Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VI. Tentations que la sœur Morin éprouve contre sa vocation.
Mais DIEU , qui voulait sanctifier les hospitalières de Saint-Joseph par la croix, ne tarda pas à tempérer la joie qu'elles prouvaient de la réception de cette postulante. Pour leur apprendre à ne mettre leur confiance qu'en lui seul, il permit que la sœur Morin, en attendant qu'elle eût atteint l'âge requis pour prononcer ses engagements, essuyât deux maladies qui la conduisirent aux portes du tombeau.
Délivrée de l'une et de l'autre par les soins assidus qui lui furent prodigués, malgré la pauvreté de la communauté, la sœur Morin ressentit bientôt de grands dégoûts de sa vocation.
Pendant quatre ans, se voyant seule au noviciat, sans autre compagnie que celle de trois hospitalières venues de France, toutes fort sérieuses et avancées en âge, et presque sans espérance d'en avoir jamais d'autres dans cette maison, la perspective de cet avenir la remplissait de tristesse et l'affligeait vivement.
A cela vint se joindre une tentation des plus violentes : une affection pour ses parents si vive et si excessive, qu'elle n'avait jamais rien éprouvé de semblable pour eux, quoiqu'elle les eût toujours aimés très-tendrement : tentation qui la sollicitait fortement à quitter l'Hôtel-Dieu pour aller les rejoindre. Elle passa deux ans et demi dans ce combat, n'osant se déterminer à sortir du noviciat, crainte d'être infidèle à DIEU et de se perdre dans le monde, et pourtant ne pouvant se résoudre absolument à y demeurer.
Une troisième sorte de peine, qui ne l'accablait pas moins que les précédentes, c'était la difficulté d'atteindre les vertus qu'elle admirait, dans la mère de Brésoles et dans les deux autres, leur extrême mortification, leur grand esprit de pénitence, se disant que jamais elle ne pourrait s'élever à une si sublime perfection (1).
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(1)Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : VII. La sœur Morin est résolue d’embrasser l’institut…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VII. La sœur Morin est résolue d’embrasser l’institut.
— M. de Laval s’oppose d’abord à sa vocation, puis il y consent.
M. Souart et un autre ecclésiastique de Saint-Sulpice en qui elle avait confiance, M. Pérot, ne négligèrent rien pour la fortifier contre ces épreuves, et pour l'encourager à persévérer. M. Pérot surtout y contribua beaucoup en lui montrant le danger qu'elle courrait si elle venait à quitter le noviciat de son propre mouvement. II s'efforça aussi de lui faire comprendre que la vertu éminente de la mère de Brésoles et de ses deux compagnes devait à la vérité servir de modèle à toutes les sœurs qui leur succéderaient, mais non de mesure à la ferveur que DIEU demanderait de chacune, ces trois premières mères ayant reçu une plénitude de grâce proportionnée au dessein que DIEU avait eu sur elles en les établissant les fondements de l'édifice spirituel de cette communauté.
Enfin, après deux ans et demi de ce furieux orage, succéda dans l'esprit et dans le cœur de la novice le calme le plus parfait ; et elle se trouva plus déterminée que jamais à persévérer jusqu'à la mort dans sa vocation. M. Souart écrivit donc à M. de Laval pour le prier d'autoriser la réception de la sœur Morin, dont le temps d'épreuve était achevé (1).
« Mais elle ne fut pas plutôt résolue de ne point quitter l'Hôtel-Dieu, dit cette sœur parlant d'elle-même, que M. de Laval, qui l’avait envoyée lui-même, forma des obstacles à sa réception. Il fit réflexion que, permettant aux filles de Saint-Joseph de lui donner leur habit, c'était les établir tacitement, et manquer à la parole qu'il avait donnée de ne le point faire; et il manda ses sentiments sur cela à M. Souart. »
Il était naturel que ce refus, auquel on était si loin de s'attendre, fût un grand sujet de mortification pour ces saintes filles et pour tous ceux qui leur étaient dévoués; et comme la réponse ne laissait entrevoir aucune lueur d'espérance, on prit le parti de garder le silence sur cette affaire, et d'en abandonner le succès à la seule providence de DIEU. Cette confiance ne fut pas vaine, car DIEU daigna changer lui-même les dispositions du prélat, comme nous le raconterons après que nous aurons exposé les événements qui donnèrent lieu à un changement si extraordinaire (1).
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(1)Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Ibid.
A suivre …
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
VII. La sœur Morin est résolue d’embrasser l’institut.
— M. de Laval s’oppose d’abord à sa vocation, puis il y consent.
(suite)
Mais elle ne fut pas plutôt résolue de ne point quitter l'Hôtel-Dieu, dit cette sœur parlant d'elle-même, que M. de Laval, qui l’avait envoyée lui-même, forma des obstacles à sa réception. Il fit réflexion que, permettant aux filles de Saint-Joseph de lui donner leur habit, c'était les établir tacitement, et manquer à la parole qu'il avait donnée de ne le point faire; et il manda ses sentiments sur cela à M. Souart. »
Il était naturel que ce refus, auquel on était si loin de s'attendre, fût un grand sujet de mortification pour ces saintes filles et pour tous ceux qui leur étaient dévoués; et comme la réponse ne laissait entrevoir aucune lueur d'espérance, on prit le parti de garder le silence sur cette affaire, et d'en abandonner le succès à la seule providence de DIEU. Cette confiance ne fut pas vaine, car DIEU daigna changer lui-même les dispositions du prélat, comme nous le raconterons après que nous aurons exposé les événements qui donnèrent lieu à un changement si extraordinaire (1).
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(1)Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : 1663. VIII. Affreux tremblement de terre arrivé en Canada.
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1663. VIII. Affreux tremblement de terre arrivé en Canada.
Au mois de février 1663, le Canada fut agité par un tremblement de terre le plus étonnant qu'on eût vu depuis longtemps dans ce pays. Il eut pour avant-coureur l'apparition d'un météore qui, avec un bruit égal à celui du tonnerre, parut sur Villemarie, et après avoir parcouru les airs alla comme se perdre derrière la montagne qui donne son nom à l'île de Montréal. Le même globe de flammes parut aussi sur Québec (2).
Or, le 5 février, qui cette année tomba le lundi gras, entre quatre et cinq heures du soir, pendant que M. Souart faisait, selon l'usage, la prière commune dans l'église de l'Hôtel-Dieu, qui servait alors de paroisse, et où quantité de personnes étaient réunies, on entendit en même temps dans toute l'étendue du Canada un grand bruissement comme celui du feu qui a pris à une maison. Après que ce bruit eut duré cinq ou six minutes, la terre trembla tout à coup avec tant de violence, que les plus grandes maisons de Villemarie étaient aussi agitées que le serait une petite maison de cartes qu'on mettrait au gré du vent.
Les personnes qui étaient dans l'église, aussi bien que M. Souart, en sortirent aussitôt, pour n'être pas écrasées sous ses ruines ; et, parmi les malades de l'Hôtel-Dieu, ceux qui eurent assez de force pour se soustraire au danger sortirent promptement des salles et allèrent dans la cour, pendant que les autres, plus faibles, conjuraient à grands cris la miséricorde de DIEU, pensant que leur dernière heure était arrivée.
Ceux qui étaient sortis se couchaient sur la neige, car la terre était agitée par des mouvements si violents, qu'on ne pouvait pas se tenir sur ses pieds, et qu'on se voyait contraint de s'étendre à plat pour ne pas tomber de sa hauteur.
Au moment où le tremblement de terre commença, Mme d'Ailleboust…
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(2) Relation de la Nouvelle-France de 1662 et 1663, par le P. Jérôme Lallemant, pag. 2 et 3.
A suivre…
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1663. VIII. Affreux tremblement de terre arrivé en Canada.
(suite)
Au moment où le tremblement de terre commença, Mme d'Ailleboust, qui était au lit, se leva précipitamment, et, sans prendre le temps de s'habiller, sortit aussitôt sans jupe ni souliers, n'ayant qu'un mantelet sur ses épaules, tandis que sa femme de chambre courait après elle avec une jupe en main pour l'en revêtir, ce qu'elle ne put faire à cause de l'agitation de la terre, qui creusait des précipices sous ses pieds. Elle entra ainsi dans la grande salle, criant de toute sa force : Confession, mon Père, confession, parlant à M. Souart, son confesseur. Au milieu de l'épouvante générale, la mère de Brésoles, la sœur Macé et la sœur Maillet, demeurèrent en prière devant le tabernacle, sans songer à chercher leur salut dans la fuite (1).
« Dans l'effroi qui m'avait saisie, dit la sœur Morin, j'étais encouragée par l'exemple de Mme d'Ailleboust, qui marchait devant moi. Nous trouvâmes nos chères sœurs souffrant une agonie mortelle devant le très-saint Sacrement, où elles étaient prosternées. Ma sœur Macé était sans parole ; cependant aucune de nous ne sortit dehors ; je crois que l'excès de la peur nous donna cette constance.
M. Souart s'est reproché bien des fois de ne nous avoir pas fait sortir de l'église, d'autant qu'elle pouvait tomber sans que la terre s'abîmât. Le lendemain mardi, à quatre heures du matin, eut lieu un second tremblement de terre, qui nous balança dans nos lits bien plus rudement que ne l'avaient fait nos mères nourrices dans notre enfance ; et malgré cela aucune de nous ne se leva du lit, se confiant en la protection du SEIGNEUR, de la très-sainte Vierge et du grand saint Joseph (1).
Le soir du même jour, pendant notre récréation, la terre trembla pour la troisième fois, mais plus doucement et sans rien renverser. »
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, tremblement de terre de 1663.
(1) Annales des hospitalières, ibid.
A suivre : IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel.
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IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel.
II parut bien que ce bouleversement si épouvantable n'avait été ordonné de DIEU que pour réveiller la crainte de ses jugements, et ranimer l'amour de sa religion dans tous les cœurs. Quoiqu'on eût déjà vu en Canada des forêts abattues, des rochers renversés les uns sur les autres, des terres enfoncées et abîmées par des tremblements de terre (1), celui-ci néanmoins offrit trois circonstances très-remarquables, qui le firent regarder avec raison comme un avertissement du Ciel.
D'abord, il persévéra jusque dans le mois d'août, c'est-à-dire plus de six mois, quoique les secousses ne fussent pas également rudes.
En second lieu, il se fit sentir, le même jour et au même instant, dans une étendue de pays de deux cents lieues de longueur sur cent lieues de largeur, c'est-à-dire depuis l'Ile Percée jusqu'au delà du Montréal, comme aussi dans la Nouvelle-Angleterre et dans l'Acadie.
Enfin, une dernière circonstance parut être à chacun évidemment providentielle : c'est qu'au milieu d'une confusion si universelle, personne ne périt ni ne reçut la moindre blessure. « Nous voyons proche de nous, écrivait le P. Jérôme Lallemant, de grandes ouvertures qui se sont faites, et une prodigieuse étendue de pays toute perdue ; nous nous voyons environnés de bouleversements et de ruines, sans que nous ayons perdu un enfant, non pas même un cheveu de la tête. Pendant, que les montagnes d'alentour ont été abîmées, nous n'avons eu que quelques cheminées démolies (2). » C'est ce qu'atteste aussi M. Boucher de Boucherville dans l'histoire du Canada qu'il dédia, cette même année, à M. Colbert (3).
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(1) Les singularités de la France antarctique, par Thevet, Paris, 1558, in-4º, ch. 81, folio 161.
(2) Relation de 1662 et 1663, p. 6 et suiv.
(3) Histoire véritable et naturelle de la Nouvelle-France, Paris, 1664, in-12, avant-propos.
A suivre…
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IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel.
(suite)
« Un honnête homme de nos amis, écrivait cette même année la mère de l'Incarnation, avait fait bâtir une maison avec un fort beau moulin, sur la pointe d'une roche de marbre : la roche, dans une secousse, s'est ouverte, et le moulin et la maison ont été enfoncés dans l'abîme qui s'est fait. Mais ce qui est admirable, parmi des débris si étranges et si universels, nul n'a péri, ni même n'a été blessé. C'est une marque toute visible de la protection de DIEU sur son peuple, qui nous donne de justes sujets de croire qu'il ne se fâche contre nous que pour nous sauver. Nous espérons qu'il tirera sa gloire de nos frayeurs, par la conversion de tant d'âmes qui étaient endormies dans leurs péchés, et qui ne se pouvaient éveiller de leur sommeil par les simples mouvements d'une grâce intérieure (1).
« Car, au même temps que DIEU a ébranlé les montagnes et les rochers de marbre de ces contrées, on eût dit qu'il prenait plaisir à ébranler les consciences: les jours de carnaval ont été changés en des jours de pénitence et de tristesse ; les prières publiques, les processions, les pèlerinages ont été continuels; les jeûnes au pain et à l’eau, fort fréquents ; les confessions générales, plus sincères qu'elles ne l'auraient été dans l'extrémité des maladies. Je ne crois pas que dans tout le pays il y ait eu un habitant qui n'ait fait une confession générale. On a vu des réconciliations admirables, les ennemis se mettre à genoux les uns devant les autres pour se demander pardon, avec tant de douleur, qu'il était aisé de voir que ces changements étaient des coups du Ciel et de la miséricorde de DIEU plutôt que de sa justice (*) (1). »
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(1) Lettres de la mère de l’Incarnation, in-4º, 1681, 2e partie, lett. 65, du 20 août 1663, p. 586.
(1) Lettres, ibid., lett. 67, p. 590.
A suivre : le (*)
Dernière édition par Louis le Mer 31 Oct 2012, 3:24 pm, édité 2 fois (Raison : balisage)
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A suivre…IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel.
(suite du *)
(*) En citant ici la mère de l'Incarnation, nous lui offrirons, au nom de tous les Canadiens, une juste réparation pour l'outrage fait à sa mémoire par un écrivain moderne, à l'occasion du tremblement de terre dont nous parlons. Cet auteur, à qui l'on peut reprocher de produire, sous le nom d'Histoire, les inventions de son esprit, aura cru peut-être donner du relief à son pays en introduisant sur la scène l'erreur du quiétisme, et en y associant les personnes les plus vénérées jusque alors, entre autres la mère de l'Incarnation et Mme d'Ailleboust.
Mais, outre que les traiter de la sorte, c'est fouler aux pieds les devoirs de la reconnaissance, qu'elles méritent de tous les cœurs canadiens, c'est aussi violer à leur égard l'équité et la justice la plus rigoureuse ; et assurément l'auteur n'eût pas songé à leur faire une pareille imputation, s'il eût mieux connu en quoi consistait le quiétisme, et s'il eût considéré que l'une et l'autre n'étaient déjà plus lorsqu'en France on commença à parler de cette erreur.
Au reste, c'est l'inconvénient où doit tomber tout écrivain qui, sans se donner la peine d'étudier l'histoire dans ses véritables sources, se contente de présenter, sous la couleur de vues hardies et nouvelles, les idées qu'il s'est formées dans son propre esprit, et qui croit suppléer, par ses prétendus aperçus, à l'insuffisance de ses recherches et à l'incomplet de sa narration. Cette manière d'écrire, faussement appelée Philosophie de l'histoire, est, dit-on, un progrès de l'esprit humain ; oui, mais un progrès vers la barbarie ; puisque, si tous les écrivains marchaient par cette voie nouvelle, l'histoire serait bientôt toute défigurée, entièrement méconnaissable, et ne différerait guère de celle des temps fabuleux. C'est ce qui serait à craindre pour celle du Canada, si elle était toujours traitée de celle manière. Voici comment l'écrivain dont nous parlons signale le quiétisme prétendu des dames de ce pays : …
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IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel. (suite du *)
(*) Voici comment l'écrivain dont nous parlons signale le quiétisme prétendu des dames de ce pays :
« Cette secte, car on lui a donné ce nom, se jeta dans la spiritualité..... Il paraît que plusieurs personnes furent imbues de son esprit en Canada. On assure que Mme d'Ailleboust s'était vouée a JESUS-CHRIST dès sa jeunesse, inspirée par le culte intérieur et l'amour pur et désintéressé, et que, malgré son mariage, elle conserva jusqu'à la fin de ses jours sa pureté virginale. Devenue veuve, elle fut recherchée en mariage ; mais, à l'exemple de la fondatrice du quiétisme (Mme Guyon), elle refusa constamment les partis les plus avantageux. DIEU lui avait donné, dans le langage de ces rêveurs, l'esprit de prophétie, le don des larmes, le discernement des esprits, et plusieurs autres grâces gratuites.
Le tremblement de terre de 1663 fut le plus beau temps du quiétisme en Canada... La supérieure de l'Hôtel-Dieu de Québec, et la célèbre Marie de l'Incarnation, supérieure des Ursulines, partagèrent ce délire de la dévotion ; mais la dernière est celle qui donna le plus d'éclat dans ce pays, à cause de la spiritualité, pieuse chimère qui affecta pendant longtemps plusieurs intelligences tendres et romanesques, surtout parmi les personnes du sexe (1). »
L'auteur, qui fait lui-même ici ce petit roman, ajoute avec la même assurance : « Le clergé se contenta d'observer une réserve respectueuse devant ce phénomène moral (le quiétisme), n'osant blâmer ce que quelques-uns pouvaient prendre pour de saintes inspirations, et d'autres pour des illusions innocentes, causées par un excès de fausse piété (2). »
On ne sait vraiment ce que veut dire ici l'écrivain, ni dans quelle source il a puisé ce qu'il avance…
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(1) Histoire du Canada, par F.-X. Garneau, Québec 1845, t. I, p. 369.
(2) Ibid. t. I, p. 370.
A suivre…
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IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel. (suite du *)
(*) On ne sait vraiment ce que veut dire ici l'écrivain, ni dans quelle source il a puisé ce qu'il avance : car on ne voit nulle trace de cette réserve respectueuse du clergé, ni de ce phénomène moral qu'il a cru apercevoir.
Nous lisons au contraire que Marie de l'Incarnation a été constamment estimée et vénérée par le clergé canadien pour la solidité de sa dévotion, et que jamais personne n'a soupçonné qu'il pût y avoir quelque excès dans sa conduite intérieure ou extérieure. On sait qu'après la publication de sa Vie, accueillie avec respect en Canada aussi bien qu'en France, on fit paraître ses lettres en 1681 ; et ce recueil, rempli de tant de précieux détails pour l'histoire du Canada, et des maximes les plus solides de la vie chrétienne, fut reçu partout avec un applaudissement universel.
Plus tard, le P. de Charlevoix composa une nouvelle Vie de cette religieuse, également bien accueillie en France et en Canada; et, sans rapporter ici les témoignages nombreux de l'estime publique dont la mère de l'Incarnation a constamment joui de la part de toutes les personnes versées dans la saine spiritualité, nous nous contenterons de citer celui d'un théologien très-capable de porter un jugement dans cette matière, et assez connu pour sa sagesse et sa modération.
Nous voulons parler de M. Émery, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, auteur de l'Esprit de sainte Thérèse, et de celui de Leibnitz. Il écrivait ainsi au coadjuteur de Québec, le 5 janvier 1802 : « J'ai beaucoup de vénération pour les Ursulines de Québec, qui sans doute ont hérité des vertus éminentes de la mère Marie de l'Incarnation. Oserais-je vous prier de les engager à dire pour moi un Pater et un Ave sur son tombeau ? Dans la dernière retraite que j'ai faite, sa Vie, ses Lettres et ses Méditations ont seules fourni la matière de mes oraisons et de mes lectures. C'est une sainte que je révère bien sincèrement, et que je mets dans mon estime à côté de sainte Thérèse (1). »
Fin du (*)
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(1) Archives de l’archevêché de Québec ; lettre autographe de M. Emery.
A suivre : IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel. (fin)
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IX. Ce tremblement de terre fut regardé comme un avertissement du Ciel.
« A Québec, ajoute la sœur Morin, les églises furent pleines de monde toute la nuit du lundi au mardi et celle du mardi au mercredi, et les prêtres occupés à confesser. La dévotion ne fut pas si grande à Montréal. Chacun demeura chez soi, et la porte de notre église resta fermée : il n'y en avait point d'autre alors dans toute l'île. Peut-être n'avait-on pas tant de besoin d'aller à confesse : car en ce temps on vivait bien et dans une grande innocence, en tout Montréal. Tout ce fracas ranima la dévotion à saint Joseph, qui s'augmente beaucoup, les fidèles s'adressant à lui dans tous leurs besoins, ainsi qu'à la très-sainte Vierge, qui est reconnue patronne spéciale de sa Villemarie (1). »
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, tremblement de terre de 1663.
A suivre : X. DIEU inspire à Mme d’Ailleboust le dessein de la confrérie de la Sainte-Famille.
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X. DIEU inspire à Mme d’Ailleboust
le dessein de la confrérie de la Sainte-Famille.
Mais le fruit le plus durable que produisit cet heureux changement, ou du moins auquel il servit de préparation, ce fut l'institution de la confrérie de la Sainte-Famille, qui prit naissance à Villemarie, et se répandit de là dans tout le Canada, où elle subsiste encore aujourd'hui. On a vu que le dessein de DIEU dans l'établissement de la colonie de Montréal était de faire honorer JESUS, Marie et Joseph par trois communautés qui, chacune, devaient être consacrées à l'une de ces trois augustes personnes : le séminaire de Saint-Sulpice, à NOTRE-SEIGNEUR; la Congrégation, à la très-sainte Vierge, et les hospitalières, à saint Joseph.
DIEU, qui change quand il lui plaît les obstacles en moyens de succès, voulut qu'en l'année 1663, où ces trois communautés semblaient être extrêmement chancelantes par les difficultés comme insurmontables que M. de Laval opposait à leur établissement, elles commençassent à accomplir le dessein qu'il avait eu en les fondant, et donnassent naissance à l'institution de la confrérie de la Sainte-Famille. Comme cette confrérie n'aurait pu s'établir sans l'intervention de M. de Laval, DIEU , pour la commencer, voulut se servir du ministère d'un des RR. PP. Jésuites, auxquels ce prélat avait une entière confiance ; ce qui lui fit prendre cette institution à cœur, comme nous le dirons bientôt.
Ce religieux, le P. Chaumonot, ayant été envoyé à Villemarie par M. de Laval, au printemps de cette année 1663, fut reçu au séminaire par M. Souart et M. Galinier, les seuls ecclésiastiques de Saint-Sulpice qui se trouvassent alors dans cette maison (*).
« Les fêtes et les dimanches, rapporte le P. Chaumonot…____________________(*) M. Pérot, dont il a été parlé, n'était point encore à Villemarie. M. Le Maistre et M. Vignal avaient été massacrés par les Iroquois, et les autres se trouvaient expulsés du pays, sans pouvoir y reparaître.
A suivre…
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X. DIEU inspire à Mme d’Ailleboust
le dessein de la confrérie de la Sainte-Famille. (suite)
« Les fêtes et les dimanches, rapporte le P. Chaumonot dans sa Vie, composée par lui-même, nous officiions tour à tour. J'eus le bien de faire la connaissance de Mme d'Ailleboust dès mon arrivée à Montréal. Elle m'avait été recommandée par le P. Jérôme Lallemant, notre supérieur, qui, ayant été son directeur (lorsqu'elle était) à Québec, voulut que je tinsse sa place auprès d'elle.
« Cette dame, pendant que j'étais à Villemarie, eut la pensée de trouver quelque puissant et efficace moyen de réformer les familles chrétiennes sur le modèle de la sainte famille du Verbe incarné, en instituant une société ou confrérie où l'on fût instruit de la manière dont on pourrait imiter JESUS , Marie et Joseph dans le monde, les hommes imitant saint Joseph, les femmes la très-sainte Vierge, et les enfants l'enfant JESUS.
« Je découvris ce dessein à M. Souart, mon directeur, qui le confirma par son approbation. Mais comme nous ne pouvions y réussir si nous n'avions aussi celle de monseigneur l'évêque, et même des indulgences de notre saint Père le Pape, je proposai à M. Souart, à Mme d'Ailleboust, à la mère supérieure de l'Hôtel-Dieu, à ma sœur Marguerite Bourgeoys, supérieure de la Congrégation, car en cette affaire nous agissions de concert, de recommander une si grande entreprise à saint Ignace, en faisant pour son heureux succès une neuvaine à ce digne fondateur de la Compagnie de JESUS (1). »
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(1) Vie du P. Chaumonot, écrite par lui-même : mss. des hospitalières de Villemarie.
A suivre : XI. Établissement de la confrérie de la Sainte-Famille à Villemarie.
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XI. Établissement de la confrérie de la Sainte-Famille à Villemarie.
Tous ayant applaudi à cette proposition, le P. Chaumonot dressa un acte par lequel ils promirent de faire chacun neuf communions, et de procurer que toutes les personnes qui seraient admises dans l'association de la Sainte-Famille récitassent, immédiatement après leur réception, neuf fois le Gloria Patri — M. Souart, le P. Chaumonot, la supérieure de l'Hôtel-Dieu, qui était alors la sœur Macé (*), la sœur Bourgeoys, Mme d'Ailleboust, Mlle Mance, signèrent cet acte le 31 juillet 1663 (2).
Ainsi la divine Providence voulut que cette dévotion prit naissance à Villemarie par le concours simultané des trois communautés destinées à répandre l'esprit de la Sainte-Famille : le séminaire, l'Hôtel-Dieu et la Congrégation, représentées chacune par les personnes qui en avaient alors la conduite (**).
Bien plus, comme l'établissement de la dévotion envers JESUS, Marie et Joseph en Canada, était la fin principale que DIEU s'était proposée dans la formation de la Compagnie de Montréal, il voulut que cette compagnie y concourût par deux de ses membres des plus dévoués, Mlle Mance et Mme d'Ailleboust, le premier instrument de cette institution. Les colons de Villemarie l'adoptèrent avec d'autant plus d'empressement, que déjà M. de Maisonneuve avait établi parmi eux, comme il est dit dans la Vie de la sœur Bourgeoys, la compagnie appelée de la Sainte-Vierge. Cette compagnie était composée de soixante-trois soldats, dont la ferveur venait de porter récemment le P. Chaumonot à leur faire prendre le cordon de trente nœuds (1), pratique qui a pour fin d'honorer les trente années que JESUS, Marie et Joseph ont passées ensemble._______________________________________(*) Le P. Chaumonot, n'ayant composé sa propre Vie que longtemps après l'institution de la Sainte-Famille, a écrit par erreur que l'acte en fut signé par la sœur Judith de Brésoles, supérieure de l'Hôtel-Dieu. Depuis le 9 avril de cette année 1663, la sœur Macé avait en effet été élue supérieure, et confirmée dans cette charge par M. Souart, en vertu des pouvoirs donnés à cet effet par M. de Laval (1). Aussi, la sœur Bourgeoys, qui rapporte dans ses Mémoires l'origine de la Sainte-Famille, dit que l'acte fui signé par la sœur Macé (2), sans faire mention de la sœur de Brésoles.
(1) Archives des hospitalières de Villemarie, acte du 9 avril 1663.
(2) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys.
(**) Ces détails doivent servir de correctifs au narré apocryphe sur l'origine de la confrérie de la Sainte-Famille, qu'on lit dans l'ouvrage intitulé : La solide Dévotion à la Sainte-Famille, Montréal, 1787; in-12, pag. 54 et suiv. — Montréal, 1841 ; in-24, pag. 60 et suiv._______________________________________(2) Vie du P. Chaumonot, etc.
(1) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XII. Un des confrères de la Sainte-Famille tombe entre les mains des Iroquois.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
XII. Un des confrères de la Sainte-Famille tombe entre les mains des Iroquois.
Mais un événement qui accrédita l’institution de la confrérie de la Sainte-Famille dans tout le Canada, et bien propre en effet à faire une vive impression sur tous les esprits, ce fut la délivrance miraculeuse d'un fervent Montréaliste pris par les Iroquois. Nous la rapporterons ici pour l'édification de nos lecteurs.
Une troupe de quarante Iroquois, partie Agnieronnons et partie Onneiochronnons, s'étant approchés des champs où quelques laboureurs travaillaient, fondirent à l'improviste sur eux en poussant de grands cris, selon leur coutume, et, après avoir fait une furieuse décharge, se précipitèrent sur deux de ces travailleurs, qu'ils garrottèrent aussitôt, et qu'ils firent marcher avec eux pour les brûler dans leur pays. — « L'un de ces Français, rapporte le P. Jérôme Lallemant, s'était associé depuis peu avec plusieurs autres familles des plus dévotes et des plus exemplaires de Montréal, pour se mettre tous ensemble sous la protection particulière de la sainte famille de JESUS , Marie, Joseph. Ce bonhomme ne fut pas plutôt saisi, qu'élevant les mains au ciel, il fit une prière fervente et pleine de foi, qu'il adressa à la sainte Vierge, laquelle il conjurait de ne pas permettre qu'un des enfants de sa famille fût maltraité (1). »
Cette prière achevée, il se trouva rempli…
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(1) Relation de 1662 et 1663, par le P. Hiérosme Lalemant, p. 64 et suiv.
A suivre…
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XII. Un des confrères de la Sainte-Famille tombe entre les mains des Iroquois. (suite)
Cette prière achevée, il se trouva rempli d'une parfaite confiance au secours de sa protectrice, et se mit à suivre ses bourreaux aussi volontiers que s'il eût été dans la compagnie de ses concitoyens. Le soir, lorsqu'on l'étendait sur la terre, et qu'on le liait à des pieux par les pieds, les bras et le cou, pour l'empêcher de s'enfuir durant la nuit, il se couchait sur ce chevalet comme il eût fait sur un lit ; et présentant aux sauvages ses mains et ses pieds pour être garrottés, il leur disait : « Les voilà, liez, serrez; JESUS-CHRIST en a souffert pour moi bien davantage quand on l'étendait sur la croix ; je suis content de vous obéir, et d'imiter ainsi l'obéissance que mon bon maître a rendue à ses bourreaux. »
Quoiqu'on fit à Villemarie de longues prières pour lui, et que lui-même, par un effet de sa grande confiance au secours de Marie, regardât sa délivrance comme assurée, il ne voyait cependant aucun moyen humain de s'échapper des mains des Iroquois. Ils le tenaient toujours également serré, et faisaient nuit et jour autour de lui une garde continuelle. Cependant ces barbares, pour jouir plus tôt (du) plaisir cruel de leur victoire, en brûlant les deux captifs à petit feu dans leur pays, se séparèrent en deux bandes, qui se dirigèrent sur leur village respectif par le plus court chemin, et chacune emmena avec elle l'un des deux prisonniers. Celui dont nous parlons échut aux Agnieronnons, qui, étant en bien plus grand nombre que les autres, lui laissaient moins d'espérance de s'échapper. Aussi n'y pensait-il pas, voyant que la chose était entièrement impossible, quoique pourtant il se confiât toujours à l'assistance de sa puissante protectrice. Sa confiance ne fut pas trompée (1).
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(1) Relation de 1662 et 1663, par le P. Hiérosme Lalemant, ibid.
A suivre : XIII. Il est délivré d’une manière miraculeuse.
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XIII. Il est délivré d’une manière miraculeuse.
Pour procurer sa délivrance, DIEU avait inspiré à quarante Algonquins chrétiens de la mission de Sillery le dessein d'aller tenter quelque coup contre les Iroquois. Après avoir suivi la rivière de Richelieu, et être arrivés au lac Champlain, à peine s'étaient-ils mis en embuscade, qu'ils aperçoivent les Agnieronnons. Ils les suivent des yeux, remarquent leur gîte, et prennent la résolution d'aller tomber sur eux à l'improviste pendant la nuit.
A la faveur des ténèbres, ils approchent à la sourdine, et environnent le lieu où les ennemis sont endormis, avec leur prisonnier au milieu d'eux, lié et garrotté comme de coutume. Mais, quelque précaution qu'ils prennent pour ne faire aucun bruit, l'un des chefs iroquois, nommé Garistatfia, ou le Fer, fort renommé pour son courage et ses exploits, s'éveille soudain, donne l'alarme à tous les siens, qui à l'instant prennent leurs armes, et sont aussitôt, prêts à combattre que les assaillants.
Au même instant, les Algonquins, sans perdre de temps, font brusquement sur eux une seule décharge de fusils; puis se précipitant en furieux, l'épée et la hache à la main, frappent à droite et à gauche et font couler le sang de tout côté. Au milieu de ce carnage, le chef des Algonquins, nommé Gahronho, reconnaît dans la mêlée le fameux le Fer, le saisit par sa grande chevelure et veut l'obliger de se rendre. L'autre résiste orgueilleusement, et saisit à son tour son adversaire par les cheveux ; mais comme il était prêt à lui porter le coup de la mort, il est prévenu par l'Algonquin, qui lui décharge sa hache sur la tête si rudement, que l'Iroquois tombe à terre, et sa mort fait prendre la fuite à tous ceux de sa nation (1).
Pendant cette scène d'horreurs…
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(1) Relation de 1662 et 1663, par le P. Hiérosme Lalemant
A suivre…
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XIII. Il est délivré d’une manière miraculeuse. (suite)
Pendant cette scène d'horreurs, le confrère de la Sainte-Famille, étendu par terre, les pieds et les mains liés, n'attendait plus que le coup de la mort; et il allait le recevoir de la main d'un des Algonquins, qui frappait en aveugle sur tout ce qu'il rencontrait, lorsqu'il s'écrie : Je suis Français. A ces mots, on s'arrête, on se hâte de le délivrer, et à peine voit-il ses liens rompus, que, se jetant à deux genoux sur la terre, trempée du sang ennemi, il rend à sa puissante libératrice ses justes actions de grâces. La protection du Ciel ne parut pas avec moins d'éclat sur les Algonquins. Quoiqu'ils eussent tué dix Iroquois et fait trois prisonniers, ils ne perdirent pas un seul homme; et, ce qui est plus extraordinaire encore, aucun d'eux ne reçut la moindre blessure dans ce furieux combat.
Il serait difficile de représenter la vive allégresse des colons de Villemarie au retour de leur concitoyen, surtout lorsqu'ils lui entendirent raconter les circonstances de sa délivrance, bien propres à ranimer dans tous les cœurs la confiance en Marie.
« Il n'a pas été méconnaissant de ce bienfait, dit le P. Jérôme Lallemant, ne pouvant entendre parler de la sainte Vierge sans fondre en larmes, et publiant sans cesse les merveilles qu'elle a opérées pour sa délivrance, car il devait périr dans cette attaque par la grêle de balles qui sifflaient à ses oreilles et qui jetaient par terre tous ceux qui étaient autour de lui (1). »
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(1) Relation de 1662 et 1663, p. 75 et suiv.
A suivre : XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
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XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
Mais le fruit le plus durable et le plus étendu que produisit cette délivrance, ce fut d'accréditer dans tout le Canada la dévotion envers la Sainte-Famille, et de préparer les voies à l'établissement de cette confrérie, qui se répandit bientôt partout. Le P. Chaumonot, rappelé à Québec, en ayant parlé avec éloge à M. de Laval, ce prélat fut d'avis de l'établir dans sa propre Église, d'abord par manière d'essai; et comme la ferveur était moins grande apparemment à Québec qu'à Villemarie, on ne composa cette confrérie que de dames pieuses, qu'on réunit de quinze en quinze jours, vers la fin de l'année 1663 (1).
DIEU versa sur ces commencements de si abondantes bénédictions, qu'en moins de huit mois un grand nombre de femmes de toute condition se présentèrent pour être admises dans la confrérie de la Sainte-Famille. M. de Laval, jugeant que personne n'en possédait mieux l'esprit et n'était plus propre à le communiquer que Mme d'Ailleboust, fut d'avis de l'appeler à Québec pour la mettre à la tête de cette nouvelle association (2).
Le P. Chaumonot, qui avait été son confesseur dans le séjour qu'il venait de faire à Villemarie, crut même que DIEU demandait qu'elle allât se fixer à Québec, afin d'assurer le succès de cette œuvre.1664.Mme d'Ailleboust prit donc ce parti par obéissance, en 1664, et travailla beaucoup, pendant trois ou quatre ans, à jeter dans les cœurs des dames de Québec les fondements de cette dévotion. M. de Laval approuva les règlements de la Sainte-Famille au mois de mars de l'année suivante 1665, et peu de temps après il fit publier des indulgences que le souverain pontife avait accordées pour l'accréditer de plus en plus (1).
DIEU avait inspiré à Mme d'Ailleboust le dessein de cette confrérie…
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(1) Vie du P. Chaumonot, ms. des hospitalières de Villemarie.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, tremblement de terre de 1663.
(1) Mémoires sur M. de Laval, par M. de La Tour, in-12.
A suivre…
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XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
(suite)
DIEU avait inspiré à Mme d'Ailleboust le dessein de cette confrérie, pour que l'on y fût instruit de la manière dont on pourrait imiter JESUS , Marie el Joseph dans le monde (2).
Conformément à ces vues, le prélat fit imprimer un petit écrit qui marquait aux personnes de cette confrérie les vertus à l'acquisition desquelles elles devaient s'appliquer, les maximes du monde qu'elles devaient fuir, et y joignit même, sous le titre de Catéchisme de la Sainte-Famille, une instruction par demandes et par réponses, qui fait connaître les vertus de JESUS , Marie, Joseph, afin d'exciter le lecteur à les imiter (3).
Il répandit aussi des pieuses estampes (4), et fit composer un Office propre de la Sainte- Famille avec Octave, dont il fixa la fête solennelle au troisième dimanche après Pâques.
Enfin, pour donner tout l'éclat qu'il pouvait à cette dévotion, voyant que l'église paroissiale de Québec était dédiée à la Conception Immaculée, il changea ce titre en celui de la Sainte-Famille, et transféra celui de la Conception à une chapelle de la même église dans laquelle la confrérie avait d'abord été établie (5).
Ainsi la divine Providence, dont le propre est de procurer avec force et douceur l'accomplissement de ses desseins , se servit des trois communautés de Villemarie, malgré les préventions qu'on avait conçues contre elles, pour répandre l'esprit de cette dévotion dans le Canada, et voulut même que la Compagnie des associés de Montréal, chargée premièrement d'une si sainte mission, portât par Mme d'Ailleboust, l'un de ses membres, cet esprit à Québec, afin que de là il se communiquât à toutes les paroisses du diocèse, et même jusqu'aux missions sauvages, où la confrérie subsiste encore aujourd'hui, au grand avantage des familles et à l'honneur de la religion (*).
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(2) Vie du P. Chaumonot, ms. des hospitalières de Villemarie.
(3) La solide dévotion à la Sainte-Famille, avec un catéchisme, etc. Paris, 1675, in-12.
(4) In folio, chez Mariette, à Paris, rue St-Jacques. — In-4º, chez Chiquet, rue St-Jacques, à Paris.
(5) Mémoires sur M. de Laval, par M. de La Tour, in-12., p. 174 et 175.
A suivre : le (*)…
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XIV. M. de Laval propage par tout le Canada la dévotion à la Sainte-Famille.
(suite)
(*) Cette confrérie, d'abord composée d'hommes aussi bien que de dames à Villemarie, se trouva bientôt en désaccord avec toutes les autres confréries de la Sainte-Famille qu'on établit en Canada, et même avec les règlements qu'on leur prescrivit ; et c'est sans doute ce qui fut cause qu'elle s'éteignit insensiblement. Peut-être la laissa-t-on s'éteindre d'elle-même, pour ne pas provoquer les plaintes injustes de certains esprits trop prévenus contre la confrérie de Québec, qu'ils voulaient faire passer pour une société hostile à la paix des familles (1).
Quoi qu'il en soit, la confrérie fut rétablie à Villemarie pour les dames seulement, par le zèle de M. Remy, prêtre de Saint-Sulpice, trois ou quatre ans avant qu'il fût envoyé à la Chine en qualité de curé (2).
Vers ce temps, on établit pour les hommes une congrégation dédiée à la très sainte Vierge, dont les membres se réunissaient au séminaire les jours de dimanche, et y psalmodiaient le petit Office. Mais cette congrégation ayant ensuite été le prétexte de quelques murmures, on y substitua la confrérie de la Sainte-Famille pour les hommes.
M. Tronson en écrivait en ces termes à M. Dollier de Casson, le 2 mai 1686 : « Je ne puis qu'approuver votre conduite touchant la congrégation que vous avez laissée tomber. Je prierai DIEU de bénir votre confrérie de la Sainte-Famille. M. de Lacolombière est bien propre pour la commencer. Il faut toujours faire, sans se mettre en peine de répondre à ceux qui n'approuvent pas cette confrérie (1).
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(1) Archives du royaume, ms. K, 1286, p. 43 et suiv.
(2) Registre de la confrérie des dames de la Sainte-Famille établie à Montréal, ms. p. 2. — Solide dévotion à la sainte-Famille, Montréal, 1787, in-12, p.54, 55, 56.— Le même, Montréal, 1841, in-24, p. 60 et suiv.
(1) Lettres de M. Tronson ; lett. à M. Dollier, 2 mai 1686.
A suivre : XV. M. de Laval permet de recevoir la sœur Morin dans l'institut de Saint-Joseph.
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XV. M. de Laval permet de recevoir
la sœur Morin dans l'institut de Saint-Joseph.
Après l'établissement de cette confrérie, M. de Laval, qui avait refusé, comme on l'a vu, de consentir à la réception de la sœur Morin dans l'institut des hospitalières de Saint-Joseph, changea tout d'un coup d'avis sans en avoir été sollicité par personne, changement que ces filles attribuèrent à la puissance de leur glorieux patron. Le prélat en écrivit de lui-même à M. Souart. Il l'autorisa non-seulement à lui donner l'habit, mais encore à faire cette cérémonie en public, ce qu'il n'avait pas jugé convenable auparavant, disant que des vœux simples que faisaient encore ces filles devraient être prononcés en secret (1).
« Je ne vois rien dans la bonne sœur Morin, marquait-il dans sa lettre à M. Souart, qui empêche qu'elle ne se donne entièrement à NOTRE-SEIGNEUR par une sainte union et association avec lui. Vous pouvez donc recevoir ses vœux en notre nom, entre vos mains, sur le pouvoir que nous vous en donnons. Je ne manquerai pas de demander à toute la Sainte-Famille de recevoir le sacrifice parfait et entier de son cœur. Je le crois bien disposé pour cela. Qu'elle se souvienne de demander à NOTRE-SEIGNEUR et à sa très-sainte famille qu'il me fasse miséricorde (1). »
Cette lettre, datée du 5 novembre de cette année 1664, avait été remise à un sauvage de la nation des Loups, qui n'arriva à Villemarie et ne la remit à M. Souart que quelques jours avant la fête de saint Joseph. On ne s'attendait à rien moins qu'à recevoir une si heureuse nouvelle. Aussi la joie fut-elle proportionnée à la surprise qu'elle causa.
Comme le temps de noviciat de la sœur Morin devait finir le jour même de saint Joseph…
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Lettre autographe de M. de Laval du 5 novembre 1664, archives des hospitalières de Villemarie.
A suivre…
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XV. M. de Laval permet de recevoir
la sœur Morin dans l'institut de Saint-Joseph.
(suite)
Comme le temps de noviciat de la sœur Morin devait finir le jour même de saint Joseph, patron du Canada, et que la solennité de la fête, non moins que les offices de la paroisse, qu'on célébrait alors à l'église de l'Hôtel-Dieu, ne permettait pas de faire la cérémonie de réception ce jour-là, elle fut fixée au lendemain, 20 mars, fête de saint Joachim.
On y déploya toute la pompe que l'on put relativement au temps et au lieu. La mère Macé et ses deux compagnes, n'ayant pas assez de voix pour fournir au chant usité dans cette cérémonie, prièrent les sœurs de la Congrégation de le faire en leur place, et furent dignement suppléées par la sœur Bourgeoys, la sœur Raisin et la sœur Hioux. M. Souart, dans le discours qu'il fit, exprima à DIEU sa vive reconnaissance et celle des filles de Saint-Joseph, et toutes les personnes qui s'intéressaient à elles éprouvèrent aussi une vive satisfaction de cette cérémonie, parce qu'elle était comme un acte authentique de leur établissement, qui leur avait été contesté jusque alors (1).
En effet, depuis ce jour on n'éleva plus de difficultés sur l'existence canonique de leur communauté, sans cesser pourtant de leur conseiller de s'unir aux hospitalières de Québec, pour la soutenir par ce moyen et la mettre en crédit. On leur représentait que, leur communauté n'étant liée que par des vœux simples, et n'étant point une communauté religieuse, les filles de qualité ne demanderaient pas à y entrer, et quand elles voudraient y être reçues, leurs parents ne manqueraient pas d'y mettre obstacle. Elles furent sollicitées de mille manières par les premières personnes de Québec, qui employèrent tous les moyens, à l'exception de la violence, et usèrent des dernières ressources de leur zèle pour les amener à cette fusion, employant tantôt les promesses les plus obligeantes, tantôt la menace de les renvoyer en France, ou de les laisser s'éteindre dans leur établissement, en les empêchant d'y recevoir de nouveaux membres.
Enfin elles ajoutaient que la sœur Morin mourrait bientôt d'ennui dans cette maison, n'y ayant pas d'apparence qu'une jeune personne pût jamais vivre contente dans la compagnie de trois hospitalières sérieuses et âgées (1).
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : 1666. XVI. Vocation de la sœur Denis.
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1666. XVI. Vocation de la sœur Denis.
Cependant, malgré tout ce qu'on pouvait dire pour décréditer cette communauté, la Providence y attira bientôt une nouvelle prétendante pleine de dévouement et de vertu, Mlle Catherine Denis. Il est même à remarquer que les filles de Saint-Joseph, dont on prétendait que la communauté ne trouverait point de sujets pour se maintenir, et que, sous ce prétexte, on cherchait à incorporer à celle de Québec, reçurent dans ce même temps, et de Québec même, leurs deux premières professes canadiennes: car la sœur Denis, quoique née à Tours, était domiciliée à Québec depuis son enfance, aussi bien que la sœur Morin. Ses parents, également recommandables pour leur noblesse et pour leurs vertus, l'avaient amenée dès le bas âge en Canada, lorsqu'ils y étaient venus pour se vouer à l'œuvre de la conversion des sauvages ; et plusieurs d'entre eux avaient eu le bonheur d'être massacrés par ces barbares, entre autres l'un de ses frères, qui périt entre leurs mains par le supplice du feu.
Ces exemples domestiques avaient inspiré dès l'enfance à la jeune Catherine un grand désir de donner à DIEU des témoignages de son amour. Elle éprouvait aussi une vive confiance en la Mère de DIEU, et n'avait pas de plus douce satisfaction que de réciter le chapelet ou d'autres prières en son honneur. Sans savoir encore en quoi consistait la vie religieuse, elle avait formé le projet de se consacrer entièrement à DIEU pour vivre séparée du monde ; et en attendant qu'il lui eût fait connaître le genre de vie qu'elle devait embrasser, elle s'était vouée à lui par le vœu de chasteté.
Lorsque les filles de Saint-Joseph arrivèrent à Québec, en 1659, Mlle Denis, alors âgée de dix-neuf ans, éprouva une vive satisfaction d'apprendre qu'elles allaient établir une nouvelle communauté à Villemarie; et ne sachant pas qu'elle dût un jour en faire partie, elle demanda à entrer chez les hospitalières de Québec, où elle postula pendant plusieurs années. Mais DIEU, qui l'appelait à l'institut de Saint-Joseph, permit que son entrée à Québec rencontrât un obstacle insurmontable dans l'impuissance où se trouvait M. Denis, son père, conseiller au conseil souverain de Québec, de fournir au monastère la dot que les hospitalières exigeaient.
A suivre : XVII. M. Souart procure à la sœur Denis l’entrée à la communauté de Saint-Joseph.
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XVII. M. Souart procure à la sœur Denis
l’entrée à la communauté de Saint-Joseph.
M. Souart, toujours désireux d'accroître la communauté de Saint-Joseph, et assuré d'ailleurs, par la connaissance qu'il avait des dispositions intérieures de Mlle Denis, de sa vocation à la vie religieuse, offrit de payer lui-même sa dot, si elle consentait, à être hospitalière à Villemarie (*). Elle accepta cette proposition avec reconnaissance, et ayant obtenu sans peine le consentement de ses parents, elle quitta Québec, au milieu du mois de novembre 1666, et s'embarqua avec M. Pérot, curé de Villemarie, qui la conduisit ainsi que la sœur Marie Raisin. Celle-ci, venue en Canada avec la sœur Bourgeoys, en 1659, était ensuite entrée chez les Ursulines de Québec pour s'y faire religieuse ; mais, reconnaissant que DIEU ne demandait pas d'elle ce changement, elle allait se réunir à ses compagnes, poursuivre sa première vocation. Elles arrivèrent à Villemarie le jour de la Présentation, 21 novembre, après avoir enduré dans le voyage les rigueurs d'un froid très-piquant. Le même jour, Mlle Denis fut reçue à l'Hôtel-Dieu (1 ), et le 1er décembre suivant, M. Souart, conformément à sa promesse, donna aux hospitalières de Saint-Joseph la somme de 2,920 livres, pour servir de dot à la prétendante. Quoiqu'il n'eût jamais douté de sa vocation, il mit dans le contrat cette restriction : s'il plaît à Dieu de lui faire la grâce de persévérer (2).
Elle y persévéra en effet, fut reçue à la profession par M. Souart, le 24 novembre de l'année suivante (3), et se rendit très-utile à la communauté. Elle exerça presque toujours la charge d'assistante, de maîtresse des novices, de dépositaire, et répandit constamment la bonne odeur des plus excellentes vertus jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans, où elle termina sa sainte vie, le 6 septembre 1730, avec la réputation d'une âme singulièrement privilégiée, qui avait conservé jusqu'au dernier soupir son innocence baptismale (4).
L'entrée de la sœur Denis fut un grand sujet de joie pour toute la maison, surtout pour la sœur Morin, qui trouva en elle une compagne de même pays et de même âge, et une aide infatigable pour les travaux de l'Hôtel-Dieu, de jour en jour plus accablants. Mais le temps des épreuves des filles de Saint-Joseph n'était pas encore passé.
Si DIEU leur donna ces deux jeunes sœurs, c'était pour qu'elles pussent suffire au service des malades, qu'il leur eût été impossible de soutenir sans ce renfort. Depuis l'entrée de la sœur Denis, elles restèrent quatorze ans sans recevoir aucune autre novice canadienne; et cette longue et dure attente contribua puissamment à les exercer à la patience et à la confiance en DIEU , comme il sera dit au chapitre suivant._____________________________(*) Catherine Denis avait une sœur nommée Gabrielle, du nom de M. de Queylus. Elle embrassa l'institut des hospitalières de Québec, et prit le nom de l'Annonciation. Son père ne pouvant fournir une dot pour elle, on appliqua à Gabrielle la fondation de M. de Queylus. C'était un fonds de 6000 livres qu'il avait donné en l'honneur du Verbe incarné, afin qu'il y eût toujours dans cette maison une religieuse qui lui fût redevable de son bonheur. Cette somme fut ensuite employée à l'acquisition d'un fief noble qui avait appartenu à M. de Repentigny (1).
(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, pag. 203._____________________________(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Archives des hospitalières de Villemarie, acte du 1er décembre 1666.
(3) Ibid., acte du 24novembre 1667.
(4) Annales des hospitalières de Villemarie. — Circulaire de la sœur Denis.
A suivre: Chapitre IV. DANGERS CONTINUELS OU SONT LES FILLES DE SAINT-JOSEPH DE TOMBER ENTRE LES MAINS DES IROQUOIS...
Dernière édition par Louis le Ven 09 Nov 2012, 3:54 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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