SUITE DU COMMENTAIRE DES ACTES DES APÔTRES PAR SAINT JEAN CHRYSOSTÔME.
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"TOUTEFOIS DIEU LUI PARLA ET LUI DIT QUE SA POSTÉRITÉ HABITERAIT EN UNE
TERRE ÉTRANGÈRE OÙ ELLE SERAIT RÉDUITE EN SERVITUDE ET MALTRAITÉE
PENDANT QUATRE CENTS ANS. MAIS LA NATION QUI L'AURA TENUE EN ESCLAVAGE:
C'EST MOI QUI LA JUGERAI, DIT LE SEIGNEUR, ET APRÈS CELA
ELLE SORTIRA ET ME SERVIRA EN CE LIEU-CI."
(Actes VII, vv.6-34)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — La résurrection figurée dans l'ancienne Loi. — Providence de Dieu.
3. et 4. Avantages des afflictions. — Preuve par des exemples. — La joie dans le Seigneur, la seule solide, naît des tribulations. — Comparaison de l'homme orgueilleux et de l'humble. — Comparaison de l'homme luxurieux et de l'homme sobre et tempérant. — Portrait repoussant du premier. — Le travail seul peut nous donner la santé. — Exhortation à la sobriété.
2. (suite) "Et il fut nourri trois mois dans la maison de son père". C'est quand tout est humainement désespéré, quand ses parents l'ont rejeté, que l'action de la Providence se montre avec éclat. "Exposé ensuite, la fille de Pharaon le prit et le nourrit comme son fils". Quand de si grands événements se passaient, il n'y avait encore ni temple, ni sacrifice. Et il fut nourri dans une maison étrangère. "Et Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, et il était puissant en paroles et en œuvres".
Je m'étonne qu'il eût vécu là quarante ans et que la circoncision ne l'ait pas trahi; et encore plus que lui et Joseph, au sein d'une vie tranquille, aient ainsi négligé leurs propres intérêts pour sauver les autres. "Mais lorsque s'accomplissait sa quarantième année, il lui vint dans l'esprit de visiter ses frères, les enfants d'Israël. Et ayant vu l'un d'eux injustement traité, il défendit et vengea celui qui souffrait l'injure, en frappant l'Égyptien. Or, il pensait que ses frères comprendraient que Dieu les sauverait par sa main; mais ils ne le comprirent pas".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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(Actes VII, vv.6-34)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — La résurrection figurée dans l'ancienne Loi. — Providence de Dieu.
3. et 4. Avantages des afflictions. — Preuve par des exemples. — La joie dans le Seigneur, la seule solide, naît des tribulations. — Comparaison de l'homme orgueilleux et de l'humble. — Comparaison de l'homme luxurieux et de l'homme sobre et tempérant. — Portrait repoussant du premier. — Le travail seul peut nous donner la santé. — Exhortation à la sobriété.
2. (suite) Voyez comme Étienne ne paraît point encore importun, quand il rappelle de si grands événements, et comment on supporte de l'entendre: tant la beauté de son visage les charmait ! "Il pensait que ses frères comprendraient". Et pourtant il prouvait sa mission par ses œuvres, et il n'y avait pas besoin d'un effort d'intelligence; néanmoins, ils ne comprirent pas. Voyez avec quelle modération il parle, et comment, après avoir montré Moïse irrité dans cette circonstance, il nous le présente plein de douceur dans une autre. "Le jour suivant il en vit qui se querellaient, et il s'efforçait de les remettre en paix, en disant: Hommes, vous êtes frères; pourquoi vous faites-vous tort l'un à l'autre ? Mais celui qui faisait injure à l'autre le repoussa en disant : Qui t'a établi chef et juge sur nous ? Veux-tu me tuer comme tu as tué hier l'Égyptien ?"
C'était dans les mêmes sentiments, paraît-il, et dans le même langage qu'ils disaient au Christ: "Nous n'avons pas d'autre roi que César". Ainsi les Juifs avaient-ils coutume de traiter leurs bienfaiteurs. Voyez-vous la folie ? Ils accusent celui qui doit les sauver, en disant: "Comme tu as tué hier l'Égyptien. Sur cette parole, Moïse s'enfuit, et il demeura comme étranger sur la terre de Madian, où il engendra deux fils.". Il fuit, mais la fuite, pas plus que la mort, ne détruisit l'œuvre providentielle. "Et après quarante ans, l'ange du Seigneur lui apparut dans le désert du mont Sinaï, au milieu d'un buisson enflammé".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
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3. et 4. Avantages des afflictions. — Preuve par des exemples. — La joie dans le Seigneur, la seule solide, naît des tribulations. — Comparaison de l'homme orgueilleux et de l'humble. — Comparaison de l'homme luxurieux et de l'homme sobre et tempérant. — Portrait repoussant du premier. — Le travail seul peut nous donner la santé. — Exhortation à la sobriété.
3. Voyez-vous comme le temps ne saurait nuire aux vues de la Providence ? C'est quand il est en fuite, quand il est proscrit, quand il a passé un long temps sur la terre étrangère et qu'il y a eu deux fils, quand il n'y a plus d'espoir de retour, c'est alors que l'ange lui apparaît. Il donne le nom d'ange au Fils de Dieu, comme à un homme. Et où a lieu l'apparition ? Dans le désert, non dans le temple. Vous le voyez: combien de prodiges ! Et il n'y a point de temple, point de sacrifice. Et ce n'est pas seulement dans le désert, mais dans un buisson. "Ce que Moïse apercevant, il admira la vision, et comme il s'approchait pour examiner, la voix du Seigneur se fit entendre". Voilà que Dieu lui fait l'honneur de lui parler. "Je suis le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob".
Ici, on voit non seulement que l'ange qui lui apparaît est l'ange du grand conseil, mais encore on découvre la bonté que Dieu montre dans cette vision. "Mais Moïse, devenu tout tremblant, n'osait plus regarder. Et le Seigneur lui dit: Ôte la chaussure de tes pieds; car le lieu où tu es est une terre sainte". Il n'y a pas de temple, et le lieu est devenu saint par l'apparition et l'opération du Christ. C'est bien plus merveilleux que le Saint des saints, où Dieu n'a jamais apparu de cette manière, où jamais Moïse n'a ainsi tremblé. Vous avez vu la bonté de Dieu, voyez aussi sa sollicitude. "J'ai vu parfaitement l'affliction de mon peuple qui est en Égypte, j'ai entendu son gémissement, et je suis descendu pour le délivrer. Maintenant, viens, je t'enverrai en Égypte". Ici, il fait voir que Dieu les conduisait par des bienfaits, par les châtiments et par les prodiges; mais eux restaient les mêmes. Ceci nous apprend aussi que Dieu est partout.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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(Actes VII, vv.6-34)
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3. et 4. Avantages des afflictions. — Preuve par des exemples. — La joie dans le Seigneur, la seule solide, naît des tribulations. — Comparaison de l'homme orgueilleux et de l'humble. — Comparaison de l'homme luxurieux et de l'homme sobre et tempérant. — Portrait repoussant du premier. — Le travail seul peut nous donner la santé. — Exhortation à la sobriété.
3. (suite) Convaincus de cette vérité, recourons à lui dans les afflictions. "J'ai entendu son gémissement". — Il ne dit pas simplement: "J'ai entendu"; mais: à cause des malheurs. Et si quelqu'un demande: Pourquoi a-t-il permis qu'ils fussent ainsi affligés ? Qu’il apprenne que les afflictions sont pour tous les justes des sources de récompenses; ou encore il a permis qu'ils fussent affligés pour faire éclater sa puissance et leur apprendre à être sages en tout. Et voyez que dans le désert non seulement "ils s'engraissèrent, ils s'épaissirent, ils s'élargirent", mais encore ils abandonnèrent Dieu.
Car partout, mon cher auditeur, le relâchement de l'âme est un mal. Voilà pourquoi Dieu dit à Adam dès le commencement: "Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front". Il a permis qu'ils fussent affligés, de peur que, passant à un repos parfait du sein d'une grande tribulation, ils n'en conçussent de l'arrogance car l'affliction est un grand bien.
Écoutez là-dessus le roi David: "C'est pour mon bien que vous m'avez humilié !" L'affliction est une grande chose pour les grands hommes, objets de notre admiration, à plus forte raison pour nous. Si vous voulez, examinons-la en elle-même. Supposons un homme nageant dans la joie, livré au plaisir et à la volupté: quoi de plus honteux ? Quoi de plus insensé ? Supposons au contraire quelqu'un accablé de douleur et de chagrin, quoi de plus sage ? Aussi le Sage nous dit-il: "Il vaut mieux entrer dans une maison de deuil que dans une maison de joie". (Ecclésiaste VII, 3)
Peut-être vous moquez-vous de ce que je dis ? Eh bien ! Voyons ce qu'Adam fut dans le paradis et ce qu'il fut après; ce que Caïn fut d'abord et ce qu'il fut ensuite. L'âme ne reste point fixe en elle-même; mais, comme le souffle du vent, le plaisir l'emporte, elle devient légère, elle n'a plus rien de solide. En effet, elle est prompte à promettre, prompte à engager sa parole, et ballottée par une multitude de raisonnements. De là des rires déplacés, de la gaîté sans raison, un flux de paroles niaises et inutiles. Mais pourquoi parler de la foule ? Prenons quelque saint, par exemple, et voyons ce qu'il a été dans la joie et ce qu'il a été dans la tristesse. Voulez-vous que nous choisissions David ?
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3. (suite) Quand il était dans le plaisir et dans le bonheur à raison de ses nombreux trophées, de ses victoires, de ses couronnes, de ses délices, de sa sécurité, voyez ce qu'il a dit et ce qu'il a fait: "Pour moi j'ai dit au sein de mon abondance : Je ne serai plus jamais ébranlé". (Psaume XXIX, 7) Mais écoutez ce qu'il disait quand il était dans l'affliction: "Et s'il me dit: Je ne veux plus de toi; me voici: qu'il fasse ce qui sera agréable à ses yeux". (II Rois XV, 26) Quoi de plus sage que ces paroles: que tout ce qui plaît à Dieu s'accomplisse ? Et encore ce qu'il disait à Saül: "Si le Seigneur vous excite contre moi, que votre sacrifice soit de bonne odeur". (I Rois, XXIV, 19)
Quand il était dans l’affliction, il épargnait même ses ennemis; mais dans la suite il n'épargna ni ses amis, ni ceux qui ne lui avaient fait aucun mal. Jacob disait aussi dans sa tristesse: "Si Dieu me donne du pain à manger et un vêtement pour me couvrir". (Genèse XXVII, 30) Jusque-là le fils de Noé n'avait rien fait de coupable; mais dès qu'il fut assuré d'être sauvé, vous savez comme il devint insolent. Et quand Ézéchias était dans l’affliction, voyez ce qu'il a fait pour son salut: il revêtit un sac et s'assit à terre; mais quand il était dans la joie, il tomba par enflure de cœur. Aussi Moïse donne-t-il cet avis: "Quand tu auras mangé et bu et que tu seras rassasié, souviens-toi de ton Dieu". (Deutéronome VI, 12) Un lieu de délices est dangereux et produit l'oubli de Dieu. Quand les Israélites étaient dans l’affliction, ils étaient beaucoup plus nombreux; dans les temps prospères ils périssaient tous.
Mais pourquoi chercher des exemples chez les anciens ? Voyons, si vous le voulez, ce qui se passe chez nous. La plupart s'enflent quand ils sont dans la prospérité; ils sont odieux à tout le monde, ils sont colères tant qu'ils jouissent du pouvoir: quand ils l'ont perdu, ils deviennent humbles, doux, et sont ramenés à l'étude de leur propre nature. C'est ce que David nous enseigne, quand il dit: "L'orgueil les a dominés jusqu'à la fin; leur iniquité est comme le résultat de leur embonpoint". J'ai dit tout cela afin que nous ne cherchions pas la joie à tout prix. Mais, demandez-vous, pourquoi Paul dit-il: "Réjouissez-vous toujours ?" Il n'a pas dit simplement: "Réjouissez-vous"; mais il a ajouté: "Dans le Seigneur".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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1. et 2. Suite du discours de saint Etienne. — La résurrection figurée dans l'ancienne Loi. — Providence de Dieu.
3. et 4. Avantages des afflictions. — Preuve par des exemples. — La joie dans le Seigneur, la seule solide, naît des tribulations. — Comparaison de l'homme orgueilleux et de l'humble. — Comparaison de l'homme luxurieux et de l'homme sobre et tempérant. — Portrait repoussant du premier. — Le travail seul peut nous donner la santé. — Exhortation à la sobriété.
4. Et voilà la plus grande joie, celle que goûtaient les apôtres, la joie profitable, qui a son principe, sa racine, sa matière dans les prisons, dans la flagellation, dans les persécutions, ce qui lui donne un résultat avantageux. Toute autre est la joie du monde: elle commence par le plaisir, elle finit par la tristesse. Je ne défends pas de se réjouir dans le Seigneur; j'y exhorte beaucoup au contraire. Les apôtres étaient flagellés, et ils se réjouissaient; ils étaient chargés de chaînes, et ils rendaient grâces; ils étaient lapidés, et ils prêchaient. Voilà la joie que je veux; celle qui ne procède point de la chair, mais de l'esprit. On ne peut se réjouir à la fois selon le monde et selon Dieu; car quiconque se réjouit selon le monde se réjouit de la richesse, de la volupté, de la gloire, de la puissance, du faste; mais celui qui se réjouit selon Dieu, se réjouit d'être méprisé pour lui, de la pauvreté, du délaissement, du jeûne, de l'humilité.
Ce sont, vous le voyez, des motifs tout opposés. Ici tous ceux qui sont sans joie sont sans chagrin, et ceux qui sont sans chagrin sont sans joie. Et en réalité voilà ce qui fait le véritable bonheur; car, du côté du monde, il n'y en a que le nom de bonheur, puisque tout est dans la tristesse. Quelle n'est pas la tristesse de l'orgueilleux ? Combien son arrogance ne lui coûte-t-elle pas ! Il s'attire mille injures, une grande haine, beaucoup d'inimitié, de jalousie, d'envie. S'il est injurié par de plus puissants que lui, il s'en afflige ; s'il ne tient pas tête à tout le monde, il est déchiré. Mais l'homme humble, au contraire, jouit d'une grande félicité; il n'attend d'honneurs d'aucun côté; s'il en reçoit, il s'en réjouit; s'il n'en reçoit point, il ne s'attriste pas, il se félicite plutôt. Ainsi il y a une grande volupté à recevoir des honneurs sans les rechercher. L'homme du monde, au contraire, cherche à être honoré et ne l'est pas.
Mais l'honneur ne procure pas le même plaisir à celui qui le recherche et à celui qui ne le recherche pas. Le premier ne croit jamais en avoir assez, tant qu'il en puisse avoir; si peu que le second en reçoive, il est aussi content que s'il avait tout. De plus l'homme qui vit dans les délices a mille affaires, bien que ses revenus arrivent facilement et coulent comme de source; il craint les maux qui naissent de la volupté, et les incertitudes de l'avenir; l'autre est toujours tranquille, toujours joyeux, parce qu'il est habitué au régime de la médiocrité. Il ne se croit pas malheureux parce qu'il n'a pas une table splendide, mais il jouit de n'avoir point à redouter un avenir incertain.
Quant aux maux qui naissent d'une vie de délices, chacun les connaît, mais il est nécessaire d'en dire un mot. Il y a deux guerres, celle du corps et celle de l'âme; il y a deux tempêtes, deux maladies, et de plus, ces maladies sont incurables et entraînent de grandes calamités. Il n'en est pas de même de la frugalité; elle procure une double santé, des avantages doubles. "Un sommeil sain", dit le Sage, "est le partage de l'estomac sobre" (Ecclésiastique XXXI, 24). En toute chose la médiocrité est désirable, et le défaut de modération a des inconvénients. Et voyez jetez sur un petit charbon une grande quantité de bois, vous n'aurez pas une flamme brillante, mais une fumée extrêmement désagréable.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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(Actes VII, vv.6-34)
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1. et 2. Suite du discours de saint Etienne. — La résurrection figurée dans l'ancienne Loi. — Providence de Dieu.
3. et 4. Avantages des afflictions. — Preuve par des exemples. — La joie dans le Seigneur, la seule solide, naît des tribulations. — Comparaison de l'homme orgueilleux et de l'humble. — Comparaison de l'homme luxurieux et de l'homme sobre et tempérant. — Portrait repoussant du premier. — Le travail seul peut nous donner la santé. — Exhortation à la sobriété.
4. (suite) Chargez un homme grand et fort d'un fardeau qui dépasse ses forces, vous le verrez tomber à terre avec sa charge. Mettez sur un navire une cargaison trop lourde, vous ferez un misérable naufrage. Il en est ainsi d'une vie de délices; car de même que dans les vaisseaux surchargés il y a un grand tumulte, quand les matelots, le pilote, le timonier, les passagers, jettent à la mer ce qui est sur le pont et ce qui est à fond de cale; ainsi le voluptueux rejette tout, se corrompt lui-même et périt (1). Et ce qu'il y a de plus honteux, c'est que le rôle des organes est interverti, que la bouche est assimilée aux parties les moins nobles et se trouve plus déshonorée qu'elles; que si la bouche est ainsi dégradée, que sera-ce de l'âme ? Là tout est obscurité, tempête, ténèbres, confusion de pensées pressées, étreintes, l'âme elle-même proclamant sa détresse.
Aussi ceux qui sont les esclaves de leur ventre s'accusent les uns les autres, ne se supportent pas mutuellement et rejettent avec empressement toute l'ordure de leur cœur. Et quand elle est rejetée, ils n'ont pas le calme pour autant; mais il leur reste les maladies et les fièvres. Oui, dira-t-on, ils sont malades, et leur conduite est honteuse; il est inutile de nous raconter tout cela, de nous énumérer leurs maladies; mais moi, qui n'ai pas de quoi manger, je suis malade aussi, je suis déchiré, je me conduis honteusement; et ceux qui vivent dans les délices on les voit en bon état, gras, joyeux, montés sur des chevaux. Hélas ! Quel langage déplorable ! Et ceux qui souffrent de la goutte, qui ne vont qu'en voiture, qui sont liés et bandés dans tous les membres, dites-moi un peu d'où viennent-ils ?
Je les nommerais par leurs noms, si je ne craignais qu'ils ne s'en offensassent comme d'une injure. Mais, dirait-on, il y en a qui se portent bien, sans doute, mais parce qu'ils s'adonnent au travail et non pas seulement au plaisir. Mais montrez-moi un homme toujours s'engraissant, toujours oisif et inerte, inoccupé et malgré cela bien portant, vous ne le pouvez pas. Quand tous les médecins seraient là, ils ne pourraient guérir de ses maladies l'homme toujours adonné à son ventre: la nature des choses ne le permet pas. Je vais vous donner l'opinion même des médecins:
1. Il serait difficile de rendre littéralement cette phrase et la suivante, sans blesser la délicatesse de notre langue.
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1. et 2. Suite du discours de saint Etienne. — La résurrection figurée dans l'ancienne Loi. — Providence de Dieu.
3. et 4. Avantages des afflictions. — Preuve par des exemples. — La joie dans le Seigneur, la seule solide, naît des tribulations. — Comparaison de l'homme orgueilleux et de l'humble. — Comparaison de l'homme luxurieux et de l'homme sobre et tempérant. — Portrait repoussant du premier. — Le travail seul peut nous donner la santé. — Exhortation à la sobriété.
4. (suite) Tout ce qu'on introduit dans l'estomac ne devient pas aliment; car la nourriture elle-même ne contient pas uniquement des éléments nutritifs; il est des parties destinées aux sécrétions, d'autres à l'alimentation. Si donc vous usez de modération, tout se passe en règle, chaque chose prend sa place propre: ce qui est sain et utile va où il doit aller, l'inutile et le superflu se sépare et est rejeté. Mais si vous ne gardez pas de mesure, même ce qui est nutritif devient nuisible. Un exemple rendra ceci plus sensible: Dans le blé il y a la fleur de farine, la farine et le son. Si la meule rencontre la quantité qu'elle peut moudre, elle sépare elle-même les parties; si on lui en jette trop à la fois, tout est confondu. Il en est de même du vin: si on le traite d'une manière convenable et dans le temps voulu, il se fait d'abord un mélange, puis une partie descend et forme la lie, l'autre monte en écume, et le reste est à l'usage de ceux qui veulent en user: c'est la partie utile qui ne subit pas volontiers de changements; mais jusque-là ce n'est ni du vin ni de la lie, car tout est mêlé.
Ainsi en est-il encore de la mer dans une grande tempête. De même donc que nous voyons alors surnager les poissons morts qui n'ont pu descendre au fond à raison du froid; ainsi quand la voracité fond sur nous comme un torrent, elle met tout en mouvement et fait surnager comme mortes nos pensées jusque-là saines et tranquilles. Eh bien ! Puisque tant d'exemples nous font voir de si grands inconvénients, cessons d'appeler heureux ceux qu'il faudrait appeler malheureux, et de plaindre ceux qu'il faudrait appeler heureux, et aimons la sobriété. N'entendez-vous pas les médecins dire que la pauvreté est la mère de la santé ? Et moi je dis qu'elle n'est pas seulement la mère de la santé du corps, mais aussi de celle de l'âme. C'est ce que Paul, ce vrai médecin, nous crie: "Ayant la nourriture et le vêtement, contentons-nous-en". Suivons son avis, afin d'être sains et de faire ce qu'il faut faire dans Jésus-Christ Notre-Seigneur, en qui appartiennent, au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, l’empire, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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"CE MOÏSE, QU'ILS AVAIENT RENIÉ, DISANT: QUI L'A ÉTABLI CHEF
ET JUGE SUR NOUS ? FUT CELUI-LÀ MÊME QUE DIEU ENVOYA COMME CHEF
ET LIBÉRATEUR PAR LA MAIN DE L'ANGE QUI LUI APPARUT DANS LE BUISSON."
(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme ; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
1. Voici qui convient parfaitement au but qu'on se propose. "Ce Moïse", quel est-il ? Celui qui a failli périr, celui qu'ils ont méprisé, qu'ils ont renié en disant: "Qui t'a établi chef ?" Tout comme ils disaient au Christ: "Nous n'avons de roi que César. Ce fut celui-là que Dieu envoya comme chef et libérateur par la main de l'ange qui lui avait dit: Je suis le Dieu d'Abraham". Il montre ici que les miracles qui furent opérés, le furent par le Christ. "Celui-là", c'est-à-dire, Moïse (et voyez comme il le fait briller), "les a tirés de la terre d'Égypte, y opérant des prodiges et des miracles, aussi bien que dans la mer Rouge et dans le désert pendant quarante ans.
C'est ce Moise qui a dit aux enfants d'Israël: Dieu vous suscitera du milieu de vos frères un prophète comme moi", c'est-à-dire, méprisé, exposé aux embûches. En effet, Hérode a voulu tuer le Christ, qui a été sauvé en Égypte, comme Moïse encore enfant avait été mis en danger de périr. "C'est lui qui se trouva dans l'assemblée du peuple au désert, avec l'ange qui lui parlait sur le mont Sinaï, et avec nos pères, lui qui reçut les paroles de vie pour nous les donner".
Encore une fois, point de temple, point de sacrifice. "Avec l'ange, il reçut les paroles de vie pour nous les donner". Ici il indique que Moïse n'a pas seulement fait des prodiges, mais aussi donné une loi comme le Christ. Et comme Moïse a fait des miracles avant de donner une loi, ainsi a fait le Christ. Mais habitués à désobéir, ils ne l'écoutèrent point, même après les prodiges, même après les miracles opérés pendant quarante ans. Non seulement ils n'obéirent point, mais ils firent tout le contraire. D'où il ajoute: "Et nos pères ne voulurent point lui obéir, mais ils le repoussèrent, retournant de cœur en Égypte, et disant à Aaron: Fais-nous des dieux qui marchent devant nous; car ce Moïse, qui nous a tirés de la terre d'Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé. Et ils firent un veau en ces jours-là, et ils offrirent une victime à l'idole, et ils se réjouissaient dans l’œuvre de leurs mains.
Mais Dieu se détourna et les laissa servir la milice du ciel, comme il est écrit au livre des prophètes: Maison d'Israël, m'avez-vous offert des victimes et des sacrifices pendant quarante ans dans le désert ? Vous avez porté le tabernacle de Moloch et l'astre de votre dieu Remphan, figures que vous avez faites pour les adorer. Aussi je vous transporterai au-delà de Babylone. Il les laissa", c'est-à-dire, il permit. "Et le tabernacle du témoignage a été avec nos pères dans le désert comme Dieu le leur avait ordonné, parlant à Moïse afin qu'il le fit selon le modèle qu'il avait vu".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
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ET JUGE SUR NOUS ? FUT CELUI-LÀ MÊME QUE DIEU ENVOYA COMME CHEF
ET LIBÉRATEUR PAR LA MAIN DE L'ANGE QUI LUI APPARUT DANS LE BUISSON."
(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
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1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme ; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
1. (suite) Bien qu'il y eût un tabernacle, il n'y avait pas de sacrifices. Et la preuve en est dans ces paroles du prophète: "M'avez-vous offert des victimes et des sacrifices ?" Le tabernacle du témoignage existait, et il leur était inutile, car ils périssaient. Avant cela les miracles n'avaient servi à rien; ils ne servirent pas davantage après. "Et l'ayant reçu, nos pères l'emportèrent". Voyez-vous que tout lieu est sanctifié par la présence de Dieu ? Aussi dit-il: "Dans le désert", pour comparer lieu à lieu. Ensuite vient le bienfait.
"Et l'ayant reçu, nos pères l'emportèrent sous Jésus dans le pays des nations que Dieu chassa devant nos pères jusqu'aux jours de David, qui trouva grâce devant Dieu et demanda de trouver une demeure pour le Dieu de Jacob". David demanda de bâtir, et cela ne lui fut point accordé, quoiqu'il fût grand et admirable. C'est Salomon, ce prince rejeté, qui bâtit. Aussi ajoute-t-il: "Ce fut Salomon qui lui bâtit un temple. Mais le Très-Haut n'habite pas dans les temples faits de main d'homme".
Ce qui précède l'avait déjà prouvé, mais la parole du prophète le déclare encore; écoutez comment: "Selon ce que dit le prophète: Le ciel est mon trône, et la terre l'escabeau de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel est le lieu de mon repos ? N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ?"
Ne vous étonnez pas, leur dit-il, si le Christ fait du bien même à ceux qui le rejettent comme roi, puisqu'il en a été ainsi du temps de Moïse. Et il ne les a pas seulement sauvés, mais sauvés pendant qu'ils étaient dans le désert. Ne voyez-vous pas que tous ces miracles ont été faits pour eux ? Ainsi celui qui s'était entretenu avec Dieu, qui avait été sauvé contre toute attente, qui avait fait tant de prodiges et était doué d'une si grande puissance, montre que la prophétie devait être entièrement accomplie, et n'est point en contradiction avec lui-même.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
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1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme ; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
1. (suite) Mais reprenons ce qui a été dit plus haut: "C'est ce Moïse qui a dit: Dieu vous suscitera un prophète comme moi". C'est à cela, je pense, que le Christ faisait allusion, quand il disait: "Le salut vient des Juifs" (Jean IV, 22), se désignant lui-même: "C'est lui qui se trouva au désert avec l'ange qui lui parlait". Il montre une seconde fois que c'est le Christ qui a donné la loi, puisqu'il était avec Moïse dans l'assemblée, dans le désert.
Il rappelle ici le grand prodige qui s'est opéré sur la montagne. "Qui a reçu les paroles de vie pour nous les donner". Moïse fut partout admirable, mais surtout au moment où il fallait donner la loi. Que signifient ces mots: "Paroles de vie ?" Ils désignent ou ce que ses discours avaient en vue, ou les prophéties. Puis vient le reproche aux patriarches, qui, après tant de signes et de prodiges, après avoir reçu les paroles de vie, "ne voulurent point lui obéir". Il les appelle avec raison "paroles de vie", pour montrer qu'il y en a d'autres qui ne sont point telles, ainsi que le dit Ézéchiel: "Je vous ai donné des commandements qui ne sont pas bons". (Ézéchiel XX, 25) C'est pour cela qu'il dit: "Paroles de vie. Mais ils le repoussèrent, retournant de cœur en Égypte", où, ils gémissaient, où ils criaient, où ils invoquaient Dieu. "Et ils dirent à Aaron: Fais-nous des dieux qui marchent devant nous".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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(Actes VII, vv. 35-53)
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1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
2. O folie ! "Fais", disent-ils, "afin qu'ils marchent devant nous". Où ? Vers l'Égypte. Voyez-vous comme ils renonçaient difficilement aux mœurs des Égyptiens ? Que dites-vous ? Vous n'attendez pas celui qui vous a délivrés, vous rejetez le bienfait, vous fuyez votre bienfaiteur? Et voyez comme ils l'outragent ! "C'est ce Moïse qui nous a tirés de la terre d'Égypte". Le nom de Dieu n'est prononcé nulle part; tout est attribué à Moïse. Quand il faudrait rendre grâces, on met en avant le nom de Moïse; mais quand il faut obéir à la loi, on n'en parle plus. Il leur avait dit qu'il montait pour recevoir la loi; ils ne l'attendirent pas même quarante jours. "Fais-nous des dieux".
Ils ne disent pas: un dieu, mais "des dieux", tant ils étaient égarés, au point de ne savoir ce qu'ils disaient. "Et ils firent un veau en ces jours-là, et ils offrirent des sacrifices à l'idole". Voyez-vous l'excès de leur folie ? Pendant que Dieu se manifeste à Moïse, ils font un veau et lui immolent des victimes. "Et ils se réjouissaient dans l'œuvre de leurs mains". Ils se réjouissaient quand il eût fallu rougir. Et quoi d'étonnant si vous méconnaissez le Christ, quand vous méconnaissez Moïse et Dieu qui s'est manifesté par tant de miracles ? Mais les Juifs ne se contentent pas de méconnaître, ils outragent en faisant des idoles. "Mais Dieu se détourna et les laissa servir la milice du ciel".
Voilà l'origine de ces coutumes, de ces sacrifices; ils ont d'abord immolé aux idoles. C'est ce que David rappelle quand il dit: "Et ils firent un veau à Horeb et ils adorèrent l'ouvrage du ciseau". (Psaume CV, 19) En effet, avant cela on ne parlait pas même de sacrifices, mais de préceptes de vie, de paroles de vie; point d'initiations, mais des prodiges et des signes. "Comme il est écrit au livre des prophètes". Ce n'est pas sans raison qu'il produit ce témoignage, mais pour prouver qu'il n'y a pas besoin de sacrifices. Et voyez ce qu'il dit: "M'avez-vous offert des victimes et des sacrifices pendant quarante ans dans le désert ? Au contraire, vous avez porté le tabernacle de Moloch et l'astre de votre dieu Remphan, figures que vous avez faites pour les adorer". Ce langage est emphatique; il signifie: Vous ne pouvez dire que vous avez sacrifié aux dieux parce que vous me sacrifiiez d'abord à moi-même. Et cela dans le désert, où il avait surtout pris leur direction. "Et vous avez porté le tabernacle de Moloch". Voilà la cause des sacrifices.
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(Actes VII, vv. 35-53)
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2. (suite) "Aussi je vous transporterai au delà de Babylone". Ainsi la captivité accuse leur malice. Mais, direz-vous, pourquoi y avait-il un "tabernacle du témoignage?" Afin qu'ils eussent Dieu pour témoin; c'était là son seul but. "Selon le modèle qui t'a été montré sur la montagne". Ainsi la description en avait été faite sur la montagne; on le portait de tous côtés dans le désert, et il ne se fixait nulle part. Il l'appelle "tabernacle du témoignage" uniquement à cause des prodiges et des préceptes. Cependant ni le tabernacle ni eux n'avaient de temple. L'ange en avait donc donné la figure. "Jusqu'aux jours de David". Ainsi jusque-là il n'y eut pas de temple, et pourtant les nations avaient été repoussées, celles dont il est dit: "Que Dieu chassa devant nos pères". Il a dit cela pour montrer encore une fois qu'il n'y avait pas de temple. Quoi donc? Tant de miracles et point de temple ? Oui; le tabernacle d'abord, et point de temple.
Et il demanda de trouver grâce devant le Seigneur. Il demanda et ne bâtit pas; le temple n'était donc pas une bien grande chose, bien que, pour l'avoir bâti, Salomon soit réputé grand par quelques-uns et même préféré à son père. Mais la preuve qu'il n'était pas meilleur que son père, qu'il ne l'égalait même pas (sauf l'opinion d'un petit nombre), est dans le passage suivant: "Le Très-Haut n'habite pas dans des temples bâtis de main d'homme, selon la parole du prophète: Le ciel est mon trône et la terre l'escabeau de mes pieds". Et encore ces choses ne sont-elles pas dignes de Dieu; puisqu'elles sont créées, puisqu'elles sont l'œuvre de ses mains ? Voyez comme il élève peu à peu leur pensée ! Il fait voir par le prophète que ce langage même n'est pas digne de Dieu.
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ET LIBÉRATEUR PAR LA MAIN DE L'ANGE QUI LUI APPARUT DANS LE BUISSON."
(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
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1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
2. (suite) Et pourquoi, dira-t-on, parle-t-il ici avec tant de vivacité ? L'approche de la mort lui donnait une grande liberté: car je pense qu'il la connaissait par révélation. "Hommes à tête dure et incirconcis du cœur et des oreilles"; ceci est encore prophétique et ne lui est pas propre. "Vous résistez toujours à l'Esprit-Saint. Il en est de vous comme de vos pères". Quand il ne voulait pas qu'il y eût de sacrifices, vous en faisiez; quand il en veut, vous n'en faites plus; quand il ne voulait pas vous donner de préceptes, vous en demandiez; quand vous les aviez reçus, vous les avez méprisés; quand le temple était debout, vous adoriez des idoles; quand il veut être adoré dans le temple, vous faites tout le contraire.
Remarquez qu'il ne dit pas: Vous résistez à Dieu, mais: "à l'Esprit"; ainsi il n'y voyait aucune différence. Il va plus loin: "Il en est de vous comme de vos pères". Le Christ leur faisait le même reproche, voyant qu'ils se glorifiaient toujours de leurs pères: "Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils ont mis à mort ceux qui prédisaient la venue du Juste". Pour les contenir, il leur parle encore "du Juste: que vous avez naguère trahi et mis à mort". Il leur fait deux reproches: de l'avoir méconnu, et de l'avoir fait mourir. "Vous qui avez reçu la loi par le ministère, des anges et ne l'avez pas gardée".
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3. Qu'est-ce que cela ? Quelques-uns pensent que les anges auraient réglé la loi. Mais il n'en est pas ainsi. Où a-t-on jamais vu que les anges aient réglé une loi ? Il veut dire que la loi a été donnée à Moïse par le ministère de l'ange qui lui a apparu dans le buisson. En effet, n'était-il pas homme ? Rien donc d'étonnant que ceux qui avaient fait l'un, aient encore fait l'autre; si vous avez tué ceux qui annonçaient, à plus forte raison deviez-vous tuer celui qui était annoncé. Il démontre ainsi qu'ils ont désobéi à Dieu, aux anges, aux prophètes, à l'Esprit, à tous, comme le dit ailleurs l'Ecriture: "Seigneur, ils ont tué vos prophètes et renversé vos autels". (III Rois XIX, 10) Ils ne respectaient donc la loi qu'en apparence, quand ils disaient: "Il blasphème contre Moïse".
Mais lui leur démontre qu'ils blasphèment non-seulement contre Moïse, mais aussi contre Dieu; qu'ils ont déjà fait cela autrefois, qu'ils ont détruit les traditions et qu'ils n'en ont plus besoin; que tout en lui reprochant d'être en opposition avec Moïse, ils résistent eux-mêmes à l'Esprit, non d'une manière ordinaire , mais avec homicide, et que depuis longtemps ils nourrissent leur inimitié. Voyez-vous comme il leur prouve qu'ils sont en opposition avec Moïse, avec tous, et qu'ils n'observent pas la loi ? En effet, Moïse avait dit: "Le Seigneur vous suscitera un prophète"; d'autres avaient prédit qu'il viendrait; un prophète même avait dit: "Quelle maison me bâtirez-vous ?" Et encore: "M'avez-vous offert des victimes et des sacrifices pendant quarante ans ?" C'était là la liberté d'un homme portant sa croix.
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"CE MOÏSE, QU'ILS AVAIENT RENIÉ, DISANT: QUI L'A ÉTABLI CHEF
ET JUGE SUR NOUS ? FUT CELUI-LÀ MÊME QUE DIEU ENVOYA COMME CHEF
ET LIBÉRATEUR PAR LA MAIN DE L'ANGE QUI LUI APPARUT DANS LE BUISSON."
(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
3. (suite) Imitons-la, bien que nous ne soyons pas en guerre; la liberté est de tous les temps. "Je parlais", dit-il, "de votre loi en présence des rois et je n'étais point confondu". (Psaume CXVIII, 46) Si nous sommes aux prises avec des gentils, fermons-leur ainsi la bouche, sans colère, sans rudesse. Car si nous agissons avec colère, ce n'est plus de la liberté, mais de la passion; si nous procédons avec douceur, c'est de la vraie liberté. Il n'est pas possible que la même chose sait en même temps vertu et vice. La liberté est une vertu, la colère est un vice. Si nous voulons parler librement, nous devons donc être exempts de colère, de peur qu'on n'attribue notre langage à cette passion.
Quelque justes que soient vos paroles, de quelque liberté que vous usiez, quelques avertissements que vous donniez, quoique vous fassiez enfin; si vous agissez avec colère, tout est perdu. Voyez qu'Étienne parle sans colère; il ne les injurie pas, mais il se contente de leur rappeler les paroles des prophètes. Et la preuve qu'il était sans colère, c'est qu'il a prié pour ceux qui le maltraitaient, disant: "Ne leur imputez pas ce péché". Paroles qui ne respirent point la colère, mais la douleur et la tristesse qu'il ressent à leur occasion. Aussi est-il dit de son visage: "Ils virent son visage comme le visage d'un ange", afin de les attirer.
Soyons donc exempts de colère. Là où elle se trouve, l'Esprit-Saint n'habite pas: maudit l'homme qui s'y livre ! Il n'y a rien de sain à attendre d'une telle source. Car comme dans la tempête il se fait un grand tumulte, de grands cris, et que ce n'est pas le moment de philosopher; ainsi en est-il dans la colère. Si on veut donner ou recevoir des leçons de philosophie, il faut attendre à être dans le port. Ne voyez-vous pas que, quand nous voulons parler de choses sérieuses, nous cherchons des endroits tranquilles, où règne[nt ]le calme et la paix, afin de n'être point dérangés ?
Que si le tumulte du dehors nous gêne, à plus forte raison le trouble du dedans. Si quelqu'un prie, sa prière est inutile, s'il la fait avec emportement et colère; s'il parle, il est ridicule; s'il se tait, il ne l'est pas moins; s'il mange, il en souffre; de même s'il boit ou ne boit pas; s'il est assis ou debout; s'il marche ou s'il dort: car la colère peut s'imaginer dans les rêves. Y a-t-il rien qui ne soit déplacé dans l'homme en colère ? Son regard est déplaisant, sa bouche tordue, ses membres tremblants et enflés, sa langue n'a plus de frein et ne ménage rien, son esprit est hors de lui même; sa tenue est inconvenante; tout est désagréable en lui.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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ET LIBÉRATEUR PAR LA MAIN DE L'ANGE QUI LUI APPARUT DANS LE BUISSON."
(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
3. (suite) Quelle différence y a-t-il entre les yeux des possédés du démon et ceux de l'homme qui est ivre ou en colère ? N'est-ce pas la même fureur ? Cela ne dure qu'un temps, dira-t-on, mais le furieux n'est enchaîné non plus que temporairement: et quoi de plus misérable ? Et on ne rougit pas de s'excuser en disant: Je ne savais ce que je disais l Et pourquoi ne le saviez-vous pas, vous homme raisonnable, vous qui avez la raison à votre disposition ? Pourquoi vous conduisez-vous comme les animaux brutes, comme le cheval furieux et emporté ? Cette apologie même est coupable. Plût au ciel que vous eussiez su ce que vous disiez ! C'était la colère qui parlait, dites-vous, et non pas moi.
Comment était-ce la colère, puisqu'elle n'a pas d'autre puissance que celle que vous lui prêtez ? C'est comme si l'on disait: Ce n'est pas moi, mais ma main qui a porté ces blessures. Qu'est-ce qui a surtout besoin de colère ? N’est-ce pas la guerre ? N’est-ce pas le combat ? Et pourtant, là encore, la colère gâte tout, perd tout. Car c'est surtout dans le combat qu'il faut se tenir en garde contre la colère; surtout encore quand on veut proférer une injure. Et comment combattre ? Direz-vous. Par la raison, par la douceur. Combattre, c'est être d'un côté opposé. Ne voyez-vous pas que les guerres mêmes ont des lois, un ordre, des temps fixes ? La colère n'est autre chose qu'un élan déraisonnable; or, un être sans raison ne peut rien faire de raisonnable.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
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1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
4. Ainsi donc Étienne disait tout cela et ne se fâchait point. C'était aussi sans colère qu'Elie disait: "Jusqu'à quand boiterez-vous des deux côtés ?" (III Rois, XVIII, 21) Phinées porta le coup mortel et ne se fâcha pas. Car la colère ne laisse pas voir; enchaînant tout comme dans un combat de nuit, elle égare à son gré les yeux et les oreilles. Débarrassons-nous donc de ce démon, arrêtons-le dès le début, mettons en guise de frein un sceau sur notre cœur. La colère est un chien impudent; qu'elle apprenne à se soumettre à la loi. Si le chien chargé de la garde du troupeau est tellement féroce, qu'il n'obéisse pas à l'ordre du berger et ne reconnaisse pas sa voix, tout est détruit, tout est perdu. Il paît avec les brebis; mais s'il les dévore, il devient inutile et on le tue. S'il sait vous obéir, nourrissez-le ; il est utile en aboyant contre les loups, contre les voleurs, contre le chef des voleurs, mais non contre les brebis ou les gens de la maison. S'il n'est pas docile, il perd tout; s'il méprise la voix du maître, il détruit tout. Loin d'altérer la douceur qui est en vous; que la colère la protège, et la fasse fleurir; or, elle la protégera et la fera prospérer en toute sécurité, si elle consume les pensées impures et mauvaises, si elle poursuit le démon à outrance.
Et le moyen de conserver la douceur, c'est de ne jamais penser de mal du prochain: nous nous rendrons respectables en apprenant à ne jamais agir avec insolence. Rien ne rend impudent comme une mauvaise conscience. Pourquoi les prostituées sont-elles impudentes ? Pourquoi les vierges sont-elles pudiques ? N'est-ce pas le péché qui en est cause chez celles-là, et la chasteté chez celles-ci ? Car rien ne rend impudent comme le péché. C'est tout le contraire, dites-vous; il inspire la honte. Oui, chez celui qui se condamne lui-même; mais il rend les autres plus insolents, plus, hardis, car l'homme qui désespère de lui-même devient audacieux. Il est écrit: "Quand l'impie est arrivé au fond de l'abîme du péché, il méprise". (Proverbes XVIII, 3) Tout homme qui ne sait plus rougir est insolent, et tout insolent est audacieux. Voulez-vous savoir où se perd la douceur ? Quand les mauvaises pensées l'absorbent.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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ET LIBÉRATEUR PAR LA MAIN DE L'ANGE QUI LUI APPARUT DANS LE BUISSON."
(Actes VII, vv. 35-53)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
4. (suite) Mais quand cela serait, et quand le chien n'aurait pas poussé de grands aboiements, il ne faudrait pas encore désespérer. Car nous avons une fronde et une pierre (vous savez ce que je veux dire): nous avons une lance, une étable, un enclos, où nous pouvons abriter nos pensées contre le péril. Traiter doucement les brebis, se montrer vigilant et féroce contre les étrangers, voilà le mérite du chien; puis ne pas toucher aux brebis, quand il a faim, et quand il est rassasié, ne pas épargner les loups. Qu'il en soit ainsi de la colère; même quand elle mord, qu'elle ne s'écarte point des lois de la modération; quand elle est en repos, qu'elle s'anime contre les mauvaises pensées. Elle ne doit point négliger, mais garder ce qui est à nous, fût-il blessant d'ailleurs; elle doit détruire ce qui est étranger, quelque flatteur qu'il paraisse.
Souvent le démon flatte comme un chien; mais que chacun sache qu'il est étranger. Ainsi, accueillons la vertu, même quand elle attriste: repoussons le vice, même quand il réjouit. Ne soyons pas au-dessous des chiens, à qui le fouet et les chaînes ne font pas lâcher prise. Mais si l'étranger les nourrit, ne seront-ils pas encore plus nuisibles ? Il est des cas où la colère est utile: c'est quand elle aboie contre les étrangers. Que signifient ces mots: "Celui qui se met sans raison en colère contre son frère ?" (Matthieu V, 22) C'est-à-dire, ne vous vengez pas, ne réclamez pas en justice; mais si vous voyez quelqu'un en danger de périr, tendez-lui la main. Dès que vous êtes dégagé de toute affection personnelle, ce n'est plus de la colère.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
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ET LIBÉRATEUR PAR LA MAIN DE L'ANGE QUI LUI APPARUT DANS LE BUISSON."
(Actes VII, vv. 35-53)
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1. et 2. Suite du discours de saint Étienne. — Que la législation mosaïque et le temple n'étaient que des institutions transitoires.
3. et 4. Parlons et agissons en toute occasion avec le calme et la confiance de saint Etienne. — La colère dégrade l'homme; il n'est pas d'action dans la vie qu'elle ne trouble, pas de dessein qu'elle ne fasse échouer. — On l'a bien définie un mouvement déraisonnable. — Loin de nous cette colère funeste; mais ayons celle qui brûle d'opérer le salut de notre prochain. — Trop souvent nous sommes mous et sans vigueur lorsqu'il s'agit de corriger le prochain, et violent quand il faudrait montrer de la mansuétude.
4. (suite) David surprit Saül; il ne se fâcha pas, il ne le perça pas de sa lance, il ne s'empara point de son ennemi, mais il repoussa l'assaut du démon. Moïse tua l'étranger qui commettait une injustice; mais il n'en agit point de même avec un homme de son peuple; il réconciliait ses frères et repoussait les étrangers. Aussi, l'Ecriture lui rend-elle ce témoignage: qu'il était le plus doux des hommes; et pourtant il était vigilant. Il n'en est pas ainsi de nous: Quand nous devrions montrer de la douceur, nous sommes plus féroces que les bêtes sauvages; et quand il faudrait montrer de l'ardeur, rien de plus lâche et de plus endormi. Ainsi donc, parce que nous ne savons pas user des ressources qui sont en nous, notre vie se consume dans l'inutilité.
C'est comme en fait de meubles, si nous prenons l'un pour l'autre, nous perdons tout. Par exemple: un homme a une épée, et au lieu de l'employer où il faudrait, il se sert de sa main; évidemment, il ne saurait réussir; et si, quand il faudrait se servir de sa main, il emploie son épée, il perd tout. Ainsi, un médecin qui ne coupe pas où il faudrait, et coupe où il ne faudrait pas, gâte tout. Je vous prie donc d'agir ici à propos. Tant qu'il ne s'agit que de nos propres intérêts, ce n'est pas le cas de nous mettre en colère; mais quand il faut corriger les autres, usons de ce moyen pour les sauver. En nous tenant ainsi toujours en garde contre cette passion, nous serons semblables à Dieu, et nous obtiendrons les biens à venir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent au Père , en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l'empire, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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"EN ENTENDANT CELA, ILS FRÉMISSAIENT DE RAGE DANS LEUR CŒUR,
ET ILS GRINÇAIENT DES DENTS CONTRE LUI."
(Actes VII, v.54. — Actes VIII, v.25)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Martyre d'Étienne.
2. Dispersion de l'Église de Jérusalem. — L'Évangile prêché dans [la] Samarie. — Simon le Magicien.
3. La différence qui avait paru autrefois entre les prestiges des magiciens de Pharaon et les miracles de Moïse,
se retrouve la même entre les œuvres des apôtres et les enchantements de Simon le Magicien.
— Saint Pierre le réprimande et ne le punit pas; pourquoi ?
4. Saint Chrysostôme exhorte ceux qui ont des maisons à la campagne d'y faire construire des églises.
— Il est plus beau et plus utile de bâtir une église qu'un tombeau.
5. Bonheur des campagnes qui possèdent une église.
1. Il est étonnant qu'ils n'aient pas pris de ces paroles occasion de le tuer, mais que, dans la fureur où ils sont, ils cherchent encore un motif d'accusation. Ainsi les méchants sont toujours malheureux. Comme les princes des prêtres se disaient dans leur embarras: "Que ferons-nous à ces hommes ?" de même ceux-ci frémissent en eux-mêmes. Et pourtant c'était Étienne qui aurait dû s'irriter, lui qui n'avait point fait de mal,et qui souffrait, et était calomnié comme s'il en eût fait. Mais les calomniateurs n'en sont que mieux confondus, tant j'avais raison de vous dire que mal faire c'est souffrir ! Cependant il n'a rien avancé de faux, il a dit la vérité. Ainsi, quand on nous accuse sans raison, nous ne souffrons réellement pas. Ils voulaient le faire mourir, mais non sur-le-champ; il leur fallait un prétexte plausible pour voiler leur crime.
Mais quoi ? L'affront qu'ils recevaient n'était-il pas un motif plausible ? Non; ce n'était pas une injure de la part d'Étienne, mais l'accusation du prophète. Ou peut-être différaient-ils volontairement l'exécution du crime, comme avec le Christ, pour ne pas paraître le condamner, à cause des accusations qu'il avait portées contre eux, mais à cause de son impiété. Et c'était la piété qui avait inspiré ses paroles ! C'est pourquoi, après l'avoir fait mourir, cherchant encore à détruire sa réputation, "ils frémissaient de rage"; car ils craignaient qu'il n'arrivât quelque chose de nouveau à son occasion. Ils font donc à Étienne ce qu'ils avaient fait au Christ; et comme lorsque celui-ci disait: "Vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la majesté", ils criaient au blasphème et en appelaient au témoignage de la foule; ainsi font-ils encore maintenant.
Là ils déchirèrent leurs vêtements; ici ils se bouchèrent les oreilles. "Mais comme il était rempli de l'Esprit-Saint, levant les yeux au ciel, il vit la gloire de Dieu et Jésus qui se tenait à la droite de Dieu, et il dit: Voilà que je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. Eux alors poussant un grand cri et se bouchant les oreilles, se précipitèrent tous ensemble sur lui. Et l'entraînant hors de la ville, ils le lapidèrent".
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"EN ENTENDANT CELA, ILS FRÉMISSAIENT DE RAGE DANS LEUR CŒUR,
ET ILS GRINÇAIENT DES DENTS CONTRE LUI."
(Actes VII, v.54, — Actes VIII, v.25)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Martyre d'Étienne.
2. Dispersion de l'Église de Jérusalem. — L'Évangile prêché dans [la] Samarie. — Simon le Magicien.
3. La différence qui avait paru autrefois entre les prestiges des magiciens de Pharaon et les miracles de Moïse,
se retrouve la même entre les œuvres des apôtres et les enchantements de Simon le Magicien.
— Saint Pierre le réprimande et ne le punit pas; pourquoi ?
4. Saint Chrysostôme exhorte ceux qui ont des maisons à la campagne d'y faire construire des églises.
— Il est plus beau et plus utile de bâtir une église qu'un tombeau.
5. Bonheur des campagnes qui possèdent une église.
1. (suite) Pourtant s'il avait menti, il aurait fallu le renvoyer comme un fou. Mais il n'avait parlé ainsi que pour les attirer. Et comme, en mentionnant seulement la mort du Christ, il n'avait rien dit de la résurrection, c'est à propos qu'il en vient enfin à ce dogme. Il raconte comment le Christ lui a apparu, afin de leur faire accepter sa parole: car voyant qu'il leur avait déplu en disant qu'il était assis, il traite du sujet de la résurrection et dit qu'il est debout. Voilà pourquoi, je présume, son visage a été glorifié. Car Dieu dans sa bonté voulait les attirer par les moyens mêmes qui leur servaient à tendre des embûches, bien que le résultat n'ait pas été obtenu. "Et l'entraînant hors de la ville, ils le lapidèrent".
Le supplice a lieu hors de la ville, comme pour le Christ; et c'est dans la mort que se fait la confession et la prédication. "Et les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saül . Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait: Seigneur Jésus-Christ, recevez mon esprit". Par là, il leur montre et leur apprend qu'il ne meurt pas. "Puis, ayant fléchi les genoux, il cria d'une voix forte: Seigneur, ne leur imputez point ce péché". Comme pour se purger du reproche d'avoir d'abord parlé avec colère, il dit: "Seigneur"; ou peut-être parce qu'il voulait les attirer par là. Car leur pardonner la colère et la fureur avec laquelle ils commettaient le meurtre, montrer une âme exempte de passion, c'était certainement le moyen de faire accueillir sa parole.
"Or Saül était consentant de sa mort. Mais il s'éleva en ce temps-là une grande persécution contre l'Eglise qui était à Jérusalem". Cette persécution n'était pas sans cause, mais elle arrivait, ce me semble, par les vues de la Providence. "Et tous, excepté les apôtres, furent dispersés dans les régions de la Judée et de la Samarie". Voyez-vous comme Dieu permet de nouveau les épreuves? Mais voyez aussi comme les choses sont ménagées. Les miracles leur avaient attiré l'admiration, ils n'avaient point souffert de la flagellation; ils sont établis dans les diverses contrées, la parole se multiplie, et à la fin Dieu permet qu'un grand obstacle survienne.
Et il s'élève une persécution extraordinaire, telle qu'ils prennent la fuite en même temps (car ils craignaient leurs ennemis devenus plus audacieux), et que chacun peut se convaincre que les Juifs sont hommes à craindre et à fuir. Ils souffrent persécution pour que vous ne puissiez pas dire qu'ils devaient leur succès uniquement à la grâce; ils deviennent plus timides et leurs ennemis plus audacieux. "Et ils furent tous dispersés, excepté les apôtres". J'avais donc raison de dire que cette persécution était l'œuvre de la Providence; car si elle n'eût pas eu lieu, ils n'auraient pas été dispersés. "Mais des hommes religieux ensevelirent Étienne, et firent ses funérailles avec un grand deuil". Ils le pleurent parce qu'ils n'étaient pas encore parfaits, ou parce qu'Étienne était aimable et digne de respect. Ainsi, non seulement la crainte, mais aussi la douleur et le deuil, font voir qu'ils sont hommes.
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"EN ENTENDANT CELA, ILS FRÉMISSAIENT DE RAGE DANS LEUR CŒUR,
ET ILS GRINÇAIENT DES DENTS CONTRE LUI."
(Actes VII, v.54, — Actes VIII, v.25)
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1. Martyre d'Étienne.
2. Dispersion de l'Église de Jérusalem. — L'Évangile prêché dans [la] Samarie. — Simon le Magicien.
3. La différence qui avait paru autrefois entre les prestiges des magiciens de Pharaon et les miracles de Moïse,
se retrouve la même entre les œuvres des apôtres et les enchantements de Simon le Magicien.
— Saint Pierre le réprimande et ne le punit pas; pourquoi ?
4. Saint Chrysostôme exhorte ceux qui ont des maisons à la campagne d'y faire construire des églises.
— Il est plus beau et plus utile de bâtir une église qu'un tombeau.
5. Bonheur des campagnes qui possèdent une église.
2. Et qui n'aurait pas pleuré cet agneau plein de douceur, lapidé et étendu mort ? L'évangéliste lui a composé une digne épitaphe, en disant: "Puis, ayant fléchi les genoux, il cria d'une voix forte. Et ils firent ses funérailles avec un grand deuil". Mais reprenons ce qui a été dit plus haut: "Comme il était rempli de l'Esprit-Saint, levant les yeux au ciel, il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu; et il dit: Voilà que je vois les cieux ouverts. Et ils se bouchèrent les oreilles et se précipitèrent tous ensemble sur lui". Comment y avait-il là matière à accusation ? Et cependant celui qui avait fait tant de prodiges, qui les avait tous vaincus par la parole, qui avait dit de si grandes choses, ils l'entraînent à leur gré et assouvissent sur lui leur fureur.
"Mais les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saül". Voyez comme on raconte en détail tout ce qui regarde Paul, afin de vous faire voir l'œuvre de Dieu qui s'accomplira plus tard en lui. En attendant, non seulement il ne croit pas, mais il frappe Étienne par ces milliers de mains homicides; et c'est ce que ces mots indiquent: "Or Saül était consentant de sa mort". Et ce bienheureux ne se contente pas d'une simple prière, mais il prie avec attention: "Ayant fléchi les genoux", dit-on. Aussi sa mort fut-elle divine; car jusqu'alors il était accordé aux âmes d'habiter les limbes. "Et tous furent dispersés dans les régions de la Judée et de la Samarie". C'est sans crainte qu'ils se mêlent aux Samaritains, eux qui ont entendu dire: "N'allez point vers les gentils. Excepté les apôtres". Par là on indique que, pour attirer les Juifs, les apôtres n'avaient point quitté la ville, ou qu'ils voulaient inspirer de la confiance aux autres.
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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à suivre...
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: SUITE DU COMMENTAIRE DES ACTES DES APÔTRES PAR SAINT JEAN CHRYSOSTÔME.
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"EN ENTENDANT CELA, ILS FRÉMISSAIENT DE RAGE DANS LEUR CŒUR,
ET ILS GRINÇAIENT DES DENTS CONTRE LUI."
(Actes VII, v.54, — Actes VIII, v.25)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Martyre d'Étienne.
2. Dispersion de l'Église de Jérusalem. — L'Évangile prêché dans [la] Samarie. — Simon le Magicien.
3. La différence qui avait paru autrefois entre les prestiges des magiciens de Pharaon et les miracles de Moïse,
se retrouve la même entre les œuvres des apôtres et les enchantements de Simon le Magicien.
— Saint Pierre le réprimande et ne le punit pas; pourquoi ?
4. Saint Chrysostôme exhorte ceux qui ont des maisons à la campagne d'y faire construire des églises.
— Il est plus beau et plus utile de bâtir une église qu'un tombeau.
5. Bonheur des campagnes qui possèdent une église.
2. (suite) "Cependant Saül ravageait l'Église; entrant dans les maisons et entraînant des hommes et des femmes, il les jetait en prison". C'était là une grande fureur: être seul et entrer dans les maisons, tant il était prêt à donner sa vie pour la loi ! "Traînant des hommes et des femmes". Voyez donc quelle licence! Quelle injure ! Quelle folie! Enhardi par le meurtre d'Étienne, il maltraite en mille manières ceux qui tombent entre ses mains. "Et ceux donc qui avaient été dispersés, passaient d'un lieu dans un autre, en annonçant la parole de Dieu". Or Philippe étant descendu dans la ville de Samarie, leur prêchait le Christ. Et la foule était attentive à ce que disait Philippe, l'écoutant unanimement et voyant les miracles qu'il faisait. Car des esprits impurs sortaient d'un grand nombre d'entre eux en poussant de grands cris, et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris. Il y eut donc une grande joie dans cette ville. Or un certain homme, nommé Simon, qui auparavant avait exercé la magie dans la ville, séduisait le peuple de Samarie, se disant être quelqu'un de grand. Et tous, du plus petit jusqu'au plus grand, l'écoutaient disant: Celui-ci est la grande vertu de Dieu".
Observez une autre tentation, celle de Simon: "Et la foule s'attachait à lui, parce que depuis longtemps il leur avait troublé l'esprit par ses enchantements. Mais quand ils eurent cru à Philippe qui leur annonçait la parole de Dieu, ils furent baptisés, hommes et femmes. Alors Simon lui-même crut aussi, et lorsqu'il eut été baptisé, il s'attachait à Philippe. Mais voyant qu'il se faisait des prodiges et de grands miracles, il était frappé d'étonnement et d'admiration. Or les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant venus, prièrent pour eux, afin qu'ils reçussent l'Esprit-Saint; car il n'était pas encore descendu sur aucun d'eux, mais ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors ils leur imposaient les mains et ils recevaient l'Esprit-Saint. Or Simon voyant que, par l'imposition des mains des apôtres, l'Esprit-Saint était donné, il leur a offrit de l'argent disant: Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tous ceux à qui j'imposerai les mains, reçoivent l'Esprit-Saint".
SAINT JEAN CHRYSOSTÔME, ŒUVRES COMPLÈTES TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN,
licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
1865, HOMÉLIES SUR LES ACTES DES APOTRES. Tome IX, pp. 1-292. Guérin & Cie, éditeurs, 1865, Tome IX, pp. 1-292.
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Re: SUITE DU COMMENTAIRE DES ACTES DES APÔTRES PAR SAINT JEAN CHRYSOSTÔME.
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ET ILS GRINÇAIENT DES DENTS CONTRE LUI."
(Actes VII, v.54, — Actes VIII, v.25)
Par Saint Jean Chrysostôme.
ANALYSE.
1. Martyre d'Étienne.
2. Dispersion de l'Église de Jérusalem. — L'Évangile prêché dans [la] Samarie. — Simon le Magicien.
3. La différence qui avait paru autrefois entre les prestiges des magiciens de Pharaon et les miracles de Moïse,
se retrouve la même entre les œuvres des apôtres et les enchantements de Simon le Magicien.
— Saint Pierre le réprimande et ne le punit pas; pourquoi ?
4. Saint Chrysostôme exhorte ceux qui ont des maisons à la campagne d'y faire construire des églises.
— Il est plus beau et plus utile de bâtir une église qu'un tombeau.
5. Bonheur des campagnes qui possèdent une église.
2. (suite) Comment, direz-vous, ceux-ci n'avaient-ils point reçu l'Esprit-Saint ? Ils avaient reçu l'Esprit de rémission, mais pas encore celui des miracles. Et la preuve qu'ils n'avaient pas reçu l'Esprit des miracles, c'est que Simon, témoin de ses effets, vint le demander. Quoique la persécution sévît alors, le Seigneur les en sauva néanmoins, en leur faisant comme un rempart de prodiges. Bien loin d'abattre leur courage, la mort d'Étienne n'avait fait que l'augmenter; c'est pourquoi les maîtres se dispersent, afin de mieux propager la doctrine. Et voyez encore comme ils jouissent, comme ils sont heureux. "Il y avait une grande joie dans la ville", quoique le deuil fût grand aussi.
C'est ainsi que Dieu a coutume d'agir, mêlant la joie à la tristesse, afin de se faire mieux admirer. Mais la maladie de Simon était déjà vieille; voilà pourquoi elle ne se guérit pas. Et comment l'a-t-on baptisé ? Comme le Christ a choisi Judas. Voyant les prodiges qui s'opéraient, il est saisi de stupeur; mais il n'ose pas demander la grâce des miracles, parce qu'il sait que les autres ne l'ont pas encore reçue. Pourquoi ne l'a-t-on pas frappé de mort, comme Ananie et Sapphire ? Parce que celui qui avait "jadis" recueilli du bois ayant été puni de mort pour l'instruction des autres, personne ne subit ensuite le même supplice. Ainsi se conduit Pierre, qui ayant frappé Ananie et Sapphire, ne frappa point Simon, mais se contente de lui dire: "Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as cru que le don de Dieu s'achète avec de l'argent !"
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licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l'Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc.
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