Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
NEUVIEME DEGRÉ. Considération des anges.
6º (suite) Une autre fonction des anges, est de présenter à Dieu les prières des mortels, et de les recommander par leurs suffrages. Raphaël dit à Tobie (XII.): Lorsque vous priiez avec larmes, que vous ensevelissiez les morts, et que vous quittiez votre dîner pour cette bonne œuvre, j'offrais votre prière au Seigneur. St. Jean (Apoc. VIII.) vit un ange debout devant l'autel avec un encensoir d'or, et on lui donna une grande quantité de parfums, afin qu'il offrit les prières de tous les saints sur l'autel d'or qui est devant le trône de Dieu. C'est ici qu'on peut se faire une idée de l'inconcevable miséricorde de Dieu; car il ne s'est pas contenté de nous exhorter à prier et à demander, d'abord par les prophètes, et ensuite par son Fils et ses apôtres; mais il a encore promis de nous donner tout ce que nous lui demanderions: Petite et dabitur vobis( Luc. XI.): Si vous demandez en mon nom quelque chose à mon Père, il vous l'accordera ( Joan.XIV.). Et non content de cette marque de sa bonté, il a promis une récompense a ceux qui prieront: Pour vous, dit-il, lorsque vous prierez, entrez dans votre chambre, et après en avoir fermé la porte, priez votre Père en secret, et votre Père qui voit ce qui se passe dans le secret, vous en rendra toute la récompense devant tout le monde (Matth. VI. 6.). Jésus-Christ s'exprime de même en parlant du jeûne et de l'aumône. Mais peu content encore de cette bonté paternelle, Dieu a établi des anges, comme ses ministres intimes, pour tenir compte des prières des pauvres, les lui présenter, lui exposer leurs besoins, afin qu'aucune de leurs demandes ne soit mise en oubli.
Quel est le prince de la terre qui ait jamais promis une récompense à ceux qui viendront lui demander quelque grâce, ou le prier de leur rendre justice ? Et cependant ceux qui viennent auprès des princes de la terre sont des hommes de même nature que le prince, formés du même limon, et sujets du même souverain prince, qui est Dieu. Mais si c'est une chose onéreuse de donner une récompense à ceux qui viennent demander quelque chose, il ne devrait pas être onéreux de les admettre sans peine, et d'établir un ministre fidèle, qui enregistrât les requêtes des sujets, les conservât avec soin, les présentât, et sollicitât une prompte expédition des affaires.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
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6º (suite) Une troisième fonction des anges est de porter sur la terre les ordres de Dieu, surtout en ce qui concerne la rédemption et le salut éternel: Tous les anges ne sont-ils pas, dit St. Paul ( Hébreux, I, 14.), des esprits qui tiennent lieu de serviteurs et, de ministres, étant envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent être les héritiers du salut ? C'est parce que nous voyons, dans l'ancien Testament, les anges apparaître de fois à autre aux patriarches et aux prophètes, et leur faire connaître les volontés de Dieu: c'est ainsi encore que, dans le nouveau Testament, l'archange Gabriel fut envoyé à Zacharie et à la sainte Vierge (Luc II.).
Nous voyons ensuite que des anges furent députés aux bergers, à saint Joseph, et, après la Résurrection, aux saintes femmes qui regardaient dans le sépulcre, et, après l’Ascension, à tous les disciples (Matthieu I. 2, 28. Joan. XX et. XI.). Dieu qui est partout, et qui peut facilement parler au coeur de l'homme, a voulu cependant envoyer ses anges pour faire comprendre aux hommes qu'il n'oubliait pas leurs besoins, et qu'il gouverne et dirige toutes choses. Les hommes pourraient encore se persuader aisément que les inspirations divines ne sont autre chose que leurs propres raisonnements ou leurs inventions ; mais voyant ou apprenant que Dieu envoie des anges, et que la prédiction des esprits célestes s'accomplissait, ils n'ont pu douter de la providence de Dieu, surtout dans ce qui concerne le salut éternel des élus.
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6º (suite) Une quatrième fonction des anges est de protéger les hommes, tant en particulier qu'en général. Il a plu à la bonté de notre Père céleste de recommander à ses plus puissants serviteurs les besoins des mortels, et de remplir à leur égard les devoirs de pédagogues, d'auteurs, de patrons, de pasteurs, de médecins, de défenseurs et de protecteurs, pour les instruire comme des enfants, les protéger comme des orphelins, les recommander comme leurs clients, les garder comme des brebis, les guérir comme des malades, les défendre comme des pupilles, et les protéger lorsque, ne pouvant se défendre eux-mêmes, ils ont besoin de se placer sous les ailes de plus puissants qu'eux. Pour la protection particulière des anges, David nous l'enseigne: il a commandé à ses anges de vous garder dans vos voies (Ps. XC., 11.).
Jésus-Christ, témoin irrécusable, nous dit encore dans St. Matthieu (XVIII. 10): Prenez bien garde de ne mépriser aucun de ces petits (les enfants), et de leur être une occasion de péché; car je vous déclare que, dans le ciel, leurs anges voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux.
Quant à la protection que les anges donnent aux provinces et aux royaumes, nous avons Daniel qui parle de l'ange protecteur du royaume de Perse: il appelle roi, celui qui protégeait le royaume de la Grèce, et nomme Michel comme le protecteur des enfants d'Israël (Daniel X). Enfin saint Jean, dans son Apocalypse, fait mention des anges *, protecteurs des Églises d’Éphèse, de Smyrne et de plusieurs autres (Apoc. II et III). C'est pourquoi dans chaque royaume il y a deux rois: l'un visible, qui est un homme; et l'autre invisible, qui est un ange. Et dans chaque Église il y a deux évêques: un visible, c'est un homme; et l'autre invisible, c'est un ange; enfin dans toute l'Église catholique il y a deux souverains pontifes, vicaires de Jésus-Christ: l'un visible, c'est le pape; l'autre invisible, c'est un ange, que nous croyons être l'archange Saint Michel; car l'Église chrétienne, imitant en cela la synagogue, le révère comme son patron.
(*) C'est le sentiment de l'auteur.
Voyez-vous, ô mon âme, le soin que prend de nous, qui sommes ses serviteurs, mais des serviteurs inutiles, la Majesté suprême ? Qu'a-t-elle pu faire, et qu'elle n'ait pas fait, pour nous témoigner son amour ? Elle nous a comblés de bienfaits, pour nous engager à lui rester fidèles; elle nous a entourés de gardes pour nous empêcher de nous enfuir; elle a placé de toutes parts des protecteurs, de peur que nous fussions enlevés par nos ennemis que ferait-elle de plus si nous étions son trésor, comme elle est véritablement le nôtre ? Rendez-vous donc, ô mon âme, rendez-vous enfin à tant d'amour; et parce que votre amour pour Dieu ne saurait approcher de celui que Dieu a pour vous, livrez-vous à lui tout entière, sans aucune réserve; consacrez-vous à son service, jurez de faire toujours sa volonté adorable. Ne vous laissez plus détourner par les choses visibles, mais pensez aux biens invisibles, soupirez après leur possession, parce que, selon la doctrine de saint Paul (II. Cor. IV. 18.), les choses visibles sont temporelles et passent avec le temps; mais les invisibles sont éternelles et ne finissent jamais.
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NEUVIEME DEGRÉ. Considération des anges.
6º (suite) Enfin une dernière fonction des anges est d'être une milice armée dont Dieu se sert pour se venger des nations, et pour châtier les peuples (Ps. CXL. 7.). Ce furent les anges qui brûlèrent avec le feu et le soufre les villes infâmes (Genèse, XIX.); qui tuèrent tous les premiers nés des Égyptiens (Exode. XII.); qui firent périr plusieurs mille Assyriens (IV. Reg. XIX.). Ce sont les anges, au dernier jour, qui sépareront les méchants du milieu des justes, et qui les précipiteront dans un brasier de feu (Matthieu. XIII.).
Que les âmes pieuses aiment donc les anges, qui sont leurs concitoyens; que les méchants redoutent leur puissance, puisqu'ils sont les ministres de la colère du Tout-Puissant, des mains duquel personne ne pourra les délivrer.
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DIXIÈME DEGRÉ. Considération de l'essence de Dieu, par la comparaison de ses grandeurs corporelles.
1. Nous nous sommes élevés vers Dieu, tant qu'il nous a été possible, par la considération des substances créées. Cependant nous ne sommes pas parvenus à cette connaissance de Dieu qu'on peut acquérir par la spéculation, même dans cette vallée de larmes. Il nous reste donc à examiner si par les dimensions de la quantité corporelle, que nous connaissons, nous pourrons monter à cette largeur, longueur, hauteur et profondeur de l'essence invisible de Dieu dont parle St. Paul (Ephés. III.).
Car parmi les créatures on appelle grand, tout ce qui a ces quatre dimensions; or, dans les Psaumes (XLVII.) et dans plusieurs autres endroits de l'Écriture, Dieu est appelé grand, et il y est dit que sa grandeur est sans fin. Saint Bernard, exercé à la contemplation, se fait de ces dimensions des degrés pour connaître Dieu (voyez son traité de la Considération adressé au pape Eugène.). Il n'a pas été le premier inventeur de ces sortes d'échelles; la découverte en est due à Saint Paul qui fut ravi jusqu'au troisième ciel et dans le paradis. Nous venons de citer ses paroles. Car dès que l'on fait une sérieuse attention, on voit que, hors de Dieu, il n'y a rien de plein, ni de solide; que tout y est resserré, borné, bas, et vain ou superficiel. Mais en Dieu se trouve la vraie largeur dans son immensité; la vraie longueur dans son éternité; la vraie hauteur, dans la sublimité de sa nature; la vraie profondeur, et une profondeur sans fond, dans son incompréhensibilité: et encore on peut dire que sa toute-puissance désigne sa véritable hauteur; son infinie sagesse, sa vraie profondeur; ses entrailles pleines de miséricorde, sa juste largeur; la manifestation de son jugement et sa justice parfaite, sa parfaite longueur.
Mais il ne suffit pas, à celui qui veut s'élever et trouver ce qu'il cherche, de traiter légèrement ce sujet; il faut, vous dit saint Paul, que vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur, en un mot, l'immensité du mystère de la bonté de Dieu pour les hommes. Celui-là le comprend véritablement, qui, après y avoir sérieusement réfléchi, est persuadé de la vérité de la chose, de sorte qu'il s'empresse de vendre tout ce qu'il possède, pour acquérir ce trésor qu'il vient de découvrir; c'est pourquoi saint Paul ajoute: Avec tous les saints. Car il n'y a que les saints qui le comprennent bien, ou plutôt personne ne le comprend bien, qu'il ne devienne saint aussitôt qu'il l'a compris.
Saint Augustin, il est vrai, dit que saint Paul, dans le passage cité, a voulu parler des dimensions de la croix sur laquelle Jésus-Christ fut attaché. La barre transversale, dit-il, sur laquelle étaient clouées les mains de Jésus, désignait la largeur; la barre perpendiculaire, où pendait son corps adorable, marquait sa longueur; la pièce de bois, qui portait l'inscription, indiquait sa sublimité, ou sa hauteur; la profondeur infinie était signifiée par la partie du bois qui était enfermée dans la terre. Mais cette interprétation, loin de nous contrarier, nous servira beaucoup: car la croix de Jésus-Christ est la voie qui nous conduit à la vraie largeur, longueur, hauteur et profondeur. En effet, quoique la croix de Jésus-Christ paraisse aux yeux des hommes resserrée, bornée, basse et peu profonde, c'est cependant cette croix qui étend ses bras depuis l'orient jusqu'à l'occident, depuis l'aquilon jusqu'au midi; c'est-à-dire qu'elle a étendu sa gloire partout, par la prédication des apôtres; que son sommet s'est élevé jusqu'au ciel, qu'elle a ouvert aux élus, et qu'elle a pénétré jusqu'au fond des enfers, pour les fermer pour toujours à ces mêmes élus.
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2º Parlons d'abord de l'essence divine, nous parlerons ensuite de ses attributs. On peut dire que sous plusieurs rapports l'essence de Dieu est infiniment étendue. Elle est d'abord très étendue en elle-même, et absolument immense: en effet elle contient les perfections de toutes les créatures existantes et possibles; car tout ce qui a été fait, tout ce qui se fera ou pourrait se faire, est éminemment renfermé en Dieu. C'est pourquoi les choses créées ne sont bonnes qu'avec addition: on dit un homme bon, une maison bonne, un habit bon, et ainsi des autres créatures; mais s'agit-il de Dieu, il est tout bon.
Moïse priant Dieu de lui montrer sa gloire, Dieu lui répondit: Je vous ferai voir toutes sortes de biens: Ego ostendam omne bonum tibi (Exode XXXIII ). Si quelqu'un possédait une chose qui renfermât tout ce qui peut flatter les sens dans la plus grande perfection, en sorte qu'il n'eût jamais besoin de sortir de sa maison pour voir, entendre, flairer, goûter, ou toucher les objets, ayant, sans sortir de chez lui, autant de satisfaction qu'en puisse désirer le plus voluptueux, cette chose ne serait-elle pas très précieuse et si cette chose procurait autant de richesses de toute espèce, qu'en puisse souhaiter le plus avare, en sorte qu'il ne voulût pas sortir de sa maison pour en acquérir davantage, cette chose ne serait elle pas très précieuse et très chère ? Et encore si cette chose pouvait procurer tous les honneurs désirables, même aux plus ambitieux, ne serait-elle pas au-dessus de tout prix ? Et si cette chose pouvait remplir, non seulement tous les désirs de l'homme, mais encore ceux des anges, d'autant plus grands que leurs connaissances sont plus étendues que celles de l'homme, que diriez-vous ? et cependant la bonté de cette chose serait encore inférieure à la bonté de Dieu, qui est si grande qu'elle rassasie et remplit le désir infini de Dieu, ou plutôt son infinie capacité.
O admirable largeur des perfections de l'essence divine, qui embrasse une immensité de biens capable de suffire à une capacité infinie qui est Dieu ! Car Dieu ne sort jamais hors de lui-même, possédant tous les biens au dedans de lui: et avant que le monde fût, il était aussi riche et aussi heureux qu'après qu'il l'eût créé, parce qu'il n'a rien produit hors de lui qu'il ne possédât en lui d'une manière plus éminente. Comprenez-vous , ô mon âme, de quel bien vous jouirez dans la céleste patrie, si vous aimez Dieu pendant le voyage qui y conduit; et de quel bien vous vous priverez, si vous vous conduisez mal ? Car Dieu se donnera lui-même à ceux qui l'aiment, et dira au serviteur bon et fidèle: Entrez dans la joie de votre Seigneur : Intra in gaudium Domini tui.
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3º On peut dire encore que Dieu est immense sous un autre rapport; car il remplit absolument tout ce qui existe parmi les êtres créés: Cælum et terram ego impleo, dicit Dominus (Jérémie. XXIII.). Et s'il y avait plusieurs mondes, il les remplirait tous: Si je monte au ciel, dit le Prophète, je vous y trouve ; si je descends aux enfers, vous y êtes encore (Ps. CXXXVIII.). J'ajoute aussi que si j'allais au-dessus du ciel, ou au-dessous dit ciel, ou au-delà du ciel, je ne serais pas seul, parce que vous y seriez; car je ne puis être sans que je ne sois en vous, sans que vous ne me portiez, vous qui soutenez tout par la puissance de votre parole (Hébreux. I. 3.).
Dieu ne remplit pas seulement tous les corps par son immensité, mais encore les esprits, les cœurs et les âmes. Car pourrait-il scruter les cœurs, s'il ne les habitait pas ? Pourrait-il entendre les peines du coeur, s'il n'avait pour ainsi dire ses oreilles dans notre cœur ? Et comment le Prophète aurait-il pu dire: J'écouterai ce que me dira le Seigneur intérieurement (Ps. LXXXIV. ), si Dieu ne parlait point aux oreilles de notre cœur ? Heureuse l'âme qui aime Dieu, parce qu'elle a toujours son bien-aimé avec elle, parce qu'elle le porte dans son sein, et qu'elle est elle-même toujours abritée dans le sein de son bien-aimé ! Qui enim manet in caritate, in Deo manet, et Deus in eo ( I Joan. IV.).
Non seulement tout est rempli de la présence de Dieu, mais encore de sa gloire, comme le chantent les Séraphins: Plena est omnis terra gloria ejus ( Isa. VI.) ; et David! ajoute: Seigneur, qui êtes notre souverain; Seigneur, que votre nom est admirable dans toute la terre! votre gloire et votre puissance sont incomparables; car votre magnificence est élevée au-dessus des cieux (Ps. VIII.). C'est comme s'il disait: Non seulement votre nom, votre réputation et votre gloire, remplissent la terre d'admiration, mais cette gloire s'élève jusqu'aux cieux et même au-dessus des cieux. Enfin l'Ecclésiastique ajoute que la gloire du Seigneur éclate dans toutes ses œuvres (Eccli. XLII. 16.), car il n'y a aucune créature dans le ciel ni sur la terre qui ne loue assidûment Dieu. C'est pourquoi David, dans les Psaumes (CXLIII.), et les trois enfants dont parle Daniel (III.), invitent toutes les créatures à bénir le Créateur et à le célébrer par leurs louanges. Ils savaient bien que toutes les créatures n'étaient pas capables d'entendre leurs invitations; mais sachant que tous les ouvrages de Dieu sont bons, et que par là même ils louaient le suprême ouvrier chacun en sa manière, ils les en félicitaient, et les exhortaient à continuer ce concert de louanges.
Et certainement si quelqu'un avait des yeux intérieurs, il verrait tous les ouvrages de Dieu comme autant d'encensoirs qui envoient à la gloire de Dieu une odeur de suavité; et s'il avait des oreilles intérieures, il entendrait toutes les créatures formant un concert de toutes sortes d'instruments de musique, louant Dieu et lui disant: C'est lui qui nous a faits, et nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes (Ps. XCIX). Car encore qu'il y ait des impies qui maudissent Dieu et blasphèment son saint nom, ces impies mêmes sont cependant forcés à louer le Seigneur de la manière que l'ouvrage matériel loue son ouvrier. Car en eux brille admirablement la puissance de Dieu qui les a créés; la sagesse qui les gouverne; sa bonté qui leur conserve la vie malgré leur ingratitude et leur méchanceté; enfin sa miséricorde et sa justice, qui leur destine le châtiment, ou qui les attend miséricordieusement à la pénitence.
Plusieurs ici-bas n'entendent pas la voix des créatures, quoiqu'elles ne cessent de crier; mais il y a un grand nombre d'anges et de saints qui entendent leurs louanges, y prennent plaisir, et célèbrent avec elles par des hymnes et des cantiques la gloire du Créateur.
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4º La longueur de l'essence divine est son éternité qui n'a pas eu de commencement, qui n'aura pas de fin, et qui n'éprouvera jamais aucun changement : Tu autem idem ipse es, et anni tui non deficient (Ps. CLXI.). Tobie, et après lui le grand Apôtre, appellent Dieu le roi des siècles (Tobie. XIII.1; Timothée. I.), parce qu'il est le seul qui ne soit pas soumis aux siècles, mais auquel les siècles sont soumis, qui les gouverne comme les ayant seul précédés. Les autres êtres ou ont un commencement et une fin, et ne restent jamais dans le même état; ou ils ont un commencement sans avoir de fin, et leur substance ne change point; mais ils pourraient cesser d'exister, s'il plaisait au Créateur de les anéantir.
C'est pourquoi à Dieu seul appartient l'éternité proprement dite: elle n'appartient à aucune créature, et il n'y a point eu de prince assez arrogant pour mettre l'éternité au rang de ses titres, si ce n'est peut-être dans un autre sens, comme lorsque Constantin fut appelé l'empereur éternel, pour signifier qu'il ne l'était pas seulement pour un temps, mais à vie. Pour vous, ô mon âme, vous pouvez prendre rang parmi les deux sortes de créatures dont nous venons de parler. Car vous avez un corps qui a commencé d'exister au moment de sa conception et de sa naissance, qui par son accroissement est parvenu au point de perfection que Dieu lui avait fixé, et il doit ensuite se délivrer en décroissant jusqu'à la mort où il cessera d'être; et par là même il ne doit jamais rester dans le même état, mais changer à toute heure, puisque le matin il était comme l'herbe qui passe bientôt, il a fleuri le matin et il a passé durant le jour; il est tombé le soir, il s'est endurci et il a séché (Ps. LXXXVIX. 6.).
Car le matin, c'est-à-dire dans son enfance, le corps de l'homme croit comme l'herbe, mais le voilà bientôt parvenu à l'adolescence; il fleurit en quelque sorte au milieu de la jeunesse, mais bientôt il devient vieux; vers le soir de sa vieillesse, c'est-à-dire dans la décrépitude, il tombe; dans la mort il s'endurcit; dans le tombeau il se dessèche et retourne dans la poussière d'où il a été tiré. Voyez donc, ô mon âme, combien votre corps est loin d'avoir pour lui l'éternité pour vous, vous avez été créée dans le temps; auparavant vous n'étiez rien. En cela vous différez beaucoup de votre Créateur, qui est éternel; vous n'aurez point de fin, et sous ce rapport vous avez quelque chose de commun avec le Créateur. Mais parce que, pendant votre union avec le corps, vous êtes changeante, que vous passez du vice à la vertu, et de la vertu au vice; parce que vous serez jugée, au sortir de ce corps, pour régner dans le ciel avec Dieu, ou pour souffrir dans l'enfer avec les démons, rien ne vous intéresse plus que de fuir le vice et de pratiquer la vertu.
Prenez donc garde de vous laisser séduire par les plaisirs des sens, au détriment de ce corps et à votre propre détriment; mais crucifiez votre chair avec ses vices et ses concupiscences (Galates. V.), afin que dans peu vous viviez éternellement heureux, et que votre corps ressuscite glorieux, pour vous être uni de nouveau et demeurer éternellement avec Dieu. Du reste, quoique les âmes des bienheureux , ainsi que les anges, soient participantes de l'éternité de Dieu dans cette sublime et fortunée union qu'ils auront avec Dieu par le moyen de la vision et de l'amour béatifiques; union qui non seulement n'aura point de fin, mais qui sera encore stable et immuable; cependant les bienheureux pourront en plusieurs autres manières changer et varier leurs pensées, leurs affections et leurs places, et de là ils admireront et contempleront sans cesse au-dessus d'eux l'éternité de Dieu, où ne se trouve nul changement de pensée, de volonté, ni de lieu, et auquel cependant rien ne manquera; mais qui possédera dans ce repos tout ce que des changements éternels auraient pu lui procurer. C'est pourquoi la longueur de l’éternité est une chose infinie, et n'appartient pas moins exclusivement à Dieu que la largeur de son immensité.
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5º Il nous faut considérer maintenant la sublimité ou la hauteur de Dieu dont parle le Prophète: Tu solus altissimus (Ps.LXXXII.). Dieu est le seul très-haut par la noblesse de sa nature; car les choses sont d'autant plus nobles et plus élevées, qu'elles sont plus pures et plus séparées de la matière. Nous voyons cela d'abord dans les choses, corporelles, car l'eau n'est plus élevée que la terre que parce qu'elle est plus pure; et, par le même principe, l'air est plus élevé que l'eau, le feu que l'air, et le ciel que le feu. Nous voyons ensuite la même différence dans les choses spirituelles l'intellect est au-dessus des sens, parce que ceux-ci et non pas l'autre ont besoin d'organes corporels; et l'intellect des anges est plus élevé que celui de l'homme, parce que celui-ci, et non pas celui des anges, a besoin du secours de l'imagination; et parmi les anges, les plus élevés sont ceux dont la nature est la plus simple, et l'intelligence la plus développée.
D'où il suit que Dieu est un pur acte, et qu'il n'a besoin de rien hors de lui, ni d'organes, ni d'imagination, ni d'esprit, ni de la présence des objets qui seraient hors de lui; mais à qui son essence est tout, et qui n'a rien qu'il n'ait toujours eu actuellement, et pour qui, avoir les choses actuellement, n'est autre chose qu'être actuellement, purement et simplement; il suit de là, dis-je, que sa nature est la plus sublime, et qu'il ne peut avoir de semblable; c'est pourquoi celui qui dit: Je serai semblable au Très-Haut ( Isaïe. XIV), fut aussitôt chassé du ciel et précipité dans l'enfer; ce que dit ensuite Jésus-Christ (Luc. X.): Je voyais au commencement du monde, Satan tomber du ciel comme un éclair.
Dieu est encore le Très-Haut sous un autre rapport; car il est la première cause efficiente, exemplaire et finale de toutes choses: je dis la première cause efficiente, car toutes les causes efficientes créées, tirent de Dieu la vertu de produire, tandis que Dieu ne la tire de personne. De plus, aucune cause efficiente ne peut agir sans être mue de Dieu; mais Dieu n'est mu par aucun autre. Enfin, les autres causes, qui ont le premier rang parmi les choses créées, sont celles qu'on appelle universelles, de qui les particulières dépendent, comme les cieux et les anges qui meuvent les cieux; mais c'est Dieu qui a fait les anges et les cieux; il est donc seul la première et la plus haute cause efficiente. Il est encore la première cause exemplaire, parce que Dieu a donné la forme à tous les êtres, selon les idées qu'il avait en lui. Il est enfin la première cause finale, parce qu'il a tout créé pour lui, c'est-à-dire pour manifester sa gloire (Prov. XVI.) Mais c'est très justement qu'il est appelé le Très-Haut, parce qu'il est assis sur un trône très élevé: J'ai vu le Seigneur, dit Isaïe (VI.), assis sur un trône sublime et très élevé. Et parce qu'on est placé sur un siège pour juger ou pour prendre du repos, nous allons considérer, l'un après l'autre, les deux usages qu'on en fait.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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DIXIÈME DEGRÉ. Considération de l'essence de Dieu, par la comparaison de ses grandeurs corporelles.
6º D'abord Dieu est assis sur un siège très élevé, parce qu'il est le souverain juge. Car Abraham dit à Dieu: Vous jugez toute la terre (Gen. XVIII.), et David assure que Dieu juge les Dieux (Ps. LXXXI.); c'est-à-dire qu'il juge les juges eux-mêmes que l'Écriture appelle des dieux. Saint Jacques est encore plus clair, quand il dit qu'il n'y a qu'un seul législateur et un seul juge (Jacob. IV.); c'est-à-dire que Dieu seul est proprement législateur et juge, parce que lui seul donne des lois à tous, et n'en reçoit de personne; qu'il juge tout le monde, et n'est jugé par personne.
Ensuite il faut remarquer que Dieu n'est pas seulement juge, mais qu'il est encore roi; ainsi il ne juge pas comme étant établi par un roi, mais comme roi et prince suprême; aussi est-il appelé: Le Roi des rois et un roi élevé au-dessus de tous les dieux, et terrible aux rois de la terre (Apoc. XIX. ; Ps. XCIV.), parce qu'il transfère, quand il veut, les royaumes et les empires d'une nation à une autre, et, quand cela lui plait, il ôte la vie aux princes (Ps. LXXV, 12.).
Enfin Dieu n'est pas seulement juge et roi suprême, mais, ce qui forme son plus beau titre, il est maître absolu. Car les princes ne sont pas tellement les maîtres de leurs sujets, qu'ils puissent, selon leur bon plaisir, les priver de leurs biens et de la vie. Achab en est un exemple: il lui fallut la ruse et les calomnies de sa femme, pour usurper la vigne de Naboth; mais, en punition, ils périrent tous les deux misérablement. Dieu, au contraire, est véritablement et proprement Seigneur; tout lui est soumis, et il n'est soumis à personne, et il pourrait, s'il le voulait faire, tout rentrer dans le néant, parce qu'il en a tout tiré.
Pensez donc, ô mon âme, quelle crainte et quel tremblement nous devons avoir, nous misérables vers de terre, en présence de celui qui est assis sur un trône si élevé qu'il n'y a personne au-dessus de lui ! Si je suis le Seigneur, dit-il dans Malachie, où est la crainte que vous me devez (I. 6. ) ? Et si ces grands princes du ciel assistent en sa présence avec crainte et tremblement, que ne devons-nous pas faire, nous mortels et fragiles qui habitons ici-bas avec les bêtes ? Mais ce qu'il y a d’admirable, c'est que le Dieu très-haut n'aime point les créatures élevées et sublimes qui veulent s'assimiler à lui ; mais il donne son affection à celles qui sont humbles et pauvres. Car il s'exprime ainsi par la bouche d'Isaïe (LXVI. 2.) Sur qui jetterai-je les yeux, sinon sur le pauvre qui a le cœur brisé et humilié, et qui écoute mes paroles avec crainte et tremblement ? David ajoute: Le Seigneur est élevé au-dessus de toutes les nations.... et il regarde ce qu'il y a de plus abaissé dans le ciel et sur la terre (Ps. CXII. vers. 4 et 5.).
Il y a plus, Dieu aime les choses élevées et sublimes, lorsqu'elles le sont véritablement et non en apparence: c'est pourquoi il n'aime pas les orgueilleux, qu'on ne peut appeler élevés et sublimes, mais seulement bouffis et enflés; mais il aime les humbles qui le craignent, parce que plus ils s'abaissent, plus Dieu se plaît à les élever; et ceux-là sont vraiment grands que Dieu élève. C'est pourquoi ils sont en même temps humbles et élevés, humbles à leurs propres yeux, élevés aux yeux de Dieu. Si quelqu'un avait pu voir non seulement des yeux du corps, mais encore des yeux de l'âme, éclairée d'en-haut, ce riche gourmand couvert de soie et de pourpre, assis à une table servie de toutes sortes de mets exquis, entouré de serviteurs attentifs à ses ordres; et qu'il eût vu en même temps le pauvre Lazare à demi nu, couvert d'ulcères, assis à la porte du riche et désirant se rassasier des miettes qui tombaient de sa table; celui-là aurait vu ce riche., que tout le monde croyait très heureux, abominable aux yeux de Dieu et des anges, et aussi vil que la boue ou l'ordure de la terre. Car ce qui est grand aux yeux des hommes, est en abomination devant Dieu (Luc. XVI. ).
Il aurait vu au contraire l'humble et pauvre Lazare plein de noblesse, et honoré aux yeux de Dieu comme une perle de grand prix, et l'événement le fit bien voir: car Lazare chéri de Dieu fit porté par les mains des anges dans le sein d'Abraham, et le riche haï de Dieu fut entraîné dans l’enfer par les démons. Mais qu'ai-je besoin de parler de Lazare ? Personne n'a été plus grand aux yeux de Dieu que Jésus-Christ, même, selon son humanité, et cependant qui, dans le ciel et sur la terre, fut plus humble que lui ? N'a-t-il pas dit: Apprenez de moi, que je suis doux et humble de cœur ? Car plus cette âme très sainte connaît clairement par-dessus tous, l'élévation infinie de la Divinité, plus elle connaît aussi la bassesse de la créature qui a été tirée du néant; et de là il arrive que, s'étant fait créature lui-même, Jésus-Christ se soumet à Dieu plus que personne, s'humilie et exalte Dieu; qui à son tour l'élève au-dessus de toutes les créatures, même des anges.
Nous pourrions en dire autant des anges bienheureux et des saints. Car il n'y a pas d'anges plus humbles que ceux qui sont placés le plus haut dans le ciel; parce qu'étant plus près de Dieu, ils voient plus clairement l'intervalle immense qui sépare les créatures du Créateur.
C'est pourquoi, ô mon âme, aimez l’humilité, si vous désirez la vraie gloire: imitez l'Agneau sans tache, imitez sa sainte Mère, imitez les Chérubins et les Séraphins, d'autant plus humbles qu'ils sont plus élevés.
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
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DIXIÈME DEGRÉ. Considération de l'essence de Dieu, par la comparaison de ses grandeurs corporelles.
7º Non seulement Dieu a placé son trône au-dessus de tous les trônes, parce qu'il est le souverain juge; mais il jouit encore du plus profond repos et il en fait jouir ceux qui le possèdent. Le trône sublime de Dieu n'est autre chose que la sublimité de son repos. Car son gouvernement de l'univers, où sont des guerres continuelles et un conflit perpétuel entre les éléments, les animaux et les homme, est cependant un gouvernement paisible; il juge avec tranquillité (Sap. XII.) jouit sans cesse d'une paix profonde, en sorte que rien n'est capable de troubler son repos, ni la contemplation de lui-même qui fait ses délices éternelles; voilà pourquoi il est appelé roi de Jérusalem, qui est le symbole de la paix. Les esprits bienheureux forment son trône : Sedet super Cherubim (Ps. LXXIX et XCVIII.). C'est sur les Chérubins, qui désignent l'étendue de la science, plutôt que sur l'étendue des Séraphins, qui indiquent l'ardeur de la charité, que Dieu établit son trône; parce que le repos est le fruit de la science, tandis que la sollicitude et l'anxiété sont le partage de l'amour, à moins qu'il ne soit uni à la sagesse; c'est dans ce sens que l'âme du juste est appelée le siège de la sagesse.
Enfin lorsque Isaïe dit: Le ciel est mon trône, et que David assure que le ciel le plus élevé est au Seigneur: Cælum cæli Domino (Ps. CXIII.), par ce ciel on entend les cieux spirituels qui habitent au-dessus des cieux corporels, c'est-à-dire, les esprits bienheureux, comme l'explique Saint Augustin (in expos. Ps. CXIII.). Or la paix et le repos que Dieu procure à ces lieux est une paix et un repos qui surpassent tout ce qu'on en pourrait imagine: Pax quæ exsuperat omnem sensum. Écoutons ce qu'en dit Saint Bernard dans son sermon 23 sur le Cantique des cantiques:" Dieu communique son repos à tous ceux qui l'environnent; il suffit d'être admis à le voir pour jouir de ce repos. Tel qu'un roi, qui, après les occupations de la journée, après avoir renvoyé la foule, suspendu la sollicitude des affaires, se retire dans son palais avec un petit nombre de ses amis, qu'il honore de son intimité et de sa familiarité. Son repos est d'autant plus sûr, qu'il est plus secret; et la sérénité de son front se fait d'autant plus remarquer, qu'il ne promène ses regards que sur des amis choisis." Saint Bernard donne assez à entendre par ces paroles que Dieu ne se montre point aux bienheureux comme un juge et un maître; mais comme l'ami le plus intime; et dans cette vie même quelle intimité, quelle familiarité ne montre-t-il pas aux âmes pures ? Mes délices, dit-il (Prov. VIII et III.), sont d'être avec les enfants des hommes, et de m'entretenir avec ceux qui marchent dans la simplicité.
Aussi voyons-nous tous les saints, malgré les peines et les persécutions qu'on leur a suscitées, jouir d'une paix profonde dans le fond de leur cœur, parce que Dieu y habite. C'est pourquoi on les a toujours vus dans la joie, avec la sérénité peinte sur leur front, parce que la paix était dans leur âme. Jésus-Christ leur avait dit: Votre cœur se réjouira, et personne ne pourra vous ôter cette joie: Gaudebit cor vestrum, et gaudium vestrum nemo tollet a vobis (Joan. VI.).
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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DIXIÈME DEGRÉ. Considération de l'essence de Dieu, par la comparaison de ses grandeurs corporelles.
8º Il nous reste à expliquer la quatrième partie de la grandeur des êtres, qui est la profondeur. Cette qualité est de plusieurs sortes dans l'essence divine. D'abord la Divinité elle-même est très profonde, n'étant pas superficielle et inaperçue, mais parfaitement pleine et parfaitement solide. La Divinité n'est pas comme une masse doré , qui n'a de l'or qu'à la superficie , et, dont l'intérieur est d'airain ou de bois; mais on peut la comparer à une masse qui serait toute d'or; à une masse grande et immense, ou plutôt à une mine d'or profonde et inépuisable: ainsi nous voyons que Dieu est absolument incompréhensible, parce qu'ainsi qu'une mine qui n'aurait point de fond, ne pourrait jamais s'épuiser, ainsi Dieu dont la grandeur est infinie, ne pourra jamais être si parfaitement connu de notre âme, qu'elle ne puisse toujours le connaître davantage. Il n'y a que Dieu dont l'intelligence est infinie, qui puisse sonder la profondeur de son être. Dieu est encore profond sous le rapport du lieu; car de même qu'il est très élevé parce qu'il préside à tout, et qu'il est au-dessus de tous les êtres, on peut dire de même qu'il est très profond, parce qu'il est au-dessous de tous les êtres pour les soutenir et pour les porter: car c'est lui, dit l'Apôtre (Hebr. I.), qui soutient tout par la puissance de sa parole.
C'est pourquoi Dieu est comme le fondement et le faîte de l'édifice, c'est en lui que nous avons l'être, le mouvement et la vie (Act. XVII.); et comme dit Salomon (II. Paral. VI. 18.), le ciel et les cieux des cieux ne peuvent le contenir, parce que c'est plutôt Dieu, qui contient les cieux et tout ce qui est au-dessous. Enfin la profondeur de Dieu est son invisibilité: car Dieu est la lumière, mais une lumière inaccessible; il est la vérité, mais une vérité très intime, et plus intérieure que ce qui l'est le plus: il se cache dans les ténèbres: Posuit tenebras latibulum suum (Ps. XVII. 13.) il est vraiment un Dieu caché: Vere Deus absconditus (Isaïe.XLV ; St. Augustin, Lib. 9. Conf. C. 10. Lib. 10. C. 6. et in Ps. XXVI ) cherchant[,] Dieu envoya un jour aux cieux deux messagers qui étaient ses yeux; les cieux lui répondirent: Nous ne sommes pas celui que vous cherchez, c’est lui qui nous a faits: Ipse fecit nos. Ne pouvant découvrir Dieu par les sens extérieurs, il essaya de s'élever à lui par les voies intérieures, et il comprit que ce moyen était le plus facile pour approcher de Dieu; car il comprit que l'âme était meilleure que le corps; que le sens intérieur l'emportait sur le sens extérieur; et que l'intellect, qui est encore intérieur, était au-dessous des sens internes: d'où il conclut que Dieu, qui est plus intérieur que notre intellect, était meilleur que lui; et que par conséquent rien de ce que nous comprenons , ou de ce que nous imaginons, n'était Dieu, mais quelque chose de moindre que Dieu, parce que Dieu est meilleur que tout ce que nous pouvons comprendre ou imaginer.
Courage donc, ô mon âme, si vous valez mieux que votre corps auquel vous donnez la vie, parce qu'il est corps et que vous êtes esprit, et que l’œil de votre corps ne vous voit point parce qu'il est extérieur et que vous êtes intérieure; croyez que Dieu est meilleur que vous, puisqu'il vous donne l'intelligence, et qu'il est pour ainsi dire votre âme: c'est pour cela que vous ne pouvez le voir, parce qu'il est un esprit plus élevé et plus intérieur que vous et que vous restez en quelque sorte dehors tandis qu'il habite l'intérieur le plus secret et le plus profond. Mais ne serez-vous jamais admise à cette retraite cachée ? Loin de vous une pensée semblable ! Le Seigneur qui ne ment point a dit: Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Son Apôtre nous assure (I. Cor. XIII . 12.) que si nous ne voyons Dieu maintenant que comme en un miroir et en des énigmes, un jour nous le verrons face à face; et St. Jean (I, 3. 2) dit que nous savons que lorsque Jésus-Christ se montrera dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est.
Représentez-vous donc quelle sera votre joie, lorsque admise dans ce sanctuaire secret, vous verrez et vous posséderez la lumière elle-même, la véritable réalité, la beauté, la bonté par essence. Alors vous comprendrez combien sont vains, futiles et nuls les biens de ce monde; ces biens qui par leur charme trompeur plongent l'homme dans l'ivresse, et lui font oublier les seuls vrais biens, les biens éternels. Mais si vous êtes vraiment altéré du désir de posséder le Dieu vivant; si les larmes sont devenues votre pain quotidien; en attendant que vous trouviez votre Dieu (Ps. XLI) , ne négligez point de purifier votre cœur pour le rendre digne de voir ce Dieu que vous cherchez; ne discontinuez point de méditer dans votre cœur les moyens de vous élever vers Dieu, jusqu'à ce que vous le verrez dans la céleste Sion (Ps. LXXXIII. 6. 7.); et ne laissez point refroidir en vous l'amour de Dieu et du prochain, n'aimez pas de parole et de langue, mais par œuvres et en vérité (I. Joan. III. 18.). CAR C'EST LÀ LE CHEMIN QUI CONDUIT À LA VIE.
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ONZIÈME DEGRÉ. Considération de la grande puissance de Dieu, comparée à la grandeur corporelle.
1º Le Seigneur est grand, et sa grandeur n'a ni bornes ni mesure. Il est non seulement grand en ce qu'une puissance infinie fait sa hauteur; une sagesse incompréhensible, sa profondeur; une miséricorde universelle, sa largeur; et une justice inflexible, sa longueur; mais encore parce que chacun de ces grands attributs a une grandeur infinie en largeur, en longueur, en hauteur et en profondeur.
Et d'abord, si nous commençons par la puissance, ou plutôt la toute-puissance de Dieu, nous verrons que sa largeur s'étend à une infinité de choses, premièrement: à tout ce qui a été fait; car, dans toute cette universalité d'êtres, depuis le premier ange jusqu'au dernier vermisseau , et depuis le haut du ciel jusqu'au plus profond des abîmes, il n'y a rien qui n'ait été produit par la puissance de Dieu: Omnia per ipsum facta sunt, et sine ipso factum est nihil... et mundus per ipsum factus est (Joan.I.). Ensuite cette même puissance s'étend à tout ce qui se fera éternellement. Car de même que rien n'a pu être fait que par lui, rien non plus ne peut être fait sans lui: Ex ipso , et per ipsum, et in ipso sunt omnia (Rom.XI.).
Troisièmement la puissance de Dieu s'étend à tout ce qui peut être fait, quoique cela ne doive jamais être fait: Non exit impossibile apud Deum omne verbum (Luc. I.). Quatrièmement elle s'étend à la destruction de tout ce qui a été fait. Car de même que Dieu a pu faire périr par le déluge tous les hommes et tous les animaux qui étaient sur la terre, à l'exception d'un petit nombre que Noé sauva dans l’Arche, de même aussi il pourra par un déluge de feu détruire en même temps non seulement tous les hommes et tous les animaux qui existeront au dernier jour, mais encore tous les arbres, toutes, les, villes et tout ce qui sera sur la terre. Car, dit Saint Pierre, (II., III. 10.) comme le larron vient durant la nuit, aussi le jour du Seigneur viendra tout d'un coup: et alors dans le bruit d'une effroyable tempête, les cieux passeront, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec tout ce qu'elle contient sera consumée par le feu.
Cette étendue de la puissance de Dieu est vraiment grande. Pour l'admirer autant qu'elle le mérite, il faudrait connaître la multitude des êtres que Dieu a déjà créés, de ceux qu'il créera par la suite, et enfin de ceux qu'il pourrait créer s'il le voulait; mais pour compter cette multitude infinie d'êtres, il faut la science infinie de celui qui seul peut les produire. On est encore plus étonné de la grandeur de cette puissance, si l'on considère que celui qui a produit depuis tant de siècles ces êtres si divers, peut sans effort les détruire en un instant: Uno nutu delere (2 Mach. VIII.) Écrions-nous donc avec Moïse: Qui d'entre les forts est semblable à vous, Seigneur ( Exode. XV.11.) ?
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PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
Gras ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
ONZIÈME DEGRÉ. Considération de la grande puissance de Dieu, comparée à la grandeur corporelle.
2º On reconnaît la longitude de la puissance divine dans sa coopération continuelle à tout ce qu'elle a produit, sans qu'elle en ait éprouvé, et sans qu'elle doive jamais en éprouver de fatigues. Car cette puissance de Dieu ne peut ni diminuer ni s’affaiblir, ni se détruire en aucune manière, puisqu'elle est unie à l'éternité, ou plutôt parce qu'elle est la vraie éternité de Dieu. C'est pour plusieurs un grand sujet d’admiration, de considérer comment le soleil, la lune et les étoiles font depuis tant de siècles, avec tant de célérité, leur course d'orient en occident, et décrivent leurs orbes sans interruption; ils auraient raison de s'étonner; et ce phénomène serait inexplicable, si nous ne savions que ces grands corps sont mus par celui qui soutient tout par la puissance de sa parole (Hébreux. I.). D'autres ne peuvent comprendre comment dans l'enfer le feu pourra durer éternellement, ni comment les corps des damnés pourront n'être pas consumés par des flammes éternelles.
Mais quoique cela soit admirable et même impossible à tout autre, cependant l'éternité et la toute-puissance de Dieu entretiendra toujours l'ardeur du feu, et l’empêchera de s'éteindre; elle conservera de telle manière, dans ce feu, les corps des réprouvés, qu'ils brûleront sans cesse et ne seront jamais consumés. Enfin il en est qui sont étonnés que Dieu puisse porter et soutenir tout ce qui existe, sans être fatigué par cette masse immense et ce poids presque infini: en effet un homme robuste, un animal bien fort peuvent, il est vrai, porter un grand fardeau pendant un court espace de temps; mais il n'y a point de forces créées capables de porter sans fatigue et sans discontinuation un fardeau énorme. Quant au Tout-puissant, ses forces n'ont point de bornes comme celles des créatures, mais elles sont infinies comme ses autres attributs; ainsi il ne faut pas s'étonner que le poids de l'univers, tout énorme qu'il est, ne lui procure ni fatigue, ni lassitude; écrions-nous donc avec Moïse: Qui d'entre les forts est semblable à vous, Seigneur ?
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ONZIÈME DEGRÉ. Considération de la grande puissance de Dieu, comparée à la grandeur corporelle.
3º Traitons maintenant de la hauteur ou de l'élévation de la puissance de Dieu, et considérons-la sous deux rapports. D'abord on peut dire que la toute-puissance de Dieu est très haute, parce que lui seul a fait ce qu'il a de plus élevé. A la vérité Dieu créa dans le principe les êtres sublunaires, mais ces êtres peuvent par l'action des créatures se reproduire, se transformer et se corrompre: car les éléments se transforment dans leurs parties; la terre produit les plantes elles arbres; les animaux se propagent; les poissons se reproduisent dans l'eau; dans l'air se forment les nuages et la pluie; le feu produit les comètes. Mais Dieu seul a créé, Dieu seul conserve le ciel et les astres, qui sont les corps les plus élevés, et la créature n'a aucune action pour les former, ni pour les transformer, ni pour les dissoudre, ni pour les conserver: Je considère les cieux, dit le Prophète, qui sont les ouvrages de vos doigts, la lune et les étoiles que vous avez affermies. Car le Très-Haut s'est réservé à lui seul les ouvrages les plus élevés; il les a pris aux fondements, il les a conduits jusqu'au faîte; c'est encore par sa puissance infinie qu'il a seul créé les substances spirituelles, les anges et nos âmes, et qui sont les œuvres les plus sublimes et les plus nobles; lui seul les conserve et les conservera éternellement, ne permettant jamais qu'elles s'anéantissent. Les créatures n'ont ici rien à faire; toutes ensemble ne sauraient produire un ange ai une âme, encore moins pourraient-elles les détruire.
Ensuite l'élévation de la puissance divine se montre clairement dans les miracles, qui, selon la définition de Saint Augustin, sont des œuvres qui s'écartent du cours usité et ordinaire de la nature, et se font admirer de tous, même des anges. Quel est l'esprit céleste qui ne fût ravi d’admiration, lorsqu'à la voix de Josué le soleil et la lune interrompirent leur course précipitée et restèrent immobiles (Josué. X) ? CROIRIONS-NOUS QUE CE FUT UN EFFET DU HASARD ? (CAR IL NE VIENDRA JAMAIS DANS L'ESPRIT DE QUI QUE CE SOIT QU'UN HOMME MORTEL AIT PU PAR LUI-MEME OPÉRER UN TEL PRODIGE) ? L'Esprit-Saint a parlé, et il a dit que Dieu en cette circonstance obéit à la voix de l'homme: Obediente Domino voci hominis (Josué. X.). En effet, il ne faut pas croire que Josué se soit adressé directement au soleil et à la lune, qu'il savait ne pouvoir l'entendre, mais il pria le Seigneur et sembla dire: Par l'ordre de Dieu, soleil, arrête-toi sur Gabaon; lune, n'avance point sur la vallée d'Aïalon (Josué X. 12.).Or le Seigneur obéit à la voix d'un homme, c'est-à-dire qu'il fit que ces deux astres obéirent à la voix d'un homme; à la voix de Josué. Car souvent dans l'Écriture on attribue à l'action divine ce dont elle est la cause; comme quand le Seigneur dit à Abraham: Je connais maintenant que vous craignez Dieu (Genèse, XXII.). Le sens de ces paroles est celui-ci: J'ai fait maintenant connaître à vous et a d'autres que vous craignez vraiment le Seigneur. Un autre prodige qui attestait la grandeur de la puissance de Dieu eut lieu au temps de la passion de Jésus-Christ, lorsque la lune qui était dans son plein et par la même à sa plus grande distance du soleil, s'en rapprocha avec célérité, l'éclipsa pendant trois heures, et revint ensuite avec la même vitesse au point d'où elle était partie.
Cet étonnant prodige a été vu et observé par Saint Denis l'Aréopagite, qui l'écrivit à Saint Polycarpe. Ce miracle est le contraire de celui de Josué; mais il n'en est pas moins admirable, car c'est une chose tout aussi nouvelle, insolite, et au-dessus des forces de la nature, de voir la lune précipiter sa course contre son cours ordinaire, que de la voir s'arrêter. Je passe sous silence la guérison des aveugles, la résurrection des morts et une infinité d'autres miracles que Dieu a opérés et qu'il opère encore par ses prophètes, par ses apôtres et par ses autres fidèles serviteurs; œuvres éclatantes qui semblent dire: Qui d'entre les forts est semblable à vous, Seigneur (Exode XV.) ?
Mais je ne puis omettre ce grand, cet étonnant miracle que Dieu fera au dernier jour lorsque tous les morts ressusciteront ensemble, quoique leurs corps aient été réduits en cendres et dispersés ou dévorés par les bêtes et transformés en d'autres corps, ou ensevelis dans les cimetières, dans les champs, et convertis en différentes plantes. Quel est l'ange qui ne sera pas dans l'étonnement, lorsqu'il verra dans un clin d’œil, à la voix du Tout-Puissant, tant de milliers d'hommes morts depuis tant de siècles, dispersés et détruits en tant de manières, reprendre tout-à-coup leurs corps ? C'est donc ici que se manifeste la hauteur ou l'élévation de la puissance de Dieu qui doit nous faire répéter: Qui d'entre les forts est semblable à vous, Seigneur ?
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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4º Il nous reste à dire un mot de la profondeur de cette puissance divine. Elle semble se manifester plus spécialement dans la création des êtres. En effet, qui peut comprendre la manière de faire quelque chose de RIEN ? Ces philosophes qui jadis mirent en principe que du néant il n'en pouvait rien sorti, n'avaient su pénétrer dans cet abîme de la puissance de Dieu. Pour nous, parfaitement rassurés par la véracité de Dieu qui ne peut mentir, nous croyons ce que nous ne pouvons comprendre; nous croyons que le ciel et la terre avec tout ce qu'ils renferment, ont été créés de Dieu, sans qu'il existât rien auparavant qui ait servi à les former: car Dieu n'aurait pas vraiment fait tout ce qui a été fait, s'il avait préexisté une matière pour le former. Mais savoir comment ce qui n'existait point a pu exister et passer du non-être à l’être, c'est un abîme profond où il nous est impossible de pénétrer. Ensuite Dieu n'a pas seulement tiré du néant tout ce qui existe, mais il l'a fait dans le néant, c'est-à-dire sans espace préexistant, sans lieu pour placer ce qu'il faisait, ce qu'il est presque impossible de comprendre, surtout dans les choses corporelles. C'est un abîme impénétrable. Otez aux corps l'espace des lieux, dit Saint Augustin, et ils ne seront nulle part, et parce qu'ils ne seront nulle part, ils n'existeront point: Spatia locorum tolle à corporibus, et nusquam erunt, et quia nusquam erunt, nec erunt. Mais si rien n'existait avant que Dieu créât le ciel et la terre, où plaça-t-il le ciel et la terre ? Ils ne purent certainement être placés dans le ciel (quoiqu'ils fussent faits dans le néant), et cependant ils furent créés, et ils sont à eux-mêmes leur lieu; parce qu'ainsi l'a voulu, et l'a pu celui qui peut tout, quoique nous ne puissions comprendre comment cela s'est fait.
Dieu fait allusion à ses oeuvres étonnantes, lorsqu'il dit à Job (XXXVII, 4.). Où étiez-vous quand je jetais les fondements de la terre ? Dites-le moi, si vous avez de l'intelligence; savez-vous qui en a réglé toutes les mesures, ou qui a tendu sur elle le cordeau, sur quoi ses bases sont affermies, ou qui en a posa la pierre angulaire ? Et pour nous faire comprendre que ces œuvres doivent exciter toute notre admiration, le Seigneur demande encore à son serviteur Job: Où étiez-vous aussi lorsque les astres du matin me louaient tous ensemble, et que tous les enfants de Dieu étaient transportés de joie ? Il faut entendre ici les anges qui furent créés en même temps que le ciel et la terre et qui sont en quelque sorte des astres spirituels et très-brillants, appelés les enfants de Dieu. Dès qu'ils virent sortir du néant le ciel et la terre, semblant reposer sur le néant, et cependant fortement et solidement appuyés sur leur propre masse, saisis d'admiration, ils firent éclater leur joie; et exaltèrent la Toute-Puissance du Créateur.
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4º (suite) La manière dont Dieu érigea ces masses immenses par un seul acte de sa volonté, ne présente pas un abîme moins profond à notre intelligence: car dans la construction des édifices sans comparaison moins importants, que d'instruments, que de machines, que d'ouvriers ne faut-il pas ! Qui pourra donc comprendre la puissance de cette volonté intérieure de Dieu, qui a produit extérieurement des ouvrages si immenses et si variés ? Dieu dit, et en lui-même, car la parole de Dieu est en Dieu, elle est Dieu lui-même; il dit, dis-je, en ordonnant et en exprimant l'ordre de sa volonté (Genèse. I): Que le ciel soit fait, et le ciel fut fait; que la terre soit faite, et la terre fut faite; que la lumière soit faite, que le soleil soit fait, que les étoiles, que les arbres, que les animaux, que les hommes, que les anges soient faits, et tout fut fait. Ajoutez que Dieu pourrait, s'il le voulait, détruire en un instant tout ce qu'il a créé (II. Macchabées. VIII.). Mystère impénétrable ! de savoir comment Dieu a pu créer dans un moment tant d'êtres si multipliés, si grands, composés de tant de membres ou de parties si diverses ! Parmi nous l'art et la nature demandent un long espace de temps pour perfectionner leurs ouvrages; nous voyons les semences des plantes rester longtemps cachées dans le sein de la terre avant de germer et de croître; il faut aux arbres des siècles entiers ou du moins plusieurs années pour s'enracine, pour étendre leurs branches et produire des fruits; dans les animaux, quel temps au fœtus pour se former! Il faut qu'il soit longtemps allaité après sa naissance, et encore il lui faut plusieurs années pour acquérir son accroissement. Quant aux arts, il est inutile d'insister que ce n'est qu'à la longue que les artistes perfectionnent leurs ouvrages.
Qu'elle est donc grande la puissance de Dieu ! Dans ses œuvres l'exécution semble devancer ses ordres. Je ne veux pas discuter ici si Dieu a formé le ciel et la terre dans un moment, ou s'il a employé six jours entiers à la création. J’ai entrepris, non d'expliquer les difficultés, mais de m'élever à Dieu par la considération des créatures. Dans mon admiration, j'établis un seul principe qui est que le Tout-Puissant a créé chaque chose dans un instant. Pour ce qui est de la terre, de l'eau, de l'air et du feu, tous s'accordent à dire, qu'ainsi que les anges, ces choses furent créées dans un instant. On convient aussi que le firmament et la division des eaux furent opérés par la seule puissance du Verbe, lorsqu'il dit: Que le firmament soit fait au milieu des cieux et cela se fit en un moment; puisque l'écrivain ajoute: Et il fut fait ainsi, et factum est ita. Dieu dit seulement, remarque Saint Chrysostome, et l'ouvrage fut fait. Qui ne sera étonné ajoute le même auteur, en voyant comment au son de ces paroles: Germinet terra herbam virentem, la terre fut richement décorée, comme d'une robe éclatante, par une variété de fleurs innombrables; vous eussiez vu tout-à-coup la terre, auparavant informe et muette, le disputer en beauté, à l'éclat des cieux. Et ensuite expliquant ces paroles: Fiant luminaria, le saint docteur ajoute: Dieu dit seulement, et cet astre admirable que nous appelons soleil fut produit. Qu'il est étonnant de voir au même moment, par cette même parole, paraître la lune et toutes les étoiles! Expliquant les paroles suivantes : Producant aquae , etc.
Quelle langue, dit-il, pourrait louer convenablement le Créateur ? Car, de même qu'après avoir commandé à la terre, elle s'empresse de produire les plantes et les fleurs; de même aussi, après avoir commandé aux eaux, elles produisent à l'instant une multitude innombrable de reptiles et de volatiles de toute espèce: Qui donc parmi les forts est semblable à vous, Seigneur ?
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5º Pour vous, ô mon âme, vous comprenez déjà parfaitement combien est grande la puissance de votre Créateur, qui par sa largeur s'étend à tout, par sa longueur dure sans cesse, porte et gouverne tout sans fatigue; par sa hauteur ou son élévation peut faire ce qui paraît impossible, et ce qui l'est en effet à tout autre qu'à lui, sans instruments quelconques, sans espace de temps, il les fait du néant et dans le néant: Ipse dixit et facta sunt: ipse mandavit et creata sunt (Ps. CXLVIII.).Vous en conclurez, si vous êtes sage, combien il importe d'avoir ses bonnes grâces et son amitié. Car si vous avez Dieu pour ennemi, s'il est irrité contre vous, il peut en un instant vous priver de toutes sortes de biens et vous accabler d'une infinité de maux, sans que personne puisse vous délivrer de ses mains: car qui oserait disputer contre le Tout-Puissant ? Si vous vous trouviez seul et sans armes en présence d'un ennemi implacable qui vous poursuivît avec son épée, que feriez-vous ? La sueur vous monterait au front, vous pâliriez, vous trembleriez, et vous mettant à genoux, vous demanderiez grâce. Et cependant cet ennemi n'est qu'un homme; peut-être en fuyant, en opposant de la résistance et en lui arrachant le fer des mains vous pourriez éviter la mort. Mais que ferez-vous contre un Dieu irrité ? vous ne pouvez le fuir, puisqu'il est partout; ni lui résister, car il est tout-puissant; ni gagner du temps, puisqu'il agit dans un instant, et par un seul acte de sa volonté.
Ce n'est donc pas sans raison que l'Apôtre a dit: Qu'il est horrible de tomber entre les mains du Dieu vivant (Hébreux X.).Mais si vous êtes dans l'heureux état de la grâce, s'il est votre ami, quel bonheur pour vous ! il peut, s'il le veut, et il le veut, s'il est votre ami , vous combler de toutes sortes de biens , et vous préserver de toutes sortes de maux; et cependant, tandis que vous êtes dans cette vie, il dépend de vous d'avoir Dieu pour ennemi, ou pour ami: car il n'a jamais cessé, d’abord par ses prophètes, ensuite par son propre Fils et par ses apôtres, d'inviter les pécheurs à la pénitence, et les justes à l'observation de ses commandements , pour avoir les uns et les autres dans son amitié, pour en faire ses enfants chéris et les héritiers de son royaume. Écoutez Ézéchiel (XXXIII. 11.): J’en jure par moi-même, dit le Seigneur, je ne veux point la mort de l'impie; mais je veux qu'il se convertisse, qu'il quitte sa mauvaise voie et qu'il vive. Convertissez-vous, convertissez-vous, quittez vos voies toutes corrompues. Pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël. En quelque jour que l'impie se convertisse, son impiété passée ne lui nuira point. Jérémie et les autres prophètes répètent les mêmes choses qu'Ézéchiel.
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ONZIÈME DEGRÉ. Considération de la grande puissance de Dieu, comparée à la grandeur corporelle.
5º (suite) Écoutez encore le Fils de Dieu, lorsqu'il commence ses prédications: Jésus, dit l'Évangéliste (Matthieu. IV.) commença à prêcher, et à dire: Faites pénitence, car le royaume de Dieu approche. Écoutez Saint Paul parlant de lui-même et des autres apôtres (II. Cor. V. 20.): Nous faisons auprès de vous la charge d'ambassadeurs de Jésus-Christ, et c'est Dieu même qui nous exhorte par notre bouche, lorsque nous vous conjurons au nom, de Jésus-Christ de vous réconcilier avec Dieu. Quoi de plus clair ? quoi de plus doux ? l'Apôtre nous conjure, au nom de Jésus-Christ, de nous réconcilier avec Dieu et de préférer son amitié à sa haine.
Après cela, qui pourra douter de la miséricorde de Dieu, s'il revient sérieusement à lui ? Ce père infiniment aimable recevra les pécheurs repentants, comme il reçut l'enfant prodigue. Une fois convertis et réconciliés, que demande-t-il de nous, sinon que nous persévérions a être ses amis, ses enfants, et que nous observions ses préceptes: Si vis ad vitam ingredi, servi mandata (Matth.XIX.) ? Mais afin que vous n'alléguiez point pour excuse que vous ne pouvez observer les commandements sans le secours de Dieu, Saint Augustin partant du précepte le plus difficile (in Psal. LVI.), qui est de donner sa vie pour ses frères, s'exprime ainsi: "Dieu ne nous commanderait pas une chose, s'il jugeait que l'homme n'est pas capable de l'accomplir; et si vous défiant de votre faiblesse, vous craignez à la vue du précepte, cherchez de la force dans l'exemple. Vous en avez un bon nombre, et surtout l'exemple que vous a donné celui qui vous donnera la grâce pour accomplir ce qu'il vous ordonne."
Mais afin de confirmer cette consolante vérité par l'assertion de deux témoins, écoutez saint Léon: "Puisque Dieu nous donne le secours nécessaire à l'accomplissement des préceptes, c'est donc avec justice qu'il nous les fait." Juste Deus instat præcepto , qui praecurrit auxilio (Sermone 16 de passionnis Dominicæ.). Pourquoi donc, ô mon âme, craindriez-vous d'entrer dans la voie des commandements, puisque vous aurez pour guide celui qui, par le secours puissant de sa grâce, redresse les chemins tortueux, et aplanit ceux qui sont difficiles (Is. XL.4.) Avec ce secours le joug du Seigneur devient doux, et son fardeau léger; ses préceptes ne sont point onéreux, dit Saint Jean: Mandata ejus gravies non sunt (1. Joan. V.).
Mais si, malgré tant de témoignages, les préceptes divins vous paraissent pénibles et difficiles à observer, pensez combien seront plus pénibles encore les tourments de l'enfer, et ne soyez pas assez insensé pour vouloir en faire la triste expérience. Pensez et pensez sans cesse, n'oubliez jamais que c'est maintenant le temps de la miséricorde, et ensuite celui de la justice; que vous êtes maintenant libre de pécher, et que vous serez ensuite forcé d'expier vos péchés dans d'horribles tourments; que l'homme peut maintenant s'arranger facilement avec son Dieu, et par une pénitence de peu de temps obtenir une grande miséricorde, et par quelques larmes éviter des larmes éternelles: et d'un autre côté, considérez que chaque bonne œuvre faite dans la charité, peut maintenant nous mériter le ciel, tandis qu'après cette vie, tous les biens de la terre ne suffiraient point pour nous procurer une seule goutte d'eau pour soulager nos tourments.
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DOUZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la sagesse théorique de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
1º Nous comprendrons combien sont vraies les paroles de Saint Paul, lorsqu’il dit dans son Épître aux Romains (XVI.): Que Dieu seul est sage, si nous considérons attentivement la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de la sagesse divine ! Et , pour commencer par la largeur, nous pouvons assurer qu’elle est immense, parce que Dieu connaît distinctement et parfaitement tout ce qui existe dans la nature, depuis le premier ange jusqu'au dernier vermisseau; non seulement il connaît toutes les substances, mais encore leurs parties, leurs propriétés, leurs forces, leurs accidents et leurs actions: c'est ce qui fait dire à Job parlant à Dieu (Job.XIV): Vous avez compté tous mes pas; et à l'auteur du livre des Proverbes (Proverbes, V): Dieu examine les démarches de l'homme et considère tous ses pas. Mais s'il compte et s'il examine chaque démarche extérieure, combien plus examinera-t-il les actions bonnes ou mauvaises de notre âme! Si Dieu tient compte de nos cheveux, comme il le dit lui-même: Vestri autem capilli capitis omnes numerati sunt (Matthieu X.), combien connaît-il plus exactement encore tous les membres des corps et toutes les dispositions des esprits ! S'il connaît le nombre des grains de sable de la mer et de toutes les gouttes de pluie (Ecclésiastique. I.), combien plus doit-il connaître le nombre des étoiles et celui des anges ! Si, comme il nous l’assure, il doit faire rendre compte au jour du jugement de toutes les paroles inutiles (Matthieu. XII.), ne devons-nous pas conclure qu'il entend tout ce que les hommes disent, et qu'il connaît tout ce qu'ils pensent et qu'ils désirent ? Qu'elle est donc grande, qu'elle est immense cette largeur d'une sagesse qui embrasse et connaît tout ce qui est, tout ce qui a été, tout ce, qui sera, et tout ce qui pourrait être !
Ne croyez pas cependant, comme l'ont rêvé certains philosophes, que cette connaissance si détaillée avilisse la sagesse divine: cela pourrait être si Dieu puisait, comme nous, ses connaissances, dans les êtres créés; mais parce qu'il voit tout dans son essence, ce détail n'est plus indigne de lui. Et pour nous, il y a plus de noblesse à recueillir la science parmi les créatures, ce qui est le privilège de l'homme, que de ne pas en avoir du tout, ce qui est la condition des brutes; de même qu'il vaut mieux être aveugle par accident, ce qui est le propre des animaux, que de ne pas être apte à voir, sans être exposé à la cécité, ce qui convient a la pierre; et les autres membres du corps ne sont pas plus nobles que les yeux, pour n'être pas exposés à la cécité; mais les yeux sont plus nobles, parce qu'ils ont la faculté de voir, quoiqu'ils puissent la perdre, selon la remarque de Saint Augustin dans son livre de la Cité de Dieu (10. c. 1.).
Concluez , ô mon âme , que vous devez en tout lieu et en tout temps faire attention à ce que vous dites, à ce que vous faites, à ce que vous pensez; puisque vous ne pouvez rien faire, dire ou penser sans être vue, entendue et considérée de Dieu. Vous n'oseriez rien faire, ni rien dire de mal, quoique pressée par une forte inclination, si vous saviez que vous êtes vue et entendue par des personnes que vous respectez: comment donc posez-vous en présence de Dieu qui vous voit et qui en est indigné ? Mais supposons que personne ne vous voit, comment éviterez-vous les regards de cette sentinelle vigilante à qui on ne peut rien cacher ( Saint Augustin in regula sanctimonialium, epist.103.) ? Et Saint Basile, interpellant une vierge qu'il suppose renfermée seule dans sa chambre, lui recommande le plus profond respect pour son époux présent en tous lieux, pour le Père céleste et pour l'Esprit-Saint, et pour l'innombrable multitude d'anges qui accompagnent l'adorable Trinité, ainsi que les âmes des SS. Pères; car, ajoute-t-il, il n'y a aucun d'eux qui ne voie partout tout ce qui se passe: Nullus enim horum est, qui non ubique, omnia videat (Lib. de Virgin.).
Que vous serez heureuse, ô mon âme, si vous pensez toujours, même au milieu des plus épaisses ténèbres de la nuit et dans le silence, que vous êtes environnée de Dieu et de ces bienheureux esprits ! Combien alors votre vie sera parfaite, avec quel soin éviterez-vous la légèreté et la dissipation ! C'est ce qui fut révélé jadis au patriarche Abraham: Marchez en ma présence, lui dit le Seigneur, et soyez parfait (Genèse, XV. 15.), c'est-à-dire, pensez que je vous vois toujours, et point de doute que vous ne soyez parfait.
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DOUZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la sagesse théorique de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
2º La longitude ou l'étendue de la sagesse se reconnaît dans la connaissance de l'avenir. Dieu voit si clairement, que de toute éternité il a vu ce qui doit arriver dans les derniers temps et jusque dans l'éternité. Peut-on imaginer une plus grande étendue de connaissance ? Vous avez découvert de loin mes pensées, dit David (Ps. CXXXVIII. 2.).... Tout vous est connu, l'avenir et le passé, c'est-à-dire tout ce qui doit arriver et tout ce qui s'est passé. Les livres des prophètes sont remplis de prédictions claires et très vraies, qu'ils n'ont pas faites d'eux-mêmes; mais, comme le dit Zacharie, Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes qui ont été dans les siècles passés (Luc. I. 70.). Et cette prévision et ces prédictions appartiennent tellement à Dieu seul, qu'il dit lui-même dans Isaïe, s'adressant à son peuple et lui faisant connaître la vanité des idoles (Isaïe. XLI, 23.): Découvrez-nous donc ce qui doit arriver à l'avenir, et nous reconnaîtrons que vous êtes Dieu.
Et pour dire beaucoup en peu de mots, Isaïe s'exprime ainsi (XLV.1.): Voici ce que dit le Seigneur à Cyrus qui est mon christ et mon oint que j'ai établi roi, et que j'ai pris par la main pour lui assujettir les nations, pour mettre les rois en fuite, etc. Dans ce chapitre est prédite la monarchie des Perses; Cyrus, premier roi des Perses, y est désigné par son nom propre; on y explique pourquoi Dieu a voulu élever ce prince, savoir, pour faire cesser la captivité de Babylone, et tout s'accomplit au bout de deux cents ans. La comparaison d'une grande statue dont la tête était d'or, la poitrine d'argent, le ventre et les cuisses d'airain, et les pieds en partie de fer et en partie de terre, servit encore à Daniel pour prédire les quatre monarchies des Babyloniens, des Perses, des Grecs et des Romains; et dans le temps de la dernière monarchie, le royaume de Jésus-Christ, c’est-à-dire, l’Église chrétienne, supérieure à tous ces royaumes.
Il décrit ensuite si clairement les guerres des successeurs d'Alexandre-le-Grand (Daniel XI.), que quelques incrédules ont soupçonné que ces prophéties fussent écrites après les événements: et passant sous silence les autres prophéties, nous voyons, dans Saint Luc (XIX.), Jésus-Christ déplorant la ruine de Jérusalem, qui ne devait arriver que plusieurs années après, et dépeignant d'une manière si distincte et si détaillée chaque évènement, qu'on croirait lire l'histoire d'un fait déjà accompli. Je ne dis rien d'un grand nombre d'autres prophéties, dont les livres saints sont remplis. QUANT AUX ASTROLOGUES ET AUTRES DEVINS, QUI, COMME DES SINGES, VEULENT IMITER LA PRESCIENCE DE DIEU, ON NE PEUT QUE S'EN MOQUER. Il ne leur est pas possible de prévoir les événements libres et contingents; il n'y a que le hasard qui puisse quelquefois leur faire rencontrer la vérité. En effet, puisque Dieu préside en maître à toutes les causes nécessaires, contingentes et libres, et qu'il peut empêcher, quand il lui plaît, l'action des causes secondes, personne ne peut prédire l’avenir, à moins que Dieu ne lui ait manifesté sa volonté, comme il l'a souvent manifestée aux prophètes.
Et ceci est tellement vrai, que les démons voulant se faire passer pour dieux, se sont servis de ce moyen, en annonçant des oracles, en prédisant l'avenir. Mais Saint Augustin, qui fait cette remarque ( De Civitate Dei, lib. 18. c. 24.) , ajoute, en parlant de la divination des démons (et il le démontre clairement), que cette divination était aussi fausse que leur divinité. Car ils ne disent rien ouvertement, si ce n'est ce qu'ils veulent faire, ou ce qui a été fait ailleurs, bien loin de là, et que leur extrême vélocité leur permet de faire connaître de suite; ou ce que leur longue expérience leur permet de conjecturer, de même que les nautoniers, les cultivateurs et les médecins sont habitués à prévoir les vents, la pluie, les maladies. LORSQUE LES DÉMONS IGNORENT CE QU'ON LEUR DEMANDE, ILS EMPLOIENT DES DÉTOURS, ET RÉPONDENT PAR DES ÉQUIVOQUES; ET LORSQUE CE QU'ILS ONT ANNONCÉ N'ARRIVE PAS, ILS EN REJETTENT LA FAUTE SUR LES INTERPRÈTES. Il n'y, a donc que le Seigneur notre Dieu, dont la sagesse est infinie, qui puisse rendre de vrais oracles, et prédire l'avenir dans ce qui est continent et libre.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
DOUZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la sagesse théorique de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
3º Nous allons examiner maintenant la hauteur de la sagesse de Dieu. Elle surpasse infiniment toute la sublimité de la sagesse des hommes et des anges. On la connaît par la noblesse de son objet, de sa puissance, de son espèce et de ses actes. L'objet non seulement naturel, mais encore proportionné de la sagesse de Dieu, est sa divine essence, qui est si sublime, qu'elle ne peut avoir de proportion ni avec l'intelligence de l'homme, ni avec celle de l'ange. C'est pourquoi les esprits célestes les plus élevés, ne peuvent parvenir à la vision de Dieu que par la lumière de la gloire; voilà pourquoi Dieu est appelé le roi invisible: Regi seculorum immortali et invisibili, soli Deo (1. Tim. I.); et dans un autre endroit (I. Tim.VI.) l'Apôtre dit qu'il habite une lumière inaccessible. Ensuite il faut remarquer que la sagesse qui est en nous est accidentelle, et qu'en Dieu elle est sa substance, et que par là même elle est infiniment plus sublime et plus élevée que dans nous. L'espèce est d'autant plus élevée, qu'elle représente plus d'objets: ainsi les anges, dont les espèces sont plus universelles et en moindre nombre, ont une science plus étendue. Quelle sera donc la hauteur de la sagesse de Dieu, qui n'a d'autre espèce que son essence, qui est unique, et qui suffit à Dieu pour se connaître lui-même, et pour connaître et se représenter tout ce qui est créé, tout ce qui le sera et tout ce qui pourrait l'être ?
Enfin la science ou la sagesse est d'autant plus noble et plus élevée qu'elle connaît plus d'objets par un moindre nombre d'actes; mais Dieu, par une seule intuition, qui est en lui permanente et immuable, se connaît parfaitement lui et toutes les créatures. Il n'y a donc que la sagesse de Dieu à qui on puisse donner le nom de très-noble et très-élevée. Élevez donc vos regards, ô mon âme, et voyez combien votre science diffère de la science de votre Créateur. A peine pouvez-vous connaître parfaitement une seule chose par plusieurs actes et par plusieurs raisonnements; tandis que votre Créateur, par un seul acte, envisage tous les êtres et se connaît clairement et distinctement lui-même.
Et cependant vous, qui êtes maintenant dans les ténèbres, pouvez, si vous le voulez, avec les ailes de la foi et de la charité, vous élever si haut, qu'après la déposition de ce corps mortel, transformée de clarté en clarté, vous voyiez dans la lumière de Dieu, la lumière qui doit remplir vos désirs (Ps. XXXV.10.), et devenue semblable à Dieu, vous voyiez aussi d'un seul regard, et pendant l'éternité, Dieu en lui-même, et vous et toutes les choses créées en Dieu. Car, dit Saint Grégoire, y a-t-il quelque chose de caché pour celui qui voit celui qui voit toutes choses ? Quid enim non videt, qui videntem omnia videt ? Et quelle sera cette pure volupté, cette gloire, cette abondance de toutes sortes de biens dont vous jouirez, lorsque, admise à cette lumière inaccessible, vous participerez à tous les biens de votre Seigneur ? La reine de Saba ayant ouï parler de la sagesse de Salomon, et ayant vu le bel ordre qui régnait dans l'administration de sa maison, en fut si étonnée qu'elle n'en pouvait revenir. Elle s'écria: Heureux ceux qui sont à vous ! heureux vos serviteurs qui jouissent toujours de votre présence et qui écoutent votre sagesse (III. Reg. X.8). Et cependant quelle comparaison à faire entre la sagesse de Salomon et la sagesse de Dieu, qui est seul sage et la sagesse même ? Quelle comparaison entre l'ordre qui régnait dans la maison de Salomon, et les neuf chœurs des anges de Dieu que servent un million d’anges, tandis que mille millions assistent devant lui (Daniel VII. 10.) ?
Il est certain, pour peu que vous puissiez comprendre ces merveilles, que vous emploieriez tous les moyens, que vous feriez tous vos efforts, que vous souffririez volontiers les plus grands travaux pour mériter de posséder Dieu: humiliez-vous, en attendant, sous sa main puissante, afin de mériter qu'il vous élève au jour de sa vérité (1. Petr. V.). Soumettez votre intelligence à la foi, pour parvenir à la vision de Dieu; votre volonté à la pratique des commandements, pour volis élever à la glorieuse liberté des enfants de Dieu; votre corps enfin à la patience et aux travaux, afin que Dieu, après l'avoir glorifié, lui accorde le repos éternel (Romains. VIII.).
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
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DOUZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la sagesse théorique de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
4º Il nous reste à considérer l'immense profondeur de la sagesse de Dieu, qui semble principalement consister dans la connaissance des pensées et des inclinations présentes et futures de l'homme aussi lisons-nous dans le 1er livre des Rois (XVI): L'homme voit ce qui est extérieur, mais Dieu porte ses regards jusque dans le cœur; et dans le II° livre des Paralipomènes (VI.): Vous seul (ô mon Dieu!) connaissez les cœurs des enfants des hommes. Vous avez découvert de loin, ajoute le Prophète (Ps. CXXXVIII.2.), mes pensées; vous les avez vues avant que je les eusse formées; vous avez remarqué le sentier par lequel je marche, avant que j'y fusse entré; et toute la suite de ma vie vous a été connue, avant que j'eusse commencé à vivre, car vous avez prévu toutes mes voies. C'est lui, ajoute le même Prophète (Ps. XLIII. 23.) , qui connaît ce qu'il y a de plus caché au fond du cœur. Le cœur de tous les hommes est corrompu, il est impénétrable, dit Isaïe (XVII. 9.); qui pourra le connaître ? C'est moi qui le pourrai, moi qui suis le Seigneur, qui sonde les cœurs et qui éprouve les reins. Au lieu de pravum, les Septante ont traduit: Profundum est cor hominis et inscrutabile, le cœur de l'homme est profond et impénétrable; et Saint Jérôme, expliquant ce passage, prouve la divinité de Jésus-Christ en ce qu'il voyait les pensées des hommes; ce qui n'appartient qu'à Dieu.
Voyez Saint Matthieu (IX.): "Et Jésus voyant leurs pensées." Saint Luc (VI.): "Mais il connaissait leurs pensées." Saint Marc (II.): Pourquoi pensez-vous ces choses dans votre cœur ? "Il suit de là que toute pensée et que toute inclination de l'homme même présente, et réellement existante, est si profonde, que les démons ni les hommes ne peuvent la pénétrer; mais les pensées et inclinations futures sont encore beaucoup plus impénétrables; car il est impossible non seulement aux hommes et aux anges de les pénétrer, mais encore ils ne peuvent comprendre par quel moyen Dieu parvient à les connaître. C'est ce que David semble indiquer lorsqu'il dit ( Ps. XXXVIII. 5.): Vous pénétrez tout ce qui est en moi d'une manière admirable, et votre science est si élevée que je ne pourrai jamais la concevoir. Il parle de la connaissance des pensées futures, car il avait déjà dit: Vous avez découvert de loin mes pensées, vous les avez vues avant que je les eusse formées; vous avez remarqué le sentier par lequel je marche, avant que j'y fusse entré, et toute la suite de ma vie vous a été connue avant que j'eusse commencé à vivre. C'est donc de cette connaissance des pensées et des voies qu'il dit: Vous pénétrez tout ce qui est en moi d'une manière admirable, et votre science est si admirable, que je ne pourrai jamais la concevoir.
On dira peut-être que Dieu voit ces pensées futures dans son éternité, qui lui rend toutes choses présentes, ou dans la prédétermination de sa volonté; mais s'il en était ainsi, cette science ne serait pas admirable; car nous-mêmes, nous pouvons facilement savoir ce que nous ferons, ou ce qui nous est présent. Mais l'Écriture dit que Dieu scrute les reins et les cœurs, et qu'il y voit ce que l'homme désire ou pense, et ce qu'il désirera ou pensera dans la suite. Or voilà ce qu'on peut appeler vraiment admirable; comment Dieu, en scrutant les reins et les cœurs, peut-il y voir ce qui n'y est pas encore, et dont l'existence future dépend du libre arbitre ? De même donc qu'il appartient à la hauteur de la puissance de Dieu de tirer les êtres du néant, et d'appeler ce qui n'existe pas comme ce qui existe; de même aussi il appartient à la profondeur de sa sagesse, en scrutant les reins et les cœurs, de voir ce qui n'y est point, comme si déjà cela existait, devant nécessairement exister un jour.
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DOUZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la sagesse théorique de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
5º Mais parce que mon but n'est pas de soulever des questions, mais d'exciter l'âme et de l'élever à Dieu, élevez-vous, ô mon âme, au-dessus de vous-même, suivant le conseil de Jérémie (Thren.III.); contemplez ce profond abîme de la sagesse de Dieu, qui scrute l'intérieur des cœurs, et y voit bien des choses que le cœur n'y voit point lui-même. Que vous fûtes heureux, ô Pierre, lorsque vous dîtes au Seigneur: Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renoncerai point (Matth. XXXVI.) ! Ce n'était pas par duplicité, mais bien sincèrement que vous parliez ainsi: vous n'aperceviez pas dans votre cœur cette fragilité qu'y découvrait votre Seigneur, quand il vous dit qu'avant que le coq eût chanté deux fois, vous le renieriez trois fois. Ce médecin, infiniment habile, voyait dans votre cœur une infirmité que vous n'y aperceviez point. Ce fut la prédiction du médecin, et non la jactance du malade qui se vérifia.
Mais rendez grâces au médecin, qui, non content de prévoir et de prédire la maladie future de votre âme, vous inspira la pénitence comme un puissant remède , et vous guérit si promptement. O bon, ô pieux médecin, infiniment sage, infiniment puissant, purifiez toutes mes secrètes souillures: Ab occultis meis manda me (Ps. XVII.). Combien en est-il que je ne déplore point, que je n'arrose point de mes larmes, parce que je ne les connais pas ! Que votre grâce vienne a mon secours; c'est vous qui scrutez les reins et les cœurs. Vous qui connaissez les plaies de mon âme et les mauvais désirs qu'elle ignore, daignez me les faire connaître; et, jetant sur moi un regard favorable, excitez en moi une fontaine de larmes, afin que je les lave pendant qu'il en est temps, et que je les efface par le secours de votre grâce. Ainsi soit-il.
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TREIZIÈME DEGRÉ. Considération de la sagesse pratique de Dieu.
1º Déjà nous avons parlé de la sagesse théorique de Dieu; maintenant nous allons considérer cette même sagesse dans sa pratique ou dans ses effets. Sous ce rapport, voyons quelle est sa largeur, sa longueur, sa hauteur et sa profondeur. Sa largeur nous est manifestée par la création, sa longueur par la conservation des êtres, sa hauteur par l'œuvre de la rédemption, et sa profondeur par sa providence et la prédestination.
En commençant par la création, nous voyons que Dieu a tout fait avec sagesse, comme a dit le Prophète (Ps. CIII.), et que cette sagesse éclate dans toutes ses oeuvres (Ecclésiastique. I.). C'est pourquoi, de même que nous connaissons la puissance de l'ouvrier, en ce qu'il a tiré toutes les créatures du néant; de même aussi nous admirons sa sagesse dans l'art admirable que nous remarquons en la composition de chacune d'elles: en effet, c'est avec nombre, poids et mesure, comme dit le Sage (Proverbes I), qu'il a disposé toutes les choses, et chacune d'elles en particulier. C'est là l'assaisonnement que Dieu a employé dans la confection des êtres, afin qu'il nous fit connaître combien sa sagesse est savoureuse, aimable et agréable. Toutes les créatures ont donc un certain poids, un certain nombre et une certaine mesure, soit pour les distinguer de Dieu qui est sans mesure, étant immense; sans nombre, étant essentiellement un et simple quant a son essence sans poids, parce que sa valeur et son prix surpassent toute valeur et tout prix; soit pour leur donner la bonté et la beauté, selon l'expression de Moïse (Genèse.III.): Dieu vit toutes les choses qu'il avait faites, et elles étaient très-bonnes. Chaque chose a donc la mesure qui lui est propre pour obtenir la fin pour laquelle elle a été créée, et on ne peut rien ajouter à cette mesure, ni rien ôter, sans rendre cette chose difforme, ou inutile, ou moins bonne; car tout ce que Dieu a fait est bon, et il a fait chaque chose en son temps... ; et nous ne pouvons ni rien ajouter, ni rien ôter à tout ce que Dieu a fait, afin qu'on le craigne (Ecclésiastique. III. 11 et 14.).
Il a donc donné au ciel une mesure plus ample, puisqu'il doit contenir toutes les choses inférieures; moins d'étendue à l'air, mais plus qu'a la terre et à l'eau qui ne forment qu'un seul globe, et sont entièrement environnées de l'air. Il a donné à l'éléphant un corps monstrueux, parce qu'il est destiné à porter de grands fardeaux, et même des tours remplies d'hommes. Le corps du cheval est plus petit, parce qu'il n'est destiné qu'a porter un seul cavalier; aux oiseaux qui doivent suspendre leurs nids aux sommets des branches, il a donné un corps plus petit encore; et très petit aux abeilles et aux fourmis, destinées a loger dans leurs alvéoles ou dans les trous de la terre. Nous pouvons en dire autant du nombre. Dieu n'a créé qu'un soleil, parce qu'il suffit pour éclairer la terre et nous donner le jour; qu'une lune, parce qu'elle suffit pour diminuer les ténèbres de la nuit; mais il a voulu faire plusieurs étoiles, afin qu'en l'absence du soleil et de la lune, et dans le temps des éclipses, elles tempérassent l'épaisseur des ténèbres.
Ce n'est pas seulement aux choses en général que Dieu a assigné un nombre, mais encore à chacune en particulier, au point qu'on ne peut rien y ajouter ni diminuer: ainsi il a donné a l'homme deux yeux, deux oreilles, deux mains, deux pieds, et seulement un nez, une bouche, une poitrine, une tête; et l'homme ainsi constitué a paru très beau et très bien proportionné. Renversez cet ordre; supposez l'homme n'ayant qu'un œil et deux nez, une oreille et deux bouches, une main et un pied, deux poitrines et deux têtes je vous le demande, pourrait-on voir rien de plus difforme et de plus inutile ?
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