Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET

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Message  Louis Mar 18 Sep 2012, 11:27 am

xv. Les plus habiles médecins déclarent
que l'infirmité de Mlle Mance est incurable.

Là-dessus, M. Duplessis, baron de Montbar, l'un des associés, offrit de la faire conduire par sa propre sœur, dans son carrosse, chez les plus habiles qu'on venait de nommer; et l'assemblée s'empressa d'approuver cette proposition. Mais tous les docteurs les plus expérimentés qu'elle consulta, après avoir bien examiné l'état de son bras, répondirent d'un commun accord que le mal était trop invétéré et la personne trop avancée en âge pour qu'on put jamais espérer de guérison ; que d'ailleurs, la peau étant dans le même état de sécheresse où serait un cuir à demi préparé, et le bras et la main demeurant sans mouvement, presque sans chaleur et sans vie, sans conserver de sensibilité que pour lui causer les plus vives douleurs dès qu'on venait à y toucher, il y avait tout lieu de craindre que le mal du bras ne se communiquât à tout le côté droit. Enfin ils déclarèrent que, si quelque charlatan osait entreprendre de la traiter pour la guérir, au lieu de la soulager il attirerait et irriterait les humeurs et la rendrait paralytique de la moitié du corps (1).

Au rapport de la sœur Morin, une sœur de Mlle Mance chez qui celle-ci logeait à Paris, proche l'église Saint-Sulpice, rue Férou (2), et un chanoine de la Sainte-Chapelle son parent, M. Dolbeau (*), firent de leur côté une assemblée de médecins et de chirurgiens, et ils conclurent tous unanimement que son bras et sa main étaient absolument incurables (1) .

« Les chirurgiens et les autres personnes capables et habiles en ces matières, » dit Mlle Mance elle-même dans un écrit dont nous parlerons bientôt, « m'assuraient qu'il n'y avait point de remède pour me rendre l'usage de ma main ; mais qu'il fallait seulement tâcher d'empêcher que la chaleur naturelle ne se retirât, et que mon bras ne vînt à se dessécher tout à fait et à mourir (2). »

_______________________________________

(*) Nicolas Dolbeau, docteur de Sorbonne, chanoine de Langres et de la Sainte-Chapelle de Paris, fut un zélé défenseur de la foi catholique contre les erreurs du jansénisme, et publia en 1651 l'écrit in-8º qui porte ce titre : Observations sur une lettre d'un abbé à un évêque à l'occasion de ce problème: « Si, en matière de grâce, les lieux du concile de Trente du sens desquels on ne convient pas entre les catholiques doivent être interprétés par saint Augustin. »

Les principaux fondements du jansénisme que cette lettre avait établis, sont examinés et renversés par l'auteur des Observations. (Langres savante, ou Recueil des savants et de ceux qui ont excellé dans les beaux-arts au diocèse de Langres, p. 39. )

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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(2) Acte de Marreau, notaire à Paris, du 29 mars 1659.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Attestations authentiques de miracles attribués à M. Olier , p. 51 et suiv.

A suivre : XVI. Mlle Mance a le mouvement d'aller invoquer M. Olier sur son tombeau.

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Message  Louis Mer 19 Sep 2012, 6:25 am

XVI. MlleMance a le mouvement d'aller invoquer M. Olier sur son tombeau.

Voyant donc qu'il n'y avait pour elle aucune espérance de guérison, et que même on lui interdisait toute espèce de remède, Mlle Mance ne songea plus qu'aux moyens d'avoir une fondation pour ses chères sœurs de Saint-Joseph. Sur ces entrefaites, elle eut la pensée d'aller vénérer le corps de M. Olier, ainsi que son cœur, qu'elle avait ouï dire avoir été embaumé séparément; et elle se rendit au séminaire de Saint-Sulpice avec la sœur Bourgeoys, dans l'espérance que M. de Bretonvilliers leur permettrait d'entrer dans la chapelle, où le corps était alors en dépôt.

Comme, d'après l'usage constant, les femmes n'entrent point dans cette maison, et qu'il fallait en traverser la cour pour pénétrer dans la chapelle, M. de Bretonvilliers les pria de venir dans un moment où la communauté serait à l'église de la paroisse, de peur que, si on les voyait entrer, d'autres dames ne fissent demander pour elles la même faveur.

Il leur assigna le jour de la Purification, 2 février de cette année 1659, ajoutant que pendant l'office de la paroisse il célébrerait lui-même la sainte messe dans la chapelle du séminaire, où elles pourraient communier; et qu'ensuite il lui apporterait le cœur de M. Olier, qu'il avait en dépôt dans sa chambre (1).

La sœur Bourgeoys désirait partir promptement pour Troyes, afin d'y chercher de zélées compagnes qui la suivissent à Villemarie ; elle ne put attendre jusqu'à ce jour (2) ; en sorte que le 2 février MlleMance se rendit seule au séminaire, à l'heure indiquée. Elle y allait sans penser à demander sa guérison. Mais DIEU, pour montrer par un témoignage singulier l'approbation qu'il donnait aux entreprises de cette sainte fille, et faire voir que cette infirmité n'avait été ordonnée par sa providence que pour attirer à Villemarie les filles de Saint-Joseph, voulut que Mlle Mance fût miraculeusement guérie par l'attouchement du cœur de M. Olier, et que cette guérison lui fit trouver aussitôt la fondation qu'elle sollicitait pour l'établissement de ces filles.


________________________________________________________

(1) Attestat. authentiques de miracles attribués à M. Olier , p. 51 Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(2) Mémoires autogr. de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XVII. Impressions de grâce extraordinaire que Mlle Mance éprouve en entrant dans la chapelle où reposait le corps de M. Olier.


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Message  Louis Mer 19 Sep 2012, 4:36 pm

XVII. Impressions de grâce extraordinaire que
Mlle Mance éprouve en entrant
dans la chapelle où reposait le corps de M. Olier.

Nous ne saurions faire un récit plus naïf ni plus fidèle de ce miracle qu'en rapportant la relation qu'elle-même en écrivit.

« Étant tout à fait privée de l'usage de ma main depuis le moment de ma chute, qui fut le dimanche 28 janvier 1657 (*), à huit heures du matin, jusqu'au 2 février 1659, à dix heures, je n'usais d'aucun remède, n'espérant plus de guérison, n'ayant pas même la pensée de demander un miracle. J'étais contente de me soumettre à l'ordre de DIEU, et de demeurer ainsi toute ma vie en cet état de privation douloureuse et pénible. J'avais désiré de voir le cercueil de feu M. Olier, non pas dans la vue de mon soulagement, mais dans l'intention de l'honorer, l'estimant un très-grand serviteur de DIEU. J'eus la permission de le voir le jour de la Purification de la sainte Vierge. Je savais qu'il avait pendant sa vie grande dévotion à ce jour (**).

Comme je fus sur le point d'entrer dans la chapelle où repose son corps, la pensée me vint de demander à DIEU, par les mérites de son serviteur, qu'il lui plût de me donner un peu de force et quelque soulagement à mon bras, afin que je m'en pusse servir dans les choses les plus nécessaires, comme pour m'habiller et pour accommoder notre autel à Montréal.

Je dis : …

______________________________________________________

(*) La sœur Morin fixe la chute de Mlle Mance au 27 janvier; elle est inexacte en ce point. Cet accident arriva un jour de dimanche, comme le remarque M lleMance elle-même; ce qui ne peut être en effet que le 28, auquel tombait cette année le dimanche de la Septuagésime (1).

(**) M. Olier avait en effet une dévotion spéciale pour le jour de la Purification, parce que ce fui dans ce même jour, où l'Église chante ces paroles : Lumen ad revelationem gentium, qu'en l'année 1636 DIEU lui donna la première vue de sa vocation pour le Canada. Aussi choisit-il le jour de la Purification, en 1642, pour consacrer l'Ile de Montréal à la Sainte-Famille ( R. 180,199) ; et, de concert avec ses associés, obtint-il du pape Urbain VIII, l'année suivante, une indulgence plénière qu'ils pouvaient tous gagner ce jour-là en France, et que de leur côté tous les colons de Villemarie et les autres pouvaient gagner aussi à pareil jour, en visitant la chapelle provisoire, dédiée à la très-sainte Vierge dans ce lieu (163).


(1) L'Art de vérifier les dates, 1657.

A suivre …

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Message  Louis Jeu 20 Sep 2012, 6:06 am

XVII. Impressions de grâce extraordinaire
que Mlle Mance éprouve en entrant
dans la chapelle où reposait le corps de M. Olier.
(suite)

« 0 mon DIEU , je ne demande point de miracle, car j'en suis indigne; mais un peu de soulagement, et que je me puisse aider de mon bras. Comme j'entrais dans la chapelle, il me prit un grand saisissement de joie, si extraordinaire, que de ma vie je n'en ai senti de semblable. Mon cœur en était si plein, que je ne le puis exprimer. Mes yeux étaient comme deux fontaines de larmes qui ne tarissaient point : ce qui venait si doucement, que je me sentais comme toute fondue, sans aucun effort ni travail de ma part pour m'exciter à telle chose, à quoi je ne suis pas naturellement disposée. Je ne peux exprimer cela sinon en disant que c'était un effet de la grande complaisance que je sentais du bonheur que possède ce bienheureux serviteur de DIEU. Je lui parlais comme si je l'eusse vu de mes yeux, et avec beaucoup plus de confiance, sachant qu'il me connaissait à présent bien mieux que lorsqu'il était au monde ; qu'il voyait mes besoins et la sincérité de mon cœur, qui ne lui avait rien caché (1). »

M. Dollier de Casson avait appris les circonstances de cette guérison de la propre bouche de Mlle Mance, et il en rapporte quelques-unes qui méritent d'être conservées.

« Marchant vers la chapelle, dit-il, elle vit M. Olier aussi présent en son esprit qu'on le pouvait avoir présent sans vision ; ce qui lui fit ressentir une joie si grande pour les avantages que les vertus de ce serviteur de JESUS-CHRIST lui avaient acquis devant DIEU, que, voulant ensuite se confesser, elle avoue qu'il lui fut impossible de le faire, et qu'elle ne put dire autre chose à son confesseur sinon : Monsieur, je suis saisie d'une telle joie, que je ne puis vous rien exprimer (1).

____________________________________________

(1) Attesta. authentiq. De miracles attribués à M. Olier ; déclaration de Mlle Mance p. 51.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre : XVIII. Mlle Mance est miraculeusement guérie par l'attouchement du cœur de M. Olier.


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Message  Louis Jeu 20 Sep 2012, 11:41 am

XVIII. Mlle Mance est miraculeusement guérie
par l'attouchement du cœur de M. Olier.

«J'entendis la sainte messe, poursuit Mlle Mance, et communiai dans cette douceur extraordinaire, ne songeant point à mon bras qu'après la messe, lorsque M. de Bretonvilliers s'en allant à la paroisse pour assister à la procession, je le priai de me donner le cœur de feu M. Olier pour le faire toucher à mon bras, lui disant que je croyais que je n'aurais plus que faire du sang des taureaux et des bœufs pour ma guérison : car j'eus dès lors une confiance certaine d'être exaucée. Il me l'apporta et se retira : et moi, ayant pris ce précieux dépôt de ma main gauche, et pensant aux grâces que DIEU avait mises dans ce saint cœur, je le posai sur ma main droite tout enveloppée qu'elle était dans mon écharpe, et au même moment je sentis que ma main était devenue libre, et qu'elle soutenait sans appui le poids de la boîte de plomb où le cœur est renfermé : ce qui me surprit, m'étonna merveilleusement, et m'obligea de louer et de bénir la bonté divine de la grâce qu'elle me daignait faire, de manifester en moi la gloire et le mérite de son saint serviteur. Je sentis au même temps une chaleur extraordinaire se répandre par tout mon bras, jusqu'aux extrémités des doigts, et l'usage de ma main me fut rendu dès ce moment (1). »

A ces détails M. Dollier de Casson ajoute encore les circonstances suivantes :

« Mlle Mance ayant pris ce cœur, tout pesant, à cause du métal où il était enchâssé et du coffret de bois qui renfermait tout le reste, et l'ayant appuyé sur son bras, tout enveloppé de plusieurs différents linges attachés avec une multitude d'épingles, soudain voilà qu'une grosse chaleur lui descend de l'épaule et vient lui occuper le bras tout entier. Dans un instant son bras passe d'une extrême froideur à cet état de chaleur dont nous parlons, et en même temps toutes ses ligatures et ses enveloppes se défont d'elles-mêmes (2). »

Voyant que la liberté de son bras et de sa main lui était rendue d'une manière si évidemment miraculeuse, Mlle Mance voulut en consacrer à DIEU le premier usage par le signe de la croix qu'elle fit alors, ce qu'elle n'avait pu depuis sa chute.

__________________________________

(1) Déclaration de Mlle Mance, du 13 février 1659 ibid.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre : XIX. Transports de joie que Mlle Mance éprouve après ce miracle.

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Message  Louis Ven 21 Sep 2012, 6:13 am

XIX. Transports de joie que Mlle Mance éprouve après ce miracle.

Les transports de sa reconnaissance et l'excès de sa joie furent tels, que, pendant les huit premiers jours qui suivirent sa guérison, elle en demeura comme ravie hors d'elle-même. Néanmoins, immédiatement après le miracle, ayant déposé le cœur dans l'endroit de la chapelle que M. de Bretonvilliers lui avait indiqué, elle eut assez de présence d'esprit pour remettre son bras dans son écharpe, afin que le portier ne s'aperçût de rien, et que M. de Bretonvilliers fût le premier à apprendre un prodige si étonnant. Elle retourna donc ainsi à la maison de sa sœur, qui était alors absente, et qui arriva peu après.

Mlle Mance, voulant lui faire connaître le bienfait qu'elle venait de recevoir, et ne le pouvant par ses paroles, à cause de l'excès de la joie qui inondait son âme, et qui lui ôtait toute liberté d'en proférer aucune, se mit incontinent à agir de sa main droite, lui montrant par cette sorte de langage qu'elle n'y avait plus de mal. Sa sœur, transportée à son tour de la plus inexprimable allégresse, ne put d'abord lui répondre que par ses larmes ; reprenant ensuite ses esprits :

« Ma sœur, lui dit-elle, qu'est-ce que je vois ? Est-ce la sainte Épine qui a fait cette merveille? »

— « Non, répond-elle, DIEU s'est servi du cœur de M. Olier. »

— « Ah ! lui dit sa sœur, il faut le publier partout; je vais l'apprendre aux Carmes-Déchaussés et dans « les communautés du voisinage. »

— « Non, ma sœur, reprend Mlle Mance, ne le faites pas : Messieurs du séminaire n'en savent rien encore ; il faut qu'ils le sachent les premiers ; après leur récréation nous irons le leur apprendre.»

Cela dit, elles se mirent à table, car l'heure de leur diner était venue. Mais il leur fut impossible de toucher à rien de ce qui leur avait été servi, la joie qui inondait leurs cœurs faisant oublier à l'une et à l'autre les besoins du corps, et leur tenant lieu de toute nourriture (1).

________________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson. Ib.

A suivre : XX. Mlle Mance se rend au séminaire, où elle donne une déclaration du miracle, signée de sa main.

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Message  Louis Ven 21 Sep 2012, 1:33 pm

XX. Mlle Mance se rend au séminaire,
où elle donne
une déclaration du miracle, signée de sa main.

Sur les deux heures, elles allèrent au séminaire de Saint-Sulpice. Une partie de la communauté était déjà retournée à l'église paroissiale pour l'office du soir. Mlle Mance, apprenant que M. de Bretonvilliers était encore dans la maison, le fit appeler ; et dès qu'il fut assez près pour qu'elle pût se faire facilement entendre de lui :

« Monsieur, lui dit-elle en lui montrant sa main, voilà des effets de M. Olier. »

A cette vue, M. de Bretonvilliers, comblé de consolation, dit à Mlle Mance :

« Ayant été témoin ce matin des effets de votre confiance, je croyais bien que vous seriez exaucée. »

Incontinent il réunit tout ce qui était resté d'ecclésiastiques au séminaire, les conduisit avec Mlle Mance dans la même chapelle où le miracle avait été opéré, et tous en rendirent à DIEU de vives actions de grâces. M. de Bretonvilliers lui demanda ensuite si sa main droite était assez libre pour qu'elle pût certifier par écrit la vérité du fait qui s'était passé en elle. Sur sa réponse affirmative, on apporta incontinent du papier et de l'encre, et aussitôt elle en donna cette courte déclaration dans le lieu même (1):

« JESUS, Marie, Joseph.

Le 2 février 1659, en la chapelle du séminaire, après la sainte messe, j'ai écrit ces mots de ma main droite, de laquelle je n'avais eu aucun usage depuis deux ans. —JEANNE MANCE.»

Cette déclaration, qu'on conserve en original au séminaire de Saint-Sulpice, porte encore comme une impression de l'émotion involontaire qu'éprouvait Mlle Mance lorsqu'elle l'écrivit. Quoique les lettres en soient toutes bien formées, l'écriture en est toute tremblante; ce qui fait dire à M. Dollier de Casson, dans la relation qu'il nous a laissée de ce miracle : « Si l'écriture a quelque défaut, il faut l'attribuer à l'extrême joie dont Mlle Mance était émue, et non à l'infirmité du bras et de la main (1). » En effet, le 13 du même mois, Mlle Mance écrivit de cette même main une déclaration détaillée, que nous avons rapportée déjà en très-grande partie, et dont l'écriture, ferme et nette, ne diffère en rien de celle qui lui était ordinaire avant sa chute. Après avoir pris DIEU à témoin de la vérité de cette relation, elle la conclut par ces paroles :

« Je déclare que tout ce que j'ai écrit ci-dessus, en ces deux petites feuilles, est véritable et sincère. En foi de quoi je l'ai écrit et signé de la même main dont j'ai reçu l'usage. A Paris, ce 13 février 1659.

JEANNE MANCE (2). »

_________________________________________________

(1) Attestations authentiques de miracles attribués à M. Olier , p. 49.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(2) Attestations authentiques de miracles, p. 51 et suiv.

A suivre : XXI. Mlle Mance raconte sa guérison à la sœur Bourgeoys et à la Compagnie le Montréal.

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Message  Louis Sam 22 Sep 2012, 6:29 am

XXI. Mlle Mance raconte sa guérison
à la sœur Bourgeoys et à la Compagnie le Montréal.

Immédiatement après sa guérison, elle s'empressa d'écrire cette heureuse nouvelle à la sœur Bourgeoys, sa sainte et fidèle compagne. « Je reçus d'elle à Troyes, dit cette dernière, une lettre où elle me mandait qu'elle était guérie, et qu'elle m'écrivait de sa propre main. Je montrai cette lettre à un médecin et à d'autres, en leur racontant la manière dont son bras avait été rompu ; et chacun me dit que cette guérison ne se pouvait faire sans miracle (3). »

Le bruit ne tarda pas à s'en répandre dans Paris. Dès le lendemain, 3 février, qui était un lundi, les membres de la Compagnie de Montréal, plus intéressés que personne à en connaître toutes les circonstances, s'empressèrent de se réunir en assemblée, et invitèrent Mlle Mance à leur en faire le récit. Elle satisfit à leur désir avec des transports de cette joie inexprimable dont elle était tout inondée, et qui pendant huit jours lui permit à peine de prendre quelque nourriture.

En l'entendant parler, ils ne pouvaient témoigner assez leur reconnaissance à DIEU de ce qu'il honorait ainsi la mémoire de leur confrère, et voulait qu'il procurât encore, après sa mort, le bien de la colonie par cette guérison, qui mettait Mlle Mance en état de lui rendre de nouveaux services. Ils admiraient qu'il eût par là donné au cœur de M. Olier le moyen de témoigner à cette demoiselle sa gratitude pour le dévouement si généreux qu'elle faisait paraître en faveur d'une œuvre à laquelle il prenait lui-même tant de part lorsqu'il était vivant; et ils ne doutèrent pas que DIEU ne bénît encore Villemarie, puisqu'il la mettait sous la protection d'un intercesseur si puissant auprès de lui (1).

__________________________________________

(3) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys ; vie de la même, t. I, p. 113.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.


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A suivre : XXII. Empressement qu'on témoigne à Paris pour voir Mlle Mance.


Dernière édition par Louis le Sam 22 Sep 2012, 4:24 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 22 Sep 2012, 11:05 am

XXII. Empressement qu'on témoigne
à Paris pour voir Mlle Mance.

Mais ce ne furent pas seulement les associés de Montréal qui firent paraître tant d'empressements à connaitre les particularités de ce miracle. Une multitude de personnes de distinction et de dames de la première qualité voulurent en entendre le récit de la propre bouche de Mlle Mance. Elle recevait tant de visites, qu'elle était épuisée de parler ; et toutes ces dames, qui se succédaient pour la voir, se retiraient aussi satisfaites des belles qualités de sa personne qu'édifiées de sa grande piété. C'était parmi elles à qui aurait le bonheur de la posséder quelques heures dans sa maison, et comme Mlle Mance avait le don de gagner tout le monde par son abord et par les charmes secrets de sa vertu, on la regarda bientôt comme une sainte à miracles. On alla même jusqu'à couper des morceaux de sa robe par dévotion, et à la fin elle se vit contrainte de ne plus aller qu'en voiture dans les rues.

«Je lui ai ouï raconter ces détails par récréation, rapporte la sœur Morin, et elle en parlait comme d'une absurdité. L'estime qu'on avait conçue de moi, disait-elle, me faisait souffrir une sorte de martyre, puisque de ma part je n'avais contribué à cette merveille que par ma misère et mon infirmité, qui avait attiré sur moi la miséricorde de DIEU; aussi me tardait-t-il de quitter Paris, afin de n'être plus connue (1). »

______________________________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : XXIII. Certitude du miracle opéré sur Mlle Mance.

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Message  Louis Dim 23 Sep 2012, 6:50 am

XXIII. Certitude du miracle opéré sur Mlle Mance.

L'empressement de toutes ces personnes à voir Mlle Mance avait pour motif la certitude incontestable, et même la persévérance du miracle, toujours subsistant, qui s'était opéré en elle.

« Il se réitère tous les jours, de l'aveu de tous ceux qui veulent prendre la peine de voir le bras de Mlle Mance, écrit M. Dollier de Casson. Car il y a cela de particulier dans ce miracle, qu'il est continuel et manifeste, l'articulation du poignet étant demeurée disloquée comme auparavant. Malgré cela, elle se sert de son bras et de sa main sans éprouver aucune douleur, et comme s'ils étaient en bon état. C'est aussi ce que tous les hommes experts en ces matières ont avoué et attesté (1). »

Les plus importantes de ces attestations sont sans doute celles des deux chirurgiens qui avaient traité Mlle Mance avant son voyage en France, et qui, à son retour en Canada, certifièrent le prodige dont nous parlons.

Le sieur Madry, dans sa déclaration du 25 août de l'année suivante, s'exprimait en ces termes : « Depuis que Mlle Mance est retournée de France, je l'ai vue se bien servir de sa main droite, et le bras fortifié; le tout sans la dislocation remise, ce qui ne se peut faire par remèdes humains (2). »

Etienne Bouchard, dans son rapport du 10 juillet de la même année, disait pareillement : « Et maintenant je reconnais qu'elle est bien guérie, et qu'elle s'aide parfaitement de son bras et de sa main, quoique la dislocation ne soit pas remise en son lieu et place (1). »

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(1) Histoire du Montréal,1658-1659.
(2) Attestations authentiques de miracles attribués à M. Olier ; rapport de Jean Madry, p. 61
(1) Rapport d’Étienne Bouchard, p. 59.
A suivre : XXIV. Mlle Mance fait le récit de sa guérison à Mme de Bullion, qui donne une fondations pour les filles de Saint-Joseph.

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Message  Louis Dim 23 Sep 2012, 11:55 am

XXIV. Mlle Mance fait le récit de sa guérison à Mme de Bullion,
qui donne une fondations pour les filles de Saint-Joseph.

Mais la personne qui devait prendre le plus de part à cette guérison était sans contredit Mme de Bullion. Aussi, dès le lendemain 3 février, immédiatement après l'assemblée des associés de Montréal, Mlle Mance s'empressa-t-elle d'aller se montrer à cette chère fondatrice, et de lui raconter en détail toutes les circonstances d'un si merveilleux événement (2).

Mme de Bullion, voyant la preuve de ce miracle dans le libre usage que Mlle Mance avait de son bras et de sa main, malgré la dislocation toujours subsistante, éprouva une joie proportionnée à l'affection qu'elle portait à cette sainte fille. Ne pouvant douter que DIEU n'eût opéré ce prodige pour procurer l'établissement des filles de Saint-Joseph à Villemarie, elle remit à Mlle Mance la somme de 22,000 livres, pour leur servir de fondation.

En outre, elle voulut payer tous les frais de son voyage, lui fit quantité de présents, lui donna des ornements d'église et divers bijoux pour qu'ils servissent au culte divin, enfin plusieurs sommes pour les familles de Villemarie les plus nécessiteuses (1).

Ce fut alors qu'arriva sans doute ce que raconte la sœur Morin: que Mme de Bullion, pour n'être pas connue comme fondatrice , remettait des sacs d'argent à Mlle Mance, qui les emportait dans son tablier après ses visites.

« Elle m'a raconté plusieurs fois agréablement, dit-elle, que, se faisant conduire chez Mme de Bullion en chaise à porteur, un soir ses porteurs lui dirent : D'où vient donc, Mademoiselle, que, quand vous venez ici, vous êtes moins pesante que quand vous retournez chez vous ? Assurément cette dame vous aime et vous fait des présents. » Cette observation lui fit craindre d'être volée; et elle jugea qu'il était de la prudence de changer désormais de porteurs, aussi bien que d'heure pour aller chez sa bienfaitrice (2).

______________________________________________________

(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, ibid. etc.
A suivre: xxv. La Compagnie de Montréal s'engage à faire conduire dans cette île…

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 6:08 am

XXV. La Compagnie de Montréal s'engage à
faire conduire dans cette île
les Hospitalières de Saint-Joseph.

Enfin, ayant ainsi reçu, à diverses reprises, les 22,000 livres destinées à la fondation, elle en remit, le 29 mars 1659, 20,000 entre les mains de M. de La Dauversière, comme procureur des filles de Saint-Joseph. Par le contrat qu'ils passèrent ce jour-là devant Marreau, notaire, il fut stipulé : que les associés de Montréal feraient passer sans délai, de France à Villemarie, trois hospitalières et une sœur domestique, tirées des communautés de Saint-Joseph, et non de quelque autre institut; qu'elles y serviraient les pauvres malades de l'Hôtel-Dieu gratuitement, sans rien prendre pour elles du revenu destiné aux pauvres; que, pour ce dessein, les hospitalières, au moyen des 20,000 livres fournies des deniers de la personne fondatrice, seraient obligées d'acquérir une rente de 1,000 livres à leur profit et au profit de celles de leur institut qui leur succéderaient au même Hôtel-Dieu : et qu'elles remettraient des copies de leurs contrats d'acquisition, tant à Mlle Mance qu'au secrétaire de la Compagnie de Montréal.

Enfin, il fut aussi convenu que Mlle Mance demeurerait administratrice des biens des pauvres jusqu'à sa mort; et qu'après son décès les seigneurs nommeraient deux administrateurs, et ensuite tous les trois ans un nouvel administrateur pour remplacer le plus ancien qui sortirait de charge (1) .

C'est ainsi que, par la générosité de Mme de Bullion, par le zèle persévérant de Mlle Mance, et par la protection de M. Olier, l'établissement des sœurs de Saint-Joseph à Villemarie fut enfin conclu et définitivement arrêté par la Compagnie de Montréal, selon les vues surnaturelles montrées autrefois à M. de La Dauversière, leur fondateur.

En même temps que cet heureux dénouement avait lieu à Paris, la sœur Bourgeoys réunissait à Troyes les premières filles qui formèrent avec elle le noyau de la congrégation de Notre-Dame à Villemarie. Ainsi, Mlle Mance, après avoir sauvé plusieurs fois cette colonie, fut encore l'instrument dont DIEU voulut se servir pour y attirer les trois communautés destinées à y répandre l'esprit de la Sainte-Famille.

_____________________________________________

(1) Acte de Marreau, notaire à Paris du 29 mars 1659.

A suivre : chapitre V. M. DE LA DAUVERSIERE DESIGNE TROIS FILLES DE SAINT-JOSEPH POUR VILLEMARIE. — OPPOSITION QU’ON FORME EN FRANCE CONTRE LEUR DEPART. — LEUR TRAVERSEE.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 1:22 pm

CHAPITRE V

M. DE LA DAUVERSIERE DESIGNE TROIS FILLES
DE SAINT-JOSEPH POUR VILLEMARIE.
— OPPOSITION QU’ON FORME EN FRANCE CONTRE LEUR DEPART.
— LEUR TRAVERSEE.


I. M. de La Dauversière désirait que ses filles contractassent
des vœux solennels. — Partage d'opinions entre elles sur ce point.

Dès que le contrat d'établissement des filles de Saint-Joseph pour Villemarie eut été conclu, les associés de Mlle Mance s'empressèrent d'en informer par leurs lettres les hospitalières de la Flèche. Ils leur annoncèrent que, dans le courant de cette année, trois filles tirées de leur communauté ou des autres maisons de l'institut, partiraient pour Montréal (1), et accompliraient enfin les ordres donnés de DIEU depuis si longtemps à M. de La Dauversière. Leur établissement dans ce lieu, retardé depuis plus de vingt ans par les divers obstacles qu'on a exposés jusqu'ici, devait encore en éprouver une multitude d'autres, comme on le verra dans la suite ; et, pour faciliter au lecteur l'intelligence de ce que nous avons à raconter, il est nécessaire de faire connaître ici quel était alors l'état de l'institut des hospitalières de Saint-Joseph, et celui de l'Église du Canada.

En formant sa congrégation, M. de La Dauversière n'y avait prescrit que des vœux simples ; et il était nécessaire qu'avant d'être érigée en religion elle eût donné à l'Église des preuves certaines de sa vocation divine pour le service des malades. La sœur Morin, instruite des sentiments de M. de La Dauversière par les mères de Brésoles, Macé et Maillet, nous apprend qu'il souhaitait en effet, non moins que la mère de La Ferre, de voir passer cette congrégation de l'état de filles séculières en celui de religieuses qui fissent des vœux solennels. Les PP. Meslan, du Beil et Chauveau, qui dirigèrent successivement ces filles, approuvèrent en tout les lumières de M. de La Dauversière, qu'ils croyaient venir de DIEU. « Mais ceux qui leur succédèrent, ajoute la sœur Morin, ne suivirent pas leurs traces, et n'entrèrent pas dans les sentiments des fondateurs touchant l'état religieux ; ce qui causa bien du trouble et de la diversité de sentiments, chacune soutenant celui de son directeur.

M. de La Dauversière et notre digne mère de La Ferre gémissaient beaucoup devant DIEU d'un si grand changement survenu dans les esprits, sans pouvoir y apporter de remède, le moment que le SEIGNEUR avait marqué pour cela n'étant pas encore arrivé. Plusieurs années se passèrent dans cette division de sentiments ; durant ce temps, la mère de La Ferre mourut à Moulins, en odeur de sainteté; et M. de La Dauversière se donna tout entier aux affaires de la colonie de Montréal. » Mais DIEU, qui voulait le sanctifier par la croix, permit que le défaut de vœux solennels, qui en France faisait gémir son fidèle serviteur, fût encore un des motifs dont on se servit en Canada pour mettre opposition à l'établissement de ses filles (1).

_________________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : II. M. de Laval, vicaire apostolique, désire que le départ des filles de Saint-Joseph soit différé.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 8:04 pm

II. M. de Laval, vicaire apostolique, désire
que le départ des filles de Saint-Joseph soit différé.

M. de Queylus, avant son départ pour ce pays, avait été proposé par les associés de Montréal et agréé par le clergé de France pour être présenté au Pape comme un sujet très-propre à être évêque de Villemarie, où l'on voulait faire ériger un siège épiscopal (2). Les RR. PP. Jésuites, après avoir d'abord agréé ce choix (3), crurent cependant devoir s'y opposer avant le départ de M. de Queylus (4), et présentèrent à la cour M. de Laval, qui reçut des bulles de vicaire apostolique pour ce pays, sous le titre d'évêque de Pétrée (1). Ce prélat était sur le point de s'embarquer lorsque la Compagnie de Montréal concertait les moyens d'attirer les filles de Saint-Joseph à l'Hôtel-Dieu de Villemarie. Comme les hospitalières de Québec désiraient beaucoup d'en avoir la direction, on écrivit du Canada à M. de Laval, de dissuader celles de Saint-Joseph de partir ; et entre autres motifs on lui marquait que M. de Queylus, l'année précédente, avait appelé à Villemarie celles de Québec, en vue de les y établir dès que la Compagnie de Montréal consentirait les recevoir.

M. de Laval, ayant donc reçu ces avis et étant sur le point de s'embarquer pour le Canada, fut prié par les associés d'assister à leurs assemblées, afin qu'ils pussent lui faire connaître le dessein qu'ils avaient eu jusque alors dans l'œuvre de Montréal, et ce qu'ils se proposaient pour l'avenir. Il voulut bien assister à deux de leurs réunions; et dans l'une et dans l'autre on lui fit part de la résolution que l'on avait prise d'envoyer cette même année des hospitalières de Saint-Joseph à Villemarie. Mais toutes les fois qu'ils lui parlèrent de ces filles, le prélat, sans les exclure positivement, demanda qu'on différât leur départ jusqu'à l'année suivante, alléguant pour motif de ce délai la crainte de blesser M. de Queylus, qu'il croyait, disait-il, avoir d'autres desseins.

Cette crainte était sans fondement depuis que Mme la duchesse d'Aiguillon avait refusé de fonder les hospitalières de Québec à Villemarie, et que Mme de Bullion, de son côté, venait de donner une fondation pour y établir celles de Saint-Joseph. Aussi les associés, convaincus que M. de Queylus entrerait volontiers dans les vues de M. de Bretonvilliers, son supérieur, et dans celles de la Compagnie, assurèrent toujours M. de Laval que leur confrère n'aurait pas d'autre sentiment que le leur, quand il en serait informé ; surtout lorsqu'il saurait que la Compagnie, à qui seule appartenait le droit de choisir des hospitalières, venait de passer un contrat en faveur de celles de la Flèche. Mais quelques raisons qu'ils pussent alléguer, M. de Laval persista toujours à demander que le départ de ces filles fût différé. Ces instances leur faisant enfin soupçonner qu'il ne voulût, à la faveur de ce délai, ménager les moyens d'attirer à Villemarie les hospitalières de Québec, les associés lui déclarèrent qu'ils n'avaient en vue que celles de la Flèche, et qu'au reste c'était pour elles seulement qu'avait été faite la fondation. Ils le supplièrent donc de trouver bon que ces filles partissent cette même année, l'Hôtel-Dieu de Villemarie étant dans un extrême besoin de ce secours (1).

________________________________________________

(2) Procès-verbal de l’assemblée du clergé, in fº, 1636, 9 août,p. 629, 631, etc.
(3) Ibid. séance du mercredi 10 janv. 1657, p. 1061, nº 3. Mém. De M. d’Alet ; œuvres d’Arnault t. XXXIV, p. 724.
(4) Mémoires de M. d’Alet.
(1) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix, t. I, p. 339.

A suivre : III. Le cheval de Mlle Mance la jette rudement par terre…

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Message  Louis Mar 25 Sep 2012, 3:45 pm

III. Le cheval de Mlle Mance la jette rudement par terre
sur sa main disloquée, qui n'en éprouve qu'une légère écorchure.

Après ces assemblées, et cette instante prière faite à M. de Laval, Mlle Mance écrivit aux hospitalières de la Flèche, et leur donna rendez-vous à la Rochelle pour l'embarquement. Elle écrivit aussi à M. de La Dauversière, qui devait les y conduire, et se mit elle-même en route, afin d'ordonner tous les préparatifs nécessaires avant leur arrivée. Nous avons vu que, lorsqu'elle débarqua à la Rochelle l'année précédente, son bras était dans un état de si grande irritation, que, ne pouvant supporter le mouvement de la voiture la plus douce sans éprouver des douleurs excessives, elle avait été contrainte de se faire transporter à la Flèche sur un brancard.

Depuis le 2 février, jour de sa guérison, elle était si parfaitement rétablie et avait tant de liberté de son bras et de sa main, qu'elle fut en état de faire à cheval le voyage de Paris à la Rochelle. Mais comme si la vérité de sa guérison n'eût pas été assez authentiquement constatée, malgré tout ce que nous avons raconté déjà, DIEU voulut qu'un accident arrivé dans ce voyage portât la certitude de ce miracle au dernier degré d'évidence dans les esprits même les plus mécréants. Lorsqu'elle était à huit lieues de la Rochelle, le cheval qui la portait, et qui était fort ombrageux, ayant été assailli par des chiens, entra soudain dans une telle frayeur, que, se détournant brusquement de la route, il s'élança par-dessus un fossé, et renversa rudement par terre Mlle Mance en la jetant très-loin.

On eut lieu d'admirer dans cet accident la protection spéciale de celui qui l'avait guérie ; car, bien qu'elle fût tombée sur sa main droite, la même qui avait été disloquée et estropiée, elle n'y eut rien de rompu ni de démis, non plus qu'à son bras, et n'éprouva dans cet accident qu'une légère écorchure (1).

________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre : IV. Cette chute confirme de plus en plus la vérité…

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 6:34 am

IV. Cette chute confirme de plus en plus la vérité du miracle opéré par M. Olier.

Néanmoins, le bruit de cette chute s'étant bientôt répandu, une personne trop prévenue contre l'éclat qu'avait produit à Paris la guérison de Mlle Mance par l'attouchement du cœur de M. Olier, en prit occasion de décrier ce miracle. Usant d'une expression nouvelle, aussi indécente que bouffonne, elle écrivit à un Jésuite de la Rochelle : « Enfin le miracle est démiraclé; et la chute arrivée à la demoiselle l'a mise en pareil état que celui où elle était autrefois. »

Ce Jésuite, que ses connaissances anatomiques mettaient à même de juger des ruptures et des dislocations, alla visiter Mlle Mance à la Rochelle pour s'assurer mieux de la vérité. Ne doutant pas que ce qu'on lui avait écrit ne fût incontestable, il lui parla d'abord comme si l'on eût voulu abuser le monde en publiant ainsi une fausse guérison.

« Mon Père, vous avez été mal informé, lui dit aussitôt Mlle Mance; tant s'en faut que ma chute diminue l'estime du miracle opéré sur moi, qu'au contraire elle doit l'augmenter davantage encore ; car je devrais m'être disloqué et cassé le bras. Au reste, mon Père, voyez vous-même si le miracle de Paris n'est pas véritable. II subsiste encore; regardez le bras, et portez-en votre jugement.»

Ce bon religieux s'approcha ; il examina l'état du bras et du poignet, et voyant que, malgré la dislocation qui subsistait toujours, Mlle Mance se servait de l'un et de l'autre avec autant de liberté que si elle n'eût jamais eu ni dislocation ni fracture, il dit tout haut :

« Ah ! j'écrirai à celui qui m'a envoyé cette lettre, qu'il faut respecter ceux que DIEU veut honorer. Il a voulu faire connaître son serviteur par ce miracle, il ne faut pas aller contre sa volonté, mais rendre à M. Olier les hommages que DIEU veut que nous lui rendions (1). »

________________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Bellemont.
A suivre : V. M. de La Dauversière, avant d’envoyer des sœurs pour Villemarie…

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 12:16 pm

V. M. de La Dauversière,
avant d’envoyer des sœurs pour Villemarie,
fait prier afin de connaître le choix de DIEU.

Dès qu'on eut appris à la Flèche et dans les autres maisons de l'institut de Saint-Joseph la résolution prise récemment par la Compagnie de Montréal d'envoyer sans délai trois sœurs à l'Hôtel-Dieu de Villemarie, un certain nombre de filles de cette société s'offrirent à M. de La Dauversière pour aller remplir une mission si longtemps et si ardemment désirée.

Mais cet homme très-sage et très-éclairé jugea que DIEU, qui lui avait inspiré le dessein de cet établissement, avait lui-même choisi dans ses décrets éternels celles des filles de Saint-Joseph destinées à lui donner naissance. C'est pourquoi il voulut qu'avant tout on lui adressât de ferventes prières, pour qu'il daignât faire connaître celles qu'il avait choisies.

Cependant, étant persuadé que DIEU demandait que les filles de cet institut embrassassent les vœux solennels de religion quand le temps en serait venu, il regarda dès lors comme non appelées à la mission de Villemarie toutes celles qui témoignaient de l'opposition pour cette sorte d'engagements. De ce nombre fut la mère Pilon, supérieure de l'Hôtel-Dieu de Baugé. Elle désirait vivement d'être envoyée en Canada, et, quoiqu'elle eût jeûné six mois au pain et à l'eau pour obtenir cette mission, qu'elle eut fait d'autres macérations corporelles, prié et fait prier longtemps, M. de La Dauversière refusa absolument d'accéder à sa demande, quelques instances qu'elle lui fit (1).

Après avoir donc ordonné des prières à ses filles, il leur adressa lui-même plusieurs exhortations sur l'établissement de Villemarie, leur en montrant la fin et l'importance, et insistant sur les vertus nécessaires dans celles qui en seraient chargées, telles qu'un dévouement sans bornes, une patience à toute épreuve, une immense confiance en DIEU.

Quoique M. de La Dauversière fût simple laïque, ses directeurs, frappés de la bénédiction que DIEU donnait à ses paroles, l'avaient obligé de faire des conférences spirituelles à la communauté de ses filles, et même de diriger dans les voies intérieures celles qui désiraient de s'adresser à lui. Il était toujours prêt à leur parler de DIEU quand il en était prié, et la sœur Macé, l'une de celles qui furent choisies pour Villemarie, rapportait que dans une circonstance il leur fit jusqu'à trente conférences, si touchantes et si remplies de l'amour divin, que toutes les sœurs en sortaient baignées de larmes.

____________________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.


A suivre : VI. M. de La Dauversière choisit les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet.

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 6:16 am

VI. M. de La Dauversière choisit les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet.

Cette sœur se sentit le cœur gagné pour l'œuvre de Villemarie dès le premier entretien de M. de La Dauversière ; se jugeant cependant indigne d'une telle grâce, elle ne lui en dit rien, quoiqu'il fût son directeur. Pendant qu'il était en prière devant le très-saint Sacrement pour connaître le choix de DIEU , la pensée de la sœur Macé lui vint à l'esprit ; ce qui fut cause qu'il la questionna ensuite sur cette mission. Elle lui avoua ingénument qu'elle en avait un grand désir, mais qu'elle était tout à fait indigne d'y avoir part.

« C'est la meilleure disposition que vous puissiez y apporter, reprit M. de La Dauversière, et je connais visiblement que DIEU vous a choisie, toute chétive que vous êtes, pour aider à son établissement. »

Il connut pareillement les deux autres par les mêmes moyens ; la sœur de Brésoles, dont nous parlerons dans la suite, et la sœur Maillet, qui, aussi, n'osa jamais s'offrir pour Villemarie, son humilité sincère et profonde lui faisant croire qu'elle était inutile à tout bien.

Telles furent les trois sœurs que M. de La Dauversière choisit pour aller exécuter dans l'Ile de Montréal l'ordre que DIEU lui avait donné autrefois.

La sœur Morin, qui les avait particulièrement connues, en parle en ces termes :

« C'étaient trois filles d'une vertu signalée, comme l'exigeait une pareille entreprise, étant d'ailleurs destinées toutes trois à être les fondements de cet édifice, où sa divine majesté doit être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles par un grand nombre de filles, qui, à leur imitation, offriront leur santé et leur vie pour être sacrifiées au service des pauvres malades dans cette île. Enfin, c'étaient trois filles remplies d'un grand courage, de beaucoup de résolution, et capables de soutenir par la patience la plus invincible toutes les oppositions que le démon forma pour empêcher cette œuvre, se servant même des gens de bien pour la traverser (1). »

____________________________________

(1) Histoire des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ des sœurs, et rend subitement la santé à M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 12:01 pm

VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ
des sœurs, et rend subitement la santé à
M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.

Elles éprouvèrent les premières de ces oppositions avant même qu'elles eussent quitté la Flèche, et lorsqu'elles faisaient leurs préparatifs de départ. M. de La Dauversière ayant demandé à l'évêque d'Angers son obédience pour elles, ainsi que pour la sœur Polo, qu'il leur associa en qualité de sœur domestique, ce prélat se montra si opposé à leur dessein, qu'on désespéra presque de l'y faire jamais consentir (2).

Mais une autre épreuve non moins affligeante pour ces saintes filles, ce fut que dans le même temps M. de La Dauversière, leur principal appui, sans le secours duquel elles n'auraient pu effectuer leur départ, vint tout à coup à tomber dans une très-grande maladie, souffrant des douleurs de goutte si excessives, qu'il en poussait des cris continuels, et ne pouvait pas même supporter le drap de lit sur ses pieds. Enfin le mal fit des progrès si rapides et si effrayants, que les médecins per dirent toute espérance de guérison. M. de La Dauversière était dans cette extrémité, lorsque le 23 mai de cette année 1659, il reçut des lettres des associés de Montréal, qui, ne connaissant pas son état, le pressaient avec instance d'aller incontinent à la Rochelle pour donner ordre à l'embarquement.

Alors cet homme de foi, s'adressant à NOTRE-SEIGNEUR…

__________________________________________

(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.

A suivre…

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 6:18 am

VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ
des sœurs, et rend subitement la santé à
M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.
(suite)

… Alors cet homme de foi, s'adressant à NOTRE-SEIGNEUR , et lui rappelant la promesse qu'il avait daigné lui faire autrefois dans l'église de Notre-Dame de Paris, lui demande de le revêtir de sa force pour l'accomplissement de l'œuvre qu'il lui a confiée. Chose étonnante, qui montre bien la main de DIEU sur son fidèle serviteur et sur le dessein de Villemarie, deux jours après cette demande, le 25 du même mois, M. de La Dauversière est guéri de tous ses maux (1). Enfin ce jour-là même, l'évêque d’Angers, auparavant si opposé au départ des filles de Saint-Joseph, arrive à la Flèche pour leur donner lui-même en personne son obédience (2). Il était même si parfaitement changé, qu'il prit la part la plus active à la mission de ces filles, disant avec effusion de cœur que dans les desseins de DIEU cette nouvelle maison devait être l'ornement de tout l'institut de Saint-Joseph (3), (qui en effet n'avait été formé qu'en vue de Villemarie).

De son côté, M. de La Dauversière se trouva si parfaitement rétabli le jour même de l'arrivée de l'évêque, qu'il résolut de partir pour la Rochelle avec ses filles dès le lendemain. Le prélat confirma le choix que M. de La Dauversière avait fait des sœurs Macé, de Brésoles et Maillet, et nomma la sœur Macé supérieure du nouvel établissement. Mais celle-ci s'étant jetée à l'instant à ses genoux, lui représenta son incapacité avec tant de larmes, et le conjura avec tant d'instances de ne pas lui imposer ce fardeau, que l'évêque, touché et gagné, désigna pour supérieure, de l'avis de M. de La Dauversière, la sœur de Brésoles, en lui donnant pour assistante la sœur Macé (1). Enfin, deux prêtres de Saint-Sulpice, qui devaient être de l'embarquement pour Villemarie, M. LeMaistre et M. Vignal, s'étant rendus à la Flèche dans le dessein d'accompagner de là les sœurs de Saint-Joseph on Canada, l'évêque chargea M. Le Maistre de leur conduite spirituelle (2).

_________________________________________________

(1) lettre de M. de Fancamp sur la mort de M. de La Dauversière, du 28 avril 1660 ; archives des hospitalières de la Flèche. Histoire du Montréal, ib.
(2) Lettre de M. de Laval, du 2 octobre 1659 ; archives de l’Hôtel-Dieu de Villemarie.
(3) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Circulaire de la sœur Catherine Macé ; archives des hospitalières de la Flèche.Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : VIII. Les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet s'engagent à demeurer toute leur vie dans l’institut de Saint-Joseph.

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 11:25 am

VIII. Les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet
s'engagent à demeurer toute leur vie
dans l’institut de Saint-Joseph.

Lorsque tout fut ainsi disposé pour leur départ, elles prononcèrent la formule d'engagement que M. de La Dauversière avait prescrite à toutes les filles de Saint-Joseph qui étaient envoyées en mission, et elles la signèrent, selon l'usage. Cet acte avait pour fin de maintenir l'unité d'esprit dans les diverses maisons de l'institut, et aussi de les mettre à même d'embrasser les vœux solennels lorsque les moments marqués par la divine Providence seraient venus. Comme par cet acte les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet, s'obligèrent en conscience à vivre toujours dans la dépendance de la maison de la Flèche, nous en rapporterons ici les termes, à cause de la liaison de cet engagement avec ce que nous dirons dans la suite :

« Je proteste, devant DIEU et toute la cour céleste, que je m'efforcerai d'entretenir de ma part, et de procurer que mes sœurs entretiennent la sainte union que nous avons vouée à cette sainte communauté, que je reconnaîtrai toute ma vie pour ma mère, et de laquelle j'observerai les constitutions et les règlements autant que je pourrai, sans consentir jamais qu'il y soit rien innové, sinon du consentement général de toute notre congrégation. Je proteste aussi que je reviendrai en cette maison toutes les fois que je serai rappelée par Mgr l'évêque d'Angers, ou par cette communauté, pour y vivre, comme j'ai fait ci-devant, le reste de mes jours, si la sainte obéissance ne m'envoie ailleurs.

En témoignage de quoi j'ai signé la présente protestation audit Hôtel-Dieu de la Flèche :



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A suivre : IX. Émeute du peuple de la Flèche pour empêcher le départ des sœurs.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 6:58 am

IX. Émeute du peuple de la Flèche pour empêcher le départ des sœurs.

La veille du départ, DIEU permit qu'il se formât de nouvelles oppositions contre leur dessein. En qualité d'agent de la Compagnie de Montréal, M. de La Dauversière avait envoyé jusque alors dans cette île pour en former la colonie, les plus vertueuses filles qu'il avait pu trouver à la Flèche ou dans les environs. Comme elles n'avaient pris cette résolution généreuse que par le mouvement d'une grande ferveur, en vue de contribuer à l'établissement de la religion en Canada, plusieurs étaient parties contre le gré de leurs parents; ce qui avait attiré le blâme des petits et des grands sur M. de La Dauversière, et suscité à la fin contre lui une vraie persécution. Le peuple, toujours trop crédule à la calomnie, se persuadant bientôt qu'il tirait du pays toutes ces vertueuses filles pour les vendre à prix d'argent, en vint jusqu'à lui dire mille paroles injurieuses, et à le regarder comme un ennemi public.

Telle était la disposition des esprits, lorsqu’il résolut de partir le lendemain de sa guérison, avec les quatre sœurs dont nous avons parlé. Le bruit de ce dessein s'étant bientôt répandu hors de l'Hôtel-Dieu, chacun en murmura tout haut dans la ville de la Flèche, et se mit à dire que M. de La Dauversière avait fait amener des filles par force dans le couvent, et qu'il avait dessein de les enlever, cette nuit même, pour les envoyer en Canada. Tous ces discours et d'autres semblables échauffèrent tellement les esprits, déjà si prévenus, qu'il se forma à l'instant une émeute populaire de toute la ville pour empêcher leur départ. Les rues voisines de l'Hôtel-Dieu furent bientôt toutes remplies de monde, et chacun se mit à faire le guet de son côté. Plusieurs s'imaginèrent même ouïr les plaintes des sœurs, et assuraient qu'ils les entendaient crier miséricorde. Enfin, il y en eut qui passèrent toute cette nuit à les attendre, dans l'intention de les délivrer lorsqu'elles viendraient à sortir.

Le retour du jour ne dissipa point les folles alarmes des habitants, et l'émeute recommença comme la veille; en sorte qu'à dix heures du matin, qui fut le moment où les sœurs quittèrent l'Hôtel-Dieu et montèrent à cheval, il y eut tant de mouvement et d'opposition de la part du peuple pour les arrêter, que M. de Saint-André et d'autres cavaliers, qui devaient les accompagner dans leur voyage, furent contraints de mettre l'épée à la main et d'écarter la foule par les impressions de terreur qu'ils surent lui imprimer, sans blesser pourtant personne (1).


_________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.

A suivre : X. Les filles de Saint-Joseph se rendent à la Rochelle, et se joignent à Mlle Mance.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 12:21 pm

X. Les filles de Saint-Joseph se rendent
à la Rochelle, et se joignent à Mlle Mance.

Étant enfin sorties de la ville, elles entreprirent avec une grande joie ce voyage, n'ayant d'autre désir que de se sacrifier entièrement pour DIEU (2) dans leur nouvelle mission. Mlle Mance, qui les avait devancées à la Rochelle, informée de leur marche, alla à leur rencontre et les fit descendre de cheval, pour les conduire en carrosse jusqu'à la ville.

Lorsqu'elles y furent arrivées, Mme de Saint-André, leur bonne et fidèle gardienne, qui suivait son mari en Canada, et les avait accompagnées depuis la Flèche, les mena d'abord à l'église et de là à l'auberge où Mlle Mance était logée. Elles y demeurèrent jusqu’à leur embarquement, ne sortant de leur chambre que pour assister à la sainte messe dans l'église la plus voisine, et pour visiter l'hôpital.

Comme l'institut de Saint-Joseph n'était point alors érigé en religion, les prêtres de Saint-Sulpice, craignant qu'elles ne pussent trouver en Canada des sujets pour leur communauté, avaient engagé à se joindre à elles une jeune demoiselle de qualité qu'ils jugeaient propre au service des malades, et qui de son côté désirait ardemment de se consacrer à l'œuvre de Villemarie. C'était Mlle Gauchet, dont nous aurons occasion de parler dans la suite (1). Pour le même motif, Mlle Mance avait amené à la Rochelle Mlle de Belestre, qui désirait aussi beaucoup entrer dans l'institut de Saint-Joseph; et enfin neuf autres personnes destinées pour le service de l'Hôtel-Dieu ou pour elle-même (2).

En attendant le moment de rembarquement, les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet, qui désiraient observer à Villemarie toutes les pratiques les plus parfaites usitées dans l'institut de Saint-Joseph, envoyèrent à la Flèche un acte signé de chacune d'elles, le 12 juin de cette année, et qui est un digne témoignage de l'esprit de ferveur qui les animait. Elles s'engagèrent par cet écrit, conformément à ce qui avait été arrêté dans l'assemblée générale de l'institut, tenue au mois de mai précédent, à ne point user de la liberté laissée aux sœurs par les constitutions,

_________________________________

(2) Histoire du Montréal, etc.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Rôle de la recrue de 1659 ; archives du séminaire de Villemarie.
A suivre : XI. A la Rochelle on s'efforce d'empêcher les filles de Saint–Joseph de partir.

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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 6:07 am

XI. A la Rochelle on s'efforce d'empêcher
les filles de Saint-Joseph de partir.

Cependant, quoique arrivées au lieu de l'embarquement, la mère de Brésoles et ses compagnes n'étaient point à la fin de leurs épreuves. Nous avons raconté que M. de Laval, avant son départ pour le Canada, avait demandé aux associés de Montréal que leur voyage fût différé jusqu'à l'année suivante, dans l'espérance peut-être de mettre à leur place celles de l'Hôtel-Dieu de Québec. Ce qui pourrait autoriser cette conjecture, c'est que des personnes chargées en France des affaires de ce prélat s'efforcèrent, à la Rochelle, de les empêcher de partir, les assurant qu'elles ne seraient pas reçues en Canada, et qu'on les renverrait en France la même année, sans vouloir de leurs services (1).

Mais, quelque décourageante que pût être pour elles la perspective de l'avenir, ces menaces n'ébranlèrent pas leur courage, ni la confiance de M. de La Dauversière, convaincu, au contraire, que le moment marqué dans les desseins de DIEU pour leur établissement à Villemarie était venu. C'était aussi la persuasion des associés de Montréal, entre autres de M. de Fancamp, qui quelque temps auparavant lui avait écrit, ainsi que plusieurs autres, pour le presser de mettre enfin la main à l'œuvre, l'assurant que le temps que le SEIGNEUR avait marqué approchait.

Bien loin donc que la vue de ces obstacles, qu'il regardait comme des efforts impuissants de l'ennemi de tout bien, ralentit l'activité de son zèle à hâter le départ de ces filles, elle ne servit au contraire qu'à l'exciter davantage ; et comme on lui demandait à la Rochelle pourquoi il se pressait si fort de les envoyer en Canada, il répondit : « Si elles n'y vont pas cette année, jamais elles n'y iront (1). » La suite montrera combien ces paroles étaient fondées.

____________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(1) Mémoire de M. de La Dauversière fils sur son père ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
A suivre : XII. Le maître du navire refuse de les embarquer. — Elles partent enfin. — M. de La Dauversière leur fait ses derniers adieux.


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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 12:26 pm

XII. Le maître du navire refuse de les embarquer. — Elles partent enfin.
— M. de La Dauversière leur fait ses derniers adieux.

Mais, lorsqu'on croyait être à la veille du départ, il survint un autre obstacle qu'on n'avait pas prévu, et qui faillit arrêter toute la recrue. On persuada apparemment au capitaine du navire que les chefs de cette entreprise étaient insolvables, et qu'il était de la prudence d'exiger d'eux, avant le départ, le prix du passage des cent dix personnes qu'ils envoyaient à Villemarie, et celui de tous les effets destinés pour eux. Ils étaient cependant dans l'impuissance de répondre à sa demande avant d'arriver en Canada, ayant employé tous leurs fonds à lever des hommes ou à acheter les denrées nécessaires à la colonie. Les hospitalières de Saint-Joseph n'étaient pas non plus en état de le satisfaire. Des 22,000 livres que Mme de Bullion avait données pour leur fondation, 20,000 avaient été remises à M. de La Dauversière pour qu'il les plaçât en rentes, et 2,000 avaient été employées à équiper ces filles, à les approvisionner et à engager deux hommes destinés pour la culture de leurs champs. En sorte qu'il ne leur restait rien qu'elles pussent offrir au maître du vaisseau avant leur départ.

Après environ un mois d'attente pénible et d'incertitude, le capitaine se décida enfin à les embarquer avec toute la recrue, le jour de la fête de saint Pierre et saint Paul, 29 juin 1659. Pendant ce long délai, la flotte de la Grande Compagnie du Canada partit de ce port. M. de La Dauversière fit toutes les instances possibles à ceux qui la commandaient afin qu'ils attendissent le vaisseau destiné pour Villemarie. Mais voyant qu'ils s'y refusaient absolument, il leur dit ces paroles : DIEU en sera le maître; et la flotte avait fait à peine une lieue en mer que son amiral périt. Enfin, M. de La Dauversière conduisit ses filles dans le navire. Là il les assura que la Providence veillerait toujours sur elles; et voyant que par leur départ il avait accompli l'œuvre sainte que DIEU lui avait confiée, et à laquelle il avait travaillé jusque alors avec tant de zèle, de courage et de dévouement, il récita le cantique du vieillard Siméon : Nunc dimittis servum tuum, Domine, secundum verbum tuum, in pace, et leur donna sa bénédiction (1).

_____________________________________

(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.

A suivre : XIII. Leur traversée. — La contagion se met sur le navire.

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