Saint Jean Bosco

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Message  Arthur Dim 22 Fév 2009, 3:16 pm

DAVID LATHOUD A. A.


SAINT JEAN BOSCO


Saint Jean Bosco Don_bosco



" Maman Marguerite "




Ce n'est pas sans surprise que le voyageur arrive en face du minuscule hameau des Becchi, où vint à la lumière saint Jean Bosco. Des différentes fractions de la commune éparpillée de Castelnuevo-d'Astie, dénommée aujourd'hui Castelnuevo-Bosco, celle-ci est la plus petite et la plus misérable. C'est là pourtant, c'est dans l'une de ces huit ou dix méchantes maisons blotties dans la verdure, parmi les vergers et les vignes, sur la pente d'un mamelon, que cette grande existence prit sa source, il y a un peu plus d'un siècle.

C'est là qu'il naquit le 16 août 1815 de François Bosco et de Marguerite Occhiena. Il fut baptisé le lendemain dans l'église paroissiale.

Sa première impression, consciente ou mi-consciente, est celle d'être orphelin. Il n'a pas deux ans lorsqu'en mai 1817 il se trouve en présence du cadavre de son père. Tandis qu'il regarde sans comprendre, maman Marguerite le remarque et s'écrie :

-- Te voilà sans père, mon petit Jean !

Il ne se rend pas compte, mais les larmes de sa mère bouleversent le poupon accoutumé à son sourire. Épouvanté, il pleure, il pousse des cris.

Telle est la première scène, telles sont les premières paroles qui s'inscrivent, ineffaçables, dans son souvenir. Scène de désolation, paroles qui expriment la pitié, la grande pitié des petits enfants qui restent seuls !

Ils demeurent cinq à la maison : maman Marguerite, sa belle-mère infirme et trois garçons, Jean, le benjamin, Joseph et Antoine. Ce dernier n'est pas du même lit. Son insolence, sa jalousie et sa hargne éclatent à tout propos. Maman Marguerite a de la peine à dompter ce sauvage qui martyrise ses demi-frères et parfois lui montre à elle-même le poing. Il lui serait facile de rabattre d'un soufflet cette impertinence. Elle préfère le dominer par la douceur.

Dès qu'il a ses quatre ans, sa mère habitue le petit Jean au travail : elle détermine telle quantité de chènevotte à tiller où de maïs à trier. Elle ne lui permet de jouer qu'après la tâche accomplie.


Dernière édition par Augustin le Lun 02 Mar 2009, 9:03 pm, édité 2 fois

Arthur

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Message  Arthur Lun 23 Fév 2009, 8:32 pm

Maman Marguerite possède un trésor : la confiance en Dieu, dont elle brûle d'enrichir les siens. Il faut l'entendre parler de Notre-seigneur, soit qu'elle leur enseigne le catéchisme, soit qu'en face des étoiles ou devant l'aurore effeuillant des roses sur les cimes des Alpes, elle évoque l'envers du ciel. Si la grêle a ravagé la vigne, " ce n'est qu'une épreuve, dit-elle ; acceptons-la sans murmure ".

Quand l'hiver se prolonge, les provisions tarissent ; on ne trouve plus de vivres, même sur le marché. Certains soirs, maman Marguerite souffre en chacun de ses protégés le martyre multiplié de la faim. lorsque le petit Jean aura grandi et qu'il entendra gémir les affamés, il n'aura pas oublié qu'il a ressenti jadis les mêmes tiraillements.

Pauvreté sévère, mais donnante, qui prend sur le nécessaire pour secourir le mendiant traité comme un frère, qui partage avec lui la soupe ou la meule de polenta coupée en tranches par un fil de chanvre. Res sacra miser ! Le malheureux quel qu'il soit, colporteur minable, déserteur ou même bandit traqué par la maréchaussée, est toujours accueilli sous ce toit. Parfois un fugitif heurte à la porte, hagard et tremblant. On devine à sa mine que les carabiniers le talonnent. Maman Marguerite le rassure, le cache à l'étable et lui chuchote à l'oreille :

-- Attends là sans bouger. Et tout à l'heure, pendant que je servirai un casse-croûte aux gendarmes, tu fileras par là.

Et de lui indiquer une autre issue.

Parmi ces vagabonds, ces clochards, il y a plus de misère que de flibusterie. Maman Marguerite n'en doute pas. Elle ne croit pas s'abaisser ne les appelant " mes braves amis " et en couvrant leur fuite. Son fils, plus tard, fera de même crédit aux errants, aux forains ; il frayera avec eux et n'aura pas scrupule de procurer des refuges aux maraudeurs poursuivis.

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Message  Arthur Mar 24 Fév 2009, 8:51 pm

Quand il atteint sept ans, sa mère le nomme berger. Chaque matin, il descend la colline, ayant derrière soi une vache à la corde. Il croise toujours au même endroit un camarade nommé Secondo Matta. Celui-ci ingénument lui propose un jour :
-- Veux-tu me faire plaisir ?
-- Volontiers.
-- Si tu échangeais ton pain contre le mien ? . . .
-- Pourquoi ?
-- Parce que ton pain blanc doit être meilleur que mon pain noir.
-- Si ce n,est que cela ! . . .
Et, deux printemps de suite, par esprit de charité et de mortification, le petit Jean prétend qu'il préfère le pain noir.

À cause de l'opposition stupide d'Antoine, maman Marguerite n'ose pas l'envoyer à l'école. Par bonheur, en 1824, une de ses soeurs, Marianna Occhiena, devient la bonne de don Lacqua, curé et instituteur de Capriglio. Celui-ci consent à instruire gratis le neveu de sa gouvernante. Les classes durent de la Toussaint à l'Annonciation. Qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il gèle, le petit Jean avale ses quatre kilomètres par jour et ne se laisse pas démonter par les lazzi de ses condisciples, plus jeunes et plus avancés.

Dès qu'il sait lire, le catéchisme devient son vademecum inséparable ; il l'a toujours sur lui. Il l'étudie dans ses moments libres, même pendant les repas.

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Message  Arthur Mer 25 Fév 2009, 9:21 pm

Cette diligence ne l'empêche pas de courir la campagne, de capturer les oiseaux, de tresser des cages. Ce qu'il entreprend, il le mène à bout coûte que coûte. A-t-il envie de s'emparer d'une couvée de mésanges ? Il enfonce la main dans la fente d'un arbre ; ses doigts restent pris, il faut pour le dégager l'intervention d'un bûcheron. Un nid se balance-t-il au sommet d'un chêne, à l'extrémité d'une branche ? Le petit Jean annonce qu'il l'aura. Mais voici qu'ayant conquis son butin, il dégringole ; ses compagnons accourent alarmés :
-- Tu t'es cassé quelque chose ?
-- J'ai seulement oublié de respirer.
-- Et les oiseaux ? Tu vas les partager avec nous ?
-- Ils sont là ; prenez-les.
Et soulevant son gilet, il leur passe les frétillantes proies.
-- Tu n'en gardes pas pour toi ?
-- Non ! pas cette fois-ci.

Et pour cause ; contusionné dans la chute, il boitille, il traîne la jambe. Si, arrivant à cette allure devant maman Marguerite, il exhibait des nourrissons de fauvettes, elle aurait tôt deviné l'origine du mal. C'est pourquoi il abandonne sa part de la chasse et dissimule stoïquement ses foulures.


Dernière édition par Augustin le Sam 28 Fév 2009, 8:02 pm, édité 1 fois

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Message  Arthur Sam 28 Fév 2009, 8:00 pm

Il a un merle favori qu'il a élevé au prix de longues patiences. En sifflotant, il lui a appris de merveilleuses roulades. Il pense à lui jour et nuit ; l'étude même en est troublée. Or, un soir, il le trouve raide mort dans la cage.
Au travers les barreaux, le chat l'a saisi par la queue et l'a déchiqueté. À cette vue le petit Jean fond en larmes : sa tristesse persiste plusieurs jours. Finalement, il réfléchit sur la futilité de ce deuil, il en rougit et jure de ne plus laisser son coeur se prendre à un objet périssable.

Si maman Marguerite est secourable à l'infortune, elle se révèle impitoyable contre le vice.
Un dimanche tandis qu'elle conduit ses garçons à l'église, comme elle n'obtient pas qu'un passant scandaleux, qui l'a accostée, réfrène sa langue, elle prend la rue transversale et dit à ses petits :

-- Vous savez comme je vous aime. Eh bien ! si l'un de vous devait devenir éhonté comme celui-là, je préférerais cent fois le voir expirer à mes pieds.

Maman Marguerite ne reculait pas devant le châtiment corporel modéré. le petit Jean, ayant une fois, par mégarde, brisé un vase d'huile, alla de lui-même confesser sa maladresse à sa mère ; puis, lui tendant la verge, il lui dit avec un sourire malicieux :

-- Allez-y ; c'est juste.

On comprend si elle fut désarmée devant une telle franchise.

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Message  Arthur Dim 08 Mar 2009, 5:12 pm

II --- L'entraîneur des jeunes


Jean Bosco allait sur ses neufs ans, lorsqu'il reçut du ciel un songe ; nous donnerons le propre récit du Saint paru dans les Mémoires de l'Oratoire de 1825 à 1855. La vision se déroule en trois tableaux.

Premier tableau. -- Le petit Jean se voit dans une cour spacieuse entouré d'une multitude d'enfants en train de jouer. Tapage, éclats de rire, blasphèmes. Il fonce dessus pour les maîtriser, la menace à la bouche et le poing tendu.

Deuxième tableau -- Jésus-Christ apparaît sous l'aspect d'un homme vénérable, vêtu de blanc, la face radieuse. Il appelle jean par son nom, lui ordonne de prendre la tête de cette foule tumultueuse et ajoute :

-- Tu les gagneras, non par les coups, mais par la mansuétude. ( Non colle percosse, ma colla mansuetudine. ) Allons ! mets-toi à l'oeuvre. Parle-leur sur la laideur du péché et sur le prix de la vertu.
Soudain la vacarme s'apaise, la cohue se range autour du personnage blanc. Le petit Jean s'avoue trop ignorant pour s'acquitter du ministère qu'on lui assigne. L'Homme blanc lui dit :

-- L'obéissance et la science te rendront capable.

-- Et qui fera de moi un savant ?

-- Je te donnerai la maîtresse.

Troisième tableau -- Notre Dame apparaît à la droite de Jésus-Christ. Elle prend le petit Jean par la main et lui dit :

-- Regarde !

Il lève les yeux. O stupéfaction ! À la place des enfants, il aperçoit un grouillement d'animaux farouches, chevreaux capricieux, chiens enragés, chats, ours. La maîtresse lui dit :

-- Voilà ton champ de travail. une métamorphose va s'opérer ; elle sera le symbole des changements que tu accompliras parmi les jeunes qui sont mes fils.

En effet, les fauves se muent en agnelets qui sautent et qui bêlent comme pour acclamer à leur manière l'Homme blanc et la maîtresse.

Interloqué, ébloui, le petit Jean pleure et demande :

-- Qu'est-ce que cela signifie ?

La Dame lui pose doucement la main sur la tête en disant :

-- Au moment voulu tu comprendras.

Telle est racontée par le voyant, la vision qui, avec d'autres scènes accessoires, se reproduira chaque fois qu'il aura besoin de lumière et de réconfort. Elle contient en raccourci et en énigme, le panorama prestigieux de sa mission d'entraîneur des jeunes. J. -B. Lemoyne n'en grossit pas l'importance quand il écrit : "Ce songe ne fut pas seulement une grâce passagère, mais l'investiture d'une mission véritable. "

Le lendemain, chacun des deux frères de Jean interprète ce rêve à sa façon :

-- Tu seras berger, dit Joseph.

-- Tu commanderas des bandits, déclare le brutal Antoine.

Circonspecte, la grand-mère les conjure de ne pas s'inquiéter d'un songe.

Maman Marguerite, frémissante d'espoir, se demande :

-- Qui sait s'il ne sera pas prêtre ?

Ce pressentiment maternel impressionne le petit Jean. Désormais, avec sa mère, il parlera fréquemment du sacerdoce. Mais toujours cette idée de l'autel et de la messe s'associera chez lui à cette vision première. prêtre, oui il désire le devenir, mais prêtre pour les jeunes, prêtre pour les enfants : Li amerô i fanciulli e mi farô amare.

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Message  Arthur Dim 15 Mar 2009, 9:14 pm

Les enfants, comme il sait déjà les amuser et les retenir !

Non seulement, grâce à Don Lacqua, il lit et écrit couramment, mais il débite avec une certaine aisance. Il faut l'entendre, durant les veillées d'hiver, déclamer avec force mimiques les chansons de gestes de la "matière" de France, le saut de la belle Aude ou les chevauchées épiques des quatre fils Aymon.
Le champ où il garde le bétail lui sert à la fois d'étude et de salle de sports. D'une main il tient le livre et de l'autre le bâton. Ou bien, quittant sa veste, il s'accroche à une branche d'arbre et il répète ses tours d'adresse. Il recommence le même exercice jusqu'à réussite parfait. Et, passant de l'un à l'autre, il enrichit son répertoire, il prend modèle sur les bateleurs et les prestidigitateurs de la foire.

Bientôt il est à même d'intéresser un parterre. Pour occuper les après-midi du dimanche, il invite les amateurs dans son pré. Son boniment n'est pas ordinaire. Écoutez :

-- Pas de droit d'entrée. Seulement si l'on ne prie pas, il arrive malheur. Voici le programme : 1- Un chapelet, un cantique et la répétition du prône de ce matin. Est-il convenu ? J'avertis que si l'on refuse ce premier numéro, il n'y aura rien. je ne veux pas me casser la figure.

Après avoir reçu l'agrément des spectateurs, il poursuit :

2- On marche sur la tête. 3- On marche sur la corde raide. 4- On fait la roue. 5- Multiplication des oeufs. 6- Changement de l'eau en vin. 7- Résurrection d'un poulet étranglé. 8- On extrait des écus des nez du public, etc.

Ces attractions sensationnelles dans cette campagne primitive rassemblaient parfois une centaine de personnes. les enfants étaient sidérés par ces merveilles. Le petit " Jongleur de Dieu " se préparait par ces débuts, à son rôle providentiel d'attraction des masses populaires pour les acheminer vers le Christ.

À cette époque, on retardait la première Communion jusque vers la douzième année. On fit une exception pour Jean Bosco. Il N'avait que dix ans et six mois quand il accéda à la Table sainte à Pâques 1826. parmi les conseils que lui prodigua maman Marguerite, il retint surtout celui-ci :

-- Communie souvent, mais, pour être sûr d'éviter le sacrilège, confesse-toi toujours avec franchise.

La franchise dans la confession des enfants ! Jean Bosco, plus tard, n'aura pas de plus grand souci que de l'obtenir intégrale et de la faciliter par des moyens paternels.

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Message  ROBERT. Dim 15 Mar 2009, 9:45 pm

.
La franchise dans la confession des enfants ! Jean Bosco, plus tard, n'aura pas de plus grand souci que de l'obtenir intégrale et de la faciliter par des moyens paternels
.

La franchise, il n'y a que cela de vrai... c'est le cas de le dire !
ROBERT.
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Message  Arthur Dim 22 Mar 2009, 8:23 pm

C'est au jubilé de 1300 que se rattachent la conversion de Dante et la conception de la Divine Comédie. C'est à celui de 1825 que l'Italie et l'Église attribuent la vocation de Jean Bosco.
Au printemps de l'année 1826, ce Jubilé fut étendu à l'univers. Les habitants des Becchi en suivirent les exercices à la paroisse de Buttigliera, plus proche que celle de Castelnuevo. Le petit Jean était dans la pleine ferveur de sa première Communion. pendant les cérémonies, il était tout yeux et tout oreilles, et quand le prédicateur, s'adressant à chacun, s'efforçait d'éveiller la hardiesse dans la requête personnelle et les pressait de n'avoir pas peur de solliciter la grâce la plus désirée, il sentait au fond de son âme se formuler un appel de plus en plus véhément, une aspiration sans phrase et presque sans parole :

-- Prêtre ! ô mon Dieu, que je sois prêtre !

Or, par un soir d'avril, tandis qu'il descend de Buttigliera, accompagnant Don Calosso, le chapelain de Murialdo, celui-ci, qui n'échappe pas aux préventions nourries dans la contrée contre les têtes dures des Becchi, s'avise de l'interroger.

-- Tu as compris quelque chose aux instructions ?

-- Tout compris , signor Capellano.

-- Vediam'un po . . Je te donne quatre sous si tu m'en répètes quatre mots.

-- De la première ou la deuxième instruction ?

-- Comme il te plaira.

-- Eh bien ! je vous les dirai toutes les deux.

Et de commencer par la première, d'énoncer le sujet : " Contre le délai de la conversion ", la division, de développer les trois points : " Au pécheur endurci il manquera ou le temps, ou la volonté, ou la grâce de se convertir. "
Le chapelain l'écoute, n'en croyant pas ses sens, cherchant par intervalles aux rayons de la pleine lune à identifier le visage de cet enfant prodige :

-- Possible qu'il soit natif des Becchi !

Il le questionne, s'informe de ses visées d'avenir, s'émerveille d'apprendre qu'il pense au sacerdoce :

-- Mais tu n'as pas été à l'école ! Mais tu n'as pas de ressources ! . . Et pourquoi veux-tu être prêtre ?

-- Pour instruire dans la religion mes camarades qui ne sont pas méchants, mais qui le deviennent parce que personne ne s'occupe d'eux.

Magnifique réponse qui bouleverse d'étonnement le vieillard septuagénaire ! Avant de le quitter, il prend ses mains dans les siennes en disant :

-- Viens donc me voir dimanche avec ta mère. On arrangera ça.

Le petit Jean s'en va, le pied léger, brûlant d'annoncer à maman Marguerite qu'il y a du nouveau.
Jamais il n'oubliera comment il fut découvert par Don Calosso, et lui aussi plus tard, comme ce vétéran, quand il croisera le regard d'un adolescent grave et pur, il essayera toujours de découvrir en lui une recrue pour le sanctuaire.

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Message  Arthur Dim 29 Mar 2009, 4:02 pm

III -- Deux fois orphelin .


Entre Don Calosso et maman Marguerite, il fut décidé que Jean irait à Murialdo prendre des leçons, mais le matin seulement. Cette clause restrictive visait à calmer Antoine qui n'en pesta pas moins contre la perte quotidienne d'une demi-journée. Si ce régime avait duré, peut-être aurait-il fait un mauvais parti au cadet. Aussi dès l'automne fallait-il interrompre les cours. Mais le tenace Jean ne renonça pas à ses projets. Il étudiait en cachette pendant les moindres répits du labeur. Malheur à lui si l'aîné le surprenait ! C'était des scènes, des injures et des raclées. C'est donc en contrebande et aux prix de mille sévices qu'il apprit les grammaires italienne et latine. Plus tard, lorsque des vocations tardives viendront s'ouvrir à lui de leurs difficultés, il aura droit de répondre :

-- J'en ai vu d'autres !

Pour devenir capable de compatir à toutes les situations, que lui reste-t-il à expérimenter ? Il lui reste à quitter sa maison avec deux chemises pour bagage, allant, de-ci, de-là, chercher l'embauche. C'est ce qui arrive en février 1828. La vie n'étant pas tenable à côté d'Antoine, maman Marguerite dit au petit Jean :

-- Il faut que l'un des deux parte d'ici. Toi, qui es raisonnable, tu te feras agréer dans une autre ferme.

Et elle lui indique deux adresses : le Bausone et la fromagerie Moglia près de Moncucco. Il part à la grâce de Dieu. Au bausone, on n'a besoin de personne. Chez les Moglia, pas davantage. Il insiste :

-- Prenez moi au pair : je ne demande pas un sou.

-- D'ici jusqu'à la fin de mars, il n'y a rien à faire.

L'enfant éclate en sanglots.

-- Prenez-moi : je m'assieds par terre et je ne bouge plus.

Et sans attendre la réponse, il se met avec les autres à lier des bottes d'osier pour la vigne. La maîtresse de céans s'apitoie :

-- Si on le gardait pour trois jours ?

Et Thérèse, la soeur du patron, propose le joint :

-- Si vous lui confiez l'étable, moi je serai libre pour vous suivre aux champs.

Le patron acquiesce : le petit Jean sera vacher, il abattra une foule d'autres besognes. Entre temps, il tirera un livre de sa poche pour étudier ou il s'agenouillera pour la prière.

Deux ans il mène cette vie de valet de ferme, logeant sous le toit dans un réduit obscur, qui est une glacière en hiver, un four en été sous les tuiles surchauffées.

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Message  Arthur Jeu 23 Avr 2009, 8:41 pm

Ici, comme aux Becchi, sa personne est un centre d'attraction. Des camarades le visitent, il tient salon dans le fenil. Le recteur de la paroisse lui prête son école où le dimanche, autour de lui, se presse un auditoire enfantin qu'il instruit et divertit par des lectures et des cantiques. Les Moglia s'attachent à lui, lui fixent un salaire qu'ils augmentent peu à peu. Ils comptent le retenir dans leur cascina. Ce n'est pas son avis : l'heure viendra, il n'en doute point, où ses mains consacrées élèveront l'Hostie rédemptrice.

En attendant, il piètine sur place, il marque le pas : il en gémit devant Dieu. C'est ce qu'il explique, un matin d'hiver (décembre 1829), à son oncle Michele Occhiena rencontré par hasard sur la route. L'oncle Michele s'attendrit : il a de l'argent, lui : il s'est enrichi dans l'élevage. Son coup d'oeil est prompt, sa décision péremtoire :

- Vite ! Boucle ton baluchon. File aux Becchi.

- Mais, caro zio, tu oublies Antoine !

-- J'y serai, moi, ce soir, aux Becchi : je me charge de lui river son clou. Dis à ta mère que c'est à moi que tu obéis. Si ce n'était la foire à Chiéri, j'irais illico avec toi. Donc, à ce soir, sans faute ! fais tes politesses au patron et à la maisonnée. Et avanti ! presto ! presto !

Le coeur battait bien fort à maman Marguerite quand elle le vit arriver. Après les premières effusions :

-- Cache-toi, lui dit-elle. Antoine prétendrait que nous avons comploté ce retour en catimini.

Le petit Jean se morfondit au froid dans un fossé à attendre et ne pénétra dans la maison qu'avec l'oncle Michele.

Devant les remontrances de ce dernier, Antoine dut s'incliner. Don Calosso, consulté, fit savoir qu'il serait enchanté de retrouver son élève. il alla même plus loin, il promit de lui garantir une bourse par testament. Le petit Jean était aux anges. On vit alors la mesure d'Antoine. Avec une " butorderie " jalouse, il opposa son veto :

-- C'est moi le chef responsable. je ne veux pas que mon frère perde son temps dans les livres. quelle idée lui prend de jouer au signore ? À quoi ça sert ? je suis bien devenu gros et gras sans les lettres.

Le petit Jean repartit :

-- Et notre âne ? Il est encore plus gros que toi. Est-ce là ton modèle ?

Antoine lève le poing et se précipite ; maman Marguerite lève les bras au ciel, tandis que Jean, leste comme un écureuil, esquive les coups de l'irascible garnement.

Et c'étaient chaque jour des quolibets contre l' "apprenti-monsieur", contre le " fainéant " ; c'étaient des altercations qui risquaient d'aboutir à des voies de fait. Une décision s'imposait : exiger le partage des biens paternels. Antoine regimba tant qu'il put, arguant de la minorité de ses demi-frères. Le tribunal se prononça en faveur de Marguerite et de ses enfants qui, dès lors, vécurent entre eux dans la paix. Jean ne tarda pas à s'installer au presbytère de Murialdo (avril 1830).



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Message  ROBERT. Ven 24 Avr 2009, 5:19 pm

Saint Jean Bosco Don_bosco

Saint Jean Bosco Jeanboscomk5


VIVE SAINT JEAN BOSCO !!...
ROBERT.
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Message  Arthur Sam 25 Avr 2009, 9:21 pm

C'était le rêve. l'intimité fut renouée entre Don Calosso et son disciple. Celui-ci écrit :

Je l'aimais plus qu'un père. Je priais sans cesse pour lui. Mon bonheur était de le servir. En un jour dans son humble logis, je profitais autant qu'en une semaine aux Becchi.

O joie trop douce et trop courte qui devait finir par un coup de foudre !

Un matin de novembre 1830, Jean est allé aux Becchi se ravitailler en linge frais. Il a couru sur le chemin pour sauter plus vite au cou de maman Marguerite :


-- Ainsi, figlio mio, tu es content ?

-- Contentissimo, Don Calosso è tanto buono !

Soudain on frappe à la porte. Qui va là ?

C'est un messager de malheur :

-- Don Calosso vient d'avoir une attaque. Il ne veut pas mourir sans revoir le petit Jean.

Au pas de course, le petit Jean retourne à Murialdo.

Déjà la parole manque au moribond ; il ne pourra ni écrire ni dicter ses dernières volontés. mais, toujours lucide, il fouille sous l'oreiller, en retire une clé et, la tendant vers le coffre-fort, il fait signe à Jean de la prendre, d'un geste qui veut dire :

-- La bourse que je t'ai promise, elle est là dedans. Tu n'auras qu'à te servir

Jean n'ignore pas que le coffre-fort contient six mille francs.

Cependant lorsque, deux jours après (21 novembre 1830), Don Calosso ayant expiré, les héritiers se souviennent de lui, il leur remet la clé sans réclamer un centime et, tandis que les autres palpent, il s'occupe tout seul à pleurer le défunt.

Pour la seconde fois, le petit Jean est orphelin.

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Message  Arthur Dim 26 Avr 2009, 7:30 pm

Cette mort le prive de professeur en pleine année scolaire. Il aura bientôt seize ans. Où le recevra-t-on ?

A Castelnuovo, Don Moglia donne des cours de latin ; mais n'est-ce pas trop loin ? Pour y aller deux fois par jour, il faudrait abattre vingt kilomètres. Cet effort n'est pas pour effrayer notre héros ; le sacerdoce vaut cela et plus encore. Il ne craint pas d'user ses jambes ; il craint d'user ses souliers. C'est pourquoi il les quitte et, comme fera plus tard un autre élu du Seigneur entre Riese et Castelfranco, il les attache avec une ficelle et les jette sur l'épaule comme une besace. Quel contraste d'abîme et quel thème à méditations suggestives, où Bossuet eut aimé à relever dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines : Bosco, le futur père d'un peuple, et Sarto, le futur Pape, marchant pieds nus pour épargner leurs chaussures !

Castelnuovo, c'est la ville c'est la civilisation. Quand Don Moglia voit s'installer au pupitre ce Becchien de seize ans, il le classe d'emblée parmi les croûtards. Il parcourt à peine ses devoirs que d'avance il note comme nuls. Il crie au scandale lorsqu'un jour de composition Bosco lui demande de concourir avec la section supérieure ; il branle la tête, il raille :

-- Tu oublies d'où tu sors. Va aux nids, aux champignons, garde les oies. Le latin, ce n'est pas pour toi.

-- Au moins, permettez-moi d'essayer . . .

-- A ton aise. Mais je ne corrigerai pas ton gribouillage . . .

L'écolier s'applique et lui apporte la version achevée. Don Moglia la repousse du bout des doigts. La classe entière s'indigne :

-- Lisez toujours. Montrez les fautes.

Le professeur s'exécute en haussant les épaules. Il lit, écarquillant les yeux, épluchant ligne par ligne. Pas moyen de dénicher un contre-sens. Alors fixant sur l'élève des regards de reproche, il l'apostrophe sévèrement :

-- Sur qui as-tu copié, vilain tricheur ?

Les voisins protestent ;

-- Sur personne. Comparez nos devoirs.

-- Un peu sur l'un un peu sur l'autre, il a certainement copié. Vous ne vous en êtes pas aperçu.

Il était dans le plan divin que ce futur éducateur devait tout connaître d'expérience, même l'injustice d'un professeur.


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Message  Arthur Lun 27 Avr 2009, 8:07 pm

Laissé de côté, il ne progresse guère. Par contre, comme pour lui éviter des randonnées journalières, maman Marguerite lui a trouvé un logeur, à qui elle paye la pension en nature. Roberto Giovanni, tailleur de profession et amateur de musique, il ne néglige pas l'occasion d'apprendre le chant et la couture. Ce futur fondateur de tant d'écoles d'apprentissage ne devait-il pas lui-même être de la partie ?

Les vacances le ramenèrent chez lui. Il aide maman Marguerite et Joseph à cultiver la métairie de Sussambrino, non loin des Becchi, qu'ils ont prise en fermage. Il conduit les bêtes aux pacages, il se retire, pour repasser ses grammaires, dans la vigne de Turco, un voisin.

Un matin d'août, Turco l'aperçoit qui fait des cabrioles :

-- Qu'as-tu Jeannot ? As-tu gagné le gros lot ?

-- Felicissime notizie ! (Excellentes nouvelles).

-- Raconte voir.

-- J'ai rêvé cette nuit . . . Oh ! le beau rêve !

Intriguée, la femme de Turco flaire quelque secret alléchant :

-- Dis-le à nous, Jeannot, rien qu'à nous.

-- Voilà ! Une Dame de haute taille s'est avancée vers moi à la tête d'un troupeau immense, m'appelant par mon nom, elle m'a confié son bercail tout entier. Je lui ai répondu : " Comment pourrais-je prendre soin de tant d'agneaux et de brebis ? Où trouverai-je assez de pâturages ? Elle a répondu : " Ne crains rien, je t'assisterai. "

Et sur cette parole la Dame a disparu.

Le petit Jean triomphe; la certitude intérieure, produite par sa vision, déborde sur ses traits en allégresse. Turco demeure sceptique :

-- Un rêve, c'est toujours vague. Sais-tu ce que veut dire le tien ?

-- Il veut dire que je serai prêtre un jour et que je m'occuperai d'enfants, de beaucoup d'enfants. J'en suis sûr.

Et fou de joie, le petit Jean pique la tête et se met à trotter sur les mains.

À ce récit des époux Turco narré à Don Lemoyne correspond cette allusion laconique des Mémoires du Saint : J'eus à seize ans un autre songe.

Un autre songe qui confirmait le premier appel formulé dès la neuvième année : Jean Bosco sera berger en chrétienté, le bon berger des Jeunes.

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Message  Arthur Mar 28 Avr 2009, 8:40 pm


On quête pour le trousseau. Don Bassano, curé de Castelnuovo, glâne les dons de quelques hobereaux. Le petit Jean recueille, parmi ses connaissances des Becchi et de Murialdo, quelques mesure de mil, de sarrazin et de blé, quelques livres de fromage et de beurre. Ces contadins sont pauvres mais ils comprennent qu'une vocation ecclésiastiques mérite une contribution commune des fidèles. Avec les bénéfices de la vente, on l'équipe en collégien.

On part le 3 novembre 1831, sur la charrette d'un paysan qui a offert le transport gratuit. A côté de la malle, on a chargé de la farine et du maïs que l'on troquera au marché contre livres, cahiers, plumiers. On a chargé aussi cinquante kilos de grain, douze litres de mil, destinés à l'acquittement des premiers frais de la pension.

A Chieri, il séjournera dix ans ; quatre ans comme collégien, six ans comme séminariste. Durant les quatre premières années, il suit les classes et . . gagne sa subsistance par des corvées serviles. Il est hébergé deux ans par la veuve Lucia Matta, qui, ayant d'abord réclamé vingt et une lires par mois, se contente bientôt des services de ménage qu'il lui rend. La troisième année, il trouve gîte et le couvert chez l'aubergiste Pianta qui l'emploie comme garçon de café. La quatrième année, il obtient le logis à huit lires par mois chez Thomas Cumino.

Un proverbe conseille : " Apprends le métier et mets-le en réserve : Impara l'arte et mettila da parte ". Bosco, qui ne perd pas une seconde, s'applique aux études, à la piété, se prodigue comme domestique, et, en outre, s'exerce à la menuiserie, à la cordonnerie, à la pâtisserie et à la confiserie ; il travaille même à la forge. Il dose à merveille les liqueurs, il réussit les gâteaux, les tartes, les crèmes à la glace, les pezzi duri. Il fabrique des meubles et ressemelle les souliers.

Il ne mange pas toujours à sa faim. Un de ses amis, Joseph Blanchard, s'en aperçoit : il en réfère à sa mère, négociante en fruits et denrées. Celle-ci envoie à Jean ses plus belles pommes et lui fait dire :

-- Vous nous le rendrez au centuple en priant pour nous.

Dans ses mémoires, Jean Bosco déclare que " son aventure la plus fortunée " fut de tomber sur un bon confesseur, un chanoine de la cathédrale du nom de Maloria, qui le poussa à s'approcher souvent de la Table sainte. Ils étaient rares, à cette époque à peine désintoxiquée du jansénisme, les prêtres qui autorisaient la communion fréquente

-- A celui-là, affirme-t-il, je suis redevable d'avoir échappé à certains désordres que les jeunes gens sans expérience ont, hélas ! à déplorer dans certains grands collèges.


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Message  Arthur Jeu 30 Avr 2009, 8:56 pm

Ses progrès scolaires sont rapides. Admis en novembre 1831 en préparatoire, il monte deux mois après, en première gymnasiale ; deux mois après (Pâques 1832), en seconde gymnasiale. En le voyant débuter dans sa classe au troisième trimestre, le professeur Cima s'écrie :

-- Celui-là, c'est une taupe ou . . un as !

Il le reconnut bien vite pour un as, à cette anecdote révélatrice :

On traduit la Vie d'Agesilas. Or, Jean a oublié son Cornélius Népos. Comment éluder la réprimande ? Il étale sur le pupitre sa grammaire latine, et, feignant de lire, il enregistre mentalement le texte lu par le maître et ses explications. Autour de lui, on se pousse du coude, on étouffe des rires.

-- Qu'est-ce qu'il y a ? interroge Don Cima.

Tous les élèves regardent Bosco.

-- Bosco, levez-vous. Faites la construction et répétez les explications.

Bosco se dresse et, les yeux rivés sur sa grammaire, redit le texte et les commentaires. Ses condisciples ne retiennent pas des oh ! et des ah ! d'admiration. A la fin, ils applaudissent. Le professeur se fâche, il fonce sur Jean la main levée ; celui-ci esquive le coup en baissant la tête :

-- Qu'y a-t-il ? Me direz-vous enfin ce qu'il y a ?

-- Il y a, dit quelqu'un que Bosco lit Cornélius sur sa grammaire.

-- Nous verrons bien. Continuez.

Imperturbable, Bosco traduit, explique deux autres périodes.

-- Basta ! conclut Don Cima. A cause de votre mémoire, je vous pardonne ; elle vaut une fortune. N'en usez jamais que pour le bien.


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Message  Arthur Ven 01 Mai 2009, 9:09 pm

Sa facilité n'a pas d'égale. Il ne distingue pas entre retenir par coeur et lire ou entendre une lecture. Avare de sommeil, il étudie les deux tiers de la nuit, de sorte que, durant les moments libres de la journée, il s'adonne sans inconvénient à des apprentissages manuels, à des leçons privées dont il touche les honoraires. Au rythme d'un volume par jour qu'un libraire juif lui prête pour un sou, il épuise les classiques italiens. Pendant sa quatrième gymnasiale, ce sont les latins qu'il dévore. L'heure du lever le surprend quelque fois sur un chapitre de Tite-Live ou de Quinte-Curce. Sa mémoire phénoménale ne s'affaiblira jamais. Jusque dans l'extrême vieillesse, il récitera des chants entiers de la Divine Comédie, de la Jérusalem délivrée, des scènes de Métastase.

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Message  Arthur Sam 02 Mai 2009, 9:00 pm

Subjugués par son charme, les meilleurs camarades se rallient autour de lui. Il fonde la Société de la Belle Humeur dont les membres s'engagent à se montrer partout étudiants exemplaires, chrétiens fervents, à semer la gaieté saine.

Il est le bout-en-train des jeux, fêtes, séances récréatives. Il joue du violon, il chante à ravir, il excelle dans les impromptus poétiques. Il imagine des passe-temps gymniques : ployant son corps tel un arc en plein cintre, il n'appuie sur le sol que du vertex et des talons ; il baise la terre en gardant ses poignets derrière le dos. Il a le génie de la farce, opère des subtilisations et des substitutions fantastiques. A l'ébahissement des convives, le chapon rôti se met à cocoriquer, les noix du dessert se changent en graviers. Ces mystifications et bien d'autres lui valent d'être accusé de magie devant le chanoine Buzio, archiprêtre de la cathédrale. Il se disculpe en révélant quelques-uns de ses trucs où le diable n'entre pour rien.

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Message  Arthur Mar 05 Mai 2009, 6:47 am

Le dimanche et les fêtes, il conduit la Société de la Belle Humeur aux offices et au catéchisme chez les Jésuites de Saint-Antoine. Mais voici qu'un saltimbanque lui accapare sa clientèle. Bosco le prie de ne pas exécuter des jongleries pendant les exercices pieux. L,amuseur public répond par des insultes et des fanfaronnades. Il ne soupçonne pas qu'il outrage un rude jouteur. Bosco le défie à la course, au saut, à la danse de la baguette, au mât de cocagne.

A la course, le saltimbanque abandonne la partie dès le milieu du trajet ; vingt francs de perdus. Au saut, il en est pour quarante francs. Mais il se croit sûr de la revanche ; il coiffe une baguette d'un chapeau, la tient droite sur la paume, l'expédie sur l'auriculaire, la promène de doigt en doigt, la cueille sur le revers de la main, l'envoie sur le coude, sur l'épaule, sur le menton, sur les lèvres, sur le nez, sur le front. Il s'agit maintenant de la reconduire au point de départ. Déjà la voici sur les lèvres. Avec une dextérité de virtuose, il lui imprime un mouvement giratoire. Soudain, patatras ! elle tombe. Qu'est-il survenu ? Le saltimbanque a le nez trop long ; il y a eu un accrochage et ce sont quatre-vingts francs de perdus.

Trois fois battu, le saltimbanque joue sa dernière carte ; il choisit en guise de mât de cocagne un orme gigantesque : cent francs à qui grimpera le plus haut ! Le premier, il atteint la cime sans encombre. Fier de sa prouesse, il jette à son rival :

-- Pour monter plus haut, il faudrait escalader le vide.

A son tour, Bosco se hisse au sommet. On crie : " Partie nulle ! " Trop tôt jugé, car, à l'encontre la croyance commune, Bosco trouve le moyen de s'élever dans le vide. Etreignant la tête de l'arbre, il dresse les pieds en l'air au-delà de l'extrême pointe. L'assemblée, jusque-là haletante de peur, éclate en applaudissements frénétiques. le saltimbanque penaud verse les cent francs. mais Bosco lui remet l'enjeu à deux conditions : qu'il paye un dîner aux Compagnons de la Belle Humeur et qu'il raye à jamais Chieri de ses itinéraires.

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Message  Arthur Mer 06 Mai 2009, 6:26 am

Parmi ses condisciples, quelques-uns, étant Israélites, s'absentent de la classe le jour du Sabbat. Bosco, gentiment, leur prête ses notes, afin qu'ils puissent faire le devoir. L'un de ceux-là, Jonas, subit des brimades, Bosco le défend, noue avec lui des relations intimes, lui parle avec chaleur de la foi chrétienne et, conquête du prosélytisme amical, le convertit au Christ

Jean Bosco a dix-huit ans lorsqu'il est confirmé (4 août 1833).

Pour peu qu'il séjourne ici ou là quelques semaines de vacances, il s'entoure d'enfants. ce qu'il sera plus tard, il l'est déjà dans son étroite sphère, le charmeur des jeunes, leur professeur bénévole, leur guide vers Jésus. Il prend des leçons supplémentaires chez le vicaire de Castelnuovo. Celui-ci lui confie son cheval à promener, ce qui permet à notre gymnaste de s'exercer à l'équitation. Il y excelle bientôt comme un écuyer de cirque, au point de se tenir debout sur la monture pendant qu'elle trotte. A la ferme de Sussambrino où il revient chaque année, il a installé une table à ouvrage de tailleur, un saint-crépin de cordonnier, un établi de menuisier et une forge. Selon les besoins, il se livre à l'un ou à l'autre de ces métiers.

En fréquentant chez les Franciscains de Chieri, l'idée lui vient d'entrer chez eux. Maman Marguerite le laisse libre :

-- Je ne veux pas que le souci de mes vieux jours pèse sur ton avenir. De toi je n'attends rien, sinon que tu fasses ton salut éternel. Si d'aventure tu devenais un curé riche, je n'irais pas te faire une seule visite.

Jean Bosco se voit admis chez les Mineurs Réformés (18 avril 1834). Mais son ami Don Joseph Cafasso, lui conseille de mûrir sa détermination :

-- Entrez d'abord au Grand Séminaire. Vous verrez après.

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Message  Arthur Ven 08 Mai 2009, 5:17 am

Ainsi fut fait. Don Luigi Guala, fondateur et directeur du Convitto ecclésiastique de Saint-François d'Assise à Turin, assura la pension. Maman Marguerite quêta pour le trousseau, un bienfaiteur paya la soutane, un autre le manteau. Et le 25 octobre 1835, en pleine église de Castelnuovo, Jean Bosco revêtit les livrées cléricales.

Ce même jour, pour ne pas contrarier son curé, il assista aux réjouissances, repas et jeux, d'une vogue voisine. Le lendemain il notait ces résolutions :

1. Fuir les spectacles des champs de foire, des théâtres, des bals. N'accepter à dîner que s'il est impossible de décliner l'invitation.

2. Ne plus se livrer aux tours d'escamotage, d'acrobatie, de prestidigitation, ni à la chasse, ni aux agréments du violon : toutes distractions qui jure avec la gravité ecclésiastique.

3. Vivre dans la retraite et dans l'abstinence. Ne céder au sommeil que les heures indispensables.

4. Raréfier les lectures profanes au bénéfice des lectures saintes.

5. Repousser coûte que coûte toute lecture, pensée. parole ou action contre la chasteté. Ne pas négliger aucune précaution, même de détail, pour préserver cette vertu.

6. Ajouter chaque jour aux exercices de piété une lecture spirituelle.

7. Trouver chaque jour le moyen de glisser dans la conversation un trait ou une maxime édifiante.

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Message  Arthur Lun 11 Mai 2009, 8:41 pm

Le soir du 29 octobre, qui précéda le départ pour le Grand Séminaire, maman Marguerite tremblait d'une angoisse proprement sacerdotale. Jamais émoi plus pur et plus noble ne bouleversa le coeur d'une femme. Ecoutons-la :

-- Mon cher Jean, tu viens de prendre la soutane. J'en éprouve autant de consolation et de fierté qu'il est possible à une mère d'en éprouver touchant le bonheur de son fils. Mais rappelle-toi bien que ce n'est pas l'habit qui honore ton état ; c'est la vertu dont il est l'insigne. Si tu venais à douter de ta vocation, oh! de grâce ! ne déshonore pas cet habit. Quitte-le sans tarder. J'aime mieux avoir pour fils un pauvre paysan qu'un prêtre relâché. Je t'ai, dès le berceau, consacré à la Vierge. Au commencement de tes études, je t'ai recommandé d'invoquer la Madone. Aujourd'hui je te conjure de te donner à elle sans réserve. Parmi tes compagnons, aime davantage les serviteurs zélés de Marie. Et si tu montes en chaire, propage sa dévotion.

Jean Bosco pleurait pendant ce discours. Jamais larmes plus tendres ne mouillèrent les yeux d'un fils.

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Message  Arthur Mer 13 Mai 2009, 5:50 am

Au Grand Séminaire de Chieri, il étudie six ans (1835-1841), deux ans de philosophie , quatre ans de théologie.

Les lauriers qu'il s'adjuge ne sont pas seulement académiques ; ils comportent parfois une récompense tangible, une somme d'argent ou la remise de tant de mois de pension. En triomphant au concours, Jean allège d'autant les charges pécuniaires de ses bienfaiteurs. Il manifeste surtout le goût de l'histoire. Il lit et retient les auteurs du jour, Fleury, Henrion, Rohrbacher. La note la plus basse qu'il ait obtenue pendant ces six ans fut un presque très bien. Jugez par là des autres.

Parmi ses intimes, Louis Comollo se distingue entre tous par ses vertus Les mauvais plaisants l'accablent parfois de sévices ; mais Bosco est là pour dompter ces brutaux.

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Message  Arthur Ven 15 Mai 2009, 6:22 am

Une fois, survenant en étude, il aperçoit Louis et un autre aux prises avec une bande d'agresseurs plus grands. A cette vue le sportif se réveille, son sang bouillonne, il empoigne l'un de ces énergumènes par les épaules et se sert de lui comme une massue. Quatre assaillants s'effondrent sous les moulinets formidables, les autres fuient. Là-dessus, entre le professeur qui se jette dans la mêlée et distribue des claques à droite et à gauche. L'orage menace de tomber sur Bosco. Le professeur n'admet pas ses explications ; il ne croit pas que Jean manie un homme comme un bâton. Il faut, pour le convaincre, reconstituer sous ses yeux la scène épique. La démonstration fut péremptoire et, au lieu de punir, le professeur admira la vigueur stupéfiante de ce nouvel Eviradnus.

En tête à tête, Louis dit à Jean :

-- Ta force est redoutable ; mais, crois-moi, Dieu ne te l'a pas donnée pour massacrer les camarades. Il commande le pardon, même à qui nous cause du tort.

Bosco s'humilie, il reconnaît sa faute et se rappelle la voix du songe :

-- Non par les coups, mais par la mansuétude.

Comollo fut pour Jean comme un autre lui-même plus parfait et attentif à le corriger, Bosco écrira : " Si j'ai persévéré, c'est à lui que je le dois. " Quoique mineur, Comollo observe le Carême entier, jeûne tous les samedis de l'année. Sa maîtrise de soi est au-dessus de son âge. Un forcené lui ayant asséné deux gifles, il se contente de répondre :

-- Cela te suffit ? Eh bien, je te pardonne.

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