Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Sam 22 Juin 2013, 12:24 pm

Vertus guerrières et chrétiennes du maréchal de Boucicaut.

(suite)

L'an 1400 le maréchal Boucicaut, sur la prière de l'empereur grec, Manuel Paléologue, alla défendre Constantinople contre les Turcs, qui allaient s'en rendre maîtres. L'invasion de Tamerlan sauva, pour le moment, l'empire grec, et Boucicaut ramena en France l'empereur Manuel, qui espérait par sa présence obtenir des secours plus efficaces contre les ennemis de la chrétienté. L'expédition de Hongrie et les guerres intestines avaient privé la France d'une foule de princes et de seigneurs, de barons et de nobles ; leurs veuves étaient à la merci des gens avides qui profitaient de leur faiblesse pour leur disputer leurs droits ou les dépouiller de leurs biens; Boucicaut fonda, avec la permission du roi, l'ordre de chevalerie de la Dame-Blanche à l'Écu-Vert. Les chevaliers étaient au nombre de treize ; leur serment était « de combattre à outrance pour défendre le droit de toutes les gentilsfemmes à leur pouvoir qui les en requerraient. » Cet ordre fut institué au retour de Boucicaut, en 1399.

Vers ce temps les Génois, ayant souffert tous les maux de la tyrannie et de l'anarchie, de l'aristocratie et de la démocratie, par suite des querelles entre les Guelfes et les Gibelins, se donnèrent à la France pendant la démence de Charles VI. Les ducs de Bourgogne et de Berri, régents de France, envoyèrent aux Génois, l'an 1401, le sage et bon maréchal pour les gouverner. Les Génois eux-mêmes l'avaient demandé, sur la renommée de son grand mérite. Leur attente ne fut point déçue ; sa vigilance et sa fermeté rétablirent la sécurité publique ; il punit les plus factieux, fit trancher la tête aux plus coupables, et contint le peuple entier, moins encore par la force que par une justice incorruptible. Pendant dix ans les Génois durent à la sagesse et à la vigueur de son gouvernement d'être heureux et tranquilles, Dans cet intervalle Boucicaut ne laissa pas à d'autres la gloire de combattre les musulmans sur la Méditerranée et sur leur propre territoire; il secourut le grand-maître de Rhodes et le roi de Chypre, vainquit les flottes vénitiennes, et protégea le commerce des Génois au dehors comme il veillait à leur salut et à leur prospérité au dedans.

Mais ce qu'il y avait de plus admirable dans le maréchal de Boucicaut…

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Message  Louis Dim 23 Juin 2013, 6:09 am

Vertus guerrières et chrétiennes du maréchal de Boucicaut.

(suite)

Mais ce qu'il y avait de plus admirable dans le maréchal de Boucicaut, c'était la vie de vrai chrétien qu'il menait, ainsi que sa femme, Antoinette de Turenne. Voici comment en parle son biographe contemporain :

« Quant à la nourriture du corps, sa coutume est telle que, quoiqu'il soit très-largement servi, et que son hôtel soit moult plantureux de tous biens, jamais à table il ne mange que d'une seule viande, c'est à savoir de la première à quoi il se prend, ni ne boit vin qui ne soit le quart d'eau, ni nulle heure ne boit fors à dîner et à souper, ni ne se délecte en étranges viandes, ni sauces ou saveurs diverses. Il boit et mange très-atrempément et sobrement. Et quoique ses gens soient servis en argent doré moult richement et qu'il ait assez de vaisselle, jamais son corps n'est servi de nulle chose en or ni en argent, mais en étain, en verre ou en bois. De sa vêture et habillement n'est mignot ni déguisé, quoique son appareil soit propre et net.

« A table il parle peu, ni nulle heure n'a moult de paroles. Et quand de son mouvement il se prend à parler, toujours est son devis de Dieu ou des saints, de vertu ou de bien que aucun a fait, de vaillance et de chevalerie, de quelque bon exemple et de toutes telles choses. Ni à nulle heure, soit en privé ou en public, on n'ouït saillir de sa bouche parole vaine ou messéante, ni jamais ne dit mal d'autrui ni n'en veut ouïr, ni paroles déraisonnables ou vaines ; et où il n'y a aucun bien il n'écoute pas volontiers. Moult lui plaît ouïr lire beaux livres de Dieu et des saints, des faits des Romains et histoires anciennes. Davantage nulles fois ne ment, et ce qu'il promet il le tient, et veut être obéi tôt et sans délai de ce qu'il commande. Il hait les mensongers et flatteurs à merveilles et d'avec soi les chasse. Il hait pareillement jeux de fortune, ni nul temps n'y joue 1.

« Il a telle dévotion à faire bien aux pauvres, et telle pitié il a d'eux, qu'il fait enquérir diligemment  où il y ait pauvres ménages, vieux et impotents, ou chargés d'enfants, ou pauvres pucelles à marier, ou femmes gisans, ou veuves, ou orphelins, et là secrètement très-largement il envoie de ses biens. Et ainsi par lui sont soutenus maints pauvres.

« Et encore ne lui suffisent les aumônes…

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1 Livre des Faicts du mareschal de Boucicaut, part. 4,  c.7.  Petitot, t. 6.

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Message  Louis Dim 23 Juin 2013, 12:29 pm

Vertus guerrières et chrétiennes du maréchal de Boucicaut. (suite)

« Et encore ne lui suffisent les aumônes qu'il fait au pays où il est, mais, parce qu'il sait qu'à Paris il y a maintes secrètes grandes pauvretés, il y envoie souvent très-grand argent pour employer à tels usages à gens qu'il commet à ce faire. Et est chose vraie, comme plusieurs gens le savent, que maints pauvres et ménages et maints pauvres impotents en ont été réconfortés et maintes filles mariées. Moult volontiers aussi il aide à secourir couvents et églises, et fait réparation de chapelles et lieux d'oraison.

« Volontiers il donne à pauvres prêtres, à pauvres religieux et à tous ceux qui sont au service de Dieu, et, à tout dire, jamais ne fault à nul qui lui demande pour l'amour de Dieu. Et quand il chevauche dehors, volontiers donne l'aumône de sa main, non mie un petit dernier à la fois, mais très-largement. Enfin il est secourable et très-grand aumônier partout où il peut savoir qu'il y ait pitié, et par espécial des bons; car il aime chèrement tous ceux qu'il peut savoir qui sont de bonne vie et qui aiment et servent Notre-Seigneur ; car, comme dit le proverbe commun, Chacun aime son semblable 1.

« Avec ce que le maréchal est très-charitable, il aime Dieu, et le redoute surtout, et est très-dévot; car chaque jour, sans nul faillir, et dit ses Heures et maintes oraisons et suffrages de saints. Et quelque besoin ou hâte qu'il ait, il entend chaque jour deux messes très-dévotement, les genoux à terre. Ni nul n'oserait lui parler tandis qu'il est à ses messes et qu'il dit son service et moult dévotement prie Dieu. Et à brief dire, tant donne bon exemple de dévotion à ceux qui le voient que grands et petits s'y mirent, tant que tous les varlets de son hôtel servent Dieu en jeûnes et dévotions, et se contiennent à l'église aussi dévotieusement que feraient religieux. Et de tels y a qui ne soulaient savoir mot de lettre qui ont appris leurs Heures et soigneusement les disent. Et avec ce, comme homme très-sage et pourvu du bien de son âme, tout bon chrétien devant vivre comme il voudrait mourir, il a fait son testament et l'accomplit lui-même par chaque jour. Et quand il fait sa prière, toujours il demande à Dieu sous condition : « Si c'est pour le mieux, » et que sa sainte volonté soit faite.

«  II a le jour du vendredi en grande révérence…

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1 Livre des Faicts du mareschal de Boucicaut, c.2.


Dernière édition par Louis le Mar 25 Juin 2013, 6:23 am, édité 1 fois (Raison : balises.)

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Message  Louis Lun 24 Juin 2013, 5:31 pm

Vertus guerrières et chrétiennes du maréchal de Boucicaut.

(suite)

«  II a le jour du vendredi en grande révérence. Il n'y mange chose qui prenne mort, ni revêt autre couleur que noire, en l'honneur de la Passion de Notre-Seigneur. Le samedi il jeûne de droit coutume, et tous les jeûnes commandés de l'Église, et pour rien nul n'en briserait. De plus, jamais il ne jure Notre-Seigneur, ni la mort, ni la chair, ni le sang, ni autre détestable serment, ni le souffrirait jurer à nul de son hôtel. Et n'est pas besoin à ses gens qu'ils renient et maugréent comme plusieurs font en France, car mal leur adviendrait s'il venait à sa connaissance » et n'y a si grand qu'il n'en punît.

« Outre cela il va très-volontiers en pèlerinage ès lieux dévots, tout à pied, en grande dévotion, et prend grand plaisir de visiter les saintes places et les bons prudes hommes qui servent Dieu. Il aime moult chèrement toutes gens dont il est informé qu'ils mènent bonne et sainte vie, et volontiers les visite et les hante. Et quand il voyage aucune part en armes il fait défendre expressément, sur peine de la hart, que nul ne soit si hardi de grever église, ni monastère, ni prêtre, ni religieux, même en terre d'ennemis 1. » Voilà comment, du vivant de Boucicaut, un auteur anonyme faisait le tableau de ses vertus et de ses exploits.

Boucicaut était revenu en France lorsqu'en 1415, au mépris de ses conseils, on livra la bataille d'Azincourt ; il y fut fait prisonnier. Les vainqueurs le conduisirent en Angleterre, où il mourut en 1421, à l'âge de cinquante-cinq ans.

En France le roi Charles VI était sous la tutelle de ses trois oncles, les ducs d'Anjou, de Berri et de Bourgogne. En Angleterre le…

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1 Livre des Faicts du mareschal de Boucicaut, c.2.
 
A suivre : Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards. Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim, et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.

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Message  Louis Mar 25 Juin 2013, 6:20 am

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.

En France le roi Charles VI était sous la tutelle de ses trois oncles, les ducs d'Anjou, de Berri et de Bourgogne. En Angleterre le roi Richard II, mineur d'âge, était sous la tutelle de ses trois oncles, les ducs de Lancastre, d'York et de Glocester. Richard II était fils du fameux prince de Galles, dit le Prince Noir. Celui-ci avait eu quatre frères : le premier, Lyonnel, duc de Clarence, et les trois qui viennent d'être nommés. Lyonnel était mort, mais laissant un fils, Edmond Mortimer, comte de la Marche, à qui appartenait ainsi le trône au défaut de Richard II. Le duc de Lancastre ne venait qu'après le comte de la Marche, son neveu.

En ce temps, comme déjà nous l'avons vu, le curé Wicleff enseignait que le droit de propriété et de souveraineté était fondé sur la grâce divine et qu'aucun homme coupable de péché et traître envers Dieu n'avait droit à aucun service ; des prédicateurs ambulants, plus ou moins imbus des mêmes idées, démontraient assidûment l'égalité originelle du genre humain et la tyrannie des distinctions artificielles. Ces idées et ces prédications appelaient une effervescence populaire. De tout cela il y avait entre autres cette cause.

Pendant les grandes croisades, où les princes et les peuples s'unissaient pour défendre la chrétienté contre les infidèles, toute l'Europe était en paix. A mesure que s'affaiblit l'esprit des croisades la guerre recommence par toute l'Europe, de nation à nation, de prince à prince, souvent de ville à ville. L'Angleterre venait de faire une guerre ruineuse en France et en Espagne. Pour remplir le trésor épuisé il faut de nouvelles impositions sur le peuple ; de là nouveaux abus et dans l'État et dans l'Église. Ces impositions se lèvent souvent d'une manière arbitraire et tyrannique; des insurrections éclatent, des démagogues se mettent à leur tête.

Ainsi, en l'an 1381, les communes d'Essex chassent ou tuent les agents de l'administration financière, portent leurs têtes sur des perches et prennent pour chef de leur insurrection un mauvais prêtre nommé Jacques Straw. Dans le comté voisin de Kent un collecteur demande la taxe pour une jeune fille dont le père était couvreur. La mère soutient qu'elle n'a pas l'âge requis par le statut. Le collecteur veut s'assurer du fait par un examen indécent de la jeune personne. Le père survient, qui d'un coup de marteau fait sauter la cervelle de l'insolent. Wat-Tyler, c'est le nom du couvreur, est nommé chef des communes soulevées du Kent. Les diverses insurrections marchent bientôt sur Londres au nombre de cent mille hommes. Un mauvais prêtre, Jean Ball, disciple ou précurseur de Wicleff, est nommé prédicateur de cette multitude irrégulière et tumultueuse ; il prit pour texte de son premier sermon deux vers qui disaient : « Quand Adam bêchait et Eve filait, qui était alors gentilhomme ? »

Il leur dit que la nature faisait naître tous les hommes égaux…

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Message  Louis Mar 25 Juin 2013, 12:12 pm

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

Il leur dit que la nature faisait naître tous les hommes égaux ; que les distinctions de servitude et de liberté étaient l'invention de leurs oppresseurs et contraires aux vues du Créateur ; que Dieu leur offrait maintenant le moyen de recouvrer leur liberté, et que, s'ils continuaient à être esclaves, le blâme ne devrait en retomber que sur eux ; qu'il était nécessaire de déposer l'archevêque, les comtes, les barons, les juges, les hommes de loi et les moines quêteurs, et que, lorsqu'on aurait aboli toutes les distinctions de rang, ils seraient tous libres, parce que leur noblesse serait à tous la même, et qu'ils jouiraient d'une égale autorité. Ce discours fut accueilli par les bruyants applaudissements de ses auditeurs infatués, qui promirent de l'élever, en dépit de sa propre doctrine, au siège métropolitain de Cantorbéry, et de le faire chancelier du royaume 1.

La connaissance de tous ces faits est soigneusement propagée dans les comtés voisins par des lettres et des messages. Partout on avait préparé le peuple, et en peu de jours la flamme s'étendit des côtes méridionales de Kent à la rive droite de l'Humber. Les insurgés suivaient partout la même marche ; ils pillaient les manoirs de leurs seigneurs, démolissaient les maisons, brûlaient les registres des tribunaux, décapitaient les juges, gens de loi et jurés qui tombaient dans leurs mains, faisaient jurer aux autres d'être fidèles au roi Richard et aux Communes, et de se refuser à toutes les taxes, excepté celle du quinzième, l'ancien impôt payé par leurs pères.

A leur entrée dans Londres ils forcèrent et démolirent les prisons, saccagèrent et brûlèrent des palais. Afin de prouver cependant qu'ils n'avaient en vue aucun avantage particulier, ils firent une proclamation qui défendait de s'emparer de la moindre des choses pillées, et cette défense fut si sévèrement maintenue que l'on brisa et coupa en petits morceaux la vaisselle plate, qu'on réduisit en poudre les pierres précieuses, et que l'un d'entre eux, qui avait caché une coupe d'argent dans son sein, fut jeté immédiatement dans la rivière avec sa prise. A tous les hommes qu'ils rencontraient ils faisaient la question suivante : « Pour qui tiens-tu? » et, à moins qu'ils ne répondissent : « Pour le roi Richard et pour les Communes, » on leur coupait la tête à l'instant. Le soir, fatigués des massacres de la journée, ils se dispersèrent dans les rues et se livrèrent à tous les genres de débauche.

Le lendemain, 14 juin 1381, le roi Richard se présenta devant eux sur une place pour recevoir leur pétition…

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1 Lingard. Walsingham.

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Message  Louis Mer 26 Juin 2013, 5:56 am

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

Le lendemain, 14 juin 1381, le roi Richard se présenta devant eux sur une place pour recevoir leur pétition; ils s'y trouvèrent au nombre de soixante mille hommes. Leurs demandes se réduisaient à quatre : l'abolition de l'esclavage, la réduction de la rente féodale, la franchise des foires et marchés, et le pardon général de toutes les offenses passées. Le roi accorda ces demandes, et la masse entière des pétitionnaires se retira, portant la bannière dû roi, comme étant sous sa protection.

Mais Tyler et Straw avaient formé des projets plus ambitieux. Dès que le roi fut parti ils s'élancent dans la tour de Londres, à la tête de quatre cents hommes. L'archevêque de Cantorbéry célébrait la messe ; il est égorgé avec plusieurs autres personnages. Les séditieux pénètrent dans les appartements de la mère du roi et plongent leurs épées dans son lit. Le lendemain, 15 du mois, Richard, escorté de soixante cavaliers, rencontre le couvreur Tyler à la tête de vingt mille insurgés. On avait envoyé à ces démagogues trois chartes différentes, qu'ils avaient toutes refusées avec mépris. Dès qu'il vit Richard, il fit signe à ses partisans de s'arrêter et s'avança hardiment vers le roi. Une conversation s'engage aussitôt. Tyler, en parlant, affecte de jouer avec son poignard; enfin il met la main à la bride du cheval de son souverain ; mais au même instant le maire de Londres, soupçonnant son projet, le frappe à la gorge d'Une courte épée. Tyler va tomber un peu plus loin et reçoit un dernier coup d'un écuyer du roi. Les insurgés, pour venger leur chef, tendent leurs arcs.

Richard était perdu, lorsqu'il s'élance au-devant d'eux et s'écrie: « Que faites-vous, mes vassaux? Tyler était un traître ; venez avec moi, c'est moi qui suis votre chef ! » Incertains et déconcertés, ils le suivent à travers champs. Une troupe de mille hommes d'armes arrive pour protéger le jeune roi, qui n'avait que quinze ans; les insurgés tombent à ses genoux et lui crient miséricorde. Plusieurs royalistes demandent la permission de les punir des excès commis ; Richard s'y refuse avec fermeté, ordonne aux suppliants de retourner à leurs demeures, et défend à tout étranger de passer la nuit dans la cité, sous peine de mort.

Le roi révoque les chartes d'émancipation qu'il avait accordées ; pour punir les rebelles il institue des tribunaux extraordinaires, mais qui procèdent avec autant d'iniquité que ceux qu'ils devaient punir. Les deux chambres du parlement assemblées, le roi propose d'abolir la servitude; les deux chambres du parlement s'y refusent. Tout ce qui est accordé, c'est une amnistie générale pour la multitude entraînée dans l'insurrection; encore paraît-il que cette amnistie ne fut accordée qu'à l'occasion du mariage du roi et à l'intercession de son épouse, Anne de Bohême. Elle était fille du dernier empereur, Charles IV, et sœur de Wenceslas, roi actuel des Romains, une princesse accomplie, de grande vertu, qui, pendant les douze années de son mariage, posséda toutes les affections de son mari, et qui, après sa mort, fut longtemps regrettée par le peuple, qui ne la nommait que la bonne reine Anne 1.

Les seigneurs anglais voulaient bien réprimer les principes d'insubordination dans le peuple, mais en profiter pour eux-mêmes…

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1 Lingard.

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Message  Louis Mer 26 Juin 2013, 12:05 pm

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

Les seigneurs anglais voulaient bien réprimer les principes d'insubordination dans le peuple, mais en profiter pour eux-mêmes. Le duc de Lancastre était le protecteur de Wicleff, ce docteur de l'anarchie. Le duc de Lancastre était soupçonné de vouloir détrôner son neveu pour se mettre à sa place ; un moine présente au roi les détails écrits d'une conspiration à cet effet ; ce moine est étranglé la nuit par un seigneur qui l'avait en sa garde ; quelque temps après un confident du roi est assassiné par le même. Le duc de Glocester, autre oncle du roi, forme un parti contre lui dans le parlement.

On demande à Richard le renvoi et la mise en jugement de ses ministres et de ses favoris ; il résiste, il cède, il revient sur ses pas; la faction parlementaire de son oncle devient de jour en jour plus formidable ; il y est question de priver le roi non-seulement du trône, mais de la vie. Richard est contraint de céder ; on lui impose une commission de régence plus puissante que lui. C'est le duc de Glocester qui règne; les plus constants amis du roi sont condamnés à mort ; ni le roi ni la reine ne peuvent obtenir leur grâce du duc de Glocester.

Pendant près d'une année Richard ne fut qu'un instrument dans les mains de ce duc et de son parti. Enfin, dans un grand conseil tenu vers Pâques 1389, il pria inopinément son oncle de lui apprendre son âge. Votre Altesse, répondit le duc, est dans sa vingt-deuxième année. — Alors, ajouta le roi, je dois être certainement assez âgé pour conduire moi-même mes propres affaires. J'ai été plus longtemps sous le contrôle de tuteurs qu'aucun pupille de mes États. Je vous remercie, Mylords, de vos services passés, mais je ne vous en demande aucun désormais. » Cet acte de vigueur, Richard le soutint plusieurs années par un gouvernement juste et ferme, qui rendit l'Angleterre heureuse et tranquille.

En 1394, à son grand regret, il perd sa femme, la bonne reine Anne. En 1396 il épouse Isabelle de France, fille de Charles VI, ce qui fit cesser la guerre et rétablit l'union entre les royaumes ; chose d'autant plus naturelle que les familles régnantes d'Angleterre et de France étaient toutes deux françaises d'origine. Fort de cette alliance Richard se détermine à venger le meurtre de ses favoris et les insultes faites à son autorité. Son troisième oncle, le duc de Glocester, ne discontinue de cabaler et au dedans et au dehors du parlement; le bruit se répand même qu'il vient de former le complot de s'emparer de la personne du roi et de l'emprisonner. Tout à coup, en juillet 1397, le duc de Glocester est arrêté et transféré dans la forteresse de Calais par ordre du roi, avec l'assentiment des ducs de Lancastre et d'York et d'autres de ses parents, en particulier de Henri, alors comte de Derby, depuis duc d'Héreford, et enfin duc de Lancastre après la mort de son père.

Le parlement, d'une voix unanime, révoque tous les pardons, généraux et particuliers, accordés jusqu'ici au duc de Glocester…

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Message  Louis Jeu 27 Juin 2013, 6:22 am

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

Le parlement, d'une voix unanime, révoque tous les pardons, généraux et particuliers, accordés jusqu'ici au duc de Glocester et aux comtes d'Arundell et de Warwick; il les révoque comme préjudiciables au roi et obtenus par contrainte. Le comte d'Arundell est condamné comme traître par le parlement ; le duc de Lancastre lui prononce la sentence et on lui tranche la tête le même jour. Le comte de Warwick se reconnaît coupable ; sa sentence de mort est commuée en exil. Quant au duc de Glocester, dans un interrogatoire subi à Calais il confessa d'avoir conspiré avec d'autres pour déposer le roi, mais seulement pour peu de jours, après lesquels son intention était de le replacer sur le trône. Il y eut ordre de l'amener à la barre de la Chambre pour qu'il répondît aux lords qui l'accusaient de trahison. Trois jours après on reçoit la nouvelle qu'il vient de mourir. Sous le règne suivant on prétendit qu'il avait été mis à mort par ordre de Richard. Quoi qu'il en soit, il y a de fortes présomptions de croire qu'il a existé quelque chose de bien criminel et de bien dangereux dans la conduite de Glocester. Ses neveux, les comtes, de Somerset et de Rutland, étaient deux de ses accusateurs ; ses frères, les ducs de Lancastre et d'York, se réunirent pour le condamner, et le premier même prononça contre lui la sentence de trahison. Peut-on supposer qu'ils se fussent unis de la sorte pour déshonorer et punir leur propre sang s'ils n'avaient été entraînés par d'autres motifs que le ressentiment du roi, relatif à une offense commise et pardonnée dix ans auparavant ?

Parmi les pairs qui venaient de consentir à l'arrestation et à la condamnation du duc de Glocester s'en trouvaient deux qui, précédemment, avaient accusé et fait condamner les favoris du roi ; c'étaient le duc de Norfolk et le duc de Héreford, ce dernier fils du duc de Lancastre. Après plusieurs incidents le duc Héreford accusa le duc de Norfolk de lui avoir communiqué dans une conversation des défiances sur la disposition du roi à leur égard. Le duc de Norfolk lui donna publiquement un démenti et ils se provoquèrent en duel. Le roi intervint et les obligea de sortir du royaume, le duc de Norfolk pour toute sa vie, le duc de Héreford pour dix ans, et encore avec la déclaration qu'il avait rempli le devoir d'un fidèle sujet. Norfolk, après un court séjour en Allemagne, fit le pèlerinage de Jérusalem et mourut à son retour à Venise. Le duc de Héreford, qui prit bientôt le titre de duc de Lancastre à la mort de son père, se rendit à Paris.

Le roi Richard II se voyait plus puissant que jamais…

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Message  Louis Jeu 27 Juin 2013, 11:59 am

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

Le roi Richard II se voyait plus puissant que jamais : le parlement l'avait déclaré aussi libre qu'aucun de ses prédécesseurs, et lui avait accordé un subside pour toute sa vie; avec un comité tiré des deux Chambres il pouvait publier toutes les nouvelles ordonnances qu'il lui plairait. Comme on pouvait s'y attendre, Richard abusa de cette puissance exorbitante, ce qui fit beaucoup de mécontents. Plein de confiance il passe en Irlande pour y réprimer une insurrection. C'était au printemps de 1399. Richard voyait la plupart des rebelles mettre bas les armes et implorer sa clémence, lorsque tout à coup il apprend cette étrange nouvelle : Henri de Lancastre, échappé de France, débarqué en Angleterre avec vingt partisans, est entré à Londres à la tête de soixante mille hommes, réclamant les propriétés de son père, en attendant de réclamer le trône même. Richard, revenu en Angleterre, se voit abandonné, livré par trahison au duc de Lancastre ; emprisonné, contraint de résigner la couronne comme incapable de régner, il est déposé par le parlement ; un seul membre y fait opposition, l'évêque de Carlisle, qui aussitôt est arrêté et jeté dans les fers. Henri de Lancastre réclame le trône comme son héritage, sa conquête, et pour réparer les fautes du roi déchu. Les deux chambres du parlement admettent à l'unanimité sa demande, au mépris des droits que le même parlement avait reconnus au comte de la Marche, descendant de la branche aînée de Lyonnel, duc de Clarence, frère aîné du duc Jean de Lancastre, père de l'usurpateur Henri. C'était le 30 septembre 1399.

Il est d'usage parmi les auteurs modernes de déclamer, après Tacite, contre la bassesse du sénat romain sous les empereurs idolâtres; on s'indigne encore volontiers contre la servilité originelle et incurable du sénat byzantin sous le Bas-Empire ; une histoire bien autrement curieuse et piquante de ce genre serait l'histoire des variations morales, politiques, judiciaires et autres du parlement anglais.


Le nouveau roi d'Angleterre prit le nom de Henri IV…

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Message  Louis Ven 28 Juin 2013, 6:30 am


Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

Le nouveau roi d'Angleterre prit le nom de Henri IV. Son règne, commencé par la révolte et la trahison, fut rempli de révoltes, de trahisons et de meurtres. Il fit mourir de faim son prédécesseur, le roi Richard ; suivant d'autres il le fit assassiner en prison. Une foule de seigneurs furent condamnés au supplice des traîtres. Voici en quoi consistait ce supplice. Un écrivain du temps décrit en ces termes l'exécution de sir Thomas Blount, un de ceux qui avait entrepris de délivrer de prison le dernier roi : « II fut d'abord pendu ; mais on coupa bientôt la corde, et on le fit asseoir sur un banc, devant un grand feu. L'exécuteur vint ensuite avec un rasoir à la main, et, s'agenouillant devant sir Thomas, dont les mains étaient liées, il lui demanda pardon de sa mort, forcé qu'il était de remplir son devoir. Sir Thomas lui demanda : « Êtes-vous la personne chargée de me délivrer de ce monde ?» Le bourreau répondit ; « Oui, Monsieur ; je vous prie de me pardonner.» Sir Thomas l'embrassa et lui pardonna sa mort. Le bourreau se mit à genoux et lui ouvrit le ventre, coupa les boyaux au-dessous du passage de l'estomac et lia le reste avec un cordon, afin que le vent du cœur ne pût s'échapper, et il jeta les boyaux au feu. Sir Thomas était alors assis devant le feu, le ventre ouvert et ses entrailles brûlant devant lui. Sir Thomas Erpingham, chambellan du roi Henri, insultant à Blount, lui dit avec dérision : « Allez chercher un maître qui puisse vous guérir. » Blount répondit seulement : « Te Deum laudamus ! Béni soit le jour où je suis né, et béni soit ce jour dans lequel je vais mourir pour le service de mon souverain seigneur, le noble roi Richard ! » L'exécuteur se mit à genoux devant lui, l'embrassa de la manière la plus humble, et, bientôt après, lui coupa la tête et divisa son corps en quartiers 1. » Tel est le récit de l'auteur contemporain. En vérité, ce qu'il y avait alors de plus humain en Angleterre, c'était le bourreau.

L'an 1405, pendant une insurrection, l'archevêque d'York est arrêté par trahison…

________________________________________________

1 Apud. Lingard, t. 4, p. 440, note.

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Message  Louis Ven 28 Juin 2013, 4:16 pm

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

L'an 1405, pendant une insurrection, l'archevêque d'York est arrêté par trahison. Quoiqu'il proteste de son innocence Henri veut le faire condamner à mort; le grand-juge, Gascoigne, s'y refuse. Henri le fait condamner par un autre, sans acte d'accusation ni jugement. L'archevêque, il se nommait Jean Scroop, s'écrie aussitôt : « Le juste et vrai Dieu sait que jamais je n'ai eu l'intention de faire aucun mal au roi Henri, et je vous engage à prier, afin que ma mort ne soit pas vengée sur lui ou sur ses amis. » On exécute immédiatement la sentence. L'archevêque reçoit la mort avec calme ; le peuple le regarde comme un martyr.

Peu après le visage de Henri se couvrit d'éruptions dégoûtantes, que le peuple considéra comme le châtiment du meurtre de ce prélat; une suite d'attaques d'épilepsie, dont la violence croissait d'un jour à l'autre, l'entraîna rapidement au tombeau. La perspective de la mort rappela, dit-on, à sa mémoire tous les moyens à l'aide desquels il avait obtenu la couronne et le sang versé pour la conserver. Il commença enfin à douter de la vérité de sa maxime favorite, que le succès de l'entreprise était une preuve de l'approbation du Ciel. Quoiqu'il ne fût que dans sa quarante-sixième année, il présentait tous les symptômes de la décrépitude. Aux douleurs du corps, aux remords de la conscience, se joignait l'inconduite de son fils aîné, qui semblait impatient de le voir mourir.

Un jour, après une de ses attaques, et quand toutes les apparences faisaient croire à sa mort, le jeune prince porta dans une autre chambre la couronne, qui, suivant la coutume, était placée sur un coussin à côté du lit. Le roi, revenant à lui, demanda sévèrement qui l'avait emportée, et, sur la réponse de ses gardes, fit appeler immédiatement le prince. Adouci par ses expressions respectueuses, il lui dit en poussant un profond soupir : « Hélas ! beau fils, quel droit avez-vous à la couronne quand vous savez-que votre père n'en avait point ? — Monseigneur, répondit le jeune Henri, vous la conquîtes par l'épée, et par l'épée je la conserverai. » Après une pause le roi répliqua : « Bien, faites ce que vous jugerez le mieux. J'en laisse l'événement à Dieu, et j'espère qu'il fera miséricorde à mon âme. »

Sa dernière attaque le saisit comme il faisait sa prière dans la chapelle de Saint-Edouard, à Westminster. On le porta dans la chambre de l'abbé, où il expira bientôt après, le 20 mars 1413, dans la quatorzième année de son règne ou de son usurpation.

Son fils aîné, Henri de Monmouth, monta immédiatement sur le trône…

(Note de Louis : j'ai aéré le 2e paragraphe.)

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Message  Louis Sam 29 Juin 2013, 6:33 am

Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.


(suite)

Son fils aîné, Henri de Monmouth, monta immédiatement sur le trône; il était depuis si longtemps considéré comme l'héritier présomptif du trône qu'on ne fit plus mention des droits du comte de la Marche, et, quoique ses égarements eussent inspiré contre lui des préventions défavorables, ses sujets aimèrent mieux les attribuer à la légèreté de la jeunesse qu'à la corruption du cœur. Il ne les trompa point dans leur attente. Dès que son père eut rendu le dernier soupir il se retira dans son cabinet, passa le reste du jour dans la solitude et la prière, et, le soir, se rendit auprès de son confesseur, religieux de l'église de Westminster, qui l'affermit dans sa résolution d'effacer par la régularité de sa conduite le scandale de sa vie passée. Les compagnons dissolus de ses plaisirs furent aussitôt éloignés, les hommes d'instruction et d'expérience rappelés près du trône, et ceux qui s'étaient attiré l'inimitié du prince en blâmant ses excès se trouvèrent, à leur grande surprise, honorés de l'approbation et de l'amitié du roi. Il regarda comme un acte de justice de rendre la liberté au comte de la Marche, détenu depuis son enfance par le feu roi sans autre crime que son droit au trône, et lorsque, par ses ordres, les restes de l'infortuné Richard furent transportés à l'abbaye de Westminster, il témoigna son respect pour ce prince en conduisant le deuil pendant la cérémonie des funérailles 1.
__________________________________________________

1 Lingard, t. 5.

A suivre : Son fils, Henri V, étouffe une nouvelle insurrection des lollards.

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Message  Louis Sam 29 Juin 2013, 11:59 am

Son fils, Henri V, étouffe une nouvelle insurrection des lollards.

Nous avons déjà vu quels principes d'anarchie religieuse et politique répandaient les wicléfites, nommés aussi lollards. Henri V en était alarmé, aussi bien que les seigneurs et les propriétaires, dont tous les droits étaient menacés. N'étant encore que prince de Galles il s'était uni aux Lords et aux Communes pour présenter une pétition à son père à l'effet d'obtenir l'arrestation et la punition de ces prédicateurs d'anarchie. Toutefois les chefs de cette secte révolutionnaire, au lieu de travailler à détruire ces impressions défavorables, cherchèrent à intimider leurs adversaires, et, durant la session du premier parlement, ils placèrent aux portes des diverses églises de Londres des affiches par lesquelles ils déclaraient que, si l'on employait l'autorité de la couronne pour combattre leur doctrine, ils pouvaient assembler cent mille hommes prêts à tirer l'épée pour sa défense. Cette audacieuse menace provoqua une enquête, et l'on découvrit que la personne dont les conseils dirigeaient tout le parti, et qui le gouvernait magistralement, était sir Oldcastle, appelé lord Cobham, de l'héritage de sa femme. Son château de Cowling était depuis longtemps le quartier général de wicléfites ou lollards ; ils étendaient de là leur propagande révolutionnaire dans le voisinage, et, protégés par ses serviteurs, ils bravaient les interdictions des évêques et les citations devant les cours spirituelles. Par considération pour cet homme, qui avait été l'un des intimes compagnons de Henri, au lieu de le citer devant le tribunal ordinaire, on l'appela directement devant le roi, qui entreprit sa conversion avec le zèle d'un apôtre. Mais l'opiniâtreté du disciple fatigua bientôt la patience du maître ; après quelques jours le roi commença à fortifier ses arguments par des menaces, et Oldcastle jugea qu'il était temps de quitter Windsor et de regagner sa résidence de Cowling.

Sa fuite fut suivie d'une proclamation du roi qui ordonnait aux magistrats d'arrêter non-seulement les prédicateurs ambulants, mais encore leurs auditeurs et leurs partisans, et d'un mandat à l'archevêque de Cantorbéry, qui lui intimait de procéder au désir de la loi contre les fugitifs. Les pouvoirs spirituels de ce prélat furent bientôt épuisés. Oldcastle désobéit à sa sommation et se moqua de son excommunication; mais il fut forcé de se rendre aux troupes envoyées par le roi et conduit à la tour de Londres comme prisonnier. Pendant son procès sa conduite envers le primat fut aussi arrogante et insultante que celle de son juge était digne et modérée. Non content de témoigner son dissentiment de la profession de foi orthodoxe, il vomit des torrents d'injures contre tous ceux qui la soutenaient. Il soutint que l'Église avait cessé d'enseigner la doctrine de l'Évangile du moment où elle avait été infectée du poison des richesses mondaines; que le clergé était l'antechrist ; que le Pape était la tête du monstre, les évêques et les prélats ses membres, et les ordres religieux la queue de la bête, et que celui-là seul était le véritable successeur de saint Pierre qui pratiquait les vertus de saint Pierre. Il comparut à la barre à deux jours différents, et, comme il persista dans ses erreurs, on le déclara hérétique obstiné. Toutefois le primat, qui était Thomas d'Arundell, en le remettant au magistrat civil, obtint du roi un sursis de cinquante jours, pendant lequel Oldcastle trouva moyen de s'échapper de la tour et de rassembler ses partisans les plus zélés. Ils envoyèrent sur-le-champ des émissaires dans les comtés voisins ; une armée fut secrètement organisée, et des milliers de fanatiques se tinrent prêts à marcher sur la capitale, bien qu'ils ignorassent les projets réels de leurs chefs.

Le premier plan des conspirateurs était de surprendre le roi…

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Message  Louis Dim 30 Juin 2013, 6:19 am

Son fils, Henri V, étouffe une nouvelle insurrection des lollards. (suite)

Le premier plan des conspirateurs était de surprendre le roi à Eltham ; mais son départ inattendu pour Westminster, le 7 janvier 1414, le fit échouer. Les sectaires prirent alors la résolution de réunir tous leurs partisans dans les champs de Saint-Gilles, près de Londres, le lendemain de l'Epiphanie. Le roi, qui était parfaitement instruit de leurs intentions, fit garder avec soin les portes de la cité, afin de séparer les lollards qui se trouvaient dans ses murs de ceux qui étaient dehors, et se rendit un peu après minuit au lieu du rendez-vous, suivi d'un corps de troupes considérable. Les routes étaient couvertes d'insurgés qui se dirigeaient de toutes parts vers Saint-Gilles ; mais les premières compagnies n'y furent pas plus tôt arrivées qu'elles se trouvèrent enveloppées et gardées ; les fugitifs, en s'échappant, répandirent l'alarme ; les autres suspendirent leur marche et se dispersèrent précipitamment.

On calcule que le nombre des insurgés, dans cette circonstance, s'élevait à vingt mille. L'objet que se proposaient les chefs, suivant les proclamations du roi et les rapports faits au parlement, eût amené les résultats les plus désastreux. Les Communes, dans leur Adresse, établissent que les lollards avaient cherché à renverser la foi chrétienne, le roi, les dignités spirituelles et temporelles, et toute espèce de police et de loi. Henri, dans sa proclamation, déclare que les lollards voulaient le détruire, ainsi que ses frères et plusieurs lords spirituels et temporels, confisquer les possessions des églises, séculariser les ordres religieux, diviser le royaume en districts confédérés, et reconnaître sir Oldcastle comme président de la république. Ce dernier échappa, et, encore que le roi offrît à ceux qui l'arrêteraient des récompenses capables de séduire, il parvint à se soustraire pendant plusieurs années à la poursuite et aux recherches de ses ennemis. Un grand nombre de ses complices furent arrêtés, condamnés et exécutés; lui-même, en 1416, ayant trempé dans une nouvelle conspiration contre le roi, fut pris, traduit devant le parlement, et condamné comme traître à être pendu et comme hérétique à être brûlé. Étant sur l'échafaud il prédit à ses partisans qu'il ressusciterait le troisième jour ; ils allaient donc le vénérer comme un martyr. Malheureusement il ne leur tint point parole; il fut bien pendu et brûlé, mais ne ressuscita point1.

_____________________________________________________________

1 Lingard, t b. Rot., parl. IV, 107-110. Walsingham, 399.
A suivre : Henri V gagne la bataille d’Azincourt, se voit maître de la France et de l’Angleterre, et meurt dans la force de l’âge.

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Message  Louis Dim 30 Juin 2013, 12:34 pm

Henri V gagne la bataille d’Azincourt, se voit maître de la France et de l’Angleterre, et meurt dans la force de l’âge.

Le roi Henri V, ayant dompté, l'an 1414, l'insurrection des lollards et rétabli la tranquillité dans le royaume, résolut d'en transporter les éléments de trouble et de les utiliser au dehors par la guerre étrangère. En 1415 il vint avec une armée en France pour réclamer tout à la fois et les provinces qui avaient appartenu à ses ancêtres, les Plantagenets d'Anjou, et même le royaume de France, comme descendant d'Isabelle de France, fille de Philippe le Bel. Le 25 octobre il gagne la fameuse bataille d'Azincourt, mais y fait égorger les prisonniers. Les années suivantes il remporte de nouveaux avantages sur les Français, divisés contre eux-mêmes sous un roi en démence. Il joignait le titre de roi de France à celui de roi d'Angleterre. Au printemps 1420 il conclut à Troyes un traité avec le roi Charles VI, la reine Isabelle de Bavière et le duc de Bourgogne. En vertu de ce traité il renonce à son titre de roi de France; mais Charles VI l'adopte pour son fils et son héritier, à l'exclusion du soi-disant Dauphin Charles VII. Henri est déclaré régent et administrateur unique du royaume, en attendant la mort de Charles VI, auquel il succéda; les deux royaumes de France et d'Angleterre seront à jamais réunis sous le même sceptre et gouvernés par le même roi. Le 10 décembre les trois états du royaume de France, assemblés à Paris, acceptent solennellement le traité de Troyes et le déclarent loi de la monarchie.Pour consommer cette alliance Henri V épouse la princesse Catherine, fille de Charles VI et d'Isabelle de Bavière, qui lui donne un fils le 6 décembre 1421.

Henri V, dans la force de l'âge, maître de la France et de l'Angleterre, ayant de plus en son pouvoir le roi d'Ecosse, paraissait au comble de la prospérité humaine. Une maladie que les historiens disent avoir été une dyssenterie, les autres une fistule, vint briser tout à coup cette prospérité du maître de la France et de l'Angleterre. Le roi affecta de la mépriser pendant quelque temps ; mais elle mina d'autant plus vite sa constitution et confondit toute la science des médecins.

A la fin de juillet 1422 Henri allait poursuivre ses conquêtes, lorsque l'épuisement de ses forces l'obligea de se faire transporter à Vincennes, où les progrès du mal ôtèrent toute espérance de guérison. Il se soumit avec résignation à sa destinée et partagea le peu de temps qui lui restait entre les dispositions relatives  à son âme et les affaires de sa famille. Quand il eut réglé ce qui regardait le gouvernement des deux royaumes et son fils au berceau, il se tourna vers ses médecins et leur demanda combien de temps il avait encore à vivre; on lui répondit que le Très-Haut avait le pouvoir de le rendre à la santé. Mécontent de ces paroles évasives, il répéta sa question en exigeant une réponse directe. « Eh bien ! Sire, répliqua l'un des médecins en se jetant à genoux, songez au salut de votre âme, car il ne vous reste plus que deux heures à vivre. » Le roi entendit cet arrêt terrible sans s'émouvoir, demanda son confesseur et consacra ce moment à des exercices de dévotion. Comme les assistants, rassemblés autour de son lit, récitaient les psaumes de la Pénitence, il les interrompit à ce verset : Tu relèveras les murs de Jérusalem, et dit d'une voix faible qu'il avait toujours eu l'intention de visiter la Palestine et d'arracher la cité sainte au joug des Sarrasins. Il expira après quelques heures, le 31 août 1422, âgé d'environ trente-six ans, dans la dixième année de son règne, laissant un fils unique âgé de huit mois 1.

___________________________________________________________________

1 Lingard, Tite Live, Monstrelet. Walsingham.

A suivre : Sous ces trois règnes, l’Angleterre continue à reconnaître les Pontifes romains  et non celui d’Avignon. Bon usage que les Papes faisaient en Angleterre de certaines nominations.

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Message  Louis Lun 01 Juil 2013, 5:36 am

Sous ces trois règnes, l’Angleterre continue à reconnaître les Pontifes romains  et non celui d’Avignon.
Bon usage que les Papes faisaient en Angleterre de certaines nominations à eux réservées.

Sous les trois règnes de Richard II, de Henri IV et de Henri V, qui comprennent toute la durée du grand schisme d'Occident, l'Angleterre continua toujours à reconnaître le Pape de Rome, Urbain VI, Boniface IX, Innocent VII, Grégoire XII, lequel autorisa le concile de Constance, y abdiqua par procureur et reconnut Martin V, dont l'élection mit fin au schisme. L'an 1383, sous Richard II, l'Angleterre entreprit même une croisade contre la France, pour y combattre le schisme et y faire reconnaître Urbain VI. Henri Spenser, jeune et belliqueux évêque de Norwich, fut chargé de cette expédition. Il y fit quelques exploits; mais l'entreprise manqua, dit-on, par la jalousie du duc Jean de Lancastre, père de Henri IV.

Sous le règne de Richard II il y eut quelques difficultés sur les provisions du Pape en Angleterre. On appelle ainsi les lettres par lesquelles le Pape conférait des bénéfices ou offices vacants ou à vaquer dans ce pays. Les évêques s'en plaignaient comme préjudiciables à leurs droits. Le roi, le parlement, le Pape s'en occupèrent. Il y eut enfin cet accommodement: on abolit entièrement les provisions en faveur des étrangers, à l'exception des cardinaux, et, en faveur des indigènes, elles ne furent généralement accordées qu'à des personnes qui avaient obtenu préalablement la licence royale 1.

Or voici ce qui arriva et qui…

___________________________________________

1Wilkins, Concil. Britann., t. 3, p. 237.

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Message  Louis Lun 01 Juil 2013, 12:11 pm

Sous ces trois règnes, l’Angleterre continue à reconnaître
les Pontifes romains  et non celui d’Avignon.
Bon usage que les Papes faisaient en Angleterre de certaines nominations à eux réservées.

(suite

Or voici ce qui arriva et qui mérite une attention toute particulière; car on y voit quel usage les Papes faisaient généralement de ces provisions.

La durée du schisme permit en Angleterre d'exécuter sans la moindre opposition les statuts relatifs aux provisions pontificales. L'expérience démontra bientôt que l'on s'était engagé sans réflexion dans une route qui conduisait à l'abaissement des lettres et à la destruction des universités. Deux de ces corps présentèrent à l'assemblée du clergé, en 1399, des pétitions où ils établissaient que, tant qu'il avait été loisible aux Papes de conférer des bénéfices par provision, ils les avaient toujours donnés à des hommes d'esprit et de talent, qui avaient pris leurs degrés dans les universités et que le résultat de cette préférence avait été de piquer d'émulation les étudiants et de multiplier leur nombre, mais que, depuis les statuts contre ceux qui obtenaient des provisions pontificales, les patrons ayant négligé les membres des universités, les étudiants avaient disparu et les écoles étaient presque abandonnées. Le mal ne fit que s'accroître. Seize années après il fixa l'attention des Communes, qui, pour arracher les universités à leur ruine complète, demandèrent au roi de rapporter les statuts contre les pourvus ou proviseurs ou bien de pourvoir à leur sort d'une manière convenable. Le roi les informa qu'il en avait référé aux évêques ; mais ces prélats ne se souciaient nullement de la révocation des statuts, et en 1417 le synode publia une ordonnance qui obligeait tout collateur spirituel, durant les dix années suivantes, à faire présent du premier bénéfice vacant à sa présentation, et, après ce temps, du second, à quelque membre de l'une des universités, gradué dans l'une des trois facultés de théologie, de jurisprudence ou de médecine. On espérait que cet expédient apaiserait toutes les réclamations; mais quatre années s'écoulèrent avant qu'on pût exécuter ce règlement, et cela afin de discuter les objections élevées parles universités elles-mêmes 1.

On voit par ces faits que les plaintes contre les empiétements et les abus de la cour de Rome peuvent n'être pas toujours bien fondées, et que les abus peuvent se trouver quelquefois du côté de ceux qui se plaignent.

Autre exemple. On admire la politique de Henri V d'Angleterre, qui, pour pacifier son propre royaume, en emploie les éléments de discorde à la guerre étrangère. Aujourd'hui on admirerait les souverains d'Europe qui conviendraient d'unir leurs forces pour repousser la barbarie et faire triompher la vraie civilisation par tout le monde; et on ne veut pas voir que les Papes faisaient l'un et l'autre par les croisades.

Pendant le grand schisme d'Occident l'Allemagne eut ses révolutions politiques…

_________________________________________

1 Lingard, t. 5, p. 83. Wilkins, t. 3, p. 242, 381, 401.
A suivre : Révolution en Allemagne. Wenceslas est déposé de l’empire.

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Message  Louis Mar 02 Juil 2013, 5:42 am

Révolution en Allemagne. Wenceslas est déposé de l’empire.

Pendant le grand schisme d'Occident l'Allemagne eut ses révolutions politiques, aussi bien que la France et l'Angleterre. L'empereur Charles IV, de la maison de Luxembourg, étant mort l'an 1378, eut pour successeur son fils Wenceslas, roi de Bohême en 1363, élu roi des Romains en 1376. Wenceslas est surnommé tantôt l'Ivrogne et tantôt le Fainéant, Sa vie fut un tissu de débauches, de cruautés et de bassesses. Il continuait, sur le modèle de son père, d'aliéner les droits et les villes de l'empire. Celles de Souabe et du Rhin firent une ligue pour défendre leur liberté contre les seigneurs qui les acquéraient.

L'an 1394 les seigneurs de Bohême, voyant augmenter les excès de Wenceslas en tout genre, l'enferment dans une prison comme une bête féroce. Il s'échappe peu de temps après et reprend le gouvernement; mais ses fureurs, plus insupportables que jamais, deviennent telles que les grands du royaume appellent à leur secours Sigismond, son frère, roi de Hongrie.

L'an 1397  Wenceslas est enfermé pour la seconde fois dans une forteresse; une seconde fois il s'échappe et remonte sur le trône. Il faisait de l'exécuteur des hautes œuvres son ami et son confident, l'appelait son compère, tenait son fils sur les fonts de baptême, inventait de nouvelles agonies, et envoyait à la mort le confesseur de la reine parce qu'il refusait de lui révéler le secret de la confession.

Les princes électeurs, voyant l'empire se précipiter vers sa ruine, s'assemblent à Ladenstein, y déposent Wenceslas le 20 août 1400; puis, étant passés à Rentz, ils y élisent roi des Romains Frédéric, duc de Brunswick, qui est assassiné deux jours après par le comte de Waldeck.

Nouvelle élection  à Rentz, le 24 août, en faveur de Robert, comte palatin du Rhin, qui, voulant récupérer le Milanais en 1401, est battu par Galéas Visconti et meurt le 18 mai 1410. Le 20 septembre de la même année une partie des électeurs élisent à Francfort le roi de Hongrie, Sigismond, tandis que les autres, dans la même ville, élisent Josse, margrave de Moravie.

Il y eut ainsi trois, empereurs, comme il y avait alors trois Papes. Mais la mort de Josse, arrivée le 8 janvier 1411, et l'acquiescement de Wenceslas à l'élection de son frère terminèrent promptement le schisme impérial.

Les vices de tout genre par lesquels Wenceslas scandalisait l'empire et la Bohême, surtout la ville de Prague, faisaient admirer d'autant plus les vertus de saint Jean Népomucène…
A suivre : Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.

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Message  Louis Mar 02 Juil 2013, 12:03 pm

Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.

Les vices de tout genre par lesquels Wenceslas scandalisait l'empire et la Bohême, surtout la ville de Prague, faisaient admirer d'autant plus les vertus de saint Jean Népomucène. Jean naquit vers l'an 1330 à Népomuck, petite ville de Bohême, à quelques lieues de Prague. Ses parents étaient plus distingués par la piété que par le rang et la fortune. Ils étaient déjà très-avancés en âge, sans avoir d'enfants, lorsqu'ils obtinrent ce fils par l'intercession de la sainte Vierge, qu'ils allaient prier devant son image dans une église de Cisterciens, hors la ville. Afin que son nom seul rappelât au nouveau-né quelle affection il devait à Marie, ils le nommèrent Jean. Il lui dut en effet non-seulement sa naissance, mais sa conservation; car, dans ses premières années, il tomba dangereusement malade; mais, ses parents ayant fait un vœu devant la même image de la Vierge et pris certains engagements pour le reste de leur vie, l'enfant se leva aussitôt guéri. A sa naissance même des flammes très-sereines, à la grande joie de la ville de Népomuck, parurent descendre du ciel et entourer, sans faire de mal, toute la maison où il venait de naître. Nous verrons des flammes semblables reparaître à sa mort.

Envoyé de bonne heure à l'école, il y apprit d'abord les répons de la messe. Dès qu'il les sut il allait tous les matins, de lui-même, à l'église des Cisterciens, hors de la ville, et y servait toutes les messes qui s'y disaient. Les personnes sages en auguraient dès lors quelque chose de grand. A la piété la plus tendre il y oignait un esprit très-vif. Ses parents l'envoyèrent étudier la langue latine à, Staaze, ville considérable du pays. Il y fit ses humanités, surtout sa rhétorique, avec la plus grande distinction.

Charles IV, empereur d'Allemagne et roi de Bohême, venait de fonder l'université de Prague sur le modèle de celle de Paris, de Bologne et de Padoue. Il y avait attiré des maîtres habiles de toutes les parties de l'Europe et les y avait fixés en leur promettant de magnifiques récompenses; aussi la nouvelle université fut-elle célèbre dès sa naissance. Il y vint un nombre prodigieux d'étudiants de différentes contrées de l'Allemagne. Jean y fut aussi envoyé. Outre la philosophie il y étudia la théologie et le droit canonique, et il prit le degré de docteur dans ces dernières facultés.

Dès ses premières années il s'était senti une forte inclination pour le sacerdoce ; il y avait rapporté toutes ses études, et en avait fait une espèce d'apprentissage en participant fréquemment à la sainte communion. Le but qu'il se proposait en embrassant cet état était de se consacrer sans réserve à procurer la gloire de Dieu. Plus il voyait approcher le jour de son ordination, plus il redoublait de ferveur dans ses différents exercices. Il ne se présenta à son évêque qu'après avoir passé un mois dans la retraite et purifié son âme par la prière, le jeûne et la mortification.

A peine eut-il reçu l'onction sacerdotale qu'on lui ordonna de faire valoir le rare talent qu'il avait pour la prédication….

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Message  Louis Mer 03 Juil 2013, 6:54 am

Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.

(suite)

A peine eut-il reçu l'onction sacerdotale qu'on lui ordonna de faire valoir le rare talent qu'il avait pour la prédication. Son évêque lui confia la chaire de la paroisse Notre-Dame de Tein. Ses premiers travaux produisirent des fruits admirables ; toute la ville s'empressait d'aller l'entendre annoncer la parole de Dieu, et l'on vit en peu de temps une réforme générale. Les étudiants, qui étaient alors au nombre de quatre mille, couraient aussi en foule à ses discours. Les plus effrontés libertins ne pouvaient l'écouter sans être touchés, et ils s'en retournaient chez eux pénétrés des sentiments d'une vive componction.

L'archevêque et le chapitre de Prague résolurent de s'attacher un homme si rempli de l'esprit de Dieu ; ils lui donnèrent donc un canonicat qui vint à vaquer. Jean se montra toujours fort exact à assister au chœur ; mais cela ne l'empêcha pas de trouver encore du temps pour travailler au salut des âmes en exerçant ses premières fonctions.

L'empereur élu Wenceslas, qui demeurait habituellement à Prague, ayant entendu parler du serviteur de Dieu, voulut le connaître par lui-même et le nomma pour prêcher l'Avent à la cour. Jean sentit combien une telle commission était difficile et dangereuse ; il l'accepta cependant, et il s'en acquitta avec l'applaudissement du prince et de tous ses courtisans. Wenceslas fut même touché des discours du saint prédicateur, et il arrêta quelque temps le cours de ses passions déréglées.

Sur ces entrefaites le siège épiscopal de Létoméritz vint à vaquer. L'empereur, pour marquer l'estime qu'il faisait de Jean Népomucène, le lui offrit ; mais il fut impossible de déterminer le vertueux chanoine à l'accepter. On supposa que son refus pouvait être fondé sur les dangers et les travaux indispensables de l'épiscopat ; ainsi on lui offrit la prévôté de Wisegrad, qui, après les évêchés, était la première dignité ecclésiastique de la Bohême ; elle rapportait cent mille florins par an; elle n'exigeait ni soins, ni peines, ni fatigues, et donnait le titre honorable   de   chancelier  héréditaire   du royaume. Mais ce n'est guère connaître les saints que de leur faire des offres semblables; s'ils refusent les grandes, lors même qu'elles présentent des travaux à leur zèle et des croix à leur vertu, que doivent-ils penser de celles qui, pour tout attrait, ne leur montrent que des trésors à recueillir et des honneurs à recevoir ? Le vertueux chanoine fut donc, aussi inébranlable dans cette occasion qu'il l'avait été dans la précédente.

Mais plus il méprisait les grandeurs du monde, plus Dieu…

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Message  Louis Mer 03 Juil 2013, 4:26 pm

Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.

(suite)

Mais plus il méprisait les grandeurs du monde, plus Dieu permettait que le monde l'estimât. Si, dans la suite, il accepta la place d'aumônier de l'empereur, il ne le fit que pour se mettre à portée d'instruire la cour avec plus d'autorité, et conséquemment avec plus de fruit ; il se voyait aussi par là plus en état de satisfaire sa tendresse pour les pauvres. Cette place, d'ailleurs, ne l'exposait point aux distractions, et elle ne lui offrait ni ces richesses ni ces honneurs qui l'avaient si fort effrayé dans les prélatures ; ce fut ainsi l'humilité qui le fixa à la cour, où l'ambition conduit presque tous les hommes. Il y parut tel qu'il avait été dans la retraite. Son appartement était le rendez-vous de tous les malheureux ; il leur servait d'avocat et de père ; leur cause devenait la sienne, et il leur procurait tous les secours qui dépendaient de lui. Sa charité était ingénieuse à découvrir et à concilier les différends qui s'élevaient à la cour et dans la ville ; il assoupissait beaucoup de querelles et prévenait quantité de procès. Il reste encore des monuments authentiques de ces accommodements que l'on remit à sa décision ; on y admire également l'esprit de pénétration, de sagesse et d'équité. Il trouvait du temps pour tous ces objets, parce que les saints, en oubliant ce qui les concerne personnellement, ont bien plus de loisir que les autres hommes pour s'employer au service du prochain.

L'impératrice Jeanne, fille d'Albert de Bavière, comte de Hainaut et de Hollande, était une princesse ornée de toutes les vertus. Touchée de l'onction qui accompagnait les discours de Jean Népomucène, elle le choisit pour le directeur de sa conscience. Elle avait besoin d'un tel guide au milieu des désagréments qu'il lui fallait essuyer de la part de l'empereur. Wenceslas l'aimait avec passion ; mais, comme il était d'un esprit changeant et capricieux, il se livrait de temps en temps à des accès de jalousie qui, joints à sa férocité naturelle, causaient bien des chagrins à la vertueuse princesse.

Depuis que le monde a été sauvé par les souffrances d'un Dieu, c'est par les afflictions que se forment les saints. Pour sanctifier l'impératrice, en la détachant de tout ce qui pouvait partager son cœur, le Ciel employa d'abord la persécution de son mari, laquelle fut souvent portée aux derniers excès ; en même temps il lui donna Jean Népomucène pour la consoler et la conduire. Sous cet habile directeur elle fit en peu d'années de très-rapides progrès. Soutenue par un homme que son zèle préparait au martyre, elle apprit à supporter ses peines avec joie.

L'impératrice ne fut pas la seule qui se mit sous la conduite du serviteur de Dieu ; toutes les personnes vertueuses de la cour le prièrent de se charger du soin de leur âme. On admirait en lui le talent de former des saints sur le trône, des heureux dans les souffrances, et de faire aimer la vertu au milieu du grand monde, où elle est si souvent méconnue. On l'obligea encore de diriger les religieuses du château de Prague, et il les conduisit si bien dans les exercices de la vie spirituelle que leur maison devint un modèle de la perfection monastique.

L'impératrice avait de tout temps pratiqué la vertu, mais sa vertu augmenta beaucoup lorsqu'elle ne se conduisit plus que par les conseils de Jean Népomucène…

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Message  Louis Jeu 04 Juil 2013, 6:04 am

Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.

(suite)

L'impératrice avait de tout temps pratiqué la vertu, mais sa vertu augmenta beaucoup lorsqu'elle ne se conduisit plus que par les conseils de Jean Népomucène. On s'aperçut bientôt du changement qui s'était opéré en elle. Les églises devinrent le lieu où on la trouvait ordinairement ; elle y passait les journées entières à genoux et dans un recueillement qui faisait l'admiration de tout le monde. Ses prières n'étaient interrompues que par le temps qu'elle employait au soulagement des pauvres, et elle ne dédaignait point de les servir de ses propres mains. Les entretiens avec les dames de sa suite, qui étaient le seul relâchement qu'elle se permît, ne roulaient que sur les vérités éternelles, et ses discours étaient alors accompagnés d'une onction qui annonçait la ferveur de son âme. Elle nourrissait en elle le feu de l'amour divin par la fréquentation des sacrements, par la pratique des austérités et par l'usage d'une mortification continuelle-La crainte de déplaire à Dieu lui faisait fuir jusqu'à l'ombre du péché, et, s'il lui échappait quelqu'une de ces fautes légères dont les plus saints ne sont pas exempts, elle allait aussitôt les porter au tribunal de la pénitence afin de les expier.

Mais comme tout se change en poison pour un cœur corrompu, la piété de l'impératrice ne fit qu'aigrir le caractère féroce de Wenceslas ; il s'offensa même des marques de tendresse et de complaisance qu'elle ne cessait de lui donner. Présente il la haïssait, absente il l'aimait éperdument. Sa jalousie ne connut plus de bornes, et, interprétant mal les actions les plus saintes de son épouse, il en prit occasion d'augmenter ses soupçons sur la conduite de la princesse.

Aveuglé par sa passion, il forma un projet aussi nouveau qu'extravagant…

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Message  Louis Jeu 04 Juil 2013, 11:18 am

Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.
(suite)
Aveuglé par sa passion, il forma un projet aussi nouveau qu'extravagant ; il manda saint Jean Népomucène, lui parla d'abord de chose et d'autre, et prononça comme sans dessein le nom de l'impératrice ; sur quoi il fit observer que, attendu la condition et la soumission de la femme, un mari devait tout savoir, surtout dans la famille des rois et des empereurs. Tout ce que Jean pouvait jamais souhaiter d'honneurs, de richesses et de félicité, il le lui promettait sur parole de roi s'il pouvait se résoudre à lui confier, à lui seul, et si peu que ce fût, ce que l'impératrice lui avait découvert dans le tribunal de la pénitence. Ce serait pour lui la plus grande des consolations, au milieu de ses soins de roi et d'empereur. A cette demande criminelle le saint homme fut saisi d'horreur et représenta gravement et librement au roi quel crime il lui demandait, l'exhortant à condamner sa curiosité et à ne plus désirer l'impossible. Wenceslas dissimula son dépit ; il pensait que celui qui avait résisté à une première attaque pourrait se laisser vaincre à une seconde ou à une troisième.

Un jour que le prince était à table on lui servit une volaille qui n'était point assez rôtie; aussitôt, ne se possédant plus de rage il ordonne d'embrocher le cuisinier et de le faire rôtir au même feu. Les courtisans, saisis d'horreur, pâlissent et se regardent l'un l'autre ; ils voyaient que, pour peu qu'ils vinssent à broncher, ils devaient s'attendre au môme supplice ; mais nul n'osait dire un mot d'intercession pour adoucir la cruauté royale. Seul le bienheureux Jean Népomucène, ayant obtenu audience de l'empereur, s'efforça d'abord de l'apaiser par de douces paroles. N'y ayant pu réussir, il commence à lui remontrer avec un langage plus ferme l'atrocité du fait. A peine a-t-il dit quelques mots que le roi Wenceslas s'emporte et ordonne de le plonger au fond d'un cachot. Jean souffrit avec joie cet indigne traitement ; il n'ignorait pas la cause secrète qui le lui avait attiré; Wenceslas lui-même n'en faisait pas mystère, et on alla de sa part dire au saint qu'il ne recouvrerait point sa liberté tant qu'il s'opiniâtrerait à ne pas révéler la confession de l'impératrice ; mais le bienheureux martyr était résolu à plutôt mourir mille fois que de dire un mot de la confession. Quelques jours après un gentilhomme vint le trouver pour lui annoncer son élargissement; il ajouta que l'empereur le priait d'oublier le passé, et qu'il l'invitait à dîner le lendemain avec lui, afin de lui donner la preuve la plus authentique de son estime et de son amitié.

Jean Népomucène se rendit le lendemain au palais et y fut très-bien reçu à l'extérieur. Le repas fini, Wenceslas fit retirer tous ceux qui étaient présents et resta seul avec le saint. Il s'entretint d'abord avec lui de choses indifférentes ; il s'ouvrit ensuite et employa tous les moyens possibles pour l'engager à découvrir tout ce que l'impératrice lui avait dit en confession. « Vous pouvez, disait-il, compter de ma part sur un secret inviolable ; d'ailleurs je vous comblerai d'honneurs et de richesses. Il vous importe extrêmement de vous rendre à ce que j'exige, et je vous déclare qu'en persistant à me désobéir vous vous exposez aux plus cruels supplices et même à la mort. » Le saint répondit, comme auparavant, qu'il était obligé au silence par les lois les plus sacrées, et que rien ne serait jamais capable de lui faire trahir son devoir.

L'empereur, furieux, appelle aussitôt son compère; ainsi appelait-il le bourreau…

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Message  Louis Ven 05 Juil 2013, 5:58 am

Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.

(suite)

L'empereur, furieux, appelle aussitôt son compère; ainsi appelait-il le bourreau. D'après ses ordres le saint est conduit en prison, étendu sur un chevalet ; le bourreau et ses satellites lui appliquent des torches ardentes aux côtés et aux parties du corps les plus sensibles; ils le brûlent à petit feu et le tourmentent avec la plus horrible barbarie. Au milieu de ce supplice Jean Népomucène ne prononçait d'autres paroles que les noms de Jésus et de Marie. A la fin on le retira de dessus le chevalet ; mais il était presque expirant. Le Seigneur visita son serviteur dans la prison et remplit son âme des plus douces consolations.

Cependant l'impératrice apprit ce qui se passait; elle alla se jeter aux pieds de Wenceslas, qu'elle fléchit par ses larmes et ses prières; elle obtint même l'élargissement du serviteur de Dieu, Quelque temps après, Jean Népomucène, ayant guéri ses blessures sans recourir à aucun des siens, reparut en public, reprit ses prédications et ses autres bonnes œuvres avec plus de zèle que jamais, pour se préparer à une mort prochaine, soit qu'il en fût averti par révélation, soit qu'il s’y attendît naturellement d'après le caractère implacable de Wenceslas. Prêchant un jour sur ce texte : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, il répéta si souvent ces autres paroles : Je n'ai plus guère de temps à m'entretenir avec vous, que l'auditoire comprit aisément que son but était de leur apprendre qu'il touchait à sa dernière heure. A la fin du même discours il fut saisi d'une espèce d'enthousiasme prophétique, des larmes abondantes coulèrent de ses yeux, et il prédit les maux qui devaient bientôt fondre sur la Bohême. La prédiction se vérifia par les ravages affreux que causa la guerre des hussites. Le saint, avant de descendre de chaire, dit un dernier adieu à son auditoire, puis il demanda pardon aux chanoines et au clergé de tous les mauvais exemples qu'il pouvait leur avoir donnés.

Depuis ce jour-là il se consacra tout entier aux exercices par lesquels on s'assure une bonne mort…

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