Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : V. Elle commence la CONGRÉGATION EXTERNE. Elle élève la première iroquoise qui ait reçu le baptême.IV. La sœur Bourgeoys commence ses écoles dans une étable,
qui lui est donnée par les seigneurs (suite)
Le désir des associés de Montréal était de mettre la sœur Bourgeoys en pleine possession de cette maison, afin qu'elle ne pût y être troublée dans la suite ; c'est pourquoi M. de Maisonneuve lui en fit donation en leur nom par un acte en forme, le 28 janvier 1658. On voit par cet acte que le bâtiment en pierre, donné à la sœur Bourgeoys, avait trente-six pieds de long (env. 11 m.) sur dix-huit de large (env. 5,5 m.), et qu'il était accompagné d'un terrain de quarante-huit perches (792 pieds ou env. 238 m.), destiné sans doute aux récréations des maîtresses et des enfants :
« La présente concession, ajoute-t-on, faite pour servir à l'instruction des filles de Montréal audit Villemarie, tant pendant le vivant de ladite Marguerite Bourgeoys qu'après le décès d'icelle à perpétuité (2). »
Mais comme la maison et le terrain étaient en face de l'enclos de l'Hôtel-Dieu, sur la rue Saint-Paul, M. de Maisonneuve mit pour condition à la donation, que si la sœur Bourgeoys, ou celles qui lui succéderaient, venaient à se fixer dans un autre local plus commode pour leur fonction, l'Hôtel-Dieu pourrait prendre la maison et le terrain, en en payant le prix, d'après l'estimation qui en serait faite par des experts (1).
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(2) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie, acte du 22 janvier 1658.
(1) Ibid. — Archives de la Congrégation, acte de Basset, notaire, du 26 septem. 1690.
Dernière édition par Louis le Ven 28 Sep 2012, 2:33 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VI. Baptême de cette jeune Iroquoise ; sa sainte mort. Deux autres sauvagesses élevées par la sœur Bourgeoys.V. Elle commence la CONGRÉGATION EXTERNE.
Elle élève la première iroquoise qui ait reçu le baptême.
Dans cette pauvre étable la sœur Bourgeoys commença donc à exercer gratuitement ses fonctions en faveur des petites filles et des petits garçons de Villemarie, dont elle fut ainsi la première institutrice et l'apôtre. Il y avait dans le pays quelques filles qui n'étaient plus en âge de venir à l'école ; la sœur voulut étendre sa charité sur elles en les réunissant aussi dans cette maison pour les animer toutes à la piété et les exciter à la ferveur. Dans ce dessein elle établit, sur le modèle de ce qu'elle avait vu pratiquer à Troyes, la Congrégation externe, qu'elle commença le jour de la Visitation (2 juillet de l'année 1658), comme nous le raconterons avec plus de détails dans la suite (2); ce qui insensiblement fit appeler du nom de Congrégation la maison où elle les réunissait ainsi. Ce fut cette même année, et dans la maison de la Congrégation, qu'elle reçut et qu'elle forma à la piété la première fille iroquoise à qui on ait conféré le baptême.
« Dans le temps où je commençai la congrégation séculière, rapporte-t-elle, une femme iroquoise avait une petite fille d'environ neuf mois, quelle négligeait assez. Marguerite Picaud, qui demeurait avec moi, me pressait de la demander, ce que le P. Lemoine et M. Lemoyne trouvaient impossible d'obtenir. Mais M. Souart, prêtre du séminaire qui exerçait les fonctions de curé à Villemarie, offrit un collier de porcelaine de 30 francs, et quelques autres choses qu'on donna à la mère, et elle consentit à céder sa fille (1). »
La femme iroquoise dont parle ici la sœur Bourgeoys s'appelait Teonnhetharay , ce qui signifie il y a des pins ; et son mari, qui était Agneronon, se nommait Totinataghe , qui veut dire les deux villages. Elle était venue à Villemarie au retour de la chasse avec d'autres sauvages iroquois, et éprise par l'appât du modeste présent qu'on lui offrit, elle donna volontairement son enfant à M. de Maisonneuve, qui l'accepta pour en disposer comme de sa propre fille. Enfin, quatre jours après, cette femme iroquoise confirma et renouvela la donation qu'elle avait faite de sa fille, avec promesse de ne jamais la redemander (2).
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(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Registres de la paroisse de Villemarie, 4 août 1658.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys fait jeter les fondements de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours.VI. Baptême de cette jeune Iroquoise; sa sainte mort.
Deux autres sauvagesses élevées par la sœur Bourgeoys.
L'enfant fui baptisée le dimanche 4 août 1658, fête de Notre-Dame des Neiges, et nommée pour cela Marie des Neiges. M. de Maisonneuve voulut être son parrain, et la marraine fut Élisabeth Moyen, femme de M. Lambert Closse, major de la garnison de Villemarie (1).
La sœur Bourgeoys, à qui l'enfant fut remise, ajoute, dans le récit qu'elle fait de cet événement : « La mère consentit à faire perdre son lait à l'enfant ; elle prenait garde cependant qu'elle fût bien soignée. Nous voulions la donner à une nourrice, mais l'enfant ne voulut jamais de son lait, et riait quand on lui en présentait. Le P. Lemoine a assuré que c'était la première baptisée des Iroquois. Peu de temps après que j'eus cette enfant j'allai en France, et durant mon absence elle fut mise chez la petite Lacroix. Le père de l'enfant, qui vint à Montréal, voulut ravoir sa fille; mais il ne put pas découvrir où elle était, et fut contraint de s'en retourner sans l'avoir. Cette enfant est morte à six ans dans notre maison (2). »
Elle mourut en effet le 19 août 1663 (3). M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, ajoute les détails suivants :
« La petite sauvagesse nommée Marie des Neiges; qui promettait beaucoup, mourut à la Congrégation, chez la sœur Bourgeoys, qui l'avait élevée depuis l'âge de dix mois avec des soins et des peines bien considérables, dont elle a été payée par la satisfaction que l'enfant lui donnait. A cause de l'amitié qu'on portait à cette enfant, on a voulu ressusciter son nom par une autre petite sauvagesse à laquelle on a donné le même nom au baptême. Cette deuxième étant aussi décédée, on en a pris ensuite une troisième à laquelle on a encore donné le nom de Marie des Neiges. Si celle-ci ne meurt pas plus criminelle que les deux autres, toutes trois, après avoir demeuré ici-bas dans la Congrégation de Montréal, auront l'honneur d'être, j'espère, au ciel pour toute l'éternité, dans cette congrégation qui suit l'Agneau (1) immaculé avec des prérogatives toutes spéciales (2). »
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(1) Ibid.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Registres de la paroisse de Villemarie, 19 août 1663.
(1) Apocalypse, XIV , 4.
(2) Histoire du Montréal, de[/i] 1662 à1663.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. La sœur Bourgeoys fait jeter les fondements
de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours.
Mais le zèle de la sœur Bourgeoys pour la sanctification de la colonie naissante de Villemarie ne se bornait pas aux enfants et aux jeunes filles, il s'étendait à tous les colons. Un désir ardent qu'elle éprouvait, c'était de mettre de plus en plus en honneur parmi eux et d'accroître, autant qu'elle le pourrait, la dévotion envers la très-sainte Vierge; et ce désir lui inspira la pensée de lui élever, à une petite distance de la ville, une chapelle qui fût tout à la fois un lieu de pèlerinage et une sauvegarde pour le pays. De leur côté, les associés de Montréal, dès la formation de leur société, avaient résolu aussi de dédier à Marie la première chapelle qui serait bâtie dans cette île; ce qui faisait dire à M. Olier, avant l'établissement de la colonie : « Il me vient souvent à l'esprit que la miséricorde de DIEU me fera cette grâce de m'envoyer au Montréal en Canada, ou l'on doit bâtir la première chapelle à DIEU sous le titre de la très-sainte Vierge, et que je serai le chapelain de cette divine Dame (1). »
Mais quelque empressement que témoignassent les associés de Montréal pour élever ce monument de leur dévotion envers Marie, la construction en fut longtemps retardée par suite des hostilités des Iroquois ; en sorte que pendant bien des années il n'y eut à Villemarie qu'une simple chapelle en charpente. DIEU voulait sans doute que la sœur Bourgeoys, spécialement suscitée pour répandre cette dévotion dans la colonie, réalisât elle-même leur pieux dessein, et dans cette vue il lui inspira la résolution de jeter les fondements de l'édifice avant même que les ecclésiastiques de Saint-Sulpice fussent arrivés à Montréal. Car, pendant qu'ils se préparaient à partir de France avec M. de Maisonneuve, au printemps de l'année 1657, elle s'était adressée au R. P. Pijart qui desservait alors la colonie, et avait obtenu de lui la permission de bâtir la chapelle dont nous parlons. Munie de cette approbation :
« J'excitai, écrit-elle, le peu de personnes (qu'il y avait alors à Montréal) à ramasser des pierres, et je demandais quelques journées pour cette chapelle à ceux pour qui je faisais quelque travail (d’aiguille). On charria du sable, et les maçons s'offrirent. Le Père Pijard la nomma Notre-Dame de Bon-Secours; le Père Lemoine mit la première pierre, et M. Closse (qui tenait la place de gouverneur en l'absence de M. de Maisonneuve), fit graver sur une lame de cuivre l'inscription nécessaire; enfin, les maçons commencèrent (1) » et posèrent les fondements.
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(1) Mémoires autographes de M. Olier, t. I, p. 73-74
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VIII. M. de Queylus fait suspendre la construction de la chapelle…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : IX. La sœur prend la résolution de passer en France…VIII. M. de Queylus fait suspendre la construction
de la chapelle en attendant son retour à Villemarie.
La sœur se proposait de reprendre ces travaux à l'automne de la même année. Sur ces entrefaites arrivèrent les ecclésiastiques de Saint-Sulpice, conduits par M. de Maisonneuve; et ce fut alors que la sœur Bourgeoys commença ses écoles, comme nous l'avons raconté. Lorsque le temps de la reprise des travaux fut venu, elle excita de nouveau le zèle des colons pour cette sainte œuvre. M. de Maisonneuve, jaloux d'y contribuer de sa part, « fit abattre des arbres pour la charpente, et aidait lui-même à le traîner hors du bois (1). »
Toutefois, la sœur qui aurait pu s'autoriser de la permission déjà donnée par le Père Pijart, voulut, avant de passer outre, avoir aussi l'autorisation expresse de M. de Queylus, comme exerçant dans le pays les fonctions de grand-vicaire. Il se trouvait alors à Québec, où il était descendu au commencement du mois de septembre 1657 (2), avec le Père Poncet, à l'occasion d'un différend survenu entre ce Père et le Père Dequen, son supérieur (3).
La sœur lui écrivit donc pour connaître son intention sur cette bâtisse. M. de Queylus, qui n'avait guère fait qu'un mois de séjour à Villemarie, et avait peut-être ignoré jusque alors le projet de la sœur, lui écrivit de suspendre l'ouvrage jusqu'à son retour (4).
La prudence semblait demander qu'il en usât de la sorte : il était venu lui-même en Canada dans l'intention d'effectuer enfin le dessein des associés de Montréal, en bâtissant en pierre et en dédiant à la très-sainte Vierge la première église qui serait construite dans cette île, et dont M. de Bretonvilliers, successeur de M. Olier, voulait faire tous les frais.
Ce dessein de M. Queylus était si connu à Québec, que la mère de l'Incarnation croyait qu'on l'exécutait déjà l'année suivante, puisqu'elle écrivait que M. de Bretonvilliers avait entrepris de bâtir une très-belle église à Montréal (1), quoique cependant cette bâtisse n'ait été commencée que longtemps après, comme nous le dirons dans la suite. M. de Queylus jugea donc convenable de concerter le dessein de la sœur Bourgeoys avec celui des associés de Montréal, afin de rendre plus utiles au bien de la colonie les deux édifices projetés; et lui écrivit qu'en attendant son retour à Villemarie, elle suspendît la construction de cette église.
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Écrits des Jésuites, etc.
(3) Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 727.
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Lettre de la mère Marie de l’Incarnation, IIe partie, p. 542.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.
Quelque désir qu'eût la sœur de voir son ouvrage bientôt achevé, elle se soumit sans peine à ce délai, dans l'espérance que M. de Queylus ne tarderait pas à revenir à Villemarie, comme on le croyait alors. Mais avant son retour un autre motif décida encore la sœur Bourgeoys à suspendre sa bâtisse ; savoir le désir d'accompagner Mlle Mance, qui forma alors le dessein de faire un voyage à Paris.
Se voyant en possession du terrain et de la maison donnés à perpétuité pour servir aux écoles, et considérant qu'elle n'avait que Marguerite Picaud pour la seconder, elle s'offrit pour accompagner Mlle Mance, afin d'aller chercher à Troyes, parmi ses anciennes compagnes, des filles zélées qui l'aidassent à instruire les enfants (2) (*).
Elle partit en effet ; mais ce voyage, et ensuite les troubles survenus dans le pays, furent cause que la construction de Notre-Dame de Bon-Secours demeura longtemps suspendue, comme nous le raconterons dans la suite.
Toutefois, dans l'interruption aussi bien que dans l'entreprise de cette bâtisse, on ne saurait méconnaître la conduite de la divine Providence.
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(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre: le (*)
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours. (suite : le *)
(*) Quoique nous n'ayons point eu dessein de relever dans cette Vie toutes les inexactitudes de ceux qui ont écrit avant nous sur la sœur Bourgeoys, nous ne pouvons cependant nous dispenser de donner ici un éclaircissement sur les motifs de l'interruption de la bâtisse de Bon-Secours, que nous venons d'exposer, et qui ne s'accordent pas entièrement avec les récits qu'on a déjà publiés sur ce sujet, d'après M. Ransonet, le premier historien de la sœur. Cet écrivain, trop peu fidèle dans les citations qu'il prétend faire des écrits de la sœur Bourgeoys, s'est donné la liberté de les abréger et de les exprimer en d'autres termes, sans prendre garde qu'il en altérait quelquefois notablement le sens; et c'est ce qui est arrivé au sujet du récit qu'elle fait de la suspension de cette bâtisse. M. Ransonet lui fait dire ces paroles : M. de Queylus, ayant été instruit de mon dessein, EN EMPÊCHA L'EXÉCUTION. Alors je fis un voyage en France (1).
M. Montgolfier, qui commente d'ordinaire M. Ransonet, a conclu de là et a écrit dans sa Vie de la sœur Bourgeoys que M. de Queylus, en arrivant à Montréal, DÉFENDIT à la sœur de continuer l'ouvrage (2); et enfin, l'auteur du Manuel du Pèlerin de Bon-Secours (3), qui devait regarder ces deux écrivains comme bien fondés dans leur récit, s'est contenté de dire, sans nommer toutefois M. de Queylus : IL FALLUT CÉDER A L'ORAGE.
Mais M. Ransonet…
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(1) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 62.
(2) Vie de la sœur, 1818, p. 71
(3) Manuel du Bon-Secours, p. 13.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : IX. La sœur prend la résolution de passer en France. Motifs de la Providence dans l'entreprise et dans l'interruption de Bon-Secours. : suite et fin.IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours. (suite : le *)
(*) … Mais M. Ransonet n'a donné lieu à ces jugements que parce qu'il a substitué aux paroles de la sœur Bourgeoys d'autres paroles de sa façon, qu'il a cependant accompagnées de guillemets, quoique ces signes soient la marque d'une citation littérale. Car, au lieu de ces paroles qu'il donne comme les expressions de la sœur : M. de Queylus, ayant été instruit de mon dessein, EN EMPÊCHA L'EXÉCUTION; alors je fis un voyage en France ; la sœur Bourgeoys dit en propres termes, ainsi que nous le lisons dans ses mémoires autographes : « J'ai écrit à M. de Queylus pour cette bâtisse. Il fit tout arrêter jusqu'à son arrivée à Montréal; et avant son arrivée je m'offris pour accompagner Mlle Mance en France, afin d'avoir des filles pour les écoles (1). » Ainsi, d'après la sœur Bourgeoys elle-même, la suspension des travaux de Bon-Secours eut deux causes : d'abord l'absence momentanée de M. de Queylus, qui jugeait à propos qu'un attendit son retour avant de les reprendre; et en second lieu, la résolution que la sœur prit d'elle-même de passer en France avant que M. de Queylus fût de retour à Villemarie.
M. Montgolfier semble supposer de plus que le dessein de la sœur Bourgeoys, en reprenant cette bâtisse, était de se procurer un local pour ses écoles (2). Mais, outre que ce local, à la distance où il était alors de la ville, et surtout dans un temps où rien n'était encore pavé à Montréal, n'aurait pu être fréquenté par les enfants pendant une partie considérable de l'année, il est certain que le dessein de la sœur Bourgeoys était de procurer non une école aux enfants, mais un lieu de pèlerinage aux citoyens de Villemarie.
D'ailleurs, lorsqu'elle songea à la reprise de cette bâtisse, elle avait déjà reçu des seigneurs la maison de l'Étable avec un terrain adjacent de quarante-quatre perches (726 pieds ou env. 218 m.), destiné aux-écoles : elle avait fait approprier la maison à ce dessein, et enfin elle y réunit des enfants, pour la première fois, le jour de Sainte-Catherine 1657, comme elle nous l'apprend elle-même. Nous faisons ici cette dernière remarque pour montrer quelle a été la véritable destination de Notre-Dame de Bon-Secours.
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Ibid. , p. 71,
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Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Vos nombreux dossiers, cher Louis, traitant notamment de Mère d'Youville,
de Jeanne Mance, de Marguerite Bourgeois et de Jeanne Le Ber,
me rappellent les Fondations de Sainte Thérèse d'Avila.
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Vos nombreux dossiers, cher Louis, traitant notamment de Mère d'Youville,
de Jeanne Mance, de Marguerite Bourgeois et de Jeanne Le Ber,
me rappellent les Fondations de Sainte Thérèse d'Avila.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours. (suite et fin)
On a vu que trois communautés devaient répandre dans la colonie de Villemarie la dévotion envers la sainte famille : le séminaire de Saint-Sulpice, la dévotion envers NOTRE-SEIGNEUR ; la congrégation, celle envers Marie; et l'Hôtel-Dieu, la dévotion envers saint Joseph. En inspirant donc à la sœur Bourgeoys le dessein de cette chapelle, et en voulant que les RR. PP. Jésuites en approuvassent la construction durant les derniers mois qu'ils restèrent à Villemarie, DIEU voulut donner d'avance des indices manifestes de la vocation spéciale de la sœur à propager le culte de Marie, que ce lieu de pèlerinage contribua tant en effet à accroître dans le pays ; et en permettant que les prêtres du séminaire fussent la première cause de l'interruption de cet édifice, il voulut montrer que le zèle pour Marie, dont brûlait la sœur Bourgeoys, ne venait point de quelque impulsion qu'elle eût reçue de ces ecclésiastiques , et que la fin spéciale des trois communautés était son propre ouvrage, et non un dessein que les hommes eussent concerté.
Il sembla de plus qu'il eût permis cette longue interruption de la construction de Bon-Secours, qui dura quatorze à quinze ans, pour donner aux anciens associés de Montréal la joie de contribuer par eux-mêmes à la construction de cette première chapelle, selon le dessein qu'ils en avaient eu dès la formation de leur société. Car nous verrons que non-seulement ils fournirent à la sœur Bourgeoys les premiers fonds nécessaires pour la bâtir, ainsi que la statue miraculeuse de Marie qui devait y être exposée à la vénération des fidèles, mais que même la première pierre de l'édifice fut posée au nom du plus ancien des associés de Montréal. La sœur Bourgeoys fut donc ainsi l'instrument dont DIEU se servit pour exécuter leur pieux dessein, puisque, comme elle-même nous l'apprend : « La première église (de pierre) qui a existé à Villemarie est Notre-Dame de Bon-Secours. »
A suivre : DEUXIÈME PARTIE : ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION. FRUIT DE CET INSTITUT.
Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 2:46 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : II. M. de Queylus revient à Villemarie…DEUXIÈME PARTIE
ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION.
FRUITS DE CET INSTITUT.
CHAPITRE PREMIER
PREMIER VOYAGE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN FRANCE ; ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION
DE NOTRE-DAME, ET DES FILLES DE SAINT-JOSEPH
À VILLEMARIE.
I. Occasion et motifs du voyage de la sœur Bourgeoys en France.
Mlle Mance, depuis son arrivée à Villemarie, avait eu le soin de l'Hôtel-Dieu , en attendant que M. de la Dauversière pût y envoyer quelques-unes de ses hospitalières. Mais l'année même de l'arrivée des ecclésiastiques de Saint-Sulpice, le 28 janvier 1657, elle fit une chute dans laquelle elle eut le bras cassé et le poignet démis, et qui la mit hors d'état de rendre aucun service à cette maison ; car les chirurgiens qui lui remirent la fracture ne s'aperçurent de la dislocation que six mois après, lorsqu'il n'y eut plus de remède. Ce mal lui faisait souffrir des douleurs intolérables, et la réduisit à un tel état d'inaction qu'elle était incapable de s'habiller elle-même, et de rendre le moindre service aux malades de l'Hôtel-Dieu (1). Dans une situation si affligeante, elle résolut de passer en France, afin d'obtenir de Mme de Bullion une dotation pour des sœurs de M. de la Dauversière , à qui la compagnie de Montréal avait déjà résolu de donner la conduite de cette maison (2); et ce fut ce qui détermina la sœur Bourgeoys à entreprendre elle-même ce voyage.
« Mlle Mance, dit- elle , ayant besoin d'une personne pour la soulager dans son voyage , je m'offris pour cela, afin d'aller à Troyes pour avoir quelques filles qui m'aidassent à faire l'école au peu de filles et de garçons capables d'apprendre (3). »
Il est vrai que le nombre de ces enfants était alors peu considérable, comme la sœur Bourgeoys nous l'apprend, et qu'aidée par sa compagne, Marguerite Picaud, elle aurait pu aisément suffire à tout. Mais elle comprit sans doute que le séminaire de Saint-Sulpice devant se charger seul de l'œuvre de Montréal, d'après le désir des associés, il ne négligerait rien pour en accroître la population par des envois de colons chaque année, et que bientôt elle ne pourrait pas suffire à l'instruction de la jeunesse; ce qui serait arrivé en effet si elle n'eût entrepris ce voyage.
Car, au lieu que pendant les quinze premières années il n'y avait eu à Villemarie que vingt-six mariages: dans les quinze suivantes on en compta plus de cent cinquante. Il n'était né dans la première période que soixante enfants, dont même pas un seul n'avait pu être élevé les huit premières années: et dans la seconde il en naquit plus de six cents (1).
Aussi M. de Queylus, étant revenu de Québec à Villemarie, approuva-t-il volontiers le voyage de la sœur Bourgeoys pour la France (2).
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(1) Déclaration de Mlle Mance attestations autographes de M. Olier, p. 51 et suiv.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1657 à 1658.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Registres de la paroisse de Villemarie.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
Dernière édition par Louis le Lun 28 Jan 2013, 4:09 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. M. de Queylus revient à Villemarie.
Son dessein de donner la conduite de
l'Hôtel-Dieu aux Hospitalières de Québec.
Nous avons dit que M. de Queylus étant arrivé l'année précédente avec des lettres de grand-vicaire de l'archevêque de Rouen, celles du supérieur des Jésuites avaient cessé, d'après la clause que ce prélat y avait mise. Toutefois, ces religieux, jugeant qu'il serait plus convenable pour eux d'être soumis à l'archevêque lui-même et d'exercer encore leurs anciens pouvoirs à Québec, avaient obtenu de ce prélat, le 30 mars 1658, des lettres de grand-vicaire pour ce lieu (3), Après la réception de ces lettres, M. de Queylus, voyant ainsi son grand-vicariat restreint à l'île de Montréal, et n'ayant plus de pouvoirs à exercer à Québec (4), retourna à Villemarie. A son arrivée, il trouva Mlle Mance dans l'état que nous avons dit, et plus incapable encore, qu'il ne l'avait laissée, de rendre aucun service aux malades. Sachant d'ailleurs que les religieuses hospitalières de la Flèche n'avaient aucune fondation, il songea à attirer à Villemarie celles de Québec, qui le désiraient beaucoup de leur côté. C'était aussi le désir des RR. PP. Jésuites; et à ne considérer les choses que selon les règles de la sagesse ordinaire, ce parti paraissait être le seul à prendre dans l'état où l'hôpital allait se trouver lorsque Mlle Mance serait partie. En conséquence, deux hospitalières, les sœurs de la Nativité et de Saint-Paul, partirent de Québec le 18 septembre (1), avec l'autorisation du P. Dequen, grand-vicaire, et se rendirent à Villemarie.
On voit encore par ce trait que M. de Queylus…
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(3) Archives de l’Archevêché de Rouen , ibid. , fol 40. — Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 728-729. — Ms. du frère Léonard, Augustin déchaussé ; Bibliothèque royale, à Paris ; Supplément français, 1628, in-folio, p. 17.
(4) Journal des Jésuites, 8 août 1658.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ibid. — Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, page 114.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : III. La sœur Bourgeoys et Mlle Mance passent en France.II. M. de Queylus revient à Villemarie.
Son dessein de donner la conduite de
l'Hôtel-Dieu aux Hospitalières de Québec.(suite)
… On voit encore par ce trait que M. de Queylus, quoique l'un des associés de Montréal, n'avait nulle connaissance du dessein de DIEU manifesté à M. Olier et à M. de la Dauversière, sur les trois communautés destinées à faire honorer dans la colonie la sainte famille : JÉSUS, Marie et Joseph; et DIEU permit que ce dessein fût ainsi traversé, afin que son accomplissement, qui devait avoir lieu malgré cet obstacle et une multitude d'autres contretemps, ne pût être attribué qu'à sa seule puissance, qui change quand elle veut les obstacles en moyens.
Mais Mlle Mance, à qui DIEU avait inspiré la pensée de ce voyage pour attirer à Villemarie les filles de Saint-Joseph, se contenta de recevoir à l'Hôtel-Dieu les deux religieuses de Québec, et donna provisoirement l'administration de cette maison à une bonne dévote connue ensuite sous le nom de Mme de la Bardilière, à laquelle elle adjoignit une servante. Enfin, les deux hospitalières semblèrent n'être venues à Villemarie que pour remplacer momentanément la sœur Bourgeoys. Car elle les pria de faire l'école aux petites filles pendant son absence, ce qu'elles acceptèrent, de l'avis de M. de Queylus (1).
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph — Histoire du Montréal, ibid.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : IV. Mlle Mance est guérie miraculeusement…III. La sœur Bourgeoys et Mlle Mance passent en France.
La sœur Bourgeoys et Mlle Mance se disposèrent donc à partir pour Québec. La sœur, qui jusque alors avait eu soin de la sacristie de Villemarie, alla faire ses adieux à M. Galinier, prêtre du séminaire, chargé lui-même du matériel de l'église, et le pria de vouloir bien lui conserver cette charge à son retour ; ce qu'il lui promit, pourvu qu'elle ne fût pas absente plus d'une année.
Elles partirent de Villemarie ce jour-là même, qui était le 29 septembre 1658, fête de saint Michel (2), et s'embarquèrent à Québec le 14 du mois suivant (3), qui était un lundi.
« Le navire sur lequel nous nous embarquâmes pour aller en France, écrit la sœur Bourgeoys, était tout rempli de huguenots ; il n'y avait que cinq ou six hommes de catholiques, outre Mlle Mance et moi. Nous ne sortions presque point de la chambre aux canons. Ces huguenots chantaient leurs prières soir et matin, et dans d'autres temps (contre les ordonnances du roi). Mais quand nous fûmes sous la ligne, Mlle Mance les pria de ne point chanter à leur coutume , leur représentant qu'elle était obligée de rendre compte de tout ce qui se faisait sur le navire ; et ils cessèrent leurs chants. Nous n'avions point de prêtre avec nous (1). »
En arrivant à la Rochelle, Mlle Mance éprouva des douleurs si vives et si aiguës qu'il lui fut impossible de supporter le mouvement de la voiture pour se rendre à la Flèche, où elle désirait aller visiter d'abord M. de la Dauversière ; et elle fut obligée de s'y faire porter sur un brancard (2), toujours accompagnée par la sœur Bourgeoys (3). Elles y arrivèrent le jour des Rois 1659 (4); et peu après elles partirent pour Paris, où Mlle Mance s'empressa de voir M. de Bretonvilliers, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, Mme de Bullion, et ensuite tous les associés de Montréal.
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(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Journal des Jésuites.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : v. Les sœurs Châtel et Crolo s'engagent…IV. Mlle Mance est guérie miraculeusement
par l’attouchement du cœur de M. Olier, et obtint
une fondation pour les sœurs de Saint-Joseph, à Villemarie.
Elle leur représenta l'impossibilité où elle était de rendre aucun service à l'Hôtel-Dieu, et combien il était nécessaire d'y envoyer des filles de M. de la Dauversière, que M. Olier avant sa mort et toute la compagnie avaient déjà choisies pour ce dessein. Touchés de l'état de Mlle Mance, les associés voulurent consulter sur son mal les plus habiles médecins et chirurgiens de la capitale. Mais ceux-ci demeurèrent tous d'accord qu'il était sans aucune sorte de remède humain. Alors, ne songeant plus à son mal, elle ne s'occupa que des moyens d'attirer les hospitalières de Saint-Joseph à Villemarie, et d'obtenir pour elles une fondation. Dans ce dessein, elle eut la pensée d'aller prier sur le tombeau de M. Olier (1).
« Elle demanda, dit la sœur Bourgeoys, à voir la chapelle où était (le corps de) M. Olier; j'allai avec elle; mais on nous remit au dimanche suivant (qui était cette année le jour de la Purification de la sainte Vierge). Je la laissai à Paris où elle avait une sœur, et je partis pour aller à Troyes. Le dimanche suivant, Mlle Mance fut guérie par la faveur de M. Olier. Je reçus d'elle à Troyes une lettre où elle me mandait qu'elle était guérie, et qu'elle m'écrivait de sa propre main. Je montrai cette lettre à un médecin et à d'autres, en leur racontant la manière dont son bras avait été rompu, et chacun me dit que cette guérison ne se pouvait faire sans miracle (2).»
Elle fut, en effet, opérée subitement par l'attouchement du cœur de M. Olier, et avec des circonstances qui étaient elles-mêmes un nouveau prodige. Car toutes les ligatures et les enveloppes qui environnaient la main de Mlle Mance, et qui étaient attachées avec une multitude d'épingles, se délièrent d'elles-mêmes ; et en même temps elle sentit une chaleur extraordinaire qui se répandit depuis son épaule jusqu'au bout de ses doigts, et qui lui rendit à l'instant le libre usage de sa main.
« DIEU, dit M. Dollier de Casson, voulut honorer la mémoire de feu M. Olier, son serviteur, en donnant à son cœur le moyen de témoigner sa gratitude à cette demoiselle, qui pour lors s'employait si fortement en faveur de l'île de Montréal, à laquelle il portait tant d'intérêt lorsqu'il était vivant, et dont DIEU veut bien qu'il prenne la protection après sa mort (1). »
La sœur Morin, religieuse de Saint-Joseph, qui rapporte aussi ce fait, ajoute à ce récit:
« Mlle Mance, persuadée plus que jamais que DIEU voulait dans Villemarie des filles de Saint-Joseph, que M. Olier, ce grand serviteur de DIEU, avait acceptées pour cela avant sa mort, avec messieurs de la compagnie, se sentit encouragée de leur procurer une fondation, comme elle le fit après ce miracle. Car cette merveille fit grand bruit dans Paris ; il y avait empressement parmi les dames à qui aurait Mlle Mance quelques heures en leur maison. Mme de Bullion surtout la combla de présents (1), » et lui donna pour fonder les hospitalières à Villemarie 22,000 livres (2), que Mlle Mance remit à M. de la Dauversière, et dont 20,000 devaient être placées pour produire une rente annuelle de 1,000 livres, destinée à l'entretien de quatre sœurs (3).
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(1) Histoire du Montréal, ibid. — Vie de M. Olier, t. II, p. 517.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Actes de Marreau, notaire à Paris, 29 mars 1659.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…V. Les sœurs Châtel et Crolo s'engagent
à suivre la sœur Bourgeoys à Villemarie.
Pendant que Mlle Mance, au comble de ses vœux, faisait tous les préparatifs nécessaires pour emmener avec elle les religieuses de Saint-Joseph à Villemarie, la sœur Bourgeoys, de son côté, réunissait à Troyes de zélées et ferventes compagnes destinées à former le noyau de la société qui devait répandre dans cette colonie l'esprit de piété envers la très-sainte Vierge. C'est elle-même qui nous apprend dans ses Mémoires les bénédictions qu'il plut à DIEU de donner à toutes ses démarches, et l'heureux succès qui les suivit :
« Étant arrivée à Troyes, dit-elle, je fus logée chez les religieuses de la Congrégation. Je dis que je voudrais emmener trois filles d'une assez forte santé pour nous soulager dans nos emplois. Le père d'une de mes amies, M. Raisin, qui demeurait à Paris, étant venu à Troyes sur ces entrefaites, et sachant mon dessein, me dit de faire prier (DIEU pour qu'il lui plût d'inspirer à de vertueuses filles de me suivre), ne pensant peut-être pas que la sienne, qui était jeune, songeât à ce voyage. Il retourna ensuite à Paris. Cependant Mlle Raisin, sa fille, pressait fort pour s'engager avec moi ; mais (je ne crus pas d'abord devoir l'accepter) ne voulant emmener personne que du consentement des parents. Enfin les trois qui s'offrirent furent ma sœur Aimée Châtel, ma sœur Catherine Crolo, et ma sœur Marie Raisin elle-même, qui espérait obtenir le consentement de son père à Paris (1).
« J’ai admiré comme M. Châtel…
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VI. Voyage de Troyes à Paris…V. Les sœurs Châtel et Crolo s'engagent
à suivre la sœur Bourgeoys à Villemarie.(suite]
« J'ai admiré comme M. Châtel, qui était notaire apostolique, m'a confié sa fille qu'il aimait beaucoup. M'ayant demandé comment nous vivrions à Villemarie, je lui montrai le contrat qui me mettait en possession de l'Étable qui avait servi de colombier et de loge pour les bêtes à cornes ; et ne voyant rien pour subsister : Eh bien ! me dit-il, voilà pour loger ; mais pour le reste, que ferez-vous ? de quoi vivrez-vous ? Je lui dis que nous travaillerions pour gagner notre vie, et que je leur promettais à toutes du pain et du potage ; ce qui lui tira les larmes des yeux et le fit pleurer. II aimait beaucoup sa fille, mais ne voulait pas s'opposer aux desseins de DIEU sur elle. Il prend conseil de l'évêque de Troyes (M. Malier du Houssay) (1), car il était bon serviteur de DIEU ; et sur la réponse affirmative du prélat, il accède aux désirs de sa fille. On passa en son étude le contrat d'engagement, ainsi que celui de ma sœur Crolo, qui avait eu le désir de venir avec moi dès mon premier voyage. Par ces contrats elles s'engagèrent pour demeurer ensemble et faire l'école à Villemarie. La sœur Châtel fit de plus une donation de tout son bien en faveur de ses filleuls et de ses filleules, si elle ne retournait pas après un certain temps limité (2).
« Ensuite M. Châtel voulut accommoder un coffre pour les hardes de sa fille, et une cassette pour son linge ; de plus il fit coudre proche la baleine de son corset 150 livres en écus d'or, avec défense de m'en parler, ni à personne, afin que s'il fallait revenir ou aller seule, elle pût s'en retourner. Enfin, il écrivit dans tous les lieux les plus considérables de la route par où l'on devait passer, que si sa fille avait besoin de service en allant, on lui donnât tout ce qui lui serait nécessaire, ou ce qu'elle demanderait pour s'en retourner à Troyes.»
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(1) Gallia christiana, t. XII, col. 522.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VII. Nouvelle recrue pour Villemarie. Désintéressement de la sœur Bourgeoys.VI. Voyage de Troyes à Paris. La sœur Raisin s'engage
aussi pour Villemarie. La sœur Hioux.
« Selon le désir que j'avais eu en arrivant, j'emmenai donc trois filles, mes sœurs Châtel, Crolo et Raisin, car cette dernière fut conduite jusqu'à Paris par sa (belle-)sœur (*), dans l'espérance d'obtenir le consentement de son père. J'emmenai encore une petite fille qui a été ensuite la femme de Nicolas Boyer. Enfin, il se présenta aussi un jeune homme studieux pour servir notre maison et se donner au service de DIEU toute sa vie. Il nous suivait et prenait ses gîtes proche des nôtres ; mais dans le navire il fut attaqué d'un flux de sang, dont il est mort dans notre maison, deux ans après être arrivé à Villemarie.
« De Troyes à Paris nous étions quinze ou seize personnes. Pour nous conduire, nous avions pris des charretiers qui nous donnèrent bien de la peine. Nous n'avions pas fait une lieue que la charrette fut arrêtée, parce qu'il n'était pas permis à des particuliers de nous conduire au préjudice des voitures publiques. Il fallut donc retourner à Troyes, où M. Châtel obtint la permission de continuer la route. Un jour de dimanche, comme nous passions près d'une église où l'on sonnait la sainte messe, nous demandâmes au cocher de nous la laisser entendre, mais nous ne pûmes l'obtenir. Cependant, environ à midi, une de ses roues se rompit en deux pièces, et il fallait aller jusqu'à Paris pour avoir une autre roue. Ceux qui ne purent aller à pied demeurèrent là. L'après-dînée, une petite cloche sonne, et un prêtre qui paraissait tout languissant, avec cinq ou six chétifs hommes, psalmodièrent les vêpres. Ce prêtre nous conta les misères de ce lieu : toutes les maisons ruinées, grande quantité de chevaux morts, et même des hommes et une femme : nous tâchâmes de mettre un peu de terre pour les couvrir.
« A Paris, ma sœur Raisin se présente à son père pour avoir son congé. Il n'avait que cette fille avec un fils. Il ne voulut point d'abord lui accorder son consentement ; il refusa même de la voir. Mais elle le fait prier, elle pleure, elle fait tout son possible. Enfin, après beaucoup de prières elle obtient sa demande; et son père lui fait faire un contrat semblable aux deux autres passés à Troyes. Il lui donna même pour son voyage et pour ses hardes 1,000 francs, dont je ne voulus prendre que 300, et lui laissai le reste, n'en ayant pas besoin. Mais tous les ans il nous donnait 35 livres pour les 700, et après sa mort, son fils a continué. Enfin, à la mort de ce fils, avocat au Parlement, outre ces dons, nous avons eu une rente de 300 livres pour les 6,000 (qui revenaient à sa sœur). A Paris, M. Blondel nous donna aussi sa nièce pour la conduire à Montréal (**). C'est la sœur Hioux, qui a été la première reçue en forme à la communauté. Nous étions environ seize filles pour Montréal, sans compter d'autres filles pour Québec (1). »
(*) La sœur Bourgeoys écrit dans cet endroit de ses Mémoires, que Mllr Raisin fut conduite par sa sœur. Il parait qu'elle veut dire sa belle-sœur, car elle fait remarquer ailleurs que M. Raisin n'avait que cette fille avec un fils; et elle ajoute dans un autre endroit : ma sœur Raisin était seule avec un frère.
(**) M. Blondel, dont il est ici parlé, était connu de M. Olier et de M. de la Dauversière. Ce fut lui qui, en 1656, accepta, au nom des religieuses hospitalières de la Flèche, dont il était procureur, la conduite de l'Hôtel-Dieu de Villemarie. Dans l'acte qui fut passé alors, il est qualifié ; Pierre Blondel, bourgeois de Paris (1).
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(1) Actes de Chaussières, notaire à Paris, 31 mars 1656.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VIII. Difficultés qu'on suscite à la recrue pour l'empêcher d’aller à Villemarie.VII. Nouvelle recrue pour Villemarie.
Désintéressement de la sœur Bourgeoys.
La sœur Bourgeoys ne nous donne pas d'autres détails sur le séjour qu'elle fit à Paris avec ses compagnes ; mais on ne peut guère douter qu'avant de quitter cette ville pour se rendre à la Rochelle, lieu de l’embarquement, elles n'aient visité les ecclésiastiques du séminaire de Saint-Sulpice, et que ceux-ci ne les aient encouragées à se consacrer à une œuvre si utile à la colonie et au bien de la religion. Du moins c'est ce qu'on peut conclure de ce témoignage que la supérieure de la Congrégation leur rendait en 1702, dans une lettre au ministre de la marine : « MM. du séminaire de Saint-Sulpice de Paris ont attiré les sœurs de la Congrégation dans l'île de Montréal pour travailler à l'éducation des jeunes filles de cette île (1). »
C'est aussi ce que semble insinuer le Père Le Clercq, récollet, lorsqu'il rapporte que la sœur Bourgeoys, après s'être associée en France de zélées coopératrices, « qui conspiraient à un même dessein, sous la direction de MM. de Saint-Sulpice, arriva en Canada en 1659, où elle donna commencement à l'établissement des filles de la Congrégation (2). »
A l'occasion de cet embarquement, ces ecclésiastiques, et surtout M. de Bretonvilliers, firent des dépenses considérables pour engager un grand nombre d'hommes vertueux et des filles pieuses à aller s'établir à Villemarie. Le nombre des hommes s'éleva à soixante, et celui des filles à trente-deux. M. Vignal, qui devait être lui-même du voyage, engagea à ses dépens deux hommes, M. Souart en fit engager quatre, et M, de Queylus vingt-trois (1). Les trente-deux filles furent confiées à la sœur Bourgeoys pendant la traversée, et elle leur servit encore de mère à Villemarie jusqu'à ce qu'elles eussent été établies, comme nous le dirons plus en détail dans la suite de cet ouvrage.
M. Dollier de Casson, en parlant de ce voyage, rapporte un trait bien honorable à la sœur Bourgeoys. Un homme riche, qu'il ne nomme pas, membre de la compagnie de Montréal, touché de l'esprit de zèle et de dévouement apostolique qu'il reconnut dans la sœur, lui offrit un fonds considérable pour assurer un revenu à l'œuvre naissante de la Congrégation. Mais cette digne fondatrice refusa absolument de l'accepter, dans l'appréhension que cette aisance ne nuisit à l'esprit de pauvreté qu'elle avait si religieusement pratiquée jusque alors, et qu'elle était jalouse de léguer à ses filles comme le plus riche trésor qu'elle pût leur laisser (2).
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(1) Archives de la marine, lettre de la supérieure de la Congrégation, du 11 octobre 1702.
(2) Premier établissement de la Foi, 1691, t. II , p. 59.
(1) Archives du séminaire de Villemarie, engagements de 1659.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre…VIII. Difficultés qu'on suscite à la recrue pour l'empêcher d’aller à Villemarie.
Mlle Mance avait écrit à M. de la Dauversière de conduire les sœurs de Saint-Joseph à la Rochelle ; elle écrivit aussi à la sœur Bourgeoys d'aller la première dans cette ville avec les filles qu'elle conduisait et de l'y attendre.
« Pour aller de Paris à la Rochelle, dit la sœur Bourgeoys, nous primes encore un charretier, mais environ à une demi- lieue de Paris il fut arrêté comme l'autre, et il nous fallut revenir pour avoir d'autres voitures (1). »
Deux ecclésiastiques du séminaire de Saint-Sulpice, M. Vignal, dont on vient de parler, et M. Le Maistre, s'étaient rendus de Paris à la Flèche pour accompagner les sœurs de Saint-Joseph (2); et enfin, au temps marqué, toute cette nombreuse recrue, composée de cent dix personnes, se trouva réunie au lieu de l'embarquement. Mais là quelques individus, qui ne voyaient qu'avec peine l'accroissement de la colonie de Villemarie, leur fournirent l'occasion de sanctifier leur voyage par de longues et dures épreuves. D'abord, pour empêcher les sœurs de Saint-Joseph de partir, on s'efforça de leur faire entendre qu'elles ne seraient pas reçues en Canada, et qu'on les renverrait en France la même année sans vouloir de leurs services. De plus, le maître du navire, homme fort intéressé, à qui on fit croire sans doute que les chefs de cette entreprise étaient insolvables, refusa d'embarquer les passagers pour Villemarie, à moins qu'on ne payât d'avance le fret des cent dix personnes et de tous leurs effets déjà chargés sur le vaisseau, qui se montait à près de 20,000 livres.
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : IX. Derniers adieux de M. de la Dauversière aux sœurs de Saint-Joseph.VIII. Difficultés qu'on suscite à la recrue pour l'empêcher d’aller à Villemarie.
(suite]
Enfin, comme ils avaient employé tout leur numéraire en effets et en denrées diverses pour la colonie, et qu'on refusait les garanties qu'ils offraient, ils se virent à la veille de revenir sur leurs pas. Ils furent obligés de faire à la Rochelle un séjour de trois mois, et de supporter pendant ce temps les frais d'entretien de cent dix personnes (1). La sœur Bourgeoys n'a pas oublié dans ses Mémoires ce fâcheux contre-temps.
« A la Rochelle, les écus d'or que M. Raisin avait fait coudre dans le corset de sa fille, dit-elle, et qu'elle me donna ensuite, nous furent fort utiles. On nous avait promis qu'on embarquerait chacune de nous pour 50 livres, avec nos provisions et nos coffres ; mais il y eut quelques débats avec le maître du navire. On voulut nous faire payer à chacune 175 livres, et nous n'avions point d'argent. On refuse M. de Maisonneuve pour répondant, et on veut que ma sœur Raisin s'en retourne pour faire payer en France. Me voilà bien en peine.
Enfin, on nous mande de faire deux promesses, l'une pour payer à Montréal incessamment, l'autre sur M. Raisin, afin d'être payé par lui au retour du vaisseau, en cas que celle de Montréal ne fût pas sûre. Cependant le maître du navire, qui était préparé, se résolut à la fin de tout embarquer sur parole (1), » le 29 juin 1659 (2).
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(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ib.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, etc.
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A suivre : x. La maladie se déclare sur le vaisseau….IX. Derniers adieux de M. de la Dauversière aux sœurs de Saint-Joseph.
M. de la Dauversière, quoique atteint d'une maladie violente qui lui faisait souffrir une sorte de cruel martyre, eut néanmoins assez de courage pour accompagner ses filles à la Rochelle, et y attendre le moment de l'embarquement. Ceux qui s'opposaient à leur départ pour Villemarie, lui ayant demandé pourquoi il se pressait si fort, car ils auraient désiré que leur voyage fût différé jusqu'à l'année suivante, il leur répondit : « Si elles n'y vont pas à présent, elles n'y iront jamais. » Paroles qui furent bientôt justifiées par l'événement, comme la suite le fera voir.
De leur côté, les chefs de la flotte de la grande compagnie refusèrent à M. de la Dauversière la grâce qu'il leur demandait avec instance, d'attendre le vaisseau destiné pour Villemarie. Comme ils persistaient dans ce refus, il dit: « DIEU en sera le maître; » et ceux de la flotte n'eurent pas fait plus d'une lieue en mer, que leur amiral périt (3).
Enfin, après trois mois d'attente, la recrue pour Villemarie, qui s'était embarquée le jour de la fête de saint Pierre, leva l'ancre le jour de la Visitation, 2 juillet. Dans ce moment, M. de la Dauversière fit ses adieux à ses filles, leur donna sa bénédiction, et voyant que, par leur départ, il avait accompli les desseins de DIEU sur lui, il récita, dans un grand sentiment de reconnaissance, le cantique Nunc dimittis servum tuum, Domine (1). Sa mission était en effet remplie. Il retourna à la Flèche, et le 6 novembre suivant il acheva dans les plus vives souffrances une vie si généreusement employée à procurer la gloire de DIEU (2).
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(3) Archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche ; Mémoires de M. de la Dauversière sur son père.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(2) Lettre d M. de Fancamp sur la mort de M. de la Dauversière ; Archives de l’Hôtel-Dieu de la Flèche.
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X. La maladie se déclare sur le vaisseau.
Zèle de la sœur Bourgeoys à assister les malades et les mourants.
Il y avait environ deux cents personnes sur le navire, dont cent dix étaient destinées pour Villemarie, et dix-sept ou dix-huit filles pour Québec, « Nous avions, dit la sœur Bourgeoys, sept ménages pour Montréal; M. Le Maistre et M. Vignal, prêtres, pour Villemarie ; Mlle Mance et ses religieuses (3).» Ces dernières étaient la mère Judith Moreau de Brésole, supérieure; la sœur Catherine Macé, qui avait deux frères prêtres au séminaire de Saint-Sulpice de Paris ; la sœur Marie Maillet et Marie Polo, leur servante (4). Ces saintes filles, qui allaient se dévouer en Canada au service des malades, eurent bientôt l'occasion d'exercer leur zèle pendant la traversée. Le navire avait servi pendant deux ans d'hôpital de guerre, sans avoir fait depuis de quarantaine, et était infecté de la peste.
La maladie se déclara aussitôt, et il mourut huit à dix personnes dès le départ, sans qu'on permît d'abord aux sœurs de Saint-Joseph d'exposer leur vie pour les assister ; M. Le Maistre soignait les malades et ensevelissait lui-même les morts, les liant dans leurs couvertures et les jetant ainsi avec elles à la mer (1). Deux de ces pauvres passagers qui étaient huguenots eurent le bonheur d'abjurer l'hérésie avant de mourir, et de trouver ainsi leur salut dans cette détresse commune. Enfin, on accorda aux instances des sœurs hospitalières la grâce qu'elles sollicitaient d'assister elles-mêmes les malades, qui étaient en grand nombre ; et dès ce moment il ne mourut plus personne sur le vaisseau.
« Nous pouvons dire, ajoute M. Dollier de Casson, que la sœur Marguerite Bourgeoys fut bien celle qui travailla autant que toutes les autres pendant toute la traversée, et que DIEU pourvut de plus de santé pour suffire à tant de fatigues (2). »
Elle éprouva cependant quelques atteintes du mal aussi bien que les hospitalières ; les sœurs Châtel, Crolo et Raisin surtout en ressentirent toute la violence ; mais principalement Mlle Mance, qui fut réduite à l'extrémité (3).
« La famille Thibodeau, tout entière, dit la sœur Bourgeoys, était aussi à l'extrémité, hormis une petite fille à la mamelle dont personne ne voulait se charger. J'entendis que l'on parlait de la jeter à la mer, ce qui me faisait trop de pitié ; et je la demandai contre l'avis de toute notre bande, qui était toute malade (1). »
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(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(4) Annales de l’Hôtel-Dieu , etc. — Archives du séminaire de Villemarie, engagements de 1659.
(1) Histoire du Montréal, ibid. — Écrits autographes de la sœur Bourgeoys. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu , Saint-Joseph, etc.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XI. Arrivée et séjour de la sœur Bourgeoys à Québec.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XI. Arrivée et séjour de la sœur Bourgeoys à Québec.
Enfin, après une navigation si pénible et remplie de tant de vives épreuves, on arriva devant l'habitation de Québec, et on jeta l'ancre le 8 septembre, fête de la Nativité de la très-sainte Vierge, 1659 (2).
« Le dernier vaisseau à son arrivée, écrivait la mère de l'Incarnation, s'est trouvé infecté de fièvre pourprée et pestilentielle. Il portait deux cents personnes, qui presque toutes ont été malades. Il en est mort huit sur mer et d'autres à terre. Presque tout le pays a été infecté et l'hôpital rempli de malades (3). »
Mlle Mance et d'autres personnes destinées pour Villemarie demeurèrent quelque temps à Québec, afin d'y rétablir leur santé (4), et la sœur Bourgeoys continua encore d'exercer à leur égard ses charitables soins.
« A Québec, dit-elle, nous étions logées au magasin de Montréal. M'étant chargée de la petite Thibodeau, que j'avais avec moi, je dis à son père, qui se portait mieux, de la garder jusqu'à notre départ pour Montréal, afin de soulager nos filles des cris de cette enfant. Mais les personnes qui étaient là firent un grand feu pour se chauffer, et couchèrent l'enfant trop proche du foyer, en sorte qu'elle eut le dos brûlé. Cette enfant souffrait beaucoup, et je n'avais point d'onguent pour la panser, ce qui me fit bien de la peine tout le voyage de Québec à Villemarie.
Enfin, quand nous fumes arrivés, elle se portait bien. Je la remis à une nourrice, et elle mourut bientôt après. On me dit que de l'avoir remise à la mamelle l'avait fait mourir. Nous arrivâmes à Montréal le jour de Saint-Michel, en quoi j'admirai l'attention de la divine Providence ; car à mon départ ayant prié M. Galinier de ne me pas ôter la sacristie à mon retour, il m'avait dit que je n'en aurais plus le soin, si je mettais plus d'un an à mon voyage ; et nous arrivâmes le propre jour où nous étions partis l'année précédente, à peu près heure pour heure. Le soin de la sacristie et de tout ce qui en dépend, dont une fille peut s'occuper, me fut donc remis selon mes désirs (1).»
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(2) Annales de l’Hôtel-Dieu , etc.
(3) Lettres de la mère de l’Incarnation, II e partie, p. 544.
(4) Annales de l’Hôtel-Dieu , Saint-Joseph, etc.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre XII. Avantages que la chute de Mlle Mance procura à la colonie.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XII. Avantages que la chute de Mlle Mance procura à la colonie.
La colonie de Villemarie fit éclater sa joie à l'arrivée de ce nouveau renfort (2). Mais personne n'en éprouvait une plus vive ni une plus douce que celle que goûtait Mlle Mance, dont le voyage en France avait procuré au pays tant d'avantages réunis : une nouvelle recrue de colons forts et robustes, capables de défendre le pays contre les Iroquois, et tous habiles en diverses sortes de métiers ; les sœurs de Saint-Joseph, si longtemps attendues et si ardemment demandées; de nouvelles institutrices , qui devaient seconder la sœur Bourgeoys dans l'établissement de la Congrégation de Notre-Dame, et dont elles furent avec elle les pierres fondamentales ; enfin, deux nouveaux ecclésiastiques de Saint-Sulpice, tout dévoués au bien de cette colonie.
Si l'on juge du voyage de Mlle Mance par ce résultat, on ne peut douter qu'il ne lui ait été inspiré d'en haut, et que l'accident si douloureux qui lui était arrivé en 1657, n'ait été un moyen ménagé de DIEU pour la rendre elle-même plus digne de consommer enfin le dessein d'établir, dans l'île de Montréal, les trois communautés destinées à y répandre l'esprit de la sainte Famille. A ne considérer que le cours ordinaire des choses, sans la chute de Mlle Mance, son voyage en France n'aurait pas eu lieu; et sans sa guérison, obtenue dans ce voyage par l'intercession de M. Olier, les sœurs de Saint-Joseph, encore sans fondation, ne seraient pas parties pour Villemarie, surtout après la mort de M. de la Dauversière. Enfin la sœur Bourgeoys, sans cette chute, n'aurait pas entrepris ce voyage, dont l'occasion, connue elle-même nous l'apprend, fut la résolution même que Mlle Mance avait prise de passer en France.
Mais la joie que fit naître à Villemarie l'arrivée de toutes ces personnes, ne fut pas de longue durée. Les trois communautés, destinées à la fin la plus excellente qu'on put concevoir pour la colonie, devaient être éprouvées longtemps par la contradiction des hommes et porter leur premier fruit au milieu même de ces épreuves, comme c'est le propre des œuvres de DIEU. Aussi à peine étaient-elles arrivées en Canada, qu'elles commencèrent à faire l'heureuse expérience de ce qu'avait annoncé le R. P. Vimont aux associés de Montréal, en 1642. Ce religieux, parlant de la consécration qu'ils avaient faite de l'île de Montréal à la sainte Famille de JÉSUS, Marie et Joseph, et montrant que ce dessein avait vraiment DIEU pour auteur, ajoutait ces paroles: « Ces Messieurs me permettront de leur dire en passant qu'on ne mène personne à JÉSUS-CHRIST que par la croix; que les desseins qu'on entreprend pour sa gloire en ce pays, se conçoivent dans les dépenses et dans les peines, se poursuivent dans les contrariétés, s'achèvent dans la patience, et se couronnent dans la gloire. La patience mettra la dernière main à ce grand ouvrage (1). »
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(2) Histoire du Montréal.
(1) Relation de ce qui s’est passé en la Nouv.– France en 1642, chap. IXe, p. 129.
A suivre : CHAPITRE II : ÉPREUVES DIVERSES QUE LE SÉMINAIRE, LA CONGRÉGATION ET LES FILLES DE SAINT-JOSEPH ONT À ESSUYER, DANS LES PREMIÈRES ANNÉES DE LEUR ÉTABLISSEMENT À VILLEMARIE.
Dernière édition par Louis le Mer 10 Oct 2012, 7:32 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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