Notre Père : explication du Saint Concile de Trente

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:17 pm

Chapitre quarante-cinquième


Sixième demande de l'Oraison Dominicale

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

Lorsque les enfants de Dieu ont obtenu la Rémission de leurs péchés, ils se sentent embrasés du désir de Lui rendre l’adoration et le culte qu’Il mérite, ils soupirent après le Royaume céleste, ils s’acquittent fidèlement envers la Majesté divine de tous les devoirs de la piété, et ils en viennent à être entièrement soumis à sa Volonté paternelle et à sa sainte Providence. Mais c’est alors aussi, cela est bien connu, que l’ennemi du genre humain déploie tous ses artifices, met en œuvre toutes ses ruses et apprête toutes ses machines de guerre, pour les attaquer. Il y a donc lieu de craindre que leurs résolutions ne soient ébranlées et changées, qu’eux-mêmes ne retombent de nouveau dans le mal et ne deviennent pires qu’auparavant. C’est d’eux que le Prince des Apôtres a pu dire avec raison: 1 « Il eût mieux valu pour eux qu’ils n’eussent point connu la voie de la justice, que de retourner en arrière après l’avoir connue, et d’abandonner la Loi Sainte qui leur avait été donnée. »
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(1) 2 Pet., 2, 21.
A suivre : § I. — POURQUOI JÉSUS-CHRIST NOUS A ORDONNÉ CETTE SIXIÈME DEMANDE ?

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:19 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ I. — POURQUOI JÉSUS-CHRIST NOUS A ORDONNÉ CETTE SIXIÈME DEMANDE ?

Aussi Notre-Seigneur Jésus-Christ nous a-t-Il fait de cette Prière un Commandement, afin de nous obliger à implorer tous les jours le secours de Dieu, et à nous recommander à sa Bonté paternelle. Car il n’est pas douteux, s’Il vient à nous abandonner, que nous ne soyons bientôt pris dans les filets de nos perfides ennemis. Et ce n’est pas seulement dans l’Oraison Dominicale que Jésus-Christ nous a ordonné de demander à Dieu de ne pas nous induire en tentation ; Il a porté le même Commandement dans cet entretien qu’Il eut avec ses Apôtres, quelques heures avant sa Mort. Après leur avoir dit en effet: 1 « qu’ils étaient tous purs, » Il ajouta: 2 « priez, pour que vous n’entriez point en tentation ». Ce double Commandement de notre Seigneur est pour les Pasteurs un motif très pressant d’exhorter avec le plus grand soin les Fidèles à réciter fréquemment cette Prière. Puisque le démon notre ennemi sème à toute heure sous nos pas les plus terribles dangers, il faut qu’à toute heure aussi nous puissions nous adresser à Dieu, qui seul peut nous en préserver, et Lui dire: ne nous induisez point en tentation.

Or les Fidèles comprendront parfaitement tout le besoin qu’ils ont de l’assistance divine, s’ils se souviennent de leur faiblesse et de leur ignorance, s’ils se rappellent cette maxime de Notre-Seigneur Jésus-Christ: « L’esprit est prompt, et la chair est faible ; » et s’ils considèrent enfin que nos chutes, avec la malice et la haine du démon, sont presque toujours graves et mortelles, si la main de Dieu ne nous soutient. Quel exemple plus sensible de la faiblesse humaine que celui du collège sacré des Apôtres ! Ils avaient fait preuve de la plus grande fermeté, et un instant après, au premier péril, ils abandonnent le Seigneur, et prennent la fuite. Exemple plus frappant encore ! Saint Pierre, le Prince des Apôtres, avait tiré de son cœur une magnifique profession de courage et en même temps de l’amour le plus sincère pour Jésus-Christ, il avait dit, plein de confiance en ses propres sentiments: 1 « Quand même il me faudrait mourir avec Vous, je ne Vous renierai point, » et une heure plus tard, à la voix d’une servante, il se trouble, et va jusqu’à jurer qu’il ne connaît point le Seigneur. Ses forces, à coup sûr, ne répondaient pas à la vivacité de ses sentiments.

Mais si les hommes les plus saints ont été les victimes de la fragilité humaine, dont ils ne se défiaient pas assez, et sont tombés dans les fautes les plus humiliantes, que ne doivent pas craindre les autres qui sont si éloignés de leur sainteté !

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(1) Joan., 13, 10. — (2) Matth., 26, 41. — (1) Matth., 26, 35.
A suivre : § II. — DES TENTATIONS; DE LEURS CAUSES.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:19 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ II. — DES TENTATIONS; DE LEURS CAUSES.

Il importe donc que les Pasteurs montrent bien aux Fidèles les combats et les dangers auxquels nous sommes sans cesse exposés. Tant que notre âme habite dans ce corps mortel, la chair, le monde et le démon nous attaquent de toutes parts.

Quel est celui qui ne connaît point, à ses dépens, les effets de la colère et de la cupidité ! qui ne s’est senti blessé de leurs traits, déchiré de leurs aiguillons, et brûlé de leurs flammes ? Et en effet, les coups qu’elles frappent sont si variés, leurs attaques si diverses, qu’il est bien difficile de ne pas recevoir quelque grave blessure.

Mais outre ces ennemis qui habitent et vivent avec nous, il en est d’autres plus terribles encore dont il est écrit: 1 « Nous n’avons pas à combattre contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les maîtres des ténèbres de ce monde, contre les esprits de malice répandus dans les airs. » Aux combats intérieurs se joignent les attaques et les coups des démons, qui tantôt se précipitent sur nous à découvert, et tantôt se glissent si furtivement dans nos âmes que nous pouvons à peine nous en défendre
.
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(1) Eph., 6, 12.
A suivre : § III. — DES DÉMONS.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:19 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ III. — DES DÉMONS.

L’Apôtre les appelle princes à cause de l’excellence de leur nature. Par ce côté, ils l’emportent en effet sur l’homme, et sur toutes les autres créatures. Il les nomme aussi puissances , parce qu’ils nous surpassent non seulement par la supériorité de leur nature mais encore par leur réel pouvoir ; puis, maîtres des ténèbres de ce monde, parce qu’ils régissent non pas le monde de la lumière et de la clarté, c’est-à-dire les bons et les justes, mais le monde sombre et obscur, c’est-à-dire ceux qui vivent plongés dans les souillures d’une vie criminelle, aveuglés par leurs passions ténébreuses et sans autre guide que le démon, ce prince des ténèbres ; enfin, esprits de malice, parce qu’il y a une malice de l’esprit, comme il y a une malice de la chair.

La malice de la chair allume les appétits déréglés des passions, et le désir des voluptés sensibles.

La malice de l’esprit se confond avec les passions et les inclinations dépravées de l’âme, mais qui toutefois appartiennent à sa partie supérieure. Elles sont d’autant plus dangereuses et plus criminelles que la raison et l’esprit sont au-dessus de la nature et des sens. Et comme la malice de Satan a pour but principal de nous priver de l’héritage du ciel, l’Apôtre a ajouté, à cause de cela, qu’ils sont « répandus dans l’air ».

Il n’est que trop aisé de conclure de là que nos ennemis sont forts et redoutables, qu’ils ont une ardeur invincible et sont animés contre nous d’une haine furieuse et inimaginable. Aussi bien ils nous font une guerre sans relâche, sans paix ni trêve possible. Leur audace est incroyable, nous en pouvons juger par cette parole que le Prophète fait dire à Satan: 1 « Je monterai au ciel. » Au surplus le démon a attaqué nos premiers parents dans le paradis, il a livré combat aux Prophètes, 2 « il a cherché les Apôtres, pour les cribler comme le froment, » c’est l’expression même de Notre-Seigneur dans l’Evangile ; Il n’a même pas rougi de tenter Jésus-Christ. L’Apôtre Saint Pierre a donc bien exprimé ses désirs insatiables et son activité inouïe quand il a dit: 3 « Le démon votre ennemi tourne autour de vous comme un lion rugissant cherchant quelqu’un à dévorer. »

Et Satan n’est pas seul pour attaquer les hommes, c’est en troupe quelquefois que les démons fondent sur chacun de nous. On le vit bien par l’aveu de celui à qui Jésus demanda: quel est ton nom ? et qui répondit: mon nom est légion 4, c’est-à-dire qu’une multitude de démons tourmentaient ce malheureux. Et puis, l’Evangile ne dit-il pas d’un autre démon: 1 « qu’il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, qu’ils entrent dans la maison (c’est-à-dire dans l’âme) et qu’ils y habitent » ?

Il n’est pas rare de rencontrer des Chrétiens qui…

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(1) Is., 14, 13. (2) Luc., 22, 31. — (3) 1 Pet., 5, 8. — (4) Marc., 5, 9. Luc., 8, 30. — (1) Matth., 12, 45.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:20 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ III. — DES DÉMONS.

(suite)

Il n’est pas rare de rencontrer des Chrétiens qui, ne sentant pas en eux-mêmes ces attaques du démon, s’imaginent que notre Doctrine est fausse. Mais peut-on s’étonner que les démons n’attaquent point des hommes qui se sont volontairement donnés à eux, et dans lesquels on ne trouve ni piété, ni Charité, ni aucune vertu digne d’un Chrétien ? Ils appartiennent entièrement à Satan. Comment aurait-il besoin de les tenter pour les vaincre, puisque, de leur plein consentement, il règne déjà dans leur cœur.

Mais ceux qui se sont consacrés à Dieu, et qui mènent sur la terre une vie toute céleste, sont plus que tous les autres en butte aux assauts du démon. C’est pour eux qu’il réserve toute sa haine, c’est contre eux qu’à chaque instant il dresse des pièges et des embûches.

L’Histoire Sainte est pleine d’exemples de grands et vertueux personnages qui même en se tenant sur leurs gardes ont été victimes de sa rage ou de sa duplicité. Adam, David, Salomon et tant d’autres qu’il serait trop long de citer ont éprouvé la violence de ses attaques et la perfidie de ses ruses, auxquelles ni la prudence ni les forces humaines ne sauraient résister. Qui oserait après cela se croire en sûreté avec ses seules forces ? Demandons donc à Dieu avec Foi et pureté de cœur: 2 « qu’Il ne permette pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces, et qu’Il nous donne, dans la tentation, le secours de son assistance, afin que nous puissions résister. »

Mais s’il se rencontre des Fidèles qui par faiblesse d’esprit ou par ignorance sont épouvantés de la puissance des démons, il faut leur persuader de se réfugier dans le port de la Prière, quand ils sont agités par les flots de la tentation.

Car Satan, quelles que soient sa puissance, son obstination, et sa haine contre nous ne peut cependant nous tenter et nous tourmenter ni autant ni aussi longtemps qu’il le voudrait. Tout son pouvoir est subordonné à la Volonté et au bon plaisir de Dieu. Qui ne connaît l’histoire de Job, que Satan n’eût jamais touché, si le Seigneur ne lui eût dit: « Voilà que Je te livre tout ce qu’il possède. » Mais si au contraire, Dieu n’avait point ajouté: « seulement n’étends pas la main sur lui », Satan l’eût fait périr d’un seul coup avec ses enfants et tous ses biens. Et même Dieu a enchaîné tellement la puissance des démons que, sans sa permission, ils n’auraient pas pu passer dans ces pourceaux, dont il est question dans l’Evangile.

Mais pour mieux faire comprendre le sens et la portée de cette demande, nous avons à expliquer ce que l’on doit entendre par tentation, et par être induit en tentation.
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(2) 1 Cor., 10, 13.


A suivre : § IV. — QU’EST-CE QU’ÊTRE TENTÉ ET INDUIT EN TENTATION.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:22 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ IV. — QU’EST-CE QU’ÊTRE TENTÉ ET INDUIT EN TENTATION.

Tenter, c’est mettre quelqu’un à l’épreuve, pour tirer de lui ce que nous désirons savoir, et par là connaître la vérité. On ne peut pas dire que Dieu puisse tenter en ce sens, car, y-a-t-il quelque chose qu’Il ignore ? 1 « Tout, dit l’Apôtre, est à nu et à découvert devant ses yeux. »

Il y a une autre manière de tenter qui va beaucoup plus avant, c’est de mettre quelqu’un à l’épreuve, soit en vue du bien, soit en vue du mal.

On tente un homme en vue du bien, lorsqu’on l’éprouve dans le but de constater et de manifester sa vertu, afin de la récompenser ensuite par des avantages et des honneurs, de proposer son exemple à imiter aux autres et par suite d’engager tout le monde à louer et à bénir le Seigneur.

Cette manière de tenter est la seule qui convienne à Dieu. Et nous en trouvons un exemple dans le Deutéronome ; 1 « Le Seigneur votre Dieu vous tente, dit Moise aux Hébreux, pour qu’il apparaisse visiblement si vous L’aimez. » On dit encore que Dieu tente les siens, lorsqu’Il les accable par la pauvreté, la maladie et autres calamités de ce genre. Mais Il n’agit ainsi envers eux que pour éprouver leur patience, et afin qu’ils deviennent pour les autres des modèles de vertu chrétienne. C’est ainsi que nous voyons Abraham tenté par Dieu, lorsqu’il reçoit de Lui l’ordre d’immoler son propre fils. Mais cet acte d’obéissance fait de lui un exemple immortel de soumission et de patience.

C’est dans le même sens qu’il est dit de Tobie dans nos Saints Livres: 2 « Parce que vous étiez agréable à Dieu, il était nécessaire que la tentation vînt vous éprouver. »

On tente les hommes en vue du mal, lorsqu’on les éprouve pour les pousser au péché ou à leur perte. Il appartient au démon de nous tenter de la sorte ; car il ne s’adresse à nous que pour nous perdre et nous jeter dans le précipice. Aussi l’Ecriture Sainte l’appelle-t-elle d’un seul mot: le tentateur.

Tantôt il excite en nous les désirs et les mouvements déréglés de nos passions et de nos affections mauvaises ; tantôt, il nous attaque par le dehors, et se sert des choses extérieures pour nous enorgueillir, si elles sont heureuses, ou nous abattre, si elles sont malheureuses. D’autres fois il a pour agents et émissaires des hommes pervertis, et surtout des hérétiques, qui sont assis dans la chaire de pestilence, et répandent le poison mortel de leurs doctrines malsaines pour perdre entièrement les hommes qui ne font aucun choix et aucune différence entre le vice et la vertu, et qui de leur naturel ne sont déjà que trop enclins au mal et toujours prêts à succomber.

Etre induit en tentation, c’est succomber à la tentation…

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(1) Hebr., 4, 13. — (1) Deut., 13, 3. — (2) Tob., 12, 13.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:26 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ IV. — QU’EST-CE QU’ÊTRE TENTÉ ET INDUIT EN TENTATION.

(suite)

Etre induit en tentation, c’est succomber à la tentation. Or nous y sommes induits en deux manières, premièrement lorsque, renversés par le choc, nous tombons dans le mal où veut nous jeter notre tentateur. En ce sens Dieu ne tente et n’a jamais tenté personne, car Il n’est l’Auteur du péché pour personne: au contraire, 1 « Il déteste tous ceux qui commettent l’iniquité. » Aussi bien, dit l’Apôtre Saint Jacques, 2 « que personne ne dise, quand il est tenté, que c’est Dieu qui le tente ; car Dieu n’est point tentateur pour le mal. »

On dit en second lieu que nous sommes induits en tentation par quelqu’un qui, sans nous tenter lui-même, sans même contribuer à nous tenter, passe cependant pour nous éprouver réellement parce qu’il n’empêche ni la tentation ni la victoire de la tentation sur nous, bien qu’il le puisse. C’est de cette manière que Dieu permet que les bons et les justes soient tentés ; mais alors Il les soutient de sa Grâce et ne les abandonne point. Quelquefois aussi, par un secret et juste jugement, si nos crimes le demandent, Il nous abandonne à nous-mêmes, et nous succombons.

On dit encore que Dieu nous induit en tentation, lorsque nous abusons pour notre malheur des bienfaits qu’Il nous avait accordés en vue de notre Salut, et qu’à l’exemple de l’enfant prodigue nous dissipons l’héritage de notre Père en vivant dans la luxure, et en esclaves de toutes nos passions. C’est alors que nous pouvons nous appliquer ce que l’Apôtre disait de la Loi de Dieu: 1 « Il est arrivé que le Commandement qui devait servir à nous donner la vie, a servi à nous donner la mort. »

Jérusalem en est pour nous un exemple bien frappant. Au témoignage d’Ezéchiel, Dieu l’avait enrichie et parée de tous les genres d’ornements, et Il lui disait par la bouche de son Prophète: 2 « Vous étiez parfaitement belle, de cette beauté que Moi-même Je vous avais donnée. » Et cependant cette ville comblée de tous les bienfaits divins, bien loin de rendre grâces à Dieu des faveurs qu’elle en avait reçues, bien loin d’employer tous ces dons pour acquérir le bonheur du ciel, cette ville par une horrible ingratitude envers son Père et son Dieu, repousse l’espérance et même la pensée du bonheur éternel, et ne songe, dans l’abondance des biens terrestres, qu’à s’abandonner au plaisir et à la débauche ! Mais il faut lire tout le passage dans Ezéchiel.

Ceux-là ressemblent à cette ville ingrate qui, pour offenser Dieu, se servent précisément des moyens si nombreux qu’Il leur avait donnés de faire le bien.

Mais il est un usage de la Sainte Ecriture qu’il faut signaler avec soin. Pour exprimer ce qui n’est qu’une permission de la part de Dieu, elle emploie quelquefois des termes qui, pris à la lettre, désigneraient une action. Ainsi il est dit dans l’Exode 1: « J’endurcirai le cœur de Pharaon ; » dans Isaïe 2. « Aveuglez l’esprit de ce peuple ; » dans l’Epître aux Romains 3: « Dieu les a livrés aux passions ignominieuses et à leur sens réprouvé. » Dans ces passages, et dans les autres semblables, il ne s’agit point d’une action positive de Dieu, mais d’une simple permission.

Ceci bien compris, il ne sera point difficile de savoir ce que nous devons demander à Dieu dans cette sixième partie de l’Oraison Dominicale.
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(1) Psal., 5, 7. — (2) Jac., 1, 13. — (1) Rom., 7, 10. — (2) Ezech., 16, 14. — (1) Exod., 7, 3. — (2) Is., 6, 10. — (3) Rom., 1, 26.

A suivre : § V. — QU’EST-CE QU’ON DEMANDE A DIEU PAR CES PAROLES NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.


Dernière édition par Louis le Lun 06 Juil 2015, 6:57 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation.)

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:26 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ V. — QU’EST-CE QU’ON DEMANDE A DIEU PAR CES PAROLES NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

Nous ne demandons point de n’être jamais tentés. Car la vie de l’homme sur la terre n’est qu’une tentation. Et il nous est utile et avantageux qu’il en soit ainsi. C’est dans la tentation en effet que nous nous connaissons nous-mêmes, c’est-à-dire nos propres forces. C’est dans la tentation par conséquent que nous nous humilions sous la main puissante de Dieu, et que, combattant généreusement, nous méritons la couronne de gloire qui ne se flétrira jamais. Car, dit Saint Paul 4, « celui qui combat dans la carrière ne sera couronné qu’après avoir légitimement combattu. » Saint Jacques dit à son tour: 5 « Bienheureux l’homme qui souffre la tentation, parce qu’après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui L’aiment. » Que si parfois la tentation de l’ennemi est trop pressante, nous penserons, pour soutenir notre courage, que 1 « nous avons pour nous aider un Pontife qui peut compatir à nos infirmités, ayant été Lui-même tenté et éprouvé en toutes choses. »

Que demandons-nous donc ici ? Nous demandons d’être toujours assistés par le Secours divin, afin de ne pas consentir à la tentation en nous laissant séduire par elle, et de n’y point céder non plus par faiblesse. Et si nos forces venaient à nous manquer, nous demandons que la Grâce de Dieu soit toujours avec nous pour les réparer et les ranimer immédiatement.

C’est pourquoi nous devons implorer le Secours de Dieu d’une manière générale dans toutes les tentations, et quand l’une d’elles nous tourmente davantage, recourir contre elle à la Prière, et d’une manière très expresse. C’est ce que pratiquait David dans presque toutes ses tentations. Ainsi contre le mensonge, il disait: 2 « N’ôtez point de ma bouche la parole de vérité ; » contre l’avarice: 3 « Inclinez mon cœur vers vos préceptes et non vers l’avarice. » Contre les futilités de la vie et l’attrait des passions : 4 « Détournez mes yeux pour qu’ils ne voient point la vanité. » En somme nous demandons de ne pas obéir à nos passions, de ne pas nous lasser de résister aux tentations, de ne pas nous écarter de la voie du Seigneur, de conserver l’égalité d’âme et la constance dans les succès et dans les malheurs, de n’être jamais, en aucune manière, privés de la protection de Dieu.

Nous Le prions enfin d’abattre Satan sous nos pieds.

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(4) Tim., 2, 5. — (5) Jac., 1, 12. — (1) Hebr., 4, 15. — (2) Psal., 118, 43. — (3) Psal., 118, 36. — (4) Psal., 118, 37.

A suivre : § VI. — MOTIFS ET MOYENS DE RÉSISTER AU DÉMON

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:27 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ VI. — MOTIFS ET MOYENS DE RÉSISTER AU DÉMON.

Le Pasteur n’a plus maintenant qu’à exhorter les Fidèles aux pensées et aux considérations qui doivent principalement accompagner cette demande.

Dans cette ordre d’idées, rien de plus avantageux d’abord que de bien se pénétrer de la grande faiblesse de l’humanité, de nous défier de nos forces et de mettre en Dieu seul et en sa Bonté l’espérance de notre Salut. Si nous avons la sagesse de nous appuyer sur Lui, nous ferons preuve, même au milieu des plus grands périls, d’un courage d’autant plus invincible que nous pourrons nous rappeler alors combien avant nous, avec le même courage et la même confiance que nous, ont été retirés par Dieu Lui-même — il faut dire le mot — de la gueule béante de Satan. N’avons-nous pas vu Joseph en butte à la passion insensée d’une femme, arraché par Dieu à ce pressant péril, et élevé par Lui au faîte de la gloire ? N’avons-nous pas vu Suzanne, victime innocente de véritables suppôts de l’enfer, sur le point de périr d’une mort infâme, ne l’avons-nous pas vue, rendue par Lui à la vie et à l’honneur ? Sans doute, il devait en être ainsi, car son cœur était plein de confiance dans le Seigneur. C’est aussi la gloire immortelle du saint homme Job d’avoir triomphé du monde, de la chair et du démon. Il est encore une foule d’autres exemples de ce genre dont le Pasteur saura se servir pour inspirer aux Fidèles cet espoir et cette confiance.

Il importe également de ne jamais perdre de vue le Chef que nous devons suivre dans ce combat acharné contre les tentations, c’est-à-dire Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous a montré comment on remporte la victoire.

C’est qu’en effet Il a vaincu le démon. Il est « cet homme plus fort qui survient, qui terrasse le fort armé et qui lui arrache ses armes et ses dépouilles.» 1 Voici ce que dit Saint Jean de la victoire qu’Il a remportée sur le monde: 2 « Ayez confiance, j’ai vaincu le monde. » Et dans l’Apocalypse, il est appelé le lion vainqueur qui est sorti victorieux pour vaincre encore 3, parce que dans sa victoire il a acquis à ses partisans le pouvoir de vaincre à leur tour.

L’Epître de Saint Paul aux Hébreux est toute pleine des victoires des Saints qui par la Foi ont vaincu les royaumes, qui ont fermé la gueule des lions, etc4.

Ces victoires que nous raconte l’histoire, doivent nous faire penser à celles que les hommes remplis de Foi, d’Espérance et de Charité, remportent tous les jours dans ces combats intérieurs et extérieurs que leur livre le démon. Victoires si nombreuses et si belles que si nous pouvions les contempler de nos yeux, nous ne pourrions rien voir en même temps de plus fréquent et de plus glorieux. C’est en parlant de ces sortes d’ennemis et de leur honteuse défaite que l’Apôtre Saint Jean a dit: 5 « Je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes très forts, parce que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu l’esprit malin. »

Or ce n’est ni par l’oisiveté, le sommeil, le vin, la bonne chère, les plaisirs que l’on triomphe de Satan, mais par la Prière, le travail, les veilles, la tempérance et la vertu de pureté. 1 « Veillez et priez, est-il dit, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, afin de ne point entrer en tentation. »

Employons ces armes pour combattre, et nous mettrons nos ennemis en fuite. Car 2 « ceux qui résistent au démon, le verront fuir devant eux. »

Cependant…


_____________________________________________________

28 (1) Luc., 11, 22. — (2) Joan., 16, 33. — (3) Apoc., 5, 2. — (4) Hebr., 11. — (5) 1 Joan., 2, 14. — (1) Matth., 26, 41. — (2)  Jac., 4, 7.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:28 pm

ET NE NOUS INDUISEZ POINT EN TENTATION.

§ VI. — MOTIFS ET MOYENS DE RÉSISTER AU DÉMON.

(suite)

Cependant, à la vue de ces magnifiques triomphes des Saints, prenons garde de nous complaire en nous-mêmes. Que nul d’entre nous ne soit assez présomptueux pour s’imaginer qu’avec ses seules forces il sera en mesure de résister aux tentations et aux attaques de l’ennemi. non, ces succès-là ne sont point le fait de notre nature ni de l’humaine faiblesse ; les forces avec lesquelles nous terrassons les satellites de Satan, c’est Dieu qui nous les donne, Dieu qui fait de nos bras comme autant d’arcs d’airain ; qui, dans sa Bonté, brise l’arc des forts, et revêt de force les faibles ; qui prend notre Salut sous sa protection ; dont la droite nous soutient ; qui forme nos bras aux combats et nos mains à la guerre. 3

C’est donc à Dieu seul que nous devons rendre grâces pour nos victoires, car c’est par Lui seul. Et avec son secours, que nous pouvons vaincre. Saint Paul n’y manque pas: 4 « Grâces soient rendues à Dieu, dit-il, qui nous a donné la victoire par Jésus-Christ Notre-Seigneur ! » Après lui, la voix céleste de l’Apocalypse célèbre à son tour le triomphe de notre Dieu: 5 « Voici le temps du Salut, de la Puissance et du Règne de notre Dieu, et de la Puissance de son Christ, parce que l’accusateur de nos frères a été précipité, et qu’ils l’ont vaincu par le Sang de l’Agneau. » Remarquons encore un passage du même Livre qui atteste la victoire que Jésus-Christ a remportée sur la chair et sur le monde: 1 « Ceux-ci combattront contre l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra. »

Mais c’est assez sur les motifs et les moyens de vaincre le tentateur.

Après ces explications, les Pasteurs ne manqueront pas de montrer aux Fidèles les couronnes que Dieu prépare aux vainqueurs et les récompenses infinies qu’Il leur réserve dans l’éternité. Ce même livre de l’Apocalypse leur en fournira les preuves. 2 « Celui qui sera victorieux, y est-il dit, ne sera point frappé de la seconde mort ; et ailleurs: Celui qui sera victorieux, sera ainsi vêtu de blanc, et Je n’effacerai point son nom du Livre de vie, et Je confesserai son nom devant mon Père et devant ses Anges. » Puis un peu après, Jésus-Christ notre Dieu, Notre-Seigneur Lui-même, s’adresse en ces termes à Saint Jean: 3 « Celui qui sera victorieux, J’en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; » puis encore: 4 « Celui qui sera victorieux, Je lui donnerai de s’asseoir avec Moi sur mon trône, comme J’ai vaincu Moi-même et Me suis assis avec mon Père sur son trône. » Enfin, après avoir fait le tableau de la gloire des Saints et de l’immensité de ces biens éternels dont ils jouiront dans le ciel, il ajoute : « Celui qui vaincra possédera ces choses. »

__________________________________________________________

 (3) 1 Reg., 2, 4. Psal., 17, 35. — (4) 1 Cor., 15, 57. — (5)  Apoc., 12, 10. — (1) Apoc., 17, 14. — (2) Apoc., 3, 5. — (3) Apoc., 3, 12. — (4) Apoc., 3, 21.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:29 pm

Chapitre quarante-sixième


Septième demande de l'Oraison Dominicale

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

Cette dernière demande, par laquelle le Fils de Dieu a voulu finir sa divine Prière, est comme le résumé et la résultante de toutes les autres.

Pour en montrer l’importance et la vertu, Il l’employa Lui-même, la veille de sa mort, en priant Dieu son Père pour le salut des hommes. 1 « Je Vous prie, dit-Il, de les préserver du mal. » Nous avons donc ici, dans cette Prière qu’Il nous a enseignée par ses préceptes et qu’Il a confirmée par ses exemples, une sorte d’abrégé qui renferme en substance la force et l’esprit de toutes les autres demandes. Lorsque, au témoignage de Saint Cyprien, nous avons obtenu ce qu’elle renferme, nous n’avons plus rien à demander. Par le seul fait que nous avons imploré et obtenu la Protection de Dieu contre le mal, nous sommes tranquilles et en sûreté contre tous les assauts du monde et du démon.

Mais si cette demande a l’importance que nous venons de dire, le Pasteur se fera un devoir de l’expliquer aux Fidèles avec le plus grand soin.

___________________________________________________

(1) Joan., 17, 15.

A suivre : § I. — COMMENT ON DOIT DEMANDER D’ÊTRE DÉLIVRÉ DU MAL.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:30 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ I. — COMMENT ON DOIT DEMANDER D’ÊTRE DÉLIVRÉ DU MAL.


Dans la demande précédente nous sollicitons la grâce d’éviter la faute, et dans celle-ci nous prions Dieu de nous délivrer de la peine.

Il ne paraît pas nécessaire ici de rappeler aux Fidèles les maux dont ils souffrent, les ennuis qui les dévorent, les calamités qui les accablent, et par suite le besoin pressant qu’ils ont du secours d’En-Haut. La vie humaine est en proie à toutes les misères, les écrivains sacrés et profanes sont d’accord sur cette triste vérité qu’ils ont développée de toutes manières. Personne du reste ne peut en douter raisonnablement ; qu’il le sache par sa propre expérience ou par celle des autres. Tout le monde est convaincu que Job, cet admirable modèle de patience, n’a rien exagéré. « L’homme né de la femme, dit-il, 1 ne vit que peu de temps, et ce peu de temps est rempli de beaucoup de misères. Il est comme une fleur qui serait foulée aux pieds en naissant, il fuit comme l’ombre, et jamais ne demeure dans le même état. » Nous ne pouvons en effet passer aucun jour sans chagrin et sans afflictions. Notre-Seigneur nous en avertit: 2 « A chaque jour suffit sa peine. » Au surplus, n’était-ce pas assez nous avertir de la misère de notre condition en nous disant 3 que chaque jour il faut prendre notre croix et marcher à sa suite ?

Mais comme chacun sent par lui-même toutes les charges et tous les dangers de la vie, il ne sera pas difficile de persuader aux Fidèles qu’ils doivent demander à Dieu d’être délivrés de leurs maux. Et cela est d’autant plus vrai que rien ne porte plus les hommes à la Prière que le désir et l’espoir d’être à l’abri des maux qui les affligent, ou qui les menacent. Nous sommes naturellement portés à recourir à Dieu à l’heure de l’épreuve, et sans aucun délai. C’est pour cela sans doute qu’il est écrit :  4 « Couvrez leur visage d’ignominie, Seigneur, et ils invoqueront votre Nom. » Mais si nous nous portons presque spontanément à invoquer le secours de Dieu, dans les périls et dans les calamités, nous avons besoin d’être instruits, par ceux à qui notre salut a été confié, sur la méthode à suivre, pour le faire dignement.

Il n’est pas rare en effet de trouver des Chrétiens qui renversent l’ordre établi par Jésus-Christ. Car, en nous ordonnant de recourir à Lui au jour de la tribulation 1, Il nous a prescrit en même temps l’ordre à suivre pour faire cette Prière. Avant donc de Le prier de nous délivrer du mal , Il nous oblige à Lui demander que son Nom soit sanctifié, que son Royaume arrive, en un mot Il veut que nous fassions toutes les autres demandes, qui sont comme autant de degrés pour arriver à celle-ci. Mais si l’on souffre de la tête, de la poitrine, ou d’ailleurs, si l’on éprouve quelque perte dans ses biens, si les ennemis font des menaces et nous mettent en danger, si la famine, la guerre et la peste se font sentir, aussitôt on voit des Chrétiens qui ne tiennent plus aucun compte des degrés intermédiaires de la Prière et qui songent uniquement à solliciter la délivrance de leurs maux. Une telle conduite est contraire au Commandement de Notre-Seigneur Jésus-Christ: 2 « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu ».

Ainsi donc, pour bien prier…

______________________________________________________

(1) Job., 14, 1. — (2) Matth., 6, 34. — (3) Luc., 9, 23. — (4) Ps. 92. 17. — (1) Psal., 49, 15. — (2) Matth., 6, 33.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:34 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ I. — COMMENT ON DOIT DEMANDER D’ÊTRE DÉLIVRÉ DU MAL.

(suite)

Ainsi donc, pour bien prier, il faut tout rapporter à la Gloire de Dieu, même lorsqu’on Lui demande d’éloigner les peines, les calamités et les maux présents. Lorsque David disait à Dieu: Seigneur, ne me reprenez pas dans votre colère, il ajoutait immédiatement à cette Prière une raison qui prouvait bien l’ardent désir qu’il avait de la Gloire de Dieu. La mort, disait-il 3, ne garde pas votre souvenir, et qui est-ce qui chantera vos louanges dans le tombeau ? De même lorsqu’il implorait la Miséricorde de Dieu, il avait soin d’ajouter: 1 « J’enseignerai vos voies aux pécheurs, et les impies se convertiront à Vous. »

Il faut engager fortement les Fidèles, à l’exemple du Prophète, à prier de cette manière vraiment salutaire, et bien leur montrer la différence qui existe entre la prière des infidèles et celle des Chrétiens. C’est qu’en effet les infidèles prient aussi et avec ardeur. Ils demandent à la Divinité la guérison de leurs plaies et de leurs maladies, ils la supplient de les faire sortir des maux qui les accablent, ou qui les menacent. Mais en même temps, ils placent le principal espoir de leur délivrance dans les remèdes de la nature ou de l’art. Ils vont plus loin même, car ils acceptent sans scrupule les remèdes du premier venu, quand même ils sauraient que ces remèdes ont été préparés avec sortilèges, magie et intervention du démon. Il suffit pour les déterminer qu’ils aient le moindre espoir de recouvrer la santé.

Mais la conduite des Chrétiens est bien différente. Dans leurs maladies, dans leurs adversités, Dieu est leur principal refuge et, à vrai dire, leur seul soutien. Précisément parce qu’ils Le reconnaissent, et L’adorent comme l’Auteur de tout bien, et leur Libérateur, ils n’oublient point que les remèdes n’ont de vertu curative que celle que Dieu leur a donnée, et par suite qu’ils ne sont utiles aux malades qu’autant que Dieu le veut. La médecine en effet vient de Dieu, qui l’a donnée Lui-même aux hommes pour guérir leurs maladies. De là ces paroles de l’Ecclésiastique: 2 « Le Très Haut a fait produire à la terre les remèdes, et l’homme prudent ne les dédaignera pas. » Aussi ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ne mettent point dans ces remèdes leur principal espoir de guérison ; mais ils se confient surtout en Dieu qui est le Créateur même de la médecine.

C’est pourquoi nos Saints Livres reprennent fortement ceux qui ont trop de confiance dans la science, et ne demandent aucun secours à Dieu. Il y a plus, ceux qui mènent une vie conforme aux préceptes du Seigneur, s’abstiennent de tous les remèdes que Dieu n’a pas destinés à cette fin ; quand même ils seraient assurés de guérir par ce moyen, ils ne laisseraient pas de les avoir en horreur comme des artifices et des enchantements du démon.

Il faut donc exhorter les Fidèles à mettre en Dieu toute leur confiance. En nous ordonnant de Lui demander la délivrance de nos maux, ce Père, plein de Bonté, nous donne par là même l’espérance d’être exaucés. Nous trouvons dans la Sainte Ecriture un grand nombre d’exemples où brille cette confiance dont nous parlons, et qui sont très propres à l’inspirer, même à ceux que le raisonnement ne convaincrait pas. N’avons-nous pas dans la personne d’Abraham, de Jacob, de Lot, de Joseph et de David autant de précieux témoins de la Bonté divine ? Et le Nouveau Testament ne nous montre-t-il pas un très grand nombre de personnes qui ont échappé aux plus grands dangers par la vertu de la Prière ? Aussi bien, nous n’avons pas à les nommer ici. Nous nous bornerons donc à rapporter ces paroles du Prophète, bien capables de nous rassurer tous, même les plus faibles: 1 « Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés ; et Il les a délivrés de toutes leurs tribulations. »
__________________________________________________________

(3) Psal., 6, 6. — (1) Psal., 50, 15. — (2) Eccl., 38, 4. — (1) Psal., 33, 18.


A suivre :  § II. — QUELS SONT LES MAUX DONT NOUS DEMANDONS ICI D’ÊTRE DÉLIVRÉS.


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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:35 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ II. — QUELS SONT LES MAUX DONT NOUS DEMANDONS ICI D’ÊTRE DÉLIVRÉS.

Il nous reste à parler du sens et de l’étendue de cette demande. C’est le moyen de bien faire comprendre aux Fidèles que nous ne demandons pas d’être absolument délivrés de tous les maux. Car il y a des choses que l’on regarde habituellement comme des maux, et qui, néanmoins, sont très utiles à ceux qui les endurent. Ainsi cet aiguillon de la chair, que ressentait si vivement Saint Paul, servait, avec le secours de la grâce, à affermir sa vertu dans la faiblesse 1. Voilà pourquoi les personnes de piété, connaissant le prix et les avantages de ces épreuves, les supportent avec une très grande joie, bien loin de demander à Dieu d’en être délivrées.

Nous nous bornons donc à conjurer par la Prière ces sortes de maux sans profit pour notre âme, mais nullement ceux qui peuvent nous apporter quelques fruits de salut.

Le véritable sens de cette demande est donc qu’après avoir été délivrés du péché et du danger des tentations, nous soyons aussi préservés de tous les maux, tant intérieurs qu’extérieurs, de l’eau, du feu et de la foudre ; que la grêle n’atteigne point nos moissons, et que nous n’ayons à souffrir ni de la disette, ni de la sédition, ni de la guerre.

Nous demandons à Dieu d’éloigner de nous les maladies, la peste, les ravages, les chaînes, la prison, l’exil, les trahisons, les embûches, et en général tous les maux qui épouvantent et désolent le plus la vie humaine.

Enfin nous Lui demandons d’anéantir toutes les causes d’iniquités et de crimes.

Mais nous ne demandons pas seulement d’être préservés de ces choses qui, de l’aveu de tout le monde, sont des maux véritables. Nous demandons aussi que ce que l’on regarde généralement comme des biens, à savoir les richesses, les honneurs, la santé, la force, la vie même, ne tournent point à notre malheur, ni à la perte de notre âme.

Nous prions Dieu de ne point être frappés de mort subite, de ne point soulever contre nous sa colère, de ne point encourir les châtiments réservés aux impies, de ne point passer par le feu du purgatoire. Nous le supplions en même temps, avec toute la piété possible, de délivrer les âmes qui y sont détenues. Enfin le sens que l’Eglise donne à cette demande, à la Messe et dans ses Litanies, c’est que nous soyons délivrés des maux passés, présents et futurs.

Mais Dieu, dans sa Bonté infinie, nous délivre des maux, de plus d’une manière. Il éloigne les calamités qui nous menacent. C’est ainsi qu’Il sauve le grand Patriarche Jacob des ennemis que le meurtre des Sichimites avait soulevés contre lui ; car nous lisons: 1 « La terreur de Dieu se répandit sur toutes les villes d’alentour, et nul n’osa poursuivre les enfants de Jacob, au moment de leur retraite. » Tous les Bienheureux qui règnent dans le ciel avec Notre-Seigneur Jésus-Christ ont été eux-mêmes délivrés de tous les maux par la Miséricorde de Dieu ; pour nous, tant que nous sommes dans notre pèlerinage, ce même Dieu ne veut pas que nous soyons exempts de toutes les misères. Il veut seulement nous préserver de quelques-unes.

Au reste, les consolations qu’il accorde…

______________________________________________________

(1) 2. Cor.12. 7. — (1) Genes., 35, 5.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:35 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ II. — QUELS SONT LES MAUX DONT NOUS DEMANDONS ICI D’ÊTRE DÉLIVRÉS.


(suite)

Au reste, les consolations qu’il accorde parfois à ceux que l’adversité accable, sont comme une véritable délivrance de tous les maux. C’est ainsi que David se consolait en disant: 1 « Vos consolations, Seigneur, ont rempli mon âme de joie, à proportion même des cruelles douleurs que j’éprouvais. » Dieu délivre encore les hommes du mal lorsqu’Il les retire sains et saufs, du milieu des dangers les plus grands, auxquels ils se trouvaient exposés, comme Il fit pour les trois jeunes gens dans la fournaise, et pour Daniel dans la fosse aux lions. Les lions le respectèrent, comme les flammes avaient respecté les jeunes gens.

Saint Basile le Grand, Saint Jean Chrysostome et Saint Augustin nous disent que le mal dont il est question dans cette demande, serait particulièrement le démon, parce que le démon fut l’auteur des péchés et des crimes des hommes, et que Dieu se sert de lui pour punir les criminels et les impies. Car c’est Dieu qui nous envoie tous les maux que nous souffrons pour nos péchés: 2 « Y aura-t-il dans la ville un mal qui ne vienne du Seigneur ? dit le Prophète Amos. C’est Moi qui suis le Seigneur 3, est-il dit dans Isaïe, et il n’y en a point d’autre. Je forme la lumière et Je crée les ténèbres, Je fais la paix et Je produis le mal. »

Le démon est encore appelé le mal, parce que sans aucune agression de notre part, il nous fait une guerre sans relâche et nous poursuit d’une haine mortelle. Et, bien qu’il soit incapable de nous nuire, lorsque nous avons en mains les armes de la Foi, et le bouclier de l’innocence, cependant, il ne cesse de nous tenter par les maux extérieurs et de nous tourmenter par tous les moyens possibles. Voilà pourquoi nous supplions Dieu de nous délivrer du mal ; (ou du méchant, ou du malin).

Nous disons du mal et non pas des maux, parce que les maux qui nous viennent du prochain, doivent être imputés au démon. II en est sûrement l’auteur et l’instigateur. Ainsi loin de nous irriter contre nos Frères, nous devons tourner notre colère et notre haine contre Satan lui-même qui a poussé les hommes à commettre l’injustice envers nous. Si donc votre prochain vous a offensé en quelque manière, lorsque vous priez Dieu votre Père, demandez-Lui non seulement de vous délivrer du mal, c’est-à-dire des injustices dont vous avez été victime, mais encore d’arracher votre prochain des mains du démon, qui ne cherche qu’à précipiter les hommes dans le vice.
__________________________________________________________________

(1)Psal., 93, 19. — (2) Amos., 3, 6. — (3) Is., 45.  6, 7.

A suivre : § III. — DE LA PATIENCE NÉCESSAIRE DANS LES MAUX.

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:37 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ III. — DE LA PATIENCE NÉCESSAIRE DANS LES MAUX.

Enfin il importe de savoir que si nos Prières et nos vœux ne nous délivrent point des maux que nous souffrons, nous devons alors les supporter avec patience, et aussi avec cette conviction que Dieu désire extrêmement nous les voir endurer de la sorte. Donc pas d’indignation, pas de tristesse, si Dieu ne nous exauce pas ! Ne devons-nous pas tout soumettre à sa sainte Volonté et à son bon plaisir ? Ne devons-nous pas regarder comme utiles et salutaires les choses que Dieu approuve et non pas celles qui nous plaisent ?

Que les Pasteurs s’appliquent donc à bien représenter aux Fidèles qu’ils doivent être prêts, tant qu’ils sont sur la terre, à supporter les incommodités et les calamités de tout genre, non seulement sans se plaindre, mais même avec une certaine joie. Tous ceux, est-il dit dans nos Saints Livres, 1 qui veulent vivre avec piété en Jésus-Christ, souffriront persécution. 2 C’est par beaucoup de tribulations que nous devons entrer dans le Royaume de Dieu. 3 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît, et qu’il entrât ainsi dans sa Gloire ? Or, il n’est pas juste que le serviteur soit  au-dessus du maître ; il est même honteux, dit Saint Bernard, 4 que les membres soient délicats sous un Chef couronné d’épines.

Nous avons à cet égard un bel exemple dans la personne d’Urie. Pressé par David d’aller se reposer dans sa maison, il répondit: 5 « L’Arche de Dieu, Israël et Juda habitent sous des tentes, et moi, j’irais dans ma maison ? »

Si nous savons nous présenter devant Dieu avec les pensées et les dispositions que nous venons de marquer, nous obtiendrons infailliblement, ou d’être entièrement délivrés de tous les maux qui nous assiègent, comme les trois jeunes gens furent préservés du feu dans la fournaise ; ou du moins comme les Macchabées, de supporter l’adversité avec un courage à toute épreuve.

Au milieu des mépris et des tourments, nous imiterons les saints Apôtres qui, accablés de coups de fouets, se réjouissaient vivement 6, parce qu’ils avaient été trouvés dignes de souffrir des affronts pour Jésus-Christ. Remplis des mêmes sentiments, nous chanterons avec allégresse ce cantique de David: 7 « Les princes m’ont persécuté sans sujet, mais mon cœur n’a craint qu’Il cause de votre parole. Je me réjouis de vos oracles, comme celui qui a trouvé de riches dépouilles. »

___________________________________________________

(1) 2 Tim., 3, 12. — (2) Act., 14, 21. — (3) Luc., 24, 26. — (4) Serm., 5, de Om. Stis. — (5)  2 Reg., 11, 11. — (6)  Act., 5, 41. — (7) Psal., 118, 161.

A suivre :  § IV. — CONCLUSION DE L’ORAISON DOMINICALE. AMEN. (AINSI SOIT-IL !)

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:37 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ IV. — CONCLUSION DE L’ORAISON DOMINICALE. AMEN. (AINSI SOIT-IL !)

Saint Jérôme, dans ses commentaires sur Saint Matthieu, nous dit — et il ne se trompe pas — que ce mot Amen est comme le sceau de l’Oraison Dominicale. Aussi, comme nous avons prévenu les Fidèles de la nécessité de se préparer à la Prière, avant de l’entreprendre, nous avons à leur expliquer maintenant quelle est la raison et le sens de cette conclusion ; car il n’est pas plus important de bien commencer la Prière que de la bien finir.

Que les Fidèles sachent donc que nous retirons des fruits nombreux et excellents de l’Oraison Dominicale. Mais le meilleur et le plus agréable de tous c’est l’assurance que nous obtiendrons ce que nous avons demandé. Nous avons suffisamment parlé plus haut de cette consolante vérité, mais nous devons ajouter ici que par cette dernière partie de notre Prière, nous n’obtenons pas seulement que nos demandes soient exaucées, nous recueillons encore des avantages si grands et si remarquables, que la parole peut à peine en donner une idée.

Lorsque les hommes conversent avec Dieu par la Prière, dit Saint Cyprien, la Majesté divine se rapproche, d’une manière incompréhensible, de celui qui prie, bien plus que de tous les autres hommes, et elle l’enrichit des dons les plus précieux. On peut comparer celui qui prie avec piété à un homme qui s’approche du feu. Le feu échauffe celui qui a froid ; il fait suer celui qui a déjà chaud: de même ceux qui s’approchent de Dieu par la Prière en deviennent plus ardents, selon la mesure de leur piété et de leur Foi. Leur cœur s’enflamme pour la Gloire de Dieu ; leur esprit est éclairé d’une lumière admirable ; et en outre ils sont comblés des dons célestes. La Sainte Ecriture nous le dit: 1 « Vous l’avez prévenu des bénédictions de votre douceur. » Moïse, cet illustre personnage, en est un exemple des plus remarquables. Au sortir de ses entretiens intimes avec Dieu, son front et son visage resplendissaient d’une lumière si éclatante que les Israélites ne pouvaient pas le regarder. Tous ceux qui prient avec cette piété, avec cette sainte ardeur, participent aux effets admirables de la Bonté et de la Majesté de Dieu. « Dès le matin, dit le Prophète, 2 je me présenterai devant Vous, et je verrai que Vous n’êtes pas un Dieu qui aime l’iniquité. »

Plus nous connaissons ces merveilles, plus aussi nous sommes pénétrés d’amour et de respect pour Dieu, plus nous goûtons combien le Seigneur est doux, et combien sont heureux ceux qui espèrent en lui.

A la clarté de cette lumière incomparable qui nous environne, nous commençons à comprendre le néant que nous sommes, devant l’infinie Grandeur et la Majesté de Dieu. Nous faisons ce que demande Saint Augustin: « Seigneur, faites que je Vous connaisse et que je me connaisse moi-même ! » Dès lors nous avons de nous-mêmes et de nos propres forces une juste défiance, et nous nous confions entièrement en la Bonté de Dieu, ne doutant point qu’Il ne nous reçoive avec une Charité toute paternelle et une admirable tendresse, et qu’il ne nous donne en abondance tout ce qui nous est nécessaire pour la vie et pour le salut. Alors nous rendons à Dieu toutes les actions de grâces dont notre cœur et notre bouche sont capables, heureux d’imiter en cela le saint roi David, qui, après avoir commencé sa Prière par ces mots: 1 « Sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent, » finit par ceux-ci: « Je rendrai grâces à Dieu selon sa justice, et je chanterai à l’honneur du nom du Seigneur très Haut. »

Presque toutes les Prières des Saints…

_____________________________________________________

(1) Psal., 20, 4.  — (2) Psal., 5, 5. — (1) Psal., 7, 18.


Dernière édition par Louis le Dim 05 Juil 2015, 5:17 pm, édité 1 fois (Raison : Présentation.)

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Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:39 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ IV. — CONCLUSION DE L’ORAISON DOMINICALE. AMEN. (AINSI SOIT-IL !)

(suite)

Presque toutes les Prières des Saints commencent par la crainte et finissent par l’espérance et la joie. Mais les plus remarquables en ce genre sont celles du Prophète David. Après avoir commencé à prier sous l’empire de la crainte et du trouble, en disant2: Combien qui s’élèvent contre moi ! combien qui crient à mon âme: point de salut pour toi en Dieu, bientôt il se rassure, et dans la joie qui l’inonde, il ajoute3: Je ne craindrai pas les milliers d’ennemis qui m’environnent. Dans un autre Psaume, après avoir déploré sa misère, nous le voyons plein de confiance en Dieu faire éclater une joie extraordinaire dans l’espérance de la béatitude éternelle. Je m’endormirai, dit-il 4, et je reposerai dans la paix. Et ce cri: Seigneur, ne me reprenez point dans votre colère, ne me châtiez point dans votre fureur, avec quelle terreur, avec quel effroi n’est-il pas à croire qu’il le prononça ! Mais aussi quelle confiance et quelle joie dans les paroles qui suivent: Retirez-vous de moi, vous tous qui commettez l’iniquité, car le Seigneur a exaucé la voix de mes pleurs ! enfin lorsqu’il avait à redouter la colère et la fureur de Saül, avec quelle humilité n’implorait-il pas le secours de Dieu ! Seigneur, disait-il5, sauvez-moi par votre nom, et défendez ma cause par votre Puissance. Puis la confiance et la joie revenant, il ajoute dans le même Psaume: Voilà que Dieu est mon aide, et que le Seigneur est le défenseur de ma vie.

Que celui donc qui, le cœur plein de Foi et d’Espérance, se dispose à prier, se présente devant Dieu son Père avec la confiance ferme qu’il obtiendra ce dont il a besoin.

Or ce mot Amen, qui termine l’Oraison Dominicale, contient en germe toutes les pensées et toutes les considérations que nous venons d’exposer.

D’autre part Notre-Seigneur Jésus-Christ s’en sert si souvent dans l’Evangile, qu’il a plu à l’Esprit-Saint de le conserver dans l’Eglise de Dieu.

Voici donc, en quelque sorte, le sens qui y est attaché: Sachez que vos prières sont exaucées. C’est comme la réponse de Dieu renvoyant gracieusement celui qui priait, en lui accordant ce qu’il demandait.

Cette interprétation a pour elle la coutume constante de l’Eglise. Et en effet, dans le saint Sacrifice de la Messe, lorsqu’elle récite l’Oraison Dominicale, l’Eglise n’a pas laissé le mot amen aux assistants qui doivent simplement dire : mais délivrez-nous du mal ; elle l’a réservé pour le Prêtre qui, étant Médiateur entre Dieu et les hommes, répond au peuple que le Seigneur est apaisé.

Cette règle n’est cependant point commune à toutes les Prières, puisque dans les autres, c’est le peuple qui répond: Amen, elle ne s’applique qu’à l’Oraison Dominicale. Et en voici la raison, c’est que dans toutes les autres Prières, ce mot exprime seulement un assentiment ou un désir, tandis qu’ici il signifie que Dieu exauce les demandes de ceux qui prient.

Il faut dire d’ailleurs…
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(2) Psal., 3, 2, 3. — (3) Psal., 3, 7. — (4) Psal., 4, 9. — (5)  Psal., 53, 3.

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Notre Père : explication du Saint Concile de Trente - Page 3 Empty Re: Notre Père : explication du Saint Concile de Trente

Message  Louis Dim 05 Juil 2015, 3:42 pm

DÉLIVREZ-NOUS DU MAL.

§ IV. — CONCLUSION DE L’ORAISON DOMINICALE. AMEN. (AINSI SOIT-IL !)

(suite)

Il faut dire d’ailleurs que les interprètes traduisent diversement ce mot amen. Les Septante lui ont donné le sens de: ainsi soit-il ! D’autres ont dit: vraiment. Aquila le traduit par fidèlement. Mais il importe peu qu’on l’entende de telle ou telle manière, pourvu que l’on reconnaisse que dans la bouche du Prêtre, à la Messe, il exprime bien l’assurance que ce qu’on a demandé est obtenu. Saint Paul autorise ce sens en disant aux Corinthiens 1: « Toutes promesses de Dieu ont en Jésus-Christ leur vérité ; et c’est par Lui aussi que nous disons ; Amen à Dieu pour la gloire de notre ministère. »

Ce mot est encore pour nous comme la confirmation de toutes nos demandes. Le fait seul de le prononcer rend plus attentifs ceux qui s’adonnent au saint exercice de la Prière, où il arrive trop souvent, hélas ! que l’esprit est distrait et entraîné par toutes sortes de pensées étrangères.

Enfin, dans cette courte parole nous demandons avec une nouvelle et instante ardeur que tout ce que nous venons de solliciter soit fait, c’est-à-dire accordé.

Ou bien, ou mieux, reconnaissant déjà que nous avons tout obtenu, la présence du secours divin nous pénètre de joie, et nous chantons avec le Prophète 2: « Voici que Dieu vient à mon aide et que le Seigneur est le défenseur de ma vie. »

Personne en effet n’a le droit de douter que Dieu ne soit touché tout ensemble et du nom de son Fils, et d’une parole qu’Il a si souvent proférée ; puisque ce divin Fils, comme dit Saint Paul 3 a toujours été exaucé à cause de son respect pour son Père.
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(1) 2 Cor., 1, 20. — (2) Psal., 53, 6. — (3) Hebr., 5, 7.

FIN.

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