Le Martyre de la Vendée.
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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Le 26 février, des horreurs pareilles terrifiaient la ville de Mortagne.
« Un soir, dit l'auteur des Mémoires d'un père, nous étions réunis chez mon aïeule, dans la seule chambre épargnée par l'incendie.
« L'affreux général Huché vint pour y loger. Il entra brusquement sans se faire annoncer, accompagné d'une suite nombreuse.
« Mon aïeule se présenta pour le recevoir ; elle frémit à son aspect hideux et féroce.
« Le général, qui était ivre, et qui, en venant de Cholet, était tombé deux fois de cheval, avait plusieurs contusions à la figure : il semblait plein de sang encore plus que de vin.
— Vous êtes bien tranquilles ici ! nous dit-il en entrant. Vous ne savez donc pas que je puis vous faire tous brûler dans vos maisons ?
— Ah ! général, répliqua mon aïeule, vous n'en auriez pas le courage ! Quel mal vous avons-nous fait ?
— Quel mal vous m'avez fait ?...
« Et comme ma grand'mère était habillée de noir :
— Mais, ajouta-t-il, vous avez l'air d'une religieuse, avec vos vêtements noirs et vos mains jointes !
— Vous êtes blessé, général, dit mon aïeule, pour l'adoucir…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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— Vous êtes blessé, général, dit mon aïeule, pour l'adoucir ; il faudrait vous tirer du sang.
— Qu'appelez-vous blessé ? répliqua-t-il ; qu'entendez-vous par me tirer du sang ? Apprenez que c'est moi qui en tire aux autres. Je suis boucher, boucher de chair humaine.
« Ces paroles firent courir un frisson dans tous nos membres.
« Huché s'établit dans le petit salon bas : sa suite occupa le reste de la maison ; on ne nous laissa que la cuisine.
« A peine était-il installé, qu'on lui amena deux pauvres paysans, père et fils. Je fus témoin de l'ordre que Huché donna de les mettre à mort sur-le-champ, avec défense expresse de les fusiller.
— Lardez-les à coups de baïonnette, dit-il d'un air féroce, sabrez-les, taillez-les.
« Les satellites sortirent pour exécuter cet ordre, à quelques pas de nous, sur les marches mêmes de la grande porte de l'église, vis-à-vis la maison.
« Après quelques instants, les bourreaux vinrent dire au général, en ma présence, que les deux victimes souffraient des douleurs atroces, qu'elles se débattaient contre la mort, et poussaient des cris déchirants. Ils demandaient à Huché la permission de les achever à coups de pistolet.
— Gardez-vous en bien, reprit le boucher de chair humaine ; enfoncez-leur dans le corps vos sabres jusqu'à la garde ; taillez et retaillez.
« Et il faisait avec les bras des gestes et des mouvements significatifs, qui indiquaient jusqu'à quel point il avait l'habitude de pareilles horreurs.
« Les exécuteurs obéirent. Ils revinrent de cette boucherie avec une telle sensation de dégoût, que leur estomac se souleva, et qu'ils vomirent tout ce qu'ils avaient bu et mangé.
« Tout le monde dans la maison passa la nuit sans se coucher, excepté moi, qui avais un lit de sangle dans l'alcôve du salon où le général s'était installé. Mon aïeule m'ordonna d'aller y dormir. J'obéis, malgré l'horreur que j'éprouvais de me voir près de ce monstre. J'entendais le misérable ronfler, tousser, cracher, cuver son vin. Il s'agitait, il poussait des cris; il semblait que l'ombre ensanglantée de ses victimes lui apparaissait.
« Je frissonnais d'horreur; je mourais de peur; je croyais à chaque instant qu'il allait me faire assassiner. J'offris mon sacrifice à Dieu.
« Il partit de grand matin et sans bruit.
« Il se rendit avec sa colonne à la Verrie, à Beaurepaire et à la Gaubretière. »
Huché s'acharnait à son œuvre de carnage, comme le tigre qui a flairé sa proie…
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Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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Huché s'acharnait à son œuvre de carnage, comme le tigre qui a flairé sa proie.
Les massacres du 25 février, à la Gaubretière, nous sont ainsi racontés par un témoin oculaire :
« Madame le Bault de la Touche, un ange de piété, eut la tête tranchée. Monsieur Morinière, sa femme, deux domestiques et une de mes tantes, sur leur refus constant de crier : Vive la République, eurent la langue arrachée, les yeux crevés et les oreilles coupées avant de recevoir le coup de mort.
« Monsieur de la Boucherie, sa femme, et Mademoiselle de la Blouère sa sœur, furent suspendus par le menton à des crampons de fer, au milieu de leur cuisine, et consumés dans cet état par l'incendie, qui réduisit leur maison en cendre.
« Deux hommes, pris dans le jardin de Monsieur Forestier, périrent par le sauvage supplice du pal.
« J'avais eu le bonheur de m'enfuir, avec ma vieille mère, dans la commune de Beaurepaire. Du lieu de notre retraite, nous entendions les cris des mourants, mêlés aux clameurs des soldats. D'épais tourbillons de flammes obscurcissaient le ciel sur une vaste étendue.
« Le lendemain, au soir, un profond silence avait suc- cédé au bruit tumultueux. Nous nous hasardâmes à visiter notre malheureux bourg de la Gaubretière : ce n'était plus qu'un monceau de cendres.
« Ce qui me navrait le cœur, c'était la vue de ces cadavres dont la terre était couverte. Les uns commençaient à se décomposer; les autres étaient dévorés par les chiens. Les corbeaux s'abattaient par nuées, cherchant une pâture dans ces tristes restes, que nous étions impuissants à défendre (1). »
A toutes les victimes nommées par le témoin que nous venons de citer, il faut ajouter les frères de Monsieur de Boisy, les quatre frères de Rangot et quatre prêtres, que Huché surprit dans leur cachette (2).¸
Le 28 février, Huché racontait lui-même les exploits de sa journée du 27, dans une lettre adressée à Turreau, qui se trouvait alors à Nantes.
« Je te rends compte, mon cher général, écrivait-il, de la sortie que j'ai faite hier contre les Brigands, que j'ai trouvés, sur les 8 heures, à la Gaubretière. Je les ai égayés de la bonne manière. Ils étaient en trop petit nombre pour en faire grand carnage. Plus de 500, tant hommes que femmes, ont été tués. La cavalerie, avant de rien engager, a pris la fuite, et nous ne l'avons aperçue que dans le lointain. J'ai fait fureter les genêts, les fossés, les haies et les bois, et c'est là qu'on trouvait les Brigands blottis. Tout a passé par le fer; car j'avais défendu que, les trouvant ainsi, on consommât ses munitions.
« J'oubliais de te dire qu'à mon arrivée à la Verrie, j'ai fait passer au fil de la baïonnette tout ce que j'y ai trouvé, à la réserve des enfants, et que j'ai incendié ce qui était échappé aux flammes. Là, il y avait peu de ces coquins-là.
« Mon expédition faite à la Gaubretière, je me suis dirigé sur Saint-Mâlo. Un petit bourg sur la route a été incendié.
« A Saint-Mâlo, il n'y avait rien ; pas une âme. J'ai ordonné le feu. »
Turreau s'empressait de répondre, le 1er mars, à cette lettre de son lieutenant.
« Courage ! mon cher camarade, lui mandait-il, courage ! et bientôt les environs de Cholet seront nettoyés de rebelles.
« Si chaque officier général les tuait, comme toi, par centaines, on en aurait bientôt trouvé la fin. »
À cette même date du 28 février, les soldats de Grignon se donnaient la gloire d’'exploits tout semblables sur…
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(1) Mémoire de PIERRE RANGEARD, de la Gaubretière, cité par M. H. BOURGEOIS, Histoires, p. 154.
(2) DENIAU, T. IV, p. 279 et suiv.
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Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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À cette même date du 28 février, les soldats de Grignon se donnaient la gloire d'exploits tout semblables sur les deux rives du Petit-Lay, dans le bourg de Mouchamp et au Parc-Soubise.
Après avoir incendié tout le pays, et massacré les vieillards, les femmes et les enfants qu'il avait pu rencontrer, depuis Chanzeaux, jusqu'à Châtillon et à Saint-Amand-sur-Sèvre, Grignon vint établir son quartier général à la Flocellière.
Là, il divise sa tourbe d'assassins en deux détachements.
Le premier devait suivre la rive gauche du Petit-Lay, par Saint-Michel-Mont-Mercure, le Boupère et Rochetrejoux.
Le second devait descendre de Saint-Michel à Saint-Paul-en-Pareds par les bas villages, franchir la rivière, en suivre la rive droite et aller incendier le château du Parc-Soubise.
Le premier détachement, ayant tout ravagé sur son parcours, brûlé le Boupère et Rochetrejoux, arrive en vue de Mouchamp.
Un des habitants, nommé Roger, s'avance à sa rencontre, et demande à parler au commandant. Sur son affirmation qu'il n'y avait là que de fervents patriotes, l'officier ordonne d'épargner le bourg. Pour faire semblant d'obéir à l'impitoyable consigne de son chef, il se borne à brûler trois ou quatre maisons isolées.
Ce brave Roger reçut, à cette occasion, de ses compatriotes, le surnom de La Menterie, pour avoir affirmé, contre la vérité, que les habitants de Mouchamp étaient d'excellents patriotes.
Le second détachement, après avoir incendié toutes les métairies de la basse paroisse de Saint-Michel, arrive sur le territoire de Saint-Paul. Le soleil était sur son déclin, et la colonne était encombrée de pauvres femmes, d'enfants et de vieillards, qu'elle traînait après elle. On les fusille dans la cour du château ; puis, la troupe bivouaque à la lueur de l'incendie qui dévore le bourg.
Le lendemain, la colonne traverse le Lay, pénètre dans le château du Bois-Tissandeau, et massacre, dans leur cour, deux vénérables femmes, Mesdames d'Hillerin.
Suivant ensuite la rive droite de la rivière, elle se dirige sur le Parc-Soubise.
En vrais batteurs d'estrade, les soldats fouillent les maisons et les genêts. Tous les malheureux fugitifs qu'ils rencontrent sont saisis, placés au centre de la colonne et forcés de marcher jusqu'au château du Parc. Une femme infirme, trouvée dans sa chaumière, est assassinée à coups de baïonnette. Son mari, qui était aveugle, et dont la marche incertaine retardait celle de la colonne, est massacré, un quart d'heure après, au coin d'un champ.
« Les détails qui vont suivre, dit le comte de Chabot, je les tiens d'un témoin oculaire nommé Mérit…
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Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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« Les détails qui vont suivre, dit le comte de Chabot, je les tiens d'un témoin oculaire nommé Mérit.
« Nous étions, mon frère et moi, m'a-t-il raconté, à pêcher des verdons sur les bords du Lay, quand nous fûmes saisis par des soldats. On nous mena au milieu d'une troupe de pauvres gens de tout âge, marchant deux à deux comme des moutons. Je reconnus là beaucoup de mes parents et de mes amis, entre autres ma cousine, âgée de 18 à 20 ans.
« Arrivé devant la cour du Parc, je vis les Bleus mettre le feu au château. Pendant que le château brûlait, les soldats nous placèrent sur deux rangs, et tirèrent sur tout le monde à bout portant. Ma cousine tomba près de moi : et quand il ne resta plus que deux ou trois enfants, qui avaient été manqués, le chef cria : « C'est assez. » Alors, j'ai été sauvé.
« Les soldats prirent tous les cadavres, les dépouillèrent, et rassemblant les fagots qu'ils purent trouver, ils firent brûler tous les corps, dans la grande cour du château, à peu de distance du puits qui se trouve au milieu. »
Le soir de cette horrible scène, le détachement rejoignit Mouchamp.
Mérit évaluait à plus de 200 les malheureux qui avaient été massacrés, ce jour-là, dans la cour du Parc.
Le vieux régisseur, Monsieur Barbot, avait eu le temps de se cacher. Il raconta depuis une scène d'un autre genre.
Pendant le séjour de la colonne infernale à Mouchamp, de petits détachements sillonnaient le pays, mettant tout à feu et à sang, selon la tactique adoptée par Turreau.
Quelques jours après le massacre de la cour du Parc, quelques jeunes gens de la localité passaient, silencieux, sous les murs du château. Un bruit insolite attire tout à coup leur attention. C'étaient des cris perçants, des gémissements plaintifs, mêlés à des rires bruyants, à des chansons obscènes et à des blasphèmes épouvantables. Ils s'approchent d'une des fenêtres de la salle d'où partaient les cris. L'un d'eux grimpe sur les épaules d'un camarade, et aperçoit une troupe de Bleus avinés, ayant au milieu d'eux de malheureuses victimes qu'ils avaient saisies dans les villages voisins.
Les fusils des patriotes étaient à la porte de la salle, disposés en faisceaux. En un clin d'œil, nos jeunes Vendéens s'en emparent, et ouvrant précipitamment la porte du grand salon où se passe l'orgie, ils couchent en joue ces ignobles assassins, et les somment de se rendre. Ceux-ci, atterrés et déjà abrutis par le vin, n'opposent aucune résistance.
Les Vendéens leur lient les bras, les entraînent sur la lisière de la forêt et les fusillent. Ils étaient là vingt-cinq égorgeurs de femmes, d'enfants et de prêtres (1).
Cette date du 28 février 1794…
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(1) Paysans et Ouvriers — Héros et Martyrs par M. le comte de CHABOT.
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Louis- Admin
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Cette date du 28 février 1794 doit rester célèbre et sacrée dans l'histoire de la persécution révolutionnaire en Vendée, et dans le calendrier de notre martyrologe.
Ce même jour, un vendredi, les séïdes de Turreau immolaient, aux Lucs, 485 victimes, dont plus d'un tiers étaient des enfants, flores martyrum (2).
Le lendemain, 1er mars, 22 habitants de la Tullévrière, dans la paroisse de Saint-Etienne-du-Bois, étaient massacrés près de la Gîte-des-Landes, vers la Croisée des Mathes, et leurs cadavres furent enterrés dans le lieu même du massacre (3).
Là s'élève aujourd'hui la chapelle de Notre-Dame des Martyrs du Bas-Poitou.
Le 5 mars, des habitants des Lucs, cachés dans les broussailles de la Vivantière, sur la commune de Beaufou, prenaient leur déjeuner, quand une colonne républicaine, cherchant à surprendre Charette dans son quartier général de Legé, débouche tout à coup, et massacre sans pitié femmes, enfants et vieillards. « La moitié plus un, des habitants des Lucs, furent immolés dans cette sanglante hécatombe (4). »
Les victimes furent ensevelies dans une fosse commune, sous les décombres de la chapelle de Notre-Dame-des-Lucs. détruite par les révolutionnaires.
« C'est là qu'en 1863 on a retrouvé leurs précieux-restes, portant encore le scapulaire du Sacré-Cœur dont ils étaient revêtus, et les rosaires dont ils s'étaient servis pour murmurer leur dernière prière, dans les angoisses de l'agonie (1). »
Vers la même date, dans la paroisse de Saint-Etienne-du-Bois…
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(2) Chapelle de Notre-Dame des Lucs, par l'abbé JEAN BART. — (3) Notice sur la chapelle des Lucs, Nantes, 1867. (4) lbid, p. 9. — (1) Notice sur la chapelle des Lucs, p. 11.
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Louis- Admin
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Vers la même date, dans la paroisse de Saint-Etienne-du-Bois, entre les Emérillères et le Rothais, 6 femmes, surprises par les Bleus, furent traînées et fusillées au pied du vieux moulin de Roche-Quairie.
A la Glossetière, les bourreaux rangèrent le long d'un mur un assez grand nombre de vieillards, de femmes et d'enfants, les massacrèrent et suspendirent leurs cadavres aux pommiers du verger voisin.
A Bel-Air, un jour de dimanche, pendant que les habitants assistaient à la messe, dite aux Embardières, par un prêtre nommé Thouret, les Bleus, ne trouvant que des vieillards infirmes et des petits enfants, au nombre de dix, les massacrent tous et laissent les dix victimes baignées dans leur sang.
Parmi eux, se trouvait une femme Laucoin. Sa fille, au rapport de son petit-fils, François Laucoin, ne manquait jamais, chaque année, le soir de la Toussaint, au tintement du glas des morts, d'aller réciter son chapelet dans une vigne voisine, où sa mère avait été enterrée.
A la Pécoultière, les républicains brûlèrent un certain nombre de personnes dans une petite maison, où elles étaient cachées.
A la Mercerie, plusieurs petits enfants furent massacrés sous les yeux de leurs mères.
Des vieillards infirmes, entre autres une pauvre sourde, nommée Pénisson, ne purent trouver grâce devant les bourreaux (1).
Le 5 mars 1794 est aussi une date funèbre pour Saint-Laurent-sur-Sèvre…
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(1) L'abbé Ténèbre, par Mlle BOUTIN. p. 47 et suiv.
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Louis- Admin
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Le 5 mars 1794 est aussi une date funèbre pour Saint-Laurent-sur-Sèvre. Les soldats de Huché envahissaient ce bourg, tant de fois ensanglanté déjà par les hordes révolutionnaires.
« C'était le mercredi des Cendres, sur les trois heures du soir, nous dit Madame de Sapinaud.
« On entendit les grelots des chiens que les Bleus envoyaient en avant. Car ils avaient une douzaine de dogues, qu'ils amenaient ordinairement avec eux, quand ils allaient à quelque distance de Mortagne. Nous nous hâtâmes de sortir.
« À peine étions-nous arrivés au milieu de la rue, que j'aperçus de loin nos ennemis, qui couraient à bride abattue,, en criant : Vive la République. Je vis à une porte une jeune fille, nommée Catherine. Je lui dis : « Quoi ! tout le monde fuit, et vous restez ?
Elle me répondit : «J'ai une sœur qui est malade, et je ne veux pas l'abandonner. »
— Eh bien ! je vais rester avec vous, lui dis-je.
« Je montai par un escalier à moitié brûlé, dans une petite chambre qui avait échappé à l'incendie.
« La pauvre malade alitée avait la fièvre.
« Elle me dit : « Venez-vous mourir avec nous ?
— Oui, ma chère enfant, lui répondis-je. »
« Nous ne tardâmes pas à voir nos persécuteurs. Ils criaient : Où sont donc ces brigands ?
« Ils fouillent de tous côtés, pillent tout ce qu'ils trouvent, cassent et brûlent tout ce qu'ils ne peuvent emporter.
« Cependant, ils ne mirent pas le feu aux maisons.
« Toutes les fois qu'ils passaient devant la porte de la demeure où je m'étais réfugiée, il me semblait qu'ils allaient monter et nous mettre à mort.
« Enfin, sur les 9 heures du soir, ils repartirent pour Mortagne. »
Témoins de quelques-unes des scènes que nous venons de…
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Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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Témoins de quelques-unes des scènes que nous venons de mettre sous les yeux de nos lecteurs, les citoyens Carpenty et Morel, commissaires municipaux près les colonnes infernales, adressaient, le 24 mars, à la Convention, le rapport suivant :
« C'est avec désespoir que nous vous écrivons ; mais il est urgent que tout cela cesse. Turreau prétend avoir des ordres pour tout anéantir.
« A Montournais, aux Epesses et dans plusieurs autres lieux, Amey fait allumer les fours, et lorsqu'ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations convenables. Il nous a répondu que c'est ainsi que la République veut faire cuire son pain.
« D'abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes ; mais aujourd'hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau, qu'ils ont voulu continuer ces plaisirs, même sur les femmes des vrais patriotes. La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Châtillon par les Brigands, s'est vue, avec ses quatre petits enfants, jetée dans un four. Nous avons voulu interposer notre autorité ; les soldats nous ont menacés du même sort. »
Du témoignage du révolutionnaire Prudhomme, dans son Histoire, publiée en 1797, la persécution aurait immolé en Vendée 15.000 femmes et 22.000 enfants.
Lequinio, qui appartenait à la fraction la plus exaltée des Jacobins de l'époque, ne jugeait pas moins sévèrement les expéditions de Turreau.
« Le pillage a été porté au comble, écrivait-il. Beaucoup de soldats ont acquis 50.000 francs par leurs rapines. On en a vu couverts de bijoux.
« Chaque jour, dit un autre révolutionnaire contemporain, nous voyons Commaire prendre les premiers enfants venus. Il les saisit par une jambe et les fend par moitié, comme un boucher fend un mouton.
« On ne sera plus étonné, dit un autre républicain, témoin oculaire, que de tels hommes aient porté des enfants au bout de leurs baïonnettes, et qu'ils en aient brûlé d'autres dans leurs berceaux ; qu'ils aient égorgé des femmes sur les autels, et qu'avec la pointe de leur sabre, ils aient gravé ces actions infâmes sur la pierre teinte du sang de leurs victimes.
« J'ai vu et j'ai lu, ajoute-t-il, une inscription de ce genre dans la chapelle du château de la Salle, près de Machecoul. »
On trouvait souvent, dans les champs et sur les routes, de tous petits enfants qui pleuraient, abandonnés.
Nous devons rendre à quelques officiers républicains cette justice, qu'ils étaient parfois touchés de pareils spectacles et de ces innocentes infortunes.
Le général Sainte-Suzanne et l'adjudant Aubertin rencontrèrent, un jour, sur leur route, deux petits enfants, le frère et la sœur, dont l'aîné avait à peine trois ans. Leur costume annonçait une condition élevée.
Aubertin les recueillit et les mit en pension à Machecoul.
Achille Durivaux, trouvant sur son chemin un enfant abandonné dans son berceau, le mit sur son hâvresac et l'emporta pour l'élever.
« Le massacre des enfants et surtout des femmes, dit Châteaubriand…
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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« Le massacre des enfants et surtout des femmes, dit Châteaubriand, dans un écrit sur la Vendée, est un trait caractéristique de la Révolution. Vous ne trouverez rien de semblable dans les proscriptions de l'antiquité.
« On n'a vu, dans le monde entier, qu'une révolution philosophique, et c'est la Révolution française. Comment se fait-il qu'elle ait été souillée par des crimes jusqu'alors inconnus à l'espèce humaine ? Voilà des faits devant lesquels il est impossible de reculer. Expliquez, commentez, déclamez ; la chose reste, nous le répétons : le meurtre général des femmes, soit par des exécutions militaires, soit par des condamnations prétendues juridiques. »
Les atrocités commises par les colonnes infernales cessèrent, en grande partie, lorsque Vimeux vint succéder à Turreau, le 13 mai 1794.
Vimeux, homme de mœurs douces et pacificateur par nature, s'efforça de rétablir le calme dans les esprits, et de conquérir par la douceur les populations vendéennes à la Révolution.
Il entrait dans la pensée originale de Lequinio, qui disait : « Pour défanatiser la Vendée, il faudrait des prédicateurs de morale, qui seraient accompagnés de quelques musiciens ; tâche glorieuse, ajoutait ce rêveur révolutionnaire, et satisfaisante pour l'homme sensible. »
Vimeux avait la prétention d'être cet Orphée séduisant et charmeur.
Malgré tout, les scènes sanglantes des premiers mois de l'année se reproduisaient encore dans certaines parties du Bocage. Des colonnes républicaines incendiaient les environs de Cholet, de Chemillé et de Beaupréau.
L'abbé Loir Montgazon nous fait une effrayante description…
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Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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L'abbé Loir Montgazon nous fait une effrayante description du spectacle dont il fut témoin, vers la fin de juin 1794.
« J'étais parti, dit-il, un matin, de la Gâtine (c'était le nom de la ferme où il se cachait), et j'allais, à deux ou trois lieues de là, porter les secours de mon ministère.
« Le soir, je revenais assez tranquillement, lorsque de sinistres lueurs d'incendie jetèrent dans mon âme un commencement d'inquiétude et de frayeur. Le soleil venait de se coucher, et j'avais encore plus d'une demi-lieue à faire. Je remarquais que personne ne paraissait, ni sur la route ni dans les champs, et que la solitude devenait plus complète et plus morne à mesure que j'avançais.Je ne tardai pas à distinguer les reflets d'un incendie mal éteint, et bientôt je rencontrai, à quelques pas l'un de l'autre, les corps à demi-dépouillés de deux hommes, qu'on avait percés de coups.
« J'eus donc la cruelle certitude qu'une colonne républicaine était passée par là en mon absence. Prenant alors des sentiers dérobés, je pressai ma marche vers la Gâtine, l'âme agitée et le cœur serré par les plus tristes pressentiments. A droite, à gauche, je voyais des hameaux brûlés; je rencontrais, çà et là, des vêtements, du linge, des paquets, des fermetures de champs renversées, Mes herbages foulés. Qu'allais-je trouver à la Gâtine ? Peut-être des ruines et du sang ; peut-être le cadavre de ma mère !....
« J'y arrivai enfin; cette ferme n'avait pas été envahie par les Bleus ; mais on eût dit qu'elle avait été mise au pillage. Je trouvai la porte entr'ouverte ; on n'avait pas même pris le temps de fermer les meubles, qui étaient à moitié vides. Tout était en désordre.
« Je cherchai, et je ne trouvai personne. J'appelai ; pas une voix ne répondit. Cette solitude me parut affreuse ; elle me causa un saisissement inexprimable et une sorte de vertige. Instinctivement et sans réfléchir, je courus jusque sur la partie la plus élevée du coteau ; je montai sur le talus d'un fossé, et me trouvant trop bas encore, je m'accrochai aux branches d'un arbre. Je regardai aux alentours ; mais je ne vis que quelques masures encore fumantes et un brouillard blanchâtre, qui s'élevait sur la rivière.
« J'écoutai à plusieurs reprises ; mais c'était partout le silence de la mort, si ce n'est que j'entendis deux ou trois beuglements d'un taureau égaré dans le vallon. Alors, je tombai dans une profonde rêverie : je restai longtemps immobile. La nuit m'enveloppait, et je ne m'en apercevais pas. Enfin, la pensée que je portais le Saint Sacrement avec moi, et que j'étais accompagné de Jésus-Christ en personne, me fit sortir de cet état indéfinissable. Je m'acheminai, en priant, vers le taillis qui me servait ordinairement de cachette. J'entrai en tâtonnant dans une cabane où j'achevai mes prières. J'adorai le Saint Sacrement, en ajustant la custode à mon cou et sur ma poitrine, et je me couchai en disant : Mon Dieu, il y a longtemps que je vous porte et que je vous garde : à votre tour, vous allez me garder. »
« Je dormis profondément jusqu'au lever du soleil. »
A suivre : III. DEUX ÉPISODES DE LA PERSÉCUTION SOUS LE RÉGIME DES COLONNES INFERNALES.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Le Martyre de la Vendée.
A suivre : II — Infortunes et vie proscrite de Mesdames de Cambourg et de la Paumelière, pendant la TerreurIII
DEUX ÉPISODES DE LA PERSÉCUTION
SOUS LE RÉGIME DES COLONNES INFERNALES
Deux épisodes de la persécution révolutionnaire, sous le régime monstrueux des colonnes infernales, vont nous mettre sous les yeux comme un sombre abrégé de toutes les souffrances de la Vendée militaire, dans ses deux parties principales. Nous verrons le martyre de la Vendée bas-poitevine dans un périlleux voyage de Monsieur Marin Boutillier de Saint-André ; et celui de la Vendée angevine, dans les infortunes de Mesdames de Cambourg et de la Paumelière.
I. — Périlleux voyage de Monsieur Marin Boutillier pendant la Terreur.
Dans les Mémoires d'un père, qui nous ont déjà fourni tant d'intéressants et douloureux détails, Monsieur Marin Boutillier de Saint-André nous a laissé quelques pages très attachantes sur la situation de la Vendée bas-poitevine, ensanglantée par les colonnes de Turreau.
C'était vers la mi-février 1794.
« Mon père, nous dit-il, conçut le hardi projet de délivrer maman, qu'il croyait détenue dans les prisons des Sables-d'Olonne.
« Toutes les routes de la Vendée étaient alors constamment sillonnées par les colonnes infernales, qui mettaient le pays à feu et à sang. Des patrouilles royalistes, qui guettaient les maraudeurs républicains, étaient embusquées derrière tous les buissons.
« Malgré les périls d'un pareil voyage, mon père se décide à se mettre en route et me propose de l'accompagner. »
Partant de Mortagne, les deux voyageurs prennent la route des Herbiers et se dirigent vers leur métairie de la Boutardière, située dans la commune des Essarts. Arrivés à la butte des Alouettes, ils rencontrent un poste de soldats vendéens, qui les couchent en joue. Le père fait signe de ne pas tirer, se nomme, et on le laisse passer.
« En entrant aux Herbiers, disent les Mémoires, nous trouvâmes tout le bourg dévoré par les flammes. Le jour précédent, les républicains y avaient mis tout à feu et à sang. Les maisons brûlaient encore, les charpentes s'écroulaient de toutes parts avec un fracas épouvantable. Des tourbillons d'étincelles et de fumée s'élevaient des ruines, comme des trombes de poussière. Des cadavres gisaient dans les rues.
« Nous ne vîmes d'êtres vivants, dans ces lieux désolés, que quelques chats, qui n'avaient pas encore abandonné les décombres des maisons détruites. »
On fit bientôt comprendre aux deux voyageurs qu'il leur était iimpossible de continuer leur route. Ils reprennent leur chemin par la Gaubretière
Quelques jours auparavant, les républicains s'étaient emparés du bourg, et avaient massacré tous les habitants qui leur étaient tombés sous la main. Ils avaient mutilé quelques pauvres religieuses, en leur coupant les doigts
« Pour retourner à Mortagne, dit Monsieur Boutillier, nous primes le chemin de la Verrie, mais nous n'avions pas fait une lieue, qu’une épaisse fumée nous annonça la marche d'une colonne incendiaire, qui s'avançait vers nous. Je crus notre perte certaine. Nous nous embrassâmes, mon père et moi, et nous fîmes notre recommandation à Dieu.
« Nous ne primes d'autres précautions que de quitter la route et de marcher à travers champs. Le Ciel nous protégeait visiblement. Nous passâmes au milieu des genêts sans être aperçus, et nous arrivâmes sains et saufs à Mortagne.
« Mon père se cacha chez Chouteau, ancien huissier de la baronne. Dans sa retraite, il ne s'occupait que de prier Dieu et d'écrire ses Mémoires. »
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II — Infortunes et vie proscrite de Mesdames de Cambourg et de la Paumelière, pendant la Terreur
« À la fin de l'année 1855, nous dit Monsieur de Quatrebarbes, à quelques lieues de Chanzeaux, sur les bords du Layon, dans un modeste manoir à demi caché sous les saules, s'endormait dans le Seigneur une admirable femme, dont les pauvres conserveront longtemps le souvenir.
« Née au cœur de la Vendée angevine, au château du Boisgrolleau, Madame de Cambourg avait deux enfants, lorsque son mari quittait la France, et se rendait à l'armée de Condé, avec son beau frère, le baron de la Paumelière.
« Les deux épouses, deux sœurs, restées seules avec leurs deux patents, s'étaient retirées à Angers. Mais au mois de juin 1793 l'entrée victorieuse de l'aimée vendéenne dans cette ville leur inspira la pensée de chercher une retraite plus sûre au fond du Bocage.
« Retirées au centre du pays insurgé, elles y trouvèrent quelques mois de calme.
« Madame de Cambourg partageait son temps entre la prière, le soin de ses enfants et les secours qu'elle donnait aux pauvres paysans, blessés ou malades.
« Mais le fer et le feu allaient bientôt la chasser de sa demeure. Elle se trouvait à Cholet la veille de la grande bataille qui allait décider du sort de la Vendée. Le lendemain, le canon, qui grondait de toutes parts, annonçait l'approche de 1'armée ennemie.
« Après la défaite des Vendéens, tous les sentiers se couvraient d une foule d'enfants, de femmes et de vieillards. Madame de Cambourg dut abandonner en toute hâte la chaumière qui lui servait d'asile.
« Décidée à partager le sort de l'armée vaincue, elle place sur un cheval de ferme ses deux enfants dans deux paniers, et au milieu, leur bonne, dangereusement malade. Elle suit à pied, derrière eux, donnant la main à sa vieille mère. C'est ainsi quelle traverse Jallais et Neuvy, pour se réunir, au château du Lavouër, à Madame de la Paumelière et à son beau-père.
« Déjà les avant-postes républicains avaient intercepté le chemin de Saint-Florent. Que pouvaient faire deux pauvres femmes isolées, sans appui, avec six enfants, au milieu de ces périls ?
« Une cruelle séparation mit le comble…
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« Une cruelle séparation mit le comble à ces douleurs. En face du grand désastre de son parti, Monsieur de Cambourg, bien qu'âgé de 70 ans sentit bouillonner dans ses veines le sang du vieux militaire.
« Mes chères enfants, dit-il à ses deux filles, Dieu veut que je vous quitte. Je suis trop vieux pour marchander ma vie et cacher ma croix de saint Louis. Ce soir, je serai mort ou je rejoindrai l'armée. »
Puis, abrégeant la douleur d'un dernier adieu, il monte à cheval, escorté de quelques paysans fidèles. Quelques mois après, il tombait au premier rang, sous une balle ennemie.
Ses deux filles durent abandonner le Lavouër, sans cesse visité par les patrouilles républicaines. Déguisées en paysannes, elles trouvèrent l'hospitalité dans une ferme située sur les bords du Layon.
Elles la quittèrent bientôt, forcées de reprendre leur vie errante.
Les colonnes infernales sillonnaient le pays, semant sur leur passage la dévastation et la mort. Il fallait, pour les éviter, passer le jour dans les bois, et marcher seulement la nuit, avec des précautions infinies.
« Je portais alors ma fille sur mon dos, nous dit Madame de Cambourg dans ses Souvenirs. Elle passait autour de mon cou ses petits bras, et de temps en temps, elle m'embrassait, en me plaignant de ma fatigue.
« La bonne portait mon fils, trop jeune encore pour comprendre notre malheur. Le pauvre petit étouffait cependant ses sanglots. Je lui avais dit que ses cris seraient entendus des méchants, qui tiendraient le tuer avec sa sœur et sa mère. »
Les deux belles-sœurs étaient devenues inséparables. Elles s'étaient retirées, pendant l'hiver de 1793 à 1794, à la métairie de la Planche , à quelques pas du Lavouër. Un grand champ de genêts touchait la maison. Dès avant le jour, les fermiers montaient la garde, et à la moindre alarme, tous se réfugiaient dans le fourré le plus épais.
Un matin qu'elles s'étaient un peu attardées, trompées par une fausse sécurité, elles aperçurent avec effroi une colonne républicaine, composée d'un détachement de la garde nationale de Chalonnes et d'un escadron de hussards. De nombreux coups de fusil, tirés sans les atteindre, rendaient la fuite impossible. Les pauvres mères s'arrêtent et couvrent leurs enfants de leur corps.
— Halte-là, Brigandes, leur crient les cavaliers…
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— Halte-là, Brigandes, leur crient les cavaliers, et puisque vous vivez encore, nous allons vous conduire au général.
Celui-ci galopait dans une des avenues du Lavouër, et arrivait dans un instant près des captives.
— Vous n'êtes point de simples paysannes, leur dit-il ; vous êtes des femmes de chefs de Brigands. Demain, vous irez à Angers, et le Comité révolutionnaire décidera de votre sort.
Dans ce moment, un hussard poursuivait la bonne, qui tenait dans ses bras Paul de la Paumelière. Ce charmant enfant, âgé de 2 ans à peine, jetait instinctivement ses deux bras devant le visage de la jeune fille qui le portait, comme s'il eût voulu parer les coups de sabre des soldats. Les autres enfants se serraient autour de leurs mères, et la fidèle servante de Madame de Cambourg (1) assurait hardiment qu'elles étaient toutes de pauvres femmes de la même famille, chassées de leur chaumière par l'incendie, et que pour elle personnellement, elle refusait la liberté qui lui était offerte, ne voulant pas séparer son sort de celui de ses sœurs.
Un attendrissement involontaire commençait à gagner les hussards.
Ils attendaient en silence la décision du général, quand tout à coup celui-ci s'écrie : « Je ne puis risquer ma tête pour sauver des Brigandes. Les enfants et les jeunes filles resteront ici ; emmenez ces deux femmes, et que demain, elles soient conduites à Angers. »
C'est alors, comme nous l'avons déjà raconté, que l'aîné des enfants, Louis de la Paumelière, qui n'avait que 6 ans, jetant à terre son bonnet de laine, le visage inondé de larmes et à moitié caché sous ses beaux cheveux blonds, tombe à genoux, et joignant ses petites mains, s'écrie « Grâce ! grâce! Monsieur, pour ma mère et pour ma tante, au nom du bon Dieu, ne nous séparez pas. »
Le général, ému, dit à ses soldats : « Il en arrivera ce qu'il pourra, laissons ces pauvres gens et suivons une autre toute route. Quant à nous, ajouta t-il, en s'adressant aux femmes, retirez-vous bien vite, et cachez-vous mieux. »
En racontant cette bonne action, Madame de Cambourg écrivait dans ses Souvenirs: « Chaque matin et chaque soir, nos enfants n'oubliaient pas de prier Dieu pour le général qui les avait sauvés. »
« L'éloignement devenait nécessaire après cette cruelle épreuve, nous dit la pieuse proscrite. Nous partîmes, ma sœur et moi, avec nos enfants aimés, confiant les plus jeunes à la charité de la bonne métayère de la Courandière. Une excellente femme, Madame Raimbault, s'était chargée de cacher ma mère. Mais la terreur était telle que, pendant huit jours, toutes les maisons nous furent fermées.
« Un soir, après une journée de décembre passée tout entière dans les genêts, nous nous décidâmes à frapper à la porte d'une ferme où nous étions connues. Il faisait déjà noir, et la pluie tombait par torrents. Accueillie par un dur refus, je me bornai à demander au moins un refuge pour la nuit, promettant de sortir de grand matin. Deux jeunes gens, qui tenaient la porte entr'ouverte, la refermèrent en disant que leur père ne voulait pas nous recevoir. Les sanglots m'étouffaient, je restai à la même place, et je renouvelai bien haut ma prière.
« Enfin le bon Dieu eut pitié de nos chers enfants…
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(1) C'était la mère de Monseigneur Luçon, évêque de Belley.
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« Enfin le bon Dieu eut pitié de nos chers enfants, qui tremblaient de froid sous leurs vêtements glacés. J'entendis une voix douce qui disait: « Je vais leur ouvrir la porte ».
« C’était une pieuse fille de la Poitevinière, remplaçant dans la paroisse la sœur de charité, que les Bleus avaient massacrée.
« Elle gardait une malade à toute extrémité, la sœur des deux jeunes gens qui venaient de nous fermer la porte. Elle accourut à notre voix ; puis, se tournant du côté du vieux métayer et de ses fils : « Vous voyez votre fille ; vous voyez votre sœur presque agonisante, leur dit-elle : auriez-vous le cœur assez dur pour laisser mourir de froid, à votre porte, de pauvres mères avec leurs enfants ? Vous voulez donc que Dieu vous abandonne ! Je suis la maîtresse ici, cette nuit ; je veillerai avec elles au coin du foyer. »
« Puis, elle les décida à se retirer dans l'étable. Elle nous servit à souper, et fit coucher nos enfants dans une chambre voisine.
« Quant à nous, nous passâmes toute la nuit auprès de la malade, et après lui avoir récité les prières des agonisants, nous lui avons fermé les yeux.
« Nous sortîmes au point du jour, suivant notre promesse. J'emportai un peu de feu dans une chaufferette de terre, un morceau de pain noir et deux pommes. La pluie continuait de tomber, et nous essayâmes en vain de nous faire un abri dans un champ de genêts.
« Après y être restée plusieurs heures, je sortis dans l'espérance d'apercevoir la fumée d'une cheminée. Nous nous trouvions sur un coteau élevé, dominant la rivière de Jallais. Je fus assez heureuse pour découvrir, au fond d'un ravin, une maison de meunier échappée à l'incendie. Je courus sur-le-champ annoncer à ma sœur celle bonne nouvelle. Un quart d'heure après nous frappions à la porte du moulin.
« Une femme, dont les traits révélaient la bonté, vint nous ouvrir.
— Je ne vous demande pas qui vous êtes, nous dit-elle. Je crois le deviner, et c'est le bon Dieu qui vous a conduites ici. Je vous garderais bien à la maison, si notre état de meunier ne nous forçait pas à voir trop d'étrangers. Mais je vous trouverai un bon gîte. En attendant, chauffez-vous bien : je vais vous préparer à souper.
« Après le repas, elle nous conduisit à la ferme du Chêne-Percé, et ne dit que quelques paroles à la métayère, qui répondit aussitôt :
— Comment refuser un abri à des personnes semblables et qui se trouvent en pareille peine ? Le bon Dieu me fermerait la porte de son Paradis au dernier jour. Venez, venez; je vais voir où je puis vous loger.
« Elle courut chercher son mari, qui joignit ses instances à celles de sa femme. Celle-ci déplaça ses quatre enfants pour nous donner leurs lits, en témoignant son bonheur de nous recevoir.
« La bonne meunière partit toute joyeuse. Elle nous promit qu'elle nous fournirait, tous les jours, du lait et des œufs frais, ajoutant qu'à son grand regret, elle ne pourrait nous les porter. J'allais, à l'entrée de la nuit, chercher le pot de lait et les œufs pour les enfants. Ma sœur et moi, nous mangions des pommes et la soupe de la ferme.
« Deux mois se passèrent ainsi, dans cette maison de Dieu. …
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« Deux mois se passèrent ainsi, dans cette maison de Dieu. Le jour, nous nous cachions sur les coteaux voisins ; mais au moins nous avions la certitude de trouver, le soir, un abri et des visages heureux de nous recevoir.
« Nous disions la prière et le chapelet en commun. De temps à autre, nous avions la consolation d'entendre la messe du saint abbé Montgazon, qui était caché, non loin de là, dans une ferme de Saint-Martin de Beaupréau, et qui n'avait jamais voulu abandonner sa paroisse.
« Un jour, que nous étions réfugiées dans un champ de genêts, nous aperçûmes, sur le sommet du coteau, une colonne républicaine. La voix du commandant dominait les chants et les blasphèmes. Il ordonnait à ses soldats de fouiller la vallée, d'incendier les maisons, et de tuer indistinctement tous les habitants qu'ils rencontreraient. Dieu seul pouvait conjurer cet affreux péril. Pressés les uns contre les autres, nous tombâmes à genoux, en le priant avec ferveur. Les enfants avaient silencieusement élevé leurs petites mains au Ciel. La métayère du Chêne-Percéétait au milieu d'eux, et tenait son dernier né dans ses bras.
« Après quelques minutes d'une attente cruelle, la colonne s'éloigna. Les soldats avaient traversé, à quelques pas de nous, les genêts qui nous servaient d'asile. Ils descendirent dans le vallon, et bientôt nous vîmes des nuages d'une fumée noirâtre obscurcir les airs. L'incendie dévorait toutes les maisons voisines. On entendait les chiens hurler et les bœufs mugir sur les coteaux. Le soir, tout l'horizon était en feu, et la nuit disparaissait sous des clartés sinistres.
« Nos bons métayers se désolaient à nous fendre le cœur. « O mon Dieu ! disaient-ils, nous n'aurons plus d'abri à vous offrir ! » Il semblait qu'ils étaient aussi affligés pour nous que pour eux-mêmes. Mais quelle fut notre joie, en retrouvant leur maison debout et leurs bestiaux revenus près de l'étable ! Dieu avait récompensé visiblement leur grande charité. Cachée dans son bouquet d'aulnes, la pauvre ferme, seule de toutes les maisons d'alentour, avait échappé à la dévastation et aux flammes.»
Ici s'arrête le récit de Madame de Cambourg. N'est-ce pas le martyre de la Vendée catholique, qui nous apparaît tout entier dans ces pages intimes et touchantes ?
La châtelaine du Lavouër avait 91 ans, quand elle nous traçait ainsi, dans ses propres infortunes, un tableau si vivant de la persécution, qui martyrisait toutes les populations vendéennes (1).
Le 17 mars 1794, Turreau écrivait à la Convention: ...
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(1) Une paroisse vendéenne pendant la Terreur, par M. de Quatrebarbes.
A suivre : IV. LES MARTYRS DE 1794
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.IV
LES MARTYRS DE 1794
Le 17 mars 1794, Turreau écrivait à la Convention : « Il y a quelque chose de surnaturel dans cette résistance de la Vendée, et dans cette opiniâtreté, dont jamais aucun peuple n'a donné l'exemple. »
Après la monstrueuse expérience qu'il venait de faire, l'organisateur des colonnes infernales proclamait ainsi qu'il était vaincu par ses victimes, et que, de tous ces Vendéens, dont il voulait faire des apostats, il n'arrivait qu'à faire des martyrs.
La phase la plus terrible et la plus ensanglantée de la persécution révolutionnaire fut en effet la plus féconde et la plus glorieuse pour le martyrologe de la Vendée.
Nous donnons ici, comme dans un tableau synoptique, les noms des principaux martyrs de l'année 1794, dans la Vendée bas-poitevine.
1. Jean-Baptiste REMAUD, curé des Clouzeaux, martyrisé aux Essarts, vers le commencement du mois de janvier.
2. François HOUSSIN, curé des Brouzils, exécuté à Angers, le 1er janvier.
3. Léon RODIER, natif de Benet, chanoine et grand vicaire de Luçon.
Après avoir refusé le serment, il fut interné à Fontenay, où l'armée vendéenne le délivra, le 25 mai 1793.
Il avait obtenu de Charette la permission de se retirer à Noirmoutier, où il fut fusillé; le 3 janvier.
Avant d'être chanoine et vicaire général de Luçon, il avait été vicaire des Herbiers, puis, curé de l'Aiguillon-sur-Vie.
4. René-Charles LUSSON, fusillé le même jour, avec le précédent. Frère du capitaine de la paroisse de Saint-Fulgent, il avait été vicaire de Saint-Georges-de-Montaigu.
Au début de l'insurrection vendéenne, il s'était fait aumônier de l'armée de Royrand.
On lui attribue la chanson royaliste appelée la Contre-marseillaise.
5. Louis-Joseph BLANCHARD, curé du Bourg-sous-la-Roche.
Il refusa le serment, et avec la permission de Charette il se retira à Noirmoutier, où il fut exécuté le même jour que les deux précédents.
Il est inscrit sur la liste des émigrés du 18 août 1794, avec mention de la confiscation de ses biens, situés à Saint-Jean-de-la-Chaize et à la Ferrière.
Dans un acte de mariage de 1795, le desservant de la paroisse du Petit-Bourg dit de Louis-Joseph Blanchard : « Il est mort martyr pour la religion.
6. Mathurin BILLAULT, curé insermenté de la Réorthe, fusillé à Noirmoutier, à la même date que les trois précédents, dans un âge très avancé.
En 1791, on intercepta, dans un bureau de poste, la lettre circulaire que lui envoyait le grand vicaire de Luçon, André de Beauregard. La divulgation de ce document attira sur le curé de la Réorthe les rigueurs de la persécution.
7. Jean-Baptiste GASNAULT, vicaire de Saint-Mâlo-du-Bois, fut exécuté à Noirmoutier, le même jour que les quatre précédents.
Il était né à la Tessoualle, près Cholet (1).
8,9. C'est probablement à la même date qu'on fusilla, dans l'île de Noirmoutier, deux religieuses bénédictines du monastère de Sainte-Croix des Sables-d'Olonne (petit-séminaire actuel), la sœur PERROCHEAU, de la Chaume, et la sœur MERCIER.
10. Mademoiselle Victoire de JOURDAIN, des Herbiers, noyée à Nantes, le 7 janvier.
11. Jean-Baptiste TRIQUERIE, religieux cordelier du couvent d'Olonne, guillotiné à Laval, le 21 janvier.
12. Pierre-Marie CHAPELAIN, vicaire de Saint-Hilaire de Mortagne, massacré aux Epesses, le 28 janvier.
13. Charles RETAILLEAU, curé des Landes-Genusson, massacré dans sa paroisse, probablement vers le commencement de 1794, avec 88 de ses paroissiens.
14,15,16. On peut placer à la même époque et dans cette même paroisse des Landes-Genusson, le martyre de trois religieuses augustines de Cholet, la sœur MAROT, et les deux sœurs JOBARD et MEUNIER.
17. Les martyrs de Chavagnes-en-Paillers, et spécialement une jeune orpheline nommée JEANNE, le 23 février.
18. L'abbé BROCHU, vicaire de Saint-Laurent-sur-Sèvre, exécuté à Fontenay, le 24 février.
19. Marie-Rose TEXIER, de la Géterie, dans la paroisse de Saint-Maurice-des-Noues, exécutée à Fontenay, le 26 février, à l'âge de 33 ans, « pour avoir donné asile à des prêtres vendéens (1).
20. Les victimes de la Gaubretière, dont nous avons raconté le massacre, à la date du 27 février, et parmi lesquelles se trouvaient quatre prêtres.
21. Les 485 victimes des Lucs, massacrées le 28 février, comme nous l'avons raconté (page 127).
22. Michel VOYNEAU, curé de Notre-Dame des Lucs, massacré à la Malnaye ; il était âgé de 70 ans.
23. Les victimes de la Vivantière, dans la paroisse de Beaufou, où les bourreaux ont mis à mort, le 5 mars, la moitié plus un des habitants des Lucs. Nous avons raconté ce massacre (à la page 127).
24. Nous avons placé, à la même date (page 128) les martyrs de Sainte-Etienne-du-Bois, dans les hameaux de Roche-Quairie, de la Glossetière, de Bel-Air, de la Pécoultière et de la Mercerie.
Cette longue liste de martyrs anonymes contient le nom de la femme LAUCOIN.
25. Vers la même époque, au château de Pouzauges, Grignon faisait fusiller une cinquantaine de personnes, qui s'y étaient réfugiées.
Deux de ses officiers proposèrent à Mademoiselle JEANNIÈRE de la sauver. L'héroïque jeune fille répondit qu'elle aimait mieux mourir avec les siens.
26. François SUIRE, meunier de la Rabatelière, refusant d'adhérer à la religion nationale, est massacré par les Bleus sur les landes du Cormier, dans la paroisse de Chavagnes-en-Paillers, au mois d'avril.
27. Marie-Guillotte BOISARD, domiciliée à Challans, est exécutée à Paris, pour avoir favorisé les complots des prêtres de la Vendée.
28. L'amiral Louis-Charles, comte Du CHAFFAULT, meurt pour la foi dans les prisons de Nantes, à l'âge de 87 ans, le 29 du mois de juin.
29. Le théologal et vicaire général de Luçon André BRUMAULD DE BEAUREGARD est martyrisé à Paris, le 27 juillet.
30. Marie Du BOIS, veuve PETITEAU, de Soullans, est exécutée à Noirmoutier, le 3 du mois d'août. Elle refusa de sauver sa vie par un mensonge.
En parlant des exécutions sanglantes de Noirmoutier…
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(1) La liste des victimes fusillées avec d'Elbée, à Noirmoutier, se trouve dans les papiers de Goupilleau de Montaigu, collection de M. Dugast-Matifeux ; V. Revue du Bas-Poitou, 5e ann., 4e livr., p. 540. — (1) Revue du Bas-Poitou, 7e ann., nº suppl. p. 241.
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En parlant des exécutions sanglantes de Noirmoutier, Bourbotte et Turreau écrivaient au Comité de Salut public, le 8 janvier 1794 : « Après avoir fait cerner cette île de Noirmoutier par les bâtiments de notre petite flotte, nous la fouillâmes d'un bout à l'autre, comme dans une chasse aux lapins, et cette battue fit sortir des bois, des souterrains même, un déluge de prêtres, de femmes, d'émigrés.
« Nous avons créé à l'instant une commission militaire, pour juger tous ces scélérats ; nous les avons fait conduire au pied de l'arbre de la liberté. L'armée entière s'est mise sous les armes, et tous ces nobles chevaliers, ces fiers vengeurs de la couronne et de l'Eglise, ayant à leur tête d'Elbée, leur généralissime (1), ont été frappés du glaive exterminateur, aux cris mille fois répétés par nos soldats de : Vive la République et ses défenseurs.
« Nous avons trouvé ainsi, dans notre battue, plus de 300 brigands, cachés tant dans les bois que sur les bords de la côte. Ils ont subi le sort de leurs chefs. »
L'horrible battue qu'il fit dans l'île de Noirmoutier, Turreau, avec ses colonnes infernales, l'a renouvelée dans tous les bois, dans tous les fourrés, dans tous les champs de genêts du Bocage vendéen.
Le résultat de cette chasse de cannibales fut, au témoignage même du républicain Prudhomme, d'immoler aux fureurs révolutionnaires plus de 15.000 femmes et de 20.000 enfants.
Et dans l'histoire que nous venons d'en retracer, on ne sait de quoi s'étonner davantage, de la férocité des bourreaux ou de l'héroïsme des victimes, de la rage infernale qui poussait les persécuteurs, ou de la force surnaturelle qui émerveillait Turreau, cette divine puissance de la foi qui soutenait la Vendée martyrisée par la Révolution.
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(1) Turreau annonce ici par avance la mort de d'Elbée, qui ne fut exécuté que le lendemain, 9 janvier.
A SUIVRE : CHAPITRE VI. LA PERSÉCUTION RÉVOLUTIONNAIRE EN VENDÉE, PENDANT LES ANNÉES DE 1795 ET DE 1796.
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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LES LOIS DE PERSÉCUTION APRÈS LA TERREUR ET SOUS LE DIRECTOIRE
Le système atroce de Turreau et les chevauchées sauvages de ses colonnes infernales venaient de mettre la Vendée à feu et à sang, et la laissaient blanchie des ossements de ses martyrs.
Et malgré ce déploiement formidable de cruauté, la Convention était forcée de reconnaître que la Vendée catholique, toujours vivante, restait debout et indomptable dans sa foi, et que rien n'avait pu désoler ni lasser sa patience.
La Révolution était contrainte de compter avec sa victime, et le 17 février 1795, elle signait avec Charette le traité de la Jaunais.
Ce n'était qu'une suspension d'armes, qui devait cesser dès le mois de juin suivant, et la Convention, aussi bien que le Directoire, qui lui succéda le 27 octobre, maintenaient toutes les lois de persécution contre les prêtres orthodoxes.
Néanmoins, cette capitulation de l'impiété révolutionnaire marquait, dans la persécution, un point d'arrêt, ou un relâchement d'intensité, qui nous ont laissé des pages moins sanglantes dans les annales vendéennes de 1795 et de 1796.
Mais cette heureuse tendance à la pacification religieuse avait d'opiniâtres adversaires dans les autorités départementales, comme parmi les représentants des pouvoirs publics, et les événements des deux années qui vont suivre sont pour ainsi dire ballotés par un flux et un reflux continuels de mesures réparatrices et de nouveaux décrets persécuteurs.
Les églises se rouvraient à l'assemblée des fidèles, et les soldats républicains eux-mêmes allaient se mêler aux cérémonies du culte catholique.
Et d'autre part, la Convention renouvelait ses décrets de mort contre les prêtres condamnés à l'exil ou à la réclusion.
Dans une de ses premières instructions aux commissaires nationaux de chaque département, le Directoire leur signalait, avec une férocité draconienne, les prêtres réfractaires. « Déjouez leurs perfides projets, leur disait-il ; entravez leurs manœuvres, environnez-les d'une surveillance active, continuelle, infatigable. Qu'elle les inquiète le jour ; qu'elle les trouble la nuit ; ne leur donnez pas de relâche ; que sans vous voir, ils vous sentent partout et à chaque instant. »
C'étaient les préludes menaçants de la terrible loi de déportation à la Guyanne, édictée le 5 septembre 1797, et qui devait ensevelir tout vivants tant de prêtres fidèles dans les marais fangeux de Cayenne, de Sinnamary et de Cononama.
A SUIVRE : II. SIÈGE DE L'ÉGLISE DE LA GAUBRETIÈRE.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
.II
SIÈGE DE L'ÉGLISE DE LA GAUBRETIÈRE
C'est ainsi qu'en Vendée, le 2 mars 1795, nous voyons une colonne républicaine cerner, malgré l'amnistie, 52 personnes, 42 hommes et 12 femmes, dans l'église de la Gaubretière.
Les assiégés, commandés par le brave Bizoin, se défendent pendant huit heures avec une prodigieuse énergie. Du haut du clocher, ils tiraient sur les patriotes, par les fenêtres et par les meurtrières pratiquées dans les murs. Les femmes chargeaient les fusils des combattants, et soutenaient leur courage par le chant des cantiques et des hymnes de l'Église.
Mais bientôt les cartouches sont épuisées ; le feu cesse, et toute résistance devient impossible.
Cependant Bizoin refuse de capituler. Les Bleus enfoncent les portes de l'église et ne trouvent plus que 23 assiégés survivants, 15 hommes et 8 femmes. Ils les entraînent sur la route des Herbiers et les fusillent au Pont du Grand-Henry (1).
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(1) Archives du diocèse de Luçon, T. III, p. 325 et suiv.
A SUIVRE : III. SIÈGE DU CLOCHER DE CHANZEAUX.
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Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
.III
SIÈGE DU CLOCHER DE CHANZEAUX
Quelques semaines plus tard, le général Caffin ajoutait à toutes les hontes des armes républicaines l'ignominie d'un exploit tout semblable. Le 9 avril, il faisait le siège du clocher de Chanzeaux, où s'étaient réfugiés 29 habitants, parmi lesquels on comptait un prêtre, l'abbé Blanvilain qui, dans un moment de faiblesse, avait prêté le serment ; 17 hommes et 10 femmes, qui ne voulaient pas abandonner leurs maris et leurs frères. Deux d'entre elles portaient de tout jeunes enfants dans leurs bras.
C'est le sacristain de la paroisse, Maurice Ragueneau, qui avait organisé la résistance, et fait transporter dans la tour des armes, des cartouches et des vivres.
Le général Caffin, maître du bourg et cernant l'église, fait aux assiégés la sommation de se rendre, leur assurant qu'ils auraient la vie sauve.
Tant de fois et si cruellement trompés par de semblables promesses, les Vendéens répondent par un long cri de : Vive le roi, vive la religion. Le combat commence alors avec acharnement.
Ragueneau avait fermé de larges madriers, l'ouverture circulaire de la voûte du clocher, seul accès par où l'on pouvait monter dans la tour, car l'escalier était complètement détruit. II avait dressé, 15 pieds plus haut, un échafaudage, afin de faciliter le tir de ses hommes par les longues et étroites fenêtres du clocher. Les femmes chargeaient les fusils et les passaient aux combattants.
Ragueneau, debout à l'endroit le plus périlleux, encourage les tireurs par son exemple et son audace.
Le combat se prolonge, cinq heures durant, sans que l'attaque ait fait le moindre progrès. Les cadavres de 30 républicains jonchaient le cimetière, qui est aujourd'hui la place, et pas un des assiégés n'avait été atteint par les balles de l'ennemi.
Mais les Bleus, apercevant les madriers qui fermaient la voûte, eurent l'idée d'y mettre le feu. Caffin fait transporter, au-dessous, des monceaux de paille et de fagots, et malgré la fusillade des Vendéens, il vient à bout de son projet incendiaire Bientôt, tout le clocher est en feu. Activées par un grand vent de nord-est, des flammes immenses montent, tourbillonnent jusqu'à la voûte et s'élancent, avec des sifflements sinistres, à travers toutes les ouvertures.
A cet horrible spectacle des clameurs de joie éclatent parmi les républicains. Mais lorsqu'ils voient les flammes…
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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A cet horrible spectacle des clameurs de joie éclatent parmi les républicains. Mais lorsqu'ils voient les flammes, mêlées à des tourbillons de fumée, envelopper tout l'édifice et s'élever au-dessus du clocher, en face de ces victimes suspendues entre ciel et terre, sur un abîme de feu, il se fait un moment de profond et solennel silence
Chassés par la chaleur intense de cette fournaise, les assiégés s'étaient réfugiés sur la partie la plus résistante de l'échafaudage. Au milieu d'eux, l'abbé Blanvilain, environné de mourants qui lui demandaient une absolution dernière, venait d'être blessé à la tête. Inondé de sang, épuisé de souffrances, il tenait dans ses mains un précieux calice, sauvé naguère d'un premier pillage de l'église, et dont le pied venait d'être fracassé par une balle.
En face de la mort présente, le prêtre exprime le désir de se rendre.
— Qu'ai-je entendu ? lui répond rudement Ragueneau. Ah! Monsieur, est-ce à vous à mendier votre vie? Rappelez-vous le serment sacrilège que vous avez prononcé ! Dieu vous donne, pour l'expier, le bonheur du martyre. Remerciez-le ; priez pour nous et donnez l'exemple du courage. Quant à moi, je ne me rendrai jamais à ces misérables. Ce clocher a été mon berceau : je veux qu'il soit ma tombe.
A ces mots, prononcés avec une étrange énergie, le prêtre baisse la tête et demande pardon à Dieu.
Cependant, l'incendie fait des progrès effrayants. Les flammes enveloppent les assiégés, et le feu gagne les planches qui les soutiennent au-dessus du brasier.
La cuisse percée d'une balle, l'abbé Blanvilain confie son calice à l'une des femmes, Mademoiselle Petit, qui le jette du haut du clocher dans les décombres de l'église (1), puis, le malheureux s'affaisse et tombe sur la voûte embrasée.
L'échafaudage tout entier s'écroule. Les survivants se couchent alors sur l'entablement, sur les murs et sur les corniches.
Toujours inflexible au milieu des morts et des mourants, Ragueneau voit tomber successivement à ses côtés, Pinault, un des frères Banchereau, le jeune Pierre Bureau. Seul au milieu d'une grêle de balles, il se fait charger des fusils et combat encore. Enfin, couvert de blessures et à moitié brûlé, il reçoit le coup mortel. Il lève alors les yeux au Ciel, fait son signe de croix et tombe dans le brasier.
En voyant succomber leur dernier défenseur, les infortunés qui survivent poussent un cri de détresse.
Jeanne Ragueneau sœur de Maurice, jeune fille de 20 ans, se jette sur le cadavre de son frère. Vainement on la retire, en lui disant :
— Jeanne, vous ne pouvez pas disposer de la vie que Dieu vous a donnée.
— Laissez-moi mourir, s'écrie-t-elle. Non, ce n'est pas offenser Dieu d'échapper à ces monstres par la mort ! Mon Dieu, ayez pitié de moi !
Et elle se précipite de nouveau dans les flammes.
Le combat avait cessé !...
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(1) Ce calice fui retrouvé le lendemain ; c'est aujourd'hui le calice de la chapelle du Château.
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Louis- Admin
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Re: Le Martyre de la Vendée.
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Le combat avait cessé !
La veuve de Maurice, 5 autres femmes, 2 enfants et 13 hommes vivaient encore, presque tous meurtris de blessures. Protégés par l'épaisseur des murs, ils priaient, la tête entre leurs mains, en attendant que le feu les dévore.
Les républicains regardaient avec une sorte d'effroi cette scène terrible et navrante. Ils semblent touchés de compassion et s'écrient :
— Rendez-vous ; on ne vous fera pas de mal.
Cette proposition est accueillie par un profond silence.
— Rendez-vous, répètent mille voix confuses ; rendez-vous ; voici des échelles dressées aux fenêtres du clocher.
Les assiégés se lèvent et paraissent indécis. De courtes explications sont échangées entre eux et le commandant, qui donne sa parole pour garantie de la capitulation.
Tous l'acceptent, excepté un chasseur de Stofflet. Atteint d'une balle à la tête, il expire en disant : « Je meurs pour le Dieu qui est mort pour moi. »
Des échelles sont appliquées aux murs. La première femme qui met le pied sur un échelon n'a pas la force de se soutenir et se tue dans sa chute. Tous les autres parviennent à descendre.
Mais à peine ont-ils touché le sol, que deux de ces héroïques Vendéens, Hayault et Mathurin Guais, sont entraînés dans un jardin, et impitoyablement fusillés.
Les autres furent conduits dans les prisons de Chemillé, où ils restèrent jusqu'à la pacification de Saint-Florent, qui fut signée par Stofflet, le 2 mai 1795 (1).
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(1) Une paroisse vendéenne pendant la Terreur, pp. 121-130.
A suivre : LES VICTIMES DE QUIBERON.
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Re: Le Martyre de la Vendée.
.IV
LES VICTIMES DE QUIBERON
L'expédition désastreuse que tentèrent, à Quiberon, le 15 juillet 1795, les émigrés d'Angleterre, fut une révélation nouvelle du mépris cynique de la Convention pour la foi jurée et pour le droit des gens.
Le général Hoche venait de promettre la vie et la liberté à tous ceux qui mettraient bas les armes, et Sombreuil, au nom des soldats qu'il commandait, avait accepté et signé la capitulation.
Aussitôt, les républicains se rendent maîtres de 575 de ces malheureux désarmés, au nombre desquels se trouvaient une vingtaine de Vendéens, et parmi ceux-ci, trois prêtres : François-Pierre DE RIEUSSEC, vicaire général de Luçon, Jacques-Pierre GOURAUD, curé de Saint-André-sur-Mareuil, et Jean-Baptiste-René GAIGNET, vicaire de Doix.
Par ordre de la Convention, les captifs sont livrés à une commission militaire, et du 30 juillet au 4 du mois d'août, presque tous les compagnons d'armes de Sombreuil sont fusillés, dans la prairie qui porte le nom glorieux et désormais immortel de Champ des Martyrs.
Martyrs ! c'est bien le nom qu'il convient de donner au plus grand nombre de ces victimes, et ce titre est en quelque sorte proclamé par les circonstances mêmes qui accompagnent leur mort (1).
Plusieurs, qu'on invitait à racheter leur vie par un mensonge, rejetèrent ce moyen comme interdit par la loi de Dieu.
« Jamais, dit un contemporain, impression ne fut plus vive que lorsque, après une prière commune et par une sainte inspiration, les prisonniers voués à la mort élevèrent tous la voix et les mains vers le Ciel, pour lui demander le bonheur de la France.
« La garde, d'abord immobile d'étonnement, partage bientôt cet élan religieux, qui ne fut interrompu que par des sanglots.
« Amenés devant leurs juges, la plupart des prisonniers les étonnèrent par la fermeté de leurs réponses.
« On faisait précéder les condamnés par des hommes chargés de creuser leurs fosses.
« N'ayant pu mourir en héros, ces victimes de la guerre, mouraient en martyrs, sans orgueil, donnant eux-mêmes leurs vêtements aux soldats commandés pour les mettre à mort, et réitérant leurs vœux pour le bonheur de leur pays.
« C'est auprès d'Auray que se fit la majeure partie de ces exécutions sanglantes, dans une prairie, au bas d'une colline.
« Les habitants d'Auray y font encore journellement des pèlerinages, et l'appellent la prairie des Martyrs (2). »
Ce témoignage de Beauchamp est confirmé par celui de Hoche, qui écrivait au Directoire, en avril 1796 : « A Vannes, on conduit chaque jour des prêtres à l'échafaud, et tous les jours aussi des femmes et des paysans viennent tremper leurs mouchoirs dans le sang de ces malheureux, qui sont bientôt transformés en martyrs de la religion. »
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(1) GUILLON, T. I, p. 349. — (2) BEAUCHAMP, Histoire de la guerre de la Vendée, T. III, p. 537.
A suivre : V. EXÉCUTION DE L'ABBÉ GOGUET, AUMÔNIER DE CHARRETTE.
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