après des signes évidents de sa volonté, et il ne crut pas en voir d'assez manifestes dans cette circonstance. Il jugea plutôt, et avec raison, qu'après l'établissement de ce nouveau pensionnat à Villemarie, les sœurs de la Congrégation auraient peine à y subsister, celles-ci, par un rare désintéressement, donnant gratuitement l'instruction à toutes les petites filles de la ville et des côtes, sans avoir d'autre ressource pour vivre que le travail de leurs mains, et la très-modique rétribution qu'elles recevaient de leurs pensionnaires.
Comme donc il était assuré que la sœur Bourgeoys et ses filles avaient reçu une mission spéciale pour Villemarie, il jugea qu'il devait s'opposer au projet des Visitandines, pour seconder la volonté de DIEU, qui ne pouvait en effet être contraire à ses propres desseins; et il s'empressa d'écrire aux Messieurs du séminaire pour leur marquer la ligne de conduite qu'ils devaient suivre dans cette affaire importante.
A suivre : XVI. Sentiment de M. Tronson sur ce projet, qu’il juge contraire au dessein de DIEU sur la Congrégation.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVI. Sentiment de M. Tronson sur ce projet,
qu’il juge contraire au dessein de DIEU sur la Congrégation.
« Je crains fort, disait-il dans sa lettre à M. Dollier, que, pour vouloir faire trop de bien avec trop d'empressement, on ne gâte bien des choses. Je dis ceci au sujet de l'établissement des religieuses de la Visitation de Sainte-Marie, qu'on propose d'établir dans l'île de Montréal ; car je ne sais si cette nouvelle communauté ne ferait point tort à celle des filles de la Congrégation, qui y sont déjà établies, et qui font bien. Ce nouvel établissement affaiblirait assurément celui de la sœur Bourgeoys. Aussi, bien loin que je puisse entrer dans ce dessein, je suis très-convaincu qu'on ne doit point y penser. Il ne faut rien faire sur cela sans consulter Mgr l'évêque de Québec l'ancien, et je m'assure que vous le trouverez dans ces mêmes sentiments. Il repasse cette année en Canada; et ses vues feront connaître ce que DIEU demande de nous en cette occasion. Vous connaissez sa piété, son désintéressement, sa prudence et ses lumières; il sait ce que c'est que le pays; il connaît mieux que personne l'état de son Église. Nous ne cherchons tous que la volonté de DIEU, et c'est là le moyen de la connaître. J'estime extrêmement le zèle ; mais je le crains extraordinairement, quand il est trop ardent.
« Je vous ai écrit cet article de ma lettre sans penser à ce que je vous avais marqué déjà. Mais je suis bien aise de cette inadvertance, parce que vous trouverez ici mes pensées et mes sentiments plus amplement et plus nettement exprimés sur cette affaire, qui me paraît de très-grande importance (1). »
M. Tronson ajoutait à sa lettre : « Depuis que j'ai écrit l'article ci-dessus, j'ai parlé à Mgr l'évêque de Québec et à M. de Saint-Vallier de l'établissement des religieuses de la Visitation dans Montréal, et ils conviennent tous deux qu'il ne faut point y penser. Les inconvénients m'y paraissent si grands, que je m'étonne que l'on ait pu écouter cette pensée. »
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(1) Lettre à M. Dollier de Casson, du 20 mai 1687.— Lettre du 8 mai 1687
A suivre : XVII. Nouveau projet des Ursulines de Québec; elles s’adressent à M. Dollier.
Dernière édition par Louis le Mar 01 Jan 2013, 2:26 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVII. Nouveau projet des Ursulines de Québec; elles s’adressent à M. Dollier.
Six ans après, et à l'occasion de l'établissement des RR. PP. Jésuites et des Récollets à Villemarie, qui eut lieu à cette époque, on pressa beaucoup les religieuses Ursulines de Québec d'exécuter enfin le projet qu'elles avaient formé autrefois d'aller s'y fixer elles-mêmes. Comme elles désiraient avec ardeur cette fondation, la sœur Marie de Saint-Joseph, leur supérieure, en écrivit en ces termes à M. Dollier :
« NOTRE-SEIGNEUR donne vocation à quelques religieuses de cette maison pour aller en vos quartiers en commencer une. Elles me prient, comme je le fais ici avec plaisir, de vous demander votre protection et votre permission, sans lesquelles nous ne voulons pas penser à la chose. Je vous les demande donc très-instamment, Monsieur. Vous pouvez tout à Villemarie, et même à Québec, sur l'esprit de Mgr votre illustre prélat. Je pense, Monsieur, que vous n'ignorez pas que dans les commencements de Villemarie nous y fûmes demandées, qu'on nous marqua même la place de l'établissement, et que Mme de La Peltrie, notre fondatrice, y monta et demeura deux ans dans ce dessein, avec une jeune fille qui depuis a été religieuse, et est une de nos anciennes. Vous feriez, Monsieur, bien de la grâce à toute notre communauté, et à moi, de nous dire vos sentiments sur cette affaire ; et si vous en seriez content, au cas que DIEU nous fit trouver les moyens de nous établir à Villemarie ; car autrement nous n'y voulons pas penser. Nous connaîtrons la volonté de DIEU par votre réponse (1). »
M. Dollier, d'après ce que M. Tronson lui avait marqué touchant la Visitation, ne put faire une réponse telle que la souhaitaient les Ursulines. Il avait même déjà écrit à M. de Saint-Vallier, pour lui exposer les inconvénients qu'il voyait à l'exécution de ce projet ; et le prélat avait paru être touché de la solidité de ses raisons. « Si les Ursulines vous écrivent, avait-il répondu à M. Dollier, je vous conseille de leur faire réponse, et de leur marquer à peu près les mêmes choses que vous m'exposez dans votre lettre. Toutes les raisons que vous me donnez me paraissent bonnes, et me font suspendre mon sentiment (1). »
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(1) Archives du séminaire de Villemarie, lettre de la sœur Marie de Saint-Joseph à M. Dollier.
(1) Ibid. Lettre de M. de Saint-Vallier à M. Dollier.
A suivre : XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson. Réponse qu’il leur fait.
Cependant ces religieuses, qui persévéraient toujours dans leur projet, prirent le parti de s'adresser directement à M. Tronson, persuadées que tous les obstacles cesseraient s'il approuvait lui-même leur dessein. Leur supérieure lui en écrivit donc et lui détailla tous les motifs qu'elle jugeait plus propres à faire impression sur son esprit, l'assurant surtout que ce nouvel établissement ne nuirait point à celui de la sœur Bourgeoys.
M. Tronson, qui n'avait pas ouï parler de ce nouveau projet, lui répondit en ces termes : « J'ai vu, par votre lettre du mois d'octobre dernier, la crainte où vous êtes que la pensée de vous établir présentement à Villemarie, ne m'ait fait de la peine. Mais comment m'en aurait-elle fait, puisque je ne sais rien de cet établissement, que ce que vous m'en écrivez ? Je n'ai point encore ouï dire qu'à vous qu'on vous y souhaitait, qu'on vous y donnait une maison avec un jardin, que votre établissement ne nuirait point aux filles de la Congrégation, et qu'il y aurait de quoi travailler pour les unes et pour les autres.
« Pour vous parler avec sincérité, je vous dirai que des personnes qui connaissent le pays, ont peine à croire que deux communautés de filles, qui ont les mêmes emplois, ne soient point trop pour Villemarie. Tout ce que je puis faire, c'est d'écrire cette année à nos Messieurs pour être éclairci là-dessus; et la suivante, après que par leur réponse ils nous auront mandé tout le détail de cette affaire, nous vous ferons savoir tout simplement ce que nous en pensons. Il ne s'agit que de bien connaître la volonté de DIEU, de peur que, comme il arrive quelquefois, en voulant trop multiplier le bien et le trop étendre, on ne l'affaiblisse et on ne le diminue. J'espère que vos prières contribueront à nous la faire connaître (1). »
La réserve de M. Tronson, en répondant de la sorte…
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(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à la supérieure des Ursulines de Québec, 1699.
A suivre…
Dernière édition par Louis le Mer 02 Jan 2013, 3:07 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVIII. Les Ursulines de Québec s’adressent à M. Tronson. Réponse qu’il leur fait.
(suite)
La réserve de M. Tronson, en répondant de la sorte, dut faire comprendre aux Ursulines qu'au jugement de cet homme sage et prudent leur dessein n'était pas dans l'ordre de la divine Providence. Aussi nous ne voyons pas que depuis elles aient jamais renouvelé leur demande, ne désirant de leur coté que de connaître à cet égard la volonté de DIEU.
Il est à remarquer que dans tous ces projets d'établissements qui auraient pu porter un notable préjudice à la Congrégation, 1a sœur Bourgeoys ne fit aucune démarche qui pût y mettre obstacle. Pour établir son institut, elle n'avait fait que se conformer aux ordres de ses directeurs, et entrer simplement dans les ouvertures que DIEU lui offrait; elle crut que, pour le conserver, elle devait pareillement se reposer sur les soins de sa divine Providence, qui, en effet suscita toujours, hors de la Congrégation, les instruments qui procurèrent l'accomplissement de ses desseins. Cette assistance divine parut surtout d'une manière bien sensible, à l'occasion d'un orage des plus violents que la Congrégation ait jamais eu à essuyer, et qui pensa la ruiner de fond en comble, ou plutôt qui semblait devoir anéantir tout le dessein de DIEU dans la fondation de Villemarie, comme nous le raconterons dans le chapitre suivant.
A suivre : Chapitre II. — TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN, POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
CHAPITRE II.
TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN,
POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION
L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.
TROUBLES SUSCITÉS PAR L’ENNEMI DE TOUT BIEN,
POUR ÉTEINDRE DANS LA CONGRÉGATION
L’ESPRIT PROPRE DE CET INSTITUT.
I. Efforts du démon pour ruiner
le dessein de DIEU sur la colonie,
en éteignant l’esprit donné aux trois communautés.
Nous avons vu qu'en ordonnant la formation de la colonie de Villemarie, DIEU proposait d'offrir, dans la sainteté des mœurs des premiers colons, une image de l'Église primitive. Pour ce dessein, il voulait y susciter trois communautés consacrées l'une à JESUS , l'autre à Marie, et la troisième à saint Joseph, afin qu'étant remplies de l'esprit de leurs augustes patrons, elles le répandissent dans cette Église naissante.
Ces communautés étant donc établies comme nous l'avons vu, et y remplissant chacune, à la grande édification des fidèles, l'objet spécial de sa vocation, Satan, qui, à la naissance de l'Église, avait demandé à DIEU qu'il lui fût permis de la troubler, et, comme dit NOTRE-SEIGNEUR, de la cribler (1), sembla avoir résolu de ruiner aussi l'ouvrage de la divine Sagesse dans cette colonie. Pour y réussir, il proposa à ces communautés le prétexte spécieux d'une perfection plus sublime que celle à laquelle elles étaient appelées ; afin que, les faisant sortir de l'ordre de DIEU sur elles, il éteignit par ce moyen en chacune l'esprit propre de sa vocation.
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(1) Évangile selon saint Luc ch. XXII, V. 31.
A suivre : II. Vues chimériques de la sœur Tardy de réunir les trois communautés en une seule.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Vues chimériques de la sœur Tardy de
réunir les trois communautés en une seule.
Une bonne fille de la Congrégation, la sœur Tardy, esprit vif et ardent, s'imagina être appelée de DIEU à faire honorer la vie intérieure de la très-sainte Vierge par l'établissement d'une nouvelle communauté à Villemarie (1). Cette communauté devait, disait-elle, se composer des sœurs de la Congrégation, des religieuses de Saint-Joseph, des ecclésiastiques du séminaire et aussi d'une certaine communauté de religieux ermites, destinés à être maîtres d'école pour les garçons (2). Tous les biens entre ces sortes de personnes auraient été communs, et toutes auraient suivi la même règle. La sœur Tardy prétendait autoriser un si étrange dessein, en assurant qu'elle connaissait l'état intérieur des personnes, et spécialement de celles qui allaient à la sainte table. Elle ajoutait que des âmes revenues de l'autre monde lui apparaissaient pour l'instruire de ce qu'il y avait à faire dans l'établissement de ce nouvel institut (3), et qu'enfin elle-même devait être mise à la tête de l'œuvre (4).
Avant de réaliser ce projet, et de ne faire des trois anciennes communautés qu'une seule, il fallait ôter de leurs places les personnes qui en avaient la conduite, et commencer d'abord par affaiblir dans ces maisons les liens de dépendance naturelle qui lient les inférieurs aux supérieurs. Ce fut par là aussi que l'ennemi de tout bien commença; et M. de Saint-Vallier, dans sa première visite à Villemarie, favorisa, sans s'en douter, l'esprit d'insubordination par l'effet d'un zèle qui n'était pas assez conforme aux règles de la prudence.
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(1) Lettres de M. Tronson ; Canada, lettre à M. Séguenot, 1692.
(2) lettre du même à M. de Casson, du 28 février 1692.
(3) lettre du même à M. de Belmont, du2 mars 1691.
(4) lettre du même à M. de Lacolombière, du mois de mars 1693.
A suivre : III. M. de Saint-Vallier affaiblit, sans le vouloir, la dépendance qui régnait au séminaire.
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