Mère Agnès de Jésus

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Message  Arthur Mar 30 Juin 2009, 8:10 pm

En 1903, pour récupérer des biens de la Communauté, les Supérieurs obligèrent la Prieure à se rendre dans la Manche, accompagnée de Mère Marie de Gonzague. Au cours de ce voyage de deux jours, Mère Agnès de Jésus fut autorisée à aller s'agenouiller sur la tombe de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle note, à propos de cette visite au cimetière :


" Il me semblait que les anges me disaient, comme aux saintes femmes qui cherchaient Jésus au tombeau : " Pourquoi cherches-tu parmi les morts celle qui est vivante? " J'éprouvai une douce impression à me rapprocher de ce coin de terre où reposait " la petite enveloppe " de Thérèse, avec son germe d'immortalité. "


Elle poursuit :

" En passant à Caen, j'obtins aussi la permission de faire une halte à la Visitation ( pour la nuit ). Que je fus heureuse de revoir Léonie!... Je la trouvai très fervente; elle était radieuse de me voir. "


A l'intérieur du Monastère, Mère Agnès de Jésus gagnait de plus en plus l'affection confiante de ses filles; elle voyait se présenter aussi des sujets d'élite, comme Mère Marie-Ange de l'Enfant-Jésus, Mère Isabelle du Sacré-Coeur et Mère Thérèse de l'Eucharistie, vertueuses et brillantes conquêtes de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus, et qui offraient, pour l'avenir, tant d'espoirs. Avec quelle générosité, elle en accepta les sacrifices successifs, quand une mort prématurée les emporta.


Elle consola aussi les derniers jours de celle dont le tempérament ombrageux l'avait tant fait souffrir.


" J'étais de nouveau Prieure, écrit-elle, quand mourut Mère Marie de Gonzague. Dans les derniers temps de sa vie, avec sa maladie cruelle, (cancer de la langue ) elle était très triste et sentait bien que j'étais son seul appui, que les Soeurs s'éloignaient d'elle de plus en plus.


Elle recourait toujours à moi; elle m'aimait comme elle pouvait aimer et je l'aimais d'un amour sincère et désintéressé, reconnaissant aussi, dans un sens, parce que c'est à elle certainement, à l'ascendant qu'elle avait sur les Soeurs, même sur le Supérieur, que nous devons d'avoir été reçues toutes les quatre au Carmel, et de plus Soeur Marie de l'Eucharistie. C'est nous qui l'avons entourée pendant sa dernière nuit. "


Avant de quitter ce monde, le 17 décembre 1904, la mourante donna des témoignages touchants, d'un coeur pleinement contrit et humilié, mettant toute sa confiance en l'intercession de sa petite Thérèse. Et elle dit à Mère Agnès de Jésus avec tendresse : " En quittant cette vie, je ne regrette que ma petite Mère chérie. "


Près de quarante ans après, notre Mère écrivait encore à une de ses filles :


" Demain, c'est l'anniversaire de la mort de Mère Marie de Gonzague. Priez pour cette pauvre Mère qui avait de grands défauts, sans doute, mais tellement mélangés d'inconscience. Je serai heureuse de la retrouver au Ciel; elle avait aussi de belles qualités, il faut bien le dire et était si sympathique parfois. Et puis, notre petite Thérèse lui doit son entrée, et elle a fait profession entre ses mains, et elle lui a écrit des pages si merveilleuses. "

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Message  Arthur Mer 01 Juil 2009, 8:26 pm



La dévotion à la Petite Reine prenait, chaque jour, une expansion prodigieuse; le courrier quotidien en apportait l'écho. Ce n'était pas en vain que Thérèse avait dit à sa " petite Mère " :


" Après ma mort, vous irez du côté de la boîte aux lettres, vous y trouverez des consolations " ; ou encore : " Au Ciel, j'obtiendrai beaucoup de grâces pour ceux qui m'ont fait du bien. Pour vous, ma Mère, tout ne pourra même pas vous servir. Il y en aura beaucoup pour vous réjouir. "


Mère Agnès de Jésus faisait copier soigneusement les bienfaits relatés, et les témoignages les plus marquants de l'influence grandissante de la Servante de Dieu, préparant ainsi une documentation de base très solide, qui devait servir à établir la réputation de sainteté.


Ce serait toutefois une erreur de croire que son horizon se limitait au cercle thérésien, déjà fort large. En 1906, ayant eu connaissance d'un pamphlet blasphématoire : " Ce que Dieu fait et ce qu'il ne fait pas ", son âme aimante frémit d'indignation, et elle composa aussitôt, en réparation, une poésie intitulée : " Que note Dieu est bon, pour ceux qui ont le coeur droit "(Ps.LXXXIII).
On y trouve des vers d'une belle frappe :


Celui qui follement voudra scruter ta gloire,


Reconnaîtra, Seigneur, sa science illusoire,


Car l'homme est écrasé s'il touche à ta grandeur.


Veut-il être éclairé? Qu'il goûte à ta douceur.


Cependant, le pèlerinage à la modeste tombe de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus, au cimetière de la ville, se développait ainsi que la " Pluie de roses " . On fit savoir au Carmel qu'à Rome même on serait favorable à l'étude de la Cause; mais,mal conseillée sur les démarches préalables à faire, Mère Agnès de Jésus se buta à une opposition assez dure de l'évêque de Bayeux. Elle s'inclina et n'en parla plus, attendant l'heure de la Providence.


Celle-ci vint heureusement, le 8 mai 1908, où Mère Marie-Ange de l'Enfant-Jésus, élue Prieure, s'empressa, le jour même, de renouveler près de Mgr Lemonnier la requête précédemment repoussée. Cette fois, sans aucune réticence, le Prélat acquiesça et mit, depuis lors, tout son zèle à constituer, avec les prêtres les plus éminents de son clergé, le Tribunal diocésain chargé d'instruire le Procès Informatif.


Il orienta et approuva le choix du Postulateur et du vice-Postulateur et se fit, à l'occasion, le défenseur de la Cause et du Carmel, contre leurs adversaires. Car, ceux-ci ne manquèrent pas, au point que notre Mère ne craint pas de parler " des persécutions extraordinaires et terribles subies pour la Cause de sa petite Thérèse. "

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Message  Arthur Jeu 02 Juil 2009, 8:35 pm

Après la mort de Mère Marie-Ange de l'Enfant-Jésus, Mère Agnès de Jésus fut réélue Prieure, le 27 novembre 1909 et, désormais, ne quitta plus la charge, soit qu'elle fût maintenue par élection régulière, soit que plus tard -- nous y reviendrons-- elle fût nommée par Pie XI, Prieure à vie.


Au milieu des contradictions, la vaillante Mère luttait par tous les moyens à sa disposition pour adoucir l'hostilité des uns, secouer la nonchalance des autres, prévenir les tempêtes ou les apaiser. Les trop prudents cherchaient à ralentir son ardeur, à juguler ses initiatives, mais elle avait, nous l,avons dit, une manière aussi habile qu'aimable pour se " glisser " dans ce dédale de difficultés, et en sortait souvent victorieuse.


Ses dépositions aux deux Procès prirent le premier rang par leur importance et leur valeur; elle fut interrogée pendant vingt-quatre séances, au Procès diocésain et, au second, dit Apostolique, pendant dix jours et demi consécutifs.


On peut se représenter la somme de travail préparatoire et la fatigue de sessions d'une gravité exceptionnelle, engageant strictement la conscience et sous le risque de questions imprévues auxquelles il fallait répondre sur-le-champ. De plus, tous les témoins étaient liés par le secret le plus rigoureux, d'où impossibilité de chercher près d'autrui un conseil ou un renseignement.


Pour mieux situer le mérite et l'action de Thérèse, dans le milieu où s'épanouit sa sainteté, Mère Agnès de Jésus fut amenée, conjointement avec quelques religieuses contemporaines de la Servante de Dieu, à faire, dans une déposition spéciale, un certain nombre de remarques touchant la situation du Monastère sous le gouvernement de Mère Marie de Gonzague.


On a étrangement abusé de ce texte qui, destiné à être rigoureusement confidentiel, et ne visant d'ailleurs qu'à relever certaines ombres, ne pouvait avoir que le caractère d'un témoignage fragmentaire.


A l'isoler, à le dépouiller des contreparties multiples qu'offrent tant d'autres pages du Summarium,-- dont maintes déclarations de Notre Mère elle-même --, à ramasser, pour les souligner encore, comme s'ils étaient habituels, des faits échelonnés sur plus de quarante ans, des commentateurs tendancieux n'ont abouti qu'à fausser l'histoire.


La physionomie morale de Mère Marie de Gonzague en a été considérablement assombrie aux yeux des lecteurs. Mère Agnès de Jésus a ressenti douloureusement et parfois jusqu'à l'angoisse, ce que de telles interprétations avaient d'injurieux pour son cher Carmel.


Si elle a souffert plus que d'autres de ce qu'il y avait d'autoritaire et de fantasque dans le caractère de l'ancienne Prieure, elle n'en était pas moins la première à reconnaître ses qualités et ses charmes. Quant aux défaillances, inévitables dans toute collectivité humaine, et dont certaines étaient l'effet de la maladie, elles n'empêchaient pas le Carmel de Lisieux d'offrir au monde de hauts exemples de mortification, de prière et de zèle.

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Message  gabrielle Ven 03 Juil 2009, 9:49 am

Pour mieux situer le mérite et l'action de Thérèse, dans le milieu où s'épanouit sa sainteté, Mère Agnès de Jésus fut amenée, conjointement avec quelques religieuses contemporaines de la Servante de Dieu, à faire, dans une déposition spéciale, un certain nombre de remarques touchant la situation du Monastère sous le gouvernement de Mère Marie de Gonzague.


On a étrangement abusé de ce texte qui, destiné à être rigoureusement confidentiel, et ne visant d'ailleurs qu'à relever certaines ombres, ne pouvait avoir que le caractère d'un témoignage fragmentaire.

Si ma mémoire est bonne je possède cette déposition de Mère Agnes. Je vais essayer de la retrouver.

"On ne peut pas appeller vie ce qui doit finir" ( Mère Agnès de Jésus)
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Message  ROBERT. Ven 03 Juil 2009, 1:30 pm

.

Ce sera très intéressant de nous faire partager la déposition de Mère Agnès... L'occasion se présente rarement de lire des textes pour un procès

de Canonisation...
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Message  Arthur Sam 04 Juil 2009, 10:30 am

Effectivement Gabrielle et Robert, ce serait un ajout très intéressant à insérer dans ce fil. Si votre lourde tâche vous le permet évidemment.

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Message  Arthur Sam 04 Juil 2009, 10:41 am

7


Malgré la longueur du texte, il convient de reproduire ici l'extrait de Déposition au Procès Apostolique de 1915, où Mère Agnès de Jésus précise le but tout surnaturel qu'elle poursuit dans la glorification de sa petite Soeur:


" Je désire la Béatification de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus, parce que je suis de plus en plus persuadée qu'elle est choisie par le bon Dieu pour faire connaître sur la terre l'amour paternel qu'Il a pour ses petites créatures et son désir d'être payé de retour par un amour tendre et filial de leur part.


" Les saints canonisés par l'Église n'ont été, pour la plupart, de grandes lumières et de grands exemples que pour quelques-uns; ils n'ont pas reçu la mission de porter tous les hommes à l'imitation, on a montré leur vie trop surhumaine. Ce sont de grandes âmes que les grandes âmes seules peuvent imiter.


Mais les grandes âmes sont très rares; tandis que le nombre des petites âmes, c'est-à-dire de celles qui doivent cheminer dans une voie commune et toute de foi, est immense; il comprend presque tous les chrétiens appelés eux aussi à la perfection, car l'invitation de Notre-Seigneur est pour tous : " Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. "


" C'est donc que, tout grand qu'Il est, le Père céleste est imitable. Nous l'avons vu dans la simplicité de la vie de Jésus.


" Pourquoi donc l'a-t-on si peu compris? Je crois que c'est à cause de l'orgueil humain. Les hommes veulent faire de grandes choses ou rien faire du tout.


" Notre petite Thérèse, elle, a tout compris, et pour en savoir plus long, elle a fait comme les Apôtres qui demandaient à Notre-Seigneur, dans l'intimité, de leur expliques ses paraboles.


" Pour parler son langage, elle s'est comme " faufilée " dans les profondeurs du Coeur de Dieu pour lui arracher ses secrets de perfection et d'amour et les dévoiler ensuite à la terre. Elle y a vu ce qu'elle s'attendait à voir : un abîme de simplicité et d'amour méconnu.


" Alors son coeur à elle s'est ouvert tout grand et elle a demandé au Seigneur beaucoup d'autres coeurs pour recevoir ces lumières et ces divines flammes destinées au monde et repoussées par lui.


" Cette demande va être exaucée.


" Il y a ici-bas de saintes petites âmes, mais isolées dans l'Église. Elles pressentent ces choses et n'osent pas y croire assez. Les vies de Jésus et de Marie les attirent, mais ces divins flambeaux les éblouissent encore. Elles attendent, on dirait, la " petite Thérèse ", ce guide tout à fait à leur portée, ce nouvel effort de la bonté de Dieu pour les entraîner à l'amour par l'humilité et le plus confiant abandon.


" Les pécheurs aussi profiteront de ces sublimes découvertes et y trouveront leur salut.


" Une âme, victime d'amour, qui s'est appelée " le héraut de la Petite Reine ", une des plus éclairées que j'ai connues, écrivait : " Oui, la doctrine de Thérèse est une miséricorde qui complète celle des révélations du Sacré-Coeur.


Thérèse est l'Ange qui vient consoler le monde vieilli et refroidi. Comme une céleste Antigone elle s'offre pour conduire ce grand criminel aveugle vers le repentir et l'amour. Parce que Thérèse " était petite ", elle a plu au Très-Haut qui a laissé déborder en elle sa lumière et son amour, comme il ne l'avait plus fait, peut-être, depuis l'Immaculée-Conception. "


" La preuve de sa mission, c'est celle même de la mission de Jésus : le miracle, un bruit sans précédent autour de son nom.


Il y en a qui, de bonne foi, ne comprennent pas encore ce qui se passe à son sujet, ils s'étonnent et se scandalisent, criant à des effets sans cause; mais lorsqu'ils la verront élevée sur les autels, ils devineront bien qu'il se cache sous cette humilité exaltée quelque magnifique dessein de Dieu, et s'approchant plus près de la " Sainte ", ils s'enrôleront eux-mêmes sous sa bannière.



" Alors, la légion des petites âmes, victime de l'Amour miséricordieux, deviendra nombreuse " comme les étoiles du ciel et le sable de la mer " ; elle sera terrible à Satan, elle aidera la Sainte Vierge à écraser tout à fait sa tête orgueilleuse.


" Et l'Église vivra " un temps d'amour " qui la consolera et lui fera oublier le " temps de haine " qu'elle traverse aujourd'hui avec horreur. "


Dans sa Déposition concernant les vertus de Thérèse, Mère Agnès de Jésus insiste avant tout sur celles qui caractérisent la " Petite Voie ".


" Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus ne ressemble pas, quant aux dons surnaturels, ou du moins à leur manifestation, à la plupart des saints canonisés par l'Église. Excepté sa vision sur la Sainte Vierge, celle encore qui lui dévoila par avance la maladie de mon père, excepté aussi la flamme d'amour dont elle dit avoir été blessée, et enfin l'extase de sa mort, je ne vois rien, dans toute sa vie, qui sorte de l'ordinaire.


" Sans doute, elle a joui bien des fois, d'un très profond recueillement, mais cet état d'oraison était enveloppé de simplicité, sans manifestation extraordinaire.


" Penser autrement serait changer la physionomie si particulière et si encourageante que le bon Dieu s'est plu à donner à sa petite Servante, tout exprès pour réaliser ses desseins miséricordieux d'appeler à son divin amour, par son exemple, toutes les " petites âmes " de la terre, qui voudrait la suivre.


" Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus aimait sa voie de simplicité et n'aurait voulu en sortir, ni pour elle-même, ni pour réaliser la mission qu'elle présentait. "

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Message  Arthur Lun 06 Juil 2009, 9:04 pm



La première étape de la glorification s'achève, le 14 août 1921, par la Proclamation de l'héroïcité des vertus de la vénérable Thérèse de l'Enfant-Jésus. Benoit XV, à cette occasion, exalte en un magnifique discours la doctrine de l'enfance spirituelle. Mère Agnès de Jésus en exprime sa joie :


" Voici donc " la voie d'enfance spirituelle " suivie par notre Thérèse préconisée par le Vicaire de Jésus-Christ, écrivait-elle au Cardinal Vico. Oh! que c'est grand, que c'est divin! "


A Lisieux même, il fallait songer à l'organisation du pèlerinage futur, d'où nécessité d'agrandir notre Chapelle, d'y ménager une enceinte pour la célébration des messes des prêtres des pèlerins.


La guerre de 1914-1918 avait interrompu les travaux à peine commencés et ils ne purent reprendre activement qu'en 1920, avec tous les handicaps de ces périodes d'après-guerre : pénurie de matériaux, hausse de prix, etc.




Mère Agnès de Jésus, si experte à manier la plume, ne le fut pas moins à surveiller le chantier, à prendre des décisions, dont l'initiative paraissait quelquefois hardie autour d'elle, et qui se vérifiaient excellentes par la suite.


Était-il besoin de recourir à des personnalités civiles, pour obtenir une solution intéressant le pèlerinage et dépassant l'enclos du Carmel? Elle utilisait, au besoin, la piété d'une épouse :


" Quand j'ai vu par quels " Assuérus " il fallait agir, j'ai vite trouvé mon Esther! "


Et l'on comprend qu'aussi gracieusement sollicitée, l'Esther ne savait pas se récuser.


Devant une générosité ou un appui quelconque, elle savait remercier avec la même bonne grâce :


" Merci; vraiment c'est trop! Enfin, à ce trop répond le trop plein de mon coeur et la promesse de le déverser dans le Coeur de Jésus, de Marie et de ma petite Thérèse. "


Le 29 avril 1923, Pie XI béatifiait sa première Bienheureuse.


Mais l'épreuve dut acheter ce splendide aboutissement.


En février 1923, une épidémie de grippe infectieuse frappa la Communauté et dégénéra même en broncho-pneumonie pour plusieurs, dont Mère Agnès de Jésus, qui fut gravement malade. L'angoisse morale qui l'étreignait ajoutait encore à l'inquiétude douloureuse de ses Filles. Enfin, elle se remit à temps pour la solennelle Translation des Reliques de notre Sainte, le 26 mars.


Thérèse avait bien prédit à ses soeurs :


" Ne croyez pas que, lorsque je serai au Ciel, vous n'aurez que des joies. Ce n'est pas ce que j'ai eu, ni ce que j'ai voulu avoir. Vous aurez peut-être, au contraire, de grandes épreuves, mais je vous enverrai des lumières qui vous feront apprécier et aimer. Vous serez obligées de dire comme moi : " Seigneur, vous me comblez de joie par tout ce que vous faites " ( Ps.XCI,4 ).


On pourra constater que si les épreuves vinrent, en effet, les lumières promises ne manquèrent pas non plus pour leur acceptation généreuse.

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Message  Arthur Mar 07 Juil 2009, 9:14 pm


La glorification rapide de Thérèse, sans précédent depuis la codification des Causes de saints suscita, dans l'univers entier, un enthousiasme inouï . Dans L'immense famille humaine, l'humble Carmélite de Lisieux était regardée comme une " petite Soeur " toute proche, sans cesse attentive aux besoins de ses frères malheureux.


Aussi, cette apothéose devint-elle la joie de tous. Et quel écho trouvait-elle en ses propres soeurs? Dans le coeur de sa " petite Mère "? On la félicite : " Il y a de quoi mourir de joie ? Comment n'avez-vous pas d'orgueil d'une pareille gloire ? "


" Quand j'entends cela, confie-t-elle à sa soeur Visitantine, je regarde les gens à deux fois et ça ne m'entre pas dans la tête! "


Pourtant, elle était loin de mépriser ces honneurs décernés par l'Église, puisqu'elle écrit à la même correspondante, avant la Canonisation :


" Quelles grandes choses nous voyons, tout de même! Mais, conclut-elle -- et c'est là l'aspect foncier de son âme -- pour moi, plus c'est grand, plus j'aime la petitesse, plus je me répète avec douceur la parole de Jésus : " Apprenez de moi que je suis doux et humble de Coeur et vous trouverez le repos de vos âmes. " Oh! c'est bien vrai! nous n'aurions aucune joie vraie et profonde sans l'humilité. "


Elle faisait pénétrer plus avant ses filles dans ses pensées. Elle adressait, à la Communauté, le 29 avil 1923, cette " petite homélie, d'une toute petite Mère, pour marquer un très grand événement. "


" Mes chères Soeurs, à l'occasion du triomphe de notre chère petite Thérèse et de sa " petite voie ", et de " ses petits moyens qui lui ont si parfaitement réussi ", le bon Dieu m'a donné, à moi, une petite pensée et je vais vous la communiquer, parce que " le trésor de la Mère appartient
à l'enfant " .


" Tout ce que j'ai énuméré et qui est exalté par la sainte Église, ce n'est pas autre chose que " cet esprit principal " demandé à chaque jour avec la joie, dans un des versets du Miserere : Redde mihi laetitiam salutaris tui et spiritu principali confirma me " ( Rends-moi la joie de ton salut, assure en moi un esprit magnanime ). Autrement dit, " c'est cette disposition du coeur " dont parlait notre encourageante petite Sainte et " cette disposition ", affirmait-elle, suffit, je le sens, pour nous rendre agréables à Dieu.


" Petites brebis du Bon Pasteur, je vous connais, et je sais bien que vous avez toutes, malgré des défauts qui vous humilient, cette disposition principale, qui est notre grâce, la grâce du bercail de Lisieux. Vous pourrez, jusqu'à la mort, être imparfaites et le déplorer, mais cette disposition ne vous manquera jamais.


" Comment l'analyser pour que vous le reconnaissiez au fond de vos coeurs? Eh bien! c'est un mélange d'humilité, de confiance, de recours habituel à Dieu dans nos détresses; c'est même parfois comme une joie surnaturelle de se sentir misérable et d'avoir, à chaque instant, un extrême besoin du secours d'en-haut. Enfin, c'est la vérité, le véritable amour divin, la vraie lumière qu'il faut entretenir et augmenter en nous, par la pratique de la charité fraternelle.


" Avec cette lumière, mes chères Soeurs, on a, dès cette vie, l'auréole, sans s'en douter, et l'on va ensuite droit au Ciel, dans la phalange des petites âmes séraphiques, celles qui voient de plus près le bon Dieu et qui brûlent délicieusement de son amour pendant toute l'éternité. "

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Message  Arthur Jeu 09 Juil 2009, 9:18 pm

S. Em. le Cardinal Vico était venu, en qualité de Légat, présider le Triduum du Carmel pour les fêtes de la Béatification. Il était chargé par le Pape Pie XI d'une autre mission plus intime. Le Saint-Père, à qui la Communauté avait pu faire connaître son vif désir de garder pour Prieure sa bien-aimée Mère, tenait à ce que la chose se fît en respectant les règles de la prudence et il pria le Cardinal d'interroger chaque religieuse individuellement à ce sujet.


Vis-à-vis de Mère Agnès de Jésus, le secret fut bien observé : Son Éminence était si attachée aux Carmélites de Lisieux qu'il semblait presque naturel qu'Elle voulût bénir chacune d'elles privément. Au sortir de l'entrevue, le sourire s'épanouissait sur les visages, mais rien n'en laissait deviner la cause.


Dans l'après-midi du 31 mai 1923, le Prince de l'Église revint seul en clôture, pour réunir la Communauté dans la salle du Chapitre. C'est alors que, se tournant vers Mère Agnès de Jésus, il lui fit part de son mandat et lui remit le Rescrit la confirmant Prieure ad vitam.


Dès que l'élue comprit ce dont il s'agissait, les larmes lui vinrent aux yeux, et on la vit s'agenouiller humblement au pied du trône cardinalice, recevant avec sa simplicité habituelle cette charge qui lui était présentée comme la volonté de Dieu et celle de toutes ses filles.


Le Cardinal précisa que l'exception était bien légitime, en faveur de celle qui avait si bien dirigé une Sainte et qui saurait d'autant mieux en former d'autres, et il concluait avec une joie toute paternelle : " Ceci c'est le clou! "

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Message  Arthur Sam 11 Juil 2009, 3:34 pm


Si Mère Agnès de Jésus s'inclina devant le motif exceptionnel allégué, elle ne manquait pas, avec l'esprit de sagesse qui l'animait, de mettre en garde contre cette formule en marge des Constitutions, dont la prescription, sur ce point, lui semblait tellement opportune.


En 1924, une douloureuse épreuve menaça le Carmel. Soeur Marie du Sacré-Coeur faillit être emportée par une grippe infectieuse. Elle se remit, et nulle ombre ne vint ternir la joie du 17 mai 1925, où Pie XI canonisa sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.


Dans les cercles romains, on avait suggéré la venue, dans la Ville Éternelle, des soeurs de la Sainte, afin qu'elles puissent participer aux fêtes triomphales. Leur humilité s'alarma. Mère Agnès de Jésus supplia le Cardinal Vico d'intervenir pour qu'on leur épargnât ce voyage. Pour goûter cette grâce unique elles préféraient le silence du cloître.


Le jour venu, la Prieure fit à ses filles cette noble exhortation :


" Un de ces matins, pendant la Messe, cette paroles de Notre-Seigneur à ses Apôtres, encore si imparfaits, m'est revenue à l'esprit :


" Il a plu à mon Père de vous donner son Royaume. "


" Et je me suis dit : C'est bien cela qui est arrivé pour nous; il a plu au Seigneur de nous donner cette gloire et cette grâce inouïes d'avoir une telle Sainte dans notre Maison.


" L'a-t-il fait à cause de nos vertus, de nos mérites ? Non, mes chères Soeurs, car d'autres peuvent être facilement plus vertueuses que nous. A-t-il agi de la sorte à cause de nos saintes devancières? Ce n'est pas certain, car il y a eu aussi d'autres très saintes âmes dans d'autres Carmels.


" Il est donc inutile de chercher les " pourquoi " de ce privilège merveilleux. Il nous vient d'une prédestination divine : il a plu à Dieu de nous favoriser ainsi, voilà toute la raison de notre bonheur.


" ...Oui, mes chères Soeurs, il lui plaît de nous aimer tout particulièrement, nous en avons la preuve aujourd'hui où de notre Carmel, si humble et si caché jadis, sort une telle lumière pour l'humanité, jaillit une telle source de grâces pour tant de pauvres coeurs altérés de paix et de vérité sans ombres.


" ... Que ferons-nous maintenant, pour répondre à de tels dons gratuits de notre Dieu ? Eh bien! nous nous rappellerons comment a répondu à ses avances miséricordieuses, la petite grande Reine de ce jour, lorsqu'elle se tenait, ici-bas, pour l'humble petite servante du Seigneur.


Et, après avoir vu de près son humilité si profonde si vraie, les délicatesses de son amour, l'abandon et la reconnaissance de son coeur, enfin la fidélité soutenue de sa charité fraternelle, nous chercherons à pratiquer les mêmes vertus, répétant toujours avec elle, dans notre impuissance à rendre grâces à Dieu, à le payer de retour pour tant de bienfaits :


" Acquittez vous-même toutes dettes. "


" C'est seulement alors, en effet, que nous serons quittes, car c'est uniquement cela qui s'appelle : " rendre amour pour amour ".


Des fastes extérieurs, que pensait Mère Agnès de Jésus? Elle jugeait devoir ne rien ménager pour leur éclat, puisque ces hommages rendus à sa glorieuse petite Soeur remontait, en fait, à Dieu. C'est dans le secret du coeur, toutefois, qu'elle repassait tous ces mystères.


Quelques années après, elle résuma ses impressions intimes dans un poème évocateur de ces fêtes grandioses :


" Ce que j'ai vu. "


Le sous-titre : " Glorieux souvenirs et soupirs de vérité ", traduit bien le ton du morceau qui rappelle, en un frappant contraste, les splendeurs des fêtes thérésiennes, et la fécondité de l'immolation solitaire dans la vie cachée :


La croix du Dôme et son joyau,


L'étoile qui la parachève,


Avec les festons du préau


Projetaient des lueurs de rêve;


Mais soudain, tout devenait noir,


L'ombre planait sur la demeure,


Et nous n'aspirions plus qu'à voir


La seule clarté qui demeure.

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Message  Arthur Mer 15 Juil 2009, 9:20 am



S'il y avait en son âme une sorte de mélancolie surnaturelle, au sein même des plus pures et triomphales manifestations, combien prenait-elle d'acuité quand le démon, jaloux, déchaînait ses attaques autour de la mémoire et du culte de la Sainte.


Mère Agnès de Jésus souffrait intensément de la mauvaise foi de certains; elle agissait pour démasquer et combattre ces artifices, mettant en lumière la vérité. L'esprit infernal rugissait d'autant plus, et nous savons qu'au cours d'exorcismes sur des possédés, il exhalait sa rage contre elle, qu'il sentait si proche de sa grande ennemie : Thérèse. Malgré cela, elle demeurait intrépide pour défendre l'héritage sacré que lui avait confié sa sainte petite Soeur.


Sa loyauté était telle que l'on vit parfois ses adversaires devenir ses fervents amis. Son âme, répétons-le, comprenait le prix de l'épreuve et nous en découvrons encore, dans sa correspondance avec le Cardinal Vico, qui était pour elle un tout dévoué Père et protecteur, deux éloquents témoignages :


" J'ai souffert beaucoup en lisant cette triste brochure, puis il m'est revenu à la pensée cette parole de l'auteur de l'Imitation : " Jésus-Christ a eu des ennemis et des détracteurs et vous ne voulez avoir que des amis et des défenseurs... " Alors, j'ai été apaisée. D'ailleurs, il m'est sans doute nécessaire de goûter un peu au pain de l'humiliation à la veille de voir ma petite Soeur glorifiée et de jouir de cette gloire! Dieu soit béni de tout. "


Même note dans une autre difficulté qu'elle venait d'exposer au Prince de l'Église :


" ... Cela m'est très pénible et à mes soeurs. Cependant le fait de la Canonisation de notre Thérèse est si grand, si divin, que notre joie surnaturelle n'en souffre pas; je dirais presque même qu'elle en est augmentée. A côté de telles gloires et grâces célestes, ne faut-il pas quelques humiliations, quelques peines, quelques nuages qui nous forces à monter, à voler bien haut loin de la terre ? Oui, nous sentons nos joies plus pures maintenant que la croix les a touchées. "


Le Ciel aussi venait à son secours. Nous trouvons d'elle ce billet, en date du 31 mai 1926 :


" J'étais bien triste hier, après avoir lu la critique du Père Ubald sur le livre de Mgr Laveille. Je me disais : Mais la lutte ne finira donc jamais ? Oh! que c'est dur! J'ai peur de ne plus pouvoir le supporter. Cependant, je me suis endormie d'une façon très paisible.


Dans la nuit, je me suis trouvée éveillée assez longtemps, je pensais à toutes ces peines et à celles qui m'attendaient encore sans doute. Alors, immédiatement, comme si on me l'avait dite à l'oreille, cette parole de Notre-Seigneur à Sainte Marguerite-Marie m'est revenue : " Tu ne manqueras de secours que lorsque mon Coeur manquera de puissance. " C'était comme une parole vivante qui me reste et me fait beaucoup de bien. "


Ainsi fortifiée, elle pouvait, dans le relevé de ses souvenirs, confier à ses soeurs qu'elle avait omis intentionnellement le récit de ces grandes épreuves :


" Si je rappelais en détails toutes ces croix, il faudrait rappeler aussi en détails toutes nos joies, profondes, inexprimables, au moment de la Béatification, de la Canonisation de notre petite Thérèse, en d'autres circonstances encore qui touchent à sa gloire et à son culte;


alors nous verrions -- que, malgré nos épreuves passées, malgré toutes celles que nous pourrons subir encore, nous devrons toujours convenir que la balance du bon Dieu a fortement penché pour nous, non du côté de ses rigueurs, mais du côté de ses douceurs et prédilections ineffable. "

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Message  Arthur Lun 20 Juil 2009, 7:29 am

Son intelligence prompte et avisée, son esprit surnaturel et cette simplicité ravissante qui restait son cachet personnel, frappaient dans les milieux en contact avec elle. Les plus hauts dignitaires de l'Église professaient pour elle une estime mêlée de vénération et de respectueuse affection, au point que certains aimaient à lui donner ce nom de " petite Mère ", devenu en quelque sorte historique, et qui lui faisait plaisir à elle-même.


Un Prélat lui dit un jour :


" Ma Mère, c'est vous qui avez été le guide, la Maîtresse spirituelle de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.


-- Mais non, Monseigneur, s'empressa-t-elle de répondre; ce n'est pas moi, c'est l'Esprit-Saint.


-- Ma Mère, priez pour moi, insista l'illustre visiteur.


-- Oh! oui! reprit notre Mère, de tout mon coeur, mais vous aussi, Monseigneur; demandez que je sois douce et humble de coeur. "


Pour certaines âmes, un entretien avec elle devenait une grâce de lumière pacifiante; ainsi un pasteur protestant, remué par la lecture de l'Histoire d'une Âme et en pèlerinage à Lisieux, ne reçut pourtant le choc décisif qui détermina sa conversion, que dans un bref parloir avec Mère Agnès de Jésus. Dans la suite, ce fut toujours dans les lettres de " sa petite Mère ", qu'il chercha ses plus sûres directives.


Comment ne pas rappeler cette scène émouvante d'un Prélat du Vatican, futur cardinal, admis à faire un pèlerinage à l'intérieur du Monastère. Au moment de partir, sur le seuil de la porte de clôture, comme la Prieure s'agenouillait pour recevoir sa bénédiction, on le vit se mettre lui-même à genoux devant elle, refusant de se relever avoir d'avoir été béni par la "petite Mère " de la Sainte. A la grille du parloir, le même fait se renouvela plusieurs fois.


C'est jusqu'à Rome que Mère Agnès de Jésus était considérée avec cette déférente estime.


Un prêtre français qui la connaissait bien, lui écrivait au retour d'un voyage à la Ville éternelle :


" Vous êtes vraiment, dans ce centre de la catholicité. Vous qui préférez à tout la solitude de votre Carmel, vous êtes vraiment aimée et vénérée au titre de " petite Mère " de Thérèse, réalisant la petitesse, l'enfance spirituelle, avec une originalité puissante et séduisante. "

Arthur

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Message  ROBERT. Mar 21 Juil 2009, 9:17 pm

Arthur a écrit:

La dévotion à la Petite Reine prenait, chaque jour, une expansion prodigieuse; le courrier quotidien en apportait l'écho. Ce n'était pas en vain que Thérèse avait dit à sa " petite Mère " :


" Après ma mort, vous irez du côté de la boîte aux lettres, vous y trouverez des consolations " ; ou encore : " Au Ciel, j'obtiendrai beaucoup de grâces pour ceux qui m'ont fait du bien. Pour vous, ma Mère, tout ne pourra même pas vous servir. Il y en aura beaucoup pour vous réjouir. "


Mère Agnès de Jésus faisait copier soigneusement les bienfaits relatés, et les témoignages les plus marquants de l'influence grandissante de la Servante de Dieu, préparant ainsi une documentation de base très solide, qui devait servir à établir la réputation de sainteté.


Ce serait toutefois une erreur de croire que son horizon se limitait au cercle thérésien, déjà fort large. En 1906, ayant eu connaissance d'un pamphlet blasphématoire : " Ce que Dieu fait et ce qu'il ne fait pas ", son âme aimante frémit d'indignation, et elle composa aussitôt, en réparation, une poésie intitulée : " Que note Dieu est bon, pour ceux qui ont le coeur droit " (Ps.LXXXIII).
On y trouve des vers d'une belle frappe :


Celui qui follement voudra scruter ta gloire,


Reconnaîtra, Seigneur, sa science illusoire,


Car l'homme est écrasé s'il touche à ta grandeur.


Veut-il être éclairé? Qu'il goûte à ta douceur.


Cependant, le pèlerinage à la modeste tombe de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus, au cimetière de la ville, se développait ainsi que la " Pluie de roses " . On fit savoir au Carmel qu'à Rome même on serait favorable à l'étude de la Cause; mais,mal conseillée sur les démarches préalables à faire, Mère Agnès de Jésus se buta à une opposition assez dure de l'évêque de Bayeux. Elle s'inclina et n'en parla plus, attendant l'heure de la Providence.


Celle-ci vint heureusement, le 8 mai 1908, où Mère Marie-Ange de l'Enfant-Jésus, élue Prieure, s'empressa, le jour même, de renouveler près de Mgr Lemonnier la requête précédemment repoussée. Cette fois, sans aucune réticence, le Prélat acquiesça et mit, depuis lors, tout son zèle à constituer, avec les prêtres les plus éminents de son clergé, le Tribunal diocésain chargé d'instruire le Procès Informatif.


Il orienta et approuva le choix du Postulateur et du vice-Postulateur et se fit, à l'occasion, le défenseur de la Cause et du Carmel, contre leurs adversaires. Car, ceux-ci ne manquèrent pas, au point que notre Mère ne craint pas de parler " des persécutions extraordinaires et terribles subies pour la Cause de sa petite Thérèse. "

Salut Arthur: voici ce que j'ai trouvé dans la Bible Glaire, non pas sur le Psaume LXXXIII, mais sur le Ps. LXXII, 1:




Psaume d’Asaph .

QUE DIEU EST BON À ISRAËL, À CEUX QUI ONT LE CŒUR DROIT ! ¹


(Ps. LXXII, 1)


¹Justification de la Providence, qui permet que les justes souffrent et que les méchants prospèrent. – Le sujet de ce Psaume est analogue à celui du Ps. XXXVI. «Prêt à confesser quelques doutes qui s’étaient élevés jadis dans son âme, le [psalmiste]… se croit obligé de les condamner d’avance par un élan d’amour; il s’écrit : Que notre Dieu est bon pour tous les hommes qui ont le cœur droit ! Après ce beau mouvement, il pourra avouer sans peine d’anciennes inquiétudes : J’étais scandalisé et je sentais presque ma foi s’ébranler, lorsque je contemplais la tranquillité des méchants… C’est ce que l’on appelle… des tentations; et il se hâte de nous dire que la vérité ne tarda pas à leur imposer silence.



Mais je l’ai compris enfin, ce mystère, lorsque je suis entré dans le sanctuaire du Seigneur : lorsque j’ai vu la fin qu’il a préparée aux coupables… Ayant ainsi abjuré tous les sophismes de l’esprit, il ne sait plus qu’aimer. Il s’écrie : Que puis-je désirer dans le ciel ! Que puis-je aimer sur la terre, excepté vous seul ! Ma chair et mon sang se consument d’amour.» (De Maistre.)



À Israël Quelques exemplaires des Septante lisent au génitif, d’Israël , mais la plupart portent, conformément à l’hébreu, à Israël.

Référence et notes : Bible Glaire.
ROBERT.
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Message  Arthur Mer 22 Juil 2009, 9:43 am

Merci Robert pour ces précisions qui nous font constater que Mère Agnès et le Psalmiste étaient animés du mëme Esprit.

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Message  Arthur Mer 22 Juil 2009, 9:50 am



Le Pape Pie XI lui multiplia les preuves de sa confiance et de Son Auguste gratitude. Chaque année, Il lui destinait l'un des grands cierges décorés et bénits solennellement par le Pontife suprême à la Chandeleur. Pour la Canonisation, Il lui fit envoyer son portrait à l'huile. A l'occasion des Noces d'Or de Mère Agnès de Jésus, Il traça ces mots sous une aquarelle le représentant près de la statue de Thérèse dans les Jardins du Vatican :


"Absens corpore, presens spiritu " ex toto corde benedicens.

8 mai 1934. Pie XI. PP.


Le Souverain Pontife se tournait, parfois, vers le Carmel de sa chère Sainte, pour recommander très spécialement à ses prières et sacrifices des causes douloureuses à son coeur. De là naquirent certaines initiatives, où la " diplomatie " toute simple et surnaturelle de la Prieure de Lisieux aboutit à d'heureuses conclusions, dont le Saint-Siège lui montrait une grande reconnaissance.


Un Dignitaire de l'Église a dit à ce propos : " Elle fit de la charité, de la grande charité et beaucoup de bien, dans toutes les directions, comme en d'autres temps le firent de grands saints, eux aussi séparés du monde. "


Ses réussites lui attirèrent maintes demandes d'interventions pour des situations embrouillées ou épineuses. Elle eut toujours la prudence de n'agir qu'à bon escient et après s'être abritée sous des conseils autorisés; et elle refusait son concours, si l'avis était défavorable.


Cette sage réserve lui assurait d'autant plus la confiance en haut lieu, si bien que son nom, au Vatican, jouissait du meilleur crédit et l'on ne pouvait avoir plus excellent billet d'introduction pour ouvrir toutes les portes, qu'un mot de recommandation donné par elle.


Sa Sainteté Pie XII lui conserva la même bienveillance, puisqu'Il daigna lui adresser une vingtaine de Lettres autographes, et Il encourageait son zèle si empressé au service de l'Église, faisant " des voeux pour toutes les saintes causes, dont elle et ses filles étaient dévouées promotrices " .


Dès qu'Il voyait un pèlerin de Lisieux, Il s'enquérait aussitôt avec le plus vif intérêt, des nouvelles de Mère Agnès de Jésus.


Est-il besoin de dire que les évêques qui se succédèrent sur le siège de Bayeux, tels, pour ne nommer que les derniers, le Cardinal Suhard et S. Exc. Mgr Picaud, lui témoignèrent une confiance illimitée.


Tant d'hommages de vénération et de louanges n'éblouissaient aucunement la " petite Mère ", qui passait au milieu de ces grandeurs, comme les ignorant, ou avec la candide simplicité d'un enfant, insouciant des égards dont on entoure sa notoriété.


Seulement, se sentant impuissante à répondre à tant d'appels suppliants montant chaque jour vers elle, comme à l'avocate la plus accréditée près de sa " petite Thérèse ", le soir, avant de prendre son repos, elle regardait avec amour la gravure de la Sainte Face, placée devant elle, en formulant cette prière qui, nous l'avons vu, lui était chère : " Acquittez toutes dettes. "


Et elle disait : " J'ai la ferme espérance que cette seule invocation acquitte toutes les dettes que j'ai contractées par mes promesses de prières aux uns et aux autres. "

Arthur

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Message  Arthur Jeu 23 Juil 2009, 8:28 pm


Quelques semaines avant sa mort, comme on lui rappelait toutes les gloires de sa petite Thérèse qui avait rejailli sur elle, spontanément elle répondit : " Oh! je n'en ai jamais eu de vanité ! " C'était tellement vrai!


Au fur et à mesure de l'expansion prise par le pèlerinage, elle limitait ses parloirs aux cas indispensables car c'était un véritable assaut, au Tour, pour entretenir les soeurs survivantes de la Sainte.


Pour Mère Agnès de Jésus, il fut bien lourd le poids de la gloire dont elle fut chargée, ainsi qu'elle l'a chanté :


" ... toute gloire est un fardeau


Excepté la gloire éternelle. "


et c'est en toute patience et détachement qu'elle le porta toujours.


Ce fut, surtout, par la correspondance qu'elle fit tant de bien et sema la confiance. En quelques lignes, elle excellait à dire beaucoup, dans un style spontané, imprégné de surnaturel et d'une délicatesse qui charmait et réconfortait à la fois.


Elle avait une telle facilité épistolaire qu'elle abordait aussi aisément les grands personnages que les petites gens et plaisait à tous. Glanons quelques bribes, en ce courrier dispersé dans toutes les parties de l'univers et dont nous ne possédons que de trop rares vestiges :


" Je puis vous affirmer que ma sainte petite Soeur vous aime, écrit-elle à une correspondante d'élite. Seulement, elle a confiance en vous comme en moi, sa pauvre " petite Mère ", et elle ne se gêne pas " pour faire la petite sourde ! " Ah! pourtant, comme elle entend bien nos moindre soupirs. Laissons-la faire l'indifférente et croyons à son aide de chaque instant; ce sera le moyen de nous attirer plus de grâces cachées. "

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Message  Arthur Lun 27 Juil 2009, 10:05 am

Ou encore :


" Je voudrais répondre à chaque ligne de vos chères lettres, je ne le puis, mais je les fais lire à ma sainte petite Soeur, la chargeant d'y répondre longuement. Elle a tout son temps au Ciel, qu'elle passe d'ailleurs sur la terre. "


Survient la guerre, avec ses angoisses et ses deuils :


" Tout ce qui passe fait regarder au Ciel et détache d'ici-bas. On ne trouve la paix, pendant ces heures de tristesse et toujours, qu'en disant et redisant la prière du Pater : " Que votre règne arrive. " En dehors du règne de Dieu, en effet, tout est vain. Si ce règne divin arrive, c'est le nôtre en même temps; seulement, il sera toujours vrai pour nous, comme il l'a été pour Jésus, que " notre royaume n'est pas de ce monde " .


Elle se penche sur les grandes douleurs :


" Votre coeur maternel a été, il est encore brisé ? Oui, mais par cette couverture, le bon Dieu introduit un baume céleste, se lumières et même ses flammes d'amour. "


A une époque où elle-même souffrait :


" Vos peines de coeur et les nôtres sont bien précieuses, je le sens; elles pressurent nos coeurs, mais c'est pour leur faire exprimer un baume de confiance en Dieu, qui est de l'amour vrai et que nous retrouvons en pures délices au Ciel. "


Les élus du Seigneur étaient pour elle, comme pour Thérèse, la portion choisie de son apostolat. Le respect qu'elle leur portait ne gênait pas sa manière directe de les éclairer et encourager :


À une âme qui lui avouait ses tentations, elle répond :


" Ne vous affligez pas des malices du diable, il ne vous peut rien du tout, malgré la puissance que vous lui reconnaissez. J'aime mieux ignorer la théologie pour pouvoir dire avec Thérèse que je ne le crains pas plus qu'une mouche. Vous ne savez pas ce que je le trouve sot ! "


( C'est toujours à ce qualificatif de mépris qu'elle revient pour le démon. ) Elle ajoute, à son correspondant :


" Mais j'aime mieux ne pas parler de lui. "


Elle trace ce programme à un jeune religieux, qui lui ouvrait son âme :


" Se sanctifier, c'est si simple ! Il n'y a qu'à s'immoler au bon Dieu de moment en moment, ne penser qu'à lui, ne point s'occuper de ce qui ne mous regarde pas, par conséquent, et aussitôt, le Ciel descend dans l'âme parce que le vide qui s'est produit a tenté la plénitude de Dieu. "

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Message  Arthur Mar 28 Juil 2009, 9:23 am

L'un des mérites encore de sa correspondance était une surprenante ponctualité; elle n'admettait guère de faire attendre ses réponses.


L'une de ses filles devait-elle faire un séjour en clinique, elle trouvait le temps de lui écrire, tous les jours, un mot maternel,où passait toute sa tendresse compatissante et une foule de petits détails qui faisaient vivre l'exilée dans son cloître; voici quelques-uns de ces billets :


" Je prends de vos nouvelles chaque jour, avec avidité au Tour, et puis, je cours à Soeur marie du Sacré-Coeur et à Soeur Geneviève qui m'écoutent avec quelle attention et affection ! Si vous voyiez cela. Et puis, je recommence avec la Communauté.


" Et voici l'Avent ! Et bientôt, ce sera Noël, et, un peu après le Ciel ! car notre vie est si courte, même quand on la prolonge par une opération !


" Oh ! quelles belles opérations de grâces le bon Dieu fait sur votre âme, ma petite fille. Remerciez-le et priez-le de continuer. "


Ailleurs, elle félicite son enfant de l'édification qu'elle a donnée à la clinique et ajoute, avec une finesse toute familière :


" Je vous en sais gré pour le bon renom du Monastère. À présent, la petite Thérèse va décrocher votre auréole et vous la remettra le jour de la vie éternelle, quand vous l'aurez vraiment gagnée par l'humilité, la douceur, toutes les vertus pratiquées dans l'ombre... Et même si vous avez " chuté " plusieurs fois, ça ne fera rien, au contraire. Et plus vous aurez " chuté " humblement, plus les perles de la couronne brilleront. "

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Message  Arthur Mer 29 Juil 2009, 9:09 am



VI UNE ÂME DE CHARITÉ



La vie prodigieusement active de Mère Agnès de Jésus laisse apparaître à chaque page l'âme intérieure, qui en fait le charme et la fécondité. Il convient de s'arrêter quelque peu à ce ressort caché, à cette charité brûlante qui explique tout le reste.


La Prieure de Lisieux ne connaissait pas les demi-mesures dans le don d'elle-même. Son amour ne voulait pas de limites et laissait transpirer, parfois, une sainte véhémence. Un jour, où elle venait d'apprendre quelque fait attristant contre la religion, on la vit, frémissante, répéter avec indignation et douleur : " Oh ! le bon Dieu n'est pas aimé, non il n'est pas aimé ! "


Au terme de son existence, elle disait :


" Je voudrais aimer le bon Dieu comme il s'aime ! "


Elle pouvait donc entraîner les autres à pleines voiles dans cette voie de l'amour généreux, comme elle le fit d'abord pour Thérèse et ses soeurs.


" Nos dispositions changent bien souvent, mais que notre amour ne change pas et que l'aiguille de notre boussole soit invariablement tournée vers le midi de l'amour divin. Que notre âme soit triste ou gaie, agitée ou calme, peu importe si nous tournons nos regards vers le Ciel, si nous avons confiance toujours, si toutes les choses de la terre nous paraissent méprisables. "


Ou bien :


" Ah ! que sont tous nos sentiments et nos belles pensées ? Rien, absolument rien... tenons-nous seulement dans la paix " les yeux fixés sur la Montagne d'où viendra le secours " . Regarder Jésus et l'aimer, voilà tout. C'est le Ciel de la terre, avant d'être le Ciel des Cieux. "

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Message  Arthur Sam 01 Aoû 2009, 8:22 am


Pour elle, son grand esprit de foi maintenait toujours sa boussole orientée vers ce pôle. Revoyons-la pendant les années de la maladie de son père, consolant sa chère Céline :


" Je trouve le bon Dieu admirable envers nous... Ses voies nous sont cachées, mais sa bonté pénètre tous les voiles.


" Il y a, dans notre vie, de grands orages et qui durent longtemps ! Mais, les éclairs, au lieu de consumer, rafraîchissent nos âmes. Bienheureux éclairs qui nous montrent le néant de tout ce qui finit.


" O ma Céline, devenons des saintes, ce n'est pas si difficile, rien ne pèse à l'amour. "


Après la mort de ce père tant aimé, elle revient vers celle qui avait été l'ange de sa vieillesse éprouvée :


" Oui, Papa est au Ciel ! quelle parole, quel réveil pour ce pauvre petit Père, et quelle consolation pour nous !


" Nous sommes comme lui, nous sommes bienheureuses, et c'est la réalisation de ces belles paroles de l'Écriture sainte : " Le juste qui marche dans la simplicité laissera après lui des enfants bienheureux ! " À présent, nous pleurons, parce que nous n'avons pas autre chose que ses larmes pour exprimer la douleur et la joie, mais le bon Dieu voit bien que les sentiments de nos coeurs se traduisent plutôt en un chant d'allégresse qu'en gémissement de deuil.


Et ce chant lui plaît, ce chant le glorifie, cette mélodie augmente les joies célestes de notre Père chéri. Il nous regarde d'en-haut, et le Seigneur lui dit sans doute la même parole que l'Ange Raphaël au vieux Tobie : " Pour toi, tu te réjouiras en tes enfants, parce que tous seront bénis et qu'ils seront un jour, comme toi, réunis au Seigneur. "


" Céline, remercie bien le bon Dieu du don de la foi qu'il a mis en nous dans une si large mesure. Nous regardons un cercueil et nous voyons un trône de gloire. Nous sommes en présence de la mort et c'est la vie éternelle qui nous environne de toutes parts.

" Adieu, ma Chérie, je suis seule à t'écrire, mais tu comprends nos coeurs, si unis au tien en ces moments douloureux. Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus me disait ce matin : " Non, je ne pourrais écrire à Céline ! " Et son regard éthéré et profond faisait assez voir que les sentiments de son âme, trop élevés, ne pouvaient pas, en effet, se traduire. Céline, ah! comprends-nous ! "

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Message  Arthur Lun 03 Aoû 2009, 9:19 am

On parlait d'une jeune religieuse, à la vocation de laquelle Soeur Marie du Sacré-Coeur s'était intéressée, et contrainte de quitter son couvent pour raison de santé.


" Comment se fait-il, disait-on, que du haut du Ciel " Marraine " semble abandonner sa petite protégée ?


-- Ce sont là des mystère de là-haut, repartit notre Mère. Moi, ça ne me scandalise pas. "


Elle ne s'étonnait pas davantage d'être privée de la présence invisible de sa chère aînée, après sa mort. Comme on lui manifestait quelque surprise, elle expliquait :


" Je ne le désire pas du tout. Pourquoi ferait-elle plus que la petite Thérèse ? Serait-elle plus puissante ? C'est comme cela que ce doit être. Pourquoi désirer autre chose ? Je sais qu'elle est heureuse, cela me suffit. "


Elle voulait, pour se filles, les mêmes dispositions.


" Sentez-vous la " petite Thérèse " près de vous ? " questionnait-elle.


L'interrogée répondit qu'elle était sûre de son assistance, mais ne la goûtait pas sensiblement.


" Si vous m'aviez dit le contraire, j'aurais dit que " c'était pas du vrai " . Moi, non plus je ne la sens pas. Comme c'est mystérieux le Ciel. "


La conversation roula alors sur ceux qui ont quittés et qui nous paraissent avoir changé d'attitude à notre égard. La Soeur lui citait l'exemple de M. Martin, qui aimait tant sa Marie et qui ne semblait pas avoir soulagé sa détresse, pendant les onze années où elle fut immobilisée dans un fauteuil.


" Comme c'est vrai, reprit Mère Agnès de Jésus, mais il nous a épargné un grand mal : le péché... "


En ses dernières années, elle était lasse, un soir, et on lui fit cette remarque :


" Il faut vraiment que le bon Dieu vous aide, ma Mère, pour que vous arriviez à faire tant de choses dans la journée ?


-- Oh ! oui, il m'aide, je le sens; j'en suis touchée
. Parfois, c'est comme si je le voyais. "


Une Soeur se prit à dire alors, un peu malicieusement :


" Notre Mère a des extases, à présent ! "


Elle reprit doucement :


" Non,c'est dans la foi pure, mais tout de même comme si je le voyais. "


On lui rapportait d'odieuses calomnies contre le Pape et l'on ajoutait :


" Comment peut-on dire des choses pareilles d'un saint comme lui, si doux, si bon ?


-- Et Jésus, interrompit-elle, n'a-t-il pas été calomnié lui aussi, puisqu'on disait qu'il était possédé du démon. "


On se lamentait, sous la menace d'une grave opération pour une religieuse; elle arrêta aussitôt les plaintes :


" Il ne faut pas faire de procès au bon Dieu; tout ce qu'il permet cache des grâces. "


Ou encore :


" Il ne faut jamais faire grise-mine au bon Dieu. "


Au lendemain de la guerre, en période de pleines perturbations, elle s'écria :


" Dans quelle mêlée la pauvre France s'est jetée ! "


On objecta : " Mais pourquoi le bon Dieu, au lieu de montrer sa justice en châtiant les hommes, ne fait-il pas " déborder sa miséricorde ", comme dit saint Paul ?


-- Le bon Dieu s'y prend très bien, allez ! répliqua-t-elle. Il va jusqu'au fond des coeurs et il s'y passe des merveilles, sous ses apparentes rigueurs, croyez-le bien. "


On s'entretenait des oppositions qui avaient surgi, au début, contre le projet de la Basilique. Mère Agnès de Jésus conclut :


" Ce sera comme cela pour toutes nos peines. Le bon Dieu arrange merveilleusement toutes choses. Il voulait la Basilique là-haut, et quel site incomparable ! Il dispose toujours tout pour notre plus grand bonheur. "

Arthur

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Message  Arthur Mar 04 Aoû 2009, 9:13 am



Dans ses exercices de piété, c'est le même esprit de foi qui l'anime. " À quoi pensez-vous pendant la Messe, lui demande-t-on ?



-- Pas à grand'chose. Je suis loin de la terre, près du bon Dieu, dans la paix; je m'unis au saint Sacrifice dans la simplicité. De même pour la Communion; je pense que c'est un mystère de foi. "


Elle s'y préparait, à la fin de sa vie, par cette invocation, familière à sainte Marguerite-Marie : " Mon Dieu, mon unique et mon Tout, vous êtes tout pour moi et je suis toute pour vous. "


Quelquefois, durant l'action de grâces après la sainte Communion, bergère vigilante, elle pensait à son petit troupeau et se demandait : " Que se passe-t-il dans toutes ces âmes ? " Et elle terminait par cette prière : " Mon Jésus, mettez dans nos coeurs des sentiments qui vous plaisent. "


Elle vivait, en constante union avec Dieu, sans aucune tension extérieure ni intérieure. Une de ses filles lui confiait :


" On dirait, parfois, que vous avez vécu avec Notre-Seigneur, tellement l'Évangile est vivant et lumineux pour vous ? " Et elle de répondre :


" Mais, je vis avec lui tous les jours, c'est bien vrai ! "


" Souvent, avouait-elle, je dis : " O mon Dieu, retirez-moi de cet exil... " Ce n'est pas pour ne plus souffrir, mais j'ai soif du bon Dieu. "


Cette fusion de son être avec le divin la dégageait de l'humain et elle pouvait dire sans crainte :


" Mon coeur est tout au bon Dieu, alors, vous pouvez bien m'aimer. "


Sous une forme originale, elle invitait, un jour, à l'intimité constante avec le Bien-aimé :


" Il y a un tout petit coquillage qui nous a donné, dernièrement, la leçon du recueillement intérieur.


" En l'ouvrant avec difficulté, car il résistait beaucoup, je me disais : C'est un petit coquillage bien vigoureux; on ne dirait pas qu'il est si loin de la mer.


Il me donne la grande leçon de me remplir assez de l'eau du recueillement, pour résister aussi fortement que lui dans les occupations et divers événements de la journée, à tout ce qui pourrait me faire perdre cette goutte d'eau suffisante à mon union au bon Dieu, en attendant de m'ouvrir avec bonheur aux nouvelles vagues de grâces qui m'attendent aux heures de prières. "

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Mère Agnès de Jésus - Page 3 Empty Re: Mère Agnès de Jésus

Message  Arthur Mer 05 Aoû 2009, 9:30 am

Elle livrait en ces termes sa manière de faire oraison :


" Pour moi, malgré les distractions et les sécheresses, on n'est jamais dans le vague à l'oraison et on y a toujours conscience que le bon Dieu y embellit notre âme, si on a pris pour méthode et pour prélude de pratiquer, en dehors des heures d'oraison, les vertus religieuses, particulièrement l'humilité, la charité fraternelle et la régularité.


Oui,mes chères Soeurs, si nous avons cette robe nuptiale, nous serons bien accueillies du Maître de la maison, à l'heure de son festin d'amour. Et d'ailleurs, cette heure-là peut s'entendre de toute notre vie, car nous ne sommes pas entrées au Carmel pour faire seulement deux heures d'oraison par jour, nous y sommes entrées pour trouver, loin du monde, une solitude qui nous facilite l'oraison perpétuelle.


" ... Être fidèle aux lumières de Jésus, qu'il nous communique quand il veut, voilà la véritable oraison, l'oraison perpétuelle et indispensable. L'autre est comme de surcroît; c'est un repos près du bon Dieu, mais aussi une pratique de régularité. A ces heures-là, nous allons où Jésus est pour nous; il ne serait pas ailleurs, parce que lui aussi se soumet à la Règle, mais il reste bien libre de nous faire plus de grâces, à tout autre moment.


" Voilà ce que je comprends de l'oraison et qui, au lieu de me paraître très difficile, me semble aussi facile que de respirer en plein air. Cela, c'est " le pain de chez nous ", c'est notre grâce particulière, et j'ose penser que c'était aussi la grâce particulière de la sainte Famille à Nazareth, et de Jésus dans sa vie publique. " Mon Père ne me laisse jamais seul, disait-il, parce que je fais toujours ce qui lui plaît. "


Oh ! quel parfait modèle de l'oraison dont je parle. Essayons donc, nous aussi, de plaire toujours à notre Père des Cieux, afin de jouir toujours de sa présence ineffable. "


Elle était elle-même des plus fidèles à se tenir présente aux heures régulières de l'oraison en commun. Plus qu'octogénaire, elle se faisait une joie d'arriver la première au Choeur, le matin, pour réciter le Veni sancte Spiritus, et malgré son labeur épuisant, elle savait se libérer pour l'oraison du soir.


Elle veillait à ce que ses filles en aient le même souci. L'une d'elles sollicitait la permission de copier, sur cette heure, les textes qui lui étaient très bienfaisants à l'âme :


" Non, je ne vous le permets pas, répondit-elle fermement, il vaut mieux restes à faire le " momie " devant le bon Dieu à l'oraison que de copier de belles pensées. Ce n'est pas ainsi que l'entendait Mère sainte Thérèse, quand elle nous l'a imposée. "


Elle n'y cherchait point de douceur spirituelle pour elle-même. On l'interrogeait à ce propos : " Êtes-vous consolée, ma Mère, pendant l'oraison ?


-- Pas toujours, mais je suis à mon devoir, voilà ! Je ne prends pas d'autre livre que l'Évangile. Il y a des scènes que je crois avoir vues et vécues, tellement je les ai méditées. Quelquefois, je récite le Credo, enfin, je suis très heureuse, près du bon Dieu. "


Dans les heures pénibles, elle y puisait aussi réconfort et paix.


" Avez-vous eu peur de constater que nous ne sommes en sécurité nulle part ? lui demanda-t-on, après un bombardement.


-- Non, pas du tout, répliqua-t-elle.Pourquoi craindrions-nous ? ne sommes-nous pas dans le Coeur du bon Dieu ? Cependant, j'ai été angoissée ce soir, en pensant à la guerre, car je crois que nous n'avons pas tout vu.


Mais, pendant l'oraison, j'ai distrait ma pensée de toutes ces tristesses en récitant lentement et en méditant le Pater. Souvent, je nourris ainsi mes oraisons; tantôt, c'est le Credo, tantôt, c'est le Salve Regina. Si vous saviez comme cela m'apaise l'âme !

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Message  Arthur Jeu 06 Aoû 2009, 10:23 am


La méditation assidue de l'Évangile lui révélait lumineusement les trésors infinis de l'amour paternel et miséricordieux. Elle s'en épanchait spontanément, dans une lettre au cardinal Vico :


" C'est mercredi matin que je sors de retraite. Je n'ai guère de consolations spirituelles, mais il est vrai que je n'en désire pas. Le temps de cette vie, c'est pour le combat et la souffrance; il viendra un autre temps, où nous nous reposerons dans les délices. Ce matin, pourtant, j'ai éprouvé un véritable sentiment d'amour pour le bon Dieu.


C'est en entendant l'histoire de la chaste Suzanne, puis l'Évangile de la femme adultère. Je me suis dit : " Oh ! quelle bonté de Dieu ! Il ne peut faire autrement que de venir au secours de l'innocence calomniée, mais ce n'est pas tout, le voilà qui vient de même au secours d'une pécheresse justement opprimée !


Alors, de quelque côté qu'on vous regarde, ô mon Dieu, ce n'est donc qu'amour et miséricorde; comment n'aurions-nous pas toute confiance en vous ? Je suis encore émue de cette impression en écrivant ces lignes. "


C'est toujours cette condescendante miséricorde qu'elle soulignait, un Vendredi-Saint, dans cette exhortation :


" J'ai ouvert le saint Évangile, et je suis tombée sur ces paroles : " Ils étaient en route, montant à Jérusalem, et Jésus marchait devant eux, et ses disciples étonnés le suivait en tremblant.


" N'est-ce point quelquefois notre cas de suivre Jésus en tremblant, quand nous savons qu'il nous conduit au Calvaire ? Mais, rassurons-nous, ce tremblement ne l'offense pas; ce qui l'offenserait, ce serait notre refus de le suivre.


" Et d'ailleurs, si les disciples tremblaient, c'était -- à l'exception de Judas -- autant par amour que par crainte. Ils aimaient leur Maître et tremblaient de le savoir en danger. Si, quelques jours après, tous l'abandonnèrent, excepté saint Jean, qui revint au pied de la Croix, il semble presque que, dans sa bonté infinie, c'était sur son conseil qu'ils avaient fui.


Ne lisons-nous pas dans le récit de la Passion, cette parole de Notre-Seigneur à ses ennemis, au Jardin de l'Agonie : " Si c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci... " Enfin, il savait bien qu'au fond de leur coeur restait pour lui un attachement invincible. Il les excusait et les aimait toujours.


" Quels reproches a-t-il faits à saint Pierre, après son péché ? Un simple regard qui provoque ses regrets et ses larmes d'amour ! Plus tard, comme réparation de son triple reniement, il lui demande seulement, par trois fois, s'il l'aimait. Aux Apôtres, il dit : " La paix soit avec vous ! "


" O mes chères Soeurs, demandons à Jésus, non pas de ne point trembler devant la souffrance, devant certains événements -- car cette humiliation nous est peut-être utile -- mais de toujours le suivre pas à pas; et si notre faiblesse est si grande que , pour un moment, nous fuyons, qu'il fasse que notre coeur lui reste uni, que la prière confiante demeure sur nos lèvres, et que nous revenions à lui sans tarder.


Ne doutons jamais de son amour et de sa miséricorde. C'est cela qui blesserait son Coeur, disait notre sainte petite Thérèse.


" Je crois que saint Thomas tout seul a fait une vraie peine à Notre-Seigneur en doutant de sa Résurrection. Aussi, lui seul a-t-il reçu un vrai reproche, et encore, comme on y sent l'affection du bon Maître. "

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