Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
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A suivre : V. M. de La Dauversière, avant d’envoyer des sœurs pour Villemarie…IV. Cette chute confirme de plus en plus la vérité du miracle opéré par M. Olier.
Néanmoins, le bruit de cette chute s'étant bientôt répandu, une personne trop prévenue contre l'éclat qu'avait produit à Paris la guérison de Mlle Mance par l'attouchement du cœur de M. Olier, en prit occasion de décrier ce miracle. Usant d'une expression nouvelle, aussi indécente que bouffonne, elle écrivit à un Jésuite de la Rochelle : « Enfin le miracle est démiraclé; et la chute arrivée à la demoiselle l'a mise en pareil état que celui où elle était autrefois. »
Ce Jésuite, que ses connaissances anatomiques mettaient à même de juger des ruptures et des dislocations, alla visiter Mlle Mance à la Rochelle pour s'assurer mieux de la vérité. Ne doutant pas que ce qu'on lui avait écrit ne fût incontestable, il lui parla d'abord comme si l'on eût voulu abuser le monde en publiant ainsi une fausse guérison.
« Mon Père, vous avez été mal informé, lui dit aussitôt Mlle Mance; tant s'en faut que ma chute diminue l'estime du miracle opéré sur moi, qu'au contraire elle doit l'augmenter davantage encore ; car je devrais m'être disloqué et cassé le bras. Au reste, mon Père, voyez vous-même si le miracle de Paris n'est pas véritable. II subsiste encore; regardez le bras, et portez-en votre jugement.»
Ce bon religieux s'approcha ; il examina l'état du bras et du poignet, et voyant que, malgré la dislocation qui subsistait toujours, Mlle Mance se servait de l'un et de l'autre avec autant de liberté que si elle n'eût jamais eu ni dislocation ni fracture, il dit tout haut :
« Ah ! j'écrirai à celui qui m'a envoyé cette lettre, qu'il faut respecter ceux que DIEU veut honorer. Il a voulu faire connaître son serviteur par ce miracle, il ne faut pas aller contre sa volonté, mais rendre à M. Olier les hommages que DIEU veut que nous lui rendions (1). »
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Bellemont.
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Louis- Admin
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V. M. de La Dauversière,
avant d’envoyer des sœurs pour Villemarie,
fait prier afin de connaître le choix de DIEU.
Dès qu'on eut appris à la Flèche et dans les autres maisons de l'institut de Saint-Joseph la résolution prise récemment par la Compagnie de Montréal d'envoyer sans délai trois sœurs à l'Hôtel-Dieu de Villemarie, un certain nombre de filles de cette société s'offrirent à M. de La Dauversière pour aller remplir une mission si longtemps et si ardemment désirée.
Mais cet homme très-sage et très-éclairé jugea que DIEU, qui lui avait inspiré le dessein de cet établissement, avait lui-même choisi dans ses décrets éternels celles des filles de Saint-Joseph destinées à lui donner naissance. C'est pourquoi il voulut qu'avant tout on lui adressât de ferventes prières, pour qu'il daignât faire connaître celles qu'il avait choisies.
Cependant, étant persuadé que DIEU demandait que les filles de cet institut embrassassent les vœux solennels de religion quand le temps en serait venu, il regarda dès lors comme non appelées à la mission de Villemarie toutes celles qui témoignaient de l'opposition pour cette sorte d'engagements. De ce nombre fut la mère Pilon, supérieure de l'Hôtel-Dieu de Baugé. Elle désirait vivement d'être envoyée en Canada, et, quoiqu'elle eût jeûné six mois au pain et à l'eau pour obtenir cette mission, qu'elle eut fait d'autres macérations corporelles, prié et fait prier longtemps, M. de La Dauversière refusa absolument d'accéder à sa demande, quelques instances qu'elle lui fit (1).
Après avoir donc ordonné des prières à ses filles, il leur adressa lui-même plusieurs exhortations sur l'établissement de Villemarie, leur en montrant la fin et l'importance, et insistant sur les vertus nécessaires dans celles qui en seraient chargées, telles qu'un dévouement sans bornes, une patience à toute épreuve, une immense confiance en DIEU.
Quoique M. de La Dauversière fût simple laïque, ses directeurs, frappés de la bénédiction que DIEU donnait à ses paroles, l'avaient obligé de faire des conférences spirituelles à la communauté de ses filles, et même de diriger dans les voies intérieures celles qui désiraient de s'adresser à lui. Il était toujours prêt à leur parler de DIEU quand il en était prié, et la sœur Macé, l'une de celles qui furent choisies pour Villemarie, rapportait que dans une circonstance il leur fit jusqu'à trente conférences, si touchantes et si remplies de l'amour divin, que toutes les sœurs en sortaient baignées de larmes.
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : VI. M. de La Dauversière choisit les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet.
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Louis- Admin
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VI. M. de La Dauversière choisit les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet.
Cette sœur se sentit le cœur gagné pour l'œuvre de Villemarie dès le premier entretien de M. de La Dauversière ; se jugeant cependant indigne d'une telle grâce, elle ne lui en dit rien, quoiqu'il fût son directeur. Pendant qu'il était en prière devant le très-saint Sacrement pour connaître le choix de DIEU , la pensée de la sœur Macé lui vint à l'esprit ; ce qui fut cause qu'il la questionna ensuite sur cette mission. Elle lui avoua ingénument qu'elle en avait un grand désir, mais qu'elle était tout à fait indigne d'y avoir part.
« C'est la meilleure disposition que vous puissiez y apporter, reprit M. de La Dauversière, et je connais visiblement que DIEU vous a choisie, toute chétive que vous êtes, pour aider à son établissement. »
Il connut pareillement les deux autres par les mêmes moyens ; la sœur de Brésoles, dont nous parlerons dans la suite, et la sœur Maillet, qui, aussi, n'osa jamais s'offrir pour Villemarie, son humilité sincère et profonde lui faisant croire qu'elle était inutile à tout bien.
Telles furent les trois sœurs que M. de La Dauversière choisit pour aller exécuter dans l'Ile de Montréal l'ordre que DIEU lui avait donné autrefois.
La sœur Morin, qui les avait particulièrement connues, en parle en ces termes :
« C'étaient trois filles d'une vertu signalée, comme l'exigeait une pareille entreprise, étant d'ailleurs destinées toutes trois à être les fondements de cet édifice, où sa divine majesté doit être servie et honorée jusqu'à la fin des siècles par un grand nombre de filles, qui, à leur imitation, offriront leur santé et leur vie pour être sacrifiées au service des pauvres malades dans cette île. Enfin, c'étaient trois filles remplies d'un grand courage, de beaucoup de résolution, et capables de soutenir par la patience la plus invincible toutes les oppositions que le démon forma pour empêcher cette œuvre, se servant même des gens de bien pour la traverser (1). »
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(1) Histoire des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ des sœurs, et rend subitement la santé à M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.
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Louis- Admin
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VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ
des sœurs, et rend subitement la santé à
M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.
Elles éprouvèrent les premières de ces oppositions avant même qu'elles eussent quitté la Flèche, et lorsqu'elles faisaient leurs préparatifs de départ. M. de La Dauversière ayant demandé à l'évêque d'Angers son obédience pour elles, ainsi que pour la sœur Polo, qu'il leur associa en qualité de sœur domestique, ce prélat se montra si opposé à leur dessein, qu'on désespéra presque de l'y faire jamais consentir (2).
Mais une autre épreuve non moins affligeante pour ces saintes filles, ce fut que dans le même temps M. de La Dauversière, leur principal appui, sans le secours duquel elles n'auraient pu effectuer leur départ, vint tout à coup à tomber dans une très-grande maladie, souffrant des douleurs de goutte si excessives, qu'il en poussait des cris continuels, et ne pouvait pas même supporter le drap de lit sur ses pieds. Enfin le mal fit des progrès si rapides et si effrayants, que les médecins per dirent toute espérance de guérison. M. de La Dauversière était dans cette extrémité, lorsque le 23 mai de cette année 1659, il reçut des lettres des associés de Montréal, qui, ne connaissant pas son état, le pressaient avec instance d'aller incontinent à la Rochelle pour donner ordre à l'embarquement.
Alors cet homme de foi, s'adressant à NOTRE-SEIGNEUR…
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(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
A suivre…
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Louis- Admin
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VII. DIEU fait cesser l’opposition de l’évêque d’Angers au départ
des sœurs, et rend subitement la santé à
M. de La Dauversière pour qu’il les accompagne à la Rochelle.(suite)
… Alors cet homme de foi, s'adressant à NOTRE-SEIGNEUR , et lui rappelant la promesse qu'il avait daigné lui faire autrefois dans l'église de Notre-Dame de Paris, lui demande de le revêtir de sa force pour l'accomplissement de l'œuvre qu'il lui a confiée. Chose étonnante, qui montre bien la main de DIEU sur son fidèle serviteur et sur le dessein de Villemarie, deux jours après cette demande, le 25 du même mois, M. de La Dauversière est guéri de tous ses maux (1). Enfin ce jour-là même, l'évêque d’Angers, auparavant si opposé au départ des filles de Saint-Joseph, arrive à la Flèche pour leur donner lui-même en personne son obédience (2). Il était même si parfaitement changé, qu'il prit la part la plus active à la mission de ces filles, disant avec effusion de cœur que dans les desseins de DIEU cette nouvelle maison devait être l'ornement de tout l'institut de Saint-Joseph (3), (qui en effet n'avait été formé qu'en vue de Villemarie).
De son côté, M. de La Dauversière se trouva si parfaitement rétabli le jour même de l'arrivée de l'évêque, qu'il résolut de partir pour la Rochelle avec ses filles dès le lendemain. Le prélat confirma le choix que M. de La Dauversière avait fait des sœurs Macé, de Brésoles et Maillet, et nomma la sœur Macé supérieure du nouvel établissement. Mais celle-ci s'étant jetée à l'instant à ses genoux, lui représenta son incapacité avec tant de larmes, et le conjura avec tant d'instances de ne pas lui imposer ce fardeau, que l'évêque, touché et gagné, désigna pour supérieure, de l'avis de M. de La Dauversière, la sœur de Brésoles, en lui donnant pour assistante la sœur Macé (1). Enfin, deux prêtres de Saint-Sulpice, qui devaient être de l'embarquement pour Villemarie, M. LeMaistre et M. Vignal, s'étant rendus à la Flèche dans le dessein d'accompagner de là les sœurs de Saint-Joseph on Canada, l'évêque chargea M. Le Maistre de leur conduite spirituelle (2).
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(1) lettre de M. de Fancamp sur la mort de M. de La Dauversière, du 28 avril 1660 ; archives des hospitalières de la Flèche. — Histoire du Montréal, ib.
(2) Lettre de M. de Laval, du 2 octobre 1659 ; archives de l’Hôtel-Dieu de Villemarie.
(3) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Circulaire de la sœur Catherine Macé ; archives des hospitalières de la Flèche. — Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : VIII. Les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet s'engagent à demeurer toute leur vie dans l’institut de Saint-Joseph.
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Louis- Admin
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VIII. Les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet
s'engagent à demeurer toute leur vie
dans l’institut de Saint-Joseph.
Lorsque tout fut ainsi disposé pour leur départ, elles prononcèrent la formule d'engagement que M. de La Dauversière avait prescrite à toutes les filles de Saint-Joseph qui étaient envoyées en mission, et elles la signèrent, selon l'usage. Cet acte avait pour fin de maintenir l'unité d'esprit dans les diverses maisons de l'institut, et aussi de les mettre à même d'embrasser les vœux solennels lorsque les moments marqués par la divine Providence seraient venus. Comme par cet acte les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet, s'obligèrent en conscience à vivre toujours dans la dépendance de la maison de la Flèche, nous en rapporterons ici les termes, à cause de la liaison de cet engagement avec ce que nous dirons dans la suite :
« Je proteste, devant DIEU et toute la cour céleste, que je m'efforcerai d'entretenir de ma part, et de procurer que mes sœurs entretiennent la sainte union que nous avons vouée à cette sainte communauté, que je reconnaîtrai toute ma vie pour ma mère, et de laquelle j'observerai les constitutions et les règlements autant que je pourrai, sans consentir jamais qu'il y soit rien innové, sinon du consentement général de toute notre congrégation. Je proteste aussi que je reviendrai en cette maison toutes les fois que je serai rappelée par Mgr l'évêque d'Angers, ou par cette communauté, pour y vivre, comme j'ai fait ci-devant, le reste de mes jours, si la sainte obéissance ne m'envoie ailleurs.
En témoignage de quoi j'ai signé la présente protestation audit Hôtel-Dieu de la Flèche :
A suivre : IX. Émeute du peuple de la Flèche pour empêcher le départ des sœurs.
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IX. Émeute du peuple de la Flèche pour empêcher le départ des sœurs.
La veille du départ, DIEU permit qu'il se formât de nouvelles oppositions contre leur dessein. En qualité d'agent de la Compagnie de Montréal, M. de La Dauversière avait envoyé jusque alors dans cette île pour en former la colonie, les plus vertueuses filles qu'il avait pu trouver à la Flèche ou dans les environs. Comme elles n'avaient pris cette résolution généreuse que par le mouvement d'une grande ferveur, en vue de contribuer à l'établissement de la religion en Canada, plusieurs étaient parties contre le gré de leurs parents; ce qui avait attiré le blâme des petits et des grands sur M. de La Dauversière, et suscité à la fin contre lui une vraie persécution. Le peuple, toujours trop crédule à la calomnie, se persuadant bientôt qu'il tirait du pays toutes ces vertueuses filles pour les vendre à prix d'argent, en vint jusqu'à lui dire mille paroles injurieuses, et à le regarder comme un ennemi public.
Telle était la disposition des esprits, lorsqu’il résolut de partir le lendemain de sa guérison, avec les quatre sœurs dont nous avons parlé. Le bruit de ce dessein s'étant bientôt répandu hors de l'Hôtel-Dieu, chacun en murmura tout haut dans la ville de la Flèche, et se mit à dire que M. de La Dauversière avait fait amener des filles par force dans le couvent, et qu'il avait dessein de les enlever, cette nuit même, pour les envoyer en Canada. Tous ces discours et d'autres semblables échauffèrent tellement les esprits, déjà si prévenus, qu'il se forma à l'instant une émeute populaire de toute la ville pour empêcher leur départ. Les rues voisines de l'Hôtel-Dieu furent bientôt toutes remplies de monde, et chacun se mit à faire le guet de son côté. Plusieurs s'imaginèrent même ouïr les plaintes des sœurs, et assuraient qu'ils les entendaient crier miséricorde. Enfin, il y en eut qui passèrent toute cette nuit à les attendre, dans l'intention de les délivrer lorsqu'elles viendraient à sortir.
Le retour du jour ne dissipa point les folles alarmes des habitants, et l'émeute recommença comme la veille; en sorte qu'à dix heures du matin, qui fut le moment où les sœurs quittèrent l'Hôtel-Dieu et montèrent à cheval, il y eut tant de mouvement et d'opposition de la part du peuple pour les arrêter, que M. de Saint-André et d'autres cavaliers, qui devaient les accompagner dans leur voyage, furent contraints de mettre l'épée à la main et d'écarter la foule par les impressions de terreur qu'ils surent lui imprimer, sans blesser pourtant personne (1).
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.
A suivre : X. Les filles de Saint-Joseph se rendent à la Rochelle, et se joignent à Mlle Mance.
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Louis- Admin
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A suivre : XI. A la Rochelle on s'efforce d'empêcher les filles de Saint–Joseph de partir.X. Les filles de Saint-Joseph se rendent
à la Rochelle, et se joignent à Mlle Mance.
Étant enfin sorties de la ville, elles entreprirent avec une grande joie ce voyage, n'ayant d'autre désir que de se sacrifier entièrement pour DIEU (2) dans leur nouvelle mission. Mlle Mance, qui les avait devancées à la Rochelle, informée de leur marche, alla à leur rencontre et les fit descendre de cheval, pour les conduire en carrosse jusqu'à la ville.
Lorsqu'elles y furent arrivées, Mme de Saint-André, leur bonne et fidèle gardienne, qui suivait son mari en Canada, et les avait accompagnées depuis la Flèche, les mena d'abord à l'église et de là à l'auberge où Mlle Mance était logée. Elles y demeurèrent jusqu’à leur embarquement, ne sortant de leur chambre que pour assister à la sainte messe dans l'église la plus voisine, et pour visiter l'hôpital.
Comme l'institut de Saint-Joseph n'était point alors érigé en religion, les prêtres de Saint-Sulpice, craignant qu'elles ne pussent trouver en Canada des sujets pour leur communauté, avaient engagé à se joindre à elles une jeune demoiselle de qualité qu'ils jugeaient propre au service des malades, et qui de son côté désirait ardemment de se consacrer à l'œuvre de Villemarie. C'était Mlle Gauchet, dont nous aurons occasion de parler dans la suite (1). Pour le même motif, Mlle Mance avait amené à la Rochelle Mlle de Belestre, qui désirait aussi beaucoup entrer dans l'institut de Saint-Joseph; et enfin neuf autres personnes destinées pour le service de l'Hôtel-Dieu ou pour elle-même (2).
En attendant le moment de rembarquement, les sœurs de Brésoles, Macé et Maillet, qui désiraient observer à Villemarie toutes les pratiques les plus parfaites usitées dans l'institut de Saint-Joseph, envoyèrent à la Flèche un acte signé de chacune d'elles, le 12 juin de cette année, et qui est un digne témoignage de l'esprit de ferveur qui les animait. Elles s'engagèrent par cet écrit, conformément à ce qui avait été arrêté dans l'assemblée générale de l'institut, tenue au mois de mai précédent, à ne point user de la liberté laissée aux sœurs par les constitutions,
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(2) Histoire du Montréal, etc.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Rôle de la recrue de 1659 ; archives du séminaire de Villemarie.
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A suivre : XII. Le maître du navire refuse de les embarquer. — Elles partent enfin. — M. de La Dauversière leur fait ses derniers adieux.XI. A la Rochelle on s'efforce d'empêcher
les filles de Saint-Joseph de partir.
Cependant, quoique arrivées au lieu de l'embarquement, la mère de Brésoles et ses compagnes n'étaient point à la fin de leurs épreuves. Nous avons raconté que M. de Laval, avant son départ pour le Canada, avait demandé aux associés de Montréal que leur voyage fût différé jusqu'à l'année suivante, dans l'espérance peut-être de mettre à leur place celles de l'Hôtel-Dieu de Québec. Ce qui pourrait autoriser cette conjecture, c'est que des personnes chargées en France des affaires de ce prélat s'efforcèrent, à la Rochelle, de les empêcher de partir, les assurant qu'elles ne seraient pas reçues en Canada, et qu'on les renverrait en France la même année, sans vouloir de leurs services (1).
Mais, quelque décourageante que pût être pour elles la perspective de l'avenir, ces menaces n'ébranlèrent pas leur courage, ni la confiance de M. de La Dauversière, convaincu, au contraire, que le moment marqué dans les desseins de DIEU pour leur établissement à Villemarie était venu. C'était aussi la persuasion des associés de Montréal, entre autres de M. de Fancamp, qui quelque temps auparavant lui avait écrit, ainsi que plusieurs autres, pour le presser de mettre enfin la main à l'œuvre, l'assurant que le temps que le SEIGNEUR avait marqué approchait.
Bien loin donc que la vue de ces obstacles, qu'il regardait comme des efforts impuissants de l'ennemi de tout bien, ralentit l'activité de son zèle à hâter le départ de ces filles, elle ne servit au contraire qu'à l'exciter davantage ; et comme on lui demandait à la Rochelle pourquoi il se pressait si fort de les envoyer en Canada, il répondit : « Si elles n'y vont pas cette année, jamais elles n'y iront (1). » La suite montrera combien ces paroles étaient fondées.
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
(1) Mémoire de M. de La Dauversière fils sur son père ; archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
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XII. Le maître du navire refuse de les embarquer. — Elles partent enfin.
— M. de La Dauversière leur fait ses derniers adieux.
Mais, lorsqu'on croyait être à la veille du départ, il survint un autre obstacle qu'on n'avait pas prévu, et qui faillit arrêter toute la recrue. On persuada apparemment au capitaine du navire que les chefs de cette entreprise étaient insolvables, et qu'il était de la prudence d'exiger d'eux, avant le départ, le prix du passage des cent dix personnes qu'ils envoyaient à Villemarie, et celui de tous les effets destinés pour eux. Ils étaient cependant dans l'impuissance de répondre à sa demande avant d'arriver en Canada, ayant employé tous leurs fonds à lever des hommes ou à acheter les denrées nécessaires à la colonie. Les hospitalières de Saint-Joseph n'étaient pas non plus en état de le satisfaire. Des 22,000 livres que Mme de Bullion avait données pour leur fondation, 20,000 avaient été remises à M. de La Dauversière pour qu'il les plaçât en rentes, et 2,000 avaient été employées à équiper ces filles, à les approvisionner et à engager deux hommes destinés pour la culture de leurs champs. En sorte qu'il ne leur restait rien qu'elles pussent offrir au maître du vaisseau avant leur départ.
Après environ un mois d'attente pénible et d'incertitude, le capitaine se décida enfin à les embarquer avec toute la recrue, le jour de la fête de saint Pierre et saint Paul, 29 juin 1659. Pendant ce long délai, la flotte de la Grande Compagnie du Canada partit de ce port. M. de La Dauversière fit toutes les instances possibles à ceux qui la commandaient afin qu'ils attendissent le vaisseau destiné pour Villemarie. Mais voyant qu'ils s'y refusaient absolument, il leur dit ces paroles : DIEU en sera le maître; et la flotte avait fait à peine une lieue en mer que son amiral périt. Enfin, M. de La Dauversière conduisit ses filles dans le navire. Là il les assura que la Providence veillerait toujours sur elles; et voyant que par leur départ il avait accompli l'œuvre sainte que DIEU lui avait confiée, et à laquelle il avait travaillé jusque alors avec tant de zèle, de courage et de dévouement, il récita le cantique du vieillard Siméon : Nunc dimittis servum tuum, Domine, secundum verbum tuum, in pace, et leur donna sa bénédiction (1).
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : XIII. Leur traversée. — La contagion se met sur le navire.
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XIII. Leur traversée.— La contagion se met sur le navire.
S'il est vrai que la croix soit le caractère distinctif de toutes les œuvres divines, il faut reconnaître que l'établissement des hospitalières de Saint-Joseph à Villemarie a été manifestement l'ouvrage de DIEU ; car tout ce que nous aurons à en raconter dans cet ouvrage n'est pour ainsi dire qu'une suite non interrompue d'épreuves et de tribulations. Le vaisseau le Saint-André (2), sur lequel ces filles s'étaient embarquées, avait servi pendant deux ans d'hôpital aux troupes de la marine, sans avoir fait depuis de quarantaine, et se trouvait infecté de la peste. A peine fut-il en mer que la contagion se déclara aussitôt, et gagna une partie de la recrue.
Les filles de Saint-Joseph, dévouées par état au service des malades, s'empressèrent d'offrir leurs services dans cette périlleuse occasion. Mais, quelques instances qu'elles fissent, elles ne purent obtenir la faveur qu'elles sollicitaient, ce qui fut peut-être la cause de la mort de huit à dix personnes, que la contagion enleva tout d'abord. Du moins, la défense qu'on leur avait faite d'exposer leur vie ayant enfin été levée, et ces généreuses filles se mettant à exercer leurs fonctions d'hospitalières dans le navire, dès ce moment il n'y mourut plus personne, quoique le nombre des malades fût fort grand.
Les sœurs de Brésoles et Maillet déployèrent un zèle infatigable à les servir, sans prendre d'autre préservatif contre la contagion que leur confiance en DIEU, qui les portait à exposer généreusement leur vie pour sauver celle de leurs frères. Mais la sœur Macé fut elle-même atteinte de la maladie ; elle ne put sortir de sa chambre que vers la fin de la traversée, où elle commença à se porter mieux; et M. Lemaistre lui donna alors le soin de quelques personnes de qualité qui étaient aussi malades. Les sœurs de Brésoles et Maillet éprouvèrent cependant quelques atteintes du mal, ainsi que la sœur Bourgeoys, sans cesser néanmoins de servir les malades.
Les sœurs Chatel, Crolo et Raisin, qui suivaient la sœur Bourgeoys pour jeter avec elle les fondements de l'institut de la congrégation, en ressentirent toute la violence, et principalement Mlle Mance, qui fut réduite à l'extrémité.
Cette maladie pestilentielle ne fut pas la seule épreuve qu'on eut à souffrir dans cette traversée, qui dura plus de deux mois. Le navire essuya durant ce temps les plus furieuses tempêtes, qui le mirent en danger évident de périr; jusque-là, que plusieurs fois tous les passagers, se croyant perdus sans ressource, se mirent en état de paraître devant DIEU par la réception du sacrement de pénitence. Enfin, après une navigation remplie de tant de périls et d'accidents fâcheux selon la nature, l'équipage arriva presque tout malade à Québec, le jour de la Nativité, 8 septembre de cette année 1659 (1).
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(2) Archives des hospitalières de Villemarie, acte de possession de l’hôtel donné par M. de Maisonneuve, le 20 novembre 1659.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : DEUXIEME PARTIE. DEPUIS L’ARRIVEE DES FILLES DE SAINT-JOSEPH EN CANADA, JUSQU'A L’ERECTION DE LEUR INSTITUT EN RELIGION.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
DEUXIÈME PARTIE
DEPUIS
L’ARRIVÉE DES FILLES DE SAINT- JOSPEH EN CANADA,
JUSQU’À
L’ÉRECTION DE LEUR INSTITUT EN RELIGION.
CHAPITRE PREMIER
OPPOSITIONS FORMEES A QUEBEC
CONTRE LE DESSIN DES FILLES DE SAINT-JOSEPH
DE S’ETABLIR A VILLEMARIE.
I. Pourquoi la Compagnie n’avait pas cru devoir déférer
à M. de Laval touchant le délai du départ des hospitalières.
On vient de dire, dans le chapitre précédent, que des personnes chargées en France des affaires de M. de Laval avaient déclaré aux hospitalières de Saint-Joseph, lorsqu'elles étaient arrivées à la Rochelle, que, si elles s'embarquaient pour Villemarie, on les obligerait de repasser la mer dans le courant de la même année.
Aussi, en arrivant à Québec, au lieu du repos dont elles avaient besoin après une traversée si orageuse, elles s'attendaient à rencontrer les plus fortes oppositions contre leur établissement ; et elles ne furent pas trompées dans cette attente. Mais, loin de se laisser abattre par tous les assauts qu'elles eurent à soutenir, elles n'en devinrent que plus résolues à sacrifier à DIEU leur repos, leur santé et leur vie. C'est qu'elles considéraient toutes ces oppositions comme autant d'épreuves par où DIEU voulait les faire passer pour purifier leur dévouement, et les rendre dignes de servir d'instruments à l'accomplissement de son œuvre. Cette conduite de DIEU sur elles explique comment M. de Laval, ce prélat si pieux, et comment les RR. PP. Jésuites, si zélés pour le bien de la religion, purent se montrer cependant si opposés à leur établissement à Villemarie (1).
Il est vrai qu'elles étaient parties de France, quoique M. de Laval eût demandé à la Compagnie de Montréal de différer leur départ jusqu'à l'année suivante. Mais comme il n'avait allégué d'autre raison de ce délai que la crainte de déplaire à l'un des associés, M. de Queylus (2), la Compagnie n'avait pas jugé à propos de s'arrêter à cette crainte, qu'elle savait être sans fondement, et elle n'avait pas cru manquer par là au respect dû au vicaire apostolique. Elle était convaincue d'ailleurs que le délai demandé par M. de Laval n'était qu'un moyen pour exclure les hospitalières de la Flèche, et pour leur substituer celles de Québec, qui avaient déjà deux de leurs sœurs à l'Hôtel-Dieu de Villemarie.
Ayant fait un compromis avec les filles de Saint-Joseph (1) depuis trois ans…
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
A suivre…
Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 5:46 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
I. Pourquoi la Compagnie n’avait pas cru devoir déférer
à M. de Laval touchant le délai du départ des hospitalières.(suite)
Ayant fait un compromis avec les filles de Saint-Joseph (1) depuis trois ans, c'est-à-dire avant que M. de Laval eût été nommé vicaire apostolique pour le Canada; voyant que ces filles avaient une fondation assurée qui ne pouvait servir que pour elles seules, d'après les clauses mêmes du contrat, et qu'enfin l'Hôtel-Dieu de Villemarie ne pouvait se passer plus longtemps d'hospitalières: la Compagnie avait pensé qu'il était de son devoir de s'opposer au projet de ce prélat , en effectuant sans délai le départ des filles de Saint-Joseph.
Ce projet tendait en effet à faire perdre à l'Hôtel-Dieu de Villemarie sa fondation pour des hospitalières, à priver la Compagnie du droit qu'elle avait d'y mettre telles filles qu'il lui plairait, et enfin à anéantir le dessein de DIEU sur la colonie de Montréal, pour l'accomplissement duquel les associés avaient travaillé jusque alors.
Car, comme on l'a dit déjà, ce dessein avait pour objet de faire honorer en Canada la Sainte-Famille, JESUS, Marie et Joseph; et le projet dont nous parlons tendait à écarter celle de ces communautés qui devait y retracer les vertus de ce glorieux patriarche, et en vue de laquelle M. de La Dauversière avait même reçu ordre de travailler à l’établissement de Montréal.
Mais, quelque bon droit qu'eussent les filles de Saint-Joseph d'aller se mettre en possession de l'Hôtel-Dieu, elles se virent, dès leur arrivée à Québec, comme à la veille d'être obligées de repasser en France.
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(1) Acte de Chaussière, notaire à Paris, du 31 mars 1656.
A suivre : II. Arrivée des filles de Saint–Joseph à Québec.
Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 2:53 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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A suivre : III. On les presse en vain de s'agréger à l'institut des hospitalières de Québec.II. Arrivée des filles de Saint–Joseph à Québec.Immédiatement après leur débarquement, elles se rendirent à l'église paroissiale pour adorer le très-saint Sacrement, et pour renouveler à NOTRE-SEIGNEUR le sacrifice de leur vie. De là elles allèrent rendre leurs hommages à M. de Laval (1), qui les avait devancées à Québec depuis environ trois mois, et lui présentèrent une requête pour lui demander son approbation. Dans cet écrit, après avoir rappelé que la Compagnie de Montréal les avait choisies pour desservir l'Hôtel-Dieu de cette île, et qu'une personne de piété venait de leur donner un fonds suffisant pour y subsister sans être à charge aux pauvres, elles disaient au prélat, qu'elles avaient été envoyées en Canada, sous son bon plaisir, par l'évêque d'Angers, et le priaient enfin de vouloir bien autoriser leur établissement à Villemarie (2).
Sans répondre d'abord à leur requête, M. de Laval les reçut avec bonté, les congratula de leur courage, leur dit des paroles très-obligeantes ; puis les engagea à visiter M. d'Argenson, gouverneur du Canada, ensuite les religieuses hospitalières, et leur ordonna enfin d'aller prendre leur logement chez les Ursulines, qui s'étaient empressées de lui demander cette faveur.
Mais elles s'aperçurent bientôt que toutes ces démonstrations de bienveillance avaient pour fin de les détacher de leur institut, pour les incorporer à la communauté des hospitalières de Québec ; et rien ne fut épargné pour les amener à cette fusion, vivement désirée par ces dernières (1).
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) requête présentée à M. de Laval au mois de septemb. 1659 ; archives des hospitalières de Villemarie.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
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III. On les presse en vain de s'agréger
à l'institut des hospitalières de Québec.
La sœur Morin, dans ses Annales, parle ainsi des instances qu'on leur fit dès leur arrivée :
« Elles furent beaucoup pressées et sollicitées par Mgr l'évêque de Pétrée et par les RR. PP. Jésuites, de quitter leur institut, afin de s'unir aux hospitalières de Saint-Augustin de Québec, ou de retourner en France. Ils firent tout leur possible pour les engager à prendre l'un de ces deux partis, pensant rendre gloire à DIEU en les pressant de la sorte. »
Mais elles n'auraient pu embrasser l'institut des hospitalières de Québec sans violer la protestation solennelle qu'elles avaient faite et signée avant leur départ de la Flèche, de regarder, jusqu'à la fin de leur vie, la communauté de ce lieu comme leur maison-mère, et d'observer invariablement les constitutions de l'institut de Saint-Joseph.
Enfin, après tout ce qui avait eu lieu avant leur départ, elles ne pouvaient sagement se déterminer à repasser en France, à moins que M. de Laval ne les y contraignît. C'est pourquoi elles ne se rendirent point à ces propositions, rapporte la sœur Morin.
« La mère Judith de Brésoles, leur supérieure, qui était vraiment une Judith en courage et en fidélité…
A suivre…
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III. On les presse en vain de s'agréger
à l'institut des hospitalières de Québec. (suite)
… « La mère Judith de Brésoles, leur supérieure, qui était vraiment une Judith en courage et en fidélité, ajoute-t-elle, sachant que ses compagnes étaient intrépides dans leur dessein, répondit pour elles qu'elles ne feraient ni l'un ni l'autre. Elles demeurèrent fermes dans leur vocation, et s'exposèrent de bon cœur à toutes les croix qu'elles prévirent bien que leur fermeté leur attirerait. »
Ce fut sans doute après ce refus qu'arriva ce qu'on lit dans l'Histoire de l'Institution des filles de Saint-Joseph : que M. de Laval ordonna à M. Souart, prêtre de Saint-Sulpice, venu à Québec pour les conduire à Villemarie, de leur dire, au contraire, qu'elles pensassent à s'en retourner sur le même vaisseau qui les avait amenées en Canada (1).
Si ce prélat le chargea d'une commission si pénible, il faut croire qu'elle n'eut pour objet qu'une simple insinuation. La sœur Morin assure en effet « que M. de Laval, grand serviteur de DIEU et homme tout apostolique, ne fit jamais violence au sentiment des filles de Saint-Joseph, se contentant de leur dire qu'elles lui ferait un grand plaisir en s'agrégeant à l'autre institut (1). »
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(1) Histoire de l’Institution, etc., t. II, p. 70 ;archives des hospitalières de la Flèche.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : IV. M. de Laval renonce au projet de donner l'Hôtel-Dieu de Villemarie aux hospitalières de Québec.
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IV. M. de Laval renonce au projet de donner
l'Hôtel-Dieu de Villemarie aux hospitalières de Québec.
Il le désirait d'autant plus vivement, que, sans cette fusion, il se voyait dans la nécessité de rappeler les deux religieuses de Québec, qui se trouvaient à l'Hôtel-Dieu de Villemarie depuis l'année précédente, n'ayant pas de quoi les y faire subsister. Car cette maison, par le contrat même de sa fondation, devait être desservie gratuitement, et non aux dépens des pauvres; et d'ailleurs la fondation faite en faveur des hospitalières qui la desserviraient, n'était destinée, comme on l'a dit, qu'aux hospitalières de Saint-Joseph. De plus, les associés de Montréal avaient déclaré à M. de Laval qu'ils retireraient leurs aumônes si on prétendait donner la conduite de leur Hôtel-Dieu à d'autres hospitalières que celles qu'ils avaient choisies (2).
Comme donc les filles de Saint-Joseph refusaient toujours de changer d'institut, quelques personnes qui désiraient passionnément de les éloigner du pays proposèrent à M. de Laval d'appliquer à l'Hôtel-Dieu de Ville-Marie une partie de la fondation que Mme la duchesse d'Aiguillon avait faite en faveur de celui de Québec, afin de faire subsister les religieuses de Saint-Augustin dans le premier sans avoir recours à la Compagnie de Montréal.
Mais, outre qu'une pareille entreprise sur les droits des seigneurs aurait été irrégulière et entachée de nullité, la fondation de Mme d'Aiguillon était trop peu considérable pour suffire aux deux établissements.
C'est pourquoi M. de Laval aima mieux conserver la communauté de Québec, en lui laissant son revenu, que de le partager entre deux maisons, qui n'auraient pu se soutenir ni l'une ni l'autre (1). Il paraît qu'on fît alors de nouveaux efforts pour obliger les sœurs de Saint-Joseph à repasser en France. M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, sans entrer dans le détail des difficultés qu'elles eurent à essuyer pour s'établir dans cette île, dit : « qu'elles ne l'eussent peut-être jamais fait, si M. de Laval ne leur eût été favorable pour dissiper l'orage qui avait causé contre elles cette grande tempête ; de quoi, ajoute-t-il, le Montréal lui fut bien obligé, parce qu'il contribua ainsi à lui donner ces bonnes filles (2). »
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(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 117.
(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 118.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659.
A suivre : v. M. de Laval permet aux filles de Saint–Joseph d'aller exercer leurs fonctions à Villemarie.
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A suivre : VI. Les hospitalières de Saint-Joseph montent à Villemarie, et celles de Saint-Augustin reviennent à Québec.V. M. de Laval permet aux filles de Saint–Joseph
d'aller exercer leurs fonctions à Villemarie.
Enfin, après qu'elles eurent été près d'un mois dans cet état d'incertitude sur leur avenir, le prélat se résolut, le 2 octobre 1659, à leur donner par écrit l'autorisation d'exercer leurs fonctions à Villemarie. Conformément au choix de l'évêque d'Angers et aux désirs des sœurs Macé et Maillet, il confirma la mère de Brésoles dans la place de supérieure; mais il leur ôta pour supérieur M. Lemaistre, qu'il jugea peut-être trop porté à les fortifier dans le dessein de demeurer attachées à leur institut, et leur donna en sa place un autre prêtre de Saint-Sulpice, M. Vignal, qu'il chargea de les conduire à Villemarie (1).
Toutefois, en leur donnant ces lettres d'autorisation, il leur déclara qu'elles ne devaient pas espérer d'être un jour établies en communauté selon les formes canoniques, ni de recevoir pour novices des filles du pays, qui assurément ne voudraient pas s'exposer aux peines et aux contradictions auxquelles elles devaient s'attendre (*).
Cette déclaration avait pour motif de les faire insensiblement consentir à s'agréger aux hospitalières de Québec, si elles ne voulaient voir leur propre communauté s'éteindre (1).
M. de Laval leur permettant donc d'aller exercer leurs fonctions à Villemarie, ordonna en même temps aux deux hospitalières de Québec, les sœurs de la Nativité et de Saint-Paul, qui y séjournaient depuis un an, de revenir; et il leur envoya M. de Saint-Sauveur, chapelain de leur communauté, pour les accompagner dans le voyage (2).
(*) La sœur Morin, assez mal instruite de ce qu'elle avait entendu raconter dans sa jeunesse sur M. de Queylus, qui avait déjà quitté Villemarie avant qu'elle y résidât elle-même, assure que M. de Laval, en refusant d'approuver l'établissement des filles de Saint-Joseph, leur alléguait pour motif la parole qu'il aurait donnée à M. de Queylus de ne les point établir canoniquement; et elle ajoute que, par amitié pour cet ecclésiastique, il persista pendant bien des années dans cette disposition. Mais ce serait faire injure à ce prélat, que de supposer en lui, dans une affaire de cette importance, un motif si humain, si opposé à son caractère bien connu, et même si frivole, puisque la Compagnie de Montréal, de qui seule dépendait cette affaire, ne voulait établir à l'Hôtel-Dieu que les sœurs de Saint-Joseph. II est certain, d'ailleurs, que lorsque ces filles arrivèrent en Canada, bien loin que M. de Laval eût pour M. de Queylus une amitié si aveugle, il l'expulsa au contraire de ce pays, sans vouloir souffrir qu'il y reparut, et que, quelques années plus tard, M. de Queylus s'y étant présenté avec une commission du Saint-Siège Apostolique, il crut pouvoir fulminer contre lui les anathèmes de l'Eglise, et l'obligea de repasser en France (1).
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, t. i , p. 138, 160, etc.
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(1) Lettre de M. de Laval du 2 octobre 1659 ; archives des hospitalières de Villemarie.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, p. 118-119.
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VI. Les hospitalières de Saint-Joseph montent à Villemarie,
et celles de Saint-Augustin reviennent à Québec.
Durant ces débats, Mlle Mance, qui était fort malade en arrivant à Québec, se faisait traiter dans une maison de la basse ville. Voyant qu'elle n'était point encore rétablie lorsque les filles de Saint-Joseph eurent la liberté d'aller à Villemarie, et prévoyant que sa convalescence se prolongerait encore, elle leur conseilla de partir sans délai, et de la laisser avec les demoiselles qu'elle avait amenées de France, et qui étaient aussi malades des suites de la contagion.
Elles quittèrent donc Québec, et se mirent en chaloupe sur le fleuve Saint-Laurent, avec M. Vignal, leur nouveau confesseur. Mais, pour qu'il n'y eût aucun genre de contradiction qu'elles n'éprouvassent avant de s'établir, DIEU permit qu'un vent contraire ralentît tellement leur navigation, qu'elles restèrent quinze ou seize jours sur le fleuve. Elles eurent cependant la consolation de communier le jour de la fête de saint Bruno, 6 octobre, comme aussi de rencontrer la barque qui portait les deux religieuses de Québec, accompagnées par M. de Saint-Sauveur et M. Souart.
Mais la barque ayant le vent en poupe, et allant avec une grande vitesse, elle ne put s'approcher de la chaloupe plus près que de dix à quinze pas, ce qui fut cause que les compliments que ces bonnes filles se firent les unes aux autres, et les témoignages de charité qu'elles se donnèrent mutuellement, dans une rencontre si rapide, furent très-laconiques. M. Souart, qui l'année précédente était allé chercher les deux hospitalières de Québec, les ramena ainsi dans leur couvent, pendant que M. Vignal de son côté conduisait heureusement les filles de Saint-Joseph à Villemarie (1).
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(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : VII. Leur arrivée à Villemarie. — Accueil qu'on leur fait.
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A suivre : VIII. Mlle Mance fait achever le logement destiné aux filles de Saint-Joseph.VII. Leur arrivée à Villemarie. — Accueil qu'on leur fait.
Cette ville naissante comptait alors cent soixante hommes, dont cinquante chefs de famille, sans comprendre pourtant les nouveaux colons, au nombre de plus de cent personnes, venus avec les filles de Saint-Joseph. Elle se composait d'environ quarante maisons, presque toutes situées de manière à se défendre mutuellement contre les insultes des Iroquois. Outre le fort qui la protégeait, elle était mise à couvert, du côté appelé le coteau Saint-Louis, par une redoute qu'on venait de construire avec un moulin, sur une petite éminence fort avantageuse pour la sûreté publique (1). Tel était l'état de Villemarie à l'arrivée des filles de Saint-Joseph.
Après qu'elles eurent mis pied à terre, elles allèrent adorer NOTRE-SEIGNEUR à l'église, située dans le bâtiment même de l'Hôtel-Dieu; et comme le logement qui leur était destiné n'était point encore achevé, en attendant elles s'établirent dans celui que Mlle Mance avait occupé. La nouvelle de leur arrivée fit naître dans tout le pays une sincère et vive allégresse. Tous ces pieux colons, pénétrés de respect pour la vertu de ces saintes filles, et de reconnaissance pour le dévouement généreux qu'elles leur témoignaient en venant ainsi se vouer à leur soulagement, s'empressèrent chacun de les visiter. Ils exprimèrent, à leur façon simple, leur vive satisfaction par des compliments d'autant plus sincères que l'art y avait moins de part, et qu'ils n'étaient qu'une expression naïve des sentiments de gratitude et d'affection dont leurs cœurs étaient remplis. Elles les visitèrent à leur tour, accompagnées de M. Vignal et de quelques autres personnes de confiance, comme M. de Laval le leur avait conseillé pour la satisfaction de ce bon peuple, qu'il prévoyait bien devoir en être consolé et édifié. Tous leur donnèrent mille témoignages d'estime et de charité, leur firent la plus honorable réception qu'ils purent, leur offrant même, dans leur simplicité, ce qu'ils avaient de meilleur, comme du lait, des citrouilles cuites dans la cendre, du blé d'Inde grillé, et les pressant fort de manger, ce qu'elles refusèrent partout.
Après deux jours employés à parcourir ainsi toutes les maisons, elles choisirent pour le lieu de leur clôture un petit appartement, où elles mirent leurs lits et ce qu'elles avaient apporté de meubles et d'ustensiles, qui n'était pas considérable, et commencèrent enfin à exercer leurs fonctions d'hospitalières, à la grande satisfaction de tout le pays (1).
A leur arrivée, M. Vignal les avait mises en possession légale de l'Hôtel-Dieu et de tous les bâtiments qui en dépendaient. Le 20 du mois de novembre suivant, M. de Maisonneuve, en sa qualité de gouverneur, leur donna, de cette prise de possession, un acte par écrit, daté du fort de Villemarie, où il faisait sa résidence (1).
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(1) Emplois de Pierre Devoyer, vicomte d’Argenson ; mss. de la bibliothèque du Louvre, in-fol. nº 32, fol. 72.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
(1) Archives des hospitalières de Villemarie, acte de M. de Maisonneuve, du 20 novembre 1659.
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VIII. Mlle Mance fait achever le logement
destiné aux filles de Saint-Joseph.
Pendant que la mère de Brésoles et ses compagnes donnaient ainsi à la colonie ces touchants témoignages de leur dévouement, Mlle Mance achevait de rétablir sa santé, et se disposait à aller les joindre avant l'hiver. La guérison miraculeuse de son bras, dont elle portait sur elle la preuve visible et toujours subsistante, fit une grande sensation à Québec, où son infirmité précédente avait eu autant de témoins qu'il y avait de personnes dans ce lieu, et contribua beaucoup à accréditer la sainteté de M. Olier et sa puissance auprès de DIEU.
Ce fut peut-être par suite des impressions de ce miracle dans les cœurs que la supérieure des hospitalières de Québec désira peu après qu'on lui envoyât de France le livre de la Journée chrétienne composé par M. Olier (2).
Mlle Mance se rendit enfin à Villemarie, environ trois semaines après les filles de Saint-Joseph, et dans ce voyage elle eut beaucoup à souffrir de la rigueur excessive du froid. A son arrivée, elle fut étonnée et affligée de voir que les logements destinés pour les hospitalières étaient si peu avancés, et elle ne put s'empêcher d'en faire ses plaintes aux personnes qui avaient promis d'en prendre soin. Il parait que les travaux de la campagne, qu'on n'avait pu différer et la construction des logements pour la nouvelle recrue, n'avaient pas permis de trouver assez d'ouvriers pour pousser avec plus d'activité le bâtiment des hospitalières.
Mlle Mance n'épargna rien pour qu'elles pussent l'occuper prochainement, et employa, à cette fin, tout ce qu'elle put avoir de menuisiers. Ils y travaillèrent avec beaucoup de diligence pendant deux mois environ, et le mirent en état de recevoir ces filles pour y passer l'hiver, quoique avec bien des incommodités. Le logement dont nous parlons était situé au-dessus de la salle des hommes et de celle des femmes, et on y montait par un petit escalier de vingt marches, fort étroit. Il se composait d'une chambre d'environ vingt-cinq pieds en carré, où était une cellule pour la supérieure. Au bout de cette chambre se trouvait le dortoir, c'est-à-dire quatre petites cellules, et enfin un cabinet pour y serrer les bardes et les provisions (1).
Tel fut pendant bien des années le monastère des filles de Saint-Joseph à Villemarie; et nous dirons bientôt tout ce qu'elles eurent à y endurer de privations et de souffrances, sans pouvoir apporter à leurs maux d'autres remèdes que la patience et la soumission la plus entière à la très-sainte volonté de DIEU.
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(2) Relation de la Nouvelle-France, 1664 et1665, par le P. Le Mercier, p. 15.
(1) Annales des hospitalières de Villemarie, par la sœur Morin.
A suivre : IX. Épreuves par lesquelles DIEU purifie M. de La Dauversière.
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IX. Épreuves par lesquelles DIEU purifie M. de La Dauversière.
Elles y étaient à peine établies, qu'elles se virent plus menacées que jamais d'être renvoyées en Europe, et de céder la place aux hospitalières de Québec, à l'occasion de la mort de M. de La Dauversière, décédé le 6 novembre de cette même année, c'est-à-dire peu de jours après leur arrivée à Villemarie. DIEU le traita constamment comme il a coutume d'en user à l'égard des âmes les plus éminentes. Il le perfectionna par les tribulations, dont sa vie fut en effet toute remplie; et parce que la foi de ce grand serviteur de DIEU était vraiment magnanime, elle le fit toujours sortir victorieux de ces diverses épreuves, comme l'or qui sort plus pur du creuset.
Aussi le seul trésor qu'il voulait posséder sur la terre était une foi ferme et inébranlable; et un jour que NOTRE-SEIGNEUR lui offrit de lui accorder telle grâce qu'il voudrait, il n'en demanda pas d'autre que la foi. Son confesseur lui ayant représenté qu'il aurait dû demander plutôt la grâce de ne plus pécher, cet homme, divinement éclairé des voies de DIEU sur les âmes, lui fit cette réponse, bien digne de remarque : « Mon père, l'impeccabilité n'est pas l'état où DIEU veut mettre l'homme tant qu'il est sur la terre (1). »
Comme donc c'était la grandeur de sa foi qui l'avait soutenu au milieu de tant d'épreuves, DIEU, pour le couronner de plus de gloire dans le ciel, voulut que cette même vertu parût surtout en lui à la fin de sa vie, dans les tribulations dont il fut alors assailli, et qui le rendirent comme une image touchante du saint homme Job.
La croix la plus pesante qu'il avait eue à porter jusque alors était, d'une part, la mésintelligence survenue entre la Compagnie de Montréal et les RR. PP. Jésuites au sujet de l'établissement de Villemarie, et, de l'autre, les difficultés par rapport aux vœux solennels qu'il aurait voulu introduire dans son institut.
Mais, deux ans avant sa mort…
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(1) Mémoires de M. de La Dauversière fils sur son père.
A suivre…
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IX. Épreuves par lesquelles DIEU purifie M. de La Dauversière.
(suite]
Mais, deux ans avant sa mort, il sembla que DIEU eût permis à l'ange de Satan d'éprouver son serviteur de toutes les manières, et si l'on en croit M. de Fancamp, particulièrement instruit des circonstances les plus cachées de la vie merveilleuse de M. de La Dauversière, cet ange de ténèbres demanda en effet de le cribler comme autrefois le saint homme Job, et DIEU le lui permit afin d'être glorifié par la fidélité de son serviteur (1).
Pour l'intérieur, il fut dépouillé de toute grâce sensible, et abandonné à la seule nudité de la foi ; et quant à l'extérieur, il se vit frappé dans sa réputation, dans ses biens, dans son corps. Tout le monde se souleva contre lui: ses parents et ceux des filles de Saint-Joseph pour des raisons d'intérêt; le peuple, parce qu'il s'imaginait qu'il vendait à prix d'argent les filles du pays, qu'il envoyait à Montréal; toute la ville de la Flèche, qui le regardait comme un perturbateur du repos public; ses propres amis, qui étaient devenus ses persécuteurs. Les filles de Saint-Joseph, pour lesquelles il avait toujours eu un cœur de père, furent elles-mêmes, quoique innocemment, l'occasion de ses peines les plus sensibles. Ces peines eurent pour fondement certains bruits entièrement faux, qu'on alla malicieusement lui rapporter, touchant certaines règles qu'il avait voulu leur ôter pour prévenir le relâchement. Cette dernière affliction fut surtout ce qui causa la maladie dont il mourut. DIEU le frappa encore dans sa fortune, qu'il renversa de fond en comble. Dans un seul jour, il perdit pour plus de 100,000 livres, par le naufrage d'un vaisseau qui devait rétablir entièrement ses affaires.
Pour lui personnellement, il ne fut pas plus touché de cette perte que s'il eût été de bronze, quoiqu'il vît sa famille réduite à l'aumône par cet accident. Mais ce qui l'accablait de douleur, c'était de penser que les débris de sa fortune ne pourraient suffire à tous ses créanciers.
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(1) lettre de M. de Fancamp au R.P. Chaumonot du 28 avril 1660.
A suivre : X. Dernière maladie et mort de M. de La Dauversière.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
X. Dernière maladie et mort de M. de La Dauversière.
Enfin, comme si tout cela n'eût pas suffi pour faire éclater sa patience, il se vit accablé en même temps par huit maladies des plus douloureuses, dont une seule aurait dû le faire expirer. DIEU l'en avait guéri subitement pour qu'il pût se rendre à la Rochelle, afin d'y donner ses ordres avant le dernier embarquement, et d'y accompagner ses filles, comme nous l'avons raconté.
Après qu'il leur eut fait ses adieux et qu'il se fut mis en marche, la haire sur le dos, pour retourner à la Flèche, n'étant plus qu'à une journée de sa maison, il descendit de cheval à Saumur, pour aller se jeter aux pieds de la statue de Notre-Dame des Ardilliers, et là il fut repris de toutes ses maladies précédentes, et en proie aux plus intolérables douleurs. Il remonta néanmoins à cheval pour achever à la Flèche son sacrifice.
Sa vie ne fut plus qu'un martyre continuel…
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Re: Vie de Mlle Mance et Hôtel-Dieu de Villemarie (Table) COMPLET
X. Dernière maladie et mort de M. de La Dauversière.… Sa vie ne fut plus qu'un martyre continuel.
(suite]
La gravelle, jointe à une pierre si monstrueuse qu'elle occupait toute la vessie, une goutte cruelle, la fièvre, des coliques néphrétiques, deux hernies intolérables, une fluxion de poitrine, les hémorroïdes avec des ulcères, tels furent les maux qu'il eut à endurer à la fois et sans aucun soulagement. Si on lui donnait un remède pour apaiser celui de ses maux qui le pressait davantage, ce remède semblait ne servir qu'à aigrir les autres ; en sorte que les médecins avouaient qu'il ne vivait que par miracle, et pour souffrir comme s'il eût été sur un gril exposé à un brasier ardent. A la fin, toutes ses chairs étant consumées, et sa peau étant percée par ses os, son corps n'était plus qu'un squelette tout couvert de plaies. Dans cet état, il n'avait de repos ni le jour ni la nuit. Durant l'espace d'un mois entier, à peine eut-il une heure de sommeil. Il ne lui restait plus que la sensibilité pour souffrir, et la voix pour témoigner la vivacité de ses douleurs ; nuit et jour ce n'était qu'un cri plaintif qui fendait le cœur de tous ceux qui s'approchaient de lui. Néanmoins, dès qu'il avait un moment de relâche, on le voyait entrer dans un état de calme et de paix admirable, comme s'il eût été en oraison; et s'il parlait alors, ce n'était que pour se plaindre à lui-même de son impatience et de sa lâcheté à souffrir.
Quatre jours avant sa mort, étant visité par M. de Fancamp, il lui dit ces paroles : « Vous voyez ici l'homme des douleurs; » mais se reprenant aussitôt : « J'ai tort de parler de la sorte, ajouta-t-il, puisque cette qualité ne convient qu'à JESUS-CHRIST , et que moi je ne suis qu'un lâche qui ne peut rien endurer. » A tous ces maux extérieurs, DIEU, pour le purifier de plus en plus, ajouta encore des peines intérieures, dont il serait difficile de se faire une juste idée.
Le jour de sa mort il eut une vue de la rigueur de la justice divine qui fut pour lui un tourment plus intolérable que ce qu'il avait enduré toute sa vie; et ensuite, pendant plus de quatre heures qu'il vécut encore, il lui survint des assauts d'amour de DIEU si violents, que ses douleurs n'étaient plus rien en comparaison de ce qu'il eut alors à souffrir par cette nouvelle sorte de martyre. Enfin, levant les mains au ciel, et regardant fixement d'un certain côté de sa chambre, avec un visage serein, comme s'il eût vu quelque chose d'agréable, et peu après baissant ses mains et les croisant sur sa poitrine, il inclina la tête et expira doucement (1), le 6 de novembre 1659, âgé de 63 ans (*).
(*) : à suivre…
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(1) lettre de M. de Fancamp au R.P. Chaumonot du 28 avril 1660 ; archives des hospitalières de la Flèche.
Dernière édition par Louis le Mer 10 Oct 2012, 2:22 pm, édité 2 fois (Raison : orthographe)
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