Grand schisme d'Occident...
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Re: Grand schisme d'Occident...
Élection et premières actions de Boniface IX. Il propose des moyens de terminer le schisme.
Les cardinaux romains, étant entrés au conclave après avoir célébré les obsèques du Pape défunt, lui donnèrent pour successeur Pierre Thomacelli, d'une noble famille de Naples, prêtre-cardinal du titre de Sainte-Anastasie. Il fut élu le second jour de novembre, consacré et couronné le 9, sous le nom de Boniface IX. II fit aussitôt part de son exaltation aux princes et États de l'obédience de son prédécesseur, savoir, à l'empereur Wenceslas, aux rois de Hongrie, d'Angleterre et de Portugal, à Marguerite, reine de Norvège, aux républiques de Venise, de Gênes, de Florence, de Pise, aux ducs d'Autriche, de Bavière, de Brunswick, et autres 5.
Il créa quatre cardinaux et en rétablit quatre autres qu'Urbain avait déposés. Ces derniers furent l'Anglais Adam, évêque de Londres ; Barthélemi Mezzavacca, évêque de Riéti ; Landulphe Matamaure, archevêque de Bari, et Piléus de Plata, qui fut appelé le cardinal des Trois-Chapeaux, parce que, ayant reçu d'abord le chapeau des mains d'Urbain, il avait passé au parti de Clément, qui lui en avait donné un nouveau ; d'où il était revenu à Boniface, qui lui en avait rendu un autre.
Suivant la constitution d'Urbain, son prédécesseur, il célébra le jubilé à Rome en l'année 1390, et, comme la diversité des obédiences avait empêché une grande partie des peuples chrétiens de s'y rendre pour le gagner, il en accorda l'extension dans les provinces de l'Église, sur la prière que lui en firent les princes de sa communion.
Il institua l'université de Ferrare, dans laquelle Barthélemi Salicet, fameux jurisconsulte, donna les premières leçons du droit 1. Il institua aussi celle d'Erfurt, en Thuringe 2 ; ce fut la première dans l'Allemagne proprement dite. Il canonisa sainte Brigitte de Suède, morte à Rome en 1373.
Boniface IX avait envoyé des députés à Charles VI, roi de France, pour le prier de donner ses soins à l'extinction du schisme, promettant que de sa part il n'omettrait rien pour faire réussir la chose. Clément VII, de son côté, ordonna des prières publiques pour la même fin dans toutes les églises de son obédience ; mais on reconnut bientôt que l'un et l'autre voulaient la paix de telle sorte que chacun d'eux en particulier prétendait que son droit était indubitable et qu'il devait l'emporter sur son compétiteur 3.
L'université de Paris proposa le choix d'un des trois moyens suivants pour terminer la dispute : ou la décision d'un concile général, ou la voie du compromis, ou celle de la cession et de la renonciation pleine et absolue des deux prétendants, qu'on regarda comme la plus efficace 4.
Les cardinaux d'Avignon ayant trouvé la proposition juste et raisonnable, Clément VII…
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5 Id., ibid. —1 Spond., ann. 1394. — 2 Albert Krautz, l. 10. Saxon, c. 15. — 3 Spond., ann. 1393. — 4 D'Acheri, Spicileg., t.. 6, p. 109.
A suivre : Mort de Robert de Genève, dit Clément VII. Son caractère. Ce que Clémangis dit de lui et de l’état de l’Église.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Mort de Robert de Genève, dit Clément VII. Son caractère.
Ce que Clémangis dit de lui et de l’état de l’Église.
Les cardinaux d'Avignon ayant trouvé la proposition juste et raisonnable, Clément VII en fut si outré de colère et si pénétré de douleur qu'il tomba dans une langueur suivie d'une apoplexie, qui l'enleva de ce monde. Cet accident lui arriva le 16 septembre 1394, après une administration de seize ans moins quatre jours 1.
Robert de Genève, dit Clément VII, était de la maison princière des comtes de Genève, alliée à presque toutes les maisons souveraines d'Europe. En s'emparant de la papauté il espérait peut-être élever sa famille: plus haut encore; il se trompa : sa famille s'éteignit avec lui. Cardinal-légat en Lombardie, il s'y montra perfide et cruel. L'an 1376, ayant persuadé aux habitants de Césène de déposer les armes, il en fit faire un horrible massacre, sans distinction d'âge ni de sexe. Trois mille personnes, cinq mille suivant d'autres, périrent sous le fer des Bretons et des Anglais qu'il avait à la solde. C'est ce que rapporte saint Antonin dans son histoire 2.
Après la mort de Grégoire XI Robert de Genève prédit plusieurs fois à un de ses amis que l'archevêque de Bari serait Pape 3. Cet archevêque ayant été élu effectivement, Robert de Genève écrivit aux principaux personnages de la chrétienté qu'il avait été librement élu; il l'écrivit et collectivement avec les autres cardinaux, et individuellement à l'empereur Charles IV et au comte de Flandre 4.
Pendant plusieurs mois il reconnut et assista publiquement Urbain VI et lui adressa plusieurs suppliques, dont l'une du 15 juin 5. La division ayant éclaté, Urbain VI proposa aux cardinaux français de soumettre l'affaire au jugement d'un concile général ; les cardinaux français s'y refusèrent, et firent un second Pape de Robert de Genève, sous le nom de Clément VII 6. A cette affligeante nouvelle Wenceslas, roi des Romains, et Louis, roi de Hongrie, envoient des ambassadeurs à Clément et à ses cardinaux, pour les conjurer de revenir à l'obéissance d'Urbain, que peu auparavant encore ils avaient présenté comme vrai Pape à la chrétienté entière. Clément, qui était encore à Fondi, reçut fort mal les ambassadeurs, fit mettre à la torture plusieurs d'entre eux, qui étaient ecclésiastiques, et les retint longtemps prisonniers. Voilà ce que rapporte un auteur contemporain, Théodoric de Niem 1.
En revanche Clément VII eut une facilité excessive à prodiguer les grâces aux princes et aux courtisans pour les retenir dans son obédience…
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1 Contin. Nang. Apud Baluz. — Sommier, t. 6. — 2 Antonin, part. 3, tit. 22, c. 1, § 4. Léon Arect., l. 8. — 3 Raynald, ann. 1378, n. 2, 12.— 4 Id., ibid.n. 17 et 18. — 5 Id., ibid. n. 28. — 6 Id., ibid. n. 42 et 43. — 1 Th. de Niem, l. l, c, 15 et 16, Spond., ann. 1378, n. 26.
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Louis- Admin
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Mort de Robert de Genève, dit Clément VII. Son caractère.
Ce que Clémangis dit de lui et de l’état de l’Église.
(suite)
En revanche Clément VII eut une facilité excessive à prodiguer les grâces aux princes et aux courtisans pour les retenir dans son obédience. « État misérable! s'écrie sur cela le Français Clémangis. Notre Pontife Clément s'était tellement rendu l'esclave des hommes de cour qu'il recevait d'eux, sans pouvoir s'en plaindre, les traitements les plus indignes. Il fallait céder à leurs importunités, promettre à ceux-ci, donner à ceux-là, dissimuler, temporiser, cultiver avec grand soin quiconque avait le talent de s'insinuer auprès des grands, de les flatter et de les divertir. C'était à ces courtisans qu'il conférait les évêchés et les autres dignités de l'Église. Il s'attachait les princes par des présents, par des dîmes qu'il leur accordait sur le clergé, par l'ascendant qu'il leur laissait prendre sur les ecclésiastiques, en sorte que les seigneurs séculiers étaient plus papes dans le clergé que le Pape Clément lui-même 2. »
Cet ouvrage, où le Français Clémangis peint si vivement la servitude de la cour d'Avignon sous le Pape Clément, est un traité intitulé de l'État corrompu de l'Église; monument des malheurs qu'avait causés le schisme, et preuve aussi du caractère d'esprit satirique et extrême de cet écrivain. Clémangis y attaque les Papes, les cardinaux, les évêques, les chanoines, les religieux, les religieuses, en un mot tous les ecclésiastiques, hors les gens d'université. Dans le feu de sa déclamation il lui échappe de temps en temps des traits entièrement outrés et contraires à la vérité, comme quand il dit que dans leur première institution les cardinaux s'occupaient uniquement à donner la sépulture aux morts, que de son temps un cardinal possédait quelquefois jusqu'à cinq cents bénéfices, qu'en France tous les monastères de filles étaient plongés dans le plus affreux libertinage, que la plupart de ceux qu'on élevait au sacerdoce ne savaient presque pas lire. Tous ces reproches sont exorbitants, et en particulier le dernier, puisque toutes les universités, surtout celle de Paris, étant alors plus que jamais remplies d'étudiants, et la plupart de ces hommes élevés dans les écoles publiques parvenant au sacerdoce, on ne peut pas soupçonner que ce fussent des gens qui ne sussent presque pas lire. Mais Clémangis lui-même tempère, à la fin de son livre, la vivacité de ses reproches par un aveu qu'il est à propos de rapporter. « On ne doit pas croire, dit-il, que tout ce que je viens d'écrire convienne à tous les ecclésiastiques sans aucune exception. Je sais que la Vérité suprême a dit : « Pierre, j'ai prié pour toi afin que ta foi ne manque point. » Je n'ignore pas que dans tous les états il se trouve des personnes, peut-être même en grand nombre, dont la conduite est irréprochable. »
A considérer de près cet endroit de l'auteur, on ne sait s'il ne réfute pas la plus grande partie de ce qu'il avait écrit contre les mœurs de son temps ; mais enfin, quelque idée qu'on se forme de Clémangis et de sa sincérité à représenter l'état de l'Église gallicane, il faut toujours se souvenir qu'il invective contre les personnes, non contre les dignités, contre les membres des sociétés, non contre les sociétés mêmes 1.
Les rois de France et d'Aragon ayant appris la mort de Clément VII…
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2 Clémang., 1, de Corrupto Eccl. statu., c. 27.
1 Hist. de l'Égl. gallic., l. 42.
A suivre : Les cardinaux d’Avignon élisent Pape Pierre de Lune sous le nom de Benoit XIII ; il manque à son serment de concourir à la réunion. La France se retire de son obédience, sans entrer dans celle de Boniface.
Dernière édition par Louis le Jeu 01 Aoû 2013, 4:13 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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Les cardinaux d’Avignon élisent Pape Pierre de Lune sous le nom de Benoit XIII;
il manque à son serment de concourir à la réunion.
La France se retire de son obédience, sans entrer dans celle de Boniface.
Les rois de France et d'Aragon ayant appris la mort de Clément VII écrivirent aussitôt aux cardinaux qui lui avaient été attachés, les exhortant et les priant instamment de différer à lui donner un successeur jusqu'à ce qu'on fût informé si Boniface voulait sincèrement concourir à la paix de l'Église ou qu'on eût tenté tous les moyens pour la procurer ; mais ces mêmes cardinaux, qui peu auparavant avaient si fort approuvé le dessein de faire cesser le schisme, soit par la détermination d'un concile général, soit par la cession que les parties intéressées feraient de leurs droits, soit par un compromis rendu par des arbitres dont ils conviendraient entre eux, n'écoutèrent plus personne et entrèrent au conclave aussitôt qu'ils eurent célébré les obsèques de Clément 2.
Toutefois, pour éviter le reproche de fomenter le schisme, ils signèrent un formulaire par lequel ils s'obligèrent avec le serment de travailler incessamment, de tout leur pouvoir, à l'extirper; d'aider par tous les moyens celui qui serait choisi à rétablir l'union dans l'Église ; à quoi le nouveau Pape s'emploierait promptement et sans excuse, même jusqu'à renoncer au pontificat si les cardinaux le trouvaient expédient pour le bien de la paix et l'avantage de l'Église 1.
Deux jours après leur entrée au conclave ils élurent le cardinal Pierre de Lune, d'une noble famille d'Aragon. Comme les cardinaux français, il avait autrefois protesté que l'élection d'Urbain VI était canonique ; comme eux et avec eux il l'avait placé sur le trône pontifical ; comme eux et avec eux il avait écrit au roi des Romains et aux cardinaux restés dans Avignon que l'élection d'Urbain VI avait été faite librement; comme eux et avec eux il avait assisté Urbain VI dans les consistoires publics, lui rendant tous les devoirs comme au vrai Pape; mais, comme eux, il avait fini par démentir tout ce qu'il avait dit et fait jusqu'alors. Se voyant donc élu Pape lui-même par ses complices, il prit le nom de Benoît XIII. Il ne manqua pas de renouveler le serment qu'il avait fait avant son élection; mais la suite de ses actions a fait voir qu'il ne pensait à rien moins qu'à l'observer.
Cependant Charles VI, roi de France…
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2 Monach, Dionys. et Juvénal. Ursin., in Carolo VI.
1 Raynald, ann. 1394.
Dernière édition par Louis le Jeu 01 Aoû 2013, 4:09 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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Les cardinaux d’Avignon élisent Pape Pierre de Lune sous le nom de Benoit XIII;
il manque à son serment de concourir à la réunion.
La France se retire de son obédience, sans entrer dans celle de Boniface.
(suite)
Cependant Charles VI, roi de France, cherchant sérieusement à remédier aux maux que causait le schisme, avait envoyé demander à Benoît la formule du serment que lui et ses cardinaux avaient prêté avant son élection. Benoît fit réponse qu'il ne convenait point de publier une pareille pièce, mais qu'il la communiquerait à ceux qu'il plairait au roi de lui envoyer pour traiter confidemment de ce qui serait à faire. Le roi fit ensuite tenir une assemblée du clergé de son royaume, dans laquelle, après une mûre délibération, il fut résolu que, la voie de cession étant la plus abrégée, la plus utile et même l'unique à suivre dans les conjonctures présentes, il fallait prendre les moyens pour obliger les deux compétiteurs au pontificat d'y entrer. Le roi envoya donc à Avignon le duc d'Orléans, son frère, et les ducs de Berri et de Bourgogne, ses oncles, pour porter Benoît à la prendre, suivant le serment qu'il en avait fait avant et après son élection ; mais Benoît leur fit entendre que cette voie n'était conforme ni au droit ni à l'usage, quelle serait d'un exemple pernicieux dans l'Église, qu'elle scandaliserait tout le monde et qu'elle serait ignominieuse aux princes et prélats de son obédience; qu'il valait mieux que les deux concurrents, dont il fallait avoir les consentements avant toute chose, se trouvassent, chacun avec le collège de ses cardinaux, dans un lieu sûr, sous la protection du roi, où ils pourraient trouver les moyens de parvenir à une bonne union ; que, si cette voie ne réussissait pas, on prendrait celle du compromis ou telle autre qui serait raisonnable; qu'au surplus il n'y avait nullement à douter qu'il ne fût le Pape légitime, et que le serment qu'il avait fait n'était pas de nature à pouvoir l'obliger d'abdiquer 1.
Ces princes, ne pouvant obtenir de Benoît ce que le roi en avait espéré, s'adressèrent à ses cardinaux, qui, s'étant assemblés en secret, approuvèrent unanimement la voie de cession, à l'exception d'un seul qui ne voulut pas signer l'acte qui en fut dressé 2.
Après quelques autres négociations qui furent toutes inutiles on résolut en France de se soustraire entièrement à l'obédience de Benoît, sans néanmoins entrer dans celle de Boniface, et le roi Charles VI fit expédier ses lettres patentes à ce sujet le 28 juillet 1398. Les cardinaux d'Avignon y accédèrent, excepté cinq, qui apparemment étaient du nombre des créatures de Benoît, car il en avait créé sept en trois promotions. Benoît ou Pierre de Lune, ainsi abandonné de presque tous ses cardinaux, fut obligé de se tenir enfermé dans son palais d'Avignon, où il fut comme prisonnier pendant plus de cinq ans. Le roi Charles VI, qui l'y faisait garder, pourvut néanmoins à son entretien, après qu'il eut promis d'abdiquer le pontificat si son adversaire abdiquait ou s'il venait à mourir et qu'il se trouverait dans l'assemblée qui se tiendrait pour réunir l'Église 1.
Quant à Boniface IX…
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1 Monach. Dionys. , in Carolo VI — 2 Acta elect. Bened. Apud Baluz. — 1 Surita, ann, 1399. Ciacon., ann. 1399.
A suivre : La ville de Rome se soumet de toute manière à la souveraineté de Boniface IX. Dernières actions et mort de ce Pape.
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Louis- Admin
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La ville de Rome se soumet de toute manière à la souveraineté de Boniface IX.
Dernières actions et mort de ce Pape.
Quant à Boniface IX, étant retourné de Pérouse à Rome, à l'occasion du jubilé de l'an 1400, il y rétablit et y affermit la domination temporelle du Saint-Siège, qu'avaient usurpée certains magistrats de la ville, appelés bannerets. Le cardinal Gilles de Viterbe, qui vivait du temps de Léon X, parle de cet événement en ces termes : « Jusqu’alors les Romains n'avaient pu être domptés ou rendus obéissants par nulle force, nulles armes, nuls empereurs, nulle puissance des Barbares.
« En vain, pour les réduire à l'état d'une vraie sujétion, avait-on employé tant de guerres, tant d'armées, tant d'incendies, tant de saccagements, tant d'anathèmes, tant d'années, tant de siècles. Boniface seul l'a fait; Boniface seul, après tant de siècles, en est venu à bout, et ce que les autres n'ont pu exécuter ni par les lois, ni par la violence, celui-ci l'a pleinement accompli en fuyant, en dissimulant, en temporisant; de sorte que le clergé a pu répéter ajuste titre ce vers d'Ennius : « Un seul homme, à force de temporiser, nous a rétabli la chose. » Ainsi la sagesse de ce Pontife a fait que, ménageant le temps, la ville de Rome s'est soumise à l'Église ; la réputation de sa vie chaste et sainte a fait que les Romains n'ont osé lui contredire ; le grand pouvoir de la vertu a fait qu'enfin, après tant de siècles, le Pape gouverne tout à Rome à sa volonté 2. »
Le Pape Boniface IX confirma la déposition que, de son consentement et après l'avoir consulté, les électeurs de l'empire avaient prononcée contre l'empereur Wenceslas, et il approuva l'élection de Robert de Bavière.
L'an 1403 Pierre de Lune, dit Benoît XIII, ayant trouvé moyen de sortir de captivité et s'étant retiré à Marseille, où il se trouvait en sûreté sous la protection de Louis, roi titulaire de Naples et comte de Provence, fit son accord avec Charles VI et son royaume, qui l'entra dans son obédience, mais qui y renonça peu de temps après, parce que Benoît refusa opiniâtrement de s'en tenir aux conditions moyennant lesquelles l’accord s'était fait 1.
En 1404 Benoît envoya des prélats de son parti à Rome pour prier et exhorter Boniface…
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2 Ægid., card. Viterb. in Hist. ms. Apud Sommier, t. 6, p. 103, in-12.
1 Juvénal des Ursins, in Carolo VI.
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Louis- Admin
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La ville de Rome se soumet de toute manière à la souveraineté de Boniface IX.
Dernières actions et mort de ce Pape.
(suite)
En 1404 Benoît envoya des prélats de son parti à Rome pour prier et exhorter Boniface de concourir avec leur maître à donner la paix à l'Église, mais peut-être aussi pour y nouer quelques intrigues. Dans l'audience qu'ils eurent au Vatican on s'échauffa en paroles de part et d'autre, de manière que Boniface, qui était travaillé des douleurs de la, pierre, en prit, la fièvre, qui l'enleva de ce monde le premier jour d'octobre. Il avait siégé quatorze ans onze mois et un jour, à compter depuis celui de son élection. Il n'avait que quarante-quatre ou quarante-cinq ans lorsqu'il mourut. Ses mœurs étaient si pures que jamais il ne s'éleva une ombre de soupçon à cet égard; on disait même que, les médecins lui ayant assuré qu'en usant d'une femme il pourrait guérir de la pierre, il aima mieux mourir que de conserver la vie par un sacrilège. Son malheur fut d'aimer trop ses parents, qui étaient nobles, mais pauvres, et profitèrent de sa faiblesse pour s'enrichir et acquérir de grands domaines. Cette fortune, venue de l'autel, ne leur profita pas mieux qu'aux parents d'Urbain VI. « Après la mort de Boniface, remarque saint Antonin, ses neveux retombèrent dans une extrême pauvreté, afin que les autres apprennent par leur exemple à ne pas vouloir s'enrichir du patrimoine du Crucifié 2. »
Boniface IX imposa quelquefois de nouvelles taxes sur le clergé de son obédience, ce qui fit murmurer contre lui en Hongrie et en Angleterre; il prodigua les indulgences, et encore pour de l'argent, dit-on. Il établit ou plutôt exigea plus généralement les annates en attribuant au Saint-Siège le droit de percevoir sur les bénéficiers les fruits de la première année des évêchés et des abbayes qui venaient à vaquer. Ce droit était comme une pension que l'on payait au souverain Pontife pour son entretien et pour celui de ses ministres appliqués au gouvernement de l'Église. Mais, en général, les impôts, quels qu'ils puissent être, sont toujours moins agréables à ceux qui payent qu'à ceux qui reçoivent. Ce qui peut excuser jus qu'à un certain point Boniface IX, c'est qu'il restaura plusieurs édifices publics, qu'il eut la guerre à soutenir dans le royaume de Naples, et qu'il songeait à une expédition en Orient pour secourir les Grecs contre les Turcs. Quant aux moyens d'éteindre le schisme, il ne voulait point de la voie de cession, mais un concile général 1
Les envoyés de Pierre de Lune, dit Benoît XIII, étaient encore à Rome au temps du décès de Boniface IX…
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2 Antonin, part. 3, tit. 22, c. 3.
1 Raynald, ann. 1397, n. 3 et seqq. Palat., Gesta Pontific., t. 3.
A suivre : Pontificat d’Innocent VII.
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Pontificat d’Innocent VII.
Les envoyés de Pierre de Lune, dit Benoît XIII, étaient encore à Rome au temps du décès de Boniface IX. Les cardinaux romains leur demandèrent si leurs instructions ne portaient pas d'offrir de la part de Benoît de renoncer au pontificat, auquel cas ils étaient résolus de ne point faire d'élection jusqu'à ce qu'on se fût réuni de part et d'autre. Les envoyés répondirent qu'ils n'avaient aucun ordre sur cet article ; sur quoi les cardinaux de Rome entrèrent au conclave, au nombre de neuf, pour procéder à l'élection. Ils prirent les mêmes précautions que ceux d'Avignon avaient prises lorsqu'ils élurent Pierre de Lune, c'est-à-dire qu'ils firent dresser un acte authentique du serment qu'ils prêtaient, qu'ils s'obligeaient et obligeraient celui qui serait élu souverain Pontife d'employer les moyens les plus convenables, et même la renonciation au pontificat, s'il était expédient, pour réunir l'Église sous un même chef. Leur choix tomba sur Cosmat Méliorati, cardinal du titre de Sainte-Croix en Jérusalem, qui prit le nom d’Innocent VII.
Il était né à Sulmone, aujourd'hui ville épiscopale dans l'Abruzze, de parents médiocres. Il devint docteur fameux en droit canon et fort expérimenté dans les affaires de la cour de Rome, bien instruit, de bonnes lettres et de mœurs pures. Au temps du Pape Urbain VI il fut collecteur des revenus de la chambre apostolique en Angleterre, ensuite évêque de Bologne, puis trésorier du Pape Urbain, et enfin Boniface IX le fit cardinal au commencement de son pontificat. Cosmat était doux, bon et compatissant, et n'avait point de fierté. Il était avancé en âge quand il fut élu Pape 1.
Dans les lettres circulaires que le nouveau Pontife écrivit aux archevêques et aux autres prélats de l'Église pour leur faire part de son élévation au souverain pontificat, il indiqua un concile général à Rome pour les calendes de novembre 1405, à l'effet d'extirper le schisme. Dans la suite il en prorogea la célébration jusqu'aux calendes de l'année suivante, à cause des troubles excités dans la ville, dont la continuation en empêcha absolument la tenue 2.
Innocent VII fit une promotion de onze cardinaux ; de ce nombre étaient Ange Corrario, Vénitien, patriarche de Constantinople, que nous verrons son successeur sous le nom de Grégoire XII ; Pierre Philargue, de Candiet, archevêque de Milan, que nous verrons créé Pape, au concile de Pise, sous le nom d'Alexandre V; Otton Colonne, Romain, que nous verrons créé Pape, au concile de Constance, sous le nom de Martin V, et qui mettra fin au grand schisme d'Occident.
Le roi de Naples, Ladislas, par une extrême ingratitude envers Innocent, qui l'avait comblé de bienfaits…
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1 Th. de Niem, 1. 2, c. 39. — 2 Gobelin, in Cosmodr. æt. 6, cap. 86.
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Pontificat d’Innocent VII.
(suite)
Le roi de Naples, Ladislas, par une extrême ingratitude envers Innocent, qui l'avait comblé de bienfaits, cherchait par de sourdes pratiques à porter les Romains à secouer la domination du Saint-Siège. Il prétextait la liberté dont il flattait le peuple ; mais son vrai dessein était d'envahir lui-même le souverain pouvoir. La cabale eut d'abord le dessus, et Innocent fut obligé de quitter Rome et de se retirer à Viterbe. Les rebelles appelèrent alors Ladislas, qui envoya dans la ville un officier avec des troupes pour y commander ; mais, peu de temps après, les Romains, ne pouvant souffrir cette tyrannie, les en chassèrent, et, portant les clefs de la ville à Innocent, ils le supplièrent de leur pardonner leur révolte et de revenir régner sur eux. Innocent rentra dans Rome comme en triomphe et fit ensuite procéder contre Ladislas, qui, étant encore maître du château Saint-Ange, exerçait toutes sortes d'hostilités contre les citoyens. Son procès instruit, Innocent le déclare atteint et convaincu des crimes de félonie, de trahison et de conspiration contre le Pontife romain, son seigneur suzerain ; en conséquence il le prive du royaume et des terres qu'il tenait en fief du Saint-Siège, et le soumet aux mêmes censures qu'Urbain VI avait auparavant fulminées contre Charles de Duras, son père. Ladislas ne sut alors faire autre chose que de recourir à la clémence du Pontife, qui le reçut en grâce et le rétablit dans ses premiers droits sur les États qu'il tenait du Saint-Siège, aux conditions auxquelles un feudataire doit les tenir du seigneur principal 1.
Pendant le séjour qu'Innocent VII fit à Viterbe, Benoît XIII, qui avait passé à Gênes, lui fit demander un sauf-conduit pour les personnes qu'il lui enverrait afin de travailler à réunir l'Église. Innocent, persuadé que son adversaire n'agissait que par feinte, refusa de traiter avec lui, et par là lui donna occasion de faire valoir de toutes parts ses bonnes intentions pour la paix. Innocent, de son côté, répandait des écrits où il exposait qu'il ne convenait point à un Pontife légitime d'entrer en négociation avec un intrus. Ainsi ces compétiteurs paraissaient ne chercher qu'à éloigner la paix, au grand scandale des fidèles 2.
En 1405 l'empereur grec de Constantinople, Manuel Paléologue, envoya une ambassade au Pape Innocent VII pour implorer les secours de l'Occident contre l'invasion de Tamerlan et des Tartares. Innocent VII fit publier la croisade dans le royaume de Naples, la Sicile, la Dalmatie, la Hongrie, la Rascie, la Bosnie, la Servie, la Bulgarie et la Grèce, avec indulgence plénière pour les croisés, et mit à la disposition de l'empereur grec les oblations des fidèles 3. On voit en général, pendant le schisme d'Occident, que les Papes de Rome avaient plus l'instinct de la papauté et inspiraient plus de confiance aux nations lointaines que les Papes d'Avignon.
Innocent VII, qui souffrait des pieds et des reins, et qui deux fois avait été frappé d'apoplexie, mourut à plus de soixante-dix ans, le 6 novembre 1406, deux ans et vingt et un jours après son élection. Sauf une trop grande indulgence pour son neveu, il est loué par tous les auteurs contemporains comme un Pontife exemplaire, et qui prit des mesures sérieuses pour bannir de la cour pontificale et de toute l'Église la simonie et les autres abus 1.
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1 Raynald, ann. 1406, n. 7. Th. de Niem, c. 41. — 2 Id., c. 38. — 3 Raynald, ann, 1405, n, 1 et seqq. — 1 Raynald, ann. 1406, n. 8, avec la note de Mansi.
A suivre Élection de Grégoire XII. Ses négociations avec Pierre de Lune pour la réunion ne paraissent pas sincères.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Élection de Grégoire XII.
Ses négociations avec Pierre de Lune
pour la réunion ne paraissent pas sincères.
A la mort d'Innocent VII les cardinaux qui se trouvèrent à Rome, s'étant assemblés, doutèrent quelque temps s'ils procéderaient à l'élection d'un nouveau Pape ; car ils savaient que les princes de France, craignant que le schisme ne fût perpétuel, avaient fait promettre à leur Pape de renoncer au pontificat si celui de Rome y renonçait, ou si, après sa mort, les cardinaux sursoiaient à l'élection. Cette voie paraissait la plus certaine pour réunir l'Église. D'autre part on craignait que la surséance n'attirât de grands inconvénients. On supposait que nécessairement elle serait longue, et, pendant cet intervalle, Rome n'ayant point de maître, on craignait que les Romains ne voulussent y reprendre l'autorité temporelle. Les cardinaux crurent avoir trouvé un milieu en élisant un Pape qui ne fût que comme un procureur pour céder le pontificat.
Donc, le mardi 23 novembre 1406, jour de Saint-Clément, ils dressèrent dans le conclave un acte qui portait en substance : « Les quatorze cardinaux ont tous voué et promis à Dieu, et les uns aux autres, que, si quelqu’un d'entre eux est élu Pape, il renoncera à son droit quand l'antipape y renoncera ou mourra, pourvu que les anti-cardinaux veuillent s'accorder avec le sacré collège, en sorte qu'ils fassent tous ensemble une élection canonique d'un seul Pape. Si un des cardinaux absents ou quelque autre hors du sacré collège est élu Pape, ceux-ci procureront de bonne foi qu'il fasse la même promesse, et que, dans un mois après son intronisation, il écrive au roi des Romains, à l'antipape et à son prétendu collège, au roi de France et à tous les autres princes et prélats, pour les instruire de tout ce que dessus. Dans trois mois le Pape élu enverra ses ambassadeurs à qui ses cardinaux jugeront à propos, avec pouvoir de convenir d'un lieu de conférence, et on promettra de part et d'autre de ne point faire de nouveaux cardinaux pendant le traité d'union. » Cet acte fut juré et souscrit parles quatorze cardinaux 1.
Le jour de Saint-André, 30 du même mois, ils élurent d'une voix unanime Ange Corrario, Vénitien, cardinal-prêtre du titre de Saint-Marc, patriarche titulaire de Constantinople, âgé de soixante-dix ans et docteur en théologie. Les cardinaux l'élurent comme un homme d'une sainte vie et d'une sévérité antique, persuadés qu'il travaillerait de bonne foi à l'union de l'Église. Au sortir du conclave il ratifia en pleine liberté l'acte qu'il avait fait dedans, et le jour de son couronnement il fit un sermon où il exhorta les cardinaux et les courtisans à concourir avec lui pour cette bonne œuvre; de quoi ils furent extrêmement réjouis, et publièrent partout, même par écrit, les louanges de Grégoire.
Il y a toute apparence qu'il en usait alors avec sincérité et…
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1 Raynald, ann.. 1406, n. 9 et seqq.
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Élection de Grégoire XII.
Ses négociations avec Pierre de Lune
pour la réunion ne paraissent pas sincères.
(suite)
Il y a toute apparence qu'il en usait alors avec sincérité et qu'il avait un vrai dessein de faire finir le schisme; car, après ses repas, s'entretenant familièrement avec ses domestiques, il leur disait souvent que, pour certain, il ne tiendrait pas à lui qu'on ne travaillât à la réunion, en quelque lieu et à quelque distance de Rome qu'il fallût aller pour la faire ; que, si on manquait de galères ou de bâtiments convenables pour l'y transporter, il serait prêt à entrer dans un esquif ou dans une chaloupe pour s'y rendre ; que, s'il fallait faire le voyage par terre, le manque de chevaux et de voiture ne l'arrêterait pas, et qu'il marcherait le bâton à la main 2.
De plus, afin de donner des preuves publiques de la droiture de ses intentions pour la paix, il écrivit à Benoît, son concurrent, à ses cardinaux, à tous les rois, princes, républiques et universités du Christianisme, qu'il était disposé à se démettre du pontificat si, Benoît s'en démettant aussi, on donnait aux cardinaux de l'une et l'autre obédience la liberté de s'assembler pour élire en commun un troisième Pontife, que tous les membres du corps de l'Église auraient pour chef. Léonard Arétin, secrétaire de Grégoire, assure avoir écrit lui-même ces lettres 3.
Mais, lorsqu'il fut question de s'acquitter de toutes ces belles promesses, et Grégoire, et Benoît, qui, dans ses réponses, avait aussi paru très-disposé à la cession, ne voulurent plus tenir parole et ne firent que se jouer de la crédulité des princes et des peuples, en la manière qui suit.
Les deux prétendants…
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2 Id., ibid., n. 13. — 3 Id., ibid., n. 14.
A suivre : Efforts des anciens cardinaux des deux obédiences pour procurer la réunion. Ils tiennent le concile de Pise et élisent Alexandre V, qui meurt peu après.
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Efforts des anciens cardinaux des deux obédiences
pour procurer la réunion.
Ils tiennent le concile de Pise
et élisent Alexandre V, qui meurt peu après.
Les deux prétendants convinrent de Savone, ville maritime dans le voisinage de Gênes, pour le lieu du congrès. Benoît s'y rendit, avec ses cardinaux, au temps marqué. Grégoire, commençant à prendre goût au gouvernement, ou plutôt ayant plusieurs neveux qui n'avaient pas encore fait leur fortune, fit paraître beaucoup de répugnance à prendre le chemin de Savone. Il s'avança pourtant jusqu'à Sienne, d'où, après quelques mois de séjour, il se rendit à Lucques, et Benoît à Porto-Vénéré. Mais il n'y eut pas moyen de les faire approcher plus près l'un de l'autre, pendant que, pour en imposer, ils faisaient semblant de négocier par leurs envoyés touchant les assurances qui étaient à prendre, dans la conjoncture 1.
Cependant Grégoire fit une promotion de quatre cardinaux, entre lesquels deux de ses neveux. Cette promotion, faite contre le serment qu'il avait prêté de ne mettre aucun nouveau sujet dans le sacré collège, acheva de convaincre tout le monde, surtout les cardinaux de son obédience, que tout ce qui se passait entre lui et Benoît n'était que collusion et artifice. Ainsi chacun prit son parti à cet égard : la France, celui de la neutralité, dans lequel presque toutes les autres nations chrétiennes entrèrent par la suite ; les cardinaux des deux obédiences, qui s'étaient réunis à Livourne, prirent le parti d'un concile général, qu'ils indiquèrent à Pise 2.
Benoît, ayant appris la résolution adoptée en France touchant la neutralité, employa, dans une de ses lettres au roi, les prières et même les menaces pour l'en faire désister ; mais cela n'empêcha pas qu'elle ne fût publiée, avec ordre d'arrêter Benoît partout où l'on pourrait le prendre. Sur la nouvelle qu'il en eut à Porto-Vénéré il prit la fuite vers l'Espagne. Y étant arrivé et y ayant appris que les cardinaux des deux obédiences, qui s'étaient unis, avaient indiqué un concile à Pise, il en indiqua un lui-même à Perpignan et créa seize cardinaux à cette occasion.
Les Pères qui formaient le concile de Perpignan…
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1 Th. de Niem, l. 3, c. 28. Sommier, t. 6. — 2 Labbe, t. 11, p, 2114, 2140, 2146.
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Efforts des anciens cardinaux des deux obédiences
pour procurer la réunion.
Ils tiennent le concile de Pise
et élisent Alexandre V, qui meurt peu après.
(suite)
Les Pères qui formaient le concile de Perpignan étaient au nombre d'environ vingt-six. Benoît voulait avoir leur sentiment sur ce qu'il avait à faire dans l'état déplorable où était l'Église. La division s'étant mise parmi eux, ils se séparèrent sans rien conclure, à la réserve de dix-huit, qui, dans une dernière séance, supplièrent Benoît de considérer que, pour parvenir à mettre l'union dans l'Eglise, la voie de la renonciation était préférable à toutes les autres. Ils lui conseillaient d'offrir de la prendre, non-seulement au cas que son adversaire la prît aussi ou qu'il vînt à mourir, mais encore au cas qu'il fût déposé ; qu'il donnât plein pouvoir à des députés de sa part pour traiter et terminer cette affaire, jusqu'à la renonciation inclusivement; qu'il mît ordre à ce qu'après sa mort, si elle arrivait avant la réunion, le schisme ne pût continuer. Ces avis étaient sages ; Benoît les agréa et les accepta par un acte public qu'il souscrivit et fit souscrire par l'assemblée 1.
Grégoire, de son côté, voulut aussi opposer un concile à celui que les anciens cardinaux des deux obédiences avaient indiqué à Pise ; il déclara qu'il se tiendrait dans la province d'Aquilée ou dans l'exarchat de Ravenne, dont le lieu serait désigné dans un autre temps. Ce fut la ville d'Udine, au diocèse d'Aquilée, qu'il marqua pour cette assemblée 2. Peu après il créa neuf cardinaux, ou même dix.
Cependant les anciens cardinaux des deux obédiences réunies avaient fixé la tenue du concile de Pise pour le 25 mars 1409 ; ils y avaient fait citer les deux prétendants; en même temps ils avaient envoyé dans toutes les cours des princes chrétiens les prier de ne plus tenir le parti ni de l'un ni de l'autre et de protéger le concile qui allait mettre fin au schisme.
Plusieurs grands personnages étaient d'avis qu'on ne pouvait point tenir de concile général sans l'autorité du Pontife romain.; mais les cardinaux réunis prétendirent que, sans donner aucune atteinte au droit, on le pouvait dans le cas présent:
1° parce qu'il n'y avait point de Pape certain ;
2° parce que ni l'un ni l'autre des prétendants ne pouvait convoquer une assemblée qui fût générale, n'étant ni l'un ni l'autre reconnu généralement pour Pape;
3° parce que, le Saint-Siège étant vacant, comme il était censé l'être dans le doute où l'on se trouvait relativement au vrai Pontife, il appartient aux cardinaux d'en élire, un qui soit certain ;
4° parce qu'il n'était pas question de rien décider touchant la foi, mais seulement de détruire un schisme auquel les deux prétendants mêmes avaient consenti qu'on mît fin, avec promesse et serment qu'à cet effet ils se démettraient de la dignité douteuse dont ils étaient revêtus.
La plus grande partie des évêques et des princes chrétiens approuvèrent ces raisons, et le concile commença dans l'église cathédrale de Pise au jour, déterminé par les cardinaux réunis.
Il s'y trouva…
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1 Id., t. 11, p. 2109 et seqq. — 2 Raynald, ann. 1408, n. 67.
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Efforts des anciens cardinaux des deux obédiences
pour procurer la réunion.
Ils tiennent le concile de Pise
et élisent Alexandre V, qui meurt peu après.
(suite)
Il s'y trouva d'abord quinze cardinaux; leur nombre s'accrut dans la suite jusqu'à vingt-deux, et même jusqu'à vingt-quatre, selon quelques auteurs. Les patriarches titulaires d'Alexandrie, d'Antioche, de Jérusalem, et celui de Grade ou d'Aquilée y assistèrent, avec cent quatre-vingts archevêques et évêques, environ trois cents abbés, et presque autant de docteurs en théologie. Les rois des Romains, de France, d'Angleterre, de Sicile, et plusieurs autres princes souverains y avaient leurs ambassadeurs.
Dans les premières sessions, après les prières et les: cérémonies accoutumées, on cita les deux prétendants au souverain pontificat, savoir Pierre de Lune, dit Benoît XIII, et Ange Corrario, dit Grégoire XII, à ce qu'ils eussent à comparaître au concile, y dire leurs raisons et subir le jugement qui serait rendu en conséquence. Comme, après ces citations juridiques, ils ne parurent point, ni personne de leur part, on les déclara contumaces, et les promoteurs du concile requirent qu'ils fussent privés l'un et l'autre de la dignité papale ; que leurs adhérents fussent dépouillés de tous leurs emplois, offices et bénéfices ; que les réfractaires fassent abandonnés au bras séculier, et que les princes et les peuples fussent déclarés libres et détachés de leur obédience.
Le concile nomma ensuite des commissaires pour faire les informations et entendre les témoins qui devaient déposer contre.les prétendants. Le procès étant instruit, et le rapport en ayant été fait dans le concile en diverses séances, on prit un délai convenable pour porter le jugement.
Il fut prononcé le 5 juin par le patriarche d'Alexandrie, en présence d'une grande multitude de peuple qui était entrée dans l'église cathédrale, dont on avait laissé les portes ouvertes. Il portait que Pierre de Lune, dit Benoît XIII, et Ange Corrario, dit Grégoire XII, étaient des schismatiques et des hérétiques obstinés; qu'ils s'étaient écartés de la foi et rendus coupables des crimes énormes de parjure et de violement de vœux; que par là ils s'étaient rendus indignes de toute dignité et s'en étaient privés et dépouillés eux-mêmes; que le saint concile les rejetait aussi et les en privait, déclarant le Saint-Siège vacant, les princes et tout le peuple fidèle dégagés de leur obédience, défendant à toutes sortes de personnes, sous peine d'excommunication, de leur prêter faveur ou secours, et les livrant aux puissances séculières, eux et leurs adhérents, pour être réprimés et châtiés, s'ils refusaient d'obéir ; qu'il cassait et annulait toutes les procès dures, sentence, privations et dépositions faites par leur autorité, de même que les promotions de cardinaux qu'ils avaient faites depuis le 3 mai et le 5 juin de l'année
précédente 1.
Dans les sessions suivantes on prit des mesures pour procéder à l'élection d'un nouveau Pape…
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1 Labbe, t. 11, p. 2126. 2
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pour procurer la réunion.
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et élisent Alexandre V, qui meurt peu après.
(suite)
Dans les sessions suivantes on prit des mesures pour procéder à l'élection d'un nouveau Pape, et le concile en donna le pouvoir aux cardinaux des deux obédiences qui s'étaient réunis pour extirper le schisme, déclarant toutefois qu'il ne prétendait rien innover ni déroger au pouvoir du sacré collège touchant l'élection du Pontife romain.
Les cardinaux, au nombre de vingt-quatre, étant donc entrés en conclave, élurent pour souverain Pontife le cardinal Pierre de Candie, de l'ordre des Frères mineurs, qui prit le nom d'Alexandre V. Cette élection se fit le 26 juin 1409. Un auteur contemporain, Théodoric de Niem, qui vivait à la cour de ce Pontife, rapporte qu'il était né dans l'île de Candie, sous la domination des Vénitiens, et qu'étant au lit de la mort, dans un discours touchant qu'il fit à ses domestiques, il leur déclara qu'il n'avait jamais connu son père, ni sa mère, ni aucun frère ou parent, mais que, comme, dans son enfance, il mendiait son pain dans cette île, un religieux italien, de l'ordre de Saint-François, l'avait retiré auprès de sa personne, lui avait enseigné le latin, et, lorsqu'il avait été dans un âge compétent, lui avait fait prendre l'habit de l'ordre, et, voyant en lui un beau naturel, l'avait amené en Italie. Cet auteur ajoute que, quand il eut fait ses humanités, on l'envoya étudier à Oxford, en Angleterre, d'où il vint à Paris; il s'y rendit très-habile en philosophie et en théologie et reçut le bonnet de docteur. De retour en Italie il se fit connaître de Jean Galéas Visconti, duc de Milan, par le crédit duquel il devint successivement évêque de Plaisance, de Vicence, de Novare, et enfin archevêque de Milan. Le Pape Innocent VII le fit cardinal-prêtre en 1405. Il avait environ soixante-dix ans lorsqu’il fut élu Pape lui-même 1.
Le premier usage qu'il fit de son autorité pontificale fut de déclarer que les cardinaux des deux obédiences ne feraient qu'un seul sacré collège, et d'approuver toutes les procédures, jugements et règlements qu'ils avaient faits depuis leur union contre les deux prétendants. Il révoqua, au contraire, et annula toutes les censures portées contre quelque communauté ou quelque particulier que ce pût être par les Pontifes prétendus durant le schisme. Il confirma néanmoins toutes les provisions de bénéfices, les ordinations et les consécrations faites par les mêmes prétendants, à l'égard des personnes qui adhéreraient au présent concile, pourvu que l'administration en eût été faite d'une manière canonique et légitime.
Il indiqua la célébration d'un concile général pour le mois d'avril de l'année 1412...
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1 Th. de Niem, 1,3, de Schism. c. 52.
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Il indiqua la célébration d'un concile général pour le mois d'avril de l'année 1412, remettant à en indiquer le lieu un an avant sa tenue. Il déclara que ce concile ne serait que la continuation de celui de Pise, qui serait censé seulement suspendu jusqu'au temps marqué pour en reprendre et poursuivre les séances 1
Efforts des anciens cardinaux des deux obédiences
pour procurer la réunion.
Ils tiennent le concile de Pise
et élisent Alexandre V, qui meurt peu après.
(suite)
Les erreurs de Wiclef ayant pénétré jusqu'en Bohême, un prêtre appelé Jean Hus s'en déclara le défenseur et le patron, et attira dans son parti tous les ecclésiastiques libertins ou mécontents de leur sort. L'archevêque de Prague fit le procès à ce novateur et fit brûler publiquement plus de deux cents volumes de la composition de Wiclef, que Jean Hus avait traduits en langue vulgaire. Celui-ci, continuant à soutenir et à répandre sa doctrine impie, fut dénoncé au Saint-Siège, et Alexandre V le condamna comme hérétique, avec ordre de le poursuivre en cette qualité et de l'arrêter avec tous ses adhérents, pour en tirer une punition exemplaire 2.
Par les intrigues de ce Jean Hus les nations saxonne, bavaroise et polonaise, furent dépouillées des droits dont elles jouissaient dans l'université de Prague, conjointement avec les Bohémiens. Les docteurs et les autres membres de l'Université qui étaient de ces trois nations se retirèrent pour la plupart à Leipsick, et, sous l'autorité de Frédéric le Belliqueux, margrave de Misnie, ils y fondèrent une célèbre académie, à laquelle Alexandre V accorda des privilèges 3.
Les meilleurs historiens s'accordent à dire que, sauf le reproche que lui fait un d'eux d'aimer un peu trop la bonne chère, Alexandre V avait toutes les grandes qualités requises dans un souverain Pontife ; qu'il était irrépréhensible dans ses mœurs, savant, prudent, généreux, charitable, intrépide et ferme dans l'exécution de ses bons desseins. Il avait résolu de travailler de toutes ses forces à réunir les Grecs avec l'Église latine, à ce que les bénéfices ecclésiastiques ne fussent donnés qu'à ceux qui en seraient dignes, à détruire la simonie, à faire observer les saints canons, à extirper absolument le schisme, à procurer la paix entre les princes chrétiens, à bannir le vice et à établir le règne de la vertu 1. Il faisait concevoir sur tout cela de grandes espérances dans l'Église, et il avait déjà commencé d'agir lorsque la mort l'enleva de ce monde, dans la ville de Bologne, où il avait passé de Pise, dans la soixante-onzième année de son âge, après dix mois et huit jours de pontificat. Il était attendu à Rome et il avait promis aux Romains de s'y rendre au plus tôt; mais il en fut empêché par les troupes du roi Ladislas, qui occupaient les chemins. Le bruit courut qu'il était mort de poison 2.
Pendant la célébration du concile de Pise Ange Corrario ou Grégoire XII…
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1Labbe, t. 11, p. 2210 et seqq. — 2 Raynald, ann, 1409, n. 89.— 3 Calvisius, ad ann. 1409. — 1 Sommier, Hist. dogmatique du Saint-Siège, l. 12, t. 6. Oldoinus Ægïd. Viterb., Sigon., Platina, Blondus et alii. Raynald, ann. 1410, n. 17, avec la note de Mansi. — 2 S. Antonin, tit. 22, c. 5, § 3. Monstrelet, l. I, c. 62.
A suivre : Concile d’Udine, tenu par Grégoire XII.
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Concile d’Udine, tenu par Grégoire XII.
Pendant la célébration du concile de Pise Ange Corrario ou Grégoire XII tint celui qu'il avait indiqué à Udine, au diocèse d'Aquilée. Il y eut peu d'évêques ; ceux mêmes des Etats de Venise n'avaient pas voulu s'y trouver, parce que la république, encore que Grégoire fût né son sujet, voulait adhérer au concile de Pise, qui cherchait à abolir le schisme, plutôt qu'à celui d'Udine, qui ne tendait qu'à le continuer. Dans cette assemblée d'Udine Grégoire fit publier un écrit par lequel il déclarait qu'il était dans la résolution de renoncer à la papauté pourvu que ses deux adversaires y renonçassent de même; qu'à cet effet il remettait à la volonté de Robert, roi des Romains, de Ladislas, roi de Sicile, et de Sigismond, roi de Hongrie, le choix du lieu où il se trouverait avec Pierre de Lune et Pierre de Candie, pour faire solennellement leur renonciation ; qu'au refus de ce moyen il demandait que ses adversaires consentissent à la tenue d'un concile général où ils se trouvassent en personne avec lui, afin de s'en tenir à ce qui serait décidé touchant leur sort; enfin que les trois princes susdits auraient plein pouvoir pour l'exécution de tous ces articles 3. Mais on regarda ces propositions de Grégoire comme celles qu'il avait faites captieusement par le passé, et on s'y arrêta d'autant moins qu'il y apposait des conditions impraticables, savoir le congrès des trois prétendants et le concours de trois rois ennemis jurés entre eux.
Au temps de la mort d'Alexandre V le sacré collège était composé de vingt-trois cardinaux…
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3 Th. de Niem, 1. 3, c. 45.
A suivre : Les cardinaux de l’obédience d’Alexandre V lui donnent pour successeur Jean XXIII. Ses premières actions.
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Les cardinaux de l’obédience d’Alexandre V
lui donnent pour successeur Jean XXIII.
Ses premières actions.
Au temps de la mort d'Alexandre V le sacré collège était composé de vingt-trois cardinaux ; il s'en trouva dix-sept à Bologne en état d'entrer au conclave, dans lequel, le quatrième jour, Balthasar Cossa, cardinal diacre du titre de Saint-Eustache, d'une illustre maison de Naples, fut choisi pour souverain Pontife. Il fut aussitôt installé dans la chaire pontificale sous le nom de Jean XXIII. Quelques écrivains l'accusent de s'être servi de moyens obliques pour parvenir au pontificat, comme d'avoir employé l'autorité du roi Louis d'Anjou, la violence et les menaces des troupes qu'il tenait à Bologne, où il était légat ; d'avoir distribué de l'argent aux cardinaux pauvres, et de s'être nommé lui-même à la papauté sans que personne eût osé lui contredire 1. Mais, dans tout ce qu'on lui objecta au concile de Constance, il est seulement dit à cet égard, en termes généraux, qu'il avait si bien su faire qu'il avait été élu Pontife romain.
Paul des Ursins, général des troupes de l'Église romaine, avait trouvé les moyens de retirer Rome de la tyrannie du roi Ladislas, et de la remettre sous la domination de son souverain légitime. Jean XXIII y fit son entrée la veille de Pâques de l'année 1411, et, après avoir béni les étendards militaires de l'Église romaine, il les mit entre les mains du roi Louis d'Anjou et de Paul des Ursins, général de la sainte Église, en les envoyant contre Ladislas, son ennemi. L'armée pontificale remporta une victoire complète sur celle de Ladislas, qui fut obligé de prendre la fuite, sans espérance de pouvoir redresser ses affaires; mais les vainqueurs, ne profitant pas de leur avantage, lui donnèrent le temps de se relever et de causer au Saint-Siège les maux dont il sera parlé dans la suite.
Dans les entrefaites Jean XXIII fit trois promotions de cardinaux, quatorze dans la première et un dans chacune des deux autres. Ils étaient généralement tous personnages de distinction et de mérite ; les plus connus sont Pierre d'Ailly, archevêque de Cambrai, Gilles Deschamps, évêque de Coutances, et François Zabarelle, évêque de Florence.
Les ennemis du roi Ladislas lui ayant donné le temps de respirer après sa défaite, il en profita pour remettre sur pied des troupes, avec lesquelles il ferma les avenues du royaume de Naples à Louis d'Anjou, qui, ne trouvant pas lieu de remédier aux troubles d'Italie, prit le parti de retourner en France. Ladislas commençait à se rejeter sur les terres de l'Église ; mais, épouvanté d'une croisade que Jean XXIII publia contre lui, il fit avec lui une paix simulée, dont l'une des conditions fut d'entrer dans son obédience en renonçant à celle de Grégoire XII. Celui-ci, qui s'était réfugié à Gaëte, sous la tutelle de Ladislas, fut obligé de chercher un autre protecteur, qu'il trouva à Rimini ; Charles Malatesta, son ancien ami, qui en était seigneur, l'y reçut à bras ouverts.
Jean XXIII crut alors avoir trouvé le temps propre pour tenir le concile…
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1 Platina. Maucler. Bergom. Th. de Niem.
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Les cardinaux de l’obédience d’Alexandre V
lui donnent pour successeur Jean XXIII.
Ses premières actions.
(suite)
Jean XXIII crut alors avoir trouvé le temps propre pour tenir le concile qu'il avait indiqué à Rome la première année de son pontificat ; il le tint en effet l'an 1412 et au commencement de 1413. Quelques prélats s'y rendirent de différentes provinces de l'Église, lorsqu'on eut nouvelle que la paix faite avec Ladislas rendait les chemins libres. Le Pontife y publia un décret par lequel tous les ouvrages de Jean Wiclef furent condamnés au feu ; mais, comme ce concile n'était pas composé d'un nombre de prélats suffisant pour terminer la quantité d'affaires importantes dont il était question, Jean XXIII le prorogea à un temps plus commode.
Ladislas n'avait fait la paix avec le Pontife romain que pour mieux se mettre en état de lui faire la guerre avec plus d'avantage. A cet effet, il rassembla tout à coup ses troupes, à la tête desquelles s'étant rendu devant Rome il y fut introduit par les intelligences qu'il y avait. On ne saurait exprimer les cruautés et les profanations qu'il y commit. Il s'empara ensuite de tout l'État de l'Église et il espérait se rendre maître de toute l'Italie ; mais la mort ne lui en donna pas le temps : elle l'enleva de ce monde le 8 août 1414. Jean XXIII eut beaucoup de peine à se tirer de Rome et à échapper aux mains de cet usurpateur. Il se retira d'abord à Florence, ensuite à Bologne, et, après quelques négociations entre lui et l'empereur Sigismond, il s'aboucha avec ce prince à Lodi, où, le 9 décembre 1413, il publia l'indication du concile de Constance pour le 1er novembre de l'année suivante 1.
Pendant que l'Église se donnait tous ces mouvements pour remédier aux maux du schisme…
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1 Raynald. Bzovius.
A suivre : Commencement de saint Antonin.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement de saint Antonin.
Pendant que l'Église se donnait tous ces mouvements pour remédier aux maux du schisme, Dieu lui formait deux illustres saints dans l'humilité du cloître.
Un Frère prêcheur, le bienheureux Jean-Dominique, restaurateur de la vie régulière en Italie et en Sicile, achevait de bâtir son nouveau monastère de Fiésole, près de Florence. C'était vers l'an 1403. Un enfant de treize ou quatorze ans, petit de taille et grêle de complexion, se présente à lui, il demande à être reçu dans le monastère au nombre des religieux.
Le bienheureux Jean-Dominique lui trouve de l'esprit et un beau naturel ; mais, le voyant si jeune et si frêle, il lui conseille d'attendre quelques années. Cependant il lui demande à quelle étude il s'appliquait. L'enfant répond qu'il lisait volontiers le décret de Gratien.
« Eh bien ! reprit le bienheureux Jean-Dominique, quand vous saurez tout le décret de Gratien par cœur, vous n'aurez qu'à revenir, et vous serez reçu dans l'ordre. » C'était une manière honnête de le congédier.
Au bout de l'année le jeune homme se présente au bienheureux Jean-Dominique pour subir son examen ; il savait par cœur tout le décret de Gratien et répondit sans faute à toutes les questions qu'on put lui faire. Cette fois il est accueilli avec empressement et reçoit aussitôt l'habit de Frère prêcheur. Ce jeune homme ou cet enfant se nommait Antonin, c'est-à-dire le petit Antoine, à cause de sa taille.
Saint Antonin, né à Florence en l'an 1389, sur la fin du pontificat d'Urbain VI, était fils de Nicolas Forciglioni et de Thomassine, tous deux très-considérés parmi leurs concitoyens, autant par leur piété que par l’antiquité de leur noblesse. Le grand-père du saint, nommé Nicolas Pierrozi, avait été secrétaire de la ville de Florence et quatre fois proconsul de la république, Ce qui lui donnait un rang distingué et une grande autorité. Mais rien sans doute n'a plus illustré cette maison que d'avoir produit un saint aussi célèbre.
Comme il était l'enfant unique…
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement de saint Antonin.
(suite)
Comme il était l'enfant unique de son père et de sa mère ils mirent d'autant plus de soin à lui donner une éducation chrétienne ; mais l'enfant parut formé à la vertu avant de pouvoir la connaître. Plein de pudeur et de modestie, toujours docile aux saintes instructions, il ne montra d'inclination que pour la piété, d'horreur que pour le vice. Ennemi dès lors de l'oisiveté et de tous les vains amusements de l'enfance, la lecture de quelque bon livre, la conversation avec des personnes qui lui parlaient de la religion ou des victoires des martyrs faisaient ses plus chères délices. Son attrait pour la prière n'était pas moins remarquable. Lorsque, après les exercices de l'école, il n'était point enfermé dans sa maison, on était sûr de le trouver dans l'église, plus ordinairement dans une chapelle de la Vierge, ou devant une image du crucifix qu'on visitait avec une vénération particulière, dans l'église de Saint-Michel, appelée du Jardin, à cause du lieu où elle se trouvait.
Soit que le jeune disciple de Jésus-Christ se renfermât dans son oratoire ou qu'il fût devant les autels, il demeurait à genoux, prosterné contre terre, avec une persévérance qui surprenait tout le monde. Appliqué en même temps à l'étude, il y fit des progrès considérables, et on n'en était pas surpris en lui voyant faire un si saint usage des talents qu'il avait reçus de la nature. Un esprit aisé, vif, pénétrant, une mémoire heureuse, et autant d'assiduité que d'amour pour le travail, tout cela en fit un savant et le rendit habile dans un âge où les autres ont à peine commencé d'apprendre les éléments des sciences.
Mais, quelle que fût sa passion pour l'étude des lettres, elle n'égalait point son ardeur pour acquérir la science du salut. Dans toutes ses prières il ne demandait, pour ainsi dire, autre chose à Dieu, sinon que, par sa grâce, il daignât l'éloigner de toute occasion de péché, conduire ses pas, et lui apprendre à faire toujours sa volonté. Dès son enfance il avait souhaité se consacrer au service du Seigneur, et, pendant qu'il faisait de sages réflexions sur l'état de vie qu'il devait embrasser pour travailler plus sûrement à son salut et se rendre utile au prochain, il eut le bonheur d'entendre souvent les prédications du bienheureux Jean-Dominique de Florence et d'être témoin des grands exemples de vertu qui le faisaient admirer des peuples. C'est à lui que le jeune Antonin s'adressa, comme nous l'avons vu, pour être reçu dans l'ordre de Saint-Dominique.
Le fervent novice dissipa bientôt toutes les craintes où on était de le voir succomber aux rigueurs de la discipline régulière. Son courage lui donna des forces, et, comme il recevait toujours de nouvelles grâces, à mesure de sa fidélité, en peu de temps il fit bien du chemin dans les voies de la perfection. Il parut en toutes choses, non-seulement le plus humble, le plus obéissant, le plus recueilli, mais aussi le plus égal dans les pratiques austères de la régularité. Ses abstinences, ses veilles, l'amour de la pauvreté, l'application et l'assiduité à la prière, tout cela le faisait déjà considérer de ses frères comme un modèle.
Le sacrifice qu'il fit pour toujours de sa liberté par la profession religieuse…
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le sacrifice qu'il fit pour toujours de sa liberté par la profession religieuse le rendit encore plus vigilant sur lui-même et le sacerdoce augmenta sa piété. On ne le voyait jamais à l'autel que trempé de ces douces larmes que le saint amour faisait couler de ses yeux. On eut beau modérer ses austérités, sa vie ne fut qu'un exercice continuel de pénitence. Sain ou malade il couchait toujours sur la dure. On eût dit qu'il n'avait point de corps, tant il l'avait soumis à l'esprit pour le faire servir à tout ce qui pouvait le conduire à une haute sainteté. Il venait de perdre en quelque manière le saint religieux qui lui servait de guide et de père : Jean-Dominique de Florence, devenu archevêque de Raguse et cardinal, avait été obligé de s'arrêter auprès du Pape Grégoire XII ; mais son absence ne fit qu'exciter davantage la vigilance et l'émulation de son fidèle disciple. Il était entré dans toutes ses vues et il remplit parfaitement ses desseins. Ce que le premier avait commencé avec succès pour rendre à plusieurs maisons de son ordre leur première beauté, le second parut en état de le continuer et de le porter à la dernière perfection. La vertu suppléant à l'âge, quoique fort jeune, saint Antonin fut choisi pour gouverner le couvent de la Minerve, à Rome, et il fit paraître tant de sagesse, de prudence, de modération, dans ce premier emploi, qu'on l'élut successivement prieur à Naples, à Gaëte, à Cortone, à Sienne, à Fiésole et à Florence. Dans toutes ces différentes maisons Antonin rétablit ou affermit la régularité, en y renouvelant l'esprit de ferveur, l'amour de la prière et de l'étude, et le zèle dans l'exercice du ministère apostolique.
Commencement de saint Antonin
(suite)
La sollicitude du gouvernement et toutes les occupations qui en sont la suite …
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Commencement de saint Antonin.
(suite)
La sollicitude du gouvernement et toutes les occupations qui en sont la suite ne l'empêchaient pas de remplir lui-même les fonctions de l'apostolat ; il prêchait souvent, et il prêchait toujours avec fruit, parce que la sainteté de sa vie donnait un nouveau poids à ses discours. Les peuples et les savants montraient le même empressement à le suivre ; l'onction de ses paroles attirait les uns et l'abondance de sa doctrine faisait plaisir aux autres. Les ouvrages qu'il publiait quelquefois, fruits précieux de ses veilles, augmentaient encore sa réputation ; il était consulté de tous côtés par les théologiens et les canonistes, et on suivait avec confiance ses décisions.
Devenu vicaire général d'une célèbre congrégation composée de divers couvents, tant de la province de Rome que de celle de Sicile, qui avaient embrassé une plus étroite réforme, le serviteur de Dieu s'appliqua avec un soin incroyable à cultiver, à étendre et à perfectionner tout le bien que ses prédécesseurs avaient introduit dans ce sanctuaire de la piété, et, à leur imitation, c'était moins par l'autorité du commandement ou par la sagesse des ordonnances que par la vertu de l'exemple qu'il inspirait à ses frères la fidélité à toutes les pratiques de la règle.
D'autant plus humble qu'on l'élevait davantage, il commençait toujours la visite des monastères par l'exercice des offices les plus humiliants et les plus abjects. On voyait ordinairement le vicaire général confondu avec les derniers des frères dans le même travail; la ferveur seule le distinguait, et cette ferveur parut quelquefois aller trop loin.
Malgré la rigueur des saisons et l'épuisement de ses forces, il continuait avec la même sévérité ses jeûnes et faisait ses longs voyages à pied. Ces continuelles fatigues contribuèrent à ruiner sa santé, affaiblie d'ailleurs par des maladies qui l'avaient conduit plus d'une fois aux portes de la mort. Dans les intervalles les moins critiques il était travaillé d'une fièvre quarte ou d'une espèce de phthisie qui le desséchait entièrement ; mais son esprit, soutenu par la grâce de Jésus-Christ et par la considération de ses souffrances, ne se trouvait jamais plus fort que dans les plus grandes infirmités. Dieu l'avait toujours élevé au-dessus de ses maux, et ce qui épuisait son corps servait à purifier davantage sa vertu, à éprouver sa fidélité et à le mettre en état de continuer ses services à son ordre et à l'Église 1.
Tel était saint Antonin, que plus tard nous verrons archevêque de Florence, sa patrie.
Le bienheureux Jean-Dominique…
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1 Touron, Hist. des Hommes illustres de l'ordre de Saint-Dominique, t. 3. Acta SS. , 2 mai.
A suivre : Le bienheureux Jean-Dominique, Frère prêcheur.
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Le bienheureux Jean-Dominique était né dans la même ville, vers l'an 1360. La fortune n'avait point favorisé ses parents ; mais, dans une condition obscure ou fort médiocre, ils se distinguaient par une solide piété, qu'ils inspirèrent de bonne heure à leur fils. Comme ils avaient besoin du travail de ses mains, ce jeune homme, âgé déjà de dix-huit ans, avait à peine appris les éléments de la grammaire lorsqu'il se présenta au couvent de Sainte-Marie-Nouvelle pour demander l'habit de Saint-Dominique. On le refusa d'abord, tant à cause de son incapacité, de son ignorance, de sa difficulté à parler, que parce qu'il était nécessaire à ses parents. Il ne se rebuta point et revint plusieurs fois à la charge. On finit par accorder à sa persévérance ce que l'on croyait pouvoir refuser encore à son mérite.
Le bienheureux Jean-Dominique, Frère prêcheur.
Cependant un religieux des plus graves et des plus anciens de la communauté prédit dès lors que ce jeune homme, dont on faisait si peu de cas, serait un jour l'appui de son ordre, l'ornement de sa patrie et un illustre défenseur de l'Église.
Le fervent novice justifia la prédiction. En changeant d'état on eût dit qu'il avait changé d'esprit et de cœur; il parut un homme nouveau. Tout le temps de son noviciat se passa dans une ferveur extraordinaire et toujours soutenue. Ami du silence, de la retraite, de l'oraison, on le trouvait partout le même, recueilli, modeste, docile, obéissant, attentif aux besoins de ses frères, toujours prêt à les prévenir et à leur rendre les petits services qui pouvaient dépendre de lui. Sans le vouloir il prit un tel ascendant sur l'esprit de tous, ou plutôt sa vertu leur donna une si haute idée de son mérite, qu'après avoir commencé de l'aimer comme un sujet de grande espérance ils finirent par le respecter presque comme leur maître dans la pratique des observances régulières.
Les progrès de Jean-Dominique dans l'étude des sciences ne parurent pas moins surprenants que ses progrès dans la vertu. A beaucoup de pénétration, de vivacité et de justesse d'esprit, il joignait une mémoire si prodigieuse qu'il n'oubliait jamais ce qu'il avait une fois appris. Résolu de n'accorder à son corps que ce qu'on ne peut absolument refuser à la nature, il mangeait peu et dormait encore moins. Fuyant le sommeil presque autant que l'oisiveté, tout ce que ses exercices de piété ou de pénitence pouvaient lui laisser le loisir, il l'employait à la lecture des bons livres, surtout à la méditation des saintes Écritures. S'il donna la préférence aux ouvrages des Pères, il ne négligea pas ceux de l'antiquité profane ; aussi devint-il en peu de temps habile philosophe, profond théologien ; il n'ignora ni les mathématiques, ni le droit canon. Ce qu'on doit particulièrement admirer, c'est que, dans l'acquisition de toutes ces sciences, il ne fut aidé que de la grâce. Comme un autre saint Augustin, tout ce qu'il avait lu il l'avait appris et compris par lui-même, sans le secours d'aucun maître.
Saint Antonin avance ce fait sur le témoignage même du serviteur de Dieu…
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Jean-Dominique, Frère prêcheur.
(suite)
Saint Antonin avance ce fait sur le témoignage même du serviteur de Dieu, et il cite ses ouvrages comme la meilleure preuve de la solidité aussi bien que de l'étendue de son érudition. Nous en trouvons une autre de son humilité dans le refus constant qu'il fît de prendre le degré et le rang de docteur. Quelques instances que fissent pour cela ses supérieurs et ses amis, il s'excusa toujours avec tant de modestie qu'on aima mieux le laisser dans les humbles sentiments qu'il avait de lui-même que d'employer le commandement pour lui faire accepter cette marque d'honneur, qui, dans le fond, n'ajoute rien au mérite. Dès les premières années qu'il passa dans le cloître, et avant que de s'adonner à l'exercice des fonctions apostoliques, ce saint homme ne donnait quelque relâche à son esprit que par le travail des mains ; après avoir vaqué à l'oraison et à l'étude il s'occupait quelquefois à écrire des livres de chœur, que l'on conserve encore précieusement dans le couvent de Saint-Dominique à Fiésole.
Après avoir imité le silence de Jésus-Christ et s'être nourri le premier du pain de sa parole, il commença de l'annoncer aux autres. S'y dévouant par obéissance, n'ayant en vue que la gloire de Dieu et le salut des âmes, il y parut toujours infatigable, jusqu'à prêcher quatre ou cinq fois dans un même jour pour contenter le pieux empressement des peuples. Suivant la remarque de saint Antonin, il ne citait presque jamais en chaire ni les philosophes, ni les poètes, ni les auteurs profanes, quoique ce fût assez la coutume ou le mauvais goût du siècle; mais, tout rempli de l'esprit de Dieu et parfaitement versé dans les saintes Écritures, Jean-Dominique y puisait, comme à une source de vie, les eaux salutaires dont il abreuvait les âmes altérées. Il attaquait avec force les vices publics et ménageait toujours les personnes, même les plus vicieuses. En un mot, ce que dans le même temps saint Vincent Ferrier faisait en France et en Piémont, le bienheureux Jean-Dominique le faisait en Toscane.
Les Florentins furent les premiers qui profitèrent...
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