Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VIII. État prospère de la colonie de Montréal. — Dévotion à saint Joseph.Depuis qu'on était arrivé dans l'île de Montréal, pas un des colons n'avait été malade, ce qui, au rapport du P. Vimont, n'avait point eu lieu encore en aucune nouvelle habitation dans ce pays (1). Comme d'ailleurs ils n'avaient aucun ennemi à combattre, il n'y avait pas non plus pour Mlle Mance de blessés à soigner. La Providence, pour donner aux pieux colons la facilité de bâtir et de se fortifier, ne permit pas en effet que les Iroquois eussent d'abord connaissance de ce nouvel établissement. C'est pourquoi on y élevait en toute assurance des logements; et le principal bâtiment du fort ayant été achevé le 19 mars 1643, fête de saint Joseph, on y mit le canon, et on célébra au bruit de l'artillerie la fête de ce glorieux chef de la Sainte-Famille (2).
Nous remarquerons ici en passant, que le premier sauvage baptisé et marié en face de l'Église reçut au baptême le nom de Joseph ; et cela, dit le P. Vimont, pour lui faire porter le nom (du chef) de la première famille que les MM. de Montréal ont donné pour modèle et pour patron aux sauvages et au pays (3). On baptisa aussi d'autres sauvages, alliés des Français, dont Mlle Mance ou Mme de La Peltrie furent les marraines, et M. de Maisonneuve ou M. de Puizeau les parrains.
Tout était donc en paix à Villemarie. La colonie ressemblait à une communauté de saints religieux; rien n'y était fermé sous la clef. Ceux qui avaient plus d'aisance donnaient aux autres, sans attendre qu'ils demandassent (1). Enfin ils vivaient tous dans une union si parfaite, qu'ils semblaient n'avoir qu'un cœur et qu’une âme comme il est dit des premiers chrétiens (2).
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(1) Relation de la Nouvelle-France, en l’année 1642 et 1643 par le P. Vimont,, p. 201.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1642 à 1643.
(2) Relation de la Nouvelle-France, 1642 et 1643, p. 203.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal, p. 35, 36.
A suivre : IX. Mme de Bullion exige que sa fondation soit employée à l’Hôtel-Dieu de Saint-Joseph.
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
IX. Mme de Bullion exige que sa fondation
soit employée à l’Hôtel-Dieu de Saint-Joseph.
Dans cet état de choses, Mlle Mance jugea que les fonds de Mmede Bullion seraient plus utilement employés, s'ils étaient donnés aux Pères Jésuites, pour l'établissement de quelque mission sauvage. Elle ne fit donc point construire de bâtiments pour l'hôpital, et écrivit à cette charitable dame pour lui faire agréer cette proposition. Mme de Bullion ne voulut pas y consentir, et, conformément aux ordres donnés de DIEU à M. de La Dauversière, elle répondit que ces fonds seraient employés à la fondation de l'hôpital de Saint-Joseph à Villemarie (3). Pour en venir à l'exécution, elle les remit à M. Drouart, secrétaire de la Compagnie, et à M. de La Dauversière, qui en était censé le procureur; et M. Olier, M. de Bassancourt, M. Brandon, qui fut ensuite évêque de Périgueux, M. Leprêtre, ainsi que MM. Laisné de Barrillon et de Renty, promirent que les fonds seraient employés selon les intentions de la donatrice.
Enfin, le 12 janvier 1644, en exécution des volontés de Mme de Bullion, on passa devant notaire le contrat d'établissement de l'Hôtel-Dieu ; et il fut déclaré, qu'une personne qui voulait être inconnue avait donné aux associés, seigneurs de l'île de Montréal, la somme de 42,000 livres, afin de bâtir et fonder un hôpital dans cette île, au nom et en l'honneur de saint Joseph, pour y nourrir, traiter et médicamenter les pauvres malades du pays, et les faire instruire des choses nécessaires à leur salut ; que de cette somme, 6,000 livres seraient employées à construire les premiers bâtiments ; et que le reste serait mis en constitution de rente (1). On plaça en effet les 36,000 livres avec quelques autres fonds, et l'on assura ainsi à l'hôpital de Villemarie un revenu annuel de 2,000 livres.
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(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ibid.
(1) Acte de Chaussière, notaire à Paris, du 12 janvier 1644.
A suivre : X. Construction des premiers bâtiments de l'Hôtel-Dieu de Villemarie.
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
X. Construction des premiers bâtiments de l'Hôtel-Dieu de Villemarie.Rien ne pouvait être plus utile que la fondation d'un pareil établissement ; car les Iroquois ne tardèrent pas à faire une guerre cruelle à la nouvelle colonie. Le 9 du mois de juin 1643, quarante de ces barbares fondirent à l'improviste sur six Français qui travaillaient dans les bois, et, après en avoir tué trois sur la place, ils menèrent en captivité les trois autres, dont un cependant s'échappa de leurs mains et revint à Villemarie. Dès ce moment les Iroquois ne cessèrent de donner aux colons de continuelles alarmes. Le 30 mars de l'année suivante, ils tombèrent au nombre de deux cents sur trente des nôtres, qui, voyant que les munitions commençaient à leur manquer, battirent en retraite et eurent trois hommes tués et plusieurs blessés (1).
Cette même année 1644, Mme de Bullion, ne doutant pas que déjà les bâtiments de l'hôpital ne fussent construits (2), envoya à Mlle Mance 2,000 livres et divers meubles, qu'elle lui adressa à l'hôpital de Villemarie, comme si elle y eût été logée. Pour contenter sans délai la fondatrice, M. de Maisonneuve employa aussitôt tous ses ouvriers, et ils travaillèrent avec une si grande diligence, que, le 8 du mois d'octobre de la môme année, les bâtiments furent en état de recevoir Mlle Mance. Elle alla s'y loger, et écrivit à sa chère fondatrice en datant sa lettre de l'hôpital de Montréal (3).
Cette maison, qui n'était que de bois, offrait cependant toutes les commodités qu'on pouvait raisonnablement demander dans un établissement de ce genre, eu égard à l'état de la colonie naissante. Comme l'expérience avait montré que la Pointe, dite ensuite à Callière, où le fort avait été construit, n'était pas à l'abri des inondations du fleuve Saint-Laurent, on établit l'hôpital sur un terrain plus élevé, le même qu'occupe aujourd'hui l'Hôtel-Dieu. Une cuisine, une chambre pour Mlle Mance, une autre pour les servantes, deux pièces pour les malades, le tout formant un bâtiment de soixante pieds de long (soit env. 18 m.) sur vingt-quatre de large (soit env. 7.2 m) (1); enfin un petit oratoire de pierre, de neuf à dix pieds (soit env. 2,7 à 3,0 m) en carré, orné assez proprement et voûté, pour que le très-saint Sacrement pût être à couvert de la pluie : ce fut tout ce qui composa d'abord l'hôpital de Villemarie.
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson. — Registres des sépultures de la paroisse de Villemarie.
(2) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal, p. 35.
(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1642 à 1643.
(1) [i]Annales des hospitalières de Saint Joseph, par la sœur Morin.
A suivre : XI. L'Hôtel-Dieu est aussitôt rempli de blessés. Mme de Bullion assigne des fonds pour l'entretien de Mlle Mance.
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Louis- Admin
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XI. L'Hôtel-Dieu est aussitôt rempli de blessés.
Mme de Bullion assigne des fonds pour l'entretien de Mlle Mance.
Il n'était pas plutôt achevé, qu'il se trouva assez de malades et de blessés pour le remplir, à cause des attaques journalières des Iroquois ; et cette circonstance donna lieu aux colons de bénir DIEU de ce qu'il avait si heureusement inspiré en leur faveur la bienfaitrice inconnue. De son côté, Mlle Mance admira avec combien de sagesse cette charitable dame avait refusé de se rendre aux sollicitations qu'elle lui avait faites d'appliquer sa fondation à une mission (2).
« D'abord que la maison où je suis a été construite, écrivait-elle à Mme de Bullion, incontinent elle a été garnie; et le besoin qu'on en a, fait voir la conduite de DIEU en cet ouvrage. C'est pourquoi, si vous pouviez faire encore une charité, qui serait que j'eusse ma subsistance pour moi et pour ma servante, et que les 2,000 livres de rente, que vous avez données, fussent entièrement destinées aux pauvres, on aurait le meilleur moyen de les assister. Voyez ce que vous pouvez faire là-dessus. J'ai de la peine à vous le proposer, parce que j'ai peine à demander. Mais vos bontés sont si grandes, que j'aurais peur d'un reproche éternel, si je manquais à vous mander les besoins que je sais. »
Ce peu de paroles eut aussitôt l'effet que Mlle Mance s'en était promis. Mme de Bullion lui répondit l'année suivante :
« J'ai plus d'envie de vous donner les choses nécessaires, que vous n'en avez de me les demander. Pour cela j'ai mis 20,000 livres entre les mains de la Compagnie de Montréal pour vous les placer à rente, afin que vous serviez les pauvres sans leur être à charge; et outre cela je vous envoie 2,000 livres (1). »
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(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.
A suivre : XII. Premier ameublement de l'Hôtel-Dieu, envoyé par la Compagnie de Montréal.
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XII. Premier ameublement de l'Hôtel-Dieu, envoyé par la Compagnie de Montréal.Cette même année 1645, la Compagnie envoya à Mlle Mance le premier ameublement pour sa maison : d'abord le mobilier de la chapelle, un calice, un ciboire et un soleil d'argent, des chandeliers, une croix, une lampe, trois ornements d'autel avec tous les linges, une tapisserie de Bergame, deux tapis, et d'autres objets destinés au culte ; pareillement le mobilier nécessaire à l'Hôtel-Dieu, comme matelas, draps de lit et autres linges, vaisselle d'étain et de cuivre, chaudières et tous les autres ustensiles de ménage, des médicaments pour les malades, des instruments de chirurgie.
Enfin on lui envoya encore une ménagerie composée de deux bœufs, trois vaches et vingt brebis. Pour loger ces animaux, les seigneurs firent construire une étable de trente pieds (env. 9 m.) de long sur douze (env. 3,6 m.) de large; et, afin de mettre l'établissement à l'abri des insultes des sauvages, ils firent environner l'enclos, qui avait quatre arpents en carré, d'une forte clôture de pieux.
Comme le nombre des blessés augmentait de jour en jour, à cause des attaques continuelles des Iroquois, Mlle Mance se vit contrainte d'avoir trois servantes avec elle, au lieu d'une seule, qu'elle avait jugé d'abord devoir lui suffire. On fut aussi dans la nécessité d'établir une nouvelle salle, en employant pour cet usage l'espace qu'occupaient auparavant un couloir et quelques cabinets. Enfin, pour mettre en état ces premiers bâtiments, les seigneurs, qui étaient alors obligés de tout envoyer de France, excepté le bois, dépensèrent plus de 30,000 livres, sans compter les sommes qu'ils employèrent au mobilier (1).
C'était une douce consolation pour Mlle Mance, en soignant les malades de la colonie, de penser qu'elle était l'instrument dont DIEU voulait se servir pour accomplir ainsi ses desseins, manifestés à M. de La Dauversière, et préparer les voies à l'établissement des sœurs de Saint-Joseph dans le pays. L'avantage qu'elle avait de posséder le très-saint Sacrement auprès d'elle mettait surtout le comble à son bonheur. Après la construction de l'hôpital, il commença à reposer dans la chapelle de cette maison, aussi bien que dans celle du fort. Cette dernière, construite d'abord en écorce, puis en charpente, et où était un beau tabernacle, que les premiers colons avaient apporté en 1642 (1), servait d'église paroissiale; et celle de l'Hôtel-Dieu, située à une petite distance de l'autre, était un lieu de station dans les processions, spécialement dans celle du très-saint Sacrement, pour laquelle Mlle Mance y dressait un beau reposoir (2).
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(1) Archives du séminaire de Villemarie ; Mémoire de Mlle Mance sur les objets fournis à l’Hôpital par Messieurs de Montréal depuis 1644 jusqu'en 1660.
(1) Relation de la Nouvelle-France de 1642, par le P. Vimont p. 131.
(2) Relation de la Nouvelle France , ès années 1645 1646, p. 144.
A suivre : XIII. Départ de M. de Puizeau et de Mme de La Peltrie….
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Louis- Admin
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XIII. Départ de M. de Puizeau et de Mme de La Peltrie.
M. et Mme d'Ailleboust se fixent à Villemarie.
Leur caractère; leur liaison avec Mlle Mance
Cette sainte fille avait eu le regret de se voir privée de la présence de deux personnes auxquelles la grâce l'avait saintement unie : M. de Puizeau, qui était repassé en France, accablé d'infirmités, et Mme de La Peltrie, obligée par ordre de ses directeurs de retourner à Québec auprès de ses Ursulines (3). La Providence avait ménagé cependant une douce consolation à Mlle Mance, en conduisant à Villemarie une sainte et honorable famille, avec laquelle elle ne cessa depuis d'avoir les rapports les plus intimes. Nous parlons de M. et de Mme d'Ailleboust.
Louis d'Ailleboust de Coulonges (1), non moins remarquable pour ses belles qualités selon le monde que pour ses vertus, avait épousé Barbe de Boullongne, qui s'était consacrée à DIEU par le vœu de virginité dès son enfance, et avec qui il vécut toujours comme un frère avec sa sœur (2). Dès l'année 1641, il se serait joint à M. de Maisonneuve pour le seconder dans la fondation de Montréal, si sa femme eût consenti à l'y suivre. Mais celle-ci, n'éprouvant alors aucun attrait pour le Canada, et d'ailleurs étant atteinte d'une maladie qu'on croyait être mortelle, ne pouvait goûter cette proposition, ni même en entendre parler.
Enfin, après qu'elle eut été guérie miraculeusement dans l'église de Notre-Dame de Paris…
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(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.
(1) Archives de la marine, dépêches de 1720; arrêt pour maintenir les sieurs d'Ailleboust dans leur noblesse, 11 juin, p. 456.
(2) Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, p. 267, 268.
A suivre…
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Louis- Admin
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XIII. Départ de M. de Puizeau et de Mme de La Peltrie.
M. et Mme d'Ailleboust se fixent à Villemarie.
Leur caractère; leur liaison avec Mlle Mance
(suite)
Enfin, après qu'elle eut été guérie miraculeusement dans l'église de Notre-Dame de Paris (3), ses dispositions à l'égard du Canada étant entièrement changées, elle fut reçue membre de la Compagnie de Montréal, ainsi que son mari, et rembarqua avec lui en 1643 pour Villemarie (4), où elle conduisit encore Mme de Boullongne, sa sœur, personne d'un grand mérite et surtout d'une éminente piété (5).
Le dessein qu'ils avaient tous trois en quittant ainsi la France était de se consacrer au service de DIEU et au bien de la colonie, sous la protection de Notre-Dame de Montréal (1). M. d'Ailleboust la servit en effet très-utilement, en qualité de lieutenant de M. de Maisonneuve (2), et plus tard en celle de gouverneur du Canada (3); et sa femme, ainsi que sa belle-sœur, ne rendirent pas de moindres services au pays par la bonne odeur de vertu qu'elles y répandirent constamment, ainsi que par la ferveur de leurs prières, regardées comme une plus sûre défense contre les barbares que les épées et les mousquets des soldats (4).
Mme d'Ailleboust et Mlle de Boullongne honorèrent toujours Mlle Mance comme une sainte, et lui portèrent une tendre et sincère affection. Elles étaient habituellement auprès d'elle, et nous verrons qu'après que Mmed'Ailleboust eut perdu son mari, Mlle Mance la reçut dans sa propre maison, tout le temps que cette pieuse veuve resta encore à Villemarie.
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(3) Les Véritables Motifs de Messieurs et Dames de Montréal, 1643, in-4º, p. 34.
(4) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson , de 1659 à 1660.
(5) Relation de la Nouvelle-France, en 1642 et 1643, par le P. Vimont, p. 18.
(1) Le Nouveau-Monde, ou l'Amérique chrétienne, par Charles Chaulmer ; Paris. 1659, in-18, p. 101 et 102 — Premier établissement de la foi dans la Nouvelle-France, par le P. Le. Clercq t. II, p. 52.
(2)Acte de Chaussière, notaire à Paris, du 17mars l648.
(3) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix, t. I, p. 281.
(4) Relation de la Nouvelle-France, ès année 1647-1648, par le P. Lallemant, p. 42.
A suivre : XIV. Mme de Bullion augmente la fondation de l’Hôtel-Dieu, qu’elle porte à 60, 000 livres.
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Louis- Admin
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XIV. Mme de Bullion augmente la fondation
de l’Hôtel-Dieu, qu’elle porte à 60,000 livres.
M. d'Ailleboust, qui portait un vif intérêt au bien de la colonie et à Mlle Mance, ne tarda pas à reconnaître que la fondation faite par Mmede Bullion, et le 2,000 livres qu'elle envoyait chaque année, ne pouvaient suffire aux besoins de l'hôpital, qui augmentaient de jour en jour.
Comme Mlle Mance n'osait pas apparemment exposer ses besoins à sa bienfaitrice, M. d'Ailleboust résolut de les lui faire connaître de vive voix, dans un voyage qu'il fit à Paris pour le bien de la colonie en 1647.
Mme de Bullion, qui en fut informée par lui et par MM. de La Dauversière et de Fancamp, charmée de pouvoir mettre dans sa perfection une œuvre qui lui était si chère, ajouta une somme de 24,000 livres à celle de 36,000, qu'elle avait assignée pour fondation, le 12 janvier 1644. En conséquence, le 17 mars 1648, M. d'Ailleboust et les deux autres déclarèrent par un nouveau contrat, que la bienfaitrice qui voulait être inconnue avait élevé le capital de cette fondation jusqu'à la somme de 60,000 livres, dont 44,000 avaient été données à M. de Renty à constitution de rente, et 16,000 à M. de Fancamp, avec obligation pour ceux-ci de donner à l'hôpital 3,088 livres de rente annuelle. Ils déclarèrent aussi que les seigneurs de l'île de Montréal ne répondraient en aucune manière de ces constitutions de rentes, attendu que la fondatrice les avait expressément agréées.
Il fut cependant stipulé que, dans le cas où elles viendraient à être rachetées, « la dite personne fondatrice chargeait les seigneurs de pourvoir au remploi des deniers, soit en rentes, soit en achat d'immeubles, avec les mêmes soins qu'ils feraient pour leurs propres affaires, sans pourtant demeurer responsables de l'événement des dits remplois. »
Mme de Bullion mit pour condition à ses largesses, que Mlle Mance demeurerait administratrice de l'hôpital jusqu'à sa mort, qu'elle y serait nourrie et entretenue ; et qu'après son décès on y établirait une communauté d'hospitalières qui y serviraient les pauvres gratuitement , et non aux dépens de la fondation; qu'enfin « la fondation dudit hôpital ne pourrait être changée, ni transférée hors de l'île de Montréal, ni le fonds de ladite fondation employé à une autre œuvre, pour quelque cause et occasion que ce fût. »
A suivre : XV. Les hospitalières de La Flèche sont érigées en congrégation séculière…
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XV. Les hospitalières de La Flèche sont érigées
en congrégation séculière. Progrès de cet Institut.
Cette dernière clause avait pour motif les ordres donnés à M. de La Dauversière d'établir un hôpital dans cette île; et les hospitalières dont il est ici parlé étaient celles mêmes de Saint-Joseph, nouvellement établies en Anjou, qui en effet ne prenaient la conduite d'aucun Hôtel-Dieu sans s'engager à y vivre de leurs propres revenus.
A la prière des citoyens de la Flèche, l'évêque d'Angers, au mois d'octobre 1643, avait érigé canoniquement ces filles en communauté, sous le titre d'Hospitalières de Saint-Joseph (1), en déclarant, que leur institut était un des membres de la confrérie de la Sainte-Famille, érigée en la chapelle de l'Hôtel-Dieu decette ville (1).
Enfin, le 22 janvier suivant, Mlle de La Ferre, qui depuis huit ans s'était vouée dans cette maison au service des malades, avait pris l'habit et fait la première les vœux simples (2) . Dans cette cérémonie elle reçut un anneau sur lequel étaient gravés les noms de Jésus, Marie, Joseph, conformément à l'ordre donné à M. de La Dauversière dans l'église Notre-Dame; et ce fidèle exécuteur des volontés de DIEU prescrivit même pour cette circonstance la formule suivante, qui a toujours été employée depuis dans la profession des sœurs de l'institut.
« Recevez cet anneau au nom de Jésus, Marie et Joseph, et vous rendez digne fille de leur paisible et sainte famille, et imitatrice de leurs ver tus, pour être un jour participante de leur gloire (3). »
Cette même année, les sœurs Fourreau, de L'Épicier, Le Tendre, Jeanne Le Royer, fille de M. de La Dauversière, furent aussi admises à la profession, ainsi que Catherine Macé, qui fut envoyée dans la suite à Villemarie (4). La communauté de Saint-Joseph répandit à sa naissance une si grande édification, que la bonne odeur de ses vertus y attira de l'Anjou et des provinces voisines environ quarante filles de qualité. Il fallut bientôt songer à construire de nouveaux bâtiments pour loger tant de personnes (1) ; et enfin on prit la résolution de n'en plus recevoir de nouvelles jusqu'à ce que DIEU eût manifesté ses desseins sur ce nouvel institut (2). Quoiqu'il eût été établi en vue de l'île de Montréal, les moments d'y envoyer des hospitalières ne paraissaient pas être encore venus, tant à cause des guerres continuelles des Iroquois contre la colonie qu'à raison de la faiblesse de cet établissement, toujours harcelé par ces barbares, et devenu comme une horrible boucherie. En attendant des temps plus favorables, M., de La Dauversière crut entrer dans les vues de la Providence en donnant de ses hospitalières à plusieurs villes qui en demandaient, et forma trois établissements de son institut avant celui de Villemarie, savoir : ceux de Baugé, de Laval, et de Moulins.
Mais si les progrès rapides de l'institut de Saint-Joseph, et les nouveaux bienfaits de Mme de Bullion en faveur de l'hôpital de Villemarie, réjouirent Mlle Mance, sa joie fut bien tempérée, l'année suivante, par les nouvelles qu'elle apprit à Québec, où elle était descendue durant l'été, et qui l'obligèrent de faire un voyage en France, comme nous le raconterons dans le chapitre suivant.
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(1) Décret d'érection de la Communauté des filles de Saint-Joseph ; archives de l'Hôtel -Dieu de la Flèche.
(1) Constitutions des filles hospitalières de Saint-Joseph, 1643, in-8°, p. 11.
(2) Registre d'entrée des filles de l'Hôtel-Dieu de la Flèche ; archives de cette maison.
(3) Constitutions des filles hospitalières de Saint-Joseph, chap. 23, p. 105.
(4) Registre d'entrée des filles de l'Hôtel-Dieu de la Flèche, ibid.
(1) Archives de l'Hôtel-Dieu de la Flèche, lettres patentes du roi, février 1648.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie par la sœur Morin.
A suivre : Chapitre III
MADEMOISELLE MANCE PROCURE LA RÉORGANISATION
DE LA SOCIÉTÉ DE MONTRÉAL PRESQUE ÉTEINTE…
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CHAPITRE III
MADEMOISELLE MANCE PROCURE LA RÉORGANISATION
DE LA SOCIÉTÉ DE MONTRÉAL PRESQUE ÉTEINTE;
ELLE EMPÊCHE LA RUINE DE L'HÔTEL-DIEU DE VILLEMARIE
ET CELLE DE TOUTE LA COLONIE.
MADEMOISELLE MANCE PROCURE LA RÉORGANISATION
DE LA SOCIÉTÉ DE MONTRÉAL PRESQUE ÉTEINTE;
ELLE EMPÊCHE LA RUINE DE L'HÔTEL-DIEU DE VILLEMARIE
ET CELLE DE TOUTE LA COLONIE.
I. La Compagnie des associés de Montréal,Quoique l'établissement de Villemarie eût été jusque alors si utile à toute la colonie française, dont il avait été le boulevard contre les Iroquois, quelques personnes néanmoins qui ne l'avaient vu se former qu'avec peine ne cessaient de le traverser, tantôt d'une manière cachée, et tantôt d'une manière ouverte. Elles écrivaient aux associés de Montréal pour les dégoûter de cet établissement, les assurant qu'il ne se soutiendrait jamais, et qu'en y contribuant plus longtemps ils emploieraient leurs aumônes à pure perte. Elles firent tant par leurs insinuations, que plusieurs des plus notables associés crurent en effet qu'ils serviraient plus utilement l'Église s'ils consacraient leurs libéralités à d'autres œuvres, et se détachèrent tout à fait de la Société de Montréal (1), qui se trouva presque réduite à rien (2). Une des fins qu'on se proposait en les détournant de cette œuvre, c'était de les porter à appliquer leurs aumônes au soutien des missions huronnes, que les RR. PP. Jésuites dirigeaient alors en Canada, et dont l'état, alors fort chancelant (1), faisait craindre la ruine totale.
réduite à quelques membres, est sur le point de s'éteindre.
Dans ces circonstances si alarmantes pour Villemarie, Mlle Mance, durant l'été de 1649, se rendit à Québec, espérant y recevoir par les vaisseaux qui arrivaient de France des nouvelles sûres touchant l'état et les dispositions des associés. Ce qu'elle en apprit était bien propre à jeter dans l'abattement une âme moins forte que la sienne : car on lui mandait que la Compagnie de Montréal était presque entièrement dissoute ; que le P. Rapin, son protecteur auprès de Mme de Bullion, était décédé ; qu'enfin M. de La Dauversière se trouvait si mal dans ses affaires, qu'on se mettait en devoir de saisir tout son bien, et que de plus il était très-malade et en danger de mort (2).
Il serait difficile de se représenter l'impression que firent sur Mlle Mance de si tristes nouvelles : elle se voyait privée, dans la personne du P. Rapin, du seul entremetteur qu'elle eût eu pour communiquer avec Mme de Bullion, sa bienfaitrice et le soutien de son hôpital ; elle était menacée de perdre encore M. de La Dauversière, qui gérait toutes les affaires de cette maison, et lui faisait parvenir chaque année tout ce qui était nécessaire à sa subsistance ; enfin elle entrevoyait dans la dissolution de la Compagnie de Montréal la ruine de la colonie entière de Villemarie. Elle fut d'abord très-émue; mais, ayant bientôt ranimé sa foi, et renouvelé l'abandon de tout soi-même entre les mains de la divine Providence, elle prit la résolution de repasser incontinent en France.
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.de 1647 à 1648.
(2) Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.de 1649 à 1650.
(2) ]Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : II. Mlle Mance se rend à Paris. Elle visite M. Olier.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
A suivre : 1650. III. Mlle Mance procure la réorganisation etII. MlleMance se rend à Paris. Elle visite M. Olier.
Son dessein était d'aller trouver Mme de Bullion pour lui exposer l’état des choses, et de visiter aussi tous ceux des associés de Montréal qui demeuraient encore attachés à cette compagnie, pour les presser de cimenter leur union, afin de prévenir ainsi la ruine de Villemarie, et celle du dessein que DIEU s'était proposé dans cette œuvre. Comme jusque alors, pour cacher leurs bonnes œuvres, ils n'avaient paru dans leurs divers contrats que sous le nom de leurs procureurs et de leurs agents, elle se proposa de les engager à se faire tous connaître par leurs noms, dans un acte public qui constatât leurs droits sur l'île de Montréal, et assurât ainsi la durée de leur société et celle de la colonie. Elle voyait clairement, comme le fait remarquer M. Dollier de Casson, que de là dépendait non-seulement la conservation de l'hôpital et de la colonie de Montréal, mais encore celle de toute la colonie française, qui, ayant perdu ce boulevard, devait, selon toutes les apparences, succomber sous les armes des Iroquois, après les massacres qu'ils faisaient alors des Hurons et qui remplissaient tout le Canada d'épouvante (1).
Le succès dont fut suivi le voyage de Mlle Mance montre assez que ce dessein lui avait été inspiré de DIEU, qui voulait conserver par là l'œuvre de Villemarie. A Paris, elle visita M. Olier, avec qui elle eut des communications très-intimes. « Je lui parlai avec confiance, dit-elle, et dans la sincérité de mon cœur, qui ne lui a rien caché (2). » La sœur Morin ajoute que ce fut avec grande édification pour Mlle Mance (3). Il ne pouvait guère en être autrement de ses rapports avec M. Olier, qui connaissait par une lumière surnaturelle les dispositions de grâces et tout l'état intérieur de cette fille admirable. « J'ai vu parfois, dit-il lui-même, les opérations de DIEU dans les âmes des personnes de Montréal, entre autres de Mlle Mance, que je voyais pleine de la lumière de DIEU, dont elle était environnée comme un soleil (4). »
Par la confiance réciproque qu'il ressentait pour elle, M. Olier lui fit connaître le dessein qu'il méditait, et que DIEU lui avait inspiré depuis longtemps, d'envoyer des ecclésiastiques de son séminaire à Villemarie, lorsque les moments de sa Providence seraient venus. En attendant, il entra pleinement dans les vues de Mlle Mance touchant les moyens de rallier entre eux le petit nombre d'associés, qui demeuraient toujours attachés à la Compagnie de Montréal.
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(1) Histoire du Montréal, ibid.
(2) Attestations autographes des miracles attribués à M. Olier, p. 49 et suiv.
(3) Annales des hospitalières de Villemarie.
(4) Mémoires autographes de M. Olier, t. VI, p. 222, 223.
l’affermissement de la Compagnie de Montréal.
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1650. III. Mlle Mance procure la réorganisation
et l’affermissement de la Compagnie de Montréal.
De quarante-cinq dont elle avait été composée, il n'en restait plus alors que neuf en France, et encore sur ce nombre deux n'étaient pas en état de contribuer par des secours d'argent au soutien de Villemarie, M. Drouart et M. de La Dauversière. Tous ces associés s'étant donc réunis le 21 mars 1650, devant Chaussière, notaire à Paris, M. de Fancamp et M. de La Dauversière, qui avaient possédé jusque alors l'île de Montréal au nom de la Compagnie en général, déclarèrent d'abord que les associés étaient MM. Jean-Jacques Olier, curé de la paroisse et supérieur du séminaire de Saint-Sulpice; Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers, prêtre du même séminaire; Nicolas de Barreau, aussi prêtre ; Roger Duplessy, seigneur de Liancourt et de La Rocheguyon ; Henri-Louis Habert de Montmor, conseiller du roi et maître des requêtes ; Bertrand Drouart, et Louis Séguier, seigneur de Saint-Germain; sans parler encore de M. d'Ailleboust et de M. de Maisonneuve, qui se trouvaient l'un et l'autre en Canada. M. de Fancamp et M. de La Dauversière reconnurent ensuite qu'ils ne prétendaient d'autre droit sur l'île de Montréal que comme étant du nombre des associés, qui tous possédaient cette île en commun ; et enfin par ce même acte ils en firent tous donation mutuelle et irrévocable entre vifs aux survivants d'entre eux et au dernier survivant, en excluant à jamais tous leurs héritiers, pour quelque cause et occasion que ce pût être (1).
De plus, comme M. de Renty, qui jusque-là avait été directeur de la compagnie, ne pouvait plus remplir cette charge, étant alors conseiller au conseil privé du roi (2), et ayant même cessé d'être du nombre des associés (3), ils nommèrent M. Olier directeur (4), M. Louis Séguier secrétaire , et firent faire un sceau pour sceller les actes de la Compagnie. On y voyait gravée sur un petit monticule l'image de la très-sainte Vierge portant l'enfant JESUS ; avec cette inscription tout autour : Nostre Dame du Mont Réal (5). Enfin dans cette réunion ils contribuèrent généreusement par leurs largesses au soutien de l'œuvre, en sorte qu'on avait tout lieu d'espérer qu'elle pourrait désormais se maintenir.
Il était naturel que Mlle Mance …
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(1) Déclaration de M. De La Dauversière et de M. de Fancamp en faveur des associés de Montréal du 21 mars 1650, acte de Chaussière, notaire à Paris; archives du séminaire de Villemarie.
(2) Histoire du Montréal de 1650 à 1651.
(3) Acte du 21 mars 1650 de Chaussière, notaire à Paris, ibid.
(4) Histoire du Montréal, ibid.
(5) Archives du séminaire de Villemarie, pièce autographe.
A suivre…
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
1650. III. Mlle Mance procure la réorganisation
et l’affermissement de la Compagnie de Montréal. (suite)
Il était naturel que Mlle Mance trouvât le sujet d'une vive satisfaction dans cette réorganisation de la Société de Montréal, à laquelle son voyage en France avait donné lieu. Comme elle en témoignait à DIEU (s)a juste reconnaissance, une personne qui ignorait ce que nous venons de raconter, et qui désirait beaucoup trouver quelque moyen pour conserver les missions huronnes, la pria d'user de son crédit auprès des associés de Montréal pour les porter à abandonner ce dessein , et à soutenir les Hurons par un secours proportionné à l'étal pitoyable où elle les avait vus dans le temps de son départ pour la France.
Mlle Mance répondit à cette personne que les associés étaient au contraire plus zélés pour l'œuvre de Montréal qu'ils ne l'avaient jamais été, et qu'en témoignage de ce zèle ils venaient de s'unir authentiquement par un acte public, afin d'y travailler désormais avec plus de concert et de succès.
Ce récit n'empêcha pas la personne dont nous parlons d'aller faire la même proposition à M. le duc et à Mme la duchesse de Liancourt ; mais ce fut sans rien gagner sur leur esprit; ils se contentèrent de lui répondre qu'ils travaillaient pour Montréal (1).
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1649 à 1650.
A suivre : IV. M. de La Dauversière relève d'une grave maladie…
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IV. M. de La Dauversière relève d'une grave maladie.
Bénédictions que DIEU répand sur l'institut de Saint-Joseph.
Le voyage de Mlle Mance n'eut pas moins de succès du côté de Mmede Bullion et de celui de M. de La Dauversière. Cette généreuse bienfaitrice lui donna, comme par le passé, les marques les plus particulières d'intérêt, d'estime et d'amitié sincère. Elle l'assura que la mort du P. Rapin n'avait diminué en rien son affection et son zèle pour l'œuvre de Montréal, ni pour l'hôpital de Saint-Joseph, dont elle s'estimait heureuse d'avoir été jugée digne d'être la fondatrice; et elle lui remit diverses sommes en témoignage de sa bonne volonté.
Enfin, Mlle Mance, qui en partant de Québec craignait d'apprendre la mort de M. de La Dauversière à son arrivée en France, le trouva plein de vie et plus occupé que jamais à affermir et à étendre l'institut des filles de Saint-Joseph. II est vrai qu'il avait été à toute extrémité, mais il paraît que DIEU n'avait permis qu'il tombât en cet état que pour montrer le soin qu'il prenait de son fidèle serviteur, et des œuvres qu'il lui avait confiées. Lorsqu'on désespérait de la vie de ce saint malade, M. de Renty lui écrivit de Paris en ces termes : « Mon cher frère, DIEU m'a fait connaître que vous ne mourriez pas de cette maladie, et qu'il vous conserverait pour votre famille et pour les affaires qui concernent son « service et sa gloire (1). »
Dans le même temps, comme les filles de Saint-Joseph étaient en prière pour obtenir la guérison de leur instituteur, DIEU fit connaître aussi à la mère de La Ferre qu'il le conserverait encore dix ans pour leur institut, mais qu'elle mourrait avant lui, ce qui arriva de la sorte. Aussi, après la guérison de M. de La Dauversière, DIEU répandit de si abondantes bénédictions sur la communauté naissante des filles de Saint-Joseph, qu'il y entra vingt personnes dans l'espace de sept mois, et qu'on en demanda pour les villes les plus considérables du royaume (1) .
Enfin, cette guérison ranima si fort la confiance de M. Olier…
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(1) Mémoire de M. Le Royer sur M. de La Dauversière, son père ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
(1) Mémoire sur M. de La Dauversière, ibid.
A suivre…
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IV. M. de La Dauversière relève d'une grave maladie.
Bénédictions que DIEU répand sur l'institut de Saint-Joseph. (suite)
Enfin, cette guérison ranima si fort la confiance de M. Olier au secours de DIEU sur le nouvel institut, que, malgré la misère publique qui affligeait la France, et quoi qu'il fît construire alors le séminaire de Saint-Sulpice de Paris, il engagea M. de Bretonvilliers et MM. Jean et Bénigne Le Ragois, frères du précédent, à faire élever à leurs frais des bâtiments pour loger la communauté des sœurs de Saint-Joseph, qui ne pouvait plus s'en passer.
En conséquence, le 22 septembre 1649, ils se rendirent fondateurs de la maison de la Flèche, et en cette qualité s'engagèrent devant notaire à faire construire à leurs dépens tous les bâtiments nécessaires au logement de ces filles, et aux divers offices de leur communauté : le tout conformément au plan qu'elles désigneraient elles-mêmes, et aux marchés qu'elles feraient avec les entrepreneurs chargés de l'exécution (2). Rien ne fut épargné dans ces constructions, tant pour la plus grande commodité du dedans que pour la parfaite régularité et la symétrie de l'extérieur, les ouvrages de plomberie, les ornements des clochers, les ciselures et tout le reste (1). Les pieux fondateurs imposèrent aux filles de Saint-Joseph l'obligation de faire célébrer à perpétuité trois messes chaque année à leur intention, l'une le jour de Noël, l'autre celui de l'Assomption, et la troisième le jour de la fête de Saint-Jean-Baptiste, et d'offrir pour eux leur communion ces jours-là (2).
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(2) Mémoire et remarques pour servir à l'histoire de l'institut de Saint-Joseph; archives de la Flèche.
(1) Histoire de l'institution de la Congrégation des hospitalières de Saint-Joseph, p. 185et suivantes.
(2) Acte de fondation de l'Hôtel- Dieu, du 22 septembre 1649, notaire Chaussière, à Paris; acte de Lafouss, notaire à la Flèche.
A suivre : V. Les Iroquois détruisent les missions huronnes...
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
V. Les Iroquois détruisent les missions huronnes. — Réflexions de MleMance sur ce sujet.
Pendant le séjour que Mlle Mance fit en France, les Iroquois, toujours animés contre les Hurons, achevèrent de les ruiner, quoique ceux-ci fussent au nombre d'environ 30,000 ; ils massacrèrent cruellement les uns, et dispersèrent les autres dans les bois : de sorte que, lorsqu'elle arriva à Montréal, trois jours avant la Toussaint de l'année 1650, les missions huronnes n'existaient plus. Elle entendit avec douleur les détails qu'on lui raconta sur ce désastre lamentable, et en prit occasion de mettre de plus en plus sa confiance au secours de DIEU pour la conservation de Villemarie.
« Tout cela m'a bien fait adorer la Providence divine, disait-elle depuis, quand j'ai vu à mon retour que M. Lemoine, qui était parti pour porter du secours dans le pays des Hurons, a été obligé de relâcher, les trouvant tous qui venaient, du moins autant qu'il en restait. Car enfin, si les associés de Montréal avaient tourné leurs vues vers ce dessein, et y avaient appliqué leurs dépenses, à quoi tout cela aurait-il abouti? Il est vrai que l'état pitoyable où j'avais laissé les Hurons me faisait compassion ; le Ciel, qui voulait les humilier, n'a pas permis que ses serviteurs aient ouvert leurs bourses pour un ouvrage qu'il ne voulait pas maintenir; il a choisi dans Montréal une œuvre qu'apparemment, il veut rendre plus solide. Son saint nom soit béni à jamais (1) ! »
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1649 à 1650.
A suivre : VI. Les Iroquois attaquent Villemarie. — On fortifie l' Hôtel-Dieu.
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VI. Les Iroquois attaquent Villemarie. — On fortifie l' Hôtel-Dieu.
Les Iroquois, ayant détruit ou mis en fuite les Hurons, sans pouvoir poursuivre les fuyards dans les pays où ils s'étaient retirés, résolurent en 1650 de ruiner Villemarie (2). « Ils se tournèrent contre nous, écrivait Mlle Mance, avec plus d'orgueil et d'insolence qu'ils ne l'avaient fait jusque alors. Ils nous serraient de si près, et leurs attaques étaient si brusques et si fréquentes, qu'il n'y avait plus de sûreté pour personne. Ils tuèrent plusieurs des nôtres, et brûlèrent des maisons dans les environs même de Villemarie. Notre hôpital n'était pas en sûreté, et il fallait y mettre une forte garnison pour le défendre (3). »
Dans ce dessein, les seigneurs de Montréal firent construire deux redoutes auprès de l'hôpital, et les fournirent de toutes les armes et munitions nécessaires en cas d'attaque, spécialement de deux pièces d'artillerie (1). Nous ne raconterons pas ici les traits de valeur et de courage que la colonie offrit alors à l'admiration du reste du Canada, ni les barbaries atroces que les Iroquois exercèrent sur les Montréalistes dans cette cruelle guerre. Ils ne se contentaient pas de tourmenter ainsi les hommes qui tombaient entre leurs mains, mais, ce qu'on ne peut lire qu'avec horreur, ils en usaient avec la même barbarie à l'égard des femmes ; et Mlle Mance pensa être elle-même la victime de leur cruauté, le 6 mai de l'année suivante 1651.
Ce jour-là, le nommé Jean Boudart, et Catherine Mercier sa femme, l'un et l'autre singulièrement respectés dans la colonie pour leur piété et leur vertu, étant poursuivis par huit ou dix Iroquois, regagnaient à toutes jambes leur maison, lorsque enfin la femme, qui ne pouvait tenir pied à son mari, fut saisie par ces barbares. Boudart, touché de ses cris, revient alors sur ses pas pour la leur arracher; mais cet acte de dévouement, qui ne sauva pas sa femme, lui coûta à lui-même la vie, qu'il perdit sur la place en se débattant à coups de poings avec les Iroquois. Au bruit de cette action, M. Lemoine, dont on a parlé, le sieur Archambault et un autre, accourent en toute hâte pour secourir leurs concitoyens, et se voient chargés à leur tour par quarante Iroquois cachés en embuscade derrière l'hôpital, qui s'efforcent de les envelopper. Voyant alors qu'il n'y avait pour eux de salut que dans une prompte fuite, retournent sur leurs pas, et, essuyant le feu de ces quarante hommes, qui n'eut heureusement d’autre effet que de percer le bonnet de M. Lemoine, ils se jettent dans l'hôpital, où Mlle Mance était seule (1).
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(2) Histoire du Montréal, ibid., 1650, 1651.
(3) Vie de la sœur Bourgeoys, Villemarie, 1818, P. 33.
(1) Mémoire de Mlle Mance sur les choses fournies par les seigneurs de l’Hôtel-Dieu, de 1644 à 1660 ; archives du séminaire de Villemarie.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1650 à 1651. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.
A suivre : VII. DIEU ne permet pas que les Iroquois s’emparent de Mlle Mance…
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VII. DIEU ne permet pas que les Iroquois s'emparent de
Mlle Mance. — Mort glorieuse de Catherine Mercier.
L'enclos de cet établissement, comme on l'a déjà dit, était environné d'une forte clôture de pieux, où l'on entrait par une grande porte placée dans un petit bâtiment de défense, et par une autre plus petite. Ces deux portes, qu'on fermait avec des serrures et des barres de fer (2), se trouvaient ouvertes par hasard lorsque les trois individus dont nous parlons vinrent à passer devant ; et cette circonstance avait sans doute été ménagée par une disposition particulière de la divine Providence : car, selon la remarque de M. Dollier de Casson, de qui nous empruntons ce récit, si ces trois hommes n'eussent pas trouvé l'hôpital ouvert, ils étaient pris infailliblement par les barbares ; et s'ils eussent continué de fuir, les Iroquois, qui les poursuivaient, le voyant tout ouvert, y seraient certainement entrés, auraient enlevé MlleMance, pillé et brûlé la maison.
Mais les trois Montréalistes en ayant aussitôt fermé les portes, les Iroquois ne songèrent qu'à se retirer avec la femme de Boudart et à chercher un autre colon appelé Chiquot, qu'ils avaient vu se cacher sous un arbre et qu'ils trouvèrent. Ils voulaient l'emmener vivant dans leur pays pour lui faire souffrir d'horribles supplices; mais il se défendait, et les frappait si rudement à coups de pieds et de poings, qu'ils ne purent le contraindre de les suivre ; et qu'enfin, craignant d'être joints par les Montréalistes qui accouraient pour le délivrer, ils lui enlevèrent la chevelure avec un morceau du crâne. Mlle Mance par les soins qu'elle en prit, parvint à le guérir, et Chiquot vécut encore près de quatorze ans (1).
Le sort de Catherine Mercier fut plus triste selon la nature, mais plus glorieux encore si on l'envisage des yeux de la foi. Ces barbares la brûlèrent cruellement dans leur pays, après qu'ils lui eurent arraché les mamelles, coupé le nez et les oreilles, et qu'ils eurent déchargé sur elle le poids de leur rage, pour se venger de la mort de huit des leurs perdus dans un combat.
« DIEU ajoute le P. Ragueneau, Jésuite, donna du courage à cette pauvre femme. Au milieu des tourments, sans cesse elle implorait son secours ; ses yeux furent collés au ciel, et son cœur fut fidèle à DIEU jusqu'à la mort. En expirant elle avait encore à la bouche le nom de JESUS, qu'elle invoqua aussi longtemps que durèrent ses peines (1). »
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(2) Mémoire de Mlle Mance sur les choses fournies par les seigneurs, etc
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ibid.
(1) Relation de la Nouvelle-France, an. 1650 et 1651, p. 5 et 6. — Lettres de Marie de l'Incarnation, 1681, in-4º, 2epartie, lettre 44e, du 3 septembre 1652 , p. 457. Vie de la Mère Catherine de Saint-Augustin, hospitalière de Québec, par le R. Paul Ragueneau , in-8º, p. 57.
A suivre : VIII. Les Iroquois forment le siège de l'Hôtel-Dieu…
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VIII. Les Iroquois forment le siège de l'Hôtel-Dieu. — Mlle Mance et tous les colons se retirent dans le fort.
Cette année, les attaques des Iroquois furent presque continuelles, et firent périr plusieurs braves Montréalistes, entre autres Léonard Lucos dit Barbot, qui mourut de ses blessures, ainsi que Jean Hébert. Mais l'attaque la plus alarmante pour Mlle Mance fut celle qui eut lieu le 26 du mois de juillet. Deux cents Iroquois, s'étant retranchés dans un grand fossé qui était à côté de l'hôpital, et descendait vers la rue Saint-Paul qu'il traversait, fondirent sur cette maison. Comme il n'y avait alors personne pour la défendre, M. Closse, major de Villemarie, accompagné de seize hommes, s'y rendit incontinent pour soutenir l'attaque. Elle fut des plus opiniâtres, et la défense des plus vigoureuses; et quoique les assiégés ne fussent qu'au nombre de dix-sept contre deux cents ennemis, qui environnaient l'hôpital de toutes parts, ils soutinrent le combat depuis six heures du matin jusqu'à six heures du soir, sans éprouver d'autre perte que celle de Denis Archambault qui mettant le feu à un canon de fonte, fut tué un éclat de cette pièce, qui creva (1) et tua beaucoup d'ennemis (2).
Enfin les Iroquois se virent contraints d'abandonner le siège de l'hôpital, et, pour se venger de la perte des leurs ils incendièrent dans leur retraite une maison voisine, qui fut toute la perte que la colonie fit dans cette action avec celle du brave Archambault (3).
Comme ces attaques se renouvelaient tous les jours, et qu'il n'y avait plus de sécurité pour personne, les habitants prirent le parti d'abandonner leurs maisons, pour se retirer dans le fort (4).
Ce fut pour Mlle Mance une nécessité de s'y loger aussi, et de quitter enfin l'hôpital, où l'on ne pouvait plus établir une garnison pour le défendre, vu le petit nombre de soldats qui restaient après tant de pertes.
« Montréal écrivait cette année le P. Ragueneau, serait un paradis terrestre si ce n'était que les Iroquois y portent la terreur, qu'ils y paraissent quasi continuellement, et rendent ce lieu presque inhabitable. Il n'y reste en tout qu'environ cinquante Français. C'est une merveille qu'ils n'aient été exterminés par les fréquentes surprises des troupes iroquoises, qui ont été fortement repoussées diverses fois. M. de Maisonneuve a maintenu cette habitation par sa bonne conduite ; la paix et la crainte de DIEU y ont régné entre les Français (1). »
« Montréal à fort à souffrir, écrivait de son côté la mère de l'Incarnation; tout est néanmoins en paix à Québec (2). »
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(1) Registres des sépultures de Villemarie, 26 juillet 1651.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1650 à 1651.
(4) Histoire du Montréal, ibid.
(1) Relation de la Nouvelle-France, an. 1650 et 1651, p. 4 et 5.
(2) Lettres — 2epartie, lettre 44, 3 septembre 1651 , p. 457.
A suivre : IX. Mlle Mance envoie M. de Maisonneuve en France.
Dernière édition par Louis le Mer 29 Aoû 2012, 5:24 pm, édité 1 fois (Raison : Balises.)
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IX. Mlle Mance envoie M. de Maisonneuve en France. — Elle offre 22,000 livres de la fondation pour être employées à une levée de soldats.
La petite colonie voyant donc diminuer de jour en jour le nombre de ses soldats, sans pouvoir réparer ses pertes, tandis que les Iroquois recevaient toujours de nouveaux renforts, il était manifeste que, s'il ne venait bientôt un puissant secours de France, l'établissement de Villemarie était perdu.
« Tout le monde était découragé, écrit Mlle Mance; dans cette extrémité, comme je faisais réflexion quel préjudice ce serait pour la religion, et quelle humiliation pour l'État, si l'on était obligé d'abandonner le pays, je me sentis inspirée de m'adresser à M. de Maisonneuve pour l'engager à faire un voyage en France afin d'aller demander du secours à MM. de Montréal (3). »
M. de Maisonneuve entra d'autant plus volontiers dans les vues de Mlle Mance, qu'il ne voyait pas d'autre moyen de conserver la colonie. Et pour la maintenir il jugeait qu'il ne fallait guère moins d'un renfort de deux cents hommes. Il répondit donc à Mlle Mance qu'il partirait incontinent pour la France, et que, s'il ne pouvait amener au moins cent hommes avec lui il ne reviendrait plus en Canada (1).
La difficulté était de trouver des fonds pour une pareille levée, la plus considérable qu'on eût jamais vue dans la Nouvelle-France. Les associés, alors réduits au nombre de sept qui fussent en état de fournir aux frais de l'œuvre, s'étaient épuisés l'année précédente pour le dernier embarquement et il n'était pas à présumer qu'ils pussent faire seuls les frais d'une recrue de soldats si nombreuse.
Pour diminuer ces difficultés, Mlle Mance imagina un expédient qui lui réussit.
Considérant que de la conservation de la colonie dépendait celle de l'hôpital, et jugeant que Mmede Bullion était disposée à faire toutes sortes de sacrifices pour maintenir cette maison, son ouvrage, elle offrit à M. de Maisonneuve d'employer à la levée de ces hommes 22,000 livres que Mme de Bullion lui avait données pour l'hôpital, et qui étaient placées à Paris entre les mains de Mme de Renty. Seulement, elle exigea qu'en remplacement de cette somme, M. de Maisonneuve, comme procureur de la Compagnie de Montréal en Canada, donnât à l'hôpital cent arpents de terre défrichée du domaine des seigneurs. M. de Maisonneuve agréa ces propositions, nomma M. de Musseaux pour gouverneur en son absence, et partit incontinent (1).
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(3) Vie de la sœur Bourgeoys. — Villemarie, 1818, in-12, p. 33.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1651 à 1652.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1650 à 1651.
A suivre :
1652. X. MlleMance apprend que M. de Maisonneuve doit revenir avec un renfort. — Courage des Montréalistes en attendant l'arrivée de celui-ci.
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1652. X. Mlle Mance apprend que M. de Maisonneuve doit revenir avec un renfort.
— Courage des Montréalistes en attendant l'arrivée de celui-ci.
L'année suivante, 1652, la petite colonie de Montréal, dans l'attente d'un prochain secours, sembla redoubler de courage et de résolution, en repoussant avec une vigueur non pareille les diverses attaque que lui livrèrent les Iroquois. Au rapport de la sœur Bourgeoys, il n'y restait plus alors que dix-sept hommes en état de porter les armes (2); ce qui dura sans doute jusqu'à l'arrivée de dix autres qu'on reçut de Québec (3).
Comme donc à Villemarie chacun était impatient de savoir le résultat du voyage de M. de Maisonneuve, Mlle Mance, dès que l'été fut venu, résolut de se rendre à Québec pour savoir s'il était de retour, et elle pria M. Closse de l'escorter jusqu'aux Trois-Rivières; ce qu'il fit.
Mais après quelques jours, et pendant que Mlle Mance attendait une commodité pour descendre à Québec, M. Closse apprit que les Iroquois se montraient plus terribles contre Montréal qu'ils ne l'avaient jamais été; et qu'enfin, depuis son départ, les colons étaient si épouvantés, qu'ils ne savaient que devenir. Là-dessus il laisse aux Trois-Rivières Mlle Mance, qui attendait le départ de M. Duplessis, gouverneur de ce lieu, et se rend en toute hâte à Montréal, où sa présence relève le courage de tous les siens. Mais Mlle Mance, au lieu de trouver M. de Maisonneuve à Québec, reçut une lettre de lui par laquelle il lui mandait qu'il espérait revenir l'année suivante, et conduire avec lui plus de cent hommes. Il ajoutait qu'il avait vu adroitement Mme de Bullion pour lui faire connaître l'état des choses, et qu'il avait sujet d'espérer beaucoup de sa générosité ; qu'enfin elle ne manquât pas de lui écrire à lui-même, sans nommer cependant Mme de Bullion (1).
Regardant alors comme assuré le retour de M. de Maisonneuve, qui avait paru auparavant fort incertain, Mlle Mance fut extrêmement consolée par cette lettre, et après qu'elle eut donné ses ordres relativement à divers effets envoyés de France par les associés, elle retourna promptement à Villemarie pour y annoncer cette heureuse nouvelle, et relever par là le courage et la confiance des colons.
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(2) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys. — Archives de la Congrégation de Villemarie.
(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1651 à 1652.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1651 à 1652.
A suivre : XI. M. de Maisonneuve visite Mme de Bullion…
Dernière édition par Louis le Mer 29 Aoû 2012, 5:19 pm, édité 1 fois (Raison : balise)
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
XI. M. de Maisonneuve visite Mme de Bullion
pour lui faire connaître l'emploi qu'il va faire des 22,000 livres.
M. de Maisonneuve lui marquait dans cette lettre, comme on vient de le voir, qu'il avait vu adroitement Mme de Bullion. C'est que, malgré les assurances que Mlle Mance avait données plusieurs fois du consentement présumé de cette dame touchant l'usage qu'il allait faire des 22,000 livres dont on a parlé, il avait désiré trouver quelque occasion de s'entretenir à Paris avec elle, afin qu'elle y donnât quelques marques d'approbation.
Pour le seconder dans ce dessein, Mlle Mance, qui s'était toujours abstenue de nommer cette humble et généreuse bienfaitrice, conformément à sa recommandation expresse, avait cru cependant pouvoir confier son secret à M. de Maisonneuve lorsqu'il était parti de Montréal. D'un côté, la nécessité extrême où elle voyait le pays ne lui permettait pas d'aller elle-même en France pour conférer avec Mme de Bullion; et de l'autre, elle ne pouvait la consulter par lettre, depuis la mort du P. Rapin, cette dame lui ayant expressément défendu de lui écrire, de peur d'être connue par ce moyen. Mais en nommant Mme de Bullion, elle avait fait observer à M. de Maisonneuve que ce serait tout perdre que de lui donner à entendre qu'il la connût (1).
Arrivé à Paris, après que M. de Maisonneuve eut visité chacun des associés de Montréal, il chercha quelque occasion de s'entretenir avec la fondatrice de l'hôpital, et la Providence lui en offrit une toute naturelle, qui lui donna lieu de s'assurer par lui-même de son consentement.
Comme la réalité de ce consentement fut dans la suite le sujet de longues et vives discussions, qui affligèrent beaucoup Mlle Mance, nous rapporterons ici le récit que M. de Maisonneuve lui en fit lui-même à son retour en Canada :
« Ayant appris qu'une de mes sœurs, dit-il, était en procès avec Mme de Bullion, je m'offris de lui donner la main pour aller chez elle; et comme je savais qu'elle n'ignorait pas mon nom, à cause du gouvernement de Montréal, je me fis nommer à la porte, afin que mon nom lui renouvelât le souvenir du Canada. DIEU donna sa bénédiction à ma ruse, car l'ayant saluée, et ma sœur lui ayant parlé de ses affaires, elle s'enquit de moi si j'étais le gouverneur de Montréal qu'on disait être dans la Nouvelle-France. Je lui répondis que c'était moi-même, et que j'en étais revenu depuis peu.
— Apprenez-nous, me dit-elle, des nouvelles de ce pays-là: quelles sont les personnes qui y demeurent, ce qu'on y fait, comment on y vit. Dites-le-nous, s'il vous plaît : car je suis curieuse de savoir tout ce qui se passe dans les pays étrangers (1). »
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1651 à 1652.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
A suivre : XII. M. de Maisonneuve expose à Mme de Bullion l'extrémité où la colonie est réduite.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
XII. M. de Maisonneuve expose à Mme de Bullion
l'extrémité où la colonie est réduite.
« Madame, lui dis-je, je suis venu chercher du secours pour tâcher de délivrer ce pays des dernières calamités où les guerres des Iroquois l'ont réduit, et de tenter si je pourrais trouver le moyen de le tirer de misère. L'aveuglement est grand parmi les sauvages ; néanmoins on ne laisse pas d'en gagner toujours quelques-uns. Ce pays est grand, et le Montréal est une île fort avancée dans les terres, très-propre pour en être la frontière. Ce nous sera une extrémité bien fâcheuse s'il faut abandonner ces contrées si étendues, sans qu'il y reste personne pour annoncer les louanges de Celui qui est le créateur.
« Au reste, cette terre est un lieu de bénédiction pour ceux qui y viennent; la solitude, jointe aux périls de la mort où la guerre nous met à tout moment, fait que les plus grands pécheurs y vivent avec édification et sont des modèles de vertu.
« Cependant, s'il faut tout abandonner, je ne sais ce que deviendra cette colonie, ni quel sera le sort d'une bonne fille qu'on appelle MlleMance; et c'est ce qui me fait le plus de peine. Car si je n'ai un puissant secours à amener dans cette colonie, je ne puis me résoudre à y retourner, d'autant que mon retour serait inutile ; et si je ne retourne pas, je ne sais ce que deviendra cette bonne demoiselle.
« Je ne sais pas non plus quel sera le sort d'une certaine fondation qu'une bonne dame qu'on ne connaît point y a faite pour un hôpital, dont elle a établi cette bonne demoiselle administratrice ; car enfin, si je ne vais les secourir, il faut que tout échoue, et quitte le pays.
« A ces mots, elle me dit: Comment s'appelle cette dame? Hélas! lui répondis-je, elle a défendu à Mlle Mance de la nommer.
Au reste, cette demoiselle assure que sa dame est si généreuse, qu'on aurait lieu de tout espérer d'elle, si elle pouvait avoir l'honneur de lui parler ; mais qu'étant si éloignée, elle n'a aucun moyen de lui exposer l'état des choses. Qu'autrefois elle avait auprès de sa bienfaitrice un bon religieux qui le lui eût fait connaître, et eût bien négocié cette affaire ; mais que, maintenant que ce religieux est mort, elle ne peut lui parler ni lui faire parler, pas même lui écrire, cette dame lui ayant défendu de mettre son nom sur l'adresse d'aucune de ses lettres. Quand ce religieux vivait, elle lui envoyait ses lettres, qu'il portait lui-même à la dame ; à présent elle ne peut plus lui écrire. Si elle mettait seulement son nom pour servir d'adresse sur une lettre, elle assure qu'elle tomberait dans sa disgrâce, et qu'elle aime mieux laisser le tout à la seule Providence que fâcher une personne à qui elle est tant obligée, elle et toute la Compagnie de Montréal (1). »
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(1)) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
A suivre. : XIII. Il lui fait connaître l'emploi qu'il va faire des 22,000 livres pour lever des hommes.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
XIII. Il lui fait connaître l'emploi qu'il va faire des 22,000 livres
pour lever des hommes. — Mme de Bullion en donne secrètement 20,000 pour le même dessein.
« Voilà, Madame, l'état où sont les choses. On est même si pressé de secours, que la demoiselle, voyant que tous les desseins de sa fondatrice sont prêts à être mis au néant, m'a donné pouvoir de prendre 22,000 livres de la fondation de l'Hôtel-Dieu, qui sont dans Paris, pour cent arpents de terre que la Compagnie lui donne, me disant :
« Il vaut mieux qu'une partie de la fondation périsse que le total; servez-vous de cet argent pour lever du monde, afin de garantir tout le pays en sauvant le Montréal, Je ne crains point, dit-elle, d'engager ma conscience, je connais les dispositions de ma bonne dame : si elle savait les angoisses où nous sommes, elle ne se contenterait pas de cela.
« Voilà l'offre que m'a faite cette demoiselle. J'avais de la peine à l'accepter; mais enfin, en ayant été pressé vivement par elle, qui m'assurait toujours qu'elle pouvait hardiment interpréter la volonté de sa bonne dame en cette rencontre, j'ai fait un concordat avec elle pour les cent arpents de terre, en échange des 22,000 livres qu'elle a espéré pouvoir beaucoup aider à garantir le pays ; et c'est l'unique vue de ce concordat.
« Telle est, Madame, la situation où nous sommes. »
Après cet exposé, qu'elle écoutait avec l'intérêt le plus vif, Mme de Bullion pria M. de Maisonneuve…
A suivre...
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
XIII. Il lui fait connaître l'emploi qu'il va faire des 22,000 livres
pour lever des hommes. — Mme de Bullion en donne secrètement 20,000 pour le même dessein.
(suite)
Après cet exposé, qu'elle écoutait avec l'intérêt le plus vif, Mme de Bullion pria M. de Maisonneuve de venir la revoir pour lui parler encore du Canada. Il le lui promit volontiers, et la visita plusieurs fois. Dans ces visites, elle lui témoigna toujours le même empressement à l'entendre; elle prenait même plaisir à le faire entrer dans son cabinet pour qu'il pût l'entretenir à loisir de toutes les particularités de la colonie.
Mais ce qui est un bel éloge de la rare humilité de cette dame et de la pureté de ses intentions dans ses abondantes charités, jamais elle ne lui découvrit ni ne lui donna à entendre qu'elle fût elle-même la fondatrice de l'hôpital. Au reste, non-seulement elle ne fit rien pour l'empêcher d'employer les 22,000 livres à lever une nouvelle recrue ; mais, pleinement informée après ces entretiens du triste état de la colonie, elle donna en outre la somme de 20,000 livres, afin qu'on pût lever un plus grand nombre de soldats pour la secourir. On eut lieu d'admirer encore ici les saintes industries de son humilité à fuir les regards des hommes, pour pratiquer à la lettre ce précepte du Seigneur : Que dans vos aumônes votre main gauche ignore ce que fait votre main droite (1). Elle voulut que les associés ne pussent savoir de qui venait ce don : elle remit les 20,000 livres à M. de Lamoignon, en lui disant qu'une personne de qualité faisait ce présent à la Compagnie de Montréal afin de l'aider à lever des hommes pour secourir leur île, sous la conduite de M. de Maisonneuve.
Enfin elle fit tout ce qu'elle put pour que M. de Lamoignon demeurât lui-même persuadé que ces fonds venaient d'une autre main que de la sienne Mais, quelque précaution qu'elle prit, elle ne put empêcher qu'on ne sût que c'était elle-même qui faisait ce don (2). Ainsi, comme Mlle Mance l'avait assuré à M. de Maisonneuve, Mme de Bullion donna beaucoup plus que la somme des 22,000 livres; elle en fournit elle seule 42,000 pour cette nouvelle recrue, qui se composa de cent huit hommes (3), et coûta en tout 75,000 livres à la Compagnie (4).
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(1) Evangile selon saint Matthieu. c.VI. v. 3.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
(3) Archives du séminaire de Villemarie, rôle de la levée de 1653.
(4) Annales des hospitalières de Saint-Joseph, par la sœur Morin.
A suivre : 1653. xiv. Mlle Mance descend à Québec…
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