Échelle du Ciel. (SAINT ROBERT BELLARMIN)

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Message  ROBERT. Lun 11 Juil 2011, 12:07 pm

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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES ŒUVRES DE LA CRÉATION,

Par Saint Robert Bellarmin.


PRÉFACE DE L'AUTEUR.

La sainte Écriture nous avertit fréquemment de chercher Dieu avec soin. Car quoique Dieu ne soit pas loin de nous , puisque c'est en lui que nous avons l'être, le mouvement et la vie ( Act. 17. ) , nous sommes cependant nous-mêmes loin de Dieu : et à moins de préparer dans notre cœur des degrés pour former en quelque sorte une échelle qui nous élève au ciel; à moins de chercher Dieu avec une grande sollicitude, nous ne pouvons, comme l'enfant prodigue, que paître les pourceaux dans une région lointaine, loin de notre patrie et de notre Père céleste.

Mais pour expliquer en peu de mots comment il se fait que Dieu ne soit pas loin de nous, tandis que nous sommes très-loin de lui, nous disons que Dieu n'est pas loin de nous, parce qu'il nous voit sans cesse, que tout est présent à ses yeux; parce qu'il pense continuellement à nous, et qu'il en prend soin (I. Petr. 5.); parce qu'il nous touche continuellement, étant celui qui soutient tout par la puissance de sa parole (Hebr. 1. 3.). Mais nous sommes très-éloignés de Dieu, parce que nous ne le voyons pas et qu'il nous est impossible de le voir, puisqu'il habite une lumière inaccessible (I. Tim. 6.) ; parce que nous ne sommes pas capables de former de nous-mêmes aucune bonne pensée de Dieu (II Cor. 3.). Encore moins pouvons-nous l'approcher par de pieuses affections, et nous attacher à lui, s’il ne nous admet, et si sa droite ne nous attire. Ainsi David, après avoir dit à Dieu : Mon âme s'est attachée à tous, ajoute aussitôt: Votre droite m'a soutenue (Ps. 62. 8.). Nous sommes très éloignés de Dieu, non seulement en ce que nous ne pouvons ni le voir, ni penser facilement à lui, ni nous y attacher par affection, mais encore parce qu'occupés des biens temporels, qui nous environnent et nous obsèdent de toutes parts, nous oublions facilement Dieu; et à peine notre langue prononce-t-elle son saint nom dans les Psaumes et les autres prières, tandis que le cœur ne ressent rien. C'est pour éviter ce malheur, que l'Esprit-Saint dans l'Écriture, comme nous l'avons dit, nous exhorte si souvent à chercher Dieu : Querite Deum, et vivet anima vestra (Ps. LXVIII, [33]). Cherchez la face sans cesse, ajoute le Prophète royal. Le Seigneur est bon à ceux qui espèrent en lui, il est bon à l’âme qui le cherche dit Jérémie (Lam.3.25.). Cherchez le Seigneur pendant qu'on peut le trouver, ajoute un autre prophète (Is. 55. 6.); mais cherchez-le dans la simplicité de votre coeur, vous dit le Sage (Sap. 1.). Lorsque vous chercherez le Seigneur votre Dieu, vous le trouverez, disait Moïse, pourvu toutefois que vous le cherchiez de tout votre coeur (Deut. 4. 29.).


Or cette sollicitude pour chercher Dieu, quoiqu'elle concerne tous les fidèles, est cependant le partage propre de ceux qui gouvernent l'Église, d'après le témoignage des SS. Pères, et surtout de St. Augustin, de St. Grégoire et de St. Bernard. Ils font voir clairement qu'un pasteur ne peut être utile ni à lui ni aux autres, s'il ne médite sérieusement les choses divines, et ne prend un soin particulier de la nourriture de son âme. St. Augustin, dans le traité de la Cité de Dieu (Lib. 19. c.19.), enseigne que "l'amour de la vérité désire un saint repos, tandis que les devoirs de la charité nous engagent au travail ; mais il ne faut pas entièrement abandonner le plaisir de contempler la vérité, de peur que ce plaisir ne nous soit soustrait, et qu'ensuite nous ne soyons accablés par les œuvres de la charité." Parlant ensuite de lui-même (Lib. Conf. 10. c. 40. ), et de ses fréquentes méditations sur Dieu par la considération des créatures, il dit: "Je m'y exerce souvent, j'y trouve du plaisir, et sitôt que j'ai un moment de loisir, je me livre à cette satisfaction." St. Grégoire, dans son Pastoral (2e Part. c. 5.), dit ce qu'il faut que "la compassion égale le pasteur à ses inférieurs, mais que la contemplation doit l'élever au-dessus d'eux.


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Message  ROBERT. Lun 11 Juil 2011, 3:23 pm

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PRÉFACE DE L'AUTEUR. (suite)

S'il partage par sa piété et sa charité les peines et les faiblesses des autres, la sublimité de sa contemplation doit l'élever au-dessus de lui-même, pour ne s'occuper que des choses célestes et invisibles." Dans ce même chapitre, St. Grégoire rapporte l'exemple de Moïse et de Jésus-Christ. Moïse entrait fréquemment dans le tabernacle et il en sortait : il y entrait pour connaître les secrets de Dieu ; il en sortait pour se charger des infirmités du prochain. Et Jésus-Christ lui-même travaillait au salut du prochain, en prêchant et opérant des miracles pendant le jour; mais il passait les nuits sans dormir, occupé de la prière et de la contemplation. Erat pernoctans in oratione Dei (Luc. VI., [12]). On peut lire d'autres traits semblables dans le dernier chapitre du même livre.


Enfin St. Bernard, voulant donner des avis salutaires au pape Eugène qui avait été son disciple , et l'exhorter à ne pas tellement se livrer aux occupations extérieures, qu'il ne se recueillit chaque jour un certain temps , pour jouir d'un saint repos et d'une nourriture toute céleste, écrivit les cinq livres de la considération, dans lesquels il l'exhorte non seulement à la méditation des choses divines, mais encore il lui enseigne la manière et les moyens de méditer, et en méditant, de s'élever, et en s'élevant, de se transformer en Dieu par le secours de l'intelligence et de la volonté. Il n'admet point l'excuse que le pontife aurait pu alléguer, et qu'allèguent tant d'autres, savoir, le grand nombre d'occupations inséparables des fonctions pontificales , et qui ne laissent aucun intervalle aux prélats pour vaquer à la méditation des choses divines. Assurément, en effet, personne n'est tenu de se livrer tellement aux araires extérieurs, qu'il ne lui reste pas de temps pour réparer ses forces par le boire et le manger, et par l'usage du repos et du sommeil. Et si le corps demande avec raison cette réfection et ce repos, avec combien plus de justice l'âme peut-elle exiger la réfection et le repos qui lui sont propres ? car elle ne peut aucunement, sans soulagement, s'acquitter de ses devoirs, au milieu d'occupations d'une si haute importance. Or la nourriture de l'âme, c'est l'oraison; son sommeil, c'est la contemplation par laquelle elle médite dans son coeur les moyens de s’élever, afin de voir le Dieu des dieux dans la céleste Sion, de la manière qu'on peut le voir dans cette vallée de larmes (Ps. 83.). Or une échelle, pour arriver jusqu'à Dieu, ne peut se former ici-bas que par les œuvres de Dieu. Quant à ceux qui, par un privilège particulier, ont été introduits dans le paradis par une autre voie et ont été admis aux secrets de Dieu, à ces secrets dont il n'est pas permis à l'homme de parler, on peut dire qu'ils y ont été ravis, et non pas qu'ils y sont montés. St. Paul nous le dit : J'ai été ravi dans le paradis, et j'y ai entendu des paroles ineffables qu'il n'est pas permis a un homme de rapporter. (Tel est le sens de ce qu'il dit en troisième personne.)


L'auteur du livre de la Sagesse (13.) et St. Paul (Rom. 1.) enseignent que l'homme petit, par les œuvres de Dieu, c'est-à-dire par les créatures, s'élever à la connaissance et à l'amour du Créateur : la raison confirme ce que nous disons, puisque par les effets on connaît la cause efficiente, et que le tableau nous donne l'idée du modèle; et qu'il est certain que toutes les créatures sont l'ouvrage de Dieu. D'ailleurs l'Écriture ne nous laisse pas ignorer que les hommes et les anges sont non seulement les Œuvres, mais encore les images de Dieu.


Mu par ces raisons, et pendant un peu de repos que m'ont laissé les affaires publiques ; encouragé par l'exemple de St. Bonaventure qui, dans un loisir semblable, composa l'Itinéraire de l'âme vers Dieu , j'ai essayé de former, au moyen des créatures, une échelle pour monter jusqu'à Dieu: je l'ai partagée en quinze échelons, à l'instar des quinze degrés par lesquels on montait au temple de Salomon , et des quinze Psaumes qu'on appelle graduels.



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Message  ROBERT. Mar 12 Juil 2011, 5:29 pm

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NOTICE.


ROBERT BELLARMIN naquit à Montepulciano en 1542. Il se fit jésuite à l’âge de 18 ans; enseigna la théologie à Louvain, et y prêcha avec tant de succès, que les protestants venaient d'Angleterre et de Hollande pour l'entendre. Après sept ans de séjour dans les Pays-Bas, il retourna en Italie. Grégoire XIII le choisit pour faire des leçons de controverse dans le collège qu'il venait de fonder. Sixte V le donna ensuite, en qualité de théologien, au légat qu'il envoya en France l'an 1590. Clément VIII le fit cardinal neuf ans après, et archevêque de Capoue le 21 avril 1602. Paul V ayant voulu le retenir auprès de lui, Bellarmin se démit de son archevêché, et se dévoua aux affaires de la cour de Rome jusqu'en 1621. Il mourut la même année, au noviciat des Jésuites, où il s'était retiré dès le commencement de sa maladie. Grégoire XV alla visiter le cardinal mourant qui lui adressa ces paroles: Domine, non sum dignus ut intres, etc.; paroles qui marquent jusqu'à quel point le cardinal Bellarmin portait son respect pour le vicaire de Jésus-Christ.


Ce savant cardinal a enrichi l'Église de plusieurs ouvrages, dont le détail se trouve dans Feller, d'où nous tirons cette notice ; et parmi ces ouvrages, celui dont nous offrons ici la traduction, est le fruit d'une philosophie solide et profonde : les écrivains les plus illustres, entre autres M. de Buffon, en ont tiré des passages intéressants. Mais c'est sons le rapport de la religion surtout, qu'il faut le considérer : sa lecture ne peut manquer de faire impression sur celui qui le méditera. Bellarmin appelle toutes les créatures à son secours pour éclairer l’homme, et toutes jusqu'aux plus insensibles, lui prêtent leur ministère. Toutes lui crient en leur manière : Ce n'est pas nous qui nous sommes donné l’être, c'est Dieu qui nous a créées. Les degrés qui composent son échelle divine, sont un appui ferme, solide, inébranlable pour quiconque aura le courage de s'en servir, afin de s'élever à Dieu , et d'assurer son bonheur éternel.


L'Ecriture-Sainte, la Théologie, la Métaphysique, la Physique et la Morale, sont traitées dans cet ouvrage d'une manière savante et concise. Le jeune prédicateur peut y puiser des matériaux solides; le physicien, des idées nouvelles; le métaphysicien, en le lisant, pénètrera des secrets qu'il n'avait encore pu connaître, et le théologien y verra la solution de plusieurs questions difficiles qu'un passage de l'Écriture, appliqué à propos, lui développera parfaitement. Tels sont, en abrégé, les avantages que ce livre procurera aux lecteurs: l’instruction, l'amour de la vérité, la gloire de Dieu et le salut de l'âme.



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Message  ROBERT. Ven 15 Juil 2011, 9:09 pm

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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,


ÉCHELLE DU CIEL.
PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.
SECOND DEGRÉ. Considération de l'univers.
TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre.
QUATRIÈME DEGRÉ. Considération des eaux, et principalement des fontaines.
CINQUIÈME DEGRÉ. La considération de l'air.
SIXIÈME DEGRÉ. Considération du feu.
SEPTIÈME DEGRÉ. Considération du ciel, c'est-à-dire du soleil, de la lune et des étoiles.
HUITIÈME DEGRÉ. Considération de l'âme raisonnable.
NEUVIEME DEGRÉ. Considération des anges.
DIXIÈME DEGRÉ. Considération de l'essence de Dieu, par la comparaison de ses grandeurs corporelles.
ONZIÈME DEGRÉ. Considération de la grande puissance de Dieu, comparée à la grandeur corporelle.
DOUZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la sagesse théorique de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.
TREIZIÈME DEGRÉ. Considération de la sagesse pratique de Dieu.
QUATORZIÈME DEGRÉ. Considération de la miséricorde de Dieu.
QUINZIÈME DEGRÉ. Considération de la grandeur de la justice de Dieu, par la comparaison de la grandeur corporelle.



Par Saint Robert Bellarmin.


PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.

Désirez-vous sincèrement de vous élever à Dieu; commencez par apprendre à vous connaître vous-même. Chacun de nous est la créature et l'image de Dieu, et rien ne nous intéresse autant que nous-mêmes. C'est dans ce sens que Tobie a dit : Veillez sur vous, attende tibi (Tob. 4. 13.), paroles qui ont fourni à S. Basile la matière d'un savant discours. Celui qui s'examinera attentivement et considèrera ce qui se passe en lui-même y trouvera comme un abrégé de l'univers, d'où il pourra sans peine s'élever à la connaissance du créateur de toutes choses.

Mais il n'est ici question que de l'examen de quatre causes générales; savoir: quel est mon créateur, de quelle matière il m'a formé, quelle forme il m'adonnée, et pour quelle fin il m'a créé. Si je cherche à connaître mon créateur, je ne trouve que Dieu; si je désire connaître la matière dont il m'a formé, je rencontre le néant; d'où je conclus que tout ce qui est en moi est l'œuvre de Dieu et lui appartient tout entier. Si j'examine la forme, je vois que je suis créé à l'image de Dieu; si je veux savoir pourquoi Dieu m'a créé, je ne puis douter que ce ne soit pour le posséder et pour être heureux de son propre bonheur. C'est pourquoi je comprends que j'ai des liaisons et des rapports si intimes avec Dieu, qu'il est lui-même mon créateur, l'auteur de ma vie, mon père, mon modèle, ma béatitude et mon tout. Et si je le comprends bien, comment pourrai-je ne pas le chercher avec ardeur ? ne pas penser à lui ? ne pas soupirer après lui ? ne pas désirer de le voir et de le posséder ? Ou plutôt ne devrais-je pas gémir sur les épaisses ténèbres de mon coeur, qui pendant si longtemps n'a désiré, n'a cherché rien moins que ce Dieu qui est cependant mon unique ressource ?



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Message  ROBERT. Sam 16 Juil 2011, 5:32 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)

1º Mais entrons dans un plus long détail. Je vous en conjure, dites, ô mon âme, qui vous a tirée de ce néant où vous étiez plongée naguère ? ce ne sont pas certainement vos parents; s'ils ont engendré votre corps, vous savez que ce qui est né de la chair n'est que chair : Quod natum est ex carne, caro est. Mais vous êtes une substance spirituelle. Ce n'est ni le ciel, ni la terre, ni les astres qui vous ont produite. Ces choses sont corporelles et vous êtes spirituelle. Ce ne sont pas non plus les anges, ni aucune autre créature spirituelle, car vous n'avez été formée d'aucune matière, mais tirée du néant, et il n'y a que la toute-puissance de Dieu qui de rien puisse faire quelque chose. C'est donc lui seul qui, sans coopérateur, sans le ministère de qui que ce soit, vous a créée quand il l'a voulu, de ses propres mains, qui sont son intelligence et sa volonté.

Mais peut-être ce n'est pas Dieu qui produit votre corps, peut-être le devez-vous à quelqu'être créé; Dieu aura formé votre âme, et vous devez votre corps à vos parents ? Vous vous trompez, c'est Dieu qui en est l'auteur : il est le véritable architecte et le père non seulement de votre âme, mais encore de votre corps; vos parents n'ont été employés en cela que comme les derniers manœuvres le sont dans la construction d'un édifice; vous appartenez entièrement à Dieu.

En effet si vos parents avaient eu par eux-mêmes le pouvoir de former votre corps, ils connaîtraient le nombre des muscles, des veines, des nerfs, des os qui en composent la structure, et plusieurs autres merveilles qu'on y admire; cependant ils ignorent, à moins qu'ils ne l’aient appris par l'anatomie. Bien plus, lorsque le corps est malade, qu'un membre se dessèche, ou qu'il est amputé, ils pourraient le rétablir, si c'était eux qui l'eussent formé, de même que l'horloger répare sa montre et l'architecte restaure l'édifice qu'il a construit. Mais vos parents ne peuvent rien de semblable. Que dirons-nous de l'union de l’âme avec le corps, de l'esprit avec la matière, de ces deux substances qui n'ont entre elles aucune ressemblance, aucune proportion, et qui sont néanmoins unies par des liens si forts, qu'elles ne font qu'une même substance ? N'est-ce pas là évidemment l'ouvrage d'une puissance infinie ? C'est donc au seul auteur des grandes merveilles, Qui facit mirabilia magna solus (Ps. 135. 4.), qu'il faut attribuer la création et l'union de l’âme avec le corps.
(à suivre…)



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Message  ROBERT. Lun 18 Juil 2011, 5:42 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)



1º (suite) L'Esprit-Saint parlait donc par la bouche de Moïse, lorsque celui-ci disait aux Hébreux ; N'est-ce pas Dieu qui est votre père, qui vous a possédés comme son héritage, qui vous a faits et qui vous a créés (Deuter. 36. 6.). Le Saint homme Job nous enseigne la même vérité (10. 11.). Vous m'avez, dit-il à Dieu, vous m'avez revêtu de peau et de chair, vous m'avez affermi et soutenu par les os et des nerfs ; cette vérité est confirmée parle Prophète Royal (Ps. 118.). Vos mains, dit-il, s'adressant à Dieu, vos mains m'ont fait et m'ont formé et fortifié ; c'est vous (Ps. 138.) qui m'avez formé et qui avez mis la main sur moi pour me tirer du néant. La mère des Macchabées disait aussi à ses enfants (Mach. 7.): Je ne sais comment vous avez été formés dans mon sein, car ce n'est pas moi qui vous ai donné l'esprit, l’âme et la vie, ni qui ai joint vos membres pour en faire un corps; mais c'est le Créateur du monde qui a formé l'homme dans sa naissance et qui a donné l'origine de toutes choses. Jésus-Christ lui-même nous dit (Math. 23.) : N’appelez personne votre père sur la terre; car vous n'avez qu'un seul père, qui est dans les cieux.


Courage donc, ô mon âme! si Dieu est votre Créateur, s’il est votre père, votre appui, votre nourricier ; si tout votre être, tout ce que vous avez est de Lui, et vient de Lui ; si tout ce que vous espérez, vous ne l'attendez que de Lui, pourquoi ne pas vous glorifier d’un tel père ? pourquoi ne pas l'aimer de tout votre cœur ? pourquoi ne pas mépriser, pour l'amour de lui, tout ce qui est terrestre? pourquoi vous laisser dominer par de vains désirs ? Elevez vers lui vos regards, et, ayant un père si puissant dans le Ciel, ne craignez point d'ennemis sur la terre. Imitez la confiance et l'amour de David (Ps. 118.), lorsqu'il disait: Je vous appartiens, ô mon Dieu, sauvez-moi. O mon âme ! si vous considériez comment l'Éternel, le Tout-Puissant, qui n'a nul besoin de vos biens, qui ne perd rien en vous perdant, veut cependant arrêter continuellement sur vous ses regards et daigne vous aimer, vous protéger, vous diriger, vous favoriser comme si vous étiez pour lui un trésor précieux, certainement vous mettriez en lui toute votre confiance; vous le craindriez comme votre Seigneur, vous l'aimeriez comme votre Père; et les biens ni les maux de cette vie, quelque grands qu'ils fussent, ne sauraient vous séparer de son amour.



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Message  ROBERT. Lun 18 Juil 2011, 5:44 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)



2º Examinons maintenant la matière dont l'homme est formé. Il est vrai qu'elle est très vile, mais par là-même elle doit nous inspirer la plus profonde humilité; vertu qui l'emporte ici-bas sur les autres par son utilité; vertu d'autant plus précieuse et désirable qu'elle est plus rare parmi les hommes.


On ne peut douter que la matière de l’âme ne soit le néant, qui est ce qu'il y a de plus vil. Quand à celle dont le, premier homme fut formé, ce ne fut qu'un peu de terre, ou de poussière et de boue. Dieu forma l'homme, dit l'Écriture, du limon de la terre (Genèse, 2.), et peu de temps après sa chute, Dieu lui dit : Tu es poussière et tu retourneras en poussière (Genèse, 3.). C'est pour cette raison que le patriarche Abraham, se rappelant son origine, disait à Dieu: Puisque j'ai commencé, je parlerai, à mon Seigneur, quoique je ne sois que cendre et poussière (Gen. 18.). Mais ce n'est pas en cela seul que consiste la vilité de la matière dont nous sommes formés. Car le limon, ou cette poussière, ne provient point d'une autre matière préexistante, mais du pur néant. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ; ils ne furent point tirés d'un autre ciel ni d'une autre terre, mais Dieu les forma de rien. C'est donc au néant que remonte l'origine de cet être si superbe qu'on appelle homme; soit qu'on le considère du côté du corps, soit qu'on le considère du côté de l’âme.


D'où il faut conclure que l’homme n'a rien dont il puisse se glorifier, comme s'il ne l'avait pas reçu de Dieu; tous les ouvrage sortis des mains de l'homme, fruits de son génie ou de son travail, ont d'eux-mêmes quelque chose dont ils pourraient tirer vanité, s'ils étaient capables de sentiment et doués de la parole. Un vase d'or, un meuble de bois, une maison, fût-elle de marbre ou d'ivoire, pourraient dire à l’ouvrier qui les a faits : Nous vous sommes redevables de la forme, mais la matière ce n'est pas vous qui l’avez produite; et cependant ce que nous avions indépendamment de vous est plus précieux que ce que nous avons reçu de votre travail ou de votre génie. Mais l'homme, qui n'a et qui n'est absolument rien de lui-même, n'a aucun sujet de se glorifier. L'Apôtre a donc raison de dire: Si quelqu'un s'imagine être quelque chose, quoiqu'il ne soit rien, il se trompe (Gal.6.). QU'AVEZ-VOUS EN EFFET QUE VOUS N'AYEZ REÇU ? ET SI VOUS L'AVEZ REÇU POURQUOI VOUS EN GLORIFIER,COMME SI VOUS NE L'AVIEZ PAS REÇU ( I. COR. 4.)? S. Cyprien parle dans le même sens lorsqu'il dit (Lib. 3. ad Quirinum, 4.) que n'ayant de nous-mêmes que le néant nous ne devons nous glorifier de rien.


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Message  ROBERT. Mar 19 Juil 2011, 6:05 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)


2 º (suite) Mais direz-vous peut-être, les hommes sont justement loués de plusieurs actions d'éclat, afin d'encourager la vertu. Soit; j'accorde que certaines actions extraordinaires méritent d'être louées, non en elles-mêmes mais dans le Seigneur, comme dit l'Apôtre (2. Cor. 10. Ps. 33.) : Qui gloriatur, in Domino glorietur. In Domino laudabitur anima mea. Car, lorsqu'un homme fait quelque chose d'éclatant, je demanderai : de quelle manière l'a-t-il fait ? par quelle industrie, sous quelle direction et par quel secours. Il est certain que la matière dont il s'est servi vient de Dieu et ce n'est pas l'homme qui l'a créée; son industrie est encore un don de Dieu, qui l'a dirigé et tellement aidé que, sans cette direction et ce secours, il n'aurait rien fait de bon. Car Dieu produit dans l'homme, et sans son secours, beaucoup de bien; mais l'homme ne fait aucun bien sans que Dieu l'opère avec lui, comme l'a décidé le deuxième concile d'Orange. C'est pourquoi Dieu daigne se servir du ministère de l'homme pour opérer le bien qu'il pourrait faire lui-même sans son secours, afin que l'homme s'avoue débiteur envers Dieu, qu'il ne s'enorgueillisse point, mais qu'il se glorifie dans le Seigneur.


Vous serez donc sage, ô mon âme! si vous vous placez toujours au dernier rang. Gardez-vous de jamais ravir la gloire de Dieu ; descendez dans votre néant, qui seul vous appartient, et dès lors le monde entier ne saurait vous inspirer de l'orgueil. Mais parce que cette précieuse vertu d'humilité avait presque disparu de ce monde, et qu'elle ne se trouvait plus ni dans les livres des philosophes, ni dans les mœurs des nations, le Maître de toutes les vertus est descendu du Ciel ; et quoiqu'il eût la nature de Dieu, quoiqu'il fût égal à Dieu son père; cependant il s'est anéanti lui-même en prenant la nature d'esclave, et il s'est rabaissé, se rendant obéissant jusqu'à la mort (Philip. 2.), et il a dit aux hommes : Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes (Math. 11.) . O mon âme ! si vous rougissez d'imiter l'humilité des hommes, au moins ne rougissez pas d'imiter celle d'un Dieu, qui ne peut tromper, ni être trompé; qui résiste aux superbes, et donne sa grâce aux humbles (Jacques. 4.).



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Message  ROBERT. Mer 20 Juil 2011, 4:33 pm

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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,

Par Saint Robert Bellarmin.


PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)


3º Apres avoir parlé de la matière dont l’homme est pétri, parlons de la troisième cause, qui est la forme; autant celle-là est vile, autant celle-ci est précieuse et excellente. Sans parler de la forme extérieure et accidentelle du corps humain, qui l'emporte sur celle de tous les animaux, je viens à la forme substantielle de l'homme, je veux dire l'âme, qui le distingue de tous les autres animaux, cette âme qui est immortelle, douée de raison et de libre arbitre, faite à l'image de Dieu, sur le modèle de ses divines perfections.

Car au temps de la création Dieu dit: Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, et qu'il commande aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, aux bêtes et a toute la terre et à tous, les reptiles qui se remuent sur la terre (Gen. 1.). L'homme est donc l'image de Dieu, non selon le corps, mais selon l'esprit ; car Dieu est esprit et il n'a pas de corps. Là est l'image de Dieu, dit S. Basile, où se trouve ce qui commande aux autres animaux ; mais l'homme ne commande pas aux bêtes par la force de son corps, qui est moindre que dans plusieurs d'entr'elles; mais c'est par son âme, douée de raison et de libre arbitre : ce n'est pas par ce qu'il a de commun avec les brutes qu'il est leur maître, mais par ce qui l'en distingue, c'est-à-dire parce qu'il a de ressemblance avec Dieu.

Elevez-vous maintenant, ô mon âme, vers votre modèle, et reconnaissez que tout ce qu'il y a de bon dans l'image consiste dans sa ressemblance avec ce modèle. Car si le modèle est difforme, tel qu'on représente quelquefois le démon, la perfection du portrait consistera à bien représenter la laideur de l'original; et tandis que la difformité du modèle sera une véritable difformité, celle du tableau passera pour une beauté. Mais si le modèle est beau, la copie en sera d'autant plus précieuse qu'elle se rapprochera davantage de la beauté du modèle: en sorte que si l'image avait du sentiment, elle ne souhaiterait rien tant que de voir continuellement son modèle, de s’y conformer et de lui ressembler le plus qu'il lui serait possible.

(à suivre..)



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Message  ROBERT. Jeu 21 Juil 2011, 8:37 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)



3 º ( suite) Votre modèle, ô mon âme, c'est Dieu, beauté infinie, lumière sans ombres de ténèbres ( I Joan.1,) dont la beauté est admirée par l'astre du jour et par celui de la nuit. Mais pour mieux réussir, par tous les moyens possibles, à imiter la beauté d'un si beau modèle, et avoir avec lui une plus parfaite ressemblance, ce qui constitue toute votre perfection, tout votre avantage, tout votre honneur , toute votre joie, tout votre repos, tout votre bien, sachez que la beauté de Dieu, qui est votre modèle, consiste dans la sagesse et la sainteté. Car de même que la beauté du corps vient de la proportion des membres et de la beauté du teint; de même aussi dans la substance spirituelle, la lumière de la sagesse forme sa beauté, et c'est la justice qui établit la justesse de ses proportions.


Remarquez cependant que par le mot de justice il ne faut pas entendre ici une vertu particulière; mais cette justice universelle qui renferme toutes les vertus. La plus belle âme est celle en qui brille la lumière de la sagesse et dont la volonté est, pour; ainsi dire, saturée de la justice parfaite. Mais c'est Dieu, mon âme, c'est votre divin modèle, qui est lui-même la sagesse, la justice et par conséquent la beauté par excellence; et parce que le nom de sainteté signifie ces précieux biens de là justice et de la sagesse, les Anges répètent sans cesse : SAINT, SAINT, SAINT, EST LE DIEU DES ARMEES (Is. 6), et Dieu lui-même crie aux hommes, formés à sa ressemblance: SOYEZ SAINTS, PARCE QUE MOI, QUI SUIS LE SEIGNEUR VOTRE DIEU, JE SUIS SAINT (Levit. 11) et il leur fait dire par son fils: Soyez parfaits, comme votre père céleste est parfait (Matth. V.).


Désirez-vous donc, ô mon âme, ressembler, autant que possible, à votre modèle, aimez par dessus tout la sagesse et la justice. La vraie sagesse consisté à juger de tout selon la première cause. Cette première cause est la volonté divine, ou la loi qui manifeste aux hommes la volonté de Dieu. Si vous aimez donc la sagesse, vous devez écouter non ce que dicte la loi charnelle, non l'impression des sens, non ce que le monde approuve, ce que les parents conseillent ou que les flatteurs proposent; mais, fermant l'oreille à tous ces faux conseils, à toutes ces perfides insinuations, vous devez vous conformer à la volonté de votre Dieu, et ne regarder comme utile, glorieux, désirable, et bon, sous tous les rapports, que ce qui est conforme à la volonté et à la loi de Dieu. C'est en cela que consiste la sagesse des saints; dont le Sage a dit: Je l'ai plus aimée que la santé et que la beauté; j'ai résolu de la prendre pour ma lumière, parce que sa clarté ne peut être jamais éteinte: Tous les biens me sont venus avec elle.


La justice, qui est l'autre partie de la beauté spirituelle, renferme toutes les vertus qui ornent et perfectionnent la volonté, mais surtout la charité; qui est la mère et la source de toutes ces vertus, de laquelle parle St. Augustin, dans son livre de la Nature et de la Grâce. Le commencement de la charité, dit-il, est le commencement de la justice ; une charité plus étendue est une justice plus avancée; et enfin une charité parfaite est une parfaite justice (Chap. 70.). Car celui qui aime accomplit la loi, parce que la charité n'opère point le mal, et par cette raison la charité est l'accomplissement de la loi (Rom. 13). C'est dans ce sens que S. Jean (I Jean, 2.) assure que l'amour de Dieu est parfait dans celui qui garde sa parole, c'est-à-dire ses commandements : voulez-vous donc vous rendre conforme au divin modèle, obéissez à celui qui vous dit: Soyez les imitateurs de Dieu, comme ses enfants bien-aimés, et marchez dans l'amour et dans la charité pour vos frères (Eph: V, 1). Car le fils est l'image du Père, et nous avons déjà dit qu'une image n'est parfaite qu'autant qu'elle a une parfaite ressemblance avec l'original.
(à suivre…)



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Message  ROBERT. Ven 22 Juil 2011, 8:10 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)




3 º (suite)Si vous compreniez parfaitement cette vérité, ô mon âme; et si, ressemblant à votre modèle par la beauté d'une vraie sagesse et d'une vraie justice, vous étiez agréable aux yeux du Souverain Roi, quelle ne serait pas alors la paix de votre âme ? de quelle joie ne serait-elle pas inondée ? avec quelle facilité foulerait-elle aux pieds les délices du monde ? D'un autre côté, si vous considériez quelle est l'indignation de Dieu lorsqu'il voit en vous son image, destituée de la lumière, de la sagesse et de l'ornement de là justice, se souiller, se déshonorer, s'avilir, et l'homme, comblé d'honneur, au point d'être semblable à Dieu, s'assimiler maintenant à de vils animaux et leur devenir semblable, vous seriez saisie d'horreur et d'effroi, et vous ne sauriez goûter le repos que vous n'eussiez auparavant purifié toutes les souillures de votre âme par les larmes de la plus amère contrition, et que vous n'eussiez recouvré cette ressemblance avec votre divin modèle.


Mais parce qu'encore, tandis que vous êtes éloignée du Seigneur, que vous marchez par la foi et non par une claire vue, vous avez besoin du secours continuel de Dieu, soit afin de persévérer dans sa ressemblance déjà acquise, soit pour lui devenir de jour en jour plus ressemblante, c'est-à-dire plus ornée, plus éclairée, poussez vers Dieu de profonds gémissements et dites-lui: Seigneur, saint et très miséricordieux, qui avez daigné créer cette âme à votre image, perfectionnez, je vous en conjure, cette misérable esquisse, augmentez en elle la sagesse, la justice; cachez-la dans l’intérieur de votre tabernacle, afin qu'elle ne puisse être souillée ni par la boue de la concupiscence charnelle, ni par la fumée des honneurs mondains, ni par la poussière des pensées terrestres.




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Message  ROBERT. Sam 23 Juil 2011, 4:35 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)


4º Venons maintenant à la dernière cause, qui est la fin pour laquelle Dieu nous a crées. Cette fin est Dieu même. Elle est intrinsèque et extrinsèque. La fin intrinsèque d’une chose est l'état de la plus grande perfection dont elle est susceptible. La fin intrinsèque d'un palais est l’achèvement de toutes ses parties ; on dit en effet qu'il est fini lorsqu'il ne manque plus rien de ce que demande sa construction. La fin intrinsèque d'un arbre est l’état parfait que demande sa nature; car on peut dire qu'un arbre a atteint ce but, lorsqu'il a étendu ses rameaux, produit des feuilles, qu'il s'est revêtu de fleurs, de fruits, et qu'après les avoir mûris on l'en voit tout chargé.

On pourra donc dire que l'homme a atteint cette fin sublime pour laquelle il a été créé, lorsque son âme verra Dieu tel qu'il est; la connaissance de toutes choses sera l'effet de cette vision, et la volonté jouira du souverain bien qu'elle a si ardemment aimé et désiré, et le corps, doué de l'immortalité, de l’impassibilité et des autres glorieux avantages, jouira d'une paix et d'une joie éternelles. Et parce que l'essence de cette béatitude finale est la vision de. Dieu, qui doit nous conduire, nous qui sommes les images de Dieu, à l’état parfait et à la parfaite ressemblance avec notre divin modèle, St. Jean nous dit (I Jean 3. 8.) : Nous sommes déjà enfants de Dieu; mais ce que nous serons un jour ne paraît pas encore. Nous savons que lorsque Jésus-Christ se montrera dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est.

O si vous pouviez, ô mon âme ! comprendre le sens de ces paroles: Nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est, il n'en faudrait pas davantage pour dissiper les nuages de toutes les satisfactions terrestres ! Dieu est très heureux, et ce suprême bonheur provient de ce qu'il se voit sans cesse tel qu'il est; de cette vision parfaite du souverain bien et de cet ardent amour de lui-même dont il jouit sans cesse depuis l'éternité. C'est pour cette fin sublime et très élevée qu'il vous a créée; je le vois dans ces paroles: Entrez dans la joie de votre Seigneur (Matt. 25.), c'est à dire, soyez participante de la joie dont Dieu jouit lui-même ; je le vois dans ce que dit St. Luc : Je vous prépare le royaume céleste comme mon père me l'a préparé, afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume; c'est-à-dire je vous rendrai participante de mon royaume et de ma table royale, afin de vous faire jouir de l'honneur, de la puissance et des délices dont je jouis avec mon Père.

Qui peut se faire une juste idée de cet honneur, de cette puissance, de ces délices et de la félicité du Roi des rois, du Seigneur des seigneurs, de notre Dieu ? Assurément, celui dont la pensée et l’espérance s'élèverait à cette hauteur de notre dernière fin, rougirait de disputer la possession des biens terrestres, de s'affliger de leur perte et de se réjouir de leur acquisition; il rougirait de rechercher, comme font les animaux, les voluptés sensibles, sachant qu’il peut prétendre à la société des anges et à la participation de l'amitié de Dieu et de ses richesses inestimables.



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Message  ROBERT. Dim 24 Juil 2011, 4:14 pm

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SECOND DEGRÉ. Considération de l'univers.


Nous avons composé le premier degré de l'échelle d'ascension vers Dieu en considérant l'homme, qu'on peut appeler l'univers en raccourci; il s'agit maintenant, pour former le second degré, d'examiner cette énorme masse qu'on appelle le grand univers. A la vérité, si Grégoire de Naziance dit que Dieu a placé l'homme comme un grand monde dans le petit monde; ce qui est vrai, si du monde nous en excluons les anges ; car l'homme est plus grand que tout le monde corporel, non par sa masse, mais par sa vertu : mais si dans le monde nous comprenons les anges, comme nous entendons le faire ici, l'homme est un petit monde placé dans le grand. Il y a donc de véritables merveilles dans ce grand monde qui renferme l'universalité des êtres créés ; les plus remarquables sont leur grandeur, leur multitude, leur variété, leurs propriétés et leur beauté. Si, éclairés d'en haut, nous considérons attentivement ces merveilles; elles seront un puissant secours pour élever notre âme à un tel point d'admiration pour ces grandeurs immenses, pour cette multitude et cette variété innombrables, pour leurs propriétés et leur beauté, qu'elle en restera comme extasiée; et, rentrée en elle-même, elle méprisera comme un vil néant tout ce qui ne se rapporte pas à Dieu.


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Message  ROBERT. Ven 29 Juil 2011, 4:05 pm

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PREMIER DEGRÉ. Considération de l'homme.(suite)


5º Par la fin extrinsèque d'une chose, on entend la fin pour laquelle cette chose a été faite. Un palais est fait pour celui qui doit l'habiter; l'arbre croît pour son maître, et la fin de l'homme est Dieu, qui est son unique souverain:, car c'est lui qui a créé l'homme, il l'a formé de son propre fonds, et il l'a créé pour lui; c'est lui qui le conserve, qui pourvoit à ses besoins, et qui le récompense. C’est donc avec raison qu'il lui fait ce précepte: Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui. (Deut. 6. Math. 4):

Mais réveillez ici votre attention, O mon âme; les autres choses, qui ont été créées pour l'homme, lui sont utiles, et non à elles-mêmes: le bœuf laboure pour l'homme et non pour lui; les champs, les vignes, les jardins ne remplissent ni leur cave, ni leur grenier, ni leur bourse , mais celle de l'homme; enfin le travail, les sueurs et la fatigue sont le partage des esclaves, et les profits, le repos et les jouissances sont pour le maître. Mais le Seigneur votre Dieu, qui n'a besoin de rien, en exigeant que l'homme le serve, renonce au profit et fait rejaillir sur celui qui le sert l'utilité, le gain et la récompense.


O Seigneur, qui êtes suave, doux et rempli de miséricorde (Ps. 85.), quel est l'homme qui ne vous servira pas de tout son coeur, si peu qu'il ait commencé de goûter la douceur de votre domination paternelle? Qu'ordonnez-vous, Seigneur, à ceux qui vous servent ? vous leur dites : Chargez-vous de mon joug (Math. 11.) ; et qu'est-ce que votre joug ? C'est, leur répondez-vous, un joug suave, et un fardeau léger. Qui ne se chargera volontiers d'un joug qui soulage au lieu de gêner, et d'un fardeau qui délasse au lieu de charger ? vous avez donc ajouté avec raison qu'en vous servant nous trouvons le repos de nos âmes (Math. 22.); et ce qui constitue votre joug ne fatigue point, mais nous procure le repos ; c'est le premier et le plus grand de vos commandements: Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre coeur (Math. 22.). Qu'y a-t-il en effet de plus facile, de plus suave, de plus doux, que d'aimer la bonté, la beauté, et l'amour qui constituent votre essence ? ô Seigneur mon Dieu ! votre serviteur David avait bien raison de dire que vos commandements sont plus aimables que l'or et que toutes les pierres précieuses; qu'ils sont plus doux que le miel, que le rayon de miel le plus excellent, et d'ajouter, que ceux qui les gardent y trouveront une grande récompense (Ps. 18. 11. 12.).

Qu’entends-je, ô mon Dieu! vous promettez une récompense à ceux qui garderont des commandements plus aimables que l'or, et plus doux que le miel! oui, vous leur promettez, c'est votre apôtre St. Jacques qui nous l'assure (Jacq. 1. 12.) une récompense, et des plus magnifiques, qui est la couronne de vie que vous avez promise à ceux qui vous aiment. Et que faut-il entendre par cette couronne de vie ? C'est, comme l'enseigne St. Paul d'après Isaïe (1 Cor. 2. 9. Isaïe. 64.) le plus grand bien que nous puissions penser ou désirer. Car, nous dit-il, l'œil n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, et le coeur de l'homme n'a jamais connu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. C'est vraiment, ô mon Dieu ! une grande récompense que celle qui est attachée à l'observation de vos commandements. Non seulement il est utile à l'homme qui obéit et nullement à Dieu qui commande, d'observer ce premier commandement, qui est le plus grand de tous, mais encore les autres, destinés à perfectionner l'homme, à l'orner, à l'instruire, à l'illustrer, à le rendre bon et heureux.

Soyez donc assez sage pour comprendre que Dieu vous a créée pour un bonheur éternel, que c'est là votre fin, votre centre, le trésor de votre cœur. En parvenant à cette fin vous serez heureuse, et malheureuse si vous vous en écartez. Regardez donc comme vraiment avantageux pour vous, tout ce qui conduit à cette fin; et comme vraiment pernicieux tout ce qui vous en éloigne. Le sage doit rester indifférent pour la prospérité et l'adversité, pour les richesses et la pauvreté, pour la santé et la maladie, pour les honneurs et l'ignominie, pour la vie et pour la mort, considérées en elles-mêmes; mais si ces choses contribuent à la gloire de Dieu et à la félicité éternelle, elles sont bonnes et désirables; comme elles sont un mal qu'il faut fuir dès qu'elles sont un obstacle au salut.



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Message  ROBERT. Dim 31 Juil 2011, 3:48 pm

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suite de:

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SECOND DEGRÉ. Considération de l'univers.(suite)


1º Point de doute que l'univers ne soit grand, et tellement grand que l'Ecclésiastique nous dit: Qui a mesuré la largeur de la terre et la profondeur de l’abîme ? on peut aussi se faire une idée de cette vaste étendue de la terre seule, en considérant l'impossibilité où ont été les hommes qui, ont vécu depuis tant de milliers d'années écoulées depuis la création, de la connaître entièrement, malgré les peines et les fatigues qu'ils se sont données pour en venir à bout. Mais qu'est cette masse de la terre comparée à la vaste étendue du ciel supérieur ? elle n'est qu'un point, disent avec raison, les astronomes; car nous voyons les rayons solaires transmis aux étoiles opposées du firmament, indépendamment de la terre, placée entre deux, comme si elle n'existait pas. Et si une étoile quelconque du firmament, plus grande que toute la terre, comme le pensent ces savants, nous paraît cependant si petite, à cause de sa distance infinie, qui pourra comprendre la vaste étendue du ciel, où brillent tant de milliers de ces astres radieux ?

Si l'Ecclésiastique, parlant de la superficie et de l'étendue de la terre, a dit que sa largeur et sa profondeur étaient incommensurables, que dirait-il donc de la superficie extérieure du ciel et de sa profondeur depuis le plus haut des cieux jusqu'au fond des abymes ? Cette masse du monde matériel est tellement grande qu'elle échappe à la pénétration du génie le plus sublime, du penseur le plus profond. A présent souffrez, ô mon âme, que je vous interroge. Si le monde est si grand, que pensez-vous de la grandeur de celui qui l'a fait ? vous répondrez sans doute avec le Prophète: Le Seigneur est grand, et sa grandeur n'a point de bornes. Mais écoutez Isaïe : il demande qui est celui qui a mesuré les eaux dans le creux de sa main, et qui, la tenant étendue, a pesé les cieux, qui soutient de trois doigts toute la masse de la terre (40. 12) ? Sur ce passage, St. Jérôme, d'après la version d'Aquila, entend par pugillum le plus petit doigt, comme qui dirait que Dieu mesure toute l’eau qui est moindre que la terre (1) d'un seul de ses doigts; qu'il en emploie trois pour porter la terre, et qu'il contient les cieux, plus grands que la terre et l’eau réunies, dans la paume de sa main. Ce sont, il est vrai, des métaphores, puisque Dieu étant esprit n'a, à proprement parler, ni doigts, ni mains.


(1) II y a beaucoup plus d'eau que de terre.



Mais l'Ecriture montre assez par ces comparaisons que Dieu est infiniment plus grand que ses créatures, puisque, au témoignage de Salomon (2. Par. 6.), le ciel ni les cieux des cieux ne peuvent le contenir; ce qui est tellement vrai que si Dieu créait un autre monde, et plusieurs mondes et même une infinité de mondes il les remplirait tous. Et ne pensez pas, ô mon âme, que Dieu remplisse le monde de manière qu'une partie de Dieu soit dans une partie du monde; et qu'il soit tout entier dans la totalité des êtres créés ; car Dieu n'a point de parties, et il est tout dans le mondé et tout entier clans chaque partie du monde. D'où il suit qu'il est présent par tout avec sa sagesse et sa toute-puissance; aussi, pourvu que vous lui soyez fidèle, votre cœur n'aura rien à craindre, quand même des armées s'élèveraient contre vous. Que peut craindre en effet celui qui possède au-dedans de soi un père, un ami, un époux tout-puissant, qui voit tout et qui nous aime avec ardeur? Mais si vos péchés font de votre Dieu un juge irrité, un ennemi tout-puissant, qui voit tout, et qui porte une main implacable au péché, vous devez craindre, être saisie de frayeur, et ne vous donner aucun repos que vous n'ayez apaisé votre Dieu par une sincère pénitence, qui vous ouvrira le sein de sa miséricorde.



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PARIS, AU DÉPOT DE LIBRAIRIE DE PERISSE FRÈRES, rue du Pot-de-Fer St-Sulpice, 8. 1836.

OPUSCULE TRADUIT DE BELLARMIN

PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.

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Message  ROBERT. Ven 23 Déc 2011, 7:51 pm

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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,

Par Saint Robert Bellarmin.


SECOND DEGRÉ. Considération de l'univers.(suite)


2º Voyons maintenant s'il est possible d'énumérer l'innombrable multitude des êtres que Dieu a formés ; on aurait plutôt compté les grains de sable de la mer et les gouttes d'eau qu'elle renferme. Combien de métaux précieux d'or et d'argent, d'airain et de plomb, de pierres précieuses et de perles renfermés dans le sein de la serre et des eaux ? sur la terre que de genres; d'espèces et d'individus de toutes sortes d'herbes, de fruits et de plantes ? que de parties dans chacune d'elles ? que de genres, d'espèces et d'individus d'animaux parfaits et imparfaits, de quadrupèdes, de reptiles et d'oiseaux ? Quelle variété admirable dans les poissons de la mer ? et qui pourrait les compter ? Que dirons-nous de cette multitude d'hommes qui habitent le globe, dont il est dit (Ps. 11. 9), que Dieu les a multipliés selon la profondeur de sa, sagesse ? combien d'étoiles suspendues a la voûte des cieux ? combien d'esprits célestes dans le séjour du bonheur ? Les étoiles sont innombrables, dit l'écrivain sacré (Gen. 15.); leur multitude est comparée aux grains de sable de la mer ; et Daniel, parlant des anges (7. 10.), dit qu'un million d'anges servaient Dieu, et mille millions assistaient devant lui. St. Thomas (1a pars, q. 50. art. 3.) assure avec St. Denis que le nombre des anges surpasse celui de toutes les choses matérielles ; cette multitude presque infinie d’êtres, sortie des mains du Tout-Puissant, ne démontre-t-elle pas que l'essence divine renferme des perfections infinies ?


En effet, Dieu a voulu que l'homme le connût par ses créatures, et parce qu'aucune d'elles ne pouvait représenter convenablement les perfections infinies du Créateur, il les a multipliées, donnant à chacune un certain degré de bonté et de perfection, afin qu'on pût juger de là de la bonté et des perfections de celui qui les renferme toutes dans son essence, en quelque sorte comme une pièce d'or équivaut à un grand nombre de pièces de cuivre. Servez-vous donc , ô mon âme , de tout ce que vous voyez , de tout ce que vous concevez d'admirable , pour vous faire une idée des perfections du Créateur, qui sont encore bien incomparablement au-dessus de tout ce que vous sauriez imaginer ; de cette manière les créatures qui sont devenues un filet où les pieds des insensés se sont pris : Quæ factæ sunt... in muscipulant pedibus insipientium ( Sap. 14. 11. ), deviendront pour vous un sujet d'instruction, et contribueront à vous rendre meilleur. A l'aspect de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, vous direz dans le fond de votre coeur : Mon Dieu qui a promis de se donner à moi, si je le préfère à ces trésors, vaut infiniment mieux. En admirant les royaumes, les empires de ce monde, vous direz : Combien est plus précieux le royaume du ciel, qui doit durer éternellement, et que la souveraine Vérité a promis à ceux qui l'aimeraient !

Quand les voluptés et les délices de la chair commenceront à s'emparer de vos sens , vous leur opposerez les voluptés de l'esprit, et les délices de l'âme, si supérieures aux voluptés charnelles et aux délices du ventre ; ces dernières en effet nous sont offertes par la créature, mais c'est Dieu lui-même, le Dieu de toute consolation qui nous offre les autres, et celui qui a le bonheur de les goûter peut dire avec l'Apôtre : Je suis rempli de consolation , je suis comblé de joie parmi toutes mes souffrances. (2. Cor. 7. 4.) Enfin si, pour vous faire abandonner Dieu , on vous offre quelque chose de beau, de nouveau , d'insolite, de grand, de merveilleux, répondez avec assurance que votre Dieu possède sans contredit plus de perfections que tout ce que l'on vous offre , et qu'ainsi il ne vous est pas avantageux d'échanger de la monnaie de cuivre pour celle qui est en or, un morceau de verre pour des pierres précieuses, de petites choses pour des grandes, le certain pour l'incertain, et ce qui est éternel pour des choses temporelles.




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Message  ROBERT. Mer 28 Déc 2011, 7:20 pm

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SECOND DEGRÉ. Considération de l'univers.(suite)



3º Mais quelque admirable que soit cette multitude d'êtres dont nous venons de parler, et quelque grande que soit l'idée qu'elle nous donne des perfections de Dieu, je trouve plus admirable encore cette variété que Dieu a mise dans cette multiplication des êtres ; elle me donne plus de facilité pour m'élever à la connaissance de Dieu. Un cachet peut faire plusieurs figures semblables , les mêmes caractères peuvent former des lettres innombrables ; mais varier les formes presqu'à l'infini , comme Dieu l'a fait dans la création, voilà ce qui porte un caractère de divinité qui mérite de notre part l'admiration la plus étendue. Passant sous silence les genres et les espèces qui sont si différentes et si diversifiées, quelle variété ne peut-on pas remarquer dans les individus des herbes, des plantes, des fleurs et des fruits ! N'aperçoit-on pas une infinité de variations dans leurs figures, leurs couleurs, leurs odeurs, leurs goûts ? Ne remarque-t-on pas les mêmes choses dans les animaux ? Mais que dirai-je des hommes, puisque dans une armée nombreuse à peine en trouve-t-on deux qui se ressemblent ? La même variété est donc dans les étoiles et les anges ; car entre les étoiles l'une est plus éclatante que l’autre, comme le dit l'Apôtre ( I. Cor. 15. 41. ) , et St. Thomas (1a pars. q. 50. art. 4.) affirme que quoique le nombre des Anges surpasse celui des choses corporelles, ils diffèrent cependant entre eux non seulement par l'individualité du nombre , mais encore par leur forme spécifique.



Élevez donc, à présent , ô mon âme ! vos regards intérieurs vers Dieu, en qui se trouve la raison de tous les êtres, et d'où découle, comme d'une source intarissable, cette variété presque infinie ; car Dieu n'aurait pu imprimer aux créatures cette innombrable variété de formes s'il ne les renfermait éminemment en lui. Aussi le grand Apôtre ne peut contenir son admiration : Ô PROFONDEUR DES TRÉSORS DE, LA SAGESSE ET DE LA SCIENCE DE DIEU, S'ÉCRIE-T-IL, QUE SES JUGEMENTS SONT INCOMPRÉHENSIBLES ET SES VOIES IMPÉNÉTRABLES (Rom. 11. 33) ! C'est vraiment un puits d'une profondeur infinie où sont cachés des trésors de richesses, de science et de sagesse, seuls capables de produire cette admirable et étonnante variété. Saint François d'Assise, éclairé d'en haut, disait dans ses transports d'admiration : Mon Dieu et mon tout, Deus meus et omnia. Il avait raison, car tous les différents biens qu'on trouve disséminés dans les créatures, sont réunis en Dieu d'une manière plus parfaite et plus élevée. Vous direz peut-être: Cela paraît vrai, mais nous voyons les choses créées de nos yeux, nous les touchons, nous les goûtons, nous en jouissons, tandis que nous ne voyons pas Dieu; nous ne pouvons ni le toucher, ni le goûter, ni le posséder ; et à peine le concevons-nous par la pensée, comme un objet placé bien loin de nous: il ne faut donc pas être surpris si nous sommes plus affectés des choses créées que de Dieu.


( à suivre…)







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Message  ROBERT. Jeu 29 Déc 2011, 4:18 pm

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3º (suite) Mais je vous répondrai que si vous avez une foi vive et agissante, et que vous persévériez dans cette foi, dans l'espérance et dans la charité, vous ne pouvez ignorer qu'après cette vie, qui s'enfuit comme une ombre, vous verrez véritablement et clairement Dieu tel qu'il est [cru] lui-même, vous le posséderez et vous en jouirez beaucoup mieux et plus intimement que vous ne jouissez maintenant des choses créées. Écoutez le Seigneur lui-même qui vous dit: Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. Écoutez saint Paul (1 Cor.13. 12.) qui ajoute : Nous ne voyons Dieu maintenant que comme en un miroir et en des énigmes; mais alors noies le verrons face à face. Écoutez saint Jean qui nous assure que nous serons semblables à Dieu, parce que nous le verrons tel qu'il est (1 Jean, 3.). Je vous demande enfin si votre lot, dans le partage de ce monde, sera bien grand ? Vous ne le possédez pas tout, ni le tiers, ni le quart, à peine en avez-vous une très petite portion qu'il vous faudra, bon gré, malgré, abandonner dans peu de temps ; mais vous posséderez entièrement et éternellement Dieu, en qui sont toutes choses ; car Dieu est tout dans tous les saints, selon la doctrine de saint Paul, Deus omnia et in omnibus. Il sera lui-même votre vie , votre nourriture , votre vêlement , votre habitation , votre gloire , vos richesses , votre joie , votre tout ; ajoutez encore que ce Dieu plein de bonté et de douceur ne veut pas vous priver de la consolation des créatures pendant votre pèlerinage, puisqu'au contraire il les a toutes créées pour vous servir ; mais il veut que vous en usiez avec modération , sobriété et tempérance ; que vous en fassiez volontiers part aux pauvres ; que vous dominiez sur elles au lieu de vous en laisser dominer ; et que vous n'en usiez que pour vous élever jusqu'à lui. Pensez donc sérieusement s'il ne vaut pas mieux pour vous de vous contenter en cette vie des choses nécessaires, pour mériter de posséder dans l'autre votre Créateur, en qui sont renfermés tous les biens, que de vous tourmenter sans cesse ici-bas pour acquérir des biens temporels qui ne satisferont jamais vos désirs, et de vous voir privé tout-à-coup par la mort, et des biens temporels, et des biens éternels.


Ajoutez encore que Dieu accorde à ceux qui l'aiment, dès cette vie même, de grandes consolations, et plus grandes que n'en trouvent les amateurs du siècle dans la possession des choses créées ; car il est écrit dans les psaumes : Je me suis souvenu de Dieu et j'ai trouvé ma joie dans ce souvenir... Mettez votre joie dans le Seigneur, et il vous accordera les demandes de votre cœur... Aussi je me réjouirai dans le Seigneur, et lui dirai : Répandez, Seigneur, la joie dans l'âme de votre serviteur, parce que je tiens mon âme élevée en nous... Et j'ajouterai avec l'apôtre : Je suis rempli de consolation, je suis comblé de joie parmi toutes mes souffrances (2 Cor. 7. 4.). Assurément l'Apôtre ne veut pas dire que la tribulation procure la consolation, ni que la douleur procure la joie, car les épines ne produisent pas des raisins, et on ne recueille pas des figues sur les buissons ; mais il nous apprend que, pour adoucir nos souffrances, Dieu répand dans ses amis des consolations si pures, si parfaites et si solides, qu'on ne peut en aucune manière les comparer aux joies temporelles du monde. Concluez donc, ô mon âme, que c'est avoir tout trouvé que d'avoir trouvé Dieu, comme c'est avoir tout perdu que de le perdre.




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Message  ROBERT. Jeu 29 Déc 2011, 8:04 pm

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4º Servons-nous maintenant des qualités que Dieu a mises dans les créatures pour nous élever à la connaissance des qualités infinies du Créateur. Il n'y a point de chose qui n'ait une propriété, une puissance et une efficacité admirable. Voyez avec quelle impétuosité la pierre, tombant d'en haut, se précipite vers son centre! Elle brise tout, rien ne lui résiste. L'Esprit-Saint, dans l'Apocalypse, voulant dépeindre l'impétuosité avec laquelle la grande Babylone , c'est-à-dire la masse des impies, sera, au jour du jugement, précipitée dans la profondeur de l'abîme , s'exprime ainsi : Alors un ange fort et puissant leva en haut une pierre semblable à une grande meule de moulin, et la jeta dans la mer, en disant : C'est ainsi que Babylone, cette grande ville, sera précipitée avec impétuosité, en sorte qu'elle ne se trouvera plus. L'eau qui coule si agréablement et avec une molle douceur sur la surface de la terre, si elle vient à s'irriter et à grossir dans les fleuves et les torrents, elle renverse et détruit tout, la cabane du laboureur, les remparts des cités, et les ponts les plus solides. Les vents qui soufflent quelquefois si agréablement, brisent les plus grands vaisseaux contre les écueils, déracinent et renversent les chênes antiques. J'ai vu (c'est Bellarmin qui parle) de mes propres yeux ce que je n'aurais jamais cru sur le rapport d'autrui , une grande masse de terre arrachée par un vent impétueux , et portée sur un village , en telle sorte qu'on voyait une fosse profonde là où la terre avait été enlevée , et ce village tout couvert et presque enseveli par la terre que le vent y avait apportée.


Que dirons-nous du feu ? Avec quelle vivacité une étincelle s'accroît au point de dévorer et consumer en un instant des villages et des forêts ? Ecce quantulus ignis quam magnan, silvam incendit (Jacq. 3.) ! Que de propriétés dans les plantes ! Quelle admirable vertu dans les pierres, et surtout dans l'aimant et le succin (1) ? Parmi les animaux, les uns se font admirer par leur force prodigieuse, tels que le lion, l’ours, le taureau, l'éléphant ; les autres, quoique très petits, montrent une adresse étonnante, tels que la fourmi , l'araignée, l'abeille , le fourmi-lion. Je ne parle pas ici de la puissance des anges, des propriétés du soleil et des étoiles placés loin de nous; mais j'admire le génie de l'homme, qui a inventé les arts et les a perfectionnés à un tel point que souvent l'adresse semble le disputer à la nature.


(1)Succin : Cire d'Espagne.


Élevez donc maintenant, ô mon âme, votre esprit vers Dieu, et considérez quelle doit être sa vertu, son efficacité, sa puissance ! Quis similis tui in fortibus, Domine ? Sans le secours de personne vous opérez les plus grandes merveilles; heureux et seul puissant, vous êtes le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. En effet, tout ce que les créatures ont de puissant, elles le tiennent de Dieu, et ne le conservent qu'autant qu'il plaît a Dieu. Quel autre que Dieu conserva Jonas dans le ventre de la baleine (1) sans que les eaux de la mer, ni les dents de ce crustacée pussent lui nuire ? Quel autre que Dieu ferma la bouche aux lions affamés pour sauver Daniel ? Quel autre que Dieu conserva les trois enfants dans la fournaise ardente ? Et n'est-ce pas encore Jésus-Christ, vrai Dieu, qui commanda aux flots de la mer irritée, et ramena subitement le calme ? Tace, obmutesce ; et cessavit ventus, et facta est tranquillitas magna (Marc 4.). Oui, ce Dieu qui ne tient le pouvoir que de lui, dont la volonté est la puissance, et dont la puissance n'éprouve jamais d'obstacles ; ce Dieu, dis-je, a toujours eu en tous lieux, une puissance infinie, et toute la puissance des hommes, comparée à la puissance de. Dieu, est non seulement peu de chose, mais un pur néant. Omnes gentes quasi non sint, sic sunt coram eo, et quasi nihilum et inane reputatae sunt ei (Isaïe 40.). Ne faut-il pas qualifier d'insensés tous ceux qui craignent les créatures et ne craignent pas le Tout-Puissant ? Tous ceux qui s'appuient sur leurs forces ou sur celles de leurs amis , et ne se confient point en Dieu ? Si Dieu est pour nous, qui pourrait être contre nous, et si Dieu est contre nous, qui sera pour nous ?



(1) Ou de quelque autre poisson.


Humiliez-vous donc, ô mon âme, sous la puissante main de Dieu; attachez-vous à lui par une piété sincère, et vous ne craindrez ni les hommes, ni les démons, ni aucune créature. Mais si vous avez abandonné la piété , si votes avez provoqué la colère de Dieu, ne prenez point de repos que vous n'ayez fait votre paix avec lui , car il est horrible de torcher entre les mains du Dieu, vivant (Hebr. 10.).


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Message  ROBERT. Ven 30 Déc 2011, 11:09 am

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5 º Il nous reste à examiner la beauté des choses créées dont le Prophète a dit : Seigneur, vous m'avez rempli de joie dans la vue de vus ouvrages (Ps. 91. 4.) ; et assurément un peu d'attention nous fera découvrir, dans les œuvres de Dieu, autant de beauté que de bonté. Passant sous silence bien des perfections, attachons-nous à ce qui est jugé beau par le commun des hommes. On admire sans contredit une prairie verdoyante, un jardin bien cultivé, une forêt agréable , une mer tranquille, le cristal des fontaines, la majesté d'un fleuve, la régularité d'une ville, l'aspect du firmament tout parsemé d'étoiles. Quel plaisir encore de voir des arbres chargés de fleurs ou de fruits ; les différentes espèces de quadrupèdes, le vol des oiseaux, ou les poissons qui se jouent dans leur élément ! Que dirai-je de la beauté des étoiles, de la lune, et surtout de cet astre radieux dont l'apparition cause une joie universelle ? Mais les hommes auxquels nous nous adressons plus particulièrement, sont les plus enchantés de leur propre beauté. Propter speciem mulieris inulti perierunt (Eccli. 9.). Nous avons vu en gémissant, des hommes sages dans tout le reste, tellement épris de la beauté des femmes, et des femmes tellement éprises, affolées pour des hommes, quoique bien élevées et d'un rang distingué, que les uns et les autres abandonnaient leurs affaires, leurs emplois, leurs enfants, leurs parents pour les suivre au péril même de leur vie et de leur salut éternel. Chacun sait ce qui concerne David, Salomon, Samson ; et l'histoire est remplie de pareils exemples;


Si la beauté que Dieu a répandue dans les choses créées est si grande, combien pensez-vous, ô mon âme, que sera la beauté du créateur! car personne ne peut donner ce qu'il n'a point : et si les hommes , trompés par la beauté du soleil et des astres, les ont pris pour des divinités, qu'ils conçoivent de là combien celui qui en est le dominateur doit encore être plus beau ; car c'est l'auteur de toute beauté qui donne l’être à toutes choses (Sag. 13. 3.). Nous connaissons l'infinie beauté de Dieu non seulement en considérant qu'il renferme éminemment la beauté des créatures, mais encore en ce qu'étant invisible pour nous durant notre pèlerinage, néanmoins plusieurs saints l'ont tellement aimé qu'ils se sont concentrés dans des lieux déserts pour vaquer à sa contemplation, comme sainte Marie-Magdeleine , saint Paul, premier ermite, le grand saint Antoine , et une infinité d'autres dont Théodoret nous a conservé les noms dans son histoire religieuse. D'autres abandonnant leurs épouses, leurs enfants et tout ce qu'ils possédaient, se sont confinés dans des monastères pour y vivre sous la dépendance d'autrui, afin de jouir de l'amitié de Dieu. Enfin il en est qui se sont exposés avec joie aux plus cruelles douleurs, pour mériter la vision de l'infinie beauté de Dieu. Écoutez saint Ignace, martyr, dans son épître qu'il adresse aux Romains : Le feu, la croix, les bêtes, la dislocation des os, la division des membres et le brisement de tout le corps, et tous les tourments du démon peuvent venir fondre sur moi sans que je les craigne, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ. Tantum Christo fruar.


Mais si la beauté de Dieu, seulement connue par la foi et l'espérance, excite un si ardent désir, que sera-ce lorsqu'elle se montrera sans voile et telle qu'elle est ? Il arrivera alors qu'enivrés d'un torrent de délices, nous ne voudrons ni nous ne pourrons en détourner les yeux un seul instant. Est-il étonnant, après tout, que les anges et les âmes bienheureuses voient sans cesse la face du Père céleste sans en éprouver de dégoût ni d'ennui, puisque Dieu lui-même se complaît de toute éternité a contempler sa beauté, qu'il trouve son bonheur dans cette contemplation, qu'il ne désire autre chose, et que renfermé, pour ainsi dire, dans le cellier où il met son vin (Cant. 2. 4.) , et dans le jardin où se trouvent toutes les délices, il n'en est jamais sorti et n'en sortira jamais durant l'éternité.
(à suivre)


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Message  ROBERT. Sam 31 Déc 2011, 7:48 pm

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SECOND DEGRÉ. Considération de l'univers.(suite)



Cherchez cette beauté, ô mon âme, nuit et jour soupirez après elle ; dites avec le Prophète : Mon [âm]e a une soif ardente pour le Dieu vivant : quand irai-je paraître devant la face de mon Dieu ? Dites avec l'Apôtre (2 Cor. 5. 8.) : Pleins de confiance, nous aimons mieux sortir de la maison de ce corps, pour aller habiter avec le Seigneur, que d'y demeurer plus longtemps, étant privés de ce bonheur. Du reste, ne craignez pas d'être souillée par un excès d'amour pour cette beauté; car l'amour de la beauté divine perfectionne le coeur, et ne le dégrade pas; le sanctifie et ne le souille pas. Entendez sainte Agnès dire avec transport : J'aime Jésus-Christ dont la Mère est vierge , et dont le Père est Dieu.. en l'aimant je serai chaste , en m'approchant de lui je serai plus pure , en l'épousant je serai vierge. Mais si vous désirez vraiment de voir cette beauté incréée, il faut accomplir ce qu'ajoute l'Apôtre et faire consister toute votre ambition à lui être agréable, soit à présent que nous sommes éloignés de lui, soit lorsque nous serons en sa présence. Si Dieu vous plaît, il faut aussi que vous plaisiez à Dieu.

A la vérité, quand nous serons dans la région des vivants, éclairés de sa splendeur, nul doute que nous ne plaisions à Dieu: Placebo Domino in regione vivorum. Mais dans ce pèlerinage nous nous souillons et nous nous entachons si facilement de la boue du péché, que l'apôtre saint Jacques n'a pas craint de dire que nous faisons tous beaucoup de fautes : In multis offendimus omnes ; et le prophète David, pour montrer, combien sont rares ceux qui vivent sans souillure, les appelle bienheureux: Beati immaculati in via. Si vous désirez donc , ô mon âme, plaire à votre Bien-Aimé dans cette terre d'exil, il ne suffit pas de le vouloir, il faut encore, vous dit l'Apôtre, vous efforcer de lui plaire, c'est-à-dire, par un soin assidu et continuel éviter les souillures qui pourraient défigurer votre âme, et employer les mêmes soins et la même peine pour vous purifier de celles qui s'y seraient glissées. Ne voyez-vous pas quels soins prennent certaines femmes pour plaire à leurs maris ; les heures qu'elles emploient pour orner leur chevelure, pour embellir leur visage, pour faire disparaître les taches de leurs habits, et tout cela pour un homme mortel, qui, sous peu de jours, doit devenir la proie des vers. Jugez de là ce que vous devez faire pour plaire aux yeux d'un époux immortel qui vous voit sans cesse, et qui désire vous posséder sans tache et sans souillure. Il faut assurément faire tous vos efforts pour marcher en sa présence dans la sainteté et la justice : In sanctitate et justitia coram ipso. Il vous faut éloigner, retrancher vigoureusement tout obstacle à la véritable sainteté et à la véritable justice, sans égard pour la chair et le sang, sans égard pour les discours et les jugements des hommes; car l'Apôtre vous dit que vous ne sauriez plaire en même temps à Dieu et aux hommes : Si hominibus placere vellem, Christi serves non essem.






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PAR M. CANDÈZE, GRAND-VICAIRE DU DIOCÈSE DE SAINT-FLOUR, ANCIEN CURÉ DU FAUBOURG DE CETTE VILLE.

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Message  ROBERT. Sam 31 Déc 2011, 7:52 pm

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ÉCHELLE DU CIEL, OU MOYENS EFFICACES DE PARVENIR AU VRAI BONHEUR,
EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,

Par Saint Robert Bellarmin.


TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre.

APRÈS avoir considéré le monde corporel en général, nous allons examiner en particulier chacune de ses principales parties, pour nous [é]lever, par ce moyen, autant que possible, à la contemplation du suprême Architecte.


La terre s'offre la première à nos méditations. Quoiqu'elle occupe le dernier rang et qu'elle paraisse inférieure aux autres éléments, cependant elle n'est pas moindre que l'eau, et elle surpasse en dignité tous les autres éléments. Ainsi lisons-nous fréquemment dans l'Écriture que Dieu a fait le ciel et la terre comme les principales parties du monde auxquelles toutes les autres doivent être assujetties : car il a créé le ciel pour être le palais de Dieu et des anges; la terre pour être celui des hommes. Cælum cæli Domino, terrant autem dedit filiis hominum. C'est pour cette raison que le ciel est parsemé d'étoiles brillantes, et que la terre abonde en richesses de toute espèce, par ses métaux, ses pierres précieuses, ses plantes, ses arbres, ses animaux si variés, tandis que l'eau n'a guère que ses poissons, et que l'air et le feu ne possèdent rien pour ainsi dire. Mais sans insister sur ces détails, nous allons considérer trois propriétés de la terre bien propres à nous élever à Dieu.





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Message  ROBERT. Lun 02 Jan 2012, 3:25 pm

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EN CONSIDÉRANT, SELON DIEU, LES OEUVRES DE LA CRÉATION,

Par Saint Robert Bellarmin.


TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre. (suite)


1º La terre est le solide fondement sans lequel l'homme ne pourrait ni marcher, ni se reposer, ni travailler, ni vivre en aucune façon. Dieu, dit le Prophète, a affermi la terre, et elle ne sera point ébranlée... Vous avez fondé la terre, continue-t-il, sur sa propre solidité; elle ne sera jamais ébranlée. Ensuite la terre, comme une bonne nourrice, produit abondamment pour l'homme et pour tous les animaux, des herbes, du grain, des fruits, des graines et une infinité d'autres choses. Car Dieu s'exprime ainsi (Gen. 1. 29.) en parlant à nos premiers pères : Je vous ai donné toutes les herbes qui portent leur graine sur la terre, et tous les arbres qui renferment en eux-mêmes leur semence chacun selon son espèce, afin qu'ils vous servent de nourriture a vous et à tous les animais de la terre. Troisièmement, la terre produit les pierres et le bois pour les constructions ; l'airain et le fer pour différents usages; l'or et l'argent pont fabriquer les monnaies si utiles au commerce de la société.


Revenant à cette première propriété de la terre, qui est de fournir l'appui et le repos à nos Corps, ce que ne peuvent faire l’eau, ni l'air, ni le feu, elle nous représente le Créateur, en qui seul l'âme peut trouver son repos. Vous nous avez faits pour vous, disait St. Augustin, et notre docteur est dans l'agitation en attendant qu'il se repose en vous (Conf. liv. 1. ch. 1.). Le roi Salomon chercha son repos dans la puissance, dans les richesses et dans les plaisirs; il se vit à la tête du plus vaste et du plus paisible royaume, en sorte que l'Écriture dit que sa domination s'étendait à tous les royaumes depuis le fleuve d'Euphrate jusqu'au pays des Philistins et jusqu'à la frontière d'Égypte. Ils lui offraient tous des présents et lui demeuraient assujettis tous les jours de sa vie (3 Reg. 4. 21). Outre cela, il eut des richesses immenses, en sorte qu'il avait quarante mille chevaux dans ses écuries pour les chariots, et douze mille chevaux de selle; et comme nous lisons dans le même livre (Ch. 9. 20.) , la flotte de Salomon apportait d'Ophir tant d'or et de pierres précieuses, que l'on ne faisait aucun compte de l'argent, qu'on regardait dans Jérusalem comme des pierres. Il est incroyable combien il se procurait de plaisirs ; il eut sept cents femmes qui portèrent le nom de reines, et trois cents concubines ; mais écoutons-le , parlant de lui-même : J'ai fait des ouvrages magnifiques, dit-il ; j'ai bâti des maisons, j'ai planté. des vignes ; j'ai fait des jardins et des clos où j'ai mis toute sorte d'arbres ; j'ai fait des réservoirs d'eaux pour arroser les plantes des jeunes arbres que je faisais cultiver; j'ai eu des serviteurs et un grand nombre d'esclaves nés dans ma maison, un grand nombre de bœufs et de troupeaux de brebis , plus que n'en ont jamais eu ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem ; j'ai amassé une grande quantité d'or et d'argent; j'ai possédé les richesses des rois que mon père avait vaincus , et j'ai reçu le tribut des provinces qu'il avait soumises à son empire ; j'ai établi dans, mon palais des musiciens et des musiciennes , et je me suis accordé tout ce qui fait les délices des enfants des hommes; j'ai eu des coupes d'or et des vases précieux pour servir le vin à ma table, et j'ai surpassé en richesses tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem; et la sagesse nécessaire pour concevoir de grands desseins , et pour les exécuter, a toujours été avec moi, et m'a conduit dans toutes mes entreprises. Enfin, je n'ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu'ils ont désiré; j'ai permis à mon cœur de jouir de toutes sortes de plaisirs, et de prendre ses délices dans tout ce que j'avais préparé ; et j'ai cru que mon partage le plus avantageux était de jouir ainsi de mes travaux (Eccles. 2.).

Voilà, s'il en fut, un homme qui dut jouir du plus grand repos, si le repos peut se trouver dans les choses créées; car rien ne lui manqua, ni la puissance , ni les richesses, ni les plaisirs, ni la sagesse qu'il eut au plus haut point, ni la paix et la tranquillité pour jouir, et posséder pendant longtemps des biens immenses.
(à suivre…)


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Message  ROBERT. Mer 04 Jan 2012, 11:58 am

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TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre. (suite)


Demandons-lui maintenant si tant de jouissances lui ont procuré le repos, et satisfait les désirs de son âme, il nous répondra que : Tournant ensuite les yeux vers tous les ouvrages que ses mains avaient faits, et considérant tous les travaux auxquels il avait pris une peine si inutile, il a reconnu qu'il n'y avait que vanité et affliction d'esprit dans toutes ces choses, et, que rien n'est stable sous le soleil, ni capable de contenter le coeur de l'homme (Ibid.). Salomon ne trouva donc pas le repos dans ces grandes richesses, ces délices, ces honneurs, cette sagesse ; ET IL NE L'AURAIT PAS TROUVÉ QUAND IL AURAIT OBTENU DES BIENS BEAUCOUP PLUS GRANDS , PARCE QUE NOTRE ÂME EST IMMORTELLE, ET CES BIENS NE LE SONT PAS. Ils ne peuvent subsister longtemps, ni, pour cette raison, rassasier un cœur capable d'un bien infini : car de même que notre corps ne peut reposer dans l'air malgré son étendue , ni dans l'eau malgré sa profondeur, parce que ce n'est ni l'air, ni l'eau, mais la terre qui est son centre ; de même notre âme ne repose jamais parfaitement ni dans les dignités aussi inconstantes que l'air, ni dans des richesses de boue, ni dans des voluptés sordides qui s'écoulent comme l'eau, ni dans le faux éclat des sciences humaines, mais dans Dieu seul qui est le centre de notre esprit, et le seul vrai terme de notre repos.


O combien le Roi-Prophète avait raison de dire : Que désiré-je dans le ciel , et que veux-je sur la terre , sinon vous seul qui êtes le Dieu de mon cœur et mon partage pour jamais ! C'est comme s'il eût dit : Je ne trouve rien ni dans le ciel, ni sur la terre, ni dans aucune créature terrestre qui puisse me procurer un vrai repos. Vous seul êtes le Dieu de mon coeur, c'est-à-dire la pierre solide sur laquelle il se reposera, vous seul êtes ma portion, mon héritage, tout mon bien ; le reste ne m'est rien et ne peut remplir mon coeur; ce n'est ni pour un jour, ni pour une année, mais pour une éternité que vous suffirez à mes désirs. Reconnaissez encore, ô mon âme, que Dieu seul est la pierre fondamentale de votre repos, le reste n'est que vanité et affliction d'esprit; ce sont des biens sans réalité, qui affligent au lieu de consoler. On les acquiert avec peine, on les conserve avec crainte , et on les perd avec douleur.

Méprisez donc, si vous êtes sage, tout ce qui passe, de peur qu'il ne vous entraîne avec soi, et attachez-vous uniquement à la charité qui dure éternellement : élevez votre coeur vers le ciel, de peur qu'il ne se corrompe sur la terre. Apprenez la vraie sagesse par l'exemple funeste de ceux que désigne l'Écriture dans le livre de la Sagesse (chap.5.). Ils diront un jour en voyant l'heureux partage des élus: Nous nous sommes donc égarés de la voie de la vérité; la lumière de la justice n'a point lui pour nous, et le soleil de l'intelligence ne s'est point levé sur nous. Nous nous sommes lassés dans la voie de l'iniquité et de la perdition : nous avons marché dans des chemins âpres et nous avons ignoré la voie du Seigneur. De quoi nous a servi notre orgueil ? Qu'avons-nous tiré de la vaine ostentation de nos richesses ? Toutes ces choses sont passées comme l'ombre qui se dissipe, et comme un courrier qui court... Et nous avons été consumés par notre propre malice.



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Message  ROBERT. Mer 04 Jan 2012, 4:44 pm

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TROISIÈME DEGRÉ. Considération de la terre. (suite)


2º La pierre ferme est encore, sous un autre rapport, le symbole de notre Dieu. Nous lisons dans St. Matthieu (7.), qu'une maison bâtie sur la pierre est solide : la pluie est tombée, les fleurs se sont débordées, les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison ; mais elle n'a point été renversée, parce qu'elle était fondée sur la pierre; tandis que la maison fondée sur le sable ne peut résister à aucune de ces choses, et qu'elle croule à la première irruption de la pluie, du vent ou de l'inondation.

O mon âme, dont les puissances et les propriétés peuvent être comparées aux parties d'un édifice, si vous établissez en Dieu, comme sur la pierre inébranlable, votre demeure spirituelle, c'est-à-dire, si vous croyez fermement en Dieu, et que vous placiez en lui toute votre confiance; si vous êtes fondée, enracinée en Dieu par la charité, au point de pouvoir dire avec l’Apôtre : QUI NOUS SEPARERA DE L'AMOUR DE JESUS-CHRIST ? rassurez-vous , parce qu'alors ni les mauvais esprits qui sont au-dessus, ni la concupiscence charnelle qui est au-dessous, ni nos ennemis domestiques qui sont autour de nous , je veux dire nos parents, nos amis, ne pourront jamais, avec toute leur malice, rien faire contre vous. Ce sont, il est vrai, des forces redoutables, la ruse des puissances infernales est grande ; mais la puissance et la sagesse de l'Esprit-Saint qui préside à un édifice dont Dieu est le fondement, sont plus grandes encore. La chair aura beau combattre avec acharnement contre l’esprit, et la concupiscence charnelle aura beau se vanter de triompher fréquemment des plus forts, l'amour de Dieu surmontera aisément l'amour charnel, et la crainte de Dieu détruira sans peine la crainte du monde . Enfin, ceux qui nous approchent de plus près sont nos plus dangereux ennemis, et leurs perfides conseils nous associent souvent aux pécheurs mais l'âme qui espère avec une humble confiance d'avoir Dieu pour père, pour frère et pour époux dans le ciel, se résigne aisément non seulement à mépriser, mais encore à haïr ces parents et ces amis charnels. Elle dit avec l'Apôtre : Je suis assuré que ni la mort , ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances ni les choses présentes, ni les futures.... , ni aucune autre créature ne me pourra jamais séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. 8. 38.). Mais malheureuse est l'âme dont la demeure est construite sur le sable ; elle ne pourra durer longtemps, et elle est menacée d'une ruine désastreuse; elle s'est confiée au mensonge, elle s'est appuyée sur un roseau, elle a fait son Dieu de son ventre, de ses richesses et des hommes mondains, et voilà que tous ces objets disparaissent et s'évanouissent comme un songe, et la précipitent dans un malheur éternel.



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