Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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A suivre.
ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre. (suite)
3º Une autre propriété de la terre consiste en ce que, comme une bonne nourrice, elle fournit abondamment les plantes, les fruits et les autres choses nécessaires à la nourriture de l'homme et de tous les animaux ; or c'est cette propriété qui nous élève à notre Créateur comme au vrai nourricier ; car ce n'est pas la terre par elle-même, mais c'est Dieu qui se sert de la terre pour produire tous les biens d'en bas. Car voici comme parle l'Esprit-Saint par la bouche de David : C'est Dieu qui produit le foin sur les montagnes, et l'herbe pour le service de l'homme... Oui, Seigneur, toutes les créatures attendent de vous que vous leur donniez leur nourriture en leur temps ; vous la leur donne et elles la recueillent; vous ouvrez votre main, et elles sont rassasiées de vos biens...
Considérez, dit Jésus-Christ, les oiseaux dit ciel; ils ne sèment point, ils ne moissonnent point et ils n'amassent rien dans des greniers ; mais votre père céleste les nourrit... Il n'a jamais cessé, dit St. Paul, de rendre témoignage de ce qu'il est, en faisant du bien aux hommes, en dispensant les pluies dit ciel et les saisons favorables pour les fruits de la terre, en nous donnant la nourriture avec abondance (Act. 14. 16), accomplissant la promesse qu'il fit au temps de la création lorsqu'il ordonna à ta terre de produire de l'herbe verte qui porte de la graine, et des arbres fruitiers qui portent du fruit chacun selon son espèce; car la terre produit vraiment toutes ces choses, mais c'est par la vertu que Dieu lui a donnée: en sorte que c'est Dieu lui-même qui, parle moyen de la terre, produit , conserve et donne l'accroissement. C'est pourquoi David invitant toutes les créatures à louer Dieu, n'oublie pas de faire mention des arbres fruitiers et des cèdres du Liban : Ligna frutti fera et omnes cedri. Et les trois enfants dont parle Daniel exhortent toutes les productions de la terre à se réunir aux autres créatures pour bénir le Seigneur, le louer et l'exalter dans tous les siècles (Dan. 3.).
Et puisque toutes les créatures louent Dieu en leur manière, avec quelle affection devons-nous, ô mon âme, le bénir, 1e louer pour tous les bienfaits dont vous jouissez continuellement ; reconnaissant dans ces bienfaits la main cachée du Tout-Puissant qui nous donne tous ces biens, et l'amour visible, paternel et désintéressé de votre Dieu qui ne cesse un seul instant de vous faire du bien et de pourvoir à tous vos besoins. Mais tout cela est peu de chose aux yeux de votre Dieu, car c'est lui qui fait germer dans vous, Comme dans son champ spirituel , la plus noble charité; cette charité qui ne vient pas du monde, mais de Dieu, comme l'enseigne le disciple bien-aimé ; de cette charité d'où procèdent, comme d'un arbre divin et céleste, les fleurs éclatantes et odoriférantes des saintes pensées, les feuilles verdoyantes des paroles utiles au salut des nations , et les fruits des bonnes œuvres par lesquelles Dieu est glorifié , le prochain secouru , les mérites accumulés et conservés pour la vie éternelle..
Mais malheur à ceux qui, semblables aux animaux sans raison, désirent se rassasier des fruits de la terre, les ramassent et entassent avec cupidité, sans penser au Créateur et sans l'en remercier ; leur âme est semblable à une terre maudite du Seigneur, qui ne produit plus que des épines et des ronces. Que peuvent en effet ceux en qui Dieu n'a pas semé de chastes conseils ? Leur esprit n'est occupé que de fornications, d’adultères, d’homicides, de sacrilèges, de vols, de trahisons et de toutes sortes de crimes... Et quels sont leurs discours , sinon des blasphèmes , des parjures, des malédictions , des erreurs , des insultes , des outrages, de faux témoignages , des mensonges , et d'autres abominations que leur a enseignées le démon qui est leur père ?Enfin quels fruits peuvent-ils produire, si ce n'est des fruits empoisonnés, procédant de leurs mauvaises pensées et de leurs mauvais discours, et que l'Apôtre appelle les œuvres de la chair ? Ce sont là vraiment des épines qui poignent d'abord l'âme de ceux qui les produisent, parla piqûre amère de la crainte et de la sollicitude; elles font ensuite à la réputation, au corps et à l'âme du prochain, des blessures graves, souvent irréparables, d'où proviennent enfin, pour le prochain, les plus grands et les plus terribles dommages.
Mais, abandonnant ces tristes détails, si vous êtes, ô mon âme, ce jardin du céleste cultivateur, prenez garde d'y faire germer jamais les ronces et les épines, mais produisez avec le plus grand soin l'arbre de la charité, le lis de la pureté et le nard de l'humilité. Gardez-vous cependant de vous attribuer ces précieux germes des vertus célestes. Elles viennent de Dieu, qui est le Seigneur des vertus et l'ardeur des chastes conseils ; ne vous attribuez pas non plus la conservation, l'accroissement et la maturité des fruits de vos bonnes œuvres ; mais rendez-en gloire à Dieu et que toute votre force repose en lui.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre. (suite)
4º Il nous reste à parler d'une dernière propriété de la terre, qui consiste à produire dans son sein l'or, l'argent et les pierres précieuses. Mais assurément ce n'est pas par sa propre vertu que la terre nous donne tant de choses rares, mais par la vertu de celui qui dit dans Aggée que l'argent et l'or lui appartiennent: Meum est argentum, et meum est aurum (Ag. 9.22.) O bienfaiteur des hommes ! votre bonté ne s'est pas bornée à leur donner la pierre, le bois, le fer, l'airain et les autres choses nécessaires pour se construire des habitations, des vaisseaux, et pour fabriquer divers instruments nécessaires, mais vous leur avez encore prodigué l’or, l'argent et les pierres précieuses pour leur servir d'ornement et de décoration. Et si vous accordez tout cela dans une terre d’exil, non seulement à vos fidèles serviteurs, mais encore à vos ennemis, à ceux qui blasphèment votre saint nom, que n'accorderez-vous point dans le ciel à vos amis lorsqu'ils vous béniront et régneront avec vous ! Ce ne sera plus un peu d'or ou d'argent, ce ne seront plus quelques pierreries que vous leur donnerez, mais vous les admettrez dans cette cité décrite par saint Jean, dont les murailles sont bâties de jaspe, cette ville d'un or pur, semblable à du verre très clair, dont les fondements sont ornés de toutes sortes de pierres précieuses , et dont les douze portes sont douze perles ( Ap. 2l.).
N'allez pas croire cependant que la Jérusalem céleste soit ornée de cet or, de ces pierres précieuses, et de ces perles que nous connaissons ici-bas, car nous savons que l'Esprit-Saint se sert de ces expressions, pour se faire entendre à nous qui ne connaissons rien de plus précieux. Mais nul doute que cette cité, qui sera la patrie des élus, ne l'emporte sur toutes les cités terrestres, autant qu'une ville toute d'or et de pierres précieuses l'emporte sur des cabanes construites de boue et couvertes de chaume.
Élevez donc, ô mon âme, vos yeux au ciel, et considérez combien il faut estimer lesbiens qui s'y trouvent réunis, puisque l’or, l'argent et les pierres précieuses qu'on recherche tant ici-bas, sont, moins que de la boue et de la paille comparées à ces biens célestes ! Ajoutez encore que l'or, l’argent et les pierres précieuses dont les hommes font tant de cas, sont sujettes à la corruption, tandis que ce qui brille dans le ciel est éternel et incorruptible. Mais si vous voulez transmettre dans le ciel cet or et cet argent corruptibles que vous possédez par l’entremise des pauvres, ce que vous ferez si vous êtes sage, alors vous le rendrez incorruptible et vous le posséderez éternellement ; car la souveraine Vérité ne saurait mentir , et elle vous dit : Vendez ce que vous avez et le donnez aux pauvres , et vous aurez un trésor dans le ciel ... Vendez ce que vous possédez, et donnez l'aumône ; faites-vous des bourses qui ne s'usent point par le temps , et amassez ainsi dans le ciel un trésor qui ne s'épuise jamais , d'où les voleurs n'osent approcher et que les vers ne puissent corrompre (Luc 12. 33. ).
O incrédulité des enfants des hommes ! L'homme, menteur par un désordre de sa nature corrompue, promet de paver dix pour cent d'intérêt, et de plus de rendre le capital; on se fie à sa parole : Dieu, qui ne ment jamais, promet à celui qui donne l'aumône, un trésor dans le ciel; bien plus, il promet cent pour un et par-dessus encore la vie éternelle, et cependant l’homme avare balance , on ne peut lui inspirer la confiance , et il aime mieux cacher un trésor que la rouille consume , que les voleurs déterrent et emportent souvent, que de le placer dans le ciel d'où les voleurs ne sauraient approcher, ni la rouille l’y consumer. Mais quand même vos trésors seraient à l’abri des voleurs et des autres accidents, je vous demande, malheureux ! à qui seront un jour ces trésors dont l'acquisition et la conservation vous ont coûté tant de peines ? Ils ne seront plus certainement à vous, tandis qu'ils auraient continué de l’être, si vous eussiez chargé les pauvres de les porter dans le ciel. Il arrive communément que ce que les avares ont ramassé passe à des héritiers prodigues qui mettent moins de temps à le dissiper qu'ils n'en avaient mis eux-mêmes à le ramasser. Cependant le péché de l'avare demeurera et subsistera éternellement ; le ver de la conscience ne meurt point et le feu de l’enfer ne s'éteindra jamais. à suivre…
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PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre. (suite)
4º (suite) Instruisez-vous donc, ô mon âme, parles folies d'autrui ; croyez le Seigneur votre maître qui vous dit d'éviter toute espèce d'avarice : car en quelque abondance qu'un homme soit, la conservation de sa vie ne dépend point des grands biens qu'il possède (Luc 12. 15.) L'avare ramasse et conserve pour avoir de quoi vivre longtemps, mais il arrive tout le contraire ; car au moment où il y pense le moins, la mort le surprend, et tous les biens qu'il a ramassés et conservés si avaricieusement engendrent ce ver qui ne meurt point, et allument ce feu qui ne s'éteindra jamais. O avare infortuné! Était-ce pour allumer le feu inextinguible de l'enfer, que tu as ramassé des trésors avec tant de sollicitude ? Écoute l'apôtre saint Jacques qui dit à toi et à tous ceux qui te ressemblent : Riches, qui ne pensez qu'à augmenter votre trésor, pleurez, poussez des cris, et comme des hurlements dans la vue des misères qui doivent fondre sur vous pour vous punir de votre avarice; la pourriture consume les richesses que vous gardez ; les vers mangent les vêtements que vous avez en réserve ; la rouille gâte l'or et l'argent que vous cachez, et cette rouille portera témoignage contre vous au jugement de Dieu, et dévorera votre chair comme un feu (5.1.).
Vous vous estimez heureux, observe St. Jacques, parce que vous vous croyez riches et vous le dites ; mais il est vrai que vous êtes misérables et les plus misérables de tous, et que vous avez grand sujet de pleurer et de pousser des hurlements à cause de la grande misère dont vous êtes menacés. Car ces richesses surabondantes que vous avez conservées , et que vous saviez devoir se perdre, tandis que vous auriez pu les donner aux pauvres ; ces habits superflus que vous avez mieux aimé laisser gâter par les teignes que d'en revêtir ceux qui étaient nus ; cet or et cet argent que vous avez laissé endommager par la rouille , plutôt que d'en faire l'aumône et d'en acheter de quoi nourrir les indigents ; tous ces objets de votre avarice déposeront contre vous au jour du jugement : la teigne et la rouille de vos richesses se convertiront en un feu brûlant qui dévorera éternellement vos chairs sans les consumer , afin que le feu ne s'éteigne point et que la douleur ne finisse jamais.
Concluons donc avec le prophète, que si les insensés appellent bienheureux ceux qui possèdent les biens terrestres, les richesses superflues, ceux qui sont vraiment sages attribuent ce bonheur au peuple qui a pris Dieu pour son partage : Beatus populus Dominus Deus ejus (Ps. 143.).
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines.
L'Eau tient le second rang parmi les éléments. Bien considérée elle peut nous servir de degré pour nous élever à Dieu. Nous allons en parler d'abord en général ; ensuite nous tirerons des fontaines des considérations particulières pour nous porter à Dieu.
L'eau est humide et froide, d'où résultent cinq propriétés. Elle lave et purifie les taches, elle éteint le feu, elle rafraîchit et tempère la soif, réunit ensemble plusieurs corps, enfin elle remonte aussi haut qu'elle était descendue. Toutes ces propriétés sont de vrais symboles, ou des traces pour découvrir le, créateur de toutes choses.
1º L'eau lave les taches corporelles, Dieu lave les souillures spirituelles. Lavabis me, et super nivem dealbabor. En effet, quoique les souillures du coeur puissent être lavées par la contrition, par les sacrements, par les prêtres qui les administrent, par l'aumône et par d'autres œuvres de piété, cependant ce ne sont là que des instruments ou des dispositions. Dieu seul lave nos souillures : C'est moi, dit-il dans Isaïe, c'est moi-même qui efface vos iniquités, pour l'amour de moi (43.). C'est dans ce sens que les pharisiens, murmurant contre Jésus-Christ, disaient qu'il n'appartenait qu'à Dieu de remettre les péchés : Quis potens dimittere peccata, nisi solus Deus ? Ils disaient la vérité, mais ils se trompaient en ne reconnaissant pas Jésus-Christ pour Dieu : ainsi ils blasphémaient et ils disaient vrai en même temps.
Non seulement Dieu lave les taches du coeur à l’imitation de l'eau, mais encore il a voulu en prendre le nom. Écoutons St. Jean (7. 38.) : Si quelqu'un croit en moi, il sortira de son cœur des fleuves d'eau vive, comme dit l'Écriture; ce qu'il entendait de l'Esprit-Saint que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui: car le Saint-Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. D'où l'on voit que l'Esprit-Saint, qui est Dieu, est une eau vive, cette eau dont parle Ezéchiel lorsque Dieu dit par sa bouche (36. 25.) : Je répandrai sur vous de l'eau pitre, et vous serez purifiés de toutes vos souillures. Et parce que cette eau céleste et incréée surpasse de beaucoup les propriétés de l'eau créée et terrestre, on peut établir trois différences entre l'une et l’autre :
a) L'eau créée lave les souillures des corps , mais non pas toutes; il en est plusieurs qu'elle ne peut déterrer qu'avec d'autres ingrédients , tandis que l'eau incréée les nettoie toutes sans exception : Et mundabimini ab omnibus inquinamentis vestris.
b) L'eau créée ne lave jamais si bien les taches qu'il n'en reste quelque chose. L'eau incréée purifie non seulement de toute souillure, mais elle rend encore l'objet purifié plus beau qu'il n'était auparavant. Lavabis me, et super nivem dealbabor. Quand vos péchés seraient comme l'écarlate, dit le Seigneur (Isaïe 1. 18.) , ils deviendront blancs comme la neige; et quand ils seraient rouges comme du vermillon, ils seront blancs comme la neige la plus blanche.
c) Enfin l'eau créée lave les taches naturelles, qui ne résistent point à celui qui les déterge ; mais l'eau incréée lave des souillures volontaires, qui ne peuvent être détergées qu'autant que l'âme est d'accord avec celai qui opère. Et la vertu de cette eau est si admirable, qu'elle peut pénétrer suavement un cœur de pierre; et c'est la raison pour laquelle la dureté du cœur, quelle qu'elle soit, ne lui oppose pas de résistance, parce que cette eau salutaire le dispose à se laisser purifier selon la remarque de St. Augustin. Qui peut comprendre, Seigneur, par quel merveilleux moyen vous inspirez la foi aux infidèles, l'humilité aux orgueilleux, la charité à ceux qui ne vous aiment pas; en telle sorte que celui qui peu auparavant ne respirait que menaces et carnage , et qui vous poursuivait dans la personne devon disciples, changé tout-à-coup , se montra disposé à souffrir les menaces et la mort pour vous et pour votre Église ? Il est trop au-dessus de mes forces de pénétrer en cela vos desseins secrets, et J'AIME MIEUX ÉPROUVER VOTRE GRÂCE QUE DE DISPUTER SUR SON EFFICACITÉ. Ainsi connaissant que cette eau salutaire est une pluie volontaire, destinée fertiliser votre héritage, comme dit le prophète (67. 10.), je vous supplie humblement de m’admettre dans cet héritage de salut, de répandre votre grâce dans mon cœur , afin qu'il ne demeure pas comme une terre sèche et sans eau , ...., jeune terre aride et stérile, telle qu'elle est de sa nature, n'étant pas capable d'avoir d'elle-même une seule bonne pensée.
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QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines. (suite)
2º Une seconde propriété de l'eau est d'éteindre le feu; et l'eau céleste qui est la grâce de l’Esprit-Saint éteint d'une manière admirable le feu de la concupiscence charnelle. Un moyen bien propre à éteindre le feu est, à la vérité, le jeûne et les afflictions corporelles; mais il faut qu’elles soient employées comme instrument de la grâce : d'elles-mêmes, elles ont peu d’efficacité, car l'amour est le principe des affections et des troubles de l'âme ; tout est régi par lui et tout lui obéit. L'amour ne veut pas être violenté, et si d'un coté on lui oppose des obstacles, il se fait jour par un autre endroit. L'amour ne craint rien, il ose tout, il surmonte tout, il ne voit rien de difficile, il croit qu'il n'y a rien d'impossible, enfin un moindre amour ne cède qu'à un amour plus grand et plus véhément.
Ainsi l'amour charnel, soit qu'il ait pour objet les richesses, soit qu'il ait choisi les délices du monde, ne cédera jamais qu'à l'amour de Dieu. Dès que l'eau de l'Esprit-Saint commence à distiller, à s'insinuer dans une âme, l'amour des choses terrestres ne tarde pas à se refroidir. Témoin saint Augustin, si habitué aux plaisirs des sens, qu'il regardait comme impossible de vivre chastement dans le célibat. Cependant dès qu'il eût commencé à goûter la grâce de l'Esprit-Saint, il dit : "Combien trouvais-je tout d'un coup de douceur à me sevrer de celles que j'avais cherchées jusqu'alors sous les amusements et les niaiseries du siècle ? Car au lieu qu'un moment auparavant je mourais de peur de les perdre, je me ferais désormais un plaisir d'y renoncer et de les quitter , parce que vous les chassiez de mon cœur, souveraine douceur de nos âmes, douceur solide et véritable et que vous y entriez à leur place ; vous, ô mon Dieu , en qui l'on trouve et des douceurs qui sont infiniment au-dessus de toutes les voluptés , mais que la chair et le sang ne sauraient goûter ; et une lumière mille et mille fois plus brillante que toute autre lumière, mais plus intime et plus cachée que ce qui l'est le plus , et une grandeur qui passe sans proportion tout ce qu'on trouve de plus grand et de plus élevé dans le monde , mais qui ne saurait être aperçue de ceux qui sont grands à leurs propres yeux." (Liv. 9. des Confessions. ch. 1. )
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines. (suite)
3º L'eau apaise encore la soif, et l'eau céleste peut seule échauffer celle des désirs du cœur humain qui sont si importuns et variés à l'infini. C'est ainsi que la Vérité suprême, s'adressant à la Samaritaine, lui dit : Celui qui boit de cette eau que vous puisez, aura soif encore ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura plus de soif" : Non sitiet in aeternum. En effet. observe l'Ecclésiastique, l’œil ne se rassasie pas de voir, ni l'oreille d'entendre. Rien de ce qu'on offre à l'homme ne peut contenter ses désirs, il est capable d'un bien infini tandis que les créatures sont bornées. Mais celui qui commence à se désaltérer dans cette fontaine céleste, où sont renfermés tous les biens., ne désire et ne recherche plus rien.
4º L'eau rejoint et unit ensemble des choses qui ne paraissaient pas susceptibles de cette union ; ainsi au moyen de l'eau, du mélange de plusieurs grains moulus, l'on forme un seul pain, et de plusieurs parties de terre se confectionnent les briques. Mais c'est avec beaucoup plus de facilité et de solidité que l'eau de l'Esprit-Saint réunit plusieurs personnes au point de n'avoir qu'un cœur et qu’une âme (Act. 4.), comme il est dit, dans les Actes des Apôtres, des premiers chrétiens sur lesquels le St-Esprit était descendu. Jésus-Christ, devant revenir auprès de son Père, avait recommandé et prédit cette unité qu'opère l'eau céleste de l'Esprit-Saint, lorsqu'il dit : Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole (des apôtres), afin que tous ensemble ils ne soient qu'un par l'unité d'un même esprit , d'une même foi et d'une même charité , et que comme vous, mon Père, êtes en moi et moi en vous, de même ils ne soient qu'un en nous, afin que le monde croie que vous m'avez envoyé, en voyant l'union que mes disciples auront entre eux ; et la société que vous voudrez bien qu'ils aient avec vous, afin qu'ils soient un avec nous, comme nous sommes une même chose vous et moi (Jean 17. 21. 3.).
C'est cette même unité que recommande St. Paul (Eph. 4.) : Je vous conjure de travailler avec soin à conserver l'unité d'un même esprit par le lien de la paix. Vous n'êtes tous qu'un même corps en Jésus-Christ et vous n'axez tous reçu qu'un même esprit, comme vous n'avez tous été appelés qu'à une même espérance. O heureuse union qui de plusieurs hommes ne fait qu'un corps en Jésus-Christ , qui est régi par un même chef, nourri d'un même pain, buvant à la même coupe, vivant d'un même esprit, et ne faisant qu'un même esprit avec Dieu par sa parfaite adhésion ! Que peut désirer de plus le serviteur, que d'être non seulement participant de tous les biens de son maître, mais encore de ne faire qu'un avec son Seigneur tout-puissant, infiniment sage, infiniment bon, par les liens d'un amour indissoluble (1 Th. 6.) ? Or les grâces de l'Esprit-Saint, comme une eau vivante et vivifiante, opère toutes ces merveilles lorsqu'elle est reçue dévotement dans un cœur, et qu'elle y est gardée avec soin et avec sollicitude.
5º Enfin l'eau remonte aussi haut que l'endroit d'où elle est descendue, et parce que l'Esprit-Saint était descendu du ciel en terre, il deviendra, pour celui qui le reçoit dans son cœur, une fontaine d'eau rejaillissante jusqu'à la vie éternelle : Fit fons aquae salientis in vitam aeternam ( Jean. 5. ). C'est-à-dire que celui qui renaît de l'eau et de l'Esprit-Saint, et qui le conserve dans son cœur, dirige ses mérites vers l'endroit d'où la grâce est descendue.
Instruite et encouragée par les paroles de l'Écriture , dites sans cesse , ô mon âme , à votre Père , en poussant des gémissements ineffables : Donnez-moi de cette eau qui purifie toutes mes souillures , qui éteigne l'ardeur de ma concupiscence , qui étanche toute ma soif et tous mes désirs, qui fasse de mon esprit un même esprit avec le vôtre ; qu'il devienne une source d'eau vive rejaillissante jusqu'à la vie éternelle, afin de faire précéder mes mérites là où j'espère habiter éternellement. Ce n'est pas sans sujet que le Fils de Dieu a dit (Luc 11. 13. ) : Si vous autres, tout méchants que vous êtes, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants , à combien plus forte raison votre Père qui est dans le ciel , qui est la bonté même, donnera-t-il le bon esprit à ceux qui le lui demandent avec foi et persévérance ? Il ne dit pas que le Père céleste donnera du pain, ou des babils, ou la sagesse, ou la charité, ou le royaume des cieux , ou la vie éternelle, mais il dit qu'il lui donnera le bon esprit, parce qu'en lui se trouve renfermé tout le reste. Ne cessez donc, chaque jour, de rappeler au Père les promesses du Fils, et de dire avec une grande ferveur et une grande confiance : Père saint, ce n'est pas sur ma justice que je fonde ma prière, mais sur la promesse de votre Fils unique ; il nous dit: combien plus forte raison votre Père donnera-t-il le bort esprit à ceux qui le lui demandent ! Assurément votre Fils est la vérité, il ne nous a pas trompés : accomplissez donc la promesse de ce Fils qui vous a glorifié sur la terre , qui vous a obéi jusqu'à la mort et à la mort de la croix ; donnez le bon esprit à celui qui vous le demande , donnez-lui l'esprit de crainte et d'amour, afin que votre serviteur ne craigne autre chose que de vous offenser, qu'il n'aime que vous et son prochain pour l'amour de vous. Créez en moi un cœur pur, et renouvelez au fond de mes entrailles l'esprit de droiture et de justice, ne me rejetez pas de devant votre face et ne retirez pas de moi votre Esprit-Saint: rendez-moi la grâce de votre joie salutaire, et fortifiez-moi par l'esprit d'une piété toute volontaire ( Ps. 50. ).
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PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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A suivre.
ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines. (suite)
6º Examinons maintenant la ressemblance qu'ont les fontaines avec Dieu : notre esprit se servira utilement de cette comparaison pour contempler l'admirable excellence du Créateur. Dieu est appelé dans l'Écriture une fontaine de vie, une fontaine de sagesse, une fontaine d’eau vive; on peut ajouter, d'après les paroles que Dieu adresse à Moïse, qu'il est encore la source de l'être ou de l'existence, car il lui dit : Je suis celui qui est. (Vous direz) Celui qui est m'envoie vers vous. L'apôtre St. Paul a renfermé tous ces différents titres en disant que c'est en Dieu que nous avons la vie, le mouvement et l'être : In ipso vivimus , et inovemur , et sumus. Car nous sommes en lui comme dans la source de l'être; nous vivons en lui, comme dans la source de la vie ; et nous nous mouvons en lui, comme dans la source de la sagesse parce que la sagesse est plus cultivée que toutes les choses les plus agissantes, et elle atteint partout à cause de sa pureté ( Sag. 7. 24)
Les fontaines terrestres donnent naissance aux fleuves, qui tariraient si les fontaines cessaient de couler. Mais la fontaine n'est pas ainsi dépendante des fleuves, parce que ce n'est pas d'eux qu'elle reçoit ses eaux, elle les possède en propre et les leur communique. C'est ici un vrai symbole de la Divinité; car Dieu est la vraie source de l'être ; en effet, il le possède sans l'avoir reçu de personne, et toutes les créatures le reçoivent de lui ; Dieu ne reçoit l'être de personne, car l'être est l'essence de Dieu, et son essence est son existence; en sorte qu'on ne peut se figurer que Dieu n'ait pas toujours existé, et qu'il n'existera pas toujours. Les autres êtres peuvent exister dans un temps et ne pas exister dans un autre , puisqu'il n'est pas de leur essence d'exister. Ainsi par exemple, il est de l'essence de l'homme qu'il soit un animal raisonnable, en sorte qu'il ne peut être homme et ne pas être animal raisonnable : et s'il était de l'essence de l'homme d'exister, il ne pourrait pas ne pas exister toujours ; mais parce qu'il n'est pas de son essence d’exister, il peut exister, ou ne pas exister. Dieu est donc la source de l’Être, parce qu'il renferme dans son essence la nécessité d'exister toujours, c'est ce que signifient ces paroles : Je suis celui qui est : c'est-à-dire je suis l'être véritable, je ne le reçois pas d'ailleurs, mais je l'ai en moi-même; à Moi seul convient d'avoir l'être par essence. De là vient qu'il a seul l'éternité et l'immortalité en partage : Solus habet immortalitatem. Pour les autres créatures , elles reçoivent tellement l'être de Dieu, que si elles ne dépendaient sans cesse de lui , et si elles n'étaient conservées par sa providence, elles cesseraient aussitôt d'exister. De là suit cette expression de l'apôtre : Il soutient tout par la puissance de sa parole ( Hébr. 1. 3.), parce que les choses créées ont besoin d'être continuellement soutenues de Dieu pour subsister.
Contemplez donc et admirez, ô mon âme la bonté infinie du Créateur qui porte et conserve si amoureusement ses ouvrages, quoi qu'il n'en ait aucun besoin ; et n'admirez pas moins sa patience à supporter avec tant de bonté les ingrats et les méchants, qui tam benignus est, super ingratos et malos (Luc. 6.), qu'il nourrit ceux qui le blasphèment , et en conserve plusieurs qui seraient dignes d'être anéantis ; et ne regardez plus comme trop pénible d'être obligés à supporter les infirmités de vos frères, et de faire du bien à ceux qui vous haïssent.
Mais ce n'est pas en cela seul que consiste la supériorité de cette source de l’être, qui ne le reçoit de personne et le communique à tout, car les eaux des fontaines sont du même genre que celles des fleuves ; et quoique les fontaines ne reçoivent point leurs eaux d'autres fontaines, elles ont cependant leur origine dans les vapeurs de la terre ; ces vapeurs sont produites par d'autres causes qui remontent à Dieu, première cause de tous les êtres créés. Mais Dieu, votre créateur, n'est pas, ô mon âme, de même genre que les choses créées ; il en diffère infiniment par sa dignité, sa noblesse et son excellence ; il est vraiment et proprement la source de l’être, non seulement parce qu'il ne tient l'être de personne, mais encore parce qu'il ne reconnaît aucun principe de son existence, étant à lui-même son principe.
Une source d'eau terrestre, comme nous l'avons dit, dérive non d’une autre source, mais d'une autre cause la source de l'être étant incréée, n'a rien qui la précède, ne dépend et n'a besoin d'aucune chose ; rien ne peut lui nuire , mais tout dépend de ce principe, de cette source, qui peut d'un seul signe anéantir toutes les créatures. Admirez, ô mon âme, cette suprême majesté, ce principe sans principe, cette cause sans cause, cet être infini, illimité, immense, absolument nécessaire, tandis que tout le reste n'est que contingent. C'est peut-être dans ce sens que la suprême Vérité a dit qu'une seule chose était nécessaire : Porrò unum est necessarium ( Luc 10. ). C'est pourquoi ne vous attachez qu'à lui, ne servez que lui, ne cherchez d'autre plaisir que celui de l'aimer, et ne désirez que de le posséder ; méprisez pour lui tout le reste, ou du moins n'en ayez pas trop de sollicitude, puisqu'une seule chose est nécessaire, et que cette seule chose qui est Dieu peut suffire à vous et à tout le monde. Ainsi n'ayez d'autre sollicitude que celle de ne jamais perdre sa grâce et de lui plaire toujours et en toutes manières.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
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QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines. (suite)
7º C'est donc dans le sens le plus strict, le plus vrai, que Dieu est appelé une source de vie, parce qu'il vit, qu'il a la vie en lui, et qu'il est lui-même la vie éternelle : Hic est verus Deus et vita æterna (1. Jean. 5. ), et que tous les êtres vivants tirent leur vie de cette source, et qu'ils s'anéantissent et retournent dans la poussière, dès que Dieu cesse de les soutenir (Ps. 103. ).Produire son semblable est le privilège des êtres vivants ; or Dieu a engendré un Fils qui lui est parfaitement semblable Dieu comme lui, vivant par lui-même comme lui : Car, dit St. Jean (5), comme le Père a la vie en lui-même, et qu'il est le principe de la vie de son Fils, il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même, et d'être le principe de la vie des hommes. Or le Père a la vie en lui-même, parce qu'il est la source de la vie et qu'il ne la reçoit pas d'ailleurs ; et il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même, parce qu'il lui a donné la même vie qu'il possède, et par ce moyen le Fils est aussi une source de vie, mais une source dérivant d'une autre source, comme il est Dieu de Dieu et lumière de lumière. Qui expliquera, qui comprendra même cette vie de Dieu, cette fontaine de vie où vont puiser toutes les créatures vivantes sur la terre et dans le ciel ?
La vie que nous connaissons dans ce lieu d'exil n’est autre chose que le principe de mouvement interne ; car nous attribuons la vie à ce qui se meut, d'où vient que par ressemblance nous appelons eaux vives, celles des fontaines et des fleuves , et que nous donnons le nom d'eaux mortes à celles qui croupissent dans les étangs ; parce que celles-là paraissent se mouvoir, tandis que celles-ci ne le peuvent sans être agitées par les vents ou par quelque autre moteur externe.
Votre Dieu vit véritablement, ô mon âme, et il est l'auteur et la source de la vie. Il nous l'apprend dans plusieurs endroits de l'Écriture : Vivo ego, ait Dominus; vivit Dominus. Il se plaint, par son prophète Jérémie, qu'ils l'ont abandonné, lui qui est une source d'eau vive : Me dereliquerunt fontem aquae vivae. Et cependant il n'est mu ni par lui-même, ni par autrui : Ego Dominus, et non mutor (Malach. 3.). Dieu n'est pas sujet au changement comme les enfants des hommes (Nombres. 13. ). Dans l'office de Nones nous disons encore la même chose : Rerum, Deus, tenax vigor, immotus in te permanens, etc., pour signifier son repos.
Quoique Dieu engendre son Fils, il l'engendre sans changement : et s'il voit, s'il entend, s'il parle, s'il aime, s'il a compassion, s'il juge, il fait toutes ces choses sans changement; qu'il crée et conserve ses créatures, ou qu'il les détruise ou les disperse, et que de nouveau il les renouvelle et les change, il ne perdra pas pour cela son repos, ni son immutabilité. Mais comment vit-il, s'il ne se meut point ? Et comment supposer qu'il ne vit pas, s'il est la source, le principe de la vie ? On ne peut résoudre facilement cette difficulté ; car il suffit absolument pour vivre , que l'être vivant agisse par lui-même, et ne soit pas mu par un autre. Mais la vie, dans les êtres créés, est pour l'ordinaire le principe interne du mouvement, parce que les choses créées sont imparfaites, et manquent de beaucoup de qualités pour pouvoir remplir les fonctions de la vie; tandis que Dieu est une perfection infinie, qui n'a besoin de rien qui soit hors de lui, et c'est pourquoi il agit par lui-même sans être mu par un autre d'où il résulte qu'il n'a besoin ni de mouvement, ni de changement. Les créatures ont besoin de changement pour se reproduire, parce que cette reproduction se fait hors d'elles-mêmes, et il faut que la chose produite passe du non-être à l'être; mais Dieu qui engendre le Fils, et produit le Saint-Esprit au dedans de lui-même, et le Fils, ni le Saint-Esprit n'ont pas besoin de changement pour passer du non-être à l'être, parce qu'ils reçoivent l'être qui a toujours existé; et ils le reçoivent non dans le temps, mais dans l'éternité.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
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QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines. (suite)
7 º (suite) Les créatures ont besoin d'un mouvement d’accroissement, parce qu'elles naissent imparfaites; mais Dieu le Fils est engendré dans toute sa perfection, et Dieu le Saint-Esprit procède du Père aussi dans toute sa perfection. Les créatures ont besoin du mouvement d’altération, pour acquérir les différentes qualités qui leur sont nécessaires; mais Dieu n'a besoin de rien, puisqu'il possède l'essence d'une infinité de perfections. Les créatures ont besoin du changement de lieu, parce qu'elles ne sauraient être partout en même temps; mais Dieu est tout entier en tous lieux. De plus, les créatures ont besoin de secours étrangers pour voir, pour entendre , pour parler, pour opérer, parce que leur vie est imparfaite et privée de beaucoup de choses ; mais Dieu n'a besoin de rien qui soit hors de lui pour tout voir, tout entendre, se faire entendre de tous et tout opérer en toutes choses ; parce que non seulement il a la vie, mais une vie des plus abondantes et des plus heureuses, et qu'il est lui-même la vie et la source de la vie.
Pour donner un exemple de l'action de voir, considérons les besoins de l'homme ; pour exercer cette faculté, il a besoin de la puissance visuelle, qui est distincte de l'âme, laquelle vit et voit par elle-même ; il lui faut un objet, je veux dire un corps coloré placé hors de lui ; il lui faut la lumière du soleil, ou de quelque autre corps lumineux ; il lui faut un milieu, c'est-à-dire un corps visible ; il lui faut une image sensible, qui de l'objet parvienne à ses yeux ; il lui faut un organe corporel, c'est-à-dire un œil pourvu de différentes humeurs et de tuniques ou pellicules charnues ; il lui faut des esprits sensitifs, et des nerfs optiques qui servent de passage à ces esprits; il lui faut une distance proportionnée , et l'application de la puissance visuelle. Voyez de combien de secours les hommes et tous les animaux ont besoin pour remplir une seule fonction de la vie ! Mais Dieu, qui possède véritablement toute la vie en lui-même, n'a besoin de rien. Son essence infinie lui tient lieu de puissance, d'objet, d'images, de lumière et de tout le reste. De lui-même, par lui-même et en lui-même, Dieu voit tout ce qui existe, tout ce qui a existé, et tout ce qui existera, et il connaît parfaitement tout ce qui peut exister. Avant que le monde fût, Dieu voyait tous les êtres, et la création n'a rien ajouté à sa science ni à sa connaissance.
Que vous arrivera-t-il donc, ô mon âme , quand vous serez participante de sa vie Dieu vous commande-t-il quelque chose de trop, lorsqu'il exige que vous employiez cette vie corporelle, animale, imparfaite et misérable, pour le service de vos frères et pour le sien, afin de mériter de participer à cette vie éternelle, fortunée et infiniment heureuse ? Et s'il ne commande rien de trop pénible, en nous ordonnant de mépriser la vie pour son amour, combien devons nous regarder comme facile et léger de donner aux pauvres des richesses périssables ? De nous abstenir des concupiscences charnelles, de renoncer au démon et à ses pompes, et de soupirer avec toute l'ardeur de notre âme vers cette vie qui seule mérite de porter le nom de vie ?
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Dernière édition par ROBERT. le Mer 11 Jan 2012, 8:08 pm, édité 1 fois (Raison : paragraphe)
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QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines. (suite)
8º Mais il est déjà temps de monter, comme nous pourrons, à la source de la sagesse Fons sapientiæ verbum Dei in excelsis (Eccli. 1. ). L'écrivain sacré a raison de dire que cette source est dans les lieux élevés ; car la source de la sagesse coule abondamment et copieusement sur les saints anges, et sur les âmes bienheureuses qui habitent le ciel pour nous, voyageurs et pèlerins dans le désert de la vie, nous n'avons en partage qu'une vapeur, pour ainsi dire, et un parfum de cette sagesse.
C'est pourquoi, ô mon âme, ne vous élevez pas trop maintenant. N'allez pas scruter la Majesté suprême, de peur d'être opprimée par sa gloire. Admirez la sagesse de celui que l'Apôtre (Rom. 16. ) appelle le seul sage : Soli sapienti Deo. Félicitez les bienheureux esprits de se désaltérer à la source de la sagesse ; et quoiqu'ils n'aient pas la compréhension de Dieu, qui est réservée à la source de la sagesse, ils voient cependant sans voile !a face de Dieu, c'est-à-dire de la première cause; éclairés par lui ils jugent parfaitement de tout; à l'aide de cette lumière brillante de la sagesse, ils ne craignent ni les ténèbres de l'erreur, ni l'obscurité de l'ignorance, ni l'éblouissement des opinions. Aspirez à cette félicité, et, pour y parvenir sûrement, aimez de tout votre coeur notre Seigneur Jésus-Christ, en qui sont renfermés tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu (Col. 2.). Il vous dit lui-même dans l'Évangile (Joan. 14. 21. ) : Celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et je l'aimerai aussi, et Je me découvrirai à lui, c'est-à-dire, je lui découvrirai tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu que je renferme en moi-même .
Tout homme désire naturellement de savoir ; et quoique les plaisirs sensuels émoussent ce désir dans quelques-uns, cependant, lorsque nous aurons déposé ce corps qui doit être détruit, et qui maintenant appesantit l’âme, l'ardeur de ce désir l'emportera sur tous les autres. Quelle sera donc votre félicité, ô mon âme, lorsque Jésus-Christ, que vous aimez et qui vous aime, vous montrera tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu ! Pour n'être pas frustrée d'une si belle espérance, appliquez-vous à l'observation des commandements de Jésus-Christ; il vous dit lui-même ( Joan. 14.) : Celui qui m'aime observe mes commandements. En attendant, attachez-vous à cette sagesse que décrit le saint homme Job (28) lorsqu'il dit que la crainte de Dieu est elle-même la sagesse; et que l'intelligence consiste à s'abstenir du mal. Et quelques perfections que vous voyiez dans les créatures, sachez quelles découlent du Dieu de bonté comme de leur source, afin que vous appreniez, avec St. François, à goûter dans chaque créature, comme dans autant de ruisseaux, la bonté fécondante de Dieu (V. St. Bonaventure dans la vie de St. François, Chap. 9).
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
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CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air.
En considérant cet élément, nous pourrons en tirer une excellente instruction pour les mœurs; en effet, si quelqu'un veut examiner ces divers avantages que, par une disposition de la Providence, l'air procure sans cesse au genre humain, il y trouvera non seulement de précieux documents pour la philosophie , mais encore il y découvrira des mystères profonds et propres à reculer les bornes de la science théologique.
1º Une des principales propriétés de l'air est, en favorisant la respiration, de conserver la vie des animaux terrestres et celle de l'homme même. Ensuite l'air est si nécessaire à la vue, à l'ouïe, à la parole extérieure, que, sans son secours, on serait aveugle, sourd et muet; enfin l'air est si essentiel au mouvement des êtres vivants, que sans lui il n'y aurait plus de mouvement, tous les arts et tous les ouvrages de l'homme cesseraient aussitôt. Entrons en matière.
Si les hommes comprenaient que les âmes n'ont pas moins besoin de respirer que les corps, plusieurs de ceux qui périssent, se sauveraient. Le corps a continuellement besoin de respiration , parce que la chaleur naturelle, dont le coeur est rempli , est tellement tempérée par l'action des poumons qui attirent l'air froid et rejettent celui qui est chaud, que la vie en est conservée. Sans cette respiration il serait impossible de vivre; aussi respirer et vivre sont lies termes synonymes, car quiconque respire vit; et dès qu'on cesse de respirer, on cesse aussi de vivre. Et vous, ô mon âme, vous avez besoin d'une respiration continuelle, pour conserver la vie spirituelle qui est la grâce; cette respiration se fait en faisant monter vers Dieu, par l’oraison, des soupirs enflammés, et en recevant de Dieu une nouvelle grâce de l’Esprit-Saint.
Et quelle autre chose signifient ces paroles de notre Seigneur : Il faut toujours prier et ne jamais cesser : Oportet semper orare et non deficere (Luc 18.), si ce n'est qu'il faut toujours soupirer, et recevoir un nouvel esprit, pour empêcher la vie spirituelle de s'éteindre en vous ? C'est ce que répète notre adorable Sauveur en disant : Veillez et priez sans cesse Figilate itaque, omni tempore orantes (Luc 21.). L'Apôtre confirme ce précepte dans sa première Épître aux Thessaloniciens, en leur recommandant de prier saris intermission : Sine intermissione orare. St. Pierre enseigne la même doctrine, en nous exhortant à être prudents, et à veiller dans l'exercice de l'oraison : Estote itaque prudentes et vigilate in orationibus ; car la vraie prudence consiste à demander sans cesse à Dieu un secours dont nous avons sans cesse besoin. À LA VÉRITÉ NOTRE PÈRE LES CONNAIT, CES BESOINS, ET IL EST PRÊT À Y SUBVENIR LIBÉRALEMENT, SURTOUT EN CE QUI REGARDE LE SALUT ÉTERNEL ; MAIS IL NE VEUT NOUS L'ACCORDER QUE PAR LE MOYEN DE L'ORAISON, PARCE QUE CELA LUI FAIT PLUS D'HONNEUR, ET QUE CE NOUS EST PLUS UTILE QUE S'IL NOUS L'ACCORDAIT SANS LE LUI AVOIR DEMANDÉ.
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CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air. (suite)
1º (suite) C'est pour cette raison que ce maître libéral nous exhorte et nous presse à lui demander ce dont nous avons besoin : Je vous le dis : Demandez, et l'on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira; car celui qui demande, obtient; celui gui cherche, trouve; et, l'on ouvre à celui qui frappe (Luc 11.).
Jésus-Christ nous fait connaître ensuite ce qu'il faut lui demander et ce qu'il nous accordera infailliblement: Si vous, tout méchants que vous êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera le bon esprit à ceux qui le lui demandent! Ce qu'il nous faut donc demander d'abord et préférablement à tout le reste, et ce que Dieu nous accordera infailliblement si nous le demandons bien, c'est le bon esprit, au moyen duquel nous respirons en Dieu et nous conservons la vie spirituelle, à l'exemple de David qui ouvrit la bouche pour attirer cet esprit : Os meum aperui, et, attraxi spiritum ; c'est-à-dire, qu'il ouvrait sa bouche en désirant, en soupirant et en demandant par des gémissements ineffables, et attirant le vent très suave de l'esprit de Dieu, qui refroidissait le feu de la concupiscence et l'affermissait dans la pratique du bien.
Cela étant ainsi, qui oserait dire que ceux qui passent les jours entiers, les mois et les années sans soupirer vers Dieu, et sans respirer en Dieu, vivent néanmoins selon Dieu ? C'est un signe évident de mort que de ne pas respirer ; mais si respirer c'est prier, c'est un signe de mort de ne pas prier. La vie spirituelle qui nous fait enfants de Dieu , consiste dans la charité. Considérez donc, nous dit St. Jean (Joan. 3. 1.), quel amour le Père nous a témoigné, de vouloir que nous soyons appelés et que nous soyons en effet enfants de Dieu. Mais quel est celui qui aime et ne désire pas en même temps de voir l’objet de son amour ? qui désire et ne demande pas en même temps ce qu'il désire, à celui qu'il sait le lui devoir accorder si tôt qu'il en sera prié ? D'où il faut conclure que celui qui ne demande pas assidûment à voir la face de Dieu, ne désire pas de le voir ; mais celui qui ne désire point n'aime point; et celui qui n'aime point, ne vit point. Que suit-il de là? Il suit que nous devons regarder comme morts à Dieu, quoiqu'ils vivent au monde, tous ceux qui ne s'appliquent pas sérieusement à l'oraison, et que prier seulement des lèvres, n'est pas prier véritablement, ni par conséquent respirer et vivre spirituellement : car la prière est une élévation du coeur vers Dieu, et non de la voix seulement.
Ne vous faites donc pas illusion, ô mon âme, jusqu'à croire que vous vivez pour Dieu, si vous ne le cherchez sérieusement et de tout votre cœur, et si vous ne soupirez vers lui nuit et jour. Ne dites pas que les autres occupations vous empêchent de vaquer aux colloques divins et à l'oraison ; car les apôtres étaient tellement occupés, même à l'œuvre de Dieu et au salut des âmes, que l'un d'entre eux disait qu'outre les maux extérieurs dont il avait fait l'énumération, le soin des églises attirait sur lui une foule d'affaires qui l'affligeaient tous les jours. Qui est faible, disait-il, sans que je m'affaiblisse avec lui ? Qui est scandalisé, sans que je brûle, et que je ressente une vive douleur de sa chute (2. Cor. 11. 29. ) ?
Et cependant ce même apôtre , non content de nous rappeler ses fréquentes prières, écrit aux Philippiens que sa conversation est dans le ciel : Nostra conversatio in cælis est, parce qu'au milieu de ses occupations il tournait sans cesse ses désirs vers le ciel, et qu'il n'oubliait jamais son bien-aimé; autrement comment aurait-il pu dire : J'ai été crucifié (dans mon baptême) avec Jésus-Christ; et je vis à présent, ou plutôt ce n'est plus moi qui vis, mais c'est Jésus-Christ qui vit en moi (Gal. 2. 20.) ?
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CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air. (suite)
2º Une autre propriété de l’air, c'est de servir de milieu pour transmettre les couleurs, à nos yeux, et le son à nos oreilles. Sans l'air nous ne pourrions ni voir, ni entendre, ni parler. En cela nous devons d'abord rendre grâces à Dieu d'avoir daigné douer notre nature d'un si précieux bienfait. Il faut ensuite admirer la sagesse du Créateur dans un ouvrage si subtil et si délié, au point que l'air, qui est un vrai corps, et si grand qu'il remplit un espace immense, n'est cependant ni aperçu ni senti à cause de sa ténuité incroyable. L'antiquité s'extasiait sur la délicatesse d'un trait de pinceau qu'Apelles avait figuré ; mais après tout on voyait cette ligne, on la touchait, et par là même on ne pouvait nullement la comparer à la ténuité de ce voile délié qui nous entoure, qui nous touche, et que cependant personne ne peut apercevoir, tant il est subtil.
Ce qui est encore plus admirable, c'est la facilité de l'air à se rejoindre promptement pour ne faire qu'un corps, lorsqu'il a été divisé, sans laisser aucune trace de cette séparation. Quoiqu'une toile d'araignée soit très mince, il ne se trouvera assurément aucun ouvrier assez habile pour la rejoindre sans que rien paraisse, après qu'elle aura été rompue : ajoutez, et c'est ici une chose admirable et que la seule sagesse de Dieu peut opérer; ajoutez, dis-je, qu'un nombre infini de couleurs passent à travers une même partie de l'air, sans mélange ni confusion. Au milieu de la nuit, par un beau clair de lune, quelqu'un qui serait placé dans un lieu découvert et élevé, s'il aperçoit les étoiles qui ornent le firmament, les campagnes émaillées de fleurs, des maisons, des arbres, des animaux, et plusieurs autres objets de cette espèce, il ne pourra disconvenir que la figure de tous ces objets ne soit contenue , sans mélange, dans l'air qui l'environne.
Mais qui peut comprendre ces merveilles ? Qui peut les pénétrer ? Comment se fait-il qu'un corps si délié puisse contenir une si étonnante variété de formes ? Et que serait-ce si dans le même temps on entendait le chant mélodieux des oiseaux d'un côté, et d'un autre celui d'une agréable symphonie mêlée au doux murmure des eaux ? Ne faudrait-il pas que l'air contint en même temps et toutes ces couleurs et tous ces sons différents ? Qui a fait cela, ô mon âme ? C’est votre Créateur, à qui seul appartient d'opérer des merveilles. Mais si ses œuvres sont admirables, combien plus le sera-t-il lui-même ? L'air renferme encore une autre propriété qui est, non seulement de ne pas retarder, mais de favoriser même le mouvement des corps qui le traversent. Nous savons tous la peine qu'il y a pour faire avancer un vaisseau sur mer, quoique l'eau paraisse si facile à diviser. Il arrive quelquefois que les vents et les rames sont insuffisants, et qu'il faut employer le secours des animaux pour conduire de simples barques sur un canal ou sur une rivière; et s'il faut s'ouvrir un passage dans des endroits montagneux, que de sueurs que de temps même pour parcourir un espace très court ?
Mais au milieu de l'air, on n'éprouve aucune peine; c'est avec la plus grande facilité et la plus grande célérité que le coursier, que l'oiseau et la flèche le traversent. Dans nos exercices journaliers, nous montons, nous descendons, nous promenons, nous courons; les pieds, les bras, les mains font leurs mouvements en tout sens, et l'air au milieu duquel s'opèrent ces mouvements n'oppose pas plus d'obstacle que s'il n'était pas corporel. On le dirait d'une nature spirituelle ou presque rien.
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PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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Gras ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air. (suite)
3º Enfin l'air se prête à toutes les formes; il se laisse diviser et briser, pour ainsi dire, afin de nous devenir utile : on le croirait donné aux hommes pour leur être un modèle d'humilité, de patience et de charité. Mais ce qui doit vous porter à aimer votre Créateur, c’est, ô mon âme, que cet air dont nous parlons, nous représente la douceur indicible et la bonté infinie de notre Dieu. Recueillez-vous mon âme , et pensez sérieusement que votre Seigneur est sans cesse présent à toutes les créatures, et qu'il opère sans cesse avec elles, et, ce qui nous fait voir son infinie bonté, il accommode sa coopération à la nature particulière de chacune d'elles ; comme s'il disait avec l'Apôtre : Je me suis fait tout à tous. Omnibus omnia factus sum, afin de les aider, de les perfectionner tous. Il coopère avec les agents nécessaires, pour qu'ils remplissent leur destination avec les agents volontaires, libres, pour qu'ils agissent volontairement, librement. Il aide et meut le feu, de manière qu'il s'élève en haut ; la terre,, pour qu'elle tende en bas ; l'eau, pour qu'elle coule sur sa pente ; l’air, pour qu'il aille partout où il est poussé. Il aide les étoiles, pour leur faire décrire sans cesse leurs orbites; les herbes, les fruits, les plantes, pour qu'elles portent des fruits selon leur espèce; les animaux terrestres, aquatiques, volatiles, afin qu'ils remplissent leur destination. Mais si la bonté divine brille si éminemment dans sa coopération avec les créatures clans les ouvrages de la nature, que pensons-nous qu'il en sera dans ceux de la grâce ?
Il est vrai que Dieu a laissé à l'homme le libre arbitre, mais à condition qu'il lui donnerait sa loi pour le régir, qu'il emploierait ses menaces pour l'effrayer, qu'il lui offrirait des récompenses pour l’attirer : Ut eum regeret imperio, terreret exitio, alliceret beneficio. Dieu veut le salut de tous les hommes, mais il le veut avec une condition qui est que l'homme le voudra, et c'est pour cela qu'il le prévient, qu'il l'excite, qu'il le conduit et le ramène avec tant de douceur que sa conversion est une chose admirable. Ce sont là les conventions de la sagesse divine dont parle Isaïe, lorsqu’il invite les serviteurs, de Dieu à les faire connaître aux peuples de la terre : Notas facitem populis adinventiones ejus (Is. 12. 4).
En effet, tantôt ce Dieu de bonté effraie l’impie, tantôt il l'avertit avec clémence, tantôt il le corrige dans sa miséricorde, selon qu'il le juge convenable à son caractère et à ses mœurs. Écoutez les paroles, pleines de mansuétude, qu'il adresse au premier pécheur : Adam, lui dit-il, où êtes-vous ? Adam lui répond : J'ai entendu votre voix dans le paradis et j'ai eu peur de paraître devant vous, parce que j'étais nu, c'est pourquoi je me suis caché. Le Seigneur lui repartit avec la même douceur : et d'où avez-vous su que vous étiez nu et que vous deviez en rougir, sinon de ce que vous avez mangé du fruit de l'arbre dont je vous avais défendu de manger ? Adam, averti par cette pieuse correction, se repentit de suite comme l'atteste l'Écriture ( Sap. 10. 1.), lorsqu'elle enseigne que c'est la sagesse qui conserva celui que Dieu avait formé le premier pour être le père du monde, ayant d'abord été créé seul ; c'est elle aussi qui, après sa chute, le tira de son péché.
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air. (suite)
3º (suite). Écoutez encore avec quelle mansuétude et quelle douceur il corrigea les enfants d'Israël par le ministère d'un ange, et les engagea à faire pénitence : L'ange du Seigneur vint de Galgala où ils avaient renouvelé l'alliance avec le Seigneur, au lieu où ils étaient assemblés, qui fut appelé depuis le lieu des pleurants ; et parlant en la personne de Dieu même il dit : Je vous ai tirés de l'Egypte, je vous ai fait entrer dans la terre que j'avais juré de donner à vos pères, et je vous ai promis de garder à jamais l'alliance que j'avais faite avec vous, mais à condition que vous ne feriez point d'alliance avec les habitants du pays de Chanaan , et que vous renverseriez leurs autels ; et cependant vous n'avez point voulu écouter ma voix. Pourquoi avez-vous agi de la sorte ? Lorsque l'Ange du Seigneur disait ces paroles à tous les en fans d'Israël, ils élevèrent leurs voix, et se mirent à pleurer. Ce même lieu en fut appelé le lieu des pleurants ou le lieu des larmes, et ils immolèrent des hosties au Seigneur (Juges. 2. 1. ).
Le nom donné à ce lieu, Locus flentium, sive lacrymarum , qui a passé à la postérité, atteste que ces pleurs et ces larmes abondantes étaient la marque d'une vraie et sincère pénitence. Que dirai-je maintenant des prophètes ? Ils enseignent tous universellement, ils proclament tous que Dieu ne veut pas la mort des pécheurs, mais qu'ils se convertissent et qu'ils vivent. On dit communément, observe Jérémie : Si une femme, après avoir été répudiée par son mari, et l'avoir quitté, en épouse un autre, son mari la reprendra-t-il encore ? Et cette femme n'est elle pas considérée de lui comme étant impure et déshonorée ? Pour vous, ô fille d’Israël, vous vous êtes corrompue avec plusieurs qui vous aimaient, cependant revenez à moi, dit le Seigneur, et je vous recevrai (Jérémie. III. 1. ).
Ezéchiel n'est pas moins expressif: Voici la manière dont vous avez accoutumé de parler, dit ce prophète en s'adressant au peuple; nos iniquités et nos péchés sont sur nous ; nous en portons la peine ; nous séchons et nous languissons dans les maux que nos crimes nous ont attirés; comment donc pourrions-nous vivre, et comment donc pourrions-nous éviter la mort à laquelle Dieu nous a condamnés? Dites-leur donc ces paroles : Je jure par moi-même, dit le Seigneur, que je ne veux pas la mort de l’impie, mais que je veux que l'impie se convertisse, qu'il quitte sa mauvaise voie, et qu'il vive. Convertissez-vous, convertissez-vous quittez vos voies toutes corrompues. Pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël ? Je ne veux point votre mort, je souhaite au contraire que vous vous convertissiez, et que vous ayez la vie (Ézéch. 33. 10 et 11. ).
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air. (suite)
3º (suite).
Mais laissant les impies, voyons maintenant quelle est la bonté et la douceur plus que paternelle et maternelle du Seigneur notre Dieu envers ceux qui le craignent et qui espèrent en lui. Écoulons le Prophète royal qui nous assure qu'autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant a-t-il affermi la grandeur de sa miséricorde sur ceux qui le craignent.... Car, comme un père a une compassion pleine de tendresse pour ses enfants, aussi le Seigneur est touché de compassion pour ceux qui le craignent.... La miséricorde du Seigneur est de toute éternité, et elle demeurera éternellement sur ceux qui le craignent (Ps. 102. 11.), Goûtez donc et voyez combien le Seigneur est doux. Heureux est l'homme qui espère en lui (Ps. 33. 8.). Que le Dieu d'Israël est bon à ceux qui ont le coeur droit ! C’est-à-dire : Qui expliquera la bonté, la suavité, la douceur du Seigneur envers les âmes pieuses et justes ? Le Seigneur dit aussi dans Isaïe (49, 15. ) : Une mère peut-elle oublier son enfant, et n'avoir point compassion du fils qu'elle a porté dans ses entrailles ? Mais quand même elle l’oublierait, pour moi je ne vous oublierai jamais. Jérémie ajoute (Thren. 3. 24. ) : Le Seigneur est mon partage, dit mon âme en elle-même, c'est pour cela que je l'attendrai. Le Seigneur est bon à ceux qui espèrent en lui, il est bon à l’âme qui le cherche. AINSI IL EST BON D'ATTENDRE EN SILENCE LE SALUT QUE DIEU NOUS PROMET.
Si je voulais encore ajouter ce que les apôtres dans leurs épîtres enseignent de la bonté paternelle du Seigneur notre Dieu envers les hommes pieux, non je n'en finirais point. Bornons-nous au seul passage de la seconde épître de St. Paul aux Corinthiens (1. 3.) : Béni soit, dit-il, Dieu, le père de notre Seigneur Jésus-Christ, le père des miséricordes et le Dieu de toute consolation ; qui nous console dans tous nos maux, afin que nous puissions aussi consoler les autres dans tous leurs maux par la même consolation dont nous sommes nous-mêmes consolés de Dieu. Il ne dit pas seulement que Dieu est consolateur, mais qu'il est plein de toute consolation ; il ne dit pas qu'il nous console seulement dans quelque tribulation, mais dans toutes nos peines . Pouvait-il mieux cous apprendre combien le Seigneur est doux et suave envers ceux qu'il aime et dont il est aimé !
Il ne sera pas inutile, en finissant, de citer un passage de St. Prosper où il explique la bonté de Dieu, non seulement envers les bons, mais encore envers les méchants pour les rendre bons. "Sa grâce, dit-il, l'emporte sur tous les autres moyens de salut , elle persuade par les exhortations , elle avertit par les exemples, elle effraie par les dangers, elle encourage par les miracles; elle donne l'intelligence, inspire le conseil, éclaire l'esprit et le cœur en y faisant pénétrer le flambeau de la foi.
D'un autre côté, la volonté de l'homme excitée par ces secours se réunit et se joint à la grâce pour coopérer avec elle à l'œuvre de Dieu, et pour commencer à recueillir des mérites de cette semence divine qu'elle a reçue dans son cœur, attribuant à son inconstance l'interruption du bien, au secours de la grâce ses progrès dans la vertu : secours qui est accordé à tous par une infinité de moyens intérieurs ou extérieurs. Et c'est de la malice d'un grand nombre que provient l'inutilité de ses secours, de même que c'est à la volonté de l'homme, aidé de la grâce divine, qu'il faut attribuer tout le bien qui en résulte." (Liber secundus, de vocatione gentium, c. 26.)
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air. (suite)
4º Courage donc, ô mon âme, si votre Créateur est si suave et si doux envers ses serviteurs, s'il souffre avec tant de bonté les pécheurs, pour les convertir ; et s'il console les justes, afin qu'ils avancent de jour en jour dans la justice et la sainteté, ne devez-vous pas supporter avec douceur votre prochain, et vous faire tout à tous pour les gagner tous au Seigneur votre Dieu ?
Pensez à quelle sublime fonction vous destine l'Apôtre, lorsqu'il vous dit (Eph. 5. 1.) : Soyez les imitateurs de Dieu comme étant ses enfants bien-aimés, et marchez dans l'amour et dans la charité pour vos frères, comme Jésus-Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, en s'offrant à Dieu pour l'expiation de nos péchés, comme une oblation et une victime d'une agréable odeur. Imitez donc Dieu le Père qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes (Math. 5. 45). Imitez Dieu le Fils, qui, après avoir pris la nature humaine pour l'amour de nous, a donné sa propre vie pour nous arracher à la puissance des ténèbres et à la mort éternelle. Imitez Dieu le Saint-Esprit, qui a répandu abondamment ses dons précieux pour nous rendre spirituels de charnels que nous étions.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
Vraiment édifiant ces passages que vous mettez en caractères gras. Merci Robert.
Arthur- Nombre de messages : 1614
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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Puisse Robert aller rejoindre un jour Saint Robert.
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Puisse Robert aller rejoindre un jour Saint Robert.
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Dernière édition par ROBERT. le Dim 15 Jan 2012, 5:02 pm, édité 1 fois (Raison : ajout de texte.)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Arthur- Nombre de messages : 1614
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
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SIXIÈME DEGRÉ. Considération du feu.
Le feu est un élément si pur et si noble que Pieu a voulu en prendre le nom : Deus noster ignis consumens est (Deut. 4.). Et lorsqu'il apparut la première fois à Moïse, il se fit voir dans un buisson ardent qui brûlait sans se consumer (Exod. 3.). Il en fit de même lorsqu'il voulut donner la loi à son peuple : Totus mons Sinaï fumabat eo quod descendisset Dominus super eum in igne ( Exod. 19. ). Et dans la promulgation de la loi nouvelle, l'Esprit-Saint apparut aux apôtres en forme de langues de feu. Enfin, les esprits célestes, qui approchaient le plus près de Dieu dans le ciel, sont appelés Séraphins, qui signifie embrasés, parce qu'ils sont plus pénétrés que les autres anges de ce feu divin, et pleins d'ardeur. Les choses étant ainsi, il n'est pas difficile de nous former de la considération du feu, de sa nature et de ses propriétés, un degré qui nous élève à Dieu par la méditation et la prière. Il sera assurément moins difficile de nous élever vers Dieu avec Élie sur un char de feu, qu'il ne l'a été par les considérations que nous avons déjà faites sur la terre, sur l'eau et sur l'air.
1º Entrons en matière. Le feu agit diversement sur divers objets il consume le bois, le foin, la paille en très peu de temps : il purifie et rend plus beau l'or, l'argent et les pierres précieuses. Quant au fer, qui de sa nature est noir, froid, dur et pesant, le feu le transforme en des qualités si opposées qu'il le rend brillant, chaud, malléable et léger; il le rend brillant comme une étoile, brûlant comme le feu lui-même, liquide comme l'eau, et tellement léger qu'il peut être manié en tous sens par l'ouvrier.
Toutes ces opérations du feu se font remarquer en Dieu. Premièrement le bois, le foin et la paille signifient, d'après l’Apôtre, les actions mauvaises qui ne peuvent supporter le feu du jugement de. Dieu : on ne saurait croire combien déplaisent à Dieu, qui est un feu très pur, tous les péchés des hommes ; et avec quel zèle il les consume et les détruit, s'ils peuvent être détruits par la pénitence, c'est-à-dire, si celui qui a péché est en état de pouvoir se repentir ; car tous les péchés sont effacés par cette vertu de pénitence jointe au sacrement. Mais si le pécheur n'est plus capable de pénitence, comme sont les démons et les hommes après être sortis de cette vie, alors la colère divine se tourne contre les impies qui sont haïs de Dieu ainsi que leur impiété : Odio suret Deo impies et impietas ejus ( Sages. 14. ). Jugeons de la grandeur et de l'étendue de cette haine par l'ange rebelle qui n'a péché qu'une fois. Quoiqu'il fut le premier des anges et un prince du premier ordre dans leur hiérarchie, comme l'atteste S. Grégoire, cependant il fut de suite chassé du ciel, dépouillé de toutes ses prérogatives et de la grâce, changé en un monstre horrible et précipité dans un abîme éternel.
Jugeons-en encore par la conduite admirable de Jésus-Christ, qui est descendu du ciel pour détruire l'œuvre du démon, c'est-à-dire du péché, et qui pour cette raison est appelé l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. Or qui pourra dire, qui pourrait même penser ce que Jésus-Christ a souffert pour détruire l’œuvre de Satan et pour satisfaire pleinement à la justice de Dieu ? D'abord étant semblable à Dieu, il s'est anéanti jusqu'à prendre la forme d'esclave (Phil. 2 ). Étant riche, il s'est fait pauvre pour nous : Propter nos egenus factus est cum esset dives ( 2. Cor. 8. ). Il n'avait pas où reposer sa tête, lui qui avait fait le ciel et la terre; il est venu dans son propre héritage, et les siens ne l'ont pas reçu (Joan. 1.). Quand on l'a chargé d'injures il n'a point répondu par des injures; quand on l'a maltraité, il n'a point fait de menaces ; mais il s'est livré sans aucune résistance entre les mains de celui qui le jugeait injustement, laissant à Dieu le soin de lui rendre justice. C'est lui qui a porté nos péchés en son corps sur la croix, afin qu'étant morts au péché par sa mort, nous vivions pour la justice; c'est lui qui s'est humilié, se rendant obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la croix, et c'est par ses meurtrissures que nous avons été guéris : Cujus livore sanati sumus (1. Petr. 2 et Phil. 2.). Enfin après avoir été moqué, conspué, flagellé, couronné d’épines, crucifié ignominieusement, dans les plus grandes douleurs, il a donné sa vie avec son sang; et s'il a tant souffert, ça été pour détruire les œuvres du démon et pour effacer nos péchés.
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
SIXIÈME DEGRÉ. Considération du feu. (suite)
1º (suite) Jugeons-en par la loi divine qui interdit et punit toutes sortes de péchés, qui ne laissera pas sans châtiment même une parole oiseuse. Et combien doit haïr les crimes et les actions détestables celui qui ne peut souffrir une parole inutile ! La loi de Dieu est sans tache, dit un prophète ; ses préceptes sont clairs, ils ne supportent ni défauts, ni obscurité, et il ne peut y avoir aucune communication entre la lumière et les ténèbres, entre la justice et l'iniquité (2. Cor. 6.).
Jugeons-en enfin par les tourments que Dieu réserve aux impies et aux pécheurs qui auraient pu laver leurs souillures dans le sang de l’Agneau, et qui ne l'auront pas voulu ou l’auront négligé ; car il est juste que Dieu inflige une peine éternelle à un péché qui subsistera éternellement. Nous verrons à la fin de cet ouvrage quelle et combien grande est cette peine que Dieu réserve aux impies.
Puisque la haine de Dieu contre le péché est si grande, si vous aimez Dieu par-dessus tout, ô mon âme, vous devez aussi détester le péché par-dessus tout. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui affaiblissent ou excusent le péché, prenez garde de vous laisser séduire par leurs fausses raisons. Vous n'aimez pas Dieu si le péché ne vous déplaît pas dans vous et dans les autres ; et si vous n'aimez pas Dieu, vous êtes perdue.
D'un autre côté, si vous voulez témoigner votre gratitude à Jésus-Christ , de combien pensez-vous que vous lui êtes redevable ? C'est pour vous qu'il a souffert, c'est pour vous qu'il a donné son sang et sa vie, afin d'effacer vos péchés et de vous réconcilier avec son. Père. Pourra-t-il dorénavant vous paraître pénible de souffrir quelque chose pour Jésus-Christ, et, aidée de sa grâce, ne devez-vous pas résister jusqu'au sang au péché pour l'amour de lui ? Enfin, si vous ne vous sentez pas la force d'endurer les tourments de l'enfer, vous ne devez pas souffrir le péché qui y conduit, mais le fuir, comme l'on fuit à l'aspect d'un serpent, et ne pas en souffrir la moindre souillure dans votre âme. Prenez donc la ferme et inébranlable résolution d'aimer souverainement Dieu et de haïr souverainement le péché.
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
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SIXIÈME DEGRÉ. Considération du feu.
2º Le même feu qui consume le bois ne détruit point l'or, l'argent, ni les pierres précieuses ; au contraire il les perfectionne et leur donne de l’éclat, parce que, dit l'Apôtre ( I. Cor. 3.), ces métaux signifient les œuvres qui sont bonnes et parfaites que le feu du jugement de Dieu éprouve, et qui doivent recevoir une grande récompense. Dieu approuve les œuvres, parce qu'elles sont des dons de sa grâce, selon la doctrine reçue de St. Augustin : Cum coronat merita nostra, coronat munera sua. Car elles ont été faites par ses ordres avec son secours , avec sa coopération et par sa direction , au moyen de sa loi et des règles qu'il a établies. D'abord l’or est le symbole de la charité : comment les oeuvres de la charité pourraient-elles ne pas plaire infiniment à Dieu qui est lui-même la charité ?
L'argent désigne les oeuvres de la sagesse , les oeuvres de ceux qui enseignent aux autres les règles de la justice : Qui ad justitiam erudiunt multos (Daniel 12.) , oeuvres que Dieu approuve et qui lui plaisent beaucoup, d’après le témoignage de Jésus-Christ lui-même, qui nous assure que celui qui fera et enseignera tout ce que la loi ordonne, sera grand dans le royaume des cieux (Matth. 5. 19.).
Les pierres précieuses représentent les oeuvres d'une âme chaste : Tout le prix de l'or n'est rien au prix d'une dîne vraiment chaste, dit l'Ecclésiastique (Eccli. 26. 20. ) ; c'est pour cette raison que l'Église, dans l'office des Vierges, a choisi l'Évangile où l'on parle de la perle qui a été trouvée : Inventa autem una pretiosa margarita , abiit, etc. (Matth. 13. 46.). Le prophète Isaïe nous fait encore connaître l'estime que Dieu fait de la pureté virginale, lorsqu'il dit au nom du Seigneur ( 56. 5. ) : Je leur donnerai (aux vierges) dans ma maison, et dans l'enceinte de rues murailles, une place avantageuse , et un nom qui leur sera meilleur que des fils et des filles : car je leur donnerai un nom éternel qui ne périra jamais (Voyez. l'intervention. de St. Augustin. de sancta virginitate, c. 24 et 25.).
D'après les sentiments unanimes des SS. Docteurs, les trois sortes de bonnes oeuvres auxquelles est due l'auréole dans le royaume des cieux, sont le martyre, l'enseignement et la virginité. Outre la vie éternelle dont jouiront tous les saints, l'auréole est une certaine récompense privilégiée, accordée aux martyrs, pour l'excellence de leur charité qui leur a fait sacrifier leur vie pour l'amour de Jésus-Christ : Majorent hac dilectionem nemo habet ut animant suam ponat quis pro amicis suis ( Joan. 15.).
Elle est accordée aux docteurs, pour récompenser leur éminente sagesse, dont parle Daniel en assurant (12. 3.) que ceux qui eu auront instruit plusieurs dans la voie de la justice, luiront comme des étoiles dans toute l'éternité.
LYON, CHEZ PERISSE FRÈRES, LIBRAIRES, rue Mercière, 33.
PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.
OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN
PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.
Cæli enarrant gloria Dei, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
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A suivre.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
Par Saint Robert Bellarmin.
SIXIÈME DEGRÉ. Considération du feu.
2º (suite) Elle est accordée aux vierges à cause du prix incomparable de la pureté, en faveur de laquelle il leur a été accordé (Apoc. 14. 3. 4.) de chanter un cantique nouveau, que personne plus ne peut chanter. Ce sont ceux, dit St. Jean, qui ne se sont point souillés avec les femmes, parce qu'ils sont vierges. Ceux-là suivent l'Agneau partout où il va. Ne croyez pas cependant que la charité des martyrs , la sagesse des docteurs et la pureté des vierges soient les seules vertus qu'approuve le feu du jugement de Dieu, et les seules qui reçoivent une pleine récompense; car toutes les bonnes oeuvres, quelles qu'elles soient, pourvu qu'elles soient faites dans la charité, sont comptées parmi les vases d'or, elles soutiendront l'épreuve de ce feu divin et elles recevront leur récompense. Car, au dernier jugement, Dieu adressera ces paroles consolantes aux élus : Venez, les bénis de mon Père, venez posséder le royaume qui a été préparé dès l'origine du monde (Matth. 25.) à ceux qui auront donné à manger aux faméliques, à boire aux altérés, l'hospitalité aux voyageurs, des habits à ceux qui sont nus, des consolations aux affligés, aux malades et aux prisonniers ; et le Seigneur a promis de ne pas laisser sans récompense un verre d'eau froide donné a un de ses disciples par amour pour Dieu.
Comprenez-vous , ô mon âme , la différence qui existe entre les actions humaines; et combien il faut être insensé et misérable, tandis qu'on peut facilement s'approvisionner d'or, d'argent et de pierres précieuses , de prendre tant de peine pour ne ramasser que du bois sec, du foin et de la paille ? Plût à Dieu qu'on fût doué de sagesse et d'intelligence pour prévoir ce qui arrivera à la fin de cette vie , lorsque toutes les oeuvres seront examinées et éprouvées par le feu du jugement de Dieu ; les unes pour être louées et couronnées , les autres pour être brûlées, réduites en cendre et en fumée ! Pourquoi faites-vous maintenant un choix qui doit vous procurer des regrets si amers ? Pourquoi ne pas condamner aujourd'hui, tandis que vous le pouvez utilement, ce que vous condamnerez un jour sans aucun fruit ? Si vous n'apprenez pas maintenant la vérité, si les choses présentes sont pour vous un voile qui vous empêche de la percevoir, priez Dieu bien affectueusement; dites-lui avec l'aveugle de l'Évangile : Seigneur, faites que je voie; ou bien avec le Prophète : Ouvrez mes yeux et je considèrerai les Merveilles de votre loi ( Ps. 118.). Car, il faut l'avouer, c'est une grande merveille que les oeuvres faites dans la charité se convertissent en or , en argent et en pierres précieuses, tandis que celles qui se font dans le péché ne sont que du bois sec, de la paille et du foin.
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Re: Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)
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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,
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SIXIÈME DEGRÉ. Considération du feu.
3º Considérons maintenant une autre propriété du feu. Jusqu'à présent la considération que nous en avons faite, nous a fait connaître ce que Dieu opère en ceux qui sortent de cette vie avec des œuvres mauvaises, et ceux qui en sortent avec la pratique constante des bonnes oeuvres. Une autre comparaison tirée du feu nous fera comprendre la conduite de Dieu envers ceux qu'il appelle du péché à la pénitence.
L'homme pécheur est semblable au fer qui, éloigné du feu, reste noir, froid, dur et pesant, mais qui change en quelque sorte de qualité, devient brillant, chaud, mou et léger dès que le feu agit sur lui. Tout pécheur est privé de la lumière intérieure ; il marche dans les ténèbres , et par là imite la noirceur du fer. Quoiqu'il montre du génie, et qu'il paraisse être rempli de jugement dans les sciences et dans le commerce de la vie humaine, cependant il est aveugle et plus misérable qu'un aveugle dans le jugement qu'il faut porter sur le bien et le mal. En effet, un aveugle ne voit rien et ne peut se mouvoir sans un guide ; mais le pécheur croit voir ce qu'il ne voit point , ou il voit une chose pour l'autre ; il juge que ce qui est bien est mal , et que ce qui est mal est bien; il prend pour grand ce qui est petit, et pour petit ce qui est grand; il attribue une longue durée à ce qui s'écoule rapidement, et il regarde comme durant peu de temps ce qui est de longue durée; et c'est ainsi qu'il se trompe perpétuellement dans les choix qu'il fait.
C'est ce que disait l'Apôtre en parlant des Gentils (Ephé. 4. 18.) : Ils ont l'esprit plein de ténèbres; ils sont entièrement éloignés de la vie de Dieu, à cause de l'ignorance où ils sont, et de l'aveuglement de leur cœur. C'est ce que le Seigneur lui-même reproche si souvent dans l'Évangile aux scribes et aux pharisiens (Matth. 15. 23. ), les appelant les aveugles, conducteurs d'autres aveugles. C'est ce que le prophète Isaïe reprochait aux J-uifs de son temps lorsqu'il leur disait : Sourds, écoutez, et vous, aveugles, ouvrez les yeux et voyez (Is. 42. 18.). C’est ce que le même Prophète prédisait du Messie qui ouvrirait les yeux aux aveugles, en parlant au nom de Dieu du nouveau Testament , lorsqu'il ajoutait : Je conduirai les aveugles dans une voie, et je les ferai marcher dans des sentiers que jusqu'alors ils avaient ignorés; je ferai que les ténèbres devant eux se changeront en lumière et que les chemins tortueux seront redressés ( Is. 42.16.).
C'est enfin ce que les impies eux-mêmes seront forcés d'avouer au sortir de cette vie, lorsque le châtiment commencera d'ouvrir leurs yeux que leurs péchés avaient fermés ; ils diront : Nous nous sommes donc égarés de la voie de la vérité ; la lumière de la justice n'a point lui pour nous, et le soleil de l'intelligence ne s'est point levé sur nous (Sap. 5. 6. ). Et il n'est pas étonnant que ceux qui ne suivent ni la volonté, ni l'esprit de Dieu, soient des aveugles : car Dieu est la lumière et il n'y a point de ténèbres en lui : d'où l'Apôtre saint Jean conclut que celui qui dit être dans la lumière , et hait son frère, est encore dans les ténèbres, qu'il marche dans les ténèbres, qu'il ne sait où il va, parce que les ténèbres l'ont aveuglé.
L’aveuglement des pécheurs provient non seulement de leur éloignement de la lumière divine , mais encore de leur malice qui les aveugle ( Sap. 2 ). Car l'amour et la haine, la colère et l'envie et les autres mauvaises passions de l'âme, l'aveuglent au point de ne pouvoir plus discerner la vérité. Ces passions produisent l'effet des miroirs colorés qui font voir les objets rouges, lorsqu'ils sont blancs ; ou celui de ces autres miroirs colorés qui grossissent les objets, ou les rapetissent, ou les éloignent, ou les rapprochent. Celui qui aime avec passion regarde l'objet de son amour comme le plus beau, le plus utile, le meilleur, le plus nécessaire, et sacrifie tout le reste pour l'acquérir. Au contraire, si sa passion est une passion de haine, le même objet lui paraîtra horrible, inutile, mauvais, pernicieux, et il le repoussera au préjudice même de tout ce qu'il possède.
Mais si le fer, tout noir et tout sale qu'il est, est échauffé par le feu, c'est-à-dire, si le pécheur quitte le péché et se tourne vers Dieu, peu à peu il commence à être éclairé et à découvrir clairement la vérité, dans la lumière divine, selon ces paroles de David : C'est dans votre lumière que nous verrons la lumière. Et alors le faux miroir des passions étant brisé et remplacé par celui de cristal, c'est-à-dire de la pure charité, le pécheur attache de l'importance aux seuls biens éternels, et regarde comme de peu de valeur et presque nuls tous les biens temporels.
Il voit clairement qu'aucun éclat, qu'aucune beauté créée ne peut être comparée à la lumière de la sagesse et de la vérité qui se trouve en Dieu et qui est Dieu même ; c'est pour cette raison qu'il s'écrie avec St. Augustin : Que je vous ai aimée tard, beauté toujours ancienne et toujours nouvelle , que je vous ai aimée tard (Conf. 1. 10. c. 77. ) ! Et parce que Jésus-Christ nous dit que nous connaîtrons la vérité et que la vérité nous délivrera de ce pécheur déjà éclairé, et délivré par la lumière divine des liens de la concupiscence, de l'avarice, de l'ambition et des autres passions, tressaille de joie et s'écrie avec le Prophète : Vous avez rompu nos liens, Seigneur, je vous offrirai un sacrifice de louange et j'invoquerai votre saint nom (Ps. 115)
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Dernière édition par ROBERT. le Mer 18 Jan 2012, 3:24 pm, édité 1 fois (Raison : mis la bonne référence.)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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