Saint Jean Bosco

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Message  Arthur Mer 05 Aoû 2009, 9:23 am

Les jeunes surtout tiennent à se confier à lui et, en son absence, s'imposent pour le rejoindre d'interminables trottes. Quand ils attendent leur tour à son confessionnal, ils ne sont jamais impatients. Quelquefois, vers minuit, la sacristie n'est pas encore évacuée ni sur le point de l'être.


Quelquefois aussi le confesseur est pris de sommeil. Le pénitent s'en aperçoit et s'assied sur le prie-Dieu. Deux ou trois heures passent : Don Bosco rouvre les yeux sur un tableau pittoresque. Les pénitents sont là : celui-ci dort à genoux, le dos renversé contre le mur; celui-là ronfle accroupi et se dodelinant; tel autre a pour oreiller l'épaule de son voisin. Spectacle impressionnant !


Ceux qui attendent là, dans ces positions de torture, ce sont des jeunes au sang qui bout, des abandonnés sans famille ou négligés dans la leur. Ce sont des professionnels de la maraude nocturne, du cambriolage et du surin.


Or, ces indisciplinables, ces têtes brûlées qui ont bravé la geôle et la galère, Don Bosco les mène en laisse par des liens d'amour. Ils dorment à ses pieds, subjugués par la crainte des châtiments éternels. Ils attendent leur tour de s'humilier et d'avouer leurs fautes. Quel manieur d'hommes, quel potentat ployeur de volontés aboutit jamais à pareil résultat ?


Don Bosco se réveille, il sourit, il demande :


--- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

--- L'aube va poindre, il est trop tard pour aller dormir.

--- Voulez-vous qu'on reprenne les confessions ?

--- Oui, confessez-nous, confessez-nous.


Impossible, avec lui de cacher un péché. C'était à l'Oratoire une croyance générale qu'il déchiffrait le secret des coeurs sur l'écran sensible du front. Aussi les fronts souillés redoutaient-ils son approche.


Lorsque par force ils étaient mis en présence de ce regard chirurgical, ils se dérobaient vaille que vaille, se baissant outre mesure, se voilant la face du béret ou ramenant à la hâte une touffe de cheveux.


Cette expression : lire sur le front était une figure pour signifier qu'il devinait les péchés. Mais peu importe le mot, la chose est certaine; elle était notoire. Ce qui est plus curieux, c'est que Don Bosco, si jaloux de voiler les autres charismes dont la bonté divine l'avait comblé, parlait de celui-là sans réticence.


--- Présentez-moi, disait-il, un jeune homme que je n'ai connu en aucune manière. En le regardant au front, je lui révélerai ses fautes, à commencer par celles de son enfance.


Ce merveilleux privilège lui avait été concédé d'en-haut pour lui permettre de lutter efficacement contre le démon du mutisme, ce cauchemar de tous les confesseurs. Il ne cachait pas cette redoutable clairvoyance, afin que l'on sût bien qu'en s'adressant à lui il fallait être sincère.


Beaucoup d'oratoriens en profitaient, le priant d'énumérer lui-même leurs péchés; ce que le Saint exécutait avec une exactitude ébahissante. Mais, ainsi pratiquée, la confession devenait pour lui épuisante. Il s'en plaignait parfois. Don Francesia rapporte cette recommandation qu'il fit un soir à ses jeunes :


--- Jusqu'à présent vous veniez au confessionnal en me suppliant de faire moi-même votre confession. J'y consentais. Mais en bonne règle l'accusation incombe au pénitent et non au confesseur. Je n'y tiens plus à parler des heures et des heures; ma gorge en souffre. Dorénavant, vous parlerez vous-même et, si vous vous embrouillez, alors je vous remettrai sur la voie.


Ainsi démasqué, expulsé des âmes par Don Bosco, Satan se vengeait de lui en le tracassant la nuit par des tapages nocturnes, par toutes sortes de diableries. Ces sabbats infernaux furent fréquents surtout pendant trois ans ( 1862 - 1865 ). Il n'y a pas lieu de s'étonner de ces vexations qui furent le lot de tous les grands confesseurs. On se souvient de cet aveu du Curé d'Ars :


--- Si le Grappin me tourmente, c'est que je convertis les âmes au bon Dieu !

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Message  Arthur Jeu 06 Aoû 2009, 10:18 am



II -- L' " ADVENIAT REGNUM TUUM "


Aux époques de troubles, il n'est pas facile à l'homme public de faire bande à part, de ne composer avec aucun parti. On risque, en s'isolant, de se rendre suspect aux extrémistes. Tel fut le cas de Don Bosco dans l'Italie tiraillée du Risorgimento.


Son pays, il l'aimait autant qu'aucun de ses compatriotes; mais il ne se laissa jamais embrigader dans un camp. Sa devise était : " En politique, je n'appartiens à personne. "


Que l'Italie fût grande, il le souhaitait de tout son coeur; mais il ambitionnait surtout le triomphe du Pape et de l'Église. En janvier 1867, il déclarait à Pie IX qu'il ne connaissait et ne pratiquait pas de politique autre que celle de l'Adneniat regnum tuum.


La gloire de Dieu, le salut des âmes ! À ces deux corrélatifs, il subordonnait tout le reste, ne craignant point, pour y tendre, de se compromettre en fréquentant des personnages mal vus des conservateurs, comme Gioberti, Rattazzi, Cavour, Crispi, Depretis. Aucune considération d'opportunisme ne paralysait sa liberté apostolique. Il émit un jour cette plaisante hypothèse :


--- S'il était nécessaire, pour atteindre une âme en perdition, d'ôter au diable mon chapeau, je n'hésiterais pas.


On connaît l'épisode souvent cité : Don Bosco est à table avec des hommes politiques de diverses couleurs. L'un propose d'acclamer Victor-Emmanuel et Cavour, l'autre Garibaldi, l'autre la liberté sans patron. Don Bosco se lève à son tour et prononce un toast dont voici la substance :


--- Vivent à la fois Victor-Emmanuel et Cavour et Garibaldi et la liberté sous l'étendard du Pape, afin que tout le monde puisse être sauvé !


À ces mots, les convives applaudissent en s'écriant :


--- Don Bosco ne veut tuer personne.




Une telle largeur lui valut des amis et des ennemis à droite et à gauche. Il fut accusé par les uns de pactiser avec les pionniers antipapistes de l'Italie nouvelle et par les autres de conspirer contre eux. Ces deux accusations contiennent autant d'erreur l'une que l'autre, Don Bosco ayant situé sa perspective et son action au-dessus de la mêlée, sur le plan spirituel.


En février 1848, le marquis Robert d'Azeglio rompit toute relation avec lui pour le punir de n'être pas intervenu avec ses jeunes aux fêtes du Statut promulgué par Charles-Albert. Don Bosco lui avait répondu :


--- Mon système est de me tenir en dehors de tout ce qui touche à la politique. Jamais pour et jamais contre.


En mars de la même année éclatait la guerre avec l'Autriche, guerre d'émancipation qui surexcita outre mesure quelques membres cocardiers du personnel de l'Oratoire. Sans tergiverser, Don Bosco licencia ces têtes chaudes.

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Message  Arthur Ven 07 Aoû 2009, 9:14 am


I. Don Bosco et Victor-Emmanuel (1849-1878 ).


La presse antireligieuse réclamait l'incamération des biens de l'Église, la réduction du nombre des évêchés, la suppression des couvents, l'abolition des immunités cléricales.


Afin de prévenir le roi contre de telles injustices, Don Bosco permet que l'un de ses élèves, Angelo Savio, lui expédie sous pli cacheté les malédictions contenues dans la charte de l'abbaye d'Hautecombe, contre les descendants de la Maison de Savoie qui oseraient détruire ce monastère ou en usurper le domaine. À bon entendeur, demi-mot : Victor-Emmanuel n'a pas besoin qu'on lui commente le message du correspondant inconnu. Cette lecture le trouble et l'assombrit.


Cependant, le projet de loi contre les Congrégations s'élabore. Malheur au roi, s'il L'approuve ! Il aura un deuil dans sa famille. Don Bosco, averti en songe, transmet au souverain cette menace d'en-haut.


Cinq jours plus tard, nouveau songe prémonitoire : il y aura, non pas un deuil, mais des deuils. Victor-Emmanuel demeure bouleversé de ces oracles, il en prend des crises de colère.


Ceci se passe en novembre 1854. Le 29 de ce mois, la loi scélérate est présentée à la Chambre. On en commence la discussion le 9 janvier 1855. Trois jours après, premier deuil : la mère du roi, Marie-Thérèse, meurt à l'âge de cinquante-quatre ans.


Deuil sur deuil : le convoi funèbre n'est pas encore descendu de la Superga que déjà le palais se lamente devant un nouveau cadavre, celui de l'épouse du roi, la reine Marie-Adélaïde, qui vient d'expirer à l'âge de trente-trois ans ( 20 janvier ).

Ces dures leçons porteront-elles ? Victor-Emmanuel a le temps de réfléchir. Le Parlement, fermé en signe de deuil, ne se rouvre que le 10 février; on vote ce jour-là la participation du Piémont à la guerre de Crimée, et l'on remet au lendemain la discussion de la loi contre les religieux.


Mais dans la nuit du 10 au 11 février, c'est le frère du roi, Ferdinand de Savoie, duc de Gênes, qui meurt lui aussi à trente-trois ans.


La voix de la mort est la voix de Dieu. N'importe ! La Chambre néglige ces tragiques leçons. La loi scélérate est votée le 2 mars.

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Message  Arthur Lun 10 Aoû 2009, 9:08 am


Don Bosco ne se tient pas pour battu : il édite les anathèmes renfermés dans la charte d'Hautecombe et un oposcule hardi du baron de Nilinse : Les biens de l'Église. Comment on les vole. Quelles en sont les conséquences.


Cet acte de bravoure soulève une tempête. On parle de séquestrer l'édition et de sévir contre les responsables.


Épouvanté par les vides creusés dans sa maison, Victor-Emmanuel reste en suspens. Il semble favoriser la transaction suggérée par Mgr de Calabiana, le sénateur-évêque de Casale. Celui-ci déclare que si l'État manque d'argent le clergé acceptera, de bon gré, que pour l'année courante soit prélevé sur son budget environ un million de lires.


Ainsi, plus aucune raison de dépouiller les couvents. Voyant que cette combinaison plaît au roi, Cavour démissionne ( 28 avril ); mais aussitôt se déclanche, fomentée par la secte, une telle campagne de calomnies contre le joug des prêtres que le ministre démissionnaire reprend le pouvoir et relance la discussion de la loi scélérate ( 3 mai ).


Le ciel non plus ne tarde pas de répondre. Voici dans la famille royale un quatrième cercueil, celui du propre fils du souverain, Léopold-Marie-Eugène, mort le 17 mai à peine âgé de cinq mois. En quatre mois, le roi a perdu sa mère, sa femme, son frère et un fils.


Néanmoins, l'inique loi de confiscation, votée le 22 mai par le Sénat, est confirmée par la Chambre le 28. Il ne manque plus que la signature royale. Victor-Emmanuel reçoit une première lettre écrite par Angelo Savio où il lit :


Don Bosco dit : Si je pouvais parler au roi, je le supplierais de ne pas signer le décret de suppression des couvents. Il attirerait des calamités sans nombre sur lui-même et sur sa famille.


Il reçoit une seconde lettre signée Don Bosco, où l'homme de Dieu lui prédit, s'il ose signer, de graves châtiments. Victor-Emmanuel en est bouleversé; ses ministres, redoutant un réveil de sa conscience, mandent auprès de lui quatre théologiens de cour, imbus des principes fébroniens de Nuytz.


Ceux-ci réussissent par leurs conseils erronés à détruire le salutaire effet des avertissements de Don Bosco. Aussi, le monarque promulgue-t-il, le 29 mai, le décret infâme qui frappe 35 Ordres et Congrégations, ferme 334 monastères, disperse 5456 religieux et religieuses.


Victor-Emmanuel avait la hantise des prophéties de Don Bosco. Un jour, il s'écria :


--- Je n'ai plus un instant de paix. Don Bosco ne me laisse plus vivre.


Ses colères et ses remords ne l'empêchèrent pas d'être un bienfaiteur de l'Oratoire. Une fois, achetant cinq cent billets d'une loterie organisée par Don Bosco, il eut cette boutade :


--- Aidons-le, ce pauvre diable de prêtre, mais à la condition qu'il nous épargne... certaines lettres !

Arthur

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Message  Arthur Mar 11 Aoû 2009, 9:03 am

2. PERQUISITIONS TRACASSIÈRES.



Le gouvernement piémontais dépossédait de leur siège ou condamnait à l'amende les prélats assez courageux pour protester contre la violation des droits de l'Église. Mgr Fransoni, archevêque de Turin, fut, pour son intransigeance, d'abord interné à Fénestrelle, puis, banni du royaume. Il se réfugia à Lyon (1850-1862 ).


Don Bosco ne l'abandonna point dans l'infortune. Il le visita dans sa forteresse et, quand l'auguste proscrit dut franchir la frontière, il ne refusa point de correspondre avec lui.


En 1860, Mgr Fransoni avait écrit à Don Bosco pour le prier de transmettre à son clergé une circulaire exposant les directives à suivre dans les circonstances actuelles. La police ayant intercepté la lettre, Don Bosco fut soupçonné d'entretenir des intelligences avec les ennemis du dehors, avec l'archevêque exilé, avec les Jésuites expulsés, avec le Saint-Siège.


Le ministre de L'Intérieur, Carlo Farini, ordonna une perquisition à l'Oratoire ( 26 mai 1860 ). Elle fut sans résultat. Quinze jours après, nouvelle perquisition. Le ministre s'était mis dans la tête que Don Bosco recevait du Pape et des princes détrônés des sommes énormes qu'il enregistrait comme des aumônes, mais dont il se servait en fait pour enrôler des soldats et promouvoir la guerre contre le gouvernement.


Aussi les enquêteurs réclamèrent-ils les livres de compte. En l'absence de Don Bosco, il s'en prennent à l'économe, le secouent et le bousculent sans vergogne :


--- Vous avez de l'argent... Vous le niez ? C'est un mensonge. Vous êtes un Jésuite.


Le digne prêtre, ainsi malmené, s'évanouit. Sur ce, Don Bosco survient. D'un coup d'oeil, il saisit ce qui ce passe. Il rappelle à lui son confrère, reproche aux agents leur brutalité. Cependant, la perquisition suit son cours. Des gendarmes cernent la maison, les enquêteurs vont de salle en salle, interrogeant maîtres et élèves. Certains enfants décochent innocemment des réponses mordantes. Quelques exemples :


--- Don Bosco ne vous dit-il pas, en confession, que ceux qui empiètent sur les États du Pape sont des scélérats ?

--- Ce n'est pas là matière à confession.

---Ce sont pourtant des péchés ?

--- Si ce sont des péchés, que les coupables y pensent quand il vont à confesse. Ce n'est pas mon affaire.

--- Connaissez-vous le roi ?

--- Je ne l'ai jamais vu, mais je sais qu'il est notre souverain.

--- Souverain mécréant qui persécute les prêtres et la religion, n'est-il-pas vrai ?

--- Ce sujet n'est pas traité dans notre manuel d'histoire. Nous n'en sommes pas encore là.


Les commissaires furettent dans les coins, tâtent les traversins, les paillasses, bouleversent les tiroirs, les armoires, les caisses d'outils, les casiers, les bureaux, les caves, les greniers. Sept heures de suite, ils s'acharnent à découvrir un plan d'insurrection ou un dépôt d'armes.


Et lorsque, dépités, rendus, ils se retirent bredouilles, ils se gardent bien de conclure à l'innocence du serviteur de Dieu, ils estiment simplement qu'il est insaisissables et qu'il faudra s'y prendre plus habilement.

Arthur

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Message  Arthur Mer 12 Aoû 2009, 8:51 am



Pour mettre un terme à ces vexations, Don Bosco sollicite une audience du ministre de l'Intérieur, Carlo Farini. Il L'obtient le 16 juillet. Il repousse avec énergie les incriminations dont on l'accable, comme d'avoir tenu des propos réactionnaires, de correspondre avec les ennemis de la patrie, etc.


Sa franchise véhémente irrite le ministre qui le menace de la prison. L'apôtre répond sans forfanterie qu'il n'a pas peur, adjure Farini de produire au moins un document qui prouve sa culpabilité :


--- Sur ce point je ne demande pas grâce, je demande justice, non pas pour moi, mais pour tant de pauvres enfants sans cesse effarés par des descentes de police, de pauvres enfants dont beaucoup me furent confiés par le gouvernement et certains par Votre Excellence elle-même ...



Farini se lève, arpente son cabinet avec agitation. Il pourrait exhiber la lettre interceptée de Mgr Fransoni. Il s'en abstient, peut-être par pudeur, par honte d'avoir violé le secret postal.


L'entrée du comte de Cavour, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil, provoque une détente. Celui-ci intervient en conciliateur, s'ingénie à calmer l'indignation de l'apôtre, sans oublier d'enfoncer sa pointe : In cauda venenum :


--- On a abusé de votre bon coeur. On vous a engagé dans une politique qui mène à des tristes conséquences.

--- Quelle politique ? Quelles conséquences ? Ma politique n'est autre que celle de l'Évangile.


Diplomate retors, Cavour argumente comme un jouteur scolastique :

--- Vous êtes avec le Pape or, le gouvernement est contre le Pape. Donc, vous êtes contre le gouvernement. Vous ne sortirez pas de ce syllogisme.

--- J'en sortirai cependant. Si je suis avec le Pape et si le gouvernement est contre le Pape, il ne s'ensuit pas que je sois contre le gouvernement, mais que le gouvernement est aussi contre moi...


La conversation tourne à l'exégèse, Don Bosco se voit amené à expliquer comment le précepte du Christ : Que votre langage soit : cela est, cela n'est pas, ne renferme aucune directive politique. Cavour clôt le débat en déclarant qu'il a toujours considéré Don Bosco comme le type du parfait honnête homme. Farini à son tour :


--- Oui, restons-en là. On vous laissera vous occuper en paix de vos enfants... Mais de la prudence, mon cher abbé, de la prudence ! Nous traversons des temps difficiles. Un moucheron peut paraître un chameau.


Et les deux hommes d'État serrent la main à l'homme de Dieu et se recommandent à ses prières.


Ainsi, avec une loyauté pleine de grandeur, Don Bosco sait accorder sa fidélité au Pape et sa fidélité au roi.

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Message  ROBERT. Mer 12 Aoû 2009, 8:54 pm

Arthur a écrit:

Diplomate retors, Cavour argumente comme un jouteur scolastique :

--- Vous êtes avec le Pape or, le gouvernement est contre le Pape. Donc, vous êtes contre le gouvernement. Vous ne sortirez pas de ce syllogisme.

--- J'en sortirai cependant. Si je suis avec le Pape et si le gouvernement est contre le Pape, il ne s'ensuit pas que je sois contre le gouvernement, mais que le gouvernement est aussi contre moi...


(Discussion de Don Bosco avec le ministre de l'Intérieur Farini et le comte de Cavour) .


Very Happy Laughing ... (caractères en rouge de moi)
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Message  Arthur Mer 12 Aoû 2009, 9:00 pm

Il faut bien le reconnaître, Don Bosco ne s'en laissait jamais imposer, mais il avait beaucoup de tact.

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Message  ROBERT. Mer 12 Aoû 2009, 9:05 pm

Arthur a écrit:Il faut bien le reconnaître, Don Bosco ne s'en laissait jamais imposer, mais il avait beaucoup de tact.

J'ai bien l'impression, cher ami, que Don Bosco, vers la fin de sa vie ou un peu avant, tout le monde lui mangeait dans la main, même ceux qui

lui vouaient une haine implacable, sa sainteté devenant irrésistible pour tous ...
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Message  Arthur Jeu 13 Aoû 2009, 8:47 am

Dans la vie d'un saint, Robert, j'ai l'impression que le diable ne lâche jamais prise, comme vous allez le constater dans les textes qui vont suivre.

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Message  Arthur Jeu 13 Aoû 2009, 8:47 am


La trêve dura tant que durèrent les ministères Cavour ( mort le 6 juin 1861 ), de Ricasoli ( mars-décembre 1862 ), mais l'assaut contre l'Oratoire reprit de plus belle sous les deux ministères Farini et Minghetti.


C'est le chef du bureau de l'Instruction publique, Stefano Gatti, qui suscite ces tracasseries. Il refuse de reconnaître au bénéfice des professeurs présentés par Don Bosco aux grades académiques l'équivalence établie par la loi entre le diplôme de philosophie obtenu dans les Séminaires et la licence obtenue dans les lycées.


Et, pour créer un grief, il provoque une nouvelle inspection qui portera non pas sur les programmes et sur le degré d'instruction, mais sur l'esprit de ces écoles.


Pour cette besogne tendancieuse, Gatti a choisi son homme, le professeur Ferri. Celui-ci, en mai 1863, s'acquitte de son rôle avec une hypocrisie consommée. Oralement il prodigue les compliments aux directeurs des institutions salésiennes, certifie qu'il n'en dira que du bien, mais il rédige un rapport d'une malveillance extrême.


Grâce à Dieu, Don Bosco est averti à temps. Il ne perd pas une minute : il faut absolument prévenir l'effet désastreux de ce rapport. Brûlant les intermédiaires, il accourt chez le ministre de l'Instruction publique, Michel Amari. L'affaire devient tragi-comique. Voici comment :


L'audience se passe à la nuit tombante. Don Bosco formule nettement ses protestations. Son Excellence l'écoute et, sans tarder, sonne ses deux subalternes, Gatti et Ferri, pour confronter les thèses en présence.


Ceux-ci pénètrent dans le cabinet sans remarquer que dans la pénombre se tient, à peine visible, la victime de leur manigance. Le ministre interroge. L'impudent Ferri répète ses allégations mensongères.


--- Très bien ! Très bien ! reprend Son Excellence. Si maintenant nous cédions la parole à Don Bosco...


Nos deux compères interloqués flairent un piège. Gatti s'en tire en prétextant qu'une affaire urgente le rappelle dans son bureau et s'absente en sourdine. Dans son trouble subit, il ouvre un placard au lieu d'ouvrir la porte et ne se ressaisit qu'avec embarras.


Quant à Ferri, s'apercevant soudain qu'il y a quelqu'un derrière lui, il s'écarte brusquement et trébuche dans les jambes du ministre. Alors, triomphalement, intervient Don Bosco. avec modération, mais aussi avec force, il raconte les éloges que ne lui a pas ménagés l'inspecteur dont il ne se charge pas d'expliquer la duplicité.


Ferri a vu à l'Oratoire le portrait du roi dans les trois salles différentes. De quel front ose-t-il soutenir que l'effigie du souverain n'y est exposée nulle part ?


--- C'est vrai, balbutie Ferri, j'ai vu ces trois portraits, mais il ne sont pas beaux.


Don Bosco réplique :

--- Est-ce ma faute ou celle du peintre ?


Décidément, la position de Ferri n'est plus tenable. Lui aussi cherche le joint pour s'éclipser et disparaître dans la nuit et dans la honte.


Cette séance portera ses fruits. Désormais les maîtres de l'Oratoire pourront comme les autres conquérir les titres académiques à l'Université royale. Mais Don Bosco prévoit que la législation évoluera défavorablement au clergé.


L'heure est proche où le diplôme de philosophie n'aura plus pour les séminaristes la même valeur que les grades conférés dans les lycées. Aussi, dès 1864, veut-il que ses étudiants concourent pour la licence d'État.

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Message  ROBERT. Jeu 13 Aoû 2009, 11:27 am

Il faut bien le reconnaître, Don Bosco ne s'en laissait jamais imposer, mais il avait beaucoup de tact.

J'ai bien l'impression, cher ami, que Don Bosco, vers la fin de sa vie ou un peu avant, tout le monde lui mangeait dans la main, même ceux qui

lui vouaient une haine implacable, sa sainteté devenant irrésistible pour tous ...

Dans la vie d'un saint(...) j'ai l'impression que le diable ne lâche jamais prise, comme vous allez le constater dans les textes qui vont suivre.

Merci beaucoup Arthur de rappeler que celui qui a le plus en horreur notre sainteté, à part nous, quand nous sommes lâches devant celle-ci,

c'est bien le diable qui veut nous enlever à Jésus-Christ.


.
ROBERT.
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Message  Arthur Lun 17 Aoû 2009, 9:04 am


3. AGENT DE LIAISON ENTRE L'ÉGLISE ET L'ÉTAT.


Au cours du drame politique où se décida le sort des États du Pape, Don Bosco remplit maintes fois l'office de médiateur.


Par suite de la loi qui astreignait à l'exequatur royal les actes pontificaux et toutes les provisions de Rome, on comptait en Italie environ 130 sièges épiscopaux en souffrances. Dès évêques avaient été exilés, d'autres bannis de leur diocèse, d'autres étaient morts. Don Bosco entreprit de combler ces vides.


En 1865, il fut chargé par Pie IX de sonder les intentions du gouvernement sarde. Ses suggestions étaient agréées lorsqu'une campagne de presse, accusant le ministère de pactiser avec le Pape, interrompit les tractations.


Celles-ci reprirent vers la fin de 1866, Don Bosco servit d'intermédiaire. Convoqué à Florence par le président du Conseil Ricasoli, il eut avec lui un long entretien. Par son attitude ferme, il écarta la suppression des évêchés moindres.


Mais il était un point noir. Le ministre exigeait que tous les évêques fussent présentés par lui et qu'avant de prendre possession il lui montrassent leurs Bulles. À ces prétentions, le cardinal Antonelli opposait un irréductible veto. Ainsi envisagée, l'affaire comportait un conflit de pouvoirs sans issue. Don Bosco le comprit et, pour le résoudre, il chercha ailleurs un terrain d'accord.


Voici le biais qu'il proposa en janvier 1867. Il faut pourvoir au plus pressé. Or, ce qui presse le plus, ce n'est pas de délimiter les juridictions respectives, c'est de remédier à l'anarchie, c'est de ne pas laisser les âmes sans pasteurs.


Dès lors, renvoyant à plus tard l'élaboration d'un modus vivendi, que le gouvernement et le Saint-Siège, chacun de son côté, choisissent leurs candidats.
Le Pape confrontera les listes. Et, s'il se rencontre des sujets qui figurent sur les deux listes, ceux-là seront immédiatement préconisés. Grâce à cette combinaison, trente-quatre évêques furent proclamés aux Consistoires des 22 février et 27 mars 1867.

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Message  Arthur Mar 18 Aoû 2009, 8:28 pm


Don Bosco ne s'illusionnait pas sur l'avenir du royaume pontifical : il fut la Cassandre de la chute de Rome. Vainement il avait averti les supérieurs d'Ordres de prendre leurs mesures. Il était à Lanzo lorsqu'on lui annonça la brèche de la Porta Pia ( 20 septembre 1870 ). Il n'en fut nullement ému : il savait que cela devait arriver.


Certains personnages de sa cour conseillaient à Pie IX de fuir la ville Éternelle. Le Pape consulta le voyant de Turin qui, ayant prié, répondit :

--- La sentinelle, l'ange d'Israël, doit rester à son poste.


Au sujet des sièges vacants, les pourparlers, ne purent être repris qu'en 1871. Don Bosco écrivit au premier ministre Lanza pour lui faire des Garanties, les gouvernement n'avait plus aucun motif de s'opposer à la nomination des évêques. Lanza le convoqua à Florence ( 25 juin 1871 ) et traita avec lui. Pie IX investit Don Bosco de pleins pouvoirs :

--- Dressez la liste des évêques, je l'approuverai.


En août la liste était dressée, et au Consistoire du 27 octobre, plus de quarante évêques étaient promus. Ici encore, Don Bosco est allé au plus urgent, pourvoyant les sièges sans régler la question épineuse des revenus, des menses et des bénéfices. Ce point sera l'objet de pourparlers ultérieurs.


À cette fin, il retourne à Rome le 18 février 1873. Il discute successivement trois projets avec Lanza et avec d'autres ministres. Le changement de ministère ne le décourage pas : il négocie avec Marco Minghetti.


Et ses efforts auraient abouti sans les indiscrétions de la presse maçonnique. Divers organes ébruitent le secret, annoncent une sorte de nouveau Canossa, assurent que Don Bosco a été admis au Conseil de l'État. Ces rumeurs déchaînent un orage.


De l'autre côté des Alpes, Bismarck dresse l'oreille. Ces rumeurs de paix troublent dans ses sommeils l'homme du Kulturkampf qui vient de mettre aux fers dans les prisons d'Ostrovo Mgr Ledokowki, évêque de Gnesen-Posen.


Voici qu'un télégramme de la Wilhelmstrasse arrive au Quirinal. Le chancelier de Fer s'étonne que la IIIe Italie s'entende avec le Pape, il déclare que son empereur en est indigné et il conclut par des menaces.


Devant ces injonctions de la Prusse victorieuse, les ministres apeurés laissent tomber les tractations. Ainsi échouent, en voie de réussite les longs efforts de Don Bosco.

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Message  Arthur Jeu 20 Aoû 2009, 9:27 am



Quatre ans plus tard mourait Pie IX ( 7 février 1878 ). Où se tiendrait le Conclave ? Le gouvernement tolérerait-il qu'il se réunît à Rome ? Don Bosco reçut la mission de s'enquérir des intentions du ministère à cet égard.


L'accueil du garde des Sceaux, Mancini, ne fut pas engageant. F. Crispi, ministre de l'Intérieur, se montra d'abord évasif. Don Bosco lui fit alors entrevoir que de toutes manières le Conclave aurait lieu, à défaut de Rome, à Vienne ou en Avignon. Devant cette perspective, Crispi eut un tic de surprise et aussitôt répondit :

--- Vous assurerez de ma part les cardinaux que le gouvernement repectera et fera respecter le Conclave et qu'il garantira l'ordre public.


Le cardinal Pecci, archevêque de Pérouse, ceignait la tiare le 20 février 1878. Dans son Encyclique Inscrutabili ( 21 avril ) il reprenait à son compte les protestations de Pie IX contre la violation en 1870 du principat temporel des Papes.


Aurait-il, au cours de son règne, entrevu de la question romaine une autre solution que le retour pur et simple à l'ancien état des choses ? On tiendra pour l'affirmative, si l'on rapproche l'allocution consistoriale du 23 mai 1887 d'une audience accordée à Don Bosco dix jours auparavant.


Le 13 mai, le voyant de Turin avait déchiré aux yeux du Pape les voiles de l'avenir. Dix jours après, Léon XIII exprimait l'espoir que le différend entre le Vatican et la dynastie régnante serait un jour aplani sans dommage pour la justice et pour la dignité du Siège apostolique.


Le mois suivant ( 15 juin ) Léon XIII écrivait au cardinal Rampolla une lettre où il dégageait nettement la question romaine de la question politique. Cette disjonction contenait le principe fécond dont S. S. Pie XI, en 1929, tira les conséquences dans les articles du traité de Latran. Elle est une application particulière des directives générales de cette politique divine qui se moque de la politique et que Don Bosco appelle la politique de l'Adveniat regnum tuum.


Dans cette hypothèse émise par le cardinal Salotti, il y aurait eu une influence de la pensée de Don Bosco sur celle de Léon XIII et même, dès 1883, lorsque le nouveau prêtre Achille Ratti partagea quelques jours, au Valdocco, le toit et la table du Saint, une influence sur la pensée du futur Pape, de celui qui devait, selon l'expression de Benito Mussolini, " éliminer " la question romaine. ( 1 ) S. S. Pie XI a confirmé lui-même cette présomption en deux discours mémorables.


En 1887, Don Bosco penchait vers son déclin.


S'il avait eu la vigueur d'antan, je suis convaincu, écrit le cardinal Salotti, qu'il se serait derechef entremis entre le Saint-Siège et le gouvernement italien et que, répudiant les légèretés de certains utopistes et de certains exaltés, il aurait mené les choses avec adresse et avec dignité.



( 1 ) ( Don A. Ratti allait sur ses vingt-six ans lorsqu'il plaça à l'Oratoire du Valdocco un adolescent qui... s'évada de l'hospice. Son protecteur fut peiné de ce départ incorrect et se crut obligé d'aller présenter des excuses. C'est à cette circonstance que le futur Pie XI fut redevable de connaître celui que lui-même canoniserait un jour.

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Message  Arthur Ven 21 Aoû 2009, 10:57 am


III HÉRAUT DU MONDE SURNATUREL


Dans les brumes glacées de ce 19 novembre 1862 où Don Bosco franchit le seuil du château de Sommariva del Bosco Bra, les rosiers grimpants qui tapissaient la façade n'avaient d'autres parures que les cristaux du givre.


Don Bosco, survenu à l'improviste, ignorait que la vieille marquise s'appelait Élisabeth et que pour sa fête on avait invité des parents. Pendant le dîner, il exprima son déplaisir de n'avoir pas prévu cette coïncidence : il aurait apporté son bouquet, son cadeau.


--- Mais sans doute, ajouta-t-il, le bon Dieu réparera cet oubli à sa manière.


Les hôtes n'avaient vu dans ces paroles qu'un compliment bien tourné et n'y pensaient plus.


Au sortir de table, on passa dans les appartements voisins. Quel ne fut pas l'émerveillement de la famille lorsqu'elle aperçut, aux brusques rayons d'une coulée de soleil, des roses en festons encadrant les fenêtres, courant sur les murailles, des roses fraîches et vives, jetant dans l'air des flammes et de subtils arômes, animant de leurs chauds reflets la froide architecture du vieux castel féodal.


Ce furent des exclamations d'allégresse et d'enchantement. Et Don Bosco de dire :


--- Vous le voyez, c'est le Seigneur lui-même qui se met en frais pour payer la fête de Mme la marquise.


Ce miracle est aussi un symbole de l'action de ce Saint qui fit surgir à chacun de ses pas, en plein hiver de la foi, au siècle même du scientisme négateur et impie, les fleurs les plus admirables du monde surnaturel.

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Message  Arthur Lun 24 Aoû 2009, 8:19 am

Que son pouvoir de thaumaturge ait été de premier ordre, il n'est pas de notre ressort de l'établir : notre tâche est plus modeste, elle se borne à narrer les faits extraordinaires relatés par ses biographes parmi lesquels nous citerons en tête S. Em. le cardinal Salotti, promoteur de la foi dans les procès de béatification et de canonisation. Celui-ci écrit :


" Le surnaturel, qui n'est pas chose commune dans les contingences de la vie et qui, même dans les actions de beaucoup de saints, apparaît comme une rareté et une exception, se multiplie à tel point chez Don Bosco qu'il devient presque ordinaire et naturel. "


De ces prodiges, nous ne raconterons que les plus saillants. Nous commencerons par le miracle de la pluie. Je ne sais pas si l'hagiographie en mentionne de plus dramatique, de plus sensationnel.


En 1864, prêchant à Montemagno le triduum préparatoire à la solennité de l'Assomption, Don Bosco promet, le premier soir, à la population désolée par la sécheresse qui durait depuis trois mois, que, si le jour de la fête il y avait une communion générale de tous les paroissiens, une pluie abondante viendrait arroser leurs campagnes.


Suivent trois jours de confessions sans relâche depuis le matin jusqu'à une heure avancée de la nuit, trois jours pendant lesquels le ciel implacable demeure d'azur et de braise. Quand Don Bosco passe dans la rue, on lui demande :


--- Et la pluie ?

Il répond :

--- Otez le péché.


Le jour de la fête, les communions sont plus nombreuses qu'elles n'ont jamais été. Le baromètre marque le beau fixe. À l'heure des Vêpres, la chaleur se fait lourde encore, plus suffocante. Don Bosco ruisselle de sueur comme tout le monde. Le marquis Fassati lui dit :


--- Cette fois, c'est un échec. Vous avez promis la pluie, et il n'y a guère à pleuvoir que nos figures.


Le sacristain, sorti pour inspecter le ciel, revient et déclare :


--- Limpide comme un miroir, sauf dans la direction de Biella où l'on distingue une ombre de nuage pas plus large qu'une semelle.

--- Bien ! donnez-moi l'étole.


À la fin du Magnificat, il gravit l'ambon, formulant dans son coeur un acte de confiance éperdue en Notre-Dame Auxiliatrice. Les regards tendus se concentrent vers lui. Quelle déconfiture, si rien ne se produit ! Mais aussi quelle apothéose, si les cataractes d'en haut crèvent et se déversent !


Dès qu'il a récité avec la foule l'Ave Maria d' usage avant le sermon, on croit remarquer un sensible obscurcissement de la lumière. Il entame l'exorde. Soudain, sa voix est couverte par un roulement prolongé de tonnerre. Un murmure de joie traverse l'église.


L'orateur s'arrête : une pluie diluvienne s'abat en rafales contre les vitraux. Don Bosco reprend le fil de son discours qui est un hymne à la Madone. Il pleure de reconnaissance et avec lui pleure le peuple transporté.


Ainsi, comme Élie, Don Bosco intime aux éléments des ordres souverains.

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Message  Arthur Mer 26 Aoû 2009, 9:22 pm





Il a le don de voir et d'agir à distance.


Un dimanche, tandis qu'il prêche à Lanzo, deux jeunes gens de l'Oratoire de Turin s'échappent en cachette et, au lieu d'aller aux Vêpres, vont se baigner dans la Doire. Ils s'exercent à nager, ils s'étendent sur la plage, échangent des propos déshonnêtes. Tout à coup, ils se redressent, comme mus par un ressort; ils viennent de recevoir une volée de claques. Simultanément, ils s'écrient :


--- C'est Don Bosco, il nous a entendus !


Ils n'ont pas oublié que deux de leurs camarades ont déjà été l'objet d'une pareille correction à distance. Le lendemain arrive une lettre de Don Bosco adressée au préfet des étude, contenant ce paragraphe :


J'ai vu les deux jeunes Bastia et Vazzetti sortir aujourd'hui dimanche pour aller au bain dans la Doire. Je les ai entendus tenir des discours peu corrects et je leur ai donné une leçon dont il se souviendront longtemps. Vous, Monsieur le préfet, mandez-les pour vous enquérir s'ils ont senti et reçu quelque chose pendant qu'ils étaient sur la rive.


Don Rua s'enhardit un jour à l'interroger :

--- Comment vous y prenez-vous pour voir si loin à travers les obstacles ?

Don Bosco répondit :

--- J'ai mon fil télégraphique. Si loin que je sois, j'établis la communication, je vois et je connais tout ce qui peut tourner à la gloire de Dieu et aux salut des âmes.

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Message  Arthur Jeu 27 Aoû 2009, 9:09 pm



Autre fait inexplicable. Don Bosco est à Turin et Don Branda dirige le collège de Barcelone. Or, dans la nuit du 28 au 29 janvier 1886, Don Branda reconnaît une voix qui l'appelle :

--- Lève-toi et suis-moi.


Nul doute : c'est la voix de Don Bosco. Don Branda se réveille et cherche autour de lui :

--- J'aurai rêvé, pense-t-il.


Et il se rendort.


Huit jour après, il perçoit dans la nuit le même appel. Il ouvre les yeux : la chambre est illuminée a giorno. Une ombre se profile sur le rideau de l'alcôve. La voix connue répète :

--- Lève-toi et suis-moi.

--- J'y vais, le m'habille.


Il s'avance, il baise la main de Don Bosco qui est là, en effet. Celui-ci l'amène au dortoir des jeunes, lui désigne quatre pensionnaires :


--- Ces trois-là, il faut les renvoyer. Celui-là, il faut le réprimander.


La vision s'évanouit, Don Branda reste perplexe. A-t-il vu réellement son Supérieur général qui est à Turin ou bien est-il halluciné ? D'autant que sur ces quatre élèves ne pèse aucun soupçon.


A quelques jours de là arrive de Turin une lettre de Don Rua qui s'informe s'il a exécuté l'ordre que Don Bosco en personne lui avait prescrit. Don Branda tergiverse encore jusqu'à ce qu'un matin. au début de la messe, une voix impérieuse formule en lui cette menace :


--- Si tu n'obéis pas, c'est la dernière messe que tu célèbres.


Le jour même il convoque les coupables, les presse de questions, les accule à l'aveu. Il en chasse trois et réprimande le quatrième.

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Message  Arthur Sam 29 Aoû 2009, 9:53 am



Don Bosco opère d'innombrables guérisons.


Au séminariste Povera qui se meurt de pleurésie ( 1861 ), il donne à choisir ou la vie ou le paradis. Le moribond hésite, le saint décide à sa place qu'il vivra pour travailler au salut des âmes. Povera n'ira au ciel qu'en 1874.


À Camaragna là cour du presbytère où loge le thaumaturge est inondée par l'affluence des solliciteurs. Une femme âgée, déhanchée et percluse, se traîne cahin-caha sur ses béquilles. Don Bosco s'intéresse à elle.


--- Mettez-vous à genoux.

--- À genoux ! Bonté du ciel ! Il y a longtemps que je n'ai pas plié mes jambes.

--- Cela ne fait rien. Mettez-vous à genoux.

Et cette femme de s'efforcer, en s'aidant des béquilles, de glisser jusqu'à terre. Mais Don Bosco lui enlève les béquilles.

--- Pas comme cela. Mettez-vous à genoux toute seule.


La femme se trouve à genoux sans savoir comment cela s'est produit, le silence est tel dans la foule qu'on n'entend pas un souffle. La femme pleure et demande :

--- Et maintenant, quelle est la prière que je dois dire ?

--- Dites avec moi trois Ave Maria à la louange de Marie Auxiliatrice.


Après la récitation des Ave, cette femme se redresse et ... marche agile et souple. Don bosco souriant lui met les deux béquilles sur les épaules en disant :

--- Allez, ma bonne dame. Aimez toujours Notre-Dame Auxiliatrice.

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Message  Arthur Lun 31 Aoû 2009, 8:29 pm



Le 29 mai 1869, Don Bosco célèbre la Saint-Philippe Néri à Lanzo. À l'infirmerie du collège, sept pensionnaires gisent, isolés à cause de la variole. Plus que de leurs souffrances, ils se désolent d'être exclus de la fête.


Ils espèrent cependant que la Vierge et Don Bosco feront pour eux quelque chose, ils ont à tout hasard supplié l'infirmier de tenir prêts au pied du lit leurs uniformes neufs. Ils accueillent leur Père par ce cri :


--- Oh ! Don Bosco ! bénissez-nous, bénissez-nous !

--- Avez-vous foi dans la Madone ?

--- Oui, nous avons foi.

--- Récitons ensemble un Ave Maria.

Et le Saint les bénit. L'un deux s'écrie :

--- On peut se lever à présent ?

--- Avez-vous foi dans la Madone ?

-- Oui, oui, oui !

---Eh bien ! levez-vous.

Six sur sept empoignent leurs habits et les endossent. Si le septième n'est pas guéri, c'est que, selon l'expression de ses camarades, il n'est pas certain, il manque de foi.

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Message  Arthur Mar 01 Sep 2009, 8:45 pm


Don Bosco a-t-il ressuscité des morts ? Il n'y a pas eu, il ne pouvait pas y avoir au moment même d'enquête médicale; mais des témoins nombreux, sains d'esprit, dignes de foi, ont certifié avoir assisté au retour à la vie, les uns à Turin de Charles N., les autres à Florence du fils de la marquise Gerolama Ugoccioni Gherardi. Racontons brièvement ces deux miracles.


En 1849, un habitué de l'Oratoire du Valdacco, âgé de quinze ans, Charles N., en est réduit à l'extrémité. Dans son agonie tourmentée, il appelle souvent Don Bosco, lequel, hélas ! est absent de Turin. Dès qu'il est de retour et mis au courant, le Saint accourt à la maison du mourant.


--- Trop tard ! lui déclare-t-on. Il est mort depuis une demi-journée.

--- Allons donc ! repartit Don Bosco. Il dort et vous le croyez mort. Voulez-vous parier une pinte qu'il n'est pas mort ?


Le cadavre gît cousu dans un drap et recouvert d'un voile, veillé par un cierge, entouré de parents éplorés. Don Bosco s'approche et demande qu'on le laisse seul un instant. Il s'agenouille, il prie ardemment, il bénit le cadavre, puis, sur un ton impératif, il appelle :


--- Charles, Charles, lève-toi !

Le cadavre s'agite des pieds à la tête. Don Bosco souffle le cierge et le dissimule, déchire le suaire, dégage la figure. Le mort ouvre les yeux comme sortant de léthargie. Ses lèvres remuent :


--- Oh ! dans quel état je me trouve ! Ah ! Don Bosco ! c'est vous ! Si vous saviez comme j'ai soupiré après vous ! C'est Dieu qui vous envoie. Comme vous avez bien fait de me réveiller !

Don Bosco l'encourage :

--- Dis tout ce que tu veux. Je suis là pour toi.

--- Oh ! Don Bosco, j'étais perdu. La dernière fois que je me suis confessé, j'ai tu un péché commis depuis quelques semaines. Un mauvais camarade m'y avait entraîné par ses discours.

J'ai eu un songe épouvantable. Je me voyais au bord d'une immense fournaise. Des diables me poursuivaient, ils allaient me précipiter dans ce feu, quand une Dame s'interposa en disant : " Halte-là ! Il n'a pas été jugé. " J'avais peur, j'avais peur. Soudain, j'ai entendu votre voix, je me suis réveillé.
Confessez-moi.


Après la confession, la famille rentre dans la chambre, avec quelle surprise, on le devine. L'adolescent déclare :

--- Don Bosco me sauve de l'enfer.


Deux heures d'horloge, il reste ainsi lucide, se mouvant et parlant avec aisance, bien que le corps demeure froid. Il insiste pour qu'on recommande sans cesse aux jeunes la sincérité en confession. Le thaumaturge lui dit :

--- Te voilà dans la grâce de Dieu. Le ciel s'ouvre pour toi. Veux-tu aller là-haut ou rester avec nous ici-bas ?

--- Je désire m'en aller au paradis.

--- Au revoir donc, en paradis.


La tête retombe sur l'oreiller, les yeux se ferment. Charles s'endort, Charles s'est endormi dans le Seigneur.

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Message  Arthur Ven 04 Sep 2009, 8:34 am


Cette résurrection ressemble à celle de Lazare, encore que le héros n'ait point survécu. Don Bosco en opéra une autre en 1866 à Florence, une autre qui évoque celle du fils de la veuve de Naïm.


Saisi d'un mal subit, le fils passionnément aimé de la marquise Gherardi est sur le point de mourir. La mère affolé se rend en toute hâte, en habits d'intérieur et en cheveux, au collège des Écoles Pies où Don Bosco est descendu.


On s'étonne de la voir dans cette tenue, on se demande si elle n'est pas folle. Don Bosco l'écoute, il la suit. Il trouve l'enfant exsangue, le visage contracté, les yeux vitreux, sans signe de vie.


Autour de lui, on chuchote : il est mort. L'homme de Dieu récite avec l'assistance une prière à Marie. Et il bénit le cadavre. Le rite n'est pas achevé que déjà l'enfant ouvre la bouche comme pour bâiller. L'haleine revient, le fluide vital se met à circuler, les pommettes rosissent, les paupières s'écartent, les yeux cherchent la mère et lui sourient d'un bienheureux sourire.

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Message  Arthur Lun 07 Sep 2009, 9:45 am


Les hôtes de l'Oratoire se redisaient souvent les miracles opérés dans leurs murs, en particulier la multiplication des pagnottes ou boules de pain en 1860. Maintes fois, il multiplia les noisettes et les châtaignes. En 1849, il aurait multiplié les hosties consacrées.


Don Bosco a le don de la prophétie : il a des songes, des visions, des extases.


En mars 1854, il annonce en public qu'un interne présent dans l'assemblée n'a plus que vingt-deux lunes à passer sur la terre. Celui-là, il le connaît : il l'appelle celui des lunes. C'est un certain Gurgo, autour duquel il alerte la surveillance de quelque professeur afin de l'aider plus que les autres à éviter le péché. Gurgo, en effet, décéda vingt-deux mois après.


Au début de l'année scolaire 1866, il exhorte ses fils à bien préparer leur conscience : quelqu'un de l'Oratoire doit paraître devant le bon Dieu avant Noël. Cet avis sème la panique. On s'en émeut en vile, on porte plainte à la préfecture de police. Le procureur de roi vient enquêter et somme Don Bosco de s'abstenir de ces moyens troublants :


--- Je ne les emploie jamais que pour le bien des âmes.

--- Alors, contentez-vous d'avertir l'intéressé.

--- Cela, non !

--- Écoutez, Don Bosco, fates-moi un plaisir... Dites-moi le nom de celui qui doit mourir.

--- Vous me promettez le secret ?

--- Sur l'honneur.

--- Écrivez.

Et, tandis que le procureur tire son calepin, Don Bosco prononce : Boggero Giovanni.


Avant Noël, Boggero Giovanni est foudroyé par une attaque d'apoplexie. Lorsque le procureur revient à l'Oratoire, il dit à Don Bosco :


--- Dites à vos jeunes gens tout ce que vous voulez. Dorénavant, je sais que répondre à ceux qui viendront se plaindre de vos prévisions.

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Message  Arthur Mer 09 Sep 2009, 8:06 am


L'esprit de prophétie ne se manifeste point chez lui par instantanés : il réside à demeure, à l'état d'habitude. Il prophétise en priant, en conversant, en badinant, sans s'en apercevoir et sans que les autres s'en aperçoivent. La plupart du temps, quand il annonce des morts prochaines, il ne nomme pas les personnes. Quelquefois il révèle la lettre initiale du nom.


Don terrible ! À Rome, en 1867, il vient de prédire au roi et à la reine détrônés de Naples qu'ils ne ceindront plus jamais la couronne. Au sortir du palais, Don Francesia lui dit :

--- Mais pourquoi entrez-vous dans ces précisions ?

--- Pourquoi m'ont-ils interrogé ?

--- Il me semble qu'à votre place j'aurais laissé le réconfort de l'espérance à ces malheureux exilés.

--- Je ne sais pas ce que tu aurais fait, si tu te trouvais dans ma peau; mais je sais que je dois répondre ainsi. D'abord, ils n'ont pas d'enfants. En second lieu, le Seigneur les a effacés du livre des rois.


Don terrible, mais consolant aussi sous d'autres rapports, non seulement parce que l'apôtre l'utilise au service des âmes, mais aussi parce qu'il lui permet d'entrevoir la gloire future de sa Congrégation, les destinées de certains de ses membres. Lui-même, il ne mourra qu'en 1888. Or, dès 1853, il sait que Don Rua, âgé de seize ans, sera son premier successeur.


Chaque fois qu'il le croise dans les rues, il ouvre la main droite et feint de la couper en deux du tranchant de la main gauche, ce qui signifie : " Nous serons en tout de moitié. " Dès cette année 1853, il donne à Don Rua cet ordre à longue échéance :


--- Dans cinquante ans, tu rééditeras la brochure que je viens de publier sur le miracle du Saint Sacrement.


Il sait, d'une science tellement évidente, que Don Rua sera vivant en 1903 que celui-ci, étant en 1868 menacé de périr emporté par une péritonite aiguë, il affecte le calme et l'enjouement :


--- Quand même on te jetterait tel quel par la fenêtre, je t'assure que tu t'en tirerais.


En 1877, il révèle que son second successeur sera Don Alberta.

Arthur

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