Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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à suivre.
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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
TREIZIÈME DEGRÉ. Considération de la sagesse pratique de Dieu.
2º La longueur de la sagesse pratique de Dieu se montre dans la conservation des êtres, comme nous avons admiré sa largeur dans leur création. Dieu montre donc une sagesse grande et admirable dans la conservation et la durée des êtres, et surtout des substances corruptibles.
Et d'abord on ne peut se défendre d'une certaine stupeur et d'un saisissement d'admiration et d'étonnement, en pensant à l'action de Dieu dans la nutrition des herbes, des plantes, des animaux, et du corps de l'homme même, pour leur conserver l'existence: car c'est avec la circulation de cet aliment de la racine au tronc, et du tronc jusqu'aux branches et aux feuilles, pour en faire sortir le fruit d'une manière aussi inconnue qu'admirable. C'est encore avec cette même sagesse et la plus grande facilité que, des herbes et des fruits, ou de la chair des animaux, il en nourrit quelques autres, et l'homme lui-même; et fait entrer et pénétrer les aliments dans toutes les parties du corps, soit internes, soit externes. Dieu se conduit comme fait un médecin habile et très humain, qui, par la bonne préparation des remèdes, sait les rendre faciles et agréables aux malades. Point de doute, en effet, que les aliments ne soient un remède dont nous ne pouvons nous abstenir longtemps sans exposer notre vie. Mais, cet aimable et sage médecin, notre Dieu, a d'abord donné une saveur aux aliments, afin que nous trouvassions un plaisir à les prendre; ensuite il les ainfiniment variés pour nous faire éviter le dégoût; enfin par les différentes altérations que ces aliments éprouvent dans la bouche et l'estomac, dans le foie, dans le cœur, il les change en un suc si délié et si subtil, qu'il passe sans effort dans toutes les veines artères et capillaires; pénètre dans tous les pores du corps, dans toutes les parties de la chair, des os, des nerfs, sans que nous nous en apercevions, et durant notre sommeil.
Les philosophes admirent en ceci l'adresse et l'art de la nature, mais quelle adresse peut-on rencontrer dans les choses inanimées, privées de raison et de sentiment ? Ce n'est donc pas l'adresse de la nature, mais la sagesse du Créateur qu'il faut admirer. Écoutez ce que dit la Sagesse divine dans l'Évangile: Considérez les lis des champs, comme ils croissent; ils ne travaillent point, ils ne lient point; et c'est Dieu qui les revêt ainsi (Matth. VI.). Ce n'est donc pas l'industrie de la nature, mais c’est Dieu qui fait ainsi croître les lis, et qui les revêt de tant d'éclat. Nous pouvons, avec l'Apôtre, en dire autant de l'accroissement et de la nourriture des êtres vivants: Ce n'est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui gui arrose; mais c'est Dieu qui donne l'accroissement (I. Cor. III.). Et si la sagesse divine entretient et nourrit d'une manière si admirable, si dans cette vie mortelle elle conserve les plantes et les animaux, comprenez, s'il est possible, ô mon âme, comment, durant l'éternité, Dieu conservera les anges et les hommes. Ici-bas nous usons d'aliments terrestres, mais préparés par la divine sagesse; dans le ciel, c'est cette divine sagesse elle-même qui sera éternellement la nourriture et le breuvage des bienheureux. Que vous seriez heureuse, ô mon âme, si vous pouviez bien comprendre ce que veut dire l'Apôtre quand il nous enseigne (I. Cor. XV .) que Dieu sera tout à tous: Erit Deus omnia in omnibus ! Dieu, dis-je, qui est souverainement et infiniment bon, sera à tous les saints la nourriture , le vêtement, et la vie, et tout. Si vous le compreniez, vous dédaigneriez toutes les choses présentes, pour ne savourer et ne rechercher que les biens du ciel (Col.III.) [à suivre…]
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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1º (suite) Enfin Dieu a donné à chaque chose le poids, c'est-à-dire la valeur qui lui convient; car, sous le nom de poids ou de prix, nous entendons les qualités qui rendent les choses bonnes et précieuses. En effet, trois choses constituent la perfection des créatures: le nombre de leurs parties, nécessaire pour qu'aucune d'elles ne manque; la proportion des parties; et enfin les qualités intérieures et extérieures, comme la beauté de la couleur dans la superficie extérieure du corps, et les qualités intérieures, utiles ou nécessaires pour les différentes fonctions. Mais ce qui est extrêmement admirable, ce sont les propriétés surprenantes que Dieu a mises dans les plus petits corps, comme s'il avait voulu nous faire admirer sa puissance dans les grandes choses, et sa sagesse dans les petites. Qui peut comprendre la propriété extraordinaire d'un grain de moutarde ? C'est la plus petite de toutes les graines; à peine peut-on la voir, et cependant elle renferme un germe si considérable, qu'ayant cru, les oiseaux du ciel peuvent se reposer sur ses branches, (Matth. XIII.). Ce n'est pas seulement la moutarde qui a cette propriété, elle est commune a toutes les semences qui renferment les racines, le tronc, les branches, les feuilles, les fleurs et les fruits des plus grands arbres. Si l'expérience ne nous en avait convaincus, il serait certainement impossible de se persuader que d'une seule graine il peut en sortir une si grande diversité de choses. Comment concevoir encore dans la fourmi, le moucheron, la puce, et dans d'autres insectes, des pieds si agiles, une tête, un cœur, des sens internes et externes; et, quoique d'une manière imparfaite, une sorte de prudence et de jugement ? Enfin, qui pourra expliquer, dans ces insectes et dans d'autres de même genre, cette force de térébrer (perforer avec une tarière) et de perforer la chair vive, au point de se rendre incommodes non seulement à l'homme, mais encore terribles au lion et à l'éléphant ? Concluons que le Seigneur est grand, et que sa sagesse est très étendue, aussi bien dans les petites choses que dans les grandes. Galien, ce prince de la médecine, quoique païen, admirait l'œuvre de Dieu dans la contexture de la main, et, dans sa surprise, il donnait des louanges au Créateur. Que ne devez-vous pas faire, ô chrétien, vous qui connaissez par la foi que Dieu, avec une sagesse admirable, a créé, non seulement les hommes et les animaux, mais encore le ciel, les étoiles, les anges et nos âmes qui sont immortelles !
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2º (suite) Mais continuons. C'est une espèce de miracle, que, dans la conservation et la propagation de la vie des êtres mortels, Dieu ait donné aux choses les plus faibles un mouvement continuel, et qui se prolonge sans procurer de fatigue. L'homme a travaillé beaucoup pour inventer une horloge dont les rouages, par la force des poids, indiquassent les heures sans interruption; le mouvement perpétuel, qui est un rêve de l'imagination. Qu'elle est donc grande la sagesse de Dieu qui fait vivre les plantes et les animaux, sans interruption durant tant d’années, par la vertu de la nutrition; qui entretient le mouvement continuel des poumons et des artères pendant soixante-dix ans et plus d'années! Car il est nécessaire que la force nutritive opère, et que les poumons et les artères soient en mouvement depuis le commencement de la vie jusqu'à la fin; ainsi, dans ceux qui vivent quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans, il faut ce mouvement continuel dont nous parlons; et avant le déluge, lorsque les hommes parvenaient à neuf cents ans, il fallait que les poumons et les artères, si fragiles et si faibles, durassent neuf cents ans sans jamais cesser de se mouvoir. Il faut assurément être privé de sentiment et manquer absolument de sagesse, pour ne pas admirer ces merveilles, pour ne pas y reconnaître et adorer la sagesse de Dieu.
Remarquons, en troisième lieu, que, quoique la sagesse divine pût, sans le travail de l'homme et des animaux, sans le ministère du soleil et des autres causes secondes, produire et conserver les arbres et les plantes, en sorte que tous les êtres vivants eussent leur nourriture prête, il a voulu cependant employer les causes secondes, le travail et l'industrie de l'homme et des animaux, pour empêcher qu'ils ne croupissent dans l’inertie, et afin que tous les êtres fissent usage de leurs facultés. Il a voulu aussi qu'il y eût parmi les hommes des riches et des pauvres, pour que tous eussent occasion de pratiquer la vertu, et les unir par les liens de la charité.
Car de cette inégalité de fortune il résulte que les riches exercent la libéralité et la miséricorde, et les pauvres l'humilité et la patience: le riche a besoin du pauvre pour cultiver ses héritages, paître ses troupeaux, et exercer les différents métiers nécessaires à la société; le pauvre, de son côté, a besoin que le riche lui donne du travail, lui fournisse l'argent et les instruments nécessaires pour se procurer la nourriture, les vêtements et les autres choses indispensables. Le pauvre n'a pas de motifs pour se plaindre de la sagesse divine; car Dieu, qui connaît tout et qui nous aime tous, a donné à chacun de nous ce qu'il a prévu être le plus propre à nous faire obtenir la vie éternelle. C'est ainsi qu'un médecin prescrit la diète à un malade, ou qu'il ordonne de lui ouvrir la veine, tandis qu'il ordonne a un autre un vin généreux, des mets succulents, et des exercices récréatifs. Il est constant que plusieurs obtiendront le ciel par leur pauvreté, qui auraient péri éternellement s'ils eussent été riches; et quoique les riches puissent aussi se sauver s'ils s'adonnent aux bonnes œuvres, et s'ils donnent facilement ce que le commun maître leur a accordé pour communiquer aux pauvres; et non pour thésauriser, cependant on ne peut nier que la pauvreté ne soit une voie plus sûre, plus directe et plus abrégée pour arriver au ciel. Jésus-Christ nous l'enseigne: Je vous le, dis en vérité, le riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.. Pauvres, vous êtes bienheureux, parce chie le royaume des cieux est ci vous.... Malheur à vous, licites, qui avez votre consolation (Matth. XIX. ). L'Apôtre nous dit encore que ceux qui veulent devenir riches, tombent dans la tentation et dans les pièges du diable, et en divers désirs inutiles et pernicieux, qui précipitent les hommes dans l'abîme de la perdition et de la damnation (I. Tim. VI, 9.).
Notre Seigneur et son apôtre ont confirmé cette doctrine par leurs exemples; Jésus-Christ dit, parlant de lui-même: Les renards ont leurs tanières et les oiseaux leurs nids; mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête. L'Apôtre, parlant au nom de tous ses coopérateurs et en son nom, dit: Jusqu'à cette heure nous endurons la faim et la soif, la nudité et les mauvais traitements, nous n'avons point de demeure stable (I. Cor.VI, 11.). [ à suivre…]
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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2º (suite) Et nous ne pouvons douter que celui qui est la sagesse de Dieu, que les enfants et les disciples de cette sagesse, n'aient choisi la voie la plus directe et la plus sûre pour arriver à la vie éternelle. Mais parce que le nombre des insensés est infini (Ecclés. I.), il y en a peu qui choisissent volontiers cette voie, tandis qu'un très grand nombre s'en écartent de toute son affection et de toutes ses forces.
Enfin, la longueur de la sagesse de Dieu se fait remarquer en ce que, parce qu'elle est éternelle, elle a donné à toutes les créatures un grand désir de leur conservation, et de prolonger leur espèce le plus longtemps possible. Voyez, dans le péril, l'homme mettre tout en mouvement, et n'épargner ni ses richesses, ni sa peine, pour sauver sa vie. Voyez tous les animaux combattre au-dessus de leurs forces contre de plus forts qu’eux, pour se défendre. Voyez la lampe allumée, lorsqu'elle est près de s'éteindre, se raviver jusqu'à deux ou trois fois, et luttant de toutes ses forces contre son extinction. Voyez ces gouttes d'eau suspendues à un corps quelconque, se former en globe, et se soutenir si longtemps qu'elles peuvent pour éviter leur chute et leur dissolution. Voyez les corps pesants monter contre leur nature, et les corps légers descendre pour empêcher le vide qui, en les séparant, leur empêcherait de se conserver.
Mais ce qui est plus admirable, c'est cette affection forte et incroyable, que Dieu, pour la propagation des espèces, a donnée aux pères pour leurs petits. Ne voyons-nous pas la poule négliger le soin de sa vie pour ses poussins, et, quoique faible et épuisée, combattre vigoureusement contre le milan, le renard ou les chiens ? Chacun sait les douleurs et les fatigues que supportent volontairement les femmes pour mettre au monde et élever leurs enfants. La raison de cette affection est dans le conseil de la sagesse divine, qui a imprimé dans tous les animaux, même dans les bêtes brutes et les bêtes féroces, cet amour pour leurs petits, afin d'entretenir cette propagation des espèces, qui est une figure de l'éternité; car y ayant un grand nombre d'animaux que les hommes cherchent à détruire, soit pour leur propre utilité, comme les lièvres, les sangliers, les cerfs, les étourneaux , les cailles, les perdrix, et en général tous les poissons; soit pour empêcher leurs effets nuisibles, comme les loups, les renards, les serpents, et un grand nombre d'autres, déjà plusieurs de ces espèces d'animaux seraient détruites, si Dieu n'avait pourvu à leur conservation et à leur propagation par cette affection particulière.
Mais si tous les êtres vivants ont naturellement tant d'amour pour cette vie courte et pleine de misères, combien devons-nous en avoir pour une vie éternellement heureuse ! O aveuglement et folie des hommes ! Tous les êtres combattent au-dessus de leurs forces pour défendre une vie passagère, et qui n'est qu'une ombre de l'éternité; et l'homme doué de raison ne daigne pas, je ne dis point combattre au-delà de ses forces, mais faire le moindre effort pour acquérir en bonheur éternel. Tous les êtres, qui, par un instinct naturel, abhorrent la mort et cherchent à éviter tous les maux; et l'homme, cet être intelligent, instruit par la foi, n'est pas saisi d'horreur, et ne cherche pas à éviter la mort éternelle; du moins il n'emploie pas, pour s'en garantir, autant de moyens comme pour éviter les maux temporels. Il est donc vrai que le nombre des insensés est infini. La suprême vérité ne s'est donc pas trompée, lorsqu'elle a dit: O combien est étroite et resserrée la porte qui conduit à la vie, et combien peu s'efforcent d'y entrer (Matth. VII.) !
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3º Nous allons parler maintenant de la hauteur pratique de la sagesse de Dieu, qu'on remarque dans l'œuvre de la rédemption. Je ne pouvais me rassasier, disait Saint Augustin, du doux plaisir que je trouvais à considérer la hauteur de votre conseil sur le salut du genre humain (Liber. 9. Confess.. c. 6.). Ce fut vraiment un conseil fort élevé que celui de réparer, par l'ignominie de la croix, tous les dommages que l'astuce du démon avait causés en faisant pécher le premier homme, et réparer l'œuvre dégradée, de telle manière qu'elle fut plus belle qu'elle n'était avant qu'elle eût besoin de restauration. Le péché du premier homme a produit quatre maux: l'injure faite à Dieu par l'orgueil et la désobéissance d'Adam; le châtiment du premier homme et de tout le genre humain, c'est-à-dire, la privation de la grâce de Dieu et de la béatitude céleste; la tristesse des anges, causée par l'injure faite à Dieu et par les misères qui allaient fondre sur les hommes; la joie du démon et de tous les esprits infernaux qui se réjouissaient d'avoir vaincu l'homme et de l'avoir terrassé.
La sagesse de Dieu a pris sur elle tous ces maux, et les a changés en de plus grands biens par le mystère de la croix; en sorte que ce n'est pas sans raison que l'Église chante ces paroles: O heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand rédempteur! Si un ouvrier habile se chargeait d'arranger un habit neuf et précieux, qu'on aurait par accident déchiré et gâté , au point de le rendre, au moyen de certains ornements, beaucoup plus élégant et plus précieux, on pourrait dire avec raison qu'un pareil accident qui a donné occasion à tant de beauté, est un accident heureux. Le premier homme s'étant donc enorgueilli, trompé par la ruse et l’envie du démon, voulut se rendre semblable à Dieu, et par sa désobéissance transgressa le précepte du Seigneur; c'est ainsi qu'il déroba en quelque manière l'honneur qui appartient à Dieu; mais le second Adam, Jésus-Christ, qui est la sagesse de Dieu, s'humilia lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort (Philippiens. II.), et restitua à Dieu un honneur beaucoup plus grand que celui qu'Adam, par son orgueil et sa désobéissance, lui avait ravi. Car Adam n'étant qu'un pur homme, en obéissant à Dieu, il aurait fait une chose facile ; eût-il été en effet bien pénible aux premiers hommes de s'abstenir d'un seul arbre défendu, tandis qu'ils en avaient une abondance d'autres, tous excellents ? C'est pourquoi leur péché, il est vrai, fut très-grand, et d'autant plus grand que le précepte était plus facile, puisqu'il ne leur coûtait aucune peine; mais quant à Jésus-Christ, il était Dieu et homme, et il s'est humilié pour obéir à Dieu son Père dans la chose la plus grande et la plus pénible, qui est la mort de la croix, pleine de douleur et d'ignominie.
Si nous considérons ensuite l'éminence de la personne, et la profondeur de l'humilité et de l'obéissance, nous ne pourrons imaginer rien de plus grand, de plus méritoire, rien de plus honorable à Dieu que cette humble obéissance de Jésus-Christ; aussi dit-il dans l'Evangile, s'adressant à son Père: Je vous ai glorifié sur la terre Ego te clarificavi super terram ( Joan. XVII . ). Car Jésus-Christ a véritablement glorifié d'une gloire ineffable Dieu son Père, devant les anges et en présence des âmes de tous les saints prophètes et autres qui connurent ces merveilles. Et si devant l'humilité de la crèche les anges chantèrent à sa naissance: Gloire à Dieu aux cieux les plus élevés: Gloria in altissimis Deo ( Luc II.), Ils chantèrent ces paroles avec beaucoup plus de jubilation devant l'humilité de la croix. Si l'homme n'eût point péché, il aurait obtenu tout au plus d'être égalé aux anges; mais à présent, par la rédemption que Jésus-Christ a opérée , le genre humain a obtenu qu'un homme, élevé au-dessus des anges, soit assis à la droite de Dieu, et soit le chef et le Seigneur des anges et des hommes. Car l'apôtre saint Pierre dit de Jésus-Christ, qu'il est monté au ciel et est assis à la droite de Dieu, les Anges, les Dominations et les Puissances lui étant assujetties (1. Petr. III. 22. ) ; et son coadjuteur Saint Paul, écrivant aux Philippiens, leur dit qu'à cause de ses abaissements volontaires, Dieu a élevé son Fils par-dessus toutes choses, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers (Philippiens II.). [ à suivre... ]
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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3º (suite) C'est ainsi que le Fils a glorifié son Père par l'humilité de sa passion d'une manière ineffable, et le Père a glorifié son Fils d'une manière qui ne l'est pas moins, en l'élevant à sa droite; et cette gloire a tellement rejailli sur tout le genre humain, que c'est la plus monstrueuse de toutes les ingratitudes de ne pas reconnaître ce bienfait immense, et de ne pas en rendre gloire à Dieu. Disons plus ! c'est non seulement Jésus-Christ Dieu et homme, mais encore sa Mère qui a été élevée au-dessus de tous les chœurs des anges, quoiqu'il n'y eût en elle que la simple humanité.
C'est pourquoi, après un tel accroissement de gloire, qu'ils n'eussent jamais obtenu, si Adam n'avait point péché, les hommes peuvent s'écrier: Ô HEUREUSE FAUTE, QUI NOUS A MÉRITÉ UN TEL ET UN SI GRAND RÉDEMPTEUR ! Or, de même que les saints anges furent contristés par la chute du premier homme qui plongeait dans tant de misères leur frère puîné, de même ils ont éprouvé la plus grande joie par la rédemption abondante de Jésus-Christ. Car s'il y. a de la joie dans le ciel parmi les anges pour un pécheur qui fait pénitence (Luc. XV.), combien plus grande dut être la joie des anges, lorsqu'ils virent que Jésus-Christ fait homme avait satisfait pleinement à la justice divine pour le genre humain, et que, par la clé de sa croix, il avait ouvert aux fidèles le royaume des cieux!
II ne faut pas s'imaginer que les saints anges aient vu avec peine que Dieu ait élevé son Fils fait homme et la Sainte Vierge au-dessus d'eux; l'envie est bannie de cette société d'esprits célestes, et ils sont remplis d'une vraie et ardente charité; or la charité n'est pas envieuse, elle ne s'enorgueillit point, elle ne s'attriste point des avantages d'autrui; mais elle se félicite et se réjouit du bien des autres, comme de ses propres biens. C'est pourquoi l'Eglise chante ces paroles : Marie a été élevée dans le ciel, les anges s'en réjouissent: Assumpta est maria in cælum, gaudent angeli. Ils se réjouissent de voir cette Vierge, Mère de Dieu, au-dessus des chœurs des anges dans le royaume céleste. Ils comprennent, en effet, que c'est une justice que lui a rendue celui qui ne fait rien qu'avec sagesse et justice; ils sont si inséparablement finis à la volonté de Dieu, que ce qui lui plait leur plait, et ne saurait leur déplaire en aucune manière.
Quant au démon qui s'était réjoui un moment de sa victoire, en terrassant le premier homme, il éprouva de la victoire de l'Homme-Dieu, une tristesse beaucoup plus grande que n'avait été sa joie; car par le triomphe de Jésus-Christ, il est arrivé que, non-seulement les hommes tels qu'Adam, mais encore les enfants et les femmes triomphent du démon et l’insultent à leur gré. Que le démon ait vaincu, dans le paradis terrestre, Adam qui n'était dominé ni par l'ignorance ni par l'infirmité; par Adam revêtu de la justice originelle, à la raison duquel la parte inférieure était tellement soumise, qu'elle ne pouvait se révolter, sans qu'auparavant l'âme ne se fût révoltée contre Dieu, il n'y eût eu en cela rien de bien humiliant pour cet esprit d'orgueil; MAIS QU'IL SOIT AUJOURD'HUI VAINCU PAR L'HOMME MORTEL, ÉTRANGER, SUJET À L'IGNORANCE ET À LA CONCUPISCENCE, C'EST LE PLUS GRAND DE TOUS LES DESHONNEURS.
Et cependant il est vaincu par la grâce de Jésus-Christ; et il est tellement vaincu, que plusieurs érigent des trophées de chasteté, de patience, d'humilité, de charité, malgré tous les traits enflammés de tentations et de persécutions que le démon ne cesse de leur lancer. C'est en cela surtout qu'il faut admirer la hauteur de la sagesse de Dieu; car Dieu voyant que le mépris des choses temporelles, des voluptés charnelles, des richesses et de la gloire mondaine, et autres choses semblables, qui sont autant de pièges du démon ( I. Tim. VI. ), qui entraînent ceux qui s'en rendent esclaves dans la mort et la perdition, était nécessaire pour fortifier l'homme contre les tentations; pour les rendre amères aux hommes, et leur rendre douce, au contraire, la vertu de chasteté, de pauvreté, d'humilité, de patience, de mépris du monde, il descendit du ciel, et ayant pris la forme d'esclave, il appliqua à l'homme malade, un remède qui, de lui-même, serait très-amer et rebutant, mais que par son exemple il a su rendre si doux et si suave, que déjà plusieurs préfèrent le jeûne à la sensualité, la pauvreté aux richesses, la virginité au mariage, le martyre aux délices, aimant mieux obéir que commander, être méprisés qu'être honorés, être soumis que de présider, être humiliés que d'être élevés en gloire.
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3º (suite) Nous allons parler maintenant de la hauteur pratique de la sagesse de Dieu, qu'on remarque dans l'œuvre de la rédemption. Je ne pouvais me rassasier, disait Saint Augustin, du doux plaisir que je trouvais à considérer la hauteur de votre conseil sur le salut du genre humain (Liber. 9. Confess.. c. 6.). Ce fut vraiment un conseil fort élevé que celui de réparer, par l'ignominie de la croix, tous les dommages que l'astuce du démon avait causés en faisant pécher le premier homme, et réparer l'œuvre dégradée, de telle manière qu'elle fut plus belle qu'elle n'était avant qu'elle eût besoin de restauration. Le péché du premier homme a produit quatre maux: l'injure faite à Dieu par l'orgueil et la désobéissance d'Adam; le châtiment du premier homme et de tout le genre humain, c'est-à-dire, la privation de la grâce de Dieu et de la béatitude céleste; la tristesse des anges, causée par l'injure faite à Dieu et par les misères qui allaient fondre sur les hommes; la joie du démon et de tous les esprits infernaux qui se réjouissaient d'avoir vaincu l'homme et de l'avoir terrassé.
La sagesse de Dieu a pris sur elle tous ces maux, et les a changés en de plus grands biens par le mystère de la croix; en sorte que ce n'est pas sans raison que l'Église chante ces paroles: O heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand rédempteur! Si un ouvrier habile se chargeait d'arranger un habit neuf et précieux, qu'on aurait par accident déchiré et gâté , au point de le rendre, au moyen de certains ornements, beaucoup plus élégant et plus précieux, on pourrait dire avec raison qu'un pareil accident qui a donné occasion à tant de beauté, est un accident heureux. Le premier homme s'étant donc enorgueilli, trompé par la ruse et l’envie du démon, voulut se rendre semblable à Dieu, et par sa désobéissance transgressa le précepte du Seigneur; c'est ainsi qu'il déroba en quelque manière l'honneur qui appartient à Dieu; mais le second Adam, Jésus-Christ, qui est la sagesse de Dieu, s'humilia lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort (Philippiens. II.), et restitua à Dieu un honneur beaucoup plus grand que celui qu'Adam, par son orgueil et sa désobéissance, lui avait ravi. Car Adam n'étant qu'un pur homme, en obéissant à Dieu, il aurait fait une chose facile ; eût-il été en effet bien pénible aux premiers hommes de s'abstenir d'un seul arbre défendu, tandis qu'ils en avaient une abondance d'autres, tous excellents ? C'est pourquoi leur péché, il est vrai, fut très-grand, et d'autant plus grand que le précepte était plus facile, puisqu'il ne leur coûtait aucune peine; mais quant à Jésus-Christ, il était Dieu et homme, et il s'est humilié pour obéir à Dieu son Père dans la chose la plus grande et la plus pénible, qui est la mort de la croix, pleine de douleur et d'ignominie.
Si nous considérons ensuite l'éminence de la personne, et la profondeur de l'humilité et de l'obéissance, nous ne pourrons imaginer rien de plus grand, de plus méritoire, rien de plus honorable à Dieu que cette humble obéissance de Jésus-Christ; aussi dit-il dans l'Evangile, s'adressant à son Père: Je vous ai glorifié sur la terre Ego te clarificavi super terram ( Joan. XVII . ). Car Jésus-Christ a véritablement glorifié d'une gloire ineffable Dieu son Père, devant les anges et en présence des âmes de tous les saints prophètes et autres qui connurent ces merveilles. Et si devant l'humilité de la crèche les anges chantèrent à sa naissance: Gloire à Dieu aux cieux les plus élevés: Gloria in altissimis Deo ( Luc II.), Ils chantèrent ces paroles avec beaucoup plus de jubilation devant l'humilité de la croix. Si l'homme n'eût point péché, il aurait obtenu tout au plus d'être égalé aux anges; mais à présent, par la rédemption que Jésus-Christ a opérée , le genre humain a obtenu qu'un homme, élevé au-dessus des anges, soit assis à la droite de Dieu, et soit le chef et le Seigneur des anges et des hommes. Car l'apôtre saint Pierre dit de Jésus-Christ, qu'il est monté au ciel et est assis à la droite de Dieu, les Anges, les Dominations et les Puissances lui étant assujetties (1. Petr. III. 22. ); et son coadjuteur Saint Paul, écrivant aux Philippiens, leur dit qu'à cause de ses abaissements volontaires, Dieu a élevé son Fils par-dessus toutes choses, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers (Philippiens II.).
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3º (suite) En effet, peut-on, sans être encouragé et excité à suivre ses exemples, voir un Dieu sous la forme humaine, plein de sagesse et de grâce, qui ne peut se tromper ni tromper les autres, vivant pauvre, humble, patient, continent, et, ce qui est plus admirable, attaché à une croix pour racheter le genre humain, répandant volontairement son sang précieux, et mourant par un ardent amour pour nous ?
Telle fut l'invention de cette haute et admirable sagesse de Dieu dont parle Isaïe, lorsqu'il dit (XII. 4.): Publiez parmi les peuples les inventions de sa sagesse. Cependant aujourd'hui même, cette haute sagesse de Dieu parait une folie, comme le dit l'Apôtre (I. Cor. I.), non seulement aux sages de ce monde, mais encore aux charnels, à l'homme animal, qui croit en Jésus-Christ, mais qui refuse de suivre ses traces; de tels hommes, l'Apôtre les appelle les ennemis de la croix de Jésus-Christ (Phil. III.). Pour vous, ô mon âme, empressez-vous de sucer le miel de la pierre, et d'exprimer l'huile du rocher le plus dur, c'est-à-dire, la sagesse de la folie, la sagesse de Dieu de la folie de la croix. Considérez attentivement et soigneusement quel est celui qui est attaché à la croix, et pourquoi il y est attaché; et ayant reconnu que c'est celui qui est assis au-dessus des Chérubins, et ce qui est bien plus encore, qui est placé à la droite de la majesté, au plus haut des cieux (Ps. 98; Hébreux. I.), vous comprendrez facilement qu'il n'y est pas attaché pour ses crimes, ni à cause de son impuissance à se défendre, mais volontairement et par un ardent désir de satisfaire à la justice divine pour les péchés de tout le monde, pour l'honneur et la gloire de Dieu le Père, pour le salut de tous les élus, et, comme dit l'Apôtre: Pour faire paraître son église devant lui pleine de gloire, n'ayant ni tache, ni ride (Ephésiens. V. 7.), et enfin pour votre amour, parce qu’il vous a aimée et s'est livré lui-même à Dieu comme une hostie et une oblation en odeur de suavité (Éphésiens. I.).
Ensuite ayant découvert cette vérité importante , élevez-vous amoureusement vers un tel bienfaiteur, et, à son exemple, commencez d'être saintement altérée de la gloire de Dieu, du salut de toutes les nations, mais surtout de la beauté et de la gloire de son Église, ainsi que de votre salut éternel; commencez à désirer d'avoir une véritable haine pour l'iniquité, une grande pureté de cœur, une justice parfaite, afin que plus tard vous désiriez de partager la croix de votre divin maître, de vous réjouir dans les tribulations et les angoisses, pour devenir enfin participante de la résurrection des justes pour la gloire, et d'éviter celle des impies pour l'enfer.
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4º Il nous reste à examiner la profondeur de la sagesse pratique de Dieu qui consiste dans sa providence, sa prédestination et ses jugements. Car il est écrit (Ps. XXXV.): Vos jugements sont un abîme profond: Judicia tua abyssus mulla. Que la providence de Dieu soit admirable, on le voit en ce que Dieu gouverne immédiatement toutes les créatures, et les conduit à leur fin. Il a également soin de tous [de tout, selon l'interprétation de Bellarmin.] (Sap. VI. 8.) , c'est-à-dire que Dieu, sans exception, prend soin de toutes choses, en telle sorte que le moindre passereau ne tombe point sur la terre sans sa providence, comme dit le Sauveur (Matth., X. ; Luc. XII.). Qui pourrait nombrer toutes les choses créées, pourrait avoir quelque idée de la grandeur de la sagesse divine qui régit et dirige chacune de ces choses. Le souverain pontife peut régir seul l'univers chrétien, par une providence générale, mais il ne le pourrait par une sollicitude particulière, qui s'étendit à chaque chrétien; et c'est pour y pourvoir qu'il appelle plusieurs évêques a partager sa sollicitude. Un seul roi peut gouverner plusieurs provinces par une administration générale, mais il ne saurait gouverner en particulier chaque citoyen; et il faut pour ce dessein plusieurs préfets ou autres administrateurs.
Mais Dieu gouverne aussi facilement chaque créature, comme s'il les gouvernait toutes ensemble, et il les gouverne toutes ensemble comme une seule. Il ne tombe aucun passereau sur la terre sans l'ordre de votre Père; pour vous qui êtes ses enfants, les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés (Matth.29.), et pas un seul ne périra, parce que sa providence veille sans cesse sur nous. Les petits du corbeau, abandonnés de leur mère, sont sous la protection de Dieu (Ps. CXLVI.). Avec quelle sécurité, devez-vous donc, ô mon âme, vous reposer dans le sein d'un tel père, même au milieu des ténèbres, au milieu des lions et des dragons, au milieu des innombrables légions d'esprits. Seulement, attachez-vous à lui par un amour sincère, par une crainte sainte, par une ferme foi qui ne sait ce que c'est de doute. Ce ne sont pas seulement des êtres en particulier et actuellement existants que Dieu prend soin, mais sa sagesse atteint et pénètre tout, depuis une extrémité du monde jusqu'à l'autre, avec une force infinie, et elle dispose tout avec une égale douceur (Sap. VIII. 1.).
C'est pourquoi Dieu est appelé le roi des siècles (I. Tim. I.), parce qu'il a lui-même, de toute éternité, établi l'ordre des siècles, la succession des royaumes, les vicissitudes et les variétés dû temps et des saisons; rien de nouveau ni de prévu ne peut arriver sans que Dieu le sache: Les pensées des hommes sont timides, et nos prévoyances sont incertaines et trompeuses (Sap. IX. 14.), comme dit le Sage, parce que nous n'avons que de fausses conjectures sur l'avenir; mais Dieu le connaît aussi bien que le présent et le passé, et avant la création du monde, il avait en lui-même, disposé toutes les successions des êtres, et l'ordre qui devait régner entre eux. C'est pourquoi notre sainte mère l'Église chante publiquement, et sans crainte de se trompe, que la providence divine n'est jamais trompée dans ses dispositions; cependant les raisons de la divine providence étant très cachées, et ses jugements un abîme sans fond (Ps. XXXV.), il arrive que quelques-uns, à la vue de plusieurs maux qui arrivent par la malice des hommes, et dont la plupart restent impunis, s'égarent au point de s'imaginer que Dieu ne se mêle pas des choses humaines ou du moins que tous les maux arrivent parla volonté de Dieu.
L'une et l'autre de ces opinions sont impies, mais surtout la dernière, comme l'observe saint Augustin (Liber. I. de ord. caput. I. ). Ce sont ceux qui ne considèrent la providence de Dieu que d'un côté, qui tombent dans cette erreur; et tandis qu'ils devraient attendre la fin de chaque chose, qui sera connue de tous au dernier jugement, ils aiment mieux juger témérairement avant le temps, et se précipiter ainsi dans les plus graves erreurs. C'est pour prévenir ce malheur, que l'Apôtre nous dit: Ne jugez point avant le temps, mais suspendez votre jugement jusqu'à ce que le Seigneur vienne, qui exposera ci la lumière ce qui est caché dans les ténèbres les plus épaisses des consciences, et qui produira au grand jour les plus secrètes pensées des cœurs (I. Corinth. IV. 5.).
Saint Augustin explique ce passage par une similitude remarquable. "Si quelqu'un" dit-il, "ne voyait qu'une seule pièce de celles qui composent une marqueterie, il pourrait blâmer l'ouvrier, comme manquant d'ordre et de composition, parce qu'il ne verrait qu'une partie et non l'ensemble de l'ouvrage; mais s'il examinait toutes les parties et leur connexion, il ne pourrait s'empêcher de louer l'ouvrage de l'ouvrier." C'est ainsi que plusieurs voient les impies prospérer, et les justes affligés et opprimés, et ils ne savent pas ce que Dieu réserve dans la suite à l'iniquité des uns et à la patience des autres. Cette ignorance excite leurs blasphèmes, et leur fait dire comme aux amis de Job: Dieu se promène dans le plus haut des cieux, et ne se mêle point de nos affaires (Job, XXII.); ou comme ceux dont parle Malachie: Quiconque fait le mal, passe pour bon aux yeux de Dieu, c'est avec de tels hommes qu'il se plaît (Malachie, II.). Saint Augustin cite encore en plusieurs endroits une autre similitude tirée des vers: Si quelqu'un, dit-il, ayant commencé à entendre réciter un vers héroïque, dit, dès le commencement ou vers le milieu, que ce vers ne vaut rien, on l'accusera justement de folie; qu'il attende que toutes les syllabes soient passées et prononcées avant de critiquer. C'est ainsi qu'on peut regarder comme entièrement insensés ceux qui osent blâmer la Providence, avant d'avoir connu tous ses desseins. Si vous êtes sage, ô mon âme, efforcez-vous donc, autant que vous pourrez, d'empêcher le mal; Dieu le veut ainsi; mais de savoir pourquoi il permet le mal, laissez-le à son jugement; ce qui peut être caché, ne peut être injuste.
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5º (suite) Comment ne pas être étonné de la chute du traître Judas, après avoir longtemps persévéré dans la pratique des bonnes œuvres; et du salut du bon larron, admis dans le ciel immédiatement après sa conversion, quoiqu'il eût passé toute sa vie dans le mal ? Vous répondrez que Judas avait trahi Jésus-Christ, et que le larron avait confessé sa divinité; c'est vrai: mais Jésus-Christ n'aurait-il pas pu jeter un regard sur Judas, comme sur Pierre, et lui donner cette grâce efficace à laquelle le cœur le plus dur ne saurait résister ? Jésus-Christ n'aurait-il pas pu inspirer aux deux voleurs les sentiments de foi et de pénitence, comme il les inspira à l'un d'eux; ou les laisser tous deux finir leur vie dans le péché, comme il en laissa un ? Et qui pourra expliquer pourquoi Dieu en retiré quelques-uns de ce monde, pour empêcher la malice du siècle de les corrompre (Sap. IV.), comme le Sage le dit d'Énoch, et en laisse plusieurs autres, qui, de bons qu'ils étaient, deviennent méchants, et meurent dans l'impénitence ? Mais que dirons-nous de ces régions entières, qui ont été appelées les unes plus tôt, les autres plus tard à la foi indispensable au salut? car celui qui ne croit point est déjà jugé (Joan. III.). Ce passage devrait faire réfléchir tant de nouveaux théologiens qui veulent sauver presque tout le monde par des distinctions inconnues de nos pères. Et au contraire, l'Apôtre enseigne (Rom. X.), que tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés. Mais comment l'invoqueront-ils, s'ils ne croient pas en lui; et comment croiront-ils en lui, s'ils n'en ont point entendu parler; et comment. en entendront-ils parler, si personne ne leur prêche; et comment les prédicateurs leur prêcheront-ils, s'ils ne sont envoyés ?
Ce sont là des secrets très élevés et très profonds, que le Père céleste a renfermés dans l'abîme de sa sagesse, que l'Apôtre n'ouvre point, mais qu'il admire , lorsqu'il dit (Rom. XI. 33.). O profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu que ses jugements sont incompréhensibles et ses voies impénétrables ! Car qui a connu les desseins de Dieu, ou qui est dans le secret de ses conseils pour y découvrir les raisons de sa conduite sur les hommes ! Tout ce qu'il nous est permis de savoir, c'est qu'en Dieu il n'y a nulle iniquité; et qu'au dernier jour il n'y aura personne qui ne puisse dire en toute vérité: Vous êtes juste, Seigneur, et votre jugement est équitable (Ps. CXVIII.).De plus, cette impossibilité de connaître les desseins de Dieu nous est utile, afin que le méchant ne désespère pas de son salut et que le juste ne présume pas de la certitude du sien; et encore afin que les bons ne croient jamais à l'impossibilité de la conversion des méchants, qu'ils prient pour eux, et qu'ils s'intéressent à leur salut; et que d'un autre côté personne ne s'enorgueillisse, quelque bon et saint qu'il puisse être, puisque personne ne sait ce qui doit arriver demain, et que nous devons tous opérer notre salut avec crainte et tremblement (Phil. II.).
Pour vous, ô mon âme, après avoir considéré toutes ces vérités, efforcez-vous de plus en plus, selon l'avis de saint Pierre (II. Petr. I., 10.), d'affermir votre vocation et votre élection par les bonnes oeuvres et si vous désirez savoir quelles sont les bonnes œuvres qui affermissent la vocation et l'élection, écoutez ce que recommande saint Jean (1. Joan. III. 18.): Mes petits enfants, vous dit-il, n'aimons pas de parole et de langue, mais par œuvre et en vérité; car c'est là la charité avec laquelle personne ne périra et sans laquelle personne ne sera sauvé. Or, la charité se montre par les œuvres, lorsque, sans espérance de rétribution temporelle et sans affection déréglée pour la créature, mais par un sincère et pur amour de Dieu et du prochain, nous donnons l'aumône aux pauvres, ou nous pardonnons les injures.
Et parce qu'il ne suffit pas de bien commencer, mais qu'il faut persévérer jusqu'à la fin pour être sauvé (Matthieu X.), saint Pierre nous dit: Efforcez-vous; ce qui veut dire: Travaillez avec anxiété, avec sollicitude et diligence à l'affaire de votre salut éternel. Et vraiment s'il existe quelque forte probabilité de l'élection divine, elle est sans doute pour l'homme qui, ayant plus de sollicitude pour son salut que pour aucune autre chose, ne cesse de demander à Dieu le don de la vraie pénitence, de la vraie humilité, de la parfaite charité, et de la persévérance finale; et qui, non content de demander à Dieu ces grâces précieuses, fait tous ses efforts , selon le conseil de Jésus-Christ, pour chercher et pour trouver le royaume de Dieu et de sa justice.
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5º Quoique nous voyions que la providence de Dieu, dans le gouvernement des choses humaines, soit pour nous un abîme sans fond, cependant la prédestination et la réprobation éternelle sont encore plus impénétrables. Car quoique nous ne puissions pas donner des raisons particulières de la conduite que Dieu tient à l'égard des impies qu'il comble quelquefois de biens temporels, laissant leurs crimes impunis dans cette vie, tandis qu'il permet que plusieurs justes soient plongés dans la misère, vexés injustement, maltraités et même mis à mort; cependant nous pouvons assigner des raisons générales.
Car Dieu comble quelquefois de biens les impies, pour récompenser quelques-unes de leurs œuvres moralement bonnes, ne pouvant leur accorder la vie éternelle; ou pour les inviter, par ces bienfaits temporels, à se convertir, et les amener à l'espérance et au désir des biens éternels. Il ne punit pas leurs péchés en cette vie, parce qu'il les punira assez dans l'autre; il laisse au contraire quelquefois les justes dans la misère, l’ignominie, les persécutions générales, soit pour les purifier de leurs péchés véniels dès cette vie, soit pour couronner, avec plus d'éclat et de splendeur, leur patience, leur humilité, et leurs autres bonnes œuvres; mais qui pourra comprendre pourquoi Dieu, avant qu'ils eussent rien fait de mal ni de bien, a choisi Jacob et rejeté Esaü ? C'est ce qu'admire l'Apôtre dans son Épître aux Romains (IX.).Ils étaient jumeaux, appartenaient au même père et à la même mère, et cependant Dieu en a aimé un en le prédestinant, et haï l'autre en le réprouvant. Et qu'on ne dise pas que Dieu a prévu les bonnes œuvres de l'un, et les mauvaises actions de l'autre: l'Apôtre prévient cette réponse en disant que cela fut fait afin que le décret de Dieu sur ces deux enfants demeurât ferme, selon son élection éternelle (Romains IX.); et il rappelle les paroles de Dieu à Moise: Je ferai miséricorde à qui il me plaira de faire miséricorde, et j'aurai pitié de qui il me plaira d'avoir pitié ( Hébreux, IX. 15.).
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QUATORZIÈME DEGRÉ. Considération de la miséricorde de Dieu.
1º L'ESPRIT SAINT dans l'Écriture fait de la miséricorde divine l'éloge le plus admirable, au point qu'il l'élève au-dessus de toutes les œuvres de Dieu. Car le prophète David ne balance pas à dire que le Seigneur est bon envers tous, et que ses divines miséricordes s'étendent sur toutes ses oeuvres (Ps. CXLIV. 9.). Nous reconnaîtrons facilement la grandeur de cet attribut divin, si nous en considérons un peu attentivement la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur. La largeur de la miséricorde divine consiste en ce que Dieu, et Dieu seul, peut guérir toutes les misères, et qu'il en guérit en effet plusieurs par amour pour ses créatures, et non pour aucune utilité personnelle. Les créatures peuvent, il est vrai, soulager quelques besoins; apaiser la faim par l'usage du pain; la soif, par l'emploi des boissons; couvrir la nudité avec des habits; acquérir la science pour dissiper l'ignorance, et ainsi du reste; mais il n'est point de créature qui puisse faire cesser toutes les misères. Bien plus, il y a des misères d'autant plus graves qu’elles sont plus cachées, plus intérieures, et auxquelles Dieu seul peut apporter remède. Telles sont les embûches des démons, qui sont très nombreux, très rusés, très puissants, et par-dessus tout très méchamment acharnés contre nous. Tels sont encore les égarements et l'aveuglement de l'âme et ceux d'une conscience erronée que nous ne reconnaissons pas en nous, croyant souvent que notre intérieur va bien, tandis que nous sommes sérieusement en péril.
Qui peut nous délivrer de pareilles misères, si ce n'est le médecin tout-puissant ? et parce que c'est souvent à notre insu que le Dieu de miséricorde nous délivre de semblables misères, on peut dire avec raison, comme l'enseigne St. Luc (VI.) que tous les hommes sont ingrats et méchants: car à peine connaissons-nous la moindre partie des bienfaits de Dieu, et pour ceux que nous reconnaissons, à peine en rendons-nous des actions de grâces avec cette dévotion et cette humilité qu'il conviendrait d'avoir. Ensuite les créatures non seulement n'ôtent pas toutes les misères, mais en ôtent fort peu; et ne les ôtent pas à tous, mais seulement à quelques-uns. Dieu seul peut les ôter toutes, et les ôter à tous; et quoiqu'il ne les ôte pas toutes à tous, il n'est cependant personne qui n'ait eu part à quelqu'une de ses miséricordes: aussi le Prophète assure (Ps. XXXII.) que la terre est remplie des miséricordes du Seigneur. Et l'Église dit dans une oraison: Dieu dont le propre est d'avoir compassion: Deus cui proprium est misereri. Parce que c'est a celui qui n'est sujet à aucune misère d'ôter les misères d’autrui, il appartient d'ôter toutes les misères des choses créées à celui-là seul qui est exempt de toute misère; mais y a-t-il un autre que Dieu qui en soit exempt ? lui qui est tout pur, souverainement bon, et dont la béatitude forme l'essence ? [à suivre...]
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QUATORZIÈME DEGRÉ. Considération de la miséricorde de Dieu.
1º (suite) O mon âme, si vous pouviez comprendre quelle est la vie de votre Seigneur et de votre Père, de cette vie au-dessus de toutes les misères, pure et pleine de félicité, avec quelle ardeur ne désireriez-vous pas de lui être réunie, afin qu'on puisse vous dire aussi: Le mal ne viendra point jusqu'à vous, et les fléaux n'approcheront point de votre tente (Ps. IX. 10.) ? Mais, direz-vous, s'il est au pouvoir de Dieu d'empêcher toutes les misères, pourquoi ne les empêche-t-il pas, étant le Père des miséricordes (II Cor. l .), c'est-à-dire un père très miséricordieux? D'où vient cette affluence de misères parmi le genre humain, sous le gouvernement du Père des miséricordes et pourquoi dit-on que la terre est pleine de la miséricorde du Seigneur, plutôt que de dire que la terre est remplie de misères ? A la vérité, Dieu peut faire disparaître toutes sortes de misères; mais il n'ôte que celles que sa sagesse juge à propos d'ôter. Et la sagesse divine juge qu'il n'est pas avantageux à l’homme de s'en voir entièrement délivré, et que c'est souvent un effet de sa miséricorde de lui laisser quelque misère, pour donner lieu à une plus grande miséricorde.
L'Apôtre pria trois fois le Seigneur de lui ôter l'aiguillon de la chair, et il ne fut pas exaucé, parce que la vertu se perfectionne dans l'infirmité ( I. Cor. XII. ). Dieu laissa à Lazare sa pauvreté et ses plaies, pour user envers lui plus tard d'une plus grande miséricorde, en faisant porter son âme par les anges dans le sein d'Abraham (Luc. XVI.). Et comment feraient les riches pour exercer les oeuvres de miséricorde si nécessaires pour leur acquérir des mérites, s'il n'y avait point de pauvres qui souffrissent la faim, la soif, la nudité, les maladies, s'il n'y avait ni étrangers ni prisonniers ? Et s'il n'y avait point de tentations ni de combats à soutenir contre les démons, où seraient le triomphe et la couronne des vierges et des confesseurs ? S'il n'existait plus de travaux ni de douleurs, où serait la couronne réservée à la patience ? Sans persécuteurs, où trouveriez-vous la palme du martyre ?
C'est pourquoi, il est également vrai que dans cette terre d'exil, tout y est rempli de misères, ne fût-ce qu'à cause des péchés qui y règnent; et tout y est plein aussi de la miséricorde du Seigneur, parce que la conversion des pécheurs et les mérites des saints, et une infinité d'autres biens spirituels et temporels que Dieu nous accorde, sont un écoulement continuel de la grande miséricorde de Dieu notre créateur. Remercions notre bon maître, de ce qu'à l'abondance des tribulations pendant notre pèlerinage se trouve toujours mêlée l'abondance des consolations que nous prodigue sa miséricorde (II. Cor. I.). Écrions-nous avec le Prophète: Seigneur, votre miséricorde est dans le ciel (Ps. XXXV.), parce que, dans ce bienheureux séjour, la miséricorde y sera pure, et sans mélange d'aucune misère.
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OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
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QUATORZIÈME DEGRÉ. Considération de la miséricorde de Dieu.
2º La longueur de la miséricorde de Dieu consiste dans la longanimité ou la patience que l'Écriture a coutume de joindre à la miséricorde, comme en faisant partie. Car David s'exprime ainsi: Le Seigneur est miséricordieux et plein de tendresse, il est patient et tout rempli de miséricorde (Ps. CII. 8.) ; ce qu'il répète dans un autre endroit: Le Seigneur est clément et miséricordieux, il est patient et rempli de miséricorde (Ps. CXLIV. 8.). La longanimité ou la patience de Dieu notre très miséricordieux Père, envers le genre humain, est extrêmement admirable; on ne voit rien de pareil ni dans les maîtres envers leurs serviteurs, ni dans les parents envers leurs enfants, quoique les uns et les autres soient des hommes. Et d'abord Dieu est plein de longanimité envers les pécheurs; il les attend avec une patience incroyable, quelquefois depuis leur enfance jusqu'à la dernière vieillesse, souffrant que sa loi soit violée, que son nom soit blasphémé, et, en attendant, leur faisant du bien en dispensant les pluies du ciel et les saisons favorables pour les fruits de la terre, leur donnant la nourriture avec abondance et remplissant leur coeur de joie (Act.XIV.16.).Trouverait-on parmi les hommes un maître ou un père assez doux, assez complaisant pour souffrir, sans le chasser de sa maison, que son serviteur ou son fils le méprisât et l'accablât d'injures, persévérant longtemps dans cette méchanceté ?
Mais pour la miséricorde de Dieu, elle ne saurait être vaincue par la malice des hommes; il les attend avec patience, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous retournent à lui par la pénitence (II. Petr. III. 9. ). Et le Sage, parlant de la bonté de Dieu, s'exprime ainsi: Vous avez compassion de tous les hommes, parce, que vous pouvez tout; et vous dissimulez leurs péchés; afin qu'ils fassent pénitence (Sap. XI. 24.). On voit encore une plus grande patience dans la conduite de Dieu envers beaucoup de pécheurs qu'il a retirés, par sa grâce, du lac de misère et du bourbier du crime; qu'il a fait enfants de lumière d'enfants de ténèbres qu'ils étaient; qu'il a revêtu de l’adoption des enfants de Dieu et de l'espérance du royaume céleste, lorsqu'ils méritaient la mort éternelle, et qui, malgré tant de bienfaits, retombant sans cesse, et revenant plusieurs fois à leurs turpitudes et à leurs ingratitudes, ne sont pas cependant abandonnés par la longanimité de Dieu, mais attendus et invités avec bonté à se convertir de nouveau et à persévérer; s'ils font pénitence de tout leur cœur, ils sont, comme d'autres enfants prodigues, admis par ce très miséricordieux Père au baiser de paix, et rétablis dans leurs premiers honneurs et leur ancienne dignité (Luc, XV).
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2º (suite) C'est pour nous faire connaître cette longanimité que Jésus-Christ répondit à Saint Pierre qui lui demandait s'il fallait pardonner jusqu'à sept fois celui de qui on avait reçu quelque affront, qu'il lui répondit, dis je, qu'il fallait lui pardonner non seulement sept fois, mais soixante-dix fois sept fois: Non dico tibi usque septies; sed usque septuagiès septies (Matth. XVIII.), c'est-à-dire qu'il veut que nous usions envers ceux qui nous ont offensés, comme il en use miséricordieusement lui-même envers ceux qui se repentent.
Or, il n'a assigné d'autre terme à la réconciliation que la fin de cette vie: on voit que le pieux auteur pensait autrement que nos rigoristes. Pendant que le pécheur vit, fût-il parvenu au-delà de cent ans en faisant des chutes et des rechutes continuelles, il peut toujours espérer que ce Père plein de bénignité l'admettra toujours à la pénitence, dès qu'il voudra se repentir. Auprès de ce Père miséricordieux aucune pénitence n'est tardive, pourvu qu'elle soit sérieuse, et qu'elle parte d'un cœur contrit et humilié: Nulla pœnitentia sera, modo sit seria. Ce n'est pas à dire qu'on doive abuser de la bénignité de Dieu, et différer de jour en jour sa conversion; puisque personne ne sait ni l'heure ni le jour de sa mort et de sa comparution au tribunal du Juge suprême; c'est, au contraire, cette grande et incroyable bonté de Dieu qui devrait tenter et engager les pécheurs à se convertir: car si le Seigneur montre tant de bonté envers des pécheurs qui retombent si souvent, quelle sera la douceur de ce tendre père envers ceux qui, après avoir goûté sa grâce, ne peuvent plus se résoudre à la perdre et à se séparer de leur Dieu, malgré toutes les tentations que leur suscite le monde et l'enfer; mais il est aussi une autre longanimité de Dieu, qui est des plus admirables et des plus aimables, c'est celle qui l'engage à supporter les offenses des justes.
Car Dieu, par son infinie bonté, d'ennemis que nous étions, nous a rendus ses amis; il a changé notre condition d'esclaves en celle d'enfants; et nous a fait héritiers de son royaume, tandis qu'auparavant nous ne méritions que la mort éternelle; et cependant notre ingratitude est si grande, que tous les jours nous lui rendons le mal pour le bien. Car si l'apôtre saint Jacques (III. 2.) dit que nous faisons tous beaucoup de fautes: In multis enim offendimus omnes, que devons-nous dire de nous-mêmes, dont la perfection est si éloignée de celle de l'Apôtre ? Nous entretenons-nous avec Dieu dans la prière, voilà qu'emportés à d'autres objets par notre imagination, nous tournons en quelque sorte le dos à Dieu. Où est sur la terre un maître qui voulût souffrir un serviteur qui le mépriserait au point de ne pas l'écouter lorsqu'il lui adresse la parole, pour se tourner vers un autre serviteur et s'entretenir avec lui ? Que dirai-je des œuvres inutiles ? des excès dans le boire et le manger, dans le sommeil et le jeu ? de la négligence dans les offices divins ? de l'omission de la correction fraternelle ? et d'un nombre infini d'autres offenses dont nous nous rendons fréquemment coupables ? Et cependant notre Dieu rempli de douceur et de bonté, répandant ses miséricordes envers tous ceux qui l'invoquent (Ps. LXXXV.), souffre cette grossièreté, cette incivilité, si je puis m'exprimer ainsi, et ces inepties de ses enfants, ce que certainement les hommes ne souffriraient pas de leurs semblables. Saint Augustin en fait la remarque dans son traité sur le psaume LXXXV, où il déplore la faiblesse de l'homme pour éviter ces évagations (dispersions) de l'esprit dans l'oraison, et où il exalte la mansuétude de Dieu qui supporte tant d'injures de la part de ses serviteurs.
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2º (suite] Car il connaît le limon dont nous sommes pétris, et nous traite comme une mère traite son petit enfant qu'elle échauffe et nourrit, quoique cet enfant la batte quelquefois. Mais quoique Dieu souffre nos offenses si multipliées sans nous priver de son amitié, ni pour cela du droit à son héritage; cependant ces offenses ne resteront pas sans punition à son jugement, où il faudra rendre raison d'une parole oiseuse, à moins que nous ne les ayons effacées par nos larmes, par la prière ou par quelque autre sorte de satisfaction. Mais de peur que vous ne regardiez, ô mon âme, ces offenses comme légères, et que, vous abusant, vous les négligiez, écoutez ce que saint Bonaventure écrit de Saint François qui était surnaturellement éclairé (In ejus vita, cap. X.): Il croyait, dit-il, faire un grand péché, lorsque dans l'oraison il se voyait assailli intérieurement d'idées fantastiques; et s'il lui arrivait d'en avoir, il ne manquait point d'aller se confesser pour les expier.
Ce soin lui était devenu si habituel, qu'il souffrait rarement ces mouches. Pendant un carême, il s'était occupé à faire un petit vase, pour ne pas rester la moindre partie de temps sans occupation; s'étant rappelé de ce vase pendant qu'il récitait Tierce, et ayant éprouvé une légère distraction dans un mouvement de ferveur, il mit ce vase au feu en disant: Je sacrifie à mon Dieu ce qui m'a empêché de lui offrir mon sacrifice. Il faut donc conclure qu'une divagation de l'esprit pendant l'oraison n'est pas une faute si légère, comme on le pense communément; mais c'est une grande miséricorde et une grande longanimité de Dieu notre Père qu'il ne s'en irrite pas davantage, ou qu'il ne nous en punisse pas sur-le-champ.
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3º Parlons maintenant de la hauteur de la miséricorde de Dieu: elle se tire de la cause qui porte Dieu à la compassion; elle est très élevée et exaltée au-dessus de tous les cieux, selon le Prophète: Seigneur, dit-il, votre miséricorde est dans les cieux; la miséricorde (de Dieu) s'élèvera comme un édifice éternel dans les cieux (Ps. XXXIII.; Ps. LXXXVIII.3) Car il y a des hommes qui ont pitié d'autres hommes, parce qu'ils ont besoin de leur travail, et c'est ici le dernier degré de la miséricorde, qui ne va pas au-delà de l'utilité personnelle; c'est ainsi qu'on a compassion d'un cheval, d'un chien ou d'un autre animal de service. D'autres ont des sentiments de compassion à raison de la consanguinité ou de l'amitié; ce sont des enfants, des frères, des voisins ou des amis, qui excitent les sentiments, et ce degré est un peu plus élevé, on y voit un commencement de vertu. Enfin il en est qui ont compassion des autres, parce que ce sont leurs semblables, comme eux créés de Dieu et formés du même limon: ainsi ils n'examinent pas s'ils sont: amis ou ennemis, s'ils sont bons ou mauvais, parons ou étrangers; mais ils ont compassion de tous ceux qui ont été créés à l'image de Dieu; et c'est là le plus haut degré où puissent atteindre les mortels.
Quant à Dieu, il a compassion, il est vrai, de tout, parce que tous les êtres sont ses créatures, et spécialement des hommes, parce qu'ils sont créés à son image, plus spécialement encore des justes, parce qu'ils sont ses enfants, les héritiers de son royaume, et les cohéritiers de son Fils unique. Mais si vous examinez pourquoi Dieu a créé le monde, pourquoi il a fait l'homme à son image, pourquoi il a justifié les impies et les a adoptés pour ses enfants et établis les héritiers de son royaume, vous ne découvrirez autre chose que sa volonté. Et pourquoi l'a-t-il voulu ? parce qu'il est bon, car sa bonté se répand et se communique volontiers. C'est donc dans le ciel que s'élève sa miséricorde, et de cette demeure élevée qui est le cœur du Père éternel, elle est descendue sur la terre et l'a remplie de ses bienfaits. Misericordia Domini plena est terra. Ainsi Dieu trouve en lui la source de sa miséricorde envers nous, et il a trouvé en nous la source des châtiments que méritent nos prévarications.
Élevez donc vos yeux ô mon âme, vers cette source élevée de la miséricorde; contemplez cette souveraine pureté qui agit sans aucun intérêt personnel, et lorsque vous entendrez le premier maître vous exhorter et vous dire: Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux (Luc. VI.), faites vos efforts pour avoir compassion non seulement de ceux qui tiennent le même rang que vous, mais encore avec ce désintéressement dont votre Père céleste a compassion de vous. Si vous pardonnez à un médisant, à un calomniateur, pardonnez sincèrement, et oubliez entièrement l'offense: car notre Père oublie nos péchés, comme nous l'a assuré le Prophète Ézéchiel (XVIII.); et afin que nos iniquités ne nous nuisent plus, il les éloigne de nous autant que l'Orient est éloigné de l'Occident. Si vous faites l'aumône à un pauvre, pensez que vous recevez plus que vous ne donnez; puisque celui qui a pitié du pauvre, prête à usure au Seigneur (Prov IX.); et par conséquent donnez avec humilité et révérence, non comme si vous donniez au pauvre, mais comme si vous offriez un petit présent au prince. Si vous souffrez quelques incommodités pour soulager l'indigence de votre prochain, pensez combien vous êtes loin de votre Seigneur, qui, pour vous être utile, a donné son sang et sa vie; c'est ainsi que, sans espérance d'une récompense temporelle, sans aucun motif de vaine gloire, et par pur amour de Dieu et du prochain, vous vous perfectionnerez dans l'exercice de la miséricorde.
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4º Il nous reste à considérer la profondeur de la miséricorde de Dieu: de même que la hauteur de cette miséricorde reluit principalement dans sa cause, de même aussi sa profondeur se découvre dans ses effets. Celui qui n'a la miséricorde que sur les lèvres, n'a qu'une miséricorde superficielle; elle est plus profonde dans celui qui aux paroles de consolation joint ses bienfaits pour soulager les malheureux. Mais elle est très profonde dans celui qui aide les malheureux non seulement par ses paroles et par ses aumônes, mais encore par sa patience, ses travaux et ses douleurs. Mais notre Dieu, dont les miséricordes sont sans nombre, a eu compassion de nous en toute manière. D'abord il nous a adressé des lettres de consolation qui sont les divines Écritures : Nous avons pour nous consoler, disent les Macchabées, les livres saints qui sont entre nos mains (Mach. XII.). Dieu ne se contente pas de nous parler par ses Écritures; il nous parle encore et nous promet sa protection parle ministère des prédicateurs, qui remplissent les fonctions d'ambassadeurs de Jésus-Christ dans notre pèlerinage, et aussi par les inspirations intérieures (II. Cor. V.).
J'écouterai avec attention, dit le Prophète, ce que le Seigneur mon Dieu me dira au-dedans moi; parce qu'il m'annoncera intérieurement la paix qu'il a préparée pour son peuple par les saints qui vivent dans l'innocence, et pour ceux qui l’ayant perdue par leurs péchés, se convertissent en rentrant au fond de leur cœur pour en réformer les désirs déréglés (Ps. LXXXIV.). Qui pourrait nombrer encore les bienfaits de la miséricorde de Dieu envers nos innombrables misères spirituelles et temporelles ? Partout il nous environne de sa miséricorde et de ses grâces (Ps. CII. 4.). En troisième lieu, par le mystère de l'incarnation la miséricorde de Dieu s'est abaissée aux travaux et aux douleurs; à la faim, à la soif, à l'ignominie, aux opprobres, aux meurtrissures, aux plaies, à la croix et à la mort, pour nous délivrer du péché et de la mort éternelle que méritait le péché. Est-il un abîme plus profond, où ait pu descendre la miséricorde de Dieu ? Oui, car il ne l'a pas fait par devoir, mais par grâce; il s'est offert, parce qu'il l'a voulu (Isaïe. XXXIII.). En effet qui a pu forcer le Fils de Dieu, égal à son Père (Phil. II.), à s'anéantir lui-même en prenant la forme et la nature du serviteur, qui a pu l'engager à se faire pauvre pour nous, afin de nous enrichir par sa pauvreté ? de s'humilier jusqu'à la mort et à la mort de la croix, pour nous donner la vie et nous relever de notre chute ? Il n'y a que l'amour qui l'ait forcé, il n'y a que la miséricorde qui l'ait dirigé. Mais il y a encore quelque chose de plus profond.
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4º (suite] Car dans l'œuvre de notre salut, il a daigné nous rendre participants de sa gloire et de son honneur; cette expression de l'ange: Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre: Gloria in altissimis Deo, et in terra pax (Luc. II.) paraissait assez juste. Honneur à Dieu, utile aux hommes; mais la miséricorde de Dieu a voulu que toute l'utilité fût pour nous, et pour la gloire, qu'une partie fût pour lui et l'autre partie fût pour nous. Car il a voulu nous conférer la grâce, au moyen de laquelle nous coopérerions à notre salut, et mériterions véritablement la vie éternelle, que Jésus-Christ nous a méritée le premier: non que le mérite de Jésus-Christ fût insuffisant, mais pour nous communiquer l'honneur et la gloire de notre propre salut. De la vient qu'il est dit dans l'Évangile: Rendez la récompense; et que l'Apôtre se glorifie en disant: Il ne reste la couronne de justice qui m'est réservée (Matth. XX. et II Timothée. IV. 8.). Enfin la miséricorde de Dieu est très profonde envers les hommes, et surtout envers ceux qui ont de la piété et qui le craignent; parce qu'elle surpasse la plus grande affection que nous puissions remarquer sur la terre, dans les pères et les mères.
Écoutons Isaïe: Voici ce que dit le Seigneur: Une mère peut-elle oublier son enfant, et n'avoir point de compassion du fils qu'elle a porté dans ses entrailles ? Mais quand même elle l'oublierait, pour moi, je ne vous oublierai jamais (Isaïe XLIX. 15.).
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4º (suite). Écoutons le Prophète-Roi: Comme un père à une compassion pleine de tendresse pour ses enfants, aussi le Seigneur est touché de compassion pour ceux qui le craignent (Ps. CI. 13.).Mais de peur que vous ne disiez qu'on trouve des parents, dont l'amour pour leurs enfants se change quelquefois en haine, David ajoute encore ce trait de la miséricorde de Dieu envers ses enfants: La miséricorde du Seigneur est de toute éternité, et elle demeurera éternellement sur ceux qui le craignent (Ps. CII.16.) L'Apôtre nous rassure encore sur cette durée de la miséricorde de Dieu, en l'appelant Père de miséricorde et Dieu de toute consolation (II. Cor. l.). C'est pourquoi Dieu est non seulement le Père de ceux qui le craignent; mais de plus il est un Père très miséricordieux et très disposé à vous consoler; car il ôte à ses enfants les affections, et les tribulations qu'il juge expédient de leur ôter, et en cela il se montre un Père plein de miséricorde; et lorsqu'il juge avantageux à ses enfants de les laisser dans l'affliction et les tribulations, par les consolations ineffables qu'il leur prodigue dans cet état il se montre le Dieu de toute consolation. Car l'Apôtre l'appelle le Dieu de toute consolation pour deux raisons principales: d'abord parce que Dieu sait consoler ses serviteurs dans toute espèce de tribulations, ce que le monde ne saurait faire, à cause que souvent il en ignore la cause. Les amis de Job n'étaient des consolateurs importuns, comme il les appelle (Job XVI.), que parce qu'ils ne connaissaient point la cause de ses maux, et appliquaient le remède là où il ne convenait point; ou parce que la tribulation est quelquefois si grande, qu’aucune consolation humaine ne peut l'égaler.
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4º (suite) Mais Dieu, médecin très sage et très puissant, peut guérir toute sorte de maux ; c'est pourquoi l'Apôtre dit qu'il nous console dans toutes nos tribulations. Ensuite il est appelé le Dieu de toute consolation, parce qu'il sait consoler si pleinement et si abondamment, qu'on aime mieux les tribulations avec les consolations que d'être privé des unes et des autres.
C'est ce qui arriva au jeune Théodore, confesseur de la foi sous Julien l'apostat. Il fut, pendant dix heures entières, torturé avec tant de cruauté par des bourreaux qui se remplaçaient, que de mémoire d'homme on n'avait rien vu de semblable; et malgré ces tourments, plein de joie, il chanta durant tout ce temps les psaumes de David; il ne s'attrista et ne commença à pleurer, que lorsqu'on cessa de le tourmenter, regrettant cette extrême consolation que lui procurait la présence de son bon ange, pendant le supplice. Ne nous étonnons plus, si l'Apôtre dit qu'il est rempli de consolation, qu'il est comblé de joie parmi toutes ses souffrances (II Cor.VII.4.), et s'il dit au commencement de son Épître: Dieu nous console dans tous nos maux, afin que nous puissions aussi consoler les autres dans tous leurs maux (II Cor. 1. 4.).
Que pensez-vous, ô mon âme, de cette vaste, continuelle, pure et immense miséricorde du Seigneur, qui, sans aucun besoin de nous, a, par son adroite charité, une aussi grande sollicitude de nous, que si tout son bonheur en dépendait ? Quelles actions de grâces lui rendrez-vous ? Que pourrez-vous jamais faire pour n'être pas ingrate envers une si grande miséricorde ? Au moins tâchez de lui plaire autant que vous pourrez, tâchez de faire tout ce qui lui plaît davantage. Et parce qu'il est écrit: Soyez miséricordieux, comme votre Père céleste...., ayez compassion de votre âme, en faisant la volonté de Dieu: Miserere animae tuae placens Deo (Eccli. 30.) Commencez d'abord à rechercher les misères de votre âme; pour celles de votre corps, elles sont connues, et il n'est pas nécessaire d'avertir l'homme d'avoir compassion de son corps: car il suffit d'avoir passé un seul jour sans boire ni manger, ou une seule nuit sans dormir, ou d'avoir reçu quelque blessure, pour que l'homme se plaigne, rugisse en quelque sorte, et emploie tous les moyens pour se procurer du secours.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
QUATORZIÈME DEGRÉ. Considération de la miséricorde de Dieu.
4º (suite) Pour l’âme, elle est privée de sa nourriture de semaines entières, elle languit couverte de blessures, et même elle est dans un état de mort, sans qu'on en prenne soin, sans qu'on en ait compassion. Visitez donc très souvent votre intérieur; examinez chacune de vos facultés pour voir si elles s'avancent dans la connaissance et l'amour du vrai bien, ou peut-être si elles ne sont pas plongées dans l'ignorance, et ne croupissent pas dans les passions; voyez si l'intelligence n'est pas aveuglée par sa propre malice, et la volonté corrompue par l'envie ou l'orgueil. Si vous découvrez quelque chose de semblable, criez vers le Seigneur et dites-lui: Ayez pitié de moi, parce que je suis infirme. Cherchez les médecins spirituels, et employez les remèdes convenables. Ayez ensuite compassion de l'âme des autres; dont il périt un nombre infini, et pour lesquelles cependant Jésus-Christ est mort.
O si vous connaissiez la vraie paix des âmes, qui est le sang précieux du Fils de Dieu; et en même temps le carnage affreux qu'en font les loups infernaux, et ces lions rugissants qu'on appelle démons, vous en auriez la compassion la plus étendue, et vous travailleriez à les délivrer par les prières que vous adresseriez à Dieu, et par tous les autres moyens qui seraient en votre pouvoir ! Enfin soyez sensible encore aux nécessités corporelles de votre prochain; non pas seulement en paroles et de la langue, mais en œuvres et en vérité, vous rappelant les paroles de Jésus-Christ: Bienheureux ceux qui sont miséricordieux ; parce qu'ils obtiendront miséricorde (Matthieu. V.).
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
QUINZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la justice de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
1º La justice de Dieu, dans le langage de l'Écriture, se prend en quatre différents sens; elle signifie d'abord cette justice universelle qui comprend toutes les vertus, c'est la même chose que la sainteté ou la probité. Ainsi le Prophète dit que le Seigneur est juste dans toutes ses voies et qu'il est saint dans toutes ses œuvres (Ps. CXLIV.). En second lieu, la justice se prend pour la vérité ou pour la fidélité: Ut justificeris in sermonibus tuis (Ps. L.). Troisièmement, pour la justice distributive des récompenses: c'est dans ce sens que l'Apôtre dit: Il m'est réservé la couronne de justice que le Seigneur, comme un juste juge, me rendra en ce jour où il viendra juger le monde. Enfin, elle se prend pour la justice vindicative, comme on le voit dans le psaume X. 7.: Le Seigneur fera pleuvoir des pièges sur les pécheurs; le feu et le soufre, et le vent impétueux des tempêtes sont le calice qui leur sera donné pour leur partage, car le Seigneur est juste, et il aime la justice.
Nous reconnaîtrons donc, autant qu'il est en nous, la grandeur de la justice de Dieu, si nous considérons la largeur de sa justice universelle et la longueur de cette même justice, c'est-à-dire de la vérité et de la fidélité de Dieu; sa hauteur, c'est-à-dire les récompenses que Dieu distribue dans le ciel; et enfin sa profondeur, dans les supplices éternels qu'il décerne aux impies dans l'enfer. Mais pour commencer par la largeur de cette justice, il faut remarquer que, parmi les hommes, nous donnons le nom de justice universelle à cette disposition constante de conformer toutes ses actions aux lois; prise dans ce sens, la justice embrasse toutes les vertus théologales et morales. Mais parmi les vertus il en est une qui renferme toutes les autres, qui commande les actes de toutes les vertus, et les dirige vers leur fin dernière ; c'est la charité. Cette vertu, quoique particulière et l'une des vertus théologales, peut seulement prendre le titre de justice universelle; car c'est elle qui dispose l'homme à bien remplir tous ses devoirs envers Dieu et le prochain, et, par ce moyen, à accomplir toute la loi. Ainsi l'Apôtre dit que la charité n'opère point le mal... que celui qui aime accomplit la loi ... que la plénitude de la loi consiste dans la charité (Rom. XIII.).
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QUINZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la justice de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
1º (suite) Et saint Augustin enseigne que là où la charité commence, là aussi commence la justice; si la charité fait des progrès, la justice en fait; si la charité est grande, la justice le sera; si la charité est parfaite, la justice aussi sera parfaite: Caritas inchoata, inchoata justitia est; caritas provecta , provecta justitia est; caritas magna, magna justitia est; caritas perfecta, perfecta justitia est (De nat.et gratia. caput. LII.). Or en Dieu sont toutes les vertus, sans mélange d'aucune imperfection, et au lieu de celles qui présupposent quelque imperfection, il y a quelque chose de meilleur et de plus parfait; et par là il ne lui manque aucun degré de bonté; bien plus, la bonté et la sainteté sont si grandes en lui, que l'on peut dire en toute vérité que lui seul mérite d'être appelé bon et saint. Il n'y a donc pas en Dieu cette vertu théologale qu'on appelle la foi, parce que la foi a pour objet des choses qu'on ne voit pas (Hebr. XI.), mais Dieu voit tout. Il n'y a pas non plus d'espérance en Dieu, parce que cette vertu a pour objet l'attente des biens futurs; mais Dieu n'attend rien, il possède tout de toute éternité; il n'y a pas en Dieu de repentir du péché, parce qu'il ne peut s'en rendre coupable; il n'y a pas d'humilité, parce que le propre de l'humilité est de retenir l'homme, et de l'empêcher de s'élever au-dessus de lui-même et de le faire rester à sa place. Mais Dieu étant le Très-Haut, n'a rien au-dessus de lui, où il puisse s'élever. Mais il y a en Dieu la reine des vertus, une charité des plus étendues, infinie, immense; car il s'aime d'un amour infini, parce que seul il connaît le bien infini, qui est son essence; il aime aussi toutes ses créatures: Diligis omnia quæ sunt, et nihil odisti eorum qua, fecisti. (Sap. XI.).
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QUINZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la justice de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
1º (suite) Car, par sa sagesse, Dieu sait séparer le bien du mal, c'est-à-dire distinguer le défaut de la nature, même dans les démons et les hommes les plus pervers. Il aime la nature qu'il a faite, et hait le défaut qu'il n'a point fait. Enfin il y a tellement une vraie charité en Dieu, qu'il a voulu être appelé la charité: Deus caritas est (I. Joan. IV.). Quant à notre charité, elle est très peu de chose, comparée à la charité de Dieu; car il y a un grand nombre de choses que nous n'aimons pas, faute de les connaître; beaucoup d'autres nous sont connues, sans que nous les aimions, parce que nous ne savons que difficilement distinguer ce qu'il y a de bon ou de mauvais en elles. Il est encore beaucoup de choses bonnes que nous n'aimons pas bien (et par là nous manquons à la vraie charité), parce que nous sommes méchants, et nous nous livrons plus aisément à la cupidité qu'à la charité. En effet, nous aimons Dieu imparfaitement, non seulement en ce que nous ne l'aimons pas autant que sa bonté le mérite, car en cela les anges mêmes ne peuvent parvenir à ce degré de charité; mais encore parce que nous l'aimons moins que nous ne le devons, et moins encore que nous ne le pourrions, si nous étions plus vigilants, et si nous donnions plus de soin à l'oraison et à la méditation.
En Dieu, cette reine des vertus est accompagnée d'une magnificence singulière, d'une libéralité sans borne, d'une bénignité et d'une douceur incroyables, d'une patience et d'une longanimité inouïes, d'une piété et d'une suavité plus que paternelles, d'une vérité et d'une fidélité à toute épreuve , d'une miséricorde qui remplit le ciel et la terre, d'une justice droite et inflexible, et enfin d'une sainteté très pure et très éclatante, en présence de laquelle les astres mêmes ne sont pas pur , et les séraphins saisis d'étonnement s'écrient: Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu des armées (Isaïe VI.). O mon âme, si vous considériez ceci attentivement, avec quelle crainte et quel tremblement assisteriez-vous devant Dieu pendant la prière et l'oraison ! Et surtout lorsque vous montez à l’autel, avec quelle révérence et quelle humilité, offririez-vous au Père éternel, en présence des anges, son Fils unique pour le salut des vivants et des morts ?
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