Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE ROYAUME ARRIVE.§ III. — DES MISÈRES DE CETTE VIE.
Les Prêtres chargés du soin des âmes, (les Curés), ne manqueront pas de puiser en abondance aux sources fécondes de nos Saints Livres, les vérités les plus propres à exciter dans le cœur des Fidèles le désir et le goût du Ciel. En même temps ils auront soin de mettre sous leurs yeux les accablantes misères de notre vie mortelle, et ils feront en sorte de les toucher assez pour qu’ils se recueillent, qu’ils rentrent en eux-mêmes et qu’ils se souviennent que le ciel, la maison de Dieu, la maison de leur Père est le séjour du bonheur suprême, et la possession des biens infinis.
Ici-bas, en effet, nous ne sommes que des exilés. Nous habitons la même terre que les démons, animés contre nous d’une haine que rien ne peut apaiser, nos implacables et éternels ennemis.
Et que dire de ces combats domestiques, de ces luttes intérieures que se livrent sans cesse en nous le corps et l’âme, la chair et l’esprit ? Combats terribles où nous avons toujours à craindre de succomber, où nous succomberions même sur le champ, si la main du Seigneur n’était pas là pour nous défendre. Ah ! certes, l’Apôtre Saint Paul sentait bien tout le poids de ces misères, quand il s’écriait: 1 « Malheureux homme que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ? »
Ces misères de notre race, déjà si sensibles par elles-mêmes, ressortent bien plus vivement encore de la comparaison de notre état avec celui des autres créatures. Que ces créatures en effet soient privées de raison ou même de sentiment, il est bien rare que quelques-unes d’entre elles s’éloignent assez des actions, des sentiments et des mouvements qui leur sont propres, pour manquer la fin qui leur a été assignée. La chose est si évidente dans les animaux terrestres, dans les poissons et dans les oiseaux, qu’elle n’a besoin d’aucune explication. Que si nous portons nos regards vers le ciel, ne sentons-nous pas aussitôt la vérité de ce Cantique de David: 2 « Votre Parole, Seigneur, demeure à jamais dans le ciel. » Le ciel, en effet, est emporté par un mouvement qui ne s’arrête jamais ; mais ce mouvement est si constant et si réglé, qu’il ne sort jamais de la ligne que Dieu lui a tracée. Si nous regardons la terre et tout le reste de l’univers, nous reconnaîtrons aisément qu’ils n’éprouvent point d’altération dans leur état.
Mais que la misère de l’homme est grande ! que ses chutes sont profondes et fréquentes ! s’il conçoit de bons projets, rarement il les exécute. Souvent il abandonne et méprise le bien qu’il vient de commencer. Ce qui lui plaisait tout à l’heure et lui semblait excellent, lui déplait tout à coup. Il le rejette, et se laisse entraîner aux résolutions honteuses et nuisibles.
Quelle est donc la cause de cette inconstance et de cette misère ? Evidemment c’est le mépris de l’inspiration divine. Nous fermons l’oreille aux avertissements que Dieu nous donne ; nous refusons d’ouvrir les yeux aux lumières surnaturelles qu’Il nous offre, et nous n’écoutons point les préceptes salutaires de notre Père du ciel.
Ici donc les Pasteurs devront s’appliquer à mettre sous les yeux des Fidèles ce tableau des misères humaines. Ils tâcheront d’en expliquer les causes et d’en indiquer les remèdes. Ce qui leur sera facile, s’ils ont soin d’aller puiser dans les œuvres des grands docteurs Saint Jean Chrysostome et Saint Augustin, et surtout dans ce que nous avons dit nous-mêmes en parlant du symbole des Apôtres. Car ces vérités une fois connues, quel est l’homme si coupable et si pervers qui ne voudrait s’efforcer avec la Grâce prévenante de Dieu, et l’exemple de l’enfant prodigue, de se lever et de revenir avec confiance se jeter entre les bras de son Roi, de son Père céleste ?
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(1) Rom., 7, 24.— (2) Psal., 118, 89.
A suivre : § IV. — QUEL EST L’OBJET DE LA DEUXIÈME DEMANDE.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE ROYAUME ARRIVE.§ IV. — QUEL EST L’OBJET DE LA DEUXIÈME DEMANDE.
Après avoir montré par ces explications tous les avantages que renferme cette Prière des Fidèles, les Pasteurs feront voir ensuite ce que nous demandons par ces paroles ; que votre Royaume arrive. Elles ont plusieurs significations différentes, dont la détermination sera très utile pour comprendre les autres passages de la Sainte Ecriture, et nécessaire spécialement pour celui qui nous occupe. Or, la première signification du Royaume de Dieu — signification ordinaire et fréquente dans nos Saints Livres — c’est d’exprimer non seulement ce pouvoir que Dieu exerce sur tous les hommes et sur tout l’univers, mais encore cette Providence spéciale par laquelle Il dirige et gouverne toutes choses. « Il tient dans ses mains , dit le Prophète, 1 la terre avec ses extrémités les plus reculées. » Ce qu’il faut entendre même des choses cachées dans les profondeurs de la terre et dans toutes les parties du monde les plus secrètes. C’est d’après cette idée que Mardochée disait: 2 « Seigneur Dieu, roi très puissant, toutes choses sont en votre Puissance, et il n’est personne qui puisse résister à votre Volonté. Vous êtes maître de tous, et rien ne résiste à votre Majesté. »
En second lieu ces mots de Royaume de Dieu signifient cette Providence particulière et très spéciale, par laquelle Dieu prend soin des hommes pieux et fidèles, et les couvre de sa protection: Providence admirable et unique, qui faisait dire à David: 3 « Le Seigneur prend soin de moi et rien ne me manquera ; » et au Prophète Isaïe: 4 « Le Seigneur est notre roi, il nous sauvera. »
Or, quoique Dieu exerce son pouvoir en ce monde sur les saints et les gens de bien, cependant Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même avertit Pilate que5 son Royaume n’est pas de ce monde , c’est-à-dire qu’Il ne tire nullement son origine de ce monde qui a été créé et qui est périssable, et qu’Il ne domine point à la façon des empereurs, des rois, des républiques, des présidents et de tous ceux que le vœu général ou l’élection appelle à gouverner les états et les provinces, ou qui s’emparent du pouvoir par la force et par la violence. Non, Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est Dieu qui l’a établi Roi , dit le Prophète, et au témoignage de l’Apôtre, son Royaume est la justice, car il dit: 1 « Le Royaume de Dieu, c’est la justice, la paix et la joie dans le Saint Esprit. »
Or, Jésus-Christ règne en nous par les Vertus intérieures de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. C’est par ces Vertus que nous devenons en quelque sorte partie de ce Royaume, et en même temps, les sujets privilégiés de Dieu. Elles nous consacrent à son culte et à son service, de telle sorte que si l’Apôtre Saint Paul a pu dire: 2 « Je vis, ou plutôt ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi , » chacun de nous peut dire aussi: « Je règne, ou plutôt, ce n’est pas moi qui règne, c’est Jésus-Christ qui règne en moi. »
Ce Royaume est appelé la justice, parce qu’il est fondé sur la justice de Jésus-Christ. C’est de lui que le Sauveur parle dans Saint Luc, quand Il dit: 3 « Le Royaume de Dieu est au dedans de vous. »
Quoique Notre-Seigneur Jésus-Christ règne par la Foi en tous ceux que l’Eglise, notre très sainte Mère, regarde comme ses enfants, cependant II est plus spécialement le Roi de ceux qui, remplis des dons de la Foi, de l’Espérance et de la Charité, sont devenus en quelque sorte comme des membres vivants et sanctifiés de Dieu Lui-même. C’est dans ces parfaits Chrétiens que règne vraiment la Grâce de Dieu.
Le Royaume de Dieu est encore…
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(1) Psal., 94, 4.— (2) Esth., 13, 9. — (3) Psal., 22, 1. — (4) Isa. 33, 22. — (5) Joan., 18, 36. — (1) Rom., 14, 17. — (2) Gal., 2, 20. — (3) Luc., 17, 21.
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QUE VOTRE ROYAUME ARRIVE.§ IV. — QUEL EST L’OBJET DE LA DEUXIÈME DEMANDE.(suite)
Le Royaume de Dieu est encore le royaume de la Gloire. C’est de lui que Notre-Seigneur parle dans Saint Matthieu, lorsqu’Il dit: 1 « Venez, les bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous a été préparé dés le commencement du monde. » C’est ce Royaume aussi que le larron pénitent demandait à Jésus sur la croix, en disant 2 « Souvenez-vous de moi quand Vous serez dans votre Royaume. » Et les paroles suivantes de Saint Jean se rapportent au même objet: 3 « Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit, il ne saurait entrer dans le royaume de Dieu. »
C’est également la pensée de Saint Paul dans ce passage de son Epître aux Ephésiens: 4 « Ni les impudiques, ni les avares (qui sont des idolâtres) n’ont point d’héritage dans le Royaume de Jésus-Christ et de Dieu. » Il faut encore entendre dans le même sens quelques-unes des paraboles de Notre-Seigneur Jésus-Christ, lorsqu’Il parlait du Royaume des cieux.
Mais il est nécessaire que le Règne de la Grâce soit d’abord établi dans nos âmes. Car il est impossible de régner un jour dans la Gloire, si l’on n’a eu soin, tout d’abord de faire régner la Grâce en soi-même. Or, la Grâce, au témoignage de Notre-Seigneur Lui-même 5, « est une source d’eau vive qui jaillit jusqu’à la Vie Eternelle. »
La Gloire, elle, n’est autre chose que la Grâce consommée, et portée à sa perfection.
Tant que nous sommes revêtus de ce corps fragile et mortel, tant que nous vivons dans les ténèbres d’ici-bas, pèlerins, exilés, errants, sans forces et loin de Dieu, on nous voit souvent, hélas ! faillir et tomber, parce que nous repoussons le secours de la Grâce d’en haut, qui nous soutenait. Mais lorsque la lumière du royaume de la Gloire, qui est le Royaume parfait, aura brillé à nos yeux, nous serons à jamais fermes et invariables dans le bien et la perfection. Tous les vices et toutes les incommodités auront cessé. Notre faiblesse sera changée en une force inaltérable. Dieu, enfin, Dieu Lui-même régnera dans notre âme et dans notre corps, comme nous l’avons expliqué avec les développements convenables dans le symbole des Apôtres, en parlant de la Résurrection de la chair.
Telles sont les différentes significations de ces mots Royaume de Dieu. Voyons maintenant à quoi tend particulièrement cette demande.
Premièrement nous demandons à Dieu que…
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(1) Matth., 25, 34. — (2) Luc., 23, 42. — (3) Joan., 3, 5. — (4) Eph., 5, 5. — (5) Joan., 4, 14.
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A suivre : § V. — DANS QUELS SENTIMENTS IL FAUT FAIRE CETTE DEMANDE.QUE VOTRE ROYAUME ARRIVE.§ IV. — QUEL EST L’OBJET DE LA DEUXIÈME DEMANDE.(suite)
Premièrement nous demandons à Dieu que le Royaume de Jésus-Christ, qui est l’Eglise, s’étende au loin ; que les infidèles et les Juifs se convertissent à la Foi chrétienne et à la connaissance du vrai Dieu ; que les schismatiques et les hérétiques rentrent en eux-mêmes et reviennent à la Communion de l’Eglise dont ils se sont séparés, afin que soit accomplie et réalisée cette parole du Seigneur dans le Prophète Isaïe: 1 « Elargis l’enceinte de ton pavillon, et développe les voiles de tes tentes ; allonge tes cordages ; affermis tes pieux ; tu pénétreras à droite et à gauche, parce que Celui qui t’a créé sera ton Seigneur »: et celle-ci: « Les nations marcheront à ta lumière, et les rois d l’éclat de ta splendeur. Lève les yeux autour de toi, et vois: tous ces peuples s’avancent vers toi ; tes fils viendront de loin ; tes filles s’élèveront à tes côtés. »
Mais il y a dans l’Eglise des Chrétiens qui confessent Dieu de bouche, et qui Le renient par leurs œuvres, des Chrétiens, dont la Foi est défigurée et morte, en qui le démon habite, par suite de leurs péchés, et règne dans sa propre maison. Nous demandons que le Royaume de Dieu leur arrive aussi, afin que, s’arrachant aux ténèbres du mal, et éclairés par la Lumière divine, ils soient rétablis dans leur première dignité d’enfants de Dieu ; nous demandons que le Père céleste, en chassant de son Royaume les hérésies, les schismes, le péché et toutes les causes du péché, nettoie l’aire de son Eglise, et lui permette de jouir d’une paix douce et tranquille, en servant Dieu dans la piété et l’innocence.
Nous demandons, enfin, que Dieu vive et règne seul en nous, afin que la mort n’ait plus sur nous aucun droit, qu’elle soit observée par la victoire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et qu’ainsi, après avoir renversé et anéanti l’autorité, la domination et la puissance de ses ennemis, II demeure le seul et unique Souverain de toutes choses.
Les Pasteurs ne manqueront pas d’apprendre aux Fidèles quel est l’esprit et le sens de cette demande, et par suite avec quelles pensées et quelles dispositions ils doivent adresser à Dieu cette Prière. Ils les exhorteront d’abord à bien peser toute la force et la portée de cette parabole du Sauveur: 2 « Le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. Un homme vient-il à le trouver, il le cache de nouveau, et dans sa joie, il s’en va, vend tout ce qu’il possède et achète ce champ. » Ainsi celui qui connaîtra les richesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour elles, méprisera tout le reste. Biens, fortune, puissance, tout sera vil à ses yeux. Rien ne saurait être comparé à ce souverain Bien, ou plutôt rien ne saurait tenir devant Lui.
C’est pourquoi ceux qui auront le bonheur de connaître ces richesses du Royaume de Dieu, s’écrieront avec l’Apôtre: 3 « Je me suis dépouillé de tout, je fais cas de toutes choses comme de la boue, pour gagner Jésus-Christ. » C’est la perle précieuse de l’Evangile. Celui qui aura dépensé pour l’acheter tout l’argent qu’il avait retiré de la vente de tous ses biens jouira d’un bonheur éternel. Heureux serions-nous, si Notre-Seigneur Jésus-Christ daignait nous éclairer assez pour faire voir cette perle de la Grâce divine, par laquelle Il règne en tous ceux qui Lui appartiennent ! nous serions prêts à tout vendre et à tout donner, jusqu’à nous-mêmes, pour l’acquérir et pour la conserver. C’est alors que nous pourrions dire, sans la moindre crainte: 4 « Qui pourra nous séparer de la Charité de Jésus-Christ ? » Que si nous voulons savoir quelle est l’excellence de la gloire du Royaume céleste, et combien elle l’emporte sur tout le reste, écoutons ce que dit le Prophète Isaïe, et après lui l’Apôtre Saint Paul: 5 « L’œil n’a point vu, l’oreille n’a point entendu, le cœur de l’homme n’a jamais conçu ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. »
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(1) Is., 54, 2. — (2) Matth., 13, 44. — (3) Philipp., 3, 8. — (4) Rom., 8, 35. — (5) Is., 64, 4. - 1 Cor., 2, 9.
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Louis- Admin
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QUE VOTRE ROYAUME ARRIVE.§ V. — DANS QUELS SENTIMENTS IL FAUT FAIRE CETTE DEMANDE.
Mais pour obtenir plus sûrement l’effet de notre demande, il sera très utile de nous redire à nous-mêmes qui nous sommes, c’est-à-dire les enfants d’Adam, trop justement chassés du paradis, condamnés à l’exil, et dignes par nos misères et nos péchés, de toute la haine de Dieu et des éternels supplices. Alors nous nous tiendrons dans l’abaissement et l’abjection. Notre Prière sera pleine d’humilité. Nous nous défierons de nous-mêmes, pour nous jeter, comme le Publicain de l’Evangile, dans le sein de la Miséricorde de Dieu. nous rapporterons tout à sa Bonté, et nous lui rendrons d’immortelles actions de grâces, d’avoir bien voulu « nous donner son esprit 1 dans lequel nous avons la confiance de crier: Père, Père ! »
Nous chercherons ensuite à bien connaître ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter pour parvenir au Royaume céleste. Car Dieu ne nous a pas appelés à l’oisiveté et à la paresse ; Il nous dit au contraire: 2 « Le Royaume des cieux souffre violence, et ce sont les violents qui l’emportent. » Et ailleurs: 3 « Si vous voulez entrer dans la vie, gardez les Commandements. »
Ce n’est donc point assez de demander le Royaume de Dieu, si en même temps on ne travaille avec soin et avec zèle à le mériter. Il faut aider la grâce, et devenir les coopérateurs de Dieu dans la route à suivre pour arriver au ciel. Dieu ne nous abandonne jamais. Il nous a promis d’être toujours avec nous. A nous de prendre garde de ne point quitter Dieu et de ne point nous abandonner nous-mêmes. Dieu a mis dans son Eglise, qui est son Royaume ici-bas, tout ce qui est nécessaire pour protéger notre vie mortelle et assurer notre Salut éternel: et ces légions d’Anges invisibles, et ce trésor visible des Sacrements, si riches en grâces célestes. Avec de tels secours, que la bonté de Dieu nous a ménagés, non seulement nous n’avons rien à craindre de la puissance de nos ennemis acharnés, mais même nous pouvons terrasser le tyran des enfers et le fouler aux pieds avec ses cruels satellites.
Demandons donc très instamment au Saint Esprit qu’Il nous enseigne à faire toutes choses selon sa volonté ; qu’Il détruise l’empire de Satan, afin qu’au dernier jour il n’ait aucun pouvoir sur nous. Demandons que Jésus-Christ soit vainqueur, et qu’Il triomphe ; que ses lois soient en vigueur par toute la terre, que ses décrets soient partout exécutés, qu’il n’y ait ni traître ni déserteur parmi les siens, et que tous se montrent tels qu’ils puissent se présenter avec confiance devant Dieu leur Souverain, et entrer ensuite en possession du Royaume céleste qui leur a été préparé de toute éternité, et où ils jouiront avec Jésus-Christ d’un bonheur qui n’aura point de fin.
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(1) Rom., 8, 15. — (2) Matth., 11, 12. — (3) Matth., 19, 17.
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Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre quarante-deuxièmeTroisième demande de l'Oraison DominicaleQUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.
Puisque Notre-Seigneur Jésus-Christ nous assure que 1 « tous ceux qui lui disent: Seigneur, Seigneur, n’entreront point dans le Royaume des cieux ; mais que celui-là seul y entrera qui fait la Volonté de son Père qui est dans le ciel », il est donc de toute nécessité que tous ceux qui désirent parvenir à ce Royaume céleste, demandent à Dieu que sa Volonté soit faite. Voilà pourquoi cette demande vient immédiatement après celle du Royaume des cieux.
Mais pour mieux faire comprendre aux Fidèles combien ce que nous demandons par cette Prière nous est indispensable, et quelle abondance de salutaires faveurs elle nous obtient, les Pasteurs auront soin de bien montrer toutes les misères et toutes les calamités qui ont accablé le genre humain, depuis le péché de nos premiers parents.§ I. — MISÈRES DU GENRE HUMAIN, LEUR CAUSE.
Dès le commencement, Dieu donna à chaque créature le désir du bien qui lui est propre ; de sorte que par une inclination naturelle, toute créature désire et cherche sa fin, dont, au reste, on ne la voit jamais s’écarter, à moins qu’un obstacle étranger ne vienne l’en détourner. Pour l’homme sortant des mains de son Créateur, cette inclination qui le poussait vers Dieu, le Principe et l’Auteur de sa félicité, était d’autant plus noble et plus ardente, qu’il était doué de raison et de jugement.
Mais tandis que les autres créatures qui ne jouissaient pas de la raison, conservaient cette disposition de la nature et cette bonté première que Dieu leur avait données en les créant, et qu’elles possèdent encore maintenant, l’infortuné genre humain sortit de sa voie. Et non seulement il perdit les biens de la justice originelle dont Dieu l’avait orné et enrichi par un privilège qui dépassait sa nature, mais il affaiblit encore ce goût de la vertu qui avait été gravé dans son mur. « Tous se sont éloignés , dit le Prophète 1, ils se sont corrompus ; ils n’y en a plus qui fassent le bien, il n’y en a plus un seul. »
En effet, « l’esprit et le cœur de l’homme 1 sont inclinés vers le mal dès sa jeunesse. » D’où il est facile de voir que nul, par lui-même, ne saurait avoir le goût des choses du salut, mais au contraire que tons les hommes sont portés au mal ; que leurs passions déréglées sont innombrables et les entraînent, et les précipitent avec une force incroyable dans la colère, dans la haine, dans l’orgueil, dans l’ambition, en un mot dans toutes sortes de vices.
Toutes ces misères ne sont que trop réelles, nous les sentons sans cesse en nous. Et pourtant notre plus grande misère c’est qu’un bon nombre de ces maux sont loin de nous paraître de véritables maux. Témoignage effrayant de notre malheureuse condition ! Aveuglés par nos passions et nos excès, nous ne voyons pas que ce qui nous paraît bon et salutaire est trop souvent détestable. Bien plus, nous courons avec empressement après ces biens funestes comme s’ils étaient vraiment désirables et parfaits ; et nous n’éprouvons que de l’éloignement et de l’aversion pour ce qui constitue le vrai Bien et la Vertu même, comme s’ils étaient contraires à notre bonheur. Mais Dieu ne peut souffrir ces pensées fausses, ces jugements corrompus. Il les condamne et les maudit par la bouche d’Isaïe: 1 « Malheur à vous qui appelez le mal un bien, et le bien un mal ; qui prenez la lumière pour les ténèbres, et les ténèbres pour la lumière ; qui choisissez l’amer pour le doux et le doux pour l’amer ! »
Aussi, pour nous faire mieux comprendre l’énormité de nos misères…
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(1) Matth., 7, 21. — (1) Psal., 52, 4. — (2) Genes., 8, 21. — (1) Is., 5, 20.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.§ I. — MISÈRES DU GENRE HUMAIN, LEUR CAUSE.(suite)
Aussi, pour nous faire mieux comprendre l’énormité de nos misères, nos Saints Livres ne craignent pas de nous comparer à ceux qui ont perdu le sens du goût, et qui repoussent la nourriture saine et fortifiante, pour lui préférer des mets pernicieux. Ils nous comparent également à des malades, lesquels, tant que dure leur maladie, sont incapables d’accomplir les devoirs et de remplir les fonctions des personnes qui jouissent de leurs forces et de leur santé. Ainsi nous-mêmes, sans le secours de la Grâce de Dieu, nous ne pouvons rien faire qui lui soit agréable.
Que si dans cet état nous entreprenons ou faisons quelque bien, ce bien sera sans importance, et nous servira à peine pour le ciel. Mais aimer Dieu et Le servir comme il convient, c’est quelque chose de trop noble et de trop sublime pour que, dans l’état de faiblesse et d’abaissement où nous sommes, nous puissions le faire de nous-mêmes. Pour atteindre à cette hauteur, il faut que nous soyons soulevés en quelque sorte par la Grâce de Dieu.
Voici encore une comparaison bien propre à faire ressortir la misère de notre condition. Un peut dire que nous ressemblons à des enfants qui, abandonnés à eux-mêmes, se portent sans réflexion sur toute sorte d’objets. Oui, nous sommes de vrais enfants, des êtres inconsidérés, tout entiers aux entretiens frivoles et aux actions futiles, si le secours de Dieu nous abandonne. De là ce reproche que nous adresse la Sagesse: 1 « Jusques à quand aimerez-vous la vanité comme des enfants ? Jusques à quand les insensés désireront-ils ce qui leur est pernicieux ? » et cette recommandation de l’Apôtre: 2 « Ne vous faites pas enfants, sans prudence et sans discernement. »
Au surplus, notre vanité et notre aveuglement surpassent de beaucoup les illusions des enfants. Car ils ne manquent, eux, que de la sagesse humaine qu’ils peuvent acquérir avec le temps. nous, au contraire, sans le secours et la grâce de Dieu, nous ne pouvons pas même aspirer à cette prudence divine qui pourtant est nécessaire au salut. Et si ce secours cesse de nous soutenir un seul instant, nous repoussons aussitôt les biens véritables, et nous nous précipitons de nous-mêmes dans la mort.
Mais que, grâce à la Lumière divine qui dissipe les ténèbres de l’esprit, un Chrétien aperçoive nos misères trop réelles ; que, secouant son insensibilité, il se rende compte de l’opposition de nos passions et de la loi des membres contre la loi de l’esprit ; qu’il considère enfin la violence de notre entraînement naturel vers le mal, comment pourra-t-il ne pas chercher avec le plus vif empressement le remède à ces maux si grands dont la nature nous accable, et ne pas désirer ardemment de trouver enfin une règle salutaire pour y conformer sa conduite et sa vie ?
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(1) Prov., 1, 22. — (2) I Cor.14, 20.
A suivre : § II. — NOUS DEMANDONS LE REMÈDE A NOS MISÈRES PAR CES MOTS : QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE, ETC...
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.§ II. — NOUS DEMANDONS LE REMÈDE A NOS MISÈRES PAR CES MOTS : QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE, ETC..
Or, voilà précisément ce que nous demandons à Dieu, quand nous lui disons: Que votre volonté soit faite ! C’est en désobéissant à Dieu et en méprisant sa volonté, que nous sommes tombés dans toutes ces misères ; dés lors l’unique, le véritable remède à tous nos maux, celui que Dieu Lui-même nous a donné, sera de vivre enfin selon cette Volonté divine que nous avons foulée aux pieds en nous livrant au péché, et de régler désormais toutes nos pensées et toutes nos actions sur ce qu’elle prescrit. C’est pour arriver à ce but que nous disons humblement à Dieu dans notre prière : Que votre Volonté soit faite !
Et les justes eux-mêmes, ceux en qui Dieu règne déjà, et qui ont été éclairés des rayons de la divine Lumière, doivent demander avec ardeur la grâce dont ils ont besoin pour demeurer soumis à sa sainte Volonté. Car, malgré leurs bonnes dispositions actuelles, ils n’en ont pas moins à lutter contre leurs propres passions, à cause de l’inclination au mal que nous portons tous en dedans de nous-même. Et cela est si vrai que, fussions-nous réellement justes, nous serions encore pour nous-mêmes un très grand danger ici-bas. Oui, nous devrions craindre 1 « qu’entraînés et séduits par les convoitises qui combattent dans nos membres » nous n’abandonnions le chemin du salut. C’est pour nous prémunir contre ce danger que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous dit2: « Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible. »
C’est qu’en effet il n’est pas donné à l’homme, même à celui qui a été justifié par la Grâce de Dieu, et qui la possède, de dompter les appétits de la chair au point qu’ils ne se révoltent plus jamais. La Grâce de Dieu, à la vérité, guérit l’âme de ceux qui ont été justifiés par elle, mais elle ne guérit point la chair. Et c’est ce qui a fait dire à l’Apôtre Saint Paul3: « Je sais que le bien n’habite point en moi, c’est-à-dire dans ma chair. » Dés le moment même où le premier homme eut perdu la justice originelle, qui, comme un frein, retenait toutes ses passions dans l’ordre, la raison est devenue radicalement impuissante à les contenir dans le devoir, et à les empêcher de désirer ce qu’elle-même repousse. C’est pourquoi l’Apôtre nous dit que le péché, c’est-à-dire, un foyer de péché, habite dans la chair de l’homme, afin de nous faire bien comprendre qu’il n’est pas en nous pour un temps et comme un hôte qui passe, mais que, tant que nous vivons, il demeure en nous comme dans sa propre et perpétuelle habitation.
Ainsi donc, puisque nous sommes sans cesse aux prises avec des ennemis domestiques et intérieurs, il nous est facile de comprendre que nous devons chercher et trouver en Dieu notre secours, en Lui demandant que sa Volonté se fasse en nous.
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(1) Jac., 4, 1. — (2) Matth., 26, 41. — (3) Rom., 7, 18.
A suivre : § III. — CE QUE C’EST QUE LA VOLONTÉ DE DIEU.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.§ III. — CE QUE C’EST QUE LA VOLONTÉ DE DIEU.
Il ne faut pas laisser ignorer aux Fidèles quelle est la portée de cette demande. Sans entrer dans toutes les explications que les Docteurs scolastiques ont données sur cette question avec autant d’utilité que d’abondance, disons que la Volonté de Dieu dont il s’agit ici, est celle que l’on appelle communément la volonté de signe, c’est-à-dire ce que Dieu nous a ordonné ou conseillé de faire ou d’éviter.
Ainsi, sous le nom de volonté, nous comprenons tout ce qui a été établi, soit dans l’ordre de la Foi, soit dans l’ordre des mœurs, pour nous procurer le bonheur céleste ; enfin tout ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a ordonné ou défendu soit par Lui-même, soit par son Eglise. C’est de cette volonté que l’Apôtre nous dit1: « Ne soyez point impudents, mais comprenez quelle est la Volonté de Dieu. »
Lors donc que dans notre Prière nous disons à Dieu que votre Volonté soit faite, nous demandons avant tout à notre Père céleste de nous donner la force d’obéir à ses Commandements et de le servir dans la sainteté et la justice tous les jours de notre vie.
De faire tout selon sa volonté et son bon plaisir. De nous acquitter de tous les devoirs qui nous sont prescrits dans nos Saints Livres.
D’accomplir sous sa conduite et par son impulsion tout ce qui convient à ceux qui sont nés non de la chair, mais de Dieu 1, suivant l’exemple de Jésus-Christ, qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix. 2. Enfin d’être prêts à tout souffrir plutôt que de nous écarter en rien de sa Volonté.
Mais nul ne saurait réciter cette demande avec un amour plus intense et une ardeur plus vive que celui à qui il a été donné de comprendre la dignité sublime du Chrétien qui obéit à Dieu. Celui-là sent toute la vérité de cette parole: servir Dieu et Lui obéir, c’est régner ; et de celle-ci de Notre-Seigneur3: « Quiconque fera la Volonté de mon Père qui est dans les cieux, sera mon frère, ma sœur, et ma mère, c’est-à-dire. Je lui demeurerai attaché par les liens les plus étroits de la bienveillance et de l’amour. »
Parmi les saints, il n’en est presque point qui n’aient fait de la précieuse faveur renfermée dans cette demande, l’objet de leurs prières les plus instantes. très souvent même ils se sont servis pour cela de paroles aussi belles que variées. Mais l’un des plus admirables et des plus touchants dans cette diversité de prières, c’est David. tantôt il dit 4: « Faites que mes voies se dirigent vers l’observation de vos Commandements ; tantôt: conduisez-moi dans la voie de vos Commandements ; d’autres fois: dirigez mes pas selon votre parole et ne permettez pas que l’injustice domine en moi ; ou bien: donnez-moi l’intelligence, pour que je connaisse vos préceptes. Enseignez-moi vos jugements, et donnez-moi l’intelligence pour que j’entende vos témoignages. » Il répète et retourne la même pensée dans une multitude d’autres endroits, qu’il sera bon de signaler et d’expliquer avec soin aux fidèles, afin qu’ils comprennent parfaitement la grandeur et l’abondance de tous les biens renfermés dans cette demande.
En second lieu…
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(1) Eph., 5, 17. — (1) Joan., 1,13. — (2) Philipp., 2, 8.— (3) Matth., 12, 50. — (4) Psal., 118, 5, etc.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.§ III. — CE QUE C’EST QUE LA VOLONTÉ DE DIEU.(suite)
En second lieu, lorsque nous disons: que votre Volonté soit faite, nous détestons les œuvres de la chair, dont l’Apôtre a dit: les œuvres de la chair, c’est-à-dire toutes sortes d’impuretés sont manifestes, etc. Et: si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Dès lors nous demandons à Dieu de ne pas nous laisser accomplir ce que les sens, les passions et notre faiblesse pourraient nous conseiller, mais de régler notre volonté sur la sienne.
Les voluptueux, dont les pensées et les affections sont absorbées tout entières par l’amour du plaisir, sont bien éloignés de cette sainte Volonté de Dieu. Emportés par leurs passions, ils se précipitent à la conquête de ce qu’ils ont désiré, et placent le bonheur dans la satisfaction de leurs criminelles convoitises. Et ils en viennent à cet excès, de regarder comme heureux quiconque possède tout ce qu’il désire. nous, au contraire, nous demandons à Dieu, comme dit l’Apôtre 1, « de ne point noue laisser aller à contenter la chair dans ses convoitises ; mais de faire la Volonté de Dieu. »
Cependant, il faut convenir que c’est une chose difficile pour nous de demander à Dieu qu’Il ne contente pas nos passions. Sous ce rapport, notre esprit est difficile à persuader. D’une part, en faisant cette demande, nous paraissons avoir de la haine contre nous-mêmes ; et, de l’autre, ceux qui sont entièrement attachés à leurs corps, nous en font un crime et une folie. Mais subissons volontiers ce reproche de folie pour l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous dit clairement 1: « Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il se renonce lui-même. »
Ne savons-nous pas, d’ailleurs, qu’il vaut infiniment mieux désirer ce qui est juste et raisonnable que d’atteindre et posséder ce qui est contraire à la raison, à la vertu et à la Loi de Dieu ? Et celui-là n’est-il pas bien plus à plaindre, qui a obtenu ce qu’il recherchait inconsidérément et sous l’impulsion de la passion, que celui qui demeure privé même des choses légitimes qu’il souhaitait ? Au reste, non seulement nous demandons à Dieu de nous refuser l’objet de nos désirs naturels, puisqu’il est constant que nos désirs sont déréglés, mais encore de ne pas nous accorder ce que parfois nous demandons comme une chose qui nous paraît bonne, sous l’inspiration et la suggestion du démon, qui se transforme alors en ange de lumière.
Certes, le Prince des Apôtres…
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(1) Rom., 13, 14. — (1) Matth., 16, 24.
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:53 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation.)
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.§ III. — CE QUE C’EST QUE LA VOLONTÉ DE DIEU.(suite)
Certes, le Prince des Apôtres paraissait animé du zèle le plus pur et de l’amour le plus vrai, lorsqu’il s’efforçait de détourner Notre-Seigneur de ce voyage qui ne pouvait que Le conduire à la mort. Et cependant, comme il était mû par des sentiments trop humains, et non point par une raison surnaturelle, il en est vivement repris par Jésus-Christ.
Et pouvait-on, ce semble, faire une demande dictée par un amour plus sincère envers Notre-Seigneur, que celle de Saint Jacques et de Saint Jean, lorsque, remplis d’indignation contre les Samaritains qui avaient refusé de recevoir leur Maître, ils Le conjuraient de faire descendre le feu du ciel pour punir ces êtres durs et inhumains. Et pourtant Jésus-Christ les condamne en ces termes 1: « Vous ne savez point à quel esprit vous appartenez ; le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre les âmes, mais pour les sauver. »
Et ce n’est pas seulement quand l’objet de nos désirs est mauvais, ou bien quand il a quelque apparence de mal, que nous devons demander à Dieu que sa Volonté soit faite ; mais encore lorsque la chose que nous désirons n’est point mauvaise en réalité, comme, par exemple, lorsque la volonté, suivant le premier mouvement de la nature, se jette sur ce qui peut nous sauver la vie, et repousse au contraire ce qui semble lui -être nuisible.
Si donc nous nous trouvons dans le cas de demander à Dieu quelque chose de ce genre, disons-lui du fond du cœur: que votre Volonté soit faite ! imitons Celui qui nous a donné le salut, et la science du salut. Lorsque la nature Lui inspira cette crainte si vive de la mort cruelle qui L’attendait, et que son âme fut en proie à la tristesse la plus accablante, Il soumit entièrement sa Volonté à celle de Dieu son Père, en disant: 2 « Que votre volonté se fasse, et non pas la mienne. »
Mais, hélas ! notre nature a été si profondément atteinte par le péché d’Adam, que, même après avoir courageusement résisté à nos passions, après avoir humblement soumis notre volonté à celle de Dieu, il nous est impossible d’éviter le péché sans un secours surnaturel qui nous protège contre le mal et nous dirige vers le bien. Nous avons donc besoin de recourir à cette Prière et de demander à Dieu d’achever en nous ce qu’il a commencé, de comprimer les mouvements impétueux de notre cœur de soumettre nos appétits à la raison, et enfin de nous rendre en tout conformes à sa Volonté.
Nous demandons aussi que la terre entière connaisse la Volonté de Dieu, afin que le Mystère divin, qui demeura caché à tant de générations et à tant de siècles, soit maintenant révélé et manifesté à tous les hommes.
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(1) Luc., 9, 55. — (2) Luc., 22, 42.
A suivre : § IV. — SUR LA TERRE COMME AU CIEL.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.§ IV. — SUR LA TERRE COMME AU CIEL.
Nous demandons, de plus, la forme et la mesure de notre obéissance, c’est-à-dire qu’elle soit semblable à cette règle, que les saints Anges et tout le chœur des Bienheureux observent dans le ciel. Nous demandons en un mot que si les Anges et les Saints se conforment spontanément et avec un souverain plaisir à la très sainte Volonté de Dieu, nous, de notre côté, nous obéissions volontiers à tous ses ordres, et de la manière qui Lui plaît le plus.
Et de fait, dans tout ce que nous faisons et accomplissons à son service, Dieu demande de nous une véritable plénitude de Charité et d’amour ; de telle sorte que si nous nous consacrons entièrement à Lui par l’espoir des récompenses d’outre tombe, nous ne devons cependant les espérer que parce qu’il a plu à sa divine Majesté de nous donner cette Espérance. Il faut donc que notre Espérance soit tout entière fondée sur notre amour pour Dieu, puisqu’Il n’a promis qu’à l’amour la béatitude éternelle.
Il en est qui obéissent avec amour, mais cependant en vue de la récompense qui les attend. D’autres, uniquement conduits par l’amour et le dévouement, ne voient dans Celui qu’ils servent que sa Bonté et ses perfections dont la pensée les ravit d’admiration, et ils se trouvent très heureux de pouvoir Lui marquer leur soumission, en se consacrant à son service. Voilà le sens dans lequel nous disons: sur la terre comme au ciel. Car nous devons nous efforcer d’obéir à Dieu sur la terre, comme les Bienheureux lui obéissent dans le ciel. Or, n’oublions pas que David célèbre leur parfaite soumission dans ce beau cantique: 1 « Bénissez le Seigneur, vous qui êtes ses Anges et ses Ministres, et qui faites sa Volonté. »
Il est permis d’adopter ici l’interprétation de Saint Cyprien, qui par le ciel entend les bons et les justes, et par la terre, les méchants et les impies. On peut penser aussi comme lui que le ciel, c’est l’esprit, et la terre, la chair. En sorte que le fruit de cette demande est que tous les hommes et toutes les créatures soient en toutes choses parfaitement soumis à Dieu.
Cette même demande contient aussi une action de Grâces. Par elle, en effet, nous témoignons notre vénération pour la très sainte Volonté de Dieu, et dans le transport de notre joie, nous exaltons toutes ses œuvres par la louange et la reconnaissance la plus vive, nous qui savons mieux que personne qu’Il a bien fait toutes choses. Dieu est tout Puissant, cela est certain. Dès lors nous sommes obligés de reconnaître que tout a été fait par sa Volonté. Et comme d’autre part nous affirmons, sans crainte de nous tromper, qu’Il est infiniment bon, nous proclamons par là même qu’il n’y a rien dans ses œuvres qui ne soit bon, puisqu’Il a dû nécessairement leur communiquer sa Bonté. Mais comme, malgré tout, nous sommes loin de saisir les raisons de Dieu en toutes choses, cependant nous devons reconnaître sans hésitation, et en dépit de l’obscurité, que les voies de Dieu sont impénétrables. 1
Nous avons encore un autre puissant motif de vénérer la Volonté de Dieu, c’est qu’Il a daigné nous éclairer de sa céleste Lumière, et nous arracher à la puissance des ténèbres, pour nous transporter dans le Royaume de son Fils bien aimé. 2
Mais, pour terminer ici ce qui se rapporte à l’explication de cette demande…
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(1) Psal., 102, 21. — (1) Rom., 11, 33. — (2) Col., 1, 13.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
QUE VOTRE VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL.§ IV. — SUR LA TERRE COMME AU CIEL.
Mais, pour terminer ici ce qui se rapporte à l’explication de cette demande, il nous faut revenir à ce que nous avons dit au début, et rappeler aux Fidèles qu’ils doivent faire cette Prière avec une profonde humilité d’esprit et de cœur, réfléchissant en eux-mêmes à la violence de leurs passions naturelles, si opposées à la Volonté divine, et ne doutant point que dans les hommages rendus à cette Volonté sainte, ils sont inférieurs à toutes les créatures, dont l’Esprit Saint a dit: 3 « elles lui obéissent toutes », reconnaissant enfin qu’il faut être bien faible pour ne pas pouvoir sans le secours du ciel, non seulement achever, mais même entreprendre une seule action qui puisse être agréable à Dieu.
Mais puisqu’il y a rien de plus grand, rien de plus noble, comme nous l’avons dit, que de servir Dieu, et de régler sa vie sur ses Commandements, que peut-il y avoir de plus désirable pour un Chrétien que de marcher dans les voies du Seigneur , de ne rien penser, de ne rien faire qui s’écarte en quoi que ce soit de sa divine Volonté ?
Et pour adopter ces saintes habitudes, et pour y persévérer plus fidèlement, le Chrétien aura soin de chercher dans nos Saints Livres les exemples de ceux qui, n’ayant pas voulu soumettre tous leurs desseins à la Volonté de Dieu, ont vu tout se tourner contre eux.
Enfin il faut recommander aux Fidèles de se reposer uniquement et absolument dans la Volonté de Dieu.
Que celui-là donc supporte patiemment sa condition, qui se croit dans une situation inférieure à son mérite. Qu’il n’abandonne point son état, mais qu’il demeure dans celui où Dieu l’a placé. Qu’il soumette son propre jugement à la Volonté de Dieu, car Dieu veille mieux sur tous nos intérêts que nous ne pouvons le désirer nous-mêmes. Si la pauvreté, si la maladie, si les persécutions, les chagrins ou d’autres peines nous écrasent, n’oublions jamais que rien de tout cela ne peut nous arriver sans la Volonté de Dieu, qui est la raison souveraine et dernière de toutes choses. Et bien loin d’en être troublés ou de nous en affliger trop, supportons tout, avec un invincible courage et ces paroles sur les lèvres: 1 « Que la volonté du Seigneur se fasse », ou le mot du saint homme Job: 2 « Comme le Seigneur a voulu, il a été fait: que le nom du Seigneur soit béni ! »
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(3) Psal., 118, 91. — (1) Act., 21, 14. — (2) Job., 1, 21.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre quarante-troisièmeQuatrième demande de l'Oraison DominicaleDONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
La quatrième demande, et les autres qui suivent ont pour objet spécial, et nettement exprimé, les biens propres de l’âme et du corps. Elles se rattachent de très près et logiquement aux trois précédentes. tel est en effet l’ordre et la disposition de l’Oraison Dominicale, qu’après avoir demandé à Dieu ce qui se rapporte directement à Lui, nous passons ensuite à ce qui regarde le corps et la conservation de la vie présente.
De même en effet que les hommes doivent se porter vers Dieu, comme vers leur fin dernière, de même aussi, et par une raison identique, les biens de la vie humaine sont subordonnés aux biens du ciel, et nous ne devons les désirer et les demander qu’autant que l’ordre providentiel le permet, ou bien parce qu’ils nous servent de moyens pour acquérir les biens divins, et pour atteindre le but que nous devons toujours nous proposer. Ce but, c’est notre fin dernière ; en d’autres termes, le Royaume et la Gloire du Père céleste. Et cette fin nous ne pouvons l’obtenir que par l’observation des Commandements de Dieu et de toutes ses volontés. Ainsi tout ce qui est renfermé dans cette demande, avec toute la portée qu’elle possède, nous devons le rapporter exclusivement à Dieu et à sa Gloire.
A suivre : § I. — DE QUELLE MANIÈRE IL FAUT DEMANDER LES BIENS DE LA VIE.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.§ I. — DE QUELLE MANIÈRE IL FAUT DEMANDER LES BIENS DE LA VIE.
Les Pasteurs devront s’appliquer à bien faire comprendre aux Fidèles qu’en demandant des choses qui touchent à l’usage et à la jouissance des biens terrestres, nous devons toujours diriger notre cœur et nos désirs sur les prescriptions de Dieu, sans nous en écarter aucunement. Car c’est principalement en demandant ces biens vains et fragiles que nous tombons dans la faute que nous reproche l’Apôtre: 1 « Nous ne savons point ce que nous devons demander ni le faire comme il faut. » II faut donc demander ces choses d’une manière convenable. Autrement, si nous les demandons mal, Dieu pourrait nous répondre 1 « Vous ne savez pas ce que vous demandez. »
Nous possédons une marque certaine pour juger notre Prière, et savoir si elle est bonne ou mauvaise ; nous n’avons qu’à consulter notre intention et notre dessein. Ainsi demander les biens de la terre comme s’ils étaient des biens véritables, s’y arrêter et s’y reposer comme dans sa fin dernière, sans rien désirer au delà, ce n’est évidemment pas prier comme il faut. 2 « En effet, dit Saint Augustin, nous ne demandons point ces choses temporelles comme des biens mais comme des besoins. » Et l’Apôtre Saint Paul, écrivant aux Corinthiens, enseigne positivement que tout ce qui regarde les nécessités de la vie, doit être rapporté à la Gloire de Dieu. 3 « Soit que vous mangiez, dit-il, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelqu’autre chose, faites tout pour la Gloire de Dieu. »
Afin de faire sentir aux Fidèles l’extrême nécessité de cette demande, les Pasteurs leur mettront sous les yeux, en quelque sorte, les choses dont nous avons besoin pour la nourriture et la conservation de notre vie. Et pour leur rendre cette démonstration plus sensible, ils feront bien de comparer les besoins de notre premier Père avec ceux de ses descendants. Il est vrai que dans cet état de parfaite innocence où il avait été créé, et dont il fut privé par sa faute avec toute sa postérité, il eût été obligé de recourir à la nourriture pour réparer ses forces ; mais quelle différence entre ses besoins et les nôtres ! Il ne lui fallait ni vêtements pour se couvrir, ni habitation pour s’y retirer, ni armes pour se défendre, ni remèdes pour se guérir, ni beaucoup d’autres choses qui nous sont nécessaires à nous, pour protéger notre faiblesse et notre fragilité naturelle. II lui suffisait, pour se rendre immortel, de manger le fruit précieux que l’arbre de vie lui aurait procuré sans aucun travail de lui ou de ses descendants.
Cependant, au milieu de toutes les délices de ce paradis, l’homme ne devait point rester oisif. C’était pour travailler que Dieu l’avait placé dans ce séjour du bonheur. Mais nulle occupation ne lui eût été pénible, nul devoir désagréable. Il aurait recueilli perpétuellement les fruits les plus délicieux de la culture de ses heureux jardins ; ni ses espérances, ni son travail ne l’auraient jamais trompé.
Mais sa postérité n’a pas été seulement privée du fruit de l’arbre de vie, elle s’est encore vue condamnée par cette sentence effroyable : 1 « La terre est maudite dans votre travail ; vous mangerez de ses fruits dans vos travaux tous les jours de votre vie ; elle vous produira des ronces et des épines, et vous mangerez les herbes de la terre: à la sueur de votre front vous vivrez de votre pain jusqu’à ce que vous retourniez à la terre d’où vous avez été tiré ; vous êtes poussière et vous retournerez en poussière. »
Il nous est donc arrivé tout le contraire…
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(1) Rom., 8, 26. — (1) Matth., 20, 22. — (2) Lib., 2 de Serm. Dom. — (3) 1 Cor., 10, 31. — (1) Genes., 3, 17 et seq.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ I. — DE QUELLE MANIÈRE IL FAUT DEMANDER LES BIENS DE LA VIE.
(suite)
Il nous est donc arrivé tout le contraire de ce que nous eussions éprouvé, Adam et nous, s’il eût été fidèle au Commandement de Dieu. Tout a été retourné et changé de la manière la plus déplorable. Et ce qu’il y a de plus malheureux pour nous, c’est que, très souvent, les plus grandes dépenses, les travaux les plus durs, les sueurs elles-mêmes, tout reste vain et sans résultat. Les grains confiés à une terre ingrate sont étouffés par les mauvaises herbes qui les couvrent, ou bien ils périssent détruits par les pluies, le vent, la grêle, la chaleur ou la rouille, de sorte que l’on voit le labeur de toute une année réduit à rien en un instant par quelque injure de l’air ou des saisons. Malheur trop mérité, par l’énormité de nos fautes qui éloignent Dieu de nous, et L’empêchent de bénir nos efforts. Ainsi s’accomplit la terrible sentence prononcée contre nous dés le commencement.
Les Pasteurs voudront bien insister sur ce point, afin que les Fidèles n’ignorent pas que c’est par leur faute que les hommes éprouvent ces maux et ces calamités ; afin qu’ils comprennent aussi que si d’une part il faut travailler et souffrir pour se procurer les choses nécessaires à la vie, de l’autre toute espérance sera trompeuse, tout effort inutile, si Dieu ne bénit nos travaux. Car ni celui qui plante, n’est quelque chose, ni celui qui arrose ; mais Dieu qui donne l’accroissement 1. Et: si Dieu Lui-même ne bâtit point la maison, ceux qui l’élèvent travaillent en vain 2.
C’est pourquoi les Pasteurs enseigneront que nous avons besoin d’une multitude de choses, soit pour conserver notre vie, soit pour la passer d’une manière agréable. Lorsque les Fidèles auront conscience de ces besoins et de l’infirmité de notre nature, ils se sentiront obligés de recourir au Père céleste, et de Lui demander humblement les biens de la terre et du ciel, ils imiteront l’enfant prodigue qui, pressé par le besoin dans une contrée lointaine, et ne trouvant personne pour apaiser sa faim, même en lui donnant la plus vile nourriture, rentra enfin en lui-même et comprit qu’il ne trouverait qu’auprès de son Père le remède à ses maux.
Mais ce qui augmentera encore la confiance des Fidèles dans cette Prière, ce sera de penser que Dieu, dans sa Bonté infinie, est toujours attentif à la voix de ses enfants. Et de fait, puisqu’il nous exhorte à Lui demander notre pain, n’est-ce pas une véritable promesse qu’Il nous fait de l’accorder en abondance à tous ceux qui le demanderont comme il convient ? En nous apprenant à prier, Il nous exhorte à le faire ; en nous exhortant, II nous y porte ; en nous y portant Il promet, et en promettant Il fait naître en nous l’espérance certaine d’être exaucés.
Après avoir excité et enflammé l’ardeur des Fidèles, le Pasteur ne manquera pas de leur expliquer ensuite ce que l’on sollicite comme fruit de cette demande, et d’abord quel est ce pain que nous demandons.
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(1) I. Cor., 3, 7. — (2) Psal., 126, 1.
A suivre : § II. — NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ II. — NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
Ce nom de pain, dans la sainte Ecriture, signifie beaucoup de choses, mais spécialement les deux suivantes premièrement tout ce qui sert à notre nourriture, et en général à tous les besoins du corps, secondement toutes les grâces que Dieu nous accorde pour la vie de notre âme et pour notre salut.
C’est sur l’autorité des saints Pères, très affirmatifs sur ce point, que nous demandons tout ce qui est nécessaire pour notre vie terrestre. Il ne faut donc pas écouter ceux qui prétendent qu’il n’est pas permis à des Chrétiens de demander à Dieu les biens matériels de cette vie. C’est une erreur combattue par tous les saints Pères, et contraire à un grand nombre d’exemples de l’Ancien et du nouveau testament. Ainsi Jacob, en faisant son vœu, disait: 1 « Si le Seigneur est avec moi, qu’Il me garde dans la route que je fais, et qu’Il me donne du pain pour me nourrir et des vêtements pour m’habiller, et que je retourne heureusement à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu, et cette pierre que j’ai élevée pour témoignage sera appelée maison de Dieu, et je Lui offrirai la dîme de tout ce, qu’Il m’aura donné. »
Salomon demandait aussi ce qui est nécessaire à la vie matérielle, lorsqu’il faisait cette Prière: 2 « Ne me donnez ni la pauvreté, ni les richesses, mais accordez-moi seulement les choses nécessaires pour ma subsistance. »
Et notre Sauveur Lui-même ne nous ordonne-t-Il pas de demander des choses dont personne n’oserait nier qu’elles se rapportent à la vie du corps ? Priez, disait-il 3, que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni le jour du Sabbat. Que dirons-nous de Saint Jacques, dont voici les paroles: 4 « Si quelqu’un de vous est triste, qu’il prie ; s’il est dans la joie, qu’il chante. » Que dirons-nous enfin de l’Apôtre Saint Paul, qui parlait ainsi aux Romains: 5 « Je vous conjure, mes Frères, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, et par la Charité du Saint-Esprit, de m’aider dans vos Prières pour moi auprès de Dieu, afin que je sois délivré des infidèles qui sont en Judée. »
Ainsi donc, puisque Dieu permet aux Fidèles de Lui demander le secours des biens temporels, et que d’autre part Notre-Seigneur nous a laissé une formule de prières qui renferme tous nos besoins, il est impossible de douter que sur les sept demandes, il n’y en ait une pour ces sortes de biens.
Nous demandons le pain quotidien , c’est-à-dire ce qui est nécessaire à la vie, et par là nous devons entendre les vêtements pour nous couvrir et les aliments pour nous nourrir, quelle que soit d’ailleurs cette nourriture, pain ; viande, poisson ou toute autre chose. C’est dans ce sens que nous voyons ce mot employé par le Prophète Elisée, lorsqu’il avertit le Roi d’Israël de fournir du pain aux soldats Assyriens: car on leur donna toutes sortes d’aliments en abondance. Voici également ce que nous lisons de Jésus-Christ: 1 « Il entra un jour de Sabbat dans la maison de l’un des principaux Pharisiens pour y manger le pain, » c’est-à-dire pour y prendre un repas, lequel se compose du boire et du manger.
Mais pour bien marquer le sens précis de cette demande, il ne faut point perdre de vue que par ces mots de pain nous entendons signifier non des mets et des vêtements recherchés et nombreux mais seulement le simple nécessaire.
C’est la pensée de l’Apôtre Saint Paul, dans ce passage 2 « ayant de quoi nous nourrir et nous vêtir, soyons, contents ». Et Salomon que nous avons déjà cité, ne demandait pas autre chose: 3 « donnez-moi seulement, disait-il, ce qui est nécessaire pour sa subsistance »
Le mot notre qui accompagne celui de pain nous rappelle…
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(1) Genes., 28, 20. — (2) Prov., 30, 8. — (3) Matth., 24, 20. — (4) Jac., 5, 13. — (5) Rom., 15, 30. — (1) Luc., 14, 1. — (2)Tim., 6, 8. — (3) Prov., 30, 8.
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§ II. — NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
(suite)
Le mot notre qui accompagne celui de pain nous rappelle aussi cette modération et cette frugalité dont nous parlons. En effet, lorsque nous disons notre pain , nous demandons positivement le pain de la nécessité, et non pas le pain du luxe. Et il faut remarquer de plus que nous disons notre , non point parce que nous pouvons nous le procurer par notre travail et sans le secours de Dieu — car r toutes les créatures , dit David en s’adressant à Dieu, attendent que Vous leur donniez leur nourriture au temps marqué. Vous la donnerez, et elles la recevront ; Vous ouvrirez votre main, et elles seront toutes rassasiées de vos biens . Ailleurs il dit encore: les yeux de toutes les créatures espèrent en vous, Seigneur, et Vous leur donnez leur nourriture au temps convenable — nous disons notre pain, parce qu’il nous est nécessaire, et que Dieu seul nous le donne, Dieu qui est le Père de toutes choses et qui nourrit tous les êtres animés par sa sainte Providence.
Nous l’appelons encore notre , ce pain, parce que nous ne devons l’acquérir que par des moyens légitimes, et ne pas nous le procurer par l’injustice, la fraude, ou le vol. Ce que nous obtenons par des voies coupables, n’est point à nous, mais aux autres ; et trop souvent de graves ennuis en accompagnent l’acquisition, ou la possession ou à coup sûr la perte. Au contraire les richesses honnêtement acquises par le travail sont, au témoignage du Prophète, une source de paix et de grande satisfaction pour les gens vertueux. « Parce que vous vous nourrirez du travail de vos mains , dit-il 1, vous serez heureux et comblés de biens . » C’est qu’en effet Dieu dans sa Bonté promet de bénir et de faire fructifier le travail de ceux qui ne voient dans leurs fatigues quotidiennes que le moyen providentiel de gagner leur vie. « Le Seigneur , est-il dit dans nos Saints Livres 2, versera ses bénédictions sur vos celliers, et sur tous les ouvrages de vos mains, et Il vous bénira. » Et non seulement nous demandons à Dieu qu’Il nous permette d’user de ce que nous avons acquis grâce à Lui, par nos sueurs et notre énergie — et qu’à ce titre nous appelons vraiment notre — mais encore nous Lui demandons la bonne disposition du cœur qui nous fera user avec sagesse et légitimement de ce que nous aurons légitimement acquis.
Quotidien. Ce mot nous rappelle aussi cette frugalité et cette modération dont nous parlions tout à l’heure. Nous ne demandons ni la variété, ni la délicatesse des mets, mais uniquement ce qui est nécessaire aux besoins de la nature. Nous ne craignons pas de faire rougir de honte certaines personnes qui dédaignent une nourriture et une boisson communes, et sont toujours en quête de ce qu’il y a de plus exquis dans les aliments et dans les vins.
Ce même mot: quotidien , n’est-il pas aussi la condamnation de ceux à qui s’adressent ces terribles menaces d’Isaïe: 1 « Malheur à vous, qui joignez une maison à une autre, un champ à un autre, jusqu’à l’extrémité du pays où vous êtes ? est-ce que vous habiterez seuls au milieu de la terre ? » Ces hommes en effet, sont d’une avidité insatiable ; et c’est d’eux que Salomon disait: 2 « L’avare ne sera jamais rassasié d’or », et Saint Paul: 3 « Ceux qui veulent devenir riches tomberont dans la tentation et dans les filets du démon. »
Nous appelons encore ce pain quotidien , parce que nous nous en nourrissons, pour réparer le principe vital qui se consume tous les jours par l’effet de la chaleur naturelle.
Enfin, une dernière raison de nous servir de ce mot quotidien , c’est que nous devons demander ce pain tous les jours, afin de nous retenir dans l’habitude d’aimer et d’adorer Dieu tous les jours, et de nous convaincre absolument de cette vérité essentielle, que notre vie et notre salut dépendent entièrement de Dieu.
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(1) Psal., 127, 2. — (2) Deut., 28, 8. — (1) Is., 5, 8. — (2) Eccl., 5, 9. — (3) 1 Tim., 6, 9.
A suivre : § III. — DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI.
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Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ III. — DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI.
Donnez-nous. Dans ces deux simples mots, quelle abondante matière offerte aux Pasteurs pour exhorter les Fidèles à honorer et à respecter, avec toute la piété possible, l’infinie Puissance de Dieu qui dispose de tout absolument. Et à détester le crime exécrable de Satan, l’orgueilleux et le menteur qui osa dire à Jésus-Christ: 1 « Toutes choses m’ont été livrées, et je les donne à qui je veux. » Car c’est le seul bon plaisir de Dieu qui distribue, qui conserve, et qui augmente tout.
Mais, dira-t-on, pourquoi imposer aux riches la nécessité de demander leur pain quotidien, puisqu’ils sont dans l’abondance de toutes choses ? C’est, répondons-nous, non afin qu’ils obtiennent des biens dont la bonté de Dieu les a comblés, mais afin qu’ils ne les perdent point. Au surplus c’est pour eux que l’Apôtre Saint Paul a écrit: 2 « Que les riches ne devaient point être orgueilleux, ni mettre leur confiance dans l’incertain des richesses, mais dans le Dieu vivant qui nous donne abondamment de quoi fournir à nos besoins. » Une autre raison que donne Saint Chrysostome, de la nécessité de cette Prière: 3 « C’est que nous devons demander, non pas seulement que la nourriture nous soit donnée, mais qu’elle nous soit donnée par la main du Seigneur qui, en lui communiquant une vertu bienfaisante et tout à fait salutaire, fait que cette nourriture profite au corps, et que le corps sert l’âme. »
Mais pourquoi disons-nous: donnez-nous , au pluriel, et non pas: donnez-moi ? Parce que c’est le propre de la Charité chrétienne, que chacun ne songe pas seulement à soi-même, mais qu’il s’intéresse aussi au prochain, et qu’en s’occupant de ses propres intérêts, il se souvienne aussi de ceux des autres. Joignez à cela que lorsque Dieu accorde des avantages à quelqu’un, ce n’est pas pour que celui-là en profite seul, ou qu’il en jouisse avec intempérance, mais pour qu’il distribue aux autres son superflu 1 . « Car, disent Saint Basile et Saint Ambroise, C’est le pain de ceux qui ont faim que vous retenez, c’est le vêtement de ceux qui sont nus que vous cachez, et cet argent que vous enfouissez dans la terre, c’est le rachat, c’est la délivrance des malheureux. »
Aujourd’hui. Ce mot nous avertit tous de notre commune faiblesse. Car quel est l’homme qui, même s’il n’espère pas pouvoir par ses seules ressources s’assurer pour un temps un peu long les choses nécessaires à la vie, ne se flatterait du moins de se suffire à lui-même durant l’espace d’un jour ? et cependant Dieu n’autorise pas cette confiance en nous, puisqu’Il nous a fait un commandement de Lui demander notre pain de tous les jours. Et ceci est fondé sur cette raison capitale, qu’ayant tous et chaque jour besoin de nourriture, chaque jour aussi nous devons tous la demander dans l’Oraison Dominicale.
Voilà ce que nous avions à dire du pain matériel qui nourrit et soutient le corps, qui est commun aux Fidèles et aux infidèles, aux justes et aux impies, qui est distribué à tous par l’admirable bonté de Dieu, « qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »1
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(1) Luc., 4, 6. — (2) 1 Tim., 6, 17. — (3) Hom., 14. — (1) Hom., 14 et Hom., 6. — (1) Matth., 5, 45.
A suivre : § IV. — DU PAIN SPIRITUEL.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ IV. — DU PAIN SPIRITUEL.
Reste le Pain spirituel dont nous avons également à parler ici. Or, ce Pain signifie et comprend tout ce don nous avons besoin en cette vie pour le salut et la sanctification de notre âme. Car de même qu’il y a différente espèces d’aliments propres à nourrir notre corps, de même aussi il existe plus d’un genre de nourriture capable d’entretenir la vie de l’esprit et de l’âme.
Et d’abord la Parole de Dieu est véritablement une nourriture de l’âme. « Venez, dit la Sagesse 2, mangez mon Pain et buvez le Vin que j’ai préparé pour vous. »
Et lorsque Dieu enlève aux hommes le bienfait de sa Parole — ce qu’Il fait ordinairement pour les punir de quelque grand crime — on dit alors qu’Il les afflige par la famine. Ecoutons le Prophète Amos: 3 « J’enverrai la famine sur la terre ; non la famine du pain, ni la soif de l’eau, mais celle de la parole de Dieu. »
Et comme c’est un signe certain de mort prochaine de ne pouvoir plus prendre de nourriture, ou de ne plus supporter celle que l’on a prise, ainsi c’est une marque presque certaine d’éternelle réprobation de ne point rechercher la Parole de Dieu, de ne la point supporter, lorsqu’on l’entend, et d’oser répéter à Dieu ces paroles épouvantables 4 « Retirez-Vous de nous, nous n’avons que faire de connaître la science de vos voies. »
On trouve cet aveuglement, cette fureur insensée, chez ceux qui abandonnent leurs chefs légitimes, c’est-à-dire les Evêques et les Prêtres, qui se séparent de la sainte Eglise Romaine, pour se faire les disciples des hérétiques qui ne savent que corrompre la Parole de Dieu. Ensuite Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même est ce Pain qui est vraiment la nourriture de l’âme. N’a-t-il pas dit Lui-même: 1 « Je suis le pain vivant descendu du ciel » ? Et il est impossible d’imaginer la joie et le bonheur que ce Pain surnaturel procure aux âmes pieuses, même lorsqu’elles sont aux prises avec les plus grands chagrins et les plus cruels mécomptes. nous le voyons par l’exemple des saints Apôtres dont il est dit: 2 « qu’ils sortirent du conseil, et s’en allèrent pleins de joie. » Les vies des Saints sont remplies de traits semblables ; et Dieu Lui-même, en parlant de ces délices intérieures des âmes justes, nous dit: 3 « Je donnerai au vainqueur une manne cachée. »
Mais c’est principalement dans le Sacrement de l’Eucharistie, où il est substantiellement présent, que notre Seigneur Jésus-Christ est, à proprement parler, notre Pain, [le Pain de nos âmes]. Et c’est lorsqu’Il était sur le point de retourner à son Père qu’Il nous donna ce gage incompréhensible de son amour, dont Il a dit Lui-même: 4 « Celui qui mange ma Chair et qui boit mon Sang, demeure en Moi, et Moi en lui ; 5 venez et mangez, ceci est mon Corps. »
Pour l’utilité et l’instruction des Fidèles, les Pasteurs feront bien, sur le point qui nous occupe, de consulter le chapitre de ce catéchisme, où nous traitons séparément de la nature et de la vertu de l’Eucharistie.
Ce Pain, que nous appelons notre Pain…
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(2) Prov., 9, 5. — (3) Amos, 8, 11. — (4) Job., 21, 14. — (1) Joan., 6, 41. — (2) Act., 5, 41. — (3) Apoc., 2, 17. — (4) Joan., 6, 57. — (5) Matth., 26, 26.
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Louis- Admin
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
DONNEZ-NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN QUOTIDIEN.
§ IV. — DU PAIN SPIRITUEL.
(suite)
Ce Pain, que nous appelons notre Pain n’est cependant que le Pain des Fidèles, c’est-à-dire de ceux qui, remplis de Foi et de Charité, effacent les souillures de leurs péchés dans le sacrement de Pénitence, et qui, se gardant bien d’oublier qu’ils sont les enfants de Dieu, honorent et reçoivent ce divin Sacrement avec toute la piété et le respect dont ils sont capables.
Mais pourquoi Jésus-Christ est-il notre Pain quotidien ? en voici deux raisons excellentes: La première, c’est que chaque jour, dans les sacrés Mystères de l’Eglise, on L’offre à Dieu, et on Le distribue à ceux qui Le demandent avec innocence et piété. La seconde, c’est que nous devrions chaque jour prendre cette nourriture, ou tout au moins vivre de telle sorte que nous puissions tous les jours nous en nourrir, si cela nous était possible. Ecoutez, vous qui prétendez que l’on ne doit prendre cette nourriture de l’âme qu’à de longs intervalles, écoutez Saint Ambroise: 1 « Si c’est un Pain quotidien, dit-il, pourquoi ne le mangez-vous qu’une fois l’an ?
Mais, en expliquant cette demande, l’un des points sur lesquels il importe le plus de donner une conviction aux Fidèles, c’est que, après avoir employé toute leur sagesse et toute leur habileté pour se procurer les choses nécessaires à la vie, ils doivent en remettre le succès à Dieu, et régler leurs désirs sur sa Volonté. Car Dieu , dit le Prophète 2, ne laissera point le juste dans une éternelle agitation. En effet, ou bien Dieu leur accordera ce qu’ils Lui demandent, et alors leurs désirs seront satisfaits ; ou bien Il ne l’accordera pas, et alors ils auront une preuve manifeste qu’il n’y avait rien ni de salutaire ni d’utile dans ce qu’Il aura refusé à ses justes. Car Il a bien plus de sollicitude pour leur salut, qu’ils ne peuvent en avoir eux-mêmes. Les Pasteurs, pour développer davantage cette considération et la mettre en lumière, pourront consulter avec fruit la remarquable lettre de Saint Augustin à Proba.
Enfin, nous terminons ce que nous avions à dire sur cette quatrième demande, en rappelant aux riches qu’ils doivent rapporter à Dieu, de qui ils les tiennent, leur fortune et leurs grandes ressources, et ne jamais oublier qu’ils n’ont été comblés de tous ces biens que pour en faire part aux indigents. Ainsi l’enseigne l’Apôtre Saint Paul dans sa première épître à Timothée. Les Pasteurs n’ont qu’à la consulter ; ils y trouveront en abondance tout ce dont ils ont besoin, pour expliquer clairement aux Fidèles un si important sujet.
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(1) Lib., 5, de Sac. c., 4. — (2) Psal., 54, 23.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
Chapitre quarante-quatrième
Cinquième demande de l'Oraison DominicalePARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.
Il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour apercevoir la Puissance infinie, la Sagesse et la Bonté de Dieu. Elles éclatent de toutes parts, dans une multitude de choses. Partout où nous pouvons porter nos regards et notre pensée, nous sommes en face des preuves les plus admirables et les plus certaines de ce pouvoir et de cette bienveillance sans bornes. Néanmoins, rien ne manifeste mieux l’amour immense que Dieu a pour nous, et son incompréhensible Charité, que l’ineffable mystère de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voilà la Source intarissable qui purifie les souillures de nos péchés, et où nous demandons à Dieu la grâce d’être plongés et purifiés quand nous disons: pardonnez-nous nos offenses .
Cette Prière renferme donc, comme en une sorte d’abrégé, tous les biens dont le genre humain a été comblé par Jésus-Christ. C’est l’affirmation formelle d’Isaïe:1 « L’iniquité de la maison de Jacob , dit-il, lui sera pardonnée et le comble des avantages pour elle, c’est que son péché sera effacé . » David dit aussi la même chose, en chantant le bonheur de ceux qui ont pu participer à cette faveur si précieuse: 2 « Heureux, ceux dont les iniquités ont été remises. »
Les Pasteurs auront donc à étudier et à expliquer avec beaucoup de soin cette cinquième demande dont nous connaissons l’extrême importance au point de vue du Salut.
Ici, nous entrons dans un nouvel ordre de Prière. Jusqu’ici en effet, nous avons demandé à Dieu non seulement les biens éternels et spirituels, mais encore les avantages périssables qui se rapportent à cette vie. Maintenant nous Le prions d’éloigner de nous les maux de l’âme et ceux du corps, les maux du temps et ceux de l’éternité. Mais comme il est nécessaire, pour être exaucé, de demander convenablement, il nous parait utile de bien marquer les dispositions dans lesquelles il faut être pour adresser à Dieu cette Prière.
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(1) Is. 27, 9. — (2) Ps. 54, 29.
A suivre : § I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.
§ I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.
Les Pasteurs ont donc à prévenir les Fidèles que celui qui veut s’approcher de Dieu pour Lui faire cette demande, est obligé d’abord de reconnaître ses propres fautes, puis de ressentir une véritable douleur de les avoir commises, et en même temps d’être bien persuadé que Dieu a la volonté de pardonner à tous les pécheurs qui sont dans les dispositions que nous venons de rappeler. Autrement, le souvenir plein d’amertume et la vue effrayante de tous nos péchés pourraient nous jeter dans le désespoir de Caïn et de Judas, qui ne voulurent voir en Dieu qu’un Vengeur et un Justicier, et non point la Bonté même de la Miséricorde infinie.
La principale disposition que nous devons apporter à cette Prière est donc de reconnaître nos fautes avec une vraie Contrition, et de nous adresser à Dieu comme à un Père et non point comme à un Juge. En un mot nous devons Lui demander de nous traiter non d’après sa Justice, mais selon sa Miséricorde.
Or, nous n’aurons aucune peine à confesser que nous sommes de pauvres pécheurs, si nous voulons écouter ce que Dieu Lui-même nous dit dans nos Saints Livres par la bouche de David: 1 « Ils se sont tous égarés ; tous se sont corrompus. Il n’en est pas qui fasse le bien, non, pas un seul, » Salomon dit dans le même sens: 2 « Il n’y a point de juste sur la terre qui fasse le bien et ne pèche jamais ; » puis encore: 3 « Qui peut dire: mon cœur est pur ; je suis exempt de péché ? » et pour détourner les hommes de l’orgueil, Saint Jean a écrit: 4 « Si nous nous disons sans péché nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous ; » enfin Jérémie: 5 « Tu as dit: Je suis sans péché, je suis innocent, éloignez donc de moi votre colère. Eh bien ! voilà que Je vais entrer en jugement avec toi, parce que tu as dit: Je n’ai pas péché. »
Tous ces témoignages que Notre-Seigneur Jésus-Christ avait donnés au monde par la bouche des Prophètes, II a voulu les confirmer Lui-même en nous prescrivant une Prière qui nous oblige à confesser nos fautes. Il est défendu d’entendre cette demande dans un autre sens, le décret du Concile de Milève est formel: 1 « Si quelqu’un interprète ces paroles de l’Oraison Dominicale: pardonnez-nous nos offenses, comme si les Saints ne les prononçaient que par humilité et non point avec sincérité et vérité, nous voulons qu’il soit anathème. » Et en effet, qui pourrait souffrir un homme capable de mentir non aux hommes mais à Dieu même, et affirmant de bouche qu’il veut être pardonné, pendant que dans son cœur il prétendrait n’avoir pas besoin de pardon !
Mais dans cette reconnaissance nécessaire de nos péchés, il ne suffit pas de nous les rappeler légèrement, il faut que ce souvenir nous soit amer, qu’il pénètre au fond de notre cœur, y éveille le remords et nous inspire une vive douleur. Aussi bien les Pasteurs auront grand soin d’insister sur cette vérité, pour convaincre les Fidèles qui sont obligés non seulement de se rappeler leurs iniquités et leurs désordres, mais de se les rappeler avec une douleur profonde et un repentir sincère. Ainsi, le cœur vraiment contrit, ils se jetteront dans les bras de Dieu leur Père, et ils Le supplieront en toute humilité d’arracher de leurs âmes les terribles aiguillons du péché.
Et ils ne se contenteront pas de…
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(1) Psal., 13, 3 et 52, 4. — (2) Eccl., 7, 21. — (3) Prov., 20, 9. — (4) Joan., 1, 8. — (5) Jer., 2, 35. — (1) Cap., 7, 8, 9.
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PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.(suite)
Et ils ne se contenteront pas de mettre sous les yeux des Fidèles toute la laideur du péché, ils leur représenteront encore l’indignité et la bassesse de l’homme, qui n’étant rien par lui-même que corruption et péché ne laisse pas d’offenser lâchement l’incompréhensible Majesté, l’Excellence infinie de ce Dieu qui l’a créé, qui l’a racheté et l’a enrichi d’une multitude innombrable de grâces et de bienfaits.
Et pourquoi ? pour se séparer de Dieu son Père qui est le souverain Bien, et pour aller, séduit par la honteuse récompense du péché, se vouer au démon et à la plus misérable des servitudes. Car on ne saurait dire avec quelle cruauté Satan règne sur l’esprit de ceux qui ont abandonné le joug si léger de la Loi de Dieu, et rompu le lien si doux qui nous attache à Lui, pour passer à cet ennemi acharné que nos Saints Livres appellent: 1 « Le prince et le maître de ce monde, 2 le prince des ténèbres, 3 le roi de tous les fils de l’orgueil. » Car c’est bien aux malheureux opprimés sous la tyrannie du démon, que peuvent s’appliquer les paroles d’Isaïe: 4 « Seigneur notre Dieu, d’autres maîtres que vous nous ont possédés. »
Si nous sommes peu touchés d’avoir perdu la Charité de Dieu et d’en avoir brisé les liens, soyons-le du moins par les calamités et les misères dans lesquelles nous précipite le péché. Il viole la sainteté de notre âme que nous savons être l’épouse de Jésus-Christ, il profane en elle le temple du Seigneur, et l’Apôtre prononce contre ceux qui souillent ce temple, ce terrible anathème: 5 « Si quelqu’un viole le temple du Seigneur, le Seigneur le perdra. » Enfin les maux que le péché attire sur l’homme sont innombrables ; c’est comme une peste générale que David a exprimée en ces termes: 1 « A la vue de votre colère, il ne reste rien de sain dans mon corps ; et il n’y a plus de paix dans mes os à la vue de mes péchés. » Pouvait-il mieux caractériser la gravité du mal que le péché lui avait fait, que d’avouer qu’il n’y avait aucune partie de son corps qui n’en eût été blessée, que cette peste avait pénétré jusque dans ses os, c’est-à-dire, avait infecté sa raison et sa volonté qui sont les deux parties les plus fortes de l’âme ? La sainte Ecriture nous peint bien l’étendue des ravages du péché, quand elle donne au pécheur le nom de boiteux, de sourd, de muet, d’aveugle, et de paralytique de tous les membres.
Mais il faut le dire…
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(1) Joan., 14, 30. — (2) Eph., 6, 12. — (3) Job., 41, 25. — (4) Isa., 26, 13. — (5) 1 Cor., 3, 17. — (1) Psal., 37, 4.
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Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente
A suivre : § II. — CONFIANCE EN DIEU.PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.§ I. — DES DISPOSITIONS NÉCESSAIRES POUR FAIRE CETTE PRIÈRE. — REPENTIR.(suite)
Mais il faut le dire, outre la douleur que David ressentait de la grandeur de son crime, il était surtout plongé dans la plus cruelle affliction à la vue de la colère de Dieu qu’il savait avoir allumée par son péché. Car Dieu, qui se sent offensé par nos crimes, au delà de ce que nous pouvons concevoir, déclare au pécheur une guerre implacable, Saint Paul le dit: 2 « La colère et l’indignation, la tribulation et l’angoisse, voilà le partage de tout homme qui fait le mal ! »
Sans doute l’acte du péché passe, mais la tache et la culpabilité restent ; et la colère de Dieu, toujours menaçante, suit le pécheur comme l’ombre suit le corps. David se sentant pressé par les aiguillons de cette redoutable colère, demandait avec ardeur le pardon de ses fautes. Il nous a laissé dans le Psaume cinquantième un modèle de douleur, avec les raisons et les motifs de cette douleur. Les Pasteurs feront bien de le mettre sous les yeux des Fidèles afin qu’à l’exemple du Prophète ils puissent s’exciter à un véritable repentir, à une douleur sincère de leurs péchés, et concevoir l’espérance du pardon.
II est en effet très utile d’enseigner aux Fidèles les moyens d’exciter en eux le repentir de leurs fautes ; et Dieu Lui-même, par la bouche du Prophète Jérémie, exhortant les enfants d’Israël à faire pénitence, leur recommandait de bien méditer sur les effets toujours désastreux du péché. « Voyez , leur dit-Il, 1 les maux et les afflictions qui vous arrivent pour avoir abandonné le Seigneur votre Dieu, et pour n’avoir pas conservé ma crainte en votre cœur, dit le Seigneur Dieu des armées. »
Ceux qui ne reconnaissent point leurs péchés et n’en éprouvent point un sincère repentir, n’ont qu’un cœur dur 2, un cœur de pierre 3, un cœur de diamant 4, selon les expressions d’Isaïe, d’Ezéchiel et de Zacharie. Semblables en effet à la pierre, aucune douleur ne les amollit ; ils n’ont aucun sentiment de vie véritable, précisément parce qu’ils manquent de ce double sentiment dont nous venons de parler, l’aveu et le repentir de leurs péchés.
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(2) Rom., 2, 8, 9. — (1) Jer., 2, 19. — (2) ] Isa.., 46, 12. — (3) Ezech., 36, 26. — (4) Zach., 7, 12.
Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:55 pm, édité 1 fois
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