Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
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Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
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Bonjour à tous,
Ce qui suit a été tiré de la copie papier suivante :
Bonne et sainte lecture à tous.
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Chapitre trente-huitième — De la Prière en général
§ I. — De la nécessité de la prière.
§ II.— Utilité et fruits de la prière.
§ III. — Des diverses parties de la prière.
§ IV. — Ce qu'il faut demander dans la prière.
§ V. — Pour qui faut-il prier ?
§ VI. — A qui doit-on adresser des prières ?
§ VII.— De la préparation à la prière.
§ VIII.— Manière de prier : qualités de la prière.
Chapitre trente-neuvième — De l’Oraison Dominicale
§ I. — Notre Père.
§ II.— Pourquoi chacun dit-il : Notre Père ?
§ III.— Qui êtes dans les cieux.
Chapitre quarantième — Première demande de l’Oraison Dominicale :
QUE VOTRE NOM SOIT SANCTIFIE.
§ I. — Pourquoi cette demande est-elle la première ?
§ II.— Qu'est- ce que la gloire de Dieu ?
§ III.— Objet de la première demande.
§ IV.— Un vrai chrétien doit honorer ce saint Nom par ses actions.
Chapitre quarante-et-unième — Seconde demande de l’Oraison Dominicale :
QUE VOTRE ROYAUME ARRIVE.
§ I. — Du royaume de Dieu.
§ II.— Ce qui est compris dans cette demande.
§ III.— Des misères de cette vie.
§ IV.— Quel est l'objet de la deuxième demande.
§ V.— Dans quels sentiments il faut faire cette demande.
Chapitre quarante-deuxième — Troisième demande de l’Oraison Dominicale :
QUE VOTRE VOLONTE SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.
§ I.— Misères du genre humain, leur cause.
§ II.— Nous demandons le remède à nos misères par ces mots : QUE VOTRE VOLONTE SOIT FAITE, etc…
§ III.— Ce que c'est que la volonté de Dieu.
§ IV.— Sur la terre comme au ciel.
Chapitre quarante-troisième — Quatrième demande de l’Oraison Dominicale :
DONNEZ-NOUS AUJOURD'HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ I. — De quelle manière il faut demander les biens de la vie.
§ II. — Notre pain quotidien.
§ III. — Donnez-nous aujourd'hui.
§ IV. — Du pain spirituel.
Chapitre quarante-quatrième — Cinquième demande de l’Oraison Dominicale:
PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES.
§ I. — Des dispositions nécessaires pour faire cette prière. — Repentir.
§ II. — Confiance en Dieu.
§ III. — Ce qu'on entend par le mot dettes.
§ IV. — Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
§ V. — Motifs et manière de pardonner au prochain.
§ VI. — Dispositions nécessaires pour faire cette prière avec fruit.
Chapitre quarante-cinquième — Sixième demande de l’Oraison Dominicale:
ET NE NOUS INDUISEZ PAS EN TENTATION.
§ I. — Pourquoi Jésus-Christ nous a ordonné cette sixième demande ?
§ II. — Des tentations; de leurs causes.
§ III. — Des démons.
§ IV. — Qu'est-ce qu'être tenté et induit en tentation.
§ V. — Qu'est-ce qu'on demande à Dieu par ces paroles : Ne nous induisez pas en tentation.
§ VI. — Motifs et moyens de résister au démon.
Chapitre quarante-sixième — Septième demande de l’Oraison Dominicale:
DELIVREZ-NOUS DU MAL.
§ I.— Comment on doit demander d'être délivré du mal.
§ II.— Quels sont les maux dont nous demandons ici d'être délivrés.
§ III.— De la patience nécessaire dans les maux.
§ IV.—Conclusion de l'Oraison Dominicale. Amen (Ainsi soit-il !)
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(*): Note de Louis, dès la publication complète du texte du Concile de Trente, nous mettrons, selon notre habitude, des liens en bleus pour faciliter la lecture. Bien à vous.
Bonjour à tous,
Ce qui suit a été tiré de la copie papier suivante :
CATÉCHISME
DU SAINT
CONCILE DE TRENTE
Société de saint Jean l'Évangéliste
Desclée & Cie
IMPRIMATUR
Tornaci, die 17 Julii 1923.
V. Cantineau, Vic. Gén.
.DU SAINT
CONCILE DE TRENTE
Société de saint Jean l'Évangéliste
Desclée & Cie
IMPRIMATUR
Tornaci, die 17 Julii 1923.
V. Cantineau, Vic. Gén.
Bonne et sainte lecture à tous.
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Table des matières.(*)
De la Prière
Chapitre trente-huitième — De la Prière en général
§ I. — De la nécessité de la prière.
§ II.— Utilité et fruits de la prière.
§ III. — Des diverses parties de la prière.
§ IV. — Ce qu'il faut demander dans la prière.
§ V. — Pour qui faut-il prier ?
§ VI. — A qui doit-on adresser des prières ?
§ VII.— De la préparation à la prière.
§ VIII.— Manière de prier : qualités de la prière.
Chapitre trente-neuvième — De l’Oraison Dominicale
§ I. — Notre Père.
§ II.— Pourquoi chacun dit-il : Notre Père ?
§ III.— Qui êtes dans les cieux.
Chapitre quarantième — Première demande de l’Oraison Dominicale :
QUE VOTRE NOM SOIT SANCTIFIE.
§ I. — Pourquoi cette demande est-elle la première ?
§ II.— Qu'est- ce que la gloire de Dieu ?
§ III.— Objet de la première demande.
§ IV.— Un vrai chrétien doit honorer ce saint Nom par ses actions.
Chapitre quarante-et-unième — Seconde demande de l’Oraison Dominicale :
QUE VOTRE ROYAUME ARRIVE.
§ I. — Du royaume de Dieu.
§ II.— Ce qui est compris dans cette demande.
§ III.— Des misères de cette vie.
§ IV.— Quel est l'objet de la deuxième demande.
§ V.— Dans quels sentiments il faut faire cette demande.
Chapitre quarante-deuxième — Troisième demande de l’Oraison Dominicale :
QUE VOTRE VOLONTE SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.
§ I.— Misères du genre humain, leur cause.
§ II.— Nous demandons le remède à nos misères par ces mots : QUE VOTRE VOLONTE SOIT FAITE, etc…
§ III.— Ce que c'est que la volonté de Dieu.
§ IV.— Sur la terre comme au ciel.
Chapitre quarante-troisième — Quatrième demande de l’Oraison Dominicale :
DONNEZ-NOUS AUJOURD'HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ I. — De quelle manière il faut demander les biens de la vie.
§ II. — Notre pain quotidien.
§ III. — Donnez-nous aujourd'hui.
§ IV. — Du pain spirituel.
Chapitre quarante-quatrième — Cinquième demande de l’Oraison Dominicale:
PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES.
§ I. — Des dispositions nécessaires pour faire cette prière. — Repentir.
§ II. — Confiance en Dieu.
§ III. — Ce qu'on entend par le mot dettes.
§ IV. — Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
§ V. — Motifs et manière de pardonner au prochain.
§ VI. — Dispositions nécessaires pour faire cette prière avec fruit.
Chapitre quarante-cinquième — Sixième demande de l’Oraison Dominicale:
ET NE NOUS INDUISEZ PAS EN TENTATION.
§ I. — Pourquoi Jésus-Christ nous a ordonné cette sixième demande ?
§ II. — Des tentations; de leurs causes.
§ III. — Des démons.
§ IV. — Qu'est-ce qu'être tenté et induit en tentation.
§ V. — Qu'est-ce qu'on demande à Dieu par ces paroles : Ne nous induisez pas en tentation.
§ VI. — Motifs et moyens de résister au démon.
Chapitre quarante-sixième — Septième demande de l’Oraison Dominicale:
DELIVREZ-NOUS DU MAL.
§ I.— Comment on doit demander d'être délivré du mal.
§ II.— Quels sont les maux dont nous demandons ici d'être délivrés.
§ III.— De la patience nécessaire dans les maux.
§ IV.—Conclusion de l'Oraison Dominicale. Amen (Ainsi soit-il !)
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(*): Note de Louis, dès la publication complète du texte du Concile de Trente, nous mettrons, selon notre habitude, des liens en bleus pour faciliter la lecture. Bien à vous.
Dernière édition par Louis le Ven 02 Sep 2022, 3:05 pm, édité 8 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre trente-huitième
De la Prière en général
L’un des devoirs les plus sacrés du ministère pastoral, l’un des plus indispensables au salut du peuple, c’est, à coup sûr, l’enseignement de la Prière chrétienne. Si un Pasteur pieux et zélé ne met pas tous ses soins à en instruire les Fidèles, beaucoup d’entre eux n’en connaîtront jamais la nature et l’importance. C’est pourquoi le Prêtre, digne de ce nom, s’appliquera de toutes ses forces à bien faire comprendre à ses auditeurs religieux ce qu’il faut demander à Dieu, et comment il convient de le demander.
Toutes les qualités de la Prière parfaite se trouvent réunies dans cette divine formule que Notre-Seigneur Jésus-Christ voulut bien enseigner à ses Apôtres, et, par eux ou par leurs successeurs, à tous ceux qui dans la suite devaient embrasser la Religion chrétienne ; formule dont les paroles et les pensées doivent être gravées si profondément dans notre esprit et dans notre cœur, qu’elles nous soient toujours présentes. Et pour faciliter aux Pasteurs les moyens d’instruire les Fidèles sur cette Prière particulière, nous avons réuni, dans cette dernière partie de notre Catéchisme, tout ce qui nous a paru se rapporter davantage à notre sujet. Dans ce but, nous avons emprunté largement aux Auteurs les plus savants et les plus célèbres en cette matière. Pour le surplus, les Pasteurs (s’ils en ont besoin), pourront aller le puiser eux-mêmes, et aux mêmes sources.
A suivre: § I. De la nécessité de la Prière.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
A suivre : II. Utilité et fruits de la Prière.§ I. — DE LA NÉCESSITÉ DE LA PRIÈRE.
La première chose à enseigner, dans ce sujet, c’est la nécessité de la Prière, car la recommandation qui nous en est faite n’est pas un simple conseil, mais bien un précepte rigoureux et formel. Notre-Seigneur Jésus-Christ l’a déclaré expressément: 1 « Il faut toujours prier. »
Cette nécessité de la Prière ressort également de la petite Préface que l’Eglise nous fait dire à la Messe, avant l’Oraison Dominicale: Notre-Seigneur, nous ayant commandé de prier, et nous ayant donné Lui-même un modèle de prière, nous osons dire, etc.. C’est donc parce que la Prière est nécessaire d’une part, et parce que d’autre part, ses disciples Lui avaient dit: 2 « Seigneur, apprenez-nous à prier », que le Fils de Dieu leur prescrivit une formule de prière, en leur donnant l’espoir qu’ils obtiendraient tout ce qu’ils demanderaient. Bien plus, Il voulut confirmer son précepte par son propre exemple, non seulement en priant avec assiduité, mais même en passant des nuits entières à prier.
Les Apôtres ne manquèrent pas de transmettre ce précepte de Jésus-Christ à ceux qui embrassaient la Foi chrétienne. C’est ainsi que Saint Pierre et Saint Jean se font un devoir de le rappeler très exactement aux âmes croyantes ; et l’Apôtre Saint Paul s’empresse de les imiter, en exhortant fréquemment les Chrétiens à cette salutaire obligation de la Prière.
Il est, en outre, tant de biens et de secours dont nous avons besoin et pour l’âme et pour le corps, qu’il nous faut absolument recourir à la Prière. Elle seule, en effet, est capable d’exposer fidèlement à Dieu notre détresse. Elle seule peut en obtenir tout ce qui nous manque. Ne l’oublions pas, Dieu ne doit rien à personne, et par conséquent, si nous voulons qu’Il nous accorde ce dont nous avons besoin, nous devons nécessairement le solliciter de Lui par la Prière. La Prière est comme un instrument qu’Il nous a donné, afin que nous nous en servions pour obtenir ce que nous désirons. Sans la Prière — cela n’est que trop certain — il est des choses que nous n’aurions jamais. Ainsi, l’un de ses effets les plus extraordinaires, c’est qu’elle possède la vertu de chasser les démons. Car, dit Notre-Seigneur dans Saint Matthieu: 3 « Il est un genre de démons qui ne peut se chasser que par le jeûne et par la Prière. »
C’est donc se priver d’un grand nombre de faveurs particulières, que de négliger ce pieux exercice de la Prière, de n’en point prendre l’habitude, de ne pas s’en acquitter avec tout le soin qu’il mérite. Pour obtenir, au contraire, ce que l’on demande, il ne faut pas seulement une Prière convenable, il faut une prière persévérante. Comme le dit très bien Saint Jérôme : 4 il est écrit: 5 « On donne à quiconque demande. Si donc on ne vous donne pas, c’est que vous ne demandez pas. Demandez donc, et vous recevrez. »
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(1) Luc., 18, 1. — (2) Luc., 11, 1. — (3) Matth., 17, 21. — (4) Hier. in cap., 7. Math. — (5) Matth., 7, 8. Luc, 11, 10. Joan., 16, 23.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ II — UTILITÉ ET FRUITS DE LA PRIÈRE.
Si la Prière est nécessaire, elle est aussi extrêmement utile. Ses fruits sont très agréables et très abondants. Les Pasteurs en trouveront le détail dans les Saint Pères, lorsqu’ils auront à les expliquer aux Fidèles. Pour nous, nous nous sommes bornés à en choisir quelques-uns qui nous ont paru convenir aux besoins des temps présents.
Le premier fruit que nous retirons de la Prière, c’est que notre Prière honore Dieu, car elle est un Acte de religion que les Saintes Lettres comparent à un parfum. « Que ma Prière s’élève vers Vous, dit le Prophète 1, comme la fumée de l’encens ! » en priant, nous reconnaissons que nous dépendons de Dieu, nous confessons et proclamons qu’Il est l’Auteur de tous les biens, nous n’espérons qu’en Lui, et nous Le regardons comme le seul refuge et l’unique soutien de notre existence présente et de notre vie future. Du reste, ce fruit de la Prière est clairement marqué dans ces paroles: 2 « Invoquez-moi au jour de la tribulation, Je vous en tirerai, et vous M’honorerez ! »
Un second fruit de la Prière, — fruit infiniment avantageux et consolant, et qu’on en retire lorsque Dieu l’exauce — c’est qu’elle ouvre le ciel dont elle est la clef, selon Saint Augustin. 3 « La Prière monte, dit-il, et la miséricorde divine descend. Si basse que soit la terre, si élevé que soit le ciel, Dieu entend néanmoins la parole de l’homme. »
La Prière est d’une vertu et d’une utilité si grandes, que par elle nous obtenons la plénitude des dons célestes. C’est à cause de nos Prières que Dieu nous donne l’Esprit Saint pour guide et pour appui. Par elle encore nous conservons la pureté de notre Foi, nous écartons les dangers, nous évitons les peines, nous sommes protégés de Dieu dans la tentation et nous triomphons du démon. En un mot, la Prière est la source des joies les plus pures. C’est pourquoi Notre-Seigneur disait: 1 « Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. »
D’ailleurs, il n’est pas possible de douter un seul instant que Dieu dans sa Bonté ne réponde et ne se rende à l’appel de la Prière. Nous en trouvons la preuve en maints endroits de nos Saints Livres. Et comme ces textes sont sous la main de tous, nous nous bornerons à citer les paroles suivantes d’Isaïe: 2 « Alors vous invoquerez, dit-il, et le Seigneur vous exaucera: vous crierez, et le Seigneur dira: Me voici ! » Et ailleurs: 3 « avant qu’ils ne crient, Je les entendrai ; ils parleront encore, que déjà Je les aurai exaucés. » Quant aux exemples de ceux qui ont obtenu de Dieu ce qu’ils demandaient, ils sont si nombreux et si connus que nous n’avons pas besoin de les rapporter ici.
Il arrive quelquefois cependant que nous n’obtenons pas de Dieu…
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(1) Psal., 140, 2. — (2) Psal., 19. — (3) Serm., 15. 226, de Tempore. — (1) Joan., 16, 24. — (2) Is., 5 8 9. —Is., 65, 24.
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Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ II — UTILITÉ ET FRUITS DE LA PRIÈRE.
(suite)
Il arrive quelquefois cependant que nous n’obtenons pas de Dieu ce que nous Lui demandons. C’est vrai. Mais Dieu n’en veut pas moins notre bien. Ou Il nous accorde des grâces plus grandes et plus précieuses que celles que nous sollicitons, ou l’objet de notre Prière n’est ni nécessaire ni utile, ou peut-être même, si Dieu nous l’avait accordé, il nous serait devenu funeste et nuisible. « Car, dit Saint Augustin 4 il y a des choses que Dieu refuse dans sa bonté et qu’Il accorde dans sa colère. » D’autres fois aussi notre Prière est si tiède et si nonchalante que nous ne pensons pas même à ce que nous disons. Cependant la Prière est l’élévation de notre âme vers Dieu. Mais si, en priant, l’esprit qui devrait ne s’occuper que de Dieu, s’égare sur toutes sortes d’objets, et si l’on débite sans attention, sans piété, presque au hasard, les formules qu’on récite, comment donner le nom de Prière chrétienne à ce vain bruit de paroles ? est-il étonnant dès lors que Dieu se montre insensible à nos désirs, puisque par notre négligence et notre indifférence même, nous semblons prouver que nous ne tenons pas du tout à ce que nous demandons, ou bien que nous sollicitons des choses qui nous seraient nuisibles ?
Au contraire, quand on prie avec attention et ferveur, on obtient de Dieu beaucoup plus qu’on ne demande. Saint Paul nous l’atteste dans son Epître aux Ephésiens. Nous en avons la preuve également dans la Parabole de l’enfant prodigue. Ce malheureux jeune homme se serait cru très bien traité, si seulement son père avait voulu l’admettre au rang de mercenaire.
Quelquefois même Dieu met le comble à ses faveurs, en nous accordant ses dons non seulement en abondance, mais encore avec promptitude, non seulement sur notre demande, mais sur un simple désir de notre part.
C’est ce que nous voyons dans nos Saints Livres, où nous trouvons des formules de ce genre: 1« Dieu a exaucé les vœux du pauvre. » Oui vraiment notre Dieu répond aux désirs intimes et secrets de ceux qui ont besoin, avant même qu’ils ne Lui aient exposé leur détresse.
Un troisième fruit de la Prière, c’est qu’elle est un exercice et un accroissement de toutes les vertus, en particulier de la Foi. Le mayen de prier, en effet, et de bien prier, si l’on n’a pas foi en Dieu ? C’est la parole de l’Apôtre Saint Paul: 2 « Comment invoqueront-ils Celui auquel ils ne croient point ? » Dès lors plus les Fidèles mettent d’ardeur à prier, plus ils ont une foi grande et ferme dans la Bonté et la Providence de Dieu, et par suite plus ils sont disposés à Lui obéir, c’est-à-dire à s’en rapporter à Lui pour tous leurs besoins, et à Lui demander toutes choses.
Dieu pourrait, à coup sûr, répandre sur nous tous ses dons, sans prières et même sans désirs de notre part. C’est ainsi qu’Il en agit envers les animaux privés de raison, à qui Il donne tout ce qui est nécessaire à leur existence. Mais ce Père d’une Bonté parfaite veut être prié par ses enfants. Il veut qu’en L’invoquant chaque jour, notre Prière s’élève chaque jour jusqu’à Lui avec une confiance plus grande. En un mot Il veut, en exauçant nos Prières, affirmer de plus en plus et proclamer en quelque sorte son infinie Bonté envers nous.
La Prière augmente aussi la Charité…
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(4) Aug. serm., 33, de Verb. Domini. — (1) Psal., 9, 17. — (2) Rom., 10, 14.
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 11:43 am, édité 1 fois (Raison : Présentation.)
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ II — UTILITÉ ET FRUITS DE LA PRIÈRE.
(suite)
La Prière augmente aussi la Charité. En effet, lorsque nous reconnaissons Dieu comme l’Auteur de tous les biens et de tous les avantages dont nous jouissons ici-bas, nous nous attachons à Lui de tout l’amour dont notre cœur est capable. Les affections humaines grandissent et s’enflamment par les conversations, les visites, les rapports fréquents. Il en est de même de l’Amour de Dieu. Plus les hommes pieux multiplient leurs prières, en implorant la Bonté de Dieu, et en s’entretenant avec Lui, plus ils sentent croître en eux-mêmes une joie pénétrante, en même temps qu’ils sont portés à aimer et à servir Dieu de tout leur cœur.
Si donc Dieu nous oblige à Le prier, c’est afin que nous soyons plus ardents à Lui demander ce que nous désirons ; c’est aussi [selon la pensée de Saint Augustin] 1 « afin que nous ne soyons redevables qu’à la constance et la la vivacité de nos désirs, de ces faveurs signalées dont notre cœur, auparavant sec et resserré, n’aurait pas été digne ».
Il veut aussi nous faire comprendre et toucher du doigt, en quelque sorte, cette vérité capitale, que si le secours de la Grâce céleste venait à nous manquer, nous ne pourrions absolument rien par nous-mêmes. Quel motif, par conséquent, de nous appliquer à prier avec toute la ferveur possible !
La Prière est encore une arme très puissante contre les ennemis les plus dangereux de notre nature: « contre le démon et ses attaques, dit saint Hilaire 2 combattons par le bruit de nos prières. »
Un autre fruit bien précieux que nous assure la prière, c’est que malgré notre dégradation originelle, et par suite notre inclination au mal et aux divers appétits déréglés de la concupiscence, Dieu nous permet néanmoins d’élever nos pensées jusqu’à Lui. Et s’il nous permet d’agir de la sorte, c’est qu’il veut par là nous faire mériter ses bienfaits, sanctifier notre volonté, purifier nos souillures et détruire en nous les effets malheureux du péché.
Enfin la Prière, selon la pensée de Saint Jérôme, résiste à la colère divine elle-même. « Laisse-Moi », disait Dieu à Moise 3 qui L’arrêtait par sa Prière, au moment où Il voulait châtier son peuple. C’est qu’en effet pour apaiser la colère de Dieu irrité, pour l’amener à suspendre ses coups, lorsqu’il se prépare à frapper le coupable, et même pour Le faire revenir de sa « fureur », rien n’est plus efficace que la Prière des âmes pieuses.
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(1) Aug. Epist., 121, c., 8. — (2) Hil., in Psal. 63. — (3) Exod., 32, 10.
A suivre : § III. — DES DIVERSES PARTIES DE LA PRIÈRE.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ III. — DES DIVERSES PARTIES DE LA PRIÈRE.
Après avoir parlé aux Fidèles de la nécessité et de l’utilité de la Prière des Chrétiens, il faut aussi leur apprendre quelles sont les diverses parties qui la composent. D’après le témoignage de l’Apôtre, cette science importe extrêmement au parfait accomplissement du devoir de la Prière. Dans son épître à Timothée, où il exhorte son disciple à prier saintement et avec piété, il distingue avec soin les différentes parties de cet exercice. « Je recommande avant toutes choses, dit-il, 1 que l’on fasse des supplications, des prières, des demandes, et des actions de grâces pour tous les hommes. » Et comme la différence entre ces quatre mots employés par l’Apôtre est assez difficile à établir, les Pasteurs qui croiront utile de l’expliquer à leurs auditeurs ne manqueront pas de consulter, entre autres, Saint Hilaire et Saint Augustin.
A vrai dire les deux parties principales de la Prière sont la demande et l’action de grâces. Les autres en dérivent comme de leur source. Voilà pourquoi nous n’avons pas cru devoir les passer sous silence. Nous allons à Dieu, et nous Lui rendons un culte d’hommage et de respect, soit pour obtenir de Lui quelque bienfait nouveau, soit afin de Lui témoigner notre reconnaissance pour tous ceux dont sa Bonté ne cesse de nous enrichir et de nous combler. Toute Prière revêt nécessairement ce double caractère. Dieu Lui-même nous l’a marqué en ces termes par la bouche de David: 1 « Invoquez-Moi au jour de la tribulation, Je vous délivrerai, et vous M’honorerez. »
Et d’abord est-il possible d’ignorer combien nous avons besoin de la Libéralité et de la Bonté de Dieu, pour peu que l’on considère l’excès de nos misères et de notre pauvreté ? D’autre part tous ceux qui voient et qui pensent se rendent bien compte que le cœur de Dieu est très favorablement disposé pour le genre humain et qu’Il se plaît à répandre sur nous ses largesses. De quelque côté en effet que nous portions nos regards et nos pensées, partout nous voyons éclater les preuves les plus admirables de la Bonté et de la Générosité divines. Qu’avons-nous en effet que nous n’ayons reçu de la Libéralité de Dieu ? Et si tous les biens que nous possédons ne sont que des présents de sa Munificence, pourquoi tous ensemble, dans la mesure de nos forces, n’exalterions-nous point par nos louanges un Dieu si infiniment bon, pourquoi ne ferions-nous pas monter vers Lui de continuelles actions de grâces ?
Mais, soit que l’on demande, soit que l’on remercie, il y a dans la Prière différents degrés, plus élevés et plus parfaits les uns que les autres. Afin donc que les Fidèles puissent non seulement prier, mais encore prier très bien et comme il convient, les Pasteurs auront soin de leur proposer la méthode la meilleure et la plus parfaite, et ils les exhorteront de toutes leurs forces à la mettre en pratique.
Mais précisément quelle est la meilleure manière de prier ? quel est le degré le plus élevé en matière d’Oraison ? Evidemment c’est celui des âmes pieuses et justes qui, appuyées sur le fondement inébranlable de la vraie foi, arrivent graduellement, par la pureté de leur conscience et par la ferveur de leurs vœux, à ce point d’élévation où elles peuvent contempler l’infinie Puissance de Dieu, avec son immense bonté et sa sagesse suprême. Là elles acquièrent l’espérance certaine d’obtenir tout ce qu’elles demanderont présentement, et cette abondance incalculable de biens que Dieu a promis d’accorder à ceux qui sauront implorer son secours avec une piété sincère et fervente.
C’est ainsi que, portée en quelque sorte sur deux ailes…
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(1) Tim., 2, 1 — (2) Psal., 49, 15.
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:40 pm, édité 2 fois (Raison : Présentation.)
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ III. — DES DIVERSES PARTIES DE LA PRIÈRE.
(suite)
C’est ainsi que, portée en quelque sorte sur deux ailes, l’âme prend son essor vers le ciel et s’élève jusqu’à Dieu, pour Le louer et Le remercier tout ensemble des bienfaits si précieux qu’elle a reçus. Ensuite avec une piété ardente et une profonde vénération, elle Lui parle en pleine confiance de tous ses besoins, comme le ferait un fils unique au plus aimé des pères.
Cette manière de prier prend dans la Sainte Écriture le nom d’effusion ou d’épanchement. « Je répands ma Prière en sa présence, dit le prophète, 1 et j’exprime devant Lui ma tribulation. » Ceci revient à dire que celui qui se présente devant Dieu pour le prier, ne doit rien taire, rien cacher, mais épancher tout son cœur dans le sien, et se réfugier avec confiance dans le sein de Celui qui est le plus aimant des Pères. C’est ainsi en effet que l’Esprit Saint Lui-même règle notre conduite sur ce point: 2 Répandez vos cœurs devant Dieu, dit le Psalmiste, et mettez vos peines dans le sein du Seigneur. » C’est aussi de ce degré d’Oraison que Saint Augustin veut nous parler dans son Enchiridion, quand il dit: 3 « Ce que la Foi croit, l’Espérance et la Charité le demandent. »
Un autre degré de la Prière, c’est celui où se trouvent certaines personnes que le poids de leurs péchés mortels écrase, mais qui néanmoins font tous leurs efforts pour se relever avec cette Foi qu’on appelle morte, et remonter jusqu’à Dieu. Mais comme leurs forces sont presque anéanties, et leur Foi très affaiblie, elles ne peuvent se soulever de terre. Cependant elles reconnaissent leurs fautes, le remords les déchire, la contrition est dans leur cœur, et tout éloignées qu’elles sont de Dieu, elles s’humilient et s’abaissent devant Lui en implorant la grâce du pardon et de la paix. Une telle prière obtient toujours son effet devant Dieu, qui non seulement l’exauce, mais qui pousse la miséricorde envers ces âmes pécheresses jusqu’à les appeler à Lui en ces termes: 1 « Venez à Moi, dit-Il, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous le fardeau, et Je vous soulagerai. » De ce nombre était ce Publicain qui n’osait pas même lever les yeux vers le ciel, et qui cependant sortit du temple, dit l’Evangile, plus justifié que le Pharisien.
Un troisième degré de Prière se trouve dans ceux qui n’ont pas encore la Foi. Grâce à la Bonté divine qui rallume en eux les faibles restes de la lumière naturelle, ils se sentent entraînés avec une grande ardeur à l’étude et à l’amour de la vérité, et ils demandent par de ferventes Prières la faveur d’en être instruits. S’ils persévèrent dans ces bonnes dispositions, la Clémence divine ne rejettera point leurs instances. Nous en avons une preuve remarquable dans l’exemple du centurion Corneille. Aussi bien qui donc a jamais fait cette Prière du fond du cœur, et a trouvé fermées les portes de la Miséricorde divine ?
Enfin le dernier degré de la Prière est celui de ces pécheurs qui non seulement ne se repentent point de leurs mauvaises actions et de leurs infamies, mais encore entassent crimes sur crimes. Et cependant ils n’ont pas honte de solliciter de Dieu le pardon de ces péchés dans lesquels ils veulent persévérer ! Certes, ils n’oseraient pas, dans de pareilles dispositions, demander aux hommes un pardon semblable. Aussi, qu’arrive-t-il ? Leur Prière n’est point exaucée. « Ce scélérat, dit la Sainte Ecriture, en parlant d’Antiochus, 1 priait le Seigneur de qui il ne devait point obtenir miséricorde. » C’est pourquoi les Pasteurs ne manqueront pas d’exhorter fortement ceux qui sont dans ce triste état, à renoncer définitivement à la volonté de pécher, et à se convertir à Dieu dans toute la sincérité de leur cœur.
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(1) Psal., 61, 9. — (2) Psal., 54, 23. — (3) Aug. Ench. cap., 7. — (1) Matth., 11, 28. — (1) 2 Mach., 9, 13.
A suivre : § IV. — CE QU’IL FAUT DEMANDER DANS LA PRIÈRE.
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Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ IV. — CE QU’IL FAUT DEMANDER DANS LA PRIÈRE.
Lorsque nous expliquerons en détail l’Oraison Dominicale, nous dirons exactement ce qu’il faut demander dans la Prière, et ce qu’il ne faut pas demander. Pour l’instant, il suffit de rappeler aux Fidèles d’une manière générale qu’ils ne doivent demander à Dieu que des choses justes et honnêtes. S’ils demandaient ce qui ne convient pas, ils auraient à craindre d’être repoussés avec cette réponse: 2 « Vous ne savez ce que vous demandez. » Or, tout ce qu’on peut désirer légitimement, il est permis également de le demander. La promesse si étendue de Notre-Seigneur ne nous permet pas d’en douter. 3 Vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera donné. » Il s’engage en effet à tout accorder.
Ainsi donc, en premier lieu, nous dirigerons nos vœux et nos désirs de telle sorte que Dieu, qui est notre plus grand Bien, soit aussi l’objet de notre amour et de nos désirs les plus grands. Nous désirerons ensuite tout ce qui peut nous unir le plus étroitement à Dieu. Mais nous éloignerons soigneusement de notre cœur et de nos affections tout ce qui pourrait nous séparer de Lui, ou seulement affaiblir notre union mutuelle.
En prenant pour règle suprême ce Bien souverain et parfait, il est facile de déterminer dans quelle mesure il faut désirer et demander à Dieu notre Père les autres choses qu’on appelle aussi des biens. Ainsi, les biens du corps, comme les autres biens extérieurs, c’est-à-dire, la santé, la force, la beauté, les richesses, les honneurs, la gloire, ne sont que trop souvent des occasions et des instruments de péché, et par conséquent il est difficile de les demander d’une manière conforme à la piété et au salut. C’est pourquoi il faut en réduire la demande dans des limites telles que nous ne désirions ces avantages de la vie présente qu’autant qu’ils nous sont nécessaires. Dès lors notre Prière se rapporte à Dieu. Il nous est bien permis en effet de demander ce qui faisait l’objet de la prière de Jacob et de Salomon. Or le premier disait: 1 « Si le Seigneur me donne du pain pour me nourrir et des vêtements pour me couvrir, Il sera toujours mon Dieu. » Et le second: 2 « Donnez-moi seulement ce qui est nécessaire à la vie. » Mais comme Dieu, dans sa Bonté, veut bien pourvoir à notre nourriture et à notre entretien, n’est-il pas bien juste que nous ne pendions jamais de vue cette recommandation de l’Apôtre: 3 « Que ceux qui achètent soient comme s’ils ne possédaient pas ! que ceux qui usent des choses de ce monde, soient comme s’ils n’en usaient pas ; car la figure de ce monde passe ; » et cette autre du Prophète David, (que nous avons déjà citée): 1 « Si les richesses nous viennent en abondance, n’y attachons point notre cœur. » Dieu Lui-même a voulu nous l’apprendre nous n’en avons que l’usufruit, et encore à la condition d’y associer les autres. Si nous avons la santé, si nous possédons en abondance les autres biens du corps et de la fortune, souvenons-nous que Dieu ne nous les a donnés que pour nous aider à Le mieux servir et à soulager davantage le prochain.
Quant aux biens et aux ornements de l’esprit, comme les arts et les sciences, nous pouvons les demander, mais seulement à la condition qu’entre nos mains ils tourneront à la Gloire de Dieu et au salut de notre âme. La seule chose que nous puissions souhaiter, rechercher, demander d’une manière absolue, sans condition et restriction, c’est, nous l’avons déjà dit, la Gloire de Dieu, et ensuite tout ce qui peut nous rattacher et nous unir à ce souverain Bien, comme la Foi, la crainte du Seigneur et son amour ; vertus dont nous parlerons plus longuement lorsque nous expliquerons toutes les demandes de l’Oraison Dominicale.
Ce n’est pas tout ; après avoir appris aux Fidèles ce qu’ils doivent demander, il faut aussi leur faire connaître pourquoi ils doivent demander. Or, la Prière se compose précisément de la demande et de l’action de grâces. Parlons d’abord de la demande.
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(2) Matth., 20, 22. — (3) Joan., 15, 7. — (1) Gen., 28, 20. — (2) Prov., 30, 8. — (3) 1 Cor., 7, 30. — (1) Psal., 61, 11.
A suivre : § V. — POUR QUI FAUT-IL PRIER ?
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§ V. — POUR QUI FAUT-IL PRIER ?
Il faut prier pour tous les hommes sans exception ennemis, étrangers, ou d’une religion différente de la nôtre. Car l’ennemi, l’étranger, l’infidèle, sont également notre prochain. Or, d’après l’ordre formel de Dieu, nous devons aimer notre prochain, et par conséquent prier pour lui, puisque la Prière pour les autres est un des devoirs de la Charité. Cette recommandation de l’Apôtre: 1 « Qu’il se fasse, je vous en prie, des Prières pour tous les hommes, » n’a pas d’autre but.
Il n’est pas inutile de faire remarquer que dans la Prière on doit demander d’abord ce qui intéresse le salut de l’âme, puis ce qui se rapporte au bien du corps.
Les premiers pour qui nous sommes obligés de prier sont les Pasteurs des âmes. L’Apôtre Saint Paul nous l’apprend par son propre exemple ; il écrit aux Colossiens 2 « de prier pour lui, afin que Dieu lui ouvre une entrée pour prêcher sa parole ». Il agit de même avec les Thessaloniciens. Nous lisons dans les Actes des Apôtres: 3 « qu’une prière continuelle se faisait dans l’Eglise pour Pierre » ; et Saint Basile, dans ses traités des Mœurs, nous rappelle qu’« il faut prier pour ceux qui président à la Parole de vérité ».
En second lieu, il faut prier pour les Princes. C’est encore l’enseignement de Saint Paul. Nul n’ignore en effet combien il importe au bien public d’avoir des Princes pieux et zélés pour la justice. Il faut donc demander à Dieu de les rendre tels qu’ils doivent être pour commander aux autres.
Plusieurs saints personnages nous avertissent par leurs exemples de prier aussi pour les bons et les justes. Ils ont besoin en effet des Prières des autres. Dieu l’a voulu ainsi, afin de prévenir dans leur cœur les mouvements de l’orgueil, en leur faisant sentir qu’ils ont besoin des suffrages de leurs inférieurs.
Notre-Seigneur nous ordonne également de prier pour ceux 1 « qui nous persécutent et nous calomnient ».
Selon le témoignage de Saint Augustin, — et ce témoignage a une grande valeur — l’Eglise a reçu des Apôtres la coutume de faire des Prières et des vœux pour ceux qui sont hors de la vraie Religion, afin que les infidèles obtiennent la Foi, que les adorateurs des idoles soient arrachés à leurs erreurs impies ; que les Juifs déchirent le voile épais qui leur cache la vérité, et la reconnaissent enfin ; que les hérétiques, revenant à la saine raison, s’instruisent, comme ils le doivent, de la Doctrine catholique ; que les schismatiques, qui se sont séparés de la Communion de la très sainte Eglise leur mère, se rattachent à elle de nouveau par les liens d’une véritable Charité. Les Prières qui sont ainsi faites avec une Foi ardente, pour toutes ces sortes de personnes, sont d’une grande efficacité. On peut le constater par cette multitude d’hommes de toutes conditions que Dieu arrache chaque jour à la puissance des ténèbres, pour les faire entrer dans le Royaume de son Fils bien aimé, et dont Il fait des vases de miséricorde, de vases de colère qu’ils étaient auparavant. tout Chrétien intelligent et pieux sera toujours convaincu que les Prières des âmes justes ont une très large part à ces conversions.
Les Prières que l’on adresse à Dieu pour les âmes des trépassés…
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(1) Tim., 2, 1. — (2) Coloss., 4, 3. — (3)Act., 12, 5. — (1) Matth., 5, 44.
A suivre : § VI. — A QUI DOIT-ON ADRESSER DES PRIÈRES ?
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ VI. — A QUI DOIT-ON ADRESSER DES PRIÈRES ?
Que ce soit pour nous un devoir de prier Dieu et d’invoquer son saint nom, c’est non seulement ce que nos Saints Livres nous enseignent, mais encore ce que proclame l’instinct naturel de notre cœur, qui ne cesse de nous rappeler cet ordre de Dieu 1: « Invoquez-Moi au jour de la tribulation. » Au reste, en disant qu’il faut prier Dieu, nous entendons par là les trois Personnes divines.
En second lieu, nous recourons aux Saints qui sont dans le ciel. C’est un article de Foi dans l’Eglise de Dieu qu’on doit les prier. Et un vrai Chrétien ne peut avoir le moindre doute à ce sujet. Mais comme nous avons déjà traité cette question en son lieu, nous y renvoyons les Pasteurs et les Fidèles. Toutefois pour prévenir les erreurs dans lesquelles pourraient tomber les ignorants, il sera nécessaire de montrer aux Chrétiens la différence qui existe entre la Prière que l’on fait à Dieu, et celle que l’on adresse aux Saints. C’est qu’en effet, nous ne prions pas Dieu et les Saints de la même manière. Nous demandons à Dieu qu’Il nous donne lui-même les biens, ou qu’Il nous délivre des maux ; et nous demandons aux Saints, comme jouissant de la faveur et de l’amitié de Dieu, de nous prendre sous leur protection, et de nous obtenir les choses dont nous avons besoin. De là deux formules de Prières très différentes. A Dieu nous disons proprement: ayez pitié de nous, exaucez-nous ; aux Saints: priez pour nous. Cependant nous pourrions aussi, dans un autre sens, demander aux Saints d’avoir pitié de nous, parce qu’ils sont très miséricordieux. Ainsi il nous est permis de les prier de prendre compassion de nos misères, et de nous aider de leur crédit et de leur intercession auprès de Dieu.
Mais ici prenons bien garde, tous tant que nous sommes, de ne pas attribuer à qui que ce soit ce qui n’appartient qu’à Dieu. Par exemple, si quelqu’un récite l’Oraison Dominicale devant l’image d’un saint, qu’il n’oublie pas qu’il demande uniquement à ce saint de prier avec lui, et de solliciter pour lui les choses qui sont contenues dans cette formule, en un mot de vouloir bien se faire son interprète et son intercesseur auprès de Dieu. Saint Jean, dans l’Apocalypse, nous apprend en effet que les saints dans le ciel remplissent ce ministère auprès de Dieu.
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(1) Psal., 49, 15.
A suivre : § VII. — DE LA PRÉPARATION A LA PRIÈRE.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ VII. — DE LA PRÉPARATION A LA PRIÈRE.
Nos Saints Livres nous disent 1 : « Avant la Prière, préparez votre âme, et ne soyez pas comme un homme qui tente Dieu ! » en effet, c’est tenter Dieu que de prier bien et d’agir mal, ou bien de laisser égarer son esprit, quand on s’entretient avec Lui. Puis donc que les dispositions avec lesquelles on doit prier Dieu sont si importantes, les Pasteurs ne manqueront pas d’enseigner à leurs pieux auditeurs les règles de la Prière.
La première de ces règles, ou dispositions, c’est une véritable humilité, avec l’abaissement du cœur et la reconnaissance des fautes qu’on a commises. Ces fautes doivent faire comprendre à celui qui vient à Dieu pour Le prier, que non seulement il ne mérite pas d’obtenir quelque chose, mais qu’il n’est pas même digne de paraître devant Lui. La sainte Ecriture nous parle très souvent de cette disposition. « Le Seigneur a regardé la Prière des humbles, dit le Psalmiste 2 , et Il n’a point méprisé leurs supplications. » L’Ecclésiastique nous dit de son côté 3: « Que la Prière de celui qui s’humilie pénétrera les nues. » Au reste les Pasteurs instruits dans la sainte Ecriture, trouveront d’eux-mêmes une foule de passages qui se rapportent à cette Vérité, et que nous n’avons pas besoin de citer ici. Cependant nous ne voulons pas passer sous silence deux exemples que nous avens rapportés ailleurs, mais qui sont parfaitement appropriés à notre sujet. Le premier, que tout le monde connaît, est celui du Publicain qui se tenait si loin du sanctuaire, et qui n’osait même pas lever les yeux. Le second est celui de la femme pécheresse qui, pénétrée de douleur, vint arroser de ses larmes les pieds du Seigneur. Tous les deux nous montrent clairement quel poids immense l’humilité chrétienne ajoute à la Prière.
Une seconde disposition, c’est la douleur de nos fautes, ou du moins un certain sentiment de peine en voyant que nous ne sommes pas assez repentants. Sans cette double disposition intérieure, ou du moins sans l’une d’elles, il est impassible d’obtenir le pardon de nos péchés. Et comme il y a des crimes qui par eux-mêmes empêchent Dieu, en quelque sorte, d’exaucer nos Prières, par exemple, le meurtre et la violence, nos mains doivent s’abstenir entièrement de toute espèce de cruauté et de mauvais traitements, en un mot de ces crimes dont Dieu nous parle en ces termes par la bouche d’Isaïe 1: « Lorsque vous étendrez vos mains vers Moi, Je détournerai mes yeux de vous, et lorsque vous multiplierez votre Prière, Je ne vous écouterai point, parce que vos mains sont pleines de sang. »
II faut fuir également la colère et la discorde, qui sont de grands obstacles au succès de nos Prières. Voici ce que l’Apôtre en dit 2 : « Je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant vers Dieu des mains pures, sans colère et sans dissension. »
Prenons garde aussi de rester implacables envers ceux qui ont eu des torts envers nous. Dans cet état d’âme, nos Prières ne pourraient déterminer Dieu à nous pardonner. « Lorsque vous vous présenterez pour prier, dit-Il Lui-même 3, pardonnez si vous avez quelque chose contre quelqu’un. » Et encore 4: « Si vous ne remettez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne vous remettra point non plus les vôtres. »
II est indispensable aussi que nous n’ayons ni dureté, ni inhumanité envers les pauvres. C’est contre ces hommes au cœur dur qu’il a été dit dans nos Saints Livres 1 : « Celui qui ferme l’oreille au cri du malheureux, criera d son tour, et il ne sera point écouté. »
Que dirons-nous de l’orgueil ? II déplait tant à Dieu !...
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(1) Eccl., 18, 23. — (2) Psal., 101, 18. — (3) Eccl., 35, 21. — (1) Is., 1, 15. — (2)1 Tim., 2, 8. — (3) Marc., 11, 25. — (4) Matth., 6, 13. — (1) Prov., 21, 13.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ VII. — DE LA PRÉPARATION A LA PRIÈRE.
(suite)
Que dirons-nous de l’orgueil ? II déplait tant à Dieu ! C’est pourquoi il est écrit: 2 « Dieu résiste aux superbes, et il donne sa grâce aux humbles. » Que dirons-nous enfin de celui qui méprise les oracles divins ? Salomon lance contre lui cet anathème: 3 « La prière de celui qui détourne l’oreille pour ne pas écouter la Loi sera exécrable. » Ce n’est pas à dire pour cela que Dieu condamne et repousse la Prière d’un homme coupable d’injures envers le prochain, de meurtre, de haine, de dureté à l’égard des pauvres, d’orgueil, de mépris pour la Parole sainte, et enfin de tous les péchés, quels qu’ils soient, pourvu que cet homme prie pour obtenir le pardon de ses fautes.
La Foi est aussi un élément essentiel de cette préparation. Sans elle en effet, nous ne pouvons connaître ni la toute Puissance de notre Père suprême, ni sa Miséricorde, qui sont précisément les deux sources de la confiance. Aussi Notre-Seigneur Jésus-Christ a-t-Il pris soin de nous dire Lui-même: 4 « Tout ce que vous demanderez dans la prière avec Foi vous l’obtiendrez. » Et Saint Augustin, à propos de ces paroles du Sauveur, ne craint pas de nous dire: 5 « Si la Foi manque, il n’y a plus de Prière. » La condition essentielle pour bien prier, c’est donc d’être ferme et inébranlable dans la Foi. Saint Paul le prouve indirectement en disant: 1 « Comment invoqueront-ils Celui en qui ils ne croient point ? » Ainsi donc, il faut croire, et pour que nous puissions prier, et pour que la Foi qui nous fait prier avec succès ne nous manque jamais. Car c’est la Foi qui engendre la Prière, mais c’est la prière qui lève à son tour tous les doutes, et qui rend la Foi stable et invincible. C’est dans cette conviction que Saint Ignace exhortait ceux qui vont à Dieu pour le prier: 2 « Gardez-vous bien, leur disait-il, de porter l’esprit de doute dans la Prière. Heureux celui qui n’aura jamais douté ! » Par conséquent, pour obtenir de Dieu ce que nous Lui demandons, la Foi et l’Espérance certaine d’être exaucés passent avant tout le reste. C’est que l’Apôtre saint Jacques nous rappelle par ces paroles: 3 « Que le Fidèle demande avec Foi et sans hésiter. » Et en effet il est bien des motifs capables d’exciter en nous la confiance dans la Prière.
D’abord, c’est la Bienveillance et la Bonté parfaite que Dieu nous témoigne, puisqu’Il nous ordonne de L’appeler notre Père, pour nous montrer que nous sommes ses enfants.
C’est le nombre presque infini de ceux qui ont obtenu l’effet de leurs Prières.
C’est ce Médiateur souverain qui se tient sans cesse à notre disposition, Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont Saint Jean a dit: 4 « Si quelqu’un a péché, nous avons auprès du Père un Avocat, Jésus-Christ qui est juste ; et il est Lui-même propitiation pour nos péchés. » Saint Paul, de son côté, dit aux Romains: 5 « Jésus-Christ qui est mort, qui est ressuscité, qui est à la droite de son Père et qui y intercède pour nous ; » et puis à Timothée: 1 « Il n’y a qu’un Dieu et un seul Médiateur de Dieu et des hommes, Jésus-Christ, qui est homme ; » et enfin aux Hébreux: 2 « Il a dû se rendre semblable en toutes choses il ses frères, afin qu’Il fût un Pontife miséricordieux et fidèle auprès de Dieu. » Dès lors, quoique indignes par nous-mêmes d’obtenir quelque chose, cependant à cause des mérites infinis de notre divin Médiateur et Intercesseur, de Jésus-Christ, nous devons espérer, avec une confiance entière, que Dieu voudra bien nous accorder tout ce que nous Lui demanderons de légitime par son entremise.
Enfin…
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(2) Jac., 4, 6. Pet., I., 5, 5. — (3) Prov., 28, 9. — (4) Matth., 21, 22.— (5) Aug. Ep. 10. Serm., 36. — (1) Rom., 10, 14. — (2) Epist., 10, ad Hier. — (3) Jac., 1, 6. — (4) Joan., 2, 14. — (5) Rom., 8, 34. — (1) 1 Tim., 2, 5. — (2) Héb., 2, 17.
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:42 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation.)
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ VII. — DE LA PRÉPARATION A LA PRIÈRE.
(suite)
Enfin, c’est l’âme même de nos Prières, c’est-à-dire le Saint Esprit qui nous les inspire, et qui fait qu’elles sont toujours recevables. « Car, dit l’Apôtre Saint Paul, 3 Dieu nous a envoyé l’Esprit d’adoption de ses enfants, dans lequel nous crions: Père, Père ! » C’est cet esprit qui vient en aide à notre faiblesse et à notre ignorance dans le devoir de la Prière, ou plutôt, dit encore Saint Paul: « Il est l’Esprit qui prie pour nous par des gémissements ineffables. »
Que si quelques-uns chancellent encore, et ne se sentent pas assez fermes dans la Foi, qu’ils disent avec les Apôtres 4 « Seigneur, augmentez notre Foi ; » ou avec l’aveugle 5 « aidez mon incrédulité ».
Animés d’une Foi vive et d’une espérance ferme, nous obtiendrons infailliblement de Dieu tout ce que nous désirons, si nous avons soin de conformer à sa Loi et à sa volonté toutes nos pensées, toutes nos actions et toutes nos Prières. 6 « Si vous demeurez en Moi, dit notre Seigneur, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé. » N’oublions pas toutefois que pour obtenir de Dieu toutes les grâces que nous demandons, il faut avant tout, comme nous l’avons déjà dit, l’oubli des injures, la bienveillance, et la volonté de faire du bien au prochain.
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(3) Rom., 8, 15. — (4) Luc., 17, 5. — (5) Marc., 9, 24. — (6) Joan., 15, 7.
A suivre : § VIII. — MANIÈRE DE PRIER: QUALITÉS DE LA PRIÈRE.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ VIII. — MANIÈRE DE PRIER: QUALITÉS DE LA PRIÈRE.
Il importe extrêmement de savoir bien prier. Car, quoique la Prière en elle-même soit une chose très salutaire, cependant si on ne la fait pas comme il convient, elle ne produit aucun fruit. Souvent, comme le dit l’Apôtre Saint Jacques, 1 nous n’obtenons pas ce que nous demandons, parce que nous demandons mal. Les Pasteurs auront donc à cœur d’enseigner aux Fidèles quelle est la meilleure manière de demander et de prier, soit en particulier, soit en public, en un mot ils leur apprendront les règles de la Prière chrétienne, d’après Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même.
Il faut donc prier en esprit et en vérité ; 2 car le Père céleste demande des adorateurs en esprit et en vérité. Or c’est prier ainsi que de parler à Dieu avec toute l’ardeur de son esprit, et toute l’affection de son cœur. Certes, nous sommes loin de dire que la Prière vocale ne puisse revêtir aussi cette qualité. Cependant nous croyons devoir accorder la première place à la Prière qui part d’un cœur enflammé d’amour, et que Dieu — qui connaît les plus secrètes pensées des hommes — sait toujours entendre, sans même que la bouche la prononce. C’est ainsi qu’Il entendit, qu’Il exauça, la Prière intérieure d’Anne, la mère de Samuel, dont nos Saints Livres nous disent qu’elle pleura pour prier, et que ses lèvres remuaient à peine 1. C’est ainsi encore que priait David: 2 « Mon cœur Vous a parlé, dit-il à Dieu, mes yeux Vous ont cherché. » La sainte Ecriture est remplie d’exemples semblables.
La Prière vocale, elle aussi, a son utilité propre, et même sa nécessité. Elle excite la ferveur de l’âme, et elle enflamme la piété de celui qui prie. C’est ce que Saint Augustin écrivait en ces termes à Proba: 3 « Quelquefois les paroles ou d’autres signes excitent plus vivement et augmentent nos saints désirs. Quelquefois nous sommes forcés, par l’ardeur qui nous anime et la piété qui nous enflamme, d’exprimer par des paroles ce qui se passe dans notre cœur. Quand le cœur en effet est plein de joie et qu’il le manifeste, il est juste aussi que la bouche elle-même se réjouisse. Par ce moyen nous faisons tout ensemble à Dieu le sacrifice de notre corps et de notre âme, et nous imitons les Apôtres qui priaient de cette manière, comme on le voit dans les Actes, et dans Saint Paul, en plusieurs endroits. »
Comme il y a deux sortes de Prières, l’une privée, l’autre publique, nous pouvons dans la Prière privée prononcer telles paroles qui nous plaisent, pour seconder nos sentiments intérieurs et notre piété. Quant à la Prière publique instituée par l’Eglise pour augmenter la dévotion des Fidèles, on ne peut en aucune façon s’abstenir d’employer des paroles, et dans les temps qu’elle a fixés.
C’est le propre des Chrétiens seuls de prier en esprit, et les infidèles ne connaissent point cette coutume. C’est d’eux que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous dit: 1 « Quand vous priez, ne multipliez point les paroles comme les païens, qui croient qu’en parlant beaucoup ils seront exaucés. Ne les imitez point ; car votre Père connaît vos besoins, avant que vous Lui ayez rien demandé. » Cependant en condamnant les paroles trop multipliées, notre Seigneur ne réprouve point les longues Prières, lorsqu’elles sont le fruit d’un sentiment profond et durable ; au contraire Il nous y exhorte pas ses propres exemples. Car non seulement Il passait des nuits à prier, 2 mais Il répéta jusqu’à trois fois de suite la même demande. 3 Il faut donc retenir de cette parole de Notre-Seigneur, que ce n’est point le vain bruit des mots qui touche le Cœur de Dieu.
Les hypocrites ne prient point non plus du fond de leur cœur…
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(1) Jac., 4, 3. — (2) Joan., 4, 23. — (1) 1 Reg., 1, 16. — (2) Psal., 26, 8. — (3) Epist., 121. — (1) Matth., 6, 7. — (2) Luc., 6, 12. — (3) Matth., 26, 44.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ VIII. — MANIÈRE DE PRIER: QUALITÉS DE LA PRIÈRE.
(suite)
Les hypocrites ne prient point non plus du fond de leur cœur, et Jésus-Christ nous met en garde contre leurs détestables habitudes. 4 « Lorsque vous priez, nous dit-il, ne soyez point comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des places publiques, enfin d’être vus des hommes. En vérité, Je vous le dis ; ils ont reçu leur récompense. Pour vous, quand vous priez, entrez dans votre chambre, et, la porte étant fermée, priez votre Père en secret, et votre Père qui voit dans le secret vous accordera votre demande. » Le mot chambre, que Notre-Seigneur emploie dans ce passage, peut très bien s’entendre du cœur de l’homme. Et il ne suffit pas d’entrer dans son cœur, pour prier, mais de plus il faut le fermer, de peur qu’il ne s’y glisse et qu’il n’y pénètre quelque chose du dehors, qui pourrait altérer la pureté de la Prière. Si nous sommes fidèles à cette recommandation de son divin Fils, le Père céleste qui connaît parfaitement notre cœur et ses plus secrètes pensées se plaît à exaucer nos supplications.
La Prière exige également la persévérance. C’est par là surtout qu’elle est efficace. Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même a voulu nous le montrer par l’exemple de ce juge qui, ne craignant ni Dieu, ni les hommes , 1 se laissa vaincre pourtant par la persévérance et les instances de la veuve, et lui accorda sa requête. Prions donc avec assiduité. N’imitons pas ceux qui après avoir prié une ou deux fois, sans être exaucés, se fatiguent de la Prière. Un devoir que l’autorité de Notre-Seigneur et des Apôtres nous recommande si expressément ne doit point connaître la fatigue et la lassitude. Si parfois nous sentons quelque faiblesse dans notre volonté, adressons-nous à Dieu, prions-Le de nous donner la force de persévérer.
Le Fils de Dieu veut aussi que ce soit en son nom que notre Prière arrive à Dieu son Père. C’est uniquement par le mérite et le crédit d’un tel Médiateur que nous pouvons être exaucés. Ecoutons ce qu’Il dit Lui-même dans Saint Jean : 2 « En vérité, en vérité, Je vous le dis ; si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, Il vous le donnera. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom, demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite . » Et encore: « Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, Je le ferai. »
Imitons le zèle et la ferveur des Saints dans la Prière. Joignons l’action de grâces à la demande, à l’exemple des Apôtres, qui conservèrent fidèlement cette pratique, comme nous le voyons dans Saint Paul 3.
Ajoutons à la Prière le Jeûne et l’Aumône. Le Jeûne va très bien avec la prière. Lorsque le corps est appesanti par la nourriture, l’esprit n’est plus libre ; il ne peut ni contempler Dieu, ni se plonger dans l’oraison. L’Aumône aussi s’allie admirablement avec la Prière. Car comment oser se dire animé d’une vraie Charité, quand on a les moyens de faire du bien aux nécessiteux, et que l’on néglige de secourir son prochain et son frère ? Ou comment celui qui manque de Charité osera-t-il réclamer l’assistance divine ? à moins qu’en demandant pardon de sa faute, il ne demande aussi très humblement à Dieu de lui accorder la Charité.
Voilà donc le triple remède, que Dieu dans sa Clémence a préparé pour sauver les hommes. Nos péchés sont toujours, ou des offenses envers Lui, ou des torts envers le prochain, ou des attentats contre nous-mêmes. Et bien ! Il nous a donné la Prière pour L’apaiser, l’Aumône pour réparer nos torts envers les autres, et le Jeûne pour effacer les souillures de nos fautes personnelles. On peut dire, il est vrai, que ces trois remèdes peuvent servir à tous les péchés, quels qu’ils soient. Mais il faut reconnaître que chacun d’eux s’applique plus spécialement à l’une des trois espèces de fautes que nous venons d’indiquer.
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(4) Matth., 6, 5. — (1) Joan., 16, 23. — (2) Joan., 14, 14. — (3) Eph., 1, 16, etc.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre trente-neuvième
De l'Oraison Dominicale
Cette formule de prière chrétienne nous vient de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Et elle est composée de telle sorte qu’avant de nous donner à exprimer nos désirs et nos demandes, elle nous oblige à réciter une sorte de Préface, qui a pour but d’augmenter encore notre confiance envers Dieu et notre piété, au moment où nous allons Lui parler dans la Prière. C’est donc un véritable devoir pour le Pasteur d’expliquer chacun des mots de cette Préface, avec toute la clarté et toute la précision possible, afin que les Fidèles se portent à la Prière avec joie et empressement, sachant bien qu’ils vont traiter avec un Dieu, qui est aussi un Père.
Cette Préface est très courte, si nous ne faisons attention qu’au nombre des paroles qu’elle emploie. Mais si nous allons au fond des choses qu’elle exprime, elle est extrêmement importante, et toute pleine de mystères.§ I. — NOTRE PÈRE.
Le premier mot que nous prononçons dans cette prière, par l’ordre et l’institution même de Dieu, c’est celui-ci: Pater, Père.
Notre Sauveur aurait pu commencer cette divine Oraison par une expression qui aurait eu plus de majesté, par exemple celle de Créateur et de Seigneur. Il ne l’a pas voulu, parce que de telles expressions pouvaient nous inspirer des sentiments de crainte. Il a choisi un terme qui inspire nécessairement la confiance et l’amour à ceux qui prient, et qui demandent quelque chose à Dieu. Qu’y a-t-il en effet de plus doux que ce nom de Père, qui rappelle tout ensemble l’indulgence et l’amour ? Mais comment ce nom de Père convient-il à Dieu ? C’est ce qu’il est facile d’apprendre aux Fidèles, en leur parlant des mystères de la Création, de la Providence et de la Rédemption.
Dieu a créé l’homme à son image, et II n’a point accordé cette faveur aux autres êtres animés. C’est donc avec raison que pour ce privilège unique dont il a honoré l’humanité la Sainte Eglise l’appelle le Père de tous, aussi bien des Fidèles que des infidèles.
Le gouvernement de ce monde nous fournit un argument semblable. En veillant aux intérêts des hommes, sans jamais les perdre de vue, Dieu par ces soins touchants et cette Providence assidue, ne nous donne-t-Il pas la preuve d’un Amour vraiment paternel ?
Mais pour mettre plus en lumière cette vigilance paternelle de Dieu sur tous les hommes, et pour la rendre plus sensible, il nous semble qu’il y a lieu de dire ici quelque chose des Anges Gardiens qui sont donnés à chacun de nous.
C’est qu’en effet la Providence divine a confié à des Anges la garde du genre humain. Elle les a chargés de protéger sans cesse tous les hommes pour les préserver des dangers qui pourraient les menacer. De même que les parents donnent des gardes et des défenseurs à leurs enfants, lorsqu’ils les voient entreprendre quelque voyage difficile et périlleux, ainsi dans ce voyage que nous faisons tous vers la céleste Patrie, Dieu notre Père nous a confiés à la garde d’un Ange, afin que son secours et sa vigilance nous fissent éviter les embûches secrètement préparées par nos ennemis, repousser les plus terribles attaques dirigées contre nous, marcher constamment dans le droit chemin, et empêcher que quelque piège tendu par notre perfide adversaire ne nous fît sortir de la voie qui mène au ciel.
Et ce qui prouve combien est utile aux hommes cette attention…
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ I. — NOTRE PÈRE.
(suite)
Et ce qui prouve combien est utile aux hommes cette attention, cette Providence spéciale de Dieu, dont l’exercice et l’application sont confiés aux Anges — lesquels sont de véritables intermédiaires entre Dieu et nous — c’est cette foule d’exemples que nos Saints Livres nous rapportent, et qui nous montrent clairement que la Bonté divine a permis souvent aux Anges d’opérer des prodiges sous les yeux des hommes. Or, pourquoi ces mêmes exemples ne nous convaincraient-ils pas que nos Anges Gardiens font tous les jours, pour notre utilité et pour notre salut, une multitude de choses aussi extraordinaires, bien que nous ne les voyions pas.
Ainsi l’Ange Raphaël, que Dieu donna pour compagnon et pour guide à Tobie dans son voyage, le conduisit et le ramena sans qu’il lui fût arrivé aucun mal. C’est lui qui l’empêcha d’être dévoré par un poisson énorme, et lui fit connaître les vertus secrètes du foie, du fiel et du cœur de ce monstre. C’est lui qui chassa le démon, enchaîna sa puissance et préserva Tobie de ses atteintes. C’est lui qui apprit à ce jeune homme les droits légitimes et l’usage du Mariage. C’est lui enfin qui rendit au père de Tobie la vue dont il avait été privé.
Il en est de même de cet autre Ange qui délivra le prince des Apôtres. L’histoire de ce miracle est un thème admirable, pour convaincre les pieux Fidèles des effets extraordinaires de la vigilance et de la protection de nos Anges Gardiens. Les Pasteurs ne manqueront pas de montrer l’Ange de Saint Pierre illuminant les ténèbres de sa prison, touchant son côté et le secouant en quelque sorte pour l’éveiller, puis dénouant ses chaînes, brisant ses liens, lui commandant de se lever, de prendre ses chaussures et ses vêtements et de le suivre, puis enfin le conduisant et le faisant passer sans obstacle au milieu des gardes, lui ouvrant les portes de la prison, et ne le quittant qu’après l’avoir fait sortir, et l’avoir mis en sûreté.
Nos Saints Livres, comme nous l’avons déjà remarqué, sont pleins d’exemples semblables et bien propres à nous faire comprendre la grandeur des bienfaits que nous recevons de Dieu par le ministère des Anges. Et ce n’est pas seulement pour quelque affaire particulière et déterminée que Dieu nous confie à eux, ou qu’Il les députe vers nous. non, dès notre naissance, Il les prépose à notre garde, et les établit individuellement pour veiller au salut de chacun de nous.
Cette doctrine clairement expliquée aura pour conséquence d’exciter le courage des auditeurs et de les amener à reconnaître et à vénérer avec un plus grand respect les soins paternels et la Providence de Dieu à leur égard.
Ici le Pasteur mettra en pleine lumière et exaltera de toutes ses forces l’immense Bonté de Dieu envers les hommes….
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ I. — NOTRE PÈRE.(suite)
Ici le Pasteur mettra en pleine lumière et exaltera de toutes ses forces l’immense Bonté de Dieu envers les hommes. II dira que depuis le péché de notre premier père jusqu’à ce jour, Il n’a point cessé d’être outragé par toutes sortes de désordres et de crimes, et que néanmoins Il nous conserve tout son amour, et ne dépose jamais cette sollicitude si touchante qu’Il a pour nous. Penser qu’Il nous oublie serait une folie et en même temps le plus cruel outrage. Dieu s’irrite contre Israël, parce que ce peuple L’avait blasphémé, en s’imaginant que le secours du ciel lui avait été retiré. Ecoutons ce que nous dit l’Exode à ce sujet: 1 « ils ont tenté le Seigneur en disant: Dieu est-Il avec nous, ou n’y est-Il pas ? » et dans Ezéchiel la colère divine s’enflamme de nouveau contre ce même peuple, parce qu’il avait osé dire: 2 « Le Seigneur ne nous voit point, le Seigneur nous a abandonnés ; le Seigneur a abandonné cette terre. »
L’autorité de ces exemples suffit pour détourner les Fidèles de cette pensée abominable, que Dieu puisse jamais oublier les hommes. Dans le Prophète Isaïe nous lisons les plaintes insensées du peuple d’Israël contre Dieu, et la réponse pleine de bonté que Dieu voulait bien y faire par une comparaison touchante. 1 « Sion dit: Le Seigneur m’a délaissée ; mon Dieu m’a oubliée. Mais, répond le Seigneur, une mère peut-elle oublier son enfant, et n’être pas émue par le fils de ses entrailles ? et cependant quand elle l’oublierait, Moi Je ne t’oublierai jamais. Je te porte gravée dans mes mains. »
Les textes que nous venons de citer établissent très clairement que Dieu n’oublie jamais les hommes, et que, en tout temps, Il leur prodigue les témoignages de sa tendresse paternelle.
Mais pour convaincre davantage encore le peuple fidèle de cette double vérité, les Pasteurs apporteront en preuve l’exemple si connu de nos premiers parents: ils avaient méprisé et violé les ordres formel de Dieu; ils avaient été sévèrement blâmés et condamnés, et cette sentence effrayante était tombée sur eux: 2 « La terre est maudite dans votre travail ; vous n’en tirerez chaque jour votre nourriture qu’avec un grand labeur. Elle ne produira pour vous que des épines et des chardons ; et vous vous nourrirez de l’herbe de la terre. » Ils avaient été chassés du paradis terrestre ; et pour leur ôter tout espoir d’y jamais rentrer, Dieu avait placé à l’entrée du jardin de délices un Chérubin de feu, tenant à la main un glaive flamboyant qu’il brandissait toujours ; enfin Dieu, pour se venger contre eux de leur outrage, les avait accablés de tous les maux intérieurs et extérieurs. A la vue de ces terribles châtiments, ne dirait-on pas que c’en est fait de l’homme ? ne croirait-on pas qu’il est pour toujours dénué de tout secours divin, et réservé à toutes les misères ? et cependant, au milieu de tant et de si cruelles preuves de la colère et de la vengeance divines, on vit paraître comme une lueur de la Bonté de Dieu à leur égard. « Le Seigneur Dieu, nous dit la Genèse1 , fit à Adam et à sa femme des tuniques de peau, et Il les en revêtit. » Marque évidente, entre tant d’autres, que Dieu n’abandonnera jamais les hommes.note de Louis :Ce qui est ci-Haut n'est qu'un seul paragraphe, je l'ai aéré pour une lecture plus facile. Bien à vous.
Cette pensée, si belle et si vraie, que jamais l’iniquité humaine n’épuisera la Bonté de Dieu, David l’exprimait aussi en ces termes: 2 « La colère de Dieu enchaînera-t-elle ses miséricordes ? » Habacuc l’énonçait également quand il disait en s’adressant à Dieu: 3 « Même au temps de votre colère, Vous Vous souviendrez de votre miséricorde » et Michée la rendait ainsi: 4 « Qui est semblable à Vous, ô Dieu, qui ôtez l’iniquité, et qui oubliez les péchés du reste de votre héritage ? Le Seigneur n’enverra plus désormais sa fureur, parce qu’Il veut la miséricorde. »
Oui, c’est bien ainsi que les choses se passent…
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(1) Exod. 17, 7. — (2) Ezech., 8, 12.— (1) Isa. 49, 14. — (2) Genes., 3, 17. — (1) Genes., 3, 21 — (2) Psal., 76, 10 — (3) Hab., 3, 2. — (4) Mich., 7, 18.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ I. — NOTRE PÈRE.(suite)
Oui, c’est bien ainsi que les choses se passent. C’est au moment où nous nous croyons perdus et absolument délaissés de Dieu, c’est alors qu’Il nous cherche avec une Bonté infinie, et qu’Il prend soin de nous. Il suspend dans sa colère le glaive de sa justice, et II ne cesse de répandre sur nous les inépuisables trésors de sa miséricorde.
La Création d’une part, et la Providence de l’autre, sont donc très propres à faire ressortir les dispositions particulières de Dieu à aimer et à protéger le genre humain. Mais sous ce rapport, l’œuvre de notre Rédemption l’emporte tellement sur les deux autres, que c’est par ce troisième bienfait que notre Dieu infiniment bon, et qui est en même temps notre Père, met vraiment le comble à tous ses bienfaits.
Le Pasteur enseignera donc aux Fidèles, qui sont ses enfants spirituels, et il leur rappellera sans cesse cet effet incomparable de la Charité divine à notre égard, afin qu’ils comprennent bien que la Rédemption a fait d’eux, d’une manière merveilleuse, de vrais enfants de Dieu. « Car le Verbe, dit Saint Jean 1, leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, et ils sont nés de Dieu. » C’est pourquoi le Baptême, qui est le premier gage et le premier effet de notre Rédemption, est appelé le Sacrement de la régénération ; car c’est par lui que nous naissons enfants de Dieu. « Ce qui est né de l’esprit, est esprit, dit Notre-Seigneur Lui-même 2. » Et encore: « Il faut que vous receviez une nouvelle naissance. » Et Saint Pierre dit aussi: 3 « Vous êtes nés de nouveau, non point d’une semence corruptible, mais d’une semence incorruptible, par la parole du Dieu vivant. »
C’est par le mérite de cette Rédemption que nous avons reçu le Saint-Esprit et que nous avons été jugés dignes de la Grâce de Dieu. C’est ce don aussi qui nous a valu l’être adoptés pour ses enfants, ainsi que l’Apôtre Saint Paul l’écrit aux Romains. « Vous n’avez point reçu, dit-il 4, l’esprit de servitude pour vous conduire encore par la crainte, mais vous avez reçu l’esprit d’adoption des enfants par lequel nous crions: Père, Père ! » et Saint Jean explique la force et l’efficacité de cette adoption, en disant 5 : « Considérez quel amour le Père a eu pour nous, de vouloir que nous soyons appelés, et que nous soyons vraiment enfants de Dieu. »
Ces explications données, il ne faut pas manquer de représenter aux Fidèles ce qu’ils doivent en retour à Dieu, le plus aimant des Pères, c’est-à-dire leur faire sentir combien ils ont à témoigner d’amour, de piété, d’obéissance, et de respect à Celui qui les a créés, qui les gouverne et qui les a rachetés, et avec quel espoir et quelle confiance ils doivent L’invoquer. Mais pour éclairer les ignorants. Et pour redresser les idées fausses de ceux qui pourraient considérer la prospérité et le cours d’une vie heureuse comme l’unique preuve que Dieu nous continue son amour, et l’adversité et les malheurs qui nous éprouvent, comme un signe qu’Il nous a complètement retiré son attachement et qu’Il a contre nous des dispositions hostiles, il sera nécessaire de démontrer que lorsque la main du Seigneur nous frappe, elle ne frappe jamais en ennemie ; qu’elle guérit en frappant, et qu’une plaie qui vient de Dieu est un véritable remède.
C’est qu’en effet…
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(1) Joan., 1, 12. — (2) Joan., 3, 6. — (3) 1 Pet., 1, 23. — (4) Rom., 8, 15. — (5) 1 Joan., 3, 1.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ I. — NOTRE PÈRE.(suite)
C’est qu’en effet, Il châtie ceux qui pèchent, afin que la punition les rende meilleurs, et que la peine présente les délivre de la peine éternelle. « Il visite, il est vrai, nos iniquités la verge à la main, et Il frappe nos péchés, mais Il ne nous retire point sa Miséricorde 1 ».
II faut donc recommander aux Fidèles de voir dans ces sortes de châtiments l’effet de la paternelle Bonté de Dieu, d’avoir par conséquent, et dans le cœur et sur les lèvres, ces paroles de Job, le plus patient des hommes 2: « Il blesse, et Il guérit ; Il frappe, et sa maint applique le remède », de se redire souvent ce que Jérémie écrivait sous le nom des enfants d’Israël 3 : « Vous m’avez frappé, et je me suis instruit, comme un jeune taureau indompté ; convertissez-moi, et je serai converti, parce que Vous êtes le Seigneur mon Dieu », de se proposer enfin l’exemple de Tobie qui, étant devenu aveugle, reconnut la main paternelle de Dieu dans ce malheur, et s’écria1 : « Je Vous bénis, Seigneur, Dieu d’Israël, parce que Vous m’avez châtié, et que Vous m’avez sauvé. »
Enfin les Fidèles doivent bien se garder de croire que, quels que soient leurs revers ou leurs malheurs, Dieu puisse les ignorer. Certes, Il a dit Lui-même 2: « Il ne tombera pas un cheveu de votre tête », à mon insu. Qu’ils se consolent donc bien plutôt par cet oracle divin que nous lisons dans l’Apocalypse 3 : « Ceux que J’aime, Je les reprends et Je les châtie. » Qu’ils se tiennent en paix, en relisant cette exhortation de Saint Paul aux hébreux 4 : « Mon fils, ne négligez point la correction du Seigneur, et ne vous laissez point abattre lorsqu’Il vous reprend. Car c’est celui qu’Il aime qu’Il châtie, et il frappe à coups de verge tous ceux qu’il reçoit parmi ses enfants. Si vous n’êtes point châtiés, vous êtes donc des enfants étrangers à Dieu et qu’Il n’a pas adoptés. Nous avons eu du respect pour les pères de nos corps, lorsqu’ils nous corrigeaient, combien ne devons-nous pas avoir plus de soumission pour Celui qui est le Père de nos âmes, afin d’avoir la vie ? »
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(1) Psal., 88, 34. — (2) Job., 5, 18. — (3) Jér., 31, 18. — (1) Tob., 11, 17. — (2) Luc., 21, 18. — (3) Ap., 3, 19. — (4) Hebr., 12, 5.
A suivre : § II. — POURQUOI CHACUN DIT-IL NOTRE PÈRE ?
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:48 pm, édité 1 fois (Raison : La dernière citation (S. Paul aux hébreux) avait été omise.)
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§ II. — POURQUOI CHACUN DIT-IL NOTRE PÈRE ?
Lorsque nous prions Dieu le Père, chacun en notre particulier, nous L’appelons néanmoins notre Père, nous sommes donc bien avertis par là que le privilège et les droits de l’adoption divine font que tous les Fidèles sont frères, et qu’ils doivent s’aimer en frères. « Vous êtes tous frères, dit Jésus-Christ 1, et vous n’avez qu’un seul Père dans les cieux. » C’est pourquoi, dans leurs Epîtres, les Apôtres donnent aux Fidèles le nom de frères.
Une autre conséquence nécessaire de cette adoption, c’est que non seulement tous les Fidèles sont unis entre eux par les liens de la fraternité, mais que le Fils de Dieu étant homme, ils sont encore appelés des frères, et le sont en effet. Dans son épître aux Hébreux, l’Apôtre Saint Paul, parlant de Notre-Seigneur Jésus-Christ, écrit ces paroles remarquables 2 : « Il n’a point rougi d’appeler les hommes ses frères, en disant: J’annoncerai votre nom à mes frères. » Et bien longtemps auparavant David avait mis ces mêmes paroles dans sa bouche 3. Mais du reste, ne savons-nous pas en quels termes Jésus-Christ Lui-même s’adresse aux saintes Femmes 4: « Allez, annoncez à mes frères de se rendre en Galilée ; c’est là qu’ils Me verront. »
Or, chacun sait que Notre-Seigneur prononça ces paroles après sa Résurrection, lorsque déjà il était devenu immortel. Ainsi personne n’aurait le droit de croire que les liens de fraternité qui nous unissaient à Lui avaient été brisés par sa Résurrection et par son Ascension. Et non seulement ces liens n’ont pas été rompus, non seulement notre union avec Lui et la Charité fraternelle qu’Il a pour nous n’ont pas été détruites, mais nous savons qu’un jour, lorsque du haut de son trône de gloire et de majesté Il jugera tous les hommes rassemblés devant Lui, ce jour-là, Il donnera ce doux nom de frères aux moindres d’entre les Fidèles.
Au surplus, comment pourrait-il se faire que nous ne fussions pas les frères de Jésus-Christ, nous dont il est dit 1 que nous sommes ses cohéritiers ? Sans doute, Il est 2 le premier né, l’héritier constitué de tout ; mais nous avons été engendrés après Lui, pour être ses cohéritiers, dans la mesure des dons de Dieu, et selon l’étendue de la Charité avec laquelle nous aurons coopéré à la vertu du Saint Esprit et à l’action de la grâce. Car, [ne l’oublions pas] c’est le Saint Esprit qui nous porte à la vertu, qui nous pousse aux bonnes œuvres, qui enflamme notre ardeur, qui nous fortifie par sa Grâce et nous donne le courage de descendre dans l’arène pour les combats du salut. C’est Lui qui nous aide à les soutenir jusqu’au bout avec constance et habileté. C’est Lui enfin qui, après cette vie, nous fait obtenir du Père céleste la juste récompense de la couronne promise à tous ceux qui auront fourni la même carrière. « Car, dit l’Apôtre 3, Dieu n’est pas injuste pour oublier nos bonnes œuvres et notre amour pour Lui. »
Saint Jean Chrysostome nous dit en fort bons termes avec quels sentiments du cœur nous devons prononcer le mot notre. « Dieu, dit-il 4 , écoute volontiers le Chrétien qui ne prie pas seulement pour lui-même, mais encore pour les autres. Prier pour soi, c’est l’inspiration de la nature, prier pour les autres, c’est l’inspiration de la grâce. En priant pour soi, on obéit d la nécessité, en priant pour les autres, on cède aux exhortations de la Charité fraternelle. » Or, ajoute-t-il « La Prière qui vient de la Charité fraternelle est plus agréable à Dieu que celle qui procède de la nécessité. »
En traitant une si importante matière…
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(1) Matth., 23, 8. — (2) Heb 2, 11. — (3) Psal., 21, 23. — (4) Matth., 28, 10. — (1) Rom., 8, 17. — (2) Hebr., 1, 2. — (3) Hebr., 6, 10. — (4) Hom., 14.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ II. — POURQUOI CHACUN DIT-IL NOTRE PÈRE ?(suite)
En traitant une si importante matière, le Pasteur ne manquera pas d’engager et même d’exhorter fortement tous les Fidèles, sans distinction d’âge, de rang et de condition, à ne jamais oublier qu’ils sont unis entre eux par les liens d’une fraternité universelle, et que, par conséquent, ils doivent se traiter mutuellement comme des amis et des frères, et ne pas chercher à s’élever orgueilleusement les uns au-dessus des autres. Et en effet, bien qu’il y ait dans l’Eglise de Dieu des fonctions de différents degrés, cependant cette diversité de dignités et d’emplois ne détruit en aucune façon les rapports d’union fraternelle qui existent entre nous. Ainsi, dans le corps humain, la variété des fonctions et des destinations de chaque membre, n’empêche nullement que toutes les parties du corps n’en soient de véritables membres. Prenons un homme revêtu de l’autorité royale. S’il est Chrétien, n’est-il pas le frère de tous ceux qui comme lui font partie de la Communion chrétienne ? Oui, sans aucun doute, et pourquoi ? parce qu’il n’y a pas un Dieu pour les pauvres, et un Dieu pour les riches et les rois, un Dieu qui a fait les pauvres, et un Dieu qui a créé les rois et leur a donné la puissance. Non, il n’y a qu’un seul Dieu, un seul Père, un seul Seigneur de tous les hommes.
De là pour tous sans exception, dans l’ordre spirituel, même noblesse d’origine, même dignité, même splendeur de race, puisque tous nous avons été régénérés par le même esprit, puisque tous nous sommes devenus enfants de Dieu par le même sacrement de la Foi, et cohéritiers du même héritage avec Jésus-Christ. Il n’y a pas un Christ Rédempteur pour les riches et les puissants, et un autre pour les pauvres et les petits. tous participent aux mêmes Sacrements, tous attendent le même héritage, c’est-à-dire le Royaume céleste. Nous sommes tous frères, et comme le dit l’Apôtre Saint Paul aux Ephésiens 1: « Nous sommes les membres du corps de Jésus-Christ, formés de sa chair et de ses os. » Vérité que le même Apôtre exprime encore en ces termes, dans son Epître aux Galates : 2 « Vous êtes tous enfants de Dieu par la Foi en Jésus-Christ ; car vous tous qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous êtes revêtus de Jésus-Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme ; vous n’êtes tous qu’un en Jésus-Christ. »
Ce point veut être traité et établi avec le plus grand soin. C’est pourquoi les Pasteurs devront y revenir souvent, comme sur une vérité bien propre à relever et à encourager les pauvres et les malheureux, et en même temps capable de réprimer et d’abattre l’arrogance des riches et des puissants. C’est précisément pour remédier à ce mal que l’Apôtre Saint Paul revenait si souvent et avec tant de force et d’instance sur cette Charité fraternelle, qu’il voulait faire pénétrer dans le cœur des Fidèles.
Souvenez-vous donc, ô Chrétien, au moment d’adresser cette Prière au Seigneur, que vous devez parler à Dieu comme un enfant à son père. Dès lors, en la commençant, et en prononçant ces mots: Notre Père, pensez à quelle dignité Dieu dans sa Bonté infinie a voulu vous élever ! Il vous ordonne de vous présenter devant Lui, non par contrainte et en tremblant, comme un esclave devant son maître, mais de vous réfugier auprès de Lui en toute liberté et en parfaite confiance comme un enfant auprès de son père. Que ce souvenir et cette pensée vous fassent comprendre avec quelle ferveur et quelle piété vous devez prier. Efforcez-vous d’être tel qu’il convient à un enfant de Dieu, c’est-à-dire que vos Prières et vos actions ne soient jamais indignes de la divine origine qu’il a plu à sa Bonté de vous donner. C’est là en effet ce que nous recommande l’Apôtre, quand il dit: 1 « Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien aimés. » Alors on pourra dire de nous avec vérité ce que le même Apôtre écrivait aux Thessaloniciens: 2 « Vous êtes tous les enfants de la lumière, et les fils du jour. »
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(1) Eph., 5, 30. — (2) Gal., 3, 26. — (1) Eph., 5, 1. — (2) 1 Thess., 5, 5.
A suivre : § III. — QUI ÊTES DANS LES CIEUX.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
§ III. — QUI ÊTES DANS LES CIEUX.
Tous ceux qui ont de Dieu l’idée qu’il en faut avoir sont d’accord pour reconnaître qu’Il est partout et en tous lieux. Ce n’est pas à dire pour cela qu’Il soit dans tous les lieux d’une manière partielle, comme si sa substance était partagée et distribuée en quelque sorte entre toutes les parties de l’espace, pour las occuper et les protéger. non, Dieu est un esprit, et Il ne souffre peint de division. Qui oserait Lui assigner une place particulière et Le circonscrire dans certaines limites, lorsqu’Il dit de Lui-même: 3 « Est-ce que Je ne remplis pas le ciel et la terre ? » Paroles qui, à leur tour, doivent s’entendre en ce sens que Dieu, par sa Puissance et son Immensité, embrasse le ciel et la terre, et tout ce que le ciel et la terre renferment, mais sans être Lui-même contenu dans aucun lieu. Il est présent à tout, soit pour créer, soit pour conserver ; mais Il n’est ni circonscrit, ni borné dans telle ou telle contrée ou dans telles ou telles limites ; Il est présent partout par sa substance et par son pouvoir. C’est ce que le Saint roi David exprimait en ces termes: 1 « Si je monte au ciel, Vous y êtes. »
Mais si Dieu est présent partout, en tout lieu et en toutes choses, sans être borné, comme nous l’avons dit, par aucune limite, cependant nos Saints Livres nous répètent souvent qu’Il a son séjour dans le ciel. La raison en est que les cieux que nous voyons au-dessus de nos têtes sont la plus noble partie du monde, qu’ils demeurent incorruptibles, qu’ils surpassent tous les autres corps en force, en grandeur, en beauté, et qu’ils sont doués de certains mouvements réguliers et constants. C’est donc pour exciter les hommes à contempler sa Puissance infinie et sa Majesté, qui brillent surtout dans l’œuvre des cieux, qu’Il nous atteste dans la Sainte Ecriture que le ciel est son séjour. Toutefois, Il déclare souvent aussi qu’il n’y a réellement aucune partie du monde, où Il ne soit présent par sa nature et par sa Puissance.
Au reste en méditant ces choses, les Fidèles chercheront à se représenter Dieu non seulement comme le Père commun de tous les hommes, mais encore comme Celui qui règne dans les cieux. Dès lors, à l’heure de la Prière, ils se souviendront qu’ils doivent porter vers le ciel leur esprit et leur cœur ; et plus le nom de Père leur inspirera d’espoir et de confiance, plus les sentiments de l’humilité et du respect croîtront en eux à la vue de l’Etre souverainement parfait, et de la Majesté infinie de Notre Père qui est dans les cieux.
Ces mêmes paroles déterminent encore ce que nous devons demander à Dieu dans la Prière. Toute demande qui porterait sur les besoins et les nécessités de la vie, sans avoir aucun rapport aux besoins spirituels et aux biens du ciel, serait vaine et indigne d’un Chrétien. C’est pourquoi les Pasteurs se feront un devoir d’enseigner à leurs pieux auditeurs cette manière de prier, et ils pourront s’appuyer en cela sur l’autorité de l’Apôtre Saint Paul, qui disait: 2 « Si vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, cherchez les choses d’en haut où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu ; n’ayez de goût que pour les choses du ciel, et non pour celles de la terre. »
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(3) Jer., 23, 24. — (1) Psal., 138, 8. — (2) Colos., 3, 1.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre quarantième
Première demande de l'Oraison Dominicale
QUE VOTRE NOM SOIT SANCTIFIÉ.§ I. — POURQUOI CETTE DEMANDE EST LA PREMIÈRE ?
Notre-Seigneur Jésus-Christ, Maître et Seigneur universel, a voulu nous enseigner et nous prescrire Lui-même ce que nous devons demander à Dieu, et l’ordre dans lequel nous devons le demander. La Prière, en effet, n’est que l’expression de nos vœux et la manifestation de nos désirs. Dès lors, pour qu’elle soit bien faite, d’une manière convenable et raisonnable, nos demandes, c’est-à-dire nos vœux et nos désirs, doivent suivre l’ordre même dans lequel les choses sont désirables.
Or, la vraie Charité nous fait un devoir de rapporter tout notre cœur et toutes nos affections à Dieu. Dieu en effet n’est-Il pas en Lui-même le seul et souverain Bien ? et à ce titre, ne mérite-t-Il pas d’être aimé d’un amour supérieur et tout particulier ?
D’autre part, il nous est impossible de L’aimer de tout notre cœur et plus que toutes choses, si nous ne préférons son honneur et sa gloire à tout ce qui existe. Car tous les biens, quels qu’ils soient, les nôtres, ceux du prochain, enfin tout ce que nous appelons de ce nom de biens, tout vient de Lui, et est infiniment au-dessous de Lui, le souverain Bien. Aussi, pour mettre de l’ordre dans nos Prières, le Sauveur a fait de la demande du souverain Bien la première et la principale de nos requêtes. Il a voulu nous apprendre qu’avant de demander ce qui nous est nécessaire, à nous ou à notre prochain, nous devons demander ce qui se rapporte à la Gloire de Dieu, et présenter à Dieu Lui-même nos affections et nos désirs à cet égard. De cette manière nous resterons dans les règles de la Charité, qui nous ordonne d’aimer Dieu plus que nous-mêmes, et de demander d’abord ce que nous désirons pour Lui, avant ce que nous souhaitons pour nous.
A suivre : § II. — QU’EST-CE QUE LA GLOIRE DE DIEU ?
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