Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux.

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Message  Louis Lun 31 Oct 2022, 06:37


Aux Glaces Polaires

CHAPITRE V: La lutte pour la vie.

Pêches d’automne et d’hiver.

SUITE

Relisons ce fragment d’une lettre adressée à une bienfaitrice de France, après la pêche de l’automne 1898, par le Père Lecorre, supérieur de la mission de la Providence, sur le fleuve Mackenzie. Tout y est contenu:

...Je ne sais ce que l’année qui va s’ouvrir nous réserve à nous dans cette mission. Mais la fin de celle-ci m’apporte bien des soucis. C’est vite fait, à Bordeaux, de trouver, moyennant quelques sous, le morceau de pain qui défraiera le repas du jour. Mais ici il faudrait faire quelque cent lieues avant de nous le procurer. Notre ressource principale est dans l’eau du lac et des grands fleuves qui s’en épanchent; et, l’automne, nous mettons nos filets de pêche dans les bassins propices afin de prendre, dans quelques semaines, assez de poissons pour passer l’hiver. Généralement la glace ne vient interrompre cette pêche que vers la fin d’octobre. Mais cette année, dès la fin de septembre, elle est venue nous jouer le plus vilain tour du monde. Une violente bourrasque du Nord, accompagnée de tourbillons de neige, l’a apportée au galop, la brisant, la reformant à mesure, et finissant par emporter, à la merci des vagues furieuses et des glaçons, la plus grande partie de nos filets. Que faire? Outre la perte énorme de ces engins de pêche, nous n’avions pas encore le tiers du poisson qu’il nous faut. Nous nous disions, pour nous encourager, que ce froid prématuré ne persisterait pas et que l’été indien, comme on dit ici, reviendrait nous permettre d’utiliser ce qui nous reste encore de filets. Hélas ! vain espoir ! le fleuve a continué de charrier des glaces; la neige s’est accumulée au lieu de fondre; et nous voilà réduits à pêcher, presque tout l’hiver, sous la glace.

La pêche sous la glace: cela est bien vite dit, et, en France, on ne conçoit guère ce qu’il y a de fatigues et de souffrances, sous ces quatre petits mots: pêcher sous la glace.

D’abord, il faut aller bien loin; car le poisson, en hiver, se réfugie dans les profondeurs des grands lacs; et la moindre distance d’ici, pour l’atteindre, est au moins deux jours de marche. Voilà donc deux de nos bons Frères obligés d’aller séjourner durant quatre à cinq mois loin de nous, sous une tente de peau. S’ils avaient encore du bois à discrétion pour résister, par un bon feu, à des températures de 35 à 40° de froid ! Mais non; ils vont se rendre dans une île bien dépourvue sous ce rapport.

Puis, quel travail, et même, peut-on dire, souvent quel martyre, de se tenir, le jour entier, par des froids pareils, sur une plaine de glace immense et à découvert, exposés à des vents glacés et à des poudreries de neige aveuglantes; de creuser des bassins dans une glace de quatre, cinq et six pieds d’épaisseur, bassins qu’il faudra refaire le lendemain, car le froid de la nuit se chargera bien de les refermer; d’avoir des heures et des heures, les mains nues dans l’eau et la glace, tandis que les pieds restent immobiles dans la neige; ce qui occasionne parfois des douleurs intolérables !

Et puis, ce poisson que l’on prend au prix de tant d’épreuves, il faut bien le rendre ici. Encore deux frères et deux traîneaux à chiens continuellement en route à cet effet: quatre jours de marche à la raquette. Ce ne sont pas des voyages d’agrément dans ces rigueurs de la saison. Les hommes endurent de grandes fatigues, et les chiens encore plus: qu’ils gagnent bien la triste pitance qu’on leur réserve pour chaque soir en voyage ! Encore, Dieu soit loué si la pêche réussit dans ces conditions ! Mais parfois le poisson manque dans ces rudes hivers. Et alors !... Comprenez-vous cet alors de souci pour le pauvre père de famille ? N’avoir rien pour calmer la terrible faim des siens ! Heureusement, nous avons affaire à la divine Providence, et nous pouvons toujours avoir recours à la prière, à celle surtout de nos chers petits enfants. Notre bon Père du ciel ne nous délaissera pas...


Oui, la prière, prière des petits enfants, prière des sœurs de la Charité…

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Message  Louis Mar 01 Nov 2022, 07:03


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CHAPITRE V: La lutte pour la vie.

Le Travailleur invisible.

Oui, la prière, prière des petits enfants, prière des sœurs de la Charité, prière du missionnaire, voilà le refuge suprême de la confiance courageuse et le dernier secret du triomphe de nos missions polaires, dans la lutte pour leur subsistance.

Elles furent spécialement confiées, ces prières, à saint Joseph, père nourricier du divin Ouvrier et des pauvres. C’est lui que le vicaire apostolique du Mackenzie a nommé son Procureur en Chef. C’est en son honneur que sont chantées les messes d’actions de grâces pour tous les bienfaits.

Et jamais saint Joseph ne trompa la prière de ses enfants du Nord. Il se fit leur providence. Il apporta sans cesse le nécessaire, et souvent un peu de superflu. Il lui arriva de se cacher, comme pour laisser mieux voir que tout était humainement perdu; mais il reparut toujours, à l’heure critique, ne reculant même pas devant le miracle, s’il fallait le miracle...

N’est-ce pas un miracle permanent déjà que de tous nos missionnaires, de nos religieuses et de nos orphelins, nul ne soit mort de faim, en ces trois quarts de siècle?

Qu’il soit donc béni, le grand Travailleur invisible de nos missions glaciales !

L’une des dernières interventions merveilleuses du saint Pourvoyeur, que nous avons apprise, sauva d’une famine imminente l’orphelinat Saint-Joseph, du fort Résolution, sur le Grand Lac des Esclaves. Elle date du  mois de mars 1917.

La pêche de l’automne avait été insuffisante, et la chasse à l’orignal, sur laquelle on compte toujours un peu pour « combler les vides », avait fait entièrement défaut, tout l’hiver.

Aux caribous (rennes), il ne fallait pas songer. Leurs troupeaux ne fréquentaient plus, depuis des années, ces parages du Grand Lac. De plus, c’était l’époque de leur retour à la mer Glaciale. Des sauvages arrivés de l’est du lac, à 500 kilomètres du fort, avaient dit que les bois favoris des rennes pour leur hivernement étaient désertés.

La pêche sous la glace n’avait jamais été si misérable. Les frères Kérautret et Meyer, qui étaient allés se loger sur un îlot lointain, avaient pris quatre truites en dix jours, avec leurs 70 hameçons tendus ensemble, sur un long espace, dans l’eau profonde. La visite de ces hameçons avait même failli être fatale au Frère Meyer. S’avançant, un matin, dans la brume qu’écrase toujours un froid de plus de 40 degrés centigrades, il n’aperçut pas une large crevasse qui s’était formée pendant la nuit et il y tomba. Il ne dut son salut qu’au long manche d’un outil, destiné à creuser des bassins, qui se posa en travers sur la glace, et auquel il se trouva suspendu par les mains.

Cependant les réserves achevaient de s’épuiser…

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Message  Louis Mer 02 Nov 2022, 06:30


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CHAPITRE V: La lutte pour la vie.

Le Travailleur invisible.

SUITE

Cependant les réserves achevaient de s’épuiser. Cent orphelins, dix sœurs et autant de pères et frères ressentaient les premiers tiraillements de la faim.

Un soir, le Père Duport, supérieur de la mission, n’en pouvant plus d’inquiétude, alla au réfectoire, où il trouva les enfants attablés autour de petits morceaux rôtis des derniers poissons. Prenant l’air mécontent, il dit:

— Mes enfants, si nous sommes dans la misère ce n’est pas la faute de nos Frères: ils ont tout essayé; ni de vos bonnes Sœurs: elles ont tout sacrifié pour vous. C’est votre faute, à vous !

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 5 P_12710

Plusieurs crurent qu’on leur reprochait de manger trop et se mirent à sangloter.

— Ce n’est pas cela, reprit le Père supérieur. Si je suis fâché, très fâché, c’est que vous ne priez pas saint Joseph avec assez de ferveur. Voilà ce que je veux dire.

Sur cette explication, tous les petits se lèvent et promettent de prier « de toutes leurs forces ».

La Sœur supérieure, mise en demeure de fixer le nombre des caribous, répond qu’il en faut cent, pas un de moins.

— Eh bien, mes enfants, à genoux !

Une nouvelle neuvaine commence, séance tenante, pour sommer saint Joseph de procurer les cent caribous.

Le surlendemain, c’était la fin des vivres…

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Message  Louis Jeu 03 Nov 2022, 06:18


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CHAPITRE V: La lutte pour la vie.

Le Travailleur invisible.

SUITE

Le surlendemain, c’était la fin des vivres.

Le Père Duport fit venir les deux chasseurs engagés de la mission:

— Attelez tout de suite vos chiens, et partez.

Les sauvages haussèrent les épaules:

— Mais tu sais bien comme nous, Père, qu’il n’y a rien, plus rien. C’est impossible.

— Partez, vous dis-je. Allez nous tuer cent caribous, pas un de moins. Saint Joseph nous les doit, puisqu’il nous les faut et que nous les lui demandons. Il vous les enverra.

Tout à fait certains qu’ils allaient à un échec, mais payés pour cela, les deux hommes partirent.

Ils n’avaient pas marché deux jours, courte distance pour nos pays, qu’une armée innombrable de rennes débouchait sur le lac, devant eux, et venant de l’est, à l’encontre de toutes les lois suivies, de mémoire d’Indien, par ces animaux nomades.

Abasourdis de voir si subitement, et en ces lieux, plus de caribous qu’ils n’en avaient jamais rencontrés à la fois, les chasseurs se ressaisissent, se mettent en position, et procèdent à l’exécution de la bande, qui détale sur le flanc. Un renne tombait, et deux parfois, à chaque balle de leur puissante carabine. Le troupeau dispersé, les Indiens s’en furent compter les morts.

Il y en avait cent trois.

C’était au moment même où les sœurs et leurs orphelins, réunis à la chapelle pour la neuvaine, suppliaient saint Joseph, « dans une prière à fendre l’âme », de donner vite les cent caribous, pas un de moins.

Le Père Duport, qui nous rendit compte lui-même de ce « haut fait » du cher saint du Mackenzie, finissait par cet avis, auquel c’est notre bonheur de nous conformer toujours:

« Si vous avez quelquefois un petit mot à adresser à vos auditeurs sur la puissance et la bonté de saint Joseph, n’oubliez pas de nous citer en exemple, car je suis persuadé, et ce n’est pas d’aujourd’hui, que c’est lui qui nous soutient et nous fournit largement tout ce qui est nécessaire à notre subsistance, dans ce vaste désert glacé. Nous l’avons prié souvent dans nos différentes entreprises; et, à sa gloire, je dois dire que nous avons toujours été exaucés. »

A suivre : Chap. VI. L’heure de Dieu.

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Message  Louis Ven 04 Nov 2022, 07:05


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CHAPITRE VI

L’HEURE DE DIEU

1845. — Les pionniers de l’apostolat. Mgr Provencher. M. Thibault dans le Nord. Le rendez-vous du Portage la Loche. Fondation de la mission de l’Ile à la Crosse. La scène du Portage, décrite par M. Thibault. Les précurseurs du missionnaire. Les Métis. Le Patriarche Beaulieu. Du Diable à Dieu. Larmes de M. Thibault. Les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée

1845.

L’heure de Dieu pour la conversion de la nation Dénée sonna en 1845. Ce fut M. l’abbé Jean-Baptiste Thibault qui répondit à son appel.

La rencontre des représentants de toutes les tribus de l’Extrême-Nord avec le missionnaire eut lieu au Portage la Loche. Elle dura six semaines.

M. Thibault était l’un des douze prêtres séculiers qui furent …

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Message  Louis Sam 05 Nov 2022, 06:49


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Les pionniers de l’apostolat.

M. Thibault était l’un des douze prêtres séculiers qui furent les pionniers de l’apostolat dans le Nord-Ouest, et qui eurent pour champ d’évangélisation un territoire dix fois plus grand que la France. (1)

Ces douze apôtres, recrutés dans l’Eglise de Québec, de 1818 à 1844, par Mgr Provencher, premier évêque de Saint-Boniface, méritent d’être inscrits à la tête de tous les vaillants qui doivent passer sous nos yeux, avec nos pages: Sévère Dumoulin, Destroismaisons, Harper, Boucher, Poiré, Demers, Belcourt, Thibault, Mayrand, Darveau, Laflèche, Bourassa. (2)

En 1891, le Canada célébrait le cinquantième anniversaire de l’arrivée des Oblats de Marie Immaculée dans le Nouveau-Monde, Mgr Taché, parlant au milieu des solennités tenues à Montréal, s’écria:

« — Les Oblats ont beaucoup travaillé dans les pays qui se nomment aujourd’hui Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie. Mais ils n’y sont pas seuls. Ils n’y ont même pas été les premiers. Tous, nous y avons été devancés par d’admirables ouvriers évangéliques, membres du clergé séculier, qui ont porté bien haut et bien loin la bannière sacrée du salut dans ces contrées, alors qu’elles étaient du plus difficile accès et des plus inhospitalières. Ces nobles pionniers de la foi ont été nos devanciers, nos modèles; et, je suis heureux de le dire, ils continuent d’être nos compagnons; ils sont nos amis et nos collaborateurs. »

Mgr Provencher…
__________________________________________________________________________________________

(1) Quatre Pères Jésuites étaient venus dans ces pays, au XVIIIe siècle. Mais ils n’avaient guère pu exercer leur ministère au delà des deux forts-de-traite qui leur donnèrent asile. Ces missionnaires, qui se succédèrent, par intervalles, de 1732 à 1751, au fort Saint-Charles (sur le lac des Bois) d’abord, et au fort la Reine (Portage la Prairie) ensuite, furent: le Père Messaiger, le Père Aulneau, qui fut tué par les Sioux à l’Ile aux massacres (lac des Bois), le Père Coquart, le Père de la Morinie.

La cession du Canada à l’Angleterre, la ruine de la Nouvelle-France, la suppression temporaire de la Compagnie de Jésus, arrivant coup sur coup, entraînèrent l’abolition de toutes les missions naissantes. L’Ouest ne revit le prêtre que soixante-sept ans après le départ du dernier Jésuite, avec Mgr Provencher.


(2) Mgr Provencher détacha bientôt (1838) M. Demers des missions de la prairie, pour l’envoyer, avec M. Blanchet, qu’il avait recruté pour cette fin, fonder les missions de la Colombie (tout le territoire situé au nord de la Californie, à l’ouest des montagnes Rocheuses). Annonçant leur départ à l’évêque de Québec, il s’écriait: « Terres de la Colombie, vous allez donc enfin retentir des louanges du saint nom de Jésus. La Croix va s’élever de rive en rive, sur un espace de mille lieues, que vont parcourir ces deux apôtres pour arriver à leur destination; et la parole de Celui qui a dit que ce signe adorable attirerait à lui tous les hommes va se vérifier à l’égard des pauvres tribus errantes vers lesquelles ils sont envoyés ! »

Le 10 octobre 1838, ils célébrèrent le saint sacrifice sur le point le plus élevé des montagnes Rocheuses. Ils arrivèrent à Vancouver, le 24 novembre, après un voyage de quatre mois et quatorze jours, depuis Saint-Boniface. Mgr Provencher avait vu en eux deux futurs évêques. M. Blanchet fut, en effet, nommé vicaire apostolique de l’Orégon en 1848; et M. Demers, évêque de Vancouver (Victoria), en 1847.



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Message  Louis Dim 06 Nov 2022, 05:22


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Mgr Provencher.

Mgr Provencher, le premier de ces pionniers de l’Ouest, avait abordé à la Rivière-Rouge, dans la localité devenue Saint-Boniface et Winnipeg, le 16 juillet 1818.

Il arrivait, simple prêtre, envoyé par Mgr Plessis, évêque de Québec, unique diocèse du Canada. M. Dumoulin était son compagnon.

Mgr Plessis répondait à la prière d’un Lord protestant, chef de la colonie de la Rivière-Rouge: Sir Thomas Douglas, comte de Selkirk.

Le noble Lord, écossais de patrie, avait acheté le plus grand nombre des actions de la Compagnie de la Baie d’Hudson, dans l’intention de se faire octroyer par la Compagnie un terrain propice à la fondation d’une colonie pour ses compatriotes. Il obtint 256 kilomètres carrés qu’arrosaient la rivière Assiniboine et la rivière Rouge. En 1812 il installa, au confluent de ces rivières, une vingtaine de familles écossaises, qu’il vit bientôt débordées par les coureurs-des-bois et par les voyageurs engagés des deux Compagnies de fourrures, presque tous d’origine française.

Vinrent les querelles suscitées par la Compagnie du Nord-Ouest, des incendies, des épidémies, la famine.

La colonie allait sombrer dans le découragement, lorsque Lord Selkirk, comprenant que la religion catholique seule pouvait la sauver, demanda des missionnaires à l’évêque de Québec. Il fit son premier appel en 1816. Il le réitéra l’année suivante avec plus d’instances. En 1818, Mgr Plessis lui donnait M. Provencher.

Le changement souhaité s’accomplit bientôt.

«Toutes les familles, réconciliées et rassurées par la religion, reprirent le travail avec ardeur. Le pays qui jusqu’alors n’avait offert que le spectacle de la division, de la haine et de la vengeance, voyait tout à coup l’union régner entre ses habitants, sans distinction de croyances ni de races.»

Nous ne pouvons que vénérer au passage Mgr Provencher…

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Message  Louis Lun 07 Nov 2022, 06:36


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Mgr Provencher.

SUITE

Nous ne pouvons que vénérer au passage Mgr Provencher, ce grand missionnaire, grand par tous les côtés: par la stature (1), par la dignité, par la piété, par la charité, par l’énergie, par la constance, par le succès final. Disons seulement, pour ne nommer que l’une de ses vertus, qu’il embrassa d’amour la pauvreté, fondatrice de toutes les œuvres de Dieu:

Obligé de travailler son champ pour vivre, il portait des soutanes usées et rapiécées, d’étoffe grossière, dont il eût été difficile de dire la couleur. Son carrosse épiscopal était une grosse charrette à laquelle il attelait un bœuf. Plus tard, il remplaça le bœuf par un cheval. Pour siège, dans cette voiture, il prenait une chaise qu’il liait solidement avec une corde, et il cheminait ainsi à travers la prairie, allant d’une mission à l’autre. Pour chaussures, il avait de gros sabots en bois. Il aimait mieux vivre dans cette pauvreté et se priver d’une foule de choses que de retrancher un sou à ses chères missions. Un jour qu’on l’exhortait à changer sa charrette pour une voiture plus douce, tant il était vieux et fatigué, il répondit:

« — Je me suis toujours fait une règle de ne rien dépenser pour mon bien-être personnel; ce n’est pas à la veille de descendre dans la tombe que je veux renoncer à cette résolution dont j’attends tant de consolation à l’heure dernière.» (2).

De son pauvre palais de Saint-Boniface, la flamme apostolique du pieux évêque rayonna jusqu’aux confins de son diocèse. Elle embrasait d’une ardeur suppliante les appels qu’il faisait au dévouement des prêtres de Québec.

Mais il avait soin de marquer toujours qu’il ne voulait que « des hommes de choix », des « sujets d’espérance », des « planteurs de la foi ».

M. Thibault fut l’un de ces « sujets d’espérance, planteurs de la foi »…

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 5 Page_115

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(1) Grégoire XVI, surpris de l’air majestueux et bon, non moins que de la taille élevée de Mgr Provencher, disait à son entourage : « Je n’ai jamais vu un si bel évêque. »  

Le R. P. Dandurand, O.M.I. (premier oblat Canadien français, aujourd’hui, 1920, dans sa cent deuxième année) laissait, l’autre jour, échapper le même cri d’admiration spontanée : « C’était un bel évêque, mesurant six pieds et quatre pouce, sans souliers. »  Il ajoutait que cette mesure avait été prise en sa présence, à l’évêché de Montréal, en 1836. Les Cloches de Saint-Boniface, 1er septembre 1918.


(2) Les Cloches de Saint-Boniface, 15 août  1918.

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Message  Louis Mar 08 Nov 2022, 05:16


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

M. Thibault dans le Nord.

M. Thibault fut l’un de ces « sujets d’espérance, planteurs de la foi », envoyés par Québec au Nord-Ouest.

Il arriva, jeune sous-diacre, en 1833.

Il devait consacrer aux missions trente-neuf ans de sa vie sacerdotale.

En 1842, rompu au métier apostolique chez les Sauteux et chez les Cris de la prairie, il se propose lui-même à Mgr Provencher qui demande un missionnaire pour commencer l’évangélisation des sauvages des bois du Nord.

Il part à cheval, de Saint-Boniface, le 20 avril. Le 19 juin, il est au Fort des Prairies (Edmonton), à 375 lieues de Saint-Boniface:

J’ai passé le reste de l’été, écrit-il de là, parmi des nations bien méchantes qui pourraient bien quelque jour me lever la chevelure. Je n’ai qu’un homme pour m’accompagner et me guider dans mes courses. Que Dieu soit béni! S’il me juge digne de plaider sa cause, il me conservera.

En juillet, il se trouve à 64 kilomètres, à l’ouest d’Edmonton, au bord d’un lac, appelé le lac du Diable par les Cris qui le fréquentaient. Substituant à ce nom celui de la Patronne du Canada, il y établit la première mission du Nord, encore subsistante: la mission du lac Sainte-Anne.

Du lac Sainte-Anne, il pousse immédiatement jusqu’aux montagnes Rocheuses, où l’attend un autre camp de Cris.

En 1844, il visite un groupe détaché de la tribu Montagnaise dénée, et cantonné au lac Froid, à 270 kilomètres à l’est du lac Sainte-Anne.

Ce premier contact avec les Dénés le remplit de courage, et il regagne le lac Sainte-Anne, décidé à entreprendre, l’année suivante, le grand voyage au Portage la Loche. En attendant, il envoie à la nation dénée un message, la conviant à ce rendez-vous.

La nouvelle d’un accident déplorable devait lui apprendre bientôt à quel danger venaient d’échapper les bons Indiens qu’il lui tardait de donner à Dieu.

Un ministre wesleyen, M. Evans, « homme d’un zèle digne de servir une meilleure cause », avait, en 1842, et sur l’invitation de la Compagnie de la Baie d’Hudson, visité rapidement les postes du district, sans plus faire que de donner « quelques bons conseils » aux Indiens rencontrés. Son terrain ainsi reconnu, il avait lancé une lettre aux « chefs et guerriers » du lac Athabaska et de l’Ile à la Crosse, leur promettant qu’il viendrait les instruire, l’automne 1844. Beaucoup se rendirent à cette proposition. Mais le prédicant ne parut pas. Parti en canot léger, à la date voulue, avec son interprète, Thomas Assell, montagnais lui-même et fort estimé de ses compatriotes, il n’était plus qu’à trois jours de l’Ile à la Crosse, lorsque, au détour d’une rivière, il aperçut des canards et voulut les tirer. Comme il levait son fusil, le coup partit, frappant dans le dos l’infortuné Assell. M. Evans, craignant la rancune des sauvages, enterra le corps et rebroussa chemin.

M. Thibault apprenait, en même temps, que les Montagnais, émus de ce malheur, soupiraient davantage après le ministre de la vérité. Il se prépara donc avec une ardeur plus grande à la rencontre du Portage la Loche.

Nous n’avons pas oublié ce qu’était, à cette époque, le célèbre Portage la Loche…

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Message  Louis Mer 09 Nov 2022, 05:44


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Le rendez-vous du Portage la Loche.

Nous n’avons pas oublié ce qu’était, à cette époque, le célèbre Portage la Loche, « seuil de l’Extrême-Nord », « point culminant de la séparation des eaux Hudsoniennes et Arctiques ».

Sur ce plateau, tout le commerce du bassin de l’Athabaska-Mackenzie devait passer. C’était le terminus des caravanes. Celles de la baie d’Hudson, de Montréal, de Winnipeg y déposaient leurs marchandises, et revenaient sur leurs pas, avec les fourrures de l’Extrême-Nord. Celles de l’Extrême-Nord, allégées de leurs fourrures, prenaient les marchandises, et s’en retournaient les distribuer, sur la Rivière la Paix jusqu’aux Montagnes Rocheuses, et sur le fleuve Mackenzie jusqu’à l’Océan Glacial.

Chaque fort-de-traite de l’Athabaska-Mackenzie envoyait au Portage la Loche deux barges, chargées des retours des pelleteries de l’année. Ce long voyage — deux mois, depuis Good-Hope — demandait un gros équipage pour faire la touée des barques, contre le courant, toujours rapide, du fleuve Mackenzie, de la rivière des Esclaves, de la rivière des Rochers, de la rivière Athabaska et de la rivière Eau Claire enfin, laquelle aboutissait au Portage la Loche.

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 5 Page_117

Pendant plus d’un mois, le Portage devenait une Babel fourmillante de toutes les races et de toutes les tribus. Il y avait des Cris, des Sauteux, des Maskegons: tous de la nation Algonquine, et venant de l’est ou du sud. Il y avait des Loucheux, des Peaux-de-Lièvres, des Esclaves, des Flancs-de-Chiens, des Couteaux-Jaunes, des Castors, des Montagnais, des Mangeurs de Caribous: tous de la nation Dénée et venant du nord. Parmi ces Peaux-Rouges, allaient et venaient quelques commerçants affairés.

En cette année de grâce 1845, la foule du Nord était plus nombreuse que jamais, car ayant appris que « l’homme de la prière », « la robe noire », « le priant Français », le prêtre de la vraie religion, cette fois, serait là, plusieurs sauvages du lac Athabaska et du Grand Lac des Esclaves avaient formé une flottille spéciale de canots d’écorce. Tous ces Indiens, engagés de la Compagnie ou gens libres, avaient poussé barges et pirogues, avec un entrain inconnu, vers le rendez-vous marqué.

A ce rendez-vous, l’homme de la prière, M. Thibault, arriva le premier.

Parti du lac Sainte-Anne, au lendemain des fêtes de Pâques 1845, il s’arrêta à l’Ile à la Crosse…

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Message  Louis Jeu 10 Nov 2022, 05:05


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Fondation de la mission de l’Ile à la Crosse.

Parti du lac Sainte-Anne, au lendemain des fêtes de Pâques 1845, il s’arrêta à l’Ile à la Crosse, à 180 lieues du lac Sainte-Anne « après beaucoup de fatigues, et jeûnant depuis quatre jours », nous apprend M. Laflèche.

Quant à M. Thibault, que « son humilité a toujours empêché de faire connaître ses travaux et ses privations dans ses lointaines missions », dit encore M. Laflèche, il se contente de tracer dans le journal de son itinéraire ces quelques mots:

Ile à la Crosse, 24 mai 1845. Il y a quinze jours que je suis arrivé ici, sur un petit canot, avec un seul compagnon... Je suis à l’ouvrage, le jour et la nuit. Sans cesse je suis entouré de quatre-vingts familles montagnaises, dont je ne saurais satisfaire la faim et la soif de la justice de Dieu. La miséricorde divine paraît ici avec éclat. Le jour et la nuit, je suis employé aux saints exercices de la mission, et mes bons sauvages, dévorés d’une sainte avidité de connaître Dieu et les moyens de le servir, semblent se reprocher les instants du repos et du sommeil. « Hâtons-nous, disent-ils, car nous allons peut-être mourir bientôt, et nous n’aurions pas le bonheur de voir Dieu. » Je leur fais espérer qu’ils auront, l’an prochain, des missionnaires qui apprendront facilement leur langue, et qui les instruiront avec plus de facilité et plus de fruit que je ne puis le faire.

Ainsi fut fondée la mission de l’Ile à la Crosse, chère aux souvenirs de tant de missionnaires.

L’Ile à la Crosse émerge d’un beau et vaste lac. Son nom, qu’elle a communiqué au lac même, lui vient de ce qu’elle fut l’arène recherchée des sauvages pour le jeu de la crosse: sorte de longue et forte raquette, dont le volant n’est pas le morceau de liège empenné que se renvoient les jeunes filles européennes, mais une balle dure, bourrée de sable, et lancée par des hommes vers un but déterminé, à l’encontre des efforts violents d’un camp adverse.

Située à 60 lieues, au sud du Portage la Loche, l’Ile à la Crosse était sur le passage des barges, du sud et de l’est, qui faisaient route vers le Portage. M. Thibault ne pouvait donc attendre, en plus favorable position, le moment d’exécuter son projet apostolique.

Dès qu’il lui fut possible, il quitta ses néophytes de l’Ile à la Crosse et s’embarqua pour le Portage la Loche….

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Message  Louis Ven 11 Nov 2022, 06:22


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

La scène du Portage, décrite par M. Thibault.

Dès qu’il lui fut possible, il quitta ses néophytes de l’Ile à la Crosse et s’embarqua pour le Portage la Loche.

Il y passa les mois de juin et de juillet 1845.

En attendant l’arrivée des brigades de l’Extrême-Nord, il s’y occupa des Montagnais de la région:

Tous ceux que j’ai vus de cette tribu, écrit-il à Mgr Provencher, savent prier Dieu plus ou moins bien, et connaissent les principales vérités de la religion. Ils ont un respect infini pour le missionnaire, qu’ils regardent comme Jésus-Christ lui-même.

Ils me disent que toutes les tribus, d’ici au Pôle nord, soupirent après la connaissance du Dieu vivant...


Enfin les « barges du Pôle » arrivèrent, et le missionnaire écrivit encore à son évêque:

J’ai vu, au Portage la Loche, quelques sauvages de la rivière Mackenzie, Peaux-de-Lièvres, Loucheux, Esclaves, Plats-Côtés-de-Chiens, Castors, etc., dont les heureuses dispositions m’ont singulièrement touché. «  Nous désirons, comme les Montagnais, me disent-ils, apprendre les nouvelles que tu viens apporter dans ces pays. Nous faisons pitié, car nous ne connaissons pas Dieu; mais nous désirons le connaître, et nous voudrions aussi, quand nous mourrons, aller dans le beau pays où Dieu place les bons vivants. Viens nous voir! Fais nous charité ! » Ma réponse affirmative les remplit de joie...

Cette connaissance de nos prières, trouvée par M. Thibault chez les Montagnais, ce respect surnaturel professé pour le missionnaire, ces aspirations de tous les sauvages connus jusqu’aux régions polaires, vers la religion du Dieu vivant, doivent être attribués, en grande part, à l’influence religieuse exercée par les Canadiens français catholiques.

Nous savons quel fut le rôle des coureurs-des-bois, comme explorateurs, et quel lot leur revient de la gloire que se sont décernée les découvreurs nommés par l’histoire. Mais…


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Message  Louis Sam 12 Nov 2022, 06:50


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Les précurseurs du missionnaire.

Nous savons quel fut le rôle des coureurs-des-bois, comme explorateurs, et quel lot leur revient de la gloire que se sont décernée les découvreurs nommés par l’histoire. Mais nous n’avons rien dit encore de leur mérite principal, celui d’avoir préparé les conquêtes de l’Evangile, parmi les nations sauvages.

Un petit nombre des voyageurs des Pays d’en Haut furent, il est vrai, des semeurs d’impiété; et Mgr Taché déplora qu’ils eussent rendu très difficile la conversion de certains groupes qu’ils avaient corrompus, chez les Sauteux surtout. Mais le grand nombre, presque tous, respectèrent les lois de Dieu. Si plusieurs se laissèrent aller à des faiblesses, qui, d’ailleurs, nous scandaliseraient plus qu’elles ne scandalisèrent les Indiens eux-mêmes, ils ne furent jamais irréligieux. Ils s’étaient détachés de ces rivages de France, qu’embaumait encore la foi du pêcheur normand, breton, vendéen, au temps,

Où tous nos monuments et toutes nos croyances
Portaient le blanc manteau de leur virginité.

Au milieu de leurs égarements, ils s’étaient souvenus du catéchisme de leur enfance. Ils ne blasphémaient pas. Ils baptisaient leurs enfants mourants. Ils priaient sur le corps de leurs défunts. Ils savaient redire à ceux qui les sollicitaient à l’injustice le vieux dicton: « Je suis pauvre, mais, Dieu merci, j’ai de l’honneur! » Et, lorsqu’au feu du bivouac, les chefs sauvages leur racontaient les chasses d’antan et les danses des ancêtres, eux, les fils de la France et de Québec, racontaient, en retour, les histoires qu’ils avaient apprises de leurs pères, et parlaient du vieux curé qu’ils n’avaient qu’entrevu, mais dont le souvenir avait laissé au fond de leur âme comme un rayon de Dieu:

« — Oui, ils viendront un jour à vous, les hommes de ce Dieu, disaient-ils. Vous les reconnaîtrez à leur robe noire. Vous ne pourrez vous y tromper, car ils n’auront pas de femme. N’écoutez pas les priants mariés. Mais le prêtre, l’homme de la prière véritable, suivez-le. Il vous conduira au bonheur, dans la terre du Grand Esprit.»

Ainsi firent-ils naître le désir de la foi. Leur prédication fut comme une imprégnation inconsciente, mais profonde, une germination lente, mais vivace, que la main du missionnaire n’eut qu’à bénir pour la faire éclore. (1).

Cependant le pont de passage par excellence…
____________________________________________________________________________

(1)  La conversion de certaines nations, comme les Pieds-Noirs de la prairie, les Kwakwilth de la Colombie anglaise, les Esquimaux de l’océan Glacial, bien qu’entreprise depuis longtemps, n’est encore que peu ou point entamée. Or, ces nations ne furent pas pénétrées par les voyageurs canadiens français.

En affirmant que l’emprise de la vraie religion sur les peuples païens de l’Amérique du Nord fut proportionnée à l’heureuse médiation des « précurseurs du missionnaire », il est entendu que nous ne confondons pas la grâce de Dieu, cause première et seule efficace du salut des âmes, avec l’instrument humain dont il lui plaît de se servir.

Constatation faite aussi par les missionnaires: les sauvages vinrent à la Foi dans la mesure où ils étaient pauvres, travailleurs, et surtout observateurs de la loi naturelle. De tous les Indiens, les Dénés étaient les plus pauvres, les plus résignés à la souffrance, les plus moraux. Ils furent, par suite, les plus aisément préparés par les Canadiens voyageurs, et convertis par les missionnaires.



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Message  Louis Dim 13 Nov 2022, 05:58


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Les Métis.

Cependant le pont de passage par excellence, jeté par les voyageurs des Pays d’en Haut, entre les sauvages païens et le missionnaire catholique, fut une race moyenne, issue de la blanche et de la rouge: la race métisse.

Mgr Taché comptait, en 1869, dans le Nord-Ouest, les mélanges de quatorze nations civilisées et de vingt-deux tribus indigènes.

Tous les enfants de ces alliances sont désignés par le nom de Métis (half-breed). La classification populaire les répartit en métis anglais] et en métis français, les premiers ordinairement protestants et les autres catholiques.

Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 5 Captur10

Les Métis français— ou Bois-Brûlés  — furent les plus nombreux, les plus distingués, les plus beaux. Mgr Taché, qui aima particulièrement cette intéressante famille de son vaste bercail, disait:

Les Métis sont une race de beaux hommes, grands, forts, bien faits. Quoique, en général, ils aient le teint basané, cependant un très grand nombre sont bien blancs et ne portent aucune trace de provenance sauvage. Les Métis sont d’intrépides et infatigables voyageurs. Ils étonnent par leur force et leur agilité dans les voyages d’hiver. Ils courent habituellement, et paraissent rarement en éprouver même de la fatigue. Les voyages d’été, en barge surtout, exigent un redoublement de vigueur qui ne leur fait point défaut.

Habitués à la chasse du bœuf sauvage (bison, buffalo), les Métis (de la prairie) forment la cavalerie la plus adroite qu’il y ait au monde. Les chevaux dressés à cette chasse sont d’une ardeur étonnante; mais l’habileté des hommes surpasse tout ce que l’on peut s’imaginer. Les rênes d’une main et le fouet de l’autre, ils tirent sept coups de fusil (à bourre) par minute, pendant que le cheval est à la vive course. Il en est même un qui, dans un pari, a chargé cinq coups à balle pendant que son cheval faisait un arpent, bride abattue. Plusieurs n’ont tiré le cinquième coup que quelques pas après avoir dépassé la borne. Puis, ils ne tirent pas au hasard, car chaque coup abat un buffalo. Souvent, pour s’amuser en galopant ainsi, ils logent une balle dans les flancs d’un oiseau qui passe au-dessus de leur tête. Ce qu’il y a de plus étonnant encore, c’est qu’ils reconnaissent toujours, ou presque toujours, les animaux qu’ils ont tirés; et pourtant il y a jusqu’à trois cents chasseurs qui poursuivent en même temps la même bande de vaches. De temps en temps, ils mettent deux ou trois grains de plomb avec leur balle, pour reconnaître plus facilement leur proie. Un bon chasseur tue jusqu’à cent vaches pendant une chasse.

Les Métis semblent posséder naturellement une faculté propre aux sauvages et que les autres peuples n’acquièrent presque jamais: c’est la facilité de se guider à travers les forêts et les prairies, sans aucune autre donnée qu’une connaissance d’ensemble, qui est insuffisante à tout autre, et dont ils ne savent pas toujours se rendre compte à eux-mêmes...

On peut ajouter qu’ils sont intelligents. Ceux qui ont eu l’occasion de s’instruire ont montré en général des talents distingués; et, dans les différents rangs de la société, on en a vu remplir avec honneur les emplois qui leur étaient confiés. Ils apprennent les langues avec une facilité étonnante...

C’est dans les voyages que l’on a lieu d’admirer leur dextérité, sans laquelle on ne pourrait se tirer des mauvais pas que l’on rencontre en franchissant nos vastes solitudes. Bien des officiers du génie, ou même de génie, pourraient prendre ici des leçons utiles...

Les Métis sont sensibles, hospitaliers, généreux jusqu’à la prodigalité. Une heureuse disposition encore, c’est leur patience dans les épreuves. Là où d’autres s’emportent, jurent et blasphèment, eux rient, s’amusent et prennent le contretemps de la meilleure grâce du monde...

Le défaut le plus saillant des Métis est, ce me semble, la facilité de se laisser aller à l’entraînement du plaisir. D’une nature vive, ardente, enjouée, il leur faut des satisfactions, et, si une jouissance se présente, tout est sacrifié pour se la procurer. De là, une perte considérable de temps, un oubli trop facile, quelquefois, des devoirs importants, une légèreté et une inconstance de caractère qui sembleraient l’indice naturel de vices plus grands que ceux qui existent véritablement...


Les métis, dont parle Mgr Taché, étaient plus de 15.000, il y a cinquante ans…

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Message  Louis Lun 14 Nov 2022, 06:42


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Les Métis.

SUITE

Les métis, dont parle Mgr Taché, étaient plus de 15.000, il y a cinquante ans. Aujourd’hui, leurs descendants sont lamentablement clairsemés, parmi les populations blanches du grand Ouest canadien. Mais leur mission d’intermédiaire entre le prêtre de la religion rédemptrice et les Indiens fut bien remplie.

Les survivants de Saint-Boniface, groupés en l’Association de l’Union nationale métisse, l’ont rappelé dans une adresse, lue par leur président, le digne M. Guillaume Charette, à S. G. Mgr Béliveau, le 25 juillet 1918, en la célébration du centenaire de l’arrivée de Mgr Provencher, à la Rivière-Rouge:

Fondés au sein de la barbarie, les premiers foyers des Bois-Brûlés (métis français) nourrissaient pourtant une tradition: celle de la patrie légendaire de leurs pères. Exilés pour la plupart sans retour, ils ne manquaient jamais d’évoquer, dans leurs courses et sous le wigwam familial, la pensée du toit paternel, de parler du pays lointain et mystérieux, et de nourrir l’espoir que leurs enfants prieraient un jour le Dieu qu’eux-mêmes avaient appris à invoquer dans leur enfance... Ils avaient conservé l’héritage des enseignements reçus sur les genoux de leurs mères, là-bas, sur les bords enchanteurs du majestueux Saint-Laurent, berceau de la Nouvelle-France... Fidèles à la mission reçue sur la terre laurentienne, ces avant-coureurs apostoliques ont, à leur insu, préparé les voies de la Providence, et les prêtres vont trouver en eux, ainsi qu’en leurs enfants, les Métis, des guides sûrs et fidèles au milieu des dangers de toutes sortes et au sein des tribus souvent hostiles, qui se partagent les déserts de l’Ouest... De descendance française et catholiques, nous devenions les auxiliaires attitrés des missionnaires, avec la charge et l’honneur de perpétuer ici la mission de nos pères canadiens...

Canadiens et métis furent bien, en effet, les auxiliaires du missionnaire…


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Message  Louis Mar 15 Nov 2022, 06:14


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Les Métis.

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Canadiens et métis furent bien, en effet, les auxiliaires du missionnaire, après avoir été ses précurseurs, dans l’établissement de l’Évangile. Ils furent ses guides dans les mystères de la prairie et de la forêt. Ils furent ses maîtres dans les langues sauvages. Ils furent parfois les sauveurs de sa vie. A chaque pas, depuis l’origine jusqu’à nos jours, l’histoire des missions du Nord-Ouest, du Nord et de l’Extrême-Nord retrouve leurs traces vives dans les chemins de la foi, comme dans les chemins de neige.

Si M. Thibault alla vers les tribus lointaines du Nord, ce fut à la demande d’une délégation française envoyée, en 1840, à Saint-Boniface, par les Indiens du versant est des montagnes Rocheuses, et conduite par un Piché. De Saint-Boniface à Edmonton, il eut pour guide et serviteur un Laframboise; et, d’Edmonton aux montagnes Rocheuses, un Gabriel Dumont. En 1844, lorsqu’il se trouvait chez les Montagnais du lac Froid, il fut amené à visiter le lac la Biche. Comment ? Il va nous le dire:

Un vieux Canadien, Joseph Cardinal, natif de Saint-Laurent, près de Montréal, vint me prier de me rendre au lac la Biche, où sa famille était réunie pour m’attendre. Que ne peut le souvenir de l’enfance ! Précieuse impression puisée sur le sein maternel, et gravée en caractères ineffaçables au cœur de l’homme ! Ce bon vieillard, écrasé sous le poids de ses quatre-vingt-huit années, me guida à travers les bois et mille embarras difficiles à franchir, jusqu’au lac la Biche, à dix journées de marche à pied. J’y rencontrai une quinzaine de familles qui me reçurent avec une reconnaissance infinie. Tous se confessèrent plusieurs fois et furent assidus aux exercices de la mission qui durèrent quinze jours.

Au grand rendez-vous du Portage la Loche, M. Thibault trouva un métis de la nation dénée, qui…

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Message  Louis Mer 16 Nov 2022, 05:25


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Le Patriarche Beaulieu.

Au grand rendez-vous du Portage la Loche, M. Thibault trouva un métis de la nation dénée, qui, après sa conversion, gagna la reconnaissance de tous les missionnaires de l’Athabaska-Mackenzie.

C’était un vieillard à barbe longue — frappante exception chez les métis — et toute blanche depuis longtemps. On le connut sous les noms de vieux Beaulieu, patriarche Beaulieu, patriarche de la rivière au Sel  (1).

Les prouesses de ce Beaulieu charpenteraient un roman de réalité, aux contrastes extrêmes, et qui s’intitulerait admirablement, lui aussi, Du Diable à Dieu.

Il ne sut jamais son âge. Mais il dut dépasser le siècle, car il ne mourut qu’en 1872, et il se souvenait d’événements bien antérieurs à l’arrivée de Sir Alexander Mackenzie, que son père, François Beaulieu, avait conduit aux bouches du Mackenzie, en 1789, et à l’océan Pacifique, en 1793.

Sa mère, une Montagnaise, l’éleva dans le paganisme.

La force colossale dont il était doué fut mise à prix par les compagnies rivales, qui lui offraient la présidence de leur escouade de boulets (bully), espèce d’hommes-bœufs, policiers aux poings de fer, bretteurs d’attaque et défense dans les assauts qui se livraient aux fourrures des sauvages.

Beaulieu était le boulet de la Compagnie du Nord-Ouest (les Français), sur le Grand Lac des Esclaves, en face du poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson (les Anglais), lorsque son bourgeois fut trouvé noyé dans la baie qui séparait les deux établissements. On crut à un assassinat, inspiré par la jalousie commerciale, et Beaulieu fut député pour la vengeance. Le soir venu, il part en canot d’écorce, seul, avec son fusil à pierre, et aborde sous la fenêtre de la cabane. A travers le parchemin, il remarque le bourgeois, entouré des engagés, et fumant paisiblement sa pipe, les pieds au feu de l’âtre. D’un coup d’épaule, il fait voler la porte. L’instant d’après, le bourgeois tombe foudroyé. Beaulieu se met aussitôt à recharger son fusil; mais tous les bras se jettent sur lui. Garrotté, il défie encore ses hommes et les insulte.

— Tais-toi, lui dit alors le commis, subalterne de celui qui était étendu là, dans sa mare de sang. Dis-nous quel salaire il te faut, et sois notre bully ! Nous te voulons ! Ne retourne pas avec ces chiens du Nord-Ouest. Allons, vite ! Fais ton prix, et nous te délions!

Beaulieu accepta le marché et ne quitta plus la Compagnie de la Baie d’Hudson. On ne fit plus prestement aucun empereur romain.

Sa qualité de métis, son intelligence, sa force et sa brutalité lui avaient valu d’être choisi pour chef par les sauvages de la région…
___________________________________________________________________________________________

(1) La rivière au Sel, où Beaulieu eut la charge d’un fort-de-traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson, est un affluent de rive gauche de la rivière des Esclaves. Elle descend des collines Buffalo, et s’alimente de ruisseaux, salins comme elle-même. A quelque cinquante kilomètres plus haut que son embouchure, on trouve des plaines toutes nues, au milieu des bois touffus, et couvertes de sel en couches blanches, assez profondes parfois. L’eau qui a déposé ces couches sort directement, par de nombreuses sources, de collines de sel gemme, et donne à l’analyse 26 0/0 de sel pur.

D’autres rivières au Sel se jettent dans le Mackenzie, du côté du fort Norman. Ce don de Dieu à ces pauvres régions est une richesse qui ne manquera jamais, par conséquent, à la table du missionnaire.


Note de Louis a écrit:
Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 5 Captur90

SOURCE

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Message  Louis Jeu 17 Nov 2022, 05:57


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Le Patriarche Beaulieu.

SUITE

Sa qualité de métis, son intelligence, sa force et sa brutalité lui avaient valu d’être choisi pour chef par les sauvages de la région. Tout tremblait devant lui. De temps à autre, afin d’entretenir la terreur de son prestige, il surgissait dans un camp indien; d’un coup de son coutelas, il fendait la paroi d’une loge afin d’y entrer debout; et, en quelques secondes, il lardait l’assemblée, figée d’épouvante. Il en voulait particulièrement aux Plats-Côtés-de-Chiens, parce qu’ils avaient tué son frère.

— Tiens, regarde, disait un de ces Indiens au missionnaire du fort Rae, en se penchant sur l’anfractuosité profonde d’un rocher, regarde, là, au fond, la forme de ce crâne et de ces épaules, sous la mousse. C’est mon père. Beaulieu l’emmena à la chasse. Arrivé ici, il l’attacha à cet arbre que tu vois. La semaine suivante, il repassa. Mon père était mort, et Beaulieu jeta son corps là, dans le grand trou.

Don Juan du désert, il eut jusqu’à sept femmes en même temps, et jamais moins de trois. Les Dénés étaient polygames, chacun s’adjugeant autant d’épouses qu’il en pouvait nourrir.

De Dieu, de la religion, Beaulieu ne savait rien. Il ne se rappelait que vaguement ce que lui avait dit son père; et ces notions restaient confondues, en son esprit, avec les superstitions païennes, sans éveiller sa conscience.

Un printemps, arriva au fort Résolution, pour être placé sous ses ordres, un jeune Canadien français, de Montréal, nommé Dubreuil, homme doux, charitable, obéissant, toujours respectueux de ses maîtres. Cela frappa Beaulieu. Il l’observa. Surpris de le voir s’agenouiller, matin et soir, auprès de sa couchette, intrigué du grand signe de croix qui commençait et finissait cette cérémonie, il voulut s’informer. Dubreuil lui dit qu’il priait le bon Dieu et la sainte Vierge Marie.

— Mais est-ce que moi aussi, je pourrais connaître Dieu et la sainte Vierge, et les aimer, et les prier, demanda-t-il ?

Dubreuil put commencer à instruire sur-le-champ son fougueux catéchumène, et il vit bientôt se débattre sous les étreintes du paganisme et de sa nature demi-sauvage une âme droite, avide de la vérité.

Sur ces entrefaites, on apprit que M. Thibault se disposait à venir au Portage la Loche.

—  C’est lui qui est le prêtre, l’homme de la prière, dit Dubreuil. Va le rencontrer. Il te dira ce qu’il faut faire pour servir le bon Dieu et pour sauver ton âme.

Beaulieu équipa le plus long et le plus large de ses canots d’écorce, le remplit de ses femmes et de ses enfants, et partit pour le Portage la Loche, emmenant à sa suite tous les Indiens qu’il avait trouvés en état de faire le voyage.

La conversion de Beaulieu fut complète…

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Message  Louis Ven 18 Nov 2022, 06:30


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Du Diable à Dieu.

La conversion de Beaulieu fut complète. Le reste de sa vie fut consacré à une pénitence et à un apostolat ininterrompus. Il se constitua le protecteur, le serviteur, et souvent le pourvoyeur des missionnaires du lac Athabaska et du Grand Lac des Esclaves. La rivière au Sel, sa résidence depuis son baptême, se trouvait à mi-chemin entre ces lacs. De chez lui, il allait au-devant du Père.

Rien n’était trop beau, ni trop riche pour le missionnaire devenu son hôte. Il lui gardait un logement, une chambre-chapelle. Il se faisait sacristain, répétiteur et commentateur des sermons.

Le P. Gascon apprit de lui le montagnais, et Mgr Grandin alla se perfectionner dans cette langue, à la rivière au Sel. Beaulieu vénérait spécialement Mgr Grandin, et Mgr Grandin vénérait Beaulieu.

Le prélat lui bénit, en 1861, une grande croix, sur un cap de la grève. A cette croix, Beaulieu fit son pèlerinage quotidien, jusqu’à sa mort. Par les froids les plus rigoureux, on l’y voyait agenouillé, tête nue, récitant son chapelet pour les morts de la tribu, pour sa famille, pour tous ceux surtout auxquels il avait fait du mal. Il pleurait tous les jours sur ses fautes passées.

Mgr Faraud disait qu’il avait reçu, avec sa conversion, le don des larmes, qui fut le privilège de plusieurs saints.

— Ah! que n’ai-je connu plus tôt le bon Dieu, répétait-il! Comme je l’aurais aimé ! Pardon, mon Dieu, pour mes péchés !

Une des pratiques de son expiation fut la charité envers les pauvres. Il recueillait les orphelins, pour en faire de bons chrétiens et de bons chasseurs. Une centaine de ces petits lui durent leur salut, avant l’arrivée des Sœurs Grises.

Sur ses derniers jours, il se fit transporter dans les lieux témoins de ses anciens désordres, afin de faire apologie, comme il disait, pour ses scandales.

Un des fils du patriarche Beaulieu, Pierre, qui vit encore au Grand Lac des Esclaves, nous a raconté la scène du Portage la Loche, à laquelle il se souvenait d’avoir assisté avec son père, en 1845. Dans une grande tente en branchages, construite par les Montagnais, M. Thibault avait prêché, chaque jour, matin, midi et soir. Instruits de leurs devoirs, les Indiens avaient renvoyé leurs femmes illégitimes, tout en leur promettant de les nourrir, si elles ne se mariaient pas. Tous sollicitèrent le baptême; mais le missionnaire ne le donna qu’aux enfants et aux adultes les mieux préparés. Puis, il promit aux Montagnais qu’il reviendrait à eux, l’année suivante.

Reparti, en effet, du lac Sainte-Anne, le 4 mars 1846, pour le Portage la Loche, et, il l’espérait même, pour le Grand Lac des Esclaves, M. Thibault trouva sa route jalonnée d’infortunes. Il « marcha plus de deux mois pour faire un trajet de douze journées ».

Il ne put dépasser l’Ile à la Crosse, où l’attendait le désastre de la calomnie….

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Message  Louis Sam 19 Nov 2022, 06:42


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Larmes de M. Thibault.

Il ne put dépasser l’Ile à la Crosse, où l’attendait le désastre de la calomnie. Une langue satanique avait dit à ses néophytes:

Vous êtes bêtes, vous, Montagnais, d’écouter M. Thibault, qui cherche à vous baptiser pour avoir une grosse pièce d’argent à chaque personne qu’il baptise. La prière n’est pas faite pour vous qui êtes noirs, mais pour ceux que Dieu a faits avec de la terre blanche. Vous allez tous faire pitié: les maladies vont vous prendre; vous allez mourir... M. Thibault se rit de vous et se vante de vous avoir dupés. Ne l’écoutez plus. Du reste, il a été assassiné par les Pieds-Noirs...

« Ces noirceurs volent de bouche en bouche, écrit M. Thibault, et ce pauvre peuple frappé de stupeur est dans un état de trouble et d’anxiété que je ne puis dissiper, parce que mon arrivée tardive les a fait se disperser...

« Ainsi je me trouve dans l’obligation pénible d’abandonner le projet que j’avais formé de me rendre jusqu’au premier fort de la rivière Mackenzie. Je n’ai point de guide, ni d’interprète. Avec mes chevaux exténués, qui refusent d’avancer, je n’arriverais pas au rendez-vous fixé pour rencontrer les sauvages, et je me verrais, comme ici, à chaque poste intermédiaire, dans une solitude qui dévore le cœur du missionnaire.»

M. Thibault retourna donc, « pleurant dans son cœur », au lac Sainte-Anne. Son humilité lui cachait que ses larmes jetaient sur le champ de son apostolat la rosée qui lui manquait encore, et qu’ainsi s’achevait son rôle de planteur de la foi dans l’Extrême-Nord.

Il avait semé en 1845, arrosé en 1846. Aussitôt Dieu donna la croissance.

Cette année même 1846, en effet, l’Eglise catholique prit possession définitive de la nation dénée par M. l’abbé Laflèche et le Père Taché, qui arrivèrent de Saint-Boniface à l’Ile à la Crosse, deux mois après le départ attristé de M. Thibault.

M. Laflèche fut le dernier des prêtres séculiers, et le Père Taché le premier des Oblats de Marie Immaculée qui eurent l’honneur d’aller porter si loin la parole de Dieu…

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Message  Louis Dim 20 Nov 2022, 05:59


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée.

M. Laflèche fut le dernier des prêtres séculiers, et le Père Taché le premier des Oblats de Marie Immaculée qui eurent l’honneur d’aller porter si loin la parole de Dieu.

Certes, ils ont valeureusement combattu, les prêtres séculiers missionnaires. Mais ils étaient trop peu — douze en 26 ans —; et l’assurance du renfort ne pouvait leur être donnée. Il manquait à leur phalange les secours et les soldats de réserve que les congrégations organisées peuvent promettre. C’est pourquoi Mgr Provencher désira des religieux. Il chargea de cette cause Mgr Bourget, évêque de Montréal.

Tous deux cherchaient des Jésuites. Ils trouvèrent des Oblats.

Les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée arrivèrent à Montréal en 1841, et à Saint-Boniface en 1845.

Il ne nous sied pas d’apprécier l’œuvre générale de nos confrères dans le territoire qui fut longtemps l’unique diocèse du Nord-Ouest. Mais la voix la plus autorisée, celle de Mgr Béliveau, archevêque actuel de Saint-Boniface, a daigné le faire, au cours de sa lettre pastorale, annonçant les fêtes du centenaire de Mgr Provencher (1818-1918). Nous en remercions Sa Grandeur, et nous nous permettons de retenir, pour nous encourager à plus de vertus, ses réconfortantes paroles:

« En ce centenaire de la fondation de l’Eglise de Saint-Boniface…

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Message  Louis Lun 21 Nov 2022, 06:41


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CHAPITRE VI: L’heure de Dieu.

Les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée.

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« En ce centenaire de la fondation de l’Eglise de Saint-Boniface, il nous incombe d’envoyer un message de religieuse gratitude au siège épiscopal de Québec qui nous donna le premier évêque et aux différents diocèses détachés plus tard de ce centre. C’est de la Province de Québec que vinrent les ouvriers de la première heure; c’est d’elle que sont accourus la plupart de ceux et de celles qui travaillent encore à l’œuvre de Dieu dans nos pays de l’Ouest.

« A Dieu ne plaise que nous voulions reléguer dans l’ombre les vaillants missionnaires venus de l’ancienne mère patrie. Ici, comme sur toutes les plages du monde, la noble France resta fidèle à son esprit apostolique, et c’est vers cette terre classique du dévouement que le premier évêque de Saint-Boniface tourna les yeux pour assurer, par de nouvelles recrues de missionnaires, la conservation et le progrès de son œuvre...

« En 1845, l’objet de ses désirs était réalisé, et le Rév. Père Aubert, accompagné du Frère Taché, débarquait à Saint-Boniface.

« Le vieil évêque, courbé sous le fardeau des infirmités plus encore que sous celui des ans, put alors entonner son Nunc dimittis. L’avenir de ses missions était assuré.

« Combien il nous est doux, à nous humble successeur du premier évêque de Saint-Boniface, de reconnaître hautement le mérite de la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée dans le développement donné à l’œuvre de Mgr Provencher ! Si ce grand évêque fut vraiment le fondateur de notre église, on peut affirmer, sans crainte, et il faut le proclamer en toute justice, que les Oblats ont partagé de la façon la plus glorieuse les honneurs de cette fondation. Sans eux, qui peut dire ce que serait devenue une œuvre si laborieuse, et qui avait coûté au premier évêque de Saint-Boniface tant de sacrifices !

« Les Oblats ont été dans toute la force du terme les missionnaires de l’Ouest, et les églises florissantes, nées sous leurs pas, organisées par leurs soins, fécondées par leur dévouement, ne sauraient le reconnaître trop hautement.

« La devise de leur Congrégation est celle du divin Maître: Evangelizare pauperibus misit me. Il m’a envoyé évangéliser les pauvres. Par quelle merveilleuse application elle s’est ici réalisée ! Quoi de plus pauvre à tous les points de vue que ces immenses régions de l’Ouest canadien ! Il fallait des apôtres au cœur de feu pour porter le flambeau de la foi dans les glaces des grands lacs du Nord-Ouest, et jusqu’au pôle nord...(1) »
____________________________________________________________

(1) La lettre pastorale de S. G. Mgr Béliveau récapitule ainsi l’état actuel de l’ancien vicariat apostolique du Nord-Ouest:

« Cette modeste mission de la Rivière-Rouge, fondée en 1818, s’est développée au point de se subdiviser, non seulement en diocèses, mais en provinces ecclésiastiques: la province de l’Orégon, qui est passée depuis aux Etats-Unis, la province de Vancouver, la province d’Edmonton, la province de Régina, la province de Winnipeg, enfin la province de Saint-Boniface. Nous trouvons dans ces territoires une population catholique qui se chiffre à plus de 300.000 fidèles. Nous y comptons 13 évêques, 338 religieux de différents ordres, 262 prêtres séculiers, et 1.580 religieuses réparties en différentes communautés.»


Aux Glaces Polaires — Indiens et Esquimaux. - Page 5 Captur94

A suivre : Chapitre VII. Berceau d’Évêques.

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Message  Louis Mar 22 Nov 2022, 06:26



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CHAPITRE VII

BERCEAU D’ÉVÊQUES

L’Ile à la Crosse.« Vive le Nord et ses heureux habitants ! » Mgr Laflèche, évêque des Trois-Rivières. Mgr Taché, archevêque de Saint-Boniface. Mgr Faraud, vicaire apostolique d’Athabaska-Mackenzie.Mgr Grandin, évêque de Saint-Albert.

L’Ile à la Crosse.

C’est à Bethléem, dans la nuit la plus froide de l’hiver oriental, dans l’étable la plus misérable de la Palestine, que naquit au vieux monde le Pontife des pontifes. C’est à l’Ile à la Crosse, la plus glaciale, la plus pauvre et la plus lointaine, alors, des missions du Nouveau-Monde, que naquirent à l’épiscopat quatre grands évêques du Canada, futurs pasteurs d’églises magnifiques: Mgr Laflèche, Mgr Taché, Mgr Faraud, Mgr Grandin.

Sur Mgr Laflèche devait reposer l’église des Trois-Rivières; sur Mgr Taché, l’église de Saint-Boniface; sur Mgr Grandin, l’église de Saint-Albert; sur Mgr Faraud, l’église d’Athabaska-Mackenzie.

M. Laflèche, prêtre séculier, et le Père Taché, Oblat de Marie Immaculée, arrivèrent les premiers au Bethléem du Nord.

« — Allez, leur dit Mgr Provencher, répondant aux sollicitations de M. Thibault, allez vers les tribus nouvelles qui se lèvent à la lumière de la foi; allez aussi loin que vous le pourrez. »

Ils partirent de Saint-Boniface, le 8 juillet 1846. Ayant remonté, en barges et canots, les 400 lieues de lacs et de rivières que nous savons, ils s’arrêtèrent, le 10 septembre, à l’Ile à la Crosse, point de ralliement d’un district « presque aussi étendu que la France entière, où erraient des sauvages montagnais et cris, dont le nombre ne s’élevait pas à deux mille. »

Ils décidèrent que là serait le centre de la première paroisse de l’Extrême-Nord...


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Message  Louis Mer 23 Nov 2022, 06:01


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CHAPITRE VII: Berceau d’Évêques.

L’Ile à la Crosse.

SUITE

Ils décidèrent que là serait le centre de la première paroisse de l’Extrême-Nord, et ils dédièrent la mission à saint Jean-Baptiste, Patron des Canadiens Français.

Sans retard, ils poursuivirent l’évangélisation entreprise par M. Thibault. Comme il était trop tard pour bâtir, ils acceptèrent l’invitation du bourgeois, le bon M. Mackenzie, et s’installèrent dans la petite chambre qu’il leur offrit.

Les voilà, tous deux, sous la conduite d’un Indien aveugle et qui ne sait pas le français, à l’étude du montagnais et du cris. Le sauteux, qu’ils avaient appris ensemble, l’hiver précédent, à Saint-Boniface, ne pouvait leur servir.

« — Le cris n’est pas une langue difficile, observe le Père Taché; mais le montagnais, quant à la prononciation, surpasse tout ce que j’avais imaginé de difficulté. »

« — On craint de se déraciner la luette, ajoute M. Laflèche, tant il faut que la langue fasse de contorsions dans la bouche. »

A l’approche du printemps 1847, avant la fonte des neiges, le Père Taché, laissant à M. Laflèche, dont la santé était plus frêle, le soin de garder la résidence, se dirigea sur le lac Vert, à 50 kilomètres au sud, afin de baptiser un vieux chef cris gravement malade.

Quinze jours après son retour de cette expédition, il reprit les raquettes et courut au lac Caribou, à 160 kilomètres au nord-est. Il arriva parmi les Montagnais de ce poste, le 25 mars, jour de l’Annonciation. Le bonheur qu’il éprouvait à comparer sa mission de premier messager de la Bonne Nouvelle chez ces païens, avec celle de la divine Marie, lui fit oublier sa fatigue.

Après trois mois d’absence, il rejoint son « angélique compagnon », ainsi qu’il appelle M. Laflèche. Il le trouve occupé à construire leur maisonnette et à défricher le petit jardin.

Le 20 août, il s’embarque « dans un petit canot, avec deux sauvages et un jeune métis», pour un voyage de 360 kilomètres au nord, jusqu’au lac Athabaska. (1)        

De retour, le 5 octobre, à l’Ile à la Crosse…
___________________________________________________________________________

(1)En passant au Portage la Loche, qui se trouve sur le chemin de l’Ile à la Crosse au lac Athabaska, le Père Taché s’arrêta pour donner une courte mission aux néophytes de l’endroit, que M. Thibault avait instruits. Comme il hésitait encore à se risquer dans l’éloquence montagnaise, il pria un trappeur, d’intelligence et de mœurs éprouvées, Antoine Morin, de lui servir d’interprète. Antoine traduisait à la satisfaction de tous. Mais voici qu’au fil d’un sermon le Père Taché se trouve conduit à parler de la chasteté. Il lance le mot et recommande la vertu en question, « vertu, dit-il, qui demande beaucoup de précautions, de prudence, de défiance de l’ennemi, de réserve vis-à-vis des personnes du sexe, etc.» Le brave Antoine, qui, sans doute, pratiquait lui-même la chasteté à la façon du bourgeois de Molière, faisant de la prose sans savoir que c’en était, pérore là-dessus, avec la même assurance que sur le reste:

— Le Père, explique-t-il, dit qu’il faut faire la chasse d’été. Nous ne devons donc pas nous contenter de la chasse d’hiver, paresseux de Montagnais que nous sommes. Mais attention, mes amis ! La chasse d’été est bien difficile: il faut beaucoup de précautions pour approcher les orignaux dans le bois, car ils entendent de loin. Et puis, défiez-vous de l’ennemi, le dénédjéré, qui vous guette partout dans les broussailles. Fuyez, si vous le voyez. Et puis encore, il ne faut plus emmener les femmes avec nous à la chasse d’été, de peur qu’elles ne mangent les muffles des orignaux et que nous ne puissions plus rien tuer alors... Tout de même, c’est dur ce que dit le petit Père, car c’était bien commode, les femmes, pour faire sécher la viande au soleil, quand les hommes avaient fini de tuer ! Mais, que voulez-vous, le Père a parlé: il faut faire ce qu’il nous dit...»

Cette aventure apprit de bonne heure au Père Taché qu’il est parfois difficile de n’être pas au-dessus de son auditoire.



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Message  Louis Jeu 24 Nov 2022, 05:36


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CHAPITRE VII: Berceau d’Évêques.

L’Ile à la Crosse.

SUITE

De retour, le 5 octobre, à l’Ile à la Crosse, il voit la maisonnette presque finie et couverte de terre; mais « encore toute ouverte au froid, à cause des interstices béants entre les troncs d’arbres qui formaient les murs.»

Tous deux se mirent au bousillage.

Mais voilà, écrit en bel humeur le Père Taché, voilà que l’air extérieur, mécontent de ce que nous lui refusons l’hospitalité, entreprend de se venger d’une manière bien cruelle: il se niche dans la cheminée et nous renvoie au nez toute la fumée. Après quinze jours, nous étions à la veille d’être métamorphosés en jambons, ce qui nous décida à construire une autre cheminée... Nous étions chez nous, pauvres et dénués de tout, mais heureux de notre sort... Le bonheur et la satisfaction qui, souvent, n’habitent point les palais des grands, règnent dans notre cabane.

Mais il lui faut ajouter aussitôt:

Comme compensation de ces jouissances, la santé de M. Laflèche se trouva très compromise. Un travail excessif avait développé un mal opiniâtre. Le rhumatisme dont il souffrait déjà se changea en bosses, puis en plaies aussi incommodes que pénibles.

De son côté, M. Laflèche attribuait gaiement son mal « à la paresse qui l’avait retenu sédentaire, tout l’été, à l’Ile à la Crosse.»

Pour me punir, le bon Dieu m’envoya un rhumatisme qui me tourmenta longtemps, et pour m’empêcher d’oublier la leçon, il a eu soin, en le retirant, de me laisser boiteux.

Il boita toujours, et ce fut sa consolation de conserver, jusqu’au seuil de son éternité, ce stigmate de son apostolat dans les missions sauvages.

A mesure que M. Laflèche s’affaiblissait, le Père Taché se fortifiait. C’était déjà le « voyageur infatigable qu’il n’était pas commode de dépasser sur la route », et pour qui « les raquettes, comme les canots, semblaient n’avoir que des charmes. »

« Un jour les rôles changeront: Mgr Taché, le grand voyageur, sera condamné à l’immobilité dans son palais, pendant que Mgr Laflèche, l’ancien infirme, parcourra les continents et traversera les mers sans fatigue. »

L’hiver 1847-1848 n’améliora pas l’état du malade…

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