Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ IV. — DU PAIN SPIRITUEL.
(suite)
Ce Pain, que nous appelons notre Pain n’est cependant que le Pain des Fidèles, c’est-à-dire de ceux qui, remplis de Foi et de Charité, effacent les souillures de leurs péchés dans le sacrement de Pénitence, et qui, se gardant bien d’oublier qu’ils sont les enfants de Dieu, honorent et reçoivent ce divin Sacrement avec toute la piété et le respect dont ils sont capables.
Mais pourquoi Jésus-Christ est-il notre Pain quotidien ? en voici deux raisons excellentes: La première, c’est que chaque jour, dans les sacrés Mystères de l’Eglise, on L’offre à Dieu, et on Le distribue à ceux qui Le demandent avec innocence et piété. La seconde, c’est que nous devrions chaque jour prendre cette nourriture, ou tout au moins vivre de telle sorte que nous puissions tous les jours nous en nourrir, si cela nous était possible. Ecoutez, vous qui prétendez que l’on ne doit prendre cette nourriture de l’âme qu’à de longs intervalles, écoutez Saint Ambroise: 1 « Si c’est un Pain quotidien, dit-il, pourquoi ne le mangez-vous qu’une fois l’an ?
Mais, en expliquant cette demande, l’un des points sur lesquels il importe le plus de donner une conviction aux Fidèles, c’est que, après avoir employé toute leur sagesse et toute leur habileté pour se procurer les choses nécessaires à la vie, ils doivent en remettre le succès à Dieu, et régler leurs désirs sur sa Volonté. Car Dieu , dit le Prophète 2, ne laissera point le juste dans une éternelle agitation. En effet, ou bien Dieu leur accordera ce qu’ils Lui demandent, et alors leurs désirs seront satisfaits ; ou bien Il ne l’accordera pas, et alors ils auront une preuve manifeste qu’il n’y avait rien ni de salutaire ni d’utile dans ce qu’Il aura refusé à ses justes. Car Il a bien plus de sollicitude pour leur salut, qu’ils ne peuvent en avoir eux-mêmes. Les Pasteurs, pour développer davantage cette considération et la mettre en lumière, pourront consulter avec fruit la remarquable lettre de Saint Augustin à Proba.
Enfin, nous terminons ce que nous avions à dire sur cette quatrième demande, en rappelant aux riches qu’ils doivent rapporter à Dieu, de qui ils les tiennent, leur fortune et leurs grandes ressources, et ne jamais oublier qu’ils n’ont été comblés de tous ces biens que pour en faire part aux indigents. Ainsi l’enseigne l’Apôtre Saint Paul dans sa première épître à Timothée. Les Pasteurs n’ont qu’à la consulter ; ils y trouveront en abondance tout ce dont ils ont besoin, pour expliquer clairement aux Fidèles un si important sujet.
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(1) Lib., 5, de Sac. c., 4. — (2) Psal., 54, 23.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre quarante-quatrième
Cinquième demande de l'Oraison DominicalePARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.
Il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour apercevoir la Puissance infinie, la Sagesse et la Bonté de Dieu. Elles éclatent de toutes parts, dans une multitude de choses. Partout où nous pouvons porter nos regards et notre pensée, nous sommes en face des preuves les plus admirables et les plus certaines de ce pouvoir et de cette bienveillance sans bornes. Néanmoins, rien ne manifeste mieux l’amour immense que Dieu a pour nous, et son incompréhensible Charité, que l’ineffable mystère de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voilà la Source intarissable qui purifie les souillures de nos péchés, et où nous demandons à Dieu la grâce d’être plongés et purifiés quand nous disons: pardonnez-nous nos offenses .
Cette Prière renferme donc, comme en une sorte d’abrégé, tous les biens dont le genre humain a été comblé par Jésus-Christ. C’est l’affirmation formelle d’Isaïe:1 « L’iniquité de la maison de Jacob , dit-il, lui sera pardonnée et le comble des avantages pour elle, c’est que son péché sera effacé . » David dit aussi la même chose, en chantant le bonheur de ceux qui ont pu participer à cette faveur si précieuse: 2 « Heureux, ceux dont les iniquités ont été remises. »
Les Pasteurs auront donc à étudier et à expliquer avec beaucoup de soin cette cinquième demande dont nous connaissons l’extrême importance au point de vue du Salut.
Ici, nous entrons dans un nouvel ordre de Prière. Jusqu’ici en effet, nous avons demandé à Dieu non seulement les biens éternels et spirituels, mais encore les avantages périssables qui se rapportent à cette vie. Maintenant nous Le prions d’éloigner de nous les maux de l’âme et ceux du corps, les maux du temps et ceux de l’éternité. Mais comme il est nécessaire, pour être exaucé, de demander convenablement, il nous parait utile de bien marquer les dispositions dans lesquelles il faut être pour adresser à Dieu cette Prière.
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(1) Is. 27, 9. — (2) Ps. 54, 29.
A suivre : § I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.
§ I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.
Les Pasteurs ont donc à prévenir les Fidèles que celui qui veut s’approcher de Dieu pour Lui faire cette demande, est obligé d’abord de reconnaître ses propres fautes, puis de ressentir une véritable douleur de les avoir commises, et en même temps d’être bien persuadé que Dieu a la volonté de pardonner à tous les pécheurs qui sont dans les dispositions que nous venons de rappeler. Autrement, le souvenir plein d’amertume et la vue effrayante de tous nos péchés pourraient nous jeter dans le désespoir de Caïn et de Judas, qui ne voulurent voir en Dieu qu’un Vengeur et un Justicier, et non point la Bonté même de la Miséricorde infinie.
La principale disposition que nous devons apporter à cette Prière est donc de reconnaître nos fautes avec une vraie Contrition, et de nous adresser à Dieu comme à un Père et non point comme à un Juge. En un mot nous devons Lui demander de nous traiter non d’après sa Justice, mais selon sa Miséricorde.
Or, nous n’aurons aucune peine à confesser que nous sommes de pauvres pécheurs, si nous voulons écouter ce que Dieu Lui-même nous dit dans nos Saints Livres par la bouche de David: 1 « Ils se sont tous égarés ; tous se sont corrompus. Il n’en est pas qui fasse le bien, non, pas un seul, » Salomon dit dans le même sens: 2 « Il n’y a point de juste sur la terre qui fasse le bien et ne pèche jamais ; » puis encore: 3 « Qui peut dire: mon cœur est pur ; je suis exempt de péché ? » et pour détourner les hommes de l’orgueil, Saint Jean a écrit: 4 « Si nous nous disons sans péché nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous ; » enfin Jérémie: 5 « Tu as dit: Je suis sans péché, je suis innocent, éloignez donc de moi votre colère. Eh bien ! voilà que Je vais entrer en jugement avec toi, parce que tu as dit: Je n’ai pas péché. »
Tous ces témoignages que Notre-Seigneur Jésus-Christ avait donnés au monde par la bouche des Prophètes, II a voulu les confirmer Lui-même en nous prescrivant une Prière qui nous oblige à confesser nos fautes. Il est défendu d’entendre cette demande dans un autre sens, le décret du Concile de Milève est formel: 1 « Si quelqu’un interprète ces paroles de l’Oraison Dominicale: pardonnez-nous nos offenses, comme si les Saints ne les prononçaient que par humilité et non point avec sincérité et vérité, nous voulons qu’il soit anathème. » Et en effet, qui pourrait souffrir un homme capable de mentir non aux hommes mais à Dieu même, et affirmant de bouche qu’il veut être pardonné, pendant que dans son cœur il prétendrait n’avoir pas besoin de pardon !
Mais dans cette reconnaissance nécessaire de nos péchés, il ne suffit pas de nous les rappeler légèrement, il faut que ce souvenir nous soit amer, qu’il pénètre au fond de notre cœur, y éveille le remords et nous inspire une vive douleur. Aussi bien les Pasteurs auront grand soin d’insister sur cette vérité, pour convaincre les Fidèles qui sont obligés non seulement de se rappeler leurs iniquités et leurs désordres, mais de se les rappeler avec une douleur profonde et un repentir sincère. Ainsi, le cœur vraiment contrit, ils se jetteront dans les bras de Dieu leur Père, et ils Le supplieront en toute humilité d’arracher de leurs âmes les terribles aiguillons du péché.
Et ils ne se contenteront pas de…
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(1) Psal., 13, 3 et 52, 4. — (2) Eccl., 7, 21. — (3) Prov., 20, 9. — (4) Joan., 1, 8. — (5) Jer., 2, 35. — (1) Cap., 7, 8, 9.
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PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.(suite)
Et ils ne se contenteront pas de mettre sous les yeux des Fidèles toute la laideur du péché, ils leur représenteront encore l’indignité et la bassesse de l’homme, qui n’étant rien par lui-même que corruption et péché ne laisse pas d’offenser lâchement l’incompréhensible Majesté, l’Excellence infinie de ce Dieu qui l’a créé, qui l’a racheté et l’a enrichi d’une multitude innombrable de grâces et de bienfaits.
Et pourquoi ? pour se séparer de Dieu son Père qui est le souverain Bien, et pour aller, séduit par la honteuse récompense du péché, se vouer au démon et à la plus misérable des servitudes. Car on ne saurait dire avec quelle cruauté Satan règne sur l’esprit de ceux qui ont abandonné le joug si léger de la Loi de Dieu, et rompu le lien si doux qui nous attache à Lui, pour passer à cet ennemi acharné que nos Saints Livres appellent: 1 « Le prince et le maître de ce monde, 2 le prince des ténèbres, 3 le roi de tous les fils de l’orgueil. » Car c’est bien aux malheureux opprimés sous la tyrannie du démon, que peuvent s’appliquer les paroles d’Isaïe: 4 « Seigneur notre Dieu, d’autres maîtres que vous nous ont possédés. »
Si nous sommes peu touchés d’avoir perdu la Charité de Dieu et d’en avoir brisé les liens, soyons-le du moins par les calamités et les misères dans lesquelles nous précipite le péché. Il viole la sainteté de notre âme que nous savons être l’épouse de Jésus-Christ, il profane en elle le temple du Seigneur, et l’Apôtre prononce contre ceux qui souillent ce temple, ce terrible anathème: 5 « Si quelqu’un viole le temple du Seigneur, le Seigneur le perdra. » Enfin les maux que le péché attire sur l’homme sont innombrables ; c’est comme une peste générale que David a exprimée en ces termes: 1 « A la vue de votre colère, il ne reste rien de sain dans mon corps ; et il n’y a plus de paix dans mes os à la vue de mes péchés. » Pouvait-il mieux caractériser la gravité du mal que le péché lui avait fait, que d’avouer qu’il n’y avait aucune partie de son corps qui n’en eût été blessée, que cette peste avait pénétré jusque dans ses os, c’est-à-dire, avait infecté sa raison et sa volonté qui sont les deux parties les plus fortes de l’âme ? La sainte Ecriture nous peint bien l’étendue des ravages du péché, quand elle donne au pécheur le nom de boiteux, de sourd, de muet, d’aveugle, et de paralytique de tous les membres.
Mais il faut le dire…
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(1) Joan., 14, 30. — (2) Eph., 6, 12. — (3) Job., 41, 25. — (4) Isa., 26, 13. — (5) 1 Cor., 3, 17. — (1) Psal., 37, 4.
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A suivre : § II. — CONFIANCE EN DIEU.PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.(suite)
Mais il faut le dire, outre la douleur que David ressentait de la grandeur de son crime, il était surtout plongé dans la plus cruelle affliction à la vue de la colère de Dieu qu’il savait avoir allumée par son péché. Car Dieu, qui se sent offensé par nos crimes, au delà de ce que nous pouvons concevoir, déclare au pécheur une guerre implacable, Saint Paul le dit: 2 « La colère et l’indignation, la tribulation et l’angoisse, voilà le partage de tout homme qui fait le mal ! »
Sans doute l’acte du péché passe, mais la tache et la culpabilité restent ; et la colère de Dieu, toujours menaçante, suit le pécheur comme l’ombre suit le corps. David se sentant pressé par les aiguillons de cette redoutable colère, demandait avec ardeur le pardon de ses fautes. Il nous a laissé dans le Psaume cinquantième un modèle de douleur, avec les raisons et les motifs de cette douleur. Les Pasteurs feront bien de le mettre sous les yeux des Fidèles afin qu’à l’exemple du Prophète ils puissent s’exciter à un véritable repentir, à une douleur sincère de leurs péchés, et concevoir l’espérance du pardon.
II est en effet très utile d’enseigner aux Fidèles les moyens d’exciter en eux le repentir de leurs fautes ; et Dieu Lui-même, par la bouche du Prophète Jérémie, exhortant les enfants d’Israël à faire pénitence, leur recommandait de bien méditer sur les effets toujours désastreux du péché. « Voyez , leur dit-Il, 1 les maux et les afflictions qui vous arrivent pour avoir abandonné le Seigneur votre Dieu, et pour n’avoir pas conservé ma crainte en votre cœur, dit le Seigneur Dieu des armées. »
Ceux qui ne reconnaissent point leurs péchés et n’en éprouvent point un sincère repentir, n’ont qu’un cœur dur 2, un cœur de pierre 3, un cœur de diamant 4, selon les expressions d’Isaïe, d’Ezéchiel et de Zacharie. Semblables en effet à la pierre, aucune douleur ne les amollit ; ils n’ont aucun sentiment de vie véritable, précisément parce qu’ils manquent de ce double sentiment dont nous venons de parler, l’aveu et le repentir de leurs péchés.
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(2) Rom., 2, 8, 9. — (1) Jer., 2, 19. — (2) ] Isa.., 46, 12. — (3) Ezech., 36, 26. — (4) Zach., 7, 12.
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:55 pm, édité 1 fois
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PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ II. — CONFIANCE EN DIEU.
Mais dans la crainte que les Fidèles, épouvantés à la vue de leurs péchés, ne désespèrent d’en obtenir le pardon, les Pasteurs ne manqueront pas de les rappeler à l’Espérance par les considérations que voici: d’abord, notre Seigneur Jésus-Christ a donné à l’Eglise le pouvoir de remettre les péchés, comme le déclare le dixième article du Symbole des Apôtres ; ensuite, dans cette demande même, II nous montre clairement combien Dieu est bon et généreux envers le genre humain. Car s’il n’était pas toujours prêt et empressé à pardonner à ceux qui se repentent, jamais Il ne nous eût imposé cette formule de Prière : pardonnez-nous nos offenses.
Croyons donc fermement et sans aucun doute, que Celui-là ne manquera jamais d’étendre sur nous sa paternelle Miséricorde, qui nous ordonne de L’implorer en ces termes. Car le vrai sens attaché à cette demande, c’est que Dieu a pour nous des sentiments tels qu’Il nous pardonne volontiers dès que notre repentir est sincère.
Sans aucun doute, c’est un Dieu que nous offensons par notre désobéissance, un Dieu dont nous troublons, autant qu’il est en nous, l’ordre si sage qu’il a établi, un Dieu que nous outrageons par nos paroles et par nos actes, mais ce Dieu est en même temps le plus tendre des Pères. Il peut tout nous pardonner ; et non seulement il nous a déclaré qu’Il en avait la Volonté, mais encore Il nous oblige à Lui demander pardon et nous apprend même en quels termes nous devons le faire, pour être exaucés. Il n’est donc pas douteux qu’avec l’aide de Dieu il est toujours en notre pouvoir de nous réconcilier avec Lui.
Cette certitude que nous avons des dispositions constantes de Dieu à nous pardonner ne peut qu’augmenter notre Foi, nourrir notre espérance et enflammer notre Charité. C’est pourquoi il est bien à propos que les Pasteurs, en traitant cette matière, rapportent quelques-uns des témoignages divins et des exemples les plus frappants pour prouver que Dieu a accordé le pardon des plus grands crimes. Mais cette considération ayant été développée par nous, autant qu’elle pouvait l’être, dans la préface de l’Oraison Dominicale, et dans l’article du Symbole sur la rémission des péchés, les Pasteurs pourront prendre en ces deux endroits ce dont ils auront besoin pour leurs explications. Le reste, ils le puiseront aux sources mêmes de la Sainte Ecriture.
A suivre : § III. — CE QU’ON ENTEND PAR LE MOT DETTES.
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PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ III. — CE QU’ON ENTEND PAR LE MOT DETTES.
Et ils voudront bien suivre le même ordre que celui que nous leur avons indiqué dans les demandes précédentes. De cette manière les Fidèles comprendront ce qu’il faut entendre par le mot dettes , ils ne seront pas trompés par une équivoque et ils ne demanderont pas autre chose que ce qu’ils doivent demander.
Et d’abord il faut leur apprendre que nous ne demandons pas du tout à Dieu de nous dispenser de L’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit. Cette dette est irrémissible. Nous sommes obligés de la payer, si nous voulons être sauvés.
Ce mot de dettes exprime aussi, comme il les renferme, l’obéissance, le culte, l’adoration, et tous les autres devoirs de ce genre envers Dieu. Par conséquent nous ne demandons pas non plus ici d’en être dispensés. Mais nous prions Dieu de nous délivrer de nos péchés. Ainsi l’a compris Saint Luc, qui s’est servi du mot de péché au lieu de celui de dettes . C’est qu’en effet par le péché nous devenons coupables devant Dieu, nous contractons une véritable dette de peines que nous acquittons soit par la satisfaction, soit par la souffrance. C’est de cette dettes que parlait Notre-Seigneur quand Il disait par la bouche du Prophète: 1 «J’ai payé ce que Je ne devais pas. »
Il suit de ces paroles, entendues en ce sens, que non seulement nous sommes débiteurs envers Dieu, mais même des débiteurs insolvables, puisque le pécheur ne saurait en aucune façon satisfaire par lui-même. Voilà pourquoi nous avons besoin de nous réfugier dans le sein de la Miséricorde de Dieu. Et comme cette Miséricorde ne va pas en Dieu sans une Justice non moins grande, et dont Dieu est aussi très jaloux, nous devons employer en même temps la Prière et l’appui de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sans laquelle nul n’obtient jamais le pardon de ses péchés, et qui est le principe et la source de toutes nos satisfactions.
Le prix que le Sauveur a payé sur la Croix, et que nous nous approprions par les Sacrements, lorsque nous les recevons en réalité, ou même lorsque nous désirons seulement les recevoir, ce prix est d’une valeur si haute qu’il obtient et qu’il opère ce que nous demandons ici: la Rémission de nos péchés. Et non seulement la Rémission de nos péchés légers, et dont le pardon est très facile à obtenir, mais encore des fautes graves et mortelles. Toutefois, quand il s’agit de péché mortel, notre Prière n’a de vertu que celle qui lui vient du sacrement de Pénitence reçu au moins en désir, sinon dans la réalité.
Mais nous disons: nos dettes, bien autrement que plus haut nous disions: notre pain. Ce pain est notre pain, parce que Dieu dans sa Bonté veut bien nous le donner, mais les péchés sont nos péchés, parce que la culpabilité en réside en nous: C’est notre volonté qui les fait ce qu’ils sont. Ce ne seraient point des péchés, s’ils n’étaient point volontaires.
C’est donc en nous avouant coupables, et en assumant la responsabilité de nos fautes, que nous implorons la Clémence divine seule capable de nous purifier. Nous n’apportons aucune excuse, nous ne rejetons notre faute sur personne, comme firent Adam et Eve, nos premiers parents ; mais nous nous accusons nous-mêmes, si nous avons la vraie sagesse, et nous empruntons au Prophète sa Prière: 1 « Seigneur, ne permettez pas que mon cœur s’égare dans des paroles de malice, pour chercher des excuses à mes iniquités. »
Nous ne disons pas non plus: pardonnez-moi, mais pardonnez-nous, parce que l’union et la Charité fraternelle qui doivent exister entre tous les hommes exigent de chacun de nous que nous nous intéressions au salut de tous, et que, en priant pour nous, nous n’oublions pas de prier pour les autres. C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui nous a appris cette manière de prier ; puis, l’Eglise de Dieu l’a reçue et conservée fidèlement, et le Apôtres l’ont pratiquée et enseignée aux Fidèles. L’Ancien et le Nouveau testament nous fournissent deux beaux modèles de ces Prières vraiment brûlantes de charité pour le salut du prochain. L’une est de Moise: 2 « ou pardonnez-leur cette faute, ou, si Vous ne la leur pardonne pas, effacez-moi de votre livre, » l’autre est de Saint Paul: 3 « Je souhaitais que Jésus-Christ me rendit moi-même anathème pour mes Frères. »
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(1) Psal., 68, 6. — (1) ] Psal., 140, 4. — (2) Exod., 32, 31. — (3) Rom., 9, 3.
A suivre : § IV. — COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.
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PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ IV. — COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.
Ce mot comme peut s’entendre ici de deux manières d’abord, dans le sens de comparaison. Nous demandons à Dieu que, de même que nous pardonnons les injures et les outrages de ceux qui nous ont offensés, de même aussi Il nous pardonne nos offenses envers Lui. En second lieu ce mot marque une condition, et c’est précisément le sens que Notre-Seigneur lui donne dans ces paroles: 1 « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes envers vous, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres contre Lui ; mais si vous ne pardonnez rien aux hommes, votre Père ne pardonnera point non plus vos péchés. »
Or ces deux choses sont également nécessaires pour obtenir de Dieu le pardon de nos infidélités. Si nous voulons que Dieu nous pardonne, il est de toute nécessité que nous pardonnions à ceux de qui nous avons reçu quelque offense. Dieu exige de nous d’une part l’oubli des injures, et de l’autre des sentiments de Charité mutuelle, et ces deux choses Il les exige à tel point qu’Il repousse et méprise les sacrifices et les offrandes de ceux qui ne veulent pas se réconcilier ensemble. C’est aussi une loi de la nature que nous soyons envers les autres tels que nous désirons qu’ils soient pour nous. Et celui-là serait un parfait impudent, qui demanderait à Dieu de lui remettre la peine de son péché, pendant qu’il conserverait, dans son cœur des sentiments d’inimitié pour son prochain.
Ainsi donc nous devons être toujours disposés et prêts à pardonner les injures que nous avons reçues. La Prière que nous récitons nous en fait un devoir, et Dieu Lui-même nous l’ordonne dans Saint Luc: 2 « Si votre frère a péché contre vous, reprenez-le, et s’il se repent, pardonnez-lui ; et s’il pèche contre vous sept fois le jour, et que sept fois le jour il se retourne vers vous en disant: Je me repens, pardonnez-lui. » Saint Matthieu nous dit de même: 1 « Aimez vos ennemis ; » et Saint Paul, après Salomon, veut que2 « nous donnions à manger à notre ennemi s’il a faim, et à boire s’il a soif. » Enfin Notre-Seigneur, dans Saint Marc, nous dit: 3 « Quand vous serez au moment de prier, si quelqu’un vous a offensé, pardonnez-lui, afin que votre Père qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos péchés. »
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(1) Matth., 6, 14, 15. — (2) Luc., 17, 3, 4. — (1) Matth., 5, 44. — (2) Rom., 12, 20. Prov., 25, 20. — (3) Marc., 11, 25.
A suivre : § V. — MOTIFS ET MANIÈRES DE PARDONNER AU PROCHAIN.
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PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ V. — MOTIFS ET MANIÈRES DE PARDONNER AU PROCHAIN.
Mais comme il n’y a rien de plus difficile à notre nature dégradée que de pardonner les injures, les Pasteurs se feront un devoir d’employer toutes les ressources de leur zèle et de leur intelligence pour changer le cœur des Fidèles et pour les plier à cet esprit de douceur et de miséricorde si nécessaire au Chrétien. Ils insisteront le plus possible sur ces oracles divins dans lesquels Dieu Lui-même commande expressément de pardonner aux ennemis. Ils proclameront cette Vérité incontestable que l’une des meilleures preuves que nous sommes vraiment les enfants de Dieu, c’est que nous pardonnons facilement les injures, et que nous aimons nos ennemis du fond du cœur. C’est qu’en effet, l’amour pour nos ennemis fait briller en nous une ressemblance particulière avec Dieu notre Père qui s’est réconcilié avec les hommes, ses ennemis acharnés, en les rachetant de la damnation éternelle par la mort de son propre Fils. Enfin ils termineront leurs instructions et leurs exhortations par ce précepte de Notre-Seigneur, que nous ne pourrions repousser sans nous couvrir de honte, et sans nous condamner aux plus grands malheurs: 1 « Priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient, afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux. »
C’est ici qu’il faut aux Pasteurs une prudence consommée pour ne porter personne au découragement et au désespoir, en faisant connaître d’une part la difficulté, et de l’autre la nécessité de ce devoir. Car il en est qui, comprenant fort bien qu’ils doivent ensevelir les injures dans un oubli volontaire, et aimer ceux qui les ont offensés, désirent de le faire, et le font en effet autant qu’ils le peuvent. Mais cependant ils se sentent dans l’impossibilité d’épuiser jusqu’au dernier souvenir des injures reçues, et parce qu’ils trouvent encore dans leur cœur certains restes d’inimitié, ils s’agitent et se tourmentent d’une manière terrible, craignant de n’avoir point pardonné avec assez de franchise et de sincérité, et d’avoir ainsi résisté au commandement de Dieu.
C’est alors que les Pasteurs devront expliquer clairement l’opposition constante de la chair et de l’esprit. La chair est portée à la vengeance, mais l’esprit est enclin au pardon. De là entre eux ces luttes incessantes, ces combats sans trêve. Ils diront et enseigneront aux Fidèles qu’ils n’ont rien à craindre pour leur Salut, malgré l’opposition et les combats de la nature corrompue contre la raison, pourvu que l’esprit persiste dans le devoir, et dans la volonté sincère de pardonner les injures et d’aimer le prochain.
Que si, par hasard, il s’en rencontrait quelques-uns, qui n’auraient pu se résoudre encore à oublier les injures reçues, et à aimer leurs ennemis, et qui par suite négligeraient de réciter l’Oraison Dominicale, précisément parce qu’ils ne peuvent remplir la double condition exigée, — il faudrait, pour détruire en eux cette erreur funeste, employer les deux raisons suivantes :
Premièrement, chaque Fidèle fait cette Prière au nom de toute l’Eglise: Or il est certain qu’il y a nécessairement dans l’Eglise un grand nombre de Fidèles qui remettent à leurs débiteurs ces sortes de dettes que nous rappelons ici.
Secondement, en faisant cette demande, nous prions Dieu en même temps de nous accorder tout ce qui nous est nécessaire pour mériter d’être exaucés. Nous demandons en effet et le pardon de nos péchés et le don d’une vraie pénitence ; nous demandons la douleur intérieure, l’horreur et la détestation de nos fautes, et la grâce d’en faire au Prêtre une pieuse et sincère confession. Et comme il est nécessaire que nous pardonnions à ceux qui nous ont fait quelque tort, ou causé quelque dommage, lorsque nous prions Dieu de nous pardonner, nous Lui demandons en même temps qu’Il nous accorde la grâce de nous réconcilier avec ceux que nous haïssons. Il y a donc lieu d’arracher à leur opinion ceux qui sont frappés de cette crainte mal fondée et même criminelle, qu’en priant ainsi ils ne feraient qu’irriter Dieu davantage. Il faut même les exhorter à réciter souvent l’Oraison Dominicale, pour demander à Dieu leur Père cet esprit qui nous fait pardonner à ceux qui nous offensent, et aimer même nos ennemis.
(1) Matth. 5, 44.
A suivre : § VI. — DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE AVEC FRUIT.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ VI. — DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE AVEC FRUIT.
Mais pour faire cette Prière avec tout le fruit possible, il faut d’abord y entrer avec cette pensée et cette préoccupation très vives que nous nous présentons devant Dieu comme des suppliants, et que nous Lui demandons un pardon qui ne s’accorde qu’au vrai pénitent. Dès lors notre cœur doit être rempli de cette Charité et de cette piété qui vont si bien avec le repentir. Et rien ne convient mieux au pénitent sincère que d’expier dans les larmes les iniquités et les crimes dont le triste tableau afflige ses regards.
A cette pensée il faut joindre certaines précautions pour éviter à l’avenir ce qui a été pour nous une occasion de péché, et qui pourrait l’être encore, vis-à -vis de Dieu, notre Père. Ces sentiments étaient ceux de David, quand il disait:1 « Mon péché est toujours devant moi ; » et dans un autre endroit: 2 « chaque nuit ma couche est baignée de mes pleurs, et mon lit est arrosé de mes larmes. »
Chacun de nous pourra se rappeler très utilement que ceux qui ont obtenu de Dieu le pardon de leurs péchés le Lui avaient demandé avec les désirs les plus ardents. Par exemple, ce Publicain qui restait loin de l’Autel, tout pénétré de confusion et de douleur, les yeux humblement baissés, et se frappait la poitrine en disant: 3 « Mon Dieu, ayez pitié de moi qui ne suis qu’un pécheur ! » Par exemple encore, cette pécheresse qui se tenait derrière le Sauveur, arrosait ses pieds de ses larmes, les essuyait avec ses cheveux et les baisait. Et enfin Pierre, le Prince des Apôtres qui, 4 « étant sorti, pleura amèrement ».
Il faut bien voir aussi que plus les hommes sont faibles et prédisposés aux maladies de l’âme, qui sont le péché, plus ils ont besoin de remèdes nombreux et fréquents. Or, les remèdes de l’âme malade sont la Pénitence et l’Eucharistie. Les Fidèles ne sauraient donc y recourir trop souvent.
L’Aumône ensuite, comme nous le disent nos Saints Livres, est également un remède très salutaire pour guérir les plaies de l’âme. C’est pourquoi ceux qui désirent réciter cette Prière avec une parfaite piété, n’oublieront pas de faire aux pauvres tout le bien possible. L’Aumône possède une vertu merveilleuse pour effacer les taches du péché. C’est la parole de l’ange Raphaël au jeune Tobie : 1 « L’Aumône délivre de la mort, c’est elle qui lave les péchés et fait trouver la miséricorde et la Vie Eternelle. » C’est aussi celle de Daniel au Roi Nabuchodonosor: 2 « Rachetez vos péchés par des aumônes, et vos iniquités par la miséricorde envers les pauvres. »
Mais la meilleure Aumône, la meilleure manière d’exercer la miséricorde, c’est d’oublier les injures et de vouloir du bien à ceux qui nous ont fait tort à nous, ou aux nôtres, dans nos biens, dans notre réputation et dans notre personne. Quiconque veut trouver Dieu miséricordieux pour soi-même, doit Lui sacrifier généreusement toutes ses inimitiés, pardonner toute espèce d’offense, prier très volontiers pour ses ennemis, et profiter de toutes les occasions pour leur rendre service.
Mais comme nous avons déjà traité ce sujet, en parlant de l’homicide, nous y renvoyons les Pasteurs.
En terminant l’explication de cette demande, ils ne manqueront pas de faire voir qu’il n’y a rien, qu’on ne peut même imaginer rien de plus injuste que de demander à Dieu d’être pour nous plein de douceur et de miséricorde, si nous-mêmes nous sommes durs pour notre prochain, et ne pratiquons la douceur envers personne.
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(1) Psal., 50, 5. — (2) Psal., 6, 7. — (3) Luc., 18, 13. — (4) Matth., 26, 75. — (1) Tob., 12, 9. — (2) Dan., 4, 24.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
A suivre : § I. — POURQUOI JÉSUS-CHRIST NOUS A ORDONNÉ CETTE SIXIÈME DEMANDE ?Chapitre quarante-cinquième
Sixième demande de l'Oraison DominicaleET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.
Lorsque les enfants de Dieu ont obtenu la Rémission de leurs péchés, ils se sentent embrasés du désir de Lui rendre l’adoration et le culte qu’Il mérite, ils soupirent après le Royaume céleste, ils s’acquittent fidèlement envers la Majesté divine de tous les devoirs de la piété, et ils en viennent à être entièrement soumis à sa Volonté paternelle et à sa sainte Providence. Mais c’est alors aussi, cela est bien connu, que l’ennemi du genre humain déploie tous ses artifices, met en œuvre toutes ses ruses et apprête toutes ses machines de guerre, pour les attaquer. Il y a donc lieu de craindre que leurs résolutions ne soient ébranlées et changées, qu’eux-mêmes ne retombent de nouveau dans le mal et ne deviennent pires qu’auparavant. C’est d’eux que le Prince des Apôtres a pu dire avec raison: 1 « Il eût mieux valu pour eux qu’ils n’eussent point connu la voie de la justice, que de retourner en arrière après l’avoir connue, et d’abandonner la Loi Sainte qui leur avait été donnée. »
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(1) 2 Pet., 2, 21.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
A suivre : § II. — DES TENTATIONS; DE LEURS CAUSES.ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ I. — POURQUOI JÉSUS-CHRIST NOUS A ORDONNÉ CETTE SIXIÈME DEMANDE ?
Aussi Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a-t-Il fait de cette Prière un Commandement, afin de nous obliger à implorer tous les jours le secours de Dieu, et à nous recommander à sa Bonté paternelle. Car il n’est pas douteux, s’Il vient à nous abandonner, que nous ne soyons bientôt pris dans les filets de nos perfides ennemis. Et ce n’est pas seulement dans l’Oraison Dominicale que Jésus-Christ nous a ordonné de demander à Dieu de ne pas nous induire en tentation ; Il a porté le même Commandement dans cet entretien qu’Il eut avec ses Apôtres, quelques heures avant sa Mort. Après leur avoir dit en effet: 1 « qu’ils étaient tous purs, » Il ajouta: 2 « priez, pour que vous n’entriez point en tentation ». Ce double Commandement de notre Seigneur est pour les Pasteurs un motif très pressant d’exhorter avec le plus grand soin les Fidèles à réciter fréquemment cette Prière. Puisque le démon notre ennemi sème à toute heure sous nos pas les plus terribles dangers, il faut qu’à toute heure aussi nous puissions nous adresser à Dieu, qui seul peut nous en préserver, et Lui dire: ne nous induisez point en tentation.
Or les Fidèles comprendront parfaitement tout le besoin qu’ils ont de l’assistance divine, s’ils se souviennent de leur faiblesse et de leur ignorance, s’ils se rappellent cette maxime de Notre-Seigneur Jésus-Christ: « L’esprit est prompt, et la chair est faible ; » et s’ils considèrent enfin que nos chutes, avec la malice et la haine du démon, sont presque toujours graves et mortelles, si la main de Dieu ne nous soutient. Quel exemple plus sensible de la faiblesse humaine que celui du collège sacré des Apôtres ! Ils avaient fait preuve de la plus grande fermeté, et un instant après, au premier péril, ils abandonnent le Seigneur, et prennent la fuite. Exemple plus frappant encore ! Saint Pierre, le Prince des Apôtres, avait tiré de son cœur une magnifique profession de courage et en même temps de l’amour le plus sincère pour Jésus-Christ, il avait dit, plein de confiance en ses propres sentiments: 1 « Quand même il me faudrait mourir avec Vous, je ne Vous renierai point, » et une heure plus tard, à la voix d’une servante, il se trouble, et va jusqu’à jurer qu’il ne connaît point le Seigneur. Ses forces, à coup sûr, ne répondaient pas à la vivacité de ses sentiments.
Mais si les hommes les plus saints ont été les victimes de la fragilité humaine, dont ils ne se défiaient pas assez, et sont tombés dans les fautes les plus humiliantes, que ne doivent pas craindre les autres qui sont si éloignés de leur sainteté !
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(1) Joan., 13, 10. — (2) Matth., 26, 41. — (1) Matth., 26, 35.
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A suivre : § III. — DES DÉMONS.ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ II. — DES TENTATIONS; DE LEURS CAUSES.
Il importe donc que les Pasteurs montrent bien aux Fidèles les combats et les dangers auxquels nous sommes sans cesse exposés. Tant que notre âme habite dans ce corps mortel, la chair, le monde et le démon nous attaquent de toutes parts.
Quel est celui qui ne connaît point, à ses dépens, les effets de la colère et de la cupidité ! qui ne s’est senti blessé de leurs traits, déchiré de leurs aiguillons, et brûlé de leurs flammes ? Et en effet, les coups qu’elles frappent sont si variés, leurs attaques si diverses, qu’il est bien difficile de ne pas recevoir quelque grave blessure.
Mais outre ces ennemis qui habitent et vivent avec nous, il en est d’autres plus terribles encore dont il est écrit: 1 « Nous n’avons pas à combattre contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les maîtres des ténèbres de ce monde, contre les esprits de malice répandus dans les airs. » Aux combats intérieurs se joignent les attaques et les coups des démons, qui tantôt se précipitent sur nous à découvert, et tantôt se glissent si furtivement dans nos âmes que nous pouvons à peine nous en défendre .
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(1) Eph., 6, 12.
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ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ III. — DES DÉMONS.
L’Apôtre les appelle princes à cause de l’excellence de leur nature. Par ce côté, ils l’emportent en effet sur l’homme, et sur toutes les autres créatures. Il les nomme aussi puissances , parce qu’ils nous surpassent non seulement par la supériorité de leur nature mais encore par leur réel pouvoir ; puis, maîtres des ténèbres de ce monde, parce qu’ils régissent non pas le monde de la lumière et de la clarté, c’est-à-dire les bons et les justes, mais le monde sombre et obscur, c’est-à-dire ceux qui vivent plongés dans les souillures d’une vie criminelle, aveuglés par leurs passions ténébreuses et sans autre guide que le démon, ce prince des ténèbres ; enfin, esprits de malice, parce qu’il y a une malice de l’esprit, comme il y a une malice de la chair.
La malice de la chair allume les appétits déréglés des passions, et le désir des voluptés sensibles.
La malice de l’esprit se confond avec les passions et les inclinations dépravées de l’âme, mais qui toutefois appartiennent à sa partie supérieure. Elles sont d’autant plus dangereuses et plus criminelles que la raison et l’esprit sont au-dessus de la nature et des sens. Et comme la malice de Satan a pour but principal de nous priver de l’héritage du ciel, l’Apôtre a ajouté, à cause de cela, qu’ils sont « répandus dans l’air ».
Il n’est que trop aisé de conclure de là que nos ennemis sont forts et redoutables, qu’ils ont une ardeur invincible et sont animés contre nous d’une haine furieuse et inimaginable. Aussi bien ils nous font une guerre sans relâche, sans paix ni trêve possible. Leur audace est incroyable, nous en pouvons juger par cette parole que le Prophète fait dire à Satan: 1 « Je monterai au ciel. » Au surplus le démon a attaqué nos premiers parents dans le paradis, il a livré combat aux Prophètes, 2 « il a cherché les Apôtres, pour les cribler comme le froment, » c’est l’expression même de Notre-Seigneur dans l’Evangile ; Il n’a même pas rougi de tenter Jésus-Christ. L’Apôtre Saint Pierre a donc bien exprimé ses désirs insatiables et son activité inouïe quand il a dit: 3 « Le démon votre ennemi tourne autour de vous comme un lion rugissant cherchant quelqu’un à dévorer. »
Et Satan n’est pas seul pour attaquer les hommes, c’est en troupe quelquefois que les démons fondent sur chacun de nous. On le vit bien par l’aveu de celui à qui Jésus demanda: quel est ton nom ? et qui répondit: mon nom est légion 4, c’est-à-dire qu’une multitude de démons tourmentaient ce malheureux. Et puis, l’Evangile ne dit-il pas d’un autre démon: 1 « qu’il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, qu’ils entrent dans la maison (c’est-à-dire dans l’âme) et qu’ils y habitent » ?
Il n’est pas rare de rencontrer des Chrétiens qui…
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(1) Is., 14, 13. (2) Luc., 22, 31. — (3) 1 Pet., 5, 8. — (4) Marc., 5, 9. Luc., 8, 30. — (1) Matth., 12, 45.
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ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ III. — DES DÉMONS.(suite)
Il n’est pas rare de rencontrer des Chrétiens qui, ne sentant pas en eux-mêmes ces attaques du démon, s’imaginent que notre Doctrine est fausse. Mais peut-on s’étonner que les démons n’attaquent point des hommes qui se sont volontairement donnés à eux, et dans lesquels on ne trouve ni piété, ni Charité, ni aucune vertu digne d’un Chrétien ? Ils appartiennent entièrement à Satan. Comment aurait-il besoin de les tenter pour les vaincre, puisque, de leur plein consentement, il règne déjà dans leur cœur.
Mais ceux qui se sont consacrés à Dieu, et qui mènent sur la terre une vie toute céleste, sont plus que tous les autres en butte aux assauts du démon. C’est pour eux qu’il réserve toute sa haine, c’est contre eux qu’à chaque instant il dresse des pièges et des embûches.
L’Histoire Sainte est pleine d’exemples de grands et vertueux personnages qui même en se tenant sur leurs gardes ont été victimes de sa rage ou de sa duplicité. Adam, David, Salomon et tant d’autres qu’il serait trop long de citer ont éprouvé la violence de ses attaques et la perfidie de ses ruses, auxquelles ni la prudence ni les forces humaines ne sauraient résister. Qui oserait après cela se croire en sûreté avec ses seules forces ? Demandons donc à Dieu avec Foi et pureté de cœur: 2 « qu’Il ne permette pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces, et qu’Il nous donne, dans la tentation, le secours de son assistance, afin que nous puissions résister. »
Mais s’il se rencontre des Fidèles qui par faiblesse d’esprit ou par ignorance sont épouvantés de la puissance des démons, il faut leur persuader de se réfugier dans le port de la Prière, quand ils sont agités par les flots de la tentation.
Car Satan, quelles que soient sa puissance, son obstination, et sa haine contre nous ne peut cependant nous tenter et nous tourmenter ni autant ni aussi longtemps qu’il le voudrait. Tout son pouvoir est subordonné à la Volonté et au bon plaisir de Dieu. Qui ne connaît l’histoire de Job, que Satan n’eût jamais touché, si le Seigneur ne lui eût dit: « Voilà que Je te livre tout ce qu’il possède. » Mais si au contraire, Dieu n’avait point ajouté: « seulement n’étends pas la main sur lui », Satan l’eût fait périr d’un seul coup avec ses enfants et tous ses biens. Et même Dieu a enchaîné tellement la puissance des démons que, sans sa permission, ils n’auraient pas pu passer dans ces pourceaux, dont il est question dans l’Evangile.
Mais pour mieux faire comprendre le sens et la portée de cette demande, nous avons à expliquer ce que l’on doit entendre par tentation, et par être induit en tentation.
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(2) 1 Cor., 10, 13.
A suivre : § IV. — QU’EST-CE QU’ÊTRE TENTÉ ET INDUIT EN TENTATION.
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ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ IV. — QU’EST-CE QU’ÊTRE TENTÉ ET INDUIT EN TENTATION.
Tenter, c’est mettre quelqu’un à l’épreuve, pour tirer de lui ce que nous désirons savoir, et par là connaître la vérité. On ne peut pas dire que Dieu puisse tenter en ce sens, car, y-a-t-il quelque chose qu’Il ignore ? 1 « Tout, dit l’Apôtre, est à nu et à découvert devant ses yeux. »
Il y a une autre manière de tenter qui va beaucoup plus avant, c’est de mettre quelqu’un à l’épreuve, soit en vue du bien, soit en vue du mal.
On tente un homme en vue du bien, lorsqu’on l’éprouve dans le but de constater et de manifester sa vertu, afin de la récompenser ensuite par des avantages et des honneurs, de proposer son exemple à imiter aux autres et par suite d’engager tout le monde à louer et à bénir le Seigneur.
Cette manière de tenter est la seule qui convienne à Dieu. Et nous en trouvons un exemple dans le Deutéronome ; 1 « Le Seigneur votre Dieu vous tente, dit Moise aux Hébreux, pour qu’il apparaisse visiblement si vous L’aimez. » On dit encore que Dieu tente les siens, lorsqu’Il les accable par la pauvreté, la maladie et autres calamités de ce genre. Mais Il n’agit ainsi envers eux que pour éprouver leur patience, et afin qu’ils deviennent pour les autres des modèles de vertu chrétienne. C’est ainsi que nous voyons Abraham tenté par Dieu, lorsqu’il reçoit de Lui l’ordre d’immoler son propre fils. Mais cet acte d’obéissance fait de lui un exemple immortel de soumission et de patience.
C’est dans le même sens qu’il est dit de Tobie dans nos Saints Livres: 2 « Parce que vous étiez agréable à Dieu, il était nécessaire que la tentation vînt vous éprouver. »
On tente les hommes en vue du mal, lorsqu’on les éprouve pour les pousser au péché ou à leur perte. Il appartient au démon de nous tenter de la sorte ; car il ne s’adresse à nous que pour nous perdre et nous jeter dans le précipice. Aussi l’Ecriture Sainte l’appelle-t-elle d’un seul mot: le tentateur.
Tantôt il excite en nous les désirs et les mouvements déréglés de nos passions et de nos affections mauvaises ; tantôt, il nous attaque par le dehors, et se sert des choses extérieures pour nous enorgueillir, si elles sont heureuses, ou nous abattre, si elles sont malheureuses. D’autres fois il a pour agents et émissaires des hommes pervertis, et surtout des hérétiques, qui sont assis dans la chaire de pestilence, et répandent le poison mortel de leurs doctrines malsaines pour perdre entièrement les hommes qui ne font aucun choix et aucune différence entre le vice et la vertu, et qui de leur naturel ne sont déjà que trop enclins au mal et toujours prêts à succomber.
Etre induit en tentation, c’est succomber à la tentation…
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(1) Hebr., 4, 13. — (1) Deut., 13, 3. — (2) Tob., 12, 13.
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ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ IV. — QU’EST-CE QU’ÊTRE TENTÉ ET INDUIT EN TENTATION.(suite)
Etre induit en tentation, c’est succomber à la tentation. Or nous y sommes induits en deux manières, premièrement lorsque, renversés par le choc, nous tombons dans le mal où veut nous jeter notre tentateur. En ce sens Dieu ne tente et n’a jamais tenté personne, car Il n’est l’Auteur du péché pour personne: au contraire, 1 « Il déteste tous ceux qui commettent l’iniquité. » Aussi bien, dit l’Apôtre Saint Jacques, 2 « que personne ne dise, quand il est tenté, que c’est Dieu qui le tente ; car Dieu n’est point tentateur pour le mal. »
On dit en second lieu que nous sommes induits en tentation par quelqu’un qui, sans nous tenter lui-même, sans même contribuer à nous tenter, passe cependant pour nous éprouver réellement parce qu’il n’empêche ni la tentation ni la victoire de la tentation sur nous, bien qu’il le puisse. C’est de cette manière que Dieu permet que les bons et les justes soient tentés ; mais alors Il les soutient de sa Grâce et ne les abandonne point. Quelquefois aussi, par un secret et juste jugement, si nos crimes le demandent, Il nous abandonne à nous-mêmes, et nous succombons.
On dit encore que Dieu nous induit en tentation, lorsque nous abusons pour notre malheur des bienfaits qu’Il nous avait accordés en vue de notre Salut, et qu’à l’exemple de l’enfant prodigue nous dissipons l’héritage de notre Père en vivant dans la luxure, et en esclaves de toutes nos passions. C’est alors que nous pouvons nous appliquer ce que l’Apôtre disait de la Loi de Dieu: 1 « Il est arrivé que le Commandement qui devait servir à nous donner la vie, a servi à nous donner la mort. »
Jérusalem en est pour nous un exemple bien frappant. Au témoignage d’Ezéchiel, Dieu l’avait enrichie et parée de tous les genres d’ornements, et Il lui disait par la bouche de son Prophète: 2 « Vous étiez parfaitement belle, de cette beauté que Moi-même Je vous avais donnée. » Et cependant cette ville comblée de tous les bienfaits divins, bien loin de rendre grâces à Dieu des faveurs qu’elle en avait reçues, bien loin d’employer tous ces dons pour acquérir le bonheur du ciel, cette ville par une horrible ingratitude envers son Père et son Dieu, repousse l’espérance et même la pensée du bonheur éternel, et ne songe, dans l’abondance des biens terrestres, qu’à s’abandonner au plaisir et à la débauche ! Mais il faut lire tout le passage dans Ezéchiel.
Ceux-là ressemblent à cette ville ingrate qui, pour offenser Dieu, se servent précisément des moyens si nombreux qu’Il leur avait donnés de faire le bien.
Mais il est un usage de la Sainte Ecriture qu’il faut signaler avec soin. Pour exprimer ce qui n’est qu’une permission de la part de Dieu, elle emploie quelquefois des termes qui, pris à la lettre, désigneraient une action. Ainsi il est dit dans l’Exode 1: « J’endurcirai le cœur de Pharaon ; » dans Isaïe 2. « Aveuglez l’esprit de ce peuple ; » dans l’Epître aux Romains 3: « Dieu les a livrés aux passions ignominieuses et à leur sens réprouvé. » Dans ces passages, et dans les autres semblables, il ne s’agit point d’une action positive de Dieu, mais d’une simple permission.
Ceci bien compris, il ne sera point difficile de savoir ce que nous devons demander à Dieu dans cette sixième partie de l’Oraison Dominicale.
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(1) Psal., 5, 7. — (2) Jac., 1, 13. — (1) Rom., 7, 10. — (2) Ezech., 16, 14. — (1) Exod., 7, 3. — (2) Is., 6, 10. — (3) Rom., 1, 26.
A suivre : § V. — QU’EST-CE QU’ON DEMANDE A DIEU PAR CES PAROLES NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:57 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation.)
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ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ V. — QU’EST-CE QU’ON DEMANDE A DIEU PAR CES PAROLES NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.
Nous ne demandons point de n’être jamais tentés. Car la vie de l’homme sur la terre n’est qu’une tentation. Et il nous est utile et avantageux qu’il en soit ainsi. C’est dans la tentation en effet que nous nous connaissons nous-mêmes, c’est-à-dire nos propres forces. C’est dans la tentation par conséquent que nous nous humilions sous la main puissante de Dieu, et que, combattant généreusement, nous méritons la couronne de gloire qui ne se flétrira jamais. Car, dit Saint Paul 4, « celui qui combat dans la carrière ne sera couronné qu’après avoir légitimement combattu. » Saint Jacques dit à son tour: 5 « Bienheureux l’homme qui souffre la tentation, parce qu’après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui L’aiment. » Que si parfois la tentation de l’ennemi est trop pressante, nous penserons, pour soutenir notre courage, que 1 « nous avons pour nous aider un Pontife qui peut compatir à nos infirmités, ayant été Lui-même tenté et éprouvé en toutes choses. »
Que demandons-nous donc ici ? Nous demandons d’être toujours assistés par le Secours divin, afin de ne pas consentir à la tentation en nous laissant séduire par elle, et de n’y point céder non plus par faiblesse. Et si nos forces venaient à nous manquer, nous demandons que la Grâce de Dieu soit toujours avec nous pour les réparer et les ranimer immédiatement.
C’est pourquoi nous devons implorer le Secours de Dieu d’une manière générale dans toutes les tentations, et quand l’une d’elles nous tourmente davantage, recourir contre elle à la Prière, et d’une manière très expresse. C’est ce que pratiquait David dans presque toutes ses tentations. Ainsi contre le mensonge, il disait: 2 « N’ôtez point de ma bouche la parole de vérité ; » contre l’avarice: 3 « Inclinez mon cœur vers vos préceptes et non vers l’avarice. » Contre les futilités de la vie et l’attrait des passions : 4 « Détournez mes yeux pour qu’ils ne voient point la vanité. » En somme nous demandons de ne pas obéir à nos passions, de ne pas nous lasser de résister aux tentations, de ne pas nous écarter de la voie du Seigneur, de conserver l’égalité d’âme et la constance dans les succès et dans les malheurs, de n’être jamais, en aucune manière, privés de la protection de Dieu.
Nous Le prions enfin d’abattre Satan sous nos pieds.
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(4) Tim., 2, 5. — (5) Jac., 1, 12. — (1) Hebr., 4, 15. — (2) Psal., 118, 43. — (3) Psal., 118, 36. — (4) Psal., 118, 37.
A suivre : § VI. — MOTIFS ET MOYENS DE RÉSISTER AU DÉMON
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ VI. — MOTIFS ET MOYENS DE RÉSISTER AU DÉMON.
Le Pasteur n’a plus maintenant qu’à exhorter les Fidèles aux pensées et aux considérations qui doivent principalement accompagner cette demande.
Dans cette ordre d’idées, rien de plus avantageux d’abord que de bien se pénétrer de la grande faiblesse de l’humanité, de nous défier de nos forces et de mettre en Dieu seul et en sa Bonté l’espérance de notre Salut. Si nous avons la sagesse de nous appuyer sur Lui, nous ferons preuve, même au milieu des plus grands périls, d’un courage d’autant plus invincible que nous pourrons nous rappeler alors combien avant nous, avec le même courage et la même confiance que nous, ont été retirés par Dieu Lui-même — il faut dire le mot — de la gueule béante de Satan. N’avons-nous pas vu Joseph en butte à la passion insensée d’une femme, arraché par Dieu à ce pressant péril, et élevé par Lui au faîte de la gloire ? N’avons-nous pas vu Suzanne, victime innocente de véritables suppôts de l’enfer, sur le point de périr d’une mort infâme, ne l’avons-nous pas vue, rendue par Lui à la vie et à l’honneur ? Sans doute, il devait en être ainsi, car son cœur était plein de confiance dans le Seigneur. C’est aussi la gloire immortelle du saint homme Job d’avoir triomphé du monde, de la chair et du démon. Il est encore une foule d’autres exemples de ce genre dont le Pasteur saura se servir pour inspirer aux Fidèles cet espoir et cette confiance.
Il importe également de ne jamais perdre de vue le Chef que nous devons suivre dans ce combat acharné contre les tentations, c’est-à-dire Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous a montré comment on remporte la victoire.
C’est qu’en effet Il a vaincu le démon. Il est « cet homme plus fort qui survient, qui terrasse le fort armé et qui lui arrache ses armes et ses dépouilles.» 1 Voici ce que dit Saint Jean de la victoire qu’Il a remportée sur le monde: 2 « Ayez confiance, j’ai vaincu le monde. » Et dans l’Apocalypse, il est appelé le lion vainqueur qui est sorti victorieux pour vaincre encore 3, parce que dans sa victoire il a acquis à ses partisans le pouvoir de vaincre à leur tour.
L’Epître de Saint Paul aux Hébreux est toute pleine des victoires des Saints qui par la Foi ont vaincu les royaumes, qui ont fermé la gueule des lions, etc4.
Ces victoires que nous raconte l’histoire, doivent nous faire penser à celles que les hommes remplis de Foi, d’Espérance et de Charité, remportent tous les jours dans ces combats intérieurs et extérieurs que leur livre le démon. Victoires si nombreuses et si belles que si nous pouvions les contempler de nos yeux, nous ne pourrions rien voir en même temps de plus fréquent et de plus glorieux. C’est en parlant de ces sortes d’ennemis et de leur honteuse défaite que l’Apôtre Saint Jean a dit: 5 « Je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes très forts, parce que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu l’esprit malin. »
Or ce n’est ni par l’oisiveté, le sommeil, le vin, la bonne chère, les plaisirs que l’on triomphe de Satan, mais par la Prière, le travail, les veilles, la tempérance et la vertu de pureté. 1 « Veillez et priez, est-il dit, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, afin de ne point entrer en tentation. »
Employons ces armes pour combattre, et nous mettrons nos ennemis en fuite. Car 2 « ceux qui résistent au démon, le verront fuir devant eux. »
Cependant…
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28 (1) Luc., 11, 22. — (2) Joan., 16, 33. — (3) Apoc., 5, 2. — (4) Hebr., 11. — (5) 1 Joan., 2, 14. — (1) Matth., 26, 41. — (2) Jac., 4, 7.
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Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.§ VI. — MOTIFS ET MOYENS DE RÉSISTER AU DÉMON.(suite)
Cependant, à la vue de ces magnifiques triomphes des Saints, prenons garde de nous complaire en nous-mêmes. Que nul d’entre nous ne soit assez présomptueux pour s’imaginer qu’avec ses seules forces il sera en mesure de résister aux tentations et aux attaques de l’ennemi. non, ces succès-là ne sont point le fait de notre nature ni de l’humaine faiblesse ; les forces avec lesquelles nous terrassons les satellites de Satan, c’est Dieu qui nous les donne, Dieu qui fait de nos bras comme autant d’arcs d’airain ; qui, dans sa Bonté, brise l’arc des forts, et revêt de force les faibles ; qui prend notre Salut sous sa protection ; dont la droite nous soutient ; qui forme nos bras aux combats et nos mains à la guerre. 3
C’est donc à Dieu seul que nous devons rendre grâces pour nos victoires, car c’est par Lui seul. Et avec son secours, que nous pouvons vaincre. Saint Paul n’y manque pas: 4 « Grâces soient rendues à Dieu, dit-il, qui nous a donné la victoire par Jésus-Christ Notre-Seigneur ! » Après lui, la voix céleste de l’Apocalypse célèbre à son tour le triomphe de notre Dieu: 5 « Voici le temps du Salut, de la Puissance et du Règne de notre Dieu, et de la Puissance de son Christ, parce que l’accusateur de nos frères a été précipité, et qu’ils l’ont vaincu par le Sang de l’Agneau. » Remarquons encore un passage du même Livre qui atteste la victoire que Jésus-Christ a remportée sur la chair et sur le monde: 1 « Ceux-ci combattront contre l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra. »
Mais c’est assez sur les motifs et les moyens de vaincre le tentateur.
Après ces explications, les Pasteurs ne manqueront pas de montrer aux Fidèles les couronnes que Dieu prépare aux vainqueurs et les récompenses infinies qu’Il leur réserve dans l’éternité. Ce même livre de l’Apocalypse leur en fournira les preuves. 2 « Celui qui sera victorieux, y est-il dit, ne sera point frappé de la seconde mort ; et ailleurs: Celui qui sera victorieux, sera ainsi vêtu de blanc, et Je n’effacerai point son nom du Livre de vie, et Je confesserai son nom devant mon Père et devant ses Anges. » Puis un peu après, Jésus-Christ notre Dieu, Notre-Seigneur Lui-même, s’adresse en ces termes à Saint Jean: 3 « Celui qui sera victorieux, J’en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; » puis encore: 4 « Celui qui sera victorieux, Je lui donnerai de s’asseoir avec Moi sur mon trône, comme J’ai vaincu Moi-même et Me suis assis avec mon Père sur son trône. » Enfin, après avoir fait le tableau de la gloire des Saints et de l’immensité de ces biens éternels dont ils jouiront dans le ciel, il ajoute : « Celui qui vaincra possédera ces choses. »
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(3) 1 Reg., 2, 4. Psal., 17, 35. — (4) 1 Cor., 15, 57. — (5) Apoc., 12, 10. — (1) Apoc., 17, 14. — (2) Apoc., 3, 5. — (3) Apoc., 3, 12. — (4) Apoc., 3, 21.
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Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre quarante-sixième
Septième demande de l'Oraison DominicaleDÉLIVREZ-NOUS DU MAL.
Cette dernière demande, par laquelle le Fils de Dieu a voulu finir sa divine Prière, est comme le résumé et la résultante de toutes les autres.
Pour en montrer l’importance et la vertu, Il l’employa Lui-même, la veille de sa mort, en priant Dieu son Père pour le salut des hommes. 1 « Je Vous prie, dit-Il, de les préserver du mal. » Nous avons donc ici, dans cette Prière qu’Il nous a enseignée par ses préceptes et qu’Il a confirmée par ses exemples, une sorte d’abrégé qui renferme en substance la force et l’esprit de toutes les autres demandes. Lorsque, au témoignage de Saint Cyprien, nous avons obtenu ce qu’elle renferme, nous n’avons plus rien à demander. Par le seul fait que nous avons imploré et obtenu la Protection de Dieu contre le mal, nous sommes tranquilles et en sûreté contre tous les assauts du monde et du démon.
Mais si cette demande a l’importance que nous venons de dire, le Pasteur se fera un devoir de l’expliquer aux Fidèles avec le plus grand soin.
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(1) Joan., 17, 15.
A suivre : § I. — COMMENT ON DOIT DEMANDER D’ÊTRE DÉLIVRÉ DU MAL.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.§ I. — COMMENT ON DOIT DEMANDER D’ÊTRE DÉLIVRÉ DU MAL.
Dans la demande précédente nous sollicitons la grâce d’éviter la faute, et dans celle-ci nous prions Dieu de nous délivrer de la peine.
Il ne paraît pas nécessaire ici de rappeler aux Fidèles les maux dont ils souffrent, les ennuis qui les dévorent, les calamités qui les accablent, et par suite le besoin pressant qu’ils ont du secours d’En-Haut. La vie humaine est en proie à toutes les misères, les écrivains sacrés et profanes sont d’accord sur cette triste vérité qu’ils ont développée de toutes manières. Personne du reste ne peut en douter raisonnablement ; qu’il le sache par sa propre expérience ou par celle des autres. Tout le monde est convaincu que Job, cet admirable modèle de patience, n’a rien exagéré. « L’homme né de la femme, dit-il, 1 ne vit que peu de temps, et ce peu de temps est rempli de beaucoup de misères. Il est comme une fleur qui serait foulée aux pieds en naissant, il fuit comme l’ombre, et jamais ne demeure dans le même état. » Nous ne pouvons en effet passer aucun jour sans chagrin et sans afflictions. Notre-Seigneur nous en avertit: 2 « A chaque jour suffit sa peine. » Au surplus, n’était-ce pas assez nous avertir de la misère de notre condition en nous disant 3 que chaque jour il faut prendre notre croix et marcher à sa suite ?
Mais comme chacun sent par lui-même toutes les charges et tous les dangers de la vie, il ne sera pas difficile de persuader aux Fidèles qu’ils doivent demander à Dieu d’être délivrés de leurs maux. Et cela est d’autant plus vrai que rien ne porte plus les hommes à la Prière que le désir et l’espoir d’être à l’abri des maux qui les affligent, ou qui les menacent. Nous sommes naturellement portés à recourir à Dieu à l’heure de l’épreuve, et sans aucun délai. C’est pour cela sans doute qu’il est écrit : 4 « Couvrez leur visage d’ignominie, Seigneur, et ils invoqueront votre Nom. » Mais si nous nous portons presque spontanément à invoquer le secours de Dieu, dans les périls et dans les calamités, nous avons besoin d’être instruits, par ceux à qui notre salut a été confié, sur la méthode à suivre, pour le faire dignement.
Il n’est pas rare en effet de trouver des Chrétiens qui renversent l’ordre établi par Jésus-Christ. Car, en nous ordonnant de recourir à Lui au jour de la tribulation 1, Il nous a prescrit en même temps l’ordre à suivre pour faire cette Prière. Avant donc de Le prier de nous délivrer du mal , Il nous oblige à Lui demander que son Nom soit sanctifié, que son Royaume arrive, en un mot Il veut que nous fassions toutes les autres demandes, qui sont comme autant de degrés pour arriver à celle-ci. Mais si l’on souffre de la tête, de la poitrine, ou d’ailleurs, si l’on éprouve quelque perte dans ses biens, si les ennemis font des menaces et nous mettent en danger, si la famine, la guerre et la peste se font sentir, aussitôt on voit des Chrétiens qui ne tiennent plus aucun compte des degrés intermédiaires de la Prière et qui songent uniquement à solliciter la délivrance de leurs maux. Une telle conduite est contraire au Commandement de Notre-Seigneur Jésus-Christ: 2 « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu ».
Ainsi donc, pour bien prier…
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(1) Job., 14, 1. — (2) Matth., 6, 34. — (3) Luc., 9, 23. — (4) Ps. 92. 17. — (1) Psal., 49, 15. — (2) Matth., 6, 33.
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DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.§ I. — COMMENT ON DOIT DEMANDER D’ÊTRE DÉLIVRÉ DU MAL.(suite)
Ainsi donc, pour bien prier, il faut tout rapporter à la Gloire de Dieu, même lorsqu’on Lui demande d’éloigner les peines, les calamités et les maux présents. Lorsque David disait à Dieu: Seigneur, ne me reprenez pas dans votre colère, il ajoutait immédiatement à cette Prière une raison qui prouvait bien l’ardent désir qu’il avait de la Gloire de Dieu. La mort, disait-il 3, ne garde pas votre souvenir, et qui est-ce qui chantera vos louanges dans le tombeau ? De même lorsqu’il implorait la Miséricorde de Dieu, il avait soin d’ajouter: 1 « J’enseignerai vos voies aux pécheurs, et les impies se convertiront à Vous. »
Il faut engager fortement les Fidèles, à l’exemple du Prophète, à prier de cette manière vraiment salutaire, et bien leur montrer la différence qui existe entre la prière des infidèles et celle des Chrétiens. C’est qu’en effet les infidèles prient aussi et avec ardeur. Ils demandent à la Divinité la guérison de leurs plaies et de leurs maladies, ils la supplient de les faire sortir des maux qui les accablent, ou qui les menacent. Mais en même temps, ils placent le principal espoir de leur délivrance dans les remèdes de la nature ou de l’art. Ils vont plus loin même, car ils acceptent sans scrupule les remèdes du premier venu, quand même ils sauraient que ces remèdes ont été préparés avec sortilèges, magie et intervention du démon. Il suffit pour les déterminer qu’ils aient le moindre espoir de recouvrer la santé.
Mais la conduite des Chrétiens est bien différente. Dans leurs maladies, dans leurs adversités, Dieu est leur principal refuge et, à vrai dire, leur seul soutien. Précisément parce qu’ils Le reconnaissent, et L’adorent comme l’Auteur de tout bien, et leur Libérateur, ils n’oublient point que les remèdes n’ont de vertu curative que celle que Dieu leur a donnée, et par suite qu’ils ne sont utiles aux malades qu’autant que Dieu le veut. La médecine en effet vient de Dieu, qui l’a donnée Lui-même aux hommes pour guérir leurs maladies. De là ces paroles de l’Ecclésiastique: 2 « Le Très Haut a fait produire à la terre les remèdes, et l’homme prudent ne les dédaignera pas. » Aussi ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ne mettent point dans ces remèdes leur principal espoir de guérison ; mais ils se confient surtout en Dieu qui est le Créateur même de la médecine.
C’est pourquoi nos Saints Livres reprennent fortement ceux qui ont trop de confiance dans la science, et ne demandent aucun secours à Dieu. Il y a plus, ceux qui mènent une vie conforme aux préceptes du Seigneur, s’abstiennent de tous les remèdes que Dieu n’a pas destinés à cette fin ; quand même ils seraient assurés de guérir par ce moyen, ils ne laisseraient pas de les avoir en horreur comme des artifices et des enchantements du démon.
Il faut donc exhorter les Fidèles à mettre en Dieu toute leur confiance. En nous ordonnant de Lui demander la délivrance de nos maux, ce Père, plein de Bonté, nous donne par là même l’espérance d’être exaucés. Nous trouvons dans la Sainte Ecriture un grand nombre d’exemples où brille cette confiance dont nous parlons, et qui sont très propres à l’inspirer, même à ceux que le raisonnement ne convaincrait pas. N’avons-nous pas dans la personne d’Abraham, de Jacob, de Lot, de Joseph et de David autant de précieux témoins de la Bonté divine ? Et le Nouveau Testament ne nous montre-t-il pas un très grand nombre de personnes qui ont échappé aux plus grands dangers par la vertu de la Prière ? Aussi bien, nous n’avons pas à les nommer ici. Nous nous bornerons donc à rapporter ces paroles du Prophète, bien capables de nous rassurer tous, même les plus faibles: 1 « Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés ; et Il les a délivrés de toutes leurs tribulations. »
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(3) Psal., 6, 6. — (1) Psal., 50, 15. — (2) Eccl., 38, 4. — (1) Psal., 33, 18.
A suivre : § II. — QUELS SONT LES MAUX DONT NOUS DEMANDONS ICI D’ÊTRE DÉLIVRÉS.
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DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.§ II. — QUELS SONT LES MAUX DONT NOUS DEMANDONS ICI D’ÊTRE DÉLIVRÉS.
Il nous reste à parler du sens et de l’étendue de cette demande. C’est le moyen de bien faire comprendre aux Fidèles que nous ne demandons pas d’être absolument délivrés de tous les maux. Car il y a des choses que l’on regarde habituellement comme des maux, et qui, néanmoins, sont très utiles à ceux qui les endurent. Ainsi cet aiguillon de la chair, que ressentait si vivement Saint Paul, servait, avec le secours de la grâce, à affermir sa vertu dans la faiblesse 1. Voilà pourquoi les personnes de piété, connaissant le prix et les avantages de ces épreuves, les supportent avec une très grande joie, bien loin de demander à Dieu d’en être délivrées.
Nous nous bornons donc à conjurer par la Prière ces sortes de maux sans profit pour notre âme, mais nullement ceux qui peuvent nous apporter quelques fruits de salut.
Le véritable sens de cette demande est donc qu’après avoir été délivrés du péché et du danger des tentations, nous soyons aussi préservés de tous les maux, tant intérieurs qu’extérieurs, de l’eau, du feu et de la foudre ; que la grêle n’atteigne point nos moissons, et que nous n’ayons à souffrir ni de la disette, ni de la sédition, ni de la guerre.
Nous demandons à Dieu d’éloigner de nous les maladies, la peste, les ravages, les chaînes, la prison, l’exil, les trahisons, les embûches, et en général tous les maux qui épouvantent et désolent le plus la vie humaine.
Enfin nous Lui demandons d’anéantir toutes les causes d’iniquités et de crimes.
Mais nous ne demandons pas seulement d’être préservés de ces choses qui, de l’aveu de tout le monde, sont des maux véritables. Nous demandons aussi que ce que l’on regarde généralement comme des biens, à savoir les richesses, les honneurs, la santé, la force, la vie même, ne tournent point à notre malheur, ni à la perte de notre âme.
Nous prions Dieu de ne point être frappés de mort subite, de ne point soulever contre nous sa colère, de ne point encourir les châtiments réservés aux impies, de ne point passer par le feu du purgatoire. Nous le supplions en même temps, avec toute la piété possible, de délivrer les âmes qui y sont détenues. Enfin le sens que l’Eglise donne à cette demande, à la Messe et dans ses Litanies, c’est que nous soyons délivrés des maux passés, présents et futurs.
Mais Dieu, dans sa Bonté infinie, nous délivre des maux, de plus d’une manière. Il éloigne les calamités qui nous menacent. C’est ainsi qu’Il sauve le grand Patriarche Jacob des ennemis que le meurtre des Sichimites avait soulevés contre lui ; car nous lisons: 1 « La terreur de Dieu se répandit sur toutes les villes d’alentour, et nul n’osa poursuivre les enfants de Jacob, au moment de leur retraite. » Tous les Bienheureux qui règnent dans le ciel avec Notre-Seigneur Jésus-Christ ont été eux-mêmes délivrés de tous les maux par la Miséricorde de Dieu ; pour nous, tant que nous sommes dans notre pèlerinage, ce même Dieu ne veut pas que nous soyons exempts de toutes les misères. Il veut seulement nous préserver de quelques-unes.
Au reste, les consolations qu’il accorde…
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(1) 2. Cor.12. 7. — (1) Genes., 35, 5.
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DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.§ II. — QUELS SONT LES MAUX DONT NOUS DEMANDONS ICI D’ÊTRE DÉLIVRÉS.(suite)
Au reste, les consolations qu’il accorde parfois à ceux que l’adversité accable, sont comme une véritable délivrance de tous les maux. C’est ainsi que David se consolait en disant: 1 « Vos consolations, Seigneur, ont rempli mon âme de joie, à proportion même des cruelles douleurs que j’éprouvais. » Dieu délivre encore les hommes du mal lorsqu’Il les retire sains et saufs, du milieu des dangers les plus grands, auxquels ils se trouvaient exposés, comme Il fit pour les trois jeunes gens dans la fournaise, et pour Daniel dans la fosse aux lions. Les lions le respectèrent, comme les flammes avaient respecté les jeunes gens.
Saint Basile le Grand, Saint Jean Chrysostome et Saint Augustin nous disent que le mal dont il est question dans cette demande, serait particulièrement le démon, parce que le démon fut l’auteur des péchés et des crimes des hommes, et que Dieu se sert de lui pour punir les criminels et les impies. Car c’est Dieu qui nous envoie tous les maux que nous souffrons pour nos péchés: 2 « Y aura-t-il dans la ville un mal qui ne vienne du Seigneur ? dit le Prophète Amos. C’est Moi qui suis le Seigneur 3, est-il dit dans Isaïe, et il n’y en a point d’autre. Je forme la lumière et Je crée les ténèbres, Je fais la paix et Je produis le mal. »
Le démon est encore appelé le mal, parce que sans aucune agression de notre part, il nous fait une guerre sans relâche et nous poursuit d’une haine mortelle. Et, bien qu’il soit incapable de nous nuire, lorsque nous avons en mains les armes de la Foi, et le bouclier de l’innocence, cependant, il ne cesse de nous tenter par les maux extérieurs et de nous tourmenter par tous les moyens possibles. Voilà pourquoi nous supplions Dieu de nous délivrer du mal ; (ou du méchant, ou du malin).
Nous disons du mal et non pas des maux, parce que les maux qui nous viennent du prochain, doivent être imputés au démon. II en est sûrement l’auteur et l’instigateur. Ainsi loin de nous irriter contre nos Frères, nous devons tourner notre colère et notre haine contre Satan lui-même qui a poussé les hommes à commettre l’injustice envers nous. Si donc votre prochain vous a offensé en quelque manière, lorsque vous priez Dieu votre Père, demandez-Lui non seulement de vous délivrer du mal, c’est-à-dire des injustices dont vous avez été victime, mais encore d’arracher votre prochain des mains du démon, qui ne cherche qu’à précipiter les hommes dans le vice.
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(1)Psal., 93, 19. — (2) Amos., 3, 6. — (3) Is., 45. 6, 7.
A suivre : § III. — DE LA PATIENCE NÉCESSAIRE DANS LES MAUX.
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