SUITE DU COMMENTAIRE DES ACTES DES APÔTRES PAR SAINT JEAN CHRYSOSTÔME.
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"OR, PIERRE VOYANT CELA, DIT AU PEUPLE: HOMMES D’ISRAËL,
POURQUOI VOUS ÉTONNEZ-VOUS DE CECI, OU POURQUOI NOUS REGARDEZ-VOUS,
COMME SI C'ÉTAIT PAR NOTRE VERTU, OU PAR NOTRE PIÉTÉ,
QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ? "
(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
2. Mais admirez avec quelle sagesse procède l'apôtre. Dans son premier discours, il s'est borné à insinuer la résurrection de Jésus-Christ et son ascension: ici, au contraire, il n'hésite pas à annoncer son second avènement. "Quand le Seigneur", dit-il, "aura envoyé Jésus-Christ prédit longtemps d'avance. Et il faut", c'est-à-dire, il est nécessaire, "que le ciel le reçoive jusqu'au jour du rétablissement de toutes choses". Pourquoi ne vient-il donc pas aujourd'hui ? La raison en est manifeste. "C'est qu'il faut que tout ce que Dieu a prédit par la bouche de ses saints prophètes, dès le commencement du monde, s'accomplisse.
Car Moïse a dit à nos pères: Le Seigneur votre Dieu vous suscitera du milieu de vos frères un prophète semblable à moi, et vous l'écouterez en tout ce qu'il vous dira". Précédemment Pierre avait cité David, et ici il cite Moïse. "Tout ce que Dieu a prédit". L'apôtre ne dit pas: "Tout ce que le Christ a prédit" mais: "le Seigneur", afin de les amener insensiblement à la foi au Sauveur Jésus. C'est pourquoi il leur allègue un témoignage irrécusable, celui, de Moïse qui a dit: "Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera d'au milieu de vos frères un prophète semblable à moi, et vous l'écouterez en tout ce qu'il vous dira". Écoutez maintenant la menace: "Et quiconque n'aura pas écouté ce prophète, sera exterminé du milieu du peuple". (Deutéronome XVIII, 15)
"Or tous les prophètes", continue l'apôtre, "depuis Samuel, et dans les temps postérieurs, ont annoncé ces jours". C'était révéler clairement à ses auditeurs le châtiment d'Israël. Mais observez que toutes les fois que saint Pierre doit leur annoncer quelque chose d'important, il allègue le témoignage des prophètes, et qu'il en trouve des mieux appropriés aux promesses, non moins qu'aux menaces, comme celui-ci: "Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que je place vos ennemis sous vos pieds". (Psaume CIX, 2) Dans son admirable concision, ce verset énonce le crime et le genre du châtiment. "Un prophète semblable à moi". Pourquoi donc vous étonner ! "Car vous êtes les fils des prophètes"; aussi vous disais-je que toutes ces choses ont été faites pour vous.
Les Juifs pouvaient en effet se considérer comme rejetés du Seigneur à cause de leur déicide; car il leur paraissait invraisemblable que le Dieu qu'ils venaient de crucifier les aimât comme ses enfants. C'est néanmoins ce qu'avait prédit Moïse: "Vous êtes", avait-il dit, "les fils des prophètes, et les enfants de l'alliance que Dieu a établie avec nos pères, disant à Abraham : Et en ta race seront bénies toutes les familles de la terre". (Genèse XII, 3) C'est donc pour "vous premièrement que Dieu a envoyé son Fils, le ressuscitant". Sans doute, c'est aussi pour tous les autres peuples, mais premièrement pour vous qui l'avez crucifié. "Et il l'a envoyé afin que vous soyez bénis, et que chacun de vous revienne de son iniquité".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. l'abbé DUCHASSAING.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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POURQUOI VOUS ÉTONNEZ-VOUS DE CECI, OU POURQUOI NOUS REGARDEZ-VOUS,
COMME SI C'ÉTAIT PAR NOTRE VERTU, OU PAR NOTRE PIÉTÉ,
QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ? "
(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
2. (suite) Mais reprenons l'explication de ce discours. L'apôtre veut convaincre les Juifs que ni Jean, ni lui ne sont l'auteur de ce miracle; aussi leur dit-il: "Pourquoi vous étonnez-vous ?" Cependant il ne veut pas qu'ils doutent de sa réalité; et c'est pour le leur rendre plus certain encore qu'il prévient leurs pensées, et s'écrie: "Pourquoi nous regardez-vous comme si nous avions opéré ce prodige par notre vertu et notre piété ?" Si cette guérison vous trouble et vous agite, apprenez quel en est l'auteur, et vous cesserez de vous en étonner. Ici encore, comme toujours, Pierre s'appuie sur le témoignage de Dieu, et dès qu'il a affirmé que tout arrive selon ses conseils, il n'hésite plus à reprendre vivement ses auditeurs. Aussi a-t-il dans son premier discours nommé Jésus "un homme approuvé a de Dieu au milieu d'eux"; et il leur rappelle sans cesse qu'ils l'ont mis à mort pour mieux faire resplendir le miracle de sa résurrection. Mais ici ce n'est plus seulement Jésus de Nazareth; et il lui donne un titre bien plus auguste. "Le Dieu de nos pères", dit-il, "a glorifié son Fils Jésus".
Admirez cependant l'humilité du saint apôtre; il ne s'emporte point contre ses auditeurs, et ne leur dit point subitement: Croyez en Jésus-Christ, car voilà que cet homme, âgé de quarante ans et boiteux de naissance, a été guéri en son nom. Un tel langage les eût rebutés: il s'en abstient donc, et s'empresse de louer l'étonnement qu`ils font paraître. Il nomme ensuite Dieu, le Père de Jésus, et ne dit point que celui-ci avait guéri le boiteux, quoiqu'il fût véritablement l'auteur de cette guérison, afin de prévenir cette objection Jésus était un malfaiteur, et comment peut-on lui attribuer cette gloire ? C'est pourquoi il leur rappelle quel jugement Pilate en a porté, et leur montre ainsi, pour peu qu'ils veuillent réfléchir, que Jésus n'était point un malfaiteur, car Pilate n'eût point alors voulu le relâcher. Observez aussi le choix de cette expression: "Pilate jugeant qu'il devait être absous". Ce n'était pas en lui une simple volonté, mais un vrai jugement qui attestait que vous demandiez la grâce de l'homme qui avait commis un meurtre, et que vous rejetiez celui qui rappelait les morts à la vie.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. l'abbé DUCHASSAING.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
2.(suite) Ils pouvaient encore faire cette objection: Comment ceux qui abandonnèrent alors leur Maître, viennent-ils aujourd'hui le glorifier? Pierre y répond en citant le témoignage des prophètes qui avaient prédit que les choses devaient ainsi arriver. D'autre part il les reprend vivement, de peur qu'ils ne cherchassent à s'excuser sur l'ordre et les conseils du Seigneur. Car c'était un crime énorme que d'avoir renié Jésus-Christ en présence de Pilate; et la présence parmi eux du meurtrier qu'ils lui avaient préféré, leur ôtait à cet égard toute excuse. Pierre agit donc avec une grande sagesse, et leur prouve combien, dans ces circonstances, leur conduite a été honteuse et légère.
Pilate, qui était païen, qui voyait Jésus pour la première fois, et qui n'avait été témoin d'aucun prodige, voulait le délivrer, et vous, qui aviez été comme nourris au milieu de ses miracles, vous vous y êtes opposés. Au reste Pilate, en renvoyant Jésus absous, prétendait accomplir un devoir de justice, et non point faire un acte de compassion et d'indulgence. Car écoutez ses propres paroles: La coutume est de vous accorder la délivrance d'un prisonnier: "Et voulez-vous que je vous délivre celui-ci ?"Et vous, dit l'apôtre, "vous avez rejeté le saint et le juste". Il ne dit point: Vous avez livré, mais: "vous avez rejeté". Cette expression est parfaitement juste, parce qu'ils s'étaient écriés: "Nous n'avons pas d'autre roi que César". (Jean XIX, 15)
Observons enfin que l'apôtre, après avoir reproché aux Juifs de n'avoir point réclamé la délivrance du juste, et même de l'avoir rejetée, ajoute : Et vous l'avez mis à mort. Lorsque les esprits étaient encore tout plongés dans les ténèbres, il n'avait eu garde de parler ainsi; mais les voyant troublés et agités, il frappe ces coups violents parce qu'ils peuvent mieux les sentir. Ce n'est point dans le transport de l'ivresse, mais quand elle est dissipée, qu'on peut faire d'utiles représentations ; et de même l'apôtre profite d'un moment lucide pour parler sévèrement et énumérer leurs nombreux forfaits. Ils ont livré à la mort celui que Dieu a glorifié, ils l'ont renié en présence de Pilate qui le trouvait innocent, et ils lui ont préféré un voleur.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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COMME SI C'ÉTAIT PAR NOTRE VERTU, OU PAR NOTRE PIÉTÉ,
QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ?"
(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
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3. Admirez aussi comme il insinue que la résurrection de Jésus-Christ est un effet de sa puissance. Dans son premier discours, il avait dit: "Il était impossible qu'il fût retenu dans le tombeau". Et ici : "Vous avez mis à mort l'auteur même de la vie". Il n'a donc point reçu la vie d'un autre. L'esprit de malice enfante le mal, et le père de l'homicide est celui qui a commis le premier meurtre. Ainsi l'auteur de la vie est celui qui possède, la vie par lui-même: "Que Dieu a ressuscité", ajoute l'apôtre, "et c'est par la foi en son nom", poursuit-il, "que sa puissance, a affermi cet homme que vous voyez, et que vous connaissez; et c'est cette foi qui vient par lui, qui a donné à cet homme une entière guérison".
Mais puisque la foi que ce boiteux a eue en Jésus-Christ a opéré son entière guérison, pourquoi Pierre dit-il "en son nom", et non point par son nom ? C'est que les apôtres n'osaient pas encore prêcher la foi en Jésus-Christ; et néanmoins, pour ôter tout ce que ce mot "par son nom", aurait eu de peu élevé, il ajoute immédiatement: "Que la puissance de ce nom a affermi cet homme, et que la foi qui vient par lui, a donné à cet homme une entière guérison".
Observez donc avec quelle condescendance l'apôtre ménage ses paroles. Et en effet celui-là s'est ressuscité lui-même, dont le nom seul a redressé ce boiteux qui était aussi impuissant à marcher que s'il eût été mort. Remarquez aussi comme toujours il s'en rapporte à leur propre témoignage. Il avait dit précédemment: "Vous le savez vous-mêmes"; et: "au milieu de vous". Ici il dit également: Que vous voyez et que vous connaissez et en présence de vous tous". Il est vrai qu'ils ignoraient que ce boiteux avait été guéri au nom de Jésus, mais ils savaient qu'il était boiteux. Et les deux apôtres publiaient que cette guérison n'était pas leur œuvre, mais celle de la puissance de Jésus-Christ. Si ce miracle n'avait été bien réel, et s'ils n'avaient eux-mêmes cru fermement à la résurrection du Sauveur, jamais ils n'eussent cédé à un mort l’honneur de cette guérison, et ils l'eussent tournée à leur propre avantage, d'autant plus que tous les regards se fixaient sur eux.
Mais parce que Pierre voyait tous les esprits troublés et agités, il s'empresse de les rassurer en leur donnant le nom de frères. "Mes frères", leur dit-il dans son premier discours, sans parler de lui-même; il les avait exclusivement entretenus de Jésus-Christ. "Que toute la maison d'Israël sache donc certainement". Ici au contraire il ajoute quelques avis. Précédemment il avait attendu l'explosion de leur étonnement et de leurs railleries, et maintenant il parle le premier, parce qu'il connaît leurs œuvres et qu'il sait que les esprits sont plus traitables. Toutefois on ne peut conclure des premières paroles de l'apôtre que les Juifs avaient agi par ignorance.
Et en effet, qui oserait sous ce prétexte les excuser d'avoir demandé la grâce de l'homicide Barabbas, et d'avoir rejeté Jésus que Pilate jugeait digne d'être renvoyé absous, parce qu'ils voulaient le faire mourir? Cependant il leur ouvre comme une voie au repentir et à l'excuse, et leur suggère même un moyen assuré de défense, en disant: En faisant mourir Jésus, vous saviez bien qu'il était innocent, mais peut-être ignoriez-vous qu'il fût le principe de la vie. C'est ainsi qu'il excuse ses auditeurs du crime de déicide, et même ceux qui en furent les auteurs. Autrement il eût augmenté leur obstination, s'il se fût répandu en reproches amers. Car reprenez trop sévèrement l’homme qui a commis une faute grave, et il l'aggravera en cherchant à s'excuser.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
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1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
3. (suite) Remarquez aussi que l'apôtre ne leur dit plus: Vous l'avez tué, vous l'avez crucifié; mais seulement: "vous l’avez fait mourir", amenant ainsi ses auditeurs à un sincère repentir. Si les premiers ont agi par ignorance, à plus forte raison les seconds; et si Dieu leur pardonne, pourrait-il ne point pardonner aux autres ? Admirez encore la réserve de l'apôtre. Il a dit précédemment: "Toutes ces choses sont arrivées selon le conseil et la prescience de Dieu"; et ici: "Le Seigneur vient d'accomplir ce qu'il avait fait prédire de Jésus-Christ". Mais il ne cite aucun fait en témoignage de sa parole, parce que dans toute cause criminelle ce genre de preuve présage le châtiment. "Je donnerai", dit le Seigneur, "les impies pour le prix de sa sépulture, et les riches pour la récompense de sa mort". (Isaïe LIII, 9) Et encore: "Le Seigneur a accompli ce qu'il avait fait prédire par la bouche de tous les prophètes, que le Christ devait souffrir". L'apôtre leur révélait ainsi un grand mystère, puisque ce n'était pas un seul prophète, mais tous les prophètes, qui l'avaient annoncé; et en même temps il leur rappelait que, quoiqu'ils eussent agi par ignorance, rien n'était arrivé que selon la volonté du Seigneur.
Nous voyons donc combien est admirable cette sagesse divine qui fait concourir à ses fins même la malice des pécheurs: "Il a accompli". Pierre emploie ce terme pour marquer que rien ne manquait aux souffrances du Christ, et déclarer qu'il avait à cet égard accompli les prophéties dans toute leur étendue. Il semble aussi qu'il eût dû leur dire: Ne vous croyez pas innocents de ce déicide, parce qu'il avait été prédit, et que vous avez agi par ignorance. Toutefois ce langage eût été un peu sévère; aussi leur dit-il plus doucement: "Faites donc pénitence". Et pourquoi ? "Afin que tous vos péchés soient effacés", et ceux que vous avez commis en crucifiant le Sauveur, quoique peut-être votre ignorance puisse en partie vous excuser, et tous les autres dont vous vous êtes rendus coupables. Il ajoute ensuite: "Quand les temps de repos seront venus". C'était parler obscurément de la résurrection, car le temps véritable du repos est celui que désirait saint Paul, lorsqu'il disait: "Pendant que nous sommes dans ce corps, comme dans une tente, nous gémissons sous son poids". (II Corinthiens V, 4) Enfin, montrant que Dieu est l'auteur de ce repos , l'apôtre poursuit ainsi: "Quand le Seigneur aura envoyé Jésus-Christ qui vous a été annoncé depuis longtemps".
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Par Saint Jean Chrysostôme.
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1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
3. (suite) J'observe aussi que Pierre ne dit point: Afin que votre péché soit effacé, mais: "vos péchés"; et encore qu'il se contente d'insinuer "l'envoi" ou la mission du Christ, sans entrer dans aucune explication. Il ajoute seulement "qu'il faut que le ciel le reçoive". Mais pourquoi parler comme au futur, et ne pas dire que le ciel l'a reçu ? C'est qu'il fait allusion aux prophéties anciennes qui annonçaient que tels étaient les décrets et les conseils divins. Au reste, il omet à dessein la génération éternelle du Verbe, et continue à parler de l'économie de son incarnation. "Moïse a dit à vos pères: le Seigneur vous suscitera un prophète". Précédemment l'apôtre avait dit: "Jusqu'au jour du rétablissement de toutes choses, jour que Dieu à prédit par la bouche de tous ses saints prophètes, dès le commencement du monde". Et ici il fait enfin paraître Jésus-Christ lui-même. Mais s'il a fait lui-même plusieurs prédictions, et si nous devons l'écouter, qui nous accuserait d'erreur lorsque nous disons que tout a été prédit par les prophètes ?
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Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
4. Au reste l'apôtre veut montrer qu'ils ont en effet prédit toutes ces choses; et un examen attentif nous le prouvera, quoique les prophéties ne laissent pas que d'être quelquefois obscures. Pierre ne parlait donc pas un langage nouveau. "Selon ce qui a été prédit". Ici encore il effraie ses auditeurs, en insinuant que plusieurs prophéties ne sont pas encore accomplies. Comment donc a-t-il pu dire que le Christ "avait accompli tout ce qu'il devait souffrir ?" Il a dit: "Le Christ a accompli", et non pas: Tout a été accompli, déclarant, par cette manière de parler, que le Christ avait personnellement souffert tout ce qu'il devait souffrir, mais que tout ce qui avait été prédit, comme devant ensuite arriver, n'avait pas encore été accompli. "Le Seigneur Dieu vous suscitera du milieu de vos frères un prophète semblable à moi". Cette parole ne pouvait que lui concilier la bienveillance de ses auditeurs; et admirez le double caractère d'humilité et d'élévation par lequel il désigne le Christ ! Et, en effet, le Christ est bien grand puisqu'il monte dans les cieux, et en même temps il est bien humble puisqu'il est semblable à Moïse. Au reste, cette ressemblance était alors très importante.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. l'abbé DUCHASSAING.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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"OR, PIERRE VOYANT CELA, DIT AU PEUPLE: HOMMES D’ISRAËL,
POURQUOI VOUS ÉTONNEZ-VOUS DE CECI, OU POURQUOI NOUS REGARDEZ-VOUS,
COMME SI C'ÉTAIT PAR NOTRE VERTU, OU PAR NOTRE PIÉTÉ,
QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ?”
(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
4. (suite) Mais en même temps le Christ est bien au-dessus de Moïse, "puisque quiconque ne l'écoutera pas sera exterminé". A cette première preuve de supériorité, l'apôtre en ajoute un grand nombre d'autres, et il en forme comme un imposant ensemble de témoignages. "Dieu le suscitera du milieu de vos frères". Moïse lui-même a donc fait entendre de graves menaces contre ceux qui ne l'écouteraient pas, et l'apôtre les résume en quelques mots. "Et tous les prophètes", ajoute-t-il, "depuis Samuel". Il ne les cite point chacun en particulier, pour ne pas trop allonger son discours, et il les omet à dessein après avoir heureusement allégué le témoignage de Moïse. "Vous êtes", poursuit-il, "les fils des prophètes, et les enfants de l'alliance que Dieu a faite". Les enfants "de l'alliance", c'est-à-dire les héritiers. Et afin d'éloigner jusqu'à la pensée qu'ils lui étaient redevables de ce bienfait, l'apôtre leur rappelle que depuis longtemps ils avaient acquis ce droit. Et il leur prouve ainsi combien le Seigneur les a aimés.
"C'est à vous que Dieu, ressuscitant son Fils, l'a premièrement envoyé". Il ne dit point simplement: Dieu vous a envoyé son Fils, mais après l'avoir ressuscité, c'est-à-dire après que vous l'avez eu crucifié. Et pour qu'ils n'attribuassent point cet acte de miséricorde au Fils et non au Père, il ajoute: "Afin qu'il vous bénisse". Mais si le Christ, qui est votre frère vous bénit, la promesse du Seigneur se réalise. Aussi loin que vous soyez exclus du nombre de ses enfants, il veut que vous deveniez les maîtres et les chefs de vos frères. C'est pourquoi vous ne devez point vous considérer comme rejetés et abandonnés de Dieu. "Afin que chacun de vous revienne de son iniquité". Ainsi ce n'est pas une simple bénédiction, mais une bénédiction pleine et abondante. Eh ! Que sera donc cette bénédiction ! Elle sera vraiment grande. Car revenir seulement de ses iniquités, ne suffit pas pour les expier, ni, à plus forte raison, pour obtenir la bénédiction divine. Et en effet, quand celui qui commettait l'injustice, devient vertueux, on ne peut dire qu'il est béni, et il reçoit seulement le pardon de ses fautes.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. l'abbé DUCHASSAING.
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(Actes III, vv.12-26)
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1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
4. (suite) Mais ces mots: "Semblable à moi", ne peuvent s'appliquer à Jésus-Christ qu'en qualité de législateur, et autrement ils n'auraient aucun sens. Aussi Moïse ne dit-il pas simplement: "Vous l'écouterez"; mais: "que toute âme qui n'écoutera pas ce prophète, sera exterminée du milieu du peuple". Au reste ce n'est qu'après les avoir convaincus de péché, et après leur en avoir offert la rémission avec la promesse des biens du ciel, que l'apôtre allègue le témoignage de Moïse. Eh ! Quelle est la conclusion de ses paroles ? "Jusqu' au jour du rétablissement de toutes choses". Ainsi il leur cite Moïse comme les engageant à écouter tout ce que Jésus-Christ leur dira, et les y invitant sous les plus graves menaces. Oui, ces menaces sont terribles, et c'est pourquoi il faut lui obéir. Et maintenant que signifient ces mots "Fils des prophètes, et enfants de l'alliance ?" Ils signifient héritiers et successeurs. Si vous êtes les fils du père de famille, pourquoi donc ne considérez-vous votre patrimoine que comme un bien étranger? Vous avez sans doute commis un grand crime, mais vous pouvez en obtenir le pardon.
Que ces paroles sont consolantes ! Et puis il ajoute: "Dieu vous a envoyé son Fils pour vous bénir". Il ne dit pas; pour vous sauver; mais: pour vous bénir, ce qui est bien plus excellent; et il montre ainsi que Jésus crucifié bénira ceux mêmes qui l'ont attaché à la croix. Imitons-le donc, et rejetons toute pensée de sang et d'inimitié. Il ne suffit pas de ne point se venger; car la vengeance était défendue par la loi ancienne; mais il faut nous conduire envers ceux qui nous ont fait tort comme envers de véritables amis, et les aimer comme nous-mêmes. Nous serons ainsi les imitateurs et les disciples de ce Jésus qui est mort sur la croix, et qui n'a rien épargné pour le salut de ses bourreaux, jusqu'à leur envoyer ses apôtres. D'ailleurs ne méritons-nous pas souvent l'injustice qu'on nous fait éprouver? Mais à l'égard de Jésus-Christ la conduite des Juifs fut aussi impie qu'injuste, car ils crucifièrent leur bienfaiteur, l'homme qui jamais ne leur avait fait de mal. Quel fut donc leur motif ? Dites-le moi. L'orgueil et la vanité. Et cependant Jésus-Christ les honorait dans toute circonstance. Comment ? Rappelez-vous ces paroles: "Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse, faites donc tout ce qu'ils vous disent, mais ne faites pas ce qu'ils font". Et encore: "Allez, et montrez-vous au prêtre". (Matthieu XXIII, 2-3; VIII,4) C'est ainsi que Jésus, pouvant perdre ses ennemis, leur offrait le salut, et à son exemple soyons amis de tous, et réservons pour le démon seul tout sentiment de haine et d'inimitié.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ?”
(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
5. Mais voulez-vous aimer facilement vos frères ? Évitez le serment et la colère. Car nous ne saurions haïr celui contre lequel nous ne nous permettrons pas même un mouvement de colère. Or puisque le serment en est la cause la plus ordinaire, ne jurez plus, et vous aurez comme coupé les ailes à la colère. On peut dire aussi que le serment et la colère sont le vent qui enfle la voile; mais s'il ne souffle pas, carguez la voile; il ne sert de rien de la tenir déployée. Oui, supprimons les cris et les jurements, et nous aurons comme coupé le nerf de la colère. Si vous en doutez, essayez, et l'expérience vous convaincra qu'il en est ainsi. Je propose cet accord à l'homme le plus irascible; qu'il s'abstienne de jurer, et de mon côté je ne lui parlerai plus de pratiquer la douceur chrétienne. Tout sera parfait, car il n'y aura plus ni serment, ni parjure.
Au reste, vous ne savez pas dans quelles difficultés vous vous engagez. Et en effet, le serment est une chaîne qui vous enlace de toutes parts, en sorte qu'il vous faut faire les plus grands efforts pour arracher votre âme à un péril inévitable. Mais si vous n'y réussissez pas, vous vous abandonnez aussitôt à la douleur, aux disputes et aux imprécations. Encore toute cette colère s'échappe-t-elle en pure perte ! C'est pourquoi ordonnez et menacez, mais gardez-vous d'y ajouter le serment. Car vous pourrez alors, et à voire gré, revenir sur vos actes et sur vos paroles. D'ailleurs je ne veux aujourd'hui que vous parler avec beaucoup de douceur, puisque votre bienveillante attention me prouve que déjà vous vous êtes en grande partie corrigés. Je me bornerai donc à vous rappeler quelles circonstances ont donné lieu au serment, et l'ont propagé parmi les hommes. Le récit de son origine et celui des temps et des personnages au milieu desquels il s'est produit pour la première fois vous sera un témoignage de ma reconnaissance. L'homme vertueux n'est point étranger au langage d'une saine philosophie, et l'homme vicieux n'est point digne de l'entendre.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ? "
(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
5. (suite) Dès les premiers siècles, Abraham conclut plusieurs traités, immola des victimes et offrit des sacrifices; mais il ne prononça aucun serment. Quelles en furent donc la cause et l'occasion ? La malice toujours croissante des hommes, l'oubli complet de toute notion de justice, et les progrès de l'idolâtrie. Alors donc, et alors seulement les hommes, étant devenus irréligieux, commencèrent à prendre Dieu à témoin de leurs paroles. Et en effet qu'est-ce que le serment ? Une garantie qu'on donne de sa sincérité, quand la corruption des mœurs ôte toute confiance. Ainsi le premier reproche que mérite celui qui fait un serment est d'être si peu sincère qu'on ne saurait croire à sa parole sans une garantie, et même la plus grande qu'il puisse offrir. Car c'est parce qu'on le juge indigne de la moindre confiance, que l'on repousse toute garantie qui viendrait des hommes, et que l'on exige celle de Dieu. En second lieu, celui qui requiert le serment, n'est pas moins coupable, s'il l'exige dans toutes les affaires, et s'il refuse tout autre mode de transaction.
O démence, honte et folie ! Ô homme, toi qui n'es qu'un ver de terre, cendre et poussière, tu appelles le Seigneur en témoignage de ta parole, et tu le forces à devenir ta caution ! Mais si une querelle s'élevait parmi vos esclaves, et si dans le feu de la dispute l'un d'eux osait appeler son maître en garantie de sa parole; pour toute réponse vous le feriez châtier sévèrement, et vous lui apprendriez ainsi à ne point se jouer de votre autorité. Bien plus, supposons qu'au lieu de son maître, cet esclave invoquât le témoignage d'un homme vénérable, celui-ci ne s'en tiendrait-il pas offensé ? Mais je ne demande point le serment, me direz-vous. Très bien; cessez donc de l'exiger; et quand on vous dira: Voulez-vous un tel pour caution, refusez-vous y absolument. Quoi ! Faut-il que je perde mon bien ? Je ne dis point cela, et je me plains seulement de l'offense que vous faites à Dieu. C'est pourquoi celui qui exige le serment est certainement plus coupable que celui qui le prête; mais je n'absous point celui qui jure sans en être requis.
Une conduite bien plus criminelle est celle de ces hommes qui jurent pour une obole, pour un rien, souvent même pour une chose injuste. Encore du moins si l'on ne s'exposait point au parjure. Car dans ce cas, il y a un grave désordre, et il faut en faire retomber la responsabilité sur celui qui a reçu le serment et sur celui qui l'a prêté. Mais que de choses me direz-vous, sont douteuses et inconnues ! Vous devez alors n'agir qu'avec beaucoup de réserve, et si vous êtes imprudent, ne blâmez que vous seul. Au reste, il vous serait plus avantageux de souffrir ce dommage que tout autre. Car, lorsque vous appelez à serment votre débiteur, que vous proposez-vous ? De l'entraîner à un parjure ? Mais ce serait une véritable démence, et le châtiment en retomberait sur votre tête; il vaudrait mieux pour vous perdre votre fortune, qu'exposer ainsi le salut de votre frère, risquer le vôtre et offenser le Seigneur. Une telle conduite dénoterait une grande insensibilité de cœur, et une profonde impiété.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. l'abbé DUCHASSAING.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
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1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
5. (suite) Mais j'espère, me direz-vous, que cet homme gardera son serment. Pourquoi donc ne le croiriez-vous pas sur sa parole ? C'est que plusieurs craignent de violer un serment, et se font un jeu d'une simple promesse. Erreur, erreur, ô mon frère ! Car celui qui s'est accoutumé à ravir le bien ou la réputation du prochain, ne respectera pas un serment, et celui qui s'effraie d'un parjure, s'effrayera bien plus encore d'une injustice. Mais il ne s'y résout qu'avec peine. — Il mérite donc que vous le traitiez avec bonté. Au reste, oublions un instant cette coutume d'exiger le serment dans toutes les transactions et affaires civiles, et portons la question sur le terrain des mœurs privées: Ici, vous ne pouvez alléguer aucune excuse, car vous jurez, et vous vous parjurez souvent pour une valeur de dix oboles. Mais parce que Dieu ne lance pas sa foudre et ne nous écrase pas, nous continuons à le blasphémer; et dans quelles circonstances ? A propos d'un panier de légumes, d'une paire de souliers, ou d'une modique somme d'argent.
Eh quoi ! Si Dieu ne nous punit pas sur-le-champ, croyons-nous ne pas commettre de péché ? Erreur ! Ce délai de sa vengeance ne prouve qu'une chose, la miséricorde du Seigneur, et nullement notre vertu. Pourquoi donc ne jurez-vous point par la vie de votre enfant, ou par la vôtre ? Et pourquoi ne dites-vous pas: Si je manque à ma parole, que je sois livré aux mains du bourreau ? Mais vous craignez de proférer un pareil serment, et à vos yeux, Dieu est moins que vos membres et que votre tête. Prononcez du moins quelque imprécation contre vous-mêmes. Mais Jésus-Christ a porté à notre égard la bonté jusqu'à nous défendre de jurer par notre tête; et nous, au contraire, nous poussons la témérité jusqu'à profaner la gloire de Dieu, et attester son saint nom sous le plus frivole prétexte. Vous ne savez donc pas ce qu'est Dieu, et quelle bouche est digne de l'invoquer? S'agit-il d'un homme illustre par ses vertus, nous disons: Purifiez vos lèvres et louez-le ensuite; mais nous prononçons à la légère et sans aucun respect le nom adorable du Seigneur, ce nom qui est au-dessus de tout nom, qui est admirable sur toute la terre, et que les démons eux-mêmes n'entendent qu'avec frémissement.
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2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
6. O détestable coutume qui nous fait mépriser le nom du Seigneur ! Certes, si vous forciez votre débiteur à jurer dans le lieu saint, vous vous croiriez coupable de sacrilège. Mais qui vous inspirerait cette horreur ? L'usage qui est contraire à de pareils serments, tandis que ce même usage les autorise en tout autre lieu. Eh quoi ! Est-il donc permis de prononcer en vain le saint nom de Dieu ? Les Juifs l'entouraient d'un tel respect qu'ils l'écrivaient sur une lame d'or, et que le grand prêtre seul la portait sur le front. Nous, au contraire, nous le proférons presqu’à chaque instant avec une coupable légèreté. Si dans l'ancienne loi il était interdit de prononcer même le nom de Dieu, n'est-ce pas, je vous le demande, une étrange audace et un véritable délire que de l'appeler en témoignage de notre parole ? Toute perte devrait nous paraître préférable à un tel blasphème. Je vous le répète donc, et je vous adjure de ne pas l'oublier. Bannissez le serment de toutes vos transactions civiles ou commerciales, et amenez-moi tous les désobéissants. Oui, je vous le dis et je vous le recommande en présence de tout le clergé de cette ville, il n'est permis à personne de jurer, soit en prenant en vain le nom de Dieu, soit de toute autre manière.
Si quelqu'un viole cette défense, qu'on me le dénonce, quel qu'il soit. Vous n'êtes que des enfants, et il faut que je vous traite comme des enfants. Mais qu'il n'en soit pas ainsi ! Car je rougirais pour vous si vous aviez encore besoin d'être menés la verge à la main. Oseriez-vous, n'étant que catéchumène, vous approcher de la table sainte ? Et ce qui est bien plus grave encore, vous ne craignez point, après votre baptême, de vous asseoir à cette table, dont tous les prêtres n'approchent pas, et de vous permettre ensuite de criminels jurements. Certes, vous n'oseriez, au sortir de ce lieu saint, frapper votre enfant, et vous n'avez ni honte, ni crainte de jurer après avoir communié ! Amenez-moi les coupables; j'en ferai bonne justice, et je les renverrai contents et satisfaits. Au reste, faites ce que vous voudrez; pour moi, je vous intime ce commandement: Ne jurez point. Eh ! Comment espérer encore que l'on sera sauvé si l'on transgresse ainsi toutes les lois divines ? Les contrats et les actes de commerce ne sont-ils donc faits que pour la perte de votre âme ? Et pouvez-vous gagner autant que vous perdrez ?
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. l'abbé DUCHASSAING.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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Re: SUITE DU COMMENTAIRE DES ACTES DES APÔTRES PAR SAINT JEAN CHRYSOSTÔME.
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"OR, PIERRE VOYANT CELA, DIT AU PEUPLE: HOMMES D’ISRAËL,
POURQUOI VOUS ÉTONNEZ-VOUS DE CECI, OU POURQUOI NOUS REGARDEZ-VOUS,
COMME SI C'ÉTAIT PAR NOTRE VERTU, OU PAR NOTRE PIÉTÉ,
QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ?"
(Actes III, vv.12-26)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l'Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités: la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
2. Il observe aussi que l'apôtre qui, dans son premier discours, s'était appuyé de l'autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moïse pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
3. A l'égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l'absoudre, et leur fait ainsi sentir l'énormité de leur crime.
4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus est vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
5. L'Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moïse, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et affaires civiles.
6. (suite) Celui que vous avez appelé à serment se parjure-t-il ? Vous perdez son âme et la vôtre. — Mais il remplira son serment. — Vous n'en avez pas moins donné la mort à son âme, en le forçant de transgresser un précepte divin. Corrigeons-nous donc de cette criminelle coutume, et bannissons le serment de la place publique, des boutiques, et en général de toutes nos transactions. Nous sommes assurés d'en retirer le plus grand fruit. Car ne pensez pas avancer vos affaires en transgressant la loi divine. Mais personne, me direz-vous, ne veut me croire sur parole, et l'on m'oblige à mille serments. Telle est l'objection qui m'est faite souvent; et moi je vous réponds que vous êtes coupables de jurer ainsi avec tant de facilité. Car s'il en était autrement et si l'on savait bien que jamais vous ne vous permettez de jurer, je vous assure qu'on aurait plus de confiance en votre parole qu'aux serments multipliés de mille autres. Moi, je ne jure point, et cependant vous me croyez de préférence à ceux qui ont toujours le serment à la bouche.
Mais, m'objecterez-vous, vous êtes prince et évêque. Sans doute et même quelque chose de plus. Car, répondez-moi en toute franchise: Si j'avais la criminelle habitude de jurer en toute circonstance, respecteriez-vous beaucoup ma dignité ? Nullement. Ma dignité est donc en dehors de la question. Et maintenant, je vous le demande, que gagnez-vous à jurer ainsi ? L'apôtre savait endurer la faim; et à son exemple, vous devriez préférer la pauvreté à cette criminelle violation de la loi divine. Vous restez incrédule: eh bien ! Ne négligez aucun moyen, et souffrez même, s'il le faut, pour vous corriger; est-ce que Dieu ne vous en récompensera pas ? Et Celui qui nourrit chaque jour les parjures et les blasphémateurs, vous laisserait-il mourir de faim parce que vous auriez obéi à sa parole ?
O vous donc, qui êtes ici réunis, prenez tous l'engagement de ne plus jurer, et déjà célèbres par votre foi, distinguez-vous encore par là des autres églises de la Grèce, et même de tous les autres peuples. Ce sera un sceau céleste qui nous désignera en tous lieux comme le royal troupeau de Jésus-Christ. Notre langage et nos paroles nous feront distinguer des autres fidèles comme un accent étranger fait reconnaître un barbare d'avec un grec. Eh ! Dites-moi, qui distingue les perroquets des autres oiseaux ? N'est-ce pas leur aptitude à parler ? Et de même, comme autrefois les apôtres, nous nous ferons connaître à notre parole, si nos entretiens sont tout angéliques. Lorsqu'on vous dira: Prêtez serment; répondez: Jésus-Christ le défend et je ne le prêterai pas. C'en sera assez pour vous affermir dans toutes les vertus chrétiennes, vous ouvrir les voies de la piété, vous initier à la véritable philosophie, et vous faciliter l'exercice des moyens de salut. Soyons fidèles à observer ces règles, et nous obtiendrons les biens du temps et ceux de l'éternité, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient, avec le Père et l'Esprit-Saint, la gloire, l'honneur et l'empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. l'abbé DUCHASSAING.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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"COMME ILS PARLAIENT AU PEUPLE, LES PRÊTRES
ET LE CAPITAINE DES GARDES DU TEMPLE SURVINRENT".
(Chap. IV, vv.1-23)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
1. Ils n'avaient pas encore eu le temps de respirer après les premières persécutions, que déjà de nouvelles venaient les visiter. Et voyez comment la Providence ménage les événements ! C'est d'abord la persécution du rire qu'ils ont à souffrir tous ensemble, et ce n'est pas peu de chose. En second lieu, ce sont les chefs qui tombent en péril. Ces deux épreuves n'arrivent pas coup sur coup ni au hasard. Les apôtres se signalent d'abord par leurs discours à la multitude, leur puissance éclate ensuite par un grand miracle, et ce n'est qu'après cela, c'est-à-dire quand leur confiance s'est affermie; qu'ils sont appelés de Dieu à livrer des combats plus difficiles.
Mais considérez comment ceux qui ont soudoyé un traître contre Jésus-Christ, en viennent maintenant à mettre eux-mêmes la main sur les disciples, et comment leur audace et leur impudence se sont accrues depuis le crucifiement du Sauveur. C'est que le péché, tant qu'il n'est pour ainsi parler qu'en enfantement, garde une certaine pudeur, et que, quand il est une fois accompli, il accroît l'impudence de ceux qui l'ont commis. Mais pourquoi le capitaine des gardes vient-il aussi ? "Les prêtres", dit le texte, "survinrent avec le capitaine des gardes". C'était afin de donner à cette affaire le caractère d'un crime d'État, et pour ne pas courir le risque de se faire justice eux-mêmes comme dans une affaire privée.
C'est une conduite qu'ils s'appliquent partout à tenir. "Ne pouvant souffrir qu'ils enseignassent le peuple (Actes IV, 2)". Leur dépit venait non seulement de ce que les apôtres enseignaient, mais de ce qu'ils annonçaient la résurrection du Sauveur, et même notre propre résurrection par Jésus-Christ. "Qu'ils enseignassent le peuple", dit le texte, "et qu'ils annonçassent la résurrection des morts en Jésus-Christ". Il y a eu tant de vertu dans la résurrection de Jésus-Christ, qu'il est devenu l'auteur de la résurrection des autres. "Et ils mirent la main sur eux, et ils les jetèrent en prison jusqu'au lendemain, parce qu'il était déjà tard (Actes IV, 3)".
O impudence ! Ils avaient les mains encore toutes pleines du premier sang qu'ils avaient répandu, et leur fureur n'en était pas ralentie, ils voulaient même les remplir d'un nouveau sang. La présence du capitaine des gardes à cette affaire avait peut-être encore une autre raison: outre celle que nous avons donnée; peut-être craignait-on les disciples qui étaient devenus une multitude. "Il était déjà tard". Les Juifs agissaient de la sorte et gardaient les apôtres pour les adoucir, mais ce délai ne servait qu'à ajouter à leur constance. Considérez quels sont ceux qu'on arrête ; ce sont les chefs des apôtres: on veut en faire pour les autres un exemple qui les empêche de se rechercher les uns les autres et d'agir de concert.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. JEANNIN.
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"COMME ILS PARLAIENT AU PEUPLE, LES PRÊTRES
ET LE CAPITAINE DES GARDES DU TEMPLE SURVINRENT".
(Chap. IV, vv.1-23)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
1. (suite) "Cependant beaucoup de ceux qui avaient entendu le discours" de Pierre "crurent et le nombre des hommes fut d'environ cinq mille (Actes IV, 4)". Qu'est ceci ? Les voyait-on entourés de considération ? Ne les voyait-on pas, au contraire, chargés de fers ? Qu'est-ce donc qui attirait à la foi ? Voyez-vous éclater la vertu de Dieu ? Tout conspire à ébranler la foi, et c'est le contraire qui arrive. C'est que le discours de Pierre avait jeté la semence divine fort avant dans les âmes, c'est qu'il avait touché les cœurs.
Les Juifs étaient irrités de voir que les disciples ne les craignaient pas et qu'ils comptaient pour rien les maux présents. Voici en effet le raisonnement que faisaient les disciples: Si le Crucifié opère de telles œuvres, s'il a fait marcher le boiteux, nous n'avons rien à craindre de ceux-ci. C'était donc là un effet de la divine sagesse. C'était par son action que le nombre des croyants augmentait. Effrayés de cet accroissement, les ennemis de la foi enchaînèrent les apôtres à la vue de leurs disciples, pour intimider ceux-ci. Le contraire de ce qu'ils voulaient arriva. Ils n'interrogèrent pas les prisonniers devant les fidèles, mais à l'écart, de peur que ceux-ci ne profitassent de la fermeté de leurs réponses s'ils les entendaient.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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ET LE CAPITAINE DES GARDES DU TEMPLE SURVINRENT".
(Chap. IV, vv.1-23)
Par Saint Jean Chrysostôme.
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1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
1. (suite) "Le lendemain les chefs du peuple, les sénateurs et les scribes, s'assemblèrent dans Jérusalem, avec Anne le grand-prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre et tous ceux qui étaient de la race sacerdotale (Actes IV, 5-6). Voilà qu'ils se réunissent encore une fois; car, pour comble de malice, ils n'observaient plus même la loi. De nouveau ils dissimulent leur mauvais dessein sous les formes de la justice, afin de noircir ces innocents par un jugement injuste. "Et ayant fait venir les apôtres au milieu d'eux, ils leur dirent: Par quelle puissance ou au nom de qui, faites-vous ceci (Actes IV, 7)?" Ils le savaient bien. "Ils ne pouvaient souffrir", dit le texte, "qu'ils annonçassent en Jésus-Christ la résurrection des morts". C'était pour cela même qu'ils les avaient arrêtés. Pourquoi donc les interrogent-ils ? Ils espéraient les faire rétracter, et ils comptaient bien tout réparer par ce moyen. Voyons donc ce qu'ils disent: "Au nom de qui faites-vous ceci ? Alors Pierre, rempli de l'Esprit-Saint leur dit":
C'est le moment de se rappeler les paroles de Jésus-Christ et d'en remarquer l'accomplissement: "Lorsqu'ils vous mèneront dans leurs synagogues, ne vous mettez point en peine comment vous répondrez ni de ce que vous direz". (Luc XII, 11-12) Ils avaient donc reçu une grande puissance. Mais écoutons la réponse: "Princes du peuple et sénateurs d'Israël". Admirez cette sagesse ! L’apôtre est plein de confiance, mais il ne dit rien d'injurieux, il s'exprime respectueusement: "Princes du peuple", dit-il, "et sénateurs d'Israël, puisqu'aujourd'hui l’on nous demande raison du bien que nous avons fait à un homme infirme, et qu'on veut s'informer de la manière dont il a été guéri, nous vous déclarons à vous tous et à tout le peuple d'Israël".
Dès son exorde il fait retentir à leurs oreilles des paroles courageuses et pénétrantes. Il leur rappelle ce qui s'est passé, il leur dit que c'est pour un bienfait qu'on les appelle en jugement. C'est comme s'il disait: Il fallait nous couronner pour cette action, il fallait nous signaler au public comme des bienfaiteurs insignes: et maintenant nous sommes appelés en jugement pour le bien que nous avons fait à un homme infirme, non pas riche, non pas noble: qui donc eu pourrait prendre ombrage ?
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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ET LE CAPITAINE DES GARDES DU TEMPLE SURVINRENT".
(Chap. IV, vv.1-23)
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1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
2. Ce début est plein de gravité. Il y est montré que les Juifs s'enlacent eux-mêmes dans les filets du malheur. "Nous vous déclarons que c'est au nom de Jésus de Nazareth". Il ajoute aussitôt la chose qui causait surtout leur dépit. Il faisait ce que Jésus-Christ avait commandé: "Ce que l'on vous dit à l'oreille, prêchez-le sur les toits des maisons. (Matthieu X, 27) C'est au nom "de Jésus-Christ de Nazareth que vous avez crucifié, que Dieu a, ressuscité d'entre les morts, c'est en son nom que cet homme se tient debout devant vous et guéri (Actes IV, 8-10)".
Ne croyez pas que nous cachions sa patrie ni le genre de sa mort. "Celui que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité d'entre les morts, c'est en son nom que cet homme-ci se tient debout devant vous et guéri". Encore la passion, encore la résurrection. C'est lui qui est cette pierre "rejetée par vous, et que vous n'avez pas voulu admettre dans votre édifice, et qui est devenue la principale pierre de l’angle". Il les fait souvenir d'une parole propre à les effrayer. "Car", dit l'Ecriture, "celui qui tombera sur cette pierre, sera brisé, et celui sur qui tombera cette pierre, elle le broiera. (Matthieu XXI, 44) Et il n'y a "point de salut par aucun autre".
Combien de coups pensez-vous que ces paroles leur ont valus ? "Car nul autre none sous le ciel n'a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés (Actes IV, 12)". Ici le discours devient sublime. Dès qu'il ne s'agit plus de devoir à remplir, mais seulement de liberté à montrer, Pierre ne ménage plus rien. Les mauvais traitements ne lui faisaient pas peur. Il ne dit pas simplement: Nous ne pouvons être sauvés par un autre; mais: et Il n'y a point de salut "par aucun autre", montrant ainsi que celui-là peut nous sauver et voulant en même temps effrayer ses auditeurs. "Lorsqu'ils virent la constance de Pierre et de Jean, sachant que c'étaient des hommes sans lettres, et du commun du peuple, ils en furent étonnés; ils savaient aussi qu'ils avaient été disciples de Jésus (Actes IV, 13)".
Et comment des hommes sans lettres étaient-ils devenus assez éloquents pour l'emporter sur des lettrés, sur des princes des prêtres ? — Ce n'étaient pas eux qui parlaient, mais la grâce du Saint-Esprit par leur bouche. "Et comme ils voyaient aussi l'homme qui avait été guéri présent avec eux, ils n'avaient rien à leur opposer (Actes IV, 14)". Cet homme ne manquait pas de courage, on le voit, puisqu'il accompagnait les apôtres devant le tribunal; de manière que si les Juifs avaient dit: Non, vous n'avez guéri personne, il était là pour leur répondre.
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1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
2. (suite) "Ils leur commandèrent donc de sortir de l'assemblée, et ils se mirent à délibérer entre eux". Voyez-vous leur embarras ? Les voyez-vous agir par une crainte tout humaine ? Autrefois, lorsqu'ils ne pouvaient ni empêcher l'œuvre du Christ, ni en amortir l'éclat, mais que la foi à sa parole croissait en proportion des efforts qu'ils faisaient pour l'arrêter, ils avaient dit: "Que ferons-nous ?" Et voici qu'ils le disent encore aujourd'hui. O démence, de s'imaginer que les mauvais traitements viendraient à bout de l'intrépidité des apôtres ! Ils n'avaient rien pu contre eux dès le commencement, et ils comptaient faire quelque chose après la puissance de parole qu'ils venaient de voir éclater en eux.
Plus donc ils s'efforçaient d'arrêter l'Evangile, plus il faisait son chemin. "Que ferons-nous à ces gens-ci ? Car ils ont fait un miracle qui est connu de tous les habitants de Jérusalem; cela est certain, et nous ne pouvons pas le nier. Mais afin qu'il ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces de parler à l'avenir en ce nom-là à qui que ce soit. Et les ayant fait appeler, ils leur défendirent de parler en quelque manière que ce fût, ni d'enseigner au nom de Jésus" (Actes IV, 15-18).
Voyez leur impudence et la sagesse des apôtres ! "Mais Pierre et Jean répondant, leur dirent: Jugez vous-mêmes s'il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu'à Dieu; pour nous, nous ne pouvons ne point parler des choses que nous avons vues et entendues. Alors ils les renvoyèrent avec menaces, ne trouvant point de moyen de les punir à cause du peuple". Les miracles leur fermèrent la bouche, et ne leur permirent pas d'accomplir leurs menaces; néanmoins, ils n'avaient pas honte de leur défendre de parler. "Parce que tous rendaient gloire à Dieu de ce qui était arrivé. Car l'homme qui avait été guéri d'une manière si miraculeuse avait plus de quarante ans. (Actes IV, 19-22)
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1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
2. (suite) Mais reprenons. "Que ferons-nous ", disent-ils, "à ces gens-ci ?" D'abord ils font tout pour la gloire humaine. Ils avaient encore une autre intention: ils ne voulaient pas passer pour des meurtriers, comme on le voit par ce qu'ils disent quelque temps après: "Vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme. — Défendons-leur avec menaces de ne plus parler en ce nom à qui que ce soit". O démence ! Ils sont convaincus qu'il est ressuscité, par conséquent qu'il est Dieu; et ils espèrent, par leurs machinations, retenir dans l'ombre celui que la mort n'a pu garder. Y a-t-il rien d'égal à cette démence ? Cependant, ne vous étonnez pas trop de les voir encore une fois tenter l'impossible.
Telle est l'impiété: elle ne voit rien à rien, elle se trouble de tout. Ils se sont trompés dans leurs calculs, et ils en éprouvent un vif dépit; c'est l'histoire de tous ceux qui ont éprouvé une déception, une mystification. En effet, les apôtres, malgré la défense qu'on leur avait faite, allaient répétant sans cesse et partout que Dieu avait ressuscité Jésus, que c'était au nom de Jésus que le boiteux était maintenant guéri, preuve éclatante de la résurrection de Jésus-Christ. Quoique les pharisiens eussent eux-mêmes quelque idée de la résurrection, idée incomplète il est vrai et puérile, néanmoins ils tombent dans l'incrédulité et le trouble, ils se demandent ce qu'ils feront à ces hommes.
Cependant, n'y avait-il pas dans cette franchise des apôtres de quoi les convaincre qu'il n'y avait rien à faire ? Pourquoi es-tu incrédule, ô Juif, réponds-moi ? Il fallait considérer le miracle accompli et les discours entendus, et non la malice de la multitude. Pourquoi ne les livrent-ils pas aux Romains ? C'est qu'ils s'étaient déjà discrédités auprès d'eux par leur conduite envers le Christ, de manière qu'ils travaillaient contre eux-mêmes en différant de dénoncer les disciples.
Envers le Christ, ils n'avaient pas agi de la sorte: ils l'avaient arrêté au milieu de la nuit et conduit aussitôt au supplice, et ils n'avaient pas différé d'agir, parce qu'ils redoutaient le peuple; mais au sujet des apôtres, ils n'agissent plus avec la même décision, et la même confiance. Ils ne les conduisent pas devant Pilate, le souvenir de la passion de Jésus-Christ les retient, ils craignent de recevoir des reproches. "Le lendemain les chefs du peuple, les sénateurs et les scribes s'assemblèrent dans Jérusalem".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. JEANNIN.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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"COMME ILS PARLAIENT AU PEUPLE, LES PRÊTRES
ET LE CAPITAINE DES GARDES DU TEMPLE SURVINRENT".
(Chap. IV, vv.1-23)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
3. Voici de nouveau des assemblées à Jérusalem, le sang est répandu sans respect pour la ville sainte. Voici encore Anne et Caïphe. Naguère l'apôtre Piierre avait tremblé devant la servante de celui-ci qui l'interrogeait; il avait renié son Maître déjà arrêté par le même Caïphe. Maintenant que le voilà lui-même amené en présence des mêmes hommes, voyez comme il parle: "Puisqu'aujourd'hui l'on nous demande raison du bien que nous avons fait à un homme infirme, et que l’on veut savoir par la vertu de qui il a été guéri, nous vous déclarons à vous tous". Ils disent: "Au nom de qui avez-vous fait cela ?" Pourquoi dites-vous simplement: "cela ?" Pourquoi ne pas dire expressément la chose dont il s'agit ? Pourquoi la laisser dans l'ombre ? "Au nom de qui avez-vous fait cela ?"
Pierre répondit que ce n'était pas eux qui l'avaient fait. Voyez sa prudence; il ne dit pas simplement: Nous l'avons fait au nom de Jésus-Christ; mais que dit-il ? "C'est en son nom que celui-ci se tient debout devant vous et guéri". Il ne dit pas qu'il a été guéri par eux. Cette parole: "Puisqu'aujourd'hui l'on nous demande raison du bien que nous avons fait", a une grande portée: Pierre les accuse par là de ne faire que des accusations de ce genre, et de ne se plaindre que du bien que l'on fait aux hommes. Il leur rappelle aussi ce qui s'est passé, et qu'ils sont toujours prêts à répandre le sang, et le sang des bienfaiteurs de l'humanité. Admirez encore une fois la force et la gravité de ce langage ! Les apôtres s'aguerrissaient et devenaient intrépides.
Saint Pierre montre aux Juifs qu'ils prêchent eux-mêmes Jésus-Christ malgré eux, qu'ils ne font que mettre en évidence la doctrine nouvelle en la discutant et l'examinant. — "Que vous avez crucifié". Quelle franchise ! "Que Dieu a ressuscité d'entre les morts". Ceci témoigne encore d'une plus grande liberté. C'est comme s'il disait: Ne croyez pas que nous cachions ce que vous tenez vous autres pour ignominieux; nous sommes si éloignés de le dissimuler, que nous le publions hautement. C'est presqu'une attaque ouverte, et il ne dit pas cela simplement, mais il insiste sur la même pensée en disant: "C'est lui qui est la pierre que vous avez rejetée, et que vous n'avez pas voulu admettre dans votre édifice".
Puis, pour montrer qu'ils n'ont fait que travailler malgré eux à sa gloire, il ajoute: "Il est devenu la pierre principale de l'angle". Vous avez donc réprouvé, ô Juifs, celui qui était honorable et bon par nature. C'est ainsi qu'ils parlaient, tant le miracle qu'ils avaient opéré leur donnait de confiance. Remarquez comment, lorsqu'il s'agit d'enseigner, ils citent de nombreuses prophéties, et lorsqu'il ne faut que faire preuve d'assurance, ils se contentent d'affirmer leur sentiment: "Car nul autre nom sous le ciel n'a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés; aux hommes", parce que ce nom a été donné à tous, et non pas aux seuls Juifs.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc. — Traduit par M. JEANNIN.
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ET LE CAPITAINE DES GARDES DU TEMPLE SURVINRENT".
(Chap. IV, vv.1-23)
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1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
3. (suite) L'apôtre prend ses adversaires eux-mêmes à témoin. Ceux-ci demandaient: "Au nom de qui avez-vous agi ?" Au nom du Christ, répond Pierre. "Il n'y a pas d'autre nom que celui-là en qui nous puissions être sauvés". La chose est d'elle-même évidente, pourquoi donc m'interrogez-vous ? Ces paroles sont d'une âme qui méprise la vie présente. Cette liberté de langage le montre assez. Ici il fait clairement voir que, lorsqu'il s'exprimait humblement au sujet du Christ, c'était par condescendance et non par crainte qu'il le faisait.
Maintenant que le moment était venu, il en parlait avec une sublimité qui frappait d'étonnement tous les auditeurs. Voici un signe non moindre que le premier: "Ils les reconnaissaient pour les avoir vus avec Jésus". L'écrivain sacré n'a pas tracé ces mots au hasard. C'était pour rappeler en quelle circonstance les Juifs avaient vu les apôtres, c'est-à-dire pendant la passion. Pierre et Jean étaient seuls avec Jésus alors, et c'est là que les pharisiens les virent si humbles et si tremblants.
Aussi un changement si complet leur paraissait étrange. C'était toujours le même tribunal ayant Anne et Caïphe pour chefs. Ils étaient donc stupéfaits de retrouver maintenant si intrépides des hommes qu'ils avaient vus naguère si timides. Ce n'était pas seulement par leur langage que ceux-ci montraient qu'ils se souciaient fort peu d'une affaire où il y allait pour eux de la peine capitale, mais encore par leur attitude, par leur voix et par leurs regards; en un mot, la résolution où ils étaient de parler, de ce qu'ils savaient, éclatait dans toute leur personne aux yeux du peuple.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
3. (suite) Les Juifs s'étonnaient aussi parce que c'étaient des hommes sans lettres et du commun. Comme on peut être sans lettres et n'être cependant pas du commun, et réciproquement, il met les deux termes, parce que les deux choses étaient vraies pour les apôtres: "Sachant", dit le texte, "que c'étaient des hommes sans lettres". Comment le savaient-ils ? Par leur manière de s'énoncer. Les apôtres ne font pas de longs discours; ils disent simplement et sans artifice ce qu'ils veulent dire, mais avec un accent qui prouve leur résolution courageuse. Peut-être les eussent-ils maltraités, si l'homme guéri par eux n'eût été là. "Ils les reconnaissaient pour les avoir vus avec Jésus"; circonstance qui leur faisait voir qu'ils tenaient de lui ce qu'ils disaient, et qu'ils agissaient en qualité de ses disciples.
D'ailleurs le miracle récent parlait encore plus haut qu'eux, et c'était lui surtout qui fermait la bouche aux Juifs: "Jugez s'il est juste en présence de Dieu de vous obéir plutôt qu'à Dieu". Maintenant qu'ils n'ont plus rien à craindre (les menacer équivalait à les absoudre), leur langage s'adoucit, tant ils étaient loin de l'audace qui provoque. Ils ont fait un miracle qui est connu de tout le monde, "nous ne pouvons le nier". De sorte qu'ils l'auraient nié, s'il en eût été autrement, si le témoignage de la multitude n'eût été là.
Le miracle était manifeste; mais que n'ose pas l’iniquité, de quelle impudence n'est-elle pas capable ? "Défendons-leur avec menaces". Que dites-vous ? Vous croyez, par des menaces, pouvoir arrêter la prédication de la vérité ? — Les commencements sont toujours pénibles et difficiles. Vous avez tué le Maître et vous n'avez rien empêché; et maintenant vous espérez nous détourner par des menaces ? L'emprisonnement n'a pas intimidé notre voix, et vous l'intimiderez, vous que nous ne comptons pour rien avec toutes vos menaces ? "Jugez devant Dieu s'il est juste de vous obéir plutôt qu'à Dieu". Ici il dit Dieu pour Jésus-Christ. Voyez-vous l'accomplissement de cette parole: "Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups, ne les craignez point ?" (Matthieu X, 16-26)
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4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
4. Ensuite ils affirment la résurrection par ce qu'ils ajoutent: "Pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu".C'est-à-dire: Nous sommes des témoins dignes de foi, et vous qui nous menacez, vous nous menacez encore en vain. Au lieu de se convertir à la vue d'un miracle pour lequel le peuple glorifiait Dieu, ils lancent des menaces de mort. C'était faire la guerre à Dieu lui-même. Après les avoir menacés, ils les renvoyèrent. Les apôtres n'en furent que plus illustres et plus glorieux. "Ma puissance", est-il écrit, "se montre tout entière dans la faiblesse". Ils avaient montré qu'ils étaient préparés à tout événement. Qu'est-ce à dire: "Nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous avons vu et entendu ?"
C'est-à-dire: Si ce que nous disons est faux, reprenez-nous; si c'est la vérité, pourquoi voulez-vous nous fermer la bouche ? Voyez ce que peut la sagesse. Les Juifs sont dans l'embarras, les apôtres dans la joie; ceux-là sont couverts de confusion, ceux-ci agissent en tout avec franchise; ceux-là sont dans la crainte, ceux-ci dans la confiance. Quels étaient, dites-moi, ceux qui craignaient, de ceux qui disaient: "De peur que cette doctrine ne se répande dans le peuple", ou de ceux qui disaient: "Nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous avons vu et entendu ?" La joie, la franchise, l'allégresse, tels sont les sentiments des apôtres, et ceux des prêtres juifs sont le découragement, la honte et la crainte; ils redoutaient le peuple. Ceux-là disaient ouvertement ce qu'ils voulaient, ceux-ci ne faisaient pas ce qu'ils voulaient. Quels étaient ceux qui étaient dans les liens et les périls ? N'était-ce pas surtout ceux-là ?
Attachons-nous donc à la vertu. Faites en sorte que nous ne parlions pas seulement pour votre plaisir et votre consolation. Ce n'est pas ici un théâtre, mon cher frère, où l'on vient voir des comédiens ou entendre des musiciens, où le fruit qu'on retire s'arrête à un plaisir qui ne dure qu'un jour. Et encore, plût à Dieu que ce plaisir fût seul, et qu'il ne fût pas accompagné d'un dommage ! Mais ce lieu-là, on ne le quitte pas sans remporter chez soi quelque chose des ordures qui s'y débitent. Le jeune homme remporte dans sa mémoire tout ce qu'il peut retenir des mélodies et des chants sataniques qu'il y a entendus, et constamment il les répète à la maison. Le vieillard, un peu moins léger, ne fredonne pas les airs, mais il redit les paroles qu'il a entendues.
Mais d'ici, vous sortez sans rien remporter. Quelle honte, mes frères! Nous avons porté une loi, ou pour mieux dire, ce n'est pas nous qui l'avons portée, non: "N'appelez personne votre maître sur la terre", dit le Sauveur. (Matthieu XXIII, 8) Le Christ a porté une loi qui défend de jurer. Comment cette loi est-elle observée ? C'est un sujet que je ne me lasserai pas de traiter. "Si je reviens de nouveau", dit l'apôtre, "je serai sans pitié". (II Corinthiens III, 2) Vous êtes-vous occupés de cette affaire ? Y avez-vous songé ? Avez-vous montré quelque zèle, ou bien faut-il que nous recommencions toujours la même exhortation ?
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1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. — Belle réponse que fait saint Pierre; l'orateur en montre l'à-propos et la portée. — Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, paraît aujourd'hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
4. et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. — L'orateur est confondu de ce qu'au lieu de s'élancer dans les hautes régions de l'enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. — Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.
4. (suite) Mais, dans tous les cas, je reprendrai encore ce sujet, afin que vous vous occupiez enfin de cette affaire, si jusqu'ici vous n'avez rien fait, et afin que vous redoubliez de zèle si vous en avez déjà montré, et que vous exhortiez les autres. Par où débuterons-nous donc ? Voulez-vous que ce soit par un passage de l'Ancien Testament ? Mais c'est là notre honte que nous n'observions pas même les prescriptions de l'Ancien Testament, lorsqu'il nous faudrait aller bien au-delà.
Nous ne devrions pas être obligés de vous prêcher ces préceptes, qui ne convenaient qu'à la faiblesse juive. Voici les exhortations qu'il conviendrait d'adresser à des chrétiens: Rejetez l'argent, soyez ferme, donnez votre vie pour l'Evangile, moquez-vous de toutes les choses de la terre, n'ayez aucune attache à la vie présente. Si quelqu'un vous fait tort, faites-lui du bien; s'il vous trompe, bénissez-le; s'il vous injurie, honorez-le, élevez-vous au-dessus de tout. Ce sont ces préceptes et d'autres semblables qu'il faudrait vous inviter à pratiquer.
Mais maintenant c'est sur le jurement que nous sommes obligés de parler. Nous faisons comme un maître de philosophie qui se verrait contraint de remettre ses élèves à l'étude des syllabes et de l'alphabet. Songez combien serait ridicule un homme qui, portant une longue barbe, un bâton et une robe de philosophe, irait à l'école avec des enfants et étudierait les mêmes choses qu'eux. Eh bien ! Notre conduite n'est pas moins singulière. Car la différence est moindre entre la philosophie et l'alphabet qu'entre le christianisme et le judaïsme. De l'un à l'autre, il y a la même distance qu'entre l'ange et l'homme. Si quelqu'un, dites-moi, faisant descendre un ange du ciel l'invitait à demeurer ici pour entendre nos discours comme devant en profiter pour mieux régler sa conduite, ne ferait-il pas une chose ridicule ?
Que s'il est déjà ridicule d'avoir encore besoin de tels enseignements, que sera-ce que de n'y être même pas attentif ? Quelle honte ! Quelle damnation ! Et comment ne serait-ce pas une honte pour des chrétiens d'avoir encore besoin qu'on leur apprenne qu'il ne faut pas jurer? Corrigeons-nous donc afin que nous cessions d'être dignes de risée. C'est donc à la loi ancienne que nous allons emprunter notre enseignement. Et que dit-elle ? "N'accoutumez point votre bouche au jurement, ne vous familiarisez pas avec le nom du Saint". Pourquoi ? "Parce que, comme un esclave qu'on met sans cesse à la torture en porte toujours la marque, ainsi en est-il de tout homme qui jure". (Ecclésiastique XXIII, 9; 11)
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