Saint Pierre Claver.

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Message  Louis Dim 18 Oct 2015, 11:58 am

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XI. On commence des informations juridiques, à la requête du gouverneur et de la ville.

Don Pèdre de Zapata, gouverneur de Carthagène, frappé de tout ce qu'on en publiait, proposa au corps de ville de demander au chapitre, qui gouvernait alors le diocèse pendant la vacance du siège, d'ordonner un procès-verbal et des informations juridiques de la vie, des vertus et des miracles du saint homme. La ville en fit aussitôt faire la demande par D. Antoine Moéquez, enseigne royal, D. Rodrigue Perez, lieutenant de police, et D. Pèdre d'Aquilar, procureur du roi, qu'elle chargea de poursuivre l'affaire. Le P. Diégo Ramirez de Farigna, qualificateur du saint office, alors recteur du collège, y joignit sa requête. Le chapitre consentit volontiers à tout ce qu'on demandait. Il nomma le docteur Jean Guerrero, prêtre et qualificateur du saint office, pour juge commissaire en cette cause, et pour greffier, le licencié Jean Tollez, aussi prêtre et notaire de l'inquisition. Après les serments et les formalités ordinaires en pareille occasion, on leur ordonna de présenter au chapitre l'original des informations qui se feraient, sans en tirer aucune copie ; afin qu'ayant été mûrement examinées, on fût plus en état de faire droit sur les requêtes. On procéda ensuite aux informations juridiques qui commencèrent le 7 de septembre 1657, et finirent au mois de novembre de l'année 1660. Dans cet intervalle de temps, on entendit cinquante-neuf témoins de tout état, prêtres, religieux, gentilshommes et magistrats, tous gens dignes de foi ; et c'est de leurs dépositions, confirmées par serment, qu'on a tiré ce qu'on a vu de plus remarquable dans le cours de cette histoire ; aussi bien que les miracles opérés depuis, et dont nous allons rapporter les principaux avec toute la brièveté que nous permettra une matière si étendue.

A suivre : XII. Miracles vérifiés et attestés par serment.

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Message  Louis Lun 19 Oct 2015, 11:21 am

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XII. Miracles vérifiés et attestés par serment.


Dona Isabelle de Bétancour était tourmentée d'une fluxion sur les yeux, si opiniâtre et si fâcheuse, que quelque envie qu'elle eût de voir le corps du P. Claver, la nuit même qu'il était exposé dans l'église, elle n'osait sortir pour y aller, dans la crainte d'irriter son mal. Sa mère et sa sœur la pressèrent si fortement de venir aux funérailles du saint homme, qu'elle ne put résister à leurs instances: elle se rendit à l'église, elle se mit à genoux auprès du corps, et après lui avoir baisé la main, elle l'appliqua sur ses yeux. Dans l'instant même la fluxion disparut et ne revint plus.

Au temps même des obsèques du P. Claver, Barthélemi Sanchez était malade à l'hôpital de Saint-Sébastien, où la violence de la fièvre l'avait jeté dans une espèce de frénésie qui avait fait désespérer de sa vie. Son frère, qui l'avait quitté, comme il était prêt à rendre l'âme, pour assister à l'enterrement du saint homme, surpris de le retrouver encore vivant contre toute espérance, lui présenta une petite branche de romarin qu'il avait prise sur la bière : « Mon frère, lui dit-il en la lui donnant, prenez cette branche, elle a servi au saint P. Claver, recommandez-vous à lui, il peut vous guérir en un moment. » A ces mots, le malade ouvre les yeux, prend le rameau et le porte aussitôt à sa bouche. « Que faites-vous, lui cria son frère, prenez garde de le manger, il pourrait vous faire mal. — Non, non, répondit le moribond, c'est une chose qui vient d'un saint, elle ne peut me nuire. » En disant ces paroles, il en mangea une partie et fut guéri. Tout ce qu'il put se rappeler dans les interrogations qu'on lui fit à ce sujet, c'est qu'il avait trouvé ce romarin fort doux et fort agréable au goût ; qu'il s'endormit à l'instant d'un sommeil paisible, pendant lequel il lui semblait revivre ; qu'au bout d'une heure il se sentit parfaitement guéri ; qu'il mangea de très bon  appétit, dormit tranquillement toute la nuit, et retourna le lendemain chez lui plein de santé. Comme, en l'année 1659, on le pressait de venir lui-même déposer ce fait, il s'en excusa d'abord sur une grosse tumeur, accompagnée de grandes douleurs de reins, qui l'empêchait de marcher: mais un moment après, s'étant reproché de refuser cette marque de sa reconnaissance envers son bienfaiteur, il se détermina à aller à l'église des jésuites, où l'on recevait alors les dépositions. Avant même que d'y arriver, il se sentit délivré de toutes ses douleurs ; il approcha ensuite du tombeau du P. Claver pour lui rendre grâce de cette nouvelle faveur; et depuis, à mesure qu'il faisait sa déposition, il sentit sa tumeur diminuer. Il attesta le tout avec serment, en ajoutant qu'il était bien assuré que par l'intercession du saint homme il n'éprouverait jamais de pareilles douleurs.

D. Vincent de Villalobos, premier commissaire de Carthagène…

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Message  Louis Mar 20 Oct 2015, 1:08 pm


XII. Miracles vérifiés et attestés par serment.


(suite)

D. Vincent de Villalobos, premier commissaire de Carthagène, élevait chez lui un neveu de sa femme, appelé Dominique de Bétancour. Cet enfant, âgé de huit à neuf ans, tomba malade d'une fièvre chaude si dangereuse, qu'il fut condamné par tous les médecins. D. Vincent eut recours au P. Claver, pour qui il avait une singulière dévotion : prosterné devant son tombeau il lui adressa une fervente prière, et demanda ensuite au sacristain l'étole du serviteur de Dieu. De retour à la maison et rempli de confiance, il appliqua l'étole sur l'enfant, et dans l'instant, il lui prit une sueur si abondante et si heureuse que, peu d'heures après, les médecins le jugèrent guéri. Au bout de quelque temps, il fallut faire changer de linge au malade, et on oublia de lui remettre l'étole : alors la sueur recommença avec plus d'abondance que jamais, mais si froide et si mauvaise, que l'enfant tomba dans une défaillance accompagnée de symptômes si fâcheux, qu'on désespéra de sa vie. On s'aperçut de l'oubli, sa tante lui remit elle-même l'étole au cou, et s'étant retirée dans une chambre voisine pour donner un libre cours à ses larmes : « Saint P. Claver, s'écria-t-elle en soupirant, puisque vous avez commencé, achevez votre ouvrage, afin que tout le monde impute cette guérison à vos mérites. » A peine eut-elle prononcé ces paroles que la sueur s'arrêta, la fièvre cessa tout à coup, et le petit de Bétancour se leva de son lit, aussi sain et aussi robuste que s'il n'eût jamais été malade. Les médecins qui étaient présents attribuèrent une pareille guérison à un miracle ; et depuis, un d'entre eux affirma le fait avec serment.

La fille de D. Sébastien de Torrez, filleule de Dona Inès de Miranda, à la suite d'une saignée mal faite, souffrit d'une grosse tumeur au bras. Les médecins et les chirurgiens désespérèrent de sa guérison ; parce que dans ces pays chauds on ne connaît guère de remède à de pareils accidents. Sa marraine, qui avait déjà éprouvé la vertu des mérites du P. Claver, la fit porter à son tombeau où elle voulut l'accompagner. La petite fille entra dans l'église, en jetant de grands cris. Le sacristain la plaça aussitôt sur un banc élevé près du tombeau, afin qu'elle eût plus de facilité d'étendre la main : mais voyant qu'elle refusait de le faire, parce que la douleur l'empêchait d'étendre le bras et qu'elle croyait qu'on voulait le lui couper, il le prit lui-même, et l'ayant appliqué sur le haut du tombeau, il l'enveloppa d'une étole du P. Claver. A l'instant même la tumeur parut beaucoup moins grosse et moins enflammée. Le lendemain, la petite fille revint ; et en cinq jours, elle se trouva si parfaitement guérie, que le docteur Barthélemi de Torrez protesta qu'une pareille cure n'avait pu se faire sans miracle.

Il y avait chez Dona Talabera un esclave qui, depuis six ans, n'avait aucun usage de ses pieds. Elle le fit porter au tombeau du serviteur de Dieu ; et dès la première fois, il se trouva en état de marcher à l'aide d'un bâton. La maîtresse craignant qu'une guérison si subite d'un mal si invétéré ne fût pas durable, employa quelques autres remèdes pour achever de le guérir, et lui fit faire des fomentations avec du vin et des herbes aromatiques ; mais elle eut bientôt sujet de se repentir d'une charité si peu éclairée. En fort peu de temps, les jambes et les pieds de son esclave furent couverts d'ulcères douloureux, accompagnés d'un dégoût universel qui le réduisit peu à peu à l'extrémité. La dame ayant reconnu sa faute, le fit porter une seconde fois à l'église et demanda au saint homme pardon de son peu de confiance. Quand le malade fut retourné à la maison, on ne le reconnaissait plus : il parut sain et robuste, il mangea avec beaucoup d'appétit, et, sans aucun autre remède, il guérit totalement en peu de jours.

Une fille de Simon d'Anaja, nommée Thérèse, était devenue…

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Message  Louis Mer 21 Oct 2015, 11:39 am

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XII. Miracles vérifiés et attestés par serment.


(suite)


Une fille de Simon d'Anaja, nommée Thérèse, était devenue tout à fait aveugle d'une humeur maligne qui lui était tombée sur les yeux : il s'y était même formé dans les deux cavités une excroissance de chair qui couvrait les deux prunelles. Toute la famille désespérait de sa guérison : mais que ne peut une grande tendresse animée d'une grande confiance? Une des parentes de l'enfant, désolée de la voir en un état si déplorable, la prit entre ses bras, et, en lui présentant quelques cierges qu'elle venait d'acheter : « Ma fille, » lui dît-elle, « voilà des cierges que vous porterez vous-même au tombeau du P. Claver, quand il vous aura guérie ; nous verrons si sa charité sera insensible à votre affliction. » A ces mots, la petite fille ouvrit les yeux, et les tourna de tous côtés avec tant de vivacité, qu'ils parurent brillants comme deux flambeaux. Le bruit de cette merveille s'étant bientôt répandu dans toute la ville, il n'y eut point d'infirme qui n'eût recours au serviteur de Dieu pour obtenir la guérison de ses maux.

D. Garcie de Zerpa, regidor de Carthagène, déposa qu'il avait vu une infinité de guérisons miraculeuses opérées par la seule application d'une croix que le Père Claver avait donnée à Léonore de Zerpa, sa sœur. Le prêtre D. Juan de Zerpa, son frère, vint déposer la même chose, en ajoutant que le jour même de sa déposition, une dame, à qui sa belle-sœur avait prêté la croix, venait de la lui renvoyer, en la remerciant d'avoir été délivrée par elle des grandes douleurs qu'elle sentait aux bras et aux jambes. Il protesta encore que lui-même, dans la même année, il avait été guéri par le même moyen d'une goutte violente dont il était tourmenté.

L. F. Nicolas Gonzalez, ce religieux si attaché à son bon père pendant sa vie et depuis si zélé pour sa gloire après sa mort, déposa à son tour qu'on lui avait si souvent demandé des étoles qui avaient servi au saint homme et qu'elles avaient opéré tant de guérisons merveilleuses, que, malgré toute son attention, il n'avait pu bien marquer le nombre de ceux qui étaient venus le remercier, après en avoir éprouvé la vertu salutaire.

Mais un prodige plus singulier encore, et plus incontestable que tous ceux qu'on vient de rapporter…

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Message  Louis Jeu 22 Oct 2015, 1:45 pm

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XII. Miracles vérifiés et attestés par serment.

(suite)

Mais un prodige plus singulier encore, et plus incontestable que tous ceux qu'on vient de rapporter, c'est l'état même où se trouva le corps de ce grand serviteur de Dieu, à la translation qui en fut faite, deux ans et demi après sa mort.

Le provincial des jésuites voulant le placer plus honorablement, fit préparer une nouvelle châsse, et tailler dans le mur de la même chapelle un enfoncement proportionné, qu'il fit fermer d'une porte de fer armée de fortes serrures. Le premier jour de mars 1657, on abattit la maçonnerie du tombeau, et on trouva le bois de la bière, la toile, les passementeries, les serrures même toutes gâtées par l'extrême humidité de l'emplacement. Mais quand on eut découvert la bière, le corps qu'on y avait mis dans de la chaux vive, se trouva, à la réserve d'une partie de la tête qui était un peu endommagée, sain et entier, et sans la moindre marque de corruption. La chair en était fraîche, tous les membres étaient fermes, et posés exactement dans leur situation naturelle; et il s'en exhalait une douce odeur, pareille, selon le rapport du docteur Barthélemi Torrez, qui était présent, à celle d'une argile tendre, imbibée d'un suc odoriférant. L'habile médecin, après avoir examiné tous les doigts, l'un après l'autre, déposa avec serment dans le procès-verbal qui en fut fait, que l'état où il voyait le corps, avec toute sa peau, tous ses nerfs, et toutes ses autres parties aussi saines, malgré la quantité de chaux dont il était couvert, et l'excessive humidité du lieu où il avait été placé, lui paraissait un miracle au-dessus de la nature.

Après qu'on l'eût mis avec beaucoup de respect dans la nouvelle châsse, on le déposa dans l'espèce de niche qu'on avait creusée dans la muraille, et qui fut aussitôt exactement fermée. Le provincial fit ensuite une défense très expresse à tous les recteurs du collège, de jamais laisser enlever, sans un ordre supérieur, la moindre partie des précieuses reliques de ce saint missionnaire.

Ce privilège de l'incorruptibilité après la mort, a quelque chose de si particulier et de si rare, que Dieu n'a jugé à propos d'en honorer que quelques-uns de ses plus illustres saints. Dans ces derniers siècles, il a voulu l'accorder, du moins pour un temps, au vénérable Claver, comme il l'avait fait plus d'un siècle auparavant au grand Xavier ; sans doute afin qu'on rende quelque jour à l'apôtre des Indes occidentales, les mêmes respects que tout l'univers chrétien s'empresse de rendre à l'apôtre des Indes orientales.

A suivre : APPENDICE.

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Message  Louis Ven 23 Oct 2015, 12:28 pm

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APPENDICE.

A ces merveilleux récits du Père Fleuriau, nous croyons devoir donner pour épilogue une courte relation des deux miracles que la S. C des Rites approuva le  Ier novembre  1887, et qui déterminèrent la canonisation de l'Apôtre des nègres.

Le lecteur remarquera que tous deux — comme d'ailleurs les deux miracles approuvés par Pie IX, le 27 août 1848, pour la béatification du même saint — ont eu lieu en Amérique : il semble que Dieu ait voulu glorifier son serviteur surtout dans cette partie du monde où il avait tant souffert et tant fait pour la propagation de l'Évangile.

Le premier miracle est la guérison instantanée et parfaite de Barbe Dressen qui avait un chancre invétéré au côté droit de la mâchoire.

Barbe Dressen, née à Trêves en 1779, avait émigré aux États-Unis, et, après la mort de son mari, elle s'était fixée à Milwaukee. Elle avait joui d'une santé parfaite jusqu'à soixante-dix ans, il lui vint alors une petite verrue à la joue droite ; cette verrue dont elle ne se préoccupa point d'abord, augmenta jusqu'au diamètre d'un écu de cinq francs, et prit une couleur rougeâtre inquiétante qui la décida à consulter le docteur Bayer chez qui elle travaillait.

Le docteur reconnut aussitôt un chancre incurable, qui devait inévitablement amener la mort. Cette femme, connaissant la haute science du docteur, n'espéra plus de guérison par les remèdes humains et pensa à recourir à ceux du ciel. Le Père Weninger de la Compagnie de JÉSUS, au cours d'une mission qu'il était venu faire à Milwaukee, propageait la dévotion au bienheureux Pierre Claver surtout en appliquant ses reliques aux malades, et il obtenait beaucoup de guérisons par ce moyen. Barbe l'alla prier d'appliquer la relique du bienheureux sur son mal. Le Père accéda à son désir, l'exhorta à la confiance et lui recommanda de réciter quelques prières quotidiennes en l'honneur de Claver; elle se conforma à ce conseil et pendant deux ou trois ans le mal sembla diminuer, de sorte qu'elle espérait la guérison complète. Mais le Seigneur lui ménageait une plus dure épreuve pour la glorification de son serviteur. La maladie augmenta inopinément, la verrue se transforma en ulcère dont l'écoulement formait sur la joue de la patiente des croûtes successives qui la rongeaient et lui occasionnaient d'atroces douleurs. Elle endura pendant dix ans ces souffrances aiguës, sans omettre un seul jour ses prières au bienheureux Pierre. Sa confiance allait enfin être récompensée. Le Père Weninger était, depuis peu et après dix ans, revenu à Milwaukee. Barbe se sentit ranimée d'un plus vif espoir, elle fit appeler le Père au parloir, lui raconta son martyre de dix ans et lui dit : « Il n'y a que le saint qui puisse m'aider. » Puis elle se mit à genoux et demanda au Père de la bénir avec la relique du Bienheureux.

Le Père Weninger, ému de compassion, lui toucha d'abord avec la relique la partie de la joue affectée du chancre et puis ensuite le front et la mâchoire gauche. Prodige inouï ! à l'application de la relique, toute douleur disparut instantanément. La femme se releva transportée de joie, remercia le Père et sortit brusquement de la résidence.

A peine en plein air, elle s'aperçut qu'elle était complètement guérie : le vent ne lui causait pas la souffrance aiguë qu'il lui causait d'ordinaire, de légères écailles se détachèrent de la joue en poussière menue, et ces derniers vestiges du mal avaient disparu avant sa rentrée chez elle. Il ne restait aucune trace de l'affreuse plaie. Ceux qui l'avaient vue un peu auparavant furent stupéfaits et confirmèrent le miracle sous la foi du serment. Barbe Dressen avait 82 ans quand elle fut guérie le 29 juin 1861. Cinq ans après, les examinateurs délégués pour l'interroger furent obligés de reconnaître que ce mal miraculeusement chassé n'avait plus reparu.

Voici l'autre miracle…

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Message  Louis Sam 24 Oct 2015, 11:41 am

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APPENDICE.


(suite)


Voici l'autre miracle.

Ignace Strecker, venu d'Allemagne aux États-Unis avec sa famille en 1853, travaillait en 1861 dans une fabrique de savon à Saint-Louis. Un jour, il se heurta malheureusement la poitrine contre un angle de fer. Le choc avait été fort et, quoique sans blessure apparente, le sternum fut contusionné; une douleur cuisante et une sensation de brûlure s'ensuivirent ainsi qu'un gonflement progressif. Strecker ne s'était pas d abord préoccupé de cet accident, mais au bout de deux mois la tumeur n'ayant pas cessé d'augmenter, il consulta le médecin Heitzig. Celui-ci constata la carie du sternum. Les remèdes de son art prodigués pendant neuf mois n'amenèrent aucun résultat heureux, il voulut alors appeler à son aide son collègue le plus renommé, le docteur Schoeneman. Vainement ils essayèrent d'arrêter la carie qui avait gagné trois des côtes du côté gauche. Tous les remèdes furent impuissants à interrompre les progrès du mal; l'anémie, la fièvre, la toux, l'oppression et les sueurs nocturnes étaient venues le compliquer. Ignace n'était plus qu'un squelette revêtu d'une peau presque transparente. Deux ans s'étaient passés ainsi sans trêve à ses douleurs, et les médecins l'avaient condamné, ne lui donnant plus que 15 jours à vivre. Le malade renonça donc absolument à tout traitement, reconnu d'ailleurs inutile par celui qui le prescrivait, et congédia son médecin.

Sa femme, qui avait entendu le Père Weninger prêcher sur l'efficacité du recours au bienheureux Claver, engagea Strecker à le choisir pour intercesseur; il se traîna donc avec peine à l'église Saint-Joseph, où le Père Weninger touchait et bénissait avec la relique une multitude de malades, et se fit aussi toucher et bénir. Sa confiance était grande ; elle fut justifiée; à partir de ce moment la plaie ne jeta plus de pus : c'était le signe de la cessation de la carie. La blessure sécha en peu de semaines, se cicatrisa parfaitement et tous les maux concomitants disparurent ainsi que les symptômes avancés de phthisie, de sorte que peu de jours après sa visite à l'église, Ignace avait recouvré toute sa vigueur d'autrefois. Il reconnaissait à juste titre qu'il devait ce bienfait à l'intercession du bienheureux Pierre Claver et à ses mérites que Dieu avait daigné glorifier une fois de plus. Le docteur Schoeneman, qui, après l'avoir soigné quelque temps l'avait abandonné comme un malade désespéré, fut grandement surpris de cette guérison inattendue. Quoiqu'il ne fût pas catholique, il reconnut en ce fait un miracle de la toute-puissance divine.

Par suite de la vérification de ces deux miracles faite canoniquement, la Sacrée Congrégation des Rites proclama le 26 novembre 1887 que l'on pouvait procéder à la canonisation du B. Claver ; et, le 15 janvier 1888, Léon XIII plaça saint Claver sur les autels, en compagnie de son saint ami Alphonse Rodriguez, ne séparant point dans la gloire ceux que Dieu avait si étroitement unis ici-bas.

FIN.

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