Le Martyre de la Vendée.

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Message  Louis Jeu 09 Juin 2016, 5:37 am

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III. — Les douloureuses aventures de Mesdemoiselles Sophie de Sapinaud et Robert de Lézardière.

(suite)

Mais un coup de Providence les sauva. L'autorité républicaine de l'endroit était représentée par un Monsieur Tison, juge de paix, qui cachait des sentiments humains sous les airs farouches du patriote. C'est à sa garde que les soldats confièrent leurs deux captives. Elles reçurent, dans la maison de cet homme de cœur, des habits, de l'argent et mille soins délicats.

Elles restèrent là cachés six mois, pendant lesquels leur sauveur jouait sa tête à chaque minute.

Un jour, Monsieur Tison fut dénoncé et conduit au Mans avec les deux nobles Vendéennes. Il suivait, à pied, la charrette qui les traînait de prison en prison, c'est-à-dire d'église en église : les temples dévastés étaient alors transformés en cachots. Il souffrait avec elles le froid, la pluie, l'air infect qu'on respirait parmi les prisonniers, entassés pêle-mêle dans ces édifices incendiés.

Quand ils arrivèrent au Mans, il y restait encore près de 300 captifs. On en fusillait chaque jour un certain nombre, dont les cadavres restaient gisant sous les fenêtres de la prison où Monsieur Tison et ses deux protégées étaient détenus. C'était un monastère, fermé par des charmilles et une pièce d'eau.

Plusieurs jours se passent dans une horrible anxiété.

Tout à coup Monsieur Tison apprend, par ses relations avec des personnes sûres du dehors, que les deux prisonnières doivent être fusillées le lendemain, et qu'il faut à tout prix qu'elles s'évadent le jour même.

S'évader! mais comment?

L'excellent juge de paix, qui était moins sévèrement surveillé que les prisonniers ordinaires, trouva, parmi les gardiens du cachot, un soldat que les Sapinaud avaient sauvé à Mortagne. Il lui promit 10.000 francs, s'il s'engageait à ménager l'évasion des Vendéennes qu'on vient de condamner à mort.

Mais le soldat fut appelé ailleurs et le coup manqua.

Tison était venu à savoir que Mademoiselle Sophie avait des parents dans la ville. Il parvint à s'aboucher avec un de leurs domestiques, garçon robuste et déterminé, qui se charge d'enlever, le soir même, les prisonnières à travers l'étang.

On se figure les angoisses de ces malheureuses, à l'heure qui était convenue pour la délivrance. La tête à la fenêtre de la prison, les regards fixés sur la pièce d'eau qui miroitait sous les pâles rayons de la lune, elles guettaient le moindre mouvement, et frissonnaient au plus faible murmure.

Toute la nuit s'écoule, et le sauveur attendu ne vient pas…

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Message  Louis Ven 10 Juin 2016, 5:29 am

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III. — Les douloureuses aventures de Mesdemoiselles Sophie de Sapinaud et Robert de Lézardière.

(suite)

Toute la nuit s'écoule, et le sauveur attendu ne vient pas.

Et voilà que commençaient à poindre les premières lueurs du jour fixé pour leur supplice.

Mais Dieu voulut que la mort se fit également attendre, et l'espérance revint avec la nuit suivante. Elles attendaient avec les mêmes frissons d'espoir et de terreur.

Enfin, elles entendent un léger clapotement ; elles aperçoivent le domestique qui s'avance à travers l'étang, ayant de l'eau jusqu'à la gorge ; il arrive au pied de la muraille du monastère, et donne un signal qui est compris.

Mademoiselle Robert descend la première, au moyen d'une corde qui la tient suspendue ; elle monte sur les épaules du domestique et parvient à l'autre bord.

Mademoiselle Sophie y parvient à son tour par le même moyen.

Les voilà libres toutes les deux. Elles ôtent leurs vêtements, tellement collés à leur peau qu'elles l'arrachent toute sanglante. Elles prennent des habits déposés là par Monsieur Tison, fixent à leur coiffure de grandes cocardes tricolores, et donnant le bras à leurs deux libérateurs, elles vont se réfugier chez Madame de Sapinaud, la mère du traducteur des psaumes.

Trop suspecte pour les garder chez elle, celle-ci les logea chez une de ses anciennes femmes de chambre, dont le mari figurait au premier rang des sans-culottes.

Au bout de huit jours, les deux proscrites peuvent se retirer à Chartres, déguisées en lingères, avec un passeport, qu'elles avaient elles-mêmes fabriqué.

L'une portait le nom de Madeleine, et l'autre, celui de Nanette Tardy.

Elles prirent logement chez une dame Jordan, pâtissière, naïve et grossière républicaine, qui leur racontait, avec grands détails, l'exécution des aristocrates, et voulait sans cesse les mener au club, pour faire des émotions, disait-elle.

Les Vendéennes se bornèrent à confectionner des chemises pour les Bleus, à cinq sous la pièce.

Toute patriote qu'elle était, Madame Jordan sentait la distinction des deux ouvrières, les appelait Mamzelles, et les servait avec un certain respect, mais si chichement, que la ration de pain était souvent insuffisante.

Un jour, la pâtissière leur proposa une partie superbe : …

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Message  Louis Sam 11 Juin 2016, 5:40 am

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III. — Les douloureuses aventures de Mesdemoiselles Sophie de Sapinaud et Robert de Lézardière.

(suite)

Un jour, la pâtissière leur proposa une partie superbe : il s'agissait d'aller voir guillotiner le ci-devant curé de Chartres.

Mais Mademoiselle Robert lui persuada qu'à regarder pareil spectacle, elle s'exposait à avoir des enfants sans tête.

La pâtissière n'insista pas.

Plusieurs mois s'écoulèrent ainsi, dans le travail, la misère et la terreur, entre les cruels souvenirs du passé et les menaces de l'avenir.

Enfin, un jour, Madame Jordan annonçait une grande nouvelle aux deux étrangères : on venait de guillotiner Monsieur Robespierre, sous prétexte qu'il voulait guillotiner toute la nation.

— Qui s'en serait douté ? ajoutait naïvement la fervente républicaine. C'est vraiment dommage : car c'était un si aimable citoyen !

Mademoiselle de Sapinaud apprit alors tous les malheurs de sa famille…

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Message  Louis Dim 12 Juin 2016, 6:22 am

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III. — Les douloureuses aventures de Mesdemoiselles Sophie de Sapinaud et Robert de Lézardière.

(suite)


Mademoiselle de Sapinaud apprit alors tous les malheurs de sa famille. Ses sœurs, Aimée et Charlotte, l'une âgée de 23 ans, l'autre de 17, avaient suivi l'armée avec leur père, jusqu'au dernier combat.

Charlotte, en proie à la petite vérole, avait passé six semaines en marche, sans quitter son amazone ni son pantalon. « Quand on les lui ôta, écrit-elle, on la dépouilla comme un lapin. »

Le père avait été fusillé, en présence de ses deux filles, à Savenay.  Elles avaient vu sa mâchoire en  lambeaux tomber  sur  sa poitrine ;  elles avaient entendu sa voix mourante,   demander, comme Bayard, si Dieu lui pardonnerait.

D'abord condamnées à mort, les deux jeunes filles furent incarcérées à Lorient, pêle-mêle avec les forçats, contraintes à porter comme eux le bonnet rouge et le numéro d'écrou (1), allant chercher chaque jour avec eux leur ration de fèves dans une écuelle.

Et toute cette longue série de tortures, les persécuteurs la motivaient ainsi : « C'est pour avoir assisté aux prières dites par un sacristain, dans l'église de Bazoges; pour être restées paisibles chez elles, lorsque les Brigands occupaient la commune ». C'est le texte même de leur jugement.

La mort de Robespierre vint sauver les nobles galériennes de Lorient, avec tant d'autres victimes de la Terreur.

Mesdemoiselles Sophie de Sapinaud et Robert de Lézardière revinrent à Nantes, d'où elles furent reconduites en sûreté dans leur pays.

Elles y vécurent jusqu'à la paix, du surplus de leurs anciens fermages, que les paysans leur apportaient chaque année, après avoir soldé les nouveaux prix aux acquéreurs républicains.

Et le sauveur des deux proscrites, Monsieur Tison, que devint-il? Il fut sans doute victime de son héroïque générosité : car, malgré ses recherches, la famille de Sapinaud ne put avoir de ses nouvelles, ni lui témoigner sa reconnaissance autrement que par des prières, et par la publicité qu'elle voulut donner à son nom.

Mademoiselle Sophie épousa Monsieur de Joannis, et vécut à la Gaubretière, au milieu de l'affection des siens, et de la juste vénération de tout le pays.

Par les soins intelligents du maire, Monsieur de Rangot, elle vit s'élever, près de l'église, un gracieux monument à la mémoire du lieutenant-général de Sapinaud, mort le 10 août 1829.

Glorieuse consolation pour une famille si éprouvée, et dont le nom doit rester inscrit dans le martyrologe de la Vendée.
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(1) Le numéro d'écrou de Mademoiselle Aimée était 34 ; il a été conservé par la famille, comme une relique de martyr.


A suivre : IV. — Les étapes douloureuses de Madame la marquise de Bonchamp.

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Message  Louis Lun 13 Juin 2016, 5:25 am

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IV. — Les étapes douloureuses de
Madame la marquise de Bonchamp.

La prise de Fontenay, où son mari fut grièvement blessé, le 25 mai 1793, marque la date où commencent les grandes infortunes de Madame la marquise de Bonchamp.

Son château de la Baronnière, situé près de Saint-Florent-le-Vieil, était menacé par les Bleus. Elle reçut l'ordre de le quitter en toute hâte, pour se rendre à Beaupréau, avec ses enfants.

« Le tocsin sonnait, écrit-elle ; je n'eus que le temps de me sauver. Je fus obligée de prendre des chevaux de fermiers, tous les nôtres ayant été saisis par les réquisitions.

« Je plaçai mes enfants dans l'un des paniers attachés sur le dos des chevaux, avec quelques joujoux pour les empêcher de crier ; l'autre panier fut rempli de poudre, de fusils, de pistolets appartenant à mon mari.

« Le cheval qui portait mes enfants ayant été effrayé, s'emporta et les renversa. Je ne saurais dire l'effroi que me causa le danger qu'ils coururent.

« J'arrivai à la Gaubretière, en Poitou, chez Madame de Boisy, où je reçus les plus tendres marques d'affection. Je fus là à toute extrémité ; je ne dus ma guérison qu'aux soins qui me furent prodigués. »

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Madame de Bonchamp, qui avait passé la Loire à la suite de l'armée vendéenne, ajouta l'illustre spectacle de ses malheurs à celui du martyre de tout ce grand peuple de proscrits.

Dans la précipitation tumultueuse de la déroute du Mans, son fils, le petit Herménée, avait disparu : mais elle fut assez heureuse pour les retrouver.

Elle put gagner la Loire à Ancenis, et essaya de passer le fleuve dans un batelet, avec ses deux enfants.

Les barques canonnières lui tirèrent un boulet qui perça son bateau. La frêle embarcation sombra avec les passagers. La marquise put cependant gagner la rive gauche, grâce au secours de quelques paysans, qui la sauvèrent à la nage, elle et ses deux enfants.

Elle vient enfin de mettre pied sur la terre de Vendée…

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Message  Louis Mar 14 Juin 2016, 5:37 am

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IV. — Les étapes douloureuses de Madame la marquise de Bonchamp.

(suite)



Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Elle vient enfin de mettre pied sur la terre de Vendée ; mais là commence, pour la pauvre mère, une nouvelle série d'épreuves encore plus cruelles.

Poursuivie par les Bleus, la marquise dut faire quatre lieues à pied, d'Ancenis au village de Saint-Herblon, portant son fils sur son dos. Une femme qui la suivait portait sa fille.

Elles arrivent à une ferme, où la fièvre les oblige à se mettre au lit. Mais soudain retentit un cri d'alarme : « Sauvez-vous; voici les Bleus. »

Madame de Bonchamp se réfugie dans une grange, et là, elle voit son petit Herménée expirer dans ses bras.

« Je ne sais, écrit-elle, ce que je serais devenue dans cette horrible situation, sans la religion qui suffît à tout, et qui fait tout supporter. Je vis cet enfant bien-aimé dans le ciel, et je ne pleurai que sur moi-même. Je l'enveloppai d'un grand mouchoir blanc, et je le gardai mort dans mes bras pendant 48 heures, ne voulant m'en séparer que pour le déposer dans une terre consacrée par la religion.

Mais bientôt, il fallut changer d'asile, et les fugitives allèrent se cacher dans le creux d'un vieil arbre, à une hauteur de 12 pieds. Elles y grimpent par une échelle, et restent là blotties, trois jours et trois nuits, dévorées par la fièvre de la petite vérole, n'ayant pour toute nourriture qu'une cruche d'eau et un morceau de pain noir, que le paysan de la ferme avait placés près d'elles.

Malgré ses déguisements, Madame de Bonchamp ne put échapper aux battues des colonnes infernales.

Dans une de ses fuites successives, elle venait de passer la nuit au fond d'un fossé, quand elle fut réveillée par un bruit de troupes républicaines qui l'aperçurent.

Bien que déguisée en paysanne, elle fut reconnue et traînée dans les prisons de Nantes.

Incarcérée d'abord au Bon-Pasteur, elle fut transférée dans les cachots du Bouffay, puis dans une chapelle voisine.

« Je me trouvai, dit-elle, avec plaisir dans ce lieu, où l'on avait célébré les mystères les plus augustes de la religion. Je reconnus la place de l'autel, et j'allai m'y prosterner. Nous étions plusieurs prisonniers dans cette chapelle. On y mit successivement d'autres condamnés. Je les voyais, deux fois par jour, conduire à l'échafaud. Je les exhortais à la mort, et je leur lisais les prières des agonisants, dans un livre d'Heures que m'avait fait passer Mademoiselle Charette, parente du général. Quand je lisais ces prières, les malheureux les écoutaient à genoux, en joignant les mains, et répondaient avec une ferveur attendrissante. »

La prisonnière obtint d'avoir sa fille avec elle…

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Message  Louis Mer 15 Juin 2016, 5:59 am

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IV. — Les étapes douloureuses de Madame la marquise de Bonchamp.

(suite)

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

La prisonnière obtint d'avoir sa fille avec elle.

« Combien cette enfant chérie m'attendrissait, nous dit-elle, lorsque à genoux à côté de moi, les mains jointes, elle faisait tout haut ses prières, en y mêlant toujours quelques phrases qu'elle inventait, pour demander à Dieu ma santé et ma liberté. Son air triste et recueilli contrastait d'une manière singulière et touchante avec sa figure enfantine et l'étourderie naturelle à son âge.

« Quoique je n'eusse pour tout livre que des Heures, j'occupais tous mes instants. Je donnai à mon enfant des instructions proportionnées à son intelligence. Elle m'écoutait avec une attention qu'elle n'aurait jamais eue dans le plus beau cabinet d'étude. Le lieu où nous étions disposait au recueillement; il ne permettait aucune distraction frivole, et rendait frappantes les plus simples leçons morales et religieuses.

« Souvent ma fille me chantait des fragments de cantiques. Mes larmes coulaient en l'écoutant : je croyais entendre la voix consolatrice d'un ange. »

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Madame de Bonchamp finit par obtenir sa liberté, grâce à l'entremise d'un négociant de Nantes, Monsieur Haudaudine, un des 6.000 prisonniers graciés par Bonchamp à Saint-Florent-le-Vieil.

Cependant, ses lettres de grâce n'arrivaient pas.

« Le geôlier, qui était le meilleur homme du monde, écrit-elle dans ses Mémoires, me proposa d'envoyer ma fille au tribunal, en m'offrant de me donner sa servante pour la conduire.

« J'acceptai sa proposition. Nous endoctrinâmes l'enfant qui avait un peu peur du tribunal, quoiqu'elle ne sût pas trop ce que c'était. Je lui fis répéter une douzaine de fois la phrase qu'elle devait dire, et elle me quitta en me laissant des inquiétudes vagues mais accablantes.

« Elle arrive au tribunal, où elle entre avec beaucoup de gravité, et s'approchant des juges, elle dit à haute voix, très distinctement : « Citoyens, je viens demander les lettres de grâce de maman. »

« Après cette harangue, la servante me nomma.

« L'un des juges dit à l'enfant: « Je sais que tu as une voix fort belle, qui charme tous les détenus de la prison. Je te donnerai les lettres de grâce, à condition que tu vas me chanter ta plus jolie chanson.

« Ma fille avait envie de plaire aux juges ; elle pensa que dans cette occasion, le chant le plus bruyant serait le meilleur : elle chanta de toutes ses forces :

Vive, vive le roi !
A bas la République ! »

« Si elle avait eu quelques années de plus, nous aurions été, le lendemain, envoyées l'une et l'autre à la guillotine. »

L'héroïsme eut irrité ce tribunal sanguinaire ; l'ingénuité le désarma. On sourit ; on fit quelques réflexions patriotiques sur la détestable éducation que recevaient ces malheureux enfants des Vendéens fanatiques.

On accorda les lettres demandées, et la petite fille les rapporta triomphante à sa mère.

Madame de Bonchamp sortit de prison et retourna dans son château de la Baronnière, qu'elle fut bientôt obligée de vendre, pour avoir son pain de chaque jour.

« Mais le simple nécessaire et la tranquillité, nous dit-elle, c'était désormais pour moi le bonheur. »

Dans la déroute de Savenay…

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Message  Louis Jeu 16 Juin 2016, 5:58 am

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V. — Vie errante et proscrite de Madame de Lescure, durant l'hiver de 1793 à 1794.

Dans la déroute de Savenay, Madame de Lescure, avec Madame de Donnissan sa mère, l'abbé Jagault et Mamet, femme de chambre, sous la direction d'un guide, prirent à travers champs le chemin de Guérande.

On les conduisit d'abord au château d'Ecuraye, dont le propriétaire avait émigré, et qu'un régisseur nommé Ferret habitait avec sa famille. Mais bientôt le bruit du canon se lit entendre : c'était l'artillerie de Westermann, qui balayait la route de Guérande, et chassait les Vendéens dans leur fuite.

Ferret mena Madame de Lescure, sa mère et l'abbé Jagault dans une métairie voisine, la métairie de Lagrée, cachée au fond des bois, sur la petite paroisse de Prinquiaux.

Mamet restait seule au château d'Ecuraye.

« Les hussards se répandant partout, dit l'auteur des Mémoires, la métayère décida que, pour prévenir tout soupçon, il fallait nous séparer. Elle envoya le pauvre abbé Jagault travailler avec les hommes. Il était malade, et comme il avait marché sans chaussures, ses pieds étaient tout en sang. Elle établit ma mère à tricoter auprès du feu, dans un coin obscur.

« Elle me conduisit à un moulin à vent, très isolé de la maison, et dit au garçon meunier : « Renaud, voici une pauvre Brigande, que je te donne à garder. Si les Bleus viennent, tu diras qu'elle est ici pour moudre son grain. »

« Je m'assis sur un sac, et j'y passai quatre heures.

« A chaque instant, j'entendais les coups de fusil et les cris : « Arrêtes les brigands ! Tue, tue ! »

Toute la campagne était couverte de fuyards qu'on massacrait.

Les Bleus vinrent heurter à la porte du moulin, pour demander à manger et à boire. Renaud répondit qu'il n'avait rien.

Le soir, il reconduisait Madame de Lescure à Lagrée; mais, le lendemain, il fallait encore se disperser.

Monsieur l'abbé Jagault continuait d'aller aux travaux des champs, sous le nom de Pierrot. Madame de Lescure allait garder les moutons, sous le nom de Jeannette, et on appelait sa mère Marion.

Peu de jours après, Mamet venait les rejoindre à Lagrée. Elle avait couru de très grands dangers. S'étant trouvée confondue dans la mêlée des fuyards, que les républicains poursuivaient de leurs terribles fusillades, elle se précipita, hors d'haleine, chez un paysan, en lui criant : « Ayez pitié de moi ; sauvez-moi ! »

Le Breton l'accueillit et la cacha dans une niche recouverte de paille. Les Bleus vinrent un instant après, fouillant partout, enfonçant dans la paille de la cachette leurs sabres et leurs baïonnettes, dont Mamet voyait les pointes ; mais elle n'en fut pas blessée.

Elle s'habilla en Bretonne, et passa l'hiver chez le brave paysan qui l'avait reçue, dans la paroisse de la Chapelle.

On arrivait au mois de janvier.

M. Jagault, mal déguisé sous ses habits de travailleur, était souvent obligé de coucher dehors, craignant d'être reconnu et de compromettre les autres. Il prit le parti d'essayer à pénétrer jusqu'à Nantes, malgré l'affreuse terreur qui pesait sur la cité.

On fit partir de Prinquiaux pour cette ville, dix charrettes de réquisitions. Il eut le courage de se mettre dans le convoi, sans passeport. Il conduisait les bœufs de la Ferret, qui se plaça bravement dans une des charrettes, sous le déguisement d'un métayer.

Il entra dans la ville, où Madame de la Ville-Guevray parvint à lui procurer un asile. Depuis, il a toujours échappé à toutes les recherches.

Cependant, les dangers devenaient de plus en plus pressants…

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Message  Louis Ven 17 Juin 2016, 5:23 am

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V. — Vie errante et proscrite de Madame de Lescure, durant l'hiver de 1793 à 1794.

(suite)

Cependant, les dangers devenaient de plus en plus pressants. Madame de Lescure, Madame de Donnissan et Mamet durent quitter Prinquiaux, pour errer longtemps, de gîte en gîte, au milieu des bois, loin des chemins battus, traversant les haies d'épines et les fossés pleins d'eau. Elles entendaient partout retentir les coups de fusil et les cris féroces des soldats républicains.

Elles s'étaient réfugiées au hameau de la Minaye, sur la paroisse de Pont-Château, quand une nouvelle alerte força les malheureuses femmes à fuir encore plus loin.

« Nous nous mîmes à marcher à travers la campagne, dit Madame de Lescure. Quand nos forces furent épuisées, nous nous arrêtâmes dans un champ d'ajoncs ; nous nous assîmes dos à dos, pour nous soutenir, et nous restâmes là plusieurs heures, sans savoir que devenir, mourant de faim et de froid.

« Enfin nous vîmes paraître la fille de Ferret, qui nous apportait de la soupe. Elle nous ramena pour quelques jours à Lagrée.

« Le 19 avril, on vint nous avertir que les Bleus allaient faire des fouilles dans les environs, au Bois-Divet. Nous prîmes le parti de coucher dehors, dans un champ de blé.

Nous nous mîmes dans un sillon. Il pleuvait. Malgré tout, je m'endormis. Ma mère se réveilla vers une heure du matin. Elle entendit la patrouille des Bleus passer dans un sentier, à 50 pas de nous. Un paysan nommé Gouret vint nous chercher, et nous introduisit dans une cabane, près de chez lui. »

Au mois de mai, les proscrites se retirèrent chez Madame Dumoustiers, au château de Dreneuf, dans la paroisse de Feygréac.

A la mort de Robespierre, il y eut un moment de relâche et de soulagement pour tous ces persécutés. On parlait d'amnistie.

« Je voulus aller à Nantes, dit Madame de Lescure, pour voir comment tout s'y passait. Je montai à cheval; je fis 12 lieues sans m'arrêter, et j'entrai à Nantes, en habit de paysanne, un bissac sur le dos et des poulets à la main.

« Madame de Bonchamp était encore en prison : j'allai la voir; les prisons étaient presque vides.

« J'appris aussi que Monsieur de Charette était en pour-parler pour la paix.

« Je repartis pour Dreneuf. Ma mère fut satisfaite de ce que je lui racontai. Nous convînmes que nous partirions pour Nantes. »

Elles partirent en effet. A Nantes, on leur remit un acte d'amnistie ainsi libellé : « Liberté, égalité ; paix aux bons, guerre aux méchants ; justice à tous.

« Les représentants ont admis à l'amnistie Mesdames de Lescure, Donnissan, etc.. qui ont déclaré s'être cachées pour leur sûreté personnelle. »

Elles étaient libres. Elles se hâtèrent de gagner le Médoc, emportant avec elles la gloire impérissable de leurs malheurs.

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Nous venons de voir comment la persécution poursuivit et martyrisa 100.000 Vendéens sur la rive droite de la Loire, pendant l'hiver de 1793 à 1794.

En repassant le fleuve avec les survivants de cette expédition néfaste, nous allons trouver d'autres martyrs, d'autres horreurs et des atrocités plus épouvantables encore, en suivant, dans leurs chevauchées sanglantes, les colonnes infernales de Turreau.

A suivre : Chapitre V. LES VICTIMES DE LA PERSÉCUTION EN VENDÉE, SOUS LE RÉGIME DES COLONNES INFERNALES, A LA FIN DE 1793 ET EN 1794.

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Message  Louis Sam 18 Juin 2016, 5:34 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Chapit13

I

SITUATION   DE   LA   VENDÉE,   À  LA   FIN   DE   1793

Avant d'entrer dans la période la plus atroce de la persécution, sous l'épouvantable régime des colonnes infernales, jetons un coup d'œil sur la situation générale de la Vendée, quelques jours avant le passage de la Loire, et après le désastre de Savenay, à la fin de 1793.

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Madame de Sapinaud, qui se trouvait à Mortagne, au moment où l'armée républicaine de Luçon y faisait son entrée, nous a laissé, dans ses Mémoires, le récit de ce qu'elle a vu de ses yeux.

« J'avais envoyé, nous dit-elle, à la Blanchardière, prévenir mes enfants et les engager à fuir.

« Je m'étais jetée sur mon lit, quand on vint m'avertir que les Bleus entraient dans Mortagne. Je me réfugiai en toute hâte dans un bois voisin, avec ma servante Perrine. Au milieu du bois, nous apercevions des cavaliers, qui menaçaient de tout tuer et de tout brûler. Perrine, effrayée, voulait quitter notre retraite : je voulus attendre au soir. Le feu était partout.

« Cependant, notre château de Bois-Huguet n'avait pas été visité. Craignant toutefois d'y trouver les Bleus, je me dirigeai vers un hameau, qui n'était pas éloigné. Mais hélas ! toutes les portes des maisons étaient ouvertes; le linge et les vêtements étaient jetés en désordre au milieu de la rue. Dans la frayeur que nous causa ce spectacle, nous allâmes nous cacher derrière une haie.

« Comme j'étais dévorée par la soif, Perrine courut me chercher de l'eau à une fontaine. Pendant son absence, j'entendis un bruit de chevaux qui me fit tressaillir, mais bientôt le bruit s'éloigna.

« Nous nous dirigeâmes alors vers la Blanchardière, en évitant de suivre les chemins battus et d'approcher des métairies. Nous rencontrâmes cependant une ferme sur notre route. La maison était à moitié brûlée ; les portes étaient ouvertes : les bœufs et les vaches mugissaient, les moutons bêlaient, comme dans un orage, aux grondements du tonnerre.

« Nous arrivâmes à la Mourière, le lendemain matin.

« J'étais encore au lit, quand on vint nous dire…

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Message  Louis Dim 19 Juin 2016, 5:59 am

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« J'étais encore au lit, quand on vint nous dire qu'il y avait plus de 10.000 hommes à Mortagne, qu'un grand nombre de royalistes avaient été massacrés, et que les Bleus allaient envoyer des patrouilles dans toutes les directions, pour tout incendier.

« Ces nouvelles jetèrent l'effroi parmi les personnes qui s'étaient réfugiées à la Mourière. Le soir, on prit le parti de coucher dehors. On me donna une couverture, et je me blottis dans une prairie écartée, sous un grand chêne, derrière une grosse haie. J'y dormis une heure, mais saisie par le froid, je priai les paysans de me ramener à la ferme.

« Je la quittai le lendemain pour aller à Saint-Laurent. De Saint-Laurent, je retournai à Mortagne tout en larmes : j'étais séparée de ma fille ; je la demandais partout.

« En arrivant à Mortagne, je trouvai les rues pleines de soldats républicains. Je m'empressai de me déguiser, et je retournai à la Verrie. »

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

A cette même époque, un voyageur traversait presque tout le Bocage vendéen, de Sainte-Hermine à Mortagne, et voici l'horrible peinture qu'il nous en a laissée : « Je ne vis pas un seul homme à Saint-Hermand, à Cliantonnay ni aux Herbiers. Tout ce que je pus voir de maisons de campagne et de chaumières, sur la route et dans les bois riverains, était la proie des flammes. Le ciel était obscurci de fumée. Quantité de cadavres, jetés çà et là, commençaient à infecter l'air.

« Les troupeaux n'osaient approcher de leurs étables incendiées. Les bœufs, les génisses, les troupeaux égarés, faisaient retentir les échos de leurs mugissements prolongés.

« Je fus surpris par la nuit. Le reflet lointain des incendiés allumés, et qui enflammaient l'horizon, me présentait un tableau plus effroyable encore des horreurs de la guerre.                                                              

« Aux bêlements des brebis fourvoyées, aux beuglements des bœufs, se mêlaient le croassement des corbeaux, le hurlement des loups et des autres animaux carnassiers, qui sortaient du fond des bois, pour dévorer les cadavres jonchés dans la campagne.

« Enfin, j'aperçus, dans le lointain, une immense colonne de feu, qui s'étendait à mesure que j'avançais vers le nord : c'était Mortagne qui brûlait. Je n'y trouvai que quelques femmes éplorées, occupées à retirer des débris du milieu des flammes (1).

Quelques jours avant la grande et désastreuse bataille…
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(1) Administration militaire. Anonyme, p. 97.

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Message  Louis Lun 20 Juin 2016, 5:33 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Quelques jours avant la grande et désastreuse bataille de Cholet, en octobre 1793, le Bocage était encore une fois envahi, dévasté et terrorisé par les armées révolutionnaires.

Les habitants de Châtillon et des alentours accouraient en foule vers Mortagne et vers Cholet, où se concentrait la grande armée catholique, et entraînaient après eux leurs bagages, leurs meubles et des vivres chargés sur des charrettes.

En nous faisant la peinture des angoisses et des souffrances de sa famille, Monsieur Boutillier de Saint-André va nous offrir le navrant tableau de presque toutes les familles vendéennes, à cette époque. L'auteur de ce récit avait alors 12 ans. Il avait un frère de 10 ans, et deux sœurs, dont l'une était âgée de 7 ans et l'autre de 4.

« A la nouvelle de la prise de Châtillon, écrit-il, mon père, ma mère et tout le personnel de la maison fit ses paquets, c'est-à-dire que chacun de nous prit une chemise, quelques bas et quelques mouchoirs, et tous ensemble, quittant Mortagne, nous courons nous cacher sur les bords de la Sèvre, au milieu des rochers qui encombrent le cours de cette rivière, dans la vallée d'Evrunes.

« Nous avions fait un quart de lieue à peine, quand une détonation terrible se fait entendre ; c'était comme une décharge de trente canons tirés à la fois. Convaincus que les républicains venaient d'entrer à Mortagne, nous restâmes toute la nuit cachés.

« Mais le lendemain, quelques femmes nous dirent que les Bleus n'étaient pas encore sortis de Châtillon, et nous nous hasardons à retourner à Mortagne.

« En arrivant, nous apprîmes la cause de la détonation que nous avions entendue. Le dépôt de l'artillerie, avec un grand nombre de caissons pleins de poudre, se trouvait dans la cour de l'abbaye. Deux hommes et deux femmes voulurent, par curiosité, visiter le parc, pendant la nuit. Une étincelle des flambeaux qu'ils portaient à la main, mit le feu à l'un des caissons. L'explosion fut affreuse. Les deux hommes furent lancés à plus de dix pieds dans l'air et tués du coup avec l'une des femmes. L'autre eut tout le corps couvert de brûlures, mais survécut à la catastrophe.

« Quand nous arrivâmes à Mortagne, il nous fallut passer auprès des cadavres…

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Message  Louis Mar 21 Juin 2016, 6:02 am

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« Quand nous arrivâmes à Mortagne, il nous fallut passer auprès des cadavres : c'étaient les premiers que je voyais, et je frémissais à l'aspect de ces corps noircis et mutilés.

« Nous ne restâmes que quelques jours chez nous.

« Mon père et moi, nous allons chercher une nouvelle retraite au Zais, dans la vallée de Saint-Hilaire-de-Mortagne, sur les bords de la Sèvre. Ma mère, mes frères et tous nos domestiques restaient à la maison. Peu après, ma mère envoyait à mon père une lettre qu'il me lut. La voici :

« Mon ami, c'est en vain que nous voudrions conserver quelques espérances ; il ne nous reste qu'à faire à Dieu le sacrifice de notre vie. Les républicains égorgent sans pitié et sans distinction tous ceux qu'ils rencontrent. Je veux fuir avec toi, avec mes pauvres enfants. Nous mourrons tous ensemble peut-être : mais, s'il faut périr, j'aime mieux périr en fuyant avec toi.

« Hélas ! ce n'est pas pour nous, c'est pour nos pauvres enfants que je crains. Mettons-nous et mettons-les sous la garde de Dieu : nous n'avons plus désormais d'espoir qu'en lui seul. Adieu. »

« Mon père inonda cette lettre de ses larmes.

« La soirée se passa bien tristement : mon père, abîmé dans son chagrin, ne put prendre aucune nourriture. Tout jeune que j'étais, j'avais un sentiment très vif de l'horreur de notre situation. J'envisageais déjà la mort sous toutes ses formes, et je me familiarisais avec cette idée que la fin de ma vie était proche. Puisqu'il me faut mourir un jour, me disais-je, qu'importe de périr à 14 ou à 40 ans ? L'essentiel  est  de bien mourir. J'espère que Dieu  me fera miséricorde; car chaque jour j'ai recours à lui par mes prières.

« Ces pensées me consolaient; mais ce qui accablait mon cœur, c'était la crainte de survivre à mes parents et de les voir massacrer sous mes yeux.

« Mon père et moi nous passâmes toute la nuit à prier Dieu. Le chagrin m'avait ôté le sommeil; je ne faisais que pleurer et réciter mes prières.

« Le lendemain, de bonne heure…

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Message  Louis Mer 22 Juin 2016, 5:47 am

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« Le lendemain, de bonne heure, nous nous rendîmes à Mortagne. Nous trouvâmes la ville presque déserte; tout le monde avait fui.

« Ma mère avait conservé quelques sommes d'argent, qu'elle n'avait pas encore cachées. Mon père employa le reste de sa journée à faire des étuis en terre jaune, qu'il consolida en les faisant cuire au feu. Il y glissa des écus et quelques louis. On renferma des pièces d'or dans les doublures de nos gilets. Le soir, nous portâmes cacher ces étuis, une partie dans le bois des Granges, et l'autre dans un pré voisin de Mortagne. Mon père avait couvert chaque rouleau d'une ardoise, sur laquelle il avait gravé ces mots : Ad custodiam Dei ; à la garde de Dieu.

« En revenant, nous passâmes par Chasserat, où ma nourrice avait une petite maison. Ce lieu est au sommet de la colline, d'où l'on découvre, au nord, tout le plateau qui s'étend sur Cholet  le May, Nuaillé. Ce point de vue est très beau. A la vue d'un si gracieux paysage, mes parents, pensant à ces hordes sauvages qui allaient l'envahir, ne pouvaient retenir leurs larmes. « Oh ! cher malheureux pays, que vas-tu devenir? s'écriaient-ils. De barbares soldats vont incendier ces maisons, abattre ces haies, et couvrir de cadavres cette délicieuse campagne ! Adieu, cher pays, berceau de nos ancêtres, lieu sacré où nous avons reçu le jour, adieu ! »

« De retour à la maison, avant de fuir devant l'invasion révolutionnaire, nos parents voulurent…

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Message  Louis Jeu 23 Juin 2016, 5:38 am

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« De retour à la maison, avant de fuir devant l'invasion révolutionnaire, nos parents voulurent nous consacrer à la sainte Vierge.

« Il y avait près de Mortagne, au pont jeté sur la Sèvre, une chapelle dédiée à Marie, et qui était chère à la piété des fidèles, à cause de plusieurs miracles qui s'y étaient opérés.

« Mon père et ma mère nous rassemblent devant eux, mon frère, mes deux sœurs et moi, pour nous faire leurs dernières recommandations. Leur parole était empreinte d'une telle tendresse, d'un ton si affectueux et en même temps si solennel, qu'il me serait impossible de rendre l'impression que j'en ressentais.

« Mes chers enfants, nous dirent-ils, nous voilà rendus aux derniers dangers: tout nous annonce une fin prochaine. Qui pourrait désormais nous sauver ? On massacre tout ce qui nous entoure, et demain peut-être nous ne serons plus. Nous allons fuir. Votre faiblesse et votre âge ralentiront nos pas ; mais c'est peut-être aussi votre faiblesse qui vous sauvera, en attendrissant nos cruels ennemis. Pour nous, mes chers enfants, nous n'avons point l'espoir d'être épargnés. Que deviendrez-vous, si jeunes et si faibles? N'ayant plus d'espérance dans les hommes, c'est à Dieu, à Dieu seul que nous devons avoir recours.

« Nous désirons aussi vous mettre sous la protection de la sainte Vierge ; elle est notre patronne ; elle ne vous abandonnera pas. Si, comme nous le prévoyons, vous restez orphelins, elle vous servira de mère.

« En entendant ces paroles, nos pleurs coulaient en abondance, et nos sanglots étaient déchirants.

« Nous étions tous à genoux devant nos parents. Ils nous donnèrent leur bénédiction et nous embrassèrent avec tendresse.

« Mon père dit alors d'une voix forte et très émue :

« Ô mon Dieu, si les angoisses et les émotions d'un père, d'une mère et d'enfants chéris sont des sentiments qui vous touchent, jetez les yeux sur nous en ce moment ; que ce tableau d'une famille en pleurs vous fléchisse, et sauvez nos enfants.

« Et vous, sainte mère de Dieu, prenez-les sous votre garde; conservez-les ; ne les abandonnez pas.

« Puis, mon père ajouta, en s'adressant à nous : « Mes enfants, nous avons résolu de nous rendre avec vous à la chapelle de la sainte Vierge du Pont, et là, de vous consacrer à cette tendre patronne ; venez avec nous.

« Mon père me prend alors par la main, ainsi que ma sœur Augustine ; ma mère prend mon frère et ma sœur Camille, et nous nous acheminons tous les six vers la chapelle.

« Arrivés dans cet humble sanctuaire, nous nous prosternons tous devant l'autel, et mon père, tout en larmes, prononce la prière suivante, entrecoupée de ses sanglots et des nôtres :

« Très sainte Vierge Marie, mère de Dieu, nous n'avons plus d'espoir qu'en vous : nous venons mettre nos quatre enfants sous votre garde. Défendez-les, conservez-les. Soyez leur bonne mère ; ne les abandonnez pas. »

« Cette prière, cette petite chapelle où nous étions réunis, les larmes de nos parents, les dangers terribles qui nous menaçaient, tout nous avait jeté dans un accablement si douloureux, que je ne sais comment j'eus la force d'y résister.

« Ma mère était aussi tellement émue, qu'elle en avait perdu la parole. Cependant, elle conservait encore une force d'âme qui m'étonnait. C'est dans les situations les plus douloureuses qu'elle conservait le plus de courage.

« Nous couchâmes encore le soir à la maison. Le lendemain, il était grand temps de fuir. Les républicains approchaient; on voyait de tous côtés leurs feux, et des fumées épaisses qui marquaient leur course rapide.

« Cette longue et lugubre traînée d'incendies a néanmoins sauvé bien du monde, en signalant la marche des colonnes révolutionnaires.

« Mon père avait pour plus proche  voisin un de ses amis intimes, nommé Chaillou. En lui faisant ses adieux, il lui dit :

« Mon cher ami, dans les dangers qui nous menacent, il peut se faire que nous périssions tous deux. Cependant, l'un de nous peut échapper. Si je te survis, je te promets d'adopter tes enfants et de leur servir de père. Fais-moi la même promesse, je t'en prie, et cette assurance consolera mon cœur.

— Bien volontiers, reprit vivement Chaillou.

« Alors, ces bons amis se jettent dans les bras l'un de l'autre, en pleurant, et se jurent de ne jamais s'oublier.

« Hélas ! les deux amis devaient succomber : tous deux périrent en même temps.

« Le matin du 13 octobre 1793, mon père, ma mère, mon frère, mes sœurs et moi, mon aïeule paternelle, ma tante Ducoin, sa fille et trois domestiques, nous prîmes le chemin de Cholet, le seul qui restât libre encore. Nous allâmes nous réfugier à la métairie de la Marboire qui, par sa proximité du bois Clénet, nous offrait une plus sûre retraite.»

Quelques semaines après, en janvier 1794…

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Message  Louis Ven 24 Juin 2016, 5:45 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Quelques semaines après, en janvier 1794, Madame Boutillier de Saint-André était prisonnière à Cholet.

Parmi tant de physionomies vendéennes, si remarquables par leur foi, leur courage et leur dévoûment, Madame Boutillier nous apparaît comme une des plus douces et des plus vénérables figures d'épouse, de mère et de martyre.

Ecoutons le touchant récit que son fils nous fait, dans les Mémoires d'un Père, de la dernière entrevue qu'il eut avec sa mère.

Resté avec son père dans leur maison de Mortagne, le courageux enfant ne cessait d'exprimer son ardent désir de  revoir sa  mère. On lui  refusait cette permission à cause des dangers du voyage. Enfin on finit par céder à ses incessantes sollicitations.

C'était au mois de janvier.

« Il faisait très grand froid, nous dit-il ; il y avait de la neige sur la route ; elle recouvrait à peine les nombreux cadavres de la bataille du 14 octobre, déterrés en partie par les chiens et par les oiseaux de proie, qui en avaient traîné çà et là d'affreux lambeaux. Ce spectacle était épouvantable.

« En arrivant à Cholet, et en passant par le bas de la place, vis-à-vis le petit pré du moulin de la Motte, un aspect effrayant vint encore attrister mes regards. On venait d'y fusiller un homme, dont le cadavre était resté nu sur le terrain.

« J'arrivai chez Monsieur Girard, qui demeurait à Saint-Pierre, au moment où ma mère, qui ne m'attendait point, prenait son repas. En me jetant dans ses bras, je ne pus lui exprimer ma joie et ma tendresse que par mes larmes. Elle me tint longtemps pressé contre son cœur. Je voulais lui parler ; mes pleurs étouffaient ma voix : je ne pouvais m'exprimer que par des sanglots, des baisers et des larmes.

« Elle n'était pas moins impressionnée que moi. Elle me recommanda surtout de rester fidèle à Dieu, d'aimer toujours mon père, et de ne donner que de bons exemples à mes frères et à mes sœurs.

« Quelque chose lui disait que nous ne nous reverrions plus, et ce triste pressentiment nous rendait encore plus précieux les courts instants que nous avions à demeurer ensemble.

« Les émotions que j'éprouvai dans cette dernière entrevue ont été si vives que, de tous les événements de mon enfance, c'est celui qui m'a causé le plus d'impression.

« Enfin, il fallut se séparer. Il me sembla, quand je quittai les bras de ma mère, qu'on m'arrachait une partie de moi-même. Impossible de vous peindre le déchirement de mon cœur. En recevant sa dernière bénédiction, à genoux, j'étais tout baigné de larmes. Ma mère me la donna avec une étonnante fermeté. Quand je la vis appeler sur ma tête les grâces du Ciel, il me sembla sentir la main protectrice de Dieu me soutenir et me fortifier. »

L'enfant s'éloigna en échangeant avec sa mère de longs et ineffables regards. « Quand je la perdis presque de vue, ajoute-il, je remarquai qu'elle levait les yeux au Ciel, et posait la main sur son cœur, en me faisant un signe d'amitié. Ce fut la dernière fois que je vis ma chère maman. Je n'ai plus entendu parler d'elle que pour apprendre sa mort. »

Madame Boutillier de Saint-André mourut de misère dans les prisons d'Angers.

Après que l'armée catholique eut passé la Loire...

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Message  Louis Sam 25 Juin 2016, 6:04 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Après que l'armée catholique eut passé la Loire, les républicains abandonnèrent Cholet. La ville n'était plus qu'une lugubre et effrayante nécropole.

Une dame, Madame Tournery, s'obstinant à rester chez elle, se cacha dans un four pendant vingt quatre heures. N'entendant plus de bruit autour d'elle, dans les rues, elle sortit de sa cachette pour chercher du feu. Elle ne put rencontrer âme qui vive dans la cité abandonnée. Parcourant les maisons désertes pour y trouver quelques aliments, elle se vit tout à coup assaillie par un genre d'ennemis qu'elle était loin d'avoir prévus. Une troupe d'une centaine de chats affamés, aux regards sauvages et flambloyants, l'entourent et la poursuivent jusque chez elle, en faisant entendre de sinistres miaulements. Elle eut grand'peine à se défendre de ces carnassiers domestiques. De sa vie, elle n'eut pareille frayeur.

Telle est la situation où la grande armée d'Outre-Loire venait de laisser le pays qu'elle avait si vaillamment défendu.

Il serait difficile de se faire une juste idée du spectacle de désolation qu'offrait alors le Bocage, occupé par de pareils vainqueurs.

Les Vendéens qui étaient restés dans le pays, se tenaient cachés dans les bois, dans les grands champs de genêts, et ne se hasardaient à sortir que le soir, sur la lisière des forêts. L'œil du voyageur n'apercevait de toutes parts que des châteaux et des chaumières en ruine et fumant encore des feux de l'incendie. Quelques chiens maigres et affamés poussaient des hurlements affreux sur le seuil des maisons abandonnées, et les bestiaux errants dans la campagne, cherchaient, en mugissant, leurs étables en cendre.

A suivre:  II. LE RÉGIME DE LA TERREUR; LES ATROCITÉS ET LES MASSACRES DES COLONNES INFERNALES. — LES MARTYRS DE 1794.

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Message  Louis Dim 26 Juin 2016, 5:52 am

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II

LE RÉGIME DE LA  TERREUR ;  LES ATROCITÉS ET LES MASSACRES DES COLONNES INFERNALES. — LES MARTYRS DE 1794

Cette situation va s'aggraver encore de toutes les horreurs et des atrocités inouïes qui vont terroriser la Vendée, sous le régime des colonnes infernales de Turreau, dans les quatre premiers mois de l'année 1794 (1).

Jamais peuple chrétien ne fut si cruellement soumis à la brutalité du sabre et à l'impiété féroce de 70.000 bourreaux qui, durant quatre mois, couvrirent la Vendée de feu, de sang et de cadavres.

I. — Le mot d'ordre de Barrère et le système de Turreau: « Détruisez la Vendée et vous sauverez la patrie. »

Conformément au décret porté par la Convention, le ler août 1793, Turreau avait pour but de livrer aux flammes tout ce qui pouvait être brûlé, et d'exterminer tous les rebelles avec tous les suspects.

« La Vendée doit être un cimetière national, disait-il, faisant écho à la parole que Barrère lançait, le 2 du mois d'août 1793, du haut de la tribune : Détruisez la Vendée, et vous sauverez la patrie. Il faut désoler jusqu'à leur patience. »

A cette même date, la Convention décrétait qu'il fallait envoyer en Vendée des matières inflammables, pour incendier tout le pays, et Santerre faisait appel au génie du chimiste Fourcroy, pour empoisonner les populations vendéennes, en empoisonnant toutes les sources.

Turreau, le suprême exécuteur de ces hautes œuvres, avait formé à cet effet 12 colonnes, si justement nommées colonnes infernales, et qui avaient pour centre d'opération 12 camps retranchés, dans les meilleures positions du Bocage. Leur consigne était de faire des battues dans toute l'étendue du territoire, et de mettre tout à sac, à feu et à sang.

Les principaux auxiliaires de Turreau, pour ces massacres systématiques, étaient Huché, Grignon, Caffin. Cordelier, etc., des fauves, lâchés aux quatre coins de la Vendée.

Les 12 colonnes n'étaient formées que de scélérats obscènes et féroces, capables de reculer les bornes du crime, et dont la plupart avaient rougi leurs mains dans les massacres de septembre, en 1792.

Ces hussards de la mort portaient deux tibias brodés sur la poitrine.

Le 16 janvier 1794, tous les préparatifs étaient achevés. Les 12 lieutenants campaient à leur poste.

Dufour était à Montaigu; Amey, à Mortagne ; Huché, à Luçon; Grignon, à Argenton-le-Château ; Cordelier. à Lauroux.

Beaufranchet, Grammont, Dalliac, Commaire, Charlery, Caffîn, Chalbos, étaient échelonnés de l'est à l'ouest du département de la Vendée.

Turreau avait son quartier général à Cholet.

Sa tactique est tout entière dans les ordres qu'il envoyait, de la Mothe-Achard, à Huché, le 24 mars 1794.

« Liberté, fraternité, égalité, ou la mort.

« Il est ordonné au général Huché de se rendre à Luçon. Il fera enlever, par tous les moyens militaires, les substances et fourrages qui se trouvent par sa droite, depuis Sainte-Hermine jusqu'à Chantonnay, en avant de lui jusqu'à Saint-Hilaire-le-Vouhis, la Chaize et Château-Fromage; par sa gauche, depuis le Bourg jusqu'à la Claye.

« Aussitôt les enlèvements faits, tous les bourgs, villages, hameaux, fours et moulins seront entièrement incendiés, sans exception.

« Les habitants qui seront reconnus avoir pris part, directement ou indirectement à la révolte de leur pays, seront exterminés sur-le-champ. »

Les ordres du bourreau en chef n'étaient que trop fidèlement exécutés…
___________________________________________________________


(1) Le système sanglant de Turreau fut surtout suivi du 20 janvier au 13 mai 1794. On sait qu'en 1814 le baron Turreau reçut des Bourbons, la Croix de Saint-Louis.


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Message  Louis Lun 27 Juin 2016, 6:40 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Les ordres du bourreau en chef n'étaient que trop fidèlement exécutés.

Un chef de bataillon, David, écrivait à Turreau : « Nous faisons passer derrière la haie (c'est-à-dire nous massacrons) les hommes et les femmes qui nous paraissent susceptibles d'avoir brigandé ou de pouvoir brigander;, mais, par économie, nous ne voulons pas user notre poudre à de pareils moineaux. Nos soldats ont trouvé un moyen plus économique de tuer. Avec la crosse de leur fusil, ils cassent la tête aux ennemis du peuple. Mais je ne te cacherai pas que ce moyen deviendra coûteux à la longue ; déjà les crosses des fusils sont presque toutes endommagées. »

Grignon qui, dès le 12 janvier, commençait ses feux de joie, selon son expression cynique, écrivait, le 24, à son chef : « Je te préviens que les soldats cassent leurs armes, en tuant, à coups de baïonnette, les brigands que l'on rencontre dans les genêts et dans les bois. Ne vaudrait- il pas mieux les tuer à coups de fusil? Ce serait plutôt fait. »
Grignon coupait ses victimes en morceaux.

A La Flocellière il sciait, vivantes, les deux demoiselles Marbœuf.

Au village de Lauraire, un soldat d'Amey rencontre la femme Grelien, qui allaitait son enfant. Il tue la mère, embroche l'enfant par la joue avec sa baïonnette, et l'emporte comme un trophée.

A Châtillon, plusieurs de ces hussards de la mort entrent dans une maison, où ils surprennent une femme avec un enfant à la mamelle. Ils égorgent la mère et son nourrisson, enfilent l'enfant avec une broche, et l'approchent du feu pour le faire rôtir. Puis, tranchant la tête à la mère, ils traînent son cadavre près du foyer, et lui mettent la broche à la main (1).

Un de ces misérables portait un jour, à la pointe de son arme, un enfant de 6 mois embroché avec deux poulets.

Un malheureux père, le nommé Jobin, qui venait de se battre vaillamment, arrivant à sa demeure tombe évanoui, à la vue du cadavre de sa femme et des corps ensanglantés de ses cinq enfants. L'aîné, âgé de 8 ans, parvint à se dégager, et se leva, couvert de sang, au milieu de ses frères et de ses sœurs. Le plus jeune, qui n'avait que 5 semaines, fut retiré blessé des bras de sa mère. Les autres étaient morts.

A la Gaubretière, au village de la Terrière, on trouva deux petits enfants cloués vivants, à la porte d'une grange.

Un jour, un chef vendéen…
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(1) DENIAU, T. III, p. 107. CRÉTINEAU-JOLY, T. II, p. 135.

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Message  Louis Mar 28 Juin 2016, 5:30 am

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Un jour, un chef vendéen rencontrait sur sa route un enfant de 8 à 9 mois, qui avait reçu un coup de sabre dans le dos, et qui respirait encore, à côté du père et de la mère égorgés près de lui. Leur chien, qui était couché près d'eux, léchait alternativement les blessures de ses maîtres.

L'officier prit l'enfant dans les plis de son manteau et le fit élever.

Au Poiré-sur-Vie, une toute jeune fille était sortie à la porte de sa maison pourvoir défiler les troupes. Un patriote lui fend la tête d'un coup de sabre.

« J'ai vu plusieurs fois les hussards, dit un témoin, rapporter, au retour de leurs excursions, des chapelets d'oreilles coupées, les laver, les rôtir sur le gril, et les manger à la vinaigrette, comme de vrais anthropophages. Voilà ce que j'ai vu plus d'une fois (1). »

Il n'était pas rare de voir les oreilles ou la langue des victimes clouées à la porte des écuries où les républicains logeaient leurs chevaux.

« Un de ces horribles patriotes, nous dit Madame de la Bouëre, affirmait que le 6 avril 1794, il avait fait fondre 150 femmes pour en avoir la graisse.

« Deux de mes camarades, ajoutait-il, étaient avec moi, à cette affaire. J'en envoyai 10 barils à Nantes : c'était comme de la graisse de momie; elle servait pour les hôpitaux. Nous avons fait cette opération à Clisson, vis-à-vis du château et près de la Grenouillère (2). »

Il y eut des représentants du peuple qui, à l'exemple des Arabes du désert, accordaient une prime d'encouragement pour ces monstrueuses atrocités (3).

On voit que pour détruire la Vendée, la Convention et Turreau trouvaient, dans les colonnes infernales, des égorgeurs d'une docilité parfaite.
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(1) Témoignage de Madame CHEVALIER. V.. DENIAU, T. III, p. 168. — (2) Souvenirs de Madame la comtesse de la BOUËRE, Plon, 1890. — (3)  CRÉTINEAU-JOLY, T. I, p. 304.

A suivre : II. — La vie des proscrits sous le régime des colonnes infernales.

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Message  Louis Mer 29 Juin 2016, 5:36 am

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II. — La vie des proscrits sous le régime des colonnes infernales.

C'est l'époque de la Terreur.

« Une fois les colonnes infernales dans le pays, écrit Madame de la Bouëre dans ses Souvenirs, il fallait de toute nécessité se cacher dans les bois, dans les genêts ou dans les ajoncs. On incendiait en même temps bourgs, villages, châteaux, sans épargner les plus misérables masures.

« Une fumée noire et épaisse s'élevait dans l'air, qui devenait rouge et embrasé à mesure que la destruction s'étendait. Cette fumée formait avec les nuages comme une barrière qui interceptait la vue du ciel. Il semblait que la terre en était séparée par le crime.

« Dès le matin, avant le jour, on était sur pied. La prière faite en commun, la soupe mangée, chacun se dirigeait selon son inspiration. Les hommes allaient se camper sur quelques lieux élevés, afin de surveiller, à travers les arbres, l'ennemi pour le fuir, ou pour essayer, après son départ, d'arrêter les ravages de l'incendie.

« Les femmes se jetaient dans les fourrés, pour se tapir sur le sol détrempé de pluie et de neige. Là, blotti sur la terre, on ne voyait pas à quatre pas devant soi ; mais on entendait tout. Le son des tambours retentissait de tous côtés. Quand ce bruit sinistre s'éloignait à droite, il recommençait à gauche. Puis, ce sont les coups de fusil des Bleus poursuivant les fuyards, les cris : Arrête, arrête, avec des blasphèmes épouvantables.

« Alors les mères serraient plus fortement leurs enfants dans leurs bras. Chose étonnante ! ces petits êtres comprenaient la terreur qu'exprimaient les étreintes maternelles : car il n'y a pas d'exemple que leurs cris aient trahi la retraite des infortunés qui se cachaient.

« Quand l'incendie était dans les maisons, on entendait pétiller les flammes, les poutres s'abîmer dans le feu, les murs éclater et s'écrouler.

« Les bestiaux paraissaient comprendre la désolation universelle. Effrayés par les coups de feu, par les flammes et la fumée des incendies qui s'élevaient de tous côtés, ils semblaient participer au deuil de la nature et à la terreur de leurs maîtres ; ils se groupaient en s'agitant, et faisaient entendre des beuglements plus sourds et plus prolongés que de coutume.

« On attendait la fin du jour pour sortir de ces retraites des loups et des renards. C'était la voix du chat-huant qui donnait le signal. Le cri lugubre de cet oiseau était pour nous plus agréable que le chant du rossignol. Il nous annonçait le départ des bourreaux. »


Rien d'affreux comme l'aspect des bourgs et des villages, après le passage des colonnes incendiaires…

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Message  Louis Jeu 30 Juin 2016, 5:19 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Rien d'affreux comme l'aspect des bourgs et des villages, après le passage des colonnes incendiaires. Les débris embrasés des maisons projetaient au loin, à travers les flammes, d'immenses nuages de fumée qui suffoquaient.

Sous ces décombres gisaient des cadavres noircis par le feu et à moitié consumés. Dans les rues, sur les routes, dans les champs voisins, on rencontrait à chaque pas des victimes mutilées, éventrées, couvertes d'immondices, et dont les chairs tombaient en putréfaction.

Les corbeaux s'abattaient par nuées sur ces restes hideux. Les chiens pendant le jour, les loups pendant la nuit, se disputaient les lambeaux de ces membres épars.

Les survivants n'avaient plus pour abri que les débris de leurs maisons incendiées, ou de misérables huttes, construites à la hâte au milieu des champs de genêts. La plupart couchaient sur un sol glacé, à peine recouvert de quelques fougères.

Les hommes armés pouvaient encore, dans leurs courses à travers le pays, se procurer des vivres, et même en garder des dépôts dans des retraites sûres : mais les vieillards, les femmes, les enfants, les infirmes, n'avaient, pour toute nourriture, qu'un pain noir et amer, fait de seigle carbonisé, qu'on avait recueilli sous les décombres fumants des greniers.

Quelques rares génisses, échappées aux rapines des ravageurs, fournissaient le lait et le beurre. Il restait à peine dans la contrée quelques moulins à eau, dissimulés dans de sombres ravins. Pour moudre le blé, il fallait le porter sur les épaules, à trois ou quatre lieues : et les porteurs devaient se trouver en nombre, pour se défendre contre l'agression toujours menaçante des bandes de maraudeurs qui battaient la campagne.

Presque tous les ménages étaient dépourvus des ustensiles les plus nécessaires, et des petites provisions de mercerie les plus indispensables.

A toutes ces privations ajoutez cette poignante souffrance de vivre toujours l'oreille au guet, dans des alarmes incessantes, sous la menace perpétuelle d'une surprise des patriotes.

On sait que pour découvrir plus sûrement les fugitifs cachés dans les taillis, les persécuteurs lançaient des chiens, qu'ils avaient dressés pour cette horrible chasse.

Cette triste existence des proscrits n'avait jamais rien d'assuré.

Au moindre cri d'alarme, les vieillards se hâtaient de fuir. Les femmes, déjà chargées des objets de première nécessité, prenaient à leur cou leurs plus petits enfants, et traînaient par la main ceux qui pouvaient marcher. La troupe effrayée fuyait par des chemins boueux, coupés de larges flaques d'eau, franchissait en courant les haies et les broussailles, pénétrait dans l'épaisseur des fourrés, et les malheureux fugitifs, couverts de boue, les habits déchirés, ne s'arrêtaient que lorsque le bruit de la troupe en marche se perdait dans le lointain.

Si quelques amis venaient leur annoncer que tout danger avait disparu, ils retournaient à leurs foyers, pour reprendre, le lendemain, leur course errante et chercher un nouvel asile.

—  Vous deviez être bien malheureux ? disait un jour l'abbé Deniau à un vieux Vendéen….

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Message  Louis Ven 01 Juil 2016, 5:24 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

—  Vous deviez être bien malheureux ? disait un jour l'abbé Deniau à un vieux Vendéen.

—  Nous vivions, répondait-il, comme l'oiseau sur la branche, ou comme le lièvre en son gîte, toujours en crainte, et pensant, le matin, que nous ne serions plus en vie le soir. Cependant, nous acceptions cette épreuve avec une résignation chrétienne. Nous faisions chaque jour à Dieu le sacrifice de notre vie.

Par la récitation assidue du chapelet, les bannis transformaient leurs pauvres huttes en chapelles. Ils trouvaient une de leurs plus douces consolations dans les délicatesses de la charité mutuelle qu'ils mettaient à partager leurs modestes ressources avec les plus indigents.

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

La marquise de Lépinay, mère du général Louis-Armand de Lépinay (1), obligée de quitter sa demeure, errait de ferme en ferme avec ses enfants. Mais bientôt, les fermes étant incendiées, elle fut réduite à chercher un asile dans une grotte, située au milieu de la forêt des Essarts, et qu'elle avait fait couvrir de mousse et de branchages.

Les battues républicaines et la fusillade l'y poursuivirent.

Un jour, le coffre qui servait de berceau au petit Armand, et dans lequel il reposait, fut traversé d'une balle, qui heureusement n'atteignit pas le futur général.

(1) La famille de Lépinay est originaire de la commune de Plessé (Loire-Inférieure), où se trouve le fief dont elle porte le nom depuis 1416. — Le général Armand de Lépinay, baron de l'Empire, est né à Chantonnay, en 1789, et mort dans son château des Essarts, en 1869.

A suivre : III. — Les principaux massacres commis par les colonnes infernales, dans les premiers mois de 1794.

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Message  Louis Sam 02 Juil 2016, 5:40 am

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III. — Les principaux massacres commis par les colonnes infernales, dans les premiers mois de 1794.

Tout ce qui précède ne peut nous donner qu'un aperçu général sur cette phase de la persécution, dirigée par Turreau contre la Vendée catholique.

Les tableaux détaillés que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs, en marquant les dates principales de cette persécution monstrueuse, feront mieux comprendre encore que nous sommes entrés dans la période la plus aiguë et la plus effroyable du martyre de la Vendée.

Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411


Le 30 janvier 1794, le général Grignon entrait en campagne.

« Mes camarades, disait-il dans son ordre du jour, nous voici dans le pays insurgé. Je vous donne l'ordre exprès de livrer aux flammes tout ce qui sera susceptible d'être brûlé, et de passer au fil de la baïonnette tout ce que vous rencontrerez d'habitants sur votre passage. Je sais qu'il peut y avoir quelques patriotes dans ces pays ; mais c'est égal, nous devons tout sacrifier. »

A cette même date, la municipalité républicaine des Herbiers résumait les débuts de cette campagne, dans un procès-verbal signé par le maire Maruteau et le greffier Jouet.

« Dans une distance de près de trois lieues, rien n'est épargné.

« Les hommes, les femmes, les enfants même à la mamelle, tout périt par les mains de la colonne.

« Pour achever de peindre les forfaits de ce jour, il faut dire que les foins ont été brûlés dans les granges, les grains dans les greniers, les bestiaux dans les étables.

« La colonne soi-disant révolutionnaire de Grignon, après avoir, dans le village de la Roche, commune du Petit-Bourg des Herbiers, assassiné quantité d'individus, tant hommes qu'enfants, arrive à la maison de la Pépinière, à un demi-quart de lieue des Herbiers. On la condamne tout de suite à l'incendie : un domestique est fusillé.

« Nous devons observer que la commune des Herbiers avait été entièrement purgée de tous les aristocrates : cependant, toutes les horreurs y ont été commises. Les femmes ont été dépouillées de leurs vêtements, leurs mouchoirs enlevés, les anneaux arrachés. Les portefeuilles de tous les individus ont été pris. Tous les volontaires allaient dans les métairies prendre les chevaux, moutons et volailles de toute espèce. Ils ont porté l'insulte jusqu'à nous frapper. »

Le 23 février, les massacreurs envahissaient…

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Message  Louis Dim 03 Juil 2016, 5:50 am

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Le Martyre de la Vendée. - Page 4 Page_411

Le 23 février, les massacreurs envahissaient le bourg de Chavagnes-en-Paillers, et laissaient un affreux souvenir de leur passage. La tradition populaire désigne cette date sanglante sous le nom de Jour du grand massacre.

Dans cette horrible journée, on n'entendait, dans le bourg et dans tous les villages voisins, que le bruit des coups de fusil, les clameurs féroces des bourreaux, et les cris déchirants des victimes, des femmes qu'on égorgeait, des petits enfants qu'on embrochait au bout des baïonnettes.

Au village de l'Anjouinière, les terroristes surprennent douze ou quinze femmes, qui revenaient d'entendre une messe et de communier dans une grange de la métairie de la Trottinière. Il les font mettre en ligne dans une aire, au sud-est du village, et les tuent les unes après les autres, à coups de fusil tirés des deux extrémités de la ligne.

Parmi ces malheureuses, se trouvaient la femme et les deux belles-sœurs de Monsieur Bouron, notaire, avec une de ses filles, âgée de 5 ans, et Madame Boisson, mère de Monsieur Boisson, propriétaire à la Noue de Vendrenne (1).

Ce dernier, alors enfant en bas âge, se trouvait là avec sa mère et sa nourrice. Celle-ci put le dérober aux coups des meurtriers.

Au village du Chiron, les Bleus traquèrent et brûlèrent, dans une maison, trois femmes, Marie Herbreteau, veuve de Mathurin Charrier, Marie Charrier, Louise Bolleteau, et quatre enfants au-dessous de 10 ans, Jean Rabréaud et trois petites filles nommées Charrier, trois sœurs sans doute : la plus jeune n'avait que 3 ans.

Des personnes cachées dans le bois de la Mainardière, entendaient les cris poussés par les sept victimes au milieu des flammes.

Un Remaud, de la Dédrie, fut massacré d'une manière horrible, dans le Champ-d'Avant, près de la Bonnelière.

Avant de le mettre à mort, les républicains, le prenant pour un prêtre déguisé, lui avaient arraché la langue.

On entendait ses cris de la Prilliaire, à près de deux kilomètres de la Dédrie.

Le 26 février, des horreurs pareilles terrifiaient la ville de Mortagne…
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(1) M. Boisson vivait encore en 1876.

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