LES ŒUVRES CHOISIES du Bienheureux Henry Suson (espagnol/français)

Votre valence

Henry : Je vous suis très reconnaissant,
Seigneur, pour les vérités que vous m'avez révélées ;
mais je crains que personne ne comprenne ce
livre, et qu'il soit d'un faible réconfort pour ceux qui le liront, et
peut-être qu'il sera nuisible à beaucoup, car il les effraiera et les
fera rebrousser chemin. Mais ne sera-t-elle pas pour d'autres une marguerite précieuse à ne pas jeter aux animaux impurs ?

Jésus-Christ - Tout cela ne regarde que Dieu. Il vous suffit de savoir que ce que vous avez écrit sur les habitants du dernier rocher sera beaucoup plus utile à la société que mille autres hommes, qui sont toujours guidés par leurs propres objectifs et intérêts particuliers.

D'autre part, vous vous trompez si vous pensez que tout cela ne peut pas être compris au moins par de nombreuses personnes dans l'Église qui vivent comme je vous l'ai expliqué, et qui, par conséquent, sont tout à fait capables de comprendre ces vérités, car elles les observent continuellement et très volontiers.

Si je vous avais ordonné d'écrire sur les neuf chœurs angéliques, vous auriez eu des raisons de vous méfier, alors vous auriez des raisons de penser que personne ne comprendrait, parce que les esprits angéliques sont bien au-dessus de l'intelligence humaine.

Ne vous étonnez pas que je vous aie parlé au moyen de figures et d'images ; il est très difficile à l'intelligence humaine de comprendre les choses de Dieu dans toute leur pureté, puisque Dieu est le bien suprême, infini, qui ne peut être compris par personne et qui surpasse tous les sens.

Henry : A-t-il jamais été accordé à quelqu'un
de s'unir à son principe en dehors de ce rocher ?

Jésus-Christ - Cette faveur a été accordée à saint Paul lorsqu'il a été élevé au troisième ciel ; en revanche, il a dû souffrir de grands travaux et mourir pour mon amour. Le chemin sûr pour la majorité des hommes est d'escalader successivement tous les rochers, en exerçant toutes les vertus et en s'en remettant toujours à Dieu jusqu'à ce qu'ils puissent jouir de la paix profonde dont on jouit dans cette demeure.

Henry : Mais, Seigneur, n'y a-t-il pas
beaucoup de gens qui aspirent à venir ici ?

Jésus-Christ - Oui, mais ils ne veulent pas lâcher leur propre volonté, et dans cet état il leur est impossible de monter si haut.

Henry : Seigneur, quand ils meurent, ceux
qui sont sur ce rocher vont-ils au Paradi ou au
Purgatoire ?

Jésus-Christ - S'ils persévèrent jusqu'à la mort, ils sortent d'ici purifiés et, comme ils n'ont rien à expier, ils vont directement au Ciel.

Henry : Ceux qui sont sur ce rocher
peuvent-ils encore faire demi-tour et tomber
dans le péché ?

Jésus-Christ - Je le crois ; et parfois il ne manque pas de ceux qui, de ces hauteurs, tombent dans les filets du diable et deviennent encore plus mauvais que les autres hommes.

Lorsqu'ils tombent, c'est parce qu'ils se regardent avec complaisance, comme Lucifer, ou parce qu'ils n'ont pas bien utilisé le trésor de la grâce divine, ou parce qu'ils ont abusé des lumières qu'ils reçoivent en cette demeure pour semer l'erreur ou l'hérésie et ont été de véritables fléaux de l'Église. Alors tous doivent les fuir comme un démon.

Henry : Et quelle relation, Seigneur, ceux
qui persévèrent sur ce rocher ont-ils avec Vous ?

Jésus-Christ - Dieu les aime tellement, et ils jouissent d'une si grande faveur auprès de Lui, que si un seul d'entre eux lui demandait une chose, même si tous les chrétiens réunis lui demandaient le contraire, Dieu n'écouterait que lui, le préférant à tous les autres.

Henry : Oh, Seigneur, combien il est
nécessaire pour votre Église d'avoir toujours de
nombreux résidents ici, surtout en ces temps.
Je suis sûr que vous vous occuperiez d'eux, et
qu'au moins pour leur bien, vous auriez pitié de
votre Église.

Jésus-Christ - Quand Dieu ne veut plus tolérer la méchanceté des hommes, parce qu'ils sont si nombreux et si grands qu'ils irritent sa justice aux prières de ses fidèles serviteurs et les empêchent même de prier pour l'Église.

Henry : Oh, Seigneur, aie pitié de la race
humaine, car le jour du jugement n'est pas
encore arrivé, et le nombre de vos élus qui
habiteront avec vous au ciel n'est pas encore
complet.

Jésus-Christ - C'est vrai. À l'époque de Noé, Dieu, irrité par les péchés du monde, a permis le déluge pour le purifier, et n'a conservé que huit personnes pour le renouveler. Il ne peut pas en épargner plus. Les iniquités de maintenant sont venues à bout de sa miséricorde, et il doit punir l'ingratitude du peuple.

CHAPITRE XI - Regarder vers le bas


Jésus-Christ - Contemplez de cette hauteur les rochers inférieurs à vos pieds, et étendez votre regard jusqu'aux profondeurs de la vallée, jusqu'aux filets du diable.

Le Bienheureux obéit, et il put voir sous les filets deux hommes : l'un était noir comme le diable, l'autre beau et resplendissant comme un ange. Rempli d'admiration, il demanda au Seigneur ce que ces hommes voulaient dire, et Il lui répondit :

Jésus-Christ - L'homme que vous voyez si noir, qui ressemble à un démon, était un habitant du neuvième rocher. Mais il a commencé à se payer et à payer ses connaissances, il a cherché des hommes devant lesquels il pouvait vanter ses mérites et sa supériorité, et alors il est tombé comme Lucifer.  Maintenant, il est un esclave du diable et enseigne des doctrines criblées d'erreurs et d'hérésies.

Henry : Et comment connaît-on la fausseté
et la perfidie de tels hommes ?

Jésus-Christ - Eh bien, ils enseignent et prêchent la vie facile et généreuse que la nature aime tant, surtout à notre époque.

Henry : Et celle qui est si belle et
resplendissante ? Qui est-ce ?

Jésus-Christ - Il est l'un de ceux qui sont restés constants sur le neuvième rocher. Il contemple son origine et jouit de l'intimité de Dieu... Animé par la charité et brûlant de zèle pour le salut de son prochain, il s'est jeté dans les filets pour s'approcher des pécheurs, les aider et les convertir.

Il a toute sa confiance en Dieu et en sa divine grâce, et comme il connaît parfaitement les dangers que courent les chrétiens dans les filets du diable et le terrible jugement qui les attend après la mort pour les blessures qu'ils ont faites au Seigneur, il est rempli d'une sainte compassion pour les pauvres pécheurs et voudrait souffrir tous les tourments et toutes les douleurs de l'enfer pour les libérer de leurs péchés et de l'esclavage de l'ennemi.

Henry : Et n'y a-t-il pas dans l'Eglise
beaucoup d'hommes aussi nobles et
parfaits que celui-ci ?

Jésus-Christ - ils sont si peu nombreux que ça me rend triste rien que d'y penser.

Henry : Mais puisqu'ils restent dans
le monde et fréquentent la compagnie
des pécheurs, ne craignent-ils pas les
erreurs du monde et les persécutions des
impies ?

Jésus-Christ - Non, car leurs grandes vertus les ont déjà affranchis de toute crainte servile, et ils ne craignent ni les travaux, ni la mort, ni les persécutions du monde ; ils n'éprouvent que la crainte filiale de ne pas plaire à Dieu autant qu'ils le voudraient, de ne pas le servir selon sa volonté, de ne pas imiter ses exemples comme ils le voudraient.

Ils connaissent si bien Dieu et le bonheur du Paradis qu'ils pleurent amèrement le malheur des hommes séduits par les sens, la chair et le péché, et ils plaignent tendrement l'Église. C'est la plus grande angoisse, la plus douloureuse de toutes les croix qu'ils souffrent en cette vie ; elle déchire leur cœur, consume leurs énergies, et les conduit parfois jusqu'à la mort, sans qu'ils puissent trouver en ce monde quelqu'un qui les console en dehors de Dieu.

Henry : Sont-ils déjà certains de leur
bonheur éternel ?

Jésus-Christ - Vous ne pouvez pas en douter, car vous êtes déjà tellement un avec Dieu que rien ne peut vous séparer de Lui, car le Seigneur ne permettra jamais que ses bien-aimés, ses intimes, tombent entre les mains de l'ennemi. Au moment même de leur mort, ils entrent déjà au paradis.

Combien toutes les affaires de mon Église ne seraient-elles pas meilleures si les hommes, dans toutes leurs difficultés, leurs tentations et leurs affaires, prenaient toujours conseil auprès de ces serviteurs de Dieu, qu'Il arrose d'amour et de lumière ! Mais le monde est si aveugle et si indifférent à la vérité et à la bonté qu'il persécute, maltraite, raille et méprise encore ces âmes dans lesquelles le Saint-Esprit habite, et les considère comme les haillons du monde.

Henry : Ô monde misérable, chrétiens aveugles,
comment avez-vous abandonné la vertu ? Avec quelle
raison l'Église peut-elle verser des larmes de tristesse ?
Jésus très miséricordieux, ayez pitié de votre Église !

Jésus-Christ - Comment puis-je avoir pitié, alors que les chrétiens méprisent et foulent aux pieds tout ce qui est saint ?

Cela ne fait pas beaucoup d'années que le Seigneur les a prévenus avec amour en leur envoyant la peste et de grands malheurs. Il a épuisé toutes les ressources pour les convertir, malheur et prospérité, et tout a été infructueux. Ils continuent à vivre sans crainte de Dieu, commettant les plus grands péchés qui aient jamais été commis et s'abaissant plus bas que les bêtes par leur ignorance et leurs vices.

Voyez, cependant, que la flagellation n'est pas encore terminée. Maintenant aussi, comme dans l'Ancienne et la Nouvelle Loi, Dieu révèle ses secrets à ses fidèles serviteurs ; mais quand ils parlent, le monde ne les croit pas. Combien mon Église serait plus bénie et plus belle si, au lieu de les traiter ainsi, tous les hommes allaient vers eux comme représentants de Dieu, les consultaient et leur obéissaient humblement !

Henry : Seigneur ! Appliquez à votre Église et aux
pécheurs les mérites de votre sang, de votre croix et
de votre mort. Seigneur très miséricordieux, ayez pitié
de votre Église !

CHAPITRE XII - L'union avec Dieu


Pendant cette vision, le Bienheureux ne pouvait détacher son regard des habitants du neuvième rocher, et il admira leur grande union avec Dieu et dit :

Henry : Seigneur ! Toutes ces personnes doivent
avoir déjà atteint leur origine et verront déjà
Dieu face à face.

Jésus-Christ - Parfois, par une faveur très singulière, Dieu leur permet de le voir à découvert ; mais cette faveur est très rare et ne dure que quelques instants, comme cela est arrivé dans l'enlèvement de saint Paul. En général, ils doivent contempler l'incompréhensibilité de Dieu dans une rare et divine obscurité ; mais ils s'unissent à Lui sans aucun intermédiaire, d'esprit à esprit, avec la plus grande intimité et le plus grand amour.

Henry : Et dans quelle estime pourront-ils tenir la
vie temporelle ? une fois qu'ils sont dignes de voir
Dieu, de le contempler, de l'embrasser et de le
posséder ?

Jésus-Christ - Ils jouissent de joies et de douceurs ineffables, qui sont aussi petites en comparaison des douceurs de l'éternité que le temps est petit en comparaison de l'éternité.

Préparez-vous maintenant, car vous aussi vous sentirez en vous spirituellement un avant-goût de la gloire des saints.

Henry : Seigneur, non ; je suis totalement
indigne de cette miséricorde. Cette grâce ne
convient pas à un misérable petit ver de terre
comme moi. Je me contenterais d'être un
serviteur et une servante des habitants de ce
rocher.

Jésus-Christ - Laissez-vous guider et abandonner à mes soins, car c'est moi qui peux élever une âme à la grâce que je veux.

Henry : Ne prenez pas mal, Seigneur, que
j'interpose mes supplications ; comment
pouvez-vous me découvrir les secrets que vous
avez cachés à vos meilleurs amis, qui pendant
de longues années ont pratiqué les vertus les
plus pénibles ? Je suis manifestement indigne
d'un si grand honneur.

Jésus-Christ - Obéissez. En échange de cette faveur, le moment viendra où vous devrez subir les tourments les plus agonisants et les plus cruels.

Henry : Je les souffrirai avec une grande
charité, et je ne résisterai pas à votre volonté.
Seigneur, faites ce qu'il vous plaît avec cet esclave
dans le temps et dans l'éternité.

Après que le Bienheureux se fut humblement résigné entre les mains de Dieu, tout à coup la porte qui le conduisait à son origine s'ouvrit toute grande, et pendant quelques instants il vit Dieu, son principe, face à face, ou du moins d'une manière très parfaite.

Et après cette vision et cette extase unitive, son âme fut inondée d'une joie si intense et d'une lumière si resplendissante qu'il perdit la connaissance du temps.

Quand il revint à lui, il eut beaucoup de peine à se rappeler où il avait été et ce qu'il avait vu ; et plus il y pensait, moins il pouvait s'expliquer. Il ne pouvait pas se le représenter par des images ou des mots, car tout cela était supérieur aux sens et même à l'entendement. Et il a demandé au Seigneur :

Henry : "Où ai-je été, qu'ai-je vu, Seigneur ?
La miséricorde inexplicable que vous m'avez faite
dépasse mon entendement et mes sens. Je sais
seulement que je vis dans mon âme une
satisfaction tellement grande que je ne sais pas
comment ça ne me fait pas mourir.

Jésus-Christ - La satisfaction que l'on trouve et dont on jouit en Dieu est bien supérieure à toutes les joies du monde réunies. Vous avez vu votre principe et ne vous étonnez pas de ne pas pouvoir le comprendre ou en parler, car vous ne pourriez pas l'atteindre même si vous aviez tous les entendements de tous les hommes réunis en un seul.

Sachez seulement que Dieu est venu à vous comme l'époux bien-aimé de votre âme, que vous avez été à l'école du Saint-Esprit, et que ce divin maître a mis dans votre âme une lumière et un amour si grands qu'ils sont venus enivrer votre cœur et vos sens.

Henry : En ce moment, je me sens, Seigneur,
si votredésireux de souffrir et si plein d'amour
pour Vous, pour  gloire, que je souffrirais volontiers
toutes les souffrances de tous les hommes, votre
croix, votre passion, les flammes du Purgatoire, les
tourments de l'enfer, tout ce qui est triste et pénible
que votre toute-puissance peut créer, et tout serait
pour Vous, pour le salut des hommes et la liberté des
âmes qui brûlent au Purgatoire. Seigneur ! Ce sera
un grand plaisir pour moi de souffrir toutes sortes de
travaux, pourvu que ce soit pour Vous plaire et pour
faire Votre volonté.

Jésus-Christ - Prenez garde qu'il ne vous arrive ce qui est arrivé à saint Pierre : il se croyait très fort et bien établi, mais quand vint le temps de l'épreuve, il tomba misérablement.

Henry : Je connais, Seigneur, ma faiblesse ;
mais l'élan de votre amour me pousse à parler ;
recevez-moi, Seigneur, dans le sein de votre
miséricorde.

Jésus-Christ - Cessez cette conversation et préparez-vous à recevoir une très lourde croix intérieure.

Après que les extases eurent cessé et que ce livre eut été écrit, Dieu retira au bienheureux Henry toutes ses lumières et toutes ses grâces, le laissant dans une sécheresse et un abandon aussi grands que s'il n'avait jamais reçu aucune communication divine. Dieu lui permit aussi de ressentir une tentation intérieure si cruelle qu'elle dépasse tout ce qu'on peut imaginer ; mais le bienheureux Henry s'humilia toujours et ne désira ni ne demanda rien d'autre que la croix.

Tout cela s'est passé pendant le carême de l'année 1352.


FIN

BIENHEUREUX HENRY SUSON, FILS GLORIEUX DE SAINT DOMINIQUE DE GUZMAN, PRIEZ POUR NOUS !!!!

MÉDITATIONS SUR LA PASSION DU SAUVEUR

Première méditation


Très cher Jésus, souvenez-vous de cette sueur de sang
qui Vous a obligé à déverser si copieusement l'ineffable
angoisse de votre cœur très pur, alors que Vous priiez
dans le Jardin après la dernière Cène.

Souvenez-vous de la cruauté avec laquelle ils vous ont
emprisonné, de la façon inhumaine dont ils vous ont
attaché, et de la manière misérable dont ils vous ont
conduit comme un prisonnier.

Souvenez-vous, très pieux Jésus, comme ils vous ont
battu cette nuit-là, comme on vous a craché dessus
avec ces crachats immondes, et comme ils vous ont
traité de façon honteuse et indigne quand ils vous ont
bandé les yeux.

Comment le matin, devant Caïphe, vous avez été
condamné à mort en tant que prisonnier.

Comment votre très sainte Mère, très douloureuse,
avec une immense tristesse dans le cœur, vous
regardait.

Comment, ignominieusement présenté à Pilate, et
faussement accusé devant lui, vous avez été
injustement condamné à mort.

Comment Hérode avec ses hommes, se moquant
de vous, a ordonné que vous soyez vêtu comme un
fou d'une robe blanche, puisque vous étiez la
sagesse éternelle du Père.

Rappelez-vous les coups horribles des fouets et des
bâtons avec lesquels votre corps le plus sacré, et
d'une si singulière beauté, était tout sillonné et fendu.

Des épines et des chardons qui ont percé votre tête
la plus délicate, des ruisseaux de votre précieux
sang coulant abondamment et baignant votre divin
visage.

Et comment enfin, si misérablement traité, vous avez
reçu pour notre amour la sentence de mort ; et
portant sur vos épaules la croix sur laquelle vous
deviez être cloué, vous avez été porté avec la plus
grande ignominie au lieu du supplice, qui était le mont
Calvaire.

Mon Seigneur Jésus-Christ, ma seule espérance et mon unique confiance,
je vous supplie avec toute mon affection qu'avec la bonté d'un père, et
vous souvenant de tout ce que je vous ai représenté, vous vous souveniez
de me secourir, car vous savez combien je suis misérable dans toute
adversité et détresse. Absolvez-moi des liens durs et douloureux de mes
péchés. Délivre-moi des vices cachés. Défendez-moi contre les persuasions
trompeuses du diable et contre les occasions et les incitations aux vices.
Donnez-moi de ressentir, avec une intime compassion de mon âme, vos
douleurs et celles de votre très pieuse Mère. Et à l'heure de ma mort et dans
les derniers souffles de ma vie, montrez-vous pour moi un Juge miséricordieux.
Apprenez-moi à mépriser tous les honneurs que le monde peut me donner, et
à vous servir avec sagesse, en me conformant à la raison et à votre volonté.
Guérissez-moi, Seigneur, et effacez mes fautes avec le sang de vos plaies.
Que ma raison et mes sentiments soient confirmés et armés des douleurs
les plus intenses de votre tête très sacrée contre toutes les tentations. Enfin,
accordez-moi d'aimer et d'essayer d'imiter, dans la mesure de mes moyens,
toutes vos croix et tous vos travaux.

Deuxième Méditation


Rappelez-vous, très doux Jésus, comment,
alors que vous étiez déjà suspendu au bois de la croix, la
vue de vos yeux les plus lucides était obscurcie.

Vos oreilles divines ont perçu tant de moqueries, d'affronts
et de blasphèmes.

Et votre odorat a été offensé par l'odeur la plus désagréable
de cet endroit.

Votre bouche la plus sacrée a été remplie de ce breuvage le
plus amer.

Et, enfin, le sens du toucher de tout votre corps, d'un teint
si délicat, tourmenté par tant de coups et de blessures.


PRIÈRE

Seigneur, je vous supplie avec toute mon affection de détourner mes yeux de tout aspect terne et vain, et mes oreilles des fables et des conversations inutiles. Donnez-moi un grand mépris de toutes ces choses corporelles et visibles, et faites-moi avoir une grande aversion pour tout ce qui est temporel, et ôtez-moi tout soin délicat et superflu du don de mon corps.

Troisième Méditation


Rappelez-vous, très doux Jésus, comment la grandeur
des douleurs a forcé votre tête la plus sacrée à tomber
et à se prosterner.

Et votre cou délicat a été avec une telle cruauté
blesser.

Comment votre visage divin, tout en étant aussi agréable
et beauté, était tellement inconnue et défigurée par les
crachats impurs et le sang qui l'a baigné.

Et les couleurs vives de la vôtre sont devenues d'un
jaune mortel.  

Et toute beauté corporelle était flétrie et ternie.



PRIÈRE

Seigneur, en mémoire de toutes vos douleurs, faites que j'aime et embrasse toujours les désagréments du corps, et qu'en vous seul j'aie mon repos, que je souffre avec une grande égalité d'esprit toutes les afflictions qui me viennent, que je désire être méprisé de tous, et que les feux de mes goûts et de mes désirs s'éteignent en moi, afin que toutes les délices soient opprimées et mortifiées.

Quatrième méditation


Rappelez-vous, Seigneur, comment ils ont cloué votre main
droite au bois de la croix. Et puis votre main gauche.
Comme ils ont cruellement étiré votre bras droit. Et de
même pour la gauche. Comment ils ont cloué votre pied
droit. Et avec la même cruauté que la gauche. Comment
vous avez été laissé incapable de bouger, affaibli et sans
force. Comme vos jambes et vos genoux étaient maigres et
fatigués. Comme tous vos membres les plus délicats étaient
attachés à la croix. Et comment tout votre corps saint était
souillé par le sang bouillant qui coulait de tant de blessures.


PRIÈRE

De même, je Vous demande, mon Seigneur, que dans l'adversité comme dans la prospérité, je sois crucifié avec Vous en toute immobilité et fermeté. Que toutes les forces de mon âme et de mon corps soient étendues sur votre croix. Que ma compréhension et mon affection soient clouées à Vous. Accordez-moi de ne pas aller chercher les dons du corps, mais seulement votre volonté, votre louange et votre gloire. Qu'il n'y ait aucune partie de moi qui, à sa manière, ne médite pas sur votre mort, et qui, avec un grand plaisir, ne représente pas en elle-même un souvenir et une image de votre Passion très sacrée.

Cinquième méditation


Très doux Jésus, rappelez-vous comment votre corps
très saint, dans la fleur de l'âge et de la force, a été
laissé sur la croix dans un tel besoin et une telle
impuissance, épuisé et exténué. Comment l'écorce
rugueuse de la croix a tourmenté votre dos sacré, si
blessé par la flagellation. Et comment le corps entier,
avec son propre poids, était plié et tombait. Comment
vous avez été meurtri par tant de coups et de blessures,
qui vous ont causé une grande douleur. Et que vous
avez souffert tout cela pour les pécheurs avec un cœur
plein d'une grande charité.



PRIÈRE

Seigneur très clément, que votre pauvreté et votre extrême nécessité soient mon éternelle restauration, et opèrent en moi une perpétuelle résurrection et amélioration de la vie. Que l'inclinaison rude de votre dos douloureux soit pour moi un repos spirituel. Que vos immenses douleurs guérissent les miennes, et que votre cœur courageux allume en moi la plus ardente charité.

Sixième Méditation


Rappelez-vous, très saint Jésus, comment, alors
que Vous étiez déjà dans les affres de la mort et
si las des tourments, Vos méchants ennemis se
sont moqués de Vous et ont dit tant d'affronts et
de blasphèmes contre Vous. Comment ils se sont
moqués de Vous avec des gestes et des
mouvements de rire. Comment, dans leur cœur, ils
vous ont vilipendé et vous ont considéré comme
moins que rien. Avec quelle gentillesse vous avez
prié votre Père pour eux. Comment vous avez
persévéré jusqu'au bout dans une souffrance
constante et incessante. Comment, étant l'Agneau
le plus innocent qui ôte les péchés du monde, vous
avez été compté parmi les malfaiteurs. Comme le
larron de la main gauche vous a méprisé et
blasphémé. Et l'autre, à droite, s'est vraiment
repenti et a imploré votre miséricorde. Comment
vous lui avez pardonné en une fois tous ses péchés.
Et Vous lui avez ouvert la porte du paradis céleste.


PRIÈRE

Seigneur, apprenez-moi à supporter avec patience pour Votre amour tous les torts, moqueries, reproches et mépris qui me sont offerts, et à excuser pieusement avec Votre Majesté tous mes adversaires. O source pérenne de bonté, Jésus très aimant ! Dès lors, j'offre à votre Père céleste votre mort très innocente en satisfaction de ma vie coupable, sujette à tant de vices. J'implore votre pitié comme un bon voleur. Souvenez-vous de moi, je vous en supplie, dans votre royaume. Ne me condamnez pas pour mes péchés. Pardonnez-moi, Seigneur, par votre miséricorde infinie, toutes mes fautes et ouvrez-moi le paradis céleste. Amen.

Septième méditation


Très doux Jésus, rappelez-vous qu'à cette heure, pour
moi, vous avez été abandonné de tous. Et comment
vos amis ne savaient pas que vous étiez la personne
la plus étrange.  Et vous étiez suspendu à la croix, nu
et privé de tout honneur, comme de vêtements. Et
votre vertu omnipotente semblait ne pas avoir de
pouvoir du tout. Comment ils vous ont traité sans pitié
et sans humanité, et vous avez tout traversé avec le
plus grand silence et la plus grande douceur. Combien
grande a été la douleur qui a transpercé votre cœur, en
voyant l'ineffable angoisse de votre très pieuse Mère,
parfaitement connue et méditée par vous seul. En voyant
les signes extérieurs de sa tristesse, digne de la plus
grande compassion. Entendre ses gémissements
lamentables. Et comment, au moment de mourir, et sur
le point de quitter votre très sainte Mère, vous l'avez
confiée à votre disciple bien-aimé, afin qu'il s'occupe
d'elle comme d'une mère, en toute miséricorde et fidélité.
Et à la Mère, vous avez désigné le même disciple comme
votre fils, afin qu'elle l'aime à votre place avec l'affection
d'une mère.


PRIÈRE

O excellent exemple de toutes les vertus, très sage Jésus ! Retirez de moi l'amour pernicieux de tous les mortels, ainsi que l'affection et les soins démesurés pour tous mes proches. Libérez-moi et débarrassez-moi de toute occupation inutile. Donnez-moi la fermeté et la constance contre tous les mauvais esprits, et la douceur avec toutes les personnes importunes et agitées. Jésus très miséricordieux, imprimez votre mort très amère dans mon cœur le plus profond, et faites-la connaître dans mes paroles et mes actes. Seigneur très doux, je confie et abandonne tout à la garde et au patronage perpétuels de votre Mère très sacrée et de votre disciple très aimant Jean.

Dites un Je vous salue Marie

Huitième Méditation


Souveraine Vierge Marie, je vous rappelle cette immense
douleur que vous avez ressentie dans votre sein maternel,
en voyant votre Fils très aimé crucifié et dans l'agonie de
la mort. Et comment vous n'avez pas pu lui donner la
moindre aide. Combien tristement vous l'avez contemplé
pendant les trois heures où il était sur la croix.
Rappelez-vous vos pleurs, et comment votre précieux Fils
vous a gentiment réconforté depuis la croix ! Et ses paroles
ont aussi transpercé vos cœurs de tristesse.Souvenez-vous
de voss larmes, suffisantes pour adoucir le cœur de ceux
qui étaient présents, même s'ils étaient de pierre.
Comment vous avez levé vos mains et vos bras avec la
force du sentiment ! Et le corps saint de votre Fils, avec le
poids de la douleur et le manque de force, se courbait.
Comme vous avez adoré le sang très précieux qui a coulé
sur la croix, et vous en as souillé vos lèvres très saintes !


PRIÈRE

O Mère de toute grâce et Mère de miséricorde, défendez et gardez-moi tous les jours de ma vie avec la bonté d'une mère, et protégez-moi miséricordieusement à l'heure de ma mort. Voici l'heure, ô Avocat des pécheurs, pour laquelle j'ai particulièrement désiré être votre serviteur le plus dévoué. C'est cette heure terrible au souvenir de laquelle le cœur et l'âme tremblent d'une grande terreur. Il n'y a guère de place pour les prières et les supplications, et il ne m'est offert aucune autre aide de laquelle, à cette heure, je puisse avec plus de raison me prévaloir pour obtenir le pardon.

Ainsi donc, abîme inépuisable de miséricorde, je me jette à vos divins pieds, et avec de profonds soupirs nés du fond de mon cœur, je vous supplie et vous implore de me permettre, en cette heure, de mériter votre assistance, en qui est toute joie. Comment puis-je me méfier, et quel mal puis-je craindre, si mon âme a alors votre protection de son côté ? Défendez donc, à cette heure, ma seule consolation, le spectacle affreux et horrible du diable ; aidez ce malheureux et délivrez-le de ses mains sanglantes. Trouvez en Vous le réconfort pour mes tristes gémissements. Regardez avec vos yeux de miséricorde, avec compassion et bienveillance, l'imbécillité de ma faible force, alors que mon dernier adieu approche. Alors, étendez vos mains les plus pieuses, recevez en elles mon âme pauvre et indigente, et, le visage riant, présentez-la devant le Juge suprême, en la confirmant et en la certifiant à la félicité éternelle qu'elle atteindra par votre intercession.

Méditation de la neuvaine


Très doux Jésus, très aimé de votre Père éternel, rappelez-vous, je vous en supplie, que lorsque
vous avez été cloué sur la croix, outre les plus vives douleurs du corps et l'angoisse de la mort,
vous avez aussi été privé de toute douceur et consolation dans votre âme et dans votre intérieur.
Comment, vous voyant si impuissants, vous avez invoqué votre Père éternel d'une voix lamentable.
Mais vous avez confirmé votre volonté et l'avez unie à la sienne avec la plus grande obéissance.
Rappelez-vous, Seigneur, la soif corporelle la plus intense que vous avez subie lorsque vous étiez si
vidé de votre sang. Et combien plus grande était la soif de votre esprit, qui procédait de votre
immense amour et de votre désir de notre salut, et comment, étant si las de l'intolérable tourment
de la soif, ils vous donnèrent à boire du fiel et du vinaigre. Et comment après tant de travaux, et l'accomplissement de tant de prophéties, vous avez dit : Consummatum est.

Et vous avez obéi à votre Père éternel jusqu'à la mort de la croix. Comment vous avez confié votre
très sainte âme entre ses mains. Et, enfin, comment elle s'est éloignée du corps saint.

Très doux et très pieux Jésus, dans l'union d'une si immense
charité, je vous supplie de m'aider dans toutes mes
afflictions par votre bonté. Puissiez-vous ne jamais fermer
vos oreilles à mes cris et à mes supplications, et m'accorder
une volonté toujours et en tout conforme et unie à la vôtre.
Que vous étanchiez en moi la soif de toutes les choses
temporelles et périssables, en me donnant une soif très
intense du spirituel et du divin. Que le breuvage de la plus
grande amertume qui vous est donné transforme en douceur
toutes mes adversités et tous mes travaux. Accordez-moi de
persévérer jusqu'à la mort dans mon accord, dans les bonnes
œuvres et dans votre grâce. Dès cette heure, ô Jésus très
miséricordieux, je remets mon âme entre vos mains, afin que,
lorsqu'elle quittera mon corps, vous la receviez avec joie.
Accordez-moi une vie qui vous soit agréable et acceptable, et
une mort très préméditée, prévue et heureuse, et que ma vie
 Que votre passion amère et votre mort suppléent et
perfectionnent tout ce qui manque à mes petits et pauvres
mérites, afin que mon âme quitte cette vie, par votre infinie
miséricorde, absoute de toute culpabilité et de toute peine. Amen.

Dixième Méditation


Mon Seigneur Jésus-Christ, rappelez-vous comment votre
côté sacré a été transpercé par le fer cruel et tranchant
de la lance. D'elle coulait une fontaine de sang précieux et
pourpre. Et avec elle jaillit une autre source d'eau de la vie.
Combien de peine et de douleur il vous a fallu pour me
racheter. Et avec quelle libéralité et quelle joie vous m'avez
rendu la liberté que j'avais perdue.



PRIÈRE

Très miséricordieux Jésus, que cette blessure profonde et
perçante de votre poitrine me serve toujours de refuge et
de défense contre tous les ennemis. Et que l'eau de vie qui
l'a traversée me lave et me purifie de toutes les souillures
de mes péchés, et que votre sang précieux et pourpre me
pare de toutes les vertus et grâces. Que tant de travaux et
de peines endurés pour me racheter vous incitent à me
considérer toujours comme tout à vous et à m'être toujours
favorable. Et m'ayant racheté si abondamment et avec tant
d'amour, que je sois toujours uni à vous dans une union
indissoluble.

Onzième méditation


O unique et singulière consolation, après Dieu,
de tous les pécheurs ; Reine du Ciel, Mère de
Dieu et toujours Vierge Marie ! Rappelez-vous,
ô Dame, la chance que vous avez eue au pied
de la Croix, en voyant votre cher Fils déjà mort,
et combien de fois vous avez levé vos yeux
pleins de larmes pour le voir déjà mort pour les
pécheurs. Avec la pitié et la tendresse d'une vraie
Mère, vous avez reçu dans vos mains ses bras
très saints. Avec quelle foi et quelle charité vous
les avez unis à votre visage, baigné dans le même
sang. Avec quelle dévotion vous avez imprimé vos
belles lèvres sur les blessures, les plaies et le
visage de votre précieux Fils. Et comme les plaies
de votre cœur étaient perçantes. Combien et
combien de larmes amères vous avez versées dans
ce passage. Comme les gémissements étaient
profonds et répétés. Et comme les mots sont sincères
et douloureux. Comment la tristesse lugubre a
couvert votre visage, étant la joie et la sérénité
même. Et, enfin, rappelez-vous que vos peines étaient
si grandes que tous les mortels ne pouvaient vous
consoler.


PRIÈRE

Dame Très Clémente, me souvenant de toutes ces angoisses, je vous supplie d'être la gardienne et la gouvernante perpétuelle de toute ma vie. Tourne vers moi ces yeux de miséricorde, Mère, gentiment. Mettez-moi à l'abri de tous  mes ennemis à l'ombre des ailes de votre cher Fils, et que l'amour et le dévouement avec lesquels vous avez adoré ses précieuses plaies soient le moyen de m'admettre à son amitié et de me réconcilier avec lui. Que les blessures et les douleurs mortelles de votre cœur m'apportent une grande tristesse et une véritable contrition pour mes péchés.

Douzième Méditation


Ô éclat et candeur de la lumière éternelle :
comme mon âme vous contemple éclipsée quand
elle vous considère déjà mort dans le sein de votre
plus triste mère, et vous embrasse à l'ombre de la
croix avec des lamentations puissantes et des
louanges reconnaissantes de votre miséricorde !
Éteignez en moi l'appétit et le désir brûlant de
tous les vices.

Ô miroir sans tache de la divine Majesté, et comment
pour m'avoir tant aimé, et pour le bien de ma santé,
vous avez été si terni ! Purifiez les grandes et les plus
impures taches de mes fautes.

O image très lucide de la bonté du Père éternel,
comme je vous vois différente et défigurée ! Reformer
et réparer l'image de mon âme si dépravée et perdue.

O Agneau très innocent, comme vous a été cruellement
traité ! Satisfaisez-moi, et purifiez par le sacrifice de
votre sang cette vie si coupable et toute dépensée à
vous offenser.

O Roi des rois et Seigneur des seigneurs ! Je Vous prie
avec toute mon affection de m'accorder que, comme mon
âme, avec douleur et lamentation, en cette occasion où
elle Vous trouve si rejeté, Vous embrasse et Vous recueille,
ainsi Vous, par Votre miséricorde, l'embrassez avec joie
quand elle prend congé du corps, en lui donnant l'éclat
éternel de la gloire. Amen.

Treizième Méditation


Vierge très sainte : rappelez-vous, je vous en prie, cette douleur
irrémissible que vous avez endurée lorsque, pour mettre au
tombeau le corps sacré de votre Fils, on l'a enlevé comme si on
l'arrachait de votre cœur.

Quand vous avez si tristement quitté le saint sépulcre.

Des pas que vous avez faits, sur ce chemin, si lamentable.

Des soupirs de votre cœur très triste pour votre fils enterré.

De la constance fidélité et fidèle constance  avec lesquelles vous
avez accompagné seul votre Fils dans toute son angoisse et sa
détresse, jusqu'à le laisser enseveli dans le monument.


PRIÈRE

O btenez pour moi, très pieuse Mère, de votre Fils bien-aimé, que, par les mérites de sa très sainte Passion et de vos immenses douleurs, je puisse surmonter toutes mes afflictions et mes douleurs, et mériter de vivre caché et retiré dans son glorieux sépulcre de tous les soins et occupations temporels ; que ce monde entier soit pour moi un bannissement, afin que je ne puisse que respirer et soupirer pour mon Dieu et Rédempteur, et persévérer constamment dans ses louanges et votre service jusqu'au dernier souffle de ma vie. Amen.


FIN DES ŒUVRES CHOISIES DU BIENHEUREUX HENRY SUSON, O.P.