Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Sam 24 Aoû 2013, 2:46 pm


Quel est le sens de ces décrets.


(suite)
Ce qui confirme excellemment ces sentiments du concile touchant la prééminence et la supériorité du Saint-Siège dans l'Église universelle, ce sont les termes dans lesquels les propositions de Wiclef furent censurées. Après avoir déclaré, au sujet de la transsubstantiation dans l'Eucharistie, qu'on doit être certain, assuré et sans aucun doute que tout ce que le Siège apostolique croit et a défini comme de foi en est véritablement, et que tout ce qu'il a déclaré hérétique ou erroné l'est effectivement , la  censure en donne la raison. « Parce qu'il est impossible, dit-elle, que la foi apostolique et l'Église romaine, de laquelle le Pape, comme vicaire de Jésus-Christ et successeur de saint Pierre, est le chef, et dont le collège des cardinaux, successeurs aussi des autres apôtres, est le corps, dont l'office est de définir et de déterminer ce qu'il faut croire ou rejeter dans ce qui regarde les matières de religion ; il est, dis-je, impossible que ce Siège et cette Église détermine et tienne pour être véritablement de foi ce qui n'en serait pas. Autrement ce Siège apostolique et cette Église romaine serait hérétique et sujette à l'erreur, s'attachant à ce qui n'est pas de foi et rejetant ce qui en serait 2.

Comment donc serait-elle la mère et le chef de toutes les Eglises, la maîtresse qu'on serait obligé de suivre en tout, à laquelle il faut avoir recours dans les doutes et les difficultés qui arrivent touchant la foi? comment n'aurait-elle ni tache ni ride ? comment l'usage et la coutume céderont-ils à son autorité? comment sera-t-on obligé à lui obéir, après Dieu, comme à la mère et au chef de toutes les Églises, contre l'autorité de laquelle on ne peut parler mal sans être réputé hérétique ? comment pourra-t-elle juger tout le monde sans pouvoir être jugée de personne ? comment un chrétien qui refusera de lui obéir sera-t-il regardé comme un infidèle? Que penser de tout ce qui est dit à son avantage dans le corps des saints canons s'il paraissait qu'elle fût erronée et hérétique ? Comment serait-elle visiblement sur la terre un refuge assuré et certain, auquel toutes les Églises et tous les chrétiens pussent sûrement recourir en matière de foi et de discipline , comme toutes les Églises et toute la communauté des chrétiens y recourent nécessairement, par le besoin pressant qu'elles en ont, suivant l'ordre et la disposition de Jésus-Christ, qui par ce moyen a su et pu facilement et abondamment pourvoir aux nécessités de l'Église, son épouse ? »

« Parce qu'il est extrêmement nécessaire et expédient, porte ailleurs la censure, qu'il y ait dans le Christianisme…

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(Notes de Louis) : 1 La référence est en langue latine.  — 1 La référence est en langue latine. — 2 La référence est en langue latine.

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Message  Louis Dim 25 Aoû 2013, 6:43 am


Quel est le sens de ces décrets.

(suite)
« Parce qu'il est extrêmement nécessaire et expédient, porte ailleurs la censure, qu'il y ait dans le Christianisme, répandu par toute la terre, une Église fixe, permanente, ouverte et connue à tout le peuple chrétien, dans laquelle réside le souverain pouvoir ecclésiastique sur la terre, avec l'autorité suprême de commander, d'enseigner, de régir, de juger, de connaître, de définir généralement dans toutes les matières de foi et de discipline, et que cette Eglise soit dans un lieu particulier et connu à tous les peuples. Or cette Église est de nom et d'effet l'Église romaine, qui conséquemment est la souveraine en terre, et dans laquelle réside le prince souverain de l'Église. »

Il y a dans le concile de Constance, en faveur du Saint-Siège, plusieurs autres déclarations de la même force que celle que nous venons de rapporter, et qui sont tirées des censures des propositions de Wiclef, faites par des députés du concile de tout caractère et approuvées dans la huitième session de la même assemblée.

« Enfin, conclut le savant archevêque de Césarée, ce qui prouve invinciblement que le Saint-Esprit, qui parle par l'organe des conciles œcuméniques, n'a point déclaré ni défini dans celui de Constance leur supériorité sur le Pontife romain, c'est l'attachement invariable de l'Eglise au sentiment contraire. » Nous l'avons évidemment fait connaître dans cette histoire dogmatique par la tradition des siècles antérieurs, et nous le démontrerons encore par celle des temps postérieurs à ce concile. Il faut néanmoins excepter quelques particuliers qui ont préféré une opinion nouvelle à l'ancienne créance, opinion occasionnée, non par le doute de l'autorité pontificale dans un Pape légitime, mais par l'incertitude où l'on était que ceux qui prétendaient l'avoir en fussent réellement revêtus, ou, si l'on préfère, parce que, dans le désir de finir un schisme scandaleux et opiniâtre, on voulait fournir des moyens à l'Église pour obliger les divers prétendants à se désister de leurs droits, en préférant le bien public à leur intérêt particulier.

Seconde question : Quelle autorité peuvent avoir dans l'Église les décrets de la quatrième et cinquième session du concile de Constance ?...
 
A suivre : Quelle autorité peuvent-ils avoir dans l’Église.

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Message  Louis Dim 25 Aoû 2013, 12:43 pm

Quelle autorité peuvent-ils avoir dans l’Église.

Seconde question : Quelle autorité peuvent avoir dans l'Église les décrets de la quatrième et cinquième session du concile de Constance ?

« On peut soutenir, dit l'archevêque de Césarée, et même l'on doit reconnaître qu'ils ne sont pas d'une autorité suffisante pour faire loi dans l'Église.

« 1° Pour être légitimes la matière en devait être proposée dans les formes, examinée mûrement, durant un temps convenable, et avec la liberté nécessaire à la validité d'une décision synodale.

« Il était question d'un point de religion qui n'avait jamais été mis en doute, et qui, au sentiment même des adversaires de la supériorité des Papes sur les conciles, n'avait jamais été agité dans l'Église. Il fallait donc prendre des mesures justes, et non suspectes, pour procéder dans la recherche de ce qui pouvait ou confirmer l'ancienne créance, ou l'expliquer et la limiter par rapport aux doutes qu'on avait dans les circonstances présentes. Il fallait, selon le raisonnement toujours invincible de M. de Schelstrate, étant question d'une affaire de cette conséquence, recourir, comme on avait toujours fait dans l'Église en pareil cas, aux écrits des saints Pères, aux décrets des souverains Pontifes et aux monuments des conciles généraux, où l'on se serait éclairci de ce que la tradition enseigne touchant l'autorité pontificale.

« 2° On y aurait reconnu la qualité du pouvoir que la vénérable antiquité a toujours révéré dans le Siège apostolique…

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Message  Louis Lun 26 Aoû 2013, 5:43 am


Quelle autorité peuvent-ils avoir dans l’Église.

(suite)
 « 2° On y aurait reconnu la qualité du pouvoir que la vénérable antiquité a toujours révéré dans le Siège apostolique; celle de la juridiction que ces Pontifes, comme pasteurs de tout le troupeau de Jésus-Christ, ont toujours exercée dans l'Église, et le profond respect avec lequel les conciles mêmes ont parlé et traité du souverain pouvoir de saint Pierre et de ses successeurs.

« On y aurait reconnu que Célestin Ier, envoyant ses légats au concile d'Éphèse, troisième œcuménique, mit dans leurs instructions qu'ils devaient soutenir l'autorité du Saint-Siège, qui leur était confiée ; qu'ainsi, selon les ordres qui leur étaient donnés, ils assisteraient aux assemblées, non pour en subir l'examen en cas de dispute, mais pour décider de leurs sentiments sur ce qui viendrait à être controversé;

« Que le concile de Chalcédoine, quatrième œcuménique, le plus nombreux de ceux qui ont été tenus en Orient, dans sa lettre synodique, a donné au Pape Léon Ier le titre de souverain, Summitas; qu'il envoya au même Pape son canon vingt-huit, qui attribuait au siège de Constantinople le second rang dans l'Église, pour être confirmé par son autorité, et que, sur le refus de Léon, le décret n'eut point de force ;

« Qu'au second concile de Nicée, septième œcuménique, les Pères de l'assemblée examinèrent à plusieurs reprises la question du culte des images, qu'ils ne décidèrent contre les iconoclastes qu'après avoir bien consulté la tradition de l'Eglise et y avoir trouvé des témoignages suffisants de la pratique légitime de ce culte.

« 3° Les cardinaux qui, avec les prélats des nations…

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Message  Louis Lun 26 Aoû 2013, 12:03 pm


Quelle autorité peuvent-ils avoir dans l’Église.


(suite)
« 3° Les cardinaux qui, avec les prélats des nations, formaient le concile, firent inutilement leur possible pour porter l'assemblée à traiter la matière dans les règles. Ils crurent que Jean XXIII, retiré à Schaffhouse, devait être averti de ce qui se passait à cet égard à Constance, et ils lui envoyèrent trois d'entre eux pour l'en informer. Ce Pontife, vivement touché des manières hautaines des prélats nationaux à son égard, quoiqu'ils le reconnussent pour Pape légitime, en témoigna son indignation aux légats, et, au sujet d'un discours que Gerson, chancelier de l'université de Paris, venait de prononcer au concile contre l'autorité suprême du Saint-Siège, il en fit des plaintes amères aux ambassadeurs de France qui l'étaient venus visiter, ajoutant que, depuis son départ de Constance, on y proposait des faussetés et des erreurs contre l'autorité du Pontife romain. Il faut remarquer que depuis ce temps-là les ambassadeurs du roi très-chrétien furent toujours unis au sacré collège.

« Les cardinaux, à leur retour, voulurent, avec d'autres de leurs collègues, soutenir, dans une congrégation tenue le 26 mars, que le concile était dissous par la retraite et l'absence de Jean XXIII. A quoi plusieurs prélats des nations ayant répondu avec aigreur que le Pape n'était pas au-dessus du concile, mais au-dessous, la dispute s'échauffa tellement, et les clameurs contre les cardinaux s'augmentèrent si fort, qu'ils furent obligés de se retirer avec précipitation.

« Le lendemain, dans la congrégation du 27, les cardinaux, auxquels s'étaient joints les ambassadeurs de France, voulurent faire leur rapport aux nations des offres de Jean XXIII pour renoncer au pontificat et pour la continuation du concile ; mais le roi des Romains et les prélats des nations, qui étaient présents, traitèrent tout cela de jeu et de feinte de la part du Pape, et l'assemblée se mit à crier tout d'une voix : « Point d'égard à cela ! Que la session se tienne ! que la session se tienne ! »

« La session, qui fut la quatrième, se tint effectivement trois jours après...


Dernière édition par Louis le Mar 27 Aoû 2013, 6:49 am, édité 1 fois (Raison : Titre.)

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Message  Louis Mar 27 Aoû 2013, 6:41 am


Quelle autorité peuvent-ils avoir dans l’Église.


(suite)
« La session, qui fut la quatrième, se tint effectivement trois jours après. Les cardinaux et les ambassadeurs de France, qu'on n'avait pas daigné informer, comme on le devait, des matières qu'on y voulait traiter, avaient résolu de ne point s'y trouver, malgré les instances du roi des Romains, qui avait beaucoup pressé les cardinaux d'y assister. Enfin, les prélats des nations, en mitre et en chape, ayant déjà pris séance au concile, le roi ou empereur Sigismond s'aboucha avec les cardinaux et leur proposa un tempérament touchant ce qui serait expédié dans cette session, moyennant quoi les cardinaux consentirent à y assister et portèrent les ambassadeurs français, avec lesquels ils étaient unis, à y assister aussi. Or ce tempérament fut que, dans le premier décret qui devait être publié dans cette session, on ne ferait point mention de la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres, et qu'on supprimerait absolument le second décret qui attribuait aux conciles l'autorité de mettre en pénitence les Papes qui refuseraient d'obéir à leurs règlements touchant les affaires dont il était alors question. La chose s'exécuta de cette manière, comme il est rapporté dans les actes qu'on a en manuscrit au Vatican, où l'on ne trouve point qu'il soit rien dit, dans la quatrième session, ni de la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres, ni de l'autorité coactive des conciles à l'égard des souverains Pontifes. M. de Schelstrate prouve que ce furent les Pères du concile de Bâle, ennemis du Pape Eugène IV, qui insérèrent ces termes de réformation de l'Église, etc., dans l'édition du concile de Constance qu'ils firent publier, d'où ils ont passé dans les éditions communes.

« Pendant la tenue de cette même session, les cardinaux, craignant quelque décret précipité sur les matières que les prélats des nations avaient en vue, les avertirent encore d'en suspendre la décision jusqu'à ce qu'on eût employé un temps suffisant à les examiner, d'autant qu'elles renfermaient de grandes difficultés et qu'elles demandaient qu'on en délibérât avec grande maturité.

« Mais ces prélats, plus occupés du discours emporté de Gerson que des sages remontrances du sacré collège, ne voulurent point s'arrêter dans un pas si glissant. Après avoir formé le dessein de publier dans la session prochaine ce que les cardinaux avaient fait omettre et supprimer dans la précédente, sans autre préparation ni discussion de ces points délicats, ils indiquèrent la cinquième session pour le 6 avril, la tinrent, et y firent solennellement annoncer les décrets que nous avons vus précédemment.

« 4° On a vu les oppositions qui furent faites à ces décrets par les cardinaux et les ambassadeurs de France. Nous ajouterons…

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Message  Louis Mar 27 Aoû 2013, 1:35 pm

Quelle autorité peuvent-ils avoir dans l’Église.

(suite)
« 4° On a vu les oppositions qui furent faites à ces décrets par les cardinaux et les ambassadeurs de France. Nous ajouterons ici, sur l'autorité du Pape Eugène IV, qu'il y eut même des prélats des plus considérables d'entre ceux des nations qui réclamèrent en plein concile contre les mêmes décrets, mais dont la voix fut étouffée par les clameurs de la multitude. Le cardinal Turrécrémata et Rodrigue, évêque de Cagliari, assurent pareillement que plusieurs docteurs et plusieurs prélats très-savants de l'assemblée réclamèrent contre les décrets de la cinquième session et ne voulurent point y consentir.

« 5° Un défaut essentiel, qu'on trouve encore dans les décrets dont il est ici question et qui les empêche d'être revêtus de l'autorité d'un concile universel, c'est qu'ils ont été faits par les prélats de la seule obédience de Jean XXIII.

« On sait que, des trois prétendants au souverain pontificat, Jean XXIII fut le seul qui fît la convocation du concile ; qu'au temps des quatrième et cinquième sessions, et de plusieurs ensuite, les Églises des obédiences d'Ange Corrario, dit Grégoire XII, et de Pierre de Lune, dit Benoît XIII, ne le reconnaissaient en rien ; que le nombre de ces Églises était pourtant considérable ; car Grégoire XII avait dans son parti toutes les villes de la Romagne, avec plusieurs autres d'Italie ; celles de Raguse et du voisinage ; celles de Trèves, de Worms, de Spire, de Verden et autres d'Allemagne ; celle de Strigonie, et d'autres en Hongrie ; les patriarches de Constantinople, d'Alexandrie et d'Antioche 1. Pierre de Lune avait dans le sien toutes celles des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Ecosse, des îles de Majorque, de Corse et de Sardaigne.

Or voici le raisonnement que le Pape Eugène IV fait sur ce principe. « L'obédience de Grégoire ni celle de Benoît, qui ne faisait pas une petite partie de la chrétienté, n'ont point traité le concile de Constance de concile plénier avant le temps de leur union, et jusqu'alors elles n'ont pas reçu ses décrets comme revêtus de l'autorité d'un concile œcuménique. Pour cela il fallut qu'après leur union il se fit une nouvelle convocation du concile, premièrement par l'obédience de Grégoire, ensuite par celle de Benoît, et de cette sorte, par le concours de l'Église universelle, cette assemblée eut le nom et la réalité de concile plénier. Par conséquent tout ce que les Pères qui l'ont composé y ont fait avant ce temps ne doit point être attribué à l'Église universelle, mais à ceux-là seulement qui y siégeaient et dont le synode n'était que d'une seule obédience 2. »

Voilà comment le savant archevêque de Césarée juge les quatrième et cinquième sessions du concile de Constance.

La sixième se tint le 17 avril ; on y publia…

________________________________________________________

1 Von der Hardt, t. 1, p. 156 et 157.  — 2  Sommier, Hist. dogmatique du Saint-Siège, t. 6.
 
A suivre : De la sixième à la douzième session, les prélats de Constance  procèdent contre Jean XXIII, finissent par le déposer, et il y acquiesce.

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Message  Louis Mer 28 Aoû 2013, 6:06 am


De la sixième à la douzième session,
les prélats de Constance  procèdent contre Jean XXIII,
finissent par le déposer, et il y acquiesce.

La sixième se tint le 17 avril ; on y publia un acte de renonciation au souverain pontificat que Jean XXIII serait obligé de souscrire. Cet acte portait que ce Pontife nommait de son plein gré certains procureurs, qui lui étaient désignés par le concile, pour faire la cession qu'il avait promise et jurée ; que deux de ces procureurs pourraient l'exécuter, nonobstant l'opposition des autres et la sienne propre ; qu'il jurait de ne jamais révoquer ces procureurs, pour quelque raison que ce pût être ; qu'il ne changerait rien à cet acte, ni pour le fonds ni pour la forme, déclarant nulles dès à présent toutes les exceptions qu'il pourrait y mettre dans la suite, aussi bien que toutes les censures qu'il pourrait infliger à cette occasion ; que, par cette procuration, il ne se tenait pas dégagé du serment qu'il avait fait de céder, en tous les cas énoncés dans sa promesse, qui le lierait toujours jusqu'à la consommation de l'union ; que la cession faite en son nom par les dits procureurs aurait la même force que s'il l'avait faite lui-même en personne, et que, de sa pleine puissance, il suppléait à tous les défauts qui pourraient se trouver dans cet acte ; que, quelque opposition qu'il fît, même par le conseil des cardinaux, il renonçait actuellement au pontificat, et dégageait de leur serment les cardinaux, tous les prélats de l'Église, tous les officiers de la cour romaine et généralement toute la chrétienté 1 .

Le concile envoya cet acte à Jean XXIII par deux cardinaux et des députés de chaque nation, qui le trouvèrent d'abord à Brisach. Dans l'audience qu'ils y eurent le Pontife les remit au lendemain pour la réponse qu'il aurait à leur faire ; mais, pour les éviter, il se retira d'abord à Neubourg, et de là à Fribourg. Les envoyés du concile, qui s'en retournaient, le trouvèrent par hasard dans cette dernière ville, et lui déclarèrent que, s'il ne donnait sa procuration, le concile allait procéder contre lui. Il ne la leur donna pourtant point ; mais il l'envoya par le comte Berthold des Ursins, préposé à la garde du concile. II y promettait et jurait qu'il était prêt à céder purement et simplement, dès qu'on aurait pourvu à sa liberté et à son état, en la manière et en la forme qu'il avait proposées aux envoyés du concile. La réponse fut rejetée et la procédure résolue.

Dans la septième session…

____________________________________________

1 Spond., ann. 1415, n. 24. Von der Hardt, t.  IV,  113 et 114.

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Message  Louis Mer 28 Aoû 2013, 10:52 am


De la sixième à la douzième session,
les prélats de Constance  procèdent contre Jean XXIII,
finissent par le déposer, et il y acquiesce.

(suite)
Dans la septième session, qui se tint le 2 mai, le concile, à la réquisition de ses promoteurs, ordonna que Jean XXIII serait cité à comparaître en personne, avec ses adhérents, neuf jours après la publication de la citation, au bout desquels on procéderait contre lui selon la justice.

Après la huitième session, qui se tint le 4 mai, sur une autre affaire, Jean XXIII, étant abandonné de tout secours humain, fut enlevé à Fribourg par les troupes du roi ou empereur Sigismond, et conduit à Radolfzell, forteresse à deux milles de Constance. On changea tous ses domestiques, à la réserve de son cuisinier.

Dans la neuvième session, qui se tint le 13 mai, le promoteur du concile requit que Jean XXIII, ayant été cité à comparaître ce jour-là même et ne comparaissant point, ni personne de sa part, fût déclaré suspens de toutes les fonctions du pontificat. On parla d'une procuration qu'il avait envoyée de Fribourg, dans laquelle il nommait trois cardinaux pour prendre sa défense dans le concile ; mais les cardinaux ne voulurent pas accepter la commission, et d'ailleurs le concile rejeta la procuration, sur ce que, la cause étant criminelle, Jean XXIII devait comparaître en personne.

On remit néanmoins au lendemain, jour marqué pour la dixième session, à prononcer le jugement contre lui. Ce jugement fut : « Étant constant par des preuves légitimes que le seigneur Pape Jean XXIII, depuis le temps qu'il avait été élevé au souverain pontificat jusqu'alors, s'était comporté avec scandale dans l'administration de sa dignité et du gouvernement de l'Église ; qu'il avait donné de mauvais exemples aux peuples par sa vie damnable et ses mauvaises mœurs ; que, de plus, il avait exercé publiquement la simonie en conférant pour de l'argent les évêchés, les abbayes, les prieurés et les autres bénéfices ecclésiastiques ; qu'ayant été charitablement averti de se corriger il avait refusé de le faire et avait continué et continuait encore à scandaliser l'Eglise par la même conduite ; à ces causes, le concile, par la présente sentence, prononçait, jugeait et déclarait ledit seigneur Pape Jean devoir être et être effectivement suspens et privé de toute fonction pontificale, dont l'administration spirituelle et temporelle lui est interdite, et qu'en conséquence de ces délits notoires on procéderait dans les formes de droit pour le déposer de la papauté. »

Dans la onzième session...

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Message  Louis Jeu 29 Aoû 2013, 5:41 am


De la sixième à la douzième session,
les prélats de Constance  procèdent contre Jean XXIII,
finissent par le déposer, et il y acquiesce.


(suite)
Dans la onzième session, tenue le 25 mai, le concile ordonna d'envoyer à Jean XXIII, détenu à Radolfzell dès le 17 du même mois, les informations faites contre lui. Le Pontife reçut cette notification avec une patience et une résignation inattendues. Les députés ayant voulu lui lire les articles de la procédure, il les arrêta, et leur dit que cela n'était point nécessaire puisqu'il voulait obéir entièrement et sans restriction aux décisions du concile. Seulement il remontra les services qu'il avait rendus à l'Eglise avant et pendant son pontificat, et supplia le concile, par les entrailles de la miséricorde divine, d'avoir compassion de sa personne et de ménager son honneur. Il écrivit à l'empereur Sigismond sur le même sujet. A tout cela on ne daigna pas même répondre.

Dans la douzième session, célébrée le 29 mai en présence de l'empereur Sigismond, Jean XXIII fut déposé du souverain pontificat par sentence définitive du concile, qui dégageait toute la chrétienté de son obédience, avec défense de l'appeler Pape et de lui adhérer désormais en cette qualité, recommandant à l'empereur de le faire garder en lieu sûr tout le temps que le concile le trouverait à propos pour le bien de l'Église, et se réservant la liberté de le condamner dans la suite à d'autres peines pour les crimes dont il était coupable.

Restait à lui signifier la sentence…

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Message  Louis Jeu 29 Aoû 2013, 11:49 am


De la sixième à la douzième session,
les prélats de Constance  procèdent contre Jean XXIII,
finissent par le déposer, et il y acquiesce.


(suite)
Restait à lui signifier la sentence. Le 31 mai l'évêque de Lavaur, accompagné de quelques officiers du concile, alla lui en faire la lecture. Dans un moment si critique on ne vit en lui aucun signe d'impatience ni d'indignation; il demanda seulement deux heures pour préparer sa réponse. Après quoi, ayant fait appeler l'évêque, il acquiesça humblement à tout ce qui était contenu dans la sentence. Il fit serment de ne jamais y contrevenir ; il déclara que, dès ce moment, il renonçait à tous les droits qu'il pouvait prétendre au pontificat, et, comme il avait déjà fait ôter de sa chambre la croix pontificale, il ajouta que, s'il avait d'autres habits que ceux qui le couvraient actuellement, il les prendrait, pour ôter aussi de sa personne tout ce qui pouvait marquer la dignité dont il avait été revêtu. Il dit ensuite que jamais il ne consentirait à être élu Pape, quand même on voudrait lui faire cet honneur ; que, néanmoins, après la démarche qu'il faisait, si quelqu'un voulait encore procéder contre lui et le soumettre à de nouvelles peines, il était résolu de se défendre, implorant même pour cela la protection du concile, qu'il reconnaissait pour son juge. Enfin il se recommanda aux bontés de l'empereur et des Pères, et il demanda acte de sa déclaration.

Malgré tout ceci, la sentence si extraordinaire de la part d'une assemblée de prélats catholiques contre celui qu'ils avaient vénéré comme leur chef et leur père fut exécutée avec la dernière rigueur par Sigismond, qui était redevable de l'empire à l'infortuné Jean XXIII. Ce prince, autrefois son ami, le fit mettre dans la forteresse de Gotleben, près de Constance. De là il fut transféré à Heidelberg, où il fut traité quelque temps avec assez de douceur ; mais enfin, confiné à Manheim, il y passa trois années dans une captivité fort dure, n'ayant même personne pour converser, parce que tous ceux qui l'approchaient étaient des Allemands, dont il ne savait pas la langue et qui ne savaient pas la sienne.

Pour apprécier la conduite de l'empereur Sigismond et des prélats réunis à Constance au commencement du quinzième siècle…
 
A suivre : Parallèle entre la conduite de l’empereur Sigismond et des prélats de Constance, au quinzième siècle, et la conduite du roi arien Théodoric et des évêques d’Italie et de France, au commencement du sixième.

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Message  Louis Ven 30 Aoû 2013, 5:45 am

Parallèle entre la conduite de l’empereur Sigismond et des prélats de Constance,
au quinzième siècle,
et la conduite du roi arien Théodoric et des évêques d’Italie et de France,
au commencement du sixième.

Pour apprécier la conduite de l'empereur Sigismond et des prélats réunis à Constance au commencement du quinzième siècle il est bon de se rappeler la conduite que tinrent, au commencement du sixième siècle, dans une circonstance analogue, le roi ostrogoth et arien Théodoric et les évêques d'Italie, mais surtout les évêques de France.

Par les intrigues des Grecs un schisme avait éclaté dans l'Église romaine entre le Pape saint Symmaque et l'antipape Laurent. Symmaque fut accusé d'adultères et d'autres crimes par les schismatiques, qui devenaient de jour en jour plus redoutables par leur insolence. Les catholiques, pour se délivrer de l'oppression, eurent recours au roi Théodoric, et lui suggérèrent de faire décider cette contestation par un nombreux concile des évêques de son royaume. Ils ne firent pas cette démarche sans le consentement de Symmaque ; au contraire, lui-même écrivit au prince, en le priant d'écrire aux évêques qu'ils vinssent sans délai à Rome. Les évêques ayant reçu ces ordres, ceux de l'Émilie, de la Ligurie et de la Vénétie, qui, pour aller à Rome, devaient passer par Ravenne, demandèrent au roi le sujet de cette assemblée ; il répondit que c'était pour examiner les crimes dont Symmaque était accusé par ses ennemis. Les évêques dirent que c'était au Pape lui-même à convoquer ce concile ; que le Saint-Siège avait ce droit, d'abord par le mérite et la principauté de saint Pierre, ensuite par l'autorité des conciles, et que l'on ne trouvait aucun exemple qu'il eût été soumis au jugement de ses inférieurs. Le roi dit que le Pape lui-même avait manifesté par ses lettres sa volonté pour la convocation du concile. Les évêques demandèrent à lire ces lettres, et le roi les leur fit donner, ainsi que toutes les pièces du procès.

Le concile s'assembla dans la basilique de Jules, au mois de juillet 501. Il y avait cent quinze évêques. Ceux qui avaient passé par Ravenne firent le récit de ce qu'ils avaient dit au roi ; malgré cela il restait une inquiétude générale sur la légitimité du concile. Ensuite, comme ils parlaient de l'affaire principale, le Pape Symmaque entra dans l'église, témoigna sa reconnaissance envers le roi pour la convocation du concile, déclara qu'il l'avait désiré lui-même, et, en présence de tous les évêques, il leur donna l'autorité de juger cette cause.

Ce sont les termes du concile, qui, après plusieurs incidents, prononça la sentence en ces termes : « Nous déclarons le Pape Symmaque, évêque du Siège apostolique, déchargé, quant aux hommes, des accusations formées contre lui, laissant le tout au jugement de Dieu. »

Dans un autre concile de 503 saint Ennodius en donna cette raison…

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Message  Louis Ven 30 Aoû 2013, 12:55 pm


Parallèle entre la conduite de l’empereur Sigismond et des prélats de Constance,
au quinzième siècle,
et la conduite du roi arien Théodoric et des évêques d’Italie et de France,
au commencement du sixième.


(suite)
Dans un autre concile de 503 saint Ennodius en donna cette raison, avec l'approbation de tous les Pères : « Dieu a voulu peut-être terminer par des hommes les causes des autres hommes, mais il a réservé à son jugement l'évêque de ce siège. Il a voulu que les successeurs du bienheureux Pierre n'eussent à prouver leur innocence qu'au ciel, devant Celui qui peut en connaître parfaitement, et si vous dites que toutes les âmes sont pareillement sujettes à ce jugement, je répondrai qu'il n'a été dit qu'à un seul : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. »

Par tout ceci l'on voit ce que les catholiques du sixième siècle pensaient de l'autorité et des prérogatives du Pontife romain ; ce qui ne le montre pas moins, c'est la sensation que cette affaire produisit dans les Gaules. Quand on y apprit qu'un concile d'Italie avait entrepris de juger le Pape, tous les évêques en furent alarmés et chargèrent saint Avit, évêque de Vienne, d'en écrire au nom de tous. Il adressa sa lettre aux deux premiers du sénat. Il les prie de ne pas regarder sa lettre comme la lettre particulière d'un évêque, puisqu'il n'écrit que par ordre de tous ses frères, les évêques des Gaules, qui lui en ont donné commission par leurs lettres.

Après cet exorde il entre ainsi en matière : …

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Message  Louis Sam 31 Aoû 2013, 6:21 am


Parallèle entre la conduite de l’empereur Sigismond et des prélats de Constance,
au quinzième siècle,
et la conduite du roi arien Théodoric et des évêques d’Italie et de France,
au commencement du sixième.


(suite)
Après cet exorde il entre ainsi en matière :

« Nous étions dans de grandes alarmes et de cruelles inquiétudes touchant l'affaire de l'Église romaine, sentant bien que notre état même, l'épiscopat, est chancelant quand le chef est attaqué, et que la même accusation, si elle avait renversé l'état du prince, nous aurait frappés tous ; nous étions dans ces anxiétés lorsque nous avons reçu d'Italie le décret porté par les évêques italiens assemblés à Rome au sujet du Pape Symmaque. Quoiqu'un nombreux concile rende ce décret respectable, nous comprenons cependant que le saint Pape Symmaque, s'il a été accusé d'abord devant le siècle, aurait dû trouver dans ses collègues des consolateurs plutôt que des juges ; car, si l'arbitre du Ciel nous ordonne d'être soumis aux puissances de la terre, en nous prédisant que nous paraîtrons devant les rois et les princes en toute sorte d'accusation, il n'est pas aisé de concevoir par quelle raison ou en vertu de quelle loi le supérieur est jugé par les inférieurs. En effet, l'Apôtre nous ayant fait un précepte de ne pas recevoir d'accusation contre un simple prêtre, de quel droit a-t-on pu en recevoir contre la principauté de l'Eglise universelle? Le concile lui-même l'a bien entrevu dans son louable décret, lorsqu'il a réservé au jugement de Dieu une cause que (cela soit dit sans l'offenser) il avait consenti presque témérairement à examiner, et lorsqu’il a rendu cependant témoignage, en peu de mots, comme il a pu, que ni lui ni le roi Théodoric n'avaient trouvé aucune preuve des crimes dont le Pape était accusé.

« C'est pourquoi, en qualité de sénateur romain et d'évêque chrétien, je vous conjure de n'avoir pas moins à cœur la gloire de l'Église que celle de la république, d'employer pour nous le pouvoir que Dieu vous a donné, et de n'aimer pas moins dans l'Église romaine la chaire de saint Pierre que vous n'aimez dans Rome la capitale de l'univers. Si vous y pensez avec la profondeur qui vous est propre, vous n'y verrez pas uniquement l'affaire actuelle de Rome. Dans les autres Pontifes, si quelque chose vient à branler, on peut le réformer ; mais, si le Pape de Rome est mis en doute, ce n'est plus un évêque, c'est l'épiscopat même qu'on verra vaciller. Vous n'ignorez point parmi quelles tempêtes des hérésies nous conduisons le vaisseau de la foi; si vous craignez avec nous ces dangers il faut que vous travailliez avec nous à défendre votre pilote. Quand les nautoniers se révoltent contre celui qui tient le gouvernail, serait-il de la prudence de cédera à leur fureur en les exposant eux-mêmes au danger pour les punir ? Celui qui est à la tête du troupeau du Seigneur rendra compte de la manière dont il le conduit ; mais ce n'est pas au troupeau à demander ce compte à son pasteur, c'est au juge 1. »

Voilà comment pensait, parlait et agissait, au commencement du sixième siècle…

___________________________________________________________

1 Labbe, t. 4, col. 1362. — Livre 43 de la présente Histoire.
A suivre :  La rigueur dont on use envers Jean XXIII est désapprouvée en France.

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Message  Louis Sam 31 Aoû 2013, 11:24 am

La rigueur dont on use envers Jean XXIII est désapprouvée en France.

Voilà comment pensait, parlait et agissait, au commencement du sixième siècle, le clergé d'Italie, mais surtout le clergé de France. À la fin du huitième et au commencement du neuvième l'un et l'autre pensaient, parlaient et agissaient encore de même. L'an 800 le Pape saint Léon III fut accusé par une faction. On convoqua dans la basilique de Saint-Pierre une assemblée des archevêques, des évêques et des seigneurs laïques, francs et romains. Le roi et le Pape, s'étant assis, firent asseoir les archevêques, les évêques et les abbés; les prêtres et les seigneurs laïques demeurèrent debout. Le roi, c'était Charlemagne, ayant ouvert l'assemblée par un discours sur le sujet de son voyage, en proposa d'examiner les accusations intentées contre le Pape ; mais tous les archevêques, les évêques et les abbés s'écrièrent d'une voix unanime : « Nous n'osons juger le Siège apostolique, qui est le chef de toutes les Églises de Dieu ; car nous sommes tous jugés par ce Siège et par son vicaire ; mais ce Siège n'est jugé par personne ; c'est là l'ancienne coutume ; mais comme le souverain Pontife jugera lui-même, nous obéirons canoniquement (1). »

Cette déclaration unanime et solennelle du clergé de France et du clergé d'Italie est infiniment remarquable ; il est fâcheux que ni l'un ni l'autre ne s'en souvînt au concile de Constance. Ils  auraient pu facilement, pour l'extinction du schisme, se contenter de l'abdication de Jean XXIII, sans recourir à la rigueur inutile, et d'ailleurs peu canonique, de la déposition.

Cette rigueur fut loin d'être approuvée alors de tout le monde ; elle fut sévèrement blâmée à la cour de France. Les députés de l'Université y ayant paru, le Dauphin, qui était encore Louis, duc de Guienne, les reçut fort mal et leur dit en colère : « Il y a longtemps que vous vous en faites un peu trop accroire en vous donnant la liberté d'entreprendre des choses qui sont bien au-dessus de votre condition, ce qui a causé bien du désordre dans l'État. Mais qui vous a faits si hardis que d'avoir osé attaquer le Pape et de lui enlever la tiare, en le dépouillant de sa dignité, comme vous avez fait à Constance ? Il ne vous reste plus, après cela, que d'entreprendre encore de disposer de la couronne du roi, mon seigneur, et de l'état des princes de son sang; mais nous saurons bien vous en empêcher 1. » Nous verrons plus loin que les inductions du Dauphin n'étaient pas mal fondées.

Dans la quatorzième session du concile de Constance…

________________________________________________

(1) Anast., in Leon III.
(1) Monach. Dionys., traduit par le Laboureur, 1. 35, c. 18.
 
 
A suivre : Grégoire autorise le concile de Constance et y abdique par son ambassadeur.


Dernière édition par Louis le Dim 01 Sep 2013, 6:46 am, édité 1 fois (Raison : Présentation.)

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Message  Louis Dim 01 Sep 2013, 6:39 am

Grégoire autorise le concile de Constance et y abdique par son ambassadeur.

Dans la quatorzième session du concile de Constance, célébrée le 4 juillet, on vit quelque chose de plus édifiant. Charles de Malatesta, seigneur de Rimini, envoyé de Grégoire XII, était arrivé à Constance dès le 15 juin, avec un plein pouvoir de renoncer à la papauté au nom du Pontife. L'abdication ne devait néanmoins se faire qu'à condition que l'envoyé de Grégoire ne s'adresserait d'abord qu'à l'empereur, et non pas au concile, dont il ne reconnaissait pas l'autorité ; que, dans cette assemblée, dite concile œcuménique de Constance, ni Balthasar Cossa, dit Jean XXIII, ni personne de sa part n'aurait la présidence, et que, pour avoir le nom et la réalité de concile général, elle serait derechef convoquée et approuvée par l'autorité de Grégoire. Toutes ces conditions furent observées.

L'empereur présida le commencement de la session, pendant que l'on fit lecture de deux bulles de Grégoire. Dans la première il nommait le cardinal de Raguse et le patriarche de Constantinople ses légats, avec l'archevêque de Trèves, le comte palatin du Rhin, et Charles de Malatesta, pour faire sa renonciation aux conditions susdites. Dans l'autre il donnait un pouvoir particulier et plus ample à Malatesta de mettre à ce sujet ses ordres à exécution, ou par lui-même ou par d'autres. Celui-ci ayant transmis son autorité au cardinal de Raguse pour convoquer et approuver le concile, ce cardinal, qui était le bienheureux Jean-Dominique, des Frères prêcheurs, le fit en ces termes : …

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Message  Louis Dim 01 Sep 2013, 11:23 am

Grégoire autorise le concile de Constance
et y abdique par son ambassadeur.


(suite)
… Celui-ci ayant transmis son autorité au cardinal de Raguse pour convoquer et approuver le concile, ce cardinal, qui était le bienheureux Jean-Dominique, des Frères prêcheurs, le fit en ces termes :

« Notre très-saint Père le Pape Grégoire XII, étant bien informé sur le  sujet de l’assemblée célèbre qui se trouve à Constance pour y former un concile général, dans l'ardent désir qu'il a de mettre l'union et la réformation dans l'Église et d'extirper les hérésies, a donné à cet effet ses ordres de la manière exprimée dans les lettres qui viennent d'être lues. C'est pourquoi moi, Jean, cardinal-prêtre du titre de Saint-Sixte, appelé vulgairement cardinal de Raguse, assisté de mes collègues en cette partie ici présents, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, par l'autorité de mondit seigneur Pape, autant que la chose le regarde, afin qu'on travaille efficacement à l'extirpation des hérésies, à la réformation des abus, et à réunir dans le sein de notre mère la sainte Église les fidèles qui sont en division sous différents pasteurs, je convoque ce sacré concile général, je l'autorise et le confirme, selon la forme et la manière exprimées plus au long dans les lettres de mondit seigneur qu'on vient de lire. »

Après cette déclaration l'empereur quitta la présidence, et le cardinal de Viviers, doyen du sacré collège, qui l'avait de droit, l'ayant reprise, Malatesta, au nom de Grégoire XII, lut la renonciation suivante :

« Moi, Charles de Malatesta, procureur général de l'Église romaine et du Pape Grégoire XII, ayant un pouvoir spécial, plein et irrévocable, comme il conste par la bulle qui vient d'être lue, n'étant ni contraint ni prévenu, mais pour donner une preuve effective du désir sincère de notredit seigneur Pape de procurer la paix à l'Église, même par la voie de la renonciation, je cède et renonce en son nom, purement, librement, réellement et de fait, au droit, titre et possession de la papauté, dont je fais démission dans ce saint concile général, qui représente la sainte Église romaine et universelle. »

Grégoire XII, redevenu Ange Corrario, confirma cette démission aussitôt qu'il en eut la nouvelle.

Dans la seizième session, tenue le 11 juillet, l'empereur Sigismond se chargea d'aller en Espagne…
 
A suivre : Voyage de l’empereur Sigismond en Espagne pour procurer la réunion. Le concile procède contre Pierre de Lune, dit Benoît XIII, et le dépose.

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Message  Louis Lun 02 Sep 2013, 6:52 am

Voyage de l’empereur Sigismond en Espagne pour procurer la réunion.
Le concile procède contre Pierre de Lune, dit Benoît XIII, et le dépose.

Dans la seizième session, tenue le 11 juillet, l'empereur Sigismond se chargea d'aller en Espagne s'aboucher avec Pierre de Lune et le roi d'Aragon, afin de trouver les moyens de finir le schisme. Le concile nomma douze prélats pour l'accompagner, et dans la dix-septième session, tenue quatre jours après, l'empereur prit congé du concile, qui ordonna des prières publiques pour obtenir du Ciel que son voyage fût heureux.

Après les trois sessions suivantes, où l'on s'occupa d'autres affaires, on fut plus de six mois sans tenir aucune session. Dans l'intervalle l'empereur Sigismond s'étant rendu sur les frontières d'Espagne, et ayant reconnu, après plusieurs allées et venues, et par un congrès tenu à Perpignan, que Pierre de Lune n'avait nulle intention de renoncer au pontificat, il se retira à Narbonne. Là, par un accord fait entre lui et les députés du concile, d'une part, et les envoyés des rois d'Aragon, de Castille et de Navarre, des comtes de Foix et d'Armagnac, tous de l'obédience de Benoît ou Pierre de Lune, d'autre part, l'on convint de douze articles, dont les principaux furent : « Les Pères du concile de Constance en feront une nouvelle convocation par rapport aux princes et aux prélats de Benoît; les lettres de cette convocation seront envoyées par le concile aux princes susdits, pour être par eux distribuées aux prélats de leurs États ; ces prélats s'y rendront dans trois mois, et, à leur arrivée, ils seront unis et incorporés au concile, qui ensuite procédera contre Benoît s'il refuse de prendre la voie de cession. Les cardinaux de la création de Benoît qui iront au concile auront voix avec les autres à l'élection d'un nouveau Pape ; que si Benoît vient à mourir avant son abdication, il n'y aura point d'autre Pape que celui qui serait élu par le concile. »

Ce traité causa dans Constance et par toute la chrétienté une joie qui passe tout ce qu'on en peut dire. Quant à Benoît, il s'était précipitamment retiré à Péniscole, forteresse dans une presqu'île du royaume de Valence, toujours bien résolu à ne jamais abdiquer la dignité pontificale.

Les envoyés du concile en Espagne étant de retour, on confirma, dans une congrégation générale du 4 février 1416, les articles dont nous venons de parler, et en exécution du premier, touchant une nouvelle convocation du concile, on en expédia les lettres. On en adressa vingt exemplaires au roi d'Aragon, vingt au roi de Castille, dix au roi de Navarre, cinq au comte de Foix et cinq à celui d'Armagnac. Le roi d'Aragon fut le premier à soustraire son royaume de l'obédience de Benoît, et les autres princes firent la même chose dans la suite.

Dans la vingt-deuxième session, le 13 octobre, on régla par provision…

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Message  Louis Lun 02 Sep 2013, 12:24 pm

Voyage de l’empereur Sigismond en Espagne pour procurer la réunion.
Le concile procède contre Pierre de Lune, dit Benoît XIII, et le dépose.


(suite)
Dans la vingt-deuxième session, le 13 octobre, on régla par provision les rangs que les ambassadeurs des rois auraient au concile, sans préjudice aux droits particuliers de leurs maîtres. Jusqu'alors les décisions s'étaient faites par les voix ou suffrages de quatre nations; on y en ajouta une cinquième, qui fut celle d'Espagne.

Le 5 novembre, dans la vingt-troisième session, on commença à procéder juridiquement contre Pierre de Lune, en nommant douze commissaires pour régler la manière dont on travaillerait à la procédure jusqu'à sentence définitive. Dans presque toutes les sessions suivantes, jusqu'à la trente-sixième inclusivement, on donna les décrets d'informations, de citations, et d'autres actes nécessaires à l'instruction du procès contre Pierre de Lune. Le 27 janvier 1417, l'empereur, de retour de son voyage d'Espagne, fut reçu à Constance avec une joie et une magnificence extraordinaires.

Enfin le 26 juillet, dans la trente-septième session, le concile prononça une sentence de déposition contre Pierre de Lune, dit Benoît XIII dans son obédience, «comme étant un parjure, scandalisant l'Église universelle, fomentant et entretenant un schisme invétéré, troublant la paix et l'union des fidèles, étant schismatique et hérétique, prévaricateur obstiné de l'article de foi qui enseigne que l'Église est une, sainte et catholique, notoirement et évidemment incorrigible, indigne de tout honneur, rejeté de Dieu, privé de tout droit au pontificat, et retranché de l'Église comme un membre pourri, avec défense à tout chrétien de lui obéir, nonobstant tout engagement et tout serment fait à cet égard. »

Le 30 octobre, dans la quarantième session, on régla que le conclave pour l'élection du futur Pape…
 
A suivre : Règlements du concile pour la tenue du conclave.

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Message  Louis Mar 03 Sep 2013, 6:35 am

Règlements du concile pour la tenue du conclave.

Le 30 octobre, dans la quarantième session, on régla que le conclave pour l'élection du futur Pape serait composé de tous les cardinaux, au nombre de vingt-trois, et de trente députés, six de chaque nation, ce qui faisait cinquante-trois personnes en tout. On convint que, pour rendre l'élection valide, il faudrait les deux tiers de toutes ces voix; que les électeurs occuperaient l'hôtel de ville de Constance, qu'ils y entreraient dans l'espace de dix jours, et que, du reste, ils observeraient toutes les lois portées pour l'élection des Papes.

La quarante et unième session, célébrée le 8 novembre, touche encore de plus près les opérations du conclave. On lut la constitution de Clément VI qui détermine la manière de vivre et le logement des électeurs; on fît prêter les serments ordinaires, tant aux cardinaux et aux députés des nations qu'aux prélats et seigneurs qui étaient chargés de veiller à la sûreté du conclave ; l'empereur lui-même, comme premier protecteur du concile, fit le serment en touchant l'Évangile et la croix. On défendit, sous de très-rigoureuses peines, de piller la maison et les biens de celui qui serait élu : c'était, comme on l'a vu quelquefois dans cette histoire, la mauvaise habitude de ce temps-là. Le petit peuple disait qu'un cardinal devenu Pape était assez grand seigneur pour n'avoir plus besoin de tout ce qu'il possédait auparavant, et, sous ce prétexte, on dépouillait le nouveau Pontife de tous ses meubles ; quelquefois même on étendait le pillage à tous les cardinaux du conclave, ce qui ne pouvait causer que de très-grands scandales et un désordre punissable par les lois. Enfin, dans l'attente d'un événement qui devait rendre la tranquillité à tout l'univers chrétien, on ordonna des prières publiques et une suspension totale des affaires pendantes aux tribunaux établis par le concile.

Les cinquante-trois personnes destinées à faire l'élection du Pape…
A suivre : Élection de Martin V, qui réunit toute la chrétienté.

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Message  Louis Mar 03 Sep 2013, 1:22 pm

Election de Martin V, qui réunit toute la chrétienté.

Les cinquante-trois personnes destinées à faire l'élection du Pape étaient entrées au conclave le 8 novembre, et le 11, fête de Saint-Martin, avant midi, toutes les voix se trouvèrent réunies en faveur d'Otton Colonne, cardinal-diacre du titre de Saint-Georges au voile d’or , qui prit le nom de Martin V en mémoire du jour auquel il avait été élu. Il fut le cinquième du nom, en comptant deux Papes qu'on a quelquefois appelés Marin au lieu de Martin. Dès qu'on l'eut annoncé au peuple, plus de quatre-vingt mille personnes accoururent aux portes du conclave, témoignant leur joie et rendant des actions de grâces à Dieu d'avoir donné un si digne pasteur à l'Église. L'empereur, pénétré des mêmes sentiments, alla au lieu de l'élection et se prosterna aux pieds du nouveau Pape. Sur le soir il y eut une procession solennelle qui partit du conclave et se rendit à l'église cathédrale pour y introniser le Pontife. Ce dut être, en fait de cérémonies ecclésiastiques, un des plus magnifiques spectacles qui aient jamais attiré l'attention d'un grand peuple. Tout le clergé de Constance et tous les Pères du concile, docteurs, abbés, évêques, archevêques, patriarches, précédaient en bon ordre. On voyait ensuite le Pape monté sur un cheval blanc caparaçonné d'écarlate; il était revêtu des habits pontificaux, avec la mitre en tête, quoiqu'il ne fût encore ni prêtre ni évêque ; autour de lui marchaient les cinquante-trois électeurs, savoir, les vingt-trois cardinaux et les trente députés des nations. Après ce cortège d'ecclésiastiques paraissait l'empereur, à la tête des princes, des comtes, des barons, des ambassadeurs étrangers et des magistrats de la ville. Sigismond, ayant suivi quelque temps le Pape, vint se mettre à sa droite et prit les rênes de son cheval, tandis qu'à la gauche l'électeur de Brandebourg lui rendait un pareil honneur. Le Pape tendit la main à l'un et à l'autre, leur donna sa bénédiction, et parut à l'égard de tout le monde extrêmement affable et populaire.

Martin V, dont la maison était alliée à celle de Brandebourg, avait en effet toutes les qualités dignes de sa haute naissance : la politesse, les manières, l'esprit de conciliation, l'art de traiter les grandes affaires en maître. Il y joignait les vertus d'un bon Pape : la science, l'amour de la justice, le désintéressement, la modestie. Il avait alors environ cinquante ans ; les seigneurs de sa maison se trouvant attachés pendant le schisme à l'obédience de Rome, il avait été fait cardinal par Innocent VII. Avant le concile de Pise il abandonna Grégoire XII et suivit le parti de Jean XXIII, qui le fit légat en Toscane. Au concile de Constance il sut tellement se ménager parmi les différents intérêts qui partageaient les esprits qu'il gagna l'estime et l'affection de tout le monde ; aussi n'y eut-il personne qui n'applaudît très-sincèrement à son élévation.

Quand on l'eut intronisé dans la cathédrale de cette ville il alla…

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Message  Louis Mer 04 Sep 2013, 6:14 am

Election de Martin V, qui réunit toute la chrétienté.
(suite)
Quand on l'eut intronisé dans la cathédrale de cette ville il alla occuper au palais de l'évêque l'appartement de Jean XXIII. Le lendemain il fut ordonné diacre, le jour suivant prêtre, et le troisième jour évêque. Tous ces Ordres lui furent conférés par le cardinal Jean de Brognier, évêque d'Ostie, et le dimanche 21 novembre il fut couronné avec beaucoup d'appareil et de magnificence.

C'est ainsi que l'Église de Dieu, après quarante ans d'incertitude parmi ses enfants sur la personne de son chef visible, le présentait à l'assemblée des nations avec une joie d'autant plus grande que l'incertitude avait été plus longue et plus pénible. C'était un effet de cette prière du Sauveur : « Père saint ! conservez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'ils soient un comme nous 1. Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous ils soient un. Comme vous, ô Père, êtes en moi et moi en vous, que de même eux soient un en nous, afin que le monde croie que vous m'avez envoyé. Et je leur ai donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un, comme nous sommes un nous-mêmes ; moi en eux, et vous en moi, afin qu'ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que c'est vous qui m'avez envoyé, et que vous les avez aimés comme vous m'avez aimé moi-même 2

Tel est le mystère de l'unité. L'Église doit être une, comme Dieu lui-même est un. Dieu est tellement un que lui seul est ; seul il est par lui-même. Tout ce qui n'est pas lui n'est pas, à proprement parler ; les païens mêmes n'ont nu s'empêcher de le reconnaître 3.

Mais Dieu, souverainement un, est tout  ensemble Père, Fils et Saint-Esprit ; un seul Dieu en trois personnes, trois personnes en un seul Dieu; société de trois personnes dans la même substance.

Du Père procède le Fils, du Père et du Fils procède le Saint-Esprit, par une hiérarchie, une communion, une tradition éternelle, ineffable.

Dieu, souverainement un en lui-même, a voulu encore s'unir sa propre créature. Le Fils de Dieu, qui procède du Père, et de qui, ainsi que du Père, procède le Saint-Esprit, s'est fait homme, s'est uni la nature humaine ; nature tout ensemble spirituelle et matérielle; en sorte que, dans le Fils de Dieu fait homme, et la création spirituelle et la création matérielle se trouvent unies à la Divinité dans l'unité d'une même personne.

Comme c'est la nature humaine que le Fils de Dieu a prise et s'est unie directement, c'est directement par la nature humaine qu'il glorifie Dieu, son Père, dans toutes les créatures, et toutes les créatures en Dieu, son Père.

Le Fils de Dieu s'unissant ainsi la nature humaine, voilà son Église, son épouse, son corps mystique.

« En l'unité de l'Église paraît la Trinité en unité : le Père, comme le principe auquel on se réunit ; le Fils, comme le milieu dans lequel on se réunit; le Saint-Esprit…

_________________________________________________________________

1 Jean, 17, 11. — 2 Ibid., 20-23. — 3  Voir dans le premier livre de cette Histoire.
 
A suivre : Mystère de l’unité de l’Église catholique, d’après Bossuet.


Dernière édition par Louis le Mer 04 Sep 2013, 11:40 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 04 Sep 2013, 11:32 am


Mystère de l’unité de l’Église catholique, d’après Bossuet.
« En l'unité de l'Église paraît la Trinité en unité : le Père, comme le principe auquel on se réunit ; le Fils, comme le milieu dans lequel on se réunit; le Saint-Esprit, comme le nœud par lequel on se réunit ; et tout est un. Amen à Dieu, ainsi soit-il.

« Dans l'unité de l'Église toutes les créatures se réunissent. Toutes les créatures visibles et invisibles sont quelque chose à l'Église. Les anges sont ministres de son salut, et par l'Église se fait la recrue de leurs légions désolées par la désertion de Satan et de ses complices; mais, dans cette recrue, ce n'est pas tant nous qui sommes incorporés aux anges que les anges qui viennent à notre unité, à cause de Jésus, notre commun chef, et plus le nôtre que le leur.

« Même les créatures rebelles et dévoyées, comme Satan et ses anges, par leur propre égarement et leur propre malice, dont Dieu se sert malgré eux, sont appliqués aux services, aux utilités et à la sanctification de l'Église, Dieu voulant que tout concoure à l'unité, et même le schisme, la rupture et la révolte. Louange à Dieu pour l'efficace de sa puissance, et tremblement de cœur pour ses jugements !

« Les créatures inanimées parlent à l'Église des merveilles de Dieu, et, ne pouvant le louer par elles-mêmes, elles le louent en l'Église comme étant le temple universel où se rend à Dieu le sacrifice d'un juste hommage pour tout l'être créé, qui est délivré par l'Église du malheur de servir au péché, étant employé à de saints usages.

« Pour les hommes, ils sont tous quelque chose de très-intime à l'Église, tous lui étant incorporés ou appelés au banquet où tout est un.

« Les infidèles sont quelque chose à l'Église, qui voit en eux l'abîme d'ignorance et de répugnance aux voies de Dieu dont elle a été tirée par grâce. Ils exercent son espérance, dans l'attente des promesses qui la doivent rappeler à l'unité de la bénédiction en Jésus-Christ, et ils font le sujet de la dilatation de son cœur dans le désir de les attirer.

« Les hérétiques sont quelque chose à l'unité de l'Église; ils sortent et ils emportent avec eux, même en se divisant, le sceau de son unité, qui est le baptême, conviction visible de leur désertion; en déchirant ses entrailles ils redoublent son amour maternel pour ses enfants qui persévèrent ; en s'écartant ils donnent l'exemple d'un juste jugement de Dieu à ceux qui demeurent.

« Contempteurs et profanateurs du sacerdoce de l'Église, ils pressent par une sainte émulation les véritables lévites à purifier l'autel de Dieu ; ils font éclater la foi de l'Église et l'autorité de sa chaire pour affermir la foi des infirmes et des forts ; leur clairvoyance, qui les aveugle, montre aux forts et aux infirmes de l'Église que l'on ne voit clair qu'en son unité, et que c'est du centre de cette unité que sort la lumière, la doctrine de vérité. Amen à Dieu.

« Les élus et les réprouvés sont dans le corps de l'Église…

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Message  Louis Jeu 05 Sep 2013, 6:17 am


Mystère de l’unité de l’Église catholique, d’après Bossuet.


(suite)
« Les élus et les réprouvés sont dans le corps de l'Église, les élus comme la partie haute et spirituelle, les réprouvés comme la partie inférieure et sensuelle, comme la chair qui convoite contre l'esprit, comme l'homme animal qui n'entend pas les voies de Dieu et qui les combat. Comme dans l'homme particulier la force est épurée par ce combat de faiblesse, ainsi, dans cet homme universel, qui est l'Église, la partie spirituelle est épurée par l'exercice que lui donnent les réprouvés. L'Église souffre dans les réprouvés une incroyable violence, plus grande que les douleurs de l'enfantement, parce que, les sentant dans l'unité de son corps, elle se tourmente pour les attirer à l'unité de son esprit, et nulle persécution ne lui est plus dure que leur résistance opiniâtre.

« Elle gémit donc sans cesse dans les justes, qui sont la partie céleste; pour les pécheurs, qui sont la partie terrestre et animale, et la conversion des pécheurs est le fruit de ce gémissement intérieur et perpétuel. Dieu ne se laisse fléchir que par le gémissement de cette colombe ; je veux dire que par les prières mêlées de soupirs que fait l'Église dans les justes pour les pécheurs ; mais Dieu exauce l'Église parce qu'il écoute en elle la voix de son Fils. Tout ce qui se fait par l'Église, c'est Jésus-Christ qui le fait ; tout ce que fait Jésus-Christ dans les fidèles il le fait par sa sainte Église. Amen à Dieu, cela est vrai.

« L'Église soupire dans ces mêmes justes pour toutes les âmes souffrantes et exercées, ou plutôt elle soupire dans toutes les âmes souffrantes et exercées, pour toutes les âmes souffrantes et exercées; leurs souffrances, leur accablement porte grâce, soutien et consolation les unes pour les autres.

« Jésus-Christ est en son Église faisant tout par son Église; l'Église est en Jésus-Christ faisant tout avec Jésus-Christ. Cela est vrai et très-vrai; celui qui l'a vu en a rendu témoignage ; gloire au témoin fidèle, qui est Jésus-Christ, Fils du Père.

« Telle est donc la composition de l'Église…

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Message  Louis Jeu 05 Sep 2013, 11:49 am


Mystère de l’unité de l’Église catholique, d’après Bossuet.

(suite)
« Telle est donc la composition de l'Église, mélangée de forts et d'infirmes, de bons et de méchants, de pécheurs hypocrites et de pécheurs scandaleux : l'unité de l'Église enferme tout et profite de tout. Les fidèles voient dans les uns tout ce qu'il faut imiter, et dans tous les autres ce qu'il faut surpasser avec courage, reprendre avec vigueur, supporter avec patience, aider avec charité, écouter avec condescendance, regarder avec tremblement. Et ceux qui demeurent, et ceux qui tombent servent également à l'Église. Ses fidèles voyant dans ceux-ci l'exemple de leur lâcheté en voyant dans les autres la conviction, tout les étonne, tout les édifie, tout les confond, tout les encourage, autant les coups de grâce que les coups de rigueur et de justice. Adoration à Dieu sur ses voies impénétrables. Tout concourt au salut de ceux qui aiment, et même les froideurs, et même les défauts, et même les lâchetés de l'amour. Qui le peut entendre l'entende; qui a des oreilles pour ouïr qu'il écoute : Dieu les ouvre à qui il lui plaît ; mais il lui faut être fidèle; malheur à qui ne l'est pas !

« Cette Église ainsi composée, dans un si horrible mélange, se démêle néanmoins peu à peu et se défait de la paille. Le jour lui est marqué où il ne lui restera plus que son bon grain ; toute la paille sera mise au feu. Une partie de cette séparation se fait visiblement dans le siècle par le schisme et les hérésies; l'autre se fait dans le cœur et se confirme le jour de la mort, chacun allant en son lieu. La grande, universelle et publique séparation se fera à la fin des siècles par la sentence du Juge. Toute l'Église soupire après cette séparation où il ne restera plus à Jésus-Christ que des membres vivants, les autres étant retranchés par ce terrible Discedite 1 que Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour consommer toutes choses aussi bien qu'il les a commencées par son Église, prononcera en elle, et avec elle, et par elle, les apôtres tenant leur séance avec tous les élus de Dieu, et condamnant au feu éternel tous les anges rebelles et tous ceux qui auront pris leur parti et imité leur orgueil. Alors l'Eglise ira au lieu de son règne, n'ayant plus avec elle que ses membres spirituels, démêlés et séparés pour jamais de tout ce qu'il y a d'impur; cité vraiment sainte, vraiment triomphante, royaume de Jésus-Christ et régnant avec Jésus-Christ 2. » Ainsi parle Bossuet dans une lettre à une personne de piété.

« Vous me demandez ce que c'est que l'Église :

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1 Matth., 25,41. — 2 Lettre de Bossuet à une personne de piété, t. 38, p. 378 et seqq., édition de Versailles.

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